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10-A-10

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 10-A-10

Anatomie clinique de l’appareil génital


féminin
P Kamina
X Demondion
JP Richer
Résumé. – Les exigences modernes de la prise en charge adaptée des maladies de l’appareil génital féminin,
M Scépi
l’adaptation de la sensibilité et de la qualité des explorations cliniques, et l’acquisition de nouvelles
JP Faure
techniques d’imagerie médicale, soulignent l’importance des connaissances anatomiques de cette région.
Cet exposé, consacré aux organes génitaux pelviens féminins, à leur vascularisation et à leur environnement
(péritoine et tissus de soutien), a pour objectif non seulement de rappeler la description modale classique des
structures anatomiques, mais surtout de préciser les variations anatomiques importantes pour le clinicien, et
d’associer la dynamique des viscères pelviens féminins à leur évolution ontogénique et pathologique.
L’étude du sein ne sera pas envisagée dans ce chapitre consacré aux organes génitaux pelviens.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : appareil génital féminin, vaisseaux pelviens, lymphatiques pelviens, ligaments pelviens.

Introduction
Les progrès des techniques d’exploration et tout particulièrement de
l’imagerie médicale ont réactualisé l’importance fondamentale des
connaissances anatomiques. Cette imagerie moderne qui restitue
fidèlement la morphologie et la topographie des viscères ne met en
évidence que 20 à 30 % des structures anatomiques visibles sur une
dissection opératoire. L’abord du champ opératoire exige donc du
chirurgien des connaissances anatomiques plus importantes et
précises.
Ainsi donc, l’interprétation d’une exploration, de même que la
conduite d’une opération ne peuvent être assurées sans un acquis
minimal d’anatomie morphologique, topographique et
fonctionnelle [35].
Par ailleurs, l’importance des problèmes médicolégaux, reposant
souvent sur des compte rendus imagés ou opératoires, nécessite une
terminologie anatomique claire, sans ambiguïté, que seule la
Nomina Anatomica (NA) apporte.
Ces connaissances anatomiques, tout comme l’enseignement des
étudiants, sont exposées dans cette nomenclature anatomique
internationale francisée (NA francisée par le Collège médical français 1 Appareil génital. Coupe sagittale médiane du bassin. a : Rétinaculum caudal ; b :
des professeurs d’anatomie) [32, 45]. fossette coccygienne ; 1. uretère ; 2. ligament suspenseur de l’ovaire ; 3. ovaire ; 4. uté-
rus ; 5. vessie ; 6. uretère ; 7. vagin ; 8. rectum ; 9. cul-de-sac vésico-utérin ; 10. cul-de-
sac recto-utérin.
Environnement des organes génitaux
(fig 1, 2) La paroi périphérique, constituée du pelvis et des muscles
piriformes, obturateurs internes et du diaphragme pelvien, est
Les viscères pelviens sont situés dans une cavité ostéomusculaire, recouverte du fascia pelvien pariétal sur lequel reposent les nerfs et
entourés d’un tissu conjonctif lâche et recouverts du péritoine vaisseaux pariétaux impliqués dans la vascularisation et
pelvien. l’innervation des viscères pelviens.

FASCIA PELVIEN PARIÉTAL (fig 3, 4, 5, 6)


Pierre Kamina : Professeur d’anatomie, ancien gynécologue–acoucheur des Hôpitaux.
Jean-Pierre Richer : Professeur d’anatomie, praticien hospitalier, chirurgien. Il recouvre le diaphragme pelvien, et les plexus sacraux et
Michel Scépi : Praticien hospitalier, chirurgien, chargé d’enseignement d’anatomie.
Jean-Pierre Faure : Maître de conférences, praticien hospitalier. coccygiens. Il se poursuit avec le fascia viscéral et se fixe sur les
Université de Poitiers, faculté de médecine et de pharmacie, laboratoire d’anatomie, BP 199, 34 rue du ligaments pubovésicaux, anococcygiens et le centre tendineux du
jardin des plantes, 86005 Poitiers cedex, France.
Xavier Demondion : Maître de conférences, praticien hospitalier, anatomie-radiologie.
périnée. Sa résistance est renforcée par des lignes de force rayonnant
Université de Lille, 42, rue Paul-Duez, 59800 Lille, France. de l’épine ischiatique : en haut, la bandelette ischiatique longe le

Toute référence à cet article doit porter la mention : Kamina P, Demondion X, Richer JP, Scépi M et Faure JP. Anatomie clinique de l’appareil génital féminin. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris,
tous droits réservés), Gynécologie, 10-A-10, 2003, 28 p.
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

2 Coupe en imagerie par 4 Coupe en imagerie par


résonance magnétique sa- résonance magnétique sa-
gittale médiane en pondéra- gittale paramédiane. 1. Ves-
tion T2 d’un pelvis féminin. sie ; 2. symphyse pubienne ;
1. Vessie ; 2. utérus ; 3. ca- flèche : muscle élévateur de
nal anal ; 4. rectum ; 5. va- l’anus (partie iliococcy-
gin ; 6. symphyse pu- gienne)
bienne ; flèches blanches :
urètre.

5 Coupe en imagerie par résonance magnétique frontale en pondération T2 d’un pel-


vis féminin passant par la vessie, l’utérus et le vagin. 1. Utérus, ; 2. vessie ; 3. ovaire
droit ; 4. vagin, 5. muscle élévateur de l’anus ; 6. muscle obturateur interne ; 7. muscle
3 Fascia pelvien, vue pelvienne (d’après Anson [2]). 1. Ligament arqué du pubis ; 2. obturateur externe ; flèches : muscle bulbocaverneux.
veine dorsale profonde du clitoris ; 3. ligament transverse du périnée ; 4. ligament pu-
bovésical ; 5. arcade tendineuse du fascia pelvien ; 6. arcade tendineuse du muscle élé- ¶ Aspect topographique intrapéritonéal [31, 33]

vateur de l’anus ; 7. nerf obturateur ; 8. fascia iliaque ; 9. artère honteuse pelvienne ; 10.
fascia pelvien pariétal ; 11. rectum et son fascia ; 12. ligament spinosacral ; 13. bande- Dans la partie médiane du pelvis
lette ischiatique ; 14. vagin et son fascia ; 15. vessie et son fascia.
Le péritoine recouvre les viscères, la face utérine de la vessie, le
bord de la grande incisure ischiatique ; en arrière, le ligament corps utérin, la face postérieure du fornix vaginal et les faces
spinosacral se dirige vers la vertèbre sacrale S5 ; en avant, l’arcade antérolatérales du rectum. Il détermine d’avant en arrière :
tendineuse du fascia pelvien aboutit à la face postérieure du pubis, – le pli vésical transverse, situé sur le corps vésical et apparent
et l’arcade tendineuse du muscle élévateur de l’anus se fixe en avant lorsque la vessie est modérément remplie ;
du canal obturateur. – le cul-de-sac vésico-utérin, peu marqué, interposé entre la vessie
et l’isthme utérin. Son ouverture conduit au septum vésico-utérin ;
PÉRITOINE PELVIEN – le cul-de-sac recto-utérin, limité par le rectum en arrière, l’utérus
Prolongement du péritoine pariétal abdominal, le péritoine pelvien et le vagin en avant, les plis recto-utérins latéralement. Il est profond
recouvre la paroi pelvienne et tous les organes pelviens excepté et se prolonge en arrière par les fosses pararectales. Sa profondeur
l’ovaire et les faces axiales des franges tubaires ; il forme la séreuse est un élément favorisant l’apparition d’un prolapsus ; aussi son
des viscères. La cavité péritonéale pelvienne, qui représente la partie exclusion est-elle souhaitable dans ce cas. Il est libre de toute anse
déclive de la grande cavité péritonéale, communique avec l’extérieur intestinale. Son ouverture mène au septum rectovaginal.
par l’intermédiaire de l’ostium abdominal de la trompe. Cette cavité
est irrégulière avec des fosses, des récessus et des culs-de-sac dont Dans les parties latérales du pelvis (fig 7, 8, 9, 10, 11, 12)
l’importance physiologique et pathologique est grande. Leur Les annexes de l’utérus soulèvent le péritoine en deux reliefs plissés
connaissance est importante pour une exploration endoscopique ou transversaux, les ligaments larges droit et gauche. On observe
chirurgicale plus rigoureuse. d’avant en arrière :

2
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

6 Coupe en imagerie par résonance magnétique frontale en pondération T2 d’un pel-


vis féminin postérieur passant par le rectum. 1. Rectum ; 2. muscle obturateur interne ;
flèches : muscles élévateurs de l’anus.

8 Récessus ovariques (coupe selon le cartouche au-dessus) (d’après Kamina [30]). 1.


Ligament rond ; 2. mésosalpinx ; 3. mésovarium ; 4. fossette ovarique ; 5. pédicule ob-
turateur ; 6. artère ombilicale ; 7. artère utérine ; 8. uretère ; 9. artère vaginale ; 10. li-
gament utérosacral ; 11. frange ovarique ; 12. mésomère ; 13. ovaire ; 14. ligament pro-
pre de l’ovaire ; 15. trompe utérine ; a : fosse préovarique ; b : récessus tubo-ovarique ;
c : récessus ovopariétal.

9 Circulation du liquide
périnétonéal. En noir : cir-
culation physiologique ; en
rouge : drainage pathologi-
que.

7 Organes génitaux internes féminins. Vue opératoire abdominale (d’après Ka-


mina [32]). a : Fosse paravésicale ; a : fosse préovarique ; c : cul-de-sac recto-utérin (de
Douglas) ; d : vaisseaux iliaques communs ; 1. vessie ; 2. pli vésical transverse ; 3. uté-
rus ; 4. ligament rond ; 5. ligament propre de l’ovaire ; 6. ligament utérosacral ; 7.
trompe utérine ; 8. ligament suspenseur de l’ovaire ; 9. uretère ; 10. mésosigmoïde ; 11.
rectum ; 12. ovaire.

– la fosse paravésicale, située entre la vessie et la paroi pelvienne ;


peu profonde, elle prolonge la fosse supravésicale dont elle
représente le point le plus déclive ;
– le ligament large comprenant :
– le pli funiculaire, constitué par le ligament rond sous-jacent. Il
est peu marqué et tendu de la corne utérine à l’orifice profond de
l’anneau inguinal. Sa section permet d’aborder l’espace
paravésical ;
– la fosse préovarique, limitée par le pli funiculaire en avant, et le
mésosalpinx en arrière. C’est un triangle dont la base externe est
marquée par le relief des vaisseaux iliaques externes et le sommet
par la corne utérine ;

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10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

12 Coupe imagerie par résonance magnétique en pondération T2. 1 : vessie ; 2 : uté-


rus ; 3 : muscle grand isoas ; flèche : ovaire.

– la fosse ovarique limitée par l’attache du mésovarium en avant,


les vaisseaux iliaques externes en haut, la paroi pelvienne latérale,
le discret pli urétérique en arrière et en bas. L’ovaire, recouvert de
l’infundibulum tubaire, s’applique sur cette fosse. Entre eux se crée
le récessus ovaropariétal. Sous le péritoine de la fosse ovarique
chemine le pédicule obturateur. Ce rapport explique les classiques
10 Cul-de-sac rétro-utérin, collecteur principal de la cavité abdominopelvienne douleurs irradiées à la face médiale de la cuisse chez les femmes
(d’après Kamina [30]). 1. Récessus intersigmoïdien ; 2. voies de drainage de la région in- atteintes de salpingo-ovarite ou d’endométriose du récessus
frasigmoïdienne ; 3. fosse pararectale ; 4. cul-de-sac recto-utérin ; 5. pli de l’uretère gau- ovaropariétal ;
che ; 6. annexe gauche ; 7. voie de drainage du récessus tubo-ovarique ; 8. ligament sus-
penseur de l’ovaire ; 9. racine du mésosigmoïde ; 10. sillon paracolique gauche. – le pli recto-utérin, soulevé par le ligament utérosacral, part de
l’isthme utérin vers le sacrum.

¶ Aspect dynamique
La sécrétion et la résorption du péritoine sont importantes, sauf au
niveau du cul-de-sac recto-utérin où elles sont presque nulles.
La circulation normale du liquide péritonéal pelvien s’effectue en
direction de la « pompe phréno-hépatique » comme l’ont montré
toutes les études procédant d’une injection de produit dans le cul-
de-sac de Douglas, d’où l’importance de l’exploration du foie en
chirurgie gynécologique.
La circulation péritonéale pathologique s’effectue essentiellement de
la grande cavité péritonéale en direction du pelvis.
Les liquides de la gouttière paracolique droite et de la région
supramésentérique se collectent d’abord dans la fosse préovarique
droite, donc au contact de la trompe. Puis ils coulent dans le récessus
tubo-ovarique avant d’atteindre la fosse ovarique droite et le cul-de-
sac recto-utérin.
Les liquides des régions inframésentériques se drainent soit
directement dans le cul-de-sac recto-utérin, soit indirectement après
un passage par le ligament large droit.
Les liquides de la gouttière paracolique gauche et du récessus
intersigmoïdien se drainent soit directement dans le cul-de-sac recto-
11 Voie de drainage de la cavité abdominale vers les fosses et récessus du petit bassin utérin, soit après un passage par le ligament large gauche. Ainsi, les
(d’après Kamina [30]). 1. Mésocôlon transverse ; 2. sillon paracolique droit ; 3. région annexes se trouvent-elles particulièrement exposées aux différentes
supramésentérique ; 4. annexe droite ; 5. utérus ; 6. sillon paracolique gauche ; 7. ré- sécrétions infectieuses (appendicite, sigmoïdite, diverticulite
gion inframésentérique. sigmoïdienne).
Les sérosités provenant de l’ostium abdominal de la trompe, après
– le mésosalpinx, soulevé par la trompe. Triangulaire lorsqu’on
l’étale, il est limité en haut par la trompe et en dehors par la frange un temps d’arrêt du liquide dans le récessus ovaropariétal,
ovarique et le ligament infundibulo-ovarique. Il se continue atteignent le cul-de-sac recto-utérin
médialement avec le mésomètre ;
– le récessus tubo-ovarique, cerné par le mésosalpinx et le ESPACE EXTRAPÉRITONÉAL PELVIEN
mésovarium ; (fig 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20)
– le mésovarium constitué par le ligament propre de l’ovaire, Il est compris entre le péritoine pelvien et le fascia pelvien pariétal.
l’ovaire et le ligament infundibulo-ovarique ; C’est un espace conjonctif de cohésion topographique variable. Ce

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Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

15 Expérience du filet illustrant la densification des mailles du tissu conjonctif sous


l’effet de la traction (Kamina [34]). 1 : utérus ; 2 : paramètre ; 3 : paracervix ; 4 : vagin.

