Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
de botanique appliquée
Vergiat A.-M. Plantes magiques et médicinales des Féticheurs de l'Oubangui (Région de Bangui) (suite). In: Journal
d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 16, n°6-8, Juin-juillet-août 1969. pp. 335-367 ;
doi : https://doi.org/10.3406/jatba.1969.3031
https://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1969_num_16_6_3031
DE L'OUBANGUI
(Région de Bangui)
(Suite).
DEUXIÈME PARTIE
Abortifs.
A un mois de la grossesse, il suffît à la femme enceinte de
consommer le miel d'une espèce d'abeille récolté dans la brousse
(miel d'euphorbe?). Des graines de schindo (M), Cucurbitacée,
Cucumis melo (var. amère), de même que des grains de maïs,
dont la germination est commencée, sont desséchés, réduits en
farine et consommés sous forme de bouillie, le soir avant de se
coucher, par la femme enceinte, de même que les tubercules
séchés, puis réduits en farine de damane (M), Amp. Cissus debi-
lis. Après sa délivrance, la femme doit boire en abondance la
décoction de la racine de darapara (M), Lég. pap. Desmodium
lasiocarpum.
Le soir avant de se coucher, la femme enceinte consomme des
feuilles de ndandalida (G), Nyctaginée, Boerhaavia repens, cuites
avec des fruits de sasa (S), Solanacée, Solarium aethiopum, ou
des fruits de angaya (M), Solanacée, Solarium sp. cuits avec des
feuilles de gweba (M), Loganiacée, Mostuea fuchsiae folia, et celles
d'une petite plante sambaye (M), ayant l'aspect du trèfle.
Sont aussi employées : la décoction de la racine de bingi (B),
Lég. pap. Desmodium hirtum, en association avec celle de la
racine de dabiri (M), Lég. pap. Desmodium gangeticum et de oko
(M), Graminée, Setaria megaphylla.
La décoction de la racine et des feuilles de ihina batua (M),
Lég. pap. Indigofera simplicifolia, des feuilles de hen (M), Rubia-
cée, Morinda lucida, de la racine de ganya (M), Rubiacée, Crate-
rispermum Schweinfurthii, de la racine de dokoeng (M), Anona-
cée, Artabotrys aurantiaca, de la racine de hinna (H), Lythracée,
Lawsionia inermis, des tubercules de wi zin (M), Dioscoréacée,
Dioscorea sagittifolia.
Dans le but de provoquer la délivrance, après avoir fait un
grand feu, quand le sol est très chaud, la femme enceinte nettoie
la place du foyer en écartant les cendres, l'arrose avec de l'eau,
puis se couche, le ventre sur le sol brûlant.
Adénite.
La racine râpée de bili (G), Burseracée, Canarium
Schweinfurthii, est appliquée, après cuisson, en cataplasme sur les adénites.
Amaigrissement.
Dans le cas d'amaigrissement et de faiblesse générale, on
emploie, en lotion et boisson, la décoction des racines de gila
(M), Bombacacée, Ceiba Thonningii, ainsi que la décoction des
feuilles de iiyù kokpe (D), Lég. pap. Desmodium hirtum, en
— 337 —
Assoupissement.
Boire la décoction des racines et des feuilles de boo (B), Grami-
née, Setaria megaphylla, en lotions aussi sur le visage.
Battements de cœur.
Boire la décoction des feuilles de koro buzi (M), Euphorbiacée,
Erythrococca sp. et en consommer les feuilles cuites.
Brûlures.
Sur les brûlures on applique des cataplasmes chauds de feuilles
pilées de mbuli (M), Composée, Ageratum conyzoides et de mbili
(M), Composée, Crassocephalum rubens; des feuilles de deniya (M),
— 342 —
Chancre.
La poudre obtenue après séchage et broyage de l'écorce de la
racine de abandiri (B), Bignonacée, Spathodea campanulata, est
mise sur la plaie; de même les feuilles desséchées et réduites en
poudre de gunge (B), Lég. mimosée, Acacia ataxacantha; de
bedonmu (M), Lég. césalp. Cassia absus; les feuilles vertes pilées
de kudubru (B), Rubiacée, Mussaenda arcuata et de amba na ngola
(M), Rubiacée, Mussaenda sp. ; les cendres des rameaux, mêlées à
l'huile des graines, de doyo (M), Flacourtiacée, Caloncoba sp.
Coliques, douleurs d'entrailles.
Coliques infantiles : décoction des racines de dugenze (M), Lég.
pap. Uraria picta; de korobuzi (M), Euphorbiacée, Erythrococca
sp. ; de tia (M), Graminée, Jardinea congensis, un cataplasme des
racines pilées est parfois appliqué sur le ventre. Lotions de feuilles
de ngewi (B), Basalminacée, Impatiens lrvingii.
