Vous êtes sur la page 1sur 16

Analyse des acides nucléiques

par Béatrice PARFAIT


et Dominique VIDAUD
Université René Descartes, faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques (Paris V),
Laboratoire de génétique moléculaire

1. Techniques de préparation des acides nucléiques ......................... P 3 315 - 2


1.1 ADN............................................................................................................... — 2
1.2 ARN............................................................................................................... — 3
2. Techniques d’analyse des acides nucléiques :
les outils de base ..................................................................................... — 4
2.1 L’électrophorèse........................................................................................... — 4
2.2 Les enzymes................................................................................................. — 4
2.3 Le Southern blot .......................................................................................... — 6
2.4 Le Northern blot........................................................................................... — 6
2.5 PCR, RT-PCR ................................................................................................. — 6
2.6 Application de la PCR à l’analyse quantitative : la PCR en temps réel.... — 10
2.7 Séquençage.................................................................................................. — 10
3. Application à l’analyse moléculaire :
l’identification des mutations .............................................................. — 11
3.1 Diagnostic direct .......................................................................................... — 11
3.2 Diagnostic indirect, utilisation de marqueurs polymorphes de l’ADN ... — 14
Bibliographie ...................................................................................................... — 16

es vingt dernières années, les progrès de la biologie moléculaire et du génie


C génétique ont rendu possible l’analyse moléculaire des gènes par l’étude
de l’ADN (acide désoxyribonucléique) et/ou du produit de leur expression, l’ARN
(acide ribonucléique). Cette avancée technologique remarquable a abouti à la
mise au point d’un nombre considérable de méthodes de diagnostic direct et
indirect applicables aux maladies génétiques mais également aux pathologies
infectieuses. Cependant, avant 1985, ces techniques dépassaient rarement le
stade du laboratoire de recherche ou de quelques services hospitaliers spécia-
lisés. En effet, les méthodes utilisées jusqu’alors étaient particulièrement lourdes,
faisant le plus souvent appel aux systèmes d’hybridation classiques (de type
« Southern blot » par exemple) et à des sondes radioactives. Bien que très puis-
santes et largement utilisées en recherche, elles n’étaient pas applicables en rou-
tine en raison de la manipulation de produits radioactifs, de la complexité de
la préparation des échantillons et de leur coût.
3 - 2002

Dans le domaine de l’analyse moléculaire, 1985 marque un tournant décisif


avec l’invention d’une nouvelle technique qui allait révolutionner à la fois le
quotidien des biologistes moléculaires et leur façon de penser. Cette décou-
verte valut à son auteur, Kary Mullis, le prix Nobel de chimie en 1993. Appelée
en anglais « PCR », pour « Polymerase Chain Reaction » cette technique qui
P 3 315

réalise un véritable clonage in vitro, permet l’amplification spécifique d’une


séquence nucléotidique. Cette technologie est à présent bien au point et se
popularise de jour en jour du fait de la simplification de son utilisation au
travers de trousses commerciales disponibles pour le diagnostic de maladies
héréditaires et la mise en évidence de nombreux agents infectieux.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 315 − 1
ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES _______________________________________________________________________________________________________

On peut ainsi détecter aisément et rapidement la présence directe de génomes


viraux et bactériens, réaliser le diagnostic de maladies héréditaires sur des pré-
lèvements de très faible volume de cellules amniotiques ou trophoblastiques,
suivre l’apparition et l’évolution de cellules malignes, établir une carte d’identité
génétique à partir de quelques racines de cheveux (médecine légale) et, dans
l’industrie agroalimentaire, analyser la qualité des produits, rechercher la
présence d’agents pathogènes et de contaminants, typer les semences et les
races, déterminer le sexe des embryons, etc.

1. Techniques de préparation
(0)

Glossaire
des acides nucléiques Amorce (également appelée oligonucléotide ou primer) : courte
séquence nucléotidique (15 à 25 bases en général) s’appariant spé-
cifiquement à une séquence cible et permettant l’initiation de la
synthèse d’un brin complémentaire par une polymérase.
Un grand nombre de méthodes sont utilisées pour effectuer
l’extraction des acides nucléiques. Le choix de l’une ou l’autre de Carte de restriction : localisation des sites de clivage par une (des)
ces techniques va dépendre du type cellulaire utilisé (cellules de enzyme(s) de restriction au sein d’un fragment d’ADN.
mammifères, eucaryotes inférieurs, plantes, bactéries, virus...), du
matériel de départ (organe entier, tissu, culture cellulaire, sang...), DNases : enzymes digérant l’ADN.
du résultat escompté (pureté, temps de préparation...) et des Exon : segment d’ADN transcrit et conservé dans l’ARNm.
applications envisagées (PCR, RT-PCR, clonage, marquage d’une
sonde, Southern, Northern blot, protection à la RNase...). Gène : unité héréditaire de l’information correspondant à un seg-
ment d’ADN transcrit en ARN et codant le plus souvent un poly-
peptide.
Haplotype : succession des allèles de plusieurs gènes sur un sec-
1.1 ADN teur chromosomique de petite taille.
Hétéroduplexe : appariement de chaînes polynucléotidiques
Il existe de nombreuses méthodes permettant d’extraire l’ADN : complémentaires, de nature (ADN, ARN) ou d’origine différente
extraction saline, colonnes d’affinité, lysats leucocytaires [1]. (par exemple : deux allèles d’un même gène différant par une
modification nucléotidique).
L’extraction de l’ADN cellulaire de bonne qualité est souvent le
point de départ pour d’autres techniques de biologie moléculaire : Intron : séquence d’ADN transcrite et secondairement éliminée
Southern blot (§ 2.3), amplification par PCR (§ 2.5), construction de par épissage au cours de la maturation des ARN.
banques génomiques... En général, la qualité de l’extraction est Microsatellite : segment d’ADN contenant des répétitions en
appréciée par l’absence d’ARN, protéines, lipides et autres consti- tandem de courts motifs de 1 à 5 pb (le plus typique est le
tuants cellulaires qui pourraient interférer avec les enzymes de doublet (CA)n). Très nombreux et dispersés sur tout le génome, les
restriction, ligases, ADN polymérases. microsatellites sont le siège de variations du nombre de répéti-
tions, génératrices de polymorphismes multialléliques très infor-
La grande taille de l’ADN génomique des mammifères impose matifs, détectables par PCR. Environ 100 000 microsatellites sont
que la méthode d’extraction soit menée avec précaution afin de présents dans le génome humain.
minimiser les chocs mécaniques qui pourraient fragmenter l’ADN
génomique au cours de la préparation. Mutation : désigne n’importe quel changement intervenu dans la
séquence de l’ADN en rapport avec l’expression d’une maladie.
S’il ne concerne qu’une seule base, on parle de mutation ponc-
■ Choix, recueil et conservation du matériel biologique tuelle.
L’étude de l’ADN est menée à partir de tout tissu disponible, frais Polymorphisme : fait référence à l’existence simultanée dans la
ou congelé, y compris à partir de taches de sang séché après population, de génomes présentant des variations alléliques sans
recueil sur papier (« carte de Guthrie »), de frottis buccaux, de rapport direct avec l’expression d’une maladie quelconque.
cheveux mais également de prélèvement de placenta, cellules en
RFLP (Restriction Fragment Length Polymorphism) : abréviation
culture... Il faut souligner la difficulté et le caractère aléatoire de employée pour désigner les polymorphismes de restriction biallé-
l’extraction de l’ADN à partir de tissus inclus dans la paraffine, le liques de l’ADN.
formol ou le liquide de Bouin (étude post mortem sur des tissus
recueillis en anatomopathologie). Répétitions en tandem : multiples copies en série de la même
séquence.
Habituellement, l’ADN est extrait à partir de sang circulant
recueilli sur anticoagulant (EDTA si possible). Le sang peut alors Ribonucléases (RNases) : enzymes clivant les ARN.
être conservé deux ou trois jours à température ambiante ou éven- SNP (Single Nucleotide Polymorphism) : polymorphisme nucléoti-
tuellement plusieurs mois au congélateur avant extraction de dique biallélique de l’ADN présent tous les 1 000 pb environ.
l’ADN. La quantité de sang nécessaire à la réalisation de l’étude
moléculaire est fonction du type de méthode mise en œuvre. Si Sonde : séquence d’acide nucléique d’au moins 15 nucléotides,
quelques centaines de microlitres peuvent suffire lorsqu’il s’agit de homologue à une séquence d’ADN ou d’ARN, avec laquelle elle
réaliser des analyses par PCR, il faut par contre au moins 5 mL de s’hybride de façon stable et spécifique par réassociation entre
bases complémentaires.
sang pour la réalisation d’un Southern blot.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 315 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
_______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES

■ Méthode du phénol/chloroforme ou le type de cellules manipulées. Aussi est-il indispensable de