13 Fascias, septums et espaces pelviens (coupe sagittale). 1. Ligne blanche ; 2. liga-


ment ombilical médian ; 3. fascia superficiel de l’abdomen ; 4. espace rétropubien ; 5. es-
pace profond du périnée ; 6. espace superficiel du périnée ; 7. septum vésicovaginal ; 8.
centre tendineux du périnée ; 9. muscle sphincter externe de l’anus ; 10. espace rétro-
rectal ; 11. fascia rétrorectal ; 12. septum rectovaginal ; 13. ligament anococcygien ; 14.
muscle élévateur de l’anus.

16 Ligaments viscéraux pelviens (d’après Kamina [30]). 1. Ligament ombilical mé-


dian ; 2. ligament vésico-utérin ; 3. ligament vésical latéral ; 4. paracervix. 5. ligament
utérosacral ; 6. ligament rectal latéral ; 7. paramètre.

14 Ligaments viscéraux pelviens. 1. Utérus ; 2. ovaire récliné ; 3. mésomètre ouvert ;


4. paramètre ; 5. uretère ; 6. ligament suspenseur de l’ovaire ; 7. paracervix ; 8. liga-
ment utérosacral droit sectionné.

tissu conjonctif pelvien comprend, du point de vue topographique


et fonctionnel, trois types de structures [37, 59].

¶ Fascia pelvien viscéral


Il a été bien étudié histologiquement par Goff, puis par Curtis [17, 18],
Anson [2] et Mc Vay. Ce revêtement adventiciel des viscères pelviens
comprend d’avant en arrière les fascias vésical, utérin, vaginal et
rectal. 17 Diagramme schématique des ligaments viscéraux pelviens (vue supérieure).
a : Espace paravésical ; b : espace pararectal ; c : espace rétrorectal : d : espace présacral ;
Du point de vue histologique, seul le fascia vaginal est une couche 1. ligament pubovésical ; 2. ligament vésical latéral ; 3. ligament vésico-utérin ; 4. pa-
conjonctive épaisse et dense, richement renforcée par des réseaux racervix ; 5. uretère ; 6. paramètre ; 7. ligament utérosacral ; 8. ligament rectal latéral ;
élastiques. Ailleurs, il s’agit d’un fascia formé d’un tissu conjonctif 9. artère obturatrice ; 10. artère ombilicale ; 11. artère utérine ; 12. artère vaginale ;
plus lâche [7]. Il maintient les viscères grâce à sa continuité avec le 13. artère rectale moyenne ; 14. artère iliaque interne ; 15. col utérin ; 16. rectum ;
fascia pelvien pariétal et avec les ligaments viscéraux [13, 51]. 17. fascia présacral ; 18. fornix vaginal postérieur.

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10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

18 Petit bassin, coupe frontale et chanfreinée (d’après Pernkopf modifié) 20 Coupe en imagerie par résonance magnétique horizontale en pondération T2 d’un
a : Espace paravésical ; b : paramètre ; c : paracervix ; 1. annexe droite ; 2. corps uté- pelvis féminin passant par le col de l’utérus. 1. Ovaires présentant de nombreux folli-
rin ; 3. ligament rond ; 4. vessie ; 5. muscle obturateur interne ; 6. muscle élévateur de cules (ovaires micro-polykystiques) ; 2. utérus ; 3. vagin (cul-de-sac vaginal) ; 4. rec-
l’anus ; 7. urètre ; 8. sphincter de l’urètre ; 9. corp caverneux et muscle ischiocarver- tum ; 5. muscles obturateur internes.
neux ; 10. bulbe vestibulaire et muscle bulbocaverneux ; 11. petite lèvre ; 12. grande lè-
vre ; 13. artère et nerf obturateurs ; 14. uretère et artère utérine ; 15. col utérin ; 16. va-
gin ; 17. artère, veine et nerf honteux interne ; 18. muscle transverse profond ; 19.
plus marquée près du point de traction. Ainsi, les ligaments
glande vestibulaire majeure. viscéraux sont-ils plus apparents sous l’effet des tractions
chirurgicales ou pathologiques.

Ligaments pubovésicaux
Ils sont tendus du col vésical à la face postérieure du pubis, près de
la symphyse. Ils contiennent des myofibres lisses dénommées
muscle pubovésical.

Ligaments vésicaux latéraux


Ils sont constitués autour des vaisseaux vésicaux supérieurs
d’origine ombilicale. La section de ce ligament est indispensable à la
mobilisation d’une face inférolatérale de la vessie pour la
constitution d’une vessie psoïque par exemple.

Paramètres et paracervix
En continuité parfaite, ces formations sont organisées autour des
vaisseaux utérins, pour le paramètre, et autour des vaisseaux
vaginaux, pour le paracervix. Le paracervix, particulièrement riche
en plexus veineux, s’étend jusqu’au fascia pelvien dont il ne peut
19 Coupe en imagerie par résonance magnétique horizontale en pondération T2 d’un
pelvis féminin. 1.Vessie, 2. vagin ; 3.canal anal ; 4. muscle obturateur interne ; 5. mus- être dissocié.
cle obturateur externe ; flèches : muscle élévateur de l’anus (partie iliococcygienne). Range et Woodburne [50], puis Bouissou [10] ont constaté que la
condensation de ce tissu conjonctif est plus grande près des bords
latéraux de l’isthme, de la partie supravaginale du col et du vagin.
¶ Ligaments viscéraux (tableau I) Cette zone est riche en trousseaux de faisceaux musculaires lisses.
Ces fibres musculaires lisses apparaissent après la naissance.
Étudiés dès 1881 par Kocks, puis par Farabeuf et Delbet (1891), et
Mackenrodt (1895), ces ligaments ont trouvé en 1917 leur application Latéralement, au croisement de l’artère utérine et de l’uretère, les
chirurgicale par Forthergill dans la technique de Manchester. fibres musculaires lisses sont inexistantes et les fibres élastiques sont
rares. Les coupes de scanner confirment bien la différence entre les
Ces études d’anatomie macroscopique furent complétées par de tissus situés près de l’utérus et du vagin et ceux au contact de la
nombreux travaux de microscopies optique et électronique qui paroi pelvienne, qui sont moins denses.
soulignent tous la nature essentiellement conjonctive et lâche de ces La valeur fonctionnelle du paramètre et du paracervix, pour le
ligaments [19]. Ils se renforcent de myofibres lisses qui apparaissent maintien de l’utérus, est considérable et certaine, comme le prouvent
dès la 20e semaine d’aménorrhée (SA) et sont abondantes après la les expériences de Mengert et celles de Range et Woodburne. Un
naissance [19]. prolapsus se produit lors de la traction du col dès que les paramètres
Les ligaments viscéraux pelviens sont nombreux, mal définis et en et les paracervix sont sectionnés. La section isolée des autres
continuité les uns avec les autres. Ils ne deviennent apparents et ligaments et du diaphragme pelvien, avec la même traction sur le
plus faciles à isoler que lors de la traction des viscères. Cela se col, ne produit pas le même degré de descente du col.
comprend aisément à la lumière de l’expérience du filet. En effet, on Par ailleurs, la dissociation du tissu conjonctif de la paroi, sans la
peut comparer la trame fibrillaire du tissu conjonctif lâche pelvien section des vaisseaux, entraîne un prolapsus sous une traction de
aux larges mailles d’un filet. Sous l’effet de la traction d’un point du 1 kg sur le col, qu’il s’agisse uniquement des paramètres et des
filet, on provoque la réduction des mailles et la densification du filet, paracervix, ou des ligaments utérosacraux.

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Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

Tableau I. – Nomenclature comparée des ligaments viscéraux pelviens (non exhaustive).


Nomina anatomica Nomenclature internationale francisée Dénominations anciennes et éponymes désuètes
Parametrium Paramètre Ligament cardinal (partie crâniale) (Kocks)
Aileron sus-urétéral
Retinaculum utérin (Martin)
Gaine hypogastrique (Delbet)
Tente de l’artère utérine
Tente aponévrotique du ligament large (versant postérieur) (Grégoire)
Mésentère cellulaire du ligament rond (Gübarow)
Ligament transverse du col (partie antérieure) (Mackenrodt)
Uteroiliac process (Savage)

Paracervix Paracervix Paracolpos


Paracolpium (Werner)
Paravagin
Aileron sous-urétéral
Aileron vaginal
Base conjonctive frontale (Peham-Amreich)
Parangium hypogastricum (Pernkopf)
Paramètre latéral (Novak)
Ligament de Mackenrodt
Ligament cardinal (partie caudale) (Kocks)
Ligament latéral du pelvis
Ligament cervical latéral (Petit)
Rétinaculum vaginal (Martin)
Ligament transverse cervical (Range, Woodburne, Brizzi)
Ligament transverse de l’utérus (Kiss-Szentagothai)
Tente aponévrotique du ligament large (versant antérieur) (Grégoire)
Corpus intrapelvinum (Hafferl)
Palmure (Robert)

Ligamentum uterosacrale (m. recto-uterinus)* Ligament utérosacral (m. recto-utérin)* Lame sacro-recto-génito-pubienne (partie postérieure) (Farabeuf)
Ligament de Petit (Poirier-Charpy)
Piliers antérieur et postérieur du rectum (Peham-Amreich)
Ligaments utérins postérieurs
Paramètre postérieur (Novak)
Uterosacral cellular process (Savage)

Ligamentum vesico-uterinum (m. vesico-uterus)* Ligament vésico-utérin (m. vésico-utérin)* Lame sacro-recto-génito-pubienne (partie moyenne) (Farabeuf)
Segment pelvi-vésico-génital (Petit)
Vesicovaginal cellular process (Savage)
Ligament vésicocervical (Shaws)
Pilier de la vessie
Paramètre antérieur (Novak)

Ligamentum vesicae lateral Ligament latéral de la vessie Paracystium (Americh I)


Aileron de la vessie

Ligamentum pubo-vesicale (m. pubo-vesicale)* Ligament pubovésical (m. pubovésical)* Lame sacro-recto-génito-pubienne (partie antérieure) (Farabeuf)

Ligamentum recti laterale Ligament latéral du rectum Pilier du rectum


Aileron du rectum
Paraproctum (Amreich I)

* Fibres musculaires lisses contenues dans les ligaments correspondants.

Ligaments utérosacraux ¶ Surfaces d’accolement viscéral


Ils partent de la face postérolatérale du col et du fornix vaginal où
ils se confondent avec les paramètres. Ils sous-tendent les plis recto- Septums
utérins. Ils longent les faces latérales du rectum proximal pour se Ce sont des cloisons interviscérales de tissu conjonctif lâche. Ils sont
perdre en regard de la partie inférieure de l’articulation sacro- plus denses et moins clivables près du périnée.
iliaque, en regard de S2-S3. Ce trajet est facilement suivi sur les
coupes de scanner. – Le septum vésico-utérin sépare la région rétrotrigonale et la partie
supravaginale du col. Il contient latéralement les ligaments vésico-
Ils ont été bien étudiés par Campbell puis par Soutoul [14]
. Dans [4, 58]
utérins et des rameaux artériels cervicovaginaux. Il se continue avec
le sens latéromédial prédominent successivement, dans du tissu
le paramètre.
conjonctif lâche, les nerfs, les vaisseaux et les fibres musclaires lisses.
Le tiers antérieur est riche en myofibres lisses et en tissu conjonctif – Le septum vésicovaginal s’interpose entre le trigone et le vagin. Il
fibroélastique. Le tiers postérieur est un tissu conjonctif lâche, contient l’uretère et des rameaux artériels vésicovaginaux. Il se
pauvre en vaisseaux et nerfs. prolonge latéralement par le paracervix.
Dans le procédé de Campbell, ils sont croisés et amarrés aux tissus – Le septum urétrovaginal est un plan conjonctif dense unissant
sous-pubiens pour constituer un soutènement vésical. étroitement l’urètre et le vagin.
– Le septum rectovaginal, variable dans sa hauteur, est mince. Il
Ligaments rectaux latéraux
s’étend du cul-de-sac recto-utérin au centre tendineux du périnée. Il
Ils sont organisés autour des vaisseaux rectaux moyens. Ils sont est d’apparition ontogénétique récente et résulte de l’accolement
épais, étendus en hauteur et disposés presque transversalement de péritonéal du cul-de-sac recto-utérin au cours de la 14e semaine du
chaque côté du rectum distal. développement.

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10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

Espaces pelviens
Ce sont des espaces virtuels viscéropariétaux, facilement décollables,
comblés de tissu conjonctif lâche plus ou moins imprégné de graisse.
• Espace rétropubien
Il unit le pubis au fascia prévésical qui s’organise autour des
reliquats fibreux des artères ombilicales et des veines vésicales
antérieures.
• Espace rétrorectal [1]
Il unit le rectum au fascia présacral. Le fascia présacral est une lame
dense qui se fixe sur la face antérieure de S1 et sur le ligament
anococcygien.
L’espace rétrorectal contient le ligament rectal supérieur formé des
vaisseaux rectaux supérieurs. Ce ligament subdivise l’espace
rétrorectal en deux espaces, supérieur et inférieur.
– L’espace rétrorectal supérieur, facilement clivé par le chirurgien
par voie abdominale. La partie supérieure de l’espace rétrorectal est
en continuité avec l’espace pararectal, ce qui donne
radiologiquement une image périrectale dénommée « capsule
adipeuse » rectale. La partie inférieure de cet espace est limitée en
avant par les ligaments latéraux du rectum ;
– L’espace rétrorectal inférieur, abordé après section du ligament
rectal supérieur. Il est aussi facilement clivé par voie périnéale.
• Espace présacral
Entre le fascia présacral et le sacrum existe un espace présacral, qui 21 Veines principales du petit bassin (d’après Kamina [35]). 1. Anastomose iliolom-
contient les vaisseaux sacraux médiaux. baire et circonflexe iliaque profonde ; 2. veine pariétale latérale ; 3. veine iliaque in-
terne ; 4. veine obturatrice ; 5. plexus rétropubien ; 6. veines utérines ; 7. veine vagi-
• Espace paravésical nale ; 8. veine rectale moyenne ; 9. veine honteuse interne ; 10. veine glutéale
inférieure ; 11. veine sacrale latérale ; 12. veine glutéale supérieure ; 13. veine sacrale
Il est compris entre la face inférolatérale et le ligament latéral de la médiane.
vessie d’une part, et le fascia pelvien pariétal d’autre part. Il se
poursuit avec l’espace rétropubien, au-dessus des ligaments
pubovésicaux.
• Espace pararectal
Il est situé entre, en avant, le paracervix, médialement, le rectum
distal et le ligament latéral du rectum, et latéralement, le muscle
élévateur de l’anus. Ils se poursuivent au-dessus du ligament latéral
du rectum avec l’espace rétrorectal.
Valeur mécanique des surfaces d’accolement
Tous les plans d’accolement sont du point de vue mécanique des
liaisons par collage d’une grande qualité mécanique.
Cette liaison conjonctive est résistante, d’où l’efficacité de
solidarisation des septums interviscéraux, des espaces rétropubien
et rétrorectal :
– une colpocèle s’accompagne toujours d’une cystocèle ou d’une
rectocèle ;
– l’ascension du fornix vaginal au cours de la grossesse
s’accompagne de l’étirement du trigone vésical ;
– de même, comme le prouvent les colpocystogrammes, les parois
vésicales inférolatérales et rectale postérieure ne présentent que des
déplacements très réduits.
Cette liaison conjonctive permet une meilleure répartition des
contraintes, qui s’épuisent dans les interphases constituées par les
septums et les différentes couches des parois viscérales (cf fig 63).
Cette liaison conjonctive est élastique et permet d’amortir les chocs 22 Principales anastomoses des veines interpelviennes entre elles. Vue opératoire
et d’assurer une diffusion harmonieuse des contraintes. Elle réduit (d’après Kamina [35]). 1. Veine ovarique ; 2. veine vésicale ; 3. veines utérines ; 4. veine
les vibrations provoquées au cours des mouvements de la vie vaginale ; 5. veine rectale moyenne ; 6. veine iliaque interne ; 7. uretère ; 8. veine rec-
tale supérieure ; a1 : plexus infratubaire ; a2 : plexus pampiniforme ; a3 : anastomose
courante (course, sauts, trépidations). utérovésicale ; a4 : anastomose vésicovaginale ; a5 : anastomose utérovaginale ; a6 :
anastomose rectovaginale ; a7 : anastomose interrectale.
Vaisseaux pelviens
¶ Veines pariétales
VEINES PÉRIPHÉRIQUES (fig 21, 22, 23)
Elles sont musculaires, glutéales et obturatrices :
Elles comprennent les veines pariétales et les plexus rétropubien et
sacral qui se drainent essentiellement par les veines iliaques – les veines musculaires, constantes, mais variables en nombre et
internes [27, 53]. calibre, se drainent dans les veines iliaques externes et internes ;

8
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

23 Rôle de la pression ab-


dominale. 1. Veine ovari-
que ; 2. veine rectale supé-
rieure.

