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C. PONCE
Les responsabilités des constructeurs • L’assurance
Dommages ouvrage • L’assurance du risque « décennal » •
Les assurances facultatives
Christophe PONCE L’assurance construction est une des matières à 3e
Droit
de l’ assurance
maîtriser pour qui souhaite comprendre le déroulé
d’une opération de construction.
À côté du droit de l’urbanisme ou du droit de la
construction
est avocat, spécialisé
en droit immobilier, Le complément indissociable du droit de
docteur en droit privé.
Il enseigne le droit
la construction est le droit de l’assurance
de la construction construction. Cette branche du droit des assurances
et de l’assurance vise à sécuriser l’acte de construire grâce à divers
construction aux mécanismes d’assurance obligatoire, au travers
facultés de droit de de la garantie dite « Dommages ouvrage » et de
Toulon et
d’Aix en Provence.
la garantie de la responsabilité décennale des
constructeurs mais aussi de nombreuses garanties
facultatives.
L’opérateur se doit de connaître ces garanties, ce
qui lui permettra de définir ses besoins d’assurance
et d’éviter les pièges nombreux de cette matière 3e édition
en constante évolution. De même, le praticien ou • Les responsabilités des constructeurs
l’étudiant souhaitent un exposé clair et simple de
cette matière complexe. • L’assurance Dommages ouvrage
Dans sa troisième édition, cet ouvrage mis à jour
• L’assurance du risque « décennal »
répond à ces demandes ; il propose aussi à son • Les assurances facultatives
lecteur les références jurisprudentielles principales
pour acquérir une approche concrète et pratique
des sujets traités. Il fournit également les textes
légaux et règlementaires propres à l’assurance
CHRISTOPHE PONCE
construction.
Prix : 24 €
ISBN 978-2-297-03244-5
Christophe ponCe
est avocat, spécialisé en droit immobilier,
docteur en droit privé. Il enseigne le droit de la construction
et de l’assurance construction aux facultés de droit
de Toulon et d’Aix en Provence.
Droit
de l’assurance
construction
3e édition
CHRISTOPHE PONCE
MASTER
La collection de référence pour :
• les étudiants des masters de Droit, d’Économie
et de Gestion ;
• les étudiants des filières professionnelles de la
discipline traitée par chaque livre et les candidats
aux examens professionnels correspondants ;
• les professionnels en activité de ces disciplines.
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Présentation ..................................................................................................................... 5
Chapitre 1 Le cadre général du chantier ........................................... 11
§1. Les acteurs en présence .................................................................................... 12
§2. La chronologie du chantier .............................................................................. 19
§3. Une dualité de réglementation ........................................................................ 21
Partie 1
La responsabilité des constructeurs
Partie 2
L’assurance du risque construction
1
Le cadre général du chantier
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
1. Comme pour une pièce de théâtre, l’opération de construction réunit des inter-
venants qui vont agir sur la réalisation d’un ouvrage selon une chronologie bien
définie. Il y a lieu par conséquent de « poser le cadre de l’action » en évoquant les
acteurs concernés et la chronologie de l’opération de construire.
Toutefois, s’agissant de procéder à l’étude de l’assurance construction donc, d’une
certaine manière, indirectement, des responsabilités encourues par les divers entre-
preneurs architectes et susceptibles d’être garanties, il est nécessaire également de
présenter les réglementations régissant ces responsabilités. Cette présentation
permettra de se repérer dans les explications fournies dans les développements
suivants.
12 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Le maître de l’ouvrage se définit enfin comme celui qui signe les marchés de
travaux avec les divers intervenants à l’acte de construire. C’est lui qui
contracte les obligations face auxdits intervenants (obligation de payer notam-
ment) et qui bénéficie des garanties attachées à la construction.
Le maître de l’ouvrage peut parfois recourir à un maître d’ouvrage délégué qui
est le mandataire de celui qui fait construire. L’objectif est, pour celui qui fait
construire, de disposer d’une aide logistique pour le bon aboutissement du
chantier. Noter que cette hypothèse est différente de l’AMO (Assistance à
Maîtrise d’Ouvrage) qui intervient au stade de la conception du projet, pour
la prise de décision.
Toutefois, en droit privé, principalement en matière de construction
d’immeuble à usage de logement, la mise en place d’une maîtrise d’ouvrage
déléguée peut se révéler dangereuse car, si la mission confiée au maître
d’ouvrage délégué s’étend à des missions juridiques, administratives, voire
financière, il peut recouper d’autres formes de mandats très réglementés tel
que le contrat de promotion immobilière de l’article 1831-1 du Code civil
et son régime d’ordre public en secteur protégé (art. L. 222-1 et s., CCH).
En matière de maîtrise d’ouvrage publique, la difficulté viendra du fait que le
maître d’ouvrage étant investi d’une mission de service public, il ne pourra pas
déléguer sans discernement n’importe quelle prérogative du maître d’ouvrage.
La règle est ici posée par la loi MOP du 12 juillet 1985.
B. Le maître d’œuvre
6. Le maître d’œuvre est l’un des cocontractants du maître de l’ouvrage. Il est
chargé de la partie « intellectuelle » de la réalisation de l’immeuble ainsi que,
le plus souvent, d’un rôle de « chef d’orchestre » sur le chantier. Cette maîtrise
d’œuvre est assumée en général par un architecte mais, sauf cas particuliers au
stade de la demande de permis de construire, ce n’est pas systématique.
7. La mission du maître d’œuvre est variable dans son contenu :
– au minimum, le maître d’œuvre se charge d’établir et de déposer le dossier
de permis de construire, c’est-à-dire de remplir les formulaires nécessaires
et de dresser les plans (plan de situation, plan de masse, plan des façades,
etc.) exigés par le Code de l’urbanisme. Cette fonction constitue un
monopole pour les architectes (art. L. 431-1, C. urb.) sauf si l’ouvrage à
construire est à usage d’habitation et développe moins de 170 m2 de
surface hors œuvre nette ou SHON (exception prévue par les articles.
L. 431-3 et R. 431-2, du même Code) ;
– le maître d’œuvre peut également se voir confier le soin de préparer et
mettre en forme le projet. Il interviendra alors pour les esquisses,
l’avant-projet sommaire (dit APS) puis l’avant-projet définitif (APD). Le
maître d’œuvre peut également se charger de l’assistance à passation des
contrats (ACT) pour procéder aux appels d’offres auprès des entreprises.
En droit public il établira le DCE (dossier de consultation des entreprises) ;
14 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
V – Le contrôleur technique
19. À l’origine il s’agissait d’un spécialiste recruté par les compagnies d’assu-
rance pour leur permettre d’évaluer les risques liés aux techniques de construc-
tion, de façon à établir « l’assurabilité » des procédés en cause et le taux de
prime à leur appliquer.
Aujourd’hui, la loi (art. L. 111-23, CCH) lui attribue la mission de « contri-
buer à la prévention des différents aléas techniques susceptibles d’être
rencontrés dans la réalisation des ouvrages [...] notamment sur les problèmes
qui concernent la solidité de l’ouvrage et la sécurité des personnes ».
Le contrôleur technique doit faire l’objet d’un agrément par le ministère
chargé de la construction. Il passe contrat avec le maître de l’ouvrage auquel
il remet ses avis techniques en amont, pendant la phase de définition du projet
mais également pendant la construction. Il est assujetti à la responsabilité
décennale par effet de l’article L. 111-24 du CCH.
On doit distinguer (art. R. 111-26, CCH) un contrôle technique obligatoire,
applicable aux établissements recevant du public ou dont le plancher du
dernier niveau dépasse 28 mètres comptés à partir du sol et un contrôle facul-
tatif applicable aux autres hypothèses de construction et auquel les maîtres
d’ouvrage sont incités par les assureurs (application du tarif d’assurance sans
surprime).
VI – Le coordonnateur sécurité
20. Le coordonnateur intervient lui aussi sur certains chantiers les plus impor-
tants mais la logique de sa mission est très différente. Elle ne doit pas être
confondue avec la mission de suivi du chantier dévolue à l’architecte maître
d’œuvre. Le coordonnateur est en effet chargé (art. L. 4532-2, C. trav.), de
veiller à la sécurité du chantier sur lequel doivent évoluer plusieurs entre-
prises en même temps ou successivement. Son rôle est de définir les risques
encourus mais aussi de définir et planifier la démarche de prévention des
accidents à appliquer.
Le coordonnateur sécurité doit être désigné par le maître de l’ouvrage avec
lequel il passe contrat. Toutefois, le particulier faisant construire pour
lui-même n’est pas astreint à cette obligation.
A. « Le temps du chantier »
22. La première étape concerne le « temps du chantier ». Il s’agit :
– de la préparation de l’opération qui consiste en la passation d’un contrat
de maîtrise d’œuvre, élaboration et dépôt du permis de construire, défini-
tion du projet, puis établissement des plans d’exécution, appels d’offres
auprès des entreprises et conclusion des marchés, agrément par le maître
de l’ouvrage des éventuels sous-traitants ;
– de la réalisation proprement dite de l’ouvrage qui consiste, après dépôt en
mairie de la DROC (déclaration réglementaire d’ouverture du chantier),
dans l’intervention des entreprises sous la houlette du maître d’œuvre,
contrôle des travaux et rédaction par le maître d’œuvre des situations de
travaux (les factures intermédiaires) qui sont présentées pour paiement au
maître de l’ouvrage.
La phase du « temps du chantier » obéit au droit commun des contrats (sous
réserve de l’hypothèse où l’opération relève d’une réglementation spécifique
telle que le contrat de construction de maison individuelle par exemple).
B. L’issue du chantier
23. Dans la grande majorité des cas (et c’est heureux !), les travaux aboutissent
à la réalisation de l’ouvrage commandé par le client maître de l’ouvrage. Les
intervenants à l’acte de construire vont alors mettre à la disposition du maître
le résultat de leurs travaux.
C’est la formalité de la réception des travaux par laquelle le client, après avoir
effectué le tour du propriétaire, accepte les travaux, les « reçoit ».
Cette phase du chantier est de nos jours régie par la loi spéciale au droit de la
construction : la loi du 4 janvier 1978 qui a été intégrée au Code civil pour sa
partie traitant des responsabilités des constructeurs (art. 1792-6, C. civ.).
C. Le temps des garanties
24. Cette période est de loin la plus connue du public. Elle prend naissance à
compter de la réception et comporte 3 garanties spécifiques :
– la garantie de parfait achèvement (GPA) qui s’étend sur une année après
la date de la réception (art. 1792-6, C. civ.) ;
– la garantie de bon fonctionnement, héritière de la garantie biennale dont
la durée est désormais de deux ans minimum comptés à partir de la récep-
tion (art. 1792-3, C. civ.) ;
– la responsabilité civile décennale enfin, qui s’applique aux désordres
cachés les plus graves pour les dix années suivant la réception des
travaux (art. 1792, 1792-1, 1792-2, 1792-4, C. civ.).
Comme la formalité de la réception, les garanties légales applicables après la
mise en service de l’immeuble sont régies par la loi spéciale du 4 janvier
1978. C’est aux articles 1792 et suivants du Code civil que l’on trouvera les
règles applicables à ces diverses garanties.
CHAPITRE 1 – LE CADRE GÉNÉRAL DU CHANTIER 21
traitement des litiges de construction. En effet, les solutions passaient par la voie
judiciaire sur le seul terrain des responsabilités encourues par les professionnels.
Dans un second temps, le rapporteur émettait un certain nombre de proposi-
tions de réformes tant en matière de responsabilité qu’en ce qui concerne
l’assurance.
Les deux points principaux en étaient sans nul doute, au plan des responsabi-
lités, la distinction entre la « fonction construction » et « la fonction équipe-
ment ». La première, englobant les tâches de réalisation sur site de l’ouvrage,
était vouée à un traitement spécifique des responsabilités, elles-mêmes large-
ment objectivées. La seconde était quasiment renvoyée à un traitement de
type droit commun dès lors qu’il s’agissait d’une production somme toute
presque exclusivement industrielle.
Au plan de l’assurance, qui nous intéresse ici au premier chef, l’idée d’un
découplage de la réparation des dommages et du traitement des responsabilités
était recommandée, ce découpage étant réalisé par un très astucieux recours à
l’assurance de chose.
C’est sur cette base qu’a été rédigée puis adoptée la loi 78-12 du 4 janvier
1978 qui réforme les deux domaines de la responsabilité des constructeurs et
de l’assurance qui leur est associée. Certes, la loi n’a pas retenu l’ensemble des
propositions de M. Spinetta. On trouvera également quelques interprétations
regrettables des bonnes idées du rapporteur : il en est ainsi par exemple de la
notion d’EPERS (Élément Pouvant Entraîner une responsabilité Solidaire ;
cf. infra, no 113) qui s’inspire de façon maladroite du concept de « fonction
équipement » mais avec des conséquences de droit que le législateur n’a claire-
ment pas identifiées lors du vote de la Loi.
Cette loi – qui va faire l’objet des principaux développements du présent
ouvrage – a été, pour ce qui concerne les responsabilités, intégrée au Code
civil aux articles 1792 et suivants, et reprise aux articles L. 111-12 et suivants
du Code de la construction. Le contrôle technique constitue le troisième et
dernier axe de la réforme.
Cités sommairement, les apports de la réforme sont nombreux :
– la loi définit précisément la réception et en fournit le modus operandi ;
– elle supprime la distinction entre menus et gros ouvrages au profit d’une
approche « fonctionnelle » des garanties et responsabilités dès lors que le
désordre induit une atteinte à la solidité ou à l’usage normal (la « destina-
tion ») de l’ouvrage ;
– elle crée un mode légal de parachèvement des ouvrages après réception ;
– elle crée une véritable assurance construction adaptée à ses objets ;
– elle réforme (sans doute insuffisamment) le statut et le rôle du contrôleur
technique.
Toutefois, malgré les incontestables avancées de la loi, on peut regretter avec
la doctrine la subsistance d’une certaine lourdeur voire complexité de ce texte
qui est parfois difficile à mettre en œuvre.
CHAPITRE 1 – LE CADRE GÉNÉRAL DU CHANTIER 23
La loi du 4 janvier 1978 est entrée en vigueur le 1er janvier 1979. Elle n’a fait
l’objet que de peu de réformes en ce qui concerne la matière de la responsabi-
lité des constructeurs : une loi du 19 décembre 1990 est simplement intervenue
pour étendre le caractère d’ordre public de ce texte à la garantie de parfait
achèvement. Plus récemment, une importante ordonnance2 a supprimé le
mot « bâtiment » (qui est à l’origine de multiples difficultés en matière d’assu-
rance construction, cf. infra, nos 121 et 143) du libellé des articles 1792-2 et
1792-3 du Code civil au profit du mot « ouvrage ». Cette ordonnance a égale-
ment créé un article 1792-7 qui exclut de la responsabilité décennale les équi-
pements à vocation professionnelle installés dans un ouvrage de construction.
Ces divers points seront développés plus bas.
Enfin, la loi du 17 juin 2008 a effectué un toilettage du régime de « prescrip-
tion » des responsabilités de la construction.
B. Le droit commun
28. Le droit de la construction est très largement dominé par la loi Spinetta du
4 janvier 1978 ; cependant, le droit commun connaît une application dans
deux hypothèses :
– avant réception. Le droit commun des contrats régit l’essentiel des hypo-
thèses de responsabilité civile (art. 1142 et s., C. civ.) mais aussi le cas de
la résolution du contrat, par exemple à la suite d’un abandon du chantier
par l’entrepreneur (art. 1184, C. civ.).
On signalera toutefois le cas du marché à forfait dont les règles spécifiques
sont contenues aux articles 1793 et 1794 du Code civil ;
– après réception. Le droit commun joue un rôle de complément lorsque les
règles spécifiques de la loi du 4 janvier 1978 sont muettes. Tel est le cas de
certains dommages non décennaux, du dol de l’entrepreneur, de son
défaut de conseil (sans conséquence « décennale ») ou des responsabilités
résultant de non-conformités du bien construit au regard des stipulations
contractuelles. À cet égard, il y a lieu de constater l’importance de la juris-
prudence qui a su maintenir une articulation cohérente et efficace des
règles spéciales et de droit commun.
Tel est également le cas des responsabilités des intervenants à l’acte de cons-
truire qui ne sont pas liés au maître par un contrat de louage d’ouvrage :
sous-traitants et fabricants.
Nos 29 à 43 réservés.
1
La responsabilité des constructeurs
1
Le temps du chantier
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
45. Bien entendu, toute construction connaît une phase de préparation puis de
mise en œuvre. Il s’agit d’obtenir les autorisations administratives de construire,
d’établir les plans de l’ouvrage, y compris les plans d’exécution faisant ressortir les
côtes à respecter, mais également de procéder aux appels d’offres, à la passation des
marchés, à la souscription des assurances puis à la réalisation proprement dite des
travaux. Ces diverses opérations sont régies presque exclusivement par le droit
commun des obligations et plus précisément, pour ce qui concerne les relations
entre le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre mais aussi les entrepreneurs, du
droit commun des contrats.
Il y a donc lieu de présenter dans un premier temps le contrat qui sert de base à ces
relations avant d’étudier les diverses responsabilités – mais aussi parfois les droits –
de chacun des participants à l’acte de construire.
28 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Exemples
– l’entrepreneur de charpente qui s’engage envers le maître de l’ouvrage à réaliser la
toiture d’une maison ;
– l’architecte qui s’engage à diriger les travaux de construction d’un local de stockage
pour un industriel ;
– un bureau d’étude béton qui s’engage envers le maître de l’ouvrage à procéder à une
étude de micropieux pour les fondations d’un ouvrage en site argileux.
Parfois, le contrat d’entreprise prend une forme obligatoire prévue par la loi :
c’est le cas du contrat de construction de maison individuelle (loi du
19 décembre 1990).
À noter que depuis 1967, on ne distingue plus architectes et entrepreneurs, qui
sont tous deux titulaires d’un contrat de louage d’entreprise.
Antérieurement, et jusqu’au début des années 1960, une interrogation s’était
élevée sur la nature du contrat d’architecte dans lequel certains voyaient un
contrat de mandat. Cette conception des choses a été écartée par la jurispru-
dence qui a été confortée par la loi de 1978. Ceci n’exclut pas toutefois que le
contrat de l’architecte s’augmente d’un contrat de mandat complémentaire
pour des missions en lien avec la construction et limitées dans leur ampleur.
CHAPITRE 1 – LE TEMPS DU CHANTIER 29
Exemple
Location d’une pelle mécanique pour un travail de terrassement ou d’une grue pour le
déchargement des matériaux de construction. Si l’engin est loué seul, aucune difficulté
ne se présente. La situation concerne sans ambiguïté un contrat de louage de chose. En
revanche, la situation devient plus complexe si le loueur fournit le personnel qui mani-
pule les engins loués.
À ce jour, les solutions sont relativement incertaines dans cette seconde hypo-
thèse. La jurisprudence retient généralement le critère de la subordination de
ces personnels au client, bailleur, (qui donne les instructions). Si l’entreprise
est indépendante, le contrat est un contrat d’entreprise. Dans le cas inverse il
s’agit d’une location de chose.
Un arrêt du 24 juin 19922 souligne que dans le cas où le maître assure des
pouvoirs de direction et de contrôle sur le conducteur d’un engin de terrasse-
ment, l’absence du critère d’indépendance de l’opérateur fait échapper la
convention à la qualification de louage d’ouvrage au profit du louage de chose.
Par ailleurs, l’objet du travail est parfois pris en compte selon qu’il s’agit d’un
travail d’exécution même de l’ouvrage principal ou au contraire d’une presta-
tion accessoire. Dans l’affirmative, le louage de chose est écarté ; dans le cas
inverse il peut être retenu.
On voit que l’exemple de la location d’une grue avec chauffeur relève du
contrat de louage de chose tandis que la location d’une tractopelle prête à diffi-
culté. En définitive le juge devra fonder sa religion sur les éléments de faits,
appréciés in concreto, de l’espèce.
IV – Le contrat de mandat
Ce contrat est défini par l’article 1984 du Code civil qui indique qu’il s’agit
« d’un acte par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de faire
quelque chose pour le mandant et en son nom ». Il existe donc une représen-
tation du mandant par le mandataire qui est absente du contrat de louage
d’ouvrage.
On rappellera toutefois que l’architecte maître d’œuvre peut annexer au
contrat de louage d’ouvrage un contrat de mandat lui permettant de repré-
senter son maître d’ouvrage. C’est le cas de la démarche de demande de
permis de construire. Ce mandant doit demeurer toutefois limité dans son
objet.
En effet, en matière de construction, une autre forme de mandat doit être prise
en compte : il s’agit du contrat de promotion immobilière (art. 1831-1, C. civ.)
et sa forme protégée (art. L. 222-1 et R. 222-1, CCH) lorsque l’opération
concerne un logement. Cet article instaure un « mandat d’intérêt commun
par lequel une personne, dite promoteur immobilier, s’oblige envers le maître
de l’ouvrage à faire procéder, pour un prix convenu au moyen de contrats de
louages d’ouvrage, à la réalisation d’un programme de construction [...] ainsi
qu’à procéder elle-même ou à faire procéder, moyennant une rémunération
convenue, à tout ou partie des opérations juridiques administratives et finan-
cières concourant au même objet ».
Ainsi, un architecte qui reçoit un mandat annexe à son contrat de louage pour
la réalisation de ces diverses tâches financières et administratives peut voir son
contrat requalifié en contrat de promotion immobilière dont le régime est plus
sévère principalement lorsqu’il concerne le secteur du logement.
C. La forme du contrat de louage d’ouvrage
49. Le contrat de louage d’ouvrage obéit aux règles habituelles des contrats de
droit civil. Il s’agit d’un contrat synallagmatique qui suppose de bénéficier de la
capacité civile de contracter.
Bien que formé et parfait par le libre accord des parties sur la chose à construire
et sur le prix, il est nécessaire de le souscrire par écrit pour des considérations
liées à la preuve (art. 1341, C. civ.) et en autant d’exemplaires que de cocon-
tractants (deux en principe).
Idéalement, le contrat doit se composer d’un cahier des clauses générales et
du cahier des clauses particulières adaptant le marché aux particularités de la
construction prévue. Bien que régi par la loi des parties, celles-ci peuvent
s’aider en faisant référence à la norme (AFNOR P03-001) qui aura valeur
contractuelle si le marché y fait référence.
En matière de contrats de construction de maison individuelle, le formalisme
devient obligatoire et se révèle particulièrement strict. Ainsi le contrat doit
être écrit (sous peine de sanction pénale) et comporter les mentions obliga-
toires inscrites à l’article L. 231-2 du CCH (art. L. 231-1, CCH si le contrat
est dépourvu de la fourniture du plan).
En réalité, la pratique déplore, pour les contrats d’entreprise de droit commun,
une insuffisance chronique des éléments de preuve du contrat : les parties
s’engagent sur un simple devis (qui doit alors être daté et cosigné par les
parties pour avoir une valeur contractuelle) ou même verbalement. Il revient
alors au juge de rechercher la commune intention des parties, ce qui n’est pas
toujours aisé. La preuve par tous moyens (témoins) est alors admise en cas de
commencement de preuve par écrit tels que courriers échangés, règlement
effectué par chèque, etc. (art. 1347, C. civ.).
50. Dès lors qu’il concerne la construction d’un immeuble à usage d’habita-
tion, le contrat de louage d’ouvrage conclu par l’entrepreneur est soumis au
délai de rétractation par effet de l’article L. 271-1 du Code de la construction
dans sa rédaction actuelle. Ainsi, le maître de l’ouvrage dispose de sept jours à
compter de la date de première présentation de la lettre lui notifiant le contrat.
