Vous êtes sur la page 1sur 40

Ministère de l’Enseignement Supérieur et République de Côte d’Ivoire

de la Recherche Scientifique Union - Discipline - Travail


------------------- -------------------

L’Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en


Côte d’Ivoire:
Bilan, actions réalisées et perspectives

La qualité des structures d’enseignement supérieur, ainsi


que les conditions de vie et de travail des enseignants et
des étudiants, remarquable jusqu’aux années 1980, se sont
fortement dégradées à partir des années 1990. Les états
généraux de la recherche en 1999, puis le RESEN en 2009,
ont dressé un tableau désastreux du système national de
recherche scientifique. Cette situation d’ensemble du
secteur de l’Enseignement Supérieur et de Recherche
Scientifique, déjà préoccupante, a été aggravée par la
crise socio-politique de 2002, qui a vu, notamment, la
délocalisation de l’Université de Bouaké à Abidjan, puis la
récente crise post-électorale de 2011.

Les gigantesques travaux de réhabilitation et de


reconstruction de tous les campus universitaires de Côte
d’Ivoire ont achevé de convaincre l’opinion nationale et
internationale de la place de choix que le Gouvernement
réserve à notre système éducatif et plus particulièrement
au sous-secteur de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche scientifique, comme moteur dans son
programme de relance.

En effet, annoncé comme pays émergent par le Président


de la République à l’horizon 2020, le développement
économique et social ainsi que le repositionnement de la
Côte d’Ivoire sur l’échiquier international ne se feront

1
qu’avec une recherche scientifique performante pour
créer de nouvelles richesses et un enseignement supérieur
de qualité, grâce notamment à la réforme LMD, et dont
les produits sont utilisables par le secteur productif.

La présente communication a pour objet de présenter la


situation dans laquelle se trouvait le système avant la
fermeture des universités, de décrire ce qui a été fait en
mesures d’urgence, et d’exposer nos rêves, notre ambition
et nos perspectives pour la relance de notre système
d’enseignement supérieure et de Recherche Scientifique.

I- ETAT DES LIEUX

Problèmes et contraintes du secteur

1-1 Enseignement Supérieur

Le système d’enseignement supérieur et de la recherche


scientifique se trouvait, jusqu’à la crise post-électorale,
dans un état de délabrement avancé. Les problèmes
pouvaient se résumer ainsi :

 insuffisance et vétusté des infrastructures universitaires


et de recherche ;
 surpeuplement, au-delà du tolérable, des universités ;
 indigence des étudiants et précarité en milieu
estudiantin et universitaire ;
 insuffisance et obsolescence de l’équipement et du
matériel scientifique didactique et de recherche ;
 insuffisance et vétusté des résidences universitaires ;
 insuffisance du personnel d’encadrement (enseignant
et chercheur) ;

2
 démotivation des personnels scientifiques
(enseignants et chercheurs) et mauvaises conditions
de vie et de travail;
 vieillissement des personnels scientifiques (enseignant
et chercheur) ;
 déliquescence de l’appareil de Recherche
Scientifique.

1.1.1- Insuffisance et vétusté des infrastructures


académiques et sociales

Les capacités d’accueil des infrastructures existantes


étaient largement dépassées, depuis déjà de nombreuses
années.

La capacité d’accueil cumulée des infrastructures des


universités et des grandes écoles publiques était d’environ
27 000 étudiants Cependant, elles accueillaient un peu
plus de 90 000 étudiants.

Cette situation s’est traduite par l’exiguïté des


amphithéâtres et des salles de travaux dirigés, qui
recevaient jusqu’à plus de quatre fois au-dessus de leur
capacité d’accueil.

Au plan des œuvres sociales, la situation, guère meilleure,


se caractérisait par :

 la dégradation très avancée des résidences


universitaires ayant pour conséquences immédiates
l’insalubrité, le manque d’hygiène, l’extrême précarité
des conditions de santé, la montée de l’insécurité et
de fléaux tels que la prostitution, la toxicomanie et le
sida ;

3
 le déficit élevé de logement étudiant (plus de 45 000
étudiants, pour une capacité d’accueil de 9907 lits,
soit un lit pour 5 personnes), avec, en prime : le squat
des bâtiments en construction, des couloirs des salles
de cours ou des laboratoires, des cages d’escaliers,
des bâtiments abritant des transformateurs
d’électricité et de tous les espaces couverts
susceptibles de servir d’abri ;
 la promiscuité et la montée de la violence
instrumentalisée à des fins politiciennes et en toute
impunité.

Au surplus, le surpeuplement des résidences universitaires


impose un lourd tribut au budget de l’Etat du fait du
gaspillage et de la vente illicite d’eau et d’électricité.
Cette perte pour l’Etat est estimée à, environ, 10 milliards
de FCFA, de 2000 à 2010.

1.1.2- Insuffisance du personnel scientifique


d’encadrement

Les universités et grandes écoles publiques souffraient


d’une déficience totale d’encadrement pédagogique et
didactique.

En effet, la norme préconisée par l’UNESCO, pour un


encadrement pédagogique de qualité, est de 1
enseignant pour 25 étudiants dans les universités et de 1
enseignant pour 15 étudiants dans les grandes écoles. Or,
à ce jour, le ratio Enseignant / Etudiant est de 1 enseignant
pour 75 étudiants en moyenne, dans les trois Universités
publiques.

Ce faible taux d’encadrement a conduit, inexorablement,


à une surcharge horaire d’enseignement et

4
d’encadrement, dont les effets induits sont la baisse
continue de la qualité de la formation et le volume
impressionnant des heures complémentaires déclarées, en
constante progression chaque année.

1.1.3- Démotivation et vieillissement des personnels


scientifiques d’encadrement (enseignants et chercheurs)

Les effectifs de chercheurs ivoiriens, en décroissance


constante d’année en année, étaient eux aussi,
extrêmement faibles au regard des énormes défis à
relever.
1.1.4- Non maîtrise des effectifs étudiants

Contrairement au manque d’engouement pour les


emplois d’enseignant du supérieur et de chercheur, il y a
un véritable goulot d’étranglement à l’entrée des
universités et grandes écoles publiques, surtout, du fait de
la croissance constante des effectifs d’étudiants, d’année
en année, comme le montre, ci-après, le tableau
d’évolution du nombre de bacheliers de 1999 à 2012 :

Année 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Nombre
de 24750 28500 29530 18900 28000 34000 32418 46526 32266 38088 30000 42500 37578 48128
bacheliers

La principale caractéristique de cette évolution est qu’elle


traduit plutôt une volonté politique de remplissage non
soucieuse, ni de la nécessité d’une adéquation entre la
formation et les besoins du marché de l’emploi, ni, par
conséquent, des objectifs de développement du pays,
comme l’attestent les programmes inadaptés, aux
contenus dépassés, l’absence de liens avec les milieux
professionnels, les offres de formation sans rapport avec les
bassins d'emplois, notamment dans le domaine des

5
sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des
mathématiques et l’orientation des étudiants dans les
différentes filières de formation comme suit :

 seulement 26% des étudiants des universités


publiques sont formés dans les sciences et l’ingénierie
industrielle et de transformation, tandis que 58% sont
inscrits dans les sciences sociales, commerciales,
juridiques, lettres et a les arts ;
 dans les Grandes Ecoles publiques, les taux
d’étudiants en Sciences plafonnent à 41% des
effectifs ;
 seulement 1% des étudiants, dans les universités
privées, sont inscrits dans les formations scientifiques ;
 enfin, dans les Grandes Ecoles privées, les effectifs
scientifiques ne représentent que 34%.

