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Réflexion sur la crise de la grippe aviaire de 2016 et sa gestion au Cameroun

Réflexion sur la gestion des crises de grippe aviaire. Et si


mon pays le Cameroun procédait autrement ?
Après la crise de grippe aviaire de 2006, une nouvelle crise traverse le Cameroun depuis mai
2016. Cette crise d’après l’autorité la plus compétente en la matière à savoir le MINEPIA (Ministère
de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales) est causée par le virus de l’Influenza Aviaire
H5N1 du type hautement pathogène. Nous avons hélas vécu les deux crises comme acteur de la
filière avicole, producteur et encadreur du monde rural. C’est ce qui nous pousse à faire cette
énième réflexion sur l’agriculture, l’élevage et la filière avicole en particulier au Cameroun. A cette
date du 13/09/2016, où nous terminons cette réflexion, il existe officiellement à notre connaissance,
au Cameroun 17 foyers confirmés de H5N1. Un foyer soupçonné mais non confirmé : celui d’une
ferme parentale bien connue à Ndiandam, dans l’Arrondissement de Bafoussam Ier. La crise actuelle
contrairement à celle de 2006, qui avait durée environ un mois, avec toutes les conséquences que
l’on connait, s’éternise et l’on peut facilement imaginer quel impact elle pourra avoir d’abord sur les
exploitations avicoles commerciales (toute en situation de quasi faillite avec comme conséquences
immédiates : les pertes d’emploies directs et indirects) ; les promoteurs des exploitations avicoles
(colère, dépression, surendettement…) ; les partenaires financiers des exploitations (banques, les
micros finances en difficulté financière, voire les banqueroutes etc.) ; les autres éleveurs, exemple les
éleveurs des bovins qui n’arrivent plus à vendre les bœufs du fait semble t’il de la chute du naira
nigérian voisin et surtout de la concurrence « déloyale » des poulets (personnellement nous avons
une vache que nous proposons depuis plus de 2 mois pour n’avoir pas réussit à la croiser, hélas,
même les bouchers refusent de voir). Bref, tout le circuit économique camerounais et celui de la
région de l’Ouest, région à la plus forte concentration des exploitions avicoles commerciales se
désagrège au vu et au su de tous. Des centaines, voire des milliers de petits exploitants se ruinent et
l’on peut naturellement se poser quelques questions : cette crise est elle gérée efficacement ? N’y a-
t-il pas une autre alternative de gestion ? Ne peut on pas dès à présent arrêter de se tromper et
revenir sur un chemin plus raisonnable, s’il en existe un ? La soixantaine des pays du monde qui selon
l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) ont déclaré avoir été infecté par le virus de
l’influenza aviaire gèrent il pareille crise de la même façon qu’au Cameroun ? Comment des pays
Ouest africains comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire gèrent ils la crise du virus de l’Influenza Aviaire
H5N1, depuis plus d’une année pour le cas spécifique de la Côte d’Ivoire ? Voilà quelques questions
que nous sommes posées et qui appelle à cette petite réflexion comme notre modeste contribution
au débat sur la crise de grippe aviaire que nous traversons comme citoyen camerounais, modeste
aviculteur dans la région de l’Ouest et encadreur de l’agriculture et du développement rural durable.

Dans les différents rapports du MENEPIA à l’OIE, il est déclaré que les mesures de lutte
appliquées sont :

- Abattage sanitaire
- Quarantaine
- Dépistage
- Zonage
- Désinfection des établissements infectés
- Surveillance à l’extérieur des zones de confinement ou de protection
- Destruction officielle des cadavres, des produits dérivés et des déchets

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- Balnéation/pulvérisation
- Surveillance à l’intérieur des zones de confinement ou de protection

Comme mesures à appliquer, aucune mesure de lutte n’est prévue selon les rapports
transmis à l’OIE par l’autorité compétente du MINEPIA.

Aucun animal n’est traité et la vaccination est interdite selon les mêmes sources.