Les nombreuses méthodes proposées emploient un tampon prendre les précautions nécessaires pour inhiber toute action de
contenant un ou plusieurs détergents, dodécylsulfate de sodium ribonucléases (RNases). Les RNases, ubiquitaires, sont extrême-
(SDS), Triton X100. Ces détergents permettent la lyse cellulaire. La ment difficiles à inactiver. Dans la mesure du possible, la manipu-
déprotéinisation est réalisée par utilisation de la protéinase K dans lation s’effectue à l’aide de vaisselle propre stérile, ou à l’aide de
le tampon de lyse. Cette enzyme est active en présence de SDS et matériel commercialisé « RNase free » à l’aide de gants, dans la
reste fonctionnelle à température élevée (56 à 65 oC). Sous ces glace et sur du matériel frais ou congelé à au moins – 80 oC.
conditions dénaturantes, les protéines sont mieux digérées par la
protéinase K. D’autre part, la combinaison protéinases K-déter- ■ Extraction de l’ARN
gent-température élevée est importante pour l’inactivation des
L’isolement d’ARN total non dégradé et de haute qualité est
nucléases endogènes.
souvent le point de départ de nombreuses procédures de biologie
Les protéines restantes sont éliminées avec les lipides par moléculaire. Les méthodes décrites sont nombreuses et peuvent
extraction avec le phénol et le chloroforme. concerner certains types cellulaires, tissus...
Le phénol utilisé est équilibré à pH 8,0 afin que l’ADN soit
De manière générale, le principe des techniques d’extraction
retrouvé dans la phase aqueuse. Dans le cas contraire, la majorité
consiste à solubiliser les composants cellulaires et à inactiver
de l’ADN serait retenue dans la phase organique et au niveau de
simultanément les RNases intracellulaires en conservant l’ARN
l’interphase.
biologiquement actif. Le but des techniques est d’obtenir de l’ARN
■ Précipitation de l’ADN pur sous forme non dégradée utilisable pour des manipulations
ultérieures (de la traduction in vitro, la RNase protection, reverse
Après extraction, l’ADN est récupéré par précipitation, soit avec
transcription et analyse par Northern blot...).
l’éthanol 100 % (2 volumes) en présence de sels (NaCl ou acétate
de sodium), soit avec l’isopropanol (1 volume). Après précipitation, Les procédures d’extraction combinent l’utilisation de plusieurs
l’échantillon est centrifugé à grande vitesse afin d’obtenir un culot agents solvants organiques (phénol, chloroforme), de détergents
d’ADN. Les sels sont éliminés par lavage du culot avec l’éthanol à (SDS, N lauryl sarcosine, déoxycholate de sodium), de sels chao-
70 %. Après séchage, le précipité est repris dans de l’eau stérile tropiques (isothyocyanate de guanidium, trifluoroacétate de guani-
(eau pour préparation injectable). dium, urée). La combinaison de ces différents agents permet de
dénaturer les protéines mais également d’inactiver les RNases et
■ Dosage de l’ADN
d’extraire les lipides.
La méthode la plus simple de quantification de l’ADN consiste à
mesurer, par spectrophotométrie à la longueur d’onde λ = 260 nm, Une procédure très efficace d’extraction de l’ARN a été introduite
l’absorbance d’une solution d’ADN pure et homogène. par Chomczynski et Sacchi en 1987. Cette méthode est basée sur
les propriétés de l’isothiocyanate de guanidium à dénaturer les
Selon la loi de Beer-Lambert :
protéines et inactiver les RNases intracellulaires.
DO = ε [C ] 
L’association de l’isothyocyanate, du lauroyl sarcosine et du
avec DO densité optique, absorbance, bêta-mercaptoéthanol augmente les propriétés de solubilisation du
ε coefficient d’absorption spécifique à une longueur mélange obtenu. L’étape suivante utilise une extraction par le phé-
d’onde λ donnée (L · g–1 · cm–1), nol acide (pH < 5,0) qui retient sélectivement l’ADN dans la phase
organique et extrait protéines et lipides. L’addition de chloroforme
[C ] concentration de la solution (g · L–1), au phénol permet d’éliminer les lipides et d’obtenir deux phases
 largeur de la cuve de mesure traversée par le faisceau distinctes :
monochromatique (cm) ; en général, cette largeur est de
— une phase organique contenant l’ADN, protéines et lipides ;
1 cm.
— une phase aqueuse contenant l’ARN.
Pour une longueur d’onde λ correspondant au maximum
d’absorption d’une substance donnée, la concentration [C ] de cette Une seconde extraction par le mélange phénol/chloroforme peut
substance en solution sera : augmenter la pureté de l’ARN isolé obtenu.

[C ] (g · L–1) = (DO λ × facteur de dilution)/ελ De nombreux réactifs commercialisés pour l’extraction de l’ARN
dérivent de cette méthode. La présence d’ADN contaminant la
Pour l’ADN double brin, ε 260 = 20 L · g–1 · cm–1. La concentration préparation des ARN doit être éliminée. En effet, cette contamina-
d’une solution d’ADN est habituellement exprimée en µg /µL. tion peut présenter un problème pour la réalisation de différentes
techniques de biologie moléculaire comme par exemple la PCR où
La mesure de la densité optique à 280 nm permet de s’assurer
l’on pourrait observer une coamplification de l’ADNc et de frag-
de l’absence de contamination significative par les protéines. La
ments génomiques tels que des exons, des rétropseudogènes.
pureté de la solution est estimée par le rapport des absorbances
DO 260 /DO 280 . Un rapport compris entre 1,8 et 2 suggère une Un certain nombre de protocoles permettent de séparer ARN et
contamination protéique minimale. L’ADN purifié se conserve bien ADN en utilisant un gradient de chlorure de césium ou de trifluoro-
à 4 oC. Les successions de congélation-décongélation peuvent acétate de césium et nécessitent donc l’ultracentrifugation. Une
entraîner une dégradation de l’ADN et doivent être évitées. autre approche consiste à précipiter sélectivement l’ADN ou l’ARN
du mélange (éthanol, chlorure de lithium). Monstein et al. (1995)
ont proposé d’effectuer un traitement de l’ARN obtenu par la
1.2 ARN DNase (dénuée de RNase) ce qui nécessite une seconde extraction
phénol/chloroforme.
■ Choix, recueil et conservation du matériel biologique
■ Précipitation de l’ARN
L’ARN peut être recueilli à partir de cellules en culture, fibro-
blastes, lymphoblastes..., de tissus frais lymphocytes, hépatocytes, Comme pour l’ADN, elle est effectuée à l’aide d’éthanol ou d’iso-
cerveau, cœur... fraîchement isolés ou conservés par congélation à propanol. Le culot de précipité est lavé à l’éthanol 70 %. Après
– 80 oC ou dans l’azote liquide. Le facteur important pour obtenir séchage, le culot est repris dans de l’eau stérile (eau pour prépara-
une qualité optimale des ARN extraits est bien évidemment la qua- tion injectable). L’ARN est immédiatement congelé à – 80 oC pour
lité des ARN eux-mêmes présents avant l’extraction dans le tissu sa conservation.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 315 − 3
ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES _______________________________________________________________________________________________________

■ Dosage de l’ARN
La quantification de l’ARN s’effectue par mesure de l’absorbance MW 1 2 3 4 5 6 7
à 260 nm :
[C ] (g · L–1) = (DO 260 × facteur de dilution)/ε260
800 pb
Pour l’ARN, ε 260 = 25 L · g–1 · cm–1. La concentration d’une solu-
tion d’ARN est habituellement exprimée en µg /µL.
500 pb
D’autre part, il est possible de déterminer la pureté de la prépa-
ration d’ARN de deux façons :
— la détermination de l’absorbance de l’échantillon à 260 et
280 nm permettant de caractériser la contamination en protéine de 100 pb
l’échantillon. Un rapport des absorbances DO 260 /DO 280 > 1,8 cor-
respond à un ARN de bonne qualité ;
— l’électrophorèse en gel d’agarose permet une évaluation plus
directe de la qualité de l’ARN. Après électrophorèse puis coloration MW : marqueur de taille.
par le bromure d’éthydium, l’absence de coloration au niveau du
puits de dépôt (c’est-à-dire l’absence d’ADN) et la présence d’ARNr Le produit de PCR a été soumis à une électrophorèse en gel d’agarose
2 %. Le gel est étalonné avec un marqueur de poids moléculaires
28S et 18S doivent être observées. contenant des fragments de tailles connues ce qui permet de
L’ARN est conservé à – 80 oC. Le stockage à long terme de l’ARN déterminer la taille du produit de PCR.
peut nécessiter l’addition d’un inhibiteur de RNase (RNasin, inhibi-
teur isolé du pancréas de bovin).
Figure 1 – Vérification de la qualité de produits d’amplification
par PCR de 302 pb (colonnes 1 à 7)