1-1-5. Gangrène du système et gouvernance inappropriée

Le système était gravement gangrené par de nombreuses


pratiques hétérodoxes :

 les «cas» ou inscriptions parallèles,


Les inscriptions parallèles, qui consistent, pour l’essentiel,
dans des transferts irréguliers de milliers d’étudiants orientés
dans les établissements privés vers les universités publiques,
moyennant parfois des pots de vin, s’opéraient au mépris
des critères de sélection définis. Elles gonflaient
considérablement les effectifs et faisaient largement
déborder les capacités d’accueil.

 les inscriptions pédagogiques irrégulières,


Les inscriptions pédagogiques effectuées généralement
au détriment des inscriptions administratives, rendaient
difficiles voire impossibles le contrôle et la régulation des

6
effectifs. La situation à l’Université de Cocody donne une
illustration saisissante à cet égard, où le service de la
scolarité se trouvait dans l’impossibilité matérielle de
donner des statistiques fiables sur le nombre d’étudiants
qui y étaient inscrits ; ces statistiques oscillaient entre 50 000
et 70 000 étudiants

 les heures complémentaires excessives,


Le volume des heures complémentaires (HC) était
incontrôlé.
En effet, s’il est vrai que la pénurie réelle d’enseignants et
d’infrastructures évoquée dans les chapitres précédents,
induit indubitablement la nécessité d’un recours à des
heures complémentaires, force est de constater que leur
gestion était laborieuse et parfois fantaisiste.
Plusieurs raisons, dont notamment, le découpage abusif
des UV ou des groupes, les mauvais calculs, la mauvaise
foi, rendaient impossible la budgétisation rigoureuse de
ces HC.

 les dépenses par étudiant


Relativement aux dépenses par étudiant, celles-ci étaient
largement en deçà du coût réel par étudiant. En effet, les
sources de financement des universités, provenant à plus
de 95% du budget de l’Etat et rapportées au nombre
d’étudiants, font apparaître un gap des deux tiers du
montant escompté. Les ressources propres qui constituent
une autre source de financement étaient dérisoires
puisqu’elles proviennent essentiellement des frais
d’inscription eux même ridiculement insignifiants (6000 F
Cfa).

 le parapluie atomique».
Enfin, selon une étude que le service de la scolarité de
l’université vient de réaliser à la demande du Ministère de

7
tutelle, un peu plus de 6000 étudiants, qui n’ont pas
encore obtenu le diplôme de la Maîtrise normalement
préparé en 4 ans, ont, actuellement, une durée effective
d’étude comprise entre 8 à 16 ans, preuve d’une
efficacité interne médiocre.

 Les constructions anarchiques et occupations illicites


Trois villages, (Wassa, CHU–village, Bengué) mitoyens à
l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Sciences
Médicales et à l’ENS peuplés de plus de 15000 habitants
civils, étaient implantés sur le campus de Cocody, et un
autre sur celui d’Abobo Adjamé.

1.1.6- Enseignement supérieur privé

Du fait de l’incapacité des structures publiques à accueillir


tous les bacheliers, les établissements privés
d’enseignement supérieur se sont multipliés de façon
anarchique et profuse.
Les programmes de formation, souvent principalement
théoriques, aussi bien que la nature des filières de
formation ne permettaient pas, du moins pour la plupart
d’entre eux, de produire des diplômés répondant aux
besoins du secteur économique.

1-2- Recherche Scientifique

1.2.1- Recherche publique

Celle-ci est caractérisée par les maux suivants :

8
 Insuffisance du financement et déliquescence de
l’appareil de recherche scientifique

L’insuffisance, l’irrégularité, la réduction drastique, le


caractère aléatoire et l’inadéquation des ressources
mobilisées constituent un handicap au développement de
la recherche et ont conduit à une dispersion de son
dispositif.
En effet, la Côte d’Ivoire ne consacre qu’environ 0,4 de
son PIB, alors que la norme, conformément au plan de
Lagos élaboré en 1980, recommande aux pays d’Afrique
d’affecter au moins 1 % de leur PIB à la recherche.
Comparativement aux pays ci-après, la Côte d’Ivoire n’est
pas la mieux lotie :

Israël 4% du PIB ; Chine 2,55% du PIB;


Finlande 3,7% du PIB ; France 2,16% du PIB ;
Suède 3,6% du PIB ; Maroc 1% du PIB.
Corée du Sud et Japon Sénégal 0,9% du PIB ;
3,4% ; Tunisie 0,9% du PIB ;
Suisse 3% du PIB ; Algérie 0,2 % ;
USA 2,7% du PIB ; Côte d’Ivoire 0,4% du PIB.

Les moyens mis à la disposition de la recherche


universitaire sont en inadéquation avec le potentiel
intellectuel et les perspectives qui s’offrent à ces
institutions pour peser sur le développement aussi bien
industriel que socio-économique.

Les appuis financiers sont obtenus sur des projets, des


programmes internationaux et des activités d’expertise.
D’ailleurs, ce dernier pan des activités de recherche
reste encore dans l’informel. Les sollicitations se font à
titre individuel, plus du fait de connaissances que de

9
compétences reconnues et recherchées pour une
activité précise.

 Insuffisance et obsolescence du matériel


scientifique

Les laboratoires de travaux pratiques et de recherche et


le matériel scientifique étaient tous dans un état
d’obsolescence totale, quand ils n’étaient pas
simplement fermés ou hors de service, faute de pièces
de rechange pour en assurer la réparation.
Les équipements sont généralement ceux acquis pour
les activités pédagogiques ou financés par des projets.

 Inorganisation de l’appareil de Recherche

Aujourd’hui la recherche scientifique en CI est organisée


autour des universités, de Centres et d’Instituts, dont
certains fonctionnent de façon autonome, alors que
d’autres sont rattachées à une université. Il existe même
des structures qui n’ont pas de statut clairement défini.