– la veine glutéale supérieure, parfois double et volumineuse, rejoint


la veine iliaque interne ;
– la veine obturatrice peut être unique (50 %), double (40 %) ou
triple ; elle rejoint la veine iliaque externe ou des affluents de la veine
iliaque interne.

¶ Plexus veineux
– Le plexus rétropubien est constitué d’anastomoses provenant des
veines obturatrices, iliaques externes, épigastriques superficielles et 24 Principale anastomoses entre les veines pelviennes et les veines de la paroi abdo-
dorsale profonde du clitoris. Il échange des anastomoses avec le minale (d’après Kamina [35]). 1. Veine cave supérieure ; 2. veine azygos ; 3. veine cave
plexus vésical. inférieure ; 4. veine porte ; 5. veine iliaque externe ; 6. veine thoracique supérieure ; 7.
veine épigastrique supérieure ; 8. veine lombaire ascendante ; 9. veine épigastrique in-
– Le plexus sacral est formé d’anastomoses en échelle provenant férieure.
des veines sacrales médiane et latérales ; il a une grande importance
physiologique.
– La veine iliaque interne est avalvulée et habituellement unique 25 Drainage pelvien ha-
bituel (d’après Kamina [35]).
(50 %).Elle rejoint la veine iliaque externe au niveau du promontoire 1. Veine ovarique ; 2. veine
et présente une longueur de 4 à 5 cm, et un calibre de 12 à 15 mm. iliaque interne ; 3. veine
Elle est constituée de deux troncs ; l’un, postérieur ou glutéal rectale supérieure ; 4. veine
supérieur, et l’autre, antérieur ou viscéropérinéal. lombaire ascendante ; 5.
Variations : la veine iliaque interne peut être double, unilatérale ou plexus sacral.
bilatérale (36 %). L’artère iliaque interne antérieure est souvent
moins volumineuse et draine les veines obturatrice, viscérale,
pariétale, honteuse interne et glutéale inférieure. L’artère iliaque
interne postérieure draine les veines glutéale supérieure et sacrale
latérale.
Elle peut être plexiforme (14 %) et se drainer par trois ou six
collecteurs terminaux.

¶ Anatomie fonctionnelle du système veineux pelvien [3]

(fig 24, 25, 26)


Le réseau veineux pelvien, situé en dérivation sur le système
fémorocave, est impliqué dans la pathologie de ce système et
réciproquement. Chez la femme, ce système est complexe en raison
de l’existence d’un important réseau veineux génital et des
modifications gravidiques. De nombreux travaux anatomo-
radiologiques ont été effectués pour préciser l’importance et la
valeur des voies de suppléance des veines pelviennes. Leur
connaissance est indispensable à la compréhension de certains
syndromes de la pathologie quotidienne.
Les anastomoses horizontales frontales sont transviscérales. Les plus
Drainage veineux habituel importantes se font à travers l’utérus.
Les facteurs favorisants sont la richesse des anastomoses et l’absence
des valvules qui favorisent la circulation dans les deux sens. Le Les anastomoses verticales, importantes, unissent le système veineux
plexus rétropubien assure le trait d’union entre les réseaux pariétal, pelvien aux veines des membres inférieurs (par les veines glutéales
périnéal et viscéral. En effet, l’injection de la veine dorsale du clitoris et obturatrices), aux plexus vertébraux externes et internes (par les
injecte le plexus rétropubien et, rapidement, le plexus pariétal, mais veines lombaires ascendantes et les veines sacrales), et aux veines
aussi le plexus viscéral. périnéales. La sollicitation de cette voie périnéale peut se traduire
Les anastomoses horizontales sagittales qui unissent les plexus par la turgescence unilatérale d’une grande lèvre et l’œdème du
viscéraux expliquent la pollakiurie et le ténesme des phlébites clitoris qui peuvent être le signe révélateur précieux d’une phlébite
pelviennes. pelvienne.

9
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

Drainage veineux occasionnel


En dehors des thromboses et des tumeurs, trois causes anatomiques
prédominent et engendrent la stase veineuse pelvienne.
– La compression de la veine iliaque commune gauche par l’artère
iliaque commune droite (syndrome de Cockett) [15] : chez la femme
enceinte, cette compression est souvent accentuée par la lordose
lombaire gravidique, elle-même amplifiée par la station debout :
ainsi s’explique la prédominance des phlébites iliaques gauches
pendant la grossesse (65 % des cas).
Il existe aussi une compression directe des veines pelviennes, mais
surtout de la veine cave inférieure par l’utérus gravide qui l’écrase
26 Rapport entre les veines iliaques communes et de l’artère iliaque commune droite. contre le rachis ; cette contrainte est accentuée au cours du dernier
trimestre de la grossesse en raison de l’augmentation de la lordose
• Pression abdominale lombaire gravidique et de la dextrotorsion de l’utérus qui place
l’utérus bien en regard de la veine cave inférieure.
La veine cave inférieure et les veines pelviennes subissent les
En station debout, la stase pelvienne aggravée entraîne une
variations physiologiques et pathologiques de la pression
diminution du flux sanguin de retour qui serait la cause des
abdominopelvienne. En décubitus dorsal, ces contraintes de pression
tachycardies observées en station debout chez deux tiers des
sont faibles. La position déclive de Trendelenburg, inférieure à 20°,
gestantes en fin de grossesse [54]. La prolongation de la station debout
favorise la circulation de retour.
entraîne chez 70 % des fœtus une augmentation du rythme
Le passage de la position couchée à la position debout montre un cardiaque et des périodes d’accélération. En décubitus dorsal, cette
ralentissement circulatoire avec une propagation du produit de compression cave, accentuée par le relâchement utérin, est
contraste vers les veines fémorale et iliaque externe. responsable d’un véritable état syncopaI, dénommé choc postural
À la marche, à chaque pas, l’augmentation intermittente de pression gravidique.
abdominopelvienne favorise l’expression de la veine cave inférieure
– L’augmentation de la pression abdominale.
vers l’atrium droit.
Au-delà de 20 mmHg elle entraîne aussi une compression de la
veine cave inférieure et une dérivation du sang pelvien.
• Drainage du réseau viscéral En effet, l’injection chez l’homme d’un produit de contraste dans la
Il se fait selon deux voies, abdominale et pelvienne. veine dorsale profonde du pénis (équivalente de la veine dorsale du
Le drainage abdominal intéresse le rectum, l’utérus et les annexes. Il clitoris chez la femme) opacifie la veine cave inférieure. Mais lorsque
emprunte les veines ovariques et rectales supérieures. la pression abdominale augmente, le produit injecté passe par les
La veine ovarique droite constitue la voie de drainage préférentielle plexus vertébraux. De même, durant les laminectomies vertébrales
dans 55 % des cas. Elle est la plus dilatée pendant la grossesse en décubitus ventral, l’hémorragie des plexus vertébraux décroît
(facteur du syndrome de la veine ovarique) [42] et dans 80 % des cas, considérablement avec la décompression de l’abdomen, en plaçant
elle est le siège des thromboses. des coussins sous la moitié supérieure du thorax et sous les épines
iliaques.
Au cours de la phlébographie utérine, le drainage ovarique est plus
précoce que le drainage utérin. Lorsque l’on comprime les veines – La diminution de la tonicité de la paroi veineuse.
ovariques, le drainage devient caudal, et on obtient ainsi 82 % de Elle relève de contraintes mécaniques d’ordre hydrostatique et de
bonne visualisation des veines utérines [16, 40]. causes hormonales liées aux récepteurs hormonaux situés dans leur
paroi. L’augmentation du calibre veineux atteint 20 à 30 % en
Le drainage pelvien intéresse l’appareil vésico-urétral, le vagin,
période prémenstruelle et plus de 50 % durant la grossesse.
l’utérus et accessoirement le rectum. Les plexus viscéraux sont
collectés par les veines vésicales, utérines, vaginales et rectales
moyennes qui rejoignent les veines iliaques internes.
• Voies de suppléance
Les veines viscérales s’organisent selon deux courants Nous distinguerons, selon le siège des obstructions veineuses, trois
accompagnant l’uretère pelvien. types :
Le courant veineux supra-urétérique, moins important, est formé par – le type 1, avec obstruction d’une veine iliaque interne. La veine
les veines vésicales, vaginales antérieures, et une faible partie des iliaque interne controlatérale est la plus sollicitée. Du côté de
veines utérines. l’obstruction se développent, comme voies de suppléance, les veines
Le courant veineux infra-urétérique, plus dense, est plaqué contre le rétropubiennes, honteuses externes, obturatrices, circonflexes
fascia pelvien pariétal. Il regroupe les veines vaginales postérieures, iliaques profondes et superficielles ;
la majeure partie des veines utérines et les veines rectales moyennes. – le type 2, avec obstruction d’une veine iliaque commune. Les voies
Ces veines, entourées du tissu conjonctif pelvien, sont maintenues de suppléance, nombreuses, sont essentiellement transversales. Elles
béantes par ces connexions conjonctives. Cette béance favorise la se drainent dans la veine iliaque interne controlatérale, puis dans
circulation continue dans les deux sens, et les hémorragies continues les plexus vertébraux. Les voies anastomotiques de dérivation sont,
lorsqu’elles sont blessées. Ces adhérences ne favorisent pas leur principalement, les veines utérines et sacrales et, accessoirement, les
pédiculisation, d’où l’utilisation de clips vasculaires. veines vésicales, rétropubiennes et rectales ;
Les cellulites pelviennes inflammatoires, radiques, voire – le type 3, avec obstruction des deux veines iliaques communes ou
néoplasiques, peuvent compromettre la physiologie des veines et de l’origine de la veine cave inférieure. Les voies de suppléance sont
favoriser les thrombophlébites [46]. essentiellement longitudinales et comprennent les plexus vertébraux,
les veines pariétales abdominales, les veines ovariques, les veines
• Drainage du réseau pariétal urétériques et les veines rectales supérieures.
Le réseau pariétal droit se draine par les veines obturatrices dans la Les plexus vertébraux qui appartiennent au système azygos
veine iliaque interne droite. En revanche, le réseau gauche aboutit constituent la voie de drainage la plus importante : ce réseau
aussi dans la veine iliaque interne droite après avoir emprunté les avalvulaire étendu et de faible pression peut fonctionner facilement
veines obturatrices gauches, la veine iliaque interne gauche et le dans les deux sens, caudocranial et craniocaudal, selon les
plexus sacral. On note toujours une stase du produit de contraste au modifications de la pression des veines caves supérieure et
niveau de la veine iliaque commune gauche. inférieure. Les plexus vertébraux reçoivent par ailleurs les veines

10
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

28 Reconstruction tridimensionnelle d’un angio-scanner des artères iliaques gau-


ches en vue latérale. 1. artère iliaque commune ; 2. artère iliaque externe ; 3. artère
iliaque interne ; 4. artère glutéale supérieure ; 5. tronc antérieur de l’artère iliaque
interne ; 6. artère utérine ; 7. artère honteuse interne ; 8. artère glutéale inférieure ;
9. artère épigastrique ; 10. artère mésentérique inférieure.

27 Artère hypogastrique : branches et distribution (d’après Kamina [32]). 1. Artère il-


iaque commune ; 2. artère iliaque interne ; 3. artère sacrale médiane ; 4. artère glutéale
supérieure ; 5. artère sacrale latérale ; 6. artère glutéale inférieure ; 7. artère rectale
moyenne ; 8. artère pudendale moyenne ; 9. glomus coccygien ; 10. artère iliolombaire ;
11. artère iliaque externe ; 12. artère épigastrique inférieure ; 13. artère ombilicale ; 14.
nerf obturateur ; 15. artère obturatrice ; 16. artère utérine ; 17. artère vaginale ; 18. ar-
tère présymphysaire ; 19. artère rétrosymphysaire ; 20. artère dorsale du clitoris ; 21.
artère graisseuse ; 22. artère vésicale antérieure ; 23. artère profonde du clitoris ; 24. ar-
tère bulbo-urétrale ; 25. artère périnéale ; 26. artère rectale inférieure.

pariétales du tronc et en particulier des glandes mammaires. Aussi


le plexus vertébral doit-il être considéré comme la voie rapide des
métastases vertébrales et pelviennes des cancers du sein [5]. D’autre
part, les rapports de ce plexus avec les racines spinales du nerf
sciatique en particulier expliquent certaines névralgies, sciatalgies,
fémoralgies de compression veineuse de la femme enceinte.
Soulignons que l’aggravation de la stase des veines pelviennes
induit celle de ses affluents, en particulier des veines périnéales et
du nerf sciatique, d’où l’apparition ou l’aggravation des varices
vulvaires, des sciatalgies et des hémorroïdes.

ARTÈRES PÉRIPHÉRIQUES (fig 27, 28, 29, 30)


Elles sont toutes des branches des artères iliaques internes.