CHAPITRE 1 – LE TEMPS DU CHANTIER 33
Exemples
Un incendie détruit la construction en cours. Le chantier est victime d’un pillage qui
conduit à la disparition des équipements sanitaires. Le chantier est inondé par un orage
exceptionnel. Une tuyauterie cède et inonde le chantier. Dans toutes ces hypothèses,
l’entrepreneur doit assumer la réparation des dommages.
celui-ci ne saurait envahir le chantier pour donner des ordres aux ouvriers,
modifier les plans, contredire les ordres du maître d’œuvre. Cette situation –
qui se rencontre surtout en matière de construction de logements pour des
particuliers – expose le maître d’ouvrage d’une part à un retard du chantier
dont il ne pourra obtenir réparation et d’autre part à permettre aux entrepre-
neurs actionnés sur le terrain de la garantie décennale (après la réception) de
s’exonérer de tout ou partie de leur responsabilité en raison d’une « immixtion
fautive du maître de l’ouvrage ». Ce concept sera détaillé infra (no 117) lors de
l’étude de la responsabilité civile décennale.
Le maître de l’ouvrage doit en second lieu honorer les « situations » (les
factures intermédiaires) qui lui sont présentées. Généralement, le maître
d’œuvre procède périodiquement à une visite du chantier et vérifie la qualité
des travaux voire demande les corrections utiles. Il établit ensuite le décompte
des sommes dues et en présente le détail à son client, le maître de l’ouvrage.
Selon la norme P03-001, le silence du maître d’ouvrage pendant quarante
jours vaut acceptation du décompte. En principe, le maître d’ouvrage doit
alors régler sous trente jours. La loi du 16 juillet 1971 permet néanmoins au
maître de l’ouvrage de retenir une somme égale à 5 % de la situation en
contre-valeur des désordres observés.
On notera toutefois que le contrat peut prévoir un délai différent ainsi que des
pénalités pour retard de paiement. En matière de contrat de construction de
maison individuelle, les tranches de paiement sont réglementées en pourcen-
tage du prix convenu et les pénalités de retard de paiement sont plafonnées par
des textes d’ordre public.
À noter la garantie de paiement instaurée par l’article 1799-1 du Code civil
au profit des entrepreneurs. Ainsi, pour tout marché supérieur à 12 000 € HT,
soit le maître d’ouvrage doit justifier d’une caution bancaire s’il n’a pas souscrit
de prêt immobilier, soit, dans le cas inverse, la banque doit régler par priorité
l’entrepreneur. Toutefois, le mécanisme de l’article 1799-1 du Code civil ne
s’applique pas aux travaux effectués pour la satisfaction des besoins personnels
non professionnels du maître d’ouvrage c’est-à-dire, en clair, pour le logement.
En troisième lieu, il doit assumer les conséquences des troubles au voisinage
sous réserve de son recours contre les locateurs d’ouvrage.
Bien évidemment, la réalisation d’une construction immobilière peut engen-
drer pour le voisinage du chantier des nuisances voire des dommages. Le trai-
tement de la réparation de ces derniers est régi, ici encore, par le droit commun
et non par des dispositions spécifiques de la loi du 4 janvier 1978.
L’hypothèse du trouble de voisinage ne doit pas être confondue avec le cas de
dommages matériels dus au chantier (par exemple, la grue tombe sur sa
maison du voisin). Dans ce cas, la victime devra retenir la responsabilité
quasi délictuelle des entrepreneurs fondée sur la garde des engins en cause.
L’article 1384-1 du Code civil doit donc être invoqué dès lors que l’entrepre-
neur a « la direction et le contrôle » de l’engin concerné. La responsabilité est
sans faute.
CHAPITRE 1 – LE TEMPS DU CHANTIER 43
Bibliographie
2
L’issue du chantier et la réception
des travaux
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
75. La réception des travaux est un concept important pour comprendre et appli-
quer l’assurance construction. En effet, l’issue du chantier correspond généralement
à la terminaison des travaux et donne lieu à la formalité de la réception des travaux.
Il s’agit là d’une césure entre la période du temps du chantier, qui est dominée par le
droit commun des obligations et qui s’accompagne d’une possibilité d’assurance
facultative, et la période de mise en service, d’exploitation, d’usage du bien
immeuble ainsi construit, assortie d’une obligation d’assurance.
La réception des travaux marque donc l’entrée dans un droit spécifique, issu de la
loi du 4 janvier 1978 qu’il y a donc lieu d’aborder à présent. Cette étude suppose un
préalable qui n’est autre que la définition du champ d’application des textes spéci-
fiques ainsi que l’évocation du vocabulaire tout à fait particulier retenu par le légis-
lateur dans le cadre de la loi du 4 janvier 1978.
Après avoir défini les concepts utilisés par la loi, il y aura lieu de définir la réception,
d’en étudier les formes avant de s’attacher à en vérifier les effets.
46 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
76. Tout travail réalisé dans le cadre d’un contrat de louage d’ouvrage ne
conduit pas à l’application de la loi Spinetta. Celle-ci ne reçoit application
qu’à certaines conditions qu’il convient d’expliciter. Comme le Code civil de
1804, la loi de 1967 retenait la notion « d’édifice » pour définir le champ
d’application du régime de responsabilité spécifique des constructeurs. Il s’agis-
sait un ouvrage de construction, élevé sur le sol, ce qui excluait les murs et les
dalles (ouvrages plats), les piscines (ouvrages en creux), le génie civil, etc. qui
étaient renvoyés à l’application du droit commun.
Cet édifice était constitué de « gros ouvrages » (les gros murs, le toit, etc.) ou
de « menus ouvrages » (portes, fenêtres, sanitaire, tuyaux non encastrés, radia-
teurs, etc.) dont une liste était dressée par voie réglementaire (art. R. 111-27,
ancien CCH). Les textes excluaient simplement de la réglementation spéciale
les « ouvrages mécaniques ou électriques que l’entrepreneur installe en l’état
où ils lui sont livrés » (art. R. 111-28, ancien CCH).
La loi de 1967 adoptait donc une approche des garanties spécifiques unique-
ment basée sur le critère du siège des dommages.
La loi de 1978 retient un vocabulaire et un principe notablement plus élaborés
donc plus complexe.
Ainsi, selon l’article 1792 du Code civil actuel, la loi spéciale s’applique à la
réalisation d’un « ouvrage ».
Désormais en vigueur, la notion « d’ouvrage » apparaît bien plus extensive que
celle d’édifice, de sorte qu’elle a nécessité, pour la comprendre, le secours de la
jurisprudence : toute œuvre humaine n’est-elle pas, en effet, un ouvrage dès
lors qu’un bien résulte de l’activité d’un ouvrier façonnant la matière (un
« ouvrage » de broderie...) ?
Selon la jurisprudence, l’ouvrage soumis à la loi du 4 janvier 1978 doit
réunir trois critères :
– il doit en premier lieu s’agir de travaux immobiliers c’est-à-dire ancrés au
sol1. Ceux-ci consistent donc à créer, comme sous l’empire de la loi de
1967, des édifices élevés sur le sol. Désormais cependant, s’y ajoutent des
ouvrages en creux (piscines) ou plats (murs et dalles) des travaux de génie
civil indépendants de tout bâtiment, des VRD (voirie réseau divers)
desservant ou non ces bâtiments.
La loi spéciale vise également les fractions d’ouvrage, interne à un ouvrage
au sens global, représentées par la construction dans son ensemble
(l’immeuble). Il s’agit alors d’installations lourdes à caractère immobilier,
par exemple de chauffage central, ascenseur ou autre2. Il faut donc
comprendre qu’un ouvrage peut abriter un autre ouvrage notamment à
1. Cass. 3e civ., 28 avril 1993, Bull. civ. III, no 56 a contrario pour un mobile-home seulement
posé sur le sol.
2. Pour une cheminée : Cass. 3e civ., 25 février 1998, Bull. civ. III, no 46.
CHAPITRE 2 – L’ISSUE DU CHANTIER ET LA RÉCEPTION DES TRAVAUX 47
3. Travaux sur la structure de l’existant, rajout d’équipements lourds, etc. : Cass. 3e civ.,
30 mars 1994, Bull. civ. III, no 70.
48 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
(éléments pouvant entraîner une responsabilité solidaire, art. 1792-4) avec des
conséquences juridiques différentes pour chacun d’eux.
Tous ces éléments seront décrits plus précisément infra (nos 121 et 143) lors de
l’étude de leur régime juridique mais il était nécessaire d’en assurer dès à
présent la présentation sommaire.
On notera que la notion « d’élément d’équipement » peut venir parfois se
télescoper avec celle « d’ouvrage » et un travail peut, en fonction de la mise
en œuvre des critères évoqués ci-dessus (caractère immobilier, ampleur des
travaux), être qualifié « d’ouvrage » ou « d’élément d’équipement ».
78. À noter également que l’ordonnance du 8 juin 2005 a ajouté un
article 1792-7 au Code civil. Ce texte exclut de manière claire les équipe-
ments destinés à un usage professionnel et installés dans un ouvrage de cons-
truction. Cette réforme était destinée à exclure des responsabilités légales
(et surtout de l’assurance associée) les « process industriels », équipements
lourds à vocation industrielle dont la logique de fabrication mais aussi la desti-
nation doivent être étrangères aux responsabilités de la construction.
Sont ainsi désormais exclus les silos industriels installés dans un ouvrage pour-
tant jadis inclus à la notion d’ouvrage4. La jurisprudence a également appliqué
plus récemment cette exclusion à des appareils à vocation agricole.
79. En résumé, si les travaux que l’on a considérés réunissent les critères de
« l’ouvrage » tels définis ci-dessus, leur sort sera réglé par l’application de la loi
spéciale contenue aux articles 1792 et suivants du Code civil (réception,
garanties légales).
Dans le cas inverse (simple révision d’une toiture, pose d’un store), seul le droit
commun applicable au louage d’ouvrage ou à tout autre contrat devra être pris
en considération.
À l’intérieur du champ d’application de la loi du 4 janvier 1978, les ouvrages et
éléments d’équipement connaîtront un sort distinct en fonction des circons-
tances de fait rapportées aux articles 1792 et suivants du Code civil.
Il faut donc porter une attention toute spéciale au poids des mots...
La réception constitue le premier moment durant lequel la loi Spinetta trouve
application : il convient donc, après ces quelques indispensables précisions
sémantiques, de procéder à l’étude de la définition de la réception avant que
de s’attacher à l’étude de ses formes légales ou jurisprudentielles puis de ses
effets selon que des réserves sont ou non inscrites au procès-verbal de réception
par le maître de l’ouvrage.
un avis sur les travaux, mais pour entendre et prendre note des réserves
éventuelles, formulées par le maître de l’ouvrage en sa présence.
Cette question a fait l’objet d’une certaine évolution de la part de la juris-
prudence. Dans une première conception, la Cour de cassation a considéré
que le caractère contradictoire de la réception et donc sa validité même,
donnant lieu au départ des responsabilités et des garanties, devait résulter
de la signature par l’entrepreneur du formulaire de procès-verbal5. Dans
une conception actuelle, plus favorable au maître de l’ouvrage, la Haute
juridiction admet que la signature du PV de réception par l’entrepreneur
n’est pas une condition de validité de la réception6. En réalité, la preuve
du caractère contradictoire de la réception résultera, a minima, de la régu-
lière convocation de l’entrepreneur en LRAR. Il sera tout de même
prudent d’adresser le PV de réception à ce dernier, également par voie
de LRAR, pour le lui dénoncer officiellement ;
– en troisième lieu, la réception est désormais un acte unique. Elle est
prononcée une seule fois en présence de tous les intervenants à l’acte de
construire. Bien que les textes ne le précisent pas, expressis verbis, cette
unicité est évidente. On s’en convaincra à la lecture du corpus de textes
relatifs à la responsabilité des constructeurs et notamment de
l’article 1792-3 du Code civil, de l’article 1792-4-1 du même code relatif
aux délais de garantie et de l’article 1792-6 du Code civil qui n’utilisent ce
terme qu’au singulier. Par ailleurs, cette unicité est évidente si l’on se
réfère à l’esprit de la loi du 4 janvier 1978 qui souhaite unifier le point
de départ des délais.
On notera que si, en cas de réserves exprimées au PV, la loi prévoit une
seconde visite, également contradictoire, destinée à la constatation de la
levée desdites réserves, cette visite est sans effet sur le départ des garanties de
la construction : seule compte la réception elle-même.
En pratique, il y aura donc un PV par corps d’état signés au même moment par
les diverses entreprises concernées par le chantier. En général, dans le cas
d’immeubles de quelque ampleur, un document unique, regroupant tous les
intervenants, est souvent dressé. Il mentionne alors, par des colonnes, l’iden-
tité de chaque entreprise, son lot, les réserves formulées et la signature du loca-
teur d’ouvrage concerné. La signature du maître d’œuvre et celle du maître de
l’ouvrage sont alors portées en bas du document au niveau de la date.
La question de l’unicité de la réception fait débat depuis quelque temps.
Certes, la réception de programmes par tranches (bâtiment A, bâtiment B,
etc.) est possible sans difficulté dès lors que l’on réceptionne un ouvrage auto-
nome en présence des corps de métier par le biais d’un seul et unique
procès-verbal de réception.
7. Cass. 3e civ., 11 octobre 2006, Pourvoi no 05-13846. Confirmé par : Cass. 3e civ., 21 juin
2011, pourvoi no 10-20216.
8. Cass. 3e civ., 12 juillet 1989, Bull. civ. III, no 161.
CHAPITRE 2 – L’ISSUE DU CHANTIER ET LA RÉCEPTION DES TRAVAUX 53
réception judiciaire, cf. infra, no 86). Ainsi, les travaux non achevés de l’entre-
prise « A » pourraient être réceptionnés. Ceci permettrait alors au maître de
l’ouvrage de solliciter la garantie de l’assureur de « A » en cas de dommages
décennaux.
Cette conception des choses paraît dangereuse. En effet, les entreprises « A »
et « B » ont concouru à la réalisation d’un seul et même lot. En principe,
l’entreprise « B » reprend les ouvrages de l’entreprise « A » qu’elle doit vérifier
avant d’apporter son concours à l’achèvement des travaux et de procéder à la
réception desdits travaux, au contradictoire du maître de l’ouvrage. Celui-ci est
parfaitement protégé puisqu’il bénéficie de la garantie des travaux par l’entre-
prise « B » et le cas échéant son assureur, à charge pour ces derniers d’exercer
une action en garantie contre l’entreprise « A ». Les réceptions successives
sont donc contraires à la lettre et à l’esprit des textes sans apporter un service,
une utilité sociale quelconque.
Qui plus est la jurisprudence relative aux réceptions partielle consacre une
possibilité de réception par lots mais en aucun cas une réception par entre-
prise, au sein d’un même lot.
Enfin, comment traiter le désordre décennal survenu après la réception des
travaux par « A » mais durant leur poursuite par « B » ?
En tout état de cause, on ne peut que recommander aux maîtres d’ouvrage, en
cas d’abandon de chantier, de faire dresser un état des lieux (éventuellement
par huissier), si possible en présence de l’entrepreneur initial et du repreneur
qui assumera la réception de fin de chantier.
Soit ces désordres portés à la connaissance du repreneur seront corrigés par lui,
soit ils pourront figurer sur le P. V. de réception qui sera dressé en fin de travaux.
La réception ne concerne bien entendu que les personnes liées au maître de
l’ouvrage : les sous-traitants ne sont donc pas concernés, pas plus que les fabri-
cants et toute personne non titulaire d’un contrat de louage d’ouvrage.
B. Les notions voisines
83. La réception est un acte d’acceptation par le maître de l’ouvrage des
travaux réalisés au titre d’un contrat de louage d’ouvrage. Elle comporte à ce
titre des effets importants et ne doit donc pas être confondue avec des notions
certes voisines mais étrangères au sujet. Une erreur sur la date de la réception,
confondue avec une autre notion, peut ainsi aboutir à une forclusion
dommageable.
On citera par exemple :
– la déclaration d’achèvement des travaux (DAT) : cette formalité adminis-
trative était autrefois prévue par le Code de l’urbanisme pris en son article
art. R. 460-1 et consistait à déposer en mairie un formulaire permettant
d’informer l’administration de l’achèvement des travaux. Ceci conduisait
jadis à une visite de récolement opérée par le service compétent et à la déli-
vrance du certificat de conformité. L’objet de cette procédure de droit public
54 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Exemple
Réception de l’ouvrage en date du 1er mai 1997 ; remise des clés en date du 1er juillet
1997 : l’assignation délivrée au constructeur et au vendeur le 15 juin 2007 (dans les
dix ans consécutifs à la remise des clés) est tardive, la décennale étant expirée au
1er mai 2007.
Exemple
En cas de retard important, le maître se trouve privé de son logement précédent (vendu
ou reloué) et doit venir s’abriter dans la construction en cause.
Exemples
Le maître de l’ouvrage prétexte que l’ouvrage comporte de nombreuses malfaçons et
refuse de déférer à la convocation de l’entrepreneur et de payer le solde. L’entrepreneur,
présent sur les lieux, refuse de signer le PV de réception dont il conteste l’ensemble des
réserves et s’en va. Dans cette hypothèse il revient à la partie victime du blocage de
saisir la justice.
Le plus souvent après une expertise judiciaire ordonnée par voie de référé par
le président du Tribunal de grande instance, le juge du fond prononcera la
réception judiciaire, à la date ou – selon la jurisprudence11 – l’ouvrage est en
état d’être reçu12. La réception judiciaire suppose donc un certain niveau
d’exécution du marché pour être prononcée. En matière d’habitation, il est
également fait référence au critère de l’habitabilité : l’immeuble doit être
habitable. A contrario, un chantier abandonné au stade des fondations ne
peut dans le principe faire l’objet d’une réception judiciaire. La jurisprudence
est souvent « compréhensive » sur l’état d’achèvement alors nécessaire.
Toutefois, elle est parfois exigeante. Ainsi, au cas où un grand nombre de
malfaçons entachent les travaux, la jurisprudence peut être amenée à consi-
dérer que l’ouvrage n’est pas en état d’être reçu et de ce fait de refuser le
prononcé de la réception13.
Il est important de distinguer la réception judiciaire de la réception tacite. En
effet, dans le cas de la réception judiciaire, le juge fait œuvre créatrice en
prononçant la réception dont il devra fixer la date au jour où il considérera
que l’ouvrage réunit les critères exposés ci-dessus. C’est dire qu’il n’aura pas à
s’intéresser au comportement du maître de l’ouvrage ni à la recherche d’une
quelconque volonté de sa part de recevoir l’ouvrage. Au demeurant, le
Tribunal saisi d’une demande de réception judiciaire ne saurait constater une
réception tacite qu’il déduirait de l’examen de la volonté du maître d’ouvrage.
Il ne saurait fixer la date de la réception judiciaire au jour du jugement ou à
celui auquel le maître d’ouvrage a manifesté une volonté quelconque.
14. Pour un assureur Dommages ouvrage : Cass. 3e civ., 23 avril 1997, Bull.civ. III, no 84.
15. Cass. 3e civ., 16 juillet 1987, Bull. civ. III, no 143 ; Cass. 3e civ., 12 octobre 1988,
Bull. civ. III, no 137.
58 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
être transmise au garant qui ne manquera pas de la réclamer car elle détermine
la fin de son engagement pour ce qui concerne les retards éventuels.
Exemples
L’incendie des lieux suite à la foudre ou à une intention criminelle, l’inondation due à
un orage diluvien, le vol du digicode installé au portail de la maison individuelle sont à
la charge du propriétaire.
À noter que cet effet extinctif s’applique aussi aux dommages signalés
avant réception (pré-réception) mais non consignés au PV de réception.
On estime que le maître a accepté le défaut dont il a connaissance.
défaire des fonds. Cette formalité est reconnue substantielle par la jurispru-
dence qui refuse de retenir comme suffisant le fait d’avoir assigné l’entre-
preneur en justice dans le délai annuel21.
Enfin, en l’absence de motivation sérieuse, le maître peut être condamné à des
dommages et intérêts au profit de l’entrepreneur.
Le mécanisme de la retenue de garantie est destiné à favoriser la levée des
réserves : l’entrepreneur ne touchera le solde de son bénéfice qu’après avoir
procédé aux ajustements demandés par son « client ». À défaut, ce dernier
pourra faire réaliser par un tiers les travaux de levée des réserves exprimées en
usant des sommes consignées. En revanche, la jurisprudence est désormais
claire. Ainsi, la retenue de garantie de 5 % ne peut servir à sécuriser une
demande formulée, par exemple, pour des retards de livraison. En dépit du
libellé de l’article 2 de la loi du 16 juillet 1971, la retenue de garantie ne peut
servir au paiement de travaux de levée de réserves constatées et formulées
durant la période d’un an suivant la réception : seules les réserves au PV de
réception sont concernées22.
Le rôle du juge ne doit pas être méconnu en cas de retenue de garantie. En
effet, en dépit de l’imprécision des textes, il n’est pas douteux qu’un maître
d’ouvrage puisse être autorisé à retenir 5 % du prix du marché en
contre-valeur d’une réserve bénigne. A contrario, en présence de dommages
de grande ampleur, dépassant largement les 5 % du prix, il est possible de solli-
citer du juge une consignation plus importante fondée sur la notion d’inexécu-
tion contractuelle commise par l’entreprise (exception d’inexécution).
Bibliographie
3
Les garanties de parachèvement
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
91. Ces garanties s’inscrivent dans la logique de la fin du chantier et de la mise en
service de l’ouvrage. Il est apparu logique que les ajustements indispensables, s’agis-
sant d’un bien créé sur site, hors des conditions rigoureuses de contrôle propres à la
production industrielle, puissent être effectués de manière rapide et efficace, sans
pour autant grever le budget de l’assurance construction.
Déjà, dès 1976, dans le cadre des CCAG des marchés publics, mais également dans
la norme AFNOR P03-001, des procédures de levée de réserves étaient prévues à
cet effet. Le législateur de 1978 a donc repris à son compte ce système et élaboré une
procédure spécifique qui se dédouble en deux hypothèses.
On évoquera donc successivement la garantie de parfait achèvement et la garantie
de conformité aux normes phoniques. S’agissant de la première, l’attention sera
portée sur la définition de la « GPA » avant d’en étudier le processus légal puis les
conséquences pratiques. Pour ce qui concerne la seconde, une évocation de son
objet sera seule nécessaire car le process de mise en œuvre de cette garantie n’est
en rien spécifique au regard de la GPA.
64 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Bien entendu, le sous-traitant n’est pas non plus concerné car il n’a pas conclu
de contrat avec le maître d’ouvrage.
Le vendeur sur plan n’est pas assujetti à la GPA. En effet, l’article 1646-1 du
Code civil le tient pour garant des obligations des locateurs d’ouvrage sur le
terrain de la responsabilité décennale et de la garantie de bon fonctionnement
mais non de la GPA. Par ailleurs, il sera rappelé que le vendeur est tenu à une
garantie particulière de la chose vendue sur plan, par le biais de l’article 1642-1
du Code civil. Selon cet article, le vendeur sur plan est garant des vices appa-
rents constatés à la livraison et des dommages constatés dans le mois suivant
cette livraison. L’action résultant de ce texte doit être engagée dans les douze
mois suivant le mois destiné au signalement des dommages (on parle de
« garantie de treize mois »).
C. Les désordres en cause
95. On distinguera la définition matérielle des désordres de leur définition
temporelle.