Essayons de revoir les mesures de luttes jusqu’ici utilisées par le MINEPIA au


Cameroun une par une pour en saisir les définitions ou le sens :

a)- Abattage sanitaire :


L’abattage sanitaire signifie ici que lorsque dans une bande de volaille on a quelques
mortalités suspectes, les services vétérinaires compétents saisis viennent ramasser tous
le reste d’animaux vivants (malades ou non) de l’exploitation ou des différents comptoirs
(cas des marchés à volailles) pour les détruire. C’est ce que le Gouverneur de la Région de
l’Ouest et le Préfet de la Mifi dans leur arrêté à l’article 1er 4ème paragraphe appellent : « -
Abattage systématique… de tous les oiseaux suspects ou infectés… »
b)- La quarantaine
La quarantaine signifie que lorsqu’un lieu est suspect ou confirmé infecté, il y a un
durée pendant laquelle aucune volatile ne devrait être introduit dans cet environnement.
Dans l’arrêté du Gouverneur et de Monsieur le Préfet de la Mifi dans son paragraphe 5,
on peut lire : « … et observance d’un vide sanitaire jusqu’à nouvel avis ». Mais quelle est
la durée raisonnable pendant lequel on peut considérer qu’un environnement
préalablement infecté de virus de l’Influenza Aviaire H5N1, après assainissement pourrait
être considéré comme effectivement indemne du virus ? Quelle est la durée de
l’incubation du virus H5N1, d’après les sources diverses la durée maximale d’incubation
pour les souches les plus tardives est de 21 jours. Ceci signifie que si dans un
environnement assaini et suivi, si dans les 21 jours qui suivent la désinfection, aucun
nouveau cas de grippe aviaire n’est constaté, le milieu peut être considéré indemne de
virus à moins de croire à la théorie de la génération spontanée que Monsieur Louis
Pasteur a réfuté il y a plusieurs siècles.
c)- Le dépistage
Le dépistage signifie qu’il y a des prélèvements des échantillons des individus des
bandes suspectes pour une analyse virale dans un laboratoire spéciale agréé à cet effet
(laboratoire de LANAVET à Yaoundé dans le cas d’espèce). Cette mesure peut être
corrélée aux paragraphes 7 et 8 de l’arrêté de Monsieur le Gouverneur/Préfet de la Mifi
qui stipulent :
« - Soumission de tout site d’élevage de volaille aux visites des services vétérinaires… »
« - Evaluation régulières de l’infection à l’influenza aviaire Hautement Pathogène (grippe
aviaire H5N1). »
Remarque :
1)- on peut toute fois noter que le dépistage ne peut être effectif qu’avec les
prélèvements et les analyses des échantillons en laboratoire spécialisés, ce que l’arrêté
ne précise pas ici de façon formelle.

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2)- Le dépistage est plus efficace s’il s’effectue avant la manifestation clinique de la
maladie, car il permet à ce moment de limiter la charge virale. Nous pouvons vérifier
cette assertion en analysant les résultats comparés des cas sensibles et les mortalités
observés en France, en Côte d’Ivoire et au Cameroun (voir tableau des données OIE à la
fin de cette réflexion).
d)- Le zonage
Le zonage signifie qu’une fois qu’une exploitation ou un point quelconque est suspect
ou déclaré infecter par le virus de l’influenza aviaire, un périmètre spécifique d’isolement
est délimité autour de point ou exploitation. L’arrêté de Monsieur le gouverneur de la
Région de L’Ouest et/ou du Préfet de la Mifi dans son article 1, paragraphe 2 et 3
stipulent :
« -Interdiction de la circulation de la volaille, du matériel d’élevage, des produits, et des
sous (produits d’élevage en direction ou en provenance du Département touché qu’est la
Mifi »
« - Circonscription des foyers identifiés dans un rayon de 10 km et renforcement des
mesures de biosécurité »
Donc nous supposons que le zonage dans le cas d’espèce dans la Région de l’Ouest
est de 10 km, même si dans le même arrêté on précise : « désinfection obligatoire de
tous les bâtiments d’élevage de volaille et site identifiés dans un rayon de 3 km et
observance du vide sanitaire… »
e)- Désinfection des établissements infectés
Ceci signifie qu’une fois un établissement ou un point donné (marché par exemple) a
été infecté par le virus de l’influenza aviaire, les services compétents utilisent des
désinfectants (antiviraux) pour assainir les lieux infectés. L’arrêté du Gouverneur et/ou
de Monsieur le Préfet de la Mifi dit dans son paragraphe 5 : « -Désinfection obligatoire de
tous les bâtiments d’élevage de volaille et sites identifiés dans un rayon de 3km… »
Mais on peut bien se poser cette question : comment désinfecter obligatoirement
tous les bâtiments d’élevage de volaille et site identifié dans ce rayon de 3 km, si on à pas
dépeuplé systématiquement ceux-ci comme cela se passe ailleurs, en France en
particulier (confère communiqué de presse du préfet de l’Aveyron en annexe de cette
réflexion).
f)- Surveillance à l’extérieur des zones de confinement ou de protection
Ceci signifie qu’une fois le zonage effectué, il y a un dispositif spécial de surveillance
des animaux à l’extérieur de la zone délimitée de 10 km. Les services vétérinaires et les
forces de maintien de l’ordre surveillent les entrées et sorties du Département de la Mifi
par exemple effectivement. Cette mesure peut être corrélée aux paragraphes 7 et 8 de
l’arrêté de Monsieur le Gouverneur et/ou Préfet de la Mifi qui stipulent :
« - Soumission de tout site d’élevage de volaille aux visites des services vétérinaires… »
« - Evaluation régulières de l’infection à l’influenza aviaire Hautement Pathogène (grippe
aviaire H5N1). »
Mais quel peut être l’efficacité de cette surveillance dans le contexte que nous
connaissons tous ?
g)- Destruction officielle des cadavres, des produits dérivés et des déchets
La destruction consiste ici à l’abattage systématique, à l’incinération ou à
l’enfouissement public du reste des volailles de l’exploitation ou du marché soupçonné