¶ Artère iliaque interne


Elle naît au niveau du disque lombosacral, plus haute à droite qu’à 29 Reconstruction tridimensionnelle d’un angio-scanner des vaisseaux iliaques en
gauche. Elle se sépare de l’iliaque externe selon un angle aigu de place sur le bassin osseux (vue inférieure). Flèches longues : artères iliaques externes ;
30° environ ou après un accolement intime sur 2 cm lorsque la flèches courtes : artères iliaques internes
bifurcation de l’artère iliaque commune est haute.
Elle descend verticalement le long de la paroi pelvienne latérale, un inférieure et pudendale interne. Il donne une branche pariétale,
peu en avant de l’articulation sacro-iliaque. L’uretère, chez la femme, l’artère obturatrice et les branches viscérales : les artères ombilicale,
est situé en arrière et en dedans de l’artère iliaque interne. Les utérine, vaginale et rectale inférieure. Celles-ci parcourent l’espace
variations du trajet de l’uretère imposent son repérage sous le sous-péritonéal pelvien avant d’atteindre les viscères, et constituent
péritoine grâce à son péristaltisme. l’axe des ligaments viscéraux ;
Après un court trajet de 4 cm environ, elle se divise à hauteur de la
– le tronc postérieur donne des branches pariétales (artères
grande incisure ischiatique, dans 65 % des cas, en troncs antérieur et
iliolombaires et sacrales latérales) avant de se continuer en artère
postérieur :
glutéale supérieure. Son calibre est de 8 à 9 mm et augmente avec
– le tronc antérieur donne des branches viscérales et quelques l’âge, pour atteindre celui de l’artère iliaque externe. Il donne des
branches pariétales avant de se terminer en artères glutéale branches pariétales.

11
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

30 Reconstruction tridimensionnelle d’un angio-scanner des vaisseaux iliaques en


place sur le bassin osseux (vue antérieure). Flèche longue : artère iliaque externe ; flè-
che courte : artère iliaque interne. (Noter la présence d’endoprothèses à l’origine des ar-
tères iliaques communes).

¶ Anatomie fonctionnelle du système artériel pelvien


La multiplicité des anastomoses artérielles et des origines des artères
pelviennes explique la richesse des voies de suppléance du système 31 Artère du pelvis et principales anastomoses de suppléance (d’après Kamina [32]).
artériel pelvien. Celles-ci ont fait l’objet de nombreuses études 1. Artère ovarique ; 2. artère lombaire ; 3. rameau iliaque ; 4. artère iliolombaire ; 5. ar-
tère épigastrique inférieure ; 6. artère obturatrice ; 7. artère ombilicale ; 8. artère uté-
anatomiques angiographiques et cliniques qui ont montré le rôle rine ; 9. artère pudendale interne ; 10. artère profonde de la cuisse ; 11. artère rectale su-
primordial du système artériel pelvien comme « échangeur périeure ; 12. artère sacrale médiane ; 13. artère sacrale latérale ; 14. artère glutéale
circulatoire » en cas d’oblitération artérielle [6, 55]. supérieure ; 15. artère rectale moyenne ; 16. rameau de l’artère glutéale inférieure.

Anastomoses (fig 31, 32)


Elles sont très nombreuses et peuvent être regroupées en quatre
systèmes.
32 Voies de suppléance
– un système anastomotique entre les branches intrapelviennes et artérielle. En grisé : obtura-
viscérales de l’artère iliaque interne. Les connexions intraviscérales tions artérielles. 1. Artère
entre les branches droites et gauches sont constantes et efficaces, iliaque externe ; 2. artère fé-
morale ; 3. artère iliolom-
surtout au niveau de l’utérus et du vagin ;
baire ; 4. artère glutéale su-
– un système anastomotique entre l’artère iliaque interne et l’aorte. périeure ; 5. artère glutéale
Il est constitué par les anastomoses unissant les artères utérine et inférieure ; 6. artère puden-
ovarique, les artères iliolombaires et lombaires, les artères sacrales dale ; 7. artère obturatrice ;
8. anastomoses.
latérales et médiane, et les artères rectales moyenne et supérieure.
Soulignons que l’artère mésentérique inférieure, qui donne l’artère
rectale supérieure, est la voie capitale de suppléance pour l’artère
fémorale lorsque les réseaux iliaque et lombaire sont inefficaces.
Dans cette situation d’obstruction des artères iliaques communes et
lombaires, le malade « fonctionne avec son artère mésentérique
inférieure » ;
– un système anastomotique entre les artères iliaques interne et
externe. Il est formé par les anastomoses unissant les artères
iliolombaire et circonflexe iliaque, et les artères obturatrice et iliaque
externe, souvent par l’intermédiaire de l’artère épigastrique
inférieure ;
– un système anastomotique entre les artères iliaque interne et
fémorale. Il est constitué des anastomoses unissant l’artère profonde
de la cuisse et les artères glutéale inférieure, obturatrice et glutéale
supérieure.

Voies de suppléance
La valeur des voies de suppléance se révèle lorsque l’artère iliaque
interne est exclue. Nous distinguerons avec Hassen-Khodja [6, 28]
quatre types :
– le type 1, avec obstruction en amont de l’artère iliaque interne.
L’artère iliaque interne joue le relais d’apport grâce à ses

12
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

Les autres sont inconstants, insinués entre le muscle psoas et l’artère


iliaque externe. Ils représentent des nœuds interrupteurs placés entre
les nœuds inguinaux et les nœuds iliaques communs. Aussi certains
auteurs jugent-ils inutile leur exérèse dans les lymphadénectomies
pour cancer pelvien.

Nœuds iliaques externes intermédiaires


Ils reposent sur la veine iliaque externe ou s’intercalent entre l’artère
et la veine iliaques externes.
Ils sont au nombre de deux en moyenne avec un nœud lacunaire
intermédiaire inconstant, placé près de la lacune vasculaire.
Ce sont des nœuds interrupteurs drainant les nœuds inguinaux et
iliaques externes médiaux vers les nœuds iliaques communs.

Nœuds iliaques externes médiaux


Groupe constant le plus important, il est infraveineux. Les nœuds
sont plus volumineux et appliqués contre la paroi pelvienne. Il faut
donc relever la veine pour les voir et les disséquer. Le nœud
lacunaire médial, situé près de la lacune vasculaire, draine la région
inguinale profonde et la vulve [47]. Ce groupe reçoit les collecteurs
de la vessie, de l’uretère pelvien, de l’utérus et du vagin. Leurs
vaisseaux efférents rejoignent les nœuds interiliaques et iliaques
externes intermédiaires.

Nœuds lymphatiques obturateurs


33 Lymphocentres du petit bassin (d’après Kamina [32]). 1. Nœuds subaortiques ; 2.
nœuds du promontaire ; 3. nœuds sacraux ; 4. nœuds glutéaux supérieurs ; 5. nœuds Ils sont situés contre le pédicule obturateur et le muscle obturateur
glutéaux inférieurs ; 6. nœuds iliaques communs intermédiaires dans la fosse iliolom- interne, près du canal obturateur.
baire ; 7. nœuds interiliaques ; 8. nœuds iliaques externes latéraux ; 9. nœuds iliaques
externes intermédiaires ; 10. nœuds iliaque externes médiaux ; 11. nœuds rétrolacunai-
Ils reçoivent les collecteurs principaux de la vessie, de l’uretère, de
res ; 12. nœuds obturateurs. l’utérus et du vagin. Ils se drainent dans les nœuds iliaques externes
médiaux et interiliaques.
anastomoses avec les branches aortiques. Les artères mésentériques
inférieure, lombaire et ovarique constituent, en particulier, les voies ¶ Nœuds lymphatiques iliaques internes
de suppléance ; Ils ne sont jamais injectés par les lymphographies pédieuses. Ils sont
– le type 2, avec obstruction en aval de l’artère iliaque interne. disposés dans les interstices des branches de l’artère iliaque interne.
L’artère iliaque interne est un relais de distribution habituel par des Ils comprennent deux groupes : les nœuds glutéaux et sacraux.
branches efférentes ;
Nœuds glutéaux
– le type 3, avec obstruction en amont et en aval de l’artère iliaque
interne. L’artère iliaque interne joue le double rôle de relais d’apport Les nœuds glutéaux supérieurs sont situés entre l’artère glutéale
et de distribution ; supérieure et l’artère iliaque interne. Les nœuds glutéaux inférieurs
entourent l’origine de l’artère glutéale inférieure.
– le type 4, avec obstruction totale de l’artère iliaque interne. Ils reçoivent des collecteurs du rectum, des régions profondes du
Seules les anastomoses des branches collatérales de l’artère iliaque périnée, et de la région glutéale.
interne jouent un rôle de relais d’apport et de distribution.
En conclusion, l’expérience montre que les trois artères principales Nœuds sacraux
du pelvis sont les artères iliaques internes et mésentérique inférieure. Ils sont situés le long de l’artère sacrale latérale près des 2e et 3e
La présence d’une seule des trois artères suffit à une vascularisation foramens sacraux ventraux.
satisfaisante des viscères pelviens. Aussi le sacrifice de l’artère Ils drainent les collecteurs accessoires du rectum et du col utérin.
iliaque interne en cas de difficulté chirurgicale est-il possible.
Soulignons que la conservation de la vascularisation artérielle ¶ Nœuds lymphatiques interiliaques
pelvienne est impérative en chirurgie vasculaire aorto-iliaque.
Ils sont situés au niveau de la bifurcation des vaisseaux iliaques
externe et interne. Ils drainent les nœuds obturateurs et iliaques
LYMPHOCENTRES PARIÉTAUX (fig 33) externes médiaux. Ils reçoivent aussi des collecteurs de la vessie, de
Le bilan cancérologique et la lymphadénectomie rendent l’utérus et du vagin.
indispensable la connaissance de ces lymphocentres situés au
¶ Nœuds lymphatiques communs
voisinage des vaisseaux iliaques [26].
Situés au voisinage de la division aortique, ils drainent les nœuds
¶ Nœuds lymphatiques (ou lymphonœuds) iliaques iliaques externes, internes et intermédiaires. Leurs vaisseaux
externes efférents vont vers les nœuds latéroaortiques surtout gauches, mais
aussi précaves, latérocaves et rétrocaves.
Au nombre de 8 à 10, ils sont groupés le long des vaisseaux iliaques
externes. Ils comprennent trois groupes : les nœuds iliaques externes Ils forment cinq groupes :
médiaux, latéraux et intermédiaires. – les nœuds iliaques communs latéraux (un à quatre), situés sur la
face latérale de l’artère iliaque commune ;
Nœuds iliaques externes latéraux
– les nœuds iliaques communs intermédiaires, situés dans la fosse
Ils sont supra-artériels, peu nombreux (un à quatre), petits et iliolombaire contre la veine lombaire ascendante, le nerf obturateur
éloignés les uns des autres. Le plus constant est le nœud lacunaire et le tronc lombosacral. Ils sont recouverts par les vaisseaux iliaques
latéral situé près de la lacune vasculaire. primitifs ;

13
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

35 Systématisation de
l’innervation pelvienne. En
rouge : parasympathique ;
en noir : sympathique. a :
plexus coeliaque ; b : plexus
mésentérique supérieur ; c :
plexus ovarique ; d : plexus
mésentérique inférieur ; e :
plexus hypogastrique supé-
rieur et nerfs hypogastri-
ques ; f : vers l’appareil gé-
nital ; g : vers la vessie et
l’urètre ; h : vers le rectum ;
1 : plexus hypogastrique in-
férieur ; 2 : nerf honteux.

34 Constitution du plexus hypogastrique inférieur gauche (d’après Kamina [32]). 1.


Nerf splanchique lombaire ; 2. ganglions sympathiques lombaires ; 3. nerf présacral
(plexus hypogastrique supérieur) ; 4. nerf hypogastrique ; 5. ganglions sympathiques
sacraux ; 6. nerfs splanchiques sacraux ; 7. nerf ischiatique (sciatique) ; 8. nerfs érec-
teurs ; 9. plexus hypogastrique inférieur ; 10. nerf honteux ; 11. uretère. une courte incursion à la fesse par le canal infrapiriforme, il réintègre
aussitôt le pelvis par la petite incisure ischiatique pour se rendre
– les nœuds iliaques communs médiaux, situés contre l’artère
dans le périnée.
iliaque commune et en avant de la veine iliaque commune ;
– les nœuds du promontoire, situés en regard du promontoire ; NERFS VÉGÉTATIFS
– et les nœuds subaortiques, situés contre la bifurcation de l’aorte et Ils sont situés contre la paroi pelvienne postérieure et comprennent
de la veine cave inférieure. le plexus hypogastrique inférieur, le tronc sympathique sacral et les
nerfs érecteurs.
Nerfs pelviens (fig 34, 35) ¶ Plexus hypogastrique supérieur (ou nerf présacral)
Contre la paroi pelvienne se trouvent des nerfs somatiques destinés C’est une petite lame nerveuse plus ou moins étalée, située en avant
aux membres inférieurs et des nerfs végétatifs pour les viscères du corps de la vertèbre L5 et du promontoire entre les vaisseaux
pelviens. iliaques communs. Ce nerf est constitué par la fusion du plexus
aortique, et des 4e et 5e nerfs splanchniques lombaires.
En dessous du promontoire, le plexus hypogastrique supérieur se
NERFS SOMATIQUES
divise en nerfs hypogastriques droit et gauche qui descendent
Ils sont nombreux et ne font que traverser la cavité pelvienne. obliquement et rejoignent l’angle postérosupérieur du plexus
hypogastrique inférieur homolatéral.
¶ Nerf obturateur
C’est en regard de L5 que ce plexus est réséqué dans l’intervention
Il émerge dans le petit bassin entre les vaisseaux iliaques externe et de Cotte.
interne. Il descend obliquement en avant, contre la paroi latérale,
pour s’engager dans le canal obturateur. Il est tendu et forme la ¶ Tronc sympathique sacral
corde de concavité pelvienne latérale. Il est caché par une épaisse Il est constitué d’une chaîne paire de trois ou quatre ganglions
lame cellulolymphatique. sacraux qui se termine par le ganglion impair situé devant le coccyx.
Des ganglions partent des nerfs splanchniques sacraux qui
¶ Plexus sacral rejoignent les nerfs hypogastriques et la partie postéro-inférieure du
Constitué de l’union du tronc lombosacral et des racines antérieures plexus hypogastrique inférieur.
des nerfs spinaux sacraux SI, S2 et S3, il émerge des foramens
sacraux pelviens. Il converge vers le bord inférieur de la grande ¶ Nerfs érecteurs (ou nerfs splanchniques pelviens)
incisure ischiatique où il se continue par le nerf ischiatique. Ils naissent des racines antérieures des nerfs spinaux sacraux S2, S3,
Recouvert du fascia pelvien pariétal, il est bien isolé des processus S4. Ils rejoignent le plexus hypogastrique inférieur homolatéral.
pathologiques intéressant le petit bassin.
¶ Plexus hypogastrique inférieur
¶ Nerf pudendal
C’est une lame paire irrégulière et fenêtrée, formée de petits
Destiné à innerver les organes génitaux externes et le périnée, il naît ganglions réunis entre eux par de nombreux et courts filets nerveux.
des racines antérieures des nerfs spinaux sacraux S2, S3 et S4. Après Il est situé dans un ligament utérosacral dont il forme la charpente.