Au plan matériel, les désordres garantis au titre de la GPA sont de deux
ordres :
– les désordres apparents signalés au procès-verbal de réception. Ceci est
logique car il s’agit de l’exécution complète et parfaite du contrat, or les
dommages observés lors de la réception font obstacle à cette complète
exécution. La réception visée par le texte est bien entendu la réception
expresse amiable mais – du moins en théorie – il pourra s’agir d’une récep-
tion tacite.
Rappel : les désordres apparents non signalés lors de la formalité de la
réception des travaux ne sont pas pris en compte par les garanties légales
dont la GPA ;
– les désordres cachés à la réception, révélés après celle-ci et signalés dans
l’année suivant celle-ci. Sur ce point, la loi a instauré une sorte de
super-garantie supplémentaire, dépassant le cadre purement contractuel
lié à l’obligation de livraison conforme mise à la charge des entrepreneurs.
Il est important d’observer que s’agissant d’une procédure de parachèvement,
la GPA ne prend pas en compte la gravité du dommage et sa nature. Cepen-
dant l’article 1792-6 du Code civil exclut le cas d’usure normale de l’ouvrage,
hypothèse insolite pour une garantie d’un an.
Exemples
Relèvent de la GPA la coulure de peinture signalée au PV de réception (malfaçon
bénigne), la fissure infiltrante affectant le gros œuvre (malfaçon grave, d’importance
« décennale »), les volets livrés en pin et non en aluminium (non-conformité au
contrat).
68 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Exemple
Pour une réception en date du 15 janvier 2010, une assignation datée du 10 janvier
2011 interrompt le délai de parfait achèvement. Une ordonnance désignant un expert
étant rendue le 16 février 2011, le demandeur ne dispose que d’une année (soit jusqu’au
17 février 2012) pour formuler une réclamation devant le tribunal compétent.
Il est vrai que les juridictions du fond semblent vouloir faire une application
bienveillante du nouvel article 2239 du Code civil. Celui-ci prévoit que la
prescription d’un délai est suspendu, lorsqu’une mesure d’instruction a été
ordonnée, jusqu’à la date de dépôt du rapport de l’expert. Le délai alors renou-
velé ne peut être inférieur à six mois.
L’application de cet article aux garanties spécifiques du droit de la construction
apparaît délicate car il n’est pas contestable qu’il s’agit de délais de forclusion et
non de prescription. Or l’article précité ne concerne que les délais de prescription.
En outre, le signal négatif qu’implique une telle disposition risque de conduire
les plaideurs à une dommageable imprudence en retardant le moment de leur
assignation au fond seule réellement interruptive pour la durée du procès. Fort
heureusement, à ce jour, la Cour de cassation n’a pas encore pris position sur ce
sujet qui mérite une attention particulière : il est donc préférable d’assigner
dans le délai annuel initial de l’article 1792-6 du Code civil puis au fond
dans le délai renouvelé (soit dans l’année suivant l’ordonnance obtenue
devant le Juge des Référés).
CHAPITRE 3 – LES GARANTIES DE PARACHÈVEMENT 69
Ici encore, la charge de la preuve de la bonne réalisation des travaux repose sur
la personne de l’entrepreneur3. Toutefois, cette formalité est rarement mise en
œuvre en pratique.
100. Au moment de conclure sur la garantie de parfait achèvement, deux
remarques s’imposent.
En premier lieu, il est important de noter que la GPA se conjugue avec les
autres garanties de la loi du 4 janvier 1978 mais également avec le droit
commun de la responsabilité contractuelle. Il s’agit d’une « garantie supplé-
mentaire » qui s’ajoute aux responsabilités existant par ailleurs. Le maître de
l’ouvrage est donc parfaitement libre de recourir à la garantie de parfait achè-
vement ou de lui préférer un recours en droit commun voire une autre garantie
légale.
Ce choix connaît toutefois une limite : c’est l’hypothèse où le maître d’ouvrage
entend faire jouer dans l’année de parachèvement, la garantie d’assurance
dénommée « Dommages ouvrage ». En effet, il lui sera demandé de justifier
d’avoir mis en œuvre le processus prévu par l’article 1792-6 du Code civil.
La jurisprudence admet ainsi l’applicabilité du droit commun4 d’où résulte
une option pour le maître d’ouvrage.
Cette possibilité alternative concerne aujourd’hui aussi bien les dommages
réservés que ceux révélés dans l’année.
L’intérêt de recourir au droit commun est bien entendu d’échapper à la pres-
cription du délai annuel assez bref qui a pu s’écouler par exemple si le maître de
l’ouvrage a été sensible aux engagements répétés mais oraux et sans lendemain
de l’entrepreneur, ou si une expertise judiciaire s’est, par extraordinaire, éter-
nisée (l’article 2239 du Code civil n’apparaît pas applicable en l’espèce celui
régissant le cas des « prescriptions »).
L’intérêt de recourir au droit commun réside également dans la possibilité de
former une demande de réparation financière sans avoir à justifier de la
satisfaction au processus légal de GPA qui aura sans doute été omis en
pareille circonstance.
Toutefois, le maître perdra alors le bénéfice d’un processus de règlement avan-
tageux et devra notamment satisfaire aux obligations liées à la preuve des faits,
des coûts de reprise mais également d’une faute de l’entrepreneur. En effet, la
responsabilité de droit commun de l’entrepreneur après réception présente la
particularité de comporter l’exigence de la preuve d’une faute (sur ce sujet,
cf. infra, no 159).
Il est important de constater que la superposition de la GPA et de la responsa-
bilité de droit commun revêt un caractère extrêmement particulier. En effet,
7. Cass. 3e civ., 1er avril 1992, Bull. civ. III, no 107 ; Cass. Ass. plén., 27 octobre 2006,
Bull. Ass. plén. no 12.
74 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
4
La responsabilité civile décennale
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
111. La responsabilité décennale constitue la garantie phare de la responsabilité
des constructeurs. Son importance est capitale car c’est elle qui modèle les contours
de l’assurance obligatoire, bien au-delà des garanties de responsabilité.
Il y a donc lieu d’en étudier les critères techniques puis juridiques avant d’évoquer la
question du délai pour agir. Dès lors, le contenu matériel de la réparation due par le
responsable pourra être envisagé.
76 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
mission de l’architecte ait été effectuée gratuitement est sans conséquence sur
l’appréciation de la responsabilité décennale qui peut se trouver engagée à
l’occasion de ces prestations gratuites.
Bien entendu, le sous-traitant et le fabricant (sauf exception des EPERS
évoquée plus bas) ne sont pas tenus à la responsabilité décennale dès lors
qu’ils ne se trouvent pas dans les liens d’un contrat de louage d’ouvrage
conclu avec le maître d’ouvrage.
Rappel : le constructeur de maison individuelle constitue un locateur
d’ouvrage débiteur de la responsabilité décennale.
Enfin, le contrôleur technique est responsable en garantie décennale depuis la
loi du 4 janvier 1978, par effet de l’article L. 124-11 du Code de la
construction.
II – Les relais
Il s’agit de personnes qui, bien que ne construisant pas matériellement
l’ouvrage, assument une responsabilité décennale vis-à-vis du propriétaire du
bien endommagé tout en bénéficiant d’un recours face aux locateurs
d’ouvrage : on retiendra deux cas :
– en premier lieu il s’agira du vendeur d’immeuble sur plan. Ceci ne pose
pas de difficulté car la règle résulte de la loi elle-même. Ainsi,
l’article 1646-1 du Code civil rend le vendeur sur plan, garant des respon-
sabilités encourues par les locateurs d’ouvrage ;
Exemple
La SCI de construction vente réalisant un immeuble de logements vendus sur plan est
débitrice pour l’ensemble du programme, vendu avant ou après achèvement, à la
responsabilité décennale. Elle bénéficie cependant d’un recours contre les profession-
nels de la construction ayant réalisé les travaux.
Exemple
Face à une importante fissure des murs maîtres, le maçon ne peut s’exonérer en indi-
quant qu’il a respecté le dosage du mortier prévu par les DTU.
Exemple
L’architecte ayant qualité de maître d’ouvrage pour la construction de sa maison et qui
modifie un plan ou donne aux ouvriers des instructions contraires à ce qu’a indiqué le
maître d’œuvre commet une immixtion fautive. Même chose pour une SCI dotée de
services techniques particulièrement développés.
13. Cass. 3e civ., 13 mai 1986, Gaz. Pal. 1986, Pan., p. 67 ; Cass. 3e civ., 18 décembre 2001,
RDI 2002, p. 152.
14. Cass. 3e civ., 22 novembre 1968, Bull. civ. III, no 492.
86 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Exemple
Le désordre affectant le lot gros œuvre et résultant d’une erreur de l’architecte au niveau
des plans. L’erreur de l’architecte n’exonère pas le maître d’œuvre et la responsabilité
civile décennale des deux professionnels (architecte et maçon) doit être retenue.
A. L’atteinte à la solidité
119.La notion d’atteinte à la solidité de l’ouvrage constitue le critère « histo-
rique » du désordre décennal puisque le Code civil de 1804 évoquait déjà le
cas où l’édifice « périt ». À ce jour, la loi distingue deux hypothèses d’atteintes
à la solidité, ce qui complique singulièrement le schéma de la responsabilité
décennale.
Exemples
Effondrement de la maison par défaut des structures. Effondrement du mur de soutène-
ment par défaut de barbacanes d’évacuation des eaux. Vice grave du sol conduisant à
un déséquilibre de la construction. Fissures importantes témoignant d’une atteinte
partielle à la solidité d’un ouvrage et à sa pérennité.
Exemple
Le retrait d’un carrelage scellé suppose l’atteinte à la chape du plancher qui lui sert de
support.
Exemple
Le système de chauffage central défectueux qui plonge un logement entier dans le froid
relève de la responsabilité décennale, tandis que le convecteur d’une chambre d’amis,
en panne également, ne génère pas une responsabilité décennale mais mobilise la
garantie de bon fonctionnement (cf. infra, nos 142 et s.) car la défectuosité ne touche
qu’une pièce de l’ouvrage en cause.
En revanche, l’impropriété peut tirer son origine tout aussi bien d’une partie
structurante de la construction (gros œuvre) que d’un élément d’équipe-
ment. Cet élément d’équipement sera indifféremment dissociable ou indisso-
ciable des ouvrages d’ossature, de clos ou de couvert, contrairement au critère
de l’atteinte à la solidité prévu par l’article 1792-2 du Code civil (cf. ci-dessus).
On rappellera cependant que les éléments d’équipement à vocation profession-
nelle sont désormais exclus de toute responsabilité décennale par
l’article 1792-7 du Code civil.
L’impropriété à la destination fait l’objet d’un usage très fréquent par les prati-
ciens qui jouent sur son caractère factuel, apprécié de manière extensive.
Ainsi, la jurisprudence a considéré qu’une douille électrique de chantier
provoquant l’incendie de l’ouvrage conduisait à un dommage décennal. Il en
a été de même d’un simple écrou de plomberie qui, ayant cédé, avait entraîné
l’inondation de l’ouvrage.
Ces exemples sont extrêmes : généralement on considérera que provoquent
une impropriété de l’ouvrage les fissures infiltrantes, les fuites en toitures ou
par canalisations (encastrées ou non), les moisissures par défaut de la
ventilation.
L’extensivité du concept s’est vérifiée également mais de façon quelque peu
exceptionnelle au niveau des dommages à conséquences simplement esthéti-
ques (faïençage des crépis, microfissures, salissures des façades par les eaux de
toiture). Si en principe ceux-ci ne sont pas susceptibles de prise en charge par
le biais de la responsabilité décennale, le critère décennal a été de manière
exceptionnelle accordé à des dommages inesthétiques affectant un ouvrage.
En effet, l’appréciation du dommage relevant de la compétence du juge du
fond statuant in concreto, cas par cas, il a été admis qu’un dommage inesthé-
tique affectant un ouvrage de grand standing destiné à abriter des réceptions
officielles pouvait satisfaire au critère décennal de l’impropriété à la
destination.
Parfois le caractère technico-juridique de la responsabilité décennale peut
résulter de l’ampleur de dommages qui dans leur principe pourraient ne pas
relever cette garantie. Il en est ainsi de dommages généralisés en façade par
exemple.
Exemple
Une maison d’habitation est affectée d’une fuite en toiture en raison de la défectuosité
d’une noue. Le responsable doit :
– la réfection de la noue en plomb, sur la toiture ;
– la remise en peinture du plafond mouillé ;
– la réparation du buffet et autres meubles tachés par l’eau de pluie ;
– le montant des frais d’hôtel si l’importance de la fuite a rendu le logement momenta-
nément totalement inhabitable.
CHAPITRE 4 – LA RESPONSABILITÉ CIVILE DÉCENNALE 91
Exemple
Les fondations d’un ouvrage sont insuffisantes en regard des qualités mécaniques
médiocres du sol d’assise, ce qui a produit des fissures infiltrantes sur les murs extérieurs.
Le responsable doit non seulement la reprise des fissures mais aussi les confortements en
sous-œuvre tels que micropieux, plots en béton, etc. Dans l’hypothèse où les travaux
supplémentaires ne constituent pas une modalité indispensable du dommage décennal,
la règle applicable est celle de l’enrichissement sans cause.
Enfin, bien entendu, le montant des travaux doit être fixé à la date du juge-
ment. Le plus souvent, le montant des travaux est fixé par voie d’expertise
amiable à condition qu’elle respecte les impératifs du contradictoire ou
judiciaire.
Dans ce cas, le montant retenu devra être actualisé selon un indice de la cons-
truction (le plus souvent l’indice BT01), les sommes étant affectées de l’intérêt
légal après le prononcé du jugement. À noter que les sommes ainsi arbitrées ne
peuvent faire l’objet d’aucune déduction pour vétusté21 qui conduirait le
maître de l’ouvrage à faire une dépense pour régler le coût des réparations
voire lui interdirait de réparer pour des raisons financières alors qu’il justifie
d’un droit à être replacé dans la situation antérieure au dommage.
Si le maître de l’ouvrage est assujetti à la TVA, cette taxe entre dans le
montant de l’indemnité due par le responsable. Toutefois, il semble que ce
soit à celui qui formule la prétention (donc potentiellement au maître de
l’ouvrage) qu’incombe de rapporter la preuve de son statut fiscal22.
23. Pour un exemple : Cass. 3e civ., 17 juillet 1992, Bull. civ. III, no 249.
24. Cass. 3e civ., 10 juillet 2002, Bull. civ. III, no 159.
25. Cass. 3e civ., 4 juillet 1990, Bull. civ. III, no 164.
94 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
On doit, ici, distinguer le cas du dommage dénoncé dans les dix ans suivant la
réception et dont l’ampleur décennale tarde à se manifester (désordre dit
« futur ») du cas où le désordre, décennal et traité dans le délai de
l’article 1792-4-1 du Code civil, connaît de nouvelles manifestations au-delà
du délai de dix ans suivant la réception (dommage dit « évolutif »).
126. En ce qui concerne le dommage futur, la jurisprudence a connu une
importante inflexion.
Jadis, au milieu des années 1980, la jurisprudence considérait qu’un désordre
non décennal dont l’expert attestait qu’il deviendrait sans aucun doute
décennal à terme, y compris dans un temps indéterminé, devait être pris en
compte s’il avait été dénoncé (par assignation) dans le délai de dix ans
suivant la réception.
La Cour de cassation retenait que la « garantie décennale couvre les conséquences
futures des désordres résultant de vices dont la réparation a été demandée au cours de
la période de garantie »26.
Il n’existait donc qu’un seul critère : celui d’une assignation dans les dix ans
suivant la réception.
Tel n’est plus le cas aujourd’hui.
En effet, la Cour de cassation a clairement indiqué au début des années 2000,
que le dommage faisant l’objet d’une réclamation en justice doit être actuelle-
ment décennal ou le devenir dans la période de dix ans suivant la réception.
C’est la jurisprudence dite du « dommage futur »27.
Il est donc désormais nécessaire que le dommage porte atteinte « de façon
certaine » à l’immeuble avant l’expiration du délai de dix ans. Il s’agit donc
de réunir deux critères : celui de la date de dénonce du désordre et celui de la
date à laquelle le dommage sera d’ampleur décennale.
Cette analyse apparaît tout à fait logique puisque le délai décennal est un délai
d’épreuve.
En revanche, sa mise en œuvre pratique n’est pas sans difficulté : comment
savoir réellement, lors d’une action engagée 7 ans après la réception, si un
dommage (par exemple, une simple fissure) sera décennal (fissure infiltrante)
dans les trois années de garantie restant à courir ! On voit qu’ici, l’avis de
l’expert judiciaire sera déterminant. Les défendeurs auront intérêt à exiger
que l’expert justifie positivement et techniquement son avis.
En tout état de cause, la Cour de cassation semble faire une application stricte
de cette jurisprudence.
Bibliographie
CHENU, « L’absence d’ouvrage à l’heure des bilans », Gaz. Pal. 15 mai 1996, p 2.
BERLY, « Désordre évolutif : état de la jurisprudence », RDI 2000, 115
THIOYE, « Retour sur un thème rémanent du droit de la construction : la réparation du
dommage futur ou évolutif », RDI 2004, p 229.
LESCURE (P. de), « Garantie décennale et impropriété à la destination de l’ouvrage »,
RDI 2007, p 111.
MALINVAUD (P.), « Responsabilité spécifique EPERS : coup d’éclat ou coup de grâce ? »,
RDI 2007, p. 166.
Chapitre
5
Une garantie résiduelle : la garantie
de bon fonctionnement
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
141. La garantie de bon fonctionnement ne bénéficie pas d’une couverture d’assu-
rance obligatoire. Toutefois, elle peut faire l’objet d’une garantie facultative dont le
détail sera décrit dans la seconde partie de cet ouvrage. Il y a donc lieu de préciser
les contours initiaux de cette garantie selon la loi de 1978, avant d’envisager les
évolutions connues par cette garantie que l’on peut qualifier de « second plan ».
98 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
142. Jadis, les garanties des constructeurs étaient divisées en garantie décen-
nale et garantie biennale. Ces deux garanties étaient conçues comme équiva-
lentes, l’une s’appliquant aux « gros ouvrages » et l’autre aux « menus
ouvrage ». En effet, l’article 2270 du Code civil disposait dans sa mouture
issue de la Loi du 3 janvier 1967 que « les architectes et autres personnes
liées au maître de l’ouvrage par un contrat de louage d’ouvrage sont déchargées
de la garantie des ouvrages qu’ils ont faits ou dirigés après 10 ans s’il s’agit de
gros ouvrages et 2 ans pour les menus ouvrages ». L’article R. 111-27 du Code
de la construction et de l’habitation fournissait une liste de « menus » ouvrages
(les canalisations non encastrées, radiateurs, conduits, revêtement divers,
ouvrants des huisseries, par exemple) étant précisé que l’article R. 111-28 du
même Code excluait les appareils mécaniques et électriques installés par
l’entrepreneur en l’état où ils lui sont livrés. La « biennale » avait donc une
certaine spécificité, quant au siège du dommage, par rapport à la « décennale »
tout en étant appréhendée « à égalité » d’importance, chacune ayant son
domaine d’intervention. La loi du 4 janvier 1978 a largement modifié cette
conception des choses et a conféré à la garantie de bon fonctionnement un
caractère désormais « résiduel ». Par ailleurs, si l’ordonnance du 8 juin 2005 a
étendu quelque peu le champ d’application de la garantie de bon fonctionne-
ment, une tendance lourde domine la jurisprudence dans un sens restrictif. Il y
a donc lieu d’étudier les principes dirigeant cette garantie, au sein de la loi du
4 janvier 1978, puis d’envisager les évolutions dont elle s’est trouvée affectée
par effet de la loi comme de la jurisprudence.
Il est plaisant d’observer que l’article 1792-3 du Code civil reprend à la fois le
concept d’élément d’équipement, cher à M. Spinetta, et celui de fonctionne-
ment déjà en vigueur en loi ancienne pour les équipements mécaniques et
électriques, renvoyés au droit commun.
Quant à sa nature, la garantie de bon fonctionnement est donnée pour être
une garantie. En réalité, on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une simple
responsabilité, accessoire à la responsabilité décennale. Ainsi, sont admises
les causes d’exonération liées à la force majeure voire au fait de la victime
(usage anormal) au même titre que les causes d’exonération admises en
matière de responsabilité décennale.
En ce qui concerne son siège, la garantie s’applique aux éléments d’équipe-
ment « dissociables », c’est-à-dire ceux qui peuvent être aisément démontés
sans altérer leur support. Pour définir de quoi il s’agit il conviendra de se
référer à la définition de l’article 1792-2 du Code civil dont on fera une
lecture a contrario.
Selon la loi du 4 janvier 1978, la « dissociabilité » d’un tel élément était appré-
ciée au regard d’un « bâtiment » mais ce point a été modifié comme cela sera
évoqué infra.
Exemples
Un convecteur électrique ; un ballon d’eau chaude ; un bloc de climatisation ; un
ouvrant de porte, de fenêtre ou de volet ; un lavabo sur colonne ; une pompe à
chaleur, etc.
Exemple
Une trappe de visite du drainage d’un mur de soutènement.
Cette solution doit être retenue pour les chantiers ouverts à compter du 9 juin
2005, mais, on le voit, l’extension de la garantie reste modeste.
Exemple
Le convecteur électrique fabriqué en usine comporte un « certificat de garantie
contractuelle » du fabricant.
Bibliographie
KARILA (J.-P.), « La responsabilité pour les désordres affectant des travaux de ravalement
ou de peinture », RDI 2001, p 201.
PONCE (C.), « Élément d’équipement : attention faux ami ! », Construction Urbanisme
2009, étude no 21.
Chapitre
6
Responsabilité de droit commun après
réception
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
156. La responsabilité des constructeurs ne se limite pas à la responsabilité légale
pour les dommages relevant de la « décennale » ou de la garantie de bon fonction-
nement. En effet, le droit commun de la responsabilité s’applique en divers cas.
Celui-ci peut trouver application, en premier lieu, dans les rapports entre Maître
d’ouvrage et locateurs d’ouvrage, tant au niveau du traitement des non-conformités
que des dommages ne relevant pas d’une responsabilité légale. Il peut s’appliquer
également dans le cas particulier du dol de l’entrepreneur. En second lieu, le droit
commun de la responsabilité s’applique dans les rapports du sous-traitant versus
l’entrepreneur principal, mais également dans les rapports entre sous traitant et
maître d’ouvrage. Enfin, le droit commun trouve application dans le cas du fournis-
seur des matériaux (hors le cas, vu précédemment, des EPERS).
Certes, ces hypothèses de responsabilité ne font pas l’objet de garanties d’assurance
obligatoire telles que celles résultant de la loi du 4 janvier 1978. Toutefois, certains
cas peuvent relever d’une garantie souscrite de manière facultative par le construc-
teur dès lors que l’opération représente un certain aléa assurable : tel est le cas de la
responsabilité dite « pour dommages intermédiaires ».
Même dénuées de couverture d’assurance, les responsabilités envisagées ci-après ne
doivent pas être négligées. En effet, elles fournissent la matière de nombreux appels
en garanties permettant de reporter sur tel ou tel, du moins en partie, la charge défi-
nitive du sinistre.
Exemple
Les murs de la maison sont affectés de microfissures généralisées nécessitant une réfec-
tion générale des façades.
Exemple
Dressage d’un enduit de façades par une température excessive ; insuffisance d’enrobage
des fers dans le béton ; insuffisance de préparation des supports avant mise en peinture
des ouvrages et généralement tout non respect des règles de l’art.
biennales telles que prévues par la loi du 3 janvier 1967 et les textes y afférents
ceci pour éviter une absence totale de prise en compte de ce type de dommages
(les dommages affectant un gros ouvrage sans réunir le critère de gravité
décennale).
