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Les 1re
2019 1re édition Les
CARRés 2020
......... L’essentiel du Droit des contrats spéciaux (1re éd. 2019-2020) est une À jour des dernières évolutions législatives et jurisprudentielles CARRés
Droit
synthèse rigoureuse, pratique et à jour de l’ensemble des connaissances
que le lecteur doit avoir. 11 Chapitres. Tout y est ! .........
Réviser et faire Diane Boustani
L’essentiel
un point actualisé
Sommaire
Droit
et les autres contrats spéciaux
membre du CERDP. - L a formation et les effets
de la vente
Les contrats conférant
la jouissance d’une chose
L’essentiel du Droit
- L e bail
des contrats
- Le prêt
Les contrats portant sur un service
Public - L e contrat d’entreprise
- L e mandat
- Étudiants en Licence et Master Droit Les autres contrats spéciaux
- L e dépôt volontaire
spéciaux
- Étudiants au CRFPA et candidats à l’ENM
- Étudiants du 1er cycle universitaire - La transaction
(Droit, Science politique et AES) - La rente viagère
- Praticiens des professions juridiques
et judiciaires
2019 2020
D. Boustani
Prix : 15,50 e
ISBN 978-2-297-07389-9
www.gualino.fr
du
Droit
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442897966:88874706:196.200.176.177:1591
Diane Boustani
L’essentiel
spéciaux
2019 2020
1re édition
des contrats
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Cette collection de livres présente de manière synthétique,
Les rigoureuse et pratique l’ensemble des connaissances que
CARRés l’étudiant doit posséder sur le sujet traité. Elle couvre :
......... – le Droit et la Science Politique ;
– les Sciences économiques ;
– les Sciences de gestion ;
– les concours de la Fonction publique.
Diane Boustani, est Maître de conférences à la faculté de droit de Nice, Université Côte d’Azur et
membre du CERDP.
Le contrat est un instrument juridique que chaque individu utilise au quotidien pour vendre,
acheter, louer, prêter... il faut y ajouter tous les autres contrats issus des lois ou de la pratique
(les contrats de distribution, de production, de santé, de transport, de mandat, de construc-
tion, etc.).
Cet ouvrage présente les principaux régimes de contrats spéciaux de façon didactique : les
contrats opérant un transfert de propriété, les contrats portant sur l’utilisation de la chose, les
contrats portant sur des services, les contrats portant sur la distribution et ceux portant sur la
résolution des litiges.
Au final, une présentation concentrée et enrichie des principaux contrats spéciaux, à jour de
l’ordonnance du droit des obligations du 10 février 2016 ainsi que de la loi ÉLAN du
23 novembre 2018.
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SOMMAIRE
Présentation 3
Introduction – Notions générales 15
PARTIE 1
Un contrat translatif de la propriété d’une chose :
la vente
SOMMAIRE
b) Les pactes de préférence 41
■ Les ventes subordonnées à l’agréage de l’acheteur 43
a) Vente à l’essai 43
b) Vente à la dégustation 44
■ Les ventes subordonnées à une acceptation réfléchie de la part
de l’acheteur 44
a) Les ventes assorties d’un délai de réflexion 45
b) Les ventes assorties d’une faculté de rétractation 45
2 – La capacité des parties 46
■ Les incapacités d’exercice 46
a) L’incapacité d’exercice des mineurs non émancipés 47
b) L’incapacité d’exercice des majeurs protégés 47
■ Les incapacités de jouissance 48
a) Les incapacités d’acheter 48
b) Les incapacités de vendre et d’acheter 49
3 – La chose 50
■ Une chose aliénable 50
a) Une chose dans le commerce 50
b) Une chose ne tombant pas sous le coup d’une interdiction ou
d’une restriction d’aliénation 51
■ Une chose déterminée ou déterminable 52
a) La détermination des corps certains 52
b) La détermination des choses de genre 52
■ Une chose existante ou future 53
a) La vente de la chose périe 53
b) La vente de la chose future 53
■ Une chose appartenant au vendeur 54
a) La nullité de la vente de la chose d’autrui 54
b) L’octroi de dommages-intérêts 55
4 – Le prix 55
■ Un prix déterminé ou déterminable 55
a) Un prix déterminé par les parties ou par un tiers 56
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SOMMAIRE b) Un prix déterminé ou déterminable lors de la formation du
contrat 58
■ Un prix réel et sérieux 59
a) Un prix non fictif ou simulé 59
b) Un prix non dérisoire ou vil 59
■ La sanction d’un prix indéterminé, fictif ou dérisoire 60
■ Un prix juste 60
a) Les conditions d’application de l’article 1674 du Code civil 61
b) La sanction de la lésion 61
SOMMAIRE
80
■ L’obligation de payer 80
a) Le contenu de l’obligation de payer 80
b) Les sanctions du non-paiement 81
■ L’obligation de retirement 81
a) Le contenu de l’obligation de retirement 81
b) Les sanctions en cas d’inexécution de l’obligation de retirement 82
PARTIE 2
Les contrats conférant la jouissance d’une chose
Chapitre 5 – Le bail 85
1 – La formation du bail 85
■ Les conditions de forme 85
a) L’absence de formalisme ad validitatem 85
b) La preuve du contrat de bail 86
c) L’opposabilité du contrat de bail 87
■ Les conditions de fond 87
a) Les conditions relatives aux parties 87
b) Les conditions relatives au loyer 89
c) Les conditions relatives à la durée du contrat 90
2 – Les obligations respectives des parties 90
■ Les obligations du bailleur 90
a) L’obligation de délivrance de la chose louée 91
b) L’obligation de garantir la jouissance paisible de la chose louée 91
■ Les obligations du preneur 92
a) Les obligations énoncées à l’article 1728 du Code civil 92
b) L’obligation énoncée à l’article 1730 du Code civil : l’obligation
de restitution de la chose au terme du contrat 93
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SOMMAIRE 3 – La circulation du bail 94
■ Changement de bailleur 94
a) Le décès du bailleur 94
b) La vente de la chose louée 95
■ Changement de locataire 95
a) Le décès du locataire 95
b) La cession du bail 95
c) La sous-location 96
4 – L’extinction du bail 97
■ La perte de la chose louée par cas fortuit 97
■ L’arrivée du terme dans le bail à durée déterminée 97
■ La résiliation unilatérale dans le bail à durée indéterminée 97
■ L’inexécution des obligations contractuelles 97
Chapitre 6 – Le prêt 99
1 – Le prêt à usage 99
■ Les éléments de qualification du prêt à usage 99
a) Un contrat portant sur une chose non consomptible 100
b) Un usage temporaire de la chose 100
c) Un usage gratuit de la chose 100
■ La formation du prêt à usage 100
a) La formation du contrat par la remise de la chose
à l’emprunteur 101
b) La preuve du prêt à usage 101
■ Les obligations des parties 101
a) Les obligations de l’emprunteur 101
b) Les obligations du prêteur 103
2 – Le prêt de consommation 103
■ Les éléments de qualification du prêt de consommation 104
a) Un prêt portant sur une chose consomptible et fongible 104
b) Un transfert de propriété de la chose au profit de l’emprunteur 104
c) Une restitution par équivalent 104
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SOMMAIRE
d) Un contrat à titre onéreux ou à titre gratuit 105
■ La formation du prêt de consommation 105
a) Les conditions de validité du prêt de consommation 105
b) La preuve du prêt de consommation 107
■ Les obligations des parties 107
a) Les obligations de l’emprunteur 107
b) Les obligations du prêteur 109
PARTIE 3
Les contrats portant sur un service
SOMMAIRE
PARTIE 4
Les autres contrats spéciaux
L’expression de « contrats spéciaux » peut, de prime abord, susciter une certaine confusion.
Spontanément, elle laisse penser qu’il existerait, à côté des contrats spéciaux, des contrats géné-
raux. Cette première impression disparaît aussitôt que l’on prête une attention particulière aux
termes de l’article 1105 du Code civil. Ce texte dispose que « les contrats, qu’ils aient ou non
une dénomination propre, sont soumis à des règles générales, qui sont l’objet du présent sous-
titre. Les règles particulières à certains contrats sont établies dans les dispositions propres à
chacun d’eux. Les règles générales s’appliquent sous réserve de ces règles particulières ».
Il est possible de tirer plusieurs enseignements de cette disposition. Elle nous indique, dans un
premier temps, que chaque contrat est régi par deux corps de règles : les règles générales,
autrement dit le droit commun des contrats qui s’applique à tous les contrats peu important leur
qualification, et les règles spéciales qui sont propres à chaque contrat et qui constituent le droit
des contrats spéciaux. Droit commun des contrats et droit des contrats spéciaux ont donc voca-
tion, pour chaque contrat, à s’appliquer. En effet, les contrats spéciaux, malgré leurs spécificités
et leurs règles particulières, ne peuvent se dispenser des règles du droit commun. Dès lors, les
différents contrats spéciaux abordés dans cet ouvrage seront nécessairement étudiés à l’aune de
l’ordonnance du 10 janvier 2016 et de la loi de ratification du 20 avril 2018 qui ont apporté des
modifications substantielles au droit des contrats. Dans le même temps, les règles spéciales,
propres à chaque contrat, viennent compléter et enrichir les règles du droit commun. C’est la
raison pour laquelle le droit des contrats spéciaux est analysé comme le prolongement
naturel de la théorie générale des obligations.
Les relations étroites qu’entretiennent le droit commun et le droit des contrats spéciaux posent
nécessairement la question de leur articulation, notamment lorsque la règle spéciale contredit
une règle de droit commun. L’article 1105 du Code civil nous éclaire sur ce point en y apportant
une réponse dénuée d’ambiguïté. Le texte précise dans son dernier alinéa que « les règles géné-
rales s’appliquent sous réserve de ces règles particulières », autrement dit la règle spéciale sort
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16 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
victorieuse si elle déroge à une règle de droit commun. Il ne s’agit là que d’une application du
célèbre adage speciala generalibus derogant.
En outre, pour de nombreux contrats, les règles spéciales contenues dans le Code civil sont géné-
rales par rapport à d’autres règles encore plus spéciales situées dans des textes spécifiques et qui
ont vocation à régir certains types de contrats en particulier. Par exemple, les dispositions du Code
civil relatives au bail sont générales par rapport aux différents régimes spéciaux qui existent en
matière de baux (par exemple, les baux d’habitation soumis à la loi du 6 juillet 1989 ou encore le
bail rural régi par les articles L. 411-1 à L. 411-78 du Code rural et de la pêche maritime). Aussi
des règles spéciales en matière de vente immobilière sont-elles prévues dans le Code de l’habita-
tion et de l’urbanisme. Cette prolifération de contrats très spéciaux est nécessairement de nature à
rendre les relations entre droit commun et droit spécial encore plus complexes. Dans son exposé
des motifs, l’avant-projet de réforme du droit des contrats spéciaux élaboré par l’Association
Henri Capitant et remis à la Chancellerie le 26 juin 2017 met en lumière cette problématique en
indiquant à juste titre que « le droit des contrats spéciaux constitue aujourd’hui un corps de
règles intermédiaires entre les règles communes à tous les contrats et les règles propres aux
contrats les plus spéciaux ».
Par ailleurs, cet avant-projet de réforme a mis en exergue une autre difficulté tenant à l’existence
de règles communes à plusieurs contrats spéciaux. En effet, de nombreux contrats spéciaux, bien
que différents, sont unis par des caractéristiques similaires. Par exemple, le vendeur, comme le
bailleur, doivent délivrer le bien vendu ou loué ; l’emprunteur et le dépositaire doivent tous les
deux restituer le bien qui leur a été prêté ou confié. Dans un souci de simplification, il est
proposé de doter le Code civil d’un corps de règles susceptibles de s’appliquer à une pluralité de
contrats spéciaux.
En revanche, aucune proposition relative à la classification des contrats spéciaux n’a été émise,
alors que celle-ci aurait pu se révéler pertinente. En effet, le travail de classification des contrats
spéciaux est loin d’être chose aisée. De nombreux auteurs retiennent une approche fondée sur
l’objet du contrat, distinguant les contrats portant sur les choses et les contrats portant sur les
services. Cette distinction n’est pas toujours adéquate, puisque les contrats d’entreprise qui impli-
quent l’exécution d’une prestation de service peuvent parfois porter sur une chose. Malgré quel-
ques réserves que nous évoquerons, cette classification guidera la présentation des différents
contrats spéciaux dans cet ouvrage. Pour les contrats portant sur les choses, il s’agira de distin-
guer, d’un côté, le contrat de vente qui transfère la propriété d’une chose et, de l’autre, les
contrats qui ne confèrent que la jouissance d’un bien. Suivra l’analyse des contrats portant sur un
service pour finir sur l’étude d’autres contrats spéciaux plus particuliers, tels que le dépôt, la tran-
saction ou la rente viagère.
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INTRODUCTION – Notions générales 17
------------------------------------------------------------------------------------------
Le prêt à usage
Définition : Contrat réel : formation par la Obligations de l’emprunteur :
Contrat par lequel l’une des parties remise de la chose prêtée à – obligation de faire un usage de la
livre une chose à l’autre pour s’en l’emprunteur chose prêtée conformément au
servir, à la charge par le preneur de contrat ou à la nature des choses
la rendre après s’en être servi. – obligation de garder et de
Éléments de qualification : conserver la chose prêtée pendant
– un contrat portant sur une chose toute la durée du contrat
non consomptible – obligation de restitution de la
– un usage temporaire de la chose chose au prêteur
prêtée Obligations du prêteur :
– un contrat conclu à titre gratuit – obligation de laisser la chose à la
disposition de l’emprunteur pendant
toute la durée du prêt
– obligation de rembourser les
dépenses engagées pour la
conservation de la chose
– obligation de garantir les vices
cachés de la chose qui sont connus
et non révélés
Le prêt de consommation
Définition : Contrat par lequel l’une – Contrat consensuel si le Obligations de l’emprunteur :
des parties livre à l’autre une certaine prêt a été consenti par un – obligation de restitution par
quantité de choses qui se professionnel du crédit équivalent
consomment par l’usage, à la charge – Contrat réel si le prêt a été – obligation de paiement des intérêts
par cette dernière de lui rendre consenti par un particulier si le contrat a été conclu à titre
autant de même espèce et qualité. – Dans le prêt d’argent : onéreux
Éléments de qualification : Indication par écrit du taux Obligations du prêteur :
– un contrat portant sur une chose de l’intérêt conventionnel et – obligation de garantir les vices
consomptible et fongible du TEG, à peine de nullité de cachés connus et non révélés
– transfert de propriété de la chose la stipulation d’intérêt – obligation de conseil,
prêtée à l’emprunteur d’information et de mise en garde
– une restitution par équivalent de la des risques encourus (prêteur
chose prêtée professionnel)
– un contrat à titre gratuit ou à titre
onéreux
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INTRODUCTION – Notions générales 19
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Le contrat d’entreprise
Définition : convention par laquelle Contrat consensuel : Obligations de l’entrepreneur :
une personne (l’entrepreneur) formation par le seul Obligation principale :
s’oblige, contre rémunération, à échange des consentements – accomplir la prestation
exécuter un travail de façon Règle spécifique au contrat conformément aux stipulations
indépendante et sans représentation de prestation de service : la contractuelles
au profit d’une autre personne détermination du prix n’est Obligations accessoires :
appelée le maître de l’ouvrage. pas une condition de validité – obligation d’information et de conseil
Éléments de qualification : du contrat. Le prix peut être – obligation de conservation
– Exécution d’une prestation fixé après sa conclusion Obligations du maître de l’ouvrage :
– Une prestation indépendante – Livrer et réceptionner la chose
– Absence de représentation – Payer le prix de la prestation
Le mandat
Définition : Le mandat est le contrat Principe : caractère Obligations du mandataire :
par lequel une personne, le consensuel du contrat – exécuter la mission qui lui a été
mandant, donne pouvoir à une autre Exception : caractère solennel confiée par le mandant avec fidélité,
personne, le mandataire, de conclure du contrat pour certains diligence, persévérance et loyauté
en son nom et pour son compte un mandats spécifiques – obligation de reddition des comptes
ou plusieurs actes juridiques avec des (exemple : mandat d’agent Obligations du mandant :
tiers. Le contrat de mandat est immobilier, contrat de – payer la rémunération du mandataire
souvent appelé « procuration ». promotion immobilière...). – rembourser les frais et avances
Éléments de qualification : Le mandat est parfois soumis – indemniser les pertes occasionnées
Accomplissement d’actes juridiques au même formalisme que Effets du mandat à l’égard des tiers :
– Représentation du mandant l’acte juridique projeté – Si le mandataire a agi dans les
(parallélisme des formes ex. : limites de son pouvoir : seul le
mandat par acte authentique mandant est engagé à l’égard. Le
pour conclure une donation). mandataire reste engagé si le tiers ne
Mandat exprès requis pour savait pas que celui-ci agissait au nom
accomplir un acte de et pour le compte d’un mandant.
disposition. – Si le mandataire a agi sans pouvoir
ou en dépassant ses pouvoirs : le
mandataire est engagé si le tiers
connaissait l’étendue de ses pouvoirs
(sauf ratification de l’acte par le
mandant).
