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RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
CONFIDENTIEL
Rapport de contrôle
Sous-DIRECTION
DU CONTROLE
A FA
- juillet2021-
Liberté É8aiité Frntern,M
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Sous-DIRECTION
DU CONTROLE
N° AP-2020-04
CONFIDENTIEL
Rapport de contrôle de
la
Commune de Marseille
Établi par
M me
Inspectrice
M.
Inspecteur
Juillet2021-
Rapport sur la commune de Marseille
Synthèse
En l’absence de dispositif global anticorruption déployé au sein de la collectivité, l’équipe de contrôle s’est
attachée à déterminer l’existence et l’efficacité des mesures et procédures susceptibles d’évaluer, de
prévenir et de détecter les risques d’atteinte à la probité.
L’initiation fin 2019 d’une démarche de cartographie des risques majeurs à l’échelle de la collectivité
constitue une base sur laquelle la collectivité peut utilement construire une démarche de maîtrise des
risques. Toutefois, cette cartographie ne prend que très faiblement en compte les risques d’atteintes à la
probité (un risque sur trente, non classé parmi les dix prioritaires) et exclut de son périmètre les mairies de
secteur et les élus, zones de risques importantes. Elle devra ainsi être complétée par une analyse des
processus les plus à risques.
En matière de prévention, une référente déontologue a été nommée en 2018, conformément aux obligations
légales. L’équipe de contrôle note que, si celle-ci intervient de manière volontariste sur le champ de la
commande publique, elle n’est toutefois pas suffisamment identifiée au sein des services et n’était que peu
sollicitée par les élus sous la précédente mandature. De plus, à la date du contrôle, la commune ne dispose
pas d’une charte de déontologie ni pour les élus ni pour les agents. En l’absence de tout document assimilable
à un code de conduite et de tout plan de formation spécifique aux risques d’atteinte à la probité (en dehors
du champ de la commande publique), l’équipe de contrôle a pu constater une insuffisante culture de la
probité au sein des services. La pratique courante des recrutements familiaux mise en évidence dans le
présent rapport ou le nombre important de fonctionnaires ayant fait l’objet de plaintes pénales pour des
faits d’atteintes à la probité en sont l’illustration. Cette insuffisance de la culture de la probité est renforcée
par l’absence d’un régime disciplinaire adéquat. En effet, l’équipe de contrôle a relevé une certaine
hétérogénéité dans les sanctions appliquées en cas de manquement au devoir de probité ainsi qu’une
réticence à prendre des sanctions administratives en amont des sanctions pénales.
Le dispositif de recueil des signalements, obligatoire depuis 2018, n’a été déployé que quelques jours avant
la clôture du contrôle et n’a ainsi pu être audité. Il devra être diffusé largement dans les services et pourrait
utilement, dans un second temps, être ouvert aux satellites, délégataires voire prestataires de la commune.
Enfin, si le renforcement des moyens et des missions de l’inspection générale des services depuis 2017
permet à la commune de disposer d’un service d’audit interne opérationnel, l’équipe de contrôle a constaté
un déploiement très inégal du contrôle interne au sein des services. En effet, à l’exception de la commande
publique, les processus examinés par l’équipe de contrôle (délivrance des autorisations d’urbanisme, mairies
de secteur, et, dans une moindre mesure, attribution des subventions) ne disposent ni de procédures
formalisées ni de dispositif de contrôle interne.
S’agissant du processus de la commande publique, le dispositif de maîtrise des risques apparaît assez robuste
en ce qui concerne les procédures formalisées, mais est insuffisant s’agissant des achats de plus faible
montant. L’équipe de contrôle a ainsi pu mettre en évidence des dysfonctionnements importants,
notamment au sein des mairies de secteur et recommande de refondre l’organisation des services
s
Rapport sur ta commune de Marseitle
fonctionnels compétents afin d’améliorer le dispositif de contrôle, notamment sur les marchés dont le
montant n’atteint pas les seuils européens.
Le processus d’attribution des subventions dispose d’un service fonctionnel centralisé par lequel passent
toutes les demandes dans une optique de sécurisation juridique. L’équipe de contrôle note toutefois que
l’absence de règlement budgétaire et financier et de règlements d’attribution prive la commune de
transparence dans l’attribution et de possibilités de contrôle du processus, notamment par le conseil
municipal. Il est ainsi recommandé de mettre rapidement en place ces dispositifs.
Le processus de délivrance des autorisations d’urbanisme présente de graves zones de risques d’atteinte à
la probité non maîtrisées en l’absence de toute procédure écrite encadrant l’activité du service. L’équipe de
contrôle a par exemple détecté des conflits d’intérêts non traités chez certains responsables ou anciens
responsables du service. De plus, en l’absence de procédure clarifiant la chaîne de décision, il n’est pas
possible de s’assurer du bien-fondé du contournement par la hiérarchie, détecté par l’équipe de contrôle lors
de son contrôle sur place, de certaines propositions de refus de permis de construire émises par les
instructeurs compétents. L’équipe de contrôle recommande à la commune de diligenter un audit interne, de
doter le service de procédures formalisées et de déployer un plan de formation relatif à la probité spécifique
au service.
Enfin, l’équipe de contrôle a mis en évidence l’absence de tout contrôle effectif sur les actes des mairies de
secteur (recrutement de vacataires, achats de biens cessibles, attribution de logements sociaux..), qui a pu
mener à des dérives lors de la précédente mandature. Il est recommandé à la commune de redéfinir le cadre
des relations entre les services centraux et les mairies de secteur en y intégrant la volonté de sécuriser les
actes de ces dernières.
En réponse au rapport provisoire, le maire de Marseille a indiqué avoir engagé des actions correctives sur
certaines anomalies relevées dans ce rapport et prévoir d’utiliser ce dernier « comme un élément
fondamental du futur dispositif anticorruption » au sein de l’administration communale. Il a également
indiqué que ce rapport serait présenté au conseil municipal et qu’un suivi annuel de la mise en oeuvre des
recommandations serait effectué. Ces éléments sont de nature à considérer que la commune s’est engagée
dans une démarche volontariste de prévention des atteintes la probité.
6
n Rapport sur la commune de Marseille
Observations et recommandations
Le contrôle par l’Agence française anticorruption (AFA) des mesures et procédures mises en oeuvre par la
commune de Marseille pour prévenir et détecter les atteintes à la probité a été réalisé du 11 septembre
2020 au 12février2021, sur le fondement du 30 de l’article 3 de la loi n°2016-1691 du 9décembre 2016.
À l’issue du contrôle, I’AFA formule des observations sur les points qui restent à améliorer, ainsi que des
recommandations.
Observations Recommandations
Engagement 1 Û
Déontologie 4 3
Formation 1 1
Dispositif d’alerte o o
Régime disciplinaire 1 1
Contrôles 7 6
Focus 3 3
Total 20 16
7
________
OBSERVATION N’l À LA DATE DU CONTROLE, IL N’EXISTE PAS AU SEIN DE L’ENTITE CONTROLEE DE DISPOSITIF GLOBAL ET EFFECTIF DE
‘REVENTION ET DE DETECTION DES ATTEINTES A LA PRORITE 19
OBSERVATION N’2 À LA DATE DU CONTROLE, LACOMMUNE DE MARSEILLE NE DISZOSE NI D’UNE CARTOGRAPHIE DES RISQUES D’ATTEINTE
RISQUES DATTE NTESA LA PROBITEAUXQUELS ELLE ESTREELLEMENT EXPOSEE, LES EVALUERA LEURJUSTE NIVEAU ETLESSO’JMETTRE A UN
PLAN D’ACTON DE NATURE A LES MAFRISER 26
OBSERVAT’ON N4 À LA DATE DU CONTROLE, LA COMMUNE DE MARSEILLE NE DISPOSE PAS D’UN OU DE PLUSIEURS DOCUMENTS QUI,
LA COMMUNE DE MARSEILLE. DES RISQUES D’ATTEINTE A LA PROBITE EN DECOULENT, NOTAMMENTSUR LES MARCHES DE FAIBLE MONTANT
QUI ECHAPPENT A TOUT CONTROLE INTERNE 60
OBSERVATION N’lS À LA DATE OU CONTROLE, LA COMMUNE N’A PAS ADOPTE DE REGLEMENT D’INTERVENTION DETAILLANT LES MODALITES
D’ATTRIBUTION DES SUBVENTIONS SUR LES DEUX DOMAINES AUDITES (SPORT ET CULTURE) NI ELABORE DE PROCEDURE INTERNE
CE CCNE)CE, PLUSIEURS DYSFONCTIONNEMENTS GRAVES POJVANT CCNSTLUER DES ArEINTES A LA PROBLE 0N ETE DETEC’TS ‘AR
L’EQLIPE DE CONTRO 76
8
Rapport sur la commune de Marseille
OBSERVATION N’lS À LA DATE DU CONTROLE, LA FAIBLESSE DES CONTROLES DE LA MAIRIE CENTRALE NE PERMET PAS DE MAITRISER LE
RISQUE DE PRISE ILLECALE D’INTERETS DANS LES RECRUTEMENTS PAR LES MAIRIES DE SECTEUR 83
OBSERVATION N’2O À LA DATE Du CONTROLE, LES MESURES DE PREVENTION ET DETECTION DES RISQUES D’ATTEINTE A LA PROBITE SONT
LARCEMENT INSUFFISANTES AU SEIN DES MAIRIES DE SECTEUR. LE FAIBLE CONTROLE EXERCE PAR LES SERVICES CENTRAUX N’A PAS PERMIS
D’EVITER PLUSIEURS DYSFONCTIONNEMENTS GRAVES SUSCEPTIBLES DE CO’STFJR DES ATTEI’JTES A LA ‘ROBITE 90
9
Rapport Sur B commune de Marseille
RECOMMANDATION N°1: AVANT LA FIN DE L’ANNEE 2021, REALISER UNE CARTOGRAPHIE DES RISQUES D’ATTEINTES A LA PROBITE EN
PR ORISANT LES PROCESSUS PARTICULIEREMENT EXPOSES (AUTORISATIONS D’URBANISME, MAIRIES DE SEC’EUR, COMMANDE PUBLIQUE,
SUBVENTIONS). RETENIR UNE METHODOLOGIE FONDEE SUR UNE ANA..YSE FINE DES PROCESSUS DE NATURE A o:FRIR L’ASSURANCE
RAISONNABLE QUE ES RSQUES D’ATTENTES A LA ROBL’E IDEN”;FIES SOIENT LE FIDELE REFLET DES RISQUES AUXQUELS L’ENT TE EST
REELLEMENT EXPOSEE ET, D’AUTRE PART, QUE LEUR COTATION ET LEUR I-iIERARCHISATION SOIENT PERTINENTES. À CETTE FIN, L’ENTITE
CONTRO..EE PEUT UTILEMENT S’MPUYER SUR ES RECOMMANDATIONS DE L’AFA DISPONIBLES SUR SON SITE. 26
RECOMMANDATION N°2: AVANT LA N DE L’ANNEE 2021, ADOPTER, POUR LES ELUS ET LES AGENTS, UN CODE DE CONDUITE PRECISANT LES
REGLES DEONTOtOGIQUES EN VIGUEUR AU SEIN DE LA COMMUNE ET LES SANCTIONS ENCOURUES EN CAS DE VOLATION DU CODE DE
CONDUITE OU DE MANQUEMENT AU DEVOIR 0E PROBITE, RAPPELANT LE DiSPOSITIF D’ALERTE INTERNE ET FORMALISANT LES CONDITIONS
D’ACCEPTATION DES CADEAUX ET INVITATIONS. CE CODE DEVRA NECESSAIREMENT COMPORTER DES EXEMPLES 0E COMPORTEMENTS A
PROSCRIRE EN S’APPUYANT SUR LA CARTOGRAPHIE DES RISQUES D’ATTEINTE A LA PROBITE 31
RECOMMANDATION N°3 AVANT LA FIN DU PREMIER SEMESTRE DE L’ANNEE 2022, PRECISER DANS LA CHARTE DEONTOLOGIQUE APPLICABLE
AUX AGENTS LA PROCEDURE DE PREVENTION ET DE GESTION DES CONFLITS D’INTERETS ET DEFINIR LES MODALITES DE CONTROLE
AFFERENTES. 35
RECOMMANDATION N°4: ACTUALISER LES PROCEDURESAPPLICABLES EN MATIERE DE CUMULS O’ACTIVITES ET DE CONTROLE DEONTOLOGIQUE
DES MOBILITES EXTERNES ET VEILLER A LEUR APPROPRIA11ON PAR LES AGENTS 37
RECOMMANDATION N°5 : INSCRIRE UNE THEMATIQUE PROBITE DANS LE PLAN DE FORMATION DES AGENTS POUR 2022 ET METTRE EN PLACE
LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE DES SESSIONS DE FORMATION SUR LES SECTEURS LES PLUS EXPOSES, NOTAMMENT SUR CELUI DE LA
DELIVRANCE DES AUTORISATIONS D’URBANISME 40
RECOMMANDA-ION N°6: D’ICI LA N DE LANNEE 2022, SE DOTER D’UNE PROCEDURE D’EVALJA ONDE L’INTEC-RITE DES TIERS MODULANT
LES DILIGENCES A ACCOMPL R EN CONCON DES PROFILS DE R SQUE DES O.FERENES CATEGORIES DE TIERS TELS QU’IDECIFIES PAR LA
CARTOGRAPHE DES RISQUES D’ATTEINTES A LA ROBITE 42
RECOMMANDATION N°7: PRECISER DANS LE FUTUR CODE DE CONDUITE LES SANCTIONS APPLICABLES EN CAS DE VIOLATION DU CODE DE
CONDUITE OU DE MANQUEMENT AU DEVOIR DE PROBITE ET DEVEOPPER UNE DEMARChE DE RETOUR D’EX’ERIENCE SYSTEMA1QUE
RESPECT DES PLAFONDS DE REMUNERATION FIXES PAR LA REGLEMENTATION S’AGISSANT DES MEMBRES DU CABINET 48
RECOMMANDATION N°10: METTRE EN PLACE LES CONTROLES INTERNES PERMETTANT DE S’ASSURER OU RESPECT DE LA LEGISLATION EN
MATIERE DE FRAIS DE DEPLACEMENT DANS LE CADRE DES MANDATS SPECIAUX, EN VEILLANT A ADOPTER, ANTERIEUREMENT AU
OEPLACEMENT, UNE DELIBERATION PRECISE ET NOMINATIVE 50
RECOMMANDATION N°11: AVANT LA FIN DE PREMIER SEMESTRE 2022, CONFIER LE PILOTAGE DU PROCESSUS COMMANDE PUBLIQUE A UNE
SEULE DIRECTION, FUSIONNANT NOTAMMENT LES DEUX DIRECTIONS FONCTIONNELLES EXISTANTES A DATE DU CONTROLE ET CENTRALISER
LES ACHATS DES ENTITES DONT LE VOLUME D’ACHAT ANNUEL EST FAIBLE. SUR CETTE BASE, DEPLOYER UN CONTRDLE INTERNE COUVRANT
L’ENSEMBLE DU PERIMETRE D’ACHATS, EN PROCEDANT PAR PRIORISATION OU ECHANTILLONNAGE SUR LES MARCHES DE FAIBLE MONTANT
D’INSTRUCTION, D’ATTRIBUTION ET DE CONTROLE DES SUBVENTIONS, PRENANT EN COMPTE LA PREVENTION DES RISQUES D’ATTEINTES A
‘LA PROBLE ET DES CONFL T5 D’INTER 63
10
Rapport sur la commune de Marseille
RECOMMANDATION N13 AVANT LA FIN DU PREMIER SEMESTRE 2022, RENFORCER LE SUIVI DES CONCESSIONNAIRES, NOTAMMENT CEUX
PRESENTANT LE PROFIL DE RISQUES LE PLUS ELEVE EN ELABORANT, DANS LE CADRE DE LA CARTOGRAPHIE DES RISQUES, DES SCENARIOS DE
RISQUES D’ATTEINTE A LA PROBITE CREDIBLES ET ENV ASSOCIANT DES MESURES DE PREVENTION ET DETECTION ADAPTEES 67
RECOMMANDATION N’14 CONFIER A L’INSPECTION GENERALE DES SERVICES UNE MISSION D’AUDIT DES DYSFONCTIONNEMENTS RELEVES
DANS LE ‘RESEN RA’PORT ET D’A’PU A L’ELABORATON DE PROCEDURES STRUCTURANT L’ACIVITE DU SERV’CE DES AUTORISATIONS
D’IJRBAN SME ET LA REALISA1ON, AUANTQUE DE 3ESOIN, D’ENQUrESINTERNES 76
RECOMMANDAT ON ‘J’15: AVANT LA FIN DE L’ANNEE 2022, RENFORCER LES CONTROLES PAR LA DGARH 0E TOUTES LES PROCEDURES DE
RECRUTEMENT AU SEIN 0ES MAIRIES ET SECTEUR. FORMALISER UNE PROCEOLRE INTERNE DE VALIOAT ON, COMMUNE A TOUTES LES
MAIRES DE SECTEUR, RAPPELANT LES PRINCIPES DEONTOLOGIQUES DES RECRUTEME’n. 83
RECOMMANDATION N’16 D’ICI A FIN 2022, METTRE EN PLACE 0ES PROCEDURES INTERNES HARMONISEES AU SEIN DES MAIRIES DE SECTEUR
ETORGANISER UN CONTROLE EFHCACE PAR LESSERVICES CENTRAUX 90
11
Rapport sur la commune de Marseille
Sommaire
SYNTHESE S
OBSERVATIONS ET RECOMMANDATIONS 7
SOMMAIRE 12
INTRODUCTION 14
.1 LE CADRE D’I’CERVENTION 16
1.2.1 Les dispositions législatives et réglementaires applicables 16
1.1.2 Les recommandations de (‘4M 17
1.2 LA PRISE EN COMPTE DU RISQUE D’ATTEINTES A LA PROBITE PAR L’ENTITE CONTROLEE 17
1.2.1 Des risques qui se sont Concrétisés à plusieurs reprises 17
1.3 ENGAGEMENT DES INSTANCES DIRIGEANTES 19
1.3.1 L’engagement des élus 19
(.3.2 L’engagement de la direction 20
II. DISPOSITIF D’ÉVALUATION, DE PRÉVENTION, DE DÉTECTION ET DE SANCTION DES ATTEINTES À LA PROBITÉ .22
11.1 ÉVALUATION DES RISQUES D’ATtEINTES A LA PROBITE A TRAVERS LA CARTOGRAPHIE DES RISQuES 22
11.1.1 L’absence d’une cartographie des risques d’atteintes à la probité 22
11.1.2 Une cartographie des risques majeurs à compléter et à approfondir 22
11.2 PREVENTION DES RISQUES D’ATTEINTESA LA9ROBITE 27
((.2.1 Règles en matière de déontologie et code de conduite 27
11.2.2 Formation 37
11.2.3 L’évaluation de (‘intégrité des tiers 40
11,3 DEEC1ON ET SANC’ ON DES AaEINTES A LA PROB TE 42
11.3.1 Dispositif d’alerte interne 42
11.3.3 Procédures de contrôles 46
III. FOCUS I: LA MAiTRISE DES RISQUES ASSOCIÉS A LA DÉLIVRANCE DES AUTORISATIONS D’URBANISME 70
IV.1 UNE FORTE AUTONOMIE DES MAIRIES DE SECTEUR QUI N’EST ACCOMPAGNEE D’AUCUN CONTROLE 78
IV.2 LES DERIVES OBSERVELS 78
IV.2.1 Les ressources humaines 78
IV.2.2 Les recettes 83
11/2.3 Les dépenses 88
12
Rapport sur la commune de Marseille
13
Rapport sur la commune de Marseille
Introduction
1- L’entité contrôlée
Collectivité régie notamment par les articles L. 2111-1 et suivants du code général des collectivités
territoriales (CGCF), la commune de Marseille est, de par sa population de près de 870 000 habitants, la
deuxième de France.
Elle dispose d’un budget2 de 1685 Mdc, dont 1042 Mdc en fonctionnement et 643 M( en investissement.
Elle compte 12000 agents.
À la date d’ouverture du contrôle, la maire était Mme Michèle Rubirola, élue le 4juillet 2020. Suite à sa
démission, son premier adjoint, M. Benoît Payan, a été élu maire le 21décembre2020. Le directeur général
des services est M. Benoit Quignon depuis septembre 2020.
Les seize arrondissements de la ville sont regroupés deux par deux en huit secteurs dotés chacun d’une mairie
de secteur et d’un conseil d’arrondissements conformément à la loi n°82-1170 du 31 décembre 1982.
Les secteurs élisent 303 conseillers, dont un tiers siège au conseil municipal de la commune. Le maire de
secteur est élu par le conseil d’arrondissements. Le conseil municipal proprement dit compte 101 membres,
dont 30 adjoints et 18 conseillers délégués.
Les mairies de secteur ont compétence en matière d’état civil, de gestion et d’entretien des équipements de
proximité, d’attribution de logements sociaux et ont un rôle consultatif pour les projets situés dans leurs
arrondissements. Leurs budgets (dotation de gestion locale, dotation d’investissement et dotation
d’animation) sont votés par une délibération annuelle.
14
Rapport sur la commune de Marseille
2- Déroulement du contrôle
À la date de l’ouverture du contrôle, l’équipe de contrôle était composée de Mmc, Mme et M., inspecteurs.
L’équipe a été réduite depuis le 20octobre 2020 à Mme et M..
Le contrôle de I’AFA a débuté par l’envoi d’un avis de contrôle en date du 11 septembre 2020, accompagné
d’un premier questionnaire.
L’équipe de contrôle a été informée que Mme Odile Blanc, inspectrice générale des services, serait
l’interlocutrice de l’AFA pendant la durée du contrôle.
- une sérïe d’entretiens préalables qui ont eu lieu par visioconférence, du 2 au & novembre 2020,
avec Mmc Rubirola (maire de Marseille à cette date), M. Quignon (DGS) et plusieurs DGA et
directeurs;
- une phase de contrôle sur pièces, qui a consisté en une analyse documentaire des éléments
transmis par la commune;
- une seconde phase d’entretiens à distance du 14 au 18 décembre 2021, complétée du 5 au 8
janvier; une phase de contrôle sur place du 20 au 22janvier2021.
-
La liste des personnes rencontrées en entretien figure à l’annexe n°3 du présent rapport.
L’entretien de clôture s’est tenu en visioconférence le 12 février 2021. Son compte rendu figure en annexe
n°4 du présent rapport.
Le rapport établi à l’issue du contrôle a été adressé au maire de Marseille le 20 avril 2021. Une réponse
écrite a été reçue par I’AFA e 21juin 2021 et figure à l’annexeS de ce rapport. Les suites données par I’AFA
à cette réponse sont précisées à l’annexe 6. L’ensemble constitue le rapport définitif.
15
Rapport la commune de Marseille
fig
sur
À la date du contrôle, les obligations légales auxquelles est soumise la commune de Marseille en matière de
lutte contre les atteintes à la probité découlent notamment:
- de la loi n°83-634 du 13juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, modifiée par la
loi n°2016-483 du 20 avril 2016 relative à la déontologie et aux droits et obligations des
fonctionnaires’. Cette loi o notamment défini la situation de conflit d’intérêts et mis en place des
mécanismes pour l’encadrer et la prévenir (mécanismes de déport, obligations d’abstention,
nouvelles règles en matière de cumul d’activités et élargissement des compétences de la
commission de déontologie de la fonction publique2); elle a créé un droit pour tout fonctionnaire
de consulter un référent-déontologue3 et étendu les obligations de déclaration d’intérêt4 et de
patrimoine5;
- de la loi n°2013-907 du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique fixant les
obligations déclaratives des membres élus du conseil départemental auprès de la Haute autorité
pour la transparence de la vie publique (HATVP);
- de la loi n°2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption
et à la modernisation de la vie économique, et du décret d’application n°2017-564 du 20avril 2o17
en ce qui concerne la mise en place d’un dispositif d’alerte interne et de protection des lanceurs
d’alerte.
En outre, la commune est soumise à de nombreuses autres mesures qui, si elles n’ont pas pour objectif
premier la prévention et la détection des atteintes à la probité, s’inscrivent dans un schéma global de
prévention. Il s’agit notamment
- des dispositions du code général des collectivités territoriales relatives notamment à la publicité
des délibérations;
- des règles de la commande publïque;
- du décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique
(décret GBCP). Pour être efficaces, ces règles doivent être complétées et intégrées dans un
dispositif global de prévention et de détection des atteintes à la probité, dont l’évaluation est
l’objet de ce rapport.
cette loi a en outre été modifiée par la loi n°2019-328 du 6août2019 de transformation de la fonction publique.
Décret n° 2017-105 du 27janvier 2017 relatif à l’exercice d’activités privées par des agents publics et certains agents contractuels
de droit privé ayant cessé leurs fonctions, aux cumuls d’activité et à la commission de déontologie de la fonction publique.
Décret n°2017-519 du 10avril2017 relatif au référent déontologue dans la fonction publique.
Décret n° 2016-1967 du 28décembre 2016 relatif à l’obligation de transmission d’une déclaration d’intéréts prévue à l’article 25
ter de la loi n°83-634 du 23 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, modifié par le décret n°2018-127 du 23
février 2018.
Décret n’ 2016-1968 relatif à l’obligation de transmission d’une déclaation de situation patrimoniale prévue à l’article 25
quinquies de la loi n’ 83-634 du 13juillet1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, modifié par le décret n’ 2018-127 du
23février2018.
Article I° e I. Les personnes moroles de droit public outres que l’Étot ou les personnes morales de droit privé d’ou moins
-
cinquante ogents 00 solor,és, les communes de plus de 10000 hobitonts, les déportements et les déportements ainsi que les
étoblissements publics en relevant et les étoblissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre regroupont ou
moins une commune de plus de 10000 habitants établissent les procédures de recueil des signalements prévues ou III de l’article B
de b loi du 9décembre2016 susvisée, confarmément aux règles qui régissent l’instrumenr juridique qu’ils adoptent
16
Rapport sur la commune de Marseille
Afin de satisfaire au 3’ de l’article 3 de la loi n°2016-1691 du 9 décembre 2016, I’AFA recommande aux
dirigeants des acteurs publics et des associations et fondations reconnues d’utilité publique qui y sont
assujettis de mettre en place, de manière proportionnée, un dispositif anticorruption permettant de
connaître leurs propres risques et de prévenir, détecter et sanctionner les éventuelles atteintes à la probité,
comprenant:
La commune a indiqué8 avoir été confrontée à plusieurs cas d’atteinte à la probité et en a présenté un
certain nombre, dont le plus ancien date de 2007. Les cas évoqués par la commune concernent aussi bien
des agents qu’un de ses satellites. Les suites disciplinaires ou pénales données à ces situations seront
développées au
11.3.2
- en 2007, un agent d’un bureau municipal de proximité a commis un vol aggravé et s’est rendu
coupable d’abus de confiance9;
- entre 2005 et 2010, plusieurs employés du musée Cantini auraient mis en place un système de
double billetterie et auraient ainsi détourné plusieurs dizaines de milliers d’euros;
- en 2015, la vente de faux tickets d’entrée dans les piscines municipales aurait permis un
détournement de fonds publics;
- en 2017, l’organisation du temps de travail au SAMU social aurait permis aux employés d’être
rémunérés à temps plein pour un travail à temps partiel
Pour les agents soumis au droit de la fonction publique, dans le cas où le code de conduite comprendrait des dispositions revêtant
un caractère statutaire, une sanction disciplinaire ne peut être prononcée sur e seul motif d’une violation de ces dispositions, mais
uniquement en cas de manquement au devoir de probité, éclairé le cas échéant par le code de conduite.
Cf. fichiers 2OAFA-sanctions RH manquement à l’obligation de probité.doc, 2OAFA-Dossiers plaintes atteintes à la probité.pdf,
2OAFA-IMM.pdf
ces faits ont fait l’objet d’une condamnation pénale et d’une indemnisation de la ville en tant que partie civile.