La question pouvait légitimement se poser de savoir si l’architecture radicale-
ment différente de la loi Spinetta permettrait de poursuivre au-delà du
1er janvier 1979 après abandon du critère de « gros ouvrage ».
La solution retenue sous l’empire de la loi du 3 janvier 1967 a été reconduite
sous celui de la loi du 4 janvier 19785. En effet, le « trou » observé dans les
garanties subsiste puisqu’un dommage peut ne pas affecter un élément disso-
ciable de l’article 1792-3 du Code civil sans pour autant avoir sur l’ouvrage
une conséquence « décennale ».
Le régime prétorien survit donc avec les deux mêmes conditions d’application.
Il est seulement fait référence à des « dommages » intermédiaires et non plus des
« vices » intermédiaires, ce qui étend le champ d’application de la théorie.
Toutefois, le régime actuel ne fait plus aucune référence au siège du dommage.
La notion de gros œuvre n’intervient plus dès lors que le dommage en cause ne
remplit pas l’une des conditions requises pour l’application des garanties
légales.
Au plan du délai, la loi portant réforme des prescriptions civiles, survenue en
2008, fournit une solution à la problématique posée par le libellé restrictif de
l’article 2270 du Code civil tel que résultant de la loi du 4 janvier 1978.
En effet, cet article visant expressément une prescription décennale pour les
seuls désordres de l’article 1792 et une prescription « biennale » pour les
dommages de l’article 1792-3 du Code civil, la prescription par dix ans des
dommages intermédiaires ne pouvait plus être fondée comme par le passé sur
cet article.
Les juges avaient malgré tout conservé cette durée décennale instaurée par
l’arrêt de 1981, ce qui permettait de conserver la cohérence de l’ensemble du
système de responsabilité des entrepreneurs tout en présentant l’inconvénient
majeur de ne reposer sur aucune base textuelle solide.
C’est la raison pour laquelle le Code civil a été doté d’un article 1792-4-3 qui
prévoit désormais un « délai de dix ans à compter de la réception des travaux »
applicables à l’ensemble « des actions dirigées contre les constructeurs désignés
aux articles 1792 et 1792-1 » du Code civil, en dehors du cadre de la responsa-
bilité légale.
La théorie des « dommages intermédiaires » a connu une application extrême-
ment étendue pour tous les dommages « entre deux eaux » nécessitant une
reprise mais ne devant pas mobiliser pour autant la responsabilité de plein
droit et surtout la garantie d’assurance obligatoire.
Exemples
Les volets commandés en pin sont livrés en bois du Nord : il y a non-conformité. Les
chevilles de bois assurant l’assemblage de ce volet ont été mal mises en œuvre : il s’agit
d’un vice. Délai de livraison non respecté : il s’agit d’une non-conformité au contrat.
ouvrages qu’ils ont faits ou dirigés après dix ans pour les gros ouvrages. On sait
également que cet article avait été appliqué au cas particulier des « vices
intermédiaires ».
Pour échapper à cette prescription qui s’appliquait tant au droit spécial qu’au
droit « commun », la jurisprudence a estimé que le dol de l’entrepreneur ne
pouvait bénéficier de la prescription abrégée prévue par l’article 2270 du
Code civil. Pour parvenir à cette solution insolite, elle a considéré que la
manœuvre constitutive de dol dépassait par son énormité le cadre du contrat
de construction, de sorte que la responsabilité de l’entrepreneur était quasi
délictuelle. La prescription était donc de trente ans et par conséquent supé-
rieure à celle édictée par l’article 2270 du Code civil.
Cette solution juridique, motivée par une volonté de grande sévérité contre les
fraudeurs, a pu surprendre s’agissant d’un dommage causé à l’occasion de l’exé-
cution d’un contrat.
Par ailleurs, les juridictions exigeaient tout à la fois, la preuve d’un acte maté-
riel et d’une intention de nuire, certes, difficile à administrer.
Toutefois, cette construction jurisprudentielle fut mise à mal par la loi
Badinter (art. 2270-1, C. civ.) qui ramena en 1985 la prescription en matière
quasi délictuelle à dix ans.
Certes, le délai était décompté à partir de la découverte du dommage, ce qui
laissait à la solution une part de cohérence et d’intérêt mais son efficacité se
trouvait notablement réduite.
Au début des années 2000, la Cour de cassation a tenté de rétablir la solution
antérieure ouvrant un délai de prescription trentenaire. En l’état de la rédac-
tion de l’article 2270 du Code civil dont la prescription s’était limitée à la
responsabilité décennale prévue par l’article 1792 du même code, elle a
estimé que la responsabilité de l’entrepreneur en cas de dol est d’essence
contractuelle.
Par un arrêt de principe9, elle a précisé que « le constructeur, nonobstant la
forclusion décennale est sauf faute extérieure au contrat contractuellement tenu à
l’égard du maître de l’ouvrage de sa faute dolosive ».
De plus, la Cour facilitait le recours des maîtres d’ouvrage en ajoutant que la
faute dolosive est établie par la preuve d’un acte matériel destiné à tromper le
maître de l’ouvrage sans qu’il soit nécessaire de prouver l’intention de nuire.
Exemples de dol
Réalisation délibérée d’une malfaçon en connaissance des conséquences, même sans
intention de nuire. Camouflage d’une malfaçon par des travaux. Dans ces hypothèses,
l’entrepreneur ne peut s’abriter derrière l’expiration du délai décennal.
9. Cass. 3e civ., 27 juin 2001, Bull. civ. III, no 83 ; JCP G 2001, p. 525.
CHAPITRE 6 – RESPONSABILITÉ DE DROIT COMMUN APRÈS RÉCEPTION 111
Exemple
Réception des travaux le 1er juillet 1997 ; apparition d’un dommage le 1er août 2007 : la
responsabilité décennale de l’entrepreneur est prescrite tandis que la responsabilité
quasi délictuelle pour faute du sous-traitant est toujours valide.
– soit il peut opter plutôt pour l’action pour vice caché de la chose vendue
(art. 1641 et 1648, C. civ.) dont l’exercice se trouve alors enfermé dans un
délai de deux ans.
Il y aura cependant lieu de prendre garde à la pertinence de l’action choisie en
regard des faits matériels de la cause. En effet, la Cour de cassation – et tout
spécialement la Troisième chambre civile – exerce un contrôle vigilant du
bien-fondé du fondement retenu, afin que le plaideur, forclos sur le terrain du
vice caché, ne puisse se « rattraper » par une action en non-conformité.
Nos 169 à 180 réservés.
Bibliographie
2
L’assurance du risque construction
182. Tant au plan de la production des polices que de la gestion des sinistres, le
système était très centralisé. Sous l’égide de la puissante FNB (Fédération nationale
du bâtiment) la distribution des Polices était assumée par la « Section Construction »
regroupant les assureurs concernés.
La gestion des sinistres relevait également d’organismes largement issus de la profes-
sion dont la dernière mouture en vigueur avant la réforme devant conduire à l’orga-
nisation actuelle, fut le STAC (Service technique d’assurance construction),
demeuré célèbre et auquel les compagnies déléguaient tout ou partie de leur gestion.
On le voit, l’accent était porté sur la nécessité de se protéger contre le « risque
décennal » de sorte que ce secteur d’assurance restait à l’écart de l’émulation de la
concurrence.
De plus, cette manière de procéder, dans un cadre corporatiste (au sens noble du
terme) mais dans une logique volontariste et individuelle, mise en œuvre sur les
bases du droit commun du Code des assurances, laissait sans réponse bon nombre
de besoins en terme de garanties, ce qui exposait entrepreneur comme maîtres
d’ouvrage à des risques financiers considérables.
Ceci émut le gouvernement qui commanda une étude au sujet du secteur de l’assu-
rance construction mais aussi de la responsabilité civile (RC) décennale qu’il est
censé garantir.
C’est donc le rapport Spinetta (déjà évoqué dans la première partie en matière de
responsabilités) qui, en 1976, a constitué les prémisses de l’indispensable évolution
qu’appelait le secteur. Il se composait d’une part d’un état des lieux puis d’autre part
de suggestions, de pistes permettant d’améliorer le système.
Le constat était accablant. Près de 40 % des entreprises (50 % pour les maîtres
d’œuvre) ne justifiaient pas d’une couverture d’assurance, laquelle était totalement
facultative. Les polices comportaient de nombreuses exclusions, des plafonds et des
franchises, librement stipulées car le secteur obéissait au droit commun de l’assurance.
En l’absence de garantie en assurance de chose, les délais de règlement étaient extrê-
mement longs. 75 % des dossiers se terminaient après huit années de procédure,
certains procès pouvant durer jusqu’à vingt ans (sans solution de réparation concrète
jusqu’à l’issue de l’action engagée, ce qui conduisait à l’aggravation des dommages).
Cette gestion inefficace du risque décennal entraînait, bien entendu, une augmenta-
tion des primes en raison des « désutilités » générées par le système.
Enfin, souscrites selon un système par répartition (les primes de l’année couvrant les
sinistres de l’année avec le risque d’un sinistre après résiliation de la police d’assu-
rance), les polices ne couvraient pas toujours la période décennale de responsabilité
malgré un recours à des primes « subséquentes ».
Les solutions proposées par le rapport étaient multiples et conduisaient à reconsidérer
de manière globale la question de l’assurance construction. Cette évolution était
fondée sur l’optique de permettre au marché d’accéder à la modernité au travers de
concepts issus du monde industriel mais également d’une approche consumériste. On
peut dire que pour l’essentiel du schéma proposé, la loi a retenu les excellentes sugges-
tions de cet excellent rapport.
PARTIE 2 – L’ASSURANCE DU RISQUE CONSTRUCTION 119
183. Sur la base des préconisations du rapport Spinetta, la loi du 4 janvier 1978 a
donc réformé le domaine de l’assurance construction en créant une assurance obli-
gatoire, applicable au risque décennal. Point particulièrement important, ce carac-
tère obligatoire, nouveau pour l’époque, s’appliquait autant à la souscription
des polices qu’à leur contenu.
Il a été dit plus haut que cette loi a agi sur le régime des responsabilités encourues par
les professionnels de la construction. Elle a également réorganisé le volet assurance de
la matière en distinguant désormais la mission « indemnisation », confiée à
une assurance de chose souscrite par le maître de l’ouvrage, et la mission
« établissement des responsabilités » et « attribution de la charge définitive »
du sinistre, confiée à une assurance de responsabilité. Ainsi le premier volet de
l’assurance construction permettait une réparation rapide donc la suppression du
dommage à moindre coût, tandis que l’examen des responsabilités n’intervenait
qu’après coup sans contrainte matérielle de temps.
184. Cette importante réforme est entrée en vigueur le 1er janvier 1979. Toute-
fois, l’important problème de la sécurité dans le temps, des garanties souscrites en
assurance de responsabilité, restait entier : en effet, la loi du 4 janvier 1978 avait
conservé un système de collecte des primes par répartition.
C’est donc la loi du 30 juin 1982 et le décret du 30 décembre 1982 qui ont réformé la
matière. Ainsi, sur proposition d’un second rapport Spinetta, l’assurance a adopté un
système par « semi-capitalisation » permettant le paiement des sinistres décennaux
grâce à une prime unique perçue durant l’année d’ouverture du chantier considéré.
On notera pour mémoire que la réforme de 1982 prévoyait un système de transition
entre les deux systèmes de collecte des primes car pendant quelques années des chan-
tiers ouverts sous le régime par répartition se seraient trouvés démunis de toute
garantie, faute de primes. Cette transition a été réalisée grâce à un fonds de compen-
sation qui a connu un déficit chronique avant d’être supprimé.
Il est important de souligner qu’au cours des années 1980, le secteur de l’assurance
construction s’est dégagé du système fermé et corporatiste qu’il connaissait jusqu’alors,
pour s’ouvrir à la concurrence, ce qui n’a pas été sans incidence sur l’équilibre écono-
mique du risque « construction ».
Le système français d’assurance construction a été plusieurs fois réformé et pas
toujours avec bonheur. Il constitue cependant un outil efficace pour traiter les désor-
dres décennaux surtout depuis qu’une Ordonnance du 8 juin 2005 est venue redé-
finir le champ d’application de l’assurance construction autour du concept de
« travaux de construction ». Cette réforme sera largement évoquée plus bas. De
même, la loi a précisé, de manière fort utile, le régime des plafonds de garantie. Si
deux démarches successives des pouvoirs publics ont été nécessaires à cette fin en
2006 puis 2008, le Code des assurances indique désormais précisément les cas où
les plafonds sont interdits ou autorisés.
À ce jour, le système d’assurance construction apparaît complexe mais efficace. En
effet, le mécanisme ainsi créé a fêté en 2009 ses trente années d’activité et il semble
bien ancré dans le paysage du droit de la construction français quoiqu’il demeure
relativement coûteux.
120 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
1
Les caractères généraux de l’assurance
obligatoire
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
187. On envisagera successivement le caractère obligatoire et le champ d’applica-
tion de l’assurance obligatoire. En effet, si l’assurance construction compte parmi
les multiples assurances obligatoires que prévoit la législation française, elle
présente la particularité de comporter une double obligation – à l’instar de
l’assurance-automobile – l’une s’exerçant sur l’accédant ou sur le professionnel
réalisant la construction (« obligation de s’assurer »), l’autre sur l’assureur construc-
tion lui-même, dans le cadre d’une « obligation d’assurer ».
En outre, le caractère obligatoire de l’assurance s’applique sur un champ particulier,
c’est-à-dire à certains types de travaux seulement ; or, la définition de ce champ
d’application a connu dès les années 1980, de nombreuses et graves vicissitudes
dont il convient de rappeler les grandes étapes. Ce n’est qu’à l’issue d’une réflexion
presque décennale que le rapport Perinet-Marquet est venu jeter les bases d’un
retour à un découpage cohérent. Celui-ci a été consacré par l’Ordonnance du
8 juin 2005.
124 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
– ceux qui sont tenus parce qu’ils vendent un ouvrage ou une partie de cet
ouvrage. Il s’agit bien entendu des vendeurs sur plan mais également, en
raison du libellé de l’article 1792-1 du Code civil, des vendeurs après achè-
vement. On a pu parler de « responsables relais » dans la mesure où ces assu-
jettis à la responsabilité civile décennale et à son assurance obligatoire asso-
ciée disposent d’une action face aux réalisateurs matériels de l’ouvrage,
auteurs matériellement des malfaçons. On remarquera par ailleurs qu’en
pratique, ces vendeurs sont assujettis aux deux obligations d’assurance ;
– il s’agit également des fabricants d’EPERS, par effet de l’article 1792-4 du
Code civil. Ce sont – rappelons-le – des fabricants d’éléments d’équipe-
ment qui entraînent une responsabilité civile décennale solidairement
avec l’entrepreneur qui met en œuvre sur l’ouvrage lesdits éléments. On
notera la difficulté pour les industriels fabricants de satisfaire à une obliga-
tion d’assurance dont l’objet (l’EPERS) est défini de manière aussi
imprécise ;
– ceux qui sont tenus par un certain rôle de mandataire du maître de
l’ouvrage. Il s’agira là par exemple du promoteur mandataire de l’article
1831-1 du Code civil.
En revanche, seul n’est pas soumis à l’assurance « responsabilité civile décen-
nale » obligatoire, l’État construisant pour lui-même.
Bien entendu, les personnes qui, quoique concernées par le chantier, ne sont
pas astreintes à la responsabilité décennale (fabricants hors EPERS et surtout
sous-traitants) ne sont pas non plus astreintes à la souscription d’une couver-
ture d’assurance obligatoire.
On notera qu’ici, les personnes morales de droit public comme les personnes
morales de droit privé, même si elles justifient d’un certain poids économique,
ne sont pas visées par ces exonérations comme cela est le cas en garantie
« dommage ». La souscription est donc toujours obligatoire (sauf pour l’État)
dès lors que l’on s’expose à la responsabilité civile prévue par l’article 1792
du Code civil.
II – La forme de la justification de la garantie
190. Le contrat d’assurance concernant une police obligatoire est un contrat
consensuel dont la validité ne dépend pas de l’existence d’un écrit. Toutefois,
cet écrit est requis pour d’évidents impératifs de preuve, d’autant que la sous-
cription de ces contrats doit être justifiée à divers moments de l’opération,
comme on le constatera, infra (no 191).
En pratique, le document le plus fiable pour établir la preuve de la souscription
des polices obligatoires est bien entendu le contrat lui-même. Ce document se
présente généralement sous la forme de deux sous-documents.
D’une part, les conditions générales correspondant aux clauses constantes,
applicables à tout assuré.
128 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
3. En droit public tout au moins, CE, 19 janvier 1998, SNC Grand Littoral, Req. no 182447.
130 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
4. Cass. 3e civ., 13 novembre 2003, Bull. civ. III, no 193 ; Cass. 3e civ. 18 février 2004 ;
Bull. civ. 2004, III, no 30.
CHAPITRE 1 – LES CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE L’ASSURANCE OBLIGATOIRE 131
contrevenant. L’élément moral est donc mis de côté et ne sont pris en compte
que l’élément matériel et l’élément légal de l’infraction.
Exemple
Un syndic de copropriété qui s’était abondamment renseigné et qui, sur la foi des infor-
mations ainsi collectées, s’était abstenu de souscrire la garantie « Dommages ouvrage »
pour des travaux à effectuer sur une copropriété, a été considéré comme étant en infrac-
tion et de ce fait accessible à la sanction pénale de l’art. L. 243-3 du Code des
assurances.
Exemple
La définition des EPERS (éléments pouvant entraîner une responsabilité solidaire) ;
l’assurabilité d’un nouveau procédé, etc.
Ces clauses types sont annexées à l’article A. 243-1 du même code, lequel
comprend donc deux annexes :
– annexe I : « Clauses types applicables aux contrats d’assurance de respon-
sabilité » (obligatoire) ;
– annexe II : « Clauses applicables aux contrats d’assurance dommages »
(obligatoire).
Ces clauses s’imposent comme un minimum obligatoire, les parties pouvant tout
à fait stipuler des conditions plus favorables. Elles ont connu un certain nombre
de modifications dont certaines ont un peu écorné la logique d’ensemble voulue
à l’origine. Ainsi par exemple, la loi du 31 décembre 1989 est venue reprendre
les dispositions procédurales applicables en matière de « Dommages ouvrage »,
lesquelles étaient déjà contenues à l’annexe II précitée. De même, et en consé-
quence, l’arrêté du 13 juillet 1990 dit « arrêté-trou », en principe prévu pour
harmoniser les clauses types à la suite de la promulgation de la loi du 31 décembre
1989, a créé par plusieurs abrogations de textes des clauses types, un certain
nombre de trous, nuisibles à la compréhension de l’ensemble.
En tout état de cause, il est impératif d’examiner, pour chaque question qui se
pose, le libellé de la partie législative du Code des assurances puis les clauses
types, la priorité revenant en cas de conflit à la loi17.
Exemple
Le recours à un bulldozer (matériel de génie civil) pour créer la surface de construction
d’un immeuble. A contrario, recours à des techniques de génie civil pour la construction
de l’arche de la Défense, immeuble creux, en élévation et habité.
20. Cass. 1re civ., 26 mars 1996, Bull. civ. I, no 149, Letiercé : arrêt de principe relatif à un silo
à grains installé sur un socle.
21. Cass. 1re civ., 29 février 2000, Bull. civ. I, no 65, Chirinian.
22. Cass. 3e civ., 22 juillet 1998, Bull. civ. III, no 170.
140 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Par cet arrêt de principe (arrêt Danno), la Haute juridiction a considéré, s’agis-
sant de la défectuosité d’une « machine à soupe » pour préparer la nourriture
des porcs, que les juges du fond ne pouvaient avoir statué « sans rechercher si le
matériel atteint de désordres relevait des travaux de construction ».
Le différend apparaît aujourd’hui évident.
Certes, l’objectif de la Première chambre civile de la Cour de cassation était
louable car elle incitait chacun à satisfaire à une obligation d’assurance
étendue, sanctionnée pénalement, puis à bénéficier des garanties souscrites
en cas de sinistre. Cependant, la charge financière excessive pesant sur les assu-
reurs – qui n’avait pas été anticipée au niveau des primes – mais également
l’insécurité juridique qui régnait du fait de ce critère extensif rendait néces-
saire une réforme.
De même, la solution retenue par la Troisième Chambre présentait l’avantage
de délimiter de manière claire le champ de l’assurance construction autour des
travaux effectués sur site et consacrés à l’édification d’un ouvrage de construc-
tion par l’appareillage de matériaux (la loi de 1978 dirait « d’éléments consti-
tutifs » !) mais elle nécessitait une consécration légale.
IV – L’ordonnance du 8 juin 2005
Cette quatrième et dernière époque en date, la réforme souhaitable est venue
préciser le champ de l’assurance construction obligatoire. L’élaboration de
celle-ci a pris presque dix ans et s’est intégrée à une réflexion plus vaste (cf. infra
au sujet de la procédure « Dommages ouvrage », nos 230 et 235). L’on peut
estimer à ce jour que l’évolution n’est pas encore terminée.
Il n’en est pas moins vrai que le pas décisif a été franchi au sein de cette évolu-
tion globale, avec l’installation d’un « comité de sages » réuni sous la haute
présidence du Professeur Périnet-Marquet. Ce comité a déposé, fin 1997, un
rapport important23. Celui-ci, après un récapitulatif très précis et soigneux des
opinions des diverses parties prenantes de la réforme à venir, dressait un état
des lieux et suggérait deux pistes :
– soit créer une définition positive (de même genre que la définition retenue
jadis par les pouvoirs publics) qui serait peaufinée par la jurisprudence ;
– soit aligner le champ d’application de l’assurance obligatoire sur celui de la
responsabilité civile décennale et définir négativement par des exclusions
le domaine de l’assurance (définition négative fondée sur le « tout sauf »).
La réforme a été réalisée par le biais d’une ordonnance no 2005-658, en date
du 8 juin 2005 qui a pris effet le 9 du même mois pour ce qui concerne le volet
assurance. Il convient donc d’examiner, à présent, les apports de cette réforme.
Celle-ci retient, en définitive, la méthode « négative » pour définir le champ
actuel de l’assurance construction obligatoire.
Exemple
Les voiries d’un bâtiment de logement (villa ou immeuble collectif), mais non les VRD
d’un lotissement (division foncière en terrains équipés voués à une construction
ultérieure).
Exemple
Des fissures, résultant d’un nouveau garage attenant à une villa, apparaissent sur ladite
villa : l’assurance obligatoire n’est pas concernée.
Bibliographie
2
Les polices d’assurance obligatoires
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
221. À l’intérieur du cadre qui vient d’être défini, prennent place deux garanties
obligatoires. Il s’agit, comme on l’a vu, de la garantie que doit souscrire le maître de
l’ouvrage et dénommée « Dommages ouvrage », puis de la garantie souscrite par le
professionnel pour protéger sa responsabilité civile décennale. On rappellera que la
loi Spinetta a instauré un système « à deux détentes » séparant la mission d’indem-
nisation rapide du propriétaire des ouvrages sinistrés de la mission de définition des
responsabilités, et de ce fait de la personne devant supporter la charge définitive du
coût des réparations. Le premier temps du dispositif est dominé par la notion de
« préfinancement » des travaux. Le second est dominé par le concept de « respon-
sabilité ». Le lien entre les deux temps de ce mécanisme résulte de l’action de
subrogé exercé par l’assureur « Dommages ouvrage » à l’encontre de son confrère
assureur de responsabilité.