Si le tiers ne connaissait pas l’étendue
des pouvoirs du mandataire :
possibilité pour le tiers d’invoquer la
nullité de l’acte.
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20 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
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Possibilité d’opposer l’acte au mandant
en cas de mandat apparent.
En cas de détournement de pouvoirs :
le mandant n’est pas engagé à l’égard
du tiers. Possibilité pour le mandant de
demander la nullité de l’acte si le tiers a
été de mauvaise foi.
Le dépôt volontaire
Définition : Acte par lequel on reçoit Contrat réel : la remise de la Obligations du dépositaire :
la chose d’autrui, à charge de la chose, condition de – Obligations de faire : conserver la
garde et de la restituer en nature. formation du contrat chose déposée et la restituer au
Éléments de qualification : déposant
– Remise d’une chose mobilière au – Obligations de ne pas faire : ne pas
dépositaire utiliser la chose déposée et ne pas
– Garde de la chose par le chercher à savoir quelle est la chose
dépositaire (obligation de qui lui a été remise
conservation) Obligations du déposant :
– Restitution en nature au déposant – Rembourser les dépenses faites
pour la conservation de la chose
– Indemniser les pertes que le dépôt
a occasionnées
– Verser une rémunération si le
dépôt a été conclu à titre onéreux
La transaction
Définition : Contrat par lequel les Contrat consensuel : le seul Effets entre les parties :
parties, par des concessions échange des consentements – un effet extinctif
réciproques, terminent une suffit à former le contrat – un effet obligatoire
contestation née ou préviennent une Condition de fond spécifique – un effet déclaratif
contestation à naître. à la transaction : les droits À l’égard des tiers : effet relatif de la
Éléments de qualification : auxquels les parties transaction. Toutefois, la situation
– Contestation née ou à naître renoncent doivent être juridique née de la transaction est
– Concessions réciproques disponibles. Ne peuvent faire opposable aux tiers et invocable par
– Intention de mettre fin au litige l’objet d’une transaction : les tiers.
– les droits extrapatrimoniaux
– les droits patrimoniaux
d’ordre public
– les contrats entachés d’une
nullité d’ordre public
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Un contrat translatif
PARTIE
de la propriété 1
d’une chose : la vente
Consensuelle et synallagmatique, dans la mesure où les parties sont tenues à des obligations réciproques dès
l’échange des consentements, la vente est en outre commutative. La chose vendue est en effet équivalente
au prix de vente. Il en résulte que le contrat est nécessairement conclu à titre onéreux, chaque partie retirant
un avantage en contrepartie de l’exécution de son obligation. La vente présente enfin un caractère translatif
de propriété. Le droit de propriété du vendeur est effet transmis à l’acheteur une fois que ce dernier s’est
acquitté du prix.
Beaucoup de ventes de la vie courante se concluent ainsi, sans qu’une forme particulière ne soit
exigée.
Toutefois, ce principe connaît en pratique plusieurs tempéraments qui témoignent d’un certain
recul du consensualisme.
Certaines ventes particulières sont par exception des contrats solennels dont la validité est subor-
donnée à la rédaction d’un écrit. Il en va ainsi de la vente d’immeuble à construire du secteur
protégé (immeubles à usage d’habitation ou mixte). L’article L. 261-11 du Code de la construction
et de l’habitation impose en effet, à peine de nullité du contrat, que la vente soit conclue par
écrit, plus précisément par acte authentique.
En outre, le législateur impose parfois le respect de certaines formalités dont la mise en œuvre
nécessite la rédaction d’un document écrit. Ce formalisme est souvent destiné à protéger l’acquéreur
et l’informer le mieux possible des conditions de la vente. Ainsi, aux termes de l’article L. 141-1 du
Code de commerce qui régit la cession de fonds de commerce, le cédant doit fournir à l’acquéreur
certains renseignements, lesquels doivent être obligatoirement mentionnés dans l’acte de vente
(l’origine de propriété du fonds, l’état des nantissements et privilèges grevant le fonds, le chiffre
d’affaires des trois dernières années...). Le non-respect de ces mentions obligatoires peut entraîner
à la demande de l’acquéreur formée dans l’année la nullité de l’acte.
D’autres formalités sont enfin imposées aux fins d’opposabilité aux tiers. C’est le cas de la vente
immobilière qui doit être conclue par acte authentique pour être publiée aux registres de la publi-
cité foncière et être ainsi opposable aux tiers. Même si la vente immobilière reste un contrat
consensuel, puisque cette exigence n’est pas exigée à peine de nullité de l’acte, elle prendra
nécessairement la forme d’un acte authentique pour assurer l’opposabilité du contrat aux tiers.
En principe, le transfert de propriété s’opère dès l’échange des consentements (C. civ., art. 1583).
Toutefois, il est toujours possible pour les parties de retarder conventionnellement le transfert de
propriété à un autre moment. Ainsi une clause de réserve de propriété peut-elle être stipulée
dans l’acte de vente, différant le transfert de propriété au jour où l’acheteur aura payé intégrale-
ment le prix de vente.
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La distinction entre
Chapitre
la vente et les autres 2
contrats spéciaux
Le contrat de vente est un contrat à part entière. Il se distingue d’autres contrats spéciaux qui n’empruntent
pas les mêmes caractéristiques. Certains d’entre eux n’opèrent pas un transfert de propriété, d’autres ne
portent pas sur une chose, d’autres encore sont translatifs de propriété sans versement d’un prix.
■ Vente et bail
a) La distinction entre la vente et le bail
Le contrat de bail est un contrat de louage par lequel le bailleur s’engage à donner la jouissance
d’un bien meuble ou immeuble à un preneur (le locataire) moyennant un prix (le loyer) et pour
une durée donnée.
Si l’on confronte la définition de la vente et du bail, la distinction entre ces contrats semble
évidente.
Contrairement à la vente, le contrat de bail n’emporte qu’un transfert temporaire de l’usage de la
chose au preneur, et non un transfert définitif de propriété. L’acheteur et le preneur ne sont pas
titulaires d’un droit identique. Dans la vente, l’acheteur se voit conférer un droit réel sur la chose
vendue tandis que, dans le bail, le preneur bénéficie d’un droit de créance contre le bailleur, le
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28 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
droit d’exiger que ce dernier lui assure la paisible jouissance de la chose pendant la durée du
contrat.
En outre, le contrat de bail est un contrat à exécution successive. L’accomplissement des presta-
tions s’échelonne dans le temps à la différence de la vente qui crée des obligations dont l’exécu-
tion s’effectue en principe de façon instantanée, en un trait de temps.
b) L’atténuation de la distinction
La différence entre la vente et le bail n’est pas toujours aisée à établir.
Dans certains cas, un contrat peut être qualifié tantôt de contrat de vente tantôt de contrat de
bail. Le contrat de vente d’herbe en est une parfaite illustration. Ce contrat particulier est conclu
dans deux cas : soit lorsque le propriétaire d’une parcelle cède la récolte à un exploitant agricole
qui réalise la fenaison et s’acquitte du prix convenu, soit lorsque le propriétaire d’une parcelle
enherbée la cède à un exploitant afin de lui permettre de faire paître ses animaux sur ladite
parcelle.
La nature de ce contrat a suscité certaines interrogations. S’agit-il d’une vente ou d’un bail ? La
qualification exacte du contrat est déterminante. S’il s’agit d’une vente, le contrat échappe aux
règles strictes du statut du fermage. Depuis une loi du 4 juillet 1980, l’article L. 411-1, alinéa 2 du
Code rural qualifie de bail rural « toute cession exclusive des fruits de l’exploitation lorsqu’il appar-
tient à l’acquéreur de les recueillir ou de les faire recueillir ». Ce texte pose une présomption légale
qui peut être renversée par le propriétaire s’il démontre que le contrat n’a pas été conclu pour une
utilisation continue ou répétée de son fonds et que le but recherché n’a pas été de faire obstacle
au statut du fermage.
En d’autres termes, la vente d’herbe est réputée être un bail rural. En revanche, si le propriétaire
apporte la preuve que la vente d’herbe n’était pas une opération continue et répétée dans l’inten-
tion de se soustraire au statut du fermage, la qualification de vente sera retenue.
Certains contrats ont la particularité d’emprunter à la fois les caractéristiques de la vente et du
bail. Le contrat de fortage est particulièrement révélateur du brouillage des frontières qui existe
entre ces contrats. Le contrat de fortage porte sur une activité d’exploitation de carrière pour
laquelle un propriétaire foncier concède à un exploitant la superficie d’un terrain en vue d’extraire
les matériaux contenus en tréfonds. Au premier abord, cette opération s’apparente à un contrat
de bail puisqu’elle confère à l’exploitant un droit d’extraction qui s’exerce successivement moyen-
nant le versement d’une redevance périodique. La jurisprudence a pourtant rejeté cette analyse. Il
s’agit entre les parties d’une vente de meubles par anticipation portant sur les matériaux extraits
et d’une vente immobilière à l’égard des tiers. La jurisprudence justifie sa solution en considérant
que l’exécution du contrat conduit pour l’exploitant à consommer la substance de la chose et
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CHAPITRE 2 – La distinction entre la vente et les autres contrats spéciaux 29
■ Vente et prêt
Deux critères sont traditionnellement mis en exergue pour distinguer la vente et le prêt : le trans-
fert de propriété de la chose et l’obligation de restitution à la charge de l’emprunteur.
Cette obligation de restitution qui s’impose nécessairement dans le cadre du prêt et dont l’ache-
teur n’est en principe pas tenu constitue ainsi un critère de distinction plus pertinent.
■ Vente et mandat
La vente et le mandat sont deux contrats qui semblent radicalement différents. Pourtant, il existe
des cas dans lesquels ceux-ci entretiennent des liens étroits.
s’agit d’un dépôt assorti d’un mandat de vendre. Le fournisseur déposant reste propriétaire des
marchandises confiées au commerçant et supporte donc seul les risques de perte des invendus.
Par ailleurs, les contrats dits « clés en main » mêlent également les deux contrats. Dans cette hypo-
thèse, et contrairement à la précédente, il semble difficile ici de distinguer clairement ce qui a trait
à la vente et ce qui a trait aux prestations de services accomplies. Car, dans ce type de contrat, un
entrepreneur unique assume la responsabilité globale d’un projet, de la conception à la mise en
route et à la livraison au maître de l’ouvrage, en passant par l’exécution et la formation du
personnel. C’est la raison pour laquelle certains éminents auteurs évoquent l’existence d’un
contrat sui generis qui échappe à la distinction entre la vente et le contrat d’entreprise.
1) En matière mobilière
Deux critères ont été mis en lumière pour déterminer la nature du contrat par lequel un entrepre-
neur fabrique une chose au bénéfice d’un maître d’ouvrage :
– le critère retenu par la convention de Vienne relative à la vente internationale de marchan-
dises : le critère du plus grand poids économique. Plus précisément, la nature du contrat est
déterminée en effectuant une comparaison entre la valeur des matériaux utilisés et le travail
fourni par l’entrepreneur. Ainsi le contrat est-il qualifié de vente à chaque fois que la valeur de
la matière fournie par le fabricant est supérieure à celle du travail. En revanche, le contrat est un
contrat d’entreprise dès lors que le poids de la main-d’œuvre est prédominant.
Par exemple, le contrat visant à livrer une automobile et à poser un autoradio sera considéré
comme un contrat de vente dans la mesure où la valeur du bien vendu est supérieure à celle
du travail à effectuer.
Même s’il est parfois pertinent, ce critère trouve nécessairement sa limite lorsque travail et
matière sont d’égale importance ;
– le critère retenu en droit interne français : le critère de la standardisation ou de la personna-
lisation du produit ou du service. Ainsi, lorsque le contrat porte sur une chose dont les caracté-
ristiques sont déterminées à l’avance par le fabricant et qui est destinée à être produite en série
(produit dit « standard »), il s’agit d’un contrat de vente. Si, en revanche, il s’agit d’un travail
spécifique pour les besoins particuliers exprimés par le maître de l’ouvrage, le contrat est
d’entreprise. Ce critère permet ainsi de qualifier de contrat d’entreprise le contrat qui consiste
pour l’entrepreneur à effectuer un travail à la demande du maître de l’ouvrage même si le
contrat entraîne par la suite un transfert de propriété.
La Cour de cassation a encore très récemment fait application de ce critère dans une affaire
concernant la fabrication et la fourniture d’un rotor qui s’est révélé, une fois transmis au maître
de l’ouvrage, défectueux à l’utilisation. La question qui se posait était de savoir si le fabricant
était ou non tenu à la garantie des vices cachés qui pèse sur le vendeur. La Haute juridiction a
répondu positivement à cette question en considérant qu’il s’agissait en l’espèce d’un contrat de
vente dans la mesure où le contrat portait sur des choses déterminées à l’avance et non sur un
travail spécifique destiné à répondre aux besoins particuliers du maître de l’ouvrage (Cass. com.,
5 déc. 2018, nº 17-24293).
2) En matière immobilière
Les contrats de construction immobilière posent également des difficultés de qualification. Comme
en matière mobilière, la nature du contrat est difficile à déterminer, notamment lorsqu’un entre-
preneur construit avec ses matériaux un immeuble sur le terrain dont le maître d’ouvrage est
propriétaire. S’agit-il d’une vente ou d’un contrat d’entreprise ?
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34 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
La réponse à cette question a été donnée en faisant application de l’une des règles de l’accession
immobilière par incorporation qui s’exprime par l’adage romain superficies solo dit (ce qui est au-
dessus du sol le cède au sol) signifiant que la propriété du sol emporte la propriété du dessus.
Ainsi, en vertu de cette règle, le maître de l’ouvrage qui est propriétaire du terrain devient par
accession propriétaire des constructions réalisées par l’entrepreneur avec ses matériaux. Cette
règle doit être combinée avec la règle de l’accessoire, laquelle en matière immobilière fait de l’édi-
fice l’accessoire du sol sur lequel il est bâti. L’application de ces règles conduit ainsi à l’éviction du
propriétaire de la chose accessoire (l’entrepreneur) au profit du propriétaire de la chose principale
(le maître de l’ouvrage).
Ce faisant, pour déterminer la nature du contrat, une distinction s’impose selon la personne qui a
la propriété du sol au moment de la conclusion du contrat.
Si l’immeuble est construit par l’entrepreneur sur le terrain du maître de l’ouvrage, le contrat est
qualifié d’entreprise. En revanche, si la construction est réalisée sur le terrain de l’entrepreneur
qui transmettra au maître de l’ouvrage le sol et l’édifice une fois l’œuvre achevée, il s’agira d’un
contrat de vente. En ce sens, l’article 1601-1 du Code civil définit la vente d’immeubles à cons-
truire comme « celle par laquelle le vendeur s’oblige à édifier un immeuble dans un délai déter-
miné par le contrat ». Toutefois, au titre des dommages non apparents lors de la réception des
travaux, le vendeur d’immeuble à construire n’est pas tenu de la garantie des vices cachés du
droit commun de la vente mais de celle qui pèse sur les entrepreneurs (C. civ., art. 1646-1). Il en
résulte que la vente d’immeubles à construire a la particularité d’être soumise à la fois aux
régimes de la vente et du contrat d’entreprise.
■ Vente et donation
La vente se caractérise par l’existence d’un prix et ne peut donc comporter aucune intention libé-
rale. Cet élément le distingue de la donation qui est un contrat solennel par lequel une personne,
le donateur, se dépouille irrévocablement, sans contrepartie et dans une intention libérale, d’un
bien en faveur d’une autre personne, le donataire.
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CHAPITRE 2 – La distinction entre la vente et les autres contrats spéciaux 35
La vente et la donation sont donc deux contrats translatifs de propriété qui s’opposent en ce que
le premier est conclu à titre onéreux, le second à titre gratuit.
■ Vente et échange
L’échange se définit comme un contrat par lequel les parties se transfèrent réciproquement un
bien autre qu’une somme d’argent. L’échange opère donc un double transfert de propriété entre
les parties.