La production scientifique est généralement une affaire


personnelle et de nombreux travaux de recherche et de
publications n’apparaissent pas dans le patrimoine des
universités. Cette quasi improvisation des échanges
entre nos structures de recherche a pour résultats des
acquis qui ne sont consignés dans aucun des
référentiels, sauf dans le cas de soutenance de
mémoires (thèses et DEA).

Les chercheurs sont souvent plus impliqués dans des


partenariats à l’extérieur que dans des activités
réellement menées au sein de leur laboratoire

10
d’attache. Paradoxalement, les résultats qui résultent de
cette organisation ne sont pas catastrophiques.

Les programmes de recherche dans les universités sont


plus le fruit d’opportunités (bourses, projets, échanges
bilatéraux, expertise ponctuelle, etc;) que le produit
d’une stratégie prédéfinie dans le cadre des activités de
l’institution.

Les orientations générales et les thématiques ne font pas


l’objet d’une programmation et encore moins d’une
évaluation d’objectifs définis par les instances
universitaires.

Il existe un fort potentiel qui demande à être mieux


structuré et mieux outillé. Il demeure capital qu’une
réelle gouvernance de la recherche universitaire soit
adoptée.

Il existe donc une stratification administrative sans de


véritables liens fonctionnels.

1.2.1- Recherche privée

Des départements Recherche et Développement


existent dans certaines grandes entreprises ou
multinationales privées mais dont la lisibilité échappe
totalement au MESRS.
Bien souvent, aucun partenariat formel et cohérent ne
les lient aux institutions publiques.

La raréfaction des ressources financières de l’Etat, avec


pour conséquence une inversion de l’ordre des priorités,
le peu d’intérêt pour la recherche, a conduit à son état
de décrépitude actuel.

11
II-MESURES PRISES

En vue de sortir le système d’enseignement supérieur et


de recherche scientifique de la crise sans précédent
qu’il traverse ainsi depuis environ une décennie et de lui
donner son lustre d’antan, des mesures d’urgence
s’imposaient, et ont été complétées et renforcées par
diverses mesures de relance.

2-1. MESURES D’URGENCE

Les mesures d’urgence ont consisté dans diverses


opérations pour permettre une reprise des activités dans
les structures d’enseignement supérieur et de recherche
scientifique dans les conditions appropriées à une
formation de qualité. Ces mesures concernent aussi bien
l’Enseignement que la Recherche scientifique et sont
relatives :
 au cadre juridique et institutionnel
 aux infrastructures et équipements académiques et
pédagogiques ;
 à l’administration et le pilotage. ;
 aux œuvres sociales universitaires.

2.1.1- Enseignement supérieur

2.1.1.1- Cadre juridique et institutionnel

Le cadre juridique et institutionnel a été a subi une


importante et profonde modification. Ainsi un décret a
été pris par le Gouvernement, qui abroge et remplace
les décrets de 1996 et 2001, relatifs à l’organisation et au
fonctionnement des universités et au mode de
désignation de leurs responsables.

12
2.1.1.2- Reconstitution des infrastructures et équipements
académiques et pédagogiques et Accroissement des
capacités d’accueil

Compte tenu de l’état de dégradation avancée des


structures, amplifié par les pillages et le vandalisme
perpétrés à grande échelle, de gigantesques travaux de
réhabilitation, de reconstruction et de construction ainsi
que d’équipement ont été engagés dans l’ensemble
des structures universitaires de Côte d’Ivoire :
Cette reconstitution de la capacité d’accueil des
structures académiques et pédagogiques a consisté à
remettre à niveau leurs infrastructures et à les rééquiper,
notamment d’outils informatiques et TIC. En
conséquence, elle a nécessité aussi bien des travaux
d’infrastructures que l’acquisition d’équipements divers
(mobilier, matériel informatique, matériel didactique et
de laboratoire...)

La reconstitution de la capacité d’accueil de l’Université


de Bouaké est passée par le retour de la structure à
Bouaké. Pour préparer efficacement ce retour, des
actions suivantes ont été menées :

 réhabilitation et équipement du campus 1 : les


marchés passés sur tous les bâtiments du campus
1, attendant la disponibilité de la trésorerie pour
l’exécution des chantiers et ayant accusé un grand
retard, ont été donné en marché complémentaire
à SIMDCI. Dans le cadre de ces travaux, le site de
l’UFR de médecine a été totalement réhabilité avec
l’achèvement de tous les bâtiments abandonnés
avant la crise de 2002.

13
 Résurrection du campus 2 : en effet, donné pour
définitivement perdu depuis la crise de 2002 et
n’ayant fait l’objet d’aucun projet de réhabilitation
depuis cette date, le campus 2 (ex-IAB), d’une
superficie d’environ 58 ha et de capacité
supérieure au campus 1 aussi bien en infrastructures
pédagogique que des œuvres universitaires a été
complètement rénové et reconstruit, permettant à
l’Université de Bouaké de retrouver, et mieux,
d’accroitre ses capacités puisque tous les bâtiments
qui y sont ont également été achevés.

Notons que la réhabilitation de ce site permet


d’atténuer notablement, sinon d’annuler, les besoins en
location de bâtiments privés qui était la condition
primordiale d’un retour réussi de l’Université de Bouaké à
Bouaké.

 recherche de logements à louer par les enseignants


et le personnel administratif : il s’agit de simples
démarches à mener, qui visent uniquement à
appuyer celles initiées par les personnes concernées
pour les encourager et faciliter leur retour à Bouaké

Pour le retour effectif et réussi de l’ex-URES de Korhogo à


Korhogo et dans le cadre de son érection en université,
les actions suivantes ont été impérativement entreprises :

 reconstitution de la capacité d’accueil par la


réhabilitation des Campus du Lycée FHB (université
et CROU) et de l’ex-URES ainsi que l’achèvement
des bâtiments en construction

 prospection pour les logements du personnel, afin
d’encourager et de faciliter le retour des personnels

14
enseignants et administratifs à Korhogo et permettre
une reprise efficace des activités, il faut trouver des
logements en nombre.

S’agissant tout particulièrement de l’INP-HB, les travaux


de réhabilitation n’ont pas encore démarré car il
constitue une composante importante du projet C2D du
MESRS.