14
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

Centres cérébraux
Ils siègent au niveau de la formation réticulaire, du diencéphale et
du cortex cérébral (partie postérieure du lobule paracentral, aires 4
et 6 de Brodmann).
Le noyau dorsal du nerf vague donne des neurofibres destinées à
l’ovaire. Cette origine parasympathique expliquerait les réactions
vagales digestives des affections et torsions des annexes.

¶ Voie afférente végétative


Les neurorécepteurs viscéraux sont de types très variés
(mécanorécepteurs, chémorécepteurs, nocicepteurs...).
– Le premier neurone part du viscère et chemine essentiellement
dans le nerf présacré. Il gagne le nerf spinal en empruntant un
rameau communicant blanc. Pour l’ovaire, il chemine dans le plexus
ovarique.
Les neurofibres nociceptives sont peu nombreuses et chacune se
projette sur plusieurs neurones spinaux, ce qui explique
l’imprécision des sensations viscérales et des douleurs projetées.
– Le second neurone part de la colonne intermédiomédiale et atteint
généralement le diencéphale par les voies spinothalamiques.
Une autre voie viscérale ascendante directe ou croisée peut être
utilisée (Ken Kuré). Elle est composée de chaînons superposés de
neurones multisynaptiques. Les impressions intéroceptives
gagneraient ainsi de proche en proche le thalamus. Cette chaîne
présente des rapports étroits avec le système réticulaire.
Le thalamus, point de convergence de ces influx, filtre une partie
36 Systématisation de l’innervation de l’appareil génital. En noir : neurofibre sensi- d’entre eux qui seront transmis au cortex, à l’hypothalamus et au
tive somatique ; en bleu : neurofibre sensitive viscérale ; en jaune : neurofibre sympa- rhinencéphale.
thique ; en vert : neurofibre parasympathique ; en rouge : neurofibre motrice somati-
que ; en pointillés : fibres postganglionnaires. a : T10-L3 ; b : S2-S4 ; 1 : colonne ¶ Voie efférente végétative
intermédiolatérale ; 2 : colonne intermédiomédiale ; 3 : nerf spinal (ilio-hypogastrique
et ilio-inguinal) ; 4 : rameau communicant blanc ; 5 : nerf splanchnique lombaire ; 6 : Elle est motrice ou sécrétoire et constituée de deux neurones,
noyau parasympathique sacral ; 7 : noyeau dorsomédial ; 8 : plexus hypogastrique su- préganglionnaire et postganglionnaire.
périeur ; 9 : nerf hypogastrique ; 10 : ganglion intramural ; 11 : rameau communicant
gris ; 12 : nerf splanchnique sacral ; 13 : nerf pudendal ; 14 : splanchnique pelvien – Le neurone préganglionnaire sympathique présente un cylindraxe
(érecteur) ; 15 : plexus hypogastrique inférieur. court qui emprunte la racine antérieure d’un nerf spinal, le rameau
communicant blanc et le nerf végétatif. Il fait synapse soit dans les
Le bord antérieur du plexus approche le cul-de-sac latéral du vagin, ganglions du tronc sympathique, soit dans le plexus hypogastrique
son bord inférieur touche le plancher pelvien, sa face interne répond inférieur, avec le neurone postganglionnaire. Ce dernier gagne les
au rectum et au cul-de-sac recto-utérin (ou cul-de-sac de Douglas). parois viscérales à travers un nerf viscéral.
De chaque plexus partent un plexus vésical, un plexus utérovaginal, – Le neurone préganglionnaire parasympathique chemine dans un
des plexus rectaux moyen et inférieur, et les nerfs caverneux du nerf érecteur et fait synapse dans un ganglion pariétal. Le neurone
clitoris. postganglionnaire est situé dans la paroi du viscère. Pour l’ovaire, la
neurofibre parasympathique d’origine vagale chemine dans le
¶ Plexus ovarique plexus ovarique.
Il accompagne l’artère ovarique et il est constitué de neurofibres La transmission de l’influx nerveux s’effectue au niveau des
provenant du ganglion aorticorénal et du plexus intermésentérique. ganglions sympathique, hypogastrique, et de la terminaison de la
fibre postganglionnaire parasympathique, grâce à un médiateur
chimique, l’acétylcholine. En revanche, la transmission au niveau de
SYSTÉMATISATION (fig 36) la neurofibre postganglionnaire sympathique dépend de l’adrénaline
et de la noradrénaline.
¶ Centres nerveux

Centres médullaires sympathiques Structures périnéales (fig 37, 38)


Ils siègent dans la colonne intermédiolatérale au niveau des
myélomères [29, 61] : Le périnée est l’ensemble des parties molles situées au-dessous du
diaphragme pelvien. C’est une région complexe comprenant, du
– T 10 à T 11, pour l’ovaire ; point de vue topographique et fonctionnel, deux parties : le périnée
– T 10 à L1, pour la trompe utérine et la partie supérieure de urogénital, traversé par l’urètre et le vagin, et le périnée anal, par le
l’utérus ; canal anal. Ils sont situés de part et d’autre du plan bitubérositaire
ischiatique passant par le centre tendineux du périnée.
– T 11 à L2, pour la vessie et le rectum ;
Le plan cutané est limité latéralement par le sillon génitofémoral. Il
– T 12 à L1, pour les parties inférieure de l’utérus et supérieure du est constitué essentiellement par la vulve et la marge de l’anus.
vagin ;
– LI à L3, pour les organes génitaux externes et l’anus.
Le centre médullaire parasympathique sacral situé au niveau des CENTRE TENDINEUX DU PÉRINÉE
myélomères S2 à S4 dans la colonne médioventrale est destiné, à Le centre tendineux du périnée est une formation fibromusculaire
l’exception des ovaires, aux viscères pelviens et au côlon gauche. située sous la peau, entre la partie inférieure du vagin et le canal

15
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

39 Diaphragme urogénital. 1 : Veine et nerf profonds du clitoris ; 2 : ligament arqué


pubien ; 3 : ligament transverse du périnée ; 4 : sphincter de l’urètre (muscle compres-
seur de l’urètre) ; 5 : sphincter de l’urètre (muscle urétrovaginal) ; 6 : urètre ; 7 : fascia
supérieur du diaphragme urogénital ; 8 : fascia inférieur du diaphragme urogénital ré-
cliné ; 9 ; muscle transverse profond ; 10 : centre tendineux du périnée ; 11 : vagin.

¶ Espace superficiel du périnée


Il est limité en bas par le fascia superficiel du périnée, et en haut par
la membrane périnéale ou fascia inférieur du diaphragme
urogénital. Elle est épaisse et résistante. Il contient essentiellement
des organes érectiles, des muscles et la glande vestibulaire majeure.
– Les bulbes vestibulaires forment, de chaque côté du vagin, un
ovoïde de 3,5 cm de longueur environ. Les extrémités antérieures
des bulbes, minces, s’unissent pour constituer la commissure
37 Périnée. À droite, dissection de l’espace supérficiel du périnée et de la fosse ischio-
bulbaire (ou partie intermédiaire des bulbes). Les bulbes sont fixés
rectale ; à gauche, coupe chanfreinée des lèvres (d’après Kamina [36]). a : Espace super-
ficiel du périnée ; 1 : gland du clitoris ; 2 : corps caverneux ; 3 : bulbe vestibulaire ; au fascia inférieur du diaphragme.
4 : glande vestibulaire majeure ; 5 : anus ; 6 : petite lèvre ; 7 : grande lèvre ; 8 : fosse – Les corps caverneux constituent le clitoris, et comprennent deux
ischiorectale. piliers, un corps et un gland. La longueur du clitoris est en moyenne
de 6 cm dont environ 3 pour les racines, 2,5 pour le corps et 0,5
pour le gland. Son diamètre est d’environ 0,6 cm.
– Les piliers s’attachent sur la partie moyenne de la face interne
des branches ischiopubiennes. Ils s’adossent sous la symphyse
pubienne pour former le corps du clitoris.
– Le corps, après un court trajet ascendant, se coude brusquement
en avant de la symphyse pour se porter en bas. Le coude du
clitoris est solidement maintenu par le ligament suspenseur qui
se détache de la symphyse pubienne et de la ligne blanche.
– Le gland, libre, conique et mousse, varie peu en état d’érection.
– Le corps et les piliers du clitoris sont constitués d’un fascia
clitoridien qui enveloppe un tissu érectile. Le gland, plus riche en
tissu fibroélastique, possède un revêtement superficiel de type
cutané.
– Chaque muscle ischiocaverneux naît autour de l’extrémité du pilier
du clitoris et recouvre la surface libre de son corps. Il se termine en
se perdant sur l’albuginée aux environs du coude du clitoris.
– Chaque muscle bulbospongieux naît sur le centre tendineux du
périnée puis se termine au-dessus du corps du clitoris en s’unissant
au muscle opposé au-dessus de la veine dorsale profonde du clitoris.
Quelques fibres se fixent sur le corps caverneux et le ligament
suspenseur du clitoris.
– Le muscle transverse superficiel, insignifiant, est tendu de la
tubérosité ischiatique au centre tendineux du périnée.
– Les glandes vestibulaires majeures sont situées de chaque côté de la
moitié postérieure du vestibule. Ce sont des glandes mucipares
ovoïdes, longues d’environ 1,5 cm. Leur face interne répond à la
38 Corps érectiles. 1 : Corps du clitoris ; 2 : plexus veineux intermédiaire ; 3 : pilier
du clitoris ; 4 : bulbe vestibulaire ; gland du clitoris. paroi vulvaire. Leur face externe est adjacente au bulbe vestibulaire
et au muscle bulbospongieux. Le bord supérieur est en rapport avec
anal. Il prolonge en bas le septum rectovaginal dont il représente la le fascia inférieur du diaphragme urogénital. Le canal excréteur, long
clé de l’abord périnéal. Il donne insertion à de nombreux muscles de 1 à 2 cm, se porte en avant et médialement pour s’ouvrir dans le
périnéaux et aux muscles pubovaginaux. sillon vestibulaire à 5 et 7 heures.

¶ Espace profond du périnée (fig 39)


PÉRINÉE UROGÉNITAL Il est compris entre la membrane périnéale (ou le fascia inférieur du
Il comprend deux espaces superposés, superficiel et profond. diaphragme urogénital) et le fascia supérieur du diaphragme

16
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

urogénital qui se poursuit avec le fascia pelvien viscéral. Il contient


le diaphragme urogénital constitué du muscle sphincter de l’urètre 40 Utérus (vue latérale).
a : Corps ; b : isthme ; c :
et des deux muscles transverses profonds. Il est parcouru par les partie supravaginale du
vaisseaux et nerfs dorsaux profonds du clitoris. col ; d : partie vaginale du
col ; e : vagin ; f : col utérin ;
Muscle sphincter de l’urètre 1 : trompe utérine ; 2 : liga-
ment rond ; 3 : mésomère ;
Il comprend deux types de myofibres correspondant aux muscles 4 : insertion du fornix vagi-
urétrovaginal et compresseur de l’urètre. nal ; 5 : ligament propre de
– le muscle urétrovaginal est formé de fibres circulaires entourant l’ovaire.
l’urètre proximal, et de fibres arciformes qui passent en avant de
l’urètre distal pour se perdre sur les faces antérieure et latérale du
vagin ;
– le muscle compresseur de l’urètre est formé de fibres tendues
entre les branches du pubis, et qui passent en avant de l’urètre
distal.

Muscle transverse profond


Il est tendu de la branche de l’ischion au vagin et au centre
tendineux du périnée.

PÉRINÉE ANAL
Sous le plan cutané siègent autour du canal anal le sphincter externe
de l’anus et, de chaque côté de celui-ci, les fosses ischiorectales.

¶ Sphincter externe de l’anus


C’est un muscle strié épais de 1 cm, haut de 2 cm, amarré en arrière
au ligament anococcygien et en avant au centre tendineux du
périnée.

¶ Fosses ischiorectales
Ce sont des espaces prismatiques à sommet supérieur, avec une
paroi externe constituée de l’os iliaque et de l’obturateur interne, et
une paroi interne formée du muscle élévateur de l’anus et du
sphincter externe de l’anus. Chaque fosse se prolonge en avant au-
dessus du diaphragme urogénital sous les muscles élévateurs de
l’anus, latéralement vers la petite incisure ischiatique et médialement
entre elles en arrière du canal anal [57]. Elles contiennent le corps
adipeux de la fosse ischiorectale et le pédicule pudendal interne.
Celui-ci aborde la fosse par la petite incisure ischiatique et se
distribue au périnée. 41 Coupe échographique sagittale médiane d’un pelvis féminin, réalisée par voie sus-
pubienne. 1. Utérus: ; 2. col utérin. ; 3. vagin ; 4. vessie.

Organes génitaux internes


Destinés essentiellement à la reproduction, ils comprennent l’utérus,
les trompes, les ovaires et le vagin.

UTÉRUS (fig 40, 41, 42, 43, 44)


L’utérus est un organe musculaire creux destiné à contenir l’œuf
fécondé pendant son développement et à l’expulser à terme. Il est
de consistance ferme et élastique à l’examen.

¶ Mesures
Son poids est d’environ 50 g chez la nullipare et 70 g chez la
multipare.
Sa capacité est d’environ 4 cm3 chez la nullipare et de 5 cm3 chez la
multipare.
Les dimensions de la cavité utérine sont : chez la nullipare, de
55 mm en moyenne, dont 25 pour le corps 25 pour le col et 5 pour
l’isthme ; chez la multipare, l’augmentation de la cavité est nette au
niveau du corps qui atteint 35 mm. 42 Coupe échographique sagittale médiane d’un utérus réalisée par voie endo-
vaginale.
¶ Configuration extérieure
L’utérus présente dans sa partie moyenne un léger étranglement, Le corps utérin est de forme conoïde et aplati d’avant en arrière ; le
l’isthme utérin, qui sépare le corps et le col. fundus de l’utérus est fortement convexe dans le sens

17
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

43 Reconstruction scano-
graphique sagittale (après
injection de produit de
contraste). 1. Utérus ; 2.
vessie ; 3. vagin ; 4. rectum.

44 Coupe en imagerie par


résonance magnétique sa- 45 Organes génitaux internes de la femme (face postérieure). a : partie utérine de la
gittale médiane en pondéra- trompe ; b : isthme de la trompe ; c : ampoule de la trompe ; d : infundibulum de la
tion T2 d’un pelvis féminin trompe ; e : franges tubaires ; 1 : cavité utérine ; 2 : ostium utérin de la trompe ; 3 : li-
mettant en évidence un uté- gament rond ; 4 : cavité tubaire ; 5 : mésosalpinx ; 6 : ostium abdominal de la trompe ;
rus rétroversé. 1. Vessie ; 2. 7 : frange ovarique ; 8 : ligament suspenseur de l’ovaire ; 9 : appendice vésiculeux ; 10 :
utérus ; 3. symphyse pu- ovaire ; 11 : épooophoron ; 12 : uretère et artère utérine ; 13 : ligament urétrosacral ;
bienne. 14 : vagin ; 15 : canal cervical.