On observera avec la doctrine que les deux assurances en cause ont le même objet :
la garantie des dommages décennaux atteignant l’ouvrage. Cependant, les deux
garanties ne conduisent nullement à un doublon car le moment de leur interven-
tion et leur finalité se révèlent totalement différents.
148 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
la date du règlement car c’est celui-ci qui pourra faire exécuter les reprises. À
noter toutefois que la responsabilité du vendeur ne sera pas engagée au titre de
son obligation de délivrance, en cas d’absence de de souscription de la garantie
DO car la jurisprudence considère que cette garantie ne constitue pas un
« accessoire » indispensable de l’immeuble vendu1.
En principe, le souscripteur de la garantie perd la qualité de bénéficiaire dès
qu’il vend le bien en cause2. Ceci est systématiquement le cas pour le
vendeur sur plan dans le cadre d’une vente d’immeuble à construire. Ceci est
logique car on peut se demander si la garantie ne jouerait pas alors une sorte de
rôle de garantie en responsabilité au profit dudit vendeur. Cela sera également
le cas de tout maître d’ouvrage vendant après achèvement et durant les dix ans
suivants la réception, le bien construit.
Cette règle souffre cependant deux exceptions :
– le vendeur souscripteur peut s’adresser à l’assureur « DO » dans le cadre
d’un recours subrogatoire3, dès lors qu’il aura acquitté le montant des
travaux de reprise d’un dommage décennal ;
– le vendeur d’un bien peut également se substituer à un propriétaire acqué-
reur défaillant et saisir l’assureur « DO » d’une déclaration de sinistre afin
qu’il prenne en charge le montant des travaux nécessaires à la réparation
d’un dommage décennal. On estime que l’intervention du vendeur,
contestable au plan juridique dans son principe, est utile à la conservation
de l’immeuble et participe donc de la mission d’indemnisation rapide
dévolue à l’assureur de chose, ne fût-ce que pour limiter l’ampleur des
dommages.
À noter également que le syndicat de copropriété, s’agissant des parties
communes, a qualité de « bénéficiaire » de la garantie. Ainsi, c’est au syndic
ès qualité qu’il revient de mettre en œuvre la garantie « DO » attachée à
l’ouvrage commun, dans le cadre de la mission de conservation de l’immeuble
que lui attribue l’article 14 de la loi du 10 juillet 1965 relative à la copropriété
et affecter les fonds reçus de l’assureur à la réparation de ces parties communes4.
Bien entendu, pour les parties privatives, le bénéficiaire est le copropriétaire.
Parfois les syndics proposent de jouer le rôle d’interface entre les coproprié-
taires et l’assureur, ce qui n’est pas toujours sans risque (gestion des délais,
information, initiatives procédurales).
Pour finir, il importe d’observer que l’assurance étant attachée à la chose pour
la durée prévue par la loi, il est impossible à l’assureur de résilier la police lors
d’une mutation comme cela est le cas en matière de police « multirisque habi-
tation » (incendie, dégâts des eaux, etc.).
Exemple
Réception des travaux le 3 octobre 2000 ; le locataire de l’ouvrage signale le
25 septembre 2010 par lettre recommandée au maître de l’ouvrage une fuite sur canali-
sation d’adduction d’eau. Le propriétaire peut déclarer le sinistre jusqu’au 25 septembre
2012, soit presque deux ans après la fin de la période légale de garantie.
Il serait faux toutefois d’invoquer une « garantie de douze ans » car la possibi-
lité de déclarer le sinistre reste toujours conditionnée à sa production durant
la période de principe conformément aux dispositions de l’article L. 242-1 du
Code des assurances. De même, la déclaration d’un sinistre plus de deux ans
après sa découverte conduira son auteur à se voir opposer la prescription bien-
nale applicable au droit des assurances.
IV – La consistance de l’indemnisation
225. Le risque assuré est bien entendu le dommage décennal. On doit
comprendre en cela tous les dommages « de la nature de ceux » prévus par
l’article 1792 du Code civil, affectant l’ouvrage construit.
Ce sont les dommages qui portent atteinte à la solidité de l’ouvrage, portent
atteinte à la solidité d’un élément d’équipement indissociable de cet ouvrage
ou compromettent la destination de l’ouvrage considéré dans son entier.
S’y ajoute désormais la prise en charge des dommages affectant les « existants
incorporés » au sens de l’article L. 243-1-1 du Code des assurances. On rappel-
lera qu’il s’agit des ouvrages ou éléments d’équipement qui sont indissociable-
ment incorporés aux travaux neufs (par opposition aux existants non incorporés
qui ne relèvent pas de l’assurance obligatoire mais d’une Police facultative).
Toutefois, le champ d’intervention de la garantie « DO » est plus large que celui
de la responsabilité civile prévue par les articles 1792 et suivants et 1792-4-1 du
Code civil. L’assureur « D.O. » doit prendre en compte les dommages décennaux
– y compris résultant de non-conformités au contrat – consignés au
procès-verbal de réception des travaux. Il en est de même des dommages décen-
naux – y compris résultant de non-conformités au contrat – affectant un ouvrage
avant réception dans l’hypothèse d’un abandon de chantier (cf. ci-dessous).
En revanche, l’assureur « DO » ne saurait être tenu de garantir les non-
conformités apparues durant le temps du chantier mais sans aucune consé-
quence fonctionnelle décennale. Cette couverture est dévolue à d’autres
types de garanties, spécifiques aux contrats spéciaux de la promotion immobi-
lière et dénommées « garanties de bonne fin ». Ces protections s’inspirent du
mécanisme de la caution et suppléent aux carences d’achèvement des
CHAPITRE 2 – LES POLICES D’ASSURANCE OBLIGATOIRES 153
8. Cass. 3e civ., 3 février 1993, Bull. civ. III, no 50 ; voir aussi : Cass. 1re civ., 22 novembre
1989, Bull. civ. I, no 354.
154 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Exemple
Réalisation d’un drain (hypothèse rencontrée dans l’arrêt précité du 3 février 1993) ou
de micropieux pour stabiliser une maison affectée de fissures décennales.
Exemple
Fondations prévues en 0,50 mètre et réalisées en 0,40 mètre, ce qui occasionne des
fissures décennales.
En tout état de cause, on pouvait penser que la loi, norme supérieure, devait
s’appliquer prioritairement.
Mais une autre difficulté devait être prise en compte car, en cas de marchés de
travaux d’une ampleur exceptionnelle, les capacités d’assurance des compa-
gnies, même les plus grandes, pouvaient être mises en cause.
C’est cette raison, principalement économique, qui a présidé au vote de la loi
du 28 juillet 2008. Selon cette loi, les assurances « Dommages, ouvrage »
peuvent comporter un plafond de garantie lorsqu’elles ne s’appliquent pas au
domaine de la construction de logement (art. L. 243-9, C. assur.).
Deux règles peuvent être dégagées de ce texte important :
– en premier lieu, il est désormais clairement établi – quoique cela résulte
d’une lecture a contrario de l’article précité – qu’aucune sorte de plafonne-
ment ne peut être mise en place en cas de construction de logements.
Cette règle s’applique à compter de la date d’entrée en vigueur de la loi
mais elle vient conforter la solution antérieure, fondée sur le libellé de
l’article L. 242-1 du Code des assurances ;
– en second lieu, dans le secteur « hors logement » la loi instaure clairement
une possibilité de plafond qui a été précisée par le décret d’application de
la loi. Par effet de ce décret en date du 22 décembre 2008, le plafonne-
ment pourra être de deux sortes (art. R. 243-3, C. assur.) ;
– soit il pourra être égal au montant du coût de l’ouvrage déclaré par le
maître de l’ouvrage ;
– soit il pourra être inférieur à ce coût dès lors que celui-ci dépasse les
150 millions d’euro, ce qui laisse une certaine marge. Dans ce cas, le
plafonnement ne pourra pas être inférieur à 150 millions d’euros.
S’agissant d’une règle posée par les clauses types, en exécution de l’article L. 243-9
du Code des assurances précité, celle-ci est réputée inscrite dans tous contrats
d’assurance « Dommages ouvrage ».
On notera que l’instauration d’un plafond de garantie « hors logement » avait
été décidée par une loi du 30 décembre 2006 en matière de garantie de RC
décennale. Il y avait donc une dissymétrie dommageable pour l’assureur DO
qui était tenu pour le tout, sur le fondement de l’article L. 242-1 du Code des
assurances mais qui ne pouvait exercer son recours subrogatoire que dans la
limite du plafond stipulé par la police RC décennale des locateurs d’ouvrage
responsables.
La loi du 28 juillet 2008 et son décret d’application apparaissent donc comme
une sorte de « correctif » qui vient redonner au système à double détente sa
cohérence, du moins dans les principes.
Les clauses types modifiées ayant intégré ces évolutions, il n’existe donc plus de
difficulté liée à un libellé différent des clauses types et de la loi.
156 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Exemple récapitulatif
Pour une fuite en faîtage de toiture, l’indemnité doit comporter, sans aucune franchise
ni déduction pour vétusté, le montant du démontage du faîtage fuyard, l’évacuation des
déblais, la confection d’un nouveau faîtage, le rajout d’une feuille « polyane » en
sous-face, non prévue à l’origine, la peinture du plafond et la tapisserie tachés en
contrebas de la fuite. Elle ne comprendra pas les frais de relogement de l’occupant à
l’hôtel, pas plus que les dommages au canapé et à la table basse touchés par les eaux.
L’expertise des dommages doit concilier la rapidité de décision qui est requise
de l’assureur « Dommages ouvrage » avec les nécessités du principe du contra-
dictoire (art. 16, CPC) dans l’optique du recours de cet assureur contre son
homologue, assureur décennal. C’est la raison pour laquelle les clauses types
ont, pour ainsi dire, aménagé le respect du principe du contradictoire en
prévoyant que l’expert « DO » doit seulement « informer » les responsables et
leurs assureurs du déroulement de l’expertise et les « consulter pour avis »
chaque fois qu’il l’estime nécessaire. Une convocation à 21 jours des responsa-
bles par voie de recommandé avec avis de réception est donc tout à fait
superflue.
Parfois les modalités de l’expertise peuvent résulter d’une gestion convention-
nelle entre assureurs, sous l’empire de la convention CRAC (convention de
règlement en assurance construction). Il s’agit d’une convention destinée à
simplifier le processus de gestion DO dans l’optique de réduire les coûts. Dans
cette hypothèse, le principe d’une expertise « pour compte commun » est
retenu, les conclusions de l’expert « DO » étant opposables aux assureurs de
responsabilité, sauf cas particuliers.
Enfin, l’assuré peut tout à fait s’adjoindre les services d’un expert d’assuré (ou
de l’expert de son assureur de « protection juridique ») dans le cadre de l’exper-
tise « DO ». Ceci lui permettra de nourrir un dialogue équilibré avec l’expert
« DO » dans un domaine technique souvent complexe mais également de faire
examiner les divers rapports déposés par l’expert « DO » avant de décider des
suites à donner.
a) Phase 1 : l’octroi ou le refus de la garantie
232. Ayant réceptionné le rapport de son expert, l’assureur doit
successivement :
– en adresser un exemplaire à l’assuré dans le délai maximal de soixante
jours, comptés à partir de la réception de la déclaration constituée ou
réputée constituée jusqu’à la date d’envoi de la lettre de notification à
l’assuré.
La Cour de cassation ayant une conception de la garantie très protectrice de
l’assuré, elle avait posé en principe l’exigence d’un envoi préalable du
rapport préliminaire. Ceci a été affirmé de manière constante par la Haute
juridiction23. On pouvait comprendre la volonté d’informer parfaitement
l’assuré sur les raisons de la décision prise ensuite par l’assureur, en lui
permettant de consulter les conclusions techniques avant même toute
prise de position de l’assureur.
Toutefois, cette exigence constituait un coût non négligeable et une lourdeur
procédurale peu compatible avec les délais stricts que l’assureur DO doit
respecter. Pour remédier à cet inconvénient, les assureurs avaient tendance
23. Pour un exemple : Cass. 3e civ., 4 janvier 2006, Bull. civ. III, no 2 ; Cass. 3e civ., 18 décembre
2007, RDI 2008, p. 160.
162 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
à donner mandat à leurs experts pour une transmission directe des rapports
aux assurés par leurs soins. Par ailleurs, l’absence d’envoi préalable du
rapport conduisait, à titre de sanction, à réputer « acquise » la garantie, ce
qui avait parfois des conséquences très dommageables pour l’assureur.
C’est la raison pour laquelle l’arrêté du 19 novembre 2009 réformant les
clauses types a mis fin à l’exigence d’un envoi « préalable » du rapport préli-
minaire à l’assuré. Ce rapport peut donc soit être envoyé préalablement, soit
être joint à la lettre de notification de la position de l’assureur à l’assuré, la
clause type prévoyant une transmission « au plus tard à cette date ». En
revanche, l’envoi après notification constitue une infraction aux règles obli-
gatoires des clauses type ;
– faire connaître par écrit, à l’assuré, sa position au regard de la garantie.
Cette prise de position doit être motivée si elle se révèle négative.
Il doit également par le même courrier lui adresser, s’il y a lieu, une propo-
sition pour la prise en charge des mesures conservatoires nécessaires à la
non-aggravation des dommages.
À noter qu’en cas de récusation de l’expert, lors de sa désignation, les clauses
types prévoient un rallongement du délai égal à dix jours en cas de première
récusation et de trente jours si l’expert amiable « DO » doit être nommé par
voie de justice ;
– désigner à nouveau son expert afin de faire procéder au chiffrage des
indemnités devant être servies à l’assuré en vue de la réparation des
dommages pour lesquels la garantie a été reconnue acquise.
b) Phase 2 : la proposition d’indemnité
233. Dans le délai de 90 jours, comptés à partir de la déclaration constituée
ou « réputée constituée », l’assureur, après avoir transmis à nouveau le rapport
chiffré à son assuré, doit adresser à celui-ci la notification du montant de
l’indemnité.
Ce délai pour chiffrage peut être augmenté de 135 jours mais seulement si le
supplément de délai est motivé par une difficulté technique particulière et si la
prolongation a été acceptée par l’assuré. Les suppléments de délais prévus en
cas de récusation devront également être décomptés dans le délai de 90 jours.
Saisi de cette proposition d’indemnité, l’assuré n’a aucun délai particulier à
respecter – attention toutefois au délai de prescription de deux ans – pour faire
connaître son acceptation. Il peut donc analyser l’offre qui lui est faite et qui
doit être détaillée poste par poste, voire réactualisée selon l’indice prévu au
contrat. Elle tient compte, précisent les clauses types « s’il y a lieu, des dépenses
qui ont pu être précédemment engagées ou retenues, ainsi que des indemnités qui ont
pu être antérieurement versées au titre des mesures conservatoires ».
c) Phase 3 : le paiement effectif
234. S’il accepte l’indemnité, l’assuré doit signer une quittance subrogatoire
jointe à la lettre formulant l’offre et la retourner à l’assureur par pli
CHAPITRE 2 – LES POLICES D’ASSURANCE OBLIGATOIRES 163
Jadis, les clauses types édictaient des sanctions spécifiques selon que l’assureur
négligeait le délai de 60 jours ou de 90 (en fait, 105 jours à l’époque). Aujour-
d’hui, l’article L. 242-1 du Code des assurances édicte un système de sanction
homogène applicable aux diverses infractions commises par l’assureur.
I – Les conditions de la sanction
237. En premier lieu, ces infractions sont constituées par le non-respect d’un
délai de procédure amiable obligatoire :
– il en est ainsi de l’absence totale de notification de l’octroi ou du refus de
la garantie dans les soixante jours après la réception de la déclaration
réputée constituée. Il s’agit ici de l’expiration du délai sans aucune mani-
festation de l’assureur demeuré silencieux ;
– cette carence de l’assureur est cependant appréciée souplement par la juris-
prudence. Ainsi, aucune sanction n’est encourue si la déclaration ne vise
pas l’immeuble assuré mais un autre30. Il en est de même si la déclaration
de sinistre est effectuée plus de deux ans après la date d’expiration du délai
décennal faisant suite à la date de la réception des travaux, l’assureur n’est
pas tenu de répondre31 ;
– une solution identique est retenue si l’assureur n’a pas répondu à une
déclaration de sinistre correspondant à des dommages déjà déclarés et
ayant fait l’objet d’un refus32. Il n’est donc pas possible à un assuré écon-
duit de tenter d’exploiter la carence de l’assureur à l’occasion d’un second
dossier artificiel pour des dommages strictement identiques à ceux déclarés
initialement ;
– il y aura également faute de l’assureur si celui-ci répond au-delà du délai
légal de 60 jours évalué par confrontation de la date de la déclaration consti-
tuée ou réputée telle et la date d’envoi de la lettre de notification de l’assureur ;
– la notification d’une décision de refus dans les 60 jours mais cependant
non motivée, comme cela est exigé expressément par les clauses types, de
même est assimilée à un refus exprimé hors délai33. Il sera rappelé pour
mémoire que le cas d’un refus de garantie non précédé de l’envoi du
pré-rapport d’expertise constituait jadis une faute de l’assureur génératrice
de sanctions. En effet, la Cour de cassation exigeait une application stricte
des règles légales et vérifiait que l’assureur avait adressé le pré rapport de
son expert à l’assuré préalablement à la notification de son refus de garantie.
Cette solution jurisprudentielle est désormais écartée par le libellé des
clauses types qui permet un envoi concomitant du pré rapport et de la
notification du refus des garanties. Ceci est heureux car l’application litté-
rale des textes conduisait à d’incontestables abus ;
Exemple
Déclaration du 2 janvier 2007 ; délai maximal pour effectuer une offre d’indemnité :
2 mars 2007 ; paiement de l’indemnité au 15 avril 2007 ; le double de l’intérêt
s’applique à la période du 2 mars 2007 au 15 avril 2007, soit 44 jours.
36. Cass. 1re civ., 1er février 2000, Bull. civ. I, no 32 ; Cass. 3e civ., 20 juin 2012, no 11-14969.
170 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Exemple
Dépassement du délai de 60 jours le 2 mai 2003. La notification aura dû être effectuée
avant le 2 mai 2005. Les relances et la réclamation chiffrée doivent avoir été réalisées
dans les deux ans suivant le 2 mai 2005 soit avant le 2 mai 2007.
Exemple
L’assureur qui paie par erreur une indemnité au-delà du délai décennal ou qui prend en
charge un dommage non décennal sera sans droit à l’égard de l’assureur de responsabi-
lité. Idem pour le montant d’indemnité au double de l’intérêt légal payé par l’assureur
DO au titre d’un retard à faire connaître sa garantie ou son offre ou même à réaliser son
paiement.
même si le délai décennal n’a pas été interrompu face à l’entrepreneur assuré
dès lors que ce recours est exercé dans le délai de dix ans après la réception.
Bien entendu, si l’entrepreneur assuré est mis en cause dans le délai décennal,
l’action directe de la victime pourra s’exercer durant les deux années suivantes par
effet de l’article L 114-1 du Code des assurances : on le voit, en pareille situation, à
l’instar de l’assureur « DO », l’assureur RC décennale reste exposé à un recours
pendant douze ans après la date de la réception, si l’entrepreneur est assigné durant
les derniers jours du délai décennal de l’article 1792-4-1 du Code civil.
Le maître de l’ouvrage devra toutefois prendre garde au fait que l’assureur peut
lui opposer certaines causes de refus de prise en charge, partielle ou totale,
tenant, par exemple à la validité ou à la nullité du contrat d’assurance ceci
par effet de l’article L. 112-6 du Code des assurances.
De même, l’assureur peut opposer à l’action directe de la victime l’application
d’une règle proportionnelle de prime au sens de l’article L. 113-9 du Code des
assurances, dans le cas où l’entrepreneur a insuffisamment déclaré le risque,
sans pour autant commettre une fraude.
Noter, qu’en revanche, il ne saurait prétendre à une compensation de la
somme due au titre de l’indemnité de réparation et le montant de primes
impayées.
II – La responsabilité garantie
242. Les dommages garantis sont bien entendu ceux prévus par l’article 1792,
1792-2, 1792-4 du Code civil. On rappellera succinctement qu’il s’agit des
dommages :
– cachés à la réception des travaux ;
– affectant un « ouvrage » ou un « élément d’équipement » de cet ouvrage ;
– sans que cet élément d’équipement ait une fonction professionnelle
(art. 1792-7 du Code civil) ;
– en affectant la solidité ;
– ou en compromettant la destination.
En revanche, les dommages n’ayant pas l’intensité décennale ou n’affectant pas
un « ouvrage » visé par les textes ne peuvent relever de l’assurance obligatoire
mais seulement d’une couverture d’assurance facultative fonctionnant confor-
mément au droit commun de l’assurance.
Exemples
Les dommages affectant les travaux de pose d’un équipement en cours de vie d’un
immeuble ; les dommages ne relevant que de la garantie de parfait achèvement ; les
dommages relevant de la garantie de bon fonctionnement ; les dommages mettant en
œuvre des hypothèses de responsabilité de droit commun.
CHAPITRE 2 – LES POLICES D’ASSURANCE OBLIGATOIRES 175
Exemple
Un ouvrage a été réceptionné le 12 mars 2001. Le maître de l’ouvrage assigne « en cata-
strophe » le couvreur pour une fuite au toit le 10 mars 2011 sans disposer des coordon-
nées de l’assureur décennal du responsable. Cet assureur pourra être mis en cause lors-
qu’il sera connu jusqu’au 10 mars 2012.
suscitées par les assureurs dans le but de réduire leurs débours et d’équilibrer
une garantie fortement déficitaire.
On rappellera que ces limites ne s’appliquent qu’aux garanties obligatoires.
I – Les limites légales
246. L’assurance construction obéissant jadis, avant le 1er janvier 1979, date
d’entrée en vigueur de la loi actuelle, aux règles générales du Code des assu-
rances, des exclusions de garantie pouvaient être stipulées par les polices RC
décennales dès lors qu’elles étaient « formelles et limitées » (art. L. 113-1,
C. assur.). De même, des plafonds ou des franchises étaient possibles, ce qui
réduisait d’autant les indemnités payées aux victimes. Les assureurs avaient
donc tissé un ensemble de limites à leur prise en charge, par la simple et stricte
application du Code des assurances.
La sécurité des maîtres d’ouvrage et l’équilibre du système légal à deux détentes
exigeaient de limiter ces limitations de prise en charge. L’attention des
pouvoirs publics s’est exercée sur trois sujets qui font l’objet de dispositions au
sein des clauses types annexées à l’article A. 243-1 du Code des assurances.
a) Premier sujet, les exclusions de garantie
Celles-ci sont désormais réduites à trois causes seulement qui ne doivent être
prises en compte que si elles sont la cause exclusive des dommages. Toute
autre exclusion de garantie sera « réputée non écrite » et ne pourra être appli-
quée. En revanche ces exclusions sont opposables non seulement à l’assuré
mais aussi à la victime, à condition cependant que l’assureur établisse la
preuve de l’existence de l’applicabilité de l’exclusion, cette preuve étant à sa
charge (sauf guerre étrangère).
Il s’agit :
– du fait intentionnel ou du dol de l’assuré face à l’assureur. Il s’agit du cas
où l’assuré a commis une faute (par action ou par omission) dans la réali-
sation d’un ouvrage, ladite faute étant destinée à générer un dommage
générant lui-même la mise en œuvre de la garantie de l’assureur. Il suffit
que l’assuré ait voulu ainsi déclencher l’intervention de son assureur46 ;
– de l’usure normale, du défaut d’entretien ou de l’usage anormal du bien.