L’engorgement des universités impose que de nouveaux


sites d’accueil soient identifiés, en vue de disposer
d’infrastructures additionnelles. Ainsi, l’ex-Ecole
Supérieure Interafricaine d’Electricité (ESIE) et
partiellement l’Institut d’Histoire, d’Art et d’Archéologie
Africains (IHAAA) ont été réhabilités et rééquipés.
Dans ce même chapitre d’accroissement des capacités
d’accueil, le Gouvernorat du District d’Abidjan a offert à
l’université Félix Houphouët-Boigny, des infrastructures
modernes composés de deux (02) amphi théâtres et un
bâtiment (R+2) de cours, Travaux dirigés et salles
multimédia, pour une capacité d’environ trois mille
étudiants

Ces mesures ont été renforcées par la création de deux


nouvelles universités ont été créées à Daloa (Jean
Lorougnon Guédé) et à Korhogo (Péléforo Gon
Coulibaly), et d’un centre régional des œuvres
universitaires à Korhogo, en même temps que par le
changement de dénomination des universités. Ainsi les
universités s’appellent désormais :

Université Nangui Abrogoua (Abobo-Adjamé), Université


Alassane Ouattara (Bouaké), Université Félix Houphouët
Boigny (Cocody).

15
2.1.2- Recherche Scientifique

Concernant la recherche scientifique, l’urgence a


consisté à la doter d’un statut formel, par la rédaction
d’un texte organique, qui en définit notamment les
objectifs, les moyens d’actions institutionnels, matériels et
financiers. La nécessité s’imposait également de faciliter
l’accès à l’information scientifique.

2.1.2.1- Cadre juridique et institutionnel

Pour doter la recherche scientifique d’un statut formel,


un projet de loi portant orientation et programmation de
la Recherche scientifique et technologique, corrigé et
finalisé a été transmis au Secrétariat Général du
Gouvernement en vue de suivre les procédures pour son
vote à l’Assemblée nationale.
Cette loi fixera le cadre légal dans lequel le système
ivoirien de recherche devra évoluer. En ce sens, elle
comportera les dispositions relatives, notamment à:

 l’institution d’un Conseil Supérieur de la Recherche


Scientifique ;
 la création du Fonds National de Recherche
Scientifique et Technologique (FNRST) ;
 la création des établissements publics à caractère
scientifique et technique (EPST) ;
 l’orientation de la politique nationale de recherche
scientifique
Plusieurs ateliers ont été organisés, à l’issue desquels :
 Un document de Politique de lq Recherche
Scientique a été validé
 Un Plan Stratégique de la Recherche Scientifique et
du Développement Technologique a été élaboré ;

16
 24 grands programmes nationaux de recherche ont
été définis pour impulser le développement
économique, social et culturel de la Côte d’Ivoire ;
 8 pôles de compétence pour la Recherche ont été
identifiés;
 Le document cadre de la mise en œuvre des pôles
de compétence a été adopté .

2.1.2.2- Information Scientifique et Technique

L’accès à l’information scientifique et technique est d’un


enjeu majeur pour l’ensemble du système
d’enseignement supérieur et de recherche scientifique,
en vue de l’actualisation des connaissances,
notamment. Le programme de soutien en faveur de
l’accessibilité à l’information scientifique, le PERI
(Program of Enhancement for Research Information),
s’inscrit dans cette perspective. Ce programme
permettra aux chercheurs ivoiriens d’accéder
efficacement aux plus grandes bibliothèques virtuelles et
électroniques qui existent à travers le monde.

De même, le projet Réseau Ivoirien de


Télécommunications dédié a l’Enseignement et a la
Recherche (RITER) d’interconnexion des structures
d’enseignement et de recherche entre elles, ainsi
qu’entre elles et la tutelle, est un puissant outil de
communication, interne et externe. Cette solution va
conduire à la création d’un véritable espace
technologique intégré.
Ce projet connait déjà un début de mise en œuvre
puisqu’il a permis de procéder à l’identification et à
l’orientation, puis à l’inscription des étudiants pour cette
rentrée 2012-2013. Il a également permis

17
d’interconnecter les structures entre elle offre déjà la
possibilité de faire le télé-enseignement et de démarrer
effectivement la réforme LMD par la mise en ligne des
cours.

2.1.3- Administration et pilotage

2.1.3.1- Gouvernance

Les nombreuses difficultés relevées dans le système


d’Enseignement Supérieur et de Recherche Scientifique
trouvent, en grande partie, leur origine dans le type de
Gouvernance mise place par les textes en vigueur. Il
convient donc de procéder à une révision des textes
portant organisation et fonctionnement des universités,
grandes écoles et centres des œuvres universitaires.

Note de cadrage et contrat d’établissement


Les responsables se verront désormais assigner des
objectifs fixés dans un contrat pluriannuel et seront jugés
sur leurs résultats pédagogiques et financiers.

C’est dans cette optique que s’inscrit le relèvement des


droits d’inscription, modulé en fonction des niveaux
d’études(de 30000 pour le niveau L à 90000F pour le
niveau D), pour permettre aux universités et Grandes
Ecoles publiques de disposer de ressources propres
substantielles pour améliorer la qualité de
l’enseignement et de la recherche.
Certification du Ministère et des structures (Norme ISO
9001)
Soucieux de se donner les moyens d’être plus
performant et de se positionner conformément à
l’importance du rôle qui est le sien à savoir, contribuer au

18
développement de la Côte d’Ivoire par une formation et
une recherche de qualité, le MESRS s’est engagé dans le
projet de mise en place d’un système de management
de la qualité au sein de son Cabinet , de ses Directions
Générales et Centrales ainsi que de ses structures sous
tutelle.
Ce projet, piloté par CODINORM, qui a démarré par un
séminaire de sensibilisation des facilitateurs et des
principaux responsables de la mise en œuvre de cette
démarche au sein du Ministère, se poursuit par la
formation des rédacteurs, membres de chaque
structure.

Mise en place d’un groupe de veille stratégique : le C2R


Le Comité de Réflexions pour la Renaissance de
l’Enseignement Supérieur et la Recherche (C2R) est un
groupe de veille académique et scientifique, consultatif,
composé de personnalités ayant une expérience avérée
du système :
- anciens Ministres de l’Enseignement Supérieur et
de la Recherche Scientifique,
- anciens Recteurs ou Présidents d’Universités.
Ce groupe est chargé de mener des réflexions sur un
certain nombre de problèmes académiques et
scientifiques (ex : baptême des universités, note de
cadrage, heures dites « complémentaires », institution de
l’Eméritat, compétences des enseignants, etc…) et de
faire des propositions et recommandations au MESRS.

2.1.3.2- Informatisation (TIC) et Contrôle des effectifs

Aucune planification sérieuse ne peut se faire sans


statistiques fiables et sans la maîtrise des flux et des
effectifs. Le ministère et les différentes structures doivent

19
être capables de connaître, en temps réel, la distribution
des ressources humaines, matérielles, infrastructurelles et
financières.