17
Rdpport sur la commune de Marseille
- en 2019, un éducateur territorial des activités physiques et sportives, titulaire, a manqué à ses
obligations de probité et d’intégrité en détournant des fonds et commis d’autres malversations
d’ordre privé;
- la vérification d’une régie en 2019 a permis de constater que le régisseur, adjoint administratif
contractuel, a omis de déposer la somme de 4860€ en numéraire au coffre de la régie;
- une somme de 6824€ aurait été détournée, en 2019, par une adjointe territoriale d’animation;
- en 2020, un adjoint technique territorial principal de ire classe aurait sollicité un don financier
auprès d’une famille lors d’un convoi funèbretm;
- en 2015, une enquête interne réalisée par la DGS sur une mairie de secteur a mis en exergue les
agissements d’un animateur responsable d’un équipement culturel qui, avec la complicité d’autres
agents, aurait favorisé l’obtention d’un marché à une association dont son épouse était présidente
et cumulé, sans autorisation, une activité rémunérée au sein de cette association avec son emploi
de fonctionnaire
- la commune a été informée fin 2020, par le président d’une association d’aide à la création
d’entreprise dans laquelle elle est représentée et qu’elle subventionne, de détournements de fonds
qui auraient été commis par le responsable financier de cette association.
Par ailleurs, l’analyse des rapports d’enquêtes réalisés par l’inspection générale des services (IGS) depuis
2017 a permis de constater d’autres faits
- un conseiller municipal délégué a utilisé, à des fins personnelles, entre 2010 et 2018 et en dehors
de tout cadre légal, deux véhicules de service affectés à une direction, ainsi que la carte permettant
de s’approvisionner en carburant aux pompes municipales. En outre, les amendes infligées pour des
infractions au code de la route commises pendant cette période avec ces véhicules n’ont pas été
payées par l’utilisateur1t;
- le maire et plusieurs cadres d’une mairie de secteur ont utilisé des véhicules personnels ou loués à
leur intention, ainsi que des cartes essence « à des fins de complément de salaires)> 12;
- les gardiens des stades ont exploité des buvettes durant de nombreuses années, au sein même des
stades et au vu et au su de tous. Cette activité, qui ne peut être autorisée dans le cadre de la
législation sur les cumuls d’activités, constituait un complément de rémunération et s’exerçait sans
aucun contrôle.
Outre ces cas signalés dans la réponse de la collectivité au questionnaire de I’AFA ou relevés par l’équipe de
contrôle, d’autres pratiques contestables ont été soulevées par la chambre régionale des comptes, telle que la
gestion des emplois municipaux permettant notamment l’embauche d’agents ayant dépassé la limite d’âge.
Les pièces et réponses apportées par la commune montrent que celle-ci n’a mis en oeuvre, à la date du
contrôle, qu’un nombre limité de mesures et dispositifs susceptibles de contribuer à la maîtrise des risques
ces faits ont fait l’objet d’une plainte de la part de la famille et l’agent a fait l’objet d!une sanction discplir’aVe
“kf. fichier: Rapport véhicule M. xxx.pdf.
cf. fichie’ 201S0S06EAcARTE5r0TALRDEFIGS.pdf.
18
Rapport sur la commune de Marseille
La commune ne dispose donc pas d’un dispositif global de prévention et de détection des atteintes à la
probité tel que prévu par la loi n°2016-1691 du 9 décembre 2016.
Observation n°1: À la date du contrôle, il n’existe pas au sein de l’entité contrôlée de dispositif global
et effectif de prévention et de détection des atteintes à la probité.
L’engagement des instances dirigeantes constitue « un élément fondateur de la démarche de pré ventian et
de détection de la corruption ». Pour I’AFA, cet engagement implique de
- porter réellement le dispositif anticorruption, par une communication personnell&6, le suivi effectif
du lancement, de la conception, de la validation et du déploiement du dispositif anticorruption, ainsï
que la participation à la mise en oeuvre opérationnelle de certaines mesures et procédures;
- déployer les moyens adéquats, en faveur, notamment, de la fonction conformité/déontologie et des
dispositifs de contrôle interne et d’audit;
- le cas échéant, prendre les sanctions adaptées.
Mme Rubirola et M. Payan, tous deux candidats sur la liste e Printemps Marseillais » lors de la campagne des
élections municipales de 2020, ont manifesté leur engagement en matière de lutte contre les atteintes à la
probité en intégrant au programme de campagne un objectif de e Gouvernance éthique et [de]
transparence ,>17
Cette volonté de transparence s’est traduite par la diffusion sur le site internet du Printemps Marseillais des
déclarations de patrimoine des candidats aux huit mairies de secteur18. Par ailleurs, figure dans la charte
éthique des candidats l’engagement suivant e Le-a candidat-e fournit une déclaration relative à ses activités
professionnelles et à ses engagements professionnels et financiers afin de prévenir tout conflit d’intérêts
pendant la campagne et le mandat». Cet engagement est conforme à la volonté de e généraliser les
déclarations de patrimoine et d’intérêts des élus »‘.
Il a été indiqué à l’équipe de contrôle que tous les élus du Printemps Marseillais déposeraient au plus tard le
21 février 202120 leurs déclarations de situation patrimoniale et d’intérêts, ce qui constitue une mesure
extralégale, le législateur ne prévoyant une obligation de transmission à la HATVP d’une déclaration
d’intérêts et d’une déclaration de situation patrimoniale que pour les élus titulaires d’une délégation de
fonction ou de signature.
16comme l’évocation de ces sujets en assemblée délibérante ou en cODIR, l’approbation formelle d’un dispositif anticorruption, la
signature ou la préface d’un code de conduite ou d’une charte de déontologie, des prises de paro’e publiques, etc.
12
httçs://printempsmarseillais.fr/2D2O/O6/26/gouvernance-ethique-et-transparence/
Michéle Rubirola, sophie camard, Olivia Fortin, Benoit Payan, Jérémy Bacchi, Jean-Marc coppola, Yannick Ohanessian et Aïcha
19
Rapport sur la commune de Marseille
-
« Renforcer la transparence et l’information des habitants,
- renforcer les moyens de formation et de contrôle de l’action municipale,
- inspection générale des services aux moyens renforcés,
- interdiction d’employer un proche comme collaborateur et de recruter des agents publics ayant un
prache élu,
- lancement d’un audit des risques d’atteinte ô la probité»;
- signature par les élus de la majorité « d’un acte d’engagement déontologique qui comprend les
termes de la charte de l’élu prévue par la lai ainsi que l’acceptation des règles spécifiques mises en
place par la municipalité en matière de formation, d’assiduité, de transparence, ainsi que de sanctions
en cas de manquement à ces engagements’>;
- lancement d’un audit « des règles de mise en concurrence prévues par la collectivité pour les marchés
publics, les concessions et les délégations de service public est effectué pour s’assurer de leur
intelligibilité et de leur clarté, notamment en matière de notation, afin de permettre aux membres de
la commission d’appel d’offres d’exercer leurs fonctions en toute transparence ».
Lors de son discours d’investiture21 du 4juillet 2020, Mme Rubirola a exprimé sa volonté de transparence,
affirmant que « le clanisme, le népatisme, le clientélisme ont vécu ». Elle s’est engagée à suivre les
recommandations de la chambre régionale des comptes et adonné lecture de la charte de l’élu (art. L. 1111-
1-1 du CGCT).
Une charte de déontologie des élus22, en cours d’élaboration, prévoit qu’ils «s’engagent ô respecter les
principes de transparence, d’intégrité, d’exemplarité, de respect, d’honneur, d’impartialité et de dignité ». Elle
prévoit, par ailleurs, en son article huit, que les élus s’engagent à démissionner en cas de condamnation
pénale.
Rapidement après son élection, la nouvelle municipalité a élaboré un dispositif d’alerte interne
conformément aux dispositions de la loi n°2016-1691 du 9 décembre 2016. Ce dispositif a été voté lors du
conseil municipal du 8février2021.
Un groupe de travail composé paritairement entre majorité et opposition pour élaborer le règlement
intérieur du conseil municipal a été mis en place lors de la séance du 10juillet 2020. Ce règlement intérieur
a été adopté lors du conseil municipal du 8février2021.
Au moment du contrôle, intervenu peu de temps après leur élection, plusieurs éléments témoignant de
l’engagement de Mme Rubirola et de M. Payan à mettre en oeuvre un dispositif de prévention et de détection
des atteintes à la probité ont été identifiés
Les services de la ville sont placés sous l’autorité de M. Benoit Quignon, directeur général des services (OGS)
depuis septembre 2020.
Son engagement en matière de probité s’est traduit rapidement par des décisions structurantes tant au
niveau de la mairie centrale que des mairies de secteur.
Ainsi, la réorganisation des services permettant « une cohésion de l’administration, par le resserrement de
son comité exécutif, et la mise en place d’un réel dialogue social et d’une véritable communication interne>)
a été votée en conseil municipal le 8février2021.
20
Rapport sur la commune de Marseille
Par ailleurs, la mission d’audit a été renforcée par la mise en place d’un comité d’audit23 chargé de proposer
un plan d’audit annuel au maire, présidé par le DGS et comprenant deux conseillers municipaux et deux
personnalités extérieures, alors qu’auparavant, seul le DGS décidait des audits à mener.
S’agissant des mairies de secteur, es délégations de signature n’ont été accordées que plusieurs mois après
l’installation des nouveaux exécutifs afin de recentraliser au niveau du DGS la signature de l’ensemble des
actes.
Néanmoins, l’équipe de contrôle invite la direction de la collectivité à veiller à formaliser son engagement en
matière de maîtrise des risques d’atteinte à la probité et à communiquer largement sur ce sujet auprès des
services.
21
Rapport sur la commune de Marseille
11.1 Évaluation des risques d’atteintes à la probité à travers la cartographie des risques
L’AFA recommande aux acteurs publics de mettre en place une évaluation des risques d’atteintes à la probité
prenant la forme, notamment pour les acteurs publics de taille significative, d’une cartographie des risques
d’atteintes à la probité. Cette cartographie peut être spécifique ou intégrée dans une cartographie générale
des risques de l’entité, sous réserve de l’utilisation d’une méthodologie offrant l’assurance raisonnable que
les risques d’atteintes à la probité identifiés soient le fidèle reflet des risques auxquels l’entité est réellement
exposée et) d’autre part, que leur cotation et de leur hiérarchisation soient pertinentes.
La commune de Marseille ne dispose pas d’une cartographie spécifique recensant les risques d’atteinte à la
probité. Plus généralement, elle n’a engagé aucune démarche particulière pour analyser les risques
d’atteintes à la probité auxquels elle pouvait être exposée.
Si elle ne dispose pas d’une cartographie spécifique des risques d’atteintes à la probité, la commune a
néanmoins formalisé une cartographie des risques majeurs portant sur son activité. Cette cartographie a été
commandée par le DGS à l’IGS fin 2019 et restituée en COMEX le 16juin 2020 après validation, la veille, par
le DGS.
Pour ce premier exercice, le périmètre de cette cartographie a été limité aux services de la commune, à
l’exclusion notable du champ des élus et des mairies de secteurs. Il est à noter qu’à la date du contrôle, un
audit sur les mairies de secteur est en cours par l’IGS24. Lors de la phase contradictoire, la commune a indiqué
avoir achevé l’exercice et procédé à sa restitution aux « personnes concernées ».
La commune a par ailleurs précisé ne pas disposer de cartographie de ses processus. Cette absence obère la
capacité de la commune à identifier des risques à partir d’une analyse fine de ses processus. Dans sa réponse
au rapport provisoire, la commune a indiqué qu’ « une analyse des macro-processus de la Ville est en cours
et fera l’objet d’un séminaire d’encadrement réunissant les OGA et directeurs de la Ville, début juillet 2021 ».
L’équipe de contrôle note en préambule que si la méthodologie détaillée de réalisation a été fournie, le
registre des risques transmis est une version de travail dans laquelle les cotations des risques bruts et nets
n’apparaissent pas.
11.1.2,1.1 Rôles et responsabilités dan5 l’élaboration, la mise en oeuvre et la mise à jour de la cartographie des risques
L’IGS ayant été missionnée par le DGS sur l’élaboration de la cartographie des risques de la collectivité, c’est
l’inspectrice générale qui en a assumé la conduite. Elle s’est pour cela appuyée sur le « manager des risques »,
un membre de son équipe recruté fin 2019 avec pour mission principale d’élaborer la cartographie, les plans
22
Rapport sur la commune de Marseille
d’actions afférents et d’assurer leur suivi au sein de la collectivité. L’IGS s’est également appuyée sur un
cabinet spécialisé, ARENGI, pour l’aider à mettre en place la méthodologie d’élaboration.
L’identification des risques a été réalisée dans le cadre d’une série d’entretiens (environ 45) menés par l’IGS
et son prestataire ARENGI25 au cours du premier trimestre 2020, sans analyse préalable des processus sous
tendant l’activité de la commune. Ces entretiens ont été réalisés avec des membres de l’encadrement
supérieur de la collectivité (DGS, DGA, directeurs notamment) et n’ont pas donné lieu à compte rendu du tait
de l’utilisation d’un progiciel26 fourni par le prestataire27.
Ces entretiens étaient précédés de l’envoi d’un questionnaire demandant aux personnes concernées
d’identifier cinq risques majeurs à l’échelle de leur périmètre et cinq risques majeurs à l’échelle de la
commune. Le questionnaire définissait la notion de risque majeur comme «tout événement empêchant
l’atteinte des objectifs assignés aux Services, et/ou de nature à provoquer des préjudices graves oux
administrés, et/ou de porter atteinte au patrimoine de la Ville, à ses finances et sa réputation », ce dans un
horizon de cinq à six ans28. L’objectif assigné aux entretiens était notamment de détailler les scénarios
associés aux risques identifiés par les personnels audités dans leurs réponses au questionnaire. Il apparaît
que les faits d’atteinte à la probité avérés ou soupçonnés évoqués supra n’ont pas été pris en compte dans
l’élaboration des scénarios de risques.
Le registre des risques compte 30 risques, classés en 9 catégories29. Parmi ces risques, un seul (risque n°24)
évoque les risques d’atteinte à la probité : « Comportement et pratiques non éthique(s)/Fraude interne ou
externe/Corruption »30. La description de ce risque est très large:
« # des actes de fraude in terne (détournement de fonds,...) liés à ses opérations d’encaissement/décaissement
# des dérives dans le cadre de l’attribution des marchés publics (collusion, corruption, ...)
# des dérives dans le cadre d’attribution d’aides, de subventions ou d’autorisations diverses (logements
sociaux, permissions de voirie, permis de construire, subventions aux associations, ,.,). »
Un seul scénario de risque est identifié <(cas de non-conformité majeure (fraude/corruption) se traduisant
par plusieurs condamnations pénales (élus et/ou services), entachant durablement la réputation de la Ville ».
L’équipe de contrôle note qu’il s’agit moins d’un scénario de risque que des conséquences de ce risque.
Finalement, l’équipe de contrôle constate que l’absence de travail préalable sur les processus, qui aurait
permis de prendre en compte les risques inhérents à tous les processus, le caractère très large du seul
risque d’atteintes à la probité identifié, auquel ne sont pas attachés des scénarios de risques spécifiques,
la non prise en compte des incidents ne permettent pas d’assurer que le risque d’atteinte à la probité
identifié reflète fidèlement les risques auxquels la commune est réellement exposée.
23
Rapport sur la commune de Marseille
La phase d’évaluation des risques a également été réalisée par le panel de cadres retenu dans la précédente
phase. Ils ont été amenés à évaluer chaque risque selon des échelles d’impact et de probabilité.
Chacun de ces deux critères est évalué de 1 à 4 selon une grille d’évaluation formalisée31.
Ainsi, l’évaluation de l’impact est réalisée à l’aide d’une combinaison de sous-critères impact humain,
impact sur la qualité du service public, impact financier, impact réputationnel et impact juridique. Chacun de
ces sous-critères fait l’objet d’une grille de cotation. Par exemple, l’impact financier inférieur à 5 M€ est jugé
faible quand il est jugé critique au-delà de 50 M€. L’impact juridique est quant à lui jugé faible en cas de
contentieux réglé à l’amiable ou de condamnation au civil pour un montant peu élevé de la commune quand
il est jugé critique pour une mise en cause pénale avec faute avérée d’un élu ou d’un membre de la direction
générale. La probabilité d’occurrence est évaluée sur une mandature, de rare à quasi certaine.
Le risque ((éthique — corruption » est classé en zone de criticité forte (impact majeur, occurrence probable).
Le registre des risques transmis ne comprend pas la cotation des risques bruts, ce qui n’a pas permis à
l’équipe de contrôle de s’assurer de la bonne application de cette méthodologie. La phase d’évaluation des
risques bruts présente donc un défaut d’auditabilité.
De la même manière que pour l’évaluation des risques bruts, le risque net a été évalué par les participants
aux entretiens au moyen de l’outil numérique du prestataire. L’évaluation du risque net se fait sur la base
d’une cotation de la « marge d’amélioration » sur quatre points qui correspond en fait à l’évaluation de la
maturité du contrôle interne appliqué à l’univers dans lequel le risque se trouve placé. e Un dispositif de
maîtrise des risques en place, testé, considéré efficace etsuffisant... » est coté à 1 sur 4 (marge d’amélioration
faible) quand un dispositif ((inexistant ou très limité>) est coté à 4 (marge d’amélioration très significative).
La cotation du risque net se fait par multiplication du risque brut par la marge d’amélioration.
Pour autant, si cette logique d’évaluation du risque net par la maturité du dispositif de contrôle interne est
classique et n’appelle pas de remarque, afficher des risques nets présentant, après la prise en compte des
dispositifs de maîtrise des risques, des « notes » de risque plus élevées que celles des risques bruts est contre-
intuitif.
- la zone prioritaire correspond aux risques de criticité forte ou majeure et dont le dispositif de maîtrise
présente des marges d’amélioration significative ou très significative. Cette zone regroupe 14
risques;
24
II -
Rapport sur la commune de Marseille
la zone d’audit correspond aux risques de criticité forte ou majeure et dont le dispositif de maîtrise
présente des marges d’amélioration limitée ou moyenne. Cette zone regroupe 12 risques dont le
risque « éthique corruption »
—
- les deux zones restantes (optimisation et vigilance) correspondent aux risques de criticité limitée ou
modérée et regroupent 4 risques.
Le registre des risques identifie pour le risque « éthique — corruption » des forces et des faiblesses dans les
dispositifs de maîtrise des risques.
Ospouitilu de naltiine Itoicru) Ei Dinpoiit’tu de nsaiuriies pais esses)
4»
e M>élcis déclaration de patrimoine pour les élus..)
N Oispositift de contrôle comptable;:
s Séparation ordonnateur jville) / payeur (Comptable public) W complexité, redondance et parfois inadéquation de la chaire de contrôles des
o. chaîne de contrôles des processus comptables (contrôle du seMce fait par les processus comptables entraînant une déresponsabilisation
directions opérationnelles, contrôle des pièces administratives par les comptables iLS W Culture anti-corruption peu ancrée
sein des services, nouvelle boude de vérification des pièces par la Oirection de la é possibilités limitées de contrôles de l’administration sur les élus
comptabilité, contrôles à postériori syssématiques par le comptable public) 4f Absence de dispositif d’alerte éthique
If cadrage des processus de commande publiquejattribution des marchés: N Absence de cartographie des risques de corruption
Passage sous DSP des marchés traditionnellement sensibles (gardiennage, S Périmètre morcelé et disparité des pratiques de contrôles des marchés (selon les MW
fourrière...) des Directions)) difficultés dharntonisatian et de consolidation
Règles de la commande publique (seuils des marchés, publicité, ouverture à e Absence de déploiement de mécanismes d’évaluation des politiques publiques / de
concurrence) performance et qualité des marchés
commissions des Appels d’offre e Renfort et actualtsatsoq des lormations aux agents
N Nomination rturse fonction de déontologue (périmètre confias d’intéréts, cumuls W Renfort des contrôles des associatsons bénéflciaires de subwntions de la ville
d’activité) intégrée dans les cornrniwons «Appels d’offre e Opi rn,sauion des politiques de contrôle/ vérification (dernar,de et vérification des
e Service support de suMiridique de montate des dossiers coniplexes / projets pieces, romrôte de la sincérité et de l’exactitude des déclarations, suspension éventuelle
partenariaux de droits. croisement des données avec d’autres organismes, outils de suM et
N Encadrement organisationnel des processus d’attribution des subventions traitement,
Aucun élu)fonctionnaire ne peut siéger dans un bureau d’association... e Sensibilisation des usagers aux ronuéquences des fausses déclarations (mention à
Demandes centralisées (logiciel dédié) sigr-er sur les documenti, j
e Gestion des espèce; / objets trouvés: nsse sous logiciel (améàorem traçabihtè et
taux de restitution)
Les mesures de maîtrise des risques identifiées sont notamment afférentes à la chaîne de la dépense, à la
commande publique et au processus de subvention. L’équipe de contrôle note que, parmi les forces
identifiées, figurent, en plus des mesures organisationnelles précitées, des dispositifs de contrôle externes
(comptable public), des mesures réglementaires (code de la commande publique, déclarations patrimoniales
des élus) sans que ne soient détaillés l’impact et l’efficacité de leur déploiement en interne.
le registre des risques transmis ne comprend pas la cotation des risques nets, ce qui n’a pas permis à
l’équipe de contrôle de s’assurer de la bonne application de cette méthodologie, ce qui conforte le défaut
d’auditabilité constaté dans la phase précédente.
Ainsi, l’équipe de contrôle constate qu’il n’est pas permis d’assurer que le risque brut et net d’atteinte à la
probité identifié ait été évalué à son juste niveau.
Les risques ainsi classifiés ont donné lieu à l’élaboration d’une liste finale de dix risques prioritaires (certains
risques étant agrégés). Ce sont ces dix risques majeurs qui sont le véritable livrable de l’exercice puisque ce
sont eux qui feront l’objet de plans d’actions et sur lesquels des propriétaires de risques vont être désignés.
Ces risques prioritaires sont les suivants
25
Rapport sur la commune de Marseille
À la date du contrôle, seuls certains risques parmi les dix prioritaires identifiés (dont le risque d’atteinte à
la probité ne fait pas partie) ont fait l’objet d’un travail conjoint IGS-direction propriétaire du risque.
Les autres risques sont laissés à la responsabilité de l’lGS avec inscription dans le plan d’audit et désignation
d’un pilote IGS. Il est prévu que les dispositifs de maîtrise existant soient audités, des recommandations
formalisées et des indicateurs de suivi mis en place.
L’équipe de contrôle considère qu’au vu du retard pris pour le démarrage du travail sur les risques prioritaires
(en partie dû à la crise sanitaire et à la cyberattaque qui ont désorganisé les services en 2020), ce travail sur
les risques de la zone d’audit, dont fait partie le risque générique « probité » ne pourra être mené à court
terme.
Au vu des nombreux dysfonctionnements relevés dans ce rapport (qui ne couvre en outre que certaines
compétences de la commune), l’équipe de contrôle recommande ainsi à l’entité de travailler à la réalisation
d’une cartographie des risques d’atteinte à la probité intégrant dans son périmètre les élus et les mairies de
secteur. Cette cartographie pourra utilement être liée à la politique d’audit de l’lGS et nourrir les lettres de
missions des DGA.
Observation n°3 À la date du contrôle, il n’est pas permis d’assurer que la commune de Marseille ait
pu identifier les risques d’atteintes à la probité auxquels elle est réellement exposée, les évaluer à
leur juste niveau et les soumettre àun plan d’action de nature à les maîtriser.
Recommandation n°1 Avant la fin de l’année 2021, réaliser une cartographie des risques d’atteintes à la
probité en priorisant les processus particulièrement exposés (autorisations d’urbanisme, mairies de
secteur, commande publique, subventions). Retenir une méthodologie fondée sur une analyse fine des
processus de nature à offrir l’assurance raisonnable que les risques d’atteintes à la probité identifiés
soient le fidèle reflet des risques auxquels l’entité est réellement exposée et, d’autre part, que leur
cotation et leur hiérarchisation soient pertinentes. À cette fin, l’entité contrôlée peut utilement
s’appuyer sur les recommandation5 de I’AFA disponibles sur son site.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué avoir prévu la réalisation d’une cartographie
des risques d’atteintes à la probité basée sur l’analyse progressive de ses processus en priorisant les quatre
processus évoqués dans la recommandation qui seront étudiés d’ici la fin du premier trimestre 2022.
26
Rapport sur la commune de Marseille
La loi n2013-907 du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique a introduit des mesures
qui s’imposent aux acteurs publics. Ces mesures ont été complétées par les lois de 2016 et 2019 déjà
mentionnées.
Ces dispositions législatïves se traduisent aujourd’hui par un renforcement des mesures destinées à prévenir
les conflits d’intérêts et à introduire davantage de transparence. Elles interviennent dans plusieurs champs
complémentaires une obligation générale d’abstention et de déport, une obligation de déclaration de
situation patrimoniale et d’intérêts pour certaines élus et agents, l’encadrement des cumuls d’activité, la
désignation d’un référent-déontologue, l’encadrement des mobilités public/privé.
Il est dans l’intérêt des entités de s’approprier et de préciser concrètement les modalités de mise en oeuvre
de ces obligations, et de les compléter si nécessaire par des règles internes.
Conformément à la loi du 20 avril 201632 créant le droit pour tout agent public de consulter un référent
déontologue et au décret du 10avril 2017, la commune de Marseille a procédé à la création d’un poste de
référent-déontologue lors du conseil municipal du 9 avril 2018. Le maire a ainsi désigné Mme Faglin,
magistrate honoraire, qui a pris ses fonctions le 7mai 2018.
Les missions qui lui sont confiées sont précisées dans la délibération du 9avril 2018
Il est également précisé que la référente-déontologue « [rend} compte annuellement de sa mission au Maire
de Marseille ».
Lors de la séance du 8octobre2018, le conseil municipal a voté une délibération33 modifiant l’organigramme
de la DGA de l’action juridique (DGAAJ) en y intégrant une « mission déontologie », dans le but de ((mettre à
la disposition du référent-déontolo que les moyens nécessaires à l’exercice de ses fonctions». Elle dispose ainsi
d’une assistante juriste, d’une adresse électronique et assure une permanence une après-midi par semaine.
32 Loi n’2016-483 du 20avril2016 relative à la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires.
Décret n’2017-519 du 10avril2017 relatif au référent déontologue dans la fonction publique.
cf. fichier: 2018-0126 pdf
cf. fichier: 2018-0725.pdf
27
Rapport sur la commune de Marseille
La nomination de la référente-déontologue a été portée à la connaissance des agents et des élus par
différents moyens décrits dans son bilan d’activités 2018
- un courrier accompagné d’un document expliquant son rôle et ses missions a été envoyé aux groupes
politiques et une rencontre a été organisée à la demande du groupe de la majorité municipale;
- elle a été conviée à un comité exécutif où elle a pu se présenter aux DGA;
- une notice explicative de ses missions a été jointe en septembre 2018 au bulletin de salaire de tous
les agents;
- deux interviews de la déontologue ont été publiées sur l’intranet de la collectivité en juillet 2018 et
dans le magazine à destination du personnel de la ville « Les Municipaux’> de janvier-février 2019.
L’équipe de contrôle note toutefois qu’aucune mention quant à son existence, ses missions ou lien de contact
ne figure dans l’onglet « RH/droits et obligations».
Les bilans d’activité qu’elle a adressés au maire pour 201g et 2019 indiquent qu’elle a répondu aux saisines
des agents (18 en 2018 et 23 en 2019) essentiellement sur le sujet des cumuls d’activités et aux saisines des
élus (2 en 2018 et 2 en 2019) concernant les conflits d’intérêts.
La référente-déontologue a également apporté son expertise sur les questions déontologiques lors de la
rédaction de guides internes, guide des bonnes pratiques en matière des marchés publics et guide du nouvel
arrivant, et en participant en tant qu’observatrice aux réunions de pré-commissions d’appel d’offres et aux
commissions d’appel d’offres (CAC). Plus récemment, elle a également rédigé la charte des agents et la charte
des élus qui ont vocation à être adoptées en conseil municipal (cf. infra).
Parallèlement, elle a animé une formation destinée aux cadres sur les délits d’atteinte à la probité et est
intervenue lors de deux séminaires à destination des cadres le séminaire sur « la gestion du risque» en
novembre 2019 et le séminaire « rencontre de l’action juridique» en janvier 2020 sur les thèmes de la
responsabilité juridique et de la déontologie.
Toutefois, la lecture des bilans de son activité en 2018 et 2019 montre qu’elle n’a porté aucune action
d’information et de prévention au sein des mairies de secteurs et auprès des élus, et que son attention a
été essentiellement portée sur la commande publique et le risque de conflit d’intérêts. De fait, l’équipe de
contrôle a pu constater, lors des entretiens individuels, que l’existence d’une référente-déontologue était
inconnue de plusieurs agents des mairies de secteur et que certains cadres de la mairie centrale ignoraient
son nom et ses missions, ce qui interroge l’efficacité de la communication qui a pu être conduite.