L’échange et la vente sont deux contrats qui présentent plusieurs similitudes. Toutefois, une diffé-
rence fondamentale les oppose : l’échange ne stipule aucun prix, il se caractérise par l’absence de
contrepartie pécuniaire.
La distinction avec la vente est plus ténue lorsqu’à titre accessoire, les parties conviennent d’une
soulte pour compenser la différence de valeur qui existe entre les choses échangées. Dans ce cas,
il y a bien le versement d’un prix au profit de l’une des parties, ce qui atténue nécessairement la
différence entre ces contrats.
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Chapitre
La formation de la vente 3
Comme tout contrat, la vente est soumise aux conditions de formation communes à tous les contrats qui sont
énumérées par l’article 1128 du Code civil. Ainsi, pour que la vente soit valablement formée, trois conditions
sont exigées : le consentement des parties, leur capacité de contracter et un contenu licite et certain. La
vente est aussi un contrat particulier dont la formation est régie par l’article 1583 du Code civil aux termes
duquel « la vente est parfaite entre les parties [...] dès qu’on est convenu de la chose et du prix ». Il est
possible de rapprocher les deux dispositions en considérant que le prix et la chose qui sont mentionnés à
l’article 1583 du Code civil correspondent à l’objet et à la cause des obligations respectives des parties,
notions regroupées depuis la réforme du droit des contrats du 10 février 2016 dans celle de contenu du
contrat.
Seront donc analysés successivement au titre des conditions de formation de la vente : le consen-
tement, la capacité, la chose et le prix.
en un instant, de façon immédiate, par une sorte de « coup de foudre contractuel » pour
reprendre l’expression du Professeur Mousseron. Cette modalité se retrouve notamment lorsque
la vente porte sur des biens de la vie courante. Il arrive a contrario que la vente se forme de
manière successive. Dans de nombreux contrats en effet, la rencontre des volontés se réalise par
étapes. Le processus de formation est ainsi plus long lorsque des contrats préparatoires à la vente
sont conclus. Certaines ventes ont en outre la particularité de prendre plus de temps à se former,
telles les ventes à l’agréage ou celles qui nécessitent une acceptation plus murie, plus réfléchie de
la part de l’une des parties au contrat.
perfection du contrat définitif est donc subordonnée à l’exercice de l’option par le bénéficiaire qui
va manifester sa volonté de conclure le contrat.
La promesse unilatérale de vente est la plus pratiquée, même si la promesse d’achat se rencontre
parfois.
Elle se rencontre beaucoup plus rarement que la promesse unilatérale de vente. Elle se définit
comme le contrat par lequel le promettant s’engage à acheter un bien appartenant au bénéficiaire
si ce dernier consent à lui vendre.
Son régime est identique à celui de la promesse unilatérale de vente à deux réserves près :
– lorsque la promesse unilatérale d’achat est constatée par un acte sous seing privé et porte sur
un immeuble, sur un fonds de commerce ou sur l’un des autres biens visés par l’article 1589-2
du Code civil, elle n’est pas soumise à l’obligation d’enregistrement imposée par ce texte ;
– lorsque la promesse unilatérale d’achat porte sur un immeuble, elle ne doit donner lieu à aucun
versement de la part du promettant. En effet, l’article 1589-2 du Code civil frappe de nullité
« tout engagement unilatéral souscrit en vue de l’acquisition d’un bien ou d’un droit immobilier
pour lequel il est exigé ou reçu de celui qui s’engage un versement, quelle qu’en soit la cause et
la forme ». Cette interdiction a été posée dans le but de mettre fin à la pratique antérieure dite
de la « réservation » qui consistait à mettre en concurrence différents candidats à l’acquisition.
2) La promesse synallagmatique de vente
Couramment qualifiée de compromis de vente, la promesse synallagmatique de vente se définit
comme le contrat par lequel les deux parties donnent leur consentement définitif à la conclusion
du contrat. L’une des parties s’engage à vendre, l’autre à acheter un bien pour un prix déterminé.
La promesse synallagmatique de vente comporte donc l’engagement réciproque des parties à la
conclusion du contrat. Elle se distingue sur ce point de la promesse unilatérale dans laquelle seul
le promettant s’engage de façon irrévocable au contrat définitif.
La promesse synallagmatique de vente pose une question importante : est-elle un contrat auto-
nome de la vente elle-même ? L’article 1589, alinéa 1 du Code civil laisse suggérer une réponse
négative. Cette disposition énonce que « la promesse de vente vaut vente lorsqu’il y consentement
réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix ». Il en résulte que la promesse de vente est
une vente dès lors que les parties sont d’accord sur la chose et sur le prix et qu’elles n’ont pas fait
d’un autre élément secondaire un élément constitutif de leur consentement. Dans cette hypo-
thèse, la promesse de vente est une fausse promesse. Il ne s’agit pas d’un véritable avant-contrat,
c’est-à-dire un contrat distinct et préalable à la vente définitive.
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CHAPITRE 3 – La formation de la vente 41
C’est le cas lorsque les parties ont décidé que la vente serait affectée de modalités d’exécution,
telles que la condition ou le terme. En effet, les parties peuvent convenir que l’exécution de la
vente sera repoussée à la réalisation d’une condition, par exemple l’obtention d’une autorisation
administrative ou d’un prêt, ou à la survenance d’un terme, comme la signature de l’acte authen-
tique en matière immobilière. Dans ces hypothèses, la condition ou le terme ne sont pas érigés par
les parties en des éléments nécessaires à la formation de la vente, il s’agit de simples modalités
d’exécution qui n’ont aucune incidence sur leur consentement. Conformément à ce que prévoit
l’article 1589 du Code civil, la promesse de vente n’est pas ici un contrat autonome au contrat de
vente.
Il en va autrement lorsque les parties ont fait de la condition ou du terme un élément constitutif
de la vente. En effet, les parties sont libres de déterminer si la condition ou le terme dont est
assortie la promesse synallagmatique constitue une simple modalité d’exécution du contrat ou
une condition de formation du contrat. La Cour de cassation a ainsi jugé en ce sens que les
parties contractent une véritable promesse autonome lorsqu’elles stipulent que le contrat de
vente ne prendra naissance qu’à la signature de l’acte authentique (Cass. 3e civ., 14 janv. 1987,
nº 85-16306).
La qualification de la promesse est importante pour déterminer la sanction applicable en cas de
violation de celle-ci. La question s’est posée précisément lorsque le vendeur refuse de procéder à
la signature de l’acte authentique. Dans cette hypothèse, la détermination de la sanction sera
fonction de la manière dont les parties ont rédigé la clause ayant pour objet la réitération de la
vente en sa forme authentique.
Si la promesse synallagmatique vaut vente, autrement dit si les parties ont stipulé que la signature
de l’acte authentique n’était qu’une modalité d’exécution de la vente, l’acheteur peut demander
l’exécution en nature de la promesse en application de l’article 1221 du Code civil. Deux voies
sont possibles : l’astreinte et le jugement valant vente tenant lieu d’acte authentique.
Si au contraire, la promesse synallagmatique ne vaut pas vente, autrement dit si les parties ont
stipulé que la réitération de la vente en sa forme authentique était un élément de la formation
de la vente, son inexécution sera sanctionnée par l’octroi de dommages-intérêts au profit de
l’acheteur.
Les sanctions de la violation du pacte par le promettant sont régies par l’article 1123, alinéa 2 du
Code civil. Ce texte dispose que : « lorsqu’un contrat est conclu avec un tiers en violation d’un
pacte de préférence, le bénéficiaire peut obtenir la réparation du préjudice subi. Lorsque le tiers
connaissait l’existence du pacte et l’intention du bénéficiaire de s’en prévaloir, ce dernier peut
également agir en nullité ou demander au juge de le substituer au tiers dans le contrat conclu ».
Deux sortes de sanctions sont envisagées par ce texte :
– la responsabilité contractuelle du promettant qui sera tenu à l’octroi de dommages-intérêts au
profit du bénéficiaire du pacte ;
– la nullité de la vente conclue entre le promettant et le tiers. Cette sanction suppose que deux
conditions cumulatives soient remplies : le tiers doit avoir eu connaissance d’une part, de l’exis-
tence du pacte de préférence et d’autre part, de l’intention du bénéficiaire d’exercer son droit
de priorité. Ainsi, dès lors que la mauvaise foi du tiers est établie, le bénéficiaire du pacte peut
solliciter la nullité du contrat conclu en violation de son droit de priorité. Il pourra en outre
demander au juge de le substituer au tiers dans le contrat conclu.
Pour pallier tout risque de voir son contrat de vente annulé, le tiers qui soupçonne l’existence d’un
pacte de préférence a la possibilité de mettre en œuvre une action interrogatoire qui consiste, aux
termes de l’article 1123, alinéa 3 du Code civil, à « demander par écrit au bénéficiaire de confirmer
dans un délai qu’il fixe et qui doit être raisonnable, l’existence d’un pacte de préférence et s’il
entend s’en prévaloir ». Cette action interrogatoire introduite par la réforme du droit des contrats
du 10 février 2016 assure la sécurité contractuelle du tiers, puisque, comme l’alinéa 4 du texte le
prévoit, à défaut de réponse dans le délai, « le bénéficiaire ne pourra plus solliciter sa substitution
au contrat conclu avec le tiers ou la nullité du contrat ».
a) Vente à l’essai
Selon la définition proposée par le Professeur Cornu, la vente à l’essai est « une vente dont la
conclusion définitive est subordonnée à la condition qu’après usage par l’acquéreur éventuel, la
chose vendue sera reconnue apte au service auquel elle est destinée ». Prévue à l’article 1588 du
Code civil, la vente à l’essai offre à l’acquéreur la possibilité d’utiliser le bien qu’il envisage
d’acheter afin de vérifier sa conformité.
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44 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
La vente à l’essai devient définitive s’il s’avère, au terme d’une évaluation objective de la chose par
l’acheteur, que celle-ci réunit les qualités requises. Dès lors que l’essai est satisfaisant, la vente est
conclue, sans que l’acheteur ne puisse s’y opposer. L’essai s’apparente ainsi à un contrôle de
conformité de la chose vendue.
Cette modalité doit avoir été expressément stipulée dans le contrat, à moins qu’elle ne résulte des
usages. On la retrouve dans les ventes de vêtements, d’animaux, de machines ou de véhicules.
b) Vente à la dégustation
La vente à la dégustation concerne les marchandises qu’il est d’usage de goûter avant de les
acheter. Elle est prévue à l’article 1587 du Code civil qui dispose : « à l’égard du vin, de l’huile, et
des autres choses que l’on est dans l’usage de goûter avant d’en faire l’achat, il n’y a point de
vente tant que l’acheteur ne les a pas goûtées et agréées ».
La vente à la dégustation s’analyse, jusqu’à l’agréage, en une promesse unilatérale de vente
consentie par le vendeur. La vente n’est formée qu’une fois que le produit a été agréé par
l’acheteur.
L’acheteur doit être mis en état d’apprécier les qualités de la chose avant de confirmer sa volonté
d’acquérir. Contrairement à la vente à l’essai qui suppose une appréciation objective, dans la
vente à la dégustation, l’acheteur porte une appréciation subjective de la chose. Son agrément
est totalement discrétionnaire, il ne sera fonction que de son goût personnel.
La lecture du texte laisse penser que la vente à la dégustation ne peut porter que sur les éléments
énoncés, à savoir le vin, l’huile et les autres choses que l’on est dans l’usage de goûter avant d’en
faire l’achat. Cette première impression ne reflète pas la réalité. D’abord, toutes les ventes qui ont
pour objet du vin, de l’huile ou une autre chose susceptible d’être goûtée ne sont pas nécessaire-
ment des ventes à la dégustation. Pour que la vente soit qualifiée comme telle, encore faut-il que
les parties en aient convenu ainsi. Ensuite, la vente à la dégustation n’est pas limitée aux biens
alimentaires. Elle peut porter sur d’autres choses, comme un livre, un vêtement sur-mesure ou
encore un disque.
l’acceptation qui rencontre l’offre a pour effet de former le contrat. Le pollicitant et l’acceptant
deviennent immédiatement liés contractuellement.
Dans certaines ventes cependant, le législateur a manifesté sa volonté de protéger avec plus de
force le consentement de l’acquéreur. L’objectif est de s’assurer que son acceptation a été
donnée de façon réfléchie, en toute connaissance de cause. Pour ce faire, certaines ventes ne
seront définitivement conclues qu’à l’issue d’un certain délai prévu par la loi. Il en va ainsi des
ventes assorties d’un délai de réflexion et de celles qui prévoient une faculté de rétractation.
a) Les ventes assorties d’un délai de réflexion
Dans certaines situations, le consentement de l’acheteur peut être donné hâtivement ou impru-
demment. Afin de le protéger, le législateur lui impose un délai de réflexion au cours duquel
l’acheteur n’est pas autorisé à accepter l’offre du pollicitant.
Ce délai de réflexion est prévu pour les opérations importantes qui nécessitent pour l’acheteur de
prendre la mesure de l’engagement qu’il souscrit.
Ainsi, un délai de réflexion est posé en faveur de l’acquéreur non professionnel d’un immeuble à
usage d’habitation dont la vente est constatée par un acte authentique lorsque celui-ci n’est pas
précédé d’un contrat préliminaire ou d’une promesse synallagmatique ou unilatérale. Dans cette
hypothèse, l’article L. 271-1, alinéa 5 du Code de la construction et de l’habitation impose au
profit de l’acquéreur un délai de réflexion de dix jours avant la signature de l’acte authentique.
Au cours de ce délai, l’acte authentique ne pourra pas être signé entre les parties.
De la même façon, un délai de réflexion est posé en faveur de l’acquéreur consommateur dans le
cadre d’un crédit immobilier. L’article L. 312-10, alinéa 2 du Code de la consommation ne rend
définitif le contrat de prêt que trente jours après la réception de l’offre par l’emprunteur, celui-ci
n’étant autorisé à accepter l’offre qu’à l’expiration d’un délai de dix jours après l’avoir reçue. L’ins-
tauration de ces délais a pour effet, non seulement de retarder la formation du contrat de prêt,
mais aussi, par ricochet, celle de la vente qui est nécessairement subordonnée à l’obtention effec-
tive du prêt.
b) Les ventes assorties d’une faculté de rétractation
Certaines ventes accordent à l’acheteur, une fois le contrat formé, un droit de rétractation appelé
aussi droit de repentir. Ce dernier lui permet de revenir sur sa décision pendant un délai qui varie
en fonction de la nature du contrat. L’acheteur est autorisé à exercer son droit de manière tout à
fait discrétionnaire.
L’exercice ou non du droit de rétractation détermine le sort du contrat. Si l’acheteur n’exerce pas
son droit de rétractation, la vente est définitivement conclue. En revanche, l’exercice du droit de
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46 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
Cette personne est donc considérée comme étant inapte à mettre en œuvre seule son droit de
vendre ou d’acheter.
L’incapacité d’exercice peut être générale lorsqu’elle concerne tous les droits d’une personne
physique ou spéciale lorsqu’elle ne concerne que certains de ses droits.
L’article 1146 du Code civil distingue l’incapacité d’exercice des mineurs non émancipés et l’inca-
pacité d’exercice des majeurs.
curateur assiste donc nécessairement le majeur incapable pour accomplir les actes de disposition
que le tuteur ne peut exercer seul dans le cadre de la tutelle. En revanche, le majeur en curatelle
peut faire seul tous les actes que le tuteur est habilité à faire seul sous le régime de la tutelle.
Il existe une règle commune aux trois mesures de protection qui porte sur la vente du logement
du majeur incapable. Que le majeur soit sous sauvegarde de justice, sous tutelle ou sur curatelle,
l’aliénation de son logement ne sera possible qu’en cas de nécessité ou si elle est commandée par
son intérêt. Elle sera autorisée par le juge des tutelles, après avis du médecin traitant (C. civ.,
art. 490-2). La vente conclue sans autorisation de justice est frappée d’une nullité relative.
judiciaires d’acquérir des droits ou actions susceptibles d’être contestés devant la juridiction dans
le ressort de laquelle elles exercent leurs fonctions.
Par exemple, a été déclarée nulle sur le fondement de l’article 1597 du Code civil la vente d’un
immeuble conclue entre une société civile immobilière et l’avocat qui la représentait dans l’ins-
tance opposant ladite société au bénéficiaire d’une promesse de vente portant sur un apparte-
ment compris dans l’immeuble (Cass. 3e civ., 15 mai 1991).