Aussi, la mise en œuvre du RITER et la dotation de


l’administration en matériel informatique performant,
permettra-t-il :

 d’achever la mise en réseaux électroniques des


services et structures au niveau national et avec
leurs homologues des sous-régions Ouest et centre
africaines dans le cadre du WACREN, dont il est la
composante ivoirienne.
 disposer d’une base de données relatives aux
étudiants en temps réel ;
 d’éditer des nouvelles cartes à puces pour les
étudiants sur la base des fichiers reconstitués
permettant de contrôler et maîtriser les effectifs
d’étudiant ; à cet effet, toutes les activités
pédagogiques, socio-éducatives, sportives seront
assujetties à l’effectivité de l’inscription
administrative et à la possession effective de la
carte.
 de constituer, dans la perspective de la
décentralisation, une alternative au faible nombre
d’enseignants par les enseignements à distance
qu’elles autoriseront..

2.1.3.3- Ressources humaines

Une mobilisation massive constituer un vivier important


de ressources humaines de qualité. Celle-ci reposera sur
les compétences internes et extérieures selon la stratégie
suivante :

20
 augmentation du nombre de postes pour le
recrutement des enseignants pour assurer la relève
mise en place d’une politique de formation des
formateurs
 application des dispositions du décret sur la
contractualisation.
 maîtrise, contrôle et rationalisation des heures
complémentaires (HC) et supplémentaires (HS): un
arrêté a été pris dans ce sens ;
 encouragement du retour des ivoiriens de la
diaspora pour améliorer la qualité et le ratio
enseignants/apprenants ; les universités doivent
pouvoir offrir des mesures incitatives, y compris une
rémunération et des conditions d’emploi souples,
pour recruter des universitaires de renom venant
d’autres pays ; Plusieurs missions ont été organisées
à cet effet;
 définition de contrats de coopération internationale
à travers des missions ponctuelles ou permanentes
d’enseignants-chercheurs des institutions
universitaires étrangères de haut niveau.

2.1.3.4- Mobilisation du personnel et des étudiants autour


de la réforme LMD

Pour opérer efficacement le basculement vers la


réforme LMD, dans la dynamique souhaitée de
l’amélioration des offres de formation, avant la reprise
des cours, les enseignants, les étudiants et le personnel
administratif ont été invités à assister à des séminaires de
sensibilisation et de formation.

Cette phase de sensibilisation est importante et


concerne également les autorités politiques et
gouvernementales, parce que la réforme, d’une

21
envergure internationale impacte directement la
gouvernance universitaire.

2.1.4- Œuvres socio-culturelles et sportives

La problématique de la jeunesse estudiantine est au


cœur du dispositif de normalisation de la vie sociale et
politique engagé de façon résolue par le
Gouvernement. Ainsi, plusieurs actions sont initiées par le
MESRS devant permettre, à la rentrée, d’occuper
sainement les étudiants, en dehors de leurs activités
académiques et de les éloigner de l’oisiveté, mère de
nombreux vices et dérives.
Les œuvres regroupent l’hébergement dans les
résidences universitaires, les bourses et les activités socio-
culturelles et sportives.

2.1.4.1- Résidences universitaires

S’agissant des Cités Universitaires, une nouvelle politique


sera engagée sur la base des mesures suivantes :

 les résidences implantées sur les campus seront


gérées par les CROUS ;
 les résidences situées en ville pourraient être
concédées à des privés sur la base de d’un cahier
des charges.
Les résidences ci-après ont été ou sont en cours d’être
réhabilitées et équipées par l’Etat :
 Abidjan : toutes les résidences de Cocody
(campus, Mermoz, Saint-Jean, Château-d’eau et
Riviéra II) ;
 Bouaké : les résidences du campus I campus II et de
Cité Forestière ;

22
 Daloa : les résidences de la Cité Khalilou ;
 Korhogo : les résidences du Lycée Félix Houphouët-
Boigny.

La gestion de ces résidences continuera à être assurée


par les CROUS.

Concernant la résidence St Jean, elle sera affectée,


exclusivement, à l’ENSEA, afin de loger les étudiants des
18 nationalités qu’accueille cette institution.

Enfin, il convient de noter que concernant le CROU-B à


Bouaké, tous les bâtiments du Campus I ont été
réhabilités et restent à être équipés.

b- Admission dans les résidences universitaires

De nouveaux critères d’attributions des chambres aux


ayant-droits, basés sur un dosage cohérent des
paramètres tels que le mérite, l’âge, le niveau et la filière
d’étude ainsi que le genre, seront définis.

Par ailleurs, il sera procédé à un réajustement du niveau


des loyers des chambres des cités universitaires, dans le
sens de la hausse. En effet, les montants actuels sont
dérisoires et ne permettent pas d’offrir un cadre de vie
et de travail serein et propice à de bonnes études dans
les résidences. Le séminaire organisé sur la thématique
des conditions de vie et de travail des étudiants, en
2008, à Grand-Bassam, l’a relevé et recommandé les
solutions efficaces en ce sens.

2.1.4.2- Bourses d’études

23
Quant aux bourses, de nouvelles dispositions sont
envisagées, qui privilégient le critère du mérite,
notamment.
La rédaction d’un manuel de procédure pour
l’attribution des bourses est en cours

Par ailleurs, il est maintenu le principe de la


différenciation du niveau des bourses, en fonction du
niveau d’études et de procéder à un relèvement des
montants de celles des étudiants des 2ème et 3ème cycles.

Enfin, le paiement électronique des bourses grâce à des


conventions passées entre l’Etat et des établissements
financiers constitue une réponse efficace et durable à la
situation actuelle.

Le coût total des travaux de réhabilitation actions


s’élève à environ 110 milliards de francs CFA,

En conclusion, les mesures d’urgence qui ont permis la


réhabilitation des universités et leur réouverture à la date
prévue du 03 Septembre 2012, ont été exécutées dans
les délais fixés car de façon non exhaustive, des
dispositions ont été prises pour :

 faciliter la passation des marchés sans en altérer


l’efficacité ;
 assurer la disponibilité des crédits qui leur sont
affectés.

2-1.4.3- Campus info


Il est prévu, à la prochaine rentrée, de faire
fonctionner un groupe de communication comprenant
une chaîne de télévision, une radio et un journal.
« Campus Infos » sera un puissant outil de

24
communication au service de l’Enseignement Supérieur
et de la Recherche. Il permettra de diffuser des
documentaires instructifs, de faire participer les étudiants
à des concours et jeux intellectuels et de culture
générale. Mais il sera surtout le canal de promotion et de
diffusion des résultats de la recherche, ainsi que des
offres de formation disponibles dans nos structures
d’enseignement supérieur.
Le local devant abriter « Campus Info » a été identifié.
Ce groupe de communication (presse écrite, radio et
télévision) sera animé, notamment, par les étudiants.