Les auteurs spécialisés remarquent à juste titre que cette exclusion est
quelque peu inutile : en effet, si le dommage est provoqué par une des
causes visées ci-dessus, la responsabilité du constructeur sera probablement
largement exonérée ne fût-ce que par le fait du maître de l’ouvrage ;
Exemples
L’ouvrage ne fait l’objet d’aucune visite périodique d’entretien des éléments d’équipe-
ment de chauffage central, ce qui conduit à une panne du système. L’ouvrage à usage de
logement est utilisé comme magasin, ce qui conduit à une dégradation rapide et impor-
tante des revêtements de sol du fait de la fréquentation importante des lieux.
Exemple
La mise en œuvre d’un produit nouveau d’étanchéité ou d’une technique non tradition-
nelle pour sa mise en œuvre.
Curieusement, les pouvoirs publics ont ajouté à ces trois exclusions, au sein des
clauses types, une « cause de déchéance », pour le cas où l’entrepreneur assuré
se rendrait responsable d’une « inobservation inexcusable des règles de l’art ».
On voit que la volonté des pouvoirs publics est de réintroduire une part de
Exemple
L’entreprise de couverture ne respecte pas les règles de recouvrement d’une tuile sur
l’autre (le pureau) telles qu’énoncées par les DTU pour le site de construction. Il en
résulte des infiltrations par temps de pluie et de vent.
Enfin, il est important de signaler que la déchéance prévue par les clauses types
est inopposable au bénéficiaire de l’indemnité, ce qui en réduit l’intérêt.
b) Deuxième sujet : la gestion de la franchise
247. Celle-ci est licite, si elle est prévue au contrat d’assurance responsabilité
civile décennale. Il s’agira d’une somme fixée à l’avance, soit en pourcentage
du montant de l’indemnité, soit de manière forfaitairement chiffrée, et qui
restera à la charge des entreprises assurées. L’objectif est tout à la fois de
limiter le poids des « petits sinistres » pour l’assureur mais également de mora-
liser la profession d’entrepreneur en faisant participer celui-ci au règlement
financier du dommage.
Toutefois, les clauses types instaurent une limite qui consiste dans le caractère
inopposable de cette franchise au bénéficiaire de l’indemnité pour la part rele-
vant de l’assurance obligatoire. Il s’agit d’une dérogation aux règles du droit
CHAPITRE 2 – LES POLICES D’ASSURANCE OBLIGATOIRES 181
commun des assurances (art. L. 112-6, C. assur.) qui fait l’objet d’une applica-
tion stricte de la part de la jurisprudence48. En pratique, l’assureur doit donc
dans un premier temps verser dans son intégralité, sans retenue, le montant
de l’indemnité au bénéficiaire, puis dans un second temps, demander rembour-
sement de la franchise à son assuré, l’entrepreneur responsable. L’indemnité
relative aux dommages mobiliers ou immatériels peut en revanche être affectée
d’une franchise, dès lors qu’il s’agit d’une garantie facultative.
c) Troisième sujet : les plafonds de garantie
248. Ce sujet mérite une attention particulière car il a fait l’objet d’une évolu-
tion récente.
On a vu qu’en assurance « Dommages ouvrage », les plafonds de garantie ont
été prévus dès l’origine par la clause type bien qu’ils semblaient condamnés par
le libellé de l’article L. 242-1 du Code des assurances. Bien qu’aucun texte ne
régisse clairement à l’origine cette question en matière d’assurance de respon-
sabilité civile décennale obligatoire, la jurisprudence a retenu jusqu’en 2006
l’illégalité des plafonds de garantie49. En effet, elle considérait qu’aucune
réduction d’indemnité n’était possible car celle-ci serait contraire à la philoso-
phie de la garantie obligatoire mais également à la lettre même de l’annexe I à
l’article A. 243-1 du Code des assurances qui dispose sans restriction que « le
contrat garantit le paiement des travaux de réparation de l’ouvrage... ».
À la suite de difficultés concernant la couverture d’assurance et de réassurance
d’opérations de prestige (notamment le Musée des arts premiers à Paris), une
loi du 30 décembre 2006 est venue ajouter au Code des assurances un
article L. 243-9 reproduit ci-dessous : « Les contrats d’assurance souscrits par les
personnes assujetties à l’obligation d’assurance de responsabilité en vertu du présent
titre peuvent, pour des travaux de construction destinés à un usage autre que l’habi-
tation, comporter des plafonds de garantie.
Un décret en Conseil d’État fixe les conditions dans lesquelles les montants de
garantie peuvent être plafonnés en fonction, notamment du montant des ouvrages
de leur nature ou de leur destination, de la qualité du maître d’ouvrage et du cons-
tructeur et, le cas échéant du niveau de couverture d’assurance des différents interve-
nants à une même construction ».
Par effet du décret du 22 décembre 2008, l’article R. 243-3 du Code des assu-
rances prévoit que le plafonnement pourra être de deux sortes :
– soit, il pourra être égal au montant du coût de l’ouvrage déclaré par le
maître de l’ouvrage ;
– soit, il pourra être inférieur à ce coût dès lors que celui-ci dépasse les
150 millions d’euros, ce qui laisse une certaine marge. Dans ce cas, le
plafonnement ne pourra pas être inférieur à 150 millions d’euros.
On a pu craindre que ce texte puisse aboutir à rompre l’équilibre entre les deux
garanties obligatoires, la couverture en « Dommages ouvrage », censée payer la
« totalité des travaux » de réparation selon l’article L. 242-1 du Code des assu-
rances, n’étant pas assortie de plafonds. Comme on sait, cette anomalie a été
corrigée par la loi du 28 juillet 2008 et son décret d’application, de sorte que le
régime des plafonds apparaît aujourd’hui totalement cohérent.
II – Les limites jurisprudentielles : les causes de « non-garantie »
249. Les textes qui viennent d’être présentés encadrent de manière impéra-
tive, les stipulations des contrats d’assurance responsabilité civile décennale.
L’article L. 243-8 du Code des assurances impose des clauses « au moins équiva-
lentes à celles figurant dans les clauses types ». Celles-ci limitent à trois les causes
d’exclusion avec pour sanction le caractère « non écrit » des stipulations moins
favorables. Aucun écart n’est donc permis aux assureurs.
Le souci d’équilibrer leurs comptes dans une branche traditionnellement défi-
citaire a donc conduit ces derniers à plaider sur la base d’un autre montage
juridique : celui de la non-garantie. Ceci pourra être perçu comme une
atteinte à la protection des victimes telle que voulu par le rapport Spinetta,
puis la vision consumériste de la loi du 4 janvier 1978.
Deux types de non-garantie ont eu la faveur de la Cour de cassation qui toute-
fois a veillé à ce qu’une application équilibrée en soit effectuée dans la
pratique. Il s’agit de la jurisprudence de l’activité déclarée et de celle du chan-
tier déclaré.
a) L’activité déclarée
250. Le raisonnement des assureurs repose sur une distinction dont il y a lieu
de rappeler l’essentiel qui oppose la notion d’exclusion de garantie à celle de
non-garantie.
En effet, l’exclusion de garantie correspond schématiquement à une partie d’un
risque assuré ne faisant pas l’objet d’indemnisation. Le sinistre entre en prin-
cipe dans le champ de la garantie mais par effet de l’exclusion stipulée au
contrat, il n’est pas indemnisé.
Exemple
Exclusion d’une police « vol » de certains bijoux ou fourrures. En cas de sinistre, l’assu-
reur réglera une indemnité pour les divers postes de préjudice sauf ceux faisant l’objet de
l’exclusion.
raisonnement est simple : l’activité qui est la cause du sinistre n’étant pas
déclarée et ne figurant pas au contrat, celle-ci lui est extérieure. Le sinistre
ne doit pas être indemnisé.
Cette prétention a été curieusement reçue par la Cour de cassation, en 1997,
grâce à deux arrêts.
Le premier concernait un entrepreneur qui, assuré pour des travaux d’aména-
gement de magasins (électricité, plomberie, ventilation) s’était aventuré à
refaire une toiture chez un particulier. Cette jurisprudence ayant été consacrée
et faisant l’objet d’une application constante, il est intéressant de reproduire
l’attendu principal de cette importante décision :
« Attendu que, si le contrat d’assurance de responsabilité obligatoire que doit sous-
crire tout constructeur ne peut comporter des clauses et exclusions autres que celles
prévues par l’annexe I à l’article A. 243-1 du Code des assurances, la garantie de
l’assureur ne concerne que le secteur d’activité professionnelle déclaré par le
constructeur ; »
On constate que le raisonnement de la Cour de cassation se compose de deux
mouvements. Dans un premier temps, elle rappelle strictement que les seules
exclusions admises sont celles prévues par les clauses types ; dans un second
temps, elle affirme que la garantie ne peut concerner que « le secteur d’activité
déclaré ». Ceci consacre le principe d’une non-garantie50 qui vise une activité
extérieure au champ d’application de la Police décennale.
Assez rapidement cet arrêt de principe a été confirmé par une autre décision
concernant un entrepreneur de charpente qui avait assumé la construction
dans son entier d’un chalet en bois51.
La Cour de cassation considère que l’activité de charpentier est distincte de
celle de constructeur de chalet, de sorte que cette dernière activité ne saurait
être considérée comme intégrée à la sphère contractuelle de la garantie
d’assurance.
On notera que la Cour de cassation est vigilante au sujet de la distinction entre
exclusion et « non garantie ». Ainsi, elle se refuse à admettre l’exclusion de
certains travaux de bâtiment52 ou de procédés de construction considérés
comme des « techniques non courantes53 » car elle considère que ces stipula-
tions « font échec aux règles d’ordre public relatives à l’étendue de l’assurance
obligatoire », de sorte qu’elles doivent être réputées non écrites.
Malgré tout, l’argumentation conduisant à la consécration d’une « non-garantie »
en cas de défaut de déclaration de l’activité source du sinistre n’est pas exempte
de critiques.
Sociétés d’Assurance) qui s’est tenue le 18 décembre 2007 a adopté une réso-
lution sur l’adoption d’une nomenclature commune, des activités du bâtiment
comportant 39 activités. Ce document est donc de nature à réduire les diffi-
cultés de définition des activités à déclarer.
Enfin, c’est à l’entreprise d’actualiser sans cesse, au gré de l’évolution de son
entreprise, la liste des activités déclarées.
En dépit de ces critiques, la jurisprudence de l’activité déclarée est sans cesse
confirmée. C’est sans doute la raison pour laquelle la Cour de cassation a
tempéré la rigueur de la « non-garantie » résultant d’une activité non déclarée,
grâce à diverses précisions :
– tout d’abord, la non-garantie ne peut s’appliquer qu’à des activités tech-
niques et non à la forme juridique de leur exercice : l’entrepreneur assuré
pour l’activité de maçonnerie doit être garanti, qu’il construise un ouvrage
dans le cadre d’un contrat de louage d’ouvrage ou d’un contrat de cons-
truction de maison individuelle. Le fait d’avoir omis de signaler à l’assureur
que l’entreprise signait des contrats protégés de ce type ne permet pas
d’invoquer une non-garantie56. La Cour de cassation considère, de même,
que la couverture souscrite pour une activité de constructeur de maison
individuelle comporte nécessairement la réalisation de fondations et
travaux de gros œuvre57. L’appréciation de l’activité garantie est donc
exclusivement technique et concrète ;
– c’est à la compagnie d’assurance d’invoquer la non-garantie dans le cadre
d’un procès : le juge n’a pas la possibilité de soulever d’office, l’absence de
déclaration de l’activité en cause. Cette prétention devra, bien entendu,
être motivée sur la base des stipulations de l’attestation d’assurance
remise au maître de l’ouvrage par le truchement de l’entrepreneur assuré,
rapportée à l’activité ayant conduit à la production du sinistre ;
– enfin, la Cour de cassation exerce un contrôle soigneux des dispositions
des attestations d’assurance diffusées par les assureurs afin de sanctionner
les conséquences d’attestation incomplètes ou imprécises.
Si l’attestation est incomplète et ne comporte aucune activité déclarée, le
maître de l’ouvrage ne pourra se voir opposer aucune restriction58 de
garantie, résultant de l’absence de déclaration de l’activité concernée.
Si l’attestation est imprécise, faute de détailler les activités garanties,
l’assureur59 engagera sa responsabilité.
Ainsi la Haute juridiction considère qu’une Cour d’appel ne saurait débouter
en pareille un maître d’ouvrage victime, de son recours contre l’assureur :
« Qu’en statuant ainsi, alors que l’assurance de responsabilité obligatoire dont l’exis-
tence peut influer sur le choix d’un constructeur étant imposée dans l’intérêt des
En effet, on sait que les entreprises souscrivent des garanties à l’année pour
leur activité de constructeur. Pour définir l’ampleur du risque et de la prime,
les entreprises doivent donc déclarer les divers chantiers qu’elles ouvrent
afin, en fin d’année, de permettre à l’assureur d’apprécier l’activité et de
calculer la prime. En l’absence de déclaration, l’assureur ignore l’ampleur
exacte du risque.
Comme pour la jurisprudence de l’activité déclarée, on voit que l’enjeu de la
démarche est économique. Il s’agit de faire en sorte que l’assureur ne déséqui-
libre pas sa garantie en raison de prises en charge pour lesquelles les primes
adéquates n’ont pas été perçues. Toutefois, ici comme en ce qui concerne
l’activité déclarée, la solution pourrait provenir d’une règle proportionnelle
de prime.
On notera – comme pour l’activité déclarée – que la victime des dommages
devient également la victime des carences de l’entrepreneur dans l’information
de son assureur. Qui plus est, aucune jurisprudence ne vient ici rééquilibrer la
charge de chacun, la responsabilité quasi délictuelle pour défaut de précision
de l’attestation d’assurance n’ayant en matière de non-déclaration d’un chan-
tier aucune espèce d’application.
Nos 252 à 262 réservés.
Bibliographie
3
Les garanties facultatives
complémentaires
Plan du chapitre
RÉSUMÉ
263. On envisagera les diverses hypothèses de garantie d’assurance facultatives,
avant de s’attacher à décrire leur régime, et notamment l’épineuse question de la
prise en charge dans le temps.
190 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
ou des actes de ses préposés » (loi du 3 janvier 1977, art. 16). Cette obligation
d’assurance est au demeurant sanctionnée pénalement.
La police souscrite par l’architecte aura donc vocation à couvrir des hypothèses
de responsabilité dans la conception de l’ouvrage, l’appel d’offres (y compris la
vérification des assurances obligatoires des entreprises retenues) ou le suivi du
chantier et se révèle donc particulièrement intéressante pour les maîtres
d’ouvrage en difficulté en cas de litige de construction.
Au plan des garanties facultatives qui vont être abordées à présent, il paraît
nécessaire de dresser rapidement le panorama des garanties offertes avant de
se concentrer sur le régime de ces garanties.
accidentels aux végétaux. Les maîtres d’ouvrage peuvent sur option faire égale-
ment assurer « l’erreur sans dommage » qui est alors une non-conformité.
Cette garantie est souscrite par les maîtres d’ouvrage professionnels et sa durée
de validité s’étend de la date d’ouverture du chantier à celle de la réception.
III – La police « multirisques » avant réception
269. Elle constitue une autre possibilité pour les maîtres d’ouvrage. Cette
garantie, également en assurance de chose, ressemble de près à la TRC,
quoique les dommages pris en charge soient plus restreints. En revanche, la
garantie « multirisques » présente la particularité de pouvoir être prolongée
après réception sous la forme d’une assurance « multirisques » classique, ce
qui permet par exemple d’assurer jusqu’à leur commercialisation les invendus
contre les incendies ou les dégâts des eaux (DDE).
B. Les garanties après réception
270. À ce stade de la présentation des garanties facultatives, il est nécessaire
de distinguer le cas des garanties applicables aux personnes assujetties aux
garanties obligatoires de celui des personnes qui n’y sont pas assujetties.
Dans le premier cas, les garanties en cause seront souscrites soit par le maître
d’ouvrage en « Dommages ouvrage », soit par les locateurs d’ouvrage au titre
d’une garantie de RC. La réception étant prononcée, les garanties obligatoires
de la loi du 4 janvier 1978 ont vocation à s’appliquer : les garanties faculta-
tives ont alors pour mission de compléter les garanties obligatoires.
I – S’agissant du maître d’ouvrage et des locateurs d’ouvrage
271. En premier lieu, s’agissant des maîtres d’ouvrage, les garanties facultatives
après réception prendront en compte les dommages non indemnisés par les
garanties obligatoires en décennale. Il s’agira comme on sait des dommages
immatériels mais aussi des dommages aux biens mobiliers.
Une garantie optionnelle et facultative leur permettra aussi d’être garanties en
cas de dommages relevant de la garantie dite « de bon fonctionnement » des
éléments dissociables de l’ouvrage.
Les maîtres d’ouvrage pourront enfin trouver intérêt, en matière de travaux de
rénovation, à souscrire une garantie, en assurance de chose, des existants.
On rappellera, en effet, que l’ordonnance du 8 juin 2005 a retranché de l’assu-
rance obligatoire les dommages aux existants sauf si ces derniers se trouvent
incorporés aux travaux neufs. Les travaux non incorporés sont donc désormais
exclus des garanties obligatoires. Pour remédier à cette lacune et dans le droit
fil du rapport Périnet-Marquet, les assureurs se sont regroupés pour adopter une
convention offrant une garantie facultative aux maîtres d’ouvrage en assurance
de chose. Les dommages aux existants non incorporés peuvent ainsi être pris
en compte. On notera que cette garantie facultative doit être obligatoirement
proposée aux assurés. Elle prévoit une définition unique des « existants ».
CHAPITRE 3 – LES GARANTIES FACULTATIVES COMPLÉMENTAIRES 193
Enfin, les assureurs ont mis en place une instance de régulation à laquelle
peuvent s’adresser les assurés au cas de difficultés de souscription de la garantie
ou de règlement des sinistres.
S’agissant des locateurs d’ouvrages, des garanties facultatives pourront venir
compléter les polices obligatoires pour couvrir des dommages immatériels
mais aussi des dommages aux biens mobiliers. Pourront également être pris en
compte les dommages relevant de la garantie « de bon fonctionnement ».
Enfin, les polices pourront prévoir la couverture des dommages dits « intermé-
diaires » dont on rappellera qu’il s’agit de dommages résultant d’une faute d’un
locateur d’ouvrage et dont les conséquences ne sont pas d’ampleur décennale.
Il sera observé que les dommages consécutifs à une malfaçon décennale
peuvent également être pris en charge par l’assureur « Multirisque habitation »
du maître d’ouvrage propriétaire des lieux sinistrés. Ainsi, les conséquences
dommageables d’une fuite d’eau de nature décennale sur le mobilier du
maître d’ouvrage, voire son éviction temporaire des lieux, peuvent relever de
cette garantie au titre du risque « DDE » (dégât des eaux). Il est donc impor-
tant de vérifier le contenu du contrat « Multirisque habitation » y compris en
cas de dommages décennaux, spécialement si les Polices spécifiques à l’assu-
rance construction ne prévoient pas de prise en charge de ces dommages
« consécutifs ».
Les garanties du contrat « Multirisque habitation » ne relevant pas de l’objet
de cet ouvrage, le lecteur se reportera aux ouvrages traitant de cette matière1.
II – S’agissant du sous-traitant
272. En ce qui concerne les garanties facultatives applicables à des interve-
nants à l’acte de construire non concernées par l’assurance obligatoire, il
convient de s’arrêter sur le cas spécifique du sous-traitant.
En effet, les compagnies ont pris en compte le statut particulier de celui-ci. On
a vu que la qualité de sous-traitant était liée à la position de cocontractant d’un
entrepreneur principal pour la réalisation de travaux sur un chantier donné au
profit d’un maître d’ouvrage, qui a la qualité de tiers pour ce maître d’ouvrage.
On a également vu que le sous-traitant est un entrepreneur à part entière
susceptible de conclure des marchés de travaux et d’être de ce fait soumis à
l’obligation d’assurance.
Ainsi, cet entrepreneur doit souscrire à titre habituel des polices « Responsabi-
lité Civile décennale » à l’année.
On constate que l’entrepreneur en question exerce tantôt son activité en
qualité de cocontractant du maître d’ouvrage et tantôt en qualité de cocon-
tractant d’un entrepreneur principal, c’est-à-dire en sous-traitant.
1. A. Pimbert, L’essentiel du droit des assurances, coll. Carré Rouge, Gualino éditeur, 2012 ;
B. Beignier, Droit des assurances, Précis DOMAT, MONTCHRETIEN, 2011 ; Y Lambert-Faivre,
Droit des assurances, Précis Dalloz, 2011.
194 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Pour s’adapter à cette situation, les compagnies proposent le plus souvent une
extension de garantie de la couverture décennale au cas où le souscripteur de
la police intervient en qualité de sous-traitant. Ainsi, dans le cas où un entre-
preneur sous-traitant est mis en cause pour des dommages décennaux survenus
après réception, sur un ouvrage qu’il a réalisé pour le compte d’un entrepreneur
principal, la police RC décennale obligatoire souscrite par ce sous-traitant pour
son activité d’entrepreneur interviendra dans le cadre d’un volet en assurance
facultative.
Il y a lieu ici de prendre conscience que cette garantie ne couvrira pas toutes
les hypothèses de responsabilité du sous-traitant. En effet, on a vu que ce
dernier engage une responsabilité civile de nature quasi délictuelle, sur le
terrain de l’article 1382 du Code civil, face au maître d’ouvrage. Plus encore,
il engage une responsabilité d’essence contractuelle assortie, cette fois, d’une
obligation de résultat vis-à-vis de son donneur d’ordre, l’entrepreneur prin-
cipal. On le voit, le champ de ces responsabilités excède sensiblement celui
de la « décennale » car elles ne comportent pas le « calibrage » énoncé par
l’article 1792 du Code civil, considéré tant dans ses conditions juridiques
(dommage après réception, caché à ladite réception, etc.) que dans ses techni-
ques (atteinte à la solidité ou impropriété à la destination) sous réserve bien
entendu du libellé exact des Polices.
Par conséquent, si le dommage affectant les travaux du sous-traitant est
d’ampleur décennale, l’assureur prendra en charge le sinistre. Dans le cas
inverse, la garantie facultative ne peut être mobilisée.
De plus, s’agissant d’une couverture facultative, la franchise, voire plus rare-
ment les plafonds de garantie (cf. infra, no 276), seront parfaitement opposa-
bles à la victime comme à l’assuré, de sorte que les sinistres concernant des
dommages faibles par leur ampleur (non décennaux) ou/et par leur montant
(déduction de la franchise) resteront à la charge de l’entrepreneur
sous-traitant.
Exemple
L’entrepreneur a déclaré un risque supposant l’appel d’une prime de 1 000 € mais n’a
déclaré qu’un risque supposant une prime de 800 €. L’indemnité s’élèvera à 80 % du
montant des dommages évalués, par exemple, à dire d’expert.
3. Selon la clause type de l’époque, la prime subséquente n’était pas due « en cas de cessa-
tion d’activité de l’assuré quelle qu’en soit la cause lorsqu’il n’y a pas transmission ou
cession du fonds de commerce ».
CHAPITRE 3 – LES GARANTIES FACULTATIVES COMPLÉMENTAIRES 199
Exemple
L’entreprise A a été assurée successivement par la MAAF puis la SMABTP. La DROC
du chantier de Monsieur X est survenue durant la période d’assurance de la MAAF
ainsi que la réception. Durant la période de garantie SMABTP, un sinistre survient
générant un dommage décennal et des pertes mobilières : qui doit payer ?