Il est attendu des acteurs publics qu’ils adoptent un code de conduite, c’est-à-dire un document, quelle que
soit sa dénomination, contenant
- un rappel et des précisions sur la mise en oeuvre des règles déontologiques au sein des entités,
qu’elles correspondent à des obligations légales ou à des bonnes pratiques mises en oeuvre au sein
de l’entité. Le code doit fixer des règles de comportement face aux situations concrètes rencontrées
dans l’entité. En particulier, il doit préciser ce que les élus/agents peuvent accepter ou non en termes
de cadeaux et invitations;
- une présentation du dispositif d’alerte interne destiné à recueillir les signalements émanant
d’agents/de dirigeants/d’élus et relatifs à l’existence de conduites ou de situations contraires au code
de conduite (cf. 11.3.1. Dispositif d’alerte interne).
28
Rapport sur la commune de Marseille
Pour être efficace, le code de conduite doit concerner les agents et les élus, selon des modalités qui peuvent
être différentes. Il peut être intégré dans un dispositif «d’éthique » ou de n déontologie » au périmètre plus
large que la stricte lutte contre les atteintes à la probité, à la condition d’en permettre la parfaite lisibilité
dans sa présentation.
- utiliser les moyens matériels, locaux et personnels uniquement dans le cadre de leurs fonctions;
- ne pas agir dans leur intérêt personnel, mais uniquement dans l’intérêt général et se déporter en
conséquence;
Le projet de charte mentionne également la possibilité, pour les élus, de saisir la référente-déontologue pour
recueillir son avis.
Toutefois, ce document, qui, à la date du contrôle, n’était pas encore entré en vigueur, nécessiterait d’être
complété sur les points suivants:
- concernant les voyages, la charte précise que n tout voyage lié à un projet de la collectivité » doit être
déclaré. Or, les voyages des élus hors du territoire communal sont soumis à un vote de l’assemblée
délibérante qui délivre un mandat spécial;
- les atteintes à la probité ne sont pas détaillées et aucune mention n’est faite des articles 432-10 à
432-16 du code pénal les définissant;
- les éventuelles sanctions encourues en cas de violation du code de conduite et les sanctions pénales
encourues en cas d’atteintes à la probité ne sont pas citées.
S’agissant des agents, le « Livret d’accueil RH », mis à jour en décembre 2019 et remis aux agents
nouvellement recrutés sur un emploi permanent, énumère les droits et obligations du fonctionnaire sans que
ceux-ci soient développés ou illustrés par des cas pratiques. Concernant l’obligation de désintéressement, un
simple lien hypertexte vers le site internet fonction-publique.gouv.fr/module-de-sensibilisation-a-la
déontologie invite l’agent à s’informer des règles déontologiques à respecter. La référence à la délibération
relative à la création du poste de référente-déontologue est également indiquée, mais l’adresse électronique
à laquelle elle peut être saisie n’est pas indiquée. Ce guide ne contient aucun rappel des sanctions
disciplinaires encourues par l’agent en cas de manquement à ses obligations.
29
Rapport sur la commune de Marseille
Par ailleurs, la référente-déontologue a élaboré un projet de charte de déontologie des agents37. Celle-ci
appelle les remarques suivantes
- elle rappelle les droits et devoirs des agents de manière très générale, sans préciser les règles et
procédures en vigueur ni donner d’exemples concrets;
- elle ne fait pas référence aux règles applicables en matière de mobilité public/privé;
- si elle mentionne la loi du 13juillet 1983, dite Loi Le Pors, modifiée par la loi du 9 décembre 2016,
elle ne fait pas référence à la loi de 2019 précitée ni aux décrets d’application qui précisent les
différentes règles en vigueur en matière de déport, de cumuls d’activité, de mobilité, etc.
- elle indique que les agents « ne peuvent accepter ni recevoir directement ou indirectement des
cadeaux ou libéralités ». Toutefois, le processus à respecter n’est pas précisé et le sujet des
invitations n’est pas traité;
- l’énumération des « voleurs fondamentales »comprend le cumul d’activités qui n’est pas une valeur
fondamentale, ni un devoir, mais un droit des agents publics soumis à certaïnes conditions;
- le paragraphe «secret professionnel et obligation de discrétion »en page 3 est improprement intitulé
puisque son contenu rappelle les obligations du fonctionnaire et définit la déontologie;
- le paragraphe « impartialité)> décrit l’impartialité comme une obligation d’exercer ses fonctions en
toute indépendance sans subir une quelconque influence alors que l’impartialité signifie que le
fonctionnaire doit se départir de tout préjugé d’ordre personnel et adopter une attitude impartiale
dans ses fonctions;
- l’indication « l’octroi de faveurs en retour d’un quelconque acte est rigoureusement interdit»relève
de l’obligation de probité et non de l’obligation d’impartialité, tandis que le risque pénal cité en
exemple (le favoritisme), est erroné l’octroi de faveurs en retour d’un quelconque acte est
susceptible de relever de la corruption ou du trafic d’influence, et non du favoritisme qui concerne
exclusivement le non-respect des règles de la commande publique et ne suppose pas de
contrepartie;
- le paragraphe «intégrité et probité» ne détaille pas les cas d’atteinte à la probité (corruption, trafic
d’influence, concussion, prise illégale d’intérêts, favoritisme, détournement de biens publics);
- la référence aux lanceurs d’alertes est évoquée de manière très générale dans une partie dédiée à la
prévention des conflits d’intérêts;
- enfin, il n’est tait aucune mention des sanctions disciplinaires applicables à l’agent en cas de
manquement.
Ainsi, le projet de charte présenté à l’équipe de contrôle ne saurait par conséquent, s’il était adopté en
l’état, constituer un code de conduite opérationnel pour les agents.
Afin de compléter un code de conduite, des guides ou procédures annexes peuvent être élaborés afin de
préciser certains points présentant un intérêt particulier en matière de prévention des risques d’atteintes à
la probité (utilisation des moyens du service, frais de réception ou de déplacements, etc.).
30
$$ Rapport sur la commune de Marseille
La direction de la commande publique a ainsi rédigé un « Guide de la commande publique »38, dont la
dernière mise à jour date de janvier 2021, qui contient un chapitre39 intitulé «les règles déontologiques» et
applicables aux «acteurs de l’achat public», sans que ces derniers ne soient définis précisément40.
La notion de conflit d’intérêts y est définie d’une façon assez large qui prend en compte aussi bien l’agent,
que ses proches et même ses relations amicales
«veiller à ce que leurs intérêts personnel, familial ou amical n’interfère pas., ne pas communiquer
-
et pour leurs proches à n’accepter aucune remise, ristourne (...), ne pas recevoir d’argent, de cadeau
(..) ne pas accepter les invitations à des manifestations de détente ou de distraction (...) ».
Ces recommandations sont assorties de mesures de traçabilité visant à sécuriser les relations avec les
fournisseurs qui prévoient en particulier que les agents doivent
« rejeter toute tentative de corruption et en référer immédiatement à leur responsable
-
hiérarchique »
- obtenir l’autorisation du responsable hiérarchique pour les repas d’affaires, conserver la preuve que
l’agent a payé sa part et rédiger un compte rendu de la rencontre,
- formaliser par des comptes rendus, relevés de décision, procès-verbaux ou autres courriers toutes
les phases de la passation d’un marché.
Enfin, ce guide prévoit que tout nouveau collaborateur intervenant sur le champ de la commande publique
signe auprès de son directeur le chapitre « déontologie».
Ces procédures sont mises à disposition des agents sur E-Media, l’intranet de la commune. L’équipe de
contrôle a néanmoins constaté une insuffisante connaissance au sein des services de ces dispositifs
déontologiques. En effet, peu d’agents reçus en entretien ont pu citer le guide de la commande publique qui
comprend les rappels déontologiques.
De plus, au sein de la DCMVE, direction émettant le nombre le plus important de marchés, il a été indiqué
à l’équipe de contrôle que la procédure de signature du chapitre «déontologie » du guide de la commande
publique n’était pas appliquée”.
L’équipe de contrôle observe que les prescriptions de la direction de la commande publique (DCP)
s’appliquent principalement au sein de la DCA finances et moyens généraux qui l’abrite. En effet, la DCP
rappelle chaque année dans une note42 adressée au personnel de sa direction, l’interdiction de recevoir une
gratification sous quelque forme que ce soit de la part des opérateurs économiques titulaires ou candidats à
un marché.
Observation n°4: À la date du contrôle, la commune de Marseille ne dispose pas d’un ou de plusieurs
documents, rassemblés, pourraient constituer un code de conduite.
Recommandation n°2 :Avant la fin de l’année 2021, adopter, pour les élus et les agents, un code de
conduite précisant les règles déontologiques en vigueur au sein de la commune et les sanctions
encourues en cas de violation du code de conduite ou de manquement au devoir de probité, rappelant
le dispositif d’alerte interne et formalisant les conditions d’acceptation des cadeaux et invitations. Ce
g
cf fichier: N’ 63-64-65-66 -Guide de la commande Publique.pdf
‘ ce chapitre a été validé par la référente déontologue.
° cf.
Q65 N’ 63-64-65-66 -Guide de la commande Publique, page 35,
41 20210222_AFA 2020-04 derniers compléments
-
31
Rapport sur la commune de Marseille
code devra nécessairement comporter des exemples de comportements à proscrire en s’appuyant sur
la cartographie des risques d’atteinte à la probité.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué que les chartes de déontologie destinées aux
agents et aux élus, modifiées par des groupes de travail ad hoc et qui prendront en compte les remarques
formulées par I’AFA, seront présentées au conseil municipal à l’automne 2021. Il est par ailleurs précisé que
la charte destinée aux agents pourra évoluer en fonction des conclusions de la cartographie des risques
d’atteinte à la probité.
11.213.1 Une obligation de déclaration de situation patrimoniale et d’intérêts pour certains élus et agents
Les obligations qui s’imposent sur cette matière découlent de plusieurs textes législatifs et réglementaires.
S’agissant des communes, ces textes se traduisent par quatre dispositifs principaux
À l’occasion du renouvellement des instances municipales en 2020, les cadres soumis au dépôt de
déclarations ont tous été invités à remplir leurs obligations par des courriers45 émanant du DCS, de la DGARH
ou de la maire. Ces courriers, en plus de rappeler la législation, attirent l’attention sur les sanctions pénales
encourues en cas de non-dépôt ou de fausse déclaration.
“Auparavant, la charte déontologique des agents sera transmise aux représentants du personnel à l’été 2021,
cette déclaration est également transmise au maire.
cf. fichier: Q28_2930_31_Synthèse_Réponse.pdf
32
Rapport sur la commune de Marseille
S’agissant des élus, leurs obligations déclaratives leur ont été succinctement rappelées dans une note
d’information46 qui leur a été remise lors du conseil municipal d’installation le 4juillet2020.
Oans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué qu’< une procédure de suivi des déclarations
HATVP u été rédigée par le Service Assemblées et CommLssions et un registre de suivi des publications de
déclarations ouvert et mis à jour».
Au sens de la loi, constitue un conflit d’intérêts <(toute situation d’interférence entre un intérêt public et des
intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou à para ître influencer l’exercice indépendant,
impartial et objectif d’une fonction
À la différence de la prise illégale dintérêts4i, la situation de conflit d’intérêts n’est pas un délit. Pour autant,
elle crée un sentiment de partialité préjudiciable à la fonction et à la mission remplies par la personne qui en
est ‘objet. C’est la raison pour laquelle l’article L. 2231-11 du CGCT prévoit l’illégalité des délibérations prises
en cas de conflit d’intérêts «sont illégales les délibérations auxquelles ont pris part un ou plusieurs membres
du conseil intéressés à l’affaire qui enfaitl’objet, soit en leur nom personnel, sait comme mandataires». Dans
certains cas, les conflits d’intérêts peuvent en outre constïtuer un délit de prise illégale d’intérêts.
Pour prévenir de telles situations, le législateur a institué une obligation de déport. Ainsi, <(lorsqu’ils estiment
se trouver dans une telle situation:
1° Les membres des collèges (...) d’une autorité publique indépendante s’abstiennent de siéger au, le cas
échéant, de délibérer. Les personnes qui exercent des compétences propres au sein de ces autorités sont
suppléées suivant les règles de fonctionnement applicables à ces autorités;
2° Sous réserve des exceptions prévues au deuxième alinéa de l’article 432-12 du cade pénal, les personnes
titulaires de fonctions exécutives locales sont suppléées par leur délégataire, auquel elles s’abstiennent
d’adresser des instructions;
3° Les personnes chargées d’une mission de service public qui ont reçu délégation de signature s’abstiennent
d’en user;
4° Les personnes chargées d’une mission de service public placées sous l’autorité d’un supérieur hiérarchique
le saisissent; ce dernier, à la suite de la saisine ou de sa propre initiative, confie, le cas échéant, la préparation
ou l’élaboration de la décision à une autre personne placée sous son autorité hiérarchique. »‘°‘.
De même, aux termes de l’article 25 bis de la loi n°83-634 du 13juillet1983 portant droits et obligations des
fonctionnaires, modifié par la loi du 23 avril 2016 précitée, « le fonctionnaire qui estime se trouver dans une
situation de conflit d’intérêts:
((1° Lorsqu’il est placé dans une position hiérarchique, saisit son supérieur hiérarchique; ce dernier, à la suite
de la saisine ou de sa propre initiative, confie, le cas échéant, le traitement du dossier ou l’élaboration de la
décision à une autre personne;
((2° Lorsqu’il a reçu une délégation de signature, s’abstient d’en user;
«3° Lorsqu’il appartient à une instance collégiale, s’abstient d’y siéger ou, le cas échéant, de délibérer;
« 4° Lorsqu’il exerce des fonctions juridictionnelles, est suppléé selon les règles propres à sa juridiction;
«5° Lorsqu’il exerce des compétences qui lui ont été dévolues en propre, est suppléé par tout délégataire,
ou quel il s’abstient d’adresser des instructions. »
Il n’existe pas, au sein de la commune de Marseille, de procédure écrite relative au déport des élus lors du
conseil municipal.
La loi oblige le conseil municipal nouvellement élu à voter, dans les six mois de son installation, son
règlement intérieur. Si celui-ci n’a pas vocation à constituer un code de conduite, il peut néanmoins
comprendre des dispositions de gestion et de prévention des conflits d’intérêts. Tel n’est pas le cas du
règlement intérieur adopté lors de la séance du conseil municipal du 8 février 2021 ni de celui voté sous la
précédente mandature.
S’agissant des commissions, seule la CAD est dotée d’un règlement contenant des mesures de prévention
des conflits d’intérêts.
Le service assemblées et commissions assure un recensement des intérêts publics des élus, autres mandats
électifs5° et désignation dans les commissions et les organismes satellites de la ville51. Ces tableaux sont
partagés avec les directions opérationnelles qui en tiennent compte dans la préparation de la délibération.
Le maire rappelle systématiquement en début de séance les dispositions de l’article L. 2131-11 du CGCT qui
rend « illégales les délibérations auxquelles ont pris port un ou plusieurs membres du conseil intéressés à
l’offoire qui en fait l’objet soit en leur nom personnel, soit comme mandataires»; il précise en outre qu’un
certain nombre de conseillers municipaux ne peuvent pas prendre part au vote sur certains rapports et que
le détail de ces déports sera mentionné au PV in extenso de la séance.
Lors du recensement des intérêts des élus, seuls les intérêts publics sont identifiés. S’il est inscrit dans le
projet de charte de déontologie des élus que ceux-ci «s’engagent àfaire connaître tout intérêt particulier
qui pourrait interférer dans leur action publique et prendre toutes les dispositions nécessaires pour y mettre
un terme et éviter tout conflit d’intérêts», il apparaît souhaitable que la direction des assemblées ait une
démarche proactive. Dans un premier temps la direction pourrait s’appuyer sur les informatïons figurant sur
les déclarations d’intérêt rendues publiques. L’équipe de contrôle attire l’attention de la commune sur des
dispositïfs plus évolués mis en place par d’autres collectivités qui consistent à recenser, sur la base du
volontarïat et au moyen d’une fiche déclarative, les intérêts publics et privés susceptibles d’entrer en conflit
avec les décisions de l’assemblée.
Observation n°5: À la date du contrôle, le recensement des intérêts des élus demeure incomplett
sa mise à jour à jour relève de la seule initiative des élus. La mise en oeuvre des règles de déport n’a
pas fait l’objet d’une formalisation garantissant son caractère systématique.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué avoir mis en place un registre des déports des
élus au niveau du service Assemblées et Commissions « regroupant les situations de conflits d’intérêts
connues et les départs d’élus lors de délibérations du Conseil Municipal ». Ce dispositif pourrait être étendu
aux élus des conseils d’arrondissement.
>° cf. fichier: O2AFA-Liste des mandats exercés par les conseillers municipaux.xls
>‘ f. fichier: O2AFA-Désignations dans les organismesxls
34
Rapport sur la commune de Marseille
Comme indiqué supra, la commune de Marseille ne dispose pas d’un code de conduite à l’attention du
personnel. Sur le sujet des conflits d’intérêts, le projet de charte déontologique (cf. supra) n’est pas assez
détaillé pour constituer une procédure opérationnelle de prévention et de gestion des conflits d’intérêts.
Quelques documents internes à certains services sensibilisent les agents sur le risque de conflit d’intérêts
- le guide de la commande publique met en garde les agents en précisant qu’ils doivent <(éviter les
situations dans lesquelles le pouvoir d’appréciation ou de décision pourrait être influencé par la prise
en considération d’intéréts issus de liens directs ou indirects avec le fournisseur)>;
- la charte de l’audit interne52, approuvée et signée par chaque auditeur lors de sa prise de fonction
invite ceux-ci à ne pas «prendre part à des activités ou établir des relations qui pourraient
compromettre ou risquer de compromettre le caractère impartial de leur jugement ».
Toutefois, aucun de ces trois documents ne les oblige à se déporter de l’instruction du dossier en cas de
conflit d’intérêts.
L’équipe de contrôle relève que le règlement intérieur de la CAC impose aux élus membres de déclarer, avant
chaque séance, s’ils se trouvent en situation de conflit d’intérêts. Cette obligation pourrait utilement être
étendue aux agents travaillant dans les secteurs les plus exposés.
Observation n°6 À la date du contrôle, la commune n’a pas mis en place de procédure
prévention et de gestion des conflits d’intérêts pour ses agents.
Recommandation n°3: Avant la fin du premier semestre de l’année 2022, préciser dans la charte
déontologique applicable aux agents la procédure de prévention et de gestion des conflits d’intérêts
et définir les modalités de contrôle afférentes.
La commune a précisé, en réponse au rapport provisoire, que la charte de déontologie destinée aux agents
présentera dans sa nouvelle version des éléments relatifs aux conflits d’intérêts et qu’elle pourra être
enrichie en fonction des contrôles internes qui seront mis en place.
La loi n°2016-483 du 20 avril 2016 relative à la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires a
inséré, après l’article 25 de la loi n°83-634 du 13juillet1983 portant droits et obligations des fonctionnaires,
un article 25 septies consacré aux cumuls dactivitésS3 et dont les dispositions ont été précisées par le décret
n°2017-105 du 27janvier2017 relatif à l’exercice d’activités privées par des agents publics et certains agents
contractuels de droit privé ayant cessé leurs fonctions, aux cumuls d’activités et à la commission de
ou répertoire des métiers ou ô affiliation au régime prévu ô l’article L. 133-6-8 du code de la sécurité sociale, s’il occupe un emploi â
temps complet et qu’il exerce ses fonctions à temps plein;
e 2° De participer aux organes de direction de sociétés ou d’associations ô but lucratif;
« 3° De donner des consultations, de procéder à des expertises ou de plaider en justice dans les litiges intéressant toute personne
publique, le cas échéant devant une juridiction étrangère ou internationale, sauf si cette prestation s’exerce au profit d’une personne
publique ne relevant pas du secteur concurrentiel;
« 4° De prendre ou de détenir, directement ou par personnes interposées, dans une entreprise soumise au contrôle de l’administration
ô laquelle il appartient ou en relation avec cette dernière, des intérêts de nature à compromettre son indépendance;
« 5° De cumuler un emploi permanent à temps complet avec un ou plusieurs autres emplois permanents à temps complet. o
35
Rapport sur la commune de Marseille
déontologie de la fonction publique54. Ces règles encadrent l’exercice d’une activité accessoire, la création
ou la reprise d’une entreprise, la poursuite de l’exercice d’une activité privée au sein d’une société ou d’une
association à but lucratif, le cumul d’activités des agents è temps complet ou exerçant des fonctions è temps
partiel. Le cumul d’activités pour la création ou reprise d’une entreprise, associé à une demande de temps
partiel, nécessite un avis de la HATVP. Pour les autres cas de cumul, le contrôle de la compatibilité de
l’exercice d’une activité accessoire relève de l’autorité hiérarchique.
Au sein de la commune de Marseille, les obligations légales et réglementaires qui s’imposent aux agents dans
ce domaine ont été portées à leur connaissance par une note du DGS du 28 décembre 2009. Une note du
25octobre 201356, émanant également du DGS, est venue apporter des précisions quant au nombre de jours
de congés minimum devant être réservés au repos et pendant lesquels l’activité accessoire ne pourra être
autorisée. Les documents et informations relatifs aux cumuls d’activités sont accessibles sur l’intranet de la
collectivité.
L’équipe de contrôle relève que ces notes sont obsolètes au vu des lois du 20 avril 2016 et du 6 août 2019
et invite la collectivité à mettre à jour ces procédures.
La procédure d’autorisation des cumuls d’activités est décrite dans la note du 28 décembre 2009 précitée.
L’agent adresse, deux mois avant le début de l’activité ou trois mois en cas de création ou de reprise d’une
entreprise, un formulaire de demande57 à son autorité hiérarchique territoriale qui, après instruction et
demande éventuelle de compléments, émet un avis dans le délai d’un mois. La demande est ensuite
transmise à la DGARH pour instruction et saisie dans le logiciel de gestion des ressources humaines Azur. La
décision est notifiée à l’agent sous couvert de son autorité hiérarchique.
L’autorisation est délivrée pour une période donnée, au-delà de laquelle elle devra faire l’objet d’une
demande de renouvellement, Il est également précisé dans l’autorisation qu’à la fin de la période autorisée,
l’agent devra faire parvenir à la DGARH une attestation de l’employeur secondaire indiquant les jours
travaillés et le nombre d’heures effectuées.
Cette dernière liste ne comprend pas les agents qui pourraient être gérant ou président d’une entreprise, ni
ceux qui exerceraient une activité en entreprise individuelle ou libérale. Or, l’équipe de contrôle a relevé (cf.
focus n’l) le cas d’un agent exerçant un cumul d’activités de ce type, de surcroît incompatible avec l’exercice
objectif de ses missions.
L’équipe de contrôle attire l’attention de la commune sur les pratiques mises en oeuvre par certaines
collectivités de taille comparable qui utilisent l’entretien annuel d’évaluation pour rappeler aux agents leurs
obligations en la matière.
En outre, des informations transmises par la commune, il apparaît qu’aucune relance n’est faite à l’issue de
la période de cumul pour savoir si l’agent souhaite renouveler sa demande ou pour avoir l’assurance que son
‘ Décret n’ 2017-105 du 27janvier2017 relatif à l’exercice d’activités privées par des agents publics et certains agents contractuels
de drot privé ayant cessé eurs fonctions, aux cumuls d’activités et à la commission de déontologie de la fonction publique.
CL fichier: 34AFA-Note O9-79.odf
‘ cf. fichier: 34AFA-Note 13-45.pdf
36
Rapport sur la commune de Marseille
autre activité est terminée. Par ailleurs, l’examen des pièces financières jointes à certains mandats a permis
de déceler un cas de cumuls d’activités non autorisé par un agent d’une mairie de secteur5° et une note de
la DGS de la mairie des 13e et 14’ arrondissements alertant le DGARH sur ce point. Pour autant, l’agent en
question n’apparaît pas dans la liste des cumuls d’activités et n’a fait l’objet d’aucune relance de la part de la
DGARH pour une régularisation de sa situation.
S’agissant des mobilités vers le secteur privé, une note de service du 5août 200561 signée du DGS en précise
les modalités, Elle indique que les agents souhaitant exercer une activité dans le secteur privé après avoir
cessé leurs fonctions dans la collectivité sont invités à déposer un formulaire décrivant cette activité. La
demande sera ensuite transmise à la commission de déontologie de la fonction publique (CDFP) quï
examinera si l’activité privée est compatible avec les anciennes missions de l’agent.
La commune n’a pas installé de commission interne pour analyser les cas de départ vers le secteur privé ni
adopté de procédures permettant l’examen interne des cas qui lui seront soumis. En outre, aucune note
n’a informé les agents de ces nouvelles modalités.
Observation n°7: À la date du contrôle, les procédures en vigueur en matière de cumuls d’activités
et de mobilité externe sont obsolètes,
Recommandation n°4 : Actualiser les procédures applicables en matière de cumuls d’activités et de]
contrôle déontologique des mobilités externes et veiller à leur appropriation parles agents. j
L’AFA prend acte de l’engagement pris par la commune, dans le cadre de sa réponse au rapport provisoire,
d’élaborer et diffuser des notes de service actualisées concernant les cumuls d’activités et les mobilités
externes.
11.2.2 Formation
Comme indiqué par l’AFA dans ses recommandations, un dispositif interne de formation efficace et adapté
constitue un « vecteur de la culture d’intégrité » au sein de l’organisation62. Le dispositif doit s’adresser
prioritairement aux personnes les plus exposées (élus, direction, cadres et personnels en relation avec des
tiers exposés acheteurs, personnes intervenant dans le processus d’attribution de subventions ou de
délivrance de titres ou d’autorisation, etc.). Il est également recommandé d’organiser une sensibilisation de
l’ensemble des personnels.
37
Rapport sur la commune de Marseille
11.2.2,1 Des plans de formation sans dispositif spécifique à la prévention et à la détection des atteintes à la
probité.
Les plans annuels de formation 2018 et 201964 transmis à l’équipe de contrôle ne comprennent aucune
thématique dédiée à la prévention et la détection des atteintes à la probité.
Cependant, les droits et obligations des fonctionnaires sont consultables dans la page RH de l’intranet et la
saisie du terme « déontologie » renvoie au module de sensibilisation au respect des règles déontologiques
du portail de la fonction publique https://www.foriction-publigue.gouv.fr/module-de-sensibilisation-a-la
deontologie-0. L’AFA relève que ce lien n’est pas accessible depuis l’onglet formation de la page intranet RH.
Un travail commun entre la commune de Marseille et le Centre national de la fonction publique territoriale
(CNFPT) avait été initié afin de mettre en place des actions de formation sur la gestion des risques destinées
aux managers. La commune de Marseille a indiqué que ce projet, interrompu en raison de la crise sanitaire,
devrait être repris ultérieurement55.
Des actions de formation ponctuelles abordant la probité ont toutefois été organisées par la collectivité, qui
n’ont concerné qu’un nombre limité d’agents.
La commune a indiqué66 que quelques formations abordant la déontologie ont été proposées aux élus
- une formation sur les marchés publics et le budget, organisée par un organisme extérieur a été suivie
par douze élus en 2015/2016. Le support de cette formation n’a pas été conservé par les services de
la ville;
- en 2019, une formation sur les responsabilités des élus a été suivie par dix d’entre eux. Le
programme pédagogique5’ de l’organisme extérieur transmis à l’équipe de contrôle, relatif au lot 1
«responsabilité et mécénat», évoque plusieurs infractions pénales (caractérisation et sanctions),
notamment la corruption, le trafic d’influence, le détournement de fonds public, la prise illégale
d’intérêts et le favoritisme. Toutefois, le risque de prise illégale d’intérêt est mentionné dans une
partie dédiée à la passation des contrats, ce qui est très réducteur. En outre, le support de formation
n’a pas été transmis, si bien que l’équipe de contrôle n’a pas été en mesure d’évaluer la qualité de la
prestation et son adéquation aux enjeux.
Alors que les élus sont particulièrement exposés aux risques d’atteintes à la probité, trop peu d’entre eux
ont suivi des formations traitant de ce sujet. S’il n’est pas envisageable de rendre obligatoires des formations
à destination des élus, la sensibilisation à la prévention des atteintes à la probité pourrait utilement être
abordée lors des séminaires éventuels ou lors des réunions de groupes politiques.