2. Techniques d’analyse plaques de verre où s’effectue la réaction de polymérisation de


des acides nucléiques : l’acrylamide et du N,N′-méthylènebisacrylamide en présence de
N,N,N′,N′-tetraméthyléthylènediamine (TEMED) et de persulfate
les outils de base d’ammonium, catalyseurs de la réaction.
L’agarose est un polymère extrait de l’algue marine et com-
mercialisé sous la forme d’une poudre blanche. Après chauffage
en présence du tampon de migration, l’agarose fondu (liquide)
2.1 L’électrophorèse forme un gel en refroidissant grâce à la mise en jeu de ponts
hydrogène. La résolution du gel est déterminée par la
Les acides nucléiques sont des macromolécules polyanioni- concentration en agarose (exprimée en %, poids/volume). En pra-
ques chargées pouvant migrer dans un champ électrique. L’élec- tique, les gels d’agarose sont utilisés à des concentrations
trophorèse permet de séparer les fragments d’ADN ou les comprises entre 0,6 et 2 % (c’est-à-dire entre 0,6 et 2 g/100 mL)
molécules d’ARN en fonction de leur poids moléculaire, donc du ce qui permet la séparation de fragments d’acides nucléiques
nombre de bases ou de paires de bases, avec des degrés de d’une taille allant jusqu’à 20 kb (produits de PCR, fragments
résolution variables en fonction de la nature et de la densité de d’ADN, molécules d’ARN). Certaines sociétés commercialisent
réticulation du gel utilisé. Deux types de gels existent : les gels des agaroses plus ou moins résolutifs permettant de discriminer
d’agarose et les gels de polyacrylamide. En fonction de la taille du des produits de PCR présentant une différence de 4 pb.
produit à examiner, la concentration d’agarose ou d’acrylamide
à utiliser sera différente (tableau 1). Dans les deux cas, la visualisation des acides nucléiques s’effec-
tue par addition d’un agent intercalant, le bromure d’éthydium
Le gel de polyacrylamide est utilisé pour la séparation des petits (BET). Molécule spontanément non fluorescente, le BET intercalé
fragments d’ADN de une à plusieurs centaines de paires de bases entre les bases des acides nucléiques présente après illumination
(pb). Ses applications majeures sont la séparation des petits frag- à 300 nm une fluorescence orange. Cette molécule est incorporée
ments d’ADN, le séquençage (gels dénaturants) et la purification au gel de migration avant ou après migration et le gel peut être
d’oligonucléotides de synthèse. Les gels sont coulés entre deux photographié.
La migration des acides nucléiques est inversement proportion-
Tableau 1 – Choix de la concentration nelle au logarithme du nombre de paires de bases du fragment.
du support d’électrophorèse en fonction Plus le fragment est petit, plus il migre rapidement. En parallèle
des fragments étudiés, l’électrophorèse d’un marqueur de poids
de la taille des fragments à séparer moléculaires contenant des fragments de tailles connues est effec-
Acrylamide Taille des fragments à séparer tuée ce qui permet par exemple de vérifier la taille d’un fragment
(%, poids/volume) (en paires de bases, pb) de PCR (figure 1).

4 200 à 800
5 80 à 500
8 60 à 400
2.2 Les enzymes
12 40 à 200
20 5 à 100
2.2.1 Enzymes de restriction
Agarose Taille des fragments à séparer
(%, poids/volume) (en kilobases, kb) Il s’agit d’endonucléases de restriction habituellement d’origine
bactérienne. Ces enzymes coupent l’ADN double brin par clivage
0,6 à 0,8 1 à 30 de deux fonctions phosphodiesters au niveau de séquences
0,9 à 1,2 0,5 à 10 nucléotidiques spécifiques (sites de restriction de 4 à 8 pb). Ces
1,2 à 1,5 0,2 à 5 sites correspondent le plus souvent à des palindromes, la

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 315 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
_______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES

MspI MspI
EcoRI HaeIII HpaII HpaII
*
5'-G 5'-GG 5'-CC 5'-CC
3'-CTTAA 3'-CC 3'-GG 3'-GG
*
5'-G AATT C-3' 5'-GG CC-3' 5'-C C GG-3' 5'-CC GG-3'
3'-C TTAA G-5' 3'-CC GG-5' 3'-GG CC-5' 3'-GG CC-5'
GG-3' GG-3'
AATTC-3' CC-3'
CC-5' CC-5'
G-5' GG-5'

Figure 2 – Clivage enzymatique à bout collant (EcoRI) ou à bout franc (HaeIII, MspI, HpaII). MspI clive le site de restriction CCGG quel que soit
l’état de méthylation (*) du dimère CpG, son isoschizomère HpaII ne coupe le site CCGG que si la cytosine n’est pas méthylée.

séquence étant identique sur les deux brins lorsqu’elle est lue dans exonucléasiques et permettent d’effectuer le marquage d’ADN en
le sens 5′ → 3′. À titre d’exemple, l’enzyme de restriction EcoRI 3′, la mutagénèse dirigée...
coupe l’ADN au niveau de la séquence GAATTC. La Taq ADN polymérase a été purifiée à partir de Thermus aqua-
Les enzymes de restriction peuvent générer deux types de ticus, eubactérie se développant dans les sources chaudes (80 oC).
coupure : les coupures à bouts francs (blunt ends ) : l’enzyme Il s’agit d’une ADN polymérase ADN dépendante présentant une
coupe au même niveau sur les deux brins d’ADN, ou les coupures activité exonucléase 5′ → 3′ mais dépourvue d’activité de relecture
à bouts collants (cohesive ends) décalés l’un par rapport à l’autre correctrice. Sa remarquable propriété de thermorésistance est à la
sur les deux brins (figure 2). base de son utilisation en PCR (§ 2.5).
Certaines enzymes sont sensibles aux méthylations observées Un certain nombre d’ADN polymérases thermostables ont été
au niveau de certaines cytosines précédant une guanine (dimères extraites d’autres bactéries thermophiles, chacune ayant une parti-
CpG). À titre d’exemple, MspI clive le site de restriction CCGG quel cularité la destinant à un usage particulier : Tli (Thermococcus
que soit l’état de méthylation du dimère CpG central. Son isoschi- litoralis ) et Pwo (Pyrococcus woesei ) ADN polymérases présentant
zomère (enzyme clivant la même séquence nucléotidique) HpaII ne une activité 3′ → 5′ exonucléasique, la Tth ADN polymérase (Ther-
coupe le site CCGG que si la cytosine n’est pas méthylée (figure 2). mus thermophilus ), présentant également une activité de trans-
criptase inverse. Des enzymes dérivant de la Taq polymérase sont
Les facteurs affectant l’activité enzymatique sont : la température également commercialisées, telles que l’AmpliTaq Gold (inactive
(en général, la température optimale est 37 oC), le pH, la force à température ambiante, éliminant ainsi les extensions d’amorces
ionique. hybridées de manière aspécifique) ou le fragment de Stoffel
Les enzymes de restriction sont utilisées pour établir des cartes (dépourvu d’activité exonucléase 5′ → 3′).
de restriction de gènes ou de régions chromosomiques, la réalisa-
■ ADN polymérases ARN dépendantes :
tion de Southern blot, le clonage de gènes, la caractérisation de
transcriptases inverses
mutations, l’étude de l’état de méthylation d’un gène...
Les transcriptases inverses sont codées par le gène pol de
différents rétrovirus.
2.2.2 Polymérases Elles permettent la synthèse d’un ADN complémentaire (ADNc)
■ ADN polymérases ADN dépendantes à partir d’une matrice constituée d’ARNm. Comme toutes les
polymérases, une transcriptase inverse fonctionne dans le sens
Ces enzymes catalysent la formation d’une chaîne d’ADN à par- 5′ → 3′ à partir de l’extrémité OH libre d’une amorce sur laquelle
tir d’une matrice d’ADN monobrin et de l’extrémité 3′OH libre d’un vient se fixer un désoxynucléotide par l’intermédiaire d’une liaison
oligonucléotide (ou amorce) d’environ 20 nucléotides en présence phosphodiester. Différents types d’amorces peuvent être utilisés :
de magnésium (Mg2+) et de dNTPs (déoxynucléotides triphos- oligo-dT s’hybridant sur la queue polyA des ARNm, random hexa-
phates : dATP, dGTP, dCTP et dTTP). mers (combinaisons aléatoires de 6 nucléotides) s’hybridant à dif-
Une ADN polymérase peut catalyser trois types de réactions férents niveaux des ARNm ou oligonucléotide spécifique de
enzymatiques : l’ARNm à étudier.
— activité ADN polymérase nécessitant une matrice ADN copiée ■ ARN polymérases ADN dépendantes
par extension d’une amorce ayant une extrémité 3′OH libre ; Ce sont des ARN polymérases capables d’initier la synthèse
— activité exonucléase 3′ → 5′ de relecture (proofreading ) ayant d’ARN à partir de promoteurs phagiques (T3, T7). Elles permettent
pour but d’éliminer toute base incorporée par erreur dans le brin la synthèse de grandes quantités d’ADNc à partir des séquences
d’ADN en cours de synthèse ; d’ADN liées à ces promoteurs pour des études, par exemple, de
— activité exonucléase 5′ → 3′ ayant pour but d’éliminer les maturation de l’ARNm.
nucléotides à partir de l’extrémité 5′ des ADN double brin.
Plusieurs ADN polymérases sont utilisées en biologie molécu-
laire selon les activités enzymatiques que l’on souhaite mettre à 2.2.3 Autres enzymes
profit.
■ ADN ligases
L’ADN polymérase I d’Escherichia coli présente les trois activités Les ligases assurent la formation d’une liaison phosphodiester
enzymatiques, en revanche le fragment de Klenow, issu de sa entre une extrémité 3′OH libre et une extrémité 5′phosphate de
protéolyse limitée, a perdu l’activité exonucléase 5′ → 3′. L’intro- deux nucléotides. L’ADN ligase d’Escherichia coli ne peut agir que
duction de deux mutations au sein de la séquence codant le frag- si les deux extrémités sont associées de manière cohésive. Elle
ment de Klenow a permis d’obtenir une enzyme dépourvue utilise comme cofacteur le nicotinamide dinucléotide (NAD+).
d’activité exonucléasique employée pour le marquage de sondes L’ADN ligase T4 extraite de bactéries infectées par le phage T4 est
(random priming ). capable d’effectuer des « ligations » entre deux ADN présentant
Les T4 et T7 ADN polymérases isolées à partir des bactériopha- des bouts francs ou des bouts collants. Elle utilise l’ATP comme
ges T4 et T7 présentent des activités polymérasiques et 3′ → 5′ cofacteur.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 315 − 5
ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES _______________________________________________________________________________________________________