Le péritoine recouvre les faces du corps et la face postérieure de la


partie supravaginale du col. Il est d’autant plus adhérent que l’on
approche du fundus utérin.
– La face vésicale du corps utérin répond à la face utérine de la
vessie par l’intermédiaire du cul-de-sac vésico-utérin. La partie
supravaginale du col et l’isthme sont séparés de la partie
rétrotrigonale de la base vésicale par le septum vésico-utérin.
– La face intestinale est séparée du rectum par le cul-de-sac recto-
utérin de Douglas.
antéropostérieur, rectiligne transversalement chez la nullipare et – Les bords du corps répondent au mésomètre dans lequel
convexe chez la multipare. Les cornes utérines prolongent le fundus cheminent l’artère utérine, les plexus veineux et lymphatiques
et se continuent avec les trompes ; elles donnent insertion aux utérovaginaux, le nerf latéral de l’utérus et parfois le canal
ligaments ronds et propres de l’ovaire. longitudinal de l’époophoron.
Le col utérin est cylindrique et un peu renflé à sa partie moyenne. Il
– Les bords de la partie supravaginale du col répondent au
est divisé en deux portions par l’insertion vaginale : la portion
paramètre dont l’élément important est représenté par le croisement
supravaginale, prolongeant le corps, et la portion vaginale
uretère-artère utérine. L’uretère descend médialement, au-dessus du
(anciennement intravaginale), visible au spéculum et accessible au
fornix latéral du vagin, en direction de la base vésicale.
doigt par le toucher vaginal. Celle-ci est percée à son sommet d’un
orifice : l’orifice externe du col qui donne accès au canal cervical. – Le fundus répond aux anses grêles et souvent au grand omentum.
L’aspect en est variable : chez la nullipare, l’orifice est punctiforme ;
chez la primipare, l’orifice s’allonge transversalement avec une lèvre Partie vaginale du col
antérieure, une lèvre postérieure et deux incisures latérales. Elle fait saillie dans le fornix vaginal et elle est séparée de la paroi
¶ Configuration interne vaginale par un cul-de-sac annulaire. Par les deux culs-de-sac
latéraux, on explore l’état des paramètres et surtout des paracervix.
L’utérus est un organe creux comprenant la cavité utérine au niveau Par l’intermédiaire du vagin, elle est en rapport avec :
du corps, et le canal cervical.
La cavité utérine est de forme triangulaire et virtuelle. La base – en avant, le septum vésicovaginal, le trigone vésical et la partie
supérieure est convexe chez la nullipare, rectiligne ou concave chez terminale de l’uretère ;
la multipare. Les angles latéraux se continuent avec les canaux – latéralement, le paracervix ;
tubaires par l’ostium utérin. – et en arrière, le rectum par l’intermédiaire du cul-de-sac
Le canal cervical est réel et fusiforme. Ses parois antérieure et recto-utérin.
postérieure sont marquées chacune par la présence du pli palmé
formé d’une colonne longitudinale d’où partent des plis
transversaux. Ce relief peut gêner l’introduction d’un hystéromètre ANNEXES DE L’UTÉRUS (fig 12, 45, 46, 47, 48)
ou d’un stérilet. L’extrémité supérieure se prolonge avec l’isthme et Elles sont constituées par les ovaires et les trompes utérines situées
porte le nom d’orifice interne du col. de chaque côté de l’utérus dont elles sont solidaires. Ces organes
sont unis entre eux par le ligament large et partagent la même
¶ Rapports [34]
vascularisation et innervation.
Partie supravaginale de l’utérus
¶ Ovaire
Elle correspond au corps utérin et à la partie supravaginale du col.
Elle présente deux faces, vésicale et intestinale, et deux bords, droit Glande sexuelle paire, l’ovaire a la forme d’une amande, à surface
et gauche. mamelonnée, d’environ 4 cm de long, 2 cm de large, 1 cm

18
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

48 Coupe échographique d’un ovaire selon son grand axe réalisée par voie endo-
vaginale. L’ovaire est contourné pour pouvoir calculer son volume.

Rapports
46 Hystérosalpingographie. L’ovaire n’est pas recouvert de péritoine et présente deux faces,
médiale et latérale, deux bords, libre et mésovarique, et deux
extrémités, tubaire et utérine :
– la face latérale répond le plus souvent à la fosse ovarique (cf supra
« Péritoine pelvien »), la face médiale est souvent recouverte par le
mésosalpinx, qui se rabat en arrière avec les organes qu’il contient ;
– le bord mésovarique, limité par la ligne d’attache du mésovarium,
présente le hile de l’ovaire ; le bord libre est longé souvent par la
frange ovarique ;
– le pôle tubaire de l’ovaire droit est proche de l’appendice
vermiforme ; le pôle utérin est accessible au toucher vaginal ou
rectal.

¶ Trompe utérine
Ce conduit musculomembraneux pair et symétrique prolonge
latéralement les cornes utérines.
Située dans les mésosalpinx, la trompe présente tout d’abord une
direction transversale jusqu’au pôle utérin de l’ovaire, puis elle suit
le bord mésovarique de l’ovaire pour retomber le long du bord libre
47 Coupe en imagerie par résonance magnétique frontale en pondération T2 d’un de l’ovaire.
pelvis féminin passant par le col cervical. 1. Utérus ; 2. rectum ; 3. ovaires présentant
de nombreux follicules (ovaires micropolykystiques) ; 4. muscle obturateur interne ; 5. La trompe mesure environ 10 à 12 cm de long et présente quatre
muscle obturateur externe ; 6. muscle élévateur de l’anus (partie iliococcygienne) ; Flè- parties.
ches épaisses : muscles transverses profonds du périnée ; Flèches fines : muscles bulbo-
caverneux. – La partie utérine, située dans l’épaisseur même du muscle utérin,
a un trajet oblique en haut et latéralement, souvent linéaire ; sa
longueur est d’environ 1 cm, son diamètre est de 0,2 à 0,4 mm. Elle
d’épaisseur. À la cœlioscopie, sa teinte tranche nettement par débouche dans l’angle supérieur de l’utérus par un orifice de 1 mm
sa blancheur avec la teinte rosée des formations anatomiques de diamètre, l’ostium utérin.
voisines.
– L’isthme tubaire, qui fait suite à la portion utérine entre les
ligaments rond de l’utérus et propre de l’ovaire, se porte
Ligaments
transversalement en dehors. Sa longueur est de 3 à 4 cm, son
L’ovaire est maintenu par trois ligaments : diamètre de 2 à 4 mm. Il est cylindrique, à paroi épaisse, presque
inextensible.
– le ligament suspenseur de l’ovaire, constitué de fibres conjonctives
et musculaires lisses qui entourent les vaisseaux ovariques ; – L’ampoule tubaire fait suite à l’isthme au niveau du pôle utérin
de l’ovaire. Elle mesure 7 à 8 cm de long et 8 à 9 mm de diamètre.
– le ligament tubo-ovarique, solidaire de la frange ovarique ;
Flexueuse, elle présente une paroi mince, une consistance molle et
– le ligament propre de l’ovaire tendu du pôle utérin de l’ovaire à une grande compliance. Elle est en rapport étroit avec l’ovaire et
la corne utérine. représente la « chambre de fécondation ».

19
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

Configuration interne
Sa surface interne présente des plis transversaux ou rides vaginales
et une colonne longitudinale médiane, sur chaque paroi. La colonne
longitudinale antérieure, plus développée, commence au niveau de
la carina urétrale du vagin, et finit en haut en se bifurquant pour
délimiter le triangle vaginal.
Les rides et colonnes s’émoussent à la ménopause, en absence
d’imprégnation œstrogénique.

Moyens de fixité
Le fornix vaginal, fixé sur le col utérin, est maintenu par les
ligaments utérosacraux et les paracervix.
La portion moyenne du vagin est croisée par les muscles élévateurs
de l’anus, qui brident ses faces latérales à 2 ou 3 cm de l’orifice
vaginal. Le faisceau pubovaginal constitue une sangle musculaire
dont la tonicité maintient les parois vaginales l’une contre l’autre.
La continuité des fascias vaginal et pelvien pariétal assure la fixité
du vagin.
Son extrémité inférieure est très adhérente aux fascias périnéaux.

Rapports
C’est un organe pelvipérinéal qui présente deux faces, antérieure et
postérieure, deux bords latéraux et deux extrémités, le fornix vaginal
49 Coupe sagittale théorique du petit bassin et du périnée chez la femme et chez et l’orifice vaginal.
l’homme pendant la copulation (d’après Dickinson [21]). 1 : Vésicule séminale ; 2 : am-
poule et conduit déférent ; 3 : prostate ; 4 : glande bulbo-urétrale ; 5 : corps spongieux ;
6 : urètre ; 7 : testicule. • Paroi antérieure
La partie supérieure est en rapport avec le trigone vésical qui est
solidement fixé au vagin par le septum vésicovaginal. Dans sa partie
50 Vulve et paroi vaginale antérieure.
supérieure est située la partie terminale de l’uretère. Le trigone
Ouverture de l’introït par une valve
(d’après Kamina [32]). 1 : Prépuce du clito- vésical répond directement au triangle vaginal.
ris ; 2 : gland du clitoris ; 3 : ostium ex- La partie inférieure est intimement liée à l’urètre par le septum
terne de l’urètre ; 4 : ostium des glandes urétrovaginal.
urétrales ; 5 : carina urétrale du vagin ; 6 :
L’anatomie de surface de cette paroi est importante pour son abord
colonne antérieure ; 7 : rides du vagin ; 8 :
trigone vaginal ; 9 : col utérin. chirurgical. Elle est marquée par trois sillons transversaux apparents,
lorsqu’il existe une traction cervicale caudale, surtout en cas
d’hystéroptose [56].
Le sillon vésical, situé près du col, correspond à la limite supérieure
du fundus vésical en rapport avec le fornix vaginal antérieur.
Le sillon vaginal transverse, situé à 4 cm environ du méat urinaire,
correspond au col vésical et au ligament pubovésical.
Le sillon subméatique siège juste au-dessus du méat urinaire.

• Paroi postérieure
Le quart supérieur, recouvert de péritoine, est séparé du rectum par
le cul-de-sac recto-utérin de Douglas.
La partie moyenne est intimement unie au rectum sur 4 cm environ
– L’infundibulum de la trompe est évasé, en entonnoir. Son sommet par le septum rectovaginal.
fait communiquer la cavité tubaire avec celle du péritoine par un Le quart inférieur est séparé du canal anal par le triangle anovaginal
orifice extensible de 2 à 3 mm, l’ostium abdominal. Sa base, contenant le centre tendineux du périnée.
semblable à une corolle de fleur d’œillet, est plus ou moins festonnée
en une série de franges. Parmi les 10 à 15 franges, il en est une plus • Bords latéraux
longue qui est insérée au ligament tubo-ovarique : c’est la frange Au-dessus des muscles élévateurs de l’anus, le vagin répond au
ovarique. paracervix. On y rencontre les artères vésicovaginales, vaginales, des
plexus veineux vaginaux et des ganglions paravaginaux. La paroi
¶ Vagin (fig 49, 50) vaginale contient parfois à ce niveau le conduit déférent vestigial
qui peut être à l’origine de kystes vaginaux.
Le vagin, organe de la copulation, est un conduit
musculomembraneux situé entre vessie et urètre en avant, et rectum Au-dessous des muscles élévateurs de l’anus, le vagin est en rapport
en arrière. avec les bulbes vestibulaires et les glandes vestibulaires majeures.

En station debout, le vagin, de direction générale oblique en bas et • Fornix vaginal


en avant, forme un angle dièdre ouvert en arrière de 135 à 145°,
l’angle vaginal. En décubitus dorsal, le vagin fait avec l’horizontale C’est un cul-de-sac annulaire dont la partie postérieure est la plus
un angle de 30° environ. profonde.
Sa longueur moyenne est de 8 cm pour la paroi antérieure, et 10 – Orifice vaginal.
pour la postérieure. Son calibre est très variable en raison de sa Chez la vierge, le vagin est séparé du vestibule vaginal par l’hymen.
grande compliance. Celui-ci est un septum membraneux transversal incomplet,

20
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

• Terminaison
Au niveau de la corne de l’utérus, elle se divise en deux branches
qui s’anastomosent avec les branches homologues de l’artère
ovarique.

• Branches collatérales [36]