Un séminaire «déontologie, compilance et action publique locale: quelle responsabilité pour les
cadres P a été organisé le 29 novembre 2019 et suivie par 70 cadres, y compris les cadres des mairies de
secteur. Animée par un prestataire extérieur, la formation a présenté les enjeux de la prévention des risques
38
Rapport sur la commune de Marseille
juridiques et déontologiques, et les outils pour mettre en place une politique de conformité dans la
collectivité tels que recommandés par ‘AFA. La prévention des conflits d’intérêts a fait l’objet d’un long
développement. Toutefois, les cas d’atteinte à la probité pouvant constituer des délits comme la corruption,
la concussion, le trafic d’influence le favoritisme et le détournement de fonds publics n’ont pas été abordés.
Un séminaire cc rencontres de l’action juridique » a réuni près de 80 cadres le 30janvier2020. Drganisée par
la DGAAJ, cette formation, portait sur les responsabilités pénale, disciplinaire, contractuelle et
extracontractuelle de ‘administration.
L’un des 14 modules qui composent cette formation traite particulièrement des risques et de la
responsabilité de l’acheteur. Intitulé « responsabilité pénale et prise illégale d’intérêts »°, il a été élaboré
par OGAAJ et traite de façon très détaillée des délits de favoritisme et de prise illégale d’intérêts.
Hormis cette formation, les personnels de la commande publique n’ont bénéficié d’aucune autre formation
relative à la probité dans le domaine de la commande publique70.
La DGAAJ a proposé aux membres de la CAC élus en 2020 une formation sur les grands principes de la
commande publique, suivie d’un complément traitant du cc droit pénal de la commande publique». Le
premier support7’ développe notamment la notion de o préférence locale» qui ne peut être retenue pour
l’attribution d’un marché. Le second document72 explicite de façon détaillée les délits de corruption, de trafic
d’influence, de concussion, de détournement de fonds publics, de prise illégale d’intérêts et de favoritisme
en reprenant la « présentation des infractions » disponible sur le site de l’AFA.
La DGAAJ a mis en place il y a plusieurs années des « réunions des correspondants marchés publics)) de la
ville qui ont lieu, de deux à quatre fois par an. Ces réunions, qui n’ont pas de caractère obligatoire et
auxquelles peuvent être conviés des intervenants extérieurs, sont un temps d’échange sur différents thèmes
ou sujet d’actualité et sont autant de formations ponctuelles sur la commande publique. Ainsi, la réunion du
14février2020, dont le support73 a été transmis à l’équipe de contrôle, a permis d’aborder la passation des
délégations de service public, les conflits d’intérêts et le développement durable.
Malgré une demande au questionnaire n°2, aucun document attestant de formations relatives à la probité
“
39
Rapport sur la commune de Marsei)le
Aucune formation à la probité n’est proposée aux agents alors que ce secteur d’activité présente des risques
avérés (cf. focus n°1).
Observation n°8 A la date du contrôle, la commune n’a pas integre la thematique de la lutte contre
les atteintes a la probite dans son plan de formation et ne s’est pas dotee d’un dispositif de formation
destinéaux:dirigeants et personnels les plus exposés aux risques d’atteintes à la probité.
Recommandation n°5 : Inscrire une thématique probité dans le plan de formation des agents pour 2022
et mettre en place le plus rapidement possible des sessions de formation sur les secteurs les plus
exposés, notamment sur celui de la délivrance des autorisations d’urbanisme.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué qu’un dispositif de formation relatif aux risques
d’atteintes à la probité était en cours d’élaboration. Ce dispositif comprendra un socle « généraliste » et des
modules destinés aux publics les plus exposés. Les formations destinées aux personnels chargés de la
délivrance des autorisations d’urbanisme seront élaborées en fonction des conclusions de l’audit diligenté
en 2021.
L’évaluation d’intégrité des tiers se traduit par la mise en oeuvre de diligences consistant à apprécier un risque
spécifique induit par la relation entretenue ou qu’il est envisagé d’entretenir avec un tiers donné pour
décider des suites à donner (acceptation ou refus de l’entrée en relation, ajustement des contrôles internes,
etc.).
La nature et la profondeur des évaluations à réaliser et des informations à recueillir sont déterminées en
fonction des différents groupes homogènes de tiers présentant des profils de risques comparables, tels que
la cartographie des risques d’atteintes à la probité permet de les identifier. Ainsi, les groupes de tiers jugés
pas ou peu risqués peuvent ne pas faire l’objet d’une évaluation ou faire l’objet d’une évaluation simplifiée
tandis que les groupes les plus risqués nécessitent une évaluation approfondie.
Le processus fait l’objet de plusieurs fiches de procédures claires à destination des services opérationnels
ainsi que d’un pas à pas détaillé à destination des équipes d’instruction de la direction de la comptabilité77.
Ces procédures sont précises et anticipent des problématiques concrètes, par exemple la réalisation de
prestations à une association auparavant simplement subventionnée.
La liste des tiers communiquée à l’équipe de contrôle comporte environ 103 000 tiers distincts. Sur cette
base et par croisement avec l’état des paiements, l’équipe de contrôle n’a relevé que six paiements à
destination de tiers non recensés dans la liste des tiers fournie par la commune à l’équipe de contrôle78. La
commune a fourni en réponse au rapport provisoire les fiches de ces six tiers. Ces éléments montrent la
qualité comptable et la robustesse de la procédure de gestion des tiers financiers de la commune. Il est par
40
Rapport sur la commune de Marseille
ailleurs à noter que l’ensemble des paiements des mairies de secteurs est mandaté à destination de tiers
correctement identifiés et gérés par la direction de la comptabilité.
Au vu du contexte sanitaire au moment du contrôle, l’équipe de contrôle n’a pu approfondir ses analyses sur
le mode de fonctionnement du SI financier Pégase (sécurisation des accès, contrôles logiciels embarqués...).
Les acheteurs publics ont l’obligation d’exclure un candidat, condamné pour certains faits en matière
pénale79. Si la personne publique peut constater la présence de motifs d’exclusion sur la base d’éléments
fournis par l’opérateur économique (une déclaration sur l’honneur transmise par le tiers est acceptée comme
preuve suffisante attestant qu’il ne se trouve pas sous le coup d’une exclusion liée aux atteintes à la probité),
rien ne Lui interdit de procéder elle-même à cette vérification en demandant un extrait de casier judiciaire
pour les personnes physiques (dans le cas où un doute sérieux subsisterait sur la sincérité de la déclaration
sur l’honneur, ou bien si le marché présente un risque partïculièrement grave au regard de la cartographie
des risques). Une telle démarche est notamment recommandée pour les dossiers à enjeux.
Les services de la commune de Marseille déclarent insérer systématiquement depuis 2019 une clause dans
les actes d’engagement des marchés publics exigeant la production d’une attestation sur l’honneur signée
par la personne habilitée à engager la société et libellée comme suit « J’affirme (nous affirmons) sous peine
de résiliation du marché à mes (nos) torts exclusifs que la (les) société (s) pour laquelle (lesquelles) j’interviens
(nous intervenons) ne tombe(nt) pas sous le coup des interdictions découlant des articles L. 2141-1 à 14 du
Code de la commande publique »80•
L’équipe attire l’attention de la collectivité sur la décision récente du Conseil d’État relative à l’éviction des
tiers condamnés pénalement, qui devrait conduire à faire évoluer le droit français pour le mettre en
conformité avec le droit communautaire81. La directive européenne impose en effet que le candidat,
condamné définitivement pour une infraction pénale, soit invité à présenter ses observations, dans un délai
raisonnable, auprès du pouvoir adjudicateur afin de démontrer, par tout moyen, qu’il a pris les mesures
nécessaires pour corriger les manquements correspondant aux infractions mentionnées au même article
pour lesquelles il a été définitivement condamné.
La commune de Marseille recense ses tiers financiers dans une optique comptable, sans les évaluer au sens
des risques d’atteinte à la probité82.
41
$$
Observation n°9
Rapport sur la commune de Marseille
Recommandation n°6: D’ici la fin de l’année 2022, se doter d’une procédure d’évaluation de l’intégrité
des tiers modulant les diligences à accomplir en fonction des profils de risque des différentes
catégories de tiers tels qu’identifiés par la cartographie des risques d’atteintes à la probité.
En application des articles 6 à 16 relatifs à la protection des lanceurs d’alerte de la loi n°2016-1691 du 9
décembre 2016, sont assujettis à l’obligation de mettre en oeuvre une procédure de recueil des signalements
des lanceurs d’alerte les personnes morales de droit public ou de droit privé d’au moins cinquante salariés,
les administrations de l’État, les communes de plus de 10000 habitants ainsi que les établissements publics
de coopération intercommunale à fiscalité propre dont elles sont membres, les départements et les régions.
Cette obligation a été précisée par le décret d’application n°2017-564 du 19 avril 2017 et par une circulaire
ministérielle du 19juillet 2018.
La commune de Marseille est soumise à cette obligation. La précédente municipalité n’avait toutefois pas
1er
élaboré de procédure d’alerte, malgré l’entrée en vigueur du décret le janvier 2018. En l’absence d’un tel
dispositif, les agents pouvaient s’adresser à leur hiérarchie, aux organisations syndicales ou à l’IGS. Toutefois,
aucune procédure n’avait été formalisée et aucune information en ce sens n’avait été diffusée aux agents de
la collectivité.
La nouvelle municipalité a voté, lors du conseil municipal du 8février2021, la mise en place d’une procédure
de recueil des signalements applicable dès le mars 2021.
La commune a fait le choix de rattacher cette fonction à l’IGS et de mettre en place un collège composé de
représentants de l’IGS, de la DGAAJ et de la référente-déontologue. S’agissant des conflits d’intérêts, la
commune a indiqué que le règlement intérieur de ce collège, en cours de rédaction, intégrerait des
dispositions afin de les prévenir. Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a précisé que le
règlement intérieur avait été adopté le 12 mai 2021.
La procédure annexée à la délibération reprend en tous points la circulaire du 19 juillet 2018 tant sur le
champ d’application du régime de signalement que des modalités et procédure de signalement ou que des
mesures de garanties et de protection du lanceur d’alerte ou de la personne mise en cause.
La saisine peut être faite par courrier, sous double enveloppe ou par courriel à l’adresse
alerte.ethigue@marseille.fr. Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué avoir complété le
dispositif par la mise en place d’une plateforme internet dédiée « marseille.signalement.net ».
Le collège est chargé d’examiner la recevabilité de l’alerte et de procéder à son instruction si elle est
recevable. À l’issue de l’instruction, est établi soit un rapport n’appelant pas de suite, soit un rapport avec
recommandations, soit un rapport avec signalement aux autorités compétentes. Le lanceur d’alerte et les
personnes visées en sont informés et les données individuelles détruites dans un délai dépendant de la
teneur du rapport.
42
Rapport sur la commune de Marseille
Il a été indiqué à l’équipe de contrôle83 que l’ensemble des agents de la commune serait informé de la mise
en place du dispositif d’alerte interne par une communication sur l’intranet de la ville, par un article dans le
magazine interne « Les Municipaux)> et par une information annexée à chaque bulletin de salaire. Dans sa
réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué avoir largement communiqué sur le dispositif
notamment au moyen de
L’équipe de contrôle souligne que ce dispositif pourrait en outre être utilement ouvert aux tiers qui sont
en relation avec la commune (satellites, délégataires voire fournisseurs).
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a fait part de sa volonté d’ouvrir le dispositif d’alerte
interne à certains tiers (bénéficiaires de subventions et attributaires des marchés publics).
Les règles fondamentales régissant la procédure disciplinaire des fonctionnaires territoriaux sont définies par
la loi84. Conformément aux recommandations de I’AFA, un dispositif global de prévention des atteintes à la
probité doit intégrer un volet disciplinaire, précisant les sanctions encourues en cas de violation du code de
conduite ou de manquement au devoir de probité.
Ainsi qu’il a été indiqué au paragraphe 11.2.1.2, la commune de Marseille ne dispose ni d’un code de conduite
ni d’un document spécifique rappelant les sanctions encourues en cas d’atteinte à la probité.
Le « Livret d’accueil RH » rappelle les droits et obligations des agents de la collectivité, sans mentionner
expressément les sanctions disciplinaires applicables.
Concernant les élus, aucun document ne les informe des risques encourus en cas de manquement à la
probité. Seul le projet de charte de déontologie du conseil municipal85 prévoit que les élus s’engagent à
démissionner de leur mandat en cas de condamnation pénale pour crime ou délit.
43
Rapport sur la commune de Marseille
Parmi les cas de manquements à la probité commis par des agents municipaux indiqués à l’équipe de
contrôle, la plupart ont fait l’objet de sanctions disciplinaires voire, pour les plus graves, de signalements au
procureur ou de dépôts de plaintes
Vol aggravé et abus ce confiance par un agent d’un bureau rnunicioa’ de Exclusion temporaire de 3 jours puis
proximité déplacement de l’agent
Détournement de fonds publics de plusieurs dizaines de milliers d’euros par les Dépôt de plainte avec constitution de
agents d’un musée partie civile
utilisation indue par un agent d’un bien immobilier municipal vacant Exclusion temporaire 3 jours
Emprunt d’un fond de caisse par le régisseur, méme agent que ci-dessus Exclusion temporaire 3 jours
‘ , Avertissement
d ordre prive)
.
Blame
de la regie
Tableau 2: Faits susceptibles de constituer des atteintes à la probité ayant fait l’objet de suites signalés par la commune87.
L’équipe de contrôle relève que, pour des faits qui semblent similaires, les sanctions ne sont pas de même
importance. Ainsi, les cas supposés de détournement de fonds publics ont pu être sanctionnés par un blâme,
un avertissement ou une exclusion temporaire de deux ans. Dans sa réponse au rapport provisoire, la
commune a précisé que ces différences s’expliquaient par la prise en compte des circonstances et des
conditions dans lesquelles les faits ont eu lieu, mais aussi des explications données par le mis en cause,
En outre, il est constaté l’absence de suites pour certains cas graves d’atteinte à la probité puisque les
personnes concernées, agents ou élus, n’ont fait l’objet d’aucune sanction.
Concernant les faits supposés de détournement de fonds dans les piscines, des enquêtes administratives88
ont été réalisées et la chef de service des sports a demandé à la DRFiP89 un contrôle des régies de recettes
des piscines. Plusieurs notes de service>0 ont été adressées au personnel des piscines leur rappelant la
nécessité d’une « organisation stricte des régies)> et leur obligation de fournir une contre-marque à tout
‘ cf. fichiers : 2OAFA-Ooss’ers plaintes atteintes à la probité; 2OAFA-sanctions RI-l manquement à ‘obligation de orobité.pdf et
fichier: 23a-plaintepdf
cf. fichier :63 Enquête administrativepdf
89 Cf. f:chEer:63 courriel de demande de contrôles de régies de recettespdf
44
Rapport sur la commune de Marseille
usager s’étant acquitté d’un droit d’entrée. La commune a indiqué que deux plaintes avaient été déposées
en 2016e’. Dans l’attente d’un jugement et faute de preuves avérées par les enquêtes administratives,
aucune sanction disciplinaire n’a été prise à l’encontre des agents incriminés, mais ces derniers ont fait l’objet
de déplacements dans l’intérêt du service. Le principal suspect est convoqué au tribunal correctionnel le 14
avril 202192,
Quant à l’élu qui a utilisé sans cadre légal des véhicules de service à des fins personnelles, il a été destinataire
de deux courriers du DGS en juillet 2018 lui enjoignant de restituer le véhicule. Au moment de l’enquête
administrative en 2019, ce véhicule n’avait pas été restitué, La direction du parc automobile (DPA) a
interrompu la possibilité pour ce véhicule de s’approvisionner en carburant aux pompes municipales en
novembre 2018. Concernant les contraventions au code de la route, d’un montant de 8991€ entre 2010 et
2018, la DPA n’a pas transmis les coordonnées au conducteur à l’Agence nationale de traitement automatisé
des infractions avant 2018 au motif qu’elle ne disposait pas de son adresse personnelle, ni de son numéro de
permis de conduire. Toutefois, elle a déposé plainte le S octobre 2019 auprès du procureur de la
République?3, mais cet élu a conservé sa délégation jusqu’à la fin du mandat.
S’agissant de l’agent responsable d’un centre d’animation dans une mairie de secteur, il apparaît qu’il
exerçait en parallèle une activité d’animateur pour le compte d’une association présidée par son épouse et
que pour obtenir les marchés d’animation dans les CMA, il aurait fourni de faux devis d’autres sociétés ou
associations. Ces agissements auraient été possibles à l’aide de complicités internes impliquant notamment
sa hiérarchie directe. La DGS de la mairie en poste au moment des faits a diligenté une enquête interne
qu’elle a adressée à la DGARH. Une plainte contre X a été déposée auprès du procureur de la République,
mais ni l’agent incriminé ni ses complices présumés n’ont fait l’objet de sanctions disciplinaires, la ville étant
toujours dans l’attente des suites de l’enquête.
L’affaire des buvettes exploitées par les gardiens des stades, connue depuis au moins 25 ans comme en
témoigne le rappel des faits ci-dessous, n’a pas, elle non plus donné lieu à des sanctions disciplinaires. La
DGAAJ avait fait une alerte en 1995 sur les risques juridiques encourus et la CRC avait, la même année, exigé
la fermeture immédiate des buvettes des stades d’une autre grande ville, ce qui aurait pu conduire l’exécutif
marseillais à se saisir du problème. Une réunion, le 22 mars 2000, avec le DGS au cours de laquelle la DGAAJ
avait proposé soit le maintien d’une gestion en régie des buvettes, soit une exploitation externalisée, n’avait
donné lieu à aucune prise de décision. La situation a ainsi perduré pendant plusieurs années. La directrice
des sports a alerté l’adjoint aux sports le 21 décembre 2018 en lui rappelant les préconisations de la DGAAJ.
Une réunion avec le DGS s’est tenue le 12juin 2019 à l’initiative de la DGA et a abouti à la saisine de l’IGS le
8 novembre 2019. L’audit réalisé par l’IGS entre 2019 et 2020 a confirmé que les gardiens exerçaient cette
activité en toute illégalité et a recommandé de ((diffuser des instructions claires aux agents concernés
exigeant de cesser ces activités et constituer une régie comptable permettant à la ville l’encaissement des
recettes de cette activité... ». Tout en n’ignorant pas les difficultés inhérentes à la gestion de ce type de
situation, notamment sur le plan social, I’AFA déplore que cette situation ait pu durer aussi longtemps,
malgré les diverses alertes et s’étonne qu’aucune procédure disciplinaire n’ait été engagée à l’encontre de
ces agents, ni qu’aucun signalement au procureur ou dépôt de plainte n’ait été effectué.
Afin de limiter le risque que de tels faits se renouvellent, la commune n’a pas fait preuve de rigueur ni de
cohérence en matière de sanctions disciplinaires et n’a pas mis en place de mesures correctrices telles que
le renforcement du contrôle interne dans les directions concernées. L’adoption d’un code de conduite à
destination des agents, rappelant les bonnes pratiques et exposant les risques encourus en cas de
manquements, serait de nature à faciliter la prise de sanctions exemplaires et homogènes.
‘ L’une d’elle, déposée e 30novembre2016 a été transmise à l’équipe de contrôle: fichier: Plainte Procureur Repubhque.pdf
92 f, fichier :63 convocat}on tribunal.pdf
cf. fichier: 1O5AFA-201910117_Saisine Procureur.pdf
cf. fichier: 20200521_A_Buvettes stades_RDEF.pdf
45
nhhption n°10:
Rapport sur la commune de Marseille
F Recommandation n°7: Préciser dans le futur code de conduite les sanctions applicables en cas de
violation du code de conduite ou de manquement au devoir de probité et développer une démarche
de retour d’expérience systématique destinée à prévenir la réitération de faits similaires.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué travailler sur la mise à jour du Livret d’accueil
RH pour y insérer les règles déontologiques et les sanctions disciplinaires applicables en cas de manquement.
Par ailleurs, la charte déontologique des agents intégrera des exemples de sanctions possibles en lien avec
des atteintes à la probité.
Il est attendu des acteurs publics qu’ils mettent en oeuvre des procédures de contrôle visant à prévenir les
atteintes à la probité.
Il est rappelé que le contrôle interne comprend des contrôles de premier niveau et de deuxième niveau
- les « contrôles de premier niveau » sont les contrôles opérationnels et la surveillance permanente
effectués par chaque collaborateur et sa hiérarchie dans le cadre de leurs activités quotidiennes. Il
s’agit de s’assurer, a priori, que les tâches inhérentes à un processus opérationnel ou support ont été
effectuées conformément aux procédures édictées par l’entité contrôlée;
- l’expression <(contrôles de deuxième niveau ‘>désigne les contrôles réalisés aposteriori, à fréquence
prédéfinie ou aléatoire, idéalement par des services non impliqués opérationnellement. Ces
contrôles sont des examens de fond et de forme permettant de valider la conformité du processus
aux procédures internes, de s’assurer de la bonne exécution des contrôles de premier niveau et du
bon fonctionnement du dispositif mis en oeuvre.
À la date du contrôle, les procédures de contrôle interne de la commune ne sont pas pilotées et organisées
par un service ou une unité en charge de ces questions et ne s’appuient pas sur une analyse préalable des
risques. L’un des principaux enjeux est donc la remise à plat des processus, la formalisation des procédures
les encadrant et la mise en place de mesures de contrôles internes adaptées.
Observation n°11 : À la date du contrôle, la commune ne s’est pas dotée d’un dispositif de contrôle
interne structuré et formalisé permettant notamment de prévenir et détecter les atteintes à la
probité.
Recommandation n°8: Avant la fin de l’année 2022, organiser et piloter le déploiement des
dispositifs de contrôle interne en fonction des risques identifiés, notamment d’atteintes à la probité.
Ces dispositifs de contrôle devront notamment comprendre des contrôles de deuxième niveau.
L’équipe de contrôle s’est attachée à examiner certains processus sélectionnés pour leur niveau
d’exposition aux risques d’atteinte à la probité et pour leur caractère transversal.
46
Rapport sur la commune de Marseille
Effectif du cabinet
Les collectivités territoriales peuvent recruter, en plus des personnels administratifs et techniques, des
personnels ayant une mission plus politique et qui vont conseiller et accompagner les élus dans la mise en
oeuvre du programme sur lequel ils ont été élus.
L’effectif maximum des collaborateurs du cabinet du maire est limité au regard de la population de la
commune95. En l’occurrence, pour Marseille qui compte 870 000 habitants, le nombre de postes autorisés
est de seize. Conformément à l’article 3696 de la loi n°82-1169 du 31 décembre 1982, le conseil municipal a
voté une délibération le 28 avril 2008 approuvant la création d’un emploi de collaborateur de cabinet
auprès de chacun des huit maires de secteur.
Rémunération
Les règles de rémunération des collaborateurs de cabinet sont définies à l’article 7 du décret n°87-1004 du
16décembre 198798 qui dispose que le traitement indiciaire de chaque collaborateur de cabinet ne peut en
aucun cas être supérieur à 90% du traitement correspondant
Les traitements indiciaires du directeur de cabinet et du directeur de cabinet adjoint se sont élevés, en 2019,
à respectivement à 115 433,04 et 99931,56 largement au-dessus du plafond défini en l’espèce, égal à
64 783,91€, soit 90% du traitement correspondant à l’indice terminal du grade d’administrateur général
territorial, indice majoré 1279 (3e chevron hors échelle D).
Ces règles s’appliquent aussi en matière de régime indemnitaire. Selon l’article 7 du décret susmentionné,
«k montant des indemnités [versées aux collaborateurs de cabinetj ne peut en aucun cas être supérieur à
90 % du montant maximum du régime indemnitaire institué par l’assemblée délibérante de la collectivité (...)
et servi au titulaire de l’emploi fonctionnel ou du grade de référence [le plus élevé] ». Selon le fichier des
Article 10 du décret n°87-1004 du 16 décembre 1987:o L’effectif maximum des collaborateurs du cabinet d’un maire est ainsifixé:
- une personne lorsque la population de la commune est inférieure à 20000 habitants;
- deux personnes lorsque la population de la commune est comprise entre 20000 et 40000 habitants;
- une personne pour chaque tranche supplémentaire de 1 ô 45000 habitants lorsque la population de la commune est cam prise entre
40001 et 400 000 habitants;
- une personne pour chaque tranche supplémentaire de I ô 80000 habitants lorsque la population de la commune est supérieure ô
400 000 habitants. ».
« Les dispositions de l’article 110 de la loi n’ 84-53 du 26janvier1984 portant dispositions statutaires relatives ô la fonction publique
territoriale s’appliquent aux moires d’arrondissement. Pour l’application de ces dispo5itions, une délibération du conseil municipal
précise le nombre et la rémunération des personnels concernés, Le maire nomme ainsi auprès du maire d’arrondissement, sur
proposition de celui-ci, un ou plusieurs collaborateurs de cabinet. »
Délibération n’08/0319/FEAM du 28avril2008.
Décret n°87-1004 du 16décembre 198] relatif aux collaborateurs de cabinet des autorités territoriales.
Tribunal administratif de Lyon, 8 mars 2005, Préfet du Rhône, req. n°0401674, cité par Les informations administratives et
juridiques, n°6 (06/2013), p. 8.
‘°°QE AN n°53334 du 14décembre2004, réponse JOAN du 1er août 2006.
101
f• 017.
47
-
rémunérations 2019 transmis à l’équipe de contrôle, peu de collaborateurs de cabinet ont perçu des
indemnités et pour des montants négligeables.
Avantages en nature
Observation n°12: En 2019, les rémunérations de l’ancien directeur de cabinet et de son adjoint ont
dépassé le plafond prévu par le décret n°87-1004 du 16décembre1987 et la loi relative aux véhicules
de fonction n’a pas été respectée. .
Recommandation n°9: Mettre en place des procédures de contrôle interne permettant de s’assurer dans
le temps du respect des plafonds de rémunération fixés par la réglementation s’agissant des membres
du cabinet.
1L3.3.1.2 Les frais de déplacement des élus dans le cadre des mandats spéciaux
Les membres du conseil municipal peuvent bénéficier du remboursement des frais de transport et de séjour
qu’ils ont engagés pour se rendre à des réunions dans des instances ou organismes où ils représentent leur
commune, lorsque la réunion a lieu hors du territoire de celle-ci (articles L.2123-18-1 et R.2123-22-2). En
outre, les élus communaux ont droit au remboursement des frais engagés pour l’accomplissement d’un
mandat spécial’°2.
Le mandat spécial revêt un caractère exceptionnel et est strictement encadré par la jurisprudence. Il exclut
les activités courantes de l’élu, Il doit concerner un déplacement ponctuel et circonscrit dans le temps et doit
répondre à un intérêt public local 103 Son caractère exceptionnel impose une délibération du conseil
102 Art. L. 2123-18 du cGcT « Les fonctions de moire, d’adjoint de conseiller municipal, de président et membre de délégation spéciale
donnent droit ou remboursement des frais que nécessite l’exécution des mandats spéciaux.
I es frais ainsi exposés peuvent être remboursés forfaitairement dons la limite du montant des indemnités journalières allouées à cet
effet oux fonctionnaires de l’État.
Les dépenses de transport effectuées dons l’accomplissement de ces missions sont remboursées selon des modalités fixées par
délibé ration du conseil municipal.
Les autres dépenses liées à l’exercice d’un manda r spécial peuvent être remboursées par la commune sur présentatian d’un état de
frais et après délibération du conseil municipal. S’agissant des frais de garde d’enfants ou d’assistance aux personnes âgées,
handicapées ou à celles qui ont besoin d’une aide personnelle ô leur domicile, le remboursement ne peut excéder, par heure, le
montant horaire du salaire minimum de croissance. »
103
selon la jursprudencedu conseil d’État, le niandarspécial comprend « toutes les missions accomplies aveclautorisation du conseil
municipal dans ,“intérét des affaires communales, à l’exclusion seulement de celles qui lui incombent en vertu d’une obligation
résultant d’une disposition législative au réglemenraire expresse » IcE, 24 mars iso, sieur Maur,ce) cf. fichier: Q5T-AN-14-
62894QE.
48
Rapport sur la commune de Marseille
municipal qui doit être votée préalablement au déplacementtm4. Il est toutefois admis que la délibération
puisse être postérieure au déplacement en cas d’urgence, même si la jurisprudence n’est pas venue le
préciser à ce jour. En outre, le remboursement des frais, en principe forfaitaire sur la base des indemnités
journalières allouées aux fonctionnaires de l’État, pourra être basé sur les frais réellement engagés sur
présentation de justificatifs à la condition que l’assemblée délibérante en ait fixé préalablement les règles105.