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ou infectés effectivement à l’influenza aviaire par les services vétérinaires compétents.


C’est encore ce que l’arrêté du Gouverneur de la Région de l’Ouest et/ou de Préfet de la
Mifi dans son article 1er, 4ème paragraphe qualifie de : « - Abattage systématique,
incinération de tous les oiseaux suspects ou infectés dans un rayon de 3 km et
enfouissement des carcasses »
h)- Balnéation/pulvérisation
La balnéation et/ou la pulvérisation consiste à donner un bain ou une pulvérisation
des locaux et des matériaux des zones infectées au virus de l’influenza aviaire. L’arrêté de
Monsieur le gouverneur et/ou du Préfet de la Mifi fait référence à cette mesure
indirectement dans son article 1er, paragraphes 5 et 6 :
« --Désinfection obligatoire de tous les bâtiments d’élevage de volaille et sites identifiés
dans un rayon de 3km… »
« - Application des conseils pratiques édictés par le MINEPIA… »
Le préalable pour appliquer cette mesure est le dépeuplement systématique des
fermes commerciales dans la zone ciblée.
i)- Surveillance à l’intérieur des zones de confinement ou de protection
Ceci signifie qu’une fois le zonage effectué, il y a un dispositif spécial de surveillance
des animaux à l’intérieur de la zone délimitée, exemple prélèvement des oiseaux mêmes
sauvages à l’intérieure de cette zone, au cas où le dépeuplement des exploitations à été
total.

Notre analyse de la stratégie actuelle du MINEPIA et du gouvernement de la


République du Cameroun pour essayer de contenir la crise à l’influenza aviaire:

Selon quelque source, il parait que la stratégie de lutte contre le virus de l’influenza
aviaire du type H5N1 hautement pathogène que s’est fixé le MINEPIA est
« l’éradication » et non le « cantonnement ». N’étant pas expert en médicine
vétérinaire, nous ne savons pas exactement ce que cela signifie. Mais avec l’aide de
quelques dictionnaires, il est facile d’imager que l’éradication signifierait pour le
Cameroun de se fixer un délai déterminé pour faire disparaitre le virus H5N1 du territoire
national. Et le cantonnement est une stratégie qui consisterait à essayer de contenir ce
fameux H5N1 dans certaines zones déjà infectés tout en veillant à ce qu’il ne sorte
presque jamais de ces zones pour des nouvelles aires.
Quelques questions que l’on peut se poser et que nous nous posons évidemment
sont les suivantes ?
- Cette stratégie d’éradication est-elle compatible avec les mesures actuelles de lutte ou
de contrôle de l’influenza aviaire, théoriques et pratiques sur le terrain ?
- Y a-t-il au monde un seul pays actuellement qui peut se fixé comme objectif « le
cantonnement » du H5N1, lorsqu’on connait la dangerosité potentielle que peut
représenter ce virus H5N1, type, hautement pathogène pour les volailles d’abord et pour
les humains ensuite, en passant une probable recombinaison chez d’autres hôtes
proches de l’Homme comme pour le cas de la zoonose ayant causée des millions des
morts en Espagne au 19 siècle ?