Douleurs ventrales des femmes : décoction des racines de kili
(M), Graminée, Andropogon tectorum; de kundu (B), Sterculiacée,
Sterculia tomentôsa, les femmes se font ensuite une ceinture avec
la racine de cette plante; la décoction des racines de oko beza (B),
Gombrétacée, Combretum sp. est prise en lavement contre les
douleurs.
Contre les maux de ventre, on emploie aussi : les feuilles de
egbire (B), Lég. mimosée, Acacia verugera; de djiyo (B), Pipéracée,
Piper guineense; de njaka (B), Rutacée, Clausena anisata; de kenga
(M), Zingibéracée, Costus Schlechteri; de gwin (M), Verbénacée,
Lippia adoensis; de sahagna (M), Labiée, Ocimum americanum ;
les tiges et les feuilles de tenga (M), Acanthacée, Acanthus
montanus; les racines de akpwanga (M), Apocynacée, Saba como-
rensis; de kafa (M), Gypéracée, Cyperus articulatus; de mindowali
(L), Anonacée, Artabotrys stenopetallus; les fruits de ingo (L),
Anonacée, Monodera myristica.
Constipation.
Comme laxatif :
la décoction des racines de kudubru (B), Rubiacée, Mussaenda
arcuata; des feuilles de odo (B), Lég. césalp. Cassia alata; de
mazimbre (M), Lég. pap. Abrus pulchellus; des fruits de wasa (B),
lég. césalp. Tamarindus indica.
— 343 —
Comme purgatif :
la décoction des racines de embele (B), Euphorbiacée, Alchornea
floribunda, bouillies avec un petit poisson noir eyere (B), ce serait
un purgatif très énergique. Prendre trois à quatre graines de zinga
dila (M), Euphorbiacée, Jatropha curcas, écrasées dans une
bouillie de farine de maïs ou de manioc. Consommer des tubercules
bouillis de dazo gusu (B), Asclépiadacée, Asclepias lineolata.
Appliquer en suppositoire et en cataplasme sur l'anus des feuilles pilées
de fi (M), Rosacée, Parinari curatellaefolia. Boire le suc exprimé
des racines pilées de popo (B), Lég. mimosée, Albizzia zyga; la
décoction des feuilles de ebele (B), Rubiacée, Morinda lucida et
des racines de mogonlogo (L), Ochnacée, Ouratea elongata; de ko
bure (M), Euphorbiacée, Maprounea membranacea ; de wakawaka
(M), Euphorbiacée, Pycnocoma minor.
Coryza.
L'écorce de kutchumango (B), Sapindacée, Allophyllus africa-
nus, arrête le flux errhin. Les feuilles en poudre de sahanya (M),
Labiée, Ocimum americanum, sont prisées contre cette affection.
Le suc des racines de gwin (M), Verbénacée, Lippia adoensis est
exprimé dans les narines, de même que le suc des raclures des
racines réchauffées de biberi (M), Rubiacée, Gardenia Jovis tonan-
tis. L'eau de macération de l'écorce de alya (B), Verbénacée, Vitex
crenata, est aspirée dans les narines.
Couches.
La racine pilée de kongala (M), Lég. mimosée, Dichrostachys
glomerata, est introduite dans la vulve pour provoquer
l'enfantement. La décoction des racines de oyo ongo (B), Connaracée, Cnes-
tis ferruginea, facilite les couches et calme les douleurs, ainsi que
celle de gufa (M), Malvacée, Kosteletzkya Chevalieri. Les jeunes
pousses de ngonderamongo (B), Euphorbiacée, Euphorbia hirta.
sont consommées avec du sel et la décoction est bue pour faciliter
les couches. Dans le même but, la femme consomme les feuilles de
nya chindo (M), Cucurbitacée, Malothria maderaspatana avec celles
de say a (M), Convolvulacée, Ipomaea sp. La décoction des racines
de odo (B), Cypéracée, Scleria racemosa, est donnée aux femmes
enceintes. La décoction des racines de kor (M), Anonacée, Popowia
sp. est donnée à la femme qui vient d'enfanter, ainsi qu'une
bouillie chaude des tiges et des feuilles cuites de gbafio (M), Com-
melinacée, Commelina sp. L'eau de lavage de la terre natronée,
donnée le jour des couches, calme les douleurs de l'accouchement.
La décoction des feuilles de wele (G), Labiée, Ocimum america-
— 344 —
arbres agglutinant les feuilles par des fils soyeux. Ils pilent
ensemble feuilles et insectes et frottent leur mal avec cette pâte.
Dents.