2-1.4.4- Redynamisation des activités culturelles


Afin de proposer des occupations saines aux étudiants,
le ministère a entrepris les actions suivantes :
- Reconstitution des différents Clubs artistiques,
littéraires et scientifiques existant au sein des
Universités (CUAC) ;
- Remise en place de l’Orchestre de l’Université
d’Abidjan : L’acquisition du matériel et la formation
du groupe sont en cours.
2-1.4.5- Redynamisation des activités éducatives et
sportives
Plusieurs séances de travail se sont tenues en vue de
réactiver et de réorganiser les associations sportives
regroupées au sein de l’Abidjan Université Club (AUC),
afin que de véritables équipes universitaires naissent et
compétissent à l’échelle régionale, voire, internationale.

2-1.4-6- Formation à la citoyenneté

Dans la dynamique du processus de sortie de crise, il


est indispensable de prendre en compte la dimension

25
liée au changement de mentalité des étudiants, acteurs
principaux du système universitaire.
Aussi, importe-t-il, pendant cette période transitoire
de fermeture des deux universités, d’impliquer
directement les étudiants au processus d’amélioration
des conditions de vie sur les campus universitaires, en
s’inspirant du modèle d’universités étrangères qui ont
réussi dans ce domaine.

C’est l’objectif des 2 projets suivants :

Volontariat estudiantin

Le projet de volontariat de la jeunesse estudiantine


pour sa contribution à la réhabilitation et à l’amélioration
des conditions de vie au sein des Universités ivoiriennes,
s’inscrit dans cette logique. Cette opération qui se veut
avant tout citoyenne, a pour finalité de contribuer au
processus de réconciliation au sein de l’Université d’une
part, et d’autre part, dans une certaine mesure, de
réconcilier la jeunesse estudiantine avec la société
ivoirienne, en modifiant la perception négative que
cette dernière a de l’étudiant ivoirien. Il s’agit donc de
changer de paradigme et de se départir de l’image de
l’étudiant destructeur qui est incompatible avec les
efforts fournis par le gouvernement pour rénover et
réorganiser le système universitaire.
Ce projet, financé par la Coopération française, a
démarré le 14 Février 2012 sur le campus de Cocody. 400
étudiants en 04 vagues sont mobilisés. Encadrés par des
enseignants et en collaboration avec la Plateforme de
Services de la mairie de Cocody, ils participent à
l’assainissement et à l’embellissement du cadre de
l’université.

26
III- MESURES DE RELANCE : PERSPECTIVES ET AMBITION

Ces mesures sont retenues pour être mises en œuvre


après l’exécution des mesures d’urgence. Cependant,
certaines activités les concernant, notamment les études
de faisabilité peuvent être initiées maintenant. En l’état
actuel, ces actions ne sont pas exhaustives.

3.1- Enseignement Supérieur

3.1.1- Redéfinition de la carte universitaire d’Abidjan

3.1.1.1- Réaliser l’extension de l’université Félix


Houphouët Boigny

L’Université Félix Houphouët Boigny dispose d’une


propriété foncière de plus de 100 hectares, dont une
petite partie seulement est construite.

Il y a donc un potentiel important d’extension par la


construction de nouvelles infrastructures administratives,
académiques, culturelles (musée, salle polyvalente,
etc…) et pour les œuvres universitaires.

3.1.1.2- Réaliser l’extension de l’université Nangui


Abrogoua

Certains locaux étaient dans un état si avancé de


fragilité, du triple fait de la vétusté, des actes de
vandalisme, et des séquelles du conflit armé, que leur
destruction totale était la seule solution.

Les graves préjudices subis par cette Université ont


nécessité la reconstruction de certains bâtiments.

27
L’Université Nangui Abrogoua qui dispose d’une
propriété foncière de plus de 120 hectares, offre un
potentiel important d’extension par la construction de
nouvelles infrastructures administratives, académiques,
culturelles (musée, salle polyvalente, etc… ) et pour les
œuvres universitaires (résidences, restaurants, cafétéria,
infrastructures sportives).

3.1.1.3 - Construire de nouveaux bâtiments sur les sites


de l’ESIE et de l’IHAAA :

Concernant l’IHAAA, il est à noter que le gouvernorat du


district d’Abidjan a concédé à l’Enseignement Supérieur,
toute la zone qui sépare l’enceinte de l’IHAAA du
commissariat de police du 29ème Arrondissement, espace
illégalement occupé par des garages,
De nouvelles infrastructures administratives,
académiques, socio- culturelles et sportives peuvent être
construites, sans oublier les restaurants et cafétéria.

De même, le site de l’ex-ESIE dispose d’importantes


superficies non bâties avec la possibilité d’extension sur
le Centre des métiers de l’électricité (CME), propriété
actuelle de la CIE.

Ces extensions permettront à terme d’ériger


éventuellement ces sites en centres universitaires
thématiques.

3.1.2- Relèvement du niveau de l’INP-HB de


Yamoussoukro

3.1.2.1- Restauration du niveau de compétitivité


internationale de l’INP-HB

28
Cette Grande Ecole qui pendant de nombreuses
années a fait la fierté de la Côte d’Ivoire, par le prestige
de ses infrastructures et la qualité de ses programmes de
formation, a amorcé un déclin qui s’accentue chaque
année.

L’état actuel de délabrement des bâtiments, la non


fonctionnalité de nombreux équipements, résultats d’un
management inapproprié, nécessite la prise de mesures
radicales, en vue d’impulser une nouvelle vision et de
redonner à cette institution la notoriété internationale
qu’elle n’aurait jamais dû perdre.

Le modèle de gouvernance de la structure devra


nécessairement être changé pour répondre aux
exigences des institutions d’enseignement supérieur de
rang international. Celui-ci reposera sur un Conseil
d’Administration dynamique et regardant, et sur les
qualifications d’un manager ambitieux, rigoureux et
compétent. La nomination du nouveau Directeur
Général et de la nouvelle équipe managériale a permis
de redimensionner les ambitions de cette institution.
Un audit complet de la structure est en cours, qui
permettra d’élaborer un plan d’action stratégique.
Celui-ci définira des objectifs ambitieux et mesurables à
partir d’indicateurs de performance précis et détaillés.

Après seulement quelques mois de prise de fonction, la


Direction a engagé l’Institution dans de nombreux
contrats de partenariat locaux et internationaux,
scientifiques, commerciaux et industriels, tant privés que
publics. En ce sens, les missions nobles de formation
continue qui lui sont dévolues doivent être accomplies
avec plus d’efficacité et d’ambition pour lui permettre

29
d’étendre sa notoriété et son rayonnement et de
bénéficier des retombées de son expertise.

3.1.2.2- Création du Technopôle

La création d’un Technopôle à Yamoussoukro a pour


objectif l’érection dans le District de Yamoussoukro
d’une cité urbaine (la technopole) avant-gardiste à
vocation académique, scientifique, technologique,
industrielle, économique, artistique et culturelle,
interface des économies nationale, sous-régionale,
continentale et mondiale dont l’INP-HB constitue le
premier maillon, le noyau.