Elles comprennent successivement :
– les artères vésicovaginales. Nombreuses (cinq ou six) et grêles,
elles naissent en dehors du croisement artère utérine-uretère et se
dirigent vers la base vésicale et le fornix latéral ;
– le rameau urétérique né au niveau de sa crosse ;
– l’artère cervicovaginale. Souvent unique et volumineuse, elle naît
au dedans du croisement avec l’uretère et se divise en branches
antérieure et postérieure qui irriguent le col, le fornix vaginal
antérieur, la base vésicale et le col vésical. Il est intéressant dans
l’hystérectomie, lorsqu’on le peut, de la lier à l’origine ;
– les artères cervicales (six en général). Elles naissent à distance du
51 Artères de l’utérus et de ses annexes (vue postérieure). a : corps ; b : partie supra-
vaginale du col ; c : fornix vaginal ; 1 : artère ovarique ; 2 : arcade infraovarique ; 3 : col et se divisent en branches antérieure et postérieure. Le premier
vessie ; 4 : artère vésicovaginale ; 5 : uretère ; 6 : artère utérine ; 7 : rameau urétérique ; rameau donne parfois l’artère azygos postérieure du vagin ;
8 : rameau vaginal ; 9 : ligament utérosacral ; 10 : artère du fundus utérin ; 11 : artère – les artères corporéales (huit en moyenne). Elles pénètrent
du ligament rond ; 12 : arcade infratubaire ; 13 : artère tubaire moyenne.
immédiatement dans le myomètre où elles se divisent en branches
spécifiquement humain. De morphologie très variable, il est soit antérieure et postérieure entourées de toutes parts de fibres
semi-lunaire ou falciforme, soit annulaire, soit cribriforme, soit labié. musculaires lisses ;
Au premier coït, l’hymen se déchire et les lambeaux cicatrisés – l’artère du ligament rond ;
constituent les caroncules hyménéales. Lors de l’accouchement, ces – l’artère du fundus utérin, qui naît près de sa terminaison.
caroncules se déchirent de nouveau.
Artères vaginales
¶ Artères viscérales (fig 51)
Généralement doubles de chaque côté, elle naissent de l’artère
Les artères sont multiples et richement anastomosées entre elles. iliaque interne, pour se diriger médialement en bas et en avant.
Elles sont paires et comprennent l’artère ovarique, l’artère utérine, Situées en arrière et en dedans de l’uretère, elles se divisent, à
l’artère vaginale et l’artère rectale moyenne. hauteur de la partie moyenne du bord latéral du vagin, en rameaux
destinés aux faces antérieure et postérieure du vagin. Les rameaux
Artère ovarique vaginaux s’anastomosent largement, en formant souvent deux
Elle naît de la face antérieure de l’aorte au niveau de L2, descend anastomoses longitudinales médianes, les artères azygos antérieure
obliquement en bas et en dehors, croise en avant l’uretère au niveau et postérieure du vagin.
de L3 et se termine au pôle tubaire de l’ovaire en deux branches.
Ces branches s’anastomosent avec les branches homologues de Artère rectale moyenne
l’artère utérine pour former les arcades artérielles infraovarique et Elle naît de l’artère iliaque interne, et participe à l’irrigation de la
infratubaire d’où naissent les rameaux ovariques et tubaires. partie inférieure de la face postérieure du vagin.
Artère utérine ¶ Veines viscérales
Principale artère de l’utérus, elle naît en général du tronc antérieur De chaque côté des viscères et dans le ligament large s’organisent
de l’artère iliaque interne entre les artères ombilicale et vaginale. des plexus veineux avalvulaires.
Très souvent, elle naît d’un tronc ombilico-utérin.
– Le plexus veineux vaginal est situé dans le paracervix, et le plexus
• Trajet. Rapports veineux utérin dans le mésomètre. Ces plexus sont drainés par des
L’artère utérine présente trois segments : pariétal, paramétrial et veines homonymes qui aboutissent à la veine iliaque interne.
mésométrial. – Le plexus veineux infratubaire est situé dans le mésosalpinx.
Le segment pariétal descend contre la paroi pelvienne jusqu’à l’épine – Le plexus infraovarique ou pampiniforme est situé dans le
ischiatique. mésovarium. Ses veinules afférentes entourent les artérioles
L’artère utérine longe le bord latéral de l’uretère et répond en avant, ovariques.
par l’intermédiaire du péritoine pariétal, à l’ovaire. – Les plexus infratubaire et pampiniforme se drainent
Le segment paramétrial se porte, à la hauteur de l’épine ischiatique, essentiellement par les veines ovariques dans la veine cave
dans le paramètre, vers l’isthme. L’artère croise en avant l’uretère, à inférieure pour l’annexe droite, et la veine rénale gauche pour
1,5 cm du col, et en décrit une boucle pour remonter sur le bord de l’annexe gauche. Accessoirement, les plexus annexiels sont drainés
l’utérus. par les plexus utérins [42].
Le point de croisement est variable. La traction de l’utérus au cours
de l’hystérectomie augmente la distance entre l’artère utérine et ¶ Lymphatiques viscéraux (fig 52)
l’uretère. Les plexus lymphatiques des viscères génitaux sont largement
Dans ce trajet, elle est accompagnée de nombreuses veines, de anastomosés entre eux et avec ceux de la vessie et du rectum, d’où
lymphatiques, d’éléments musculoconjonctifs du paramètre et de l’implication de ces derniers dans les cancers génitaux.
nerfs viscéraux.
Le segment mésométrial longe le bord latéral de l’utérus entre les Trompe et ovaire
feuillets du mésomètre accompagné des plexus veineux, des Ils se drainent dans des plexus lymphatiques situés dans leur méso.
lymphatiques, de filets nerveux et parfois du conduit déférent Ils sont largement anastomosés aux plexus lymphatiques para-
vestigial. utérins. Cette circulation lymphatique locorégionale régresse à la

21
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

Plexus ovarique
Il est constitué de neurofibres provenant du ganglion aorticorénal et
du plexus intermésentérique. Il accompagne l’artère ovarique et se
distribue à l’ovaire et à la trompe utérine.

Organes génitaux externes


ou vulve (fig 53, 54, 55, 56)
La vulve est un repli cutané érogène recouvrant l’espace superficiel
du périnée. Elle comprend : le mont du pubis, les grandes et petites
lèvres, le vestibule, le clitoris et les glandes vulvaires.
La vulve constitue un organe à la pathologie particulièrement riche
et polymorphe. Son abord quotidien par le gynécologue justifie sa
parfaite connaissance anatomique.

MORPHOLOGIE
La direction de la vulve, variable avec l’inclinaison du bassin, fait
habituellement, debout, un angle de 30° avec l’horizontale [21].

¶ Mont du pubis
Il est couvert de poils de la couleur des cheveux du sujet, se
compose essentiellement d’une couche celluloadipeuse de 35 mm
d’épaisseur, en continuité avec celle de l’abdomen et des grandes
lèvres.

52 Drainage lymphatique de l’appareil génital féminin. 1 : Artère ovarique ; 2 :


nœud iliaques communs ; 3 : nœuds interiliaques ; 4 : nœuds glutéaux inférieurs ; 5 :
nœuds iliaque externes latéraux ; 6 : nœuds iliaques externes médiaux ; 7 : nœuds la-
cunaires ; 8 : nœuds latéroaortiques ; 9 : nœuds subaortiques ; 10 : nœuds du promon-
toire ; 11 : nœuds glutéaux supérieurs ; 12 : ligament suspenseur de l’ovaire ; 13 :
ovaire ; 14 : trompe ; 15 : utérus ; 16 : vagin ; 17 : nœuds lymphatiques obturateurs.
Flèches noires : voies efférentes de l’utérus et des annexes ; flèches grises : voies efféren-
tes du vagin ; flèches rouges : voies efférentes des lymphocentres pelviens.

ménopause. Les études lymphoscintigraphiques ovariques ont


montré que, chez la femme en activité génitale, le drainage se fait
essentiellement dans les nœuds lymphatiques pelviens et lombaires
et, dans un quart des cas, uniquement dans les nœuds lombaires.
Après la ménopause, le drainage est principalement lombaire [60].

Utérus
Il se draine dans des plexus lymphatiques para-utérins situés dans
les mésomètres. Ils contiennent des nœuds para-utérins inconstants. 53 Vulve (position gynécologique). A : vestibule ; a : vestibule urinaire ; b : vestibule
Chaque plexus se draine par deux voies : du vagin ; 1 : prépuce du clitoris ; 2 : gland du clitoris ; 3 : ostium externe de l’urètre ;
4 : grande lèvre ; 5 : petite lèvre ; 6 : introït vaginal ; 7 : frein des lèvres ; 8 : commis-
– la voie principale, paracervicale, riche de vaisseaux lymphatiques, sure postérieure des lèvres ; 9 : anus.
parcourt le paracervix et aboutit dans les nœuds obturateurs,
iliaques externes, médiaux et interiliaques ;
54 Corps adipeux labial
– la voie accessoire paramétriale parcourt le paramètre et rejoint les et ses expansions (d’après
nœuds interiliaques, glutéaux et sacraux. Delmas et Lassau [20]).
La voie acessoire inguinale traverse le canal inguinal et rejoint les 1 : Expansion puboclitori-
nœuds inguinaux médiaux. dienne ; 2 : expansion in-
guinale ; 3 : corps adipeux ;
Vagin 4 : expansion fessière ;
5 : expansion périnéale.
Il se draine dans des plexus paravaginaux contenant des nœuds
paravaginaux. Ces plexus sont drainés par des vaisseaux qui
parcourent le paracervix pour aboutir aux nœuds obturateurs,
iliaques externes médiaux, interiliaques, glutéaux et sacraux.

¶ Nerfs des viscères pelviens


Plexus utérovaginal
Il naît de la partie supérieure du plexus hypogastrique inférieur et
donne les nerfs utérins et vaginaux qui accompagnent
respectivement les artères utérines et vaginales. Les nerfs vaginaux
donnent les nerfs caverneux du clitoris et innervent aussi l’urètre et
les glandes vestibulaires majeures.

22
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

grandes lèvres. Leurs extrémités antérieures se dédoublent en deux


55 Vulve, scanographie
replis secondaires : un repli antérieur qui passe au-dessus du corps
transversale. 1 : Grande
lèvre ; 2 : vagin ; 3 : fosse du clitoris pour former le prépuce clitoridien, et un repli postérieur
ischiorectale. qui se fixe sur la face inférieure du clitoris pour former le frein du
clitoris.
Leurs extrémités postérieures se réunissent souvent pour constituer
le frein vulvaire dont la mobilisation, transmise au prépuce,
participe à l’excitation mécanique du clitoris.
Les petites lèvres sont formées d’un revêtement cutané glabre et sans
graisse, emprisonnant au centre une lame fibroélastique riche en
filets nerveux et en vaisseaux rappelant les corps érectiles,
expliquant ses modifications physiologiques. Très élastiques, elles
présentent une remarquable réserve d’allongement. Cela est mis à
profit en chirurgie plastique vulvaire et vaginale. Par ailleurs,
l’allongement induit des petites lèvres, dans certaines pratiques
rituelles, se fait aux dépens des grandes lèvres.
56 Partie antérieure de la
¶ Sillon interlabial
vulve. 1 : Prépuce du clito-
ris ; 2 : gland du clitoris ; Interposé entre une grande et une petite lèvre, il est profond dans sa
3 : frein du clitoris. partie moyenne et répond dans sa partie antérieure, au cours de la
palpation, au pilier du clitoris.

¶ Vestibule [62]

Prolongeant la fente vulvaire, c’est un espace virtuel à l’état normal.


Le vestibule urétral présente l’orifice urétral externe situé au-dessus
de la carina urétrale du vagin qui termine la colonne vaginale
antérieure. Il est bordé de chaque côté par les orifices des conduits
des glandes para-urétrales.
Le vestibule du vagin, profond de 6 à 7 cm, est séparé du vagin par
l’introït vaginal. Celui-ci est fermé par l’hymen, chez la vierge. Le
sillon vestibulaire sépare l’hymen des petites lèvres.

¶ Clitoris
Seul le gland du clitoris est plus ou moins apparent. Le corps, caché
¶ Grandes lèvres par le prépuce, est palpable (cf « Corps érectiles ») [11].
Elles limitent la fente vulvaire et présentent une épaisseur de 2 cm ¶ Glandes vulvaires
environ qui s’accuse avec l’obésité.
Leur face externe, de couleur plus foncée, est couverte de poils. Leur Elles sont nombreuses, et s’atrophient rapidement à la ménopause :
face interne, rosée, lisse et humide, est glabre dans sa partie – les glandes vestibulaires mineures sont des glandes sébacées et
profonde et parsemée de quelques poils follets dans la partie sudoripares disséminées à la surface des grandes lèvres
marginale. essentiellement et occasionnellement sur la face externe des petites
Leurs extrémités se réunissent pour former en avant la commissure lèvres. Leur sécrétion participe à la formation du smegma ;
antérieure, et en arrière, la commissure postérieure. Celle-ci présente – les glandes para-urétrales (de Skene) sont les deux plus
la fossette vestibulaire, distante de l’anus de 2,5 cm environ. volumineuses glandes urétrales dont les canaux excréteurs s’ouvrent
Les grandes lèvres sont formées d’un revêtement cutané pourvu de au voisinage de l’ostium externe de l’urètre ;
fibres musculaires lisses ou dartos labial, et du corps adipeux labial. – les glandes vestibulaires majeures (cf « Périnée ») sont facilement
Le corps adipeux labial est une formation autonome fibrograisseuse palpables.
riche en vaisseaux, qui ne régresse pas en amaigrissant comme la
graisse sous-cutanée qui l’entoure. C’est un organe semi-érectile
renforcé par les fibres terminales du ligament rond. Ses fibres VASCULARISATION (fig 57, 58, 59)
élastiques se perdent sur le fascia criblé, le prépuce du clitoris et le
centre tendineux du périnée [20]. Ainsi s’expliquent : ¶ Artères

– la solidarité des grandes lèvres aux mouvements des cuisses et, Une ligne transversale, passant par le gland du clitoris, divise la
en particulier, l’ascension de la commissure postérieure en position vulve en deux territoires artériels antérieur et postérieur :
gynécologique. L’ouverture du vestibule nécessite donc une – le territoire antérieur est vascularisé par les artères pudendales
manœuvre de traction inverse ; externes supérieure et inférieure, branches de la fémorale, et
– la transmission au clitoris des mouvements de la cuisse et de accessoirement par une branche terminale de l’obturatrice et par
dépression de la commissure postérieure, qui engendrent une l’artère funiculaire ;
excitation mécanique. – le territoire postérieur est sous la dépendance de l’artère
pudendale interne qui donne en particulier les artères dorsale et
¶ Petites lèvres profonde du clitoris, urétrale, bulbaire et des rameaux pour les
Elles limitent le vestibule et sont épaisses de 3 mm environ. glandes vestibulaires majeures.
D’apparence muqueuse, elles tendent à s’atrophier après la
¶ Veines
ménopause. Chez l’adulte, elles font souvent saillie en dehors de la
fente vulvaire (50 %) : elles prennent alors une coloration brune, plus Le réseau d’origine est dense, surtout dans les lèvres, où il donne
foncée pendant la grossesse. Dans 30 % des cas, elles affleurent les l’apparence d’un tissu caverneux.

23
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

57 Artères de la vulve (d’après Kamina [35]). a : territoire antérieur ; b : territoire su-


périeur ; 1 : artère épigastrique superficielle ; 2 : Artère circonflexe iliaque superficielle ; 59 Lymphatiques du clitoris (d’après Kamina [35]). 1 : Nœud lacunaire ; 2 : nœuds
3 : artère honteuse externe superficielle ; 4 : artère honteuse externe profonde ; 5 : ar- obturateurs ; 3 : clitoris ; 4 : glande vestibulaire majeure ; 5 : nœuds glutéaux infé-
tère honteuse externe ; 6 : artère obturatrice ; 7 : artère du ligament rond. rieurs.

¶ Lymphatiques
La vulve est recouverte d’un riche réseau lymphatique dont le
drainage principal est inguinal ; le drainage iliaque interne est
accessoire et rarement concerné dans les envahissements
néoplasiques. Ce drainage a été bien étudié par Sappey, Bruhns,
Rouvière et plus récemment par Parry-Jones [47], en utilisant des
colorants vitaux lymphophiles [23]. La frontière entre les territoires
lymphatiques vulvaires et fémoraux correspond aux plis
génitofémoraux [49].

Plexus collecteurs principaux


La vulve présente quatre plexus collecteurs principaux :
– le plexus vestibulaire, situé autour de l’urètre, draine presque
toute la face interne des petites lèvres. Ses collecteurs efférents
cheminent le long des bords latéraux du clitoris et rejoignent le
plexus présymphysaire ;
– le plexus commissural postérieur draine la région anovulvaire ;
ses collecteurs efférents se dirigent latéralement puis en avant pour
rejoindre les troncs efférents des grandes lèvres et aboutir aux
nœuds inguinaux superficiels inférieurs ;
– le plexus labial des grandes lèvres est grossier et dense dans ses
deux tiers postérieurs. Il draine la face externe des petites lèvres
grâce à de petits collecteurs qui traversent le sillon interlabial. Ses
collecteurs efférents se dirigent en avant parallèlement au pli
génitofémoral pour atteindre les nœuds inguinaux superficiels
médiaux ;
58 Plexus lymphatiques vulvaires (d’après Kamina [36]). 1 : Plexus labial ; 2 : plexus – le plexus présymphysaire, situé au niveau du mont du pubis,
présymphysaire ; 3 : plexus vestibulaire ; 4 : plexus commissural postérieur ; 5 : vers draine le prépuce, le plexus vestibulaire et parfois le clitoris. Ses
les nœud inguinaux. collecteurs efférents se dirigent latéralement pour atteindre les
nœuds inguinaux superficiels médiaux homo- ou controlatéraux.
Le drainage du mont du pubis, du prépuce et de la partie antérieure
des lèvres se fait par les veines pudendales externes vers la grande Voies de drainage
veine saphène.
Le gland et le corps du clitoris se drainent selon trois voies :
Le drainage du clitoris, des bulbes vestibulaires et de la partie
postérieure des lèvres se fait par les veines pudendales internes. – soit dans le plexus présymphysaire ;

24
Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

60 Innervation de la 61 Déplacement en direc-


vulve. a : territoire du nerf tion des viscères pelviens
honteux ; 1 : nerfs iliohypo- (coupe sagittale). V : ves-
gastrique, ilio-inguinal et sie ; Va : vagin ; U : utérus ;
génitofémoral ; 2 : nerf cu- R : rectum.
tané postérieur de la cuisse ;
3 : nerf honteux.