En gargarisme et bain de bouche, sont employées :
La décoction des racines de ganya (M), Rubiacée, Craterisper-
mum Schweinfurthii; de dabiri (M), Lég. pap. Desmodium gange-
ticum; des feuilles de vengele (M), Lég. pap. Adenodolichos pani-
culatus; de deniya (M), Lég. mimosée, Acacia ataxancatha; de
duma (M), Lég. césalp. Bauhinia Thonningii, en association avec
les feuilles du poivrier contre la carie; de oko beza (M), Combré-
tacée, Combretum sp.; de edi (B), Euphorbiacée, Phyllantus flori-
bundus; de zima (M), Malvacée, Hibiscus sabdariffa.
En application sur les dents ou les gencives :
La sève de l'écorce de gbanga (B), Myristicacée, Pycnanthus kombo,
appliquée sur les dents calme la douleur, mais en cause la chute;
le suc des feuilles de dongosara (B), Lég. Mucuna pruriens; le suc
tiède des racines de ngula (B), Euphorbiacée, Bridelia scleroneura;
les cendres des grains de zafa (M), Lég. pap. Arachis hypogea,
avec du sel indigène; application sur les dents de tampons tièdes
de racine pilée de fi (M), Rosacée, Parinari curât ellaefolia, avec du
sel indigène; de racine pilée de alya (B), Verbénacée, Vitex cre-
nata, avec des graines écrasées de kekele (B), Lég. mimosée, Ambly-
gonocarpus Schweinfurthii.
Contre les rages de dents se frotter les gencives avec la racine
cuite de bito (M), Lég. pap. Desmodium lasiocarpum; avec les
cendres du gui du kongo (B), Euphorbiacée, Hymenocardia acida,
mêlées à du sel indigène; avec la décoction, réduite à l'état
sirupeux des feuilles de embele (B), Euphorbiacée, Alchornea flori-
bunda; application aussi du remède indiqué pour les dartres. La
bouche ouverte, exposer les dents douloureuses à la vapeur d'une
décoction bouillante d'écorce de ekere (B), Moracée, Ficus sp. en
association avec l'écorce de sele (M), Lég. mimosée, Prosopis af
ricana. Les tiges cuites de duma (M), Lég. césalp. Bauhinia
Thonningii, sont données à mâcher aux petits enfants souffrant des
dents. La racine râpée de odo (B), Lég. pap. Tephrosia Vogelii,
est mise sur les dents malades.
LÉGENDE DE LA PHOTO.
Epistaxis.
On introduit dans les narines le suc exprimé des racines pilée&
de tia (M), Graminée, Jardinea congensis.
Fièvre.
Contre la fièvre, on emploie surtout des frictions et lotions, ainsi
que des bains de vapeur à base de plantes.
En lotions et frictions pour le bain des enfants fiévreux :
feuilles de babira (M), Pipéracée, Piper umbellatum; feuilles de
wi gwin (M), Composée, Vernonia sp.; feuilles de bito (M), Verbé-
nacée, Lantana trifolia.
Après le bain, dans le marigot, l'individu fiévreux se frictionne
avec la plante deke (M), Hydrocharitacée, Ottelia ulvifolia; la
décoction des feuilles de kukuen (M), Labiée, Hoslundia oppositi-
folia, en lotions; celle des feuilles de fuma (M), Verbénacée,
Premna quadrifolia; de kongoburu (M), Hippocratéacée, Hippo-
cratea Richardia; de eyi odu (M), Rubiacée, Canthium sp.; de
mazimbre (M), Lég. pap. Abrus pulchellus, sont aussi utilisées.
L'huile tirée des graines de gbanga (B), Myristicacée, Pycnanthus
kombo, en massage sur le corps des fiévreux.
— 350 —
Foie.
Les maux de foie sont attribués à la tortue tana (M).
Consommer les cendres du champignon kar te (M), champignon
croissant au pied et sur le tronc des arbres, avec du sel indigène;
pratiquer ensuite des massages avec les cendres mélangées à de
l'huile.
Le malade doit faire une abondante consommation des feuilles
cuites en brèdes de :
kwi (M), Composée, Crassocephalum rubens.
koro buzi (M), Euphorbiacée, Erythrococca sp.
kususu (M), Hippocratéacée, Salacia sp.
turufu (M), Lég. pap. Lonchocarpus laxiflorus.
L'eau de macération des jeunes feuilles de mbuli (M),
Composée, Ageratum conyzoides, des fruits et des racines de bondo (B),
Asclépiadacée, Omphalogonus calophyllus, est bue par le malade,
de même que la décoction des feuilles de mazinde (M), Amaran-
tacée, Amarantus caudatus; des racines de kpa (M), Apocynacée,
Saba comorensis ; de bendu (M), Ampélidacée, Ampelocissus cina-
mochroa; de vengele (M), Lég. pap. Adenodolichos paniculatus ;
les racines de koro (M), Anonacée, Uvaria sp. sont un puissant
diurétique de même que les tiges de dinzin (M), Connaracée, Cnes-
tis sp.; les feuilles de sahanya (M), Labiée, Ocimum americanum
et les feuilles de bekporo (B), Passifloracée, Adenia cissampeloides,
en décoction contre les affections du foie.