Le Technopôle de Yamoussoukro ambitionne d’être le


creuset d’une véritable synergie dans chacun des
secteurs prioritaires de l’économie nationale entre la
formation de compétence, la recherche scientifique, le
développement technologique et l’entreprenariat de
production de biens de services.

En effet, les pays développés ou émergents confirment


que le progrès économique et social ne peut être
durable sans la création de technopoles. De même
l’émergence post-crise de la Côte d’Ivoire ne se fera
véritablement qu’à partir de la valorisation des potentiels
humains, infrastructurels, scientifiques et technologiques
nationaux. Plusieurs étapes et activités permettront sa
réalisation :

 mise à niveau de l’INP-HB ;


 création du Village des Sciences et Technologies,
des Arts et la Culture, qui naîtra de l’aménagement
urbain et de la mise en valeur progressive dans le
cadre du projet de la Technopole, de la réserve

30
foncière de 3.300 hectares jouxtant l’INP-HB par la
création des Pôles d’Appui et des Pôles de
Compétitivité ;
 définition et mise en œuvre d’une politique
nationale visant à faciliter la création et le
développement d’activités innovantes à partir des
échanges et coopération entre des entreprises, des
centres de recherche, des établissements de
formation de haut niveau ;
 orientation de la formation des compétences, de la
recherche scientifique, de l’innovation scientifique
et technologique vers le développement
économique et social ;
 stimulation du développement de la recherche
scientifique et valorisation de ses résultats au sein de
processus de production à forte valeur ajoutée et
favoriser l’investissement direct privé local ou
étranger dans les projets de recherche scientifique;
 promotion de l’auto-emploi dans les secteurs de
base de l’économie nationale, par l'incubation et la
création d'entreprises innovantes basées sur la
valorisation économique des résultats de la
recherche ;

Les enjeux de la Technopole de Yamoussoukro sont


énormes et devront permettre l’entrée de la Côte
d’Ivoire et la Sous-région dans l’économie mondiale
du savoir et du savoir faire.

L’existence de l’INP-HB comme premier maillon est une


opportunité qui permet le démarrage à coût réduit de la
Technopole.
Par ailleurs, les activités du Technopôle s’appuieront sur les
potentiels infrastructurel, humain, académique,
scientifique et technologique de l’INPHB.

31
3.1.4- Décentralisation des universités

3.1.4.1- Création d’une ville universitaire dans la


périphérie d’Abidjan

La sortie de crise offre une opportunité de reconstruire


les bases d’un enseignement supérieur solide et efficace
qui réponde aux problèmes de développement de la
Côte d’Ivoire tout en prenant en compte son encrage
dans le monde.

La ville universitaire est un complexe créé dans le seul


but d'accueillir une grande université. Dans ce sens, elle
doit, dans sa création, prendre en compte tous les
critères qui favoriseront l’intégration de ses futurs
étudiants. Cette ville de taille adaptée, doit disposer
d'un cadre de vie agréable ; un arbitrage judicieux entre
espaces "verts et bleus" (bois et plans d'eau) et
bâtiments. Sa phase de conception doit anticiper les
besoins et les défis de demain.

A l’instar de quelques exemples à travers le monde


(Université de Louvain La Neuve en Belgique, Université
de Sacramento aux USA, Universités de Bordeaux en
France, Université d’Accra-Legon au Ghana…), cette
ville disposera, outre les infrastructures pédagogiques, de
toutes les commodités socio- éducatives, socio-
culturelles, sportives et commerciales que sont:

 les établissements (écoles, lycées (classique et


technique), universités, institut de technologie) ;
 les infrastructures de transport (bus, train) ;
 les loisirs (musées, salles de cinéma, sport,
médiathèque et bibliothèques) ;

32
 l’hôpital universitaire ;
 les restaurants et commerces ;
 l’hébergement (résidences universitaires,
appartements, hôtel des enseignants, régime
internat pour les lycéens afin de maintenir
l’excellence).

Cette ville permettra non seulement de redorer le


blason de notre système éducatif, mais assurera le
renouvellement de l’élite nationale et redonnera à la
Côte d’Ivoire le rayonnement scientifique qu’elle avait
aussi bien dans la sous-régionale ouest-africaine qu’en
Afrique toute entière. Elle sera un model harmonieux
pour le secteur éducation- formation regroupant
plusieurs ministères (MEN, METFP, MESRS).
Dans la mise en place de ce modèle, le Partenariat
Public Privé occupe une place prépondérante.

3.1.4.2- Construction de centres universitaires dans


plusieurs régions du pays

Dans la dynamique de la création d’un village ou d’une


ville universitaire dans la périphérie d’Abidjan, les études
en cours dans le cadre de la décentralisation de
l’Université devront aboutir, dans les cinq (5) années à
venir, à la construction de cinq (5) nouvelles universités à
Daloa, Korhogo, Bondoukou, Man et San Pedro.

La première de cette série vient de voir le jour, dans les


mois prochains, à Daloa ou Korhogo, à partir des Unités
Régionales d’Enseignement Supérieur (URES) qui ont été
érigées en universités ; il s’agit des universités Jean
Lorougnon Guédé et Péléforo Gon Coulibaly.
Les autres, au stade des purges des droits coutumiers, en
constituent la seconde étape.

33
3.1.4.3- Elaboration d’une carte universitaire de la Côte
d’Ivoire

Pour éviter la dispersion des moyens, il faut créer, pour le


système d’enseignement supérieur, un ensemble
suffisant, cohérent, diversifié et complémentaire de
structures et de formations, adaptées au besoin de
développement.

L’organisation de cet ensemble vise trois objectifs


principaux :
- rapprocher les centres de formation supérieure
des apprenants ;
- offrir des formations universitaires en rapport avec
les besoins du secteur productif ;
- participer au développement local par la mise en
valeur des potentialités de la région grâce à une
recherche scientifique ciblée et performante.

La mise en œuvre de cet ensemble doit s’appuyer sur un


guide objectif, argumenté et chiffré, dans lequel les
structures à créer (universités et grandes écoles) ainsi
que les formations à dispenser (académiques ou
professionnelles) sont répertoriées, avec une proposition
de regroupement dans des structures et de
dissémination sur le territoire national.

La réalisation d’un tel guide prend en compte l’état des


lieux des structures, des offres de formations nationales et
sous-régionales. Elle se fondera également sur l’étude
diagnostique et stratégique que le Ministère vient de
faire réaliser, sous financement Banque Mondiale. Cette
étude a identifié les secteurs porteurs suivants : (i)

34
l’agriculture, l’agro-industrie et les ressources
halieutiques, (ii) le bâtiment, les travaux publics, le
transport et la logistique, (iii) l’agroforesterie, les
ressources naturelles et l’environnement, (iv) l’agro-
pastorale et la médecine vétérinaire, le génie rural, (v)
les mines et l’énergie.