Enfin, les titulaires du mandat spécial doivent être nommément désignés dans la délibération106, mais aucun
texte n’interdit qu’une personne puisse se substituer en cas d’empêchement du titulaire du mandat. Ne
peuvent faire l’objet de remboursement les dépenses de transport des conjoints des élus ou de personne
tierces à la collectivité107.
Le conseil municipal élu en 2020 a voté le 27juillet 2020 une délibération cadreca fixant les modalités de
prise en charge des frais de déplacement dans le cadre des mandats spéciaux et précisant que « les
déplacements [peuvent], au cas par cas être remboursés aux frais réels, sur présentation des pièces
justificatives pour les dépenses de transport et de séjour (déplocement, hébergement restauration..) ».
Or, la commune de Marseille a autorisé jusqu’en 2019 le déplacement de délégations comprenant des élus,
des agents et des personnalités extérieures dans le cadre de manifestations d’ordre culturel ou économique
à l’étranger ou hors du territoire communal’°9 devant faire l’objet d’un mandat spécial. L’examen des
délibérations autorisant ces déplacements appelle les observations suivantes
- alors que les titulaires du mandat spécial doivent être nommément désignés, il apparaît que sur la
majorité des délibérations, la composition de la délégation est imprécise. En effet, seules les
délibérations relatives aux déplacements à Shanghai en 2018”° et à Londres en 2016’’ précisent le
nom des élus de la délégation. Les autres délibérations ne précisent pas quels élus font partie de la
délégation, et certaines délibérations indiquent simplement «élus concernés », «élus)) ou
« adjoints ‘)
- plusieurs délibérations”2 (Canada 2019, Shanghai 2018, lsraèl 2018, Hambourg 2018, Miami 2017,
Turin 2017, Londres 2016, Bruxelles 2016 et Japon 2016) autorisent la prise en charge des frais de
déplacement pour des «personnalités extérieures». Ainsi, l’examen des pièces concernant la mission
104
CE, 11janvier 2006 département des Bouches-du-Rhône c/chérubini n265325 « La délibération délivrant à un conseiller général
un mandat spécial est illégalement rétroactive lorsqu’elle intervient postérieurement ou déplacement auquel elle se rapporte. »
105 CAA Paris, 26janvier1995, Legros n93PAO11O1.
CM de Bordeaux n’99BX01800, 24juin2003.
:07 Cour
des Comptes, 4è chambre, 7novembre 1895, commune ae Rennes
108 Cf.
fichier: 2020-0203.pdf
°»
MAPIC Cannes 2019 (délibération 19/0200/uAGP), (Berlin, Lille, Cannes (2019-0054 - 19/0278/ECSS), Milan 2019 (2019-
o199/OAGP), Vivatech Paris 2019 (19/0132/DDCV), Paris SIEC 2019 (19/0198/uACP), Paris 5IEC 2020 (2019-1110), Austin 2019,
Maroc 2019 (2018.0441), Canada 2019 (2019-0436), lsra& 2019 (2019-0492), Moscou 2019. Japon 2019 (2019-1188), Londres 2019,
Paris salon de la plongée 2019 (2018-1038), Las vegas consumer electronic show 2019 (2018-0981). Shanghai 2018 (2018-0797),
Israel 2018 (17/1707/EFAG), festival Cannes séries 2018 (18/0238/EC5S), festival de Cannes 2018 (18/0047/ECSS), SIMI et
MIPIM Paris 2018 (18/0029/EFAG), Vivatech Paris 2018 (18/0347/DDCv et 18/0586/DDCV), SIEC 2018 (18/0250/OAGP), MAPIC 2018
(18/0251/uAGP), Hambourg 2018 (2018-0455), Moscou 2018, MIPIM et SIMI Paris 2017 (17/1239/EFAG), Las vegas consumer
electronic show 2018 (17/2108/DDCV), Casablanca 2018 (18/0441/EFAG), MAPIC Cannes 2017 (17/1264/UAGP), SIEC Paris 2017
(17/1265/UAGP), Miami 2017 (2017-2005), Turin 2017 (17/2006/EFAG), lsraèl 2017 (2018-0442), Los Angeles 2017 (2017-1259), Las
Vegas consumer electronic show 2017 (16/0813/DDCV), Londres 2015 (16/0145/EFAG), Bruxelles 2016 (16/0918/ECSS), SIMI PARIS
2016 (16/0719/EFAGI, MAPIC Cannes 2016 (16/o212/uAGP), SIEC Paris 2016 (16/0211/UAGP), Japon 2016 (16/1130/EFAG), Cannes
2016 (16/0207/EC5S).
“» Délibération
201g-0797
Délibération 2016-0918
112
Délibérations 2019-0436, 2018-0797, 2018-0442, 2018-0445, 2017-2005, 2017-2006, 2016-0145, 2016-0918 et 2016-1130.
49
Rapport sur la commune de Marseille
au Canada en 2019 fait ressortir la prise en charge de 3782,37€ au titre des trais de déplacement et
d’hébergement pour deux journalistes”;
- deux délibérations ont été votées pendant les déplacements qu’elles autorisaient, ce qui, aux cas
d’espèce, ne pouvait être justifié par un caractère d’urgence déplacement au Japon du 4 au
10 décembre 2016 autorisé par une délibération passée le S décembre 2016”, et déplacement au
festival « Cannes séries» du 4 au 11avril 2018 autorisé par délibération du 9avril 2018.
Par ailleurs, certains déplacements n’ont pas fait l’objet de délibérations autorisant les élus à se rendre hors
du territoire communal sous couvert d’un mandat spécial : Austin, Moscou et Londres en 2019 et Moscou en
2018. De plus, il apparaît que des frais de déplacement et d’hébergement de certaines personnes extérieures
(chefs d’entreprises et avocats) ont été payés par la commune lors du voyage à Moscou en 2018 sous couvert
de certificats administratifs signés par le maire justifiant de l’intérêt communal115.
Observation n°13 : Lors de la précédente mandature, les dépenses relatives à l’envoi de délégations
hors du territoire communal n’ont pas été systématiquement correctement justifiées et pour
certaines sont illégales.
Recommandation n°10: Mettre en place les contrôles internes permettant de s’assurer du respect
de la législation en matière de frais de déplacement dans le cadre des mandats spéciaux, en veillant à
adopter, antérieurement au déplacement, une délibération précise et nominative.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a précisé que le calendrier de mise en oeuvre de ces
contrôles sera à définir avec le service en charge de ce sujet suite à la réorganisation des services de la Ville.
L’achat public est organisé au sein des services de la commune de Marseille autour de deux directions support
intégrées dans deux DGA distinctes. La répartition des rôles est explicitée dans le guide”5 édité par la
direction de la commande publique
- la direction de la commande publique (DCP), au sein de la DGA finances et moyens généraux,
compte 43 agents, dont 11 de catégorie A. Elle est chargée de la partie économique (sourçage,
parangonnage...) de l’achat, mais également de la computation des seuils des besoins des services
centraux et de la passation de certains marchés transverses;
- la direction des marchés et des procédures d’achats publics (DMPAP), au sein de la DGA action
juridique, compte 27 agents, dont 11 de catégorie A. Elle est chargée de la partie juridique de l’achat
(revue des dossiers de consultation des entreprises, préparation des CAO...). À ce titre, elle relit, à
des fins de sécurisation juridique, tous les marchés passés au sein de la collectivité (y compris ceux
des mairies de secteur) d’un montant supérieur à 40 k€ HT.
Il existe également des directions des ressources partagées (DRP) au sein des DGA et, au sein de certaines
directions, des services des ressources partagées (SRP). Ces cellules sont compétentes sur tous les champs
fonctionnels (RH, comptabilité, budgétaire et achats). À titre d’exemple, au sein de la DGA architecture et
valorisation des équipements (DGAAVE)
- la DRP comporte un pôle marché de 10 équivalents temps plein (ETP) dont S de catégorie A;
116 Cf. 065: N’ 63-64-65-66 -Guide de la commande Publique, pages 29 et suivantes. Dernière version :2019.
50
Rapport sur la commune de Marseille
- les différents SRP des directions comportent en tout environ S ETP affectés à des missions de
passation de marchés publics”.
La commune a indiqué à l’équipe de contrôle ne pas être en capacité118 de lui communiquer une liste
exhaustive des marchés actifs ou soldés au cours des trois derniers exercices. La liste fournie”9, extraite de
l’outil financier Pégase, n’est en effet pas complète et ne comprend pas certains marchés pourtant passés en
commission d’appel d’offres et notifiés six mois avant la génération de ladite liste123. Par ailleurs, cette liste
présente de nombreuses incohérences par exemple de nombreux marchés affichent des durées d’exécution
de centaines de mois, y compris dans des cas dans lesquels il est très peu probable que cette durée
corresponde à la réalité’21.
L’analyse de l’état des paiements ne permet pas non plus de conclure sur la volumétrie de marchés gérée
par la commune puisque font l’objet d’un « numéro de marché » tout aussi bien les dépenses liées à des
marchés publics que celles liées à d’autres types de contrats (subventions..).
L’équipe de contrôle s’est par conséquent appuyée sur le travail de contrôle de gestion mené par la direction
des marchés et qui recense 595 consultations émises en 2019122, dont une centaine dépassant les seuils
européens et passant à ce titre en CAC. Au vu des différents croisements de données effectués par l’équipe
de contrôle, ces chiffres semblent pouvoir être retenus comme des ordres de grandeur représentatifs de
o l’activité commande publique» communale123.
La ventilation de l’origine des demandes permet de conclure à son émiettement au sein des services avec un
grand nombre de directions passant très peu de marchés (35 directions passant environ une demi-douzaine
de procédures par an) et quelques entités passant de nombreux marchés. Parmi ces dernières figure
logiquement la direction de l’architecture, mais également les mairies de secteur, qui, en dépit de leur faible
budget, lancent de très nombreuses procédures.
‘‘
cf. Q121 suite entretien, les organigrammes de la DGAAVE
cf. 013 13AFA-Note explicative.
119
cf. 013 13AFA-Liste des marchés VDM Paiement fractionné.
-
120
Cf. 0116 et le marché lié à l’AAPC N2019_50 0010052 par exemple.
121 cr. 13AFA-Liste des
marchés VDM Paiement fractionné et par exemple le marché 2019_0399 d’une durée de 30 ans dont
-
51
Rapport sur la commune de Marseille
150
140
223
120
100 89
I
SI
2D
Bv1PM
11.111
DAC DGAAPM DGANS DO-AVE DG’JA- D’Mer Mairies dc
sec:eur
35 autres
directons
Le guide de la commande publique édité par la DcP, mis à jour en juillet 2019, et le guide des marchés publics
édité par la DMPAP, mis à jour en juillet 2020, structurent le processus achat le guide de la commande
publique explicite les mesures liées à l’efficience économique tandis que le guide des marchés traite de la
sécurisation juridique des procédures d’achat.
Les développements qui suivent analysent les différentes étapes du processus de l’achat en comparant les
prescriptions des procédures et leur application réelle constatée par échantillonnage afin de déterminer si
des mesures de contrôle interne ont été mises en place et dans quelle mesure elles sont efficaces.
La phase de recensement des besoins est fortement exposée aux risques d’atteinte à la probité. Par exemple,
la participation directe d’un opérateur économique à la rédaction du marché public lui permettant d’obtenir
des informations privilégiées pour son obtention, la rédaction de spécifications techniques sur mesure ne
permettant la sélection que d’un seul opérateur économique, ou encore le fractionnement artificiel
(< saucissonnage ») des besoins en vue de favoriser un fournisseur constituent des faits susceptibles d’être
qualifiés de favoritisme.
Le guide de la commande publique identifïe la DcP comme responsable de la phase amont de connaissance
du besoin’26. Au vu des documents communiqués, et notamment du guide de la computation des seuils’23
édité par la DcP en 2020, il apparaît que le mode de recensement théorique des besoins est le suivant’25
campagne annuelle de recensement des besoins sur les quatre années à venir auprès des directions
-
52
Rapport sur la commune de Marseille
- recensement des besoins par o le chef de file» de l’unité d’achat. Ce dernier n’est pas clairement
défini; il apparaît qu’il s’agit par exemple d’un DRP d’une direction opérationnelle;
- validation par le chef de file de la ((stratégie d’achats». L’équipe de contrôle note que cette stratégie
d’achats n’est pas définie et ne repose pas sur une formalisation du besoin. Ainsi aucun point de
contrôle n’est précisé à cette étape.
D’un point de vue plus pratique, il apparaît que la computation des seuils s’appuie à la fois sur une table de
nomenclature127 et sur l’outil financier Pégase dans lequel les services doivent imputer la nature de leurs
marchés. Pégase bloque ensuite les demandes imputées sur des lignes dont le montant maximum
(paramétrable) est dépassé.
Si ce mode de fonctionnement a le mérite d’obliger les opérationnels à interroger l’existence d’autres outils
contractuels pour répondre à leur besoin, il est relativement lourd à animer. Cette lourdeur est accentuée
par la table de nomenclature en elle-même. En effet, il existe trois sous-tables de nomenclature une pour
le bataillon des marins-pompiers de Marseille, une pour les mairies de secteur et une pour les services de la
ville, soit en tout 3000 lignes environ. Ces tables présentent un tel niveau de détail qu’il est possible
d’identifier, à titre d’exemple dans la table des mairies de secteur, 29 lignes de nomenclatures différentes
pour des vêtements, 13 pour des plantes, 10 pour des fruits et légumes. Il apparaît dès lors que l’objectif
principal d’une table de nomenclature, qui est de computer par nature d’achat, est inatteignable dès lors
qu’il est loisible à un service opérationnel de s’appuyer sur une ligne de nomenclature vierge de toute
imputation.
Il est d’ailleurs noté que cet important travail de nomenclature ne débouche finalement pas sur une
cartographie des achats de la collectivité satisfaisante. En effet, la DCP édite une cartographie des achats
de la commune et dispose même d’un ETP afin de la maintenir à jour128. Néanmoins, le document présenté
à l’équipe de contrôle n’est pas une cartographie des achats permettant notamment d’identifier les
principales familles d’achats, les principaux axes de dépenses, les principaux fournisseurs et contrats, les
principales zones de risques au vu de l’exposition de la commune à la défaillance d’un fournisseur, mais une
simple analyse de données comptables se contentant d’énoncer le nombre de procédures et leur montant
théorique et réalisé par année, direction, segment d’achat, etc.’29 Dans ce contexte, certains services de la
commune réalisent leurs propres listes de marchés, sur tableur, avec les dates d’échéance’30.
Par ailleurs, certains achats mutualisables font l’objet de procédures non formalisées distinctes. Par
exemple, l’équipe de contrôle a identifié plus d’une dizaine de MAPA distincts en 2019 concernant la livraison
de repas en liaison froide’31. De même, les livrets de famille sont achetés à des fournisseurs différents Sedi
pour la mairie des 13’ et 14’ arrondissements et Fabregue pour celle des 4’ et 5’ arrondissements. Le tableau
des marchés transmis à l’équipe de contrôle montre que la mairie centrale et quelques mairies de secteur
ont passé des marchés distincts avec le fournisseur Fabregue’32 pour des montants allant de 4000€ à
15000 €.
L’outil de la fiche d’expression de besoins n’est pas non plus correctement déployé au sein de la
collectivité. Le guide de la commande publique en prescrit pourtant l’utilisation en proposant une fiche type,
même si celle-ci est perfectible (si elle identifie nommément les parties prenantes à l’acte d’achat, elle ne
prévoit aucune déclaration de non-conflit d’intérêts et ne donne aucune précision sur les modalités de
sélection de la procédure de mise en concurrence). En effet, lors de son échantillonnage d’une petite dizaine
127 Cf. Q79 suite entretien :79_Liste des Nomenclatures Dljc 2020.
128 cf. 78 Profils MPPCG DCP.
129 Cf. 76_cartographie_Generale_2014_Ô_2o19 en l’Ûtat d’avancement ,pdf.
130
Q125 suite entretien par exemple: I.iste Marches DExT.
131 Cf.
Q59 suivi avant c40 relecture lancement 2019.
132 Mairie
9/10: marché 2018-0069 et 2019-0097; mairie 6/8: marché 2018-314; mairie 2/3: marché 2019-410; mairie centrale
marché 2019-417.
53
Rapport sur la commune de Marseille
de marchés émis par des DGA distinctes, l’équipe de contrôle n’a reçu aucune fiche d’expression des besoins,
malgré la demande explicite de cette pièc&33. L’expression des besoins de l’opérationnel est réalisée auprès
de son service ou direction des ressources partagées. Il n’y a pas d’encadrement de la forme de cette saisine
à l’échelle de la collectivité à titre d’exemple, la DRP de la DGAVE dispose d’une fiche d’expression du besoin,
complètement différente de celle prescrite par le guide de la commande publique. Celle-ci est très axée sur
l’aspect budgétaire et très peu sur l’aspect marché il n’existe ainsi aucune clause de prévention des conflits
d’intérêts dans ce document’34.
Enfin, bien qu’il constitue une zone de risques, le recours aux procédures dérogatoires (marchés passés sans
publicité ni mise en concurrence préalables, notamment en cas d’urgence impérieuse) ne fait l’objet
d’aucune mesure de contrôle renforcé.
lI apparaît ainsi que l’émiettement des services fonctionnels en charge de l’achat public ainsi que
l’indisponibilité d’un outil constituant une référence commune conduit à une absence de connaissance
globale de ses besoins et donc réduit toute capacité de la commune à mettre en place un dispositif de
maîtrise des risques efficace.
Sourçage
Le sourçage est une phase du processus d’achat public qui présente plusieurs zones de risque d’atteinte à la
probité. Par exemple, la transmission d’informations privilégiées induisant une asymétrie de l’information
entre les candidats, ou la sollicitation d’un cadeau ou d’une invitation en contrepartïe d’une influence sur les
travaux préparatoires au marché sont des faits susceptibles d’être quahfiés de favoritisme et de corruption.
Si le guide de la commande publique de la DCP décrit le sourçage et l’encadre 135 ses prescriptions
(notamment la formalisation de la démarche au moyen du <(guide d’entretien sourçage ») ne sont pas
utilisées dans les services. Ainsi, les services de la DCAAVE, direction présentant e nombre de procédures
(avec le volume financier afférent) le plus important de la collectivité, ont expressément indiqué à l’équipe
de contrôle ne pas pratiquer le sourçage et ne pas connaître les outils proposés par le guide de la commande
publique. La seule initiative de la DGAAVE assimilable à du sourçage a été la participation annuelle à un salon
«Vitrolles Business Place avec la participation d’un membre de la DRP de la DGAAVE et d’un membre de
la DMPAP. La DCP n’a pas été conviée à cette démarche de sourçage, démontrant que la direction n’est pas
identifiée par les opérationnels comme une ressource utilisable, et ce malgré son positionnement clair sur le
sujet.
La procédure d’encadrement du sourçage existante n’est pas appliquée dans les services. Ainsi, les
démarches de sourçage, laissées de fait à l’initiative des opérationnels, constituent une zone de risque
d’atteinte à la probité non couverte à la date du contrôle.
Des risques d’atteinte à la probité existent en phase d’élaboration du dossier de consultation des entreprises.
Par exemple, le recours abusif aux critères sociaux et environnementaux afin notamment d’exclure les
opérateurs éloignés géographiquement ou le recours injustifié à des marques, labels, spécifications
techniques, ou conditions d’exécution spécieuses dans le but d’avantager un opérateur économique
constituent des pratiques susceptibles d’être qualifiées de favoritisme.
‘ f. 0115.
134 cf. 0123 suite entretiens : 123-Fiche fi vierge.
135 cf. Q65: N’ 63-64-65-66 -Guide de la commande Publique, page 21 et fiche pratique associée.
136 Cf. 0124 suite entretiens :124-BUSINESS PLACE Dossier candidature acheteurs-1.
54
Rapport sur la commune de Marseille
Le dossier de consultation des entreprises est co-élaboré par l’opérationnel en charge du sujet et son SRP
(ou DRP) avant d’être transmis à la DMPAP pour validation, et ce pour tout marché d’un montant supérieur
à 40 kf HT:37. Tous es dossiers de consultation, y compris ceux inférieurs à 40 kf HT, doivent être saisis dans
THEMIS, outil d’aide à la passation de marchés utilisé par la DMPAP. Cet outil propose des documents types
(AE, CCAP, RC...) par type de besoin (fourniture, service, travaux...), dans lesquels des clauses peuvent être
ajoutées ou supprimées en fonction du contexte. Il est utilisé par l’ensemble des acteurs des services
administratifs déconcentrés intervenant sur la commande publique (DRP, SRP et personnels administratifs
des mairies de secteur) et fait l’objet d’un guide édité par la DMPAP’3. La collectivité précise par ailleurs que
l’ensemble des consultations supérieures au seuil de 40 kf HT, y compris celles sans publicité et sans
concurrence, sont mises en ligne sur le profil acheteur de la collectivité’39, ce qui est un gage de transparence.
Par ailleurs, le guide des marchés rappelle dans la fiche 3.2.2 que la publicité doit être adaptée au contexte
des consultations en application de l’article R. 2131-2 du code de la commande publique et de la
jurisprudence.
Les points de contrôle de la DMPAP ne sont toutefois ni explicités ni tracés. Il n’existe pas de « contrat de
service » liant cette direction fonctionnelle à ses «clients » que sont les directions passant des marchés
publics. Ainsi, outre les points de contrôle qui ne sont pas définis, les conditions de saisine et de rendu d’avis
ne sont pas non plus explicitées. Dans un contexte d’absence de programmation des besoins exposé ci-
dessus, cela peut contribuer à mettre sous forte tension les équipes de contrôle de la DMPAP et nuire à la
sécurisation juridique des actes140.
Pour les marchés inférieurs à 40 k€ HT, les directions opérationnelles ne sont pas contrôlées par la DMPAP.
Toutefois, l’obligation de saisie dans l’outil métier THEMIS et la GED Aifresco, préalable indispensable au
mandatement des dépenses afférentes, constitue un élément de sécurisation potentiel intéressant, puisqu’il
pourrait permettre d’initier un contrôle interne par échantillonnage.
Les mairies de secteur qui procèdent à de nombreux achats de faible montant ont, pour certaines, édité leur
propre procédure interne. La mairie des 1” et 7’ arrondissements a ainsi adopté une procédure très souple
pour les achats en dessous des 40 kf HT (prescription d’utilisation de lettre de commande type, de
traçabilité...)41, quand celle des 13 et 14’ arrondissements a identifié des sous-seuils :200, 1000 et 5000€.
Entre Set 40 kf HT, l’utilisation de Themis est obligatoire alors qu’en dessous de S kf de simples modalités
internes (intervention des services administratifs, document interne à remplir, validation du DGS...) sont
prescrites en fonction des montants’42. Néanmoins, dans cette dernière mairie de secteur, cette procédure
n’est pas systématiquement respectée : lors de son échantillonnage, pourtant limité à un seul marché sur
cette mairie de secteur, l’équipe de contrôle a détecté de nombreux manquements à la procédure interne.
En effet, la prestation de traiteur pour 1000 personnes lors des voeux du maire en 2020 pour un montant de
22,7 kf HT n’a fait l’objet que d’une mise en concurrence très réduite : seule une demande de quelques lignes
par courriel à un autre candidat a pu être transmise à l’équipe de contrôle. Par ailleurs, il apparaît que le DGS
n’ait pas été informé de l’engagement pris vis-à-vis de ce fournisseur, contrairement à ce que prévoit la
procédure précitée1’3. De même, aucune trace de la saisie de ce contrat dans Thémis n’a été fournie à
l’équipe de contrôle et l’état des paiements ne fait trace d’aucun enregistrement de numéro de marché, là
encore en contradiction avec la procédure interne. Ce non-respect des procédures interroge d’autant plus
que ce fournisseur a exécuté les deux mêmes prestations, pour un montant à chaque fois très similaire, lors
des deux précédentes éditions des voeux du maire.
55
Rapport sur la commune de Marseille
L’échantillonnage d’un achat de confiseries de la mairie des 4e et 5e arrondissements, là encore le seul réalisé
sur ce périmètre, révèle quant à lui d’autres dysfonctionnements le courriel de mise en concurrence est
rédigé de la manière suivante
«Bonjour, Comme choque année, nous vous sollicitons pour un devis. Nous sommes intéressés par des sachets
qui regroupent: des confiseries, un père No& en chocolat un jus de fruits, viennoiserie ou madeleines.., soit
2,5 C le sochet pour 7000 sachets. Vous est-il possible de glisser dans chaque sachet la carte de visite de Mme
le Maire? Merci par avance pour une proposition Outre l’annonce du prix cible dans la consultation, les
trois candidats retenus pour cette consultation n’ont pas reçu ce message à la même date, un des candidats
le recevant deux semaines après les autres. Aucun document ne retrace l’explication du choix du prestataire.
Enfin, le volume initial de commande de 7000 sachets a été finalement porté, après sélection du prestataire,
à 9000, à prix constant soit une augmentation de près de 30% du volume commandé.
La phase d’attribution des marchés présente des zones de risques d’atteinte à la probité. L’intervention dans
l’analyse des offres d’une personne en situation de conflit d’intérêts avec l’un des candidats est par exemple
susceptible d’être qualifiée de prise illégale d’intérêts.
La CAO de la commune de Marseille fait l’objet d’un règlement intérieur clair et détaillé qui expose tant le
périmètre de compétence de la commission que ses règles de fonctionnement. Ainsi, la commission est
consultée sur tous les marchés supérieurs à 214 k€ HT (ce qui va au-delà de l’obligation réglementaire,
notamment en ce qui concerne les marchés de travaux)45. L’article 3.8 du règlement intérieur définit
spécifiquement le risque de conflit d’intérêts et va jusqu’à l’illustrer par des cas concrets. Outre les élus, sont
présents en commission les services de la DMPAP et la déontologue de la commune de Marseille. Cette
dernière est, à titre d’exemple, intervenue sur un dossier sur lequel un conflit d’intérêts concernant un agent
de la DGAAVE avait été identifié46. Enfin, un dispositif de formation des nouveaux élus siégeant en
commission a été mis en place dès août 2020’. Les mesures et procédures de prévention des risques
d’atteinte à la probité concernant l’attribution des marchés présentés en CAO n’appellent donc pas de
remarques.
Pour les autres marchés, la rédaction et le contrôle des rapports d’attribution sont gérés directement par les
services opérationnels. Si ce mode de fonctionnement présente plus de risques, car concentrant au sein
d’une DGA voire d’une direction les prises de décision, il peut être sécurisé par le biais d’un contrôle de
second niveau efficace.
Exécution
L’exécution des marchés publics présente des zones de risques, d’autant plus que cette phase fait
généralement l’objet de contrôles moins approfondis que ceux diligentés en phase de passation. À titre
d’exemple, la réalisation de modifications substantielles des prestations prévues au marché au bénéfice du
titulaire sans nouvelle mise en concurrence est susceptible d’être qualifiée de favoritisme.
56
Rapport sur la commune de Marseille
Les services utilisateurs des marchés publics sont peu accompagnés et peu encadrés en phase d’exécution
par les services fonctionnels. Ainsi, les services communaux ont indiqué à l’équipe de contrôle qu’e iln’existe
pas de fichier d’alerte des marchés arrivant à échéance ou des marchés atteignant 90 % en taux d’exécution.
Les services opérationnels sont en charge de suivre chacun à leur niveau l’exécution de leurs marchés »149
Cette absence d’encadrement génère quelques aléas puisque l’équipe a pu relever plusieurs protocoles
transactionnels dont l’objet est de permettre le règlement de dépassements de marchés non anticipés°.
De même, « il n’existe pas de fichage systématique des problèmes (malfaçons, retards, conflictualité)
— sur —
les marchés. Les services opérationnels sont en charge de suivre chacun à leur niveau l’exécution de leurs
marchés »‘‘. Concernant l’application de pénalités, ces dernières sont correctement imputées et de ce fait
centralisées dans l’outil financier PEGASE’52. Le rattachement de ces recettes à un numéro de marché
permettrait de suivre plus facilement l’exécution des marchés. Néanmoins, malgré cette centralisation et un
montant de « recette » de l’ordre d’l M€ annuel, il apparaît qu’aucune direction fonctionnelle ne s’est saisie
du sujet pour mener une étude comparative des modalités d’application des pénalités au sein des directions
opérationnelles par exemple. Enfin, les avenants aux marchés publics ne sont encadrés par la DMPAP que
lorsqu’ils concernent une procédure formalisée. Dans le cas contraire, ils sont laissés à la libre appréciation
des directions opérationnelles.