— 351 —
Folie.
L'eau dans laquelle on a pilé des feuilles de ndubu (M), Ica-
cinée, Icacina sp. en ablution sur la tête des fous. Cette affection,
attribuée à des esprits possesseurs, est soignée par des pratiques
magiques.
Fractures.
Elles sont traitées par l'immobilisation, après remise en place
du membre maintenu par des roseaux de tia (M), Graminée, Jar-
dinea congensis ou autres espèces. On applique ensuite un
cataplasme de feuilles pilées de ngado (M), Commelinacée, Aneimela
sp. ou de vranja (B), Acanthacée, Hygrophyla longifolia, de l'écorce
pilée des racines de oko beza (B), Combrétacée, Combretum sp. ou
un cataplasme chaud fait de la plante de ke (M), Hydrocharitacée,
Ottelia ulvifolia, espèces plus ou moins émollientes et mucila-
gineuses.
Furoncles, voir aussi à Abcès.
Lotions avec une décoction de feuilles de babira (M), Pipéracée,
Piper umbellatum. Un pansement occlusif, fait d'une feuille de
cette plante est ensuite appliqué dessus.
Galactogènes.
Frictions sur les seins avec le latex de ongbo (B), Apocynacée,
Conopharyngia sp. ou celui de ngonderamango (B), Buphorbiacée,
Euphorbia hirta. Boire la décoction de l'écorce de gbokoso (B),
Palmée, Borassus aethiopum.
Goitre.
Maladie attribuée au génie des eaux Badagi. Les jeunes pousses
de gbongo Badagi (B), Lég. pap. Teramnus sp. servent aux féti-
cheurs à faire des onctions sur l'individu atteint de ce mal. La
décoction de ces jeunes pousses est bue par le malade ainsi que
celle des feuilles de oyo Gerongu (B), Urticacée, Boehmeria platy-
phylla; des feuilles froissées de cette espèce servent à faire des
onctions sur le visage, le cou et le ventre du malade. Des feuilles
de deke (M), Hydrocharitacée, Ottelia ulvifolia, sont employées en
friction après avoir pratiqué de petites incisions sur le mal et
celles de gonge (M), Tiliacée, Triumfetta pentandra et de be nya
(M), Convolvulacée, Ipomaea sp. en cataplasme sur l'œdème.
Ce sont donc des plantes aquatiques, ou croissant en lieux
humides, qui sont employées contre cette affection, soignée
surtout par des pratiques fétichistes.
Hémorroïdes.
La décoction des feuilles de te sondo (M), Euphorbiacée, Acaly-
pha ornata, est utilisée en bains de siège; le suc exprimé des
racines pilées de manga (M), Solanacée, Nicotiana tabacum, est
appliqué sur les hémorroïdes; la décoction des racines de te sondo
et de manga est bue contre cette affection.
Insomnie.
Ablutions avec l'eau dans laquelle on a pilé des feuilles de ihina
bipe (M), Malvacée, Sida sp. avec des feuilles de njaka (B), Ruta-
cée, Clausena anisata. Instillation dans les narines de quelques
gouttes du suc exprimé des racines de biberi (M), Rubiacée,
Gardenia Jovis tonantis.
— 353 —
Lavement.
Les lavements sont généralement pratiqués contre les maux de
ventre; ils sont d'un usage courant pour les petits enfants. Pour
l'administration d'un lavement, le patient se met à genoux et se
plie en deux, les mains et la tête touchant le sol, la tête reposant
sur une couronne d'herbes, le fondement en l'air. Il appuie ses
pieds contre les parois de la case ou, si cela se passe au-dehors,
il introduit, lui-même, comme canule, la longue tige tubulaire
d'une feuille de papayer; cette tige est douce, elle ne blesse pas.
L'officiant fixe ensuite à l'extrémité de la tige l'entonnoir à
lavement kpwalo (B) dans lequel il verse le liquide préparé. Parfois,
cet entonnoir est fait simplement d'une demi-papaye évidée et
même quelquefois l'opérateur, ne disposant pas d'entonnoir,
aspire la préparation dans sa bouche puis la souffle, à l'aide du
pétiole, dans l'intestin.
La décoction de ndili (M), Graminée, Eleusine indica, est
donnée en lavement aux enfants maladifs. Contré les maux de ventre,
la décoction de l'écorce de kela (M), Lég. césalp. Daniella Oliveri;
de l'écorce de mongombe (L), Euphorbiacée, Croton mubango; des
racines de oko beza (M), Combrétacée, Combretum sp.; des feuilles
de bilikichi (M), Composée, Eclipta alba.
Maux de pieds.