Le contrat doit, selon les cas, reproduire le texte du troisième ou du quatrième alinéa
du présent article.
La garantie déclenchée par le fait dommageable couvre l’assuré contre les consé-
quences pécuniaires des sinistres, dès lors que le fait dommageable survient entre la
prise d’effet initiale de la garantie et sa date de résiliation ou d’expiration, quelle que
soit la date des autres éléments constitutifs du sinistre.
La garantie déclenchée par la réclamation couvre l’assuré contre les conséquences
pécuniaires des sinistres, dès lors que le fait dommageable est antérieur à la date de
résiliation ou d’expiration de la garantie, et que la première réclamation est adressée à
l’assuré ou à son assureur entre la prise d’effet initiale de la garantie et l’expiration
d’un délai subséquent à sa date de résiliation ou d’expiration mentionné par le
contrat, quelle que soit la date des autres éléments constitutifs des sinistres. Toute-
fois, la garantie ne couvre les sinistres dont le fait dommageable a été connu de
l’assuré postérieurement à la date de résiliation ou d’expiration que si, au moment
où l’assuré a eu connaissance de ce fait dommageable, cette garantie n’a pas été
re-souscrite ou l’a été sur la base du déclenchement par le fait dommageable. L’assu-
reur ne couvre pas l’assuré contre les conséquences pécuniaires des sinistres s’il établit
que l’assuré avait connaissance du fait dommageable à la date de la souscription de la
garantie.
Le délai subséquent des garanties déclenchées par la réclamation ne peut être inférieur
à cinq ans. Le plafond de la garantie déclenchée pendant le délai subséquent ne peut
être inférieur à celui de la garantie déclenchée pendant l’année précédant la date de la
résiliation du contrat. Un délai plus long et un niveau plus élevé de garantie subsé-
quente peuvent être fixés dans les conditions définies par décret.
Lorsqu’un même sinistre est susceptible de mettre en jeu les garanties apportées par
plusieurs contrats successifs, la garantie déclenchée par le fait dommageable ayant
pris effet postérieurement à la prise d’effet de la loi no 2003-706 du 1er août 2003
de sécurité financière est appelée en priorité, sans qu’il soit fait application des
quatrième et cinquième alinéas de l’article L. 121-4.
Les dispositions du présent article ne s’appliquent pas aux garanties d’assurance pour
lesquelles la loi dispose d’autres conditions d’application de la garantie dans le
temps ».
Ce texte est complété par les articles R. 124-1 à R. 124-4 et surtout par l’inté-
ressante notice annexée à l’article A. 112 du Code des assurances, celle-ci
fournissant les explications pratiques, en termes plus abordables que le libellé
de la loi ou du règlement.
281. Concrètement, on distinguera deux cas :
– en ce qui concerne le sous-traitant, la base « fait dommageable » est le
plus souvent retenue. L’assureur concerné sera donc celui dont la police
est en vigueur à la date des travaux, ce qui paraît logique et cohérent au
regard de la règle applicable en matière d’assurance obligatoire pour les
locateurs d’ouvrage (date de la DROC ou du commencement effectif des
travaux depuis l’arrêté du 19 novembre 2009) ;
CHAPITRE 3 – LES GARANTIES FACULTATIVES COMPLÉMENTAIRES 201
• Ouvrages
AUBY (J.-B.) et PERINET-MARQUET (H.), Droit de l’urbanisme et de la construction,
Domat Montchrestien, 8e éd., 2008.
BERGEL (J.-L.), Droit immobilier, éd. Lamy, publication annuelle.
CASTON (A.), La Responsabilité des constructeurs, éd. du Moniteur, 5e éd., 2000.
FAURE-ABBAD (M.), L’Essentiel du droit de la construction, Gualino éditeur, 3e éd., 2010.
KARILA (J.-P.) et CHARBONNEAU (C.), Droit de la construction : responsabilités et assu-
rances, Litec, 2007.
MALINVAUD (P.), Droit de la promotion immobilière, Dalloz, collection précis, 8e éd., 2009.
PONCE (C.), Le Contrat de construction de maison individuelle, Litec, 2006.
ZAVARO (M.), La Responsabilité des constructeurs, Litec, 2005.
• Revues juridiques
Construction – Urbanisme, Lexis-Nexis.
Gazette du Palais.
Semaine Juridique, édition générale, Lexis-Nexis.
Semaine Juridique, édition notariale et immobilière, Lexis-Nexis.
Répertoire notarial, Deférnois.
Responsabilité et assurances, Lexis-Nexis.
Revue Générale des assurances terrestres, LGDJ.
• Principaux rapports
SPINETTA. (J.-C.), Proposition pour une réforme de l’assurance construction, La Documenta-
tion française, 1976.
PERINET-MARQUET (H.), (sous la présidence de), Rapport sur le champ d’application de
l’assurance construction obligatoire, RDI 1998, p. 1.
Annexes
Annexe
1
Dispositions légales et réglementaires
Article L. 242-2
Dans les cas prévus par les articles 1831-1 à 1831-5 du Code civil relatifs au
contrat de promotion immobilière, ainsi que par les articles L. 222-1 à L. 222-5
du Code de la construction et de l’habitation, les obligations définies aux arti-
cles L. 241-2 et L. 242-1 incombent au promoteur immobilier.
Dispositions générales relatives à l’assurance construction
Article L. 243-1
Les obligations d’assurance ne s’appliquent pas à l’État lorsqu’il construit pour
son compte.
Article L. 243-1-1
I. – Ne sont pas soumis aux obligations d’assurance édictées par les articles
L. 241-1, L. 241-2, et L. 242-1 les ouvrages maritimes, lacustres, fluviaux, les
ouvrages d’infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, héliportuaires, ferro-
viaires, les ouvrages de traitement de résidus urbains, de déchets industriels et
d’effluents, ainsi que les éléments d’équipement de l’un ou l’autre de ces ouvrages.
Les voiries, les ouvrages piétonniers, les parcs de stationnement, les réseaux
divers, les canalisations, les lignes ou câbles et leurs supports, les ouvrages de
transport, de production, de stockage et de distribution d’énergie, les ouvrages
de stockage et de traitement de solides en vrac, de fluides et liquides, les ouvrages
de télécommunications, les ouvrages sportifs non couverts, ainsi que leurs
éléments d’équipement, sont également exclus des obligations d’assurance
mentionnées au premier alinéa, sauf si l’ouvrage ou l’élément d’équipement est
accessoire à un ouvrage soumis à ces obligations d’assurance.
II. – Ces obligations d’assurance ne sont pas applicables aux ouvrages existants
avant l’ouverture du chantier, à l’exception de ceux qui, totalement incorporés
dans l’ouvrage neuf, en deviennent techniquement indivisibles.
Article L. 243-2
Les personnes soumises aux obligations prévues par les articles L. 241-1 à
L. 242-1 du présent code doivent être en mesure de justifier qu’elles ont satisfait
auxdites obligations.
Lorsqu’un acte intervenant avant l’expiration du délai de dix ans prévu à
l’article 1792-4-1 du Code civil a pour effet de transférer la propriété ou la jouis-
sance du bien, quelle que soit la nature du contrat destiné à conférer ces droits, à
l’exception toutefois des baux à loyer, mention doit être faite dans le corps de
l’acte ou en annexe de l’existence ou de l’absence d’assurance.
Article L. 243-3
Quiconque contrevient aux dispositions des articles L. 241-1 à L. 242-1 du
présent code sera puni d’un emprisonnement de six mois et d’une amende de
75 000 euros ou de l’une de ces deux peines seulement.
Les dispositions de l’alinéa précédent ne s’appliquent pas à la personne physique
construisant un logement pour l’occuper elle-même ou le faire occuper par son
conjoint, ses ascendants, ses descendants ou ceux de son conjoint.
ANNEXE 1 – DISPOSITIONS LÉGALES ET RÉGLEMENTAIRES 209
Article L. 243-4
Toute personne assujettie à l’obligation de s’assurer qui, ayant sollicité la souscrip-
tion d’un contrat auprès d’une entreprise d’assurance dont les statuts n’interdisent
pas la prise en charge du risque en cause en raison de sa nature, se voit opposer un
refus, peut saisir un bureau central de tarification dont les conditions de constitu-
tion et les règles de fonctionnement sont fixées par décret en Conseil d’État.
Le bureau central de tarification a pour rôle exclusif de fixer le montant de la
prime moyennant laquelle l’entreprise d’assurance intéressée est tenue de garantir
le risque qui lui a été proposé. Il peut déterminer le montant d’une franchise qui
reste à la charge de l’assuré.
Article L. 243-5
Est nulle toute clause des traités de réassurance tendant à exclure certains risques
de la garantie de réassurance en raison de la tarification adoptée par le bureau
central de tarification.
Article L. 243-6
Toute entreprise d’assurance qui maintient son refus de garantir un risque dont la
prime a été fixée par le bureau central de tarification est considérée comme ne
fonctionnant plus conformément à la réglementation en vigueur et encourt le
retrait de l’agrément administratif prévu par l’article L. 321-1 du présent code.
Article L. 243-7
Les dispositions de l’article L. 113-16 et du deuxième alinéa de l’article L. 121-10
du présent code ne sont pas applicables aux assurances obligatoires prévues par le
présent titre.
Les victimes des dommages prévus par la loi no 78-12 du 4 janvier 1978 ont la
possibilité d’agir directement contre l’assureur du responsable desdits dommages
si ce dernier est en règlement judiciaire ou en liquidation de biens.
Article L. 243-8
Tout contrat d’assurance souscrit par une personne assujettie à l’obligation
d’assurance en vertu du présent titre est, nonobstant toute clause contraire,
réputé comporter des garanties au moins équivalentes à celles figurant dans les
clauses types prévues par l’article L. 310-7 du présent code.
Article L. 243-9
Les contrats d’assurance souscrits par les personnes assujetties à l’obligation
d’assurance de responsabilité ou de dommages en vertu du présent titre
peuvent, pour des travaux de construction destinés à un usage autre que l’habi-
tation, comporter des plafonds de garantie.
Un décret en Conseil d’État fixe les conditions dans lesquelles les montants de
garantie peuvent être plafonnés, en fonction notamment du montant des
ouvrages, de leur nature ou de leur destination, de la qualité du maître d’ouvrage
et du constructeur et, le cas échéant, du niveau de la couverture d’assurance des
différents intervenants à une même construction.
210 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Décrets :
Article R. 243-1
Les personnes mentionnées aux articles L. 241-1 et L. 241-2 peuvent satisfaire à
l’obligation d’assurance leur incombant en vertu de ces articles en recourant à un
contrat d’assurance collectif, en complément d’un ou plusieurs contrats d’assu-
rance garantissant individuellement leur responsabilité dans la limite des
plafonds fixés dans ce ou ces contrats.
Ce contrat d’assurance collectif peut être souscrit pour le compte de plusieurs
personnes mentionnées à ces articles.
Article R. 243-2
Les justifications prévues à l’article L. 243-2 doivent être apportées, lors de la
déclaration d’ouverture du chantier, à l’autorité compétente pour recevoir cette
déclaration.
Les justifications prévues au présent article précisent le montant des garanties
apportées par chacun des contrats souscrits par ou pour le compte des personnes
mentionnées aux articles L. 241-1, L. 241-2, L. 242-1 et L. 242-2 ainsi que les
modalités d’articulation de ces différentes garanties entre elles.
Lorsqu’il est recouru à un ou plusieurs contrats, auxquels s’appliquent les plafonds
de garantie prévus à l’article R. 243-3, les justifications comportent en outre la
mention du montant du coût de construction de l’ouvrage déclaré préalablement
par le maître de l’ouvrage.
En outre, pendant l’exécution des travaux, le maître de l’ouvrage peut demander
à tout intervenant à l’acte de construire de justifier qu’il satisfait aux obligations
prévues par les articles L. 241-1 et L. 241-2.
Article R. 243-3
I. – Le montant de garantie du ou des contrats d’assurance mentionnés à
l’article L. 243-9 doit couvrir les personnes mentionnées aux articles L. 241-1,
L. 241-2, L. 242-1 et L. 242-2 à hauteur d’un montant minimum par ouvrage.
Ce montant ne peut être inférieur, pour cet ouvrage, au coût total de construc-
tion déclaré par le maître de l’ouvrage, ou à 150 millions d’euros si ce coût est
supérieur à 150 millions d’euros.
Lorsqu’il est recouru à un contrat d’assurance collectif mentionné à
l’article R. 243-1, le total des garanties, tel qu’il résulte de ce contrat collectif
et des contrats garantissant chacune des personnes assurées par le contrat
collectif, doit couvrir le paiement des travaux de réparation des dommages enga-
geant la responsabilité décennale d’une ou de plusieurs de ces personnes, à
hauteur du coût total de construction déclaré par le maître de l’ouvrage, ou à
150 millions d’euros si ce coût est supérieur à 150 millions d’euros.
II. – Le montant du plafond de garantie mentionné au I peut être modifié par
arrêté conjoint du ministre chargé de l’Économie et du ministre chargé de la
Construction, en tenant compte de l’évolution du coût de la construction et
des capacités économiques des marchés de l’assurance et de la réassurance.
ANNEXE 1 – DISPOSITIONS LÉGALES ET RÉGLEMENTAIRES 211
Arrêtés et annexes
Article A. 243-1
Tout contrat d’assurance souscrit pour l’application du titre IV du livre II doit
obligatoirement comporter les clauses figurant :
– à l’annexe I du présent article en ce qui concerne l’assurance de responsabilité ;
– à l’annexe II du présent article en ce qui concerne l’assurance de dommages.
Toute autre clause du contrat ne peut avoir pour effet d’altérer d’une quelconque
manière le contenu ou la portée de ces clauses, sauf si elle s’applique exclusive-
ment à des garanties plus larges que celles prévues par le titre IV visé à l’alinéa
précédent.
212 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Annexe
2
Clauses types applicables aux contrats
d’assurance de responsabilité décennale
Nature de la garantie
Le contrat garantit le paiement des travaux de réparation de l’ouvrage à la réali-
sation duquel l’assuré a contribué ainsi que des ouvrages existants, totalement
incorporés dans l’ouvrage neuf et qui en deviennent techniquement indivisibles,
au sens du II de l’article L. 243-1-1 du présent code, lorsque la responsabilité de
l’assuré est engagée sur le fondement de la présomption établie par les arti-
cles 1792 et suivants du Code civil à propos de travaux de construction, et
dans les limites de cette responsabilité.
Les travaux de réparation, notamment en cas de remplacement des ouvrages,
comprennent également les travaux de démolition, déblaiement, dépose ou
démontage éventuellement nécessaires.
Montant de la garantie (clause-type applicable aux seuls contrats relevant de
l’article L. 243-9 du présent code)
Dans le cas des travaux de construction destinés à un usage autre que l’habita-
tion, le montant de la garantie ne peut être inférieur au coût de la construction
déclaré par le maître de l’ouvrage, hormis l’hypothèse où ce coût est supérieur au
montant prévu au I de l’article R. 243-3 du présent code, ou lorsqu’il est recouru
à un contrat d’assurance collectif mentionné à l’article R. 243-1 du présent code.
Dans ces deux derniers cas, le plafond de garantie est déterminé par les condi-
tions particulières, dans les conditions prévues par l’article R. 243-3 du présent
code. Lorsqu’il est recouru à un contrat d’assurance collectif, ce plafond ne
saurait être inférieur au montant de la franchise absolue stipulée dans ledit
contrat collectif.
Le coût total de la construction s’entend du montant définitif des dépenses de
l’ensemble des travaux afférents à la réalisation de l’opération de construction,
toutes révisions, honoraires, taxes et s’il y a lieu travaux supplémentaires
compris. Ce coût intègre la valeur de reconstruction des existants totalement
incorporés dans l’ouvrage neuf et qui en deviennent techniquement indivisibles
au sens du II de l’article L. 243-1-1 du présent code. En aucun cas ce coût ne
ANNEXE 2 – CLAUSES APPLICABLES AUX CONTRATS D’ASSURANCES DOMMAGES 213
Déchéance
L’assuré est déchu de tout droit à garantie en cas d’inobservation inexcusable des
règles de l’art, telles qu’elles sont définies par les réglementations en vigueur, les
normes françaises homologuées ou les normes publiées par les organismes de
normalisation d’un autre État membre de l’Union européenne ou d’un autre
État partie à l’accord sur l’Espace économique européen offrant un degré de sécu-
rité et de pérennité équivalant à celui des normes françaises.
Pour l’application de cette déchéance, il faut entendre par assuré, soit le souscrip-
teur personne physique, soit le chef d’entreprise ou le représentant statutaire de
l’entreprise s’il s’agit d’une entreprise inscrite au répertoire des métiers, soit les
représentants légaux ou dûment mandatés de l’assuré lorsque celui-ci est une
personne morale.
Cette déchéance n’est pas opposable aux bénéficiaires des indemnités.
ANNEXE 3 – CLAUSES APPLICABLES AUX CONTRATS D’ASSURANCES DOMMAGES 215
Annexe
3
Clauses types applicables aux contrats
d’assurances dommages
Définitions
a) Souscripteur.
La personne, physique ou morale, désignée aux conditions particulières, qui fait
réaliser des travaux de construction et qui est, en sa qualité définie aux mêmes condi-
tions particulières, soumise à l’obligation d’assurance prévue par l’article L. 242-1 du
présent code, tant pour son propre compte que pour celui des propriétaires successifs.
b) Assuré.
Le souscripteur et les propriétaires successifs de l’ouvrage au bénéfice desquels est
souscrit le contrat.
c) Réalisateurs.
L’ensemble des constructeurs désignés aux conditions particulières ou dont
l’identité est portée ultérieurement à la connaissance de l’assureur, qui sont
mentionnés au I de l’article 1792-1 du Code civil et sont liés, à ce titre, au
maître de l’ouvrage par un contrat de louage d’ouvrage en qualité de concepteur
ou de conseil (architecte, technicien ou autre) ou en qualité d’entrepreneur, et
qui participent à la réalisation de l’opération de construction.
d) Maître de l’ouvrage.
La personne, physique ou morale, désignée aux conditions particulières, qui
conclut avec les réalisateurs les contrats de louage d’ouvrage afférents à la
conception et à l’exécution de l’opération de construction.
e) Contrôleur technique (lorsqu’il est désigné un contrôleur technique).
La personne, désignée aux conditions particulières, agréée ou exerçant dans les
conditions prévues par l’article L. 111-25 du Code de la construction et de
l’habitation, et appelée à intervenir, à la demande du maître de l’ouvrage, pour
effectuer le contrôle technique des études et des travaux ayant pour objet la réali-
sation de l’opération de construction.
f) Réception.
L’acte par lequel le maître de l’ouvrage accepte les travaux exécutés, dans les
conditions fixées par l’article 1792-6 du Code civil.
216 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
g) Sinistre.
La survenance de dommages, au sens de l’article L. 242-1 du présent code, ayant
pour effet d’entraîner la garantie de l’assureur.
Nature de la garantie
Le contrat a pour objet de garantir, en dehors de toute recherche de responsabi-
lité, le paiement des travaux de réparation des dommages à l’ouvrage réalisé ainsi
qu’aux ouvrages existants, totalement incorporés dans l’ouvrage neuf et qui en
deviennent techniquement indivisibles, au sens du II de l’article L. 243-1-1 du
présent code.
La garantie couvre les dommages, même résultant d’un vice du sol, de la nature
de ceux dont sont responsables les constructeurs, au sens de l’article 1792-1 du
Code civil, les fabricants et les importateurs ou le contrôleur technique, et qui :
– compromettent la solidité des ouvrages constitutifs de l’opération de construc-
tion ;
– affectent les ouvrages dans l’un de leurs éléments constitutifs ou l’un de leurs
éléments d’équipement, les rendant impropres à leur destination ;
– affectent la solidité de l’un des éléments d’équipement indissociables des
ouvrages de viabilité, de fondation, d’ossature, de clos et de couvert, au sens de
l’article 1792-2 du Code civil.
Les travaux de réparation des dommages comprennent également les travaux de
démolition, déblaiement, dépose ou démontage éventuellement nécessaires.
Montant et limite de la garantie
La garantie couvre le coût de l’ensemble des travaux afférents à la remise en état
des ouvrages ou éléments d’équipement de l’opération de construction endom-
magés à la suite d’un sinistre, ainsi que des ouvrages existants, totalement incor-
porés dans l’ouvrage neuf et qui en deviennent techniquement indivisibles, au
sens du II de l’article L. 243-1-1 du présent code.
Pour les constructions destinées à un usage autre que l’habitation, la garantie
peut être limitée au montant du coût total de construction déclaré aux condi-
tions particulières ou à un montant inférieur au coût total de construction
déclaré aux conditions particulières, si ce coût est supérieur au montant prévu
au I de l’article R. 243-3 du présent code, sans toutefois pouvoir être inférieur à
ce dernier montant.
Le montant de garantie est revalorisé selon les modalités prévues aux conditions
particulières, pour tenir compte de l’évolution générale des coûts de construction
entre la date de souscription du contrat et celle de la réparation du sinistre.
Les conditions particulières précisent les modalités de reconstitution de la
garantie après sinistre.
Le coût total de la construction déclaré s’entend de celui résultant du montant
définitif des dépenses de l’ensemble des travaux afférents à la réalisation de
l’opération de construction, toutes révisions, honoraires, taxes et, s’il y a lieu,
travaux supplémentaires compris. Ce coût intègre la valeur de reconstruction
ANNEXE 3 – CLAUSES APPLICABLES AUX CONTRATS D’ASSURANCES DOMMAGES 217
d) à lui notifier dans le même délai, le constat de l’exécution des travaux éven-
tuellement effectués au titre de la garantie de parfait achèvement au sens de
l’article 1792-6 du Code civil ainsi que le relevé des observations ou réserves
demeurées non levées du contrôleur technique ;
e) à lui faire tenir la déclaration de tout arrêt de travaux devant excéder trente
jours ;
f) à communiquer les avis, observations et réserves du contrôleur technique,
simultanément, tant à l’assureur qu’au réalisateur concerné, et à ne pas s’opposer
à ce que l’assureur puisse, à ses frais, demander au contrôleur technique, sous son
couvert, les informations complémentaires dont il estimerait avoir besoin pour
l’appréciation des risques assurés.
Dans le cas où il n’est pas lui-même le maître de l’ouvrage, l’assuré s’engage à
obtenir de celui-ci que les avis, observations et réserves du contrôleur technique
soient pareillement communiqués à l’assureur et au réalisateur concerné, et que,
dans les mêmes conditions, l’assureur puisse demander au contrôleur technique
les informations complémentaires dont il estimerait avoir besoin pour l’apprécia-
tion des risques assurés.
2o En cas de sinistre susceptible de mettre en jeu les garanties du contrat, l’assuré
est tenu d’en faire la déclaration à l’assureur.
La déclaration de sinistre est réputée constituée dès qu’elle comporte au moins
les renseignements suivants :
– le numéro du contrat d’assurance et, le cas échéant, celui de l’avenant ;
– le nom du propriétaire de la construction endommagée ;
– l’adresse de la construction endommagée ;
– la date de réception ou, à défaut, la date de la première occupation des locaux ;
– la date d’apparition des dommages ainsi que leur description et localisation ;
– si la déclaration survient pendant la période de parfait achèvement au sens de
l’article 1792-6 du Code civil, la copie de la mise en demeure effectuée au titre
de la garantie de parfait achèvement.