Des insuffisances dans le suivi des engagements comptables ont également été constatées le protocole
transactionnel avec la société Hygiène 2000 a pour objectif de pallier la problématique suivante
c<L’exécution de la deuxième reconduction de ce marché du 28 juillet 2017 au 27 juillet 2018 adonné lieu à
un dépassement du montant maximum annueL En effet, un certain nombre de prestations 15 prestations —
distinctes ont été réalisées par la société à la demande de l’administration pour un montant de 3230 Euros
—
HT pour un disponible marché de 450,20 Euros HT, soit un dépassement de 2 779,80 Euros HT par rapport au
montant maximum annuel marché » La question de l’équipe de contrôle sur l’origine de ce
dysfonctionnement permettant à un fonctionnaire d’engager la commune au-delà des limites contractuelles
et sur les éventuelles mesures palliatives déployées en réaction n’a reçu aucune réponse’54.
• Contrôles de 2’ niveau
Le contrôle de second niveau n’est pas assuré au sein de la collectivité aucune procédure n’affecte cette
tâche à la DMPAP qui, en l’absence d’outils de suivi efficace, n’est pas en capacité de suivre la vie des dossiers
une fois les consultations lancées.
154
02 : compléments à la question 15.
cf. 069: AFAS9-Marchés infructueux ou sans suite. Par exemple, Je lot 2 du marché échantillonné dont l’AAPc est numéroté
2017_50 102_0021 construction du centre social et de la crèche de la Savine, 13015 Marseille, n’est pas dans la liste précitée.
156 cf.
069: AFA69-STAT INFTX SANS SUITE 2018 2019. Sur la base, conservatrice, d’un ratio d’infructuosité identique entre A0O et
MAPA, le fait qu’en 2019 quasiment autant de marchés sans suite ou infructueux soient recensés (16 MAPA contre 13 AOO) quand
deux MAPA sont passés pour chaque AOO aboutit à l’estimation proposée.
157 f•
0115 Re 0115 échantillonnage marchés.
57
$$ -
Rapport sur la commune de Marseille
il n’est pas permis d’assurer que le suivi des retours du contrôle de légalité, qui ne concerne que les
marchés formalisés, soit correctement réalisé au sein de la DMPAP. En effet, l’équipe de contrôle n’a
reçu qu’une fraction des transmissions de la préfecture158 demandées.
Si aucune structuration d’un contrôle interne de second niveau n’est esquissée sur le processus de la
commande publique, notamment en raison de l’émiettement des acteurs compétents et de l’absence d’outil
de pilotage et de suivi performant, l’équipe de contrôle a relevé des bonnes pratiques au sein de la DGA
architecture et valorisation des équipements. En effet, cette DGA, qui a la responsabilité de nombreux
marchés à commande avec prix unitaires, a détecté une zone de risques d’atteinte à la probité dans
l’évaluation des quantités devant faire l’objet de facturation et a déployé en conséquence une mesure
pertinente, qui consiste en la réalisation, par un prestataire externe, d’un contrôle a posteriori par
échantillonnage de certains métrés, avec déplacement sur site’59, Il apparaît à l’équipe de contrôle que cette
mesure est de nature à maintenir sous tension la relation entre les techniciens de la commune et les
entreprises cocontractantes de la commune, et ainsi à prévenir des risques d’atteinte à la probité.
58
Rapport sur la commune de Marseille
La commune de Marseille s’est jointe à la candidature de Paris pour les JO 2024 sur es épreuves nautiques. Ces
dernières seront accueillies dans la marina du Roucas Blanc, ce qui nécessite toutefois certains aménagements à la fois
terrestres (reprise des bâtiments existants en lien avec les nouveaux usages) et maritimes (dragage de la zone
notamment). Sur le périmètre terrestre, la commune de Marseille, dans le cadre de la convention d’objectifs conclue
en 2019 avec la SOLIDEO et PARIS 2024, a lancé un marché de conception réalisation en janvier 2019”. La procédure
concurrentielle avec négociation s’est déroulée en plusieurs temps avec l’appui d’un AMO’6’
-une première phase de sélection des candidats admis à déposer une offre initiale. Parmi les six candidatures déposées,
quatre ont été retenues (les trois majors et une entreprise du top 10 français)’62;
- une seconde phase d’offre initiale initiée en décembre 2019 et conclue en mars 2020’. L’équipe de contrôle note la
mise en oeuvre d’une charte de confidentialité signée par les quatre candidats précisant notamment « Enfin, je
m’engage à ne fournir aucune assistance, directe ou indirecte, relative au Projet à un tiers, c’est-à-dire une personne
n’oyant pas signé la présente Charte, et, en particulier, à ne pas entrer en relation commerciale, directement ou
indirectement, avec un tiers dans un domaine ayant un lien avec le projet”64. Ce point est particulièrement important
dans un contexte dans lequel certains bureaux d’études présents dans les groupements candidats sont par ailleurs
prestataires de la SOLIDEO. L’équipe de contrôle a toutefois relevé l’annotation suivante d’un juriste de la DMPAP
((Relecture de la phase offres à faire dans des délais extrêmement contraints. CCAP de 110 pages, Programme de 500
pages, documents non finalisés, etc. »‘ qui laisse à penser que les mesures de contrôle interne ont été limitées par les
contraintes calendaires;
- une troisième phase de commissions techniques thématiques sur la base des offres initiales (direction de la mer, Pôle
Voile France, Paris 2024, DDTM...). Cette phase de consultation de tiers, présentant des risques notamment de fuites
d’informations confidentielles, a été sécurisée par la remise aux tiers de pièces anonymisées et partielles’66. Les
remarques issues des commissions techniques ont été intégrées dans la phase de négociations avec les candidats qui
s’est déroulée en deux tours avec des courriers jalons diffusés sur le profil acheteur de la collectivité;
-la dernière phase a consisté à la remise des offres définitives par les quatre candidats et au passage devant un jury
composé d’élus de la commune dont certains d’opposition’67 et de personnalités qualifiées dont un DGA de la SOLIDEO
en octobre 2020166.
Le choix du titulaire a été réalisé au regard des qualités fonctionnelles et architecturales des projets, sur la base d’une
analyse approfondie de l’AMO puisque les deux offres classées en tête étaient les moins onéreuses, se calant sur le
budget de 21,4 M€HT annoncé dans le dossier. Une fiche d’alerte a été réalisée par les services préfectoraux sur cette
procédure pointant la mise en oeuvre d’une notation discutable du critère prix’69. L’équipe de contrôle note toutefois
que la mise en oeuvre de cette modalité de notation du critère financier n’est pas de nature à remettre en cause
l’identité de l’attributaire du marché, puisqu’elle s’avère défavorable au candidat retenu.
59
Rapport sur la commune de Marseille
Conclusion
Il est recommandé à la commune de regrouper au sein d’une même structure les directions de la commande
publique et des marchés publics et d’y centraliser également les compétences achats exercées par certaines
directions passant peu régulièrement des marchés. Des « contrats de service » détaillant les modalités de
saisine, de contrôle et les calendriers afférents pourront utilement être mis au point entre la structure et les
DGA utilisatrices. L’objectif doit être de déployer un contrôle interne performant, ce qui ne nécessite pas le
contrôle de l’ensemble des dossiers il peut utilement être procédé par priorisation et/ou échantillonnage
aléatoire, en s’appuyant par exemple sur une cartographie des risques dédiée. Par ailleurs et au vu de la
faiblesse des dispositifs de maîtrise des risques au sein des mairies de secteur (détaillée en focus n’? du
présent rapport), il apparaît qu’il existe au travers de la mutualisation des achats des mairies de secteur un
levier de sécurisation (et d’amélioration de l’efficacité de l’achat) important.
Enfin, I’AFA a coproduit avec la direction des achats de l’État un guide intitulé « Maîtriser le risque de
corruption dans le cycle de l’achat public » présentant tant les risques et les points d’alerte que les bonnes
pratiques en matière de prévention et détection des risques d’atteintes à la probité
Observation n°14: À la date du contrôle, le processus de la commande publique n’est pas piloté
correctement au sein de la commune de Marseille. Des risques d’atteinte à la probité en découlent,
notamment sur les marchés de faible montant qui échappent à tout contrôle interne.
Recommandation n°11 : Avant la fin de premier semestre 2022, confier le pilotage du processus
commande publique à une seule direction, fusionnant notamment les deux directions fonctionnelles
existantes à date du contrôle et centraliser les achats des entités dont le volume d’achat annuel est
faible. Sur cette base, déployer un contrôle interne couvrant l’ensemble du périmètre d’achats, en
procédant par priorisation ou échantillonnage sur les marchés de faible montant les plus exposés. j
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué qu’une réorganisation de la commande
publique était en cours et « qu’une fois cette réorganisation effective, des contrôles internes seront à
documenter sur divers volets, y compris celui des risques d’atteinte à la probité ».
60
Rapport sur la commune de Marseille
La commune de Marseille apporte chaque année une aide à un peu plus de 600 associations, soit en
numéraire, soit en nature pour un montant d’environ 37,6 M€ en 2019.
Ainsi, il n’existe aucun document accessible aux citoyens qui recense l’ensemble des aides que la commune
peut accorder, ce qui nuit à la transparence globale du système d’aide de la commune. De plus, même si elle
n’y est pas contrainte’71, la commune ne s’est pas dotée d’un règlement budgétaire et financier, démarche
qui contribue à la maîtrise des risques d’atteintes à la probité.
Le portail internet constitue ‘unique canal de dépôt des demandes d’aides. L’association y crée un compte
et y dépose les pièces d’identification (statuts, liste des membres du bureau...) et les pièces relatives à la
demande. Ce portail est interfacé avec l’application PROGOS, outil commun à l’ensemble des services, pour
l’ïnstruction des demandes d’aides et de subventions.
L’analyse des demandes de subvention est effectuée dans un premier temps par la direction de
l’évaluation, des projets partenariaux et de la gestion externalisée (DEPPGE), qui compte 15 agents et dont
les missions couvrent, outre l’instruction des demandes de subventions, le suivi des satellites et des
délégations de service public. Environ 3000 demandes sont déposées chaque année. L’équipe de contrôle
n’a identifié que 900 associations dans l’état des paiements 2019.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué que l’écart entre le nombre de demandes
déposées et le nombre de demandes satisfaites pouvait s’expliquer par des choix d’opportunité formulés par
l’élu de secteur, par des dossiers non recevables administrativement ou enfin parce qu’une association peut
déposer plusieurs demandes.
En réponse aux questions de l’équipe de contrôle, la commune a transmis un document détaillant l’ensemble
des points de contrôle du service”. L’équipe de contrôle note que ce document pourrait avoir été réalisé
à son attention et n’a ainsi pas l’assurance que les points de contrôle qui y sont détaillés figurent dans une
procédure formalisée. Il y est précisé notamment que la DEPPGE contrôle la complétude du dossier et
s’assure de l’exactitude des informations transmises en consultant des sites internet officiels (INSEE par
exemple). Afin de prévenir les conflits d’intérêts, il est demandé à l’association de déposer une déclaration
sur l’honneur’73 certifiant qu’aucun élu ou agent municipal n’est membre du bureau de l’association. En effet,
toute subvention demandée par une association dans laquelle un élu ou un agent municipal siège au bureau
ne peut faire l’objet d’une subvention communale, sauf si la personne en situation de conflit d’intérêts
s’engage à démissionner de ses fonctions dans l’association. Le DGS a ainsi adressé aux élus le 29 octobre
2020 un courrier” leur demandant de bien vouloir indiquer à la DEPPGE les associations dans lesquelles ils
siègent. Ce courrier rappelle également les dispositions de l’article 432-12 du code pénal relatives à la prise
cf. vDM_calendrier_Campagnes_subventionnement_2021.pdf
171
Q18. La mise en place d’un RBF n’est pas une obligation pour les communes, seulement pour es régions et départements.
172
002 suite entretiens: O2AFA-Processus subventions
173
cf. fichier: AFA96-Attestation5urHonneur.pdf
174
CF. fichier: AFAO3-courrier é)us-associations.pdf
61
Rapport sur la commune de Marseille
illégale d’intérêts et précise que cette déclaration d’intérêts sera à renouveler chaque année et devra être
communiquée aux services opérationnels afin qu’ils en tiennent compte dans les projets de délibération.
La DEPPGE réalise ensuite une e étude en faisabilité)) dont le but est d’écarter les risques juridiques et
financiers. Outre la situation juridique, le caractère désintéressé de la gestion, la compatibilité de l’objet de
l’association avec l’octroi d’une subvention, le service s’attache aussi à prévenir tout risque de requalification
de la demande en commande publique en recherchant l’origine de la conception du projet. S’agissant des
risques financiers, le service recherche si l’association a sollicité des financements auprès d’autres acteurs,
et examine de manière plus ou moins approfondie, selon le montant d’aide sollicité, les comptes fournis par
l’association, dans le but d’éviter tout soutien abusif. Si un problème juridique ou financier est détecté, la
DEPPGE adresse une note d’alerte à l’élu, au DGS et à la direction opérationnelle compétente.
Une convention entre la commune et l’association est signée dès le premier euro. Elle est générée
automatiquement par l’application PRDGOS, mais elle peut être modifiée ou complétée par la direction
opérationnelle. Lorsque la DEPPGE a validé son analyse dans PROGOS, le dossier est transmis
électroniquement à la direction opérationnelle pour l’analyse sur le fond de la demande.
L’équipe de contrôle s’est attachée à auditer les dispositifs en place sur deux politiques publiques : le sport
et la culture.
Interrogées sur les procédures d’instruction des demandes de subventions, les deux directions
compétentes ont chacune transmis un document rédigé spécifiquement à l’attention de l’équipe de
contrôle175 laissant à penser qu’aucune procédure n’existe au sein de ces services.
La direction des sports a accordé des subventions à 180 associations en 2019 pour un montant de
3 320 700 €176. La note transmise à I’AFA précise que les demandes de subvention sont analysées selon
plusieurs critères permettant de déterminer le montant à accorder: «le nombre de licenciés, la nature du
sport pratiqué (olympique ou non), la Fédération de rattachement (Fédération Française ou affinitaire’77), le
niveau d’évolution en compétition, le nombre de disciplines proposées, la présence d’athlètes de haut niveau
ou de champions olympiques». À chacun de ces critères est appliqué un montant qui servira à calculer le
montant maximal de la subvention. Il apparaît que les subventions accordées dépendent de critères
structurels et non de projets portés par les pétitionnaires, ce qui confère un caractère systématique à ces
aides. De plus, les modalités de sélection et de rejet des demandes ne sont pas détaillées. Les propositions
de subventions sont visées par le directeur des sports qui les présente ensuite à l’élu pour validation de la
proposition soumise au vote du conseil municipal.
La direction de la culture instruit favorablement les dossiers d’environ 250 associations dont une centaine
bénéficient d’une subvention supérieure à 23000€. Le montant total des subventions sur le secteur culturel
s’élève à plus de 24 M€ en 2020. La note transmise à I’AFA précise que les dossiers sont analysés suivant
plusieurs critères : « intérêt local, respect du cadre réglementaire, montage économique, critères qualitatifs
sur le contenu artistique du projet et critères quantitatifs sur la faisabilité et son impact »178 Ces critères ne
sont rattachés à aucune cotation permettant d’asseoir un barème. Les instructeurs font une proposition,
validée par le directeur. Une réunion de travail avec l’élu de secteur finalise les dossiers qui seront ensuite
examinés par la commission culture avant le vote en conseil municipal.
‘
ct. 45-46AFA-Présentations subventions culture et 45-46AFA-Présentations subventions sports.
“ Cf. fichier: 45AFA-Présentations subventions sports,pdf
177 Les fédérations et l’union affinitaires sont au nombre de quatre: La fédération gymnastique et sportive des patronages de France,
l’union française des oeuvres laiques d’éducation physique (UFOLEP), la fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) et la
fédération française des sports travaillistes (FFST).
178
Cf. 45-46AFA-Présentations subventions Culture
62
$$ Rapport sur la commune de Marseille
L’équipe de contrôle constate que, sur ces deux périmètres, il n’existe pas de règlement d’attribution
spécifique à chaque dispositif, ce qui obère la capacité du conseil municipal à apprécier l’adéquation des
propositions de subventions à l’intérêt communal. En outre, aucune procédure interne, permettant
d’encadrer le processus d’instruction, d’attribution et de contrôle de l’exécution des subventions n’a été
transmise. Sur le domaine sportif, les critères d’attribution ne sont pas formalisés et sur le domaine
culturel, le montant des aides n’est pas objectivé à l’aide d’un outil de cotation,
L’organisation des modalités de contrôle postérieures à l’attribution d’une aide relève de chaque direction
opérationnelle, mais ne fait l’objet d’aucune formalisation, même si les directions de la culture et des sports
ont indiqué que les agents allaient assister aux prestations et représentations des associations
subventionnées, parfois en compagnie de l’élu.
Au sein des directions opérationnelles, il n’existe pas de procédure formalisée pour prévenir le risque de
conflit d’intérêts. En effet, aucun agent instruisant une demande d’aide n’est soumis à une déclaration
d’absence de conflit d’intérêts et aucune règle n’est formalisée concernant les cadeaux et invitations que les
agents pourraient recevoir.
Toutefois, il est à noter que lors du comité exécutif du 20octobre 2020, le DGS a demandé « qu’un travail
de fond collectif de toutes les DGA soit mené sur le rééquilibrage de l’attribution des subventions par la mise
en oeuvre d’une analyse précise veillant à la régularité de la conformité de l’association, la critérisation des
choix, l’évaluation des actions menées pour optimiser l’impact des subventions de libéralités ».
Observation nais: À la date du contrôle, la commune n’a pas adopté de règlement d’intervention
détaillant les modalités d’attribution des subventions sur les deux domaines audités (sport et culture)
ni élaboré de procédure interne permettant d’encadrer le processus d’instruction, d’attribution et de
contrôle des subventions.
Recommandation n°12: Avant la fin de l’année 2022 et pour chaque dispositif, adopter en conseil
municipal un règlement d’attribution des subventions puis formaliser des procédures internes
permettant d’encadrer le processus d’instruction, d’attribution et de contrôle des subventions,
prenant en compte la prévention des risques d’atteintes à la probité et des conflits d’intérêts.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué avoir mis en place un groupe de travail chargé
d’actualiser et de définir les critères d’attribution (critères communs et spécifiques selon le secteur d’activité)
afin de faire voter par le conseil municipal un règlement d’attribution des subventions aux associations qui
pourra être général ou thématique.
Bien que la compétence d’attribution du logement social ait été transférée à la métropole Aix-Marseille
Provence à compter du 1er janvier 2016, celle-ci l’a déléguée à la commune par une convention signée le
21 décembre 2015180.
63
Rapport sur la commune de Marseille
recherchant le plus possible l’égalité des typologies et catégories de logement entre mairie centrale et mairie
de secteur >)181
Bien que les logements aient été répartis entre mairie centrale et mairies de secteur, il a été observé une
certaine similitude dans les procédures d’attribution’82
- en mairie centrale orientation des demandes aux collaborateurs de cabinet du maire, recherche de
candidats au sein du logiciel 4D et réunion entre le service et le cabinet pour établir un ordre de
priorité dans la présentation des candidatures à la commission d’attribution du bailleur, à laquelle
assistait un représentant de la mairie;
- en mairie de secteur instruction du dossier par le service logement, puis présentation des candidats
aux bailleurs par un élu qui assiste à la commission d’attribution.
Il n’existe, ni en mairie centrale ni en mairie de secteur, de barème de cotation prescrit par la loi ELAN183
tenant compte par exemple de la composition du foyer du demandeur ou de l’ancienneté de la demande.
Il n’existe pas non plus de procédure formalisée décrivant les circuits d’instruction des demandes et
d’attribution, pas plus qu’il n’est mis en place de mesures et procédures de prévention des conflits
d’intérêts.
La commune a indiqué dans sa réponse au questionnaire que les procédures d’attributions telles qu’elles ont
été décrites correspondaient aux modalités mises en place par les municipalités précédentes et que l’élu au
logement de la nouvelle équipe municipale travaillait, avec les services, sur une formalisation des procédures
harmonisée entre la mairie centrale et les mairies de secteur.
• Les exigences à l’égard des filiales et des entités liées (SEM, SPL, établissements publics)
Les exigences des acteurs publics vis-à-vis des entités liées peuvent varier selon l’intensité de la relation
capitalistique ou financière. L’AFA recommande que « les acteurs publics qui exercent un contrôle sur d’autres
entités (par exemple: fondations, filiales, entreprises publiques locales, établissements publics, etc.)
s’assurent de la qualité et de l’efficacité du ou des dispositifs anticorruption déployés dons l’ensemble du
périrnkre qu’ils contrôlent. À ce titre, ils peuvent choisir soit d’élaborer eux-mêmes le dispositif anticorruption
applicable aux entités qu’ils contrôlent (par exemple, pour celles qui sont de taille modeste), soit de mettre
en ploce des procédures et un contrôle interne visant à s’assurer de la qualité et de l’efficacité du ou des
dispositifs anti corruption déployés dans l’ensemble du périmètre qu’ils contrôlent. »
La commune de Marseille détient des parts dans quatre sociétés de droit privé (cc SEM, SPL et sociétés privées
dont la commune est actionnaire au 1/1/2020 »)
- Marseille Habitat SAEM dont la commune de Marseille détient 52% du capital et dont la présidence
est assurée par une adjointe au maire de Marseille. Le rapport ANCDLS n°2018-033 qui y est consacré
pointe notamment une insuffisante participation du CA à la vie de la structure et de graves lacunes
dans le processus de commande publique;
- SOGIMA: SAEM dont le capital est détenu à 44% par la commune de Marseille, actionnaire
minoritaire, le groupe « Habitat en régions » détenant les 56% restant. Le rapport ANCOLS n°2018-
64
Rapport sur la commune de Marseille
- SOLEAM SPLA dont l’actionnaire majoritaire est la métropole, à hauteur de 79%, la commune ne
conservant que 20% de l’actionnariat. La commune sollicite cet opérateur par le biais de conventions
de mandat dans lesquelles elle garde un certain niveau de maitrise, notamment au niveau de la
commande publique’85;
Par ailleurs l’équipe de contrôle note l’existence d’autres satellites, de droit public, qui présentent toutefois
des profils de risques notables. L’équipe de contrôle a notamment relevé
- le crédit municipal de Marseille qui a fait l’objet d’un audit détaillé en 2020186;
- le CCAS, qui a fait l’objet d’une convention d’objectifs et de performance délibérée en conseil
municipal du 16 septembre 2019, conformément à l’article 16 de la loi nG20172S7 du 28
février 2017
- la caisse des écoles qui a fait l’objet d’une convention-cadre délibérée en conseil municipal du 11
décembre 2017.
Le suivi des satellites est assuré par les équipes de la DEPPGE. À ce titre, cette direction anime à la fois le
réseau des administrateurs élus de la commune de Marseille représentant les intérêts de la commune au
sein de ces entités, effectue le suivi administratif de ces entités avec la présentation régulière au conseil
municipal des rapports d’activité et le cas échéant diligente des audits. Toutefois, il a été précisé à l’équipe
de contrôle que la commune n’exigeait pas de la part des entités qu’elle contrôle la mise en place d’une
politique de prévention des risques d’atteinte à la probité’87.
Observation n°16 : À date du contrôle, la commune n’a pas exigé des entités sur lesquelles elle exerce
un contrôle la mise en place d’un dispositif de maîtrise des risques d’atteinte à la probité.
À date du contrôle, la commune de Marseille est engagée dans 41 contrats de type concessif188, qui peuvent
être regroupés en trois catégories
- contrats déléguant la gestion d’équipements de taille importante Palais Omnisport, Silo d’Arenc,
château de la Buzine et stade vélodrome. Ces quatre contrats sont largement déficitaires;
- deux contrats plus atypiques la restauration scolaire sur le périmètre de l’ensemble des écoles
gérées par la commune et la gestion du stationnement payant sur le périmètre de l’ensemble de la
commune.
IlS cf. 027 suite entretiens: conv. Mandat SOLEAM VOM-Securisation immeubles communaux.pdf, page 13/21.
136
01 suite entretiens: O1-cMM_Rapport_Deloitte_Revue_Gouvernance_Risquesyf.
‘‘ Cf. Q47 20201023_AFA Marsedle_Transmission 4.
cf. 014: 14AFA-DSP_PPP_VOM_01102020.
65
Rapport sur la commune de Marseille
Dans ce contexte, l’équipe de contrôle s’est attachée à étudier les modalités de contrôle mises en place par
les services de la commune sur les délégataires afin de déterminer dans quelle mesure les zones de risque
d’atteinte à la probité étaient appréhendées et couvertes pas des dispositifs de maîtrise. L’équipe de contrôle
a principalement étudié les contrats relatifs à la restauration scolaire et au stationnement, présentant le
profil de risque le plus élevé notamment du fait de la relation étroite induite par ces contrats avec les usagers.
Du premier examen des modalités de contrôle de ces contrats, il apparaît qu’est prévu un contrôle basé sur
l’étude de comptes rendus (techniques, financiers...) transmis régulièrement par le délégataire. La possibilité
de diligenter des audits sur place pour s’assurer de l’exactitude du contenu des comptes rendus est
également prévue’9’. Le rôle central de la DEPPGE dans l’élaboration et le suivi administratif de ces contrats
est souligné’92. Toutefois, l’équipe de contrôle n’a pu mettre en évidence dans aucun document constitutif
des contrats de clauses prévoyant la mise en place de mesures de prévention des risques d’atteinte à la
probité (alerte interne, déontologue...).
Ces modalités de contrôle ont pour conséquence de ne pas prévoir d’outillage efficace de supervision
régulière des contrats par l’administration. Ainsi, concernant le contrat relatif au stationnement, le service
communal compétent explique ne pas disposer d’accès aux bases informatiques des horodateurs, les privant
ainsi d’un outil indispensable au contrôle effectif des recettes annoncées perçues par le délégataire’°’ en
l’absence des données horodateurs, il n’est pas possible de détecter des anomalies dans l’encaisse des
recettes. Cette absence de contrôle est mise en exergue par les rappels à l’ordre réguliers du comptable
public, relayés par l’IGS, sur la tenue de la régie confiée au délégataire’94. Ce sont uniquement ces rappels à
l’ordre externes qui ont déclenché la demande de mise en conformité par la commune de Marseille de la
régie externalisée, et non des contrôles du service municipal compétent.
Par ailleurs, l’équipe de contrôle s’est intéressée au processus d’annulation des forfaits de post
stationnement (FPS)195. Interrogé à ce sujet, le service compétent a répondu que; « Depuis le début de la
DSP, la Ville de Marseille demande à SAGS MARSEILLE de tenir à jour des fichiers relatifs aux annulations de
Forfaits Past Stationnement, Il a été donné comme consigne de ne pas accepter des demandes issues de nos
Elus ou autres personnes. Seule la DM5— direction de la mobilité et du stationnement peut demander une —
annulation avec un motif parfaitement précisé. Il s’agit de cas extrêmement particulier ou des situations
compliquées »‘. Or, l’étude du fichier de suivi des annulations transmis’97 à l’équipe de contrôle comporte
des demandes faites par l’élu adjoint au stationnement en place jusqu’à juillet 2020. Certaines de ces
demandes sont particulièrement mal étayées « FPS initial non payé» et, pour certaines, concernent des
personnalités politiques de l’ancienne majorité municipale’98.
198 Remplaçant les amendes depuis le 1er janvier 2018 en application des dispositions de la loi MAPTAM.
196 cf. 0116 suite entretiens explications.
197 cf. 0116 suite entretiens suivi des demandes d’annulation de FPS par la Ville-décembre 2020.
198 Mmes Vlasto et Lota par exemple.
66
Rapport sur la commune de Marseille
Par conséquent, les modalités de contrôle des contrats concessifs pourraient utilement être améliorées afin
d’y intégrer des points de contrôle déontologiques basés sur des outils métier mis à disposition des services
municipaux.
Observation n°17: À la date du contrôle, la commune n’a pas mis en place les diligences nécessaires
au suivi de ses délégataires, notamment les plus à risques.