La décoction de l'écorce de kundu (B), Sterculiacée, Sterculia
pendula, en lotion et bain, pour soulager les pieds fatigués,
sensation de brûlure; celle de l'écorce de alya (B), Verbénacée, Vitex
crenata, en lotion et bain, pour les pieds enflés.
Maux de poitrine.
La décoction de l'écorce de kundu (B), Sterculiacée, Sterculia
tomentosa, est bue contre les crachements de sang; celle des
racines de bolo (M), Tiliacée, Glyphaea laterifolia, en boisson,
puis friction avec les racines cuites, ensuite massage, sur la
poitrine et les côtés, avec les cendres des fruits mêlées à de l'huile.
En boisson également, la décoction des racines de kelengwagwa
(B), Sapindacée, Paullinia pinnata, des racines de ndaya (B), Dil-
léniacée, Tetracera potatoria; en infusion, les feuilles de angedi
(B), Ampélidacée, Ampelocissus sp. et les cendres des racines de
nu by a (M), Lég. pap. Eriosema psolaroides; en cataplasme, les
feuilles pilées de udu-bay (M), Solanacée, Solanum sp. La plante
wili gonge (M), Malvacée, Urena lobata est employée contre la
pneumonie.
— 356 —
Mictions.
sanglantes :
Eau de macération d'un morceau du tubercule de badiya (M),
Aracée, Anchomanes petiolatus; lavement avec l'eau de
macération de l'écorce intérieure de kaya (M), Ochnacée, Lophyra alata,
boire aussi de cette eau.
nocturnes, fréquentes :
Boire l'eau de macération de l'écorce de ganya (M), Rubiacée,
Craterispermum Schweinfurthii.
mictions colorées :
Boire la décoction des feuilles de ùyùokpe (D), Lég. pap. Des-
modium hirtum; des racines de amba na ngola (B), Rubiacée,
Mussaenda arcuata; de l'écorce de kundu (B), Sterculiacée, Ster-
culia tomentosa (urine noire), et aussi celle des plantes employées
contre la bilieuse (voir fièvre).
Morsures de serpents.
Contre les morsures de serpents, les féticheurs préparent un
vaccin curatif avec la poche de fiel et le foie soigneusement
extraits d'une espèce de vipère koro (M), longo (B), qu'ils font
cuire avec le suc exprimé de la moelle des tiges, passées au feu
puis tordues au-dessus d'un récipient, de anja (M), Zingibéracée,
Costus Schlechteri et de ndolo (G), Lég. mimosée, Albizzia zygia.
Après avoir pratiqué trois incisions sur la piqûre et fait, par
pression des doigts, jaillir le sang, la mixture ci-dessus est
appliquée après réduction à chaud. Les feuilles et les racines de te go
(M), Rubiacée, Psychotria sp. cuites avec le fiel (1) et le foie de la
vipère sont préparées de la même façon et pour le même usage
mais, après l'application de la mixture, on donne à boire à
l'individu mordu la décoction des racines de te go = plante à serpent.
Sur la piqûre débridée, on applique le suc du tubercule de boro
(M), Aracée, Amorphophallus foetidus ou de geli (M), Aracée,
Amorphophallus Barteri; un morceau de ce tubercule est
consommé par l'individu mordu. La poudre de l'écorce de la racine
de gunda (B), Lég. césalp. Erytrophlaeum guineense, est aussi
parfois appliquée sur la plaie débridée, de même que de la fine
poudre de charbon de bois qui est aussi donnée à consommer à
la personne mordue. On fait boire au malade l'eau dans laquelle
on a pilé des feuilles de zukutu (M), Scrophulariacée, Cycnium
camporum, des racines de yifolo (M), Lég. pap. Desmodium gan-
geticum, ainsi que la décoction de dugenze (M), Lég. pap. Uraria
picta. Les résidus de cuisson sont ensuite appliqués en cataplasme
sur la morsure débridée. La poudre de l'écorce de kaya (B), Och-
nacée, Lophira alata est consommée, de même que la poudre des
fruits, préparée en bouillie, de bivro (B), Marantacée, Trachy-
phrynum violaceum
Piqûres de scorpions.
Pour se protéger des piqûres, les indigènes se frottent les mains
avec des feuilles froissées de ebi (B), Graminée, Imperata cylin-
drica. Les feuilles pilées de dugenze (M), Lég. pap. Uraria picta
sont appliquées en cataplasme sur la piqûre après l'avoir débridée.
(En Extrême-Orient, les Mois préparent avec des queues de
scorpions pilées une pâte immunisante contre leurs piqûres.)
Nausées, vomissements.
Les feuilles séchées et pilées de ihina on (M), Liliacée, Anthe-
ricum speciosum, sont prises contre les nausées; la racine mâchée
Oguru.