Cette boussole de la décentralisation de l’Université est


la « Carte Universitaire de Côte d’Ivoire ».

La construction de villes universitaires, de nouvelles


universités ainsi que les mesures de désengorgement
des universités existantes, vont induire une
reconfiguration de l’offre de formation de la Côte
d’Ivoire. Celle-ci permettra de redéfinir la carte
universitaire.

3.1.5- Réforme LMD (Licence – Master – Doctorat)

Le LMD est une réforme qui prend en compte l’exigence


de l’adéquation entre la formation et l’emploi. Cette
réforme est faite pour les étudiants. Il faut donc qu’ils en
prennent rapidement conscience et s’approprient ses
enjeux.
La mise en œuvre de la réforme passe par des séances
de sensibilisation et de formation à l’attention de tous les
acteurs du système de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique : enseignants, chercheurs,
personnels administratifs et technique, étudiants, parents
d’étudiants et décideurs.

Mais au-delà du secteur de l’Enseignement Supérieur,


cette réforme doit se concevoir de concert et en
cohérence avec tous les autres ordres d’enseignement.

35
Aussi des ateliers de formation seront-ils organisés avec
les responsables pédagogiques de ces départements.

Les séminaires prévus à cet effet ont été organisés


pendant la période de réhabilitation des structures
universitaires et se poursuivent parallèlement à la reprise
des cours, par les responsables des Universités et sous la
supervision de la Direction Générale de l’Enseignement
Supérieur et des Œuvres Universitaires.
Des campagnes de sensibilisation et d’appropriation
ainsi que des émissions télévision grand public sont
organisées à l’endroit de la population.

De même, plusieurs ateliers permettront la


reconfiguration des offres de formation par la
construction de parcours de formation et la révision des
curricula.
C’est donc tout un processus qui se poursuivra sur
plusieurs années et qui concerne aussi bien les
établissements publics que les établissements privées
d’Enseignement supérieur.

3.1.6- Enseignement Supérieur Privé

Une série de mesures ont été prises par le MESRS pour


améliorer la qualité de la formation dans le Secteur privé
d’enseignement supérieur :
 Evaluation des établissements ;
 Réforme des filières du BTS ;
 Homologation des diplômes post BTS ;
 Séminaires de sensibilisation à la Réforme LMD ;
 Ateliers de formation et de reconfiguration des
offres de formation selon le format LMD ;
 Processus de préinscription en ligne pour
l’orientation dans les Grandes Ecoles

36
3.2- Recherche Scientifique

Un des piliers important de l’émergence de la Côte


d’Ivoire repose sur la redynamisation et le
développement de la Recherche Scientifique et de
l’Innovation technologique. Aussi, les actions suivantes
sont entreprises :

 réalisation d’un inventaire des structures de


recherche (CNRA, IPCI, CRO) et
évaluation du potentiel humain et technique ;
 immatriculation et restructuration des organes de
recherche ;
 mise en œuvre effective des pôles de compétence
aboutissant à terme au développement de pôles
de compétitivité ;
 organisation des structures de recherche en créant
des Centres nationaux thématiques de Recherche
 définition de la méthodologie et mise en place du
Technopôle avec comme noyau l’INP-HB ;
 accroissement substantiel du financement de la
Recherche par la constitution d’un fonds avec pour
objectif la constitution du FNRST unique, doté d’un
financement d’au moins 1% du PIB.
 Etablissement de partenariats forts avec le monde
de l’entreprise (Secteur Privé) et synergie avec la
mise en œuvre de la Politique industrielle ;

37
 modernisation du dispositif de la recherche
scientifique par l’acquisition et la construction de
nouvelles infrastructures ainsi que leur équipement ;
 recrutement de chercheurs de haut niveau et
renforcement des capacités des chercheurs.

3.3- Administration et pilotage

Il convient d’affecter un immeuble au Ministère de


l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique pour y regrouper le Cabinet, toutes les
directions générales, centrales et les services rattachés.

Ainsi, une meilleure coordination de toutes les activités


pourra être assurée, en vue d’une amélioration nette
des conditions de travail et une plus grande efficacité.

 la réhabilitation et l’équipement de toutes les


résidences universitaires existantes sur l’ensemble du
territoire
 la construction et l’équipement de nouvelles
résidences pour les Campus Félix Houphoüet Boigny,
Nangui Abrogoua, Jean Lorougnon Guédé et
Péléforo Gon Coulibaly.

La construction des villes universitaires devrait, à terme,


régler définitivement le problème du logement non
seulement des étudiants, mais également des
enseignants et du personnel administratif et technique.

3.4- Sources de financement

38
L’Etat a consenti à d’énormes sacrifices en assurant le
financement majoritaire des actions urgentes,
démontrant ainsi une volonté politique forte d’impulser
un changement radical dans l’enseignement supérieur
et la recherche scientifique. Pour cela, la part consacrée
à l’Education en général et à l’Enseignement supérieur
en particulier, ainsi qu’à la Recherche Scientifique dans
le budget de l’Etat, devra être substantiellement
augmentée.

En complément des subventions de l’Etat, il convient


d’organiser une Table Ronde des Bailleurs de Fonds. Les
accords bilatéraux et multilatéraux qui en découleront
permettront de disposer d’un financement suffisant pour
relever les défis de la relance du système.
CONCLUSION

La précarité de notre système d’enseignement supérieur


a exigé des actions immédiates et des efforts importants
et soutenus du Gouvernement.

Ainsi, la mise en œuvre de mesures d’urgence de


réhabilitation des universités a permis une reprise
effective et dans de bonnes conditions, des
enseignements dans les universités.

Elle constituera également l’amorce d’une réforme


globale à travers des mesures de relance inscrites dans
une logique volontariste d’amélioration de la qualité des
enseignements, de la recherche scientifique et
d’augmentation de la capacité d’accueil des structures.

L’objectif est de rendre le système d’enseignement


supérieur et de recherche scientifique ivoirien,
opérationnel, performant et compétitif, de lui redonner

39
sa notoriété perdue depuis plusieurs décennies et d’en
constituer un levier incontournable du développement
économique et social de notre pays.

La construction de villes universitaires et la réalisation du


technopôle à Yamoussoukro ainsi que la mise en place
des pôles de compétence à l’instar des pays
industrialisés et émergents seront l’aboutissement de
cette ambition. Avec le contraste absolu qu’elle crée
dans le tableau actuel de l’Enseignement Supérieur,
l’ENSEA constitue un modèle pour cette relance.

40

Vous aimerez peut-être aussi