Recommandation n°13: Avant la fin du premier semestre 2022, renforcer le suivi des
concessionnaires, notamment ceux présentant le profil de risques le plus élevé en élaborant dans le
cadre de la cartographie des risques, des scénarios de risques d’atteinte à la probité crédibles et en y
associant des mesures de prévention et détection adaptées.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué qu’une procédure de suivi des concessionnaires
ferait l’objet de réflexions, en amont de l’analyse qui sera réalisée dans le cadre de la cartographie des
risques. S’agissant de la CCSPL, la commune précise avoir adopté, en juillet 2020, un nouveau règlement
intérieur de la CCSPL pour « redynamiser cette instance essentielle et élargir ses moyens d’actions », avoir
mis en place une formation à destination des membres de la CCSPL et avoir procédé à des « changements
significatifs pour améliorer le fonctionnement de l’instance » avec notamment une reprise de la configuration
des réunions allongement de la durée des réunions, invitation ponctuelle des délégataires et d’experts...
Les contrôles de troisième niveau, également appelé «audits internes», doivent conduire à s’assurer que les
mécanismes mis en oeuvre sont conformes aux exigences de l’organisation, sont efficacement mis en oeuvre
et tenus à jour.
Sur ce point, les recommandations de I’AFA reprennent les obligations prévues pour les ministères par le
décret du 28juin 2011 relatif à l’audit interne dans l’administration’99. Celui-ci exige en effet la mise en oeuvre
dans chaque ministère d’un dispositif de contrôle et d’audit internes <(adapté aux missions et à la structure
des services et visant à assurer la maîtrise des risques liés à la gestion des politiques publiques dont ces
services ont la charge». Un tel dispositif, qui peut utilement être déployé dans les collectivités territoriales,
contribue à la prévention des atteintes à la probité.
La commune de Marseille dispose d’une inspection générale des services (IGS) rattachée au DGS. Les missions
de cette dernière ont été redéfinies en 2017 avec le recrutement de sa directrice. Elle compte, à date du
contrôle, 11 agents, dont la directrice, son assistante, six auditeurs et un manager des risques, et exerce deux
missions
Le périmètre d’intervention de l’IGS se limite aux services et agents de la commune, la DEPPGE étant en
charge des audits relatifs aux satellites de la ville.
Il est également possible pour l’IGS de faire appel à des cabinets d’audit externes, ce qu’elle a fait pour
répondre aux observations de la CRC. À cet effet, la commune a lancé un accord-cadre pour une prestation
d’audits ou d’aide à la réalisation d’audits fin 2020. L’analyse des offres était en cours au moment du contrôle.
67
Rapport sur la commune de Marseille
En 2018 la commune s’est dotée d’une charte de l’audit interne et d’un comité d’audit200.
La charte de l’audit interne201, adoptée lors de la création du comité d’audit, comporte une clause relative à
l’objectivité précisant que les auditeurs internes « ne doivent pas prendre part à des activités ou établir des
relations qui pourraient compromettre ou risquer de compromettre le caractère impartial de leur jugement. ».
Les auditeurs s’engagent à la respecter en la signant lors de leur prise de fonctions.
Le comité d’audit, composé du DGS, du directeur de cabinet, du DGAS et de DGA ne s’est jamais réuni sous
la mandature 2014-2020. Le 065 et les OGA adressaient directement leurs demandes d’audit à l’IGS qui les
centralisait et les priorisait. Le DGS définissait alors le programme d’audits sur proposition de l’lGS.
Le nouvel exécutif a souhaité modifier la composition du comité d’audit et les règles de fonctionnement de
la mission d’audit. Cette nouvelle organisation a été votée en conseil municipal le 8février 2021. Le comité
d’audit est désormais composé du 065 qui en est le président, de deux conseillers municipaux et de deux
personnalités extérieures compétentes « en matière d’évaluation et de gestion des risques ou de réalisation
d’audits »202 Les DGA y seront associés le cas échéant et l’lGS en assurera le secrétariat.
Le projet de règlement intérieur transmis à l’équipe de contrôle203 comporte une clause de prévention des
conflits d’intérêts, notamment financiers, obligeant tout membre concerné à en informer le comité.
Toutefois, s’il est prévu que l’IGS procède à des vérifications avec l’appui de la DGAAJ et de la déontologue,
il n’est pas explicitement demandé aux membres du comité en situation de conflit d’intérêts de se déporter.
Le programme d’audit sera par la suite établi en s’appuyant notamment sur la cartographie des risques
majeurs élaborée en 2020.
1L3.3.2.3 Élaborotion et suivi des pions d’action relotifs aux manquements relevés lors des contrôles
La commune a transmis à l’équipe de contrôle les rapports d’audit et les enquêtes administratives réalisés
entre 2017 et 20l9’. Depuis 2017, dix audits et huit enquêtes administratives ont été réalisés. Deux audits
et cinq enquêtes ont été programmés à la suite d’atteintes à la probité.
Les rapports sont présentés au DGS et aux DGA et directeurs concernés. Dans certains cas, le rapport d’audit
est présenté à l’élu de secteur, notamment si celui-cia été destinataire d’un courrier d’alerte. Une procédure
contradictoire est alors engagée, permettant aux divers interlocuteurs de faire valoir leurs observations.
68
Rapport sur la commune de Marseille
Tous les audits réalisés ont systémàtiquement donné lieu à des recommandations et à leur suivi par l’IGS.
L’équipe de contrôle note la qualité du suivi des recommandations par l’IGS, qui les compile dans un fichier
de suivi unique et adresse régulièrement des relances auprès des DGA205.
Il est ainsi observé que l’lcSS constitue un outil de sécurisation des procédures de la commune que l’exécutif
pourra utilement activer autant que de besoin.
205
Q54 54AFA-Suivi de la mise en oeuvre des reco IGS
69
Rapport sur la commune de Marseille
La commune de Marseille est compétente dans l’instruction des demandes d’urbanisme malgré le transfert
de la compétence d’élaboration du document-cadre (plan local d’urbanisme) à l’échelon métropolitain. Cette
répartition des compétences est assez classique206 en France. II est à noter que le plan local d’urbanisme
métropolitain a été adopté le 19 décembre 2019, devenant le document de référence pour les services
instructeurs de la commune de Marseille.
Le service des autorisations d’urbanisme est placé, à date du contrôle, au sein de la DGA urbanisme, foncier
et patrimoine (DGAUFP) et compte environ 40 personnes dont207
- une cheffe de service et deux adjoints tous arrivés très récemment à ces postes;
- une équipe administrative et secrétariat d’une dizaine de personnes;
- une équipe affectée à l’accueil des usagers et à l’enregistrement des demandes d’une demi-douzaine
de personnes;
- une vingtaine d’instructeurs droit du sol, répartis en quatre divisions géographiques, chacune
encadrée par un chef de division.
Dossiers déposés et enregistrés sur OpenADS. 2015-2020. 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Poids relatif
Démarches purement informatives 2621 3625 4274 3559 3088 2210 35%
NOTE DE RENSEIGNEMENT D’URBANISME 1097 1319 1116 785 1144 705 11%
CERTIFICAT D’URBANISME DE SIMPLE INFORMATION 1524 2306 3158 2774 1944 1505 24%
Déclarations préalables 2260 2656 2913 3415 3820 3768 34%
Documents donnant des droits au pétitionnaire 1753 2621 2692 2566 2689 2299 27%
cERTIrI CAT D’URBANISME OPrRATI0NNEL 150 146 183 147 176 116 2%
PERMIS DAMENAGER 49 98 52 65 76 65 1%
PERMIS DE coNstRul RE 768 1186 1201 1159 1192 1023 12%
PERMIS DE CONSTRUIRE DE MAI SON INDIVIDU ELLE 151 1141 1221 1171 1212 1056 12%
PERMIS 0E OEMOLIR 35 50 21 24 33 39 0%
Changements d’usage 40 72 291 275 544 414 3%
CIIANGEMEN O USAGE 40 51 66 55 47 34
AUTORISATION TEMPORAIRE DE CHANGEMENT USAGE O 21 22S 220 97 380 2%
Tableau 3 Répartition des dossiers par typologie. Source: outil OpenADS, extraction AFA début 2021.
Les différents types de dossiers ne présentent pas la même criticité en termes de risques d’atteinte à la
probité. En effet, les notes de renseignement d’urbanisme et les certificats d’urbanisme de simple
information (CUa) n’ouvrent pas de droits au pétitionnaire et se cantonnent à Communiquer ce dernier les
servitudes portant sur une parcelle. Les déclarations préalables (anciennement déclarations de travaux)
concernent des travaux mineurs définis au Code de l’urbanisme11’8. L’attention de l’équipe de contrôle s’est
donc portée sur les autorisations ouvrant des droits significatifs aux pétitionnaires, qui représentent environ
2500 dossiers par an, en grande majorité des permis de construire. L’équipe de contrôle s’est donc attachée
à déterminer dans quelle mesure le service communal était outillé pour prévenir et détecter ces risques.
206 Etude AME AdCF Instruction des autorisations d’urbanisme. Les enjeux d’une nouvelle organisation locale,
—
https://www.adcf.org/files/AdCF-AMF-Etude-lnstruction-ADS-140911-web.pdf
207 Cf. REPERTOIRE 5AU MAJ 07.01.2021.
208 Cf.
Code de l’urbanisme, article R421-1].
70
Rapport sur la commune de Marseille
L’équipe de contrôle s’est d’abord attachée à comprendre l’organisation de l’instruction des dossiers au sein
du service. Malgré de nombreuses relances, le service n’a pas été capable de produire la moindre procédure
interne, se contentant de décrire très succinctement un mode de fonctionnement type 209 Plus
particulièrement, il n’existe aucune procédure décrivant les mesures de prévention des risques d’atteinte à
la probité pouvant survenir dans l’exercice des missions du service.
Dans son audit du processus, l’équipe de contrôle a pu observer la place centrale occupée par le progiciel
DpenADS dans l’instruction des dossiers. En effet, l’outil a été paramétré en fonction des besoins de la
commune21° et, en l’absence de procédures internes, structure l’activité du service.
Le schéma ci-dessous résume les grandes étapes de l’instruction des permis de construire par le service.
dot
Figure 2 Schéma de synthèse des étapes d’instruction d’un permis de construire2tt. Source AFA.
209
cf.
Q84 g4AA-pRocEDURE D’INsTRucTIoN pc et Q112-114 ; QUE5TION5 AfAjanvier 2021 vF par exemple.
210 L’outil OpenADS, logiciel libre développé et maintenu par la société Atreal est utilisé par le service communal depuis 201S.
Marseille est la seule collectivité de taille importante â utiliser l’outil et porte ainsi le poids du leadership dans l’évolution de l’outil.
https://www.atreal.fr/applications/catalogue/logiciel-urbanisme
211 cf. QUESTIONS AFAjanvier 2021_VF précité.
71
Rapport sur la commune de Marseille
li est à noter que dans le cadre de la dématérialisation des permis de construire212, le service sera amené à
retravailler son mode de fonctionnement, a minima dans la phase de réception des pièces. Cette occasion
pourrait utilement être mise à profit pour mettre en place des procédures sur l’ensemble du processus.
L’outil informatique est structuré par onglet dont les plus importants pour l’instruction sont détaillés ci-
après
- un onglet « Instruction » liste et date les événement5 du dossier (récépissé de la demande, courrier
d’incomplétude le cas échéant, récépissé de pièces supplémentaires, décision...). L’outil comporte
des contrôles embarqués intéressants puisqu’un événement (par exemple une décision de refus par
l’instructeur) ne peut être « effacé », mais simplement annulé et remplacé (uniquement par un
administrateur et avec conservation de la trace de l’événement annulé);
- un onglet « Consultation(s) o permet à l’instructeur de générer des saisines pour les services dont les
avis sont nécessaires ou désirés sur un dossier. Sont ainsi régulièrement saisis la mairie de secteur
territorialement compétente pour avis simple, les directions eau-assainissement et voirie de la
métropole, le bataillon des marins-pompiers de Marseille, l’architecte des bâtiments de France... Les
réponses à ces consultations sont également archivées dans cet onglet. Un onglet connexe
« Commission(s) o permet d’archiver les comptes rendus de commissions lorsqu’elles sont réunies
sur un dossier;
- enfin, un onglet « Pièce(s) » permet d’avoir accès à l’ensemble des documents déposés par le
pétitionnaire (dossier initial, le cas échéant complété par des pièces supplémentaires demandées en
cours d’instruction) et émis par la commune (arrêté signé).
De manière générale, les personnes rencontrées dans le cadre du contrôle ont souligné que les
fonctionnalités de l’outil répondaient aux besoins opérationnels. Néanmoins, l’équipe de contrôle note
l’absence de tout infocentre opérationnel mettant à disposition des équipes opérationnelles et de leur
encadrement des outils de suivi. Il existe un outil de requête213 technique de la base de données, mais qui
se révèle inadapté aux besoins de l’encadrement opérationnel. Par ailleurs, lors de son contrôle sur place sur
l’outil DpenADS, l’équipe de contrôle a pu constater que les identifiants d’administration de l’outil sont
génériques, ce qui signifie qu’il n’est pas possible de tracer avec certitude l’identité de l’agent étant
intervenu22. Or, le niveau d’habilitation donné aux administrateurs est très important et permet toute
modification fonctionnelle sur n’importe quel dossier. Les profils d’administrateur technique et fonctionnel
ne sont pas distingués, ce qui accroît les risques. Il est à noter néanmoins qu’à la compréhension de l’équipe
de contrôle, toute modification, fûtelle le fait d’un administrateur, est tracée dans l’outil.
L’équipe de contrôle recommande de mettre fin aux comptes administrateur génériques et de réfléchir
avec les équipes opérationnelles à la construction d’un infocentre ou au renforcement de la page
212 Prescrite à l’horizon du 1er lanvier 2022 pour les communes de plus de 3500 habitants par l’article 62 de la loi ELAN.
213 Outil business object (80) de ‘éditeur SAP, commun à tous les SI communaux.
214 cr. OPENAO5_utilisateurs_Profils Fichier obtenu lors du contrôle sur place.
72
Rapport sur la commune de Marseille
fig
« recherche)) de l’outil afin de faciliter les opérations de suivi et de contrôle de l’encadrement du service
opérationnel.
Malgré les contrôles embarqués décrits précédemment, l’équipe de contrôle a détecté au cours de son
échantillonnage plusieurs zones de risques déontologiques qui ne sont pas couvertes à la date du contrôle
et qui mériteraient de faire l’objet de points d’attention. Elles sont détaillées dans le paragraphe ci-dessous.
En examinant les situations et en échantillonnant dans l’outil OpenADS, l’équipe de contrôle a mis en
lumière plusieurs pratiques susceptibles de constituer des atteintes à la probité au sein de la hiérarchie,
passée et présente, du service.
111.3.2 L’absence de dispositif de prévention des risques d’atteinte à la probité, même non formalisé.
Pour des raisons d’optimisation des connaissances du territoire et de ses spécificités, les instructeurs sont
affectés à des zones géographiques précises et étanches les unes des autres. L’outil lui-même est
paramétré en ce sens et répartit de cette manière les dossiers au fil de leur arrivée dans la GED. L’équipe de
contrôle pointe le risque inhérent à cette méthodologie de répartition des tâches qui identifie clairement
sur un secteur un acteur majeur dont la corruption potentielle assure, o minima sur les dossiers dont
l’enjeu et donc le degré d’attention hiérarchique est faible, la délivrance de l’autorisation. La faiblesse du
contrôle interne a même abouti à ce qu’un inspecteur soit affecté sur un secteur englobant sa zone de
réside nce72.
L’équipe de contrôle n’a pas identifié de guide d’accueil des nouveaux arrivants ou de processus de
formation dédié au métier d’instructeur droit des sols. Ce constat, qui est dans la continuité de celui
réalisé précédemment quant à l’absence totale de procédure interne, est d’autant plus problématique que
l’équipe de contrôle a relevé que plus d’un tiers de l’effectif des instructeurs a été recruté depuis la mi
2O192 sur des profils de contractuels, dans un contexte de renouvellement de l’encadrement supérieur du
service. Il n’existe ainsi aucune formation sur la probité et les risques encourus par les agents, aucune
formation sur les relations entre fonctionnaires et élus dans les collectivités territoriales, aucune
information sur les dispositifs déontologiques existant au sein de la collectivité (déontologue..j. Ce
manque de sensibilisation, le statut précaire des instructeurs, la sédentarité géographique décrite ci-avant
et le fait que la hiérarchie du service présente l’exemple de pratiques peu vertueuses constituent des
facteurs confortant la probabilité qu’un scénario de corruption d’un agent instructeur se matérialise.
172Information obtenue en croisant le fichier de paye mentionnant le domicile des agents et es affectations géographiques
des instructeurs droit des sols.
“ cf.
017 Fichier RH au 30 sept 2020 pour AFA.
73
Rapport sur la commune de Marseille
L’ensemble des interlocuteurs rencontrés a souligné l’effort réalisé par le service d’instruire au fond
l’ensemble des dossiers déposés. Dans son échantillonnage, l’équipe de contrôle n’a en effet pas noté de
dossier qui soit resté sans instruction. A contrario, l’équipe de contrôle a noté la présence d’un certain
nombre de dossiers ayant fait l’objet d’accords tacites, avec une tendance récente à l’augmentation comme
le montre le tableau ci-dessous.
Nombre de décisions sur
2015 2016 2017 2018 2019 Total
permis de construire.
Accepté 1651 1683 1707 1629 1530 8200
Accepté tacite 28 53 83 88 118 370
Annulé 62 63 75 70 60 330
Refusé 229 220 238 258 347 1292
Refusé tacite 1 4 1 6
Rejeté 151 189 192 154 212 898
Retiré 116 80 78 66 94 434
_Total général 2238 2288 2375 2279 2381 11 561
Tableau 4: typologie de décisions sur permis de construire. Source: AFA à partir des données transmises par la commune de
Ma rsei lie17’
Attirant l’attention de la collectivité sur un certain nombre de ces dossiers, l’équipe de contrôle a reçu des
réponses circonstanciées 174 arguant principalement de l’adoption du PLUi qui nécessitait des délais
,
Néanmoins, il apparaît que certains dossiers ont été volontairement laissés de côté afin de leur faire
atteindre les délais d’accord tacite. Sur un dossier ayant fait l’objet d’une demande précise de l’équipe de
contrôl&75, le service a répondu « Il s’agit d’un Permis tacite au 15 octobre 2019, qui o fait l’objet d’une
décision d’accord tacite au 24 février 2020, Un PC modficatîf a été déposé au 10 décembre 2019 pour
améliorer le projet ou regard des enjeux du nouveau PLUi. Ce dernier permis o été délivré expressément le 4
mors 2020 »h76. Or, il apparaît que l’instructeur a noté explicitement dans son rapport d’instruction «Sur
ce dossier, l’agent instructeur a produit un rapport d’instruction en faveur d’un refus de la demande
d’autorisation à plusieurs titres, et ce plusieurs semaines oyant la fin du délai d’instruction. Mois la
hiérarchie du service o imposé qu’aucun arrêté de décision ne soit rédigé afin de pouvoir passer le dossier en
accord tacite. À cette fin, et sans que l’agent instructeur ne soit autorisé à rédiger son orrêté, plusieurs
dépôts de pièces supplémentaires consécutifs ont été réalisés peu de temps précédemment à la fin du délai
d’instruction. Un nouveau rapport d’instruction prenant en compte les modifications apportées n’a pas pu
être rédigé dans le laps de temps resserré entre l’arrivée des dernières pièces supplémentaires, leur
traitement, et la dote de fin du délai d’instruction
Le dossier PC0130551900604P0 est exactement dans le même cas. Ces deux dossiers sont portés par des
SCCV filiales du groupe Constructa, acteur majeur de l’immobilier marseillais. Ainsi, on ne peut exclure que
le recours aux accords tacites ait été destiné à dissimuler une volonté d’accorder discrètement certains
permis.
L’équipe de contrôle recommande à la commune de réguler par le biais d’une procédure claire les
conditions de délivrance tacite de permis de construire.
Ce type d’intervention de la part de la hiérarchie dans les dossiers n’est pas limité aux accords tacites.
L’équipe de contrôle l’a mis en évidence sur plusieurs autres dossiers sur lesquels la décision de refus de
l’instructeur a été écartée sans raison évidente par la hiérarchie178. Il est par ailleurs remarquable que les
agents instructeurs n’aient pas identifié d’autres canaux d’alerte que leur rapport d’instruction, révélant
l’absence de connaissance ou de confiance dans la hiérarchie, mais aussi dans les structures d’alerte
qu’auraient pu constituer la déontologue ou l’inspection générale des services.
L’équipe de contrôle note que si ce schéma est parfaitement compréhensible dans une volonté
d’amélioration des projets portés par les pétitionnaires, il n’est pas totalement fidèle à ce qui est observé
dans l’échantillonnage. En effet, certains dossiers présentant clairement des enjeux ne font pas l’objet de
compte rendu de commission, sans qu’il ne soit possïble de déterminer s’il s’agit d’une absence de
formalisme ou d’une absence de tenue de commission183.
75
Rapport sur la commune de Marseille
De plus, certaines commissions se tenaient en fait directement au cabinet du maire, sans que là encore une
procédure n’explicite la pertinence de ce changement de mode d’élaboration de la décision184.
L’équipe de contrôle recommande de formaliser, tant côté élus que côté administratif, les attendus de
ces commissions et sur la base de cette définition des besoins, d’élaborer des règles de fonctionnement
claires et transparentes, communiquées à l’ensemble des parties prenantes (y compris les pétitionnaires).
À la date du contrôle, ces différents dysfonctionnements n’ont pas été détectés par les instances
dirigeantes de la collectivité.
Les (ç pressions» qui semblent avoir été exercées par la « hjérarchie » sur certains dossiers cités
précédemment s’inscrivent dans un contexte opérationnel dans lequel le processus de validation
hiérarchique est mal défini et dans lequel aucun contrôle de second niveau n’est exercé. Par ailleurs, les
pressions exercées par la hiérarchie peuvent également avoir une origine politique à titre d’exemple, une
déclaration préalable, dont le pétitionnaire est Monsieur X, comporte la mention suivante dans le rapport
d’instruction « Dossier signalé. Il est demandé à l’instructeur d’instruire ce dossier à la hâte et sans
consulter l’A 3F pour le site inscrit, du fait que le lot de copropriété n’est pas concerné par le périmètre
ABF »z32.
En effet, le fait que le circuit de validation hiérarchique intervienne en dehors de l’outil empêche toute
traçabilité et ouvre la voie aux ((pressions » mises en évidence précédemment. Par ailleurs, le service ne
semble guère profiter de la présence au sein de la direction de l’urbanisme du service o conseil et droit de
l’urbanisme », qui traite du contentieux consécutif au travail du service des autorisations, alors qu’il
pourrait contribuer à l’établissement d’un plan de contrôle interne pertinent.
Observation n1S; À la date du contrôle, aucune procédure n’encadre la délivrance des autorisations
d’urbanisme. Dans ce contexte, plusieurs dysfonctionnements graves pouvant constituer des
atteintes à la probité ont été détectés par l’équipe de contrôle.
76
Rapport sur la commune de Marseille
Recommandation n°14 Confier à l’inspection générale des services une mission d’audit des
dysfonctionnements relevés dans le présent rapport et d’appui à l’élaboration de procédures
structurant l’activité du service des autorisations d’urbanisme et la réalisation, autant que de besoin,
d’enquêtes internes.
En réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué avoir inscrit au plan 2021 de l’IGS la réalisation
d’un audit du processus des autorisations d’urbanisme, portant sur les volets performance et conformité.
Parmi les huit mairies de secteur que compte la commune de Marseille, l’équipe de contrôle a examiné le
fonctionnement des mairies des 4’ et 5’ arrondissements et des 13e et 14’ arrondissements.
Les mairies de secteur sont administrées par un conseil d’arrondissements qui dispose de compétences en
matière d’état civil et d’affaires scolaires188; de gestion et d’entretien de certains équipements de
proximité189; d’attribution de logements sociaux’90.
Le conseil d’arrondissements a un rôle uniquement consultatif pour les projets situés dans son périmètre et
sur le montant des subventions attribuées aux associations dont l’activité s’exerce dans les limites de ses
arrondissements9.
Chacune d’elle dispose d’une dotation globale de fonctionnement (DGF) comprenant une dotation de
gestion locale (DGL) et une dotation d’animation locale (DAL) et d’une dotation globale d’investissement
(Dcl). Ces dotations sont votées chaque année par le conseil municipal.
Budget 2020 Mairie 4/5 Mairie 13/14
dotation globale de fonctionnement 1 875 522 2 837 307
dont dotation de gestion locale 1 841 469 2 781 538
dont dotation d’animation locale 34 053 55 769
dotation globale d’investissement 190 146 311 460
Tableau 5 Budget primitif 2020 des mairies de secteur auditées/Saurce AFA à partir du budget 2020
“ Article L. 2511-26
du CGCT « Le maire d’arrondissement et ses adjoints sont chargés, dons l’orrondissement, des attributions
relevant du maire de la commune en matière d’état civil, d’affaires scolaires liées au respect de l’obligation scolaire ainsi qu’en
opplicotion des dispositions du code du service national.
189 Article 2511-16
du CGCT « Le conseil d’arrondissement délibère sur l’implantation et le progromme d’aménagement des
équipements de proximité, définis comme les équipements à vocation éducotive, sociale, culturelle, sportive et d’informotion de la
vie locale oins, que les espaces verts dont b superficie est inférieure à un hectare qui ne concernent pas l’ensemble des habitants de
la commune ou de la Ville de Paris ou les habitants de plusieurs arrondissements, ou qui n’ont pas une vacation nationale. La
réalisation des équipements est subordonnée à une décision du conseil municipal ou du conseil de Paris prise dans les conditions
prévues à l’article L. 2511-36.
Le conseil d’arrondissement gère les équipements de proximité, sous réserve des dispositions de l’orticle L. 2511-21. A cet effet il
approuve les contrats d’occupation du domaine public partant sur ces équipements, à l’exclusion des équipements scolaires.... ».
l9 Article L. 2511-20
(<Les logements dont l’attribution relève de la commune ou de la Ville de Paris et qui sont situés dons
l’arrondissement sont attribués pour moitié par le moire d’arrondissement et pour moitié par le moire de la commune ou par le
moire de Paris »
191 Art 2511-13 du
cccj « Le conseil d’arrondissement est saisi pour avis des rapports de présentation et des projets de
délibération concernant les affaires dont l’exécution est prévue, en tout ou partie, dons les limites de l’arrondissement,
préalablement à leur examen par le conseil municipal... ». et article 2511-14 du CGCT: « te conseil municipal ou le conseil de Paris
consulte, dons les délais prévus à l’article L. 2511-13, le conseil d’arrondissement sur le montant des subventions que le conseil
municipal ou le conseil de Paris se propose d’attribuer aux associations dont l’activité s’exerce dons le seul arrondissement ou ou
profit des seuls habitants de l’arrondissement quel que soit le siège de ces ossociations. L’avis du conseil d’arrondissement ne peut
avoir pour effet de majorer le montant global des crédits consacrés par le budget communal aux associations visées ci-dessus, À
défaut d’avis émis dans les délais fixés, le conseil municipal ou le conseil de Paris délibère. »
77
Rapport sur la commune de Marseille
Pour les recettes qu’elles encaissent par le biais de leurs régies, les mairies de secteur doivent se conformer
à la tarification votée par le conseil municipal’92. Ces recettes proviennent des droits payés par les usagers
des équipements dont la gestion a été transférée aux mairies de secteur locations de salles, droits
d’entrée ou autres repas et activités récréatives. L’intégralité des recettes est versée au budget général de
la commune.
IV.1 Une forte autonomie des mairies de secteur qui n’est accompagnée d’aucun contrôle
Le secrétariat général de la mairie centrale compte une chargée de mission e mairies de secteur e. Sa fiche
de poste193 indique qu’elle doit « assurer le lien entre les maires de secteur et les services centraux” sur les
projets, dossiers ou diverses problématiques signalés en ayant un rôle de facilita teur et de relais
d’information e. Plus précisément, elle est principalement chargée du calcul des dotations financières, de la
répartition de l’enveloppe « investissements» entre les mairies de secteur, du suivi de leurs commandes et
de la supervision de l’inventaire annuel des équipements transférés. L’équipe de contrôle a toutefois
constaté que les activités de la chargée de mission ne comprennent en pratique pas de contrôles de
l’activité des mairies de secteur.