Maladie attribuée par les Bandas aux petits poissons blancs
oguru, friture des rivières. C'est une affection un peu spéciale à
ces régions et atteignant surtout les gens souffrant de la faim. Les
remèdes préconisés contre ce mal sont aussi employés contre la
lèpre blanche.
La décoction des feuilles de bilikichi (M), Composée, Eclipta
alba, est employée pour le bain des malades au chant du premier
coq, puis friction avec les cendres, mêlées à de l'huile, de tandala
(M), Amarantacée, Cyathula pedicellata, et des cendres de la racine
de bonzane (M), Flacourtiacée, Lindackeria dentata. Le malade
boit la décoction de cette racine. L'eau d'infusion de l'écorce pilée
de la racine de dafo (B), Combrétacée, Terminalia glaucescens,
sert à préparer un onguent avec l'huile des graines de mbakele
(B), Cucurbitacée, Citrullus vulgaris, dont on oint les yeux des
malades atteints d'oguru. Le tourteau est consommé par eux.
Oreilles.
Le suc de l'écorce de gbanga (B), Myristicacée, Pycnanthus
kombo, est introduit dans l'oreille contre les douleurs et la
surdité, de même que le suc exprimé des raclures des racines fraîches
de ko indiyu (M), Capparidacée, Capparis erythrocarpa et des
feuilles vertes de va (B), Capparidacée, Gynandropis pentaphylla.
Le suc des racines de gususu (M), Lég. césalp. Cassia mimosoides
et l'eau de macération de l'écorce de aka (B), Lég. césalp. Berlinia
— 360 —
Plaies, ulcères, oku (B), plaie; oku gbadja (B), plaie purulente.
Comme pour le pian, les plaies sont nettoyées avec une lotion
ou une décoction des mêmes plantes. On emploie aussi les feuilles
de beza (B), Combrétacée, Combretum sp. et de oko beza (B),
Combrétacée, Combretum sp., en association. Sur la plaie, on
applique ensuite une feuille de kpa (M), Malvacée, Wissadula
amplissima, perforée de coups d'ongles, sur laquelle sont mis les
divers cataplasmes chauds que l'on recouvre d'autres feuilles de
kpa et qu'on fixe par un lien.
Les feuilles bouillies de kudubru (B), Rubiacée, Mussaenda
arcuata, en cataplasme sur les ulcères et les plaies sanieuses; les
— 361 —
POUX, PARASITES.
La sève de beng (M), Hypéricacée, Psorospermum sp. mélangée
à de l'huile, en lotion contre les poux. La décoction des feuilles
de bonzane (M), Flacourtiacée, Lindackeria dentata; celle des
feuilles de mbulu (B), Euphorbiacée, Alchornea cordifolia, en
lotion et friction. La décoction des racines et des fruits de doyo
(M), Flacourtiacée, Caloncoba sp. en friction sur la tête; les
résidus de la décoction, racines et fruits cuits, en cataplasme sur la
— 362 —
Points de côté.
Friction avec des tiges et des feuilles pilées de ndandalida (G),
Nyctaginacée, Boerhaavia repens; avec les cendres, mêlées à de
l'huile, des racines de kukuen (M), Labiée, Hoslundia oppositi-
folia. En cataplasme chaud, les racines pilées de gbandopo (M),
Ménispermacée, Stephania Dinklagei; les feuilles de dokoeng (M),
Anonacée, Artabotrys oliganthus.
RÈGLES DOULOUREUSES OU ABONDANTES.
Les femmes doivent faire un grand usage de la racine de kovoro
(B), Lég. pap. Uraria picta, à l'époque de leurs règles et contre
les douleurs de ventre. Contre les règles douloureuses et trop
abondantes, sont recommandées : les racines de bekporo (B), Pas-
sifloracée, Adenia cissampeloides ; l'écorce de pangala yoenu (B),
Hypéricacée, Harunga paniculata; les feuilles de embele (B),
Euphorbiacée, Alchornea floribunda; les racines de nu bya (M),
Lég. pap. Eriosema psolaroides ; les racines de gweba (M), Loga-
niacée, Mostuea fuchsiaefolia.
Les tubercules de wi zin (M), Dioscoréacée, Dioscorea sagitti-
folia, sont donnés à la femme qui a enfanté et dont les règles ne
réapparaissent plus. La décoction de la racine de bombu (B),
Rubiacée, Sarcocephalus sp. associée à celle de la racine de ganya
(M), Rubiacée, Craterispermum Schweinfurthii et de fuzeze (B),
Violacée, Rinorea sp. fait couler les règles.
Rhumatisme.
Le rhumatisme, surtout le rhumatisme articulaire, est attribué
au Nœud, à sa force magique et mystérieuse (Dubali), qui noue
les articulations et les immobilise.