Que l’on se situe dans le champ d’application de l’article 1596 ou dans celui de l’article 1597 du
Code civil, la sanction de la méconnaissance de ces dispositions est la même : la nullité relative
du contrat de vente conclu en violation de ces textes. La nullité du contrat prévue par
l’article 1596 ne pourra être invoquée que par les personnes dans l’intérêt desquelles l’interdiction
d’acquérir a été posée, à savoir le mineur, le majeur en tutelle, le mandant, l’établissement public,
etc. Concernant la nullité prévue à l’article 1597, la Cour de cassation a précisé qu’elle peut être
invoquée tant « par le cédant des droits litigieux que par la personne qui a émis dans le litige
une prétention sur tout ou partie de ces droits ».
On peut enfin mentionner l’article 1125-1 du Code civil qui interdit aux professionnels travaillant
dans un établissement recueillant des personnes âgées ou effectuant des soins psychiatriques
d’acquérir un bien appartenant à une personne admise dans leur établissement. Le contrat
conclu au mépris de cette disposition est également frappé de nullité.
Des incapacités de jouissance sont parfois posées ailleurs que dans le Code civil. L’article L. 642-3,
alinéa 1 du Code de commerce pose ainsi l’interdiction de la reprise d’une entreprise en difficulté
par le dirigeant et ses proches, le but de cette disposition étant d’empêcher le débiteur de se
libérer de son passif en rachetant ou en faisant racheter ses actifs par des proches à vil prix.
b) Les incapacités de vendre et d’acheter
Il existe des hypothèses dans lesquelles une personne est frappée d’une double incapacité de
vendre et d’acheter.
C’est le cas notamment du débiteur dont l’immeuble est saisi. Les règles de la saisie immobilière
prévoient ainsi qu’à compter de la signification du commandement de payer valant saisie,
l’immeuble ne peut être aliéné à l’amiable par le débiteur sans autorisation judiciaire, à peine de
nullité relative de la vente qui peut être demandée par le créancier saisissant (CPC exéc., art.
L. 321-2, al. 2). En outre, en cas de vente forcée, le débiteur saisi ne peut se porter enchérisseur
ni par lui-même ni par personne interposée (CPC exéc., art. R. 322-39, 1º).
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50 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
3 La chose
Conformément aux dispositions de l’article 1583 du Code civil, le consentement des parties doit
nécessairement porter sur une chose. Il s’agit, à côté du prix, d’un élément essentiel du contrat
de vente.
Le principe de la libre circulation des biens laisse suggérer que toute chose est susceptible d’être
vendue. Ce principe, s’il n’est pas inexact, fait toutefois l’objet d’un certain nombre de
tempéraments.
En effet, la chose doit présenter quelques caractéristiques : elle doit être aliénable, déterminée ou
déterminable et existante même si la vente peut parfois porter sur une chose future. La chose doit
en outre appartenir au vendeur.
première chambre civile de la Cour de cassation a rompu avec cette analyse à propos de la clien-
tèle médicale. Elle a ainsi jugé que la cession de cette clientèle, à l’occasion de la constitution ou
de la cession d’un fonds libéral d’exercice de la profession, n’est pas illicite à la condition que soit
sauvegardée la liberté de choix du client.
b) Une chose ne tombant pas sous le coup d’une interdiction ou d’une restriction
d’aliénation
Les choses qui sont dans le commerce juridique peuvent dans certains cas faire l’objet d’une inter-
diction ou d’une restriction d’aliénation qui peut être soit légale soit conventionnelle.
Le législateur prévoit ainsi expressément des limites à l’aliénabilité des biens d’un débiteur insol-
vable ou, du moins, en situation financière difficile. En ce sens, l’article L. 321-2 du Code des
procédures civiles d’exécution dispose que « l’acte de saisie rend l’immeuble indisponible et
restreint les droits de jouissance et d’administration du saisi ». En ce sens aussi, le législateur a
prévu plusieurs cas d’interdiction ou de restriction d’aliénation lorsque le débiteur est placé en
procédure collective. Par exemple, l’article L. 622-7, II du Code de commerce interdit au débiteur
pendant la période d’observation, sauf à obtenir une autorisation du juge-commissaire, de faire
un acte étranger à la gestion courante de l’entreprise. Cette disposition vise notamment les
ventes qui sont en général de nature à réduire la consistance patrimoniale du débiteur. En cas de
plan de cession, l’article L. 642-9 du Code de commerce prévoit une inaliénabilité légale des biens
que le repreneur a acquis tant que le prix de cession n’a pas été intégralement payé. Et l’article
L. 642-10 permet de proroger au-delà du paiement intégral du prix la durée d’inaliénabilité des
actifs cédés. En vertu de ce texte, le tribunal a la possibilité de prévoir, dans le jugement arrêtant
le plan de cession, que « tout ou partie des biens cédés ne pourront être aliénés, pour une durée
qu’il fixe, sans son autorisation ».
La restriction ou l’interdiction d’aliéner peut aussi avoir été prévue par les parties. Certains actes à
titre onéreux, comme le prêt, ou à titre gratuit, comme les libéralités, peuvent contenir une clause
d’inaliénabilité qui interdit à l’une des parties de disposer d’un ou plusieurs biens qui lui appartien-
nent. Soit la clause prive totalement la partie du droit d’aliéner soit elle lui interdit d’aliéner sans
l’accord de l’autre partie. L’article 900-1 du Code civil encadre toutefois l’usage de cette clause
en posant comme conditions que cette dernière doit nécessairement être temporaire et justifiée
par un intérêt sérieux et légitime. Le texte prévoit aussi une levée de cette inaliénabilité qui sera
décidée par le juge « si l’intérêt qui avait justifié la clause a disparu ou s’il advient qu’un intérêt
plus important l’exige ».
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52 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
La règle trouve une application particulière dans le cadre de la vente d’immeuble à construire
réglementée par les articles 1601-1 et suivants du Code civil. Cette vente se définit, aux termes
de l’article 1601-1, comme celle « par laquelle le vendeur s’oblige à édifier un immeuble dans un
délai déterminé par le contrat ».
Ce contrat est susceptible de deux modalités :
– la vente à terme qui est régie par l’article 1601-2 du Code civil. Dans ce contrat, le vendeur
s’engage à livrer l’immeuble à son achèvement, tandis que l’acheteur s’engage à en prendre
livraison et à en payer le prix à la date de la livraison. Le transfert de propriété qui a lieu au
moment de la constatation par acte authentique de l’achèvement de l’immeuble produit ses
effets rétroactivement au jour de la vente ;
– la vente en l’état futur d’achèvement qui est la plus fréquente en pratique. Dans ce
contrat, le vendeur transfère immédiatement à l’acquéreur ses droits sur le sol et la propriété
des constructions existantes. Les constructions à venir deviennent la propriété de l’acquéreur au
fur et à mesure de leur exécution, celui-ci étant tenu d’en payer le prix au fur et à mesure de
l’avancement des travaux.
Le véritable propriétaire de la chose vendue n’est pas non plus recevable à demander la nullité du
contrat qui a été conclu au mépris de ses droits. Il peut seulement exercer une action en revendi-
cation si les conditions sont réunies.
Parfois, la demande en nullité de la vente émanant de l’acquéreur ne pourra pas aboutir. C’est le
cas lorsque l’action en nullité, qui est enfermée dans un délai de cinq ans, est prescrite. C’est le
cas aussi lorsque le vendeur a acquis la propriété de la chose après la vente, avant la demande
en nullité. Il a été jugé en effet que la nullité est couverte lorsque, avant toute action en nullité,
l’acquisition par le vendeur de la propriété de la chose vendue a fait disparaître le risque d’éviction
de l’acquéreur. La consolidation de la vente, avant la demande en nullité, fait ainsi échec à cette
action.
b) L’octroi de dommages-intérêts
À côté de la nullité, une autre sanction est envisagée à l’article 1599 du Code civil. Le texte ajoute
que la vente de la chose d’autrui « peut donner lieu à des dommages-intérêts lorsque l’acheteur a
ignoré que la chose fût à autrui ». Une distinction s’impose donc selon que l’acheteur a été, au
moment de la vente, de bonne ou de mauvaise foi.
Si l’acheteur a été de mauvaise foi, c’est-à-dire s’il savait que le vendeur n’était pas le propriétaire
de la chose vendue, il ne pourra prétendre à l’octroi de dommages-intérêts. Si au contraire l’ache-
teur avait connaissance de l’absence de droit de propriété du vendeur sur la chose, il pourra
obtenir des dommages-intérêts en raison du préjudice subi.
4 Le prix
Le prix est la somme d’argent que l’acheteur s’engage à payer au vendeur en contrepartie de la
chose qu’il reçoit. Il s’agit, comme la chose, d’un élément essentiel du contrat de vente sans
lequel celui-ci ne peut se former.
Le prix est un outil de qualification des contrats, permettant ainsi de distinguer la vente d’autres
contrats voisins, tels que l’échange ou l’apport en société.
Plusieurs conditions sont requises : le prix doit être déterminé ou du moins déterminable, réel et
sérieux tout en étant juste.
Tout d’abord, la détermination du prix doit résulter d’un accord de volontés des parties.
L’article 1592 du Code civil reconnaît toutefois la validité de la vente dont le prix est fixé par un
tiers. Il apparaît donc, à la lecture combinée de ces textes, que le prix doit être déterminé par les
parties ou exceptionnellement par un tiers.
D’autre part, le prix de vente doit être déterminé lors de la formation du contrat, même si cette
condition doit nécessairement être assouplie lorsque la fixation du prix, au moment de l’échange
des consentements, est impossible. Dans ce cas, le prix doit au moins être déterminable lors de la
conclusion du contrat.
s’analyse plus en une fixation arbitraire du prix, ce que traduit désormais l’article 1164 du Code
civil qui soustrait la vente conclue en application d’un contrat-cadre aux exigences de
l’article 1591.
Le législateur a posé la même règle à l’article 1165 du Code civil pour les contrats de prestations
de services. Il s’agit, là aussi, d’une consécration de la jurisprudence selon laquelle, dans les
contrats d’entreprise, la détermination du prix n’est pas une condition de validité de l’acte
(Cass. 1re civ., 15 juin 1973). L’article 1165 autorise ainsi la fixation unilatérale du prix par le
créancier dans l’hypothèse où les parties ne se seraient pas entendues avant l’exécution de la
prestation.
Toutefois, le prix peut être symbolique sans qu’il soit pour autant analysé en un prix dérisoire. Une
vente à un euro est parfois valable lorsque la chose vendue est sans valeur ou lorsque pèsent sur
l’acheteur d’autres contreparties, comme la reprise des dettes du vendeur, ce qui est souvent le
cas dans le cadre des cessions de droits sociaux, l’acheteur prenant à sa charge une partie du
passif de la société.
■ Un prix juste
La question de la justice du prix se pose en cas de lésion.
La lésion se définit comme le déséquilibre entre les prestations réciproques des parties au moment
de la conclusion du contrat. Par exemple, il existe un déséquilibre lorsque le vendeur vend à
l’acheteur un bien d’une valeur de 10 000 euros pour un prix de 2 000 euros, donc pour un prix
nettement inférieur à la valeur du bien.
En principe, la lésion n’est pas sanctionnée en droit français. Le principe de la liberté contractuelle
autorise les parties à convenir du prix, même si ce dernier ne s’avère pas en adéquation avec la
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CHAPITRE 3 – La formation de la vente 61
valeur réelle de la chose. C’est ce qu’il faut comprendre de l’article 1168 du Code civil qui dispose
que « dans les contrats synallagmatiques, le défaut d’équivalence des prestations n’est pas une
cause de nullité du contrat, à moins que la loi n’en dispose autrement ».
Toutefois, une dérogation est expressément prévue en matière de vente immobilière. Celle-ci est
prévue à l’article 1674 du Code civil aux termes duquel « si le vendeur a été lésé de plus de sept
douzièmes dans le prix d’un immeuble, il a le droit de demander la rescision de la vente, quand
même il aurait expressément renoncé dans le contrat à la faculté de demander cette rescision et
qu’il aurait déclaré donner la plus-value ».
Seront étudiées successivement les conditions d’application de l’article 1674 et la sanction de la
lésion.
b) La sanction de la lésion
Dans le cas où l’action du vendeur est admise, l’article 1681 du Code civil prévoit deux sanctions
alternatives :
– la rescision du contrat qui est une forme de nullité. Les parties seront replacées en l’état anté-
rieur, ce qui signifie que l’acheteur devra restituer l’immeuble au vendeur, lequel devra restituer
le prix à l’acheteur ;
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62 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
■ Le transfert de propriété
Le transfert de propriété développe des effets tant entre les parties qu’à l’égard des tiers.
Entre les parties, se pose la question du moment du transfert de propriété. À l’égard des tiers, se
pose la question de l’opposabilité du transfert de propriété.
a) Le moment du transfert de propriété
Par principe, le transfert de propriété a lieu au jour de la formation de la vente, au moment où
s’échangent les consentements.
Par exception, le transfert de propriété se produit de manière différée, après l’échange des
consentements.
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64 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
démontrer, en présence d’un tel cas, que « la chose fût également périe chez le créancier si elle lui
eût été livrée » (art. 1302, al. 2, C. civ.).
Une seconde exception a trait aux ventes affectées d’une condition suspensive. Dérogeant à la
rétroactivité attachée à la réalisation de la condition et s’appliquant au transfert de propriété
(art. 1179, C. civ.), l’article 1182 prévoit, pendente conditionne, que « la chose demeure aux
risques du débiteur ». Cet article aménage les conséquences de la disparition ou de la détériora-
tion de la chose :
– en cas de disparition de la chose hors la faute du vendeur, l’obligation de délivrance est éteinte
et l’acquéreur peut prétendre au remboursement des sommes payées ;
– en cas de détérioration hors la faute du vendeur, l’acquéreur dispose d’une option :
• soit décider de la résolution et obtenir le remboursement des sommes payées,
• soit « exiger la chose dans l’état dans lequel elle se trouve sans diminution du prix » ;
– en cas de détérioration du fait du vendeur, l’acquéreur « a le droit ou de résoudre l’obligation,
ou d’exiger la chose dans l’état dans lequel elle se trouve, avec des dommages et intérêts ».
La vente en l’état futur d’achèvement (art. 1601-3, C. civ.) est le siège d’une troisième excep-
tion : les risques de non-achèvement de l’immeuble pèsent sur le vendeur (Civ. 3e, 11 oct. 2000,
nº 98-21.826, Bull. civ. III, 163) alors même que, par la vente, l’acquéreur est devenu propriétaire
du sol et des constructions existantes.
b) Les exceptions conventionnelles
Les dispositions de l’article 1138 du Code civil ne sont d’ordre public ni en ce qui concerne le
transfert de propriété ni en ce qui concerne le transfert des risques. Les articles L. 132-7 du Code
de commerce et 1302 du Code civil le laissent incidemment entendre. En présence d’une clause
de réserve de propriété, les parties peuvent stipuler que l’acquéreur sera tenu des risques dès son
entrée en jouissance de la chose (CA Toulouse, 28 nov. 2001, nº 2000/03535).
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Les obligations Chapitre
7
de l’acheteur
■ La portée de l’obligation
L’acheteur est tenu du prix ; il est tenu aussi, sauf stipulation contraire, du paiement « des frais et
autres accessoires à la vente » (art. 1593, C. civ.). L’expression désigne, outre les prélèvements
obligatoires (TVA notamment), les rémunérations dues à certains intermédiaires ou à ceux qui
auraient contribué à la formation de l’acte (agent immobilier, notaire...). Dans ce prolongement,
mais sur un autre fondement – l’obligation de retirement (v. infra) –, l’acheteur est en principe
tenu du coût du transport de la chose.
Il ne faut pas exclure non plus que l’acheteur soit tenu à quelques intérêts assis sur le prix de la
chose soit parce que les parties en ont convenu ainsi ; soit parce que la chose vendue puis livrée
produit des fruits ou d’autres revenus ; soit parce que l’acheteur a été sommé de payer
(art. 1652, C. civ.).
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66 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
b) Le paiement anticipé
Il n’est pas rare que les parties s’écartent de la simultanéité de la délivrance et du paiement. La
pratique est licite, y compris en droit de la consommation, quoique celui-ci s’attache à préciser la
nature juridique des sommes payées avant la délivrance.
« Sauf stipulation contraire, pour tout contrat de vente ou de prestation de services conclu entre
un professionnel et un consommateur, les sommes versées d’avance sont des arrhes » (art.