■ Nucléases de manière spécifique sur la séquence complémentaire. Une étape


de lavage est nécessaire afin d’éliminer des fixations non spécifiques
La nucléase S1 est une endonucléase dégradant l’ADN simple de la sonde. Ces lavages se font en solutions plus ou moins
brin et, à forte concentration, l’ADN double brin. Elle permet de stringentes (les solutions riches en sels sont peu stringentes et les
générer des extrémités à bouts francs à partir d’extrémités à bouts solutions pauvres en sels sont stringentes). Une solution stringente
collants générées par une enzyme de restriction lors des manipu- déstabilise les séquences appariées. La révélation du signal est
lations de clonage. ensuite fonction du type de sonde utilisée (autoradiographie,
chimiluminescence...).
■ DNase I
Cette technique permet de mettre en évidence des remanie-
Endonucléase clivant l’ADN simple ou double brin, elle agit ments de l’ADN (délétions, insertions, inversions), d’effectuer des
préférentiellement après une pyrimidine en libérant des extrémités cartographies de restriction. Cette méthode semi-quantitative per-
3′OH et 5′phosphate libres. Cette enzyme est utilisée pour le met une approche du dosage génique.
marquage des sondes par « nick translation » c’est-à-dire par
création de cassures (nicks ) au sein de l’ADN double brin. Elle est
également utilisée pour l’analyse des gènes actifs de la chroma-
tine.
2.4 Le Northern blot
Cette technique dérivée du Southern blot est adaptée à l’analyse
■ Transférases
d’un ARN particulier au sein de l’ARN total.
Ce sont des enzymes permettant l’addition de déoxynucléotides Au cours d’un Northern blot, les ARN totaux d’un tissu sont
à l’extrémité 3′OH libre des molécules d’ADN. Elles sont utilisées séparés selon leur taille par électrophorèse dans un gel d’agarose
pour ajouter des séquences homopolymériques à l’extrémité dénaturant suivie d’un transfert sur une membrane inerte. Les ARN
d’ADNc et de vecteurs mais également pour marquer une sonde totaux ne sont pas digérés avant électrophorèse, leur taille étant
en 3′. compatible avec une migration dans l’agarose. D’autre part, l’élec-
trophorèse est réalisée en milieu dénaturant (formaldéhyde) pour
■ Phosphatase alcaline éliminer les liaisons hydrogène éventuelles entre molécules ou au
sein des molécules d’ARN.
Extraite de bactéries ou de muqueuses intestinales de bovins, la
phosphatase alcaline permet l’hydrolyse du phosphate en 5′ de L’utilisation d’une sonde moléculaire spécifique complémentaire
l’ADN, ARN ou nucléotide libre créant ainsi une extrémité 5′OH. de l’ARN recherché permet de révéler, après autoradiographie de
Empêchant ainsi toute action ultérieure de ligase, elle est utilisée la membrane, une ou plusieurs bandes dans le cas de transcrits
en particulier au cours des manipulations de clonage pour éviter la multiples.
recircularisation des molécules recombinantes. Cette enzyme Cette technique permet de mettre en évidence l’absence ou la
permet également d’éliminer un phosphate en 5′ avant marquage diminution d’un ARNm (réarrangements majeurs, mutation du
des acides nucléiques par la T4 polynucléotide kinase. promoteur, anomalie de la transcription ou transcrit instable), d’en
déterminer la taille normale ou anormale en cas de mutation
■ Kinases d’épissage par exemple.
Extraite de bactéries infectées par le phage T4, la T4 polynucléo-
tide kinase transfère le phosphate en γ d’un ATP sur l’OH en 5′ d’un
polynucléotide. Les applications sont donc la phosphorylation en 5′ 2.5 PCR, RT-PCR
et le marquage en 5′ lorsque l’ATP utilisé comme donneur de
groupement phosphate est marqué en γ (γP 32ATP, γ S35ATP). La technique de polymérisation en chaîne (Polymerase Chain
Reaction ou PCR) consiste en une amplification in vitro d’une
courte séquence d’ADN située entre deux oligonucléotides de
synthèse d’environ 20 nucléotides (encore appelés amorces
2.3 Le Southern blot ou primers) grâce à l’utilisation d’une ADN polymérase thermo-
stable : la Taq polymérase. Il s’agit d’une technique majeure de bio-
Cette méthode a été décrite pour la première fois en 1975 par logie moléculaire permettant l’obtention d’une grande quantité de
Edwin Southern. Le Southern blot permet l’étude d’un fragment matériel nucléique à partir d’une séquence d’ARN ou d’ADN dont
d’ADN particulier au sein du génome après transfert des frag- on ne possède que des quantités infimes.
ments d’ADN d’un gel d’électrophorèse sur une membrane. Les
fragments d’ADN sont ainsi immobilisés et peuvent ensuite être En pratique, les acides nucléiques doivent dans un premier
étudiés. Les principales étapes de cette technique sont présen- temps, être extraits des échantillons à analyser (§ 1).
tées figure 3. ■ L’ensemble de la réaction d’amplification est constitué d’une suc-
Dans un premier temps, l’ADN génomique double brin de haut cession d’une trentaine de cycles, eux-mêmes constitués de trois éta-
poids moléculaire est digéré par une ou plusieurs enzymes de pes (figure 4) :
restriction. Les fragments de différentes tailles sont alors séparés — 1) une étape de dénaturation par la chaleur de l’ADN double
par électrophorèse en gel d’agarose (0,7 % en général). De nombreux brin afin de générer des simples brins. Le mélange réactionnel est
fragments étant présents, la visualisation du gel sous UV après addi- chauffé à 95 oC pendant environ 1 min ;
tion de bromure d’éthydium donne un aspect de frottis (smear ). Cet — 2) une étape d’hybridation des amorces complémentaires des
aspect permet de s’assurer d’une bonne digestion de l’ADN. Le gel séquences encadrant la région à amplifier, chacune se fixant à un
d’agarose est ensuite soumis à un traitement alcalin pour dénaturer brin d’ADN, dans des polarités opposées. On se place alors dans
les fragments d’ADN double brin en ADN simple brin. L’ADN est des conditions de renaturation (aux alentours de 55 oC) ce qui permet
ensuite transféré (blot ) par un phénomène de capillarité sur un l’hybridation immédiate et spécifique des oligonucléotides avec
support solide (membrane de nitrocellulose ou de Nylon). En leurs séquences complémentaires. Ces oligonucléotides sont
présence de soude, la fixation de l’ADN à la membrane s’effectue présents à des molarités au moins 10 fois supérieures à celle de leurs
de manière covalente. La membrane subit alors un premier traite- séquences cibles. Dans ces conditions, l’hybridation est pratique-
ment, la préhybridation, afin de saturer les sites de fixation non ment instantanée ;
spécifiques de la sonde sur la membrane. Lors de l’étape d’hybrida- — 3) une étape de polymérisation au cours de laquelle les brins
tion, la sonde marquée (radioactive ou froide) est ajoutée et s’hybride matrices sont recopiés à partir de chacune des deux amorces par

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 315 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
_______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES

ADN total Sonde d’ADN

Digestion par Marquage de la sonde


une enzyme de restriction (ex : radioactivité)

Haut PM
Électrophorèse Dénaturation de la sonde double brin
des produits de
digestion

Bas PM
+
Hybridation de la sonde monobrin et
de l’ADN immobilisé sur la membrane
Dénaturation alcaline

Transfert sur membrane


nitrocellulose ou Nylon

Lavage de l’excès de sonde


+ révélation (ex : autoradiographie)