Les remèdes sont appliqués sur de petites incisions de l 'épi-
derme pratiquées aux endroits douloureux; on utilise en friction
les feuilles à poils urticants de depanye (M) , Euphorbiacée, Tragia
Preussii, les cendres des rameaux du manioc ou du gui des arbres
sele et bakuten; en lotion, la décoction des feuilles et de l'écorce
de oyo dubali (B), Connaracée, Connarus griffonianus ; en friction,
les feuilles pilées de ea (M), Oléacée, Jasminum ternifolium; la
racine râpée de latcha (B), Polygalacée, Securidaca longepedon-
culata; en cataplasme chaud, les feuilles pilées de rara (B), Loga-
niacée, Strychnos sp.; de ihina zimbe (M), Amarantacée, Ama-
rantus caudatus; les racines pilées de kor (M), Anonacée, Popowia
sp.; les feuilles et l'écorce pilées de sele (M), Lég. mimosée, Pro-
— 363 —
Stérilité.
Cet état est attribué au gros poisson silure abalakpwa (B).
Frictions sur le ventre des femmes stériles, avec le latex jaune de
pangala yoenu (B), Hypéricacée, Harunga paniculata. La
décoction de la racine de ngorozo (B), Liliacée, Asparagus africanus;
de ziniya (M), Lég. mimosée, Parkia filicoidea; de gbafio (M),
Commelinacée, Commelina sp.; de ebi angu (B), Graminée, Olyra
latifolia; de kelengwagwa (B), Sapindacée, Paullinia pinnata est
donnée à la femme qui désire beaucoup d'enfants; elle consomme
aussi la racine cuite de ihina kobem (M), Lég. pap. Eriosema
pulcherrimum et de gbasali (G), Lég. pap. Eriosema Tisserantii,
Stupéfiants a poissons.
Les feuilles vertes pilées de lamala (M), Composée, Vernonia
primulina, pour les petits poissons; les graines de kelengwagwa
(B), Sapindacée, Paullinia pinnata; les tubercules de badiya (M),
Aracée, Anchomanes petiolatus; les tubercules et bulbilles de da
(M), Dioscorea bulbifera; les feuilles pilées de gbado (G), Lég.
césalp. Cassia alata, cette plante doit être utilisée seule et non
en mélange avec d'autres espèces; les feuilles pilées de odo (B),
Lég. pap. Tephrosia Vogelii; de yabru (G), Lég. pap. Mundulea
suberosa; les fruits et l'écorce de sele (M), Lég. mimosée, Prosopis
af ricana, en association avec les fruits de ye (M), Lég. mimosée,
Amblygonocarpus Schweinfurthii; l'écorce de la racine, les feuilles
— 364 —
Syphilis, daveke (B), kuporo (B), plaie des pillards; kobo Sabanga
(B), mal des Sabangas.
Maladie autrefois inconnue en pays Banda et Manja, elle semble
avoir été introduite par les esclavagistes et répandue ensuite par
l'occupation du pays.
En boisson, la décoction des racines de kor (M), Anonacée,
Popowia sp.; de bangabingi (M), Combrétacée, Combretum Mor-
theani; de yakerbene (G), Euphorbiacée, Maprounea membrana-
cea; de ganya (M), Rubiacée, Craterispermum Schweinfurthii.
En lotion sur les plaies, la décoction de l'écorce de bibera (M),
Combrétacée, Terminalia glaucescens; des racines de kukundu
(M), Loganiacée, Strychnos innocua; des racines de ebele (B),
Rubiacée, Morinda lucida; des feuilles de kudubru (M), Rubiacée,
Mussaenda arcuata.
En application sur les plaies, la poudre des feuilles desséchées
de waye (M), Lég. pap. Crotalaria sp.; la poudre de l'écorce
desséchée de ebele (B), Rubiacée, Morinda lucida.
Toux.
Maladie attribuée, par les Man j as, à l'antilope kode. Le malade
doit s'abstenir de consommer de la chair de tout animal à plumes :
poules, pintades, oiseaux; il boit la décoction des feuilles de ene
(M), Cypéracée, Scleria racemosa, en association avec celles de
ngubi (B), Anacardiacée, Haematostaphis Pierreanum; celle des
feuilles de bendu (M), Ampélidacée, Ampelocissus cinamochroa ;
de sahanya (M), Labiée, Ocimum americanum, à laquelle on ajoute
un peu de farine de maïs ou de manioc pour former une bouillie
pectorale; des jeunes pousses de egbire (B), Lég. mim. Acacia
verugera; des feuilles de mazimbre (M), Lég. pap. Abrus pulchel-
lus; de l'écorce de alya (B), Verbénacée, Vitex crenata; d'écorce
des racines de kongola (M), Lég. mim. Dichrostachys glomerata,
qui est aussi employée contre la coqueluche des petits enfants;
de l'écorce de tola (M), Lég. mim. Acacia abyssinica.