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- Comment un pays comme la Côte d’Ivoire fait il depuis plus d’une année pour que son
aviculture commerciale survive depuis plus d’une année à la crise causée par le virus de
l’Influenza Aviaire ?

Nos essais de réponses aux questions posés :


1)- Logique d’intervention de l’administration régionale de l’Ouest et des services
techniques spécialisés du MINEPIA pour essayer de maîtriser le H5N1 :

A notre analyse, la logique d’intervention au Cameroun et dans la Région de l’Ouest


en particulier pour essayer de maîtriser la crise de grippe aviaire semble être celle-ci :

a)- Suspicion de l’infection dans une exploitation où un marché ;

b)- Mobilisation des autorités administratives et des services techniques du MINEPIA ;

c)- Saisine et destruction des animaux suspectés infectés après prélèvement de quelques
échantillons envoyés à LANAVET ;

d)- Désinfection de l’exploitation infectée ou du point du marché et de leurs environs


immédiats ;

e)- Recommandations aux éleveurs et commerçants un respect renforcer les mesures de


biosécurité ;

e)- Attente des résultats d’analyse du ou des laboratoires spécialisées.

Les rapports de suivi de la grippe aviaire au Cameroun publiés par l’OIE, semble
confirmé cette démarche au vu du nombre de cas sensible, des mortalités et des animaux
détruits. Car le nombre de cas sensibles = nombre de mortalité + nombres d’animaux détruits
– nombre probable des individus soumis aux tests de dépistage (voir tableau des données
OIE à la fin de cette réflexion). Cette même logique semble également confirmée par le
nombre d’animaux décédés au Cameroun comparé au nombre des cas observés, soit 22 040
morts sur 22 040 cas observés. Ce qui représente 100% de mortalités enregistrés au
Cameroun, contre un taux moyen de mortalité de 63.66% en Côte d’Ivoire par exemple (voir
tableau des données de suivi OIE sur la grippe aviaire). Evidemment ceci induit que la charge
virale serait sur la même échelle relative environ 2 fois plus importante au Cameroun qu’en
Côte d’Ivoire dans les mêmes conditions d’élevage et d’environnement.

2)- Logique d’intervention de la France pour essayer de maîtriser les virus de l’IA :

L’approche logique du Cameroun semble tout à fait en opposition avec la logique


d’intervention Française. En effet, le nombre d’animaux détruits en France : 90 093 sur
99 687 sensibles, représente quasiment les 90% des effectifs sensibles qui auraient pu
contribuer à augmenter la charge virale. On peut en toute vraisemblance, déduire qu’en
France après la découverte du premier cas, la logique d’intervention serait celle-ci :

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- Dépistage systématique dans la zone des 3 km infectée, dépistage aléatoire dans la zone
des 10 km autour du principal foyer ;
- Abattage sanitaire et destruction des animaux des exploitations testés positifs, suivi
immédiatement de sa désinfection ;
- Dépeuplement systématiques et/ou progressif des exploitations dans la zone des 3 km,
suivi aussi de leurs désinfections ;
- Renforcement des mesures de biosécurité dans la zone des 3 km et 10 km ;
- Programmation d’un vide sanitaire collectif dans les zones infectées (3 km) ;
- Surveillance épidémiologique dans les zones de 3 km et 10 km ;
- Repeuplement progressif des fermes qui justifient remplir les conditions de biosécurités
connues d’avance et attester par les services compétents etc.
Tout ceci semble fait de façon assez méthodique, avec un calendrier précis et rationnel
connu de tous. (Voir communiqué de presse du Préfet de l’Aveyron).

3)- La stratégie d’éradication voulue par le Cameroun est-elle compatible avec la


logique d’intervention actuelle ?