L. 131-1, C. consom.). Les arrhes sont définies à l’article 1590 du Code civil ; ils révèlent la volonté
des parties de se ménager réciproquement une faculté de dédit. En cela, ils se distinguent des
acomptes, qui constituent un paiement partiel et anticipé du prix. Lorsque des arrhes ont été
convenues « chacun des contractants peut revenir sur son engagement, le consommateur en
perdant les arrhes, le professionnel en les restituant au double » (art. L. 131-1, C. consom.).
En matière de consommation toujours, la loi sanctionne le « crédit » artificiel que s’octroierait le
professionnel qui, après avoir reçu de son client une somme, tarderait à délivrer la chose :
« Lorsque le contrat de vente porte sur un bien mobilier, toute somme versée d’avance sur le
prix, quels que soient la nature de ce versement et le nom qui est donné dans l’acte, est produc-
tive, au taux légal en matière civile, d’intérêts qui commencent à courir à l’expiration d’un délai de
trois mois à compter du versement jusqu’à la réalisation de la vente, sans préjudice de l’obligation
de livrer, qui reste entière » (art. L. 131-1, C. consom.).
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CHAPITRE 7 – Les obligations de l’acheteur 67
c) Le paiement retardé
Il n’est pas rare, dans les relations commerciales, que l’acheteur exige de son fournisseur qu’il lui
consente quelques délais de paiement. Le déséquilibre économique entre les parties contraint
fréquemment le fournisseur à céder à de telles exigences.
L’État s’est saisi de la difficulté soulevée par le crédit-fournisseur et a fixé un délai maximal de
paiement dans les relations commerciales : « Le délai convenu entre les parties pour régler les
sommes dues ne peut dépasser quarante-cinq jours fin de mois ou soixante jours à compter de la
date d’émission de la facture » (art. L. 441-6, C. com.).
d) La preuve du paiement
Le paiement est un fait juridique qui se prouve par tout moyen. Les juges ont tendance à déduire
de la délivrance une présomption de paiement, quoique la preuve contraire puisse être apportée.
Les parties se ménageront utilement un écrit.
e) La sanction
Une option est ouverte au vendeur ; il peut soit obtenir l’exécution forcée de la vente, soit, au
contraire, obtenir l’annulation de la vente – même si cette solution lui est a priori moins favo-
rable (art. 1654, C. civ. ; en matière d’immeuble : art. 1655 et s., C. civ.).
Afin d’« encourager » l’exécution de l’obligation ou de préserver les intérêts du vendeur, plusieurs
institutions coexistent.
En premier lieu, à moins qu’un délai de paiement ait été convenu, l’article 1612 du Code civil
reconnaît au vendeur un droit de rétention de la chose vendue : « le vendeur n’est pas tenu de
délivrer la chose, si l’acheteur n’en paye pas le prix ».
En second lieu, par la clause de réserve de propriété (v. supra), le vendeur conserve la propriété
de la chose jusqu’au complet paiement du prix, alors même que la chose aurait déjà été délivrée.
Enfin, l’article 2332 du Code civil reconnaît au vendeur un privilège spécial mobilier et un privi-
lège spécial immobilier.
Quant à la sanction de l’obligation de retirement, elle peut prendre la forme soit d’une exécution
forcée, soit d’une résolution de la vente ; ainsi, en matière mobilière, « la résolution de la vente
aura lieu de plein droit et sans sommation, au profit du vendeur, après l’expiration du terme
convenu pour le retirement » (art. 1657, C. civ.).
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Chapitre
L’obligation de délivrance 8
La première obligation du vendeur (art. 1603, C. civ.) est la délivrance de la chose, entendue comme « le
transport de la chose vendue en la puissance et possession de l’acheteur » (art. 1604, C. civ.). De cette obliga-
tion, il faut successivement préciser l’objet, l’exécution et la sanction.
1 L’objet de l’obligation
L’obligation de délivrer la chose implique l’obligation d’en délivrer les accessoires (art. 1615,
C. civ.).
■ La délivrance de la chose
Aux termes de l’article 1604 du Code civil, c’est bien « la » chose vendue qui doit être délivrée à
l’acheteur. Elle doit être conforme aux stipulations contractuelles. La question s’est en outre
posée, par le passé, de savoir si ce bien devait également être conforme à l’usage auquel l’ache-
teur le destinait. Il est aujourd’hui admis que la délivrance implique la conformité matérielle du
bien (a), et non sa conformité fonctionnelle (b).
Le droit de consommation comprend des dispositions spéciales relatives à la garantie de confor-
mité qui seront abordées plus loin (v. infra).
a) La conformité matérielle
La chose délivrée doit correspondre, en qualité (1) et en quantité (2), aux stipulations des parties.
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70 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
1) La qualité
Lorsque la vente a pour objet un corps certain, seul le transport de celui-ci libère le vendeur de
son obligation de délivrance. Ainsi, lorsque l’exemplaire numéroté « 1 » d’une édition d’un livre a
été commandé, le vendeur ne saurait s’exécuter en délivrant l’exemplaire numéroté « 28 »
(Civ. 1re, 26 nov. 1980, nº 79-14.547, Bull. civ. I, 310).
Lorsque la vente a pour objet une chose de genre, celle-ci doit posséder les qualités prévues au
contrat, à défaut de quoi l’obligation n’est pas exécutée – qu’il s’agisse d’une vache vendue
« pleine » sans être délivrée ainsi (Civ. 1re, 21 févr. 1979, Bull. civ. I, 73) ou d’une voiture dont la
couleur ne serait pas celle prévue (Civ. 1re, 1er déc. 1987, nº 85-12.565, Bull. civ. I, 325).
Dans le silence des parties, la loi prévoit dans ce cas que la qualité doit être moyenne (art. 1246,
C. civ.), c’est-à-dire « loyale et marchande », ce qui s’entend d’une qualité « conforme aux attentes
légitimes des parties en considération de [la nature de la prestation], des usages et du montant de
la contrepartie » (projet d’art. 1166, C. civ.). La qualité s’apprécie au jour de la vente (art. 1614,
C. civ.), ce qui ne dispense pas le vendeur qui ne procéderait pas immédiatement à la délivrance
de s’assurer de la conservation de la chose (art. 1136, C. civ. ; v. supra).
2) La quantité
Le vendeur est tenu de délivrer la quantité stipulée (art. 1616, C. civ.).
Le Code civil ne décline pas cette exigence aux biens meubles : le cas échéant, il convient donc
de se reporter au Code de la consommation qui, notamment, réprime la tromperie sur la
marchandise en cas de violation des dispositions réglementaires afférentes aux poids et mesures
des biens vendus (art. L. 213-1, C. consom.).
Plus fines sont les dispositions du Code civil en matière d’immeubles, invitant à distinguer selon
l’expression donnée à la vente :
– lorsque la vente désigne seulement le bien (tel immeuble) et le prix (tant d’euros), le défaut de
contenance ne donne lieu ni à diminution du prix, si le métrage est inférieur à celui prévu dans
l’acte, ni à augmentation du prix dans le cas inverse (art. 1619, C. civ.). Il en va différemment à
l’occasion de la vente d’un lot de copropriété (art. 1er, L. nº 96-1107, 18 déc. 1996, dite « loi
Carrez ») : lorsque la superficie réelle est inférieure de plus d’un vingtième à celle visée dans
l’acte de vente, le prix de vente est réduit à due proportion ; dans le cas contraire, aucune majo-
ration du prix ne peut intervenir ;
– lorsque la vente « a été faite avec indication de la contenance, à raison de tant la mesure » (par
ex. : vente d’un immeuble de 100 m2, à raison de 3 000/m2), le vendeur est tenu de délivrer la
contenance stipulée, à moins que la chose soit impossible ou que l’acheteur ne l’exige pas,
auquel cas le vendeur « doit souffrir une diminution proportionnelle du prix » (art. 1617,
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CHAPITRE 8 – L’obligation de délivrance 71
C. civ.). S’il s’avère que la contenance réelle est plus grande que la contenance stipulée, l’ache-
teur « a le choix de fournir le supplément du prix, ou de se désister du contrat » (art. 1619,
C. civ.).
b) La conformité fonctionnelle
La question de savoir si la chose devait être conforme non seulement aux stipulations du contrat,
mais encore à la destination à laquelle l’acheteur la destine s’est posée un temps. L’enjeu n’était
pas tant le sort de la vente elle-même que l’unification – ou non – des obligations pesant sur le
vendeur. Étendre la portée de l’obligation de délivrance restreignait, à l’égard de l’acheteur, les
effets du « bref délai » dans lequel celui-ci devait agir au titre de la garantie des vices cachés
(anc. art. 1648, C. civ. ; v. infra), la prescription de l’action engagée à raison de l’inexécution de
l’obligation de délivrance étant soumise au délai de droit commun (art. 2224, C. civ.).
En 1991, la Première chambre civile de la Cour de cassation jugea que « l’obligation de délivrance
ne consiste pas seulement à livrer ce qui a été convenu, mais à mettre à la disposition de l’acqué-
reur une chose qui corresponde en tous points au but recherché » (Civ. 1re, 20 mars 1989,
Bull. civ. I, 140). Les autres chambres de la Cour de cassation suivirent (Ass. plén., 7 avr. 1986,
nº 84-15.189 ; Com., 22 mai 1991, nº 89-15.406, Bull. civ. IV, 176), à l’exception de la Troisième
chambre civile qui résista (Civ. 3e, 27 mars 1991, nº 88-11.140, Bull. civ. III, 107). In fine, la
Première chambre civile se ravisa : « le défaut de conformité de la chose vendue à sa destination
normale constitue le vice prévu par les articles 1641 », et non un manquement à l’obligation de
délivrance (Civ. 1re, 8 déc. 1993, nº 91-19.627, Bull. civ. I, 362).
Toutes les difficultés ne sont pas levées pour autant :
– d’une part, la non-conformité matérielle n’exclut pas le vice caché affectant la chose ; à l’ache-
teur de choisir alors le fondement de son action, et de s’y tenir ;
– d’autre part, ces deux actions doivent encore être articulées avec les dispositions du Code de la
consommation et celles régissant la responsabilité du fait des produits défectueux (v. infra).
Il s’agit ensuite des droits et actions attachés à la chose, au premier rang desquels figurent les
droits réels attachés à celle-ci (servitude, hypothèque). En présence de chaînes de contrats, le
« sous-acquéreur jouit de tous les droits et actions attachés à la chose [...], il dispose donc à cet
effet contre le fabricant d’une action contractuelle directe fondée sur la non-conformité de la
chose livrée » (Ass. plén., 7 févr. 1986, nº 83-14.631, Bull. civ., Ass. plén., 2). Le sous-acquéreur,
outre l’action dont il dispose contre l’acquéreur intermédiaire, peut donc exercer contre le
premier vendeur (ou le fabricant) les actions dont disposait l’acquéreur intermédiaire. Celui-ci, en
retour, oppose valablement au sous-acquéreur les exceptions qu’il pouvait invoquer à l’encontre
de l’acquéreur intermédiaire : la clause limitative de responsabilité prévue par le premier vendeur
est opposable au sous-acquéreur (Civ. 1re, 7 juin 1995, nº 93-13.898, Bull. civ. I, 249).
Enfin, il ne faut pas exclure que les contrats ayant pour objet la chose vendue soient égale-
ment cédés – « transférés » – à l’occasion de la vente. L’effet relatif des conventions s’oppose à
ce que le cessionnaire soit tenu des obligations contractuelles souscrites par le cédant. Néanmoins,
la loi décide ponctuellement que la cession d’une chose emporte la cession du contrat portant sur
cette chose. L’article L. 121-10 du Code des assurances offre une illustration en matière d’assu-
rance de dommage : « en cas [...] d’aliénation de la chose assurée, l’assurance continue de plein
droit au profit de [...] l’acquéreur, à charge pour celui-ci d’exécuter toutes les obligations dont
l’assuré était tenu vis-à-vis de l’assureur en vertu du contrat » (v. également art. L. 1224-1,
C. trav.).
2 L’exécution de l’obligation
L’obligation de délivrance doit être exécutée d’une certaine manière, en un certain lieu et un
certain temps.
■ La forme de la délivrance
Le Code civil précise la forme que revêt la délivrance selon la nature de la chose :
– celle d’un bien immobilier s’accomplit par la remise des clés ou des titres de propriété (art. 1605,
C. civ.) ;
– celle d’un bien mobilier, par la remise de la chose, des clés du bâtiment qui la contient
(art. 1606, al. 1 et 2, C. civ.) ou, s’il s’agit d’un droit incorporel, « par l’usage que l’acquéreur en
fait du consentement du vendeur » (art. 1607, C. civ.).
Lorsque le bien vendu était déjà en la puissance de l’acheteur, la délivrance s’opère du seul
consentement des parties, c’est-à-dire à seule raison de la formation du contrat de vente
(art. 1606, al. 3, C. civ.).
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CHAPITRE 8 – L’obligation de délivrance 73
Pour ces raisons, les frais de la délivrance elle-même sont mis à la charge du vendeur, mais les frais
du transport de la chose vers le lieu souhaité par l’acheteur sont à la charge de ce dernier
(art. 1608, C. civ.).
Ces dispositions sont supplétives de volonté.
■ Le lieu de la délivrance
Déclinant l’article 1247 du Code civil aux termes duquel les créances sont quérables,
l’article 1609 du Code civil prévoit que « la délivrance doit se faire au lieu où était, au temps de
la vente, la chose qui en fait l’objet ».
Cette règle est supplétive de volonté, les parties pouvant convenir différemment.
■ L’époque de la délivrance
L’article 1610 du Code civil renvoie aux parties le soin de fixer l’époque de la délivrance ; à défaut
de stipulation, la Cour de cassation évoque un « délai raisonnable » (Civ. 3e, 10 avr. 1973,
nº 72-11.436, Bull. civ. III, 274).
Aux fins de protection du consommateur, les stipulations afférentes aux délais de livraison sont
encadrées dans les contrats de consommation (art. L. 111-1, 3º, C. consom.).
À rebours de cela, le Code civil prévoit deux mesures de protection du vendeur, consistant en
un droit de rétention : en cas de vente au comptant, le vendeur n’est pas tenu de délivrer la
chose tant que le prix n’a pas été payé (art. 1612, C. civ.) ; de plus, même au cas où le vendeur a
accordé des délais à l’acquéreur, il n’est pas tenu de la délivrance si « depuis la vente, l’acheteur
est tombé en faillite ou en état de déconfiture, en sorte que le vendeur se trouve en danger immi-
nent de perdre le prix, à moins que l’acheteur ne lui donne caution de payer au terme »
(art. 1613, C. civ.). Le droit de rétention est un droit réel. Il s’exerce sur la chose ou ses accessoires
(documents administratifs notamment) et est opposable à tous, y compris aux tiers sous-acqué-
reurs non tenus de la dette (Civ. 1re, 24 sept. 2009, Bull. civ. I, 178).
3 La sanction de la délivrance
Pourvu qu’elle soit prouvée, l’inexécution de l’obligation de délivrance emporte des conséquences
sur la vente et permet à l’acquéreur d’obtenir des dommages-intérêts à raison du préjudice subi.
Il incombe ainsi à l’acquéreur de prouver l’existence du contrat et les spécificités de la chose qui
ont été convenues (Civ. 1re, 27 mars 1990, nº 87-20.084). En retour, le vendeur est tenu de
démontrer la délivrance de la chose : « l’obligation de délivrance est une obligation de résultat
dont le vendeur ne peut s’exonérer qu’en rapportant la preuve que son inexécution provient
d’une cause étrangère qui ne lui est pas imputable » (Civ. 1re, 12 juin 1990, nº 88-19.318) ; cette
exigence s’étend au délai dans lequel la délivrance est intervenue (Civ. 1re, 19 mars 1996,
nº 94-14.155, Bull. civ. I, 147).
Il revient enfin à l’acheteur de prouver l’éventuel défaut de conformité, c’est-à-dire que la chose
délivrée ne répond pas aux caractéristiques fixées dans le contrat de vente (Civ. 1re, 27 mars
1990, préc.).
L’exécution de l’obligation de délivrance est un paiement ; à ce titre, elle constitue un fait juridique
qui peut être prouvé par tout moyen (Civ. 1re, 16 sept. 2010, nº 09-13.947, Bull. civ. I, 173 ;
projet d’art. 1320-8, C. civ.).
Ces règles s’appliquent à la délivrance du principal et à celle des accessoires (Com., 11 déc. 2001,
nº 99-10.595).