9 kb
7 kb

Figure 3 – Les différentes étapes du Southern blot

une ADN polymérase ADN dépendante, la Taq polymérase en pré- pond à un rendement idéal de 100 % pour chaque réaction ce qui
sence de Mg2+ et des 4 dNTPs. La Taq polymérase, extraite de la est rarement le cas.
bactérie Thermus aquaticus, présente la particularité d’être ther- En fait, le rendement moyen des réactions d’élongation est de
mostable, de pouvoir fonctionner à haute température (72 oC) et de l’ordre de 50 %. Si l’on appelle X le facteur d’amplification, Y le
supporter le chauffage à 95 oC. Cette première étape double le nom- nombre de copies initiales de la séquence cible et R le rendement,
bre des séquences cibles. on a X = Y (1 + R )n. Chaque cycle dure environ 3,5 min, ce qui
Après cette élongation, le mélange est à nouveau chauffé à 95 oC signifie qu’une amplification peut être effectuée en 2 heures.
pour dénaturer à nouveau l’ADN, puis replacé dans des conditions Ce processus est aisément automatisable, et de nombreuses
d’hybridation. Les oligonucléotides vont à nouveau s’hybrider à machines effectuant les cycles de dénaturation /élongation en
leurs séquences complémentaires et l’ADN polymérase va recopier continu existent déjà. L’utilisation d’une ADN polymérase thermo-
l’ensemble des matrices à partir des amorces, dupliquant ainsi les stable (Taq polymérase) permet d’effectuer les amplifications en
deux séquences obtenues lors de l’étape précédente. Après ces chaîne, sans que l’enzyme soit dénaturée par les très hautes
deux premiers cycles, la séquence recherchée, encadrée par les températures atteintes lors de l’étape de dénaturation. Les élonga-
deux oligonucléotides, aura été synthétisée en quatre exemplaires. tions à température élevée augmentent également le rendement
Après n cycles, la concentration en séquence cible sera multi- de la réaction en supprimant la majorité des structures secondai-
pliée par 2 n. Ainsi, après 30 cycles, le facteur d’amplification sera res de l’ADN, réduisant ainsi d’autant les risques d’arrêt préma-
de 2 30. Cette valeur est cependant purement théorique, et corres- turé de l’ADN polymérase.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 315 − 7
ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES _______________________________________________________________________________________________________

5’ 3’
3’ 5’ ADN double brin
Dénaturation (95 °C)
5’ 3’
ADN simple brin
3’ 5’

Cycle 1 Hybridation des oligonucléotides ( 55 °C)


5’ 3’

3’ 5’
Élongation (72 °C)

5’ 3’
Synthèse de brins
complémentaires
3’ 5’
Dénaturation ( 95 °C)
Hybridation des oligonucléotides ( 55 °C) Cycle 2
Élongation (72 °C)
5’ 3’

3’ Brins néoformés servant de


3’ matrice au cycle suivant

3’ 5’

5’ 3’
3’
3’
3’
3’
3’ 5’
Cycle 3

5’ 3’
3’
Cycle 2 à n

3’
3’

3’

3’ 5’

5’ 3’
3’
3’

3’
3’

3’
3’
3’ 5’

Cycle n

Les rectangles bleu pâle correspondent aux oligonucléotides hybridés lors de chaque cycle. Les fragments néoformés représentés en pointillé correspondent
aux fragments de taille attendue. Au dixième cycle, 98 % des molécules présentes ont une taille identique, déterminée par la position des oligonucléotides.
L’automatisation permet l’enchaînement de plus de 30 cycles en quelques heures.

Figure 4 – Représentation des trois premiers cycles d’une PCR

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 315 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
_______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES

490 nm 520 nm
490 nm

Quenching
FAM TAMRA FAM

TAMRA
Polymérisation
Taq polymérase
Activité 5’-3’ exonucléasique

470 nm
470 nm 640 nm

530 nm FRET
FITC
FITC Red
Hybridation

Red

470 nm

530 nm
SG 470 nm

SG SG SG SG
SG

SG

Polymérisation
SG SG SG

a Chimie TaqMan®.
Cette technologie met à profit l’activité 5’→ 3’ exonucléasique de la Taq polymérase. Au cours de la PCR et lors de l’étape d’hybridation, la sonde
doublement marquée est non fluorescente (quenching de la fluorescence du fluorophore rapporteur, FAM, par le fluorophore quencher, TAMRA).
Lors de l’étape de polymérisation la sonde est dégradée par la Taq polymérase. Le fluorophore rapporteur libre émet alors un signal après excitation.
Ce signal de fluorescence est enregistré à la fin de l’étape de polymérisation.

b Sondes d’hybridation.
Lors de l’étape d’hybridation, les deux sondes sont fixées sur le brin matrice et sont séparées par une à trois pb. Après excitation, le fluorophore (FITC)
en 3’ de la première sonde émet une quantité d’énergie capable d’exciter le fluorophore (Red 640) en 5’ de la deuxième sonde.
L’émission du signal à 640 nm est enregistrée à la fin de l’étape d’hybridation.

c Utilisation du SYBR® Green (SG).


En présence d’ADN double brin, le SYBR‚ Green se « glisse » au niveau des sillons d’ADN. Il émet alors une fluorescence à 530 nm après excitation à
470 nm. L’enregistrement de la fluorescence s’effectue après polymérisation.

Figure 5 – Représentation des différents types de fluorescence utilisés pour la PCR en temps réel

■ Il est également possible d’amplifier des séquences d’ARN par ■ Une fois les réactions d’amplification effectuées, il est néces-
RT-PCR en faisant précéder la réaction d’amplification proprement saire dans un premier temps de vérifier la qualité du produit
dite par une réaction de transcription inverse grâce à une transcrip- obtenu ce qui est facilement réalisable après électrophorèse en gel
tase inverse (ou Reverse Transcriptase, RT) qui transforme l’ARN, d’acrylamide ou d’agarose et coloration par le bromure d’éthydium
difficilement manipulable, en ADNc simple brin qui sera recopié au (figure 1, § 2.1). Il est également possible de détecter la séquence
cours du premier cycle d’amplification. On peut citer à titre d’exem- recherchée en utilisant des sondes radioactives ou des sondes
ple la mise en évidence de transcrits illégitimes qui ne peuvent être froides stables selon des technologies immuno-enzymatiques clas-
étudiés par aucune autre technique étant donné leur très faible siques.
niveau d’expression.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 315 − 9
ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES _______________________________________________________________________________________________________

2.6 Application de la PCR à l’analyse


quantitative : la PCR en temps réel
Produit de PCR dénaturé
Le développement de la PCR a également révolutionné le 3’ ACTGCTAGCGATGAG
domaine de la quantification des acides nucléiques. La PCR quanti- 5’
amorce Extension d’amorce par
tative repose sur l’exploitation de la cinétique de la réaction. Der- l’ADN polymérase
nière née des méthodes de quantification, la PCR en temps réel est Incorporation aléatoire
réalisée grâce à un appareillage permettant de suivre en continu de ddNTP fluorescents
l’apparition des produits d’amplification grâce à l’émission d’une
quantité de fluorescence proportionnelle à la quantité de produits 3’ ACTGCTAGCGATGAG
formés elle même dépendant de la quantité de cible présente dans 5’ T
l’échantillon à analyser. TG
Plusieurs chimies peuvent être utilisées pour générer un TGA
niveau de fluorescence détectable (figure 5) : TGAC
— le FRET (Fluorescence Resonance Energy Transfer) mis à pro- TGACG
fit dans l’utilisation de sondes d’hybridation et de sondes d’hydro- TGACGA Obtention de fragments
lyse (TaqMan) ; TGACGAT fluorescents
de différentes tailles
— l’incorporation de SYBR Green, agent intercalant de l’ADN TGACGATC
émettant à 530 nm. TGACGATCG
TGACGATCGC
L’émission de fluorescence est enregistrée à chaque cycle ce
TGACGATCGCT
qui permet de tracer une courbe reflétant la cinétique de la réac-
TGACGATCGCTA
tion et de déterminer le cycle exact de démarrage de la phase
exponentielle. La précocité de ce cycle est directement propor- TGACGATCGCTAC
tionnelle à la quantité de cible présente dans l’échantillon à quan- TGACGATCGCTACT
tifier. TGACGATCGCTACTC

Il est donc possible d’établir une droite d’étalonnage à l’aide de


solutions de concentrations connues et de doser ainsi une solution Électrophorèse
de concentration inconnue. Gel de polyacrylamide
dénaturant
Plusieurs appareils sont actuellement disponibles sur le
marché : –
C
— le « Sequence Detection System 7700 » (PE Biosystems) qui T
C Hauts poids moléculaires
utilise la configuration classique de cyclers de cette firme associée A
à 96 fibres optiques permettant l’enregistrement par une caméra T
C
CCD de l’émission d’une fluorescence générée à partir d’une G
source laser ; C
T
— le « LightCycler » (Roche Diagnostics) : la réaction d’ampli- A
G
fication est réalisée en capillaires de verre. L’excitation des fluo- C
+ A
rophores s’effectue grâce à une source d’énergie dans le visible
G Bas poids moléculaires
et la mesure de la fluorescence s’effectue par spectrofluorimétrie. Laser T
Conçue initialement pour la quantification, cette technologie
s’applique également à l’analyse qualitative des acides nucléiques Détection des fragments
fluorescents
par l’utilisation de sondes ou d’amorces spécifiques de fragments Analyse électronique du
d’ADN sauvages ou mutés. signal par l’appareil de
séquençage
AC T GC T AGC GAT GAG