Toutes les mesures énumérées dans l’arrêté du Gouverneur de la Région de l’Ouest


et/ou du Préfet de la Mifi, nous l’avons vu ci-dessus, semblent effectivement militer pour
l’hypothèse de l’option éradication de l’influenza aviaire H5N1 dans sa région. Ces mesures
sont très proches de celles appliquées en France (voir tableau de suivi OIE), qui elle aussi
cherche depuis 2015 à retrouver son statut de pays indemne du virus de l’IA. Mais sur le plan
pratique, la logique d’intervention du Cameroun me semble, loin de suivre pour l’instant
l’exemple de l’hexagone. De plus, on peut remarquer que les deux systèmes d’intervention
se réfèrent aux recommandations de l’OIE qui stipulent qu’en cas de détection de la maladie
virale de type IA, on a généralement recours à une politique d’ « abattage » (destruction), et
que dans le cadre des efforts menés pour lutter contre la maladie, on
doit envisager également:

- La destruction sans cruauté de tous les oiseaux infectés et exposés ;


- Eliminer de façon appropriée les carcasses et tous les produits d’origine animale ;
- Surveiller et rechercher les volailles potentiellement infectées ou exposées ;
- Observer une quarantaine et contrôler strictement les déplacements des volailles et tout
véhicule à risque ;
- Décontaminer rigoureusement les lieux infectés ;
- Respecter un délai minimal de 21 jours avant l’introduction de nouvelle volaille.

L’OIE recommande aussi que l’abattage puisse être complété par une politique de
vaccination des volailles dans une zone à haut risque.

On peut observer que les principaux facteurs de propagation du virus de l’IA


(l’Influenza Aviaire), sont classés par l’OIE (l’Organisation Mondiale de la Santé Animale) en 4
types ou classes en notamment :

- La mondialisation et les échanges commerciaux internationaux (légaux et illégaux) ;


- les pratiques commerciales telles que les marchés aux oiseaux vivants ;
- les pratiques d’élevage ou le respect des règles de biosécurités ;

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- la présence des virus chez les oiseaux sauvages.

A notre analyse, il nous parait difficile, voir quasi impossible pour un pays de
prétendre éradiquer le virus de la grippe aviaire de son territoire juste par le respect des
règles d’élevage et de biosécurité telles que la stratégie camerounaise actuelle semble
orientée, avec en plus il est vrai, un peu de renforcement de la lutte contre la contrebande
des poulets congelés, qui malgré les discours officiels continus à entrer au pays comme
certains journaux l’on démontrés récemment sur certains marchés, à Douala en particulier.
Rien n’excluant que ces poulets congelés de qualité douteuses, ne soient pas issus des
exploitations infectées par le H5N1. Surtout lorsqu’on sait que le virus peut survivre
longtemps à basse température (poulets congelés).

Plus grave encore à notre sens, en créant ou en privilégiant les marchés à volailles
vivants même conventionnés, l’état du Cameroun (nous tous en fait) à notre sens s’inscrit sur
la durée dans l’option de présence quasi permanente du virus H5N1 ou d’autres du même
types sur son territoire. Car dans les pays infectés des virus de la grippe aviaire actuellement,
l’une des tendances et mode d’action plus efficace pour réduire les risques d’infections
virales est justement l’interdiction de la commercialisation des volailles sur pieds (pourquoi
ne pas promouvoir le virage vers cette option maintenant que l’aviculture commerciale est
menacée d’extinction?). Cette approche d’abattage des oiseaux avant leur mise dans les
circuits de commercialisation réduit ainsi le risque d’infection. Car si dans un environnement
infecté, si on abattait après test sanitaire tous les oiseaux en âge et état d’être consommé
(cela se passe ainsi en France), alors, automatiquement on réduirait tout risque de nouvelle
infection dans cet environnement, et, forcement la charge virale aussi baisserait voire
s’annulerait, à condition bien sûre que les seuls porteurs des virus dans cet environnement
soient les oiseaux d’élevage (politique de dépeuplement contrôlé des unités d’élevage
commerciales ou non d’une zone donnée). Seulement, cette mesure n’est applicable que si
l’état (c’est-à-dire nous tous) ou les assurances comme l’encourage l’OIE prenait des mesures
pour indemnisés tous ceux qui par exemple dans un périmètre de 3 km avaient des animaux
à risque pouvant servir de nouveau foyer pour la propagation des virus, qui, par probable
mutation pourrait finalement nous détruire tous : humains et animaux (donc prévenir vous
mieux que guérir hein !). Mais comment gérer la corruption liée aux systèmes
d’indemnisation chez nous ? Là est une autre question/équation.