Unidroit, 2010) qui prévoient expressément la résolution unilatérale ; en droit interne, elles auront
expressément stipulé une clause résolutoire. La résolution n’ouvre pas au vendeur le droit à
l’indemnisation de l’usage éventuel de la chose par l’acheteur (Civ. 1re, 11 mars 2003,
nº 01-01.673, Bull. civ. I, 74), mais il est désintéressé de la dépréciation du bien à raison de cet
usage (Civ. 1re, 21 mars 2006, nº 02-19.236, Bull. civ. I, 165).
Outre la résolution, l’acheteur peut obtenir l’exécution forcée de la vente, quoique l’obligation
de délivrer soit une obligation de faire. L’exécution forcée peut revêtir la solennité attachée à
l’obtention d’un jugement obligeant, avec ou sans astreinte, le vendeur à la délivrance. Elle peut
aussi, hors de l’intervention du juge, découler :
– du refus du paiement du prix ou du solde de celui-ci par l’acheteur, qui n’est rien d’autre
qu’une exception d’inexécution et qui suppose, à ce titre, que l’inexécution du vendeur ait
atteint une certaine gravité ;
– en matière commerciale :
• de la pratique dite du laissé pour compte, par laquelle l’acheteur refuse la livraison en la
déclarant non conforme (au risque d’une action engagée par le vendeur),
• de la pratique de la faculté de remplacement (comp. art. 1144, C. civ.), qui autorise l’ache-
teur, après mise en demeure, à conclure un contrat de vente similaire avec un tiers, à charge
pour le vendeur de supporter les coûts supplémentaires en résultant pour l’acheteur.
La réfaction judiciaire du contrat est en revanche exclue en dehors des cas prévus par la loi à
propos des immeubles (v. supra) et en dehors des ventes commerciales (Com., 15 déc. 1992,
nº 90-19.006, Bull. civ. IV, 421) ou internationales (art. 50, Conv. Vienne, 11 avr. 1980) en cas
d’inexécution partielle par le vendeur de son obligation de délivrance. Conventionnellement, rien
n’interdit en revanche aux parties de modifier le contrat pour tenir compte d’une inexécution
partielle (comp. projet d’art. 1223, C. civ.).
b) L’indemnisation de l’acheteur
Peu importe le sort réservé à la vente, « dans tous les cas, le vendeur doit être condamné aux
dommages et intérêts, s’il résulte un préjudice pour l’acquéreur, du défaut de délivrance au
terme convenu » (art. 1610, C. civ.). Le montant des dommages-intérêts auxquels peut prétendre
l’acheteur varie selon la gravité et les conséquences de l’inexécution.
de l’acheteur ; quant à la clause limitative de responsabilité, elle est certainement licite (Civ. 1re,
20 déc. 1988, nº 87-16.369, Bull. civ. I, 373) pourvu :
– qu’elle ne constitue pas une clause abusive au regard du droit de la consommation
(art. R. 132-1, C. consom.) ;
– qu’en matière commerciale, elle ne crée pas un « déséquilibre significatif » en faveur de celui au
profit duquel elle est stipulée (art. L. 442-6, 2º, C. com.) ;
– qu’elle ne contredise pas une obligation essentielle du contrat (Com., 22 oct. 1996,
nº 93-18.632, Bull. civ. IV, 261 ; Com., 29 juin 2010, nº 09-11.841, Bull. civ. IV, 115).
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Chapitre
La garantie d’éviction 9
Le vendeur doit à l’acheteur « la possession paisible de la chose vendue » (art. 1625, C. civ.). Le vendeur
garantit son fait personnel comme le fait des tiers.
■ L’objet de la garantie
Le vendeur garantit l’acheteur des troubles de jouissance résultant de son fait ou de ses droits
(adage « qui doit garantie ne peut évincer »).
Le vendeur s’interdit d’abord tout comportement affectant la jouissance du bien par l’ache-
teur. De fait, sont principalement visés les actes de concurrence accomplis par le cédant d’un
fonds de commerce qui, après la vente, se réinstalle à proximité ou démarche la clientèle qu’il a
cédée avec le fonds (Com., 14 avr. 1992, nº 89-21.182, Bull. civ. IV, 160). Mais le vendeur d’une
parcelle de terrain dont il a conservé la possession ne saurait non plus se prévaloir de la prescrip-
tion acquisitive contre l’acquéreur (Civ. 3e, 20 oct. 1981, Bull. civ. III, 168).
Le vendeur s’interdit ensuite de faire valoir les droits dont il serait titulaire qui affecteraient
l’usage ou la disposition de la chose (Com., 31 janv. 2006, nº 05-10.116, Bull. civ. IV, 27, aff. Inès
de la Fressange).
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78 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
■ La portée de la garantie
La garantie d’éviction du fait personnel est d’ordre public : « toute convention contraire est
nulle » (art. 1628, C. civ.). Les parties peuvent accroître la protection de l’acheteur (art. 1627,
C. civ.) en stipulant, notamment à l’occasion des ventes de fonds de commerce ou libéraux, des
clauses de non-concurrence ou de non-rétablissement – lesquelles sont elles-mêmes soumises à
certaines conditions à raison de l’atteinte qu’elles produisent aux droits et libertés du vendeur.
La garantie d’éviction est imprescriptible. En matière de vente de fonds de commerce par
exemple, elle continue notamment de jouer à l’expiration d’une garantie conventionnelle de non-
concurrence ou de non-rétablissement : « dans le cas où les parties ont stipulé que le vendeur ne
pourrait se rétablir dans une activité déterminée pendant un certain délai, l’expiration de ce délai
n’a pas pour effet de le libérer de l’obligation légale de garantie de son fait personnel, qui est
d’ordre public » (Com., 14 avr. 1992, préc.).
La protection du vendeur est transmissible : les héritiers du vendeur y sont tenus dans les mêmes
termes, et les ayants cause (héritiers mais également sous-acquéreurs) de l’acheteur peuvent s’en
prévaloir contre le vendeur (Civ. 3e, 28 mars 1990, nº 88-14.953, Bull. civ. III, 93).
■ La sanction de la garantie
En cas de trouble de droit, la sanction est l’irrecevabilité de la demande formée à l’encontre de
l’acheteur (Com., 31 janv. 2006, préc.).
En cas de trouble de fait, l’acheteur peut exiger du vendeur ou de ses héritiers la cessation immé-
diate du trouble, le cas échéant sous astreinte, ainsi que l’indemnisation du préjudice subi.
Le droit dont se prévaut le tiers doit être antérieur à la vente, à moins peut-être qu’existe un
décalage entre la date de la vente et l’opposabilité de celle-ci aux tiers.
Le droit dont se prévaut le tiers doit trouver sa source dans le comportement du vendeur ; à
charge pour l’acheteur, par exemple, de faire cesser la possession par un tiers du bien cédé de
façon à interrompre la prescription acquisitive au profit de ce dernier.
L’acheteur doit être de bonne foi. Il ne doit pas avoir connu le droit du tiers au jour de la vente
(Civ. 1re, 10 mai 1995, nº 93-14.767, Bull. civ. I, 203) ni même, connaissant l’éventualité du droit
d’un tiers, avoir consenti à la vente en prenant le risque que ce droit soit définitivement établi
(art. 1629, C. civ. ; Civ. 1re, 17 juill. 1962, Bull. civ. I, 382). Il en va de même en cas de vente à
forfait (art. 1629, C. civ.).
a) L’éviction totale
En cas d’éviction totale, l’acheteur a droit à la restitution du prix et à l’indemnisation du préju-
dice subi du fait de l’éviction, y compris les frais résultant de la mise en jeu de la garantie et les
coûts afférents à la vente (art. 1630, C. civ.). L’acheteur peut aussi prétendre au remboursement
des frais de conservation et d’amélioration du bien qu’il aurait engagés (art. 1634, C. civ.), voire,
si le vendeur était de mauvaise foi, au remboursement « de toutes les dépenses, même volup-
tuaires ou d’agrément » (art. 1635, C. civ.).
Le sort des fruits et des accroissements ou diminutions de valeur du bien est enfin réglé :
– d’une part, l’acheteur peut demander au vendeur la restitution des fruits s’ils sont revenus au
tiers (art. 1630, C. civ.) ;
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80 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
– d’autre part, le prix restitué ne saurait être diminué du fait de la perte de valeur du bien ou de
sa détérioration, même du fait de l’acheteur, dès lors que celui-ci n’a pas tiré profit de ces
dernières (art. 1631 et s., C. civ.).
En revanche, à titre de sanction du vendeur, celui-ci est tenu de désintéresser l’acheteur de
l’accroissement de valeur du bien entre le jour de la vente et celui de l’éviction (art. 1633, C. civ.).
b) L’éviction partielle
L’éviction partielle ouvre à l’acheteur la faculté de résilier la vente s’il s’avère que « l’acquéreur
n’eût point acheté sans la partie dont il a été évincé » (art. 1636, C. civ.).
À défaut d’une éviction suffisante – ou à défaut de volonté de l’acheteur en ce sens –, la vente est
maintenue et le vendeur est tenu de rembourser l’acheteur d’une fraction du prix. Cette fraction
est assise sur la valeur de la partie du bien dont l’acheteur a été évincé – elle n’est pas fixée au
prorata du prix total de la vente –, cette valeur étant appréciée au jour de l’éviction (art. 1637,
C. civ.). L’acquéreur peut souffrir de ce calcul dès lors que la partie du bien dont il a été évincé
présentait une utilité (et donc une valeur) pour le bien dont il demeure propriétaire (Civ. 3e, 21 mars
2001, nº 99-16.706, Bull. civ. III, 37). Or, rien ne s’oppose à ce que la réparation des autres préjudices
dont aurait souffert l’acheteur à raison de l’éviction partielle soit décidée (art. 1639, C. civ.).
c) L’aménagement conventionnel
« Les parties peuvent, par des conventions particulières, ajouter à cette obligation de droit ou en
diminuer l’effet ; elles peuvent même convenir que le vendeur ne sera soumis à aucune garantie »
(art. 1627, C. civ.).
La liberté n’est pas totale pour autant :
– d’une part, l’aménagement conventionnel, s’il réduit la garantie due au vendeur, n’affecte que
les conséquences de l’éviction du fait d’un tiers, et non du fait personnel ;
– d’autre part, la clause peut limiter les dommages-intérêts dus par le vendeur, mais ne saurait
écarter la restitution du prix, à moins que l’acquéreur n’ait consciemment pris le risque de l’évic-
tion (art. 1629, C. civ.). En outre, le jeu de la clause, même licite, semble devoir être écarté si la
mauvaise foi du vendeur – qui connaissait le risque d’éviction et n’en a pas informé l’acheteur –
est établie.
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La garantie Chapitre
10
des vices cachés
Annoncée à l’article 1625 du Code civil, la garantie des vices cachés est définie à l’article 1641 du Code civil :
« Le vendeur est tenu de la garantie à raison des défauts cachés de la chose vendue qui la rendent impropre
à l’usage auquel on la destine, ou qui diminuent tellement cet usage que l’acheteur ne l’aurait pas acquise,
ou n’en aurait donné qu’un moindre prix, s’il les avait connus. »
Cette garantie, à laquelle le vendeur est légalement tenu (1), peut être modulée contractuellement
(2). Elle est en outre complétée par différents dispositifs légaux (sur ce point, v. infra).
spécialiste aux côtés de l’acquéreur profane est de nature à rendre le vice apparent (Civ. 3e,
16 sept. 2014, nº 13-19.911), et donc à exclure la garantie.
Lorsque l’acheteur est un professionnel de la même spécialité que le vendeur, il est présumé être
compétent et connaître les défauts affectant la chose (Civ. 1re, 18 déc. 1962, Bull. civ. I, 554). La
garantie est alors exclue. La présomption n’est qu’une présomption simple « de connaissance des
vices décelables selon une diligence raisonnable » (Civ. 3e, 28 févr. 2012, nº 11-10.705). L’acheteur
la renverse en démontrant que le défaut ne pouvait être révélé qu’à la suite d’examens appro-
fondis, voire destructifs ; il recouvre alors le bénéfice de la garantie des vices cachés.
se faire restituer le prix, ou de garder la chose et de se faire rendre une partie du prix » (art. 1644,
C. civ.). La jurisprudence majoritaire s’accorde pour considérer que « le choix entre l’action estima-
toire et l’action rédhibitoire prévu à l’article 1644 du Code civil appartient à l’acheteur et non au
juge qui n’a pas à motiver sa décision sur ce point » (Civ. 3e, 20 oct. 2010, nº 09-16.788,
Bull. civ. III, 191 ; contra, en présence d’une demande principale et d’une demande subsidiaire :
Civ. 3e, 25 juin 2014, nº 13-17.254). Très ponctuellement, la loi impose l’action rédhibitoire (art.
L. 223-7, C. rur.).
À l’une ou l’autre de ces actions s’ajoute, le cas échéant, le droit de l’acquéreur de prétendre à
des dommages-intérêts (c).
a) L’action rédhibitoire
L’action rédhibitoire a pour objet l’anéantissement de la vente. Elle affecte la situation de l’ache-
teur (1) et celle du vendeur (2).
1) La situation de l’acheteur
L’acheteur est tenu de rendre la chose. Encore faut-il qu’il soit en mesure de le faire : à défaut, et
à moins que la disparition résulte de la « mauvaise qualité » de la chose, l’acheteur ne peut
qu’emprunter la voie de l’action estimatoire (art. 1647, C. civ. ; Civ. 3e, 3 déc. 1996, nº 94-19.176,
Bull. civ. III, 441). En l’absence de disparition totale de la chose, la condition de restitution n’est pas
trop lourde pour l’acheteur : la chose doit être restituée dans l’état où elle est au jour de la résolu-
tion du contrat, non dans l’état dans lequel elle se trouvait au jour de la vente (Civ. 1re, 8 déc.
2009, nº 08-21.138).
L’acheteur restituant la chose n’est pas tenu d’indemniser le vendeur à raison de l’usage fait de
celle-ci avant que se révèle le vice ou de la dépréciation de la chose résultant de cet usage
(Civ. 1re, 19 févr. 2014, nº 12-15.520, Bull. civ. I, 26 ; comp., à propos de l’obligation de délivrance
conforme, v. supra).
2) La situation du vendeur
Le vendeur est tenu à la restitution du prix ainsi qu’au remboursement des frais occasionnés par la
vente (art. 1646, C. civ.), mais ne paraît pas tenu des intérêts. Lorsque l’action est exercée par le
sous-acquéreur, le vendeur n’est tenu qu’à hauteur du prix reçu du vendeur intermédiaire.
Il peut néanmoins proposer à l’acheteur, et non lui imposer (Civ. 1re, 11 juin 1980, nº 79-10.581,
Bull. civ. I, 185 ; comp., à propos de la garantie de légale de conformité en matière de consomma-
tion, v. infra), de réparer le bien, voire de lui en substituer un autre ; l’acquéreur qui accepte
renonce alors à la garantie légale des vices cachés (Com., 1er févr. 2011, nº 10-11.269).
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CHAPITRE 10 – La garantie des vices cachés 87
b) L’action estimatoire
L’action estimatoire est ouverte à l’acheteur qui entend conserver la chose en dépit du vice qui
l’affecte. Elle a pour objet « de replacer l’acheteur dans la situation où il se serait trouvé si la
chose vendue n’avait pas été atteinte de vices cachés » (Civ. 3e, 1er févr. 2006, nº 05-10.845,
Bull. civ. III, 22).
L’acheteur peut prétendre au remboursement d’une partie d’un prix (art. 1644, C. civ.), et non à
l’intégralité de celui-ci, même s’il s’avère que les coûts de remise en l’état de la chose sont supé-
rieurs au prix de vente (Civ., 1re, 19 avr. 2000, nº 98-12.326, Bull. civ. I, 87).
Cette fraction du prix reste à fixer. La valeur est « arbitrée par des experts » (art. 1644, C. civ.), à
charge pour le juge de retenir soit les coûts de remise en état de la chose (Civ. 3e, 1er févr. 2006,
préc.), soit la différence entre le prix et la valeur vénale de la chose atteinte d’un vice.
c) Les dommages-intérêts
La bonne ou la mauvaise foi du vendeur est indifférente au jeu de la garantie légale des vices
cachés. Cela n’exclut pas que le vendeur de mauvaise foi (1) soit plus rigoureusement obligé que
le vendeur de bonne foi : alors que le second ne doit que la restitution du prix et le rembourse-
ment des frais occasionnés par la vente (art. 1646, C. civ.), le premier est tenu « outre la restitution
du prix [...] de tous les dommages et intérêts envers l’acheteur » (art. 1645, C. civ.) (2).