2.7 Séquençage
Les méthodes chimiques de séquençage de l’ADN utilisant les
modifications chimiques spécifiques de base et le clivage secon-
daire de l’ADN ont longtemps été employées (technique de Maxam
Gilbert, 1977).
Actuellement, l’essentiel du séquençage de l’ADN est réalisé
Figure 6 – Principe du séquençage automatique de l’ADN
grâce à la technique enzymatique rapportée par Sanger en 1977. La
utilisant les ddNTPs fluorescents
matrice d’ADN permettant le séquençage est un ADN simple brin
généré à partir d’un produit PCR ou par clonage dans un vecteur adé-
quat (M13) d’un fragment d’ADN génomique ou d’ADNc. La Taq
polymérase réalise la synthèse d’un nouveau brin en présence d’un
oligonucléotide, de dNTPs, de didéoxynucléotides (ddNTPs) La réaction de séquençage est effectuée en utilisant une
analogues aux dNTPs normaux mais différents en ce qu’ils ne concentration en ddNTP nettement inférieure à celle de son ana-
possèdent pas de groupement hydroxyle en position C3′ du logue normal dNTP et la terminaison de chaîne survient au
déoxyribose. Les ddNTPs sont incorporés dans la chaîne d’ADN en hasard au niveau de toutes les positions contenant la base en
croissance en formant une liaison phosphodiester entre leur C5′ et le question. À la fin de la réaction, une collection de fragments
C3′ du nucléotide précédemment incorporé. Le ddNTP incorporé d’ADN de tailles différentes est obtenue avec une extrémité 5′
dépourvu d’hydroxyle en C3′ entraîne un arrêt de la synthèse de la commune (l’oligonucléotide) et une extrémité 3′ variable se ter-
chaîne. minant par un ddNTP.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 315 − 10 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
_______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES

Les fragments qui diffèrent en taille, même par un seul nucléo- diffèrent selon que le gène a été ou non cloné, identifié, et que
tide peuvent être séparés par électrophorèse en gel de polyacryla- la mutation en cause est connue ou non. Néanmoins il y a une
mide dénaturant. condition préalable commune à toutes les stratégies : aucune
Les fragments de tailles différentes peuvent être détectés en exploration génomique ne peut être envisagée si la maladie n’a
utilisant des ddNTPs marqués ou des oligonucléotides marqués. pas été déjà solidement diagnostiquée.
Les méthodes traditionnelles de séquençage utilisaient un mar- Il existe deux types de méthodes d’analyse génotypique : les
quage par des radio-isotopes. Ces dernières années, une amélio- méthodes directes qui mettent en évidence la lésion génétique
ration majeure a eu lieu avec le développement de techniques elle-même et les méthodes indirectes qui utilisent des marqueurs
automatisées permettant le séquençage fluorescent de l’ADN. Ces polymorphes.
techniques utilisent des amorces ou des ddNTPs auxquels sont cou-
plées des molécules fluorescentes. Le marquage des 4 ddNTPs par
4 fluorophores différents permet de réaliser le séquençage en une
seule réaction. Les fragments d’extension sont donc marqués en 3.1 Diagnostic direct
3′ par incorporation de ddNTPs fluorescents (dye terminators ). Les
fragments d’extension sont séparés par électrophorèse sur gel de La mise en évidence d’une lésion génomique est de difficulté
polyacrylamide. En cours d’électrophorèse, des données brutes variable selon la nature du gène et le type de lésion. Dans tous les
sont générées dans l’appareil de séquençage semi-automatique cas, pour explorer directement un gène, il faut disposer d’une
par la détection en temps réel des fragments fluorescents résultant sonde clonée spécifique de ce gène (sonde d’ADN génomique
de la réaction de séquençage après excitation des fluorophores par cloné ou d’ADNc) ou en connaître la séquence normale, soit pour
un laser bichromatique. Les signaux de fluorescence sont ensuite synthétiser une oligosonde spécifique, soit pour amplifier par PCR
digitalisés puis transmis à une unité informatique qui permet le segment génomique où siège la lésion.
l’enregistrement, le traitement et enfin le stockage des données
brutes. Après traitement, les données de la séquence sont visua-
lisées ou imprimées sous forme d’électrophorégramme (figure 6). 3.1.1 Détection de mutations connues
■ Les différents types de mutations
La pathologie moléculaire d’un gène connu recouvre l’ensemble
3. Application à l’analyse des mécanismes qui peuvent conduire à l’extinction ou à la modi-
fication de son expression. Ces mécanismes vont dépendre de la
moléculaire : l’identification nature de la mutation de la séquence nucléotidique de ce gène
(figure 7). Ces mutations peuvent être classées de la façon sui-
des mutations vante.
● Mutations ponctuelles

Depuis l’avènement de la PCR, de nombreuses stratégies dia- Elles sont constituées par le remplacement d’un nucléotide par
gnostiques se sont développées dans le but d’identifier les muta- un autre. Leur effet dépend de leur localisation au sein du gène.
tions à l’origine de pathologies héréditaires. Ces stratégies Elles peuvent se produire :

Site d’initiation
de la traduction
Site d’initiation
de la transcription
Séquences en amont STOP Site de
ATG polyadénylation
CAAT TATA

5’ 3’

5’UTR 3’UTR

anomalie de la polyadénylation
mutation du codon stop
absence d’épissage
site 3’ alternatif d’épissage
site 5’ alternatif d’épissage
absence d’épissage
mutations faux sens, non sens, décalage du cadre de lecture, site alternatif d’épissage
anomalie de l’initiation de la traduction
modification quantitative de l’expression

Les exons sont représentés par des rectangles bleus et séparés par les introns.
Une partie du premier et du dernier exon est non codante : UTR (UnTranslated Region)

Figure 7 – Principales mutations ponctuelles pouvant toucher un gène et leurs conséquences (d’après [2])

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 315 − 11
ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES _______________________________________________________________________________________________________

— au sein de séquences régulatrices en amont du gène,


MW wt P M E perturbant la régulation de la transcription de l’ARNm en abon-
dance ;
— au niveau des régions codantes : mutations au niveau du codon
d’initiation de la traduction ; mutations faux sens entraînant la
160 pb substitution d’un acide aminé par un autre ; mutations non sens
140 pb
introduisant un codon Stop prématuré ; mutations faisant dispa-
raître un codon Stop normal ce qui conduit à un allongement de
la protéine issue de la traduction du messager ;
— au niveau des introns : mutations au niveau des séquences
Père Mère consensus d’excision-épissage, entraînant soit la délétion d’une
partie d’un exon, soit la rétention d’un fragment intronique au
niveau de l’ARNm entraînant le plus souvent l’absence de protéine
ou la présence de protéines largement tronquées par décalage du
cadre de lecture ;
Enfant — dans des régions en aval du gène, perturbant l’arrêt de la
transcription ou encore la stabilité de l’ARNm.
P père wt témoin sauvage
M mère (non porteur de la mutation) ● Mutations modifiant le nombre de nucléotides
E enfant MW marqueur de taille Insertions ou délétions de petite taille : de petites insertions ou
atteint de de petites délétions (inférieures à quelques dizaines de nucléo-
la maladie tides) peuvent modifier considérablement l’expression d’un gène.
Lorsque la mutation est présente, le produit PCR de 160 pb est digéré En effet, si la taille de ces microremaniements n’est pas multiple
par l’enzyme de restriction en deux fragments de 20 et 140 pb. de 3 bases, le décalage de la phase de lecture de l’ARNm (muta-
tion frameshift ) qui en résulte conduit le plus souvent à l’appari-
Figure 8 – Recherche de l’origine parentale d’une mutation tion d’un Stop prématuré. Lorsque la taille du réarrangement est
ponctuelle après digestion enzymatique du produit d’amplification multiple de 3 bases, la protéine aura perdu ou acquis une série
par PCR d’acides aminés entraînant parfois la modification de sa fonction.

ADN génomique normal ADN génomique muté

Oligosonde normale Oligosonde mutée Oligosonde normale

ADN normal ADN normal ADN muté ADN muté

Lavage contrôlé Lavage contrôlé

ADN normal ADN normal ADN muté ADN muté

Autoradiographie Autoradiographie

Signal présent Signal absent Signal présent Signal absent


Allèle normal Allèle muté
La version normale de la sonde ne peut s’hybrider qu’avec l’allèle normal. Réciproquement, la version mutée de la sonde ne peut s’hybrider qu’avec
l’allèle muté. Les hybridations croisées ne sont pas stables par suite de mauvais appariement (mismatch) entre bases non complémentaires.