En fin bien que le rôle des oiseaux sauvages dans la chaîne de contamination au virus
de l’IA H5N1 en particulier ne soit pas encore complètement élucider par la science, l’option
éradication telle que voulue par le gouvernement de la république du Cameroun nous
semble au-delà des moyens déployés actuellement pour cette éradication si on s’en tient aux
différents notes transmises par le MINEPIA ou l’arrêté du Gouverneur de la Région de l’Ouest
et/ou du Préfet de la Mifi. Car il est quasi impossible de prévoir les mesures de lutte efficace
contre les oiseaux sauvages, si jamais ils étaient des porteurs sains pouvant facilement
contaminés les oiseaux domestiques des élevages traditionnels jouxtant allègrement nos
fermes commerciales. Surtout quand on sait que : ni les communes (qui en sont capables à
moindre frais et pour le bien de leurs administrés à notre avis) , ni l’autorité administrative
ne se préoccupent de vacciner au moins contre la maladie du Newcastle endémique, qui
décime des milliers voire millions des volailles traditionnelles, tout en les rendant plus

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vulnérables aux autres maladies virales telles que le H5N1 dans notre environnement chaque
année. Nous redeviendrons dans les lignes qui suivent sur l’option abattage pour montrer
comment c’était possible, que disons-nous, reste faisable pour sauver le peu qui reste des
fermes avicoles à l’Ouest pour penser à la relance de cette filière une fois la crise maîtrisée.

De l’abattage, conservation et distribution des oiseaux sains

Il y a quelques années, nous avons publié une autre réflexion sur la question des
chaînes d’abattage au Cameroun où nous essayons de démontrer pourquoi celles-ci ont du
mal à fonctionner. Pour nous, cette crise de grippe aviaire aurait été la meilleure opportunité
pour les faire décoller définitivement les chaînes de Bafang ou de Mbomono à Douala en
particulier avec les millions de volailles qu’on aurait abattues pour une saine consommation
humaine différée, sans que les éleveurs soient obligés de brader leurs animaux sur pieds
comme ils l’on fait, au risque de faire faillite pour une majorité d’entre eux, et, de surtout de
contribuer encore à propager davantage les virus au cas où ces animaux étaient infectés et
encore en incubation. L’abattage systématique entraine inévitablement une réduction des
charges virales dans l’environnement. Elle est même susceptible de conduire à la rupture de
la chaîne de contamination comme nous l’avons dit plus haut. En Asie par exemple
aujourd’hui l’une des zones les plus infectées au virus de l’IA, l’une des méthodes les plus
radicales, efficaces de lutte contre la grippe aviaire est l’interdiction du transport des volailles
sur pieds dans des conditions non sécurisées et pour des longues distances. Vous me diriez,
mais si on abattait toutes les poules, où devait-on les conserver, je vous ferez observer qu’il y
a eu une rumeur persistante à l’Ouest et dans tout le Cameroun, qui disait que le plus grand
distributeur de poisson et des viandes congelé serait impliqué dans la persistance de la crise
de grippe aviaire par ce qu’il voulait réintroduire les poulets congelés officiellement. On a
même dit qu’il avait déjà fait entrée dans les eaux territoriales du Cameroun des bateaux
entiers de poulets congelés, qui n’attendait que l’autorisation pour accoster. Cela signifiait au
moins qu’il aurait les capacités nécessaires de stockage et de conservation des bateaux de
poulets congelés. Alors même s’il était d’accord ou non, à notre avis, pour des raisons d’état,
l’Etat du Cameroun pouvait réquisitionner ces chambres froides et son circuit de distribution
des congelés pour mettre les poulets abattus à Bafang et/ou à Douala à la disposition des
camerounais de toutes les régions du pays qui à lui reverser une indemnité pour le préjudice
subie. Cette action patriotique aurait permis non seulement de sauver l’aviculture
commerciale, crée des centaines d’emplois directs et indirects, mais aussi faciliter la mise en
place d’un nouveau circuit de distribution des poulets locaux (voire un nouveau modèle
économique à pérenniser), favoriser le contrôle de la charge virale du H5N1, permis la
grande relance de la filière avicole une fois la crise terminée ou maîtrisée… Oui cette crise
aurait pu être transformée en opportunité pour réorienter durablement toute l’économie
avicole camerounaise, mais à notre humble avis, il n’est pas trop tard, si on agit avec célérité,
mais sans précipitation. Nous finirons cette réflexion par une petite analyse comparée des
systèmes de gestion de la crise virale de l’IA H5N1 dans quelques autres pays : exemple la
Côte d’Ivoire et la France.