L’action en réparation est autonome : elle n’est pas soumise au délai de 2 ans (Civ. 3e, 25 juin
2014, nº 13-17.254) et peut être engagée seule, sans que l’acheteur intente l’action rédhibitoire
ou estimatoire (Civ. 1re, 26 sept. 2012, nº 11-22.399, Bull. civ. I, 192).
1) La mauvaise foi du vendeur
La bonne foi se présume. Il incombe en principe à l’acheteur de démontrer que le vendeur avait
connaissance du vice affectant la chose (art. 2274, C. civ.). La jurisprudence a cependant renversé
ce principe à l’encontre des vendeurs professionnels, sur qui pèse une présomption irréfragable
de connaissance des vices affectant la chose vendue.
Sont visés non seulement les professionnels qui ont pour activité principale la vente de la chose
concernée, mais encore ceux qui n’assurent cette vente qu’à titre accessoire, quoique récurrent
(Civ. 1re, 30 sept. 2008, nº 07-16.876). De plus, il est parfaitement indifférent que l’acheteur soit
ou non un professionnel ; toutefois, l’appréciation de l’apparence du vice est réalisée plus rigou-
reusement à propos de l’acheteur professionnel (v. supra).
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88 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
2) L’indemnisation
Le vendeur de mauvaise foi est tenu de réparer l’intégralité des désordres affectant la chose ainsi
que ceux qui, émanant du vice de celle-ci, ont été causés à d’autres biens ou à des personnes, peu
importe que ces personnes soient tiers au contrat de vente.
Sous la seule réserve de l’existence d’un lien de causalité entre le vice et le dommage (Com.,
15 mars 1976, nº 74-13.587, Bull. civ. IV, 99), le montant de la réparation ne connaît pas de
limite a priori (Civ. 3e, 8 oct. 1997, nº 95-19.808, Bull. civ. III, 193).
Le vendeur non professionnel de bonne foi bénéficiant d’une clause exclusive de responsabilité
échappe donc à l’indemnisation des désordres causés par le vice affectant la chose (parce qu’il
est de bonne foi), et aux actions rédhibitoire ou estimatoire (par le jeu de la clause).
b) La limitation de la garantie légale au profit du vendeur professionnel
Le vendeur professionnel étant irréfragablement présumé connaître les vices affectant la chose
qu’il cède, il ne devrait pas pouvoir limiter la garantie légale. Tel est effectivement le cas, en appli-
cation tant de la législation (art. R. 132-1 et L. 211-15, C. consom.) que de la jurisprudence, lorsque
l’acheteur est un non-professionnel, voire, en application de la jurisprudence seulement, lorsque
l’acheteur est un professionnel (Civ. 1re, 20 déc. 1983, nº 82-15.191, Bull. civ. I, 308).
Toutefois, l’efficacité des clauses limitatives de responsabilité est admise lorsque celles-ci sont
stipulées entre professionnels de même spécialité (Civ. 1re, 8 oct. 1973, nº 71-14.322,
Bull. civ. I, 308).
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Les systèmes spéciaux Chapitre
11
de garanties
En raison notamment de l’activité de l’Union européenne, les dispositions « classiques » du Code civil proté-
geant l’acheteur (obligation de délivrance et garantie des vices cachés) ont été complétées par deux dispositifs
principaux ayant pour objet d’assurer, au sein du marché unique, une protection minimale des personnes en
même temps qu’une uniformisation du droit applicable aux opérateurs.
■ Le domaine
La responsabilité du fait des produits défectueux s’applique à tous les biens mis en circulation ou
importés à compter du 21 mai 1998. Pour les biens mis en circulation avant cette date, la Cour de
cassation, interprétant le droit interne en vigueur à l’époque à la lumière de la directive, retient la
responsabilité du fabricant sur le fondement d’une obligation de sécurité.
L’application de la responsabilité du fait des produits défectueux est exclusive d’autres régimes de
responsabilité. Pour obtenir la réparation des préjudices couverts par la responsabilité du fait des
produits défectueux, la victime ne saurait emprunter une autre voie, telle la garantie des vices
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92 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
cachés (CJCE, 25 avr. 2002, aff. C-52/00, C-154/00 et C-183/00), à moins que le dommage trouve
sa source ailleurs que dans la défectuosité du produit.
■ Les conditions
Le jeu de la responsabilité du fait des produits défectueux est suspendu à la réalisation de condi-
tions tenant aux qualités du bien (a), à la nature du dommage (b), au lien de causalité entre la
défectuosité du bien et le dommage, et à la personne de la victime (c). À cette dernière d’établir
que ces différentes conditions sont réunies (d).
La faute du responsable n’est donc pas une condition de la responsabilité : « le producteur peut
être responsable du défaut alors même que le produit a été fabriqué dans le respect des règles
de l’art ou de normes existantes ou qu’il a fait l’objet d’une autorisation administrative »
(art. 1386-10, C. civ.).
a) Les qualités du bien
Le bien en cause – le produit – doit, d’abord, être un bien meuble, même incorporé dans un
immeuble, « y compris les produits du sol, de l’élevage, de la chasse et de la pêche » (art. 1386-
3, C. civ.).
Il doit ensuite avoir été destiné à la vente ou à toute forme de distribution (art. 1386-11, C. civ.), et
avoir fait l’objet d’une mise en circulation (art. 1386-5, C. civ.).
Le produit doit enfin être défectueux. La défectuosité est établie dès lors que le produit « n’offre
pas la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre » (art. 1386-4, C. civ.). Il s’agit ici :
– soit d’un vice affectant le produit susceptible de causer un dommage aux personnes ;
– soit du défaut d’information ou d’une mauvaise présentation du produit à l’égard de l’utilisateur
du bien (art. 1386-5, C. civ. ; Civ. 1re, 4 févr. 2015, nº 12-19.781).
b) La nature du dommage
Les biens ayant causé un « dommage qui résulte d’une atteinte à la personne [...] ou d’une
atteinte à un bien autre que le produit défectueux lui-même » tombent dans le champ de la
responsabilité du fait des produits défectueux pourvu, dans ce dernier cas, que le dommage soit
supérieur à 500 euros (art. 1386-2, C. civ.). Sont donc exclus du champ de la réparation les
dommages causés à la chose elle-même (Civ. 1re, 9 juill. 2003, nº 00-21.163, Bull. civ. I, 173), ainsi
que les dommages économiques ou moraux procédant de l’impossibilité d’user de la chose.
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CHAPITRE 11 – Les systèmes spéciaux de garanties 93
c) La personne de la victime
Toute personne qui en est la victime peut se prévaloir de la responsabilité du fait des produits
défectueux, peu importe qu’elle soit liée ou non par un contrat au responsable (art. 1386-1,
C. civ.). Si la responsabilité des produits défectueux s’applique à l’occasion de la vente, celle-ci
n’est pas son seul domaine d’application.
d) La preuve
« Le demandeur doit prouver le dommage, le défaut et le lien de causalité entre le défaut et le
dommage ». Cette règle connaît cependant certains tempéraments lorsque le lien de causalité
– et donc le défaut – ne peut, en l’état des connaissances scientifiques actuelles, être établi avec
certitude. Les nombreuses affaires auxquelles a donné naissance la vaccination contre l’hépatite B
illustrent cette difficulté, qui relève du droit de la responsabilité.
■ Les effets
Il convient d’identifier le responsable (a), de mesurer la portée de l’obligation de réparation qui lui
incombe (b) et de définir les conditions d’exercice de l’action (c).
a) Le responsable
L’article 1386-1 du Code civil désigne comme premier responsable le « producteur », entendu
comme celui qui, agissant à titre professionnel, est « le fabricant d’un produit fini, le producteur
d’une matière première [ou] le fabriquant d’une partie composante » (art. 1386-6, C. civ.). Est
notamment assimilé au producteur, l’importateur d’un produit en vue de sa distribution
(art. 1386-6, C. civ.). Il faut comprendre de ces dispositions que, sauf tempérament, le distributeur
(par ex. le vendeur) n’est pas tenu au titre de la responsabilité des produits défectueux.
En revanche, « si le producteur ne peut pas être identifié, le vendeur, le loueur, à l’exception du
crédit-bailleur ou loueur assimilable au crédit-bailleur, est responsable du défaut de sécurité du
produit, dans les mêmes conditions que le producteur à moins qu’il ne désigne son propre fournis-
seur ou le producteur » (art. 1386-7, C. civ.).
Enfin, « en cas de dommage causé par le défaut d’un produit incorporé dans un autre, le produc-
teur de la partie composante et celui qui a réalisé l’incorporation sont solidairement responsables »
(art. 1386-8, C. civ.).
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94 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
b) La portée de la responsabilité
Le responsable est tenu des dommages causés aux personnes et, sous réserve du seuil de
500 euros, des dommages causés aux autres choses (art. 1386-2, préc., C. civ.).
Il ne peut s’exonérer de sa responsabilité en démontrant qu’il n’a pas commis de faute (art. 1386-
10, C. civ.).
Cependant, il peut valablement invoquer :
– soit le fait que les conditions de la responsabilité ne sont pas remplies (absence de mise en
circulation, absence de défaut au moment de la mise en circulation, absence de défaut lorsque
le défaut allégué est dû à la conformité du produit avec des règles impératives d’ordre législatif
ou réglementaire) ;
– soit le fait que le dommage est le fruit d’un risque de développement, c’est-à-dire que « l’état
des connaissances scientifiques et techniques, au moment où [le produit] a été mis en circula-
tion, n’a pas permis de déceler l’existence du défaut » (art. 1386-11, C. civ.). Cette cause d’exo-
nération est cependant exclue lorsque la chose qui a causé le dommage est un élément ou un
produit du corps humain (art. 1386-12, C. civ.).
Quant au montant de la réparation, il varie selon les circonstances :
– d’abord, si le dommage est survenu à raison simultanément du défaut affectant la chose et de
la faute de la victime, la responsabilité du producteur peut être réduite ou supprimée (art. 1386-
13, C. civ.). Il n’en va pas de même si c’est le fait d’un tiers qui a concouru à la réalisation du
dommage (art. 1386-14, C. civ.) ;
– ensuite, les clauses limitatives de responsabilité sont en principe réputées non écrites (art. 1386-
15, C. civ.), bien qu’elles soient tolérées, entre professionnels uniquement, lorsqu’elles ne visent
que les « dommages causés aux biens qui ne sont pas utilisés par la victime principalement pour
son usage ou sa consommation privée » (art. 1386-14, C. civ.).
2 La garantie de conformité
La garantie de conformité trouve également son origine dans le droit de l’Union européenne. Elle
est en effet le fruit de la directive 1999/44/CE du 25 mai 1999, transposée en droit interne par
l’ordonnance nº 2005-136 du 17 février 2005, désormais codifiée aux articles L. 221-1 et suivants
du Code de la consommation.
De cette garantie, il convient de voir successivement les conditions et les effets.
■ Les conditions
Les conditions de la garantie de conformité tiennent tant au contrat passé entre les parties qu’à la
nature de ces dernières.
a) La condition objective
La garantie de conformité est due à propos « des contrats de vente de biens meubles corporels »,
auxquels sont assimilés « les contrats de fourniture de biens meubles à fabriquer ou à produire »
(art. L. 211-1, C. consom.). En application de l’article L. 213-1 du Code rural et de la pêche mari-
time, la garantie est également due pour les ventes d’animaux domestiques (Civ. 1re, 10 juill.
2014, nº 13-15.690).
En revanche, sont expressément exclues les ventes par autorité de justice ou aux enchères publi-
ques, ainsi que celles qui ont pour objet la fourniture d’électricité (art. L. 211-2, C. consom.).
b) La condition subjective
La garantie est réservée aux contrats passés entre un vendeur « agissant dans le cadre de son acti-
vité professionnelle ou commerciale » et un « acheteur agissant en qualité de consommateur »
(art. L. 211-3, C. consom.). Par consommateur, il faut entendre la « personne physique qui agit à
des fins qui n’entrent pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale ou libé-
rale » (art. préliminaire, C. consom.).
■ Les effets
La garantie de conformité que doit le vendeur à l’acheteur est fixée par la loi (a), quoique celle-ci
ménage quelques espaces à la liberté contractuelle (b).
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96 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
a) La garantie légale
L’objet de la garantie légale est large. Il rassemble plusieurs notions apparaissant distinctement
dans le Code civil, à tel point que l’expression « conception moniste » est utilisée à son propos.
« Le vendeur est tenu de livrer un bien conforme au contrat et répond des défauts de conformité
existant lors de la délivrance » (art. L. 211-4, C. consom.). La conformité s’entend :
– soit de la conformité à l’usage habituellement attendu d’un bien semblable ;
– soit, lorsque les parties ont négocié les qualités du bien, de la conformité aux « caractéristiques
définies d’un commun accord » ou à « tout usage spécial recherché par l’acheteur, porté à la
connaissance du vendeur et que ce dernier a accepté » (art. L. 211-5, C. consom.).
Réciproquement, « l’acheteur est en droit d’exiger la conformité du bien au contrat », étant
entendu qu’il « ne peut cependant contester la conformité en invoquant un défaut qu’il connais-
sait ou ne pouvait ignorer lorsqu’il a contracté » (art. L. 211-8, C. consom.). Dès lors, seuls sont
couverts par la garantie les défauts existants au jour du contrat.
C’est à l’acheteur qu’il incombe de démontrer ce défaut de conformité. L’article L. 211-7 du Code
de la consommation prévoit cependant que « les défauts de conformité qui apparaissent dans un
délai de six mois à partir de la délivrance du bien sont présumés exister au moment de la déli-
vrance, sauf preuve contraire ».
Si le défaut de conformité est avéré, la loi organise un système principal et un système subsidiaire
de désintéressement de l’acheteur : « L’acheteur choisit entre la réparation et le remplacement du
bien » (art. L. 211-9, al. 1er, C. consom.). La liberté de l’acheteur est limitée par le droit national :
« le vendeur peut ne pas procéder selon le choix de l’acheteur si ce choix entraîne un coût mani-
festement disproportionné au regard de l’autre modalité, compte tenu de la valeur du bien ou de
l’importance du défaut » (art. L. 211-9, al. 2, C. consom.), quoique tel ne semble pas être l’avis de
la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE, 16 juin 2011, aff. C-65/09).
Ce n’est que « si la réparation ou le remplacement du bien sont impossibles [que] l’acheteur peut
rendre le bien et se faire restituer le prix ou garder le bien et se faire rendre une partie du prix »
(art. L. 211-10, C. consom.).
L’acheteur peut en outre prétendre à des dommages-intérêts en application du droit commun de
la vente.
Quelle que soit la voie suivie, elle ne doit donner lieu à aucuns frais à la charge de l’acheteur (art.
L. 211-11, C. consom.).
« L’action résultant du défaut de conformité se prescrit par deux ans à compter de la délivrance du
bien » (art. L. 211-12, C. consom.).
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CHAPITRE 11 – Les systèmes spéciaux de garanties 97
b) La garantie conventionnelle
L’article L. 211-15 du Code de la consommation encadre les pratiques dites de « garanties
commerciales » qui, moyennant ou non une contrepartie à la charge de l’acheteur, améliorent
(ou feignent d’améliorer) la protection dont celui-ci bénéficie en cas de non-conformité du bien.
La garantie commerciale est ainsi définie comme « tout engagement contractuel d’un profes-
sionnel à l’égard du consommateur en vue du remboursement du prix d’achat, du remplacement
ou de la réparation du bien, en sus de ses obligations légales visant à garantir la conformité du
bien ».
La garantie doit faire l’objet d’un écrit présentant ses caractéristiques essentielles (objet de la
garantie, durée, prix...) et mentionnant expressément que, nonobstant la garantie commerciale,
le vendeur est pleinement tenu au titre de la garantie légale de conformité ainsi que de la garantie
des vices cachés.
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CHAPITRE 8 – Le mandat 129
vendre un bien aux enchères ne peut pas s’en rendre adjudicataire (C. civ., art. 1596, al. 3). Par
ailleurs, une obligation de loyauté est expressément prévue à l’article L. 134-4 du Code de
commerce qui régit les rapports entre les agents commerciaux et leur mandant. Par exemple,
manque à son devoir de loyauté l’agent commercial qui vend des produits concurrents à ceux
du mandant.
La responsabilité du mandataire qui n’a pas respecté son obligation est réglementée aux arti-
cles 1991 et 1992 du Code civil.