Figure 9 – Principe de la détection d’une mutation ponctuelle par oligosonde de synthèse (méthode dite ASO) (d’après [2])

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 315 − 12 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
_______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES

Insertions ou délétions de grande taille : elles vont naturelle-


ment modifier profondément l’expression d’un gène, supprimant Séquence normale (sauvage)
par exemple une série d’exons.
EcoRI
■ Détection des mutations ponctuelles
● Modification de la carte de restriction
Le diagnostic direct par modification de la carte de restriction Sonde
concerne les mutations qui abolissent un site de restriction pré-
existant ou qui créent un nouveau site. La probabilité d’une telle 1,5 kb 3,5 kb
situation est relativement faible mais lorsque la coïncidence existe,
elle facilite considérablement le diagnostic, puisqu’une simple Séquence inversée (mutée)
digestion par l’enzyme suffit à fournir la réponse.
Cette méthodologie nécessitait autrefois la mise en œuvre d’un
Southerm blot ce qui pouvait prendre plusieurs jours. Actuelle-
ment, les digestions s’effectuent après amplification par PCR de
la séquence d’intérêt. Une simple électrophorèse en agarose suivie
d’une coloration par le bromure d’éthydium permet de visualiser
directement la présence ou l’absence de coupure (figure 8). 3 kb 2 kb
L’avènement de la PCR a permis de développer un certain nom-
bre de techniques permettant de créer ou d’abolir un site lorsque PM S M H
la mutation ne modifie pas naturellement la carte de restriction. –
On peut citer à titre d’exemple l’ACRS (Allele Created Restriction
Site ). Un site de restriction est créé artificiellement dans le produit 7 kb
d’amplification en utilisant une amorce modifiée positionnée juste
avant le site susceptible d’être muté. Cette amorce a subi une modi-
fication de séquence telle qu’un site de restriction est créé dans
le produit d’amplification normal, et aboli dans le produit d’ampli- 4 kb
fication muté ou inversement. 3,5 kb
● Techniques basées sur la spécificité de l’hybridation
3 kb
Diagnostic direct par hybridation spécifique : Allele Specific
Oligoprobe (ASO) : on utilise des oligosondes d’une vingtaine de
nucléotides, internes par rapport aux amorces d’amplification, et 2 kb
Sens de migration
dont la séquence est spécifique de l’allèle recherché. L’hybridation
est réalisée après immobilisation sur filtre (figure 9). +
Amplification Refractory Mutation System (ARMS) : une autre
approche consiste à amplifier spécifiquement l’allèle muté (ou H hétérozygote
sauvage) en utilisant des oligonucléotides s’hybridant de manière M allèle muté
spécifique sur l’un des deux allèles. PM poids moléculaire = marqueur de taille
Oligonucleotide Ligation Assay (OLA) : deux types d’oligonu- S sauvage
cléotides de synthèse sont choisis pour correspondre, lorsqu’ils
sont placés bout à bout, à une séquence continue chevauchant la Figure 10 – Mise en évidence d’une inversion par la méthode
mutation recherchée. En l’absence de mutation, l’hybridation de Southern
parfaite des deux oligonucléotides permet l’action d’une ligase.
En présence de la mutation, l’hybride formé avec le second oligo-
nucléotide est imparfait et la ligase ne peut agir. La différence de Il est également possible de caractériser une délétion de grande
taille des oligonucléotides liés ou non est observée après électro- taille par PCR dans la mesure où l’on possède des oligonucléotides
phorèse. flanquant cette délétion. Dans le cas des insertions, soit l’insertion
est de taille modérée (inférieure à 1-2 kb) et le produit d’amplifica-
■ Mutations modifiant le nombre de nucléotides tion présentera une taille supérieure à la taille attendue, soit l’inser-
Les délétions, insertions, duplications, inversions de grande tion est de grande taille et l’amplification de l’ADN ne sera pas
taille sont en général faciles à mettre en évidence par la méthode possible dans les conditions classiques de réaction.
de Southern (figures 10 et 11).
Pour les délétions, il existe deux cas de figure. Dans le premier
cas, le territoire de l’ADN génomique exploré par la sonde ou 3.1.2 Détection de mutations inconnues
par la PCR est délété en totalité, et il s’ensuit une abolition du
La mise en évidence de mutations inconnues, surtout au sein
signal normal lorsque la délétion se retrouve à l’état homo-
de gènes de grande taille, utilise des techniques de screening qui
zygote. Si la délétion ne porte que sur un seul chromosome, elle
permettent de repérer l’emplacement de la mutation dans le gène
ne se traduit que par un affaiblissement du signal qui peut être
afin de limiter l’étape ultime de séquençage qui identifie la muta-
difficile à mettre en évidence et oblige à recourir à un dosage
tion. On peut citer à titre d’exemple les suivantes.
génique par comparaison de l’intensité du signal d’hybridation
avec celui donné par une sonde explorant un gène témoin. ■ Électrophorèse en gradient de dénaturants (DGGE : Dena-
Dans le second cas de figure, le territoire exploré par la sonde turing Gradient Gel Electropheresis)
est partiellement délété. Cette anomalie provoque dans tous les Cette technique repose sur le principe suivant : les variations de
cas une perturbation du fragment de l’ADN génomique hybridant séquence dans un segment d’ADN peuvent affecter la température
avec la sonde. de fusion d’un domaine donné. On peut comparer la séquence où
Ces considérations méthodologiques imposent de choisir avec l’on recherche une mutation à une séquence de référence servant
soin la ou les sondes à utiliser, ainsi que les enzymes de restriction. d’étalon.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 315 − 13
ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES _______________________________________________________________________________________________________

paires d’ions au sein d’une colonne contenant des particules alky-


lées non poreuses. Dans des conditions dénaturantes partielles
(gradient linéaire d’acétonitrile), les hétéroduplexes formés par les
kb produits de PCR contenant une variation de séquence présentent
un temps de rétention plus faible au sein de la colonne que leurs
homoduplexes correspondants. L’identification d’échantillons pré-
sentant un polymorphisme ou une mutation est réalisée grâce à
18 l’analyse des profils d’élution. Les avantages majeurs de cette tech-
nologie sont l’automatisation, la rapidité de l’analyse (moins de
5 min par échantillon) et la taille des fragments d’ADN analysables
(jusqu’à 1 500 pb).
13,5

■ Clivage chimique des mésappariements


9,8
Après dénaturation des produits d’amplification et renaturation,
8,6
l’utilisation de réactifs chimiques permet la reconnaissance et la
modification spécifique des bases impliquées dans des mésappa-
riements. L’hydroxylamine modifie les cytosines et le tétroxyde
d’osmium les thymines. L’ADN est ensuite clivé au niveau des
Cette maladie héréditaire à transmission autosomique dominante est
bases altérées et les produits de clivage sont analysés par
due à une amplification d'un triplet CTG localisé dans la région 3' non électrophorèse.
codante du gène de la myotonine protéine kinase. Il existe une grande
variabilité de l'expression clinique de la maladie corrélée à la taille de
l'expansion du triplet CTG. Le trait pointillé délimite les formes ■ Test des protéines tronquées (PTT)
« normale » (en dessous du trait) et mutée (au-dessus du trait) du gène.
On observe l'existence d'une expansion d'environ 4 kb (1300 CTG) sur Cette technique permet de mettre en évidence les mutations
l'un des deux allèles maternels. Cette expansion a été transmise de ayant pour conséquence la synthèse d’une protéine tronquée. Elle
façon instable (accroissement de la taille de l'expansion : environ 8 kb, est basée sur la synthèse in vitro d’un ARNm « artificiel » qui est
2800 CTG) à son fils.
ensuite traduit en présence d’un lysat de réticulocytes en incorpo-
rant un acide aminé marqué. Les produits de traduction sont
ensuite analysés en gel d’acrylamide. Si le cadre de lecture de cet
Figure 11 – Caractérisation d’une expansion de triplets ARNm inclut un codon Stop, alors la protéine néosynthétisée est
nucléotidiques par Southern blot dans une famille présentant de taille inférieure à celle obtenue avec un ARNm témoin traité
une maladie de Steinert dans les mêmes conditions.

■ Séquençage direct

■ Analyse du polymorphisme de conformation de l’ADN Lui seul permet l’identification de la mutation. Il peut bien
simple brin (SSCP : Single-Strand Conformational Poly- entendu être utilisé dans tous les cas de figure mais peut se
morphism) révéler particulièrement lourd pour des gènes de grande taille et
des pathologies présentant une hétérogénéité allélique impor-
Elle repose sur le principe suivant : lorsqu’un segment d’ADN tante.
double brin est dénaturé par la chaleur puis refroidi brutalement,
les brins restent séparés. Si on les soumet ensuite à une électro-
phorèse non dénaturante, chaque brin se renature sur lui-même et
prend une conformation spécifique dépendant de sa séquence
nucléotidique et conditionnant sa migration électrophorétique. Une 3.2 Diagnostic indirect, utilisation
variation de séquence aussi minime qu’une mutation ponctuelle de marqueurs polymorphes de l’ADN
peut se manifester par une différence de conformation et donc de
migration électrophorétique par rapport à une séquence de réfé-
rence. Le diagnostic indirect par analyse de liaison avec des marqueurs
Les techniques SSCP et DGGE sont capables de révéler une polymorphes est envisagé lorsque la mutation causale n’est pas
variation de séquence dans un produit d’amplification. En cas de connue et dans la mesure où l’on connaît précisément la localisa-
résultat positif, il faudra analyser la séquence pour positionner et tion chromosomique du gène en cause. La mise en œuvre de cette
identifier la mutation. méthode suppose l’existence d’une certitude diagnostique absolue
et l’absence d’hétérogénéité génique de la maladie.
■ Analyse des hétéroduplexes Le principe du diagnostic indirect consiste à distinguer le chro-
mosome porteur du gène pathologique de son homologue normal,
Certaines mutations, en particulier les microdélétions et les non plus par détection de la lésion génomique elle-même, mais
micro-insertions, génèrent après PCR des hétéroduplexes dont la par l’étude de marqueurs localisés au voisinage de celle-ci, à une
conformation est telle qu’ils deviennent visibles après électro- distance génétique faible et connue, voire à l’intérieur du gène en
phorèse en gel non dénaturant. Par ailleurs, il existe sur le marché question. Lorsque les distances génétiques entre gène et marqueur
des gels beaucoup plus discriminants que les simples gels d’acry- sont importantes, il existe un risque de recombinaison entre le site
lamide et qui permettent de séparer les hétéroduplexes dus à de polymorphe et le site muté.
simples mutations ponctuelles.
Cette méthode fait donc appel à des marqueurs génotypiques
■ Chromatographie liquide haute performance dénaturante tels que les polymorphismes de restriction (RFLP), les minisatel-
(DHPLC) lites, les microsatellites, les polymorphismes nucléotidiques
(Single Nucleotide Polymorphism, SNP). Ces marqueurs sont dif-
Les produits de PCR sont soumis à une chromatographie liquide férents d’un individu à l’autre et sont transmissibles à la descen-
haute performance dénaturante en phase inverse par formation de dance.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 315 − 14 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
_______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES

Tableau 2 – Principales caractéristiques des différents marqueurs polymorphes


utilisés pour le diagnostic moléculaire indirect
Année de Nombre dans
Marqueurs (1) Caractéristiques Domaines d’application
découverte le génome

RFLP 1975 > 105 Marqueurs bialléliques Southern blot, PCR-RFLP

VNTR Informativité +++ Southern blot


1985 > 104
Minisatellites Regroupés aux extrémités des chromosomes

VNTR Informativité +++ PCR


1989 > 105
Microsatellites Répartition homogène dans le génome

Moins informatifs que les microsatellites PCR-RFLP


SNP 1998 > 106
Répartition homogène sur l’ensemble du génome PCR spécifique d’allèle

(1) RFLP : Restriction Fragment Lenght Polymorphisms.


VNTR : Variable Number of Tandem Repeat.
SNP : Single Nucleotide Polymorphisms.

La réalisation d’un diagnostic indirect impose d’étudier au moins


un cas index dans la famille, et de reconstituer sans ambiguïté la
phase. Ceci n’est obtenu qu’au prix d’une étude familiale parfois Taille du produit
exhaustive, et seulement si la constellation étudiée est informative. d’amplification
Certains membres essentiels pour reconstituer la phase peuvent Répétitions CA (en pb)
Amorce Amorce
faire défaut parce qu’ils sont morts ou inaccessibles, ce qui affaiblit gauche droite
plus ou moins le résultat final. 102
21
À l’informativité familiale s’ajoute l’informativité des marqueurs.
100
Plus ils sont polymorphes, meilleures sont les chances de pouvoir 20
discriminer les deux chromosomes porteurs du gène anormal et de
suivre leur ségrégation dans la famille jusqu’au sujet à explorer. 98
19
Les caractéristiques de chaque catégorie de marqueurs sont repré-
sentées dans le tableau 2. 96
18
Les marqueurs les plus informatifs sont constitués de répétitions
94
en tandem de longueur variable (Variable Number of Tandem 17
Repeat, VNTR) de type minisatellites et microsatellites.
92
Les minisatellites sont des séquences tout à fait particulières, à 16
la fois répétitives (il peut y avoir plus de 1 000 répétitions en tan-
dem, ayant en commun un motif central de 11 à 16 paires de Les amorces de PCR sont des séquences uniques situées de part et
bases), dispersées et très polymorphes. En dehors de l’hétérochro- d’autre du microsatellite. Dans cet exemple, 6 allèles allant de 25 à 20
répétitions sont indiqués avec la taille des amplimères. Ceux-ci sont en
matine des centromères, ces séquences sont dispersées sur tous général résolus par électrophorèse en gel d’acrylamide dénaturant.
les chromosomes et un certain nombre d’entre elles sont regrou-
pées au niveau des régions télomériques des chromosomes. À
chaque localisation chromosomique, les VNTR sont d’une extraor-
Figure 12 – Amplification par PCR d’un microsatellite de type CA (n)
dinaire variabilité. Ce type de séquence permet d’explorer simulta-
(d’après [2])
nément une soixantaine de loci autosomiques chez un seul
individu. Comme chacun d’entre eux est multiallélique, la probabi-
lité de rencontrer deux individus non apparentés avec un profil de
restriction identique est infime (< 10 –20 ). L’image obtenue est une L’analyse des microsatellites est systématiquement utilisée,
véritable empreinte génétique (médecine légale). simultanément au diagnostic direct des mutations, pour effectuer
Les microsatellites sont un exemple extrême de la répétition en un diagnostic prénatal (figures 13a et 13b ).
tandem où le motif de base est très court de 1 à 4 paires de bases.
Les SNP (Single Nucleotide Polymorphisms) correspondent à la
Le motif le plus fréquemment répété est la paire CA(n) ou GT(n)
dernière génération de polymorphismes. Ces polymorphismes
(figure 12). Il est rencontré en moyenne tous les 10 kb d’ADN
bialléliques correspondent non seulement aux RFLP mais également
génomique. Le nombre de répétitions ne dépasse pas une quaran-
aux polymorphismes qui ne créent ou n’abolissent pas de site de
taine et la limite inférieure des répétitions est autour d’une douzaine.
restriction. Les SNP sont localisés non seulement en dehors des
La mise en évidence du polymorphisme d’un microsatellite se fait
gènes mais également dans les gènes et en particulier au niveau
par PCR à l’aide d’amorces oligonucléotidiques situées dans les
des régions codantes (troisième base du codon). Leur utilisation se
séquences uniques flanquantes.
développe considérablement en raison de leur caractérisation faci-
Les microsatellites sont très polymorphes et donc très informa- lement automatisable à grande échelle par l’inter- médiaire des
tifs, ils sont répartis régulièrement sur l’ensemble du génome. puces à ADN.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 315 − 15
ANALYSE DES ACIDES NUCLÉIQUES _______________________________________________________________________________________________________

D7S 518 c a c b
6,8 cM
D7S 501 a d c b
0,9 cM
D7S 2459 b c a b
E3 0,8 cM
D7S 692 b a b a

110 pb
102 pb
90 pb

c b a b
a b d b
b b c b
b a a a

Il s'agit du diagnostic prénatal de la maladie de Duchenne à l’aide Des marqueurs microsatellites liés au gène E3 (dihydrolipoamide
d’un microsatellite situé dans la région promotrice du gène de la déshydrogénase localisé en 7q31-32) ont été amplifiés à partir d’ADN
dystrophine. Le fœtus porte le même allèle (102 pb) que son provenant d’un sujet atteint de déficit en E3, de ses parents, et d’ADN
oncle maternel myopathe (d'après [2]). fœtal recueilli par biopsie de trophoblaste. La comparaison des
haplotypes parentaux avec celui du cas index permet de déduire la
a diagnostic prénatal de maladie génétique récessive liée au « phase génétique ». L’allèle muté est porté par le chromosome marqué
chromosome par méthode indirecte en gras. Dans la mesure où le fœtus a reçu le chromosome portant
l’allèle morbide de sa mère et le chromosome portant l’allèle sain de
son père, il est donc hétérozygote pour la maladie.

b diagnostic prénatal de maladie génétique autosomique récessive


par méthode indirecte

Figure 13 – Exemples de diagnostic prénatal de maladie génétique

Bibliographie

Références fication, dosage et pureté d’une protéine. P 3 310 BROWN (T.A.). – Genomes. Bios scientific Publishers
(1992). Ltd (1999).
[1] BIENVENU (T.) et al. – Les techniques
KAMOUN (P.). – Appareils et méthodes en biochimie
d’extraction de l’ADN à partir d’un échantillon
et biologie moléculaire. Flammarion Médecine-
sanguin. Ann. Biol. Clin. 57, p. 77-84 (1999). Autres ouvrages Sciences (1997).
[2] KAPLAN (J.-C.) et DELPECH (M.). – Biologie
ALBERTS (B.), BRAY (D.), JOHNSON (A.), LEWIS PARFAIT (B.), AMIEL (J.) et LYONNET (S.). – Indica-
moléculaire et médecine. Flammarion Méde-
(J.), RAFF (M.), ROBERTS (K.) et WALTER (P.). – tions de l’analyse des chromosomes et de l’ADN
cine/Science (1994).
Essential cell biology : an introduction to the mole- pour le diagnostic des maladies génétiques. Pédia-
cular biology of the cell. Garland Publishing, Inc. trie 2, Collection InterMed, Doin éditeur (1999).
Dans les Techniques de l’Ingénieur, (1998). PINTO (M.). – Outils et stratégies de biologie molé-
traité Analyse et Caractérisation : culaire dans le diagnostic génotypique prénatal.
BOGARD (M.) et LAMORIL (J.). – Biologie molécu-
laire en biologie clinique, tome I méthodes. Éditions Diagnostics prénatals et biologie moléculaire.
CHÉRON (J.-M.) et al. – Analyse des macromolé- Éditions Médicales Internationales (1997).
cules biologiques et applications. Généralités. Scientifiques et Médicales Elsevier (1998).
P 3 305 (1991). STRACHAN (T.) et READ (A.P.). – Human Molecular
BONNEFONT (J.-P.), LYONNET (S.) et PARFAIT (B.). Genetics 2. Bios scientific Publishers Ltd., second
CHÉRON (J.-M.) et TROUVIN (J.-M.). – Analyse des – Étude de l’ADN chez l’enfant : rappels et nouveau-
macromolécules biologiques et applications. Identi- tés. Progrès en Pédiatrie 1. Doin (1997). edition (1999).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 315 − 16 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation

Vous aimerez peut-être aussi