Ainsi qu’il a été précisé supra, la commune a réalisé entre 2019 et 2020 une cartographie de ses risques
majeurs. Les mairies de secteur ont été écartées du périmètre d’étude. Cependant, un manque de
clarification organisationnelle’94 et une e articulation défaillante de l’action de la ville vis-à-vis des mairies
de secteur ont été pointés dans le registre des risques.
Le nouveau DGS a mandaté l’1G5195 pour réaliser une cartographie appelée c panorama des mairies de
secteur); afin de décrire leur fonctionnement d’identifier les risques juridiques et financiers et d’en tirer
des pistes de réflexion. À la date du contrôle, cette cartographie, débutée en novembre 2020, n’était pas
achevée.
Le pilotage et le contrôle des mairies de secteur constituent un véritable enjeu en matière de cohérence
politique et de maîtrise des risques. Des travaux menés par l’équipe de contrôle et détaillés ci-dessous, il
ressort que la mairie centrale n’exerce que peu de contrôle sur les processus les plus à risque, comme le
recrutement des agents ou les finances, ce qui a conduit à des dérives dans les deux mairies auditées.
Le décret n° 87-1004 du 15 décembre 1987 relatif aux collaborateurs de cabinet des autorités territoriales
définit les modalités de rémunération et de fixation des effectifs des collaborateurs de cabinet. En outre,
l’article 36 de la loi n°82-1159 du 31décembre 1982 modifiée, relative à l’organisation administrative de
78
Rapport sur la commune de Marseille
Paris, Marseille, Lyon et des établissements publics de coopération intercommunale prévoit que les
dispositions l’article 110 de la loi n° 84-53 du 26janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la
fonction publique territoriale s’appliquent aux Maires d’arrondissement. Ainsi, le nombre de collaborateurs
de cabinet des mairies d’arrondissement dépend, quant à lui, de la population de chacun des
arrondissements.
Le conseil municipal a voté le 28avril 2008 une délibération fixant le nombre de collaborateurs de cabinet à
un par mairie d’arrondissement242.
Il apparaît que la mairie des 4’ et 5e arrondissements disposait selon l’organigramme au 13juillet 2O20’ de
23 agents rattachés au cabinet. L’équipe de contrôle a demandé la communication des fiches de postes
suivantes, selon leur intitulé dans l’organigramme
- conseiller technique;
- conseiller communication;
- chargé de mission;
- sécurité;
- emploi et logement;
- logements;
- circulation voirie.
La fiche de poste du conseiller technique n’a pas été transmise. Il ressort de l’examen des fiches de postes
transmises que les missions sont très succinctement décrites ou que leur description ne correspond pas à
leur intitulé
79
Rapport sur la commune de Marseille
fig
L’équipe de contrôle relève ainsi que les emplois relevant du cabinet ne sont pas toujours clairement
définis, que certains relèvent du champ politique alors que d’autres auraient vocation à être rattachés
aux services opérationnels. Il est relevé également le manque d’harmonisation dans la formalisation des
fiches de postes, révélatrice d’une gestion des ressources humaines peu rigoureuse.
En tout état de cause, le fait que certains de ces emplois comportent des missions à caractère politique
conduit à un dépassement du nombre de collaborateurs de cabinet autorisé par la loi.
La loi du 26janvier 1984204 autorise les collectivités à recruter temporairement des agents contractuels de
droit public dans certains cas limitativement énumérés et notamment en cas d’accroissement temporaire
ou saisonnier d’activité ou pour assurer le remplacement temporaire d’agents.
Les mairies de secteur ont assez peu recours au recrutement de contractuels. En revanche, l’embauche de
vacataires reste élevée, compte tenu des missions à assurer dans les équipements transférés entretien et
animation.
-r Total
Libelle Unite Affectation Officielle i contractuels Titulaires Vacataires
general
Par ailleurs, les mairies de secteur embauchent un nombre significatif de vacataires, du fait des
équipements dont la gestion leur a été transférée. Ainsi, la mairie des 4’ et 5’ arrondissements comptait, au
31 décembre 2019,41 vacataires et la mairie des 13’ et 14’, 100 vacataires.
233 cf. fichiers: Fiche de poste circulation voirie-LF.pdf et Fiche de poste circulation-votie-BA.pdt
234 Articie 3 (Vodifié par LOI n’2019-828 du 6août2019 artS 11)
-
« I. Les collectivités et établissements mentionnés à l’article 2 peuvent recruter temporairement des agents contractuels sur des
-
du contrat, pendant une même période de douze mais consécutifs. Article 3-1 (modifié par LOI n’2019-828 du 6août2019 art. 22)
-
pour répandre à des besoins temparaires, les emplois permanents des peuvent être occupés par des agents contractuels paur
...
80
I,
Rapport sur la commune de Marseille
d’identification du besoin, les conditions de recrutement, les règles relatives au contrat de travail. Il y est
indiqué que « choque nouveau besoin fait l’objet d’une étude préalable de la ORH en vue d’une autorisation
de recrutement», ce qui sous-entend que les besoins validés antérieurement ne font pas l’objet d’un
réexamen par la DGARH. Des entretiens menés, il ressort que la DGARH n’intervient que pour vérifier les
temps de travail au regard de la législatïon et la complétude des dossiers, mais pas sur l’opportunité des
recrutements. La gestion du processus d’embauche dans AZUR (de l’ïdentité du vacataire à son affectation
et temps de travail) et la saisie des pièces (RIS, casier judiciaire et attestation de visite médicale) sont
effectuées par la mairie de secteur. Il est à noter que les CV, lettres de motivation et diplômes ne sont pas
des documents attendus par le logiciel, ainsi qu’en attestent les copies-écran d’un dossier transmises à
l’équipe de contrôle 205 Une action «soumettre à la DRH » est requise en fin de processus.
La loi du 15 septembre 2017, relative aux collaborateurs de cabinet, ne concerne pas les autres emplois
d’une collectivité. Néanmoins, un cadre ou un élu qui interviendrait dans le processus de recrutement d’un
membre de sa famille serait exposé au risque de prise illégale d’intérêts. L’équipe de contrôle, dans son
examen du fichier paye, a identifié plusieurs homonymies, avec dans certains cas une domiciliation
identique.
81
Rapport sur la commune de Marseilte
M. , a été recruté sous le statut de contractuel à compter du 4août2015 jusqu’au 31 décembre 2019 avant
d’être titularisé au ier janvier 2020208. Du 4 août 2015 au 2 août 2017, M. a été recruté au motif d’un
accroissement saisonnier d’activité (article 3-1-2 de la loi du 26janvier 1984 précitée). Or, un recrutement
de cet ordre ne peut excéder une durée maximale de six mois, par période de douze mois. De plus, tous les
actes d’engagement de M. précisent que les contrats sont conclus « sans aucune possibilité de
renouvellement »z09.
début du fin du indice
date acte motif mention dans l’acte libellé grade
contrat contrat brut
adjoint technique
accroissement sans aucune possibilité de
04/08/2015 . . 03/08/2015 30108/2015 2è classe 340
saisonnierdactivité renouvellement
1er échelon
adjointtechnique
:
accroissement sans aucune possibilité de
07/09/2015 . . 01/09/2015 30/09/2015 2è classe 340
saisonnierdactivité renouvellement
__
leréchelon
adjoint technique
accroissement sans aucune possibilité de
09/10/20t5 . . 01/10/2015 31112/2015 2è classe 340
saisonnier d’activité renouvellement
1er échelon
adjoint technique
accroissement sans aucune possibilité de
05/01/2016 . 01/10/2016 31/01/2016 2è classe 340
saisonnierdactivité i renouvellement
1er échelon
I adjoint technique
accroissement sans aucune possibilité de
02/01/2016 01102/2016 29/02/2016 2é classe 340
saisonnier d’activité renouvellement
1er échelon
adjoint technique
accroissement sans aucune possibilité de
18/02/2016 01/03/2016 02)08/2016 2è classe 340
saisonnier d’activité renouvellement
1er échelon
adjoint technique
accroissement sans aucune possibilité de
08/07/2016 . . 03/08/2016 02/02)2017 2è classe 340
saisonnier d’activité renouvellement
1er échelon
adjoint technique
accroissement non sans aucune possibilité de
16/01/2017 . . 03/02/2017 territorial 347
saisonnier d’activité indiquée renouvellement
[ leréchelon
arrêté de modification de situation administrative
18/06/2017
nouvelle situation adjoint technique territorial, indice brut 347, date d’effet 01/01/2017
adjoint technique
accroissement sans aucune possibilité de
05/07/2017 03/08/2017 31/12/2017 territorial 347
temporaire d’activité renouvellement
1er échelon
remplacement à la reprise
adjoint technique
temporaire des
02/01/2018 01/01/2018 et a plus tard le 31 décembre 2018 territorial 347
momentanément fonctions
1er échelon
indisponible de l’agent
arrêté de modification de situation administrative
22)01/2019
situation nouvelle : échelon 2, indice brut 350, date d’effet :01/01/2019
—
82
Rapport sur la commune de Marseille
Les recrutements de contractuels motivés par un accroissement temporaire ou saisonnier d’activité n’ont
pas l’obligation d’être transmis au contrôle de légalité263, ce qui a permis que ces contrats puissent se
succéder sans respecter les dispositions légales. De plus, la mairie centrale n’a pas exercé de contrôle de
deuxième niveau qui aurait permis de mettre fin à cette situation dès la signature du deuxième contrat.
Observation n°19 : À la date du contrôle, la faiblesse des contrôles de la mairie centrale ne permet pas
de maîtriser le risque de prise illégale d’intérêts dans les recrutements par les mairies de secteur.
Recommandation n°15 Avant la fin de l’année 2022, renforcer les contrôles par la DGARH de
toutes les procédures de recrutement au sein des mairies et secteur. Formaliser une procédure interne
de validation, commune à toutes les mairies de secteur, rappelant les principes déontologiques des
recrutements.
Dans sa réponse au rapport provisoire, la commune a fait part de travaux complémentaires à venir sur le
sujet des recrutements, basés sur la cartographie des mairies de secteur réalisée en 2021.
Ainsi qu’il a été dit plus haut, les mairies de secteurs encaissent des recettes au moyen de leurs régies. Chaque
mairie de secteur dispose d’une régie de recettes destinée à encaisser principalement les participations
financières des usagers des équipements sociaux décentralisés264. La commune n’a pas transmis de PV de
contrôle par le comptable public de ces régies265. Le tableau suivant, extrait de l’état de recettes 2019266,
expose les montants remontés par les régies, ventilés par libellé d’article. L’équipe de contrôle relève que
l’imputation de recettes des régies sous le libellé « participations d’autres organismes » semble erronée.
Les modes d’encaissement sont les espèces, les chèques, les chèques-vacances, les virements et les cartes
bancaires. Chacune des régies de recettes dispose de sous-régies de recettes
- pour la mairie des 46 et 5 arrondissements 21 sous-régies dont 18 pour les centres municipaux
d’animation (CMA), une pour le théâtre HangArt, une pour le Centre Hypério, et une pour la maison
des associations;
263 Article 12131-2- S’ du cGcT « Sont soumis aux dispositions de l’article L. 2131-1 les actes suivants: Les décisions individuelles
relatives à la nomination, au recrutement y compris le contrat dengagement, et au licenciement des agents non titulaires, à
l’exception de celles prises pour faire face à un besoin lié à un accroissement temporaire au saisonnier d’activité, en application des
1’ et 2’ de l’article 3 de la loin’ 84-53 du 26 ianvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale.
264 cf. fichiers: regie recettes 4 S.pdf
et regie recettes 13 14.pdf
265 f
c6O et Q61.
266 f,
Q8 état des recettes
83
Rapport sur la commune de Marseille
- pour la mairie des 13’ et 14 arrondissements treize pour les équipements sociaux (CMA, centre de
loisir Montolivet et pôle culturel), une pour les locaux sportifs du château de la Mirabelle et une pour
l’encaissement des ventes d’objets publicitaires à l’occasion d’événements se déroulant dans deux
parcs.
La tenue de ces régies se fait à l’aide de registres papier et de tableaux Excel, le logiciel SAGA n’étant pas
déployé sur les mairies de secteur.
L’équipe de contrôle a analysé la gestion de la régie de la mairie des 4’ et S’ arrondissements, pour laquelle
il a été indiqué que plusieurs contrôles sont effectués. Néanmoins, il n’existe aucune procédure formalisée
décrivant une méthode de vérification ou les niveaux successifs de validation. Des documents transmis à
l’équipe de contrôle, il ressort que
- il n’est pas dans les attributions de la direction financière de la mairie de secteur de procéder au
contrôle de la régie qui est placée sous la responsabilité de la directrice de l’animation267;
- la régisseuse contrôle de façon inopinée les caisses des CMA268 en indiquant simplement sur un
cahier la date de son contrôle, le CMA concerné et une annotation des plus succinctes « RAS » ou
« carnet de reçu fini.. » ou encore « chèque non signé... »
- le DGS de la mairie de secteur vérifie également la régie de façon inopinée, et o priori une fois par
an, sur site et sur pièces269 d’après l’état comptable qui lui est transmis mensuellement par la
régisseuse et en indiquant sur celui-ci une mention de conformité sans aucun détail des vérifications
effectuées.
Les mairies de secteur proposent un éventail assez large de prestations à destination des particuliers ou des
associations
Toutes ces prestations sont soumises à acquittement par l’usager d’une redevance dont les tarifs ont été
votés en conseil municipal et que les mairies de secteur doivent appliquer?ic. La mairie centrale ne procède
à aucune validation de l’application de ces tarifs, comme le montre la différence de recettes encaissées entre
les deux mairies auditées qui disposent d’un parc immobilier équivalent.
Concernant les locations de salles, il est précisé dans la grille tarifaire que les locaux et équipements sont
« mis à disposition des groupements et associations avec une participation aux frois de fonctionnement».
Les tarifs sont à l’heure ou à la journée et détaillés en cinq catégories qui correspondent « à une appréciation
déterminée en fonction de l’équipement intérieur mis à disposition des usagers, ainsi que leur aspect
esthétique et leur état. Les catégories peuvent être intitulées:
fe catégorie activités promotionnelles
.
84
Rapport sur la commune de Marseille
3eme
catégorie: activités régulières et manifestations rassemblant plusieurs équipes
4ème
catégorie: activités ponctuelles
5em
catégorie: activités exceptionnelles et d’échanges ».
Il est en outre précisé que « Les locaux et équipements peuvent être mis gratuitement à la disposition des
associations du secteur pour la tenue de réunions, dans le cadre de leur fonctionnement, ou pour la
réalisation d’activités gratuites au bénéfice des usagers du centre. Par ailleurs) les activités péri-scolaires,
humanitaires et les permanences sociales bénéficient d’une exonération totale. » Le document cite d’ailleurs
‘article L. 21251 du CGPPP « Toute occupation ou utilisation du domaine public d’une personne publique
donne lieu au paiement d’une redevance [...] l’autorisation d’occupation ou d’utilisation du domaine public
peut être délivrée gratuitement aux associations à but non lucratif qui concourent à la satisfaction d’un intérêt
général ».
La mairie des 13° et 14’ arrondissements a passé des conventions avec plusieurs associations en les exonérant
de tout paiement de redevance pour participation aux frais de fonctionnement
»2h2
Association « Chatons sans toi
La mairie des 13’ et 14’ arrondissements a passé une convention d’objectifs avec l’association « chatons sans
toi », votée en conseil d’arrondissements le 28 mars 2019.
Cette association propose de maîtriser la population des chats errants par le contrôle de leur reproduction.
La convention prévoit que la mairie de secteur « accompagne... par la confection d’affiches, flyers, dépliants
et prospectus nécessaires à la publicité... », qu’elle apporte «le soutien technique nécessaire à l’installation
du matériel... », qu’elle prête «ses barnums et banderoles>) et qu’elle participe « au financement des frais
vétérinaires ».
Toutes ces actions de soutien s’apparentent à un versement de subvention, alors que les mairies de secteur
n’ont qu’un râle consultatif sur le montant des subventions attribuées aux associations dont l’activité
s’exerce dans le seul arrondissement ou au profit des seuls habitants de l’arrondissement272.
Le maire de Marseille a d’ailleurs adressé un courrier à la maire d’arrondissements pour lui demander de
faire procéder à une seconde lecture, par le conseil d’arrondissements, de la délibération validant la
convention au motif que « la passation et le contenu de cette convention outrepassent les compétences
dévolues aux mairies de secteur».
• Association MUT’C0M273
L’association MUT’COM a pour objet « de négocier et de discuter, dans l’intérêt de ses adhérents, tout
contrat de protection sociale ou autres274.
La mairie des 13° et 14° arrondissements a passé une convention d’objectifs avec cette association à compter
du 9juin2017 jusqu’au 31décembre2018, renouvelable par tacite reconduction.
Cette convention prévoit la mise à disposition à titre gratuit, d’un bureau de la mairie de secteur « du lundi
au vendredi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h», ainsi que les locaux du CMA «château-Gombert » une
journée par semaine et du CMA « St Jérôme » une matinée par semaine.
85
Rapport sur la commune de Marseille
Par ailleurs, l’article 2 de la convention oblige l’organisateur « à ne pas réaliser des activités ou un accueil à
caractère religieux, politique, commercial ou à but lucratif». Cette association ayant une activité de
mandataire en assurances, elle exerce une activité commerciale qui est en contradiction avec les termes de
la convention.
La mairie de secteur contrevient en outre aux dispositions de l’article L. 2125-1 du CGPPP qui dispose que
(<l’autorisation d’occupation ou d’utilisation du domaine public peut être délivrée grotuitement aux
associations à but non lucratif qui concourent à la satisfaction d’un intérêt général >. En effet, l’association
MUT’COM proposant des avantages uniquement à ses adhérents, elle ne satisfait pas l’intérêt général.
La mairie des 45 et 5’ arrondissements organise régulièrement des activités récréatives payantes au sein des
CMA. Les tarifs applicables à ce type d’événement sont les suivants
Activités traditionnelles
Les différentes catégories de tarifs (de 1 à 5 sont appli uées en fonction du coût de la prestation
1” 2” 4_
catéporte catéaorie caléaorie catéoocie catôaotie
- concours, lotos, cartes... 1,00€ 1,50€ 3,00€ 4,50€ 6,50€
- après-midi récréatifs 1,00£ 2,00€ 4,00€ 7,00€ 11,00€
- boissons 0,50€ 1,00€ 2,00€ 3,00€ 4,00€
- goûters, apéiitifs, lunchs, buffets 2,00 € 3,50£ 6,00 € 7,00€ 8,50€
-repas 8,00€ 8,50€ 12,00€ 14,00€ 20,00€
- spectacles, concerts, séances de
2,00 £ 4,00 € 5,50€ 7,00€ 8,50€
cinéma, projections
- festivals, galas, concerts exceptionnels 11,00€ 14,00€ 17,00€ 21.00£ 26,50€
manifestations, conférences, débats, congrès 3,00€ 4,50€ 8,00€ 12,00£ 15,00£
Tarifs degressifs pour les participants d’un même foyer sur présentation d’un justificatif: -20 % pour la 2”
personne et -50 % à partir de la 3f” personne
rn.-.
L’équipe de contrôle note que la distinction entre les différentes catégories, telles que détaillées supra et
induisant des tarifications différentes, n’est pas immédiatement compréhensible.
L’équipe de contrôle a demandé la communication des « cahiers de bord » mensuels 2019 du centre
d’animation méridien276. Sont consignés, pour chaque jour d’ouverture du centre, les horaires, l’identité du
personnel présent, la nature des activités et les prestations offertes (goûter...), le nombre de participants le
cas échéant et le montant des recettes générées (dans une rubrique intitulée « budget »). En fin de mois, un
tableau récapitule l’ensemble des données. Les indications portées sur les <(cahiers de bord s> sont très
succinctes. Par exemple, pour la journée du S février 2019, ont été recensés 31 participants à un loto, 31
reçus ont été délivrés et le montant déposé au coffre pour le loto est de 359,50€. Il est également indiqué
qu’ont été servis un goûter et des boissons (café, thé, sirop). Pour la journée du S mars 2019, 32 reçus ont
été délivrés alors que 28 participants au loto ont été dénombrés. Ce récapitulatif journaliser est visé par le
responsable. Aucune indication portée au registre ne permet de déterminer avec exactitude quel montant a
été réglé par chaque participant, ni pour quelle prestation.
Par ailleurs, les lotos donnent lieu à remise de lots. il a été indiqué à l’équipe de contrôle que les lots étaient
soit des denrées alimentaires, soit des bons d’achat277. En réponse au questionnaire de I’AFA, un tableau de
275
Q93
275 cf. fichier: cahier de bord Méridien 2019
277 cf fichier :99-Nature et origine des lots offerts aux gagnants des lotos.pdf
86
Rapport sur la commune de Marseille
suivi des lots pour les lotos de 2019 de tous les CMA a été transmis par la direction de l’animation de la mairie
d’arrondissement. L’examen de l’état des paiements a permis à l’équipe de contrôle de reconstituer les
achats de lots auprès des fournisseurs désignés par la direction de l’animation pour la même période
Le tableau ci-dessous fait apparaître un différentiel significatif entre le montant des achats de lots et le
montant des lots distribués. Ce différentiel ne peut être expliqué par l’abondement d’un stock, aucune
mention à un stock d’entrée n’étant faite dans le tableau. D’ailleurs, dans l’état des paiements transmis à
l’équipe de contrôle, tous les achats d’alimentation auprès du fournisseur Mardis sont enregistrés sous le
code article 60623 « fournitures non stockées alimentation».
—
Concernant la distribution des bons cadeaux, il est à souligner que le nouvel exécutif de la mairie de secteur
a fait cesser cette pratique et qu’il ne lui a pas été possible de se procurer auprès des services les documents
comptables relatifs à leur distribution279 afin de les transmettre à l’équipe de contrôle.
Dans ce CMA, comme dans tous les autres CMA de l’arrondissement et de la ville, des activités variées sont
pratiquées. L’équipe de contrôle constate que certains jours, malgré la tenue de nombreuses activités
payantes (location de salle à un syndic...), aucune recette n’est portée en recettes dans le cahier de bord. Par
exemple
- Mercredi 2janvier2019
o Cartes : 2D participants
o Scrabble : 10 participants
o Couture :4 participants
o Café, thé, sirop
o Activités associatives
o Location de salle à un syndic : montant perçu 85€.
278
Cf. Q132.
279 cf. fichier :85 à 88-Réponse AFA.pdf
87
Rapport sur la commune de Marseille
Il est porté la mention ((encaissements: voir cahiers», mais aucune indication ni somme n’est portée à la
rubrique budget visée par le responsable ainsi qu’en témoigne l’extrait reproduit ci-dessous
I *fljJflc.
J -
-
Nombre de bons internes dcngagements transmis:
Nombre de reçus déinrés : C.L.S.H. Mercredi
CL Si-t Vacances:
Locations de salles:
Autres:
- Total Coffre (régie):
- -J
t:
Il en est de même pour les autres jours où les diverses activités ne donnent lieu à aucune indication de
tarification
Il apparaît que seuls les achats par les participants des cartons de loto sont consignés dans les (<cahiers de
bord » alors que d’autres activités donnent lieu à paiement, conformément à la tarification en vigueur.
L’équipe de contrôle n’a pas pu déterminer si ces autres prestations n’ont pas été facturées ou si elles l’ont
été, mais que les recettes n’ont pas été enregistrées.
Les mairies de secteur procèdent à de nombreux achats destinés, notamment, à être distribués aux
administrés. Les exemples détaillés ci-dessous montrent qu’il n’existe aucune traçabilité de la destination
de ces achats.
• Places de cinéma
La mairie des 4 et se arrondissements a acheté des places de cinéma à la SAS Pathé Marseille pour des
montants conséquents : 12888€ en 2018 et 29930€ en 2019. L’équipe de contrôle a demandé la
communication de tout document de suivi d’attribution de ces places. En réponse, la mairie a transmis la
copie de plusieurs factures de 2019280 pour un montant total de 11770€ avec l’annotation manuelle
«places de cinéma achetées pour activités CMA: enfants en centres aérés, stages) ados, sorties culturelles
adultes et retraités». Aucun tableau de suivi des attributions de ces places mentionnant le nom du CMA, le
nombre de participants et la date n’a été transmis. Il n’existe donc aucun suivi, même o minima, de
l’attribution de ces billets.
88
_____________________ _________________
Cadeaux divers
La mairie des 40 et S arrondissements a transmis à l’équipe de contrôle une analyse financière28’ réalisée
par une stagiaire sur les dépenses de 2019 et l’état spécial de 2020. Au paragraphe traitant des dépenses en
divers cadeaux, il est indiqué que ces dépenses représentaient 171 000 C en 2019, soit 9% des dépenses de
la mairie justifiées, car ((la distribution de cadeaux auprès des acteurs de son secteur est une des
compétences de la mairie». Les services offrant le plus de cadeaux sont le protocole (37 %), la
communication (29%) et l’animation (29 %). Ces cadeaux ont une typologie très variée
Tableau 11 typologie des cadeaux la population adressés par la mairie des 4 et 5e arrondissements.
Parmi ces achats, aucun, pour les plus récurrents et possiblement stockables (parapluies, parures de stylos,
calculatrices, etc.), n’a été comptabilisé en achats stockés, ce qui démontre que la mairie n’assure aucun
suivi des biens qu’elle achète.
Chaque année se tient à l’automne la foire internationale de Marseille. Les deux mairies de secteur
examinées achètent régulièrement des billets d’entrée
281
cf. fichier: 89-AnalVse financière de la mairie du 45- 2019_2020.pdf
89
Rapport sur la commune de Marseille
L’équipe de contrôle a demandé à la mairie des 13’ et 14e arrondissements le tableau de suivi de l’attribution
de ces billets d’entrée. Il a été indiqué282 que la mairie a acheté 200 places par an de 2015 à 2019 «de
mémoire)) à destination des CMA « de 80 à 100 places» et des élus «deux places à leur demande», les places
restantes étant distribuées « aux associations ou habitants qui en faisaient la demande ».
Agendas
Cette même mairie achetait également des agendas pour des montants significatifs et comptabilisés en
(<frais divers de publicité, publication et relations publiques » ou en « information, communication et
publicité » et non en « fournitures administratives)) :9348 € en 2018 et 3564€ en 2019. Dans sa réponse283,
la mairie indique que les grands agendas ont été distribués aux directeurs et que les autres agendas étaient
destinés aux secrétaires des CMA, aux présidents d’associations ou commerçants du secteur etc., qui en
faisaient la demande, les agendas restants étant mis à disposition des administrés. Cette réponse, qui ne
donne aucun chiffre précis, démontre qu’il y a aucun suivi de la distribution des agendas, mais également
qu’ils ont été commandés sans aucun recensement des besoins.
13e 14e
lV.2.3,2 L’utilisation abusive des cartes essence Total à la mairie des et arrondissements
La presse284 s’était fait l’écho en 2018 d’un possible détournement de fonds publics impliquant le maire, sa
directrice de cabinet et plusieurs agents de la mairie. À la demande du maire de Marseille, l’IGS a réalisé en
2018 une enquête administrative285 sur l’utilisation des cartes Total. Il ressort de cette enquête que la mairie
de secteur a fourni au maire et à sept agents de la mairie entre 2015 et 2018 des cartes Total permettant
l’approvisionnement en carburant, le péage, le stationnement dans certains parkings et le lavage des
véhicules. La carte attribuée au maire permettait les achats dans les boutiques Total.
Les cartes ont été utilisées pour des véhicules personnels alors que la mairie de secteur dispose d’une flotte
de véhicules de services. Il apparaît également que des pleins de carburant ont été faits en dehors du
territoire communal, et pendant les périodes de vacances. De plus, la mairie a pris en location auprès de
l’UGAP trois véhicules Peugeot 308 en LDD pour le directeur financier, le DGS et le responsable animation.
Les pleins de carburant ont été faits également en utilisant les cartes Total. Dès que les faits ont été révélés,
il a été mis fin aux contrats de location de location des véhicules et à l’utilisation des cartes essence.
Pour autant, la mairie n’a prononcé aucune sanction disciplinaire, n’a fait aucun signalement au titre de
l’article 40, ni déposé aucune plainte.
Observation n°20 : À la date du contrôle, les mesures de prévention et détection des risques d’atteinte
à la probité sont largement insuffisantes au sein des mairies de secteur. Le faible contrôle exercé par
les services centraux n’a pas permis d’éviter plusieurs dysfonctionnements graves susceptibles de
constituer des atteintes à la probité.
Recommandation n°16 D’ici à fin 2022, mettre en place des procédures internes harmonisées au
sein des mairies de secteur et