Est aussi prise contre la toux, l'eau de macération, mêlée aux
aliments, d'un morceau de tubercule de badya (M), Aracée, Ancho-
manes petiolatus; des feuilles de nde (M), Ulmacée, Tréma gui-
— 365 —
Varicelle.
L'individu atteint de ce mal fait une abondante consommation
des fruits de arangaya (M), Solanacée, Solanum sp. et la
décoction des feuilles de te foso (M), sert à ses ablutions journalières
(Rutacée, Clausena anisata).
Vers.
Vers oxyures, kemwe (B), vers intestinaux, mingoro (B).
Contre le ténia, l'indigène doit consommer tout d'abord
beaucoup de bananes, puis il boit la décoction des racines de nya
chindo (M), Cucurbitacée, Mukia scabrella ou celle de l'écorce
des rameaux de andoko (B), Sapotacée, Chrgsophyllum Laurentii
ou mange trois à quatre graines de zingadila (M), Euphorbiacée,
Jatropha curcas, pilées et mélangées à une bouillie.
Contre les vers oxyures, sont introduits dans l'anus :
les cendres des racines du manioc, mêlées à du sel indigène; les
feuilles pilées de dazu (M), Labiée, Coleus dazo; le suc des racines
de ba ngula (M), Euphorbiacée, Bridelia micrantha; le suc des
feuilles de manga (M), Solanacée, Nicotiana tabacum; le culot
résiduaire d'une pipe de société.
En lavement contre les vers intestinaux, on utilise la décoction
des feuilles de lamala (M), Composée, Vernonia primulina, qui
est aussi bue par le malade et la décoction des racines de malo
(M), Polygalacée, Securidaca longepedunculata.
Sont bues ou consommées, le matin, à jeun : la décoction des
feuilles de ere pan jeton {M), Asclépiadacée, Periploca nigrescens,
en petite quantité, une cuillerée à soupe environ, dans une
bouillie de farine de maïs ou de manioc; la décoction des racines de
njaka (B), Rutacée, Clausena anisata; la décoction des feuilles de
ndolo (B), Composée, Vernonia senegalensis ; les tiges pilées avec
des grains de sésame et du sel indigène de babira (M), Pipéracée,
Piper umbellatum; l'eau de macération de l'écorce de la racine
de gba ere (M), Asclépiadacée, Omphalogonus calophyllus, est
donnée aux enfants comme vermifuge.
Vomitifs.
Sont employés comme vomitifs : les feuilles mangées en épi-
nards de mbuli (M), Composée, Ageratum conyzoides; les graines
pilées de bivro (B), Marantacée, Trachyphrynium violaceum, con-
— 367 —
Yeux.
Certains maux d'yeux sont attribués à la civette otu (B). La
décoction des feuilles de ko bure (M), Euphorbiacée, Maprounea
membranacea, en lotion contre la chassie des yeux des petits
enfants; en lotion, sont employées : la décoction des feuilles de
edi (B), Euphorbiacée, Phyllantus floribundus; des feuilles de
fuko (B), Ochnacée, Ouratea myrioneura; de kamato (M), Ampé-
lidacée, Cissus pendilla; de l'écorce des rameaux de ganya (M),
Rubiacée, Craterispermum Schweinfurthii.
Pour procéder à des instillations dans l'œil, les feuilles ou les
raclures des racines pilées sont pressurées à l'aide d'une feuille
de duma (M) qui a la particularité de se plier en deux et sert ainsi
de compte-gouttes.
Le suc des feuilles pilées de bito (M), Lég. pap. Desmodium
lasiocarpum et celui des feuilles de vava (G), Verbénacée, Lan-
tana trifolia, pour les yeux blessés (choc sur le globe oculaire);
le suc des feuilles de gayambali (G), Composée, Microglossa sp.
contre la conjonctivite; le suc de la racine de ndandalida (M),
Nyctaginacée, Boerhaavia repens, contre le filaire de l'œil; contre
les maux d'yeux : la sève de la tige de kenga (M), Zingibéracée,
Costus Schlechteri et de la liane ndaya (B), Dilléniacée, Tetracera
potatoria; contre les moucherons tombés dans l'œil, on instille
quelques gouttes du latex de libele zonga (G), Euphorbiacée,
Euphorbia hirta, de même contre les poussières dans l'œil; le
suc des feuilles de gonge (M), Composée, Mikania scandens, de
evere (B), Tiliacée, Grewia mollis, de sayi (M), Euphorbiacée,
Mallotus oppositifolius, de mbulu (B), Euphorbiacée, Alchornea
cordifolia, sont aussi utilisés.
Contre le compère-loriot, on emploie la sève des racines de
bindoro (M), Rubiacée, Oldenlandia sp.
(d suivre).