À compter de la réception de la déclaration de sinistre, l’assureur dispose d’un
délai de dix jours pour signifier à l’assuré que la déclaration n’est pas réputée
constituée et réclamer les renseignements manquants susvisés. Les délais visés à
l’article L. 242-1 du présent code commencent à courir du jour où la déclaration
de sinistre réputée constituée est reçue par l’assureur.
3o L’assuré s’engage à autoriser l’assureur à constater l’état d’exécution des
travaux de réparation des dommages ayant fait l’objet d’une indemnisation en
cas de sinistre.
4o Pour permettre l’exercice éventuel du droit de subrogation ouvert au profit de
l’assureur par l’article L. 121-12 du Code des assurances, l’assuré s’engage égale-
ment :
a) à autoriser l’assureur à accéder à tout moment au chantier pendant la période
d’exécution des travaux de construction, jusqu’à l’expiration du délai de garantie
ANNEXE 3 – CLAUSES APPLICABLES AUX CONTRATS D’ASSURANCES DOMMAGES 219
de parfait achèvement au sens de l’article 1792-6 du Code civil, et, à cet effet, à
prendre les dispositions nécessaires dans les contrats et marchés à passer avec les
réalisateurs ayant la responsabilité de la garde du chantier. En cas de sinistre
survenant au-delà de la date d’expiration de la garantie de parfait achèvement,
l’assuré s’engage à accorder à l’assureur toutes facilités pour accéder aux lieux du
sinistre ;
b) en cas de sinistre, à autoriser les assureurs couvrant la responsabilité décennale
des réalisateurs, des fabricants au sens de l’article 1792-4 du Code civil, et du
contrôleur technique à accéder aux lieux du sinistre sur l’invitation qui leur en
est faite par la personne désignée au paragraphe B (1o, a) ;
c) à autoriser ladite personne à pratiquer les investigations qui lui apparaîtraient
nécessaires en vue de l’établissement, à l’intention de l’assureur, d’un rapport
complémentaire qui, reprenant les conclusions du rapport d’expertise défini au
paragraphe B (1o, c et b) en approfondit, en tant que de besoin, l’analyse, en
vue notamment de la recherche des faits générateurs du sinistre et des éléments
propres à étayer le recours de l’assureur.
B – Obligations de l’assureur en cas de sinistre
1o Constat des dommages, expertise :
a) sous réserve des dispositions du d ci-dessous, les dommages sont constatés,
décrits et évalués par les soins d’un expert, personne physique ou morale,
désigné par l’assureur.
L’expert peut faire l’objet d’une récusation dans les huit jours de la notification à
l’assuré de sa désignation. En cas de seconde récusation par l’assuré, l’assureur fait
désigner l’expert par le juge des référés.
Lorsque l’expert est une personne morale, celle-ci fait connaître aux parties le
nom de la ou des personnes physiques chargées d’effectuer la mission donnée,
en son nom et sous sa responsabilité.
Lors de la première demande de récusation, les délais d’instruction et de règle-
ment de sinistre prévus ci-après par la présente clause-type sont augmentés de
dix jours. En cas de désignation de l’expert par le juge des référés, ces mêmes
délais sont augmentés de trente jours.
Les opérations de l’expert revêtent un caractère contradictoire. L’assuré peut se
faire assister ou représenter. Les observations éventuelles de l’assuré sont consi-
gnées dans le rapport de l’expert ;
b) l’assureur s’engage envers l’assuré à donner à l’expert les instructions néces-
saires pour que les réalisateurs, les fabricants au sens de l’article 1792-4 du code
civil et le contrôleur technique, ainsi que les assureurs couvrant leur responsabi-
lité décennale et celle de l’assuré soient, d’une façon générale, consultés pour
avis par ledit expert, chaque fois que celui-ci l’estime nécessaire et, en tout cas,
obligatoirement avant le dépôt entre les mains de l’assureur de chacun des deux
documents définis en c, et soient, en outre, systématiquement informés par lui du
déroulement des différentes phases du constat des dommages et du règlement des
indemnités ;
220 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
b) l’assureur prend les dispositions nécessaires pour que l’assuré puisse être saisi
du rapport préliminaire en temps utile et, en tout cas, dans un délai compatible
avec celui qu’il est lui-même tenu d’observer en vertu du paragraphe a ;
c) faute, pour l’assureur, de respecter le délai fixé au paragraphe a, et sur simple
notification faite à l’assureur, les garanties du présent contrat jouent pour ce
qui concerne le sinistre déclaré, et l’assuré est autorisé à engager les dépenses
correspondant à l’exécution des mesures conservatoires nécessaires à la
non-aggravation des dommages, dans la limite de l’estimation portée dans le
rapport préliminaire de l’expert. Si, dans le même délai, l’assuré n’a pu avoir
connaissance du rapport préliminaire, il est autorisé de la même manière à
engager les dépenses en cause dans la limite de l’estimation qu’il a pu en faire
lui-même.
3o Rapport d’expertise, détermination et règlement de l’indemnité :
a) l’assureur, sauf s’il a fait application des dispositions du deuxième alinéa d du
1o sur le vu du rapport d’expertise, notifie à celui-ci ses propositions quant au
montant de l’indemnité destinée au paiement des travaux de réparation des
dommages. L’assureur communique à l’assuré ce rapport d’expertise, préalable-
ment ou au plus tard lors de cette notification.
Ces propositions font l’objet d’une actualisation ou d’une révision de prix selon
les modalités prévues à cet effet aux conditions particulières ; elles sont obligatoi-
rement ventilées entre les différents postes de dépenses retenus et appuyées des
justifications nécessaires, tant en ce qui concerne les quantités que les prix
unitaires. Elles comprennent, outre les dépenses de travaux proprement dits, les
frais annexes nécessaires à la mise en œuvre desdits travaux, tels qu’honoraires,
essais, analyses, ainsi que les taxes applicables. Elles tiennent compte, s’il y a lieu,
des dépenses qui ont pu être précédemment engagées ou retenues, ainsi que des
indemnités qui ont pu être antérieurement versées au titre des mesures conserva-
toires ;
b) au cas où une expertise a été requise, l’assureur prend les dispositions néces-
saires pour que l’assuré puisse être saisi du rapport d’expertise en temps utile ;
c) en tout état de cause, l’assuré qui a fait connaître à l’assureur qu’il n’acquiesce
pas aux propositions de règlement dont il a été saisi, s’il estime ne pas devoir
cependant différer l’exécution des travaux de réparation, reçoit sur sa demande,
de l’assureur, sans préjudice des décisions éventuelles de justice à intervenir sur le
fond, une avance au moins égale aux trois quarts du montant de l’indemnité qui
lui a été notifié selon les modalités définies en a. Cette avance, forfaitaire et non
revalorisable, et à valoir sur le montant définitif de l’indemnité qui sera mise à la
charge de l’assureur, est versée en une seule fois, dans un délai maximum de
quinze jours courant à compter de la réception, par l’assureur, de la demande de
l’assuré.
L’assuré s’engage à autoriser l’assureur à constater l’exécution des travaux de
réparation des dommages ayant fait l’objet d’une avance ;
222 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
Annexe
4
Clauses types créées par l’arrêté
du 19 novembre 2009
Pour l’application de cette déchéance, il faut entendre par assuré, soit le souscrip-
teur personne physique, soit le chef d’entreprise ou le représentant statutaire de
l’entreprise s’il s’agit d’une entreprise inscrite au répertoire des métiers, soit les
représentants légaux ou dûment mandatés de l’assuré lorsque celui-ci est une
personne morale.
Cette déchéance n’est pas opposable aux bénéficiaires des indemnités.
Principaux textes relatifs à l’assurance facultative :
Article L. 124-3
Le tiers lésé dispose d’un droit d’action directe à l’encontre de l’assureur garantis-
sant la responsabilité civile de la personne responsable.
L’assureur ne peut payer à un autre que le tiers lésé tout ou partie de la somme
due par lui, tant que ce tiers n’a pas été désintéressé, jusqu’à concurrence de
ladite somme, des conséquences pécuniaires du fait dommageable ayant entraîné
la responsabilité de l’assuré.
Article L. 124-5
La garantie est, selon le choix des parties, déclenchée soit par le fait domma-
geable, soit par la réclamation. Toutefois, lorsqu’elle couvre la responsabilité des
personnes physiques en dehors de leur activité professionnelle, la garantie est
déclenchée par le fait dommageable. Un décret en Conseil d’État peut également
imposer l’un de ces modes de déclenchement pour d’autres garanties.
Le contrat doit, selon les cas, reproduire le texte du troisième ou du quatrième
alinéa du présent article.
La garantie déclenchée par le fait dommageable couvre l’assuré contre les consé-
quences pécuniaires des sinistres, dès lors que le fait dommageable survient entre
la prise d’effet initiale de la garantie et sa date de résiliation ou d’expiration,
quelle que soit la date des autres éléments constitutifs du sinistre.
La garantie déclenchée par la réclamation couvre l’assuré contre les consé-
quences pécuniaires des sinistres, dès lors que le fait dommageable est antérieur
à la date de résiliation ou d’expiration de la garantie, et que la première réclama-
tion est adressée à l’assuré ou à son assureur entre la prise d’effet initiale de la
garantie et l’expiration d’un délai subséquent à sa date de résiliation ou d’expira-
tion mentionné par le contrat, quelle que soit la date des autres éléments consti-
tutifs des sinistres. Toutefois, la garantie ne couvre les sinistres dont le fait
dommageable a été connu de l’assuré postérieurement à la date de résiliation ou
d’expiration que si, au moment où l’assuré a eu connaissance de ce fait domma-
geable, cette garantie n’a pas été resouscrite ou l’a été sur la base du déclenche-
ment par le fait dommageable. L’assureur ne couvre pas l’assuré contre les consé-
quences pécuniaires des sinistres s’il établit que l’assuré avait connaissance du fait
dommageable à la date de la souscription de la garantie.
Le délai subséquent des garanties déclenchées par la réclamation ne peut être
inférieur à cinq ans. Le plafond de la garantie déclenchée pendant le délai subsé-
quent ne peut être inférieur à celui de la garantie déclenchée pendant l’année
précédant la date de la résiliation du contrat. Un délai plus long et un niveau
226 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
plus élevé de garantie subséquente peuvent être fixés dans les conditions définies
par décret.
Lorsqu’un même sinistre est susceptible de mettre en jeu les garanties apportées
par plusieurs contrats successifs, la garantie déclenchée par le fait dommageable
ayant pris effet postérieurement à la prise d’effet de la loi no 2003-706 du 1er août
2003 de sécurité financière est appelée en priorité, sans qu’il soit fait application
des quatrième et cinquième alinéas de l’article L. 121-4.
Les dispositions du présent article ne s’appliquent pas aux garanties d’assurance
pour lesquelles la loi dispose d’autres conditions d’application de la garantie dans
le temps.
Article R. 124-2
Le délai subséquent des garanties déclenchées par la réclamation mentionnée aux
quatrième et cinquième alinéas de l’article L. 124-5 ne peut être inférieur à dix
ans lorsque l’assuré, personne physique ou morale :
I. – Exerce l’une des professions suivantes :
1o Administrateur de biens ;
2o Administrateur judiciaire et mandataire judiciaire au redressement et à la
liquidation des entreprises ;
3o Avocat inscrit à un barreau français ;
4o Avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation ;
5o Avoué près les cours d’appel ;
6o Commissaire aux comptes ;
7o Commissaire-priseur judiciaire ;
8o Constructeur d’un ouvrage mentionné aux articles L. 231-1 du Code de la
construction et de l’habitation et 1646-1, 1792-1, 1831-1 du Code civil, ainsi
que ses sous-traitants ;
9o Courtier d’assurance ;
10o Géomètre expert ;
11o Huissier de justice ;
12o Notaire ;
13o Syndic de copropriété.
II. – Exerce l’une des activités suivantes :
1o Pratique du droit à titre accessoire par une personne pouvant se prévaloir de
l’agrément prévu à l’article 54 de la loi du 31 décembre 1971 précitée ;
2o Expertise comptable ;
3o Expertise judiciaire ;
4o Ventes volontaires de meubles aux enchères publiques.
ANNEXE 4 – CLAUSES TYPES CRÉÉES PAR L’ARRÊTÉ DU 19 NOVEMBRE 2009 227
Article R. 124-3
Lorsque la garantie souscrite par une personne physique pour son activité profes-
sionnelle est la dernière garantie avant sa cessation d’activité professionnelle ou
son décès, le délai prévu aux quatrième et cinquième alinéas de l’article L. 124-5
ne peut être inférieur à dix ans.
En cas de reprise de la même activité, ce délai est réduit à la durée comprise
entre la date d’expiration ou de résiliation de la garantie et la date de reprise
d’activité, sans que cette durée puisse être inférieure à cinq ans ou à la durée
fixée contractuellement.
Article R. 124-4
Le plafond applicable à la garantie déclenchée dans le délai subséquent
mentionné aux quatrième et cinquième alinéas de l’article L. 124-5 est unique
pour l’ensemble de la période, sans préjudice des autres termes de la garantie ou
de stipulations contractuelles plus favorables. Il est spécifique et ne couvre que
les seuls sinistres dont la garantie est déclenchée pendant cette période.
Il ne peut être inférieur à celui de la garantie déclenchée pendant l’année précé-
dant la date de sa réalisation ou de son expiration. Il peut être reconstitué au gré
des parties.
Le contrat précise les conditions d’application du plafond de garantie.
Article A112
La fiche d’information visée à l’article L. 112-2, décrivant le fonctionnement
dans le temps des garanties déclenchées par le fait dommageable, le fonctionne-
ment dans le temps des garanties déclenchées par la réclamation, ainsi que les
conséquences de la succession de contrats ayant des modes de déclenchement
différents, doit être établie selon le modèle en annexe.
Article Annexe à l’article A112
La présente fiche d’information vous est délivrée en application de l’article L. 112-2
du Code des assurances.
Elle a pour objet d’apporter les informations nécessaires à une bonne compréhen-
sion du fonctionnement de la garantie de responsabilité civile dans le temps.
Elle concerne les contrats souscrits ou reconduits postérieurement à l’entrée en
vigueur le 3 novembre 2003 de l’article 80 de la loi no 2003-706. Les contrats
souscrits antérieurement font l’objet de dispositions particulières précisées dans
la même loi.
Comprendre les termes
Fait dommageable :
Fait, acte ou événement à l’origine des dommages subis par la victime et faisant
l’objet d’une réclamation.
Réclamation :
Mise en cause de votre responsabilité, soit par lettre adressée à l’assuré ou à
l’assureur, soit par assignation devant un tribunal civil ou administratif. Un
228 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
même sinistre peut faire l’objet de plusieurs réclamations, soit d’une même
victime, soit de plusieurs victimes.
Période de validité de la garantie :
Période comprise entre la date de prise d’effet de la garantie et, après d’éven-
tuelles reconductions, sa date de résiliation ou d’expiration.
Période subséquente :
Période se situant après la date de résiliation ou d’expiration de la garantie. Sa
durée est précisée par le contrat. Elle ne peut être inférieure à cinq ans.
Si votre contrat garantit exclusivement votre responsabilité civile vie privée,
reportez-vous au I.
Sinon, reportez-vous au I et au II.
I. – Le contrat garantit votre responsabilité civile vie privée
En dehors de toute activité professionnelle, la garantie est déclenchée par le fait
dommageable.
L’assureur apporte sa garantie lorsqu’une réclamation consécutive à des
dommages causés à autrui est formulée et que votre responsabilité ou celle des
autres personnes garanties par le contrat est engagée, dès lors que le fait à l’ori-
gine de ces dommages est survenu entre la date de prise d’effet et la date de rési-
liation ou d’expiration de la garantie.
La déclaration de sinistre doit être adressée à l’assureur dont la garantie est ou
était en cours de validité au moment où le fait dommageable s’est produit.
II. – Le contrat garantit la responsabilité civile encourue du fait d’une activité
professionnelle
Le contrat d’assurance doit préciser si la garantie est déclenchée par le "fait
dommageable" ou si elle l’est par "la réclamation".
Lorsque le contrat contient à la fois des garanties couvrant votre responsabilité
civile du fait d’activité professionnelle et des garanties couvrant votre responsabi-
lité civile vie privée, ces dernières sont déclenchées par le fait dommageable (cf. I).
Certains contrats, pour lesquels la loi prévoit des dispositions particulières, déro-
gent cependant à cette disposition ; c’est le cas par exemple en matière d’assu-
rance décennale obligatoire des activités de construction.
1. Comment fonctionne le mode de déclenchement par le fait dommageable ?
L’assureur apporte sa garantie lorsqu’une réclamation consécutive à des
dommages causés à autrui est formulée et que votre responsabilité ou celle des
autres personnes garanties par le contrat est engagée, dès lors que le fait à l’ori-
gine de ces dommages est survenu entre la date de prise d’effet et la date de rési-
liation ou d’expiration de la garantie.
La déclaration de sinistre doit être adressée à l’assureur dont la garantie est ou
était en cours de validité au moment où le fait dommageable s’est produit.
ANNEXE 4 – CLAUSES TYPES CRÉÉES PAR L’ARRÊTÉ DU 19 NOVEMBRE 2009 229
A C
Absence d’ouvrage, 123, 226 Chantier déclaré, 251
Accessoire, 201 Clauses Types, 185, 190, 197
Achèvement de l’ouvrage, 82, 83, 225 Contrat d’entreprise, 46
Activité déclarée, 250 – Définition, 46 et s.
Architecte, 8 – Formes, 49
Assurance construction obligatoire – Contrat de travail, 48
– Assujetti, 189 Contrôleur technique, 19
– Champ d’application, 198 Convention « existants », 203
– Justification, 190 et s.
– Présentation, 181
– Sanction, 193 D
Assurance facultative, 185, 202
– Avant réception, 266 Délai décennal, 124
Délai (respect contractuel du -), 56
– Après réception, 270
Dol de l’entrepreneur, 161
– Garanties dans le temps, 278
Dommage apparent (à la réception), 89
– Régime, 273 Dommage futur, 126
Assurance de responsabilité décennale, 240 Dommage évolutif, 127
et s.
Dommage immatériel/mobilier (assurance)
– Bénéficiaires, 241
– Dommages ouvrage, 227
– Contenu matériel, 242, 244
– Assurance de responsabilité décennale,
– Contenu dans le temps, 243 244
– Limites, 245. Dommage intermédiaire, 159
– Souscription, 191 Dommages ouvrage (assurance)
Atteinte – Bénéficiaire, 223
– à la solidité de l’ouvrage, 119 et s. – Contenu dans le temps, 224
– à la solidité d’un élément d’équipement, – Contenu de la réparation, 225
120 – Définition, 222
– Déclaration de sinistre, 230
– Exclusion, 226
B – Garantie « réputée acquise », 238
– Prescription, 224
Bureau central de tarification, 195 et s. – Procédure amiable normale, 231
232 DROIT DE L’ASSURANCE CONSTRUCTION
F
O
Fabricants, 14, 166
Franchise Obligation d’assurer, 194
– Dommages ouvrage, 226 Obligation de conseil, 54, 55, 167
– assurance de responsabilité décennale, Obligation de moyen (maître d’œuvre), 54
247 Obligation de résultat
– architecte, 54
– entrepreneur, 55
G Obligation de s’assurer, 188
Ouvrage (notion d’-), 76,114
Garantie de bon fonctionnement, 24, 89,
142 et s.
Garantie décennale, 24, 89 P
Garantie des normes phoniques, 101
Plafond de garantie
Garantie de parfait achèvement, 24, 89, 92
et s., 224 – Dommages ouvrage, 227
– assurance de responsabilité décennale, 248
Prise de possession, 83,87
I Procédure DO, 228 et s.
Process industriels, 78, 114, 199
Produits défectueux (et sous-traitant), 165
Impropriété à la destination, 122
Inobservation inexcusable des règles de
l’art, 246 R
Ravalement, 145
L Réception, 28, 115, 124, 160
– définition, 81 et s.
Loi Spinetta, 27, 182 – formes, 85 et s.
Louage d’ouvrage, 46 et s. – effets, 88 et s.
INDEX 233
Retenue de garantie, 90 S
Réserves, 90
Responsabilité décennale, 111 et s.
Sous-traitant, 13, 59
– dommage caché, 115
– Obligations, garanties de paiement, 60
– personnes concernées, 113
– Responsabilités, 162
– régime, 116
Souscription (assurance obligatoire), 190
– réparation (contenu de la -), 123
Responsabilité de droit commun
– locateurs d’ouvrage, 158 et s.
– fabricants, 166 T
– sous traitants, 162
Rétractation, 50 Travaux de bâtiments, 198
Risque du chantier, 58, 89 Trouble de voisinage, 62
Table des matières
Présentation ..................................................................................................................... 5
Chapitre 1 Le cadre général du chantier ........................................... 11
§1. Les acteurs en présence .................................................................................... 12
A. Le maître de l’ouvrage ................................................................................... 12
B. Le maître d’œuvre ........................................................................................... 13
C. L’entrepreneur ................................................................................................. 15
D. Les sous-traitants ............................................................................................. 16
E. Le fabricant ....................................................................................................... 17
F. Les autres intervenants à l’acte de construire ......................................... 18
I – Le géomètre.................................................................................................... 18
II – Le géologue ................................................................................................... 18
III – Les BET (Bureaux d’Étude Technique) .......................................................... 18
IV – Le métreur vérificateur ................................................................................. 18
V – Le contrôleur technique................................................................................. 19
VI – Le coordonnateur sécurité ............................................................................ 19
§2. La chronologie du chantier .............................................................................. 19
A. « Le temps du chantier » ............................................................................... 20
B. L’issue du chantier .......................................................................................... 20
C. Le temps des garanties .................................................................................. 20
§3. Une dualité de réglementation ........................................................................ 21
A. La loi du 4 janvier 1978 ................................................................................ 21
B. Le droit commun ............................................................................................. 23
Partie 1
La responsabilité des constructeurs
Partie 2
L’assurance du risque construction
C. PONCE
Les responsabilités des constructeurs • L’assurance
Dommages ouvrage • L’assurance du risque « décennal » •
Les assurances facultatives
Christophe PONCE L’assurance construction est une des matières à 3e
Droit
de l’ assurance
maîtriser pour qui souhaite comprendre le déroulé
d’une opération de construction.
À côté du droit de l’urbanisme ou du droit de la
construction
est avocat, spécialisé
en droit immobilier, Le complément indissociable du droit de
docteur en droit privé.
Il enseigne le droit
la construction est le droit de l’assurance
de la construction construction. Cette branche du droit des assurances
et de l’assurance vise à sécuriser l’acte de construire grâce à divers
construction aux mécanismes d’assurance obligatoire, au travers
facultés de droit de de la garantie dite « Dommages ouvrage » et de
Toulon et
d’Aix en Provence.
la garantie de la responsabilité décennale des
constructeurs mais aussi de nombreuses garanties
facultatives.
L’opérateur se doit de connaître ces garanties, ce
qui lui permettra de définir ses besoins d’assurance
et d’éviter les pièges nombreux de cette matière 3e édition
en constante évolution. De même, le praticien ou • Les responsabilités des constructeurs
l’étudiant souhaitent un exposé clair et simple de
cette matière complexe. • L’assurance Dommages ouvrage
Dans sa troisième édition, cet ouvrage mis à jour
• L’assurance du risque « décennal »
répond à ces demandes ; il propose aussi à son • Les assurances facultatives
lecteur les références jurisprudentielles principales
pour acquérir une approche concrète et pratique
des sujets traités. Il fournit également les textes
légaux et règlementaires propres à l’assurance
CHRISTOPHE PONCE
construction.
Prix : 24 €
ISBN 978-2-297-03244-5