Gestion de la crise de grippe aviaire par quelques autres états du monde et


africains en particulier : exemples : cas de la France et de la Côte d’Ivoire :

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Si je me limitais au cas de la France, l’on me reprocherait d’avoir pris l’exemple d’un


pays développé pour essayer de le comparé au Cameroun (en voie de développement ou
d’émergence), en termes de gestion de la crise due au virus de l’influenza aviaire que certains
pays connaissent actuellement. Si je prends juste le cas de la côte d’Ivoire comparé à celui du
Cameroun, je n’aurai pas assez d’éléments et d’arguments de comparaison telle que le
communiqué de presse du Préfet de l’Aveyron, pour arriver à des conclusions plus fiables et
cohérentes. Je me résous alors essayer de prendre les bulletins de suivi OIE des trois pays à
la fois pour vous exposer à fin que chacun de nous fasse ses analyses critiques, tire ses
conclusions en se référant si possibles sur nos observations et commentaires ci-dessus.

Tableaux : Données comparées sur la gestion de la crise de grippe aviaire en France,


en Côte d’Ivoire et au Cameroun entre 2015 et 2016, d’après un extrait des rapports de
suivi de l’IA de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE):

Données/Pays France Côte d’Ivoire Cameroun Observations et


commentaires libres
Lieu, date de la Dorgone Sous- Département du
1ère infection Le préfecture de Mfoundi,
observée sur le 10/11/2015 Bouaké le Arrondissement de
territoire entre 09/04/2015 Yaoundé 6, Complexe
2015 et 2016 Avicole de Mvog-Betsi,
le 20/05/2016
Types Canards, Canards, reproducteurs de
d’animaux oies, poulets poulets de poulets de chair et
atteints de chair, chair, poules poules pondeuses,
poules pondeuses, poulets reformés,
pondeuses, poulets poulets du village,
pintades traditionnelles canards, pintades, oies,
, poulets de dindons, coquelets
chair en
élevage
traditionnel,
pigeons,
pintades,
dindes,
coquelets,
élevage
reproducteur
des poules et
des coqs
Nombre 99 687 106 778 67 157
d’animaux
sensibles
Nombre de cas 1 601 60 476 22 040
observés
Nombre 1 594 38 501 22 040 Au Cameroun, la
d’animaux maladie n’a été donc
morts observée que
quasiment sur les
animaux morts, pas

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donc de dépistage
sur les vivants
Nombre 90 093 47 928 44 981
d’animaux
détruits
Nombres 0 234 0
d’animaux
abattus
Nombre total 20 41 17
de foyers
déclarés
pendant la
période
Types de virus H5N1 et - H5N1
diagnostiqués H5N9
Mesures de 1)-Abattage 1)-Dépistage 1)-Abattage sanitaire Le Cameroun
lutte appliquées sanitaire 2)- 2)-Quarantaine applique quasiment
2)- Désinfection 3)-Restriction des les mêmes mesures
Restriction des déplacements à de lutte (au moins
des établissement l’intérieur du pays en théorie) que la
déplacement s infectés 4)-Dépistage France. La différence
s à l’intérieur 3)- 5)-Zonage ici se situe au niveau
du pays Surveillance à 6)-Désinfection des de la quarantaine
3)-Dépistage l’intérieure de établissements infectés pour le Cameroun et
4)-Zonage la zone de 7)-Surveillance à la traçabilité pour la
5)- confinement l’extérieure de la zone France. La
Désinfection ou de de confinement ou de quarantaine est
des protection protection introduite comme
établissemen 8)-Destruction officielle une mesure
ts infectés des cadavres, des spécifique au
6)- produits dérivés et des Cameroun, alors
Surveillance déchets qu’en France elle est
à l’extérieure 9)- Surveillance à sous-entendue, et
de la zone de l’intérieure de la zone on passe même à
confinement de confinement ou de l’étape plus
ou de protection compliquée de la
protection quarantaine
7)- collective par zone
Destruction infectée.
officielle des
cadavres,
des produits
dérivés et
des déchets
8)-
Surveillance
à l’intérieure
de la zone de
confinement
ou de
protection