Elle est appréciée différemment selon les circonstances. Tout d’abord, elle est appréciée différem-
ment selon que le mandat a été conclu à titre gratuit ou à titre onéreux. En effet, l’article 1992,
alinéa 2 dispose que « la responsabilité relative aux fautes est appliquée moins rigoureusement à
celui dont le mandat est gratuit qu’à celui qui reçoit un salaire ». Ainsi la faute commise par le
mandataire est-elle appréciée avec plus de rigueur lorsque le mandat a été conclu à titre onéreux.
Ensuite, la responsabilité du mandataire est appréciée différemment selon l’intensité de l’inexécu-
tion. La jurisprudence a distingué deux hypothèses :
– si la mission n’a pas été exécutée : la responsabilité du mandataire est engagée, sauf cas fortuit ;
– si la mission n’a pas été correctement exécutée : la responsabilité du mandataire ne sera
engagée que si ce dernier a commis une faute. La présomption de faute qui existe dans la
première hypothèse n’est donc pas étendue à l’hypothèse de mauvaise exécution du mandat
(Cass. 1re civ., 18 janv. 1989, nº 87-16530).
Le mandataire doit en principe effectuer personnellement la mission qui lui a été confiée. Toute-
fois, la jurisprudence a déjà autorisé le mandataire à se substituer un tiers dans l’exécution du
mandat, sauf disposition légale ou clause contraire.
Le législateur l’a admis aussi en réglementant les rapports entre le mandant, le mandataire initial
et le mandataire substitué à l’article 1994 du Code civil.
L’alinéa 1 de ce texte prévoit que le mandataire initial répond de celui qui s’est substitué dans
deux hypothèses précises :
– quand il n’a pas reçu le pouvoir de se substituer quelqu’un, autrement dit lorsque le mandant
n’a pas autorisé la substitution ;
– quand ce pouvoir lui a été conféré sans désignation d’une personne et celle dont il a fait le
choix était notoirement incapable ou insolvable. Cette hypothèse vise le cas où le mandataire
initial, bien qu’il ait reçu le pouvoir de se substituer quelqu’un, a choisi une personne qui
n’était pas en mesure d’accomplir la mission confiée par le mandant.
En dehors de ces hypothèses, le mandataire initial sera déchargé de ses obligations à l’égard du
mandant, seul le mandataire substitué étant engagé à l’égard de celui-ci.
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130 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
L’alinéa 2 de l’article 1994 prévoit une action directe en responsabilité que pourra exercer le
mandant à l’encontre du mandataire substitué, et ce même si la substitution n’a pas été autorisée.
En effet, le texte prévoit que « dans tous les cas, le mandant peut agir directement contre la
personne que le mandataire s’est substituée ».
La Cour de cassation a complété cette disposition en permettant réciproquement au mandataire
substitué de disposer d’une action contre le mandant pour obtenir sa rémunération, même si la
substitution n’a pas été autorisée. Par un arrêt ultérieur, la haute juridiction a toutefois tempéré
sa jurisprudence en permettant au mandant d’opposer au mandataire substitué le paiement déjà
effectué au profit du mandataire initial avant l’exercice de l’action. L’action directe n’est ainsi plus
recevable si le mandant s’est acquitté de sa dette en payant le mandataire initial (Cass. com.,
3 déc. 2002, nº 00-18988).
2) L’obligation de reddition des comptes
Selon l’article 1993 du Code civil, « tout mandataire est tenu de rendre compte de sa gestion, et
de faire raison au mandant de tout ce qu’il a reçu en vertu de sa procuration, quand même ce
qu’il aurait reçu n’eût point été dû au mandant ».
Au regard de ce texte, l’obligation de reddition des comptes ne se limite pas à une information sur
le déroulement de la mission, mais oblige également le mandataire à rendre des comptes détaillés
de la gestion de sa mission d’un point de vue comptable, c’est-à-dire en fournissant un compte de
gestion faisant apparaître toutes les sommes que le mandataire a perçues, y compris celles qui ne
sont pas véritablement dues au mandant, mais aussi tous les fonds prélevés et utilisés par le
mandataire pour mener à bien la mission qui lui a été confiée.
Cette obligation de reddition des comptes emporte ensuite l’obligation de restituer ce que le
mandataire a pu recevoir du mandant pour l’exécution de sa mission (documents administratifs
par exemple) et ce qu’il a pu recevoir du tiers contractant (par exemple, en cas de vente d’un
bien du mandant, le prix de vente versé par le tiers acquéreur).
Rappelons que la détermination du prix n’est pas une condition de formation du contrat de
mandat. Le prix de la prestation peut, en effet, être fixé dans la convention ou être fixé ultérieure-
ment, une fois que la mission a été exécutée. En effet, il arrive que la prestation du mandataire
soit difficile à déterminer avec précision au jour de la conclusion du contrat.
Si le montant de la rémunération est fixé après l’exécution de la mission, il appartient alors au
mandant qui estimerait que la fixation du prix est abusive de saisir le juge d’une demande de
dommages-intérêts. En outre, depuis la loi du 20 avril 2018 portant ratification de l’ordonnance
du 10 février 2016, le juge peut, en cas d’abus dans la fixation du prix, être saisi d’une demande
tendant à obtenir la résolution du contrat (C. civ., art. 1165, al. 2).
Si le montant de la rémunération a été fixé au jour de la conclusion du contrat, donc avant l’exé-
cution de la mission, une révision judiciaire du prix est possible, selon une jurisprudence constante,
lorsque la rémunération paraît excessive et disproportionnée par rapport au travail accompli.
Par ailleurs, il convient de préciser que la rémunération est due au mandataire même si la mission
qui lui a été confiée a échoué. La règle résulte de l’article 1999, alinéa 2 du Code civil qui n’auto-
rise le mandant à ne pas verser de rémunération au mandataire que dans le cas où ce dernier a
commis une faute. La rémunération du mandataire n’est donc pas subordonnée à la réussite de
l’opération projetée.
2) L’obligation de rembourser les frais et avances
L’article 1999 du Code civil dispose que « le mandant doit rembourser au mandataire les avances
et frais que celui-ci a faits pour l’exécution du mandat ». Ce remboursement doit avoir lieu même
si le mandataire a échoué dans sa mission, sauf si ce dernier a commis une faute dans l’exécution
du contrat.
Cette obligation suppose que le mandataire justifie des frais et avances déboursés. Cela renvoie à
l’obligation de reddition des comptes à laquelle le mandataire est tenu.
Toutefois, la règle posée à l’article 1999 du Code civil n’est pas d’ordre public. Le mandataire peut
dispenser le mandant du remboursement ou accepter d’imputer les avances et frais sur sa
rémunération.
En outre, aux avances et frais, il convient d’ajouter les intérêts qui sont également dus par le
mandant. Aux termes de l’article 2001 du Code civil, les avances faites par le mandataire portent
intérêt du jour qu’elles sont constatées.
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132 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
L’analyse de ce contrat suppose, comme pour les autres contrats, d’étudier les éléments caractérisant le
dépôt, les règles régissant sa formation ainsi que les obligations qui pèsent sur chacune des parties.
– lorsque les héritiers du dépositaire ont vendu la chose de bonne foi, en pensant que ce dernier
en était le véritable propriétaire. Les héritiers restitueront alors la chose par équivalent en remet-
tant le prix de vente au déposant (C. civ., art. 1935).
2 La formation du dépôt
Comme les autres contrats, le dépôt est soumis à des conditions de forme et de fond.
b) La preuve du dépôt
La preuve du dépôt pèsera le plus souvent sur le déposant. En effet, si ce dernier exerce une
action en justice contre le dépositaire car celui-ci a mal exécuté son obligation de conservation ou
ne lui a pas restitué la chose, ce sera à lui d’apporter la preuve de l’existence et de l’objet du
dépôt.
Il faut faire une distinction selon qu’il s’agit d’un dépôt volontaire ou d’un dépôt nécessaire afin
de déterminer les moyens de preuve recevables :
– le dépôt volontaire obéit aux règles de preuve de droit commun : le dépôt volontaire doit être
prouvé par écrit lorsque la valeur de l’objet déposé excède 1 500 euros. Toutefois, la preuve est
libre en cas d’impossibilité de prouver par écrit, s’il s’agit de prouver contre un commerçant ou
en présence d’un commencement de preuve par écrit. Faute de dépôt établi par écrit, l’aveu du
dépositaire joue un rôle important en la matière. En application de l’article 1924 du Code civil, il
doit être cru sur la seule déclaration soit pour l’existence ou l’absence de la remise de la chose,
soit pour la chose qui en fait l’objet soit sur le fait de sa restitution. La règle de l’article 1924 du
Code civil se fonde sur le principe d’indivisibilité de l’aveu. Si le déposant prouve le dépôt par
l’aveu du dépositaire, ce dernier doit également être cru s’il prétend avoir restitué la chose.
Pour illustration, la Cour de cassation a approuvé une cour d’appel qui « en avait exactement
déduit que les attestations produites par la déposante selon lesquelles le dépositaire aurait
conservé certains meubles ne pouvaient faire échec aux déclarations de ce dernier, qui soutenait
avoir restitué l’intégralité des meubles dont il avait été dépositaire » (Cass. 1re civ., 14 nov. 2012,
nº 11-24320) ;
– le dépôt nécessaire obéit à un régime particulier, dans la mesure où il est la conséquence d’un
événement imprévu qui a contraint le déposant à remettre une chose au dépositaire. Dans ces
circonstances, les parties ont très rarement préconstitué un écrit. Il est donc prévu que la
preuve du dépôt nécessaire est libre (C. civ., art. 1950).
Le dépositaire doit rendre « identiquement la chose même qu’il a reçue » (C. civ., art. 1932, al. 1)
et « dans l’état où elle se trouve au moment de la restitution » (C. civ., art. 1993). Le dépositaire,
tenu d’une obligation de conservation, devra prouver que les dégradations de la chose ne lui sont
pas imputables. Si cette preuve est rapportée, les dégradations seront assumées par le déposant
(C. civ. art. 1933).
Le dépositaire doit également restituer les fruits de la chose, si celle-ci est frugifère (C. civ.,
art. 1936).
L’exécution de l’obligation de restitution emporte en principe extinction du contrat de dépôt.
Celui-ci peut toutefois prendre fin sans restitution lorsque le dépositaire découvre qu’il est le
propriétaire de la chose déposée (C. civ., art. 1946) ou lorsque la chose est enlevée au dépositaire
par une force majeure sans que celui-ci ne perçoive d’indemnité (C. civ., art. 1934).
Un litige n’est pas toujours confié à un juge étatique. Il existe des modes alternatifs de règlement des litiges
qui permettent aux parties de résoudre à l’amiable leurs différends. Dans cette perspective, elles peuvent
ainsi avoir recours à la transaction, laquelle est parfois précédée d’une médiation ou d’une conciliation.
Définie à l’article 2044 du Code civil, la transaction est un contrat par lequel les parties, par des
concessions réciproques, terminent une contestation née ou préviennent une contestation à
naître. Grâce à la transaction, les parties mettent fin au procès qui a été engagé ou évitent de
porter la contestation devant un juge en réglant amiablement leur litige.
Les éléments constitutifs, la formation et les effets de la transaction seront analysés
successivement.
n’a pas eu l’intention de renoncer à l’action en résolution et donc de mettre fin au litige
(Cass. com., 16 juin 1964).
2 La formation de la transaction
Aucune condition de forme n’est imposée ad validitatem. En revanche, la transaction est soumise
à plusieurs conditions de fond.
En outre, la transaction étant un acte de disposition, les parties contractantes doivent avoir la
capacité de disposer de leurs droits. Ne peuvent donc transiger les personnes frappées d’une inca-
pacité d’exercice, à savoir les mineurs et les majeurs incapables.
Enfin, le consentement des parties doit, non seulement exister, mais également être libre et
éclairé. Les vices du consentement peuvent être invoqués par l’une des parties au soutien d’une
demande en nullité du contrat.
À cet égard, la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle a mis fin au
régime spécial des causes de nullité de la transaction. L’article 2052, alinéa 2 du Code civil, tel qu’il
est rédigé depuis la réforme, n’exclut plus l’erreur de droit comme cause de nullité. Par ailleurs,
ont été abrogés les articles 2053 et suivants, qui prévoyaient la nullité de la transaction pour des
causes spécifiques (erreur sur la personne ou sur l’objet, dol, violence exécution d’un titre nul,
fausseté des pièces...). La transaction, comme tout autre contrat, est aujourd’hui soumis aux vices
et causes de nullité de droit commun qui ont fait l’objet de profondes modifications avec l’ordon-
nance du 10 février 2016. Les transactions conclues après l’entrée en vigueur de la réforme du
droit des contrats peuvent ainsi être annulées pour cause d’erreur de droit, celle-ci ayant été
consacrée à l’article 1132 du Code civil. De la même manière, les transactions sont susceptibles
d’être remises en cause en application de l’article 1143 du Code civil qui sanctionne l’abus de
l’état de dépendance.
– un effet obligatoire en ce qu’elle met à la charge des parties des obligations réciproques. La
transaction est donc un contrat synallagmatique dont l’inexécution par l’une des parties peut
donner lieu aux sanctions classiques du droit des contrats : exception d’inexécution, exécution
en nature, résolution judiciaire ou unilatérale du contrat, responsabilité contractuelle de la
partie fautive... ;
– un effet déclaratif : la transaction se borne à constater une situation existante et par consé-
quent ne crée pas de droits nouveaux. Mais la transaction n’est pas un acte recognitif : ni l’un
ni l’autre des contractants ne reconnaît le bien-fondé de la prétention de l’autre à laquelle il a
été renoncé.
La catégorie des contrats à titre onéreux oppose deux variétés de contrats : les contrats commutatifs et les
contrats aléatoires.
Dans le cadre d’un contrat commutatif, les parties contractantes peuvent apprécier immédiate-
ment, dès la conclusion du contrat, l’étendue, l’importance et le montant des prestations récipro-
ques. C’est le cas de la vente par exemple.
En revanche, dans le cadre d’un contrat aléatoire, l’étendue, l’importance et le montant des pres-
tations réciproques ne sont ni déterminés, ni déterminables lors de la formation du contrat. Les
parties acceptent de faire dépendre les effets de leur contrat, quant aux avantages et aux pertes
qui en résulteront, d’un événement futur incertain. Le contrat de rente viagère en est un parfait
exemple.
Le contrat de rente viagère est une convention par laquelle le débirentier s’engage à verser pério-
diquement à une autre personne, le crédirentier, une somme déterminée appelée arrérage
pendant la durée de la vie de ce dernier ou d’un tiers. En effet, la rente viagère peut être consti-
tuée soit sur la tête du crédirentier soit sur la tête d’un tiers (C. civ., art. 1971) et elle s’éteindra à
leur mort. L’espérance de vie du crédirentier ou du tiers détermine donc la durée de la rente.
Si la rente a pour contrepartie un bien, ce qui est généralement le cas, le contrat est qualifié de
vente moyennant rente viagère. Le prix de vente est composé d’une partie que l’on appelle « le
bouquet » que le vendeur perçoit dès la signature, et d’une autre partie que l’on appelle la rente
ou les arrérages qu’il percevra jusqu’à son décès.
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154 L’ESSENTIEL DU DROIT DES CONTRATS SPÉCIAUX
Après l’étude des caractères du contrat de rente viagère, il convient d’en analyser le régime qui
présente certaines particularités au sujet de la détermination du montant de la rente.
– à défaut de clause d’indexation ou si celle-ci ne permet pas d’assurer une corrélation entre la
valeur du bien et le montant de la rente, une majoration légale des arrérages des rentes
viagères, telle qu’elle résulte de la loi du 25 mars 1949, est possible ;
– enfin, la révision judiciaire du montant de la rente est également possible pour corriger les majo-
rations légales ou celles résultant d’une clause d’indexation.
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L’essentiel
un point actualisé
Sommaire
Droit
et les autres contrats spéciaux
membre du CERDP. - L a formation et les effets
de la vente
Les contrats conférant
la jouissance d’une chose
L’essentiel du Droit
- L e bail
des contrats
- Le prêt
Les contrats portant sur un service
Public - L e contrat d’entreprise
- L e mandat
- Étudiants en Licence et Master Droit Les autres contrats spéciaux
- L e dépôt volontaire
spéciaux
- Étudiants au CRFPA et candidats à l’ENM
- Étudiants du 1er cycle universitaire - La transaction
(Droit, Science politique et AES) - La rente viagère
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et judiciaires
2019 2020
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