Dans les muscles et les fascias siègent des propriocepteurs. Ce sont


– soit par trois ou quatre collecteurs qui traversent la ligne blanche essentiellement des mécanorécepteurs sensibles à la pression et à la
pour contourner l’insertion des muscles droits de l’abdomen et tension ; ils contribuent à la valorisation des sensations sexuelles.
rejoindre les nœuds lacunaires ;
¶ Topographie des neurorécepteurs vulvaires
– soit par des collecteurs infrapubiens qui accompagnent la veine
dorsale du clitoris pour rejoindre ceux de l’urètre. Ils traversent le Étudiée par de nombreux auteurs et en particulier en 1958 par
diaphragme urogénital pour atteindre les nœuds obturateurs et Krantz [37, 38], la distribution quantitative des récepteurs permet de
interiliaques. souligner deux points essentiels :
Les piliers du clitoris et les bulbes vestibulaires se drainent dans les – le mont du pubis et les grandes lèvres sont particulièrement
nœuds glutéaux inférieurs par la voie pudendale interne. sensibles au toucher léger et à la température ;
Les glandes vestibulaires majeures se drainent soit dans les nœuds
– les petites lèvres et le clitoris, plus riches en récepteurs génitaux,
inguinaux, soit dans les nœuds glutéaux inférieurs par la voie
sont moins sensibles au toucher que le mont du pubis et les grandes
pudendale interne.
lèvres. Le clitoris, particulièrement riche en corpuscules lamelleux,
est très sensible aux pressions et aux vibrations.
INNERVATION (fig 60) La grande richesse de la vulve en neurorécepteurs comparée au
vagin fait d’elle le véritable organe sexuel de la femme.
¶ Nerfs
Le nerf somatique principal de la vulve est le nerf pudendal qui Anatomie fonctionnelle des viscères
innerve les deux tiers postérieurs des grandes lèvres, des petites
lèvres, le bulbe et le clitoris. pelviens (fig 61)
Les branches génitales des nerfs iliohypogastrique, ilio-inguinal et
L’exploration et le traitement des prolapsus génitaux et de
génitofémoral innervent le mont du pubis et le tiers antérieur des
l’incontinence d’urine chez la femme nécessitent une connaissance
grandes lèvres qui constituent le pôle d’irradiation des douleurs de
parfaite de la statique et de la dynamique des viscères pelviens.
ces nerfs.
Les viscères pelviens chez la femme ont une grande similitude. Ce
Le nerf cutané postérieur de la cuisse participe à l’innervation de la
sont des réservoirs contractiles dont les ouvertures extérieures sont
partie moyenne des grandes lèvres.
régulées par un système sphinctérien. Ils sont à la fois indépendants
Toute cette innervation accessoire explique l’insuffisance du bloc et solidaires entre eux. Ces viscères pelviens, bien protégés des
pudendal pour l’anesthésie totale de la vulve. pressions gravitaires, sont tous solidement soutenus et suspendus.
Ces nerfs forment par ailleurs, autour de la vulve, une sorte d’aura
sensitive précédant la stimulation vulvaire.
STATIQUE PELVIENNE
Les nerfs végétatifs proviennent des plexus hypogastriques
inférieurs. La topographie et l’orientation des viscères pelviens sont
remarquablement adaptées à la bipédie, aux contraintes gravitaires
¶ Neurorécepteurs vulvaires et aux contraintes liées aux activités de la vie courante.

Dans la couche superficielle de l’épiderme siègent les terminaisons ¶ Topographie intrinsèque des viscères
nerveuses libres impliquées dans la douleur et les corpuscules non
En station érigée, les viscères pelviens, situés dans l’axe sagittal du
capsulés ou ménisques du tact, sensibles au toucher léger.
pelvis, sont disposés en marches d’escalier :
Dans la couche papillaire de l’épiderme se situent les corpuscules
capsulés du tact, mécanorécepteurs sensibles au toucher plus – le rectum repose sur le ligament anococcygien et le coccyx
appuyé, et des corpuscules génitaux dont la stimulation provoque maintenus par la partie externe du muscle élévateur de l’anus ;
l’érection et l’orgasme. – le col utérin et le vagin s’appuient sur le rectum, le col étant
Dans le derme siègent des corpuscules capsulés qui sont des perpendiculaire à la paroi postérieure du vagin ;
thermorécepteurs et des mécanorécepteurs, les corpuscules capsulés – le corps, qui forme habituellement avec le col un angle de flexion
aplatis sensibles à la chaleur, les corpuscules bulboïdes, sensibles au d’environ 100°, repose sur la vessie qui est soutenue par le vagin,
froid, et les corpuscules lamelleux sensibles aux pressions et lui-même soutenu par le périnée anal [39, 40].
vibrations.
Le vagin et son environnement conjonctif constituent la structure
Les terminaisons nerveuses des follicules pileux sont sensibles au fondamentale centrale de la statique des viscères pelviens. La partie
tact léger. interne des muscles élévateurs de l’anus constitue la partie
Dans les corps érectiles se localisent aussi des corpuscules génitaux. dynamique de soutènement des viscères.

25
10-A-10 Anatomie clinique de l’appareil génital féminin Gynécologie

63 Répartition des pressions abdominales (P) au cours de l’effort dans les interpha-
ses des viscères pelviens (petites flèches) (d’après Kamina [35]).

¶ Poids des viscères


Il n’intervient qu’en station debout et il multiplie par trois la
pression intrapelvienne. Cette pression de type hydrostatique est
évidemment augmentée chez l’obèse et au cours de la grossesse.

¶ Pression intra-abdominale
62 Retentissement de la paroi abdominale sur les viscères pelviens (d’après Ka-
mina [35]). a : contrainte de la région prévertébrale ; b : contrainte de la région infraver- Cette pression, qui est d’environ 8 mmHg en dehors de l’effort,
tébrale ; G : ligne de gravité du corps. s’accroît, évidemment, lors du port d’une charge mais surtout
pendant la toux spontanée où elle est multipliée par 10 ou 20. Par
ailleurs, elle augmente à chaque pas et s’intensifie pendant la course
Le relâchement du vagin ou de ses attaches et sa verticalisation sont et le saut.
des facteurs essentiels de l’amorce des prolapsus. Il n’est donc pas
étonnant de constater que de nombreuses techniques chirurgicales Les travaux de Grillner [25] ont montré en effet qu’il y a augmentation
s’appuient sur le vagin : de la colpectomie à l’intervention de de la pression intra-abdominale juste avant le contact du pied au
Bologna, en passant par les fixations pariétales du vagin sol. À chaque contact avec le sol, la partie supérieure du corps exerce
(promontofixation, fixation sacroépineuse d’Amreich [48] et des contraintes vers le bas sur la cavité abdominopelvienne,
Richter [51], fixation ilioépineuse de Kapandji). comparée à un « ballon amortisseur » de pression en balance avec la
colonne vertébrale.
¶ Topographie extrinsèque des viscères (fig 62) Si les parois du « ballon abdominopelvien » sont de bonne qualité, il
y a augmentation plus importante de la pression intra-abdomino-
La phylogenèse et l’ontogenèse soulignent l’importance de la pelvienne d’origine pariétale qui s’oppose aux contraintes verticales.
présence de la lordose lombaire chez l’homme [35]. Celle-ci joue un Si les parois du « ballon abdominopelvien » sont faibles, il n’y aura
rôle capital sur l’impact des contraintes gravitaires sur les viscères pas d’augmentation de la pression intra-abdominopelvienne
pelviens. d’origine pariétale. Les contraintes verticales seront supportées
L’orientation habituelle du pelvis et du rachis montre que le plan passivement par les parois abdominopelviennes qui se détendent ;
tangent à la lordose lombaire passe par le périnée rétropubien, et le diaphragme pelvien et le périnée, en particulier, se distendent et
divise le pelvis en deux régions, infravertébrale et prévertébrale. s’affaissent.
Dans la région infravertébrale se situent les viscères pelviens et les Toutes ces considérations doivent amener les femmes à renforcer
orifices herniaires périnéaux. Les contraintes gravitaires de cette d’abord leur diaphragme pelvien, puis leur paroi abdominale pour
région sont transmises au membre inférieur par les articulations équilibrer les contraintes habituelles (port de charges) ou sportives
sacro-iliaques. Les viscères pelviens ne subissent donc que de faibles (course, saut, poids et haltères...).
pressions.
La région prévertébrale du pelvis subit toutes les contraintes de type DYNAMIQUE DES VISCÈRES PELVIENS
hydrostatique des viscères abdominaux. Les résistances pelviennes
Les déplacements des viscères sont objectivés par le
sont assurées par la symphyse pubienne et les régions supra- et
colpocystogramme mis au point par Bethoux en 1961 [9].
rétropubienne.
Chez la femme gravide à terme, la lordose s’accuse et les ¶ Au cours de l’effort de pousser (fig 63) [41, 52]
importantes contraintes de l’utérus gravide sont déplacées plus
avant sur la paroi abdominale. Chez la femme jeune, la résultante des forces de pression
abdominale se dirige vers le périnée postérieur. Ces contraintes
s’épuisent dans les interphases du système polyphasique constitué
CONTRAINTES PELVIENNES par les septums interviscéraux et les différentes couches des parois
En dehors des contraintes balistiques provoquées au cours des viscérales.
rapports sexuels, les viscères pelviens subissent d’importantes et Les contraintes résiduelles qui atteignent le diaphragme pelvien
permanentes contraintes de pression qui relèvent du poids des stimulent les neurorécepteurs musculaires et fasciaux, et déclenchent
viscères et de la pression intra-abdominale [22]. un réflexe musculaire.

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Gynécologie Anatomie clinique de l’appareil génital féminin 10-A-10

Au cours de cet effort on observe : MODIFICATIONS MÉNOPAUSIQUES

– un déplacement général des viscères d’avant en arrière et de haut Ces modifications sont à la fois histologiques, morphologiques et
en bas, avec atténuation ou disparition des angles viscéraux ; fonctionnelles.

– une ampliation de la paroi vésicale postérieure qui perd sa ¶ Involution des fascias et ligaments
convexité inférieure. Le col vésical, qui ne s’éloigne pas de la
symphyse pubienne, reste au-dessus de son bord inférieur ; En vieillissant, les fibroblastes pelviens présentent les mêmes
– le col utérin et le col vésical restent sensiblement à la même transformations ultramicroscopiques que celles du derme. On note
distance et à la même hauteur, c’est-à-dire au-dessus du plan du une diminution des mitoses qui conduit à la réduction et à
diaphragme pelvien, donc dans l’enceinte manométrique l’amincissement des ligaments viscéraux et des fascias. Puis les
abdominopelvienne ; fibroblastes perdent leurs activités sécrétoires et leurs cytoplasmes
s’appauvrissent en organites.
– l’occlusion du segment pelvien de l’urètre et du vagin est Les lames élastiques sont progressivement remplacées par des fibres
renforcée par l’augmentation des pressions latérales qu’ils subissent. collagènes non élastiques. Le conjonctif est envahi par du tissu
graisseux. Les fascias et ligaments se détendent et se rompent
¶ Au cours de l’effort de retenir facilement. Les fibres musculaires lisses des ligaments régressent en
Au cours de la contraction du diaphragme pelvien, on observe la raison de l’hypoestrogénie en particulier.
formation ou l’accentuation des trois angles viscéraux à sommet
antérieur : les angles urétrovésical, vaginal et anorectal [57]. ¶ Involution des muscles striés pelviens
L’opacification radiologique des muscles élévateurs de l’anus par La sclérose de certaines artères réduit la valeur fonctionnelle des
Berglas et Rubin a montré que leurs contractions entraînent éléments musculaires. Les fibres musculaires sont séparées par des
l’ascension du périnée postérieur et du coccyx avec réduction de la fibres collagènes denses qui réduisent leur contractilité et leur
fente urogénitale de 0,5 cm [7, 8]. tonicité.
Depuis les travaux histoenzymologiques de Engel et Burke [24], on
MODIFICATIONS GRAVIDOPUERPÉRALES sait que les fibres musculaires du muscle élévateur de l’anus sont
plus riches en fibres de type l (55 %), c’est-à-dire pauvres en acide
Au cours de l’accouchement, on observe de nombreuses triphosphate (ATP)ase et en glycérophosphate déshydrogénase, mais
modifications des structures de maintien des viscères pelviens. riches en enzymes oxydatives ; ces fibres musculaires sont toniques,
Certaines restent discrètes et inapparentes pour ne se manifester résistantes à la fatigue, avec une contraction lente adaptée à une
qu’à la périménopause. Les ligaments génitaux subissent une activité soutenue.
élongation due à la traction du col et du fornix vaginal [30].
Après 50 ans, on note la chute progressive de l’activité tonique et
Les septums peuvent glisser au cours de la descente de la rapide de l’activité phasique des muscles abdominopelviens. Dans
présentation ou des manœuvres obstétricales et entraîner la ces conditions, il n’est pas étonnant de voir se manifester d’abord
désolidarisation viscérale partielle. l’incontinence urinaire d’effort (IUE) avant le prolapsus ; le muscle
La continuité du fascia vaginal et celle du diaphragme pelvien élévateur de l’anus perdant d’abord sa faculté de s’adapter aux
peuvent se réduire sous l’effet d’un phénomène de piston au cours contraintes brèves (toux...).
de la descente de la tête [43, 44]. De même, chez le sujet obèse, les performances musculaires
Le diaphragme pelvien et le périnée peuvent se détendre avec des s’effondrent plus rapidement encore, en particulier l’activité
déchirures interstitielles, ou des désinsertions terminales des fibres phasique et posturale. Au total, le diaphragme musculaire pelvien
musculaires au niveau du centre tendineux du périnée. Ce qui perd très vite sa valeur fonctionnelle, surtout son activité phasique,
favorise la déscente du périnée et l’élongation du nerf pudendal. après 50 ans, d’autant plus que la femme est obèse.

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