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9)-Traçabilité
Mesures de Contrôle de Aucune Aucune mesure de lutte Pour le Cameroun et
lutte à la faune mesure de prévue la Côte d’Ivoire, la
appliquées sauvage, lutte prévue faune sauvage
réservoir de restera une menace
l’agent permanente alors !
pathogène
Animaux traités Non Non Non
Vaccination Oui Non Oui La Côte d’Ivoire ici
interdite dit, ok, comme je ne
peux pas contrôler
les éventuelles
infections par la
faune sauvage, alors
celui qui veut et
peut vaccine.
Date et lieu de Dorgone, Abidjan Département du Pour la France entre
la dernière Commune de 04/07/2016 Djerem, la première
infection Dornac, le Arrondissement de observation de l’IA
observée sur le 19/07/2016 Tibati, le 04/06/2016 et la dernière
territoire actuelle, on est à 8
jusqu’en début mois de lutte, la
septembre Côte d’Ivoire est à
2016 plus de 16 mois, le
Cameroun encore à
3 mois. Mais on
remarque que les 2
premiers états cités,
n’ont pris aucune
mesure susceptible
de rompre
complètement le
cycle de production
de l’aviculture
commerciale dans
l’ensemble des états
ou dans les régions
infectées par l’IA.
N° du rapport N° 10 du N° 11 du N° 9 du 26/08/2016
de suivi 25/07/2016 22/08/2016
exploité
Autres Zonage : Les foyers ont Conformément au code Le zonage implique
renseignements zone de été nettoyés, sanitaire pour les en France l’abattage
épidémiologiqu protection (3 désinfectés et animaux terrestres de d’un maximum de
e/commentaire km) et de les activités l’OIE, une surveillance volailles d’élevage
surveillance d’élevage et intensive continue. Des dans la zone à risque
(10 km) de enquêtes cliniques et (voir communiqué
autour des commercialisa épidémiologiques sont du Préfet de
élevages, tion de volaille menées en fonction des l’Aveyron) pour
ainsi qu’un et des zones définies et des minimiser les
zonage produits facteurs de risque. Dans risques de nouvelle

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complément avicoles ont la zone du Mfoundi et infection. Les


aire de faible repris. Pas de conformément à animaux sains sont
risque nouveaux l’arrêté du MINEPIA du alors destinés à la
foyers signalés 23 août 2016, modifiant consommation,
certaines dispositions alors que ceux
de l’arrêté n° infectés sont
0008/MINEPIA/DSV du détruits. Le zonage
26 mai 2016 portant au Cameroun nous
déclaration de semble plus
l’infection à l’influenza théorique que
Aviaire Hautement pratique pour
Pathogène ( Grippe l’instant.
Aviaire) dans le
département du
Mfoundi, les volailles et
leurs produits issus des
fermes ayant fait l’objet
d’un suivi sanitaire
peuvent être autorisés
de vendre dans les
marchés à volaille
aménagés et
préalablement identifiés
par l’autorité
administrative.
Les règles de
biosécurité, d’hygiène
et de salubrité y sont
strictement appliqués.
Source du ou -Inconnue ou -introduction -Inconnue ou incertaine
des foyer(s) ou incertaine d’animaux
origine de vivants
l’infection -Inconnue ou
incertaine
Extrait adapté le 11/09/0126 par nous, des rapports transmis à l’Organisation
Mondial de la Santé Animale (OIE) par les services compétents des différents pays, disponible
sur son site : www.oie.int

Emmanuel Nghenzeko,

Ingénieur Agronome,

Consultant Senior en Agriculture et Développement Rural Durable,

Chercheur Indépendant

B.P. 90 Bafoussam

E-mail : e_nghenzeko@yahoo.fr

Tél : (237) 699 117 784 / 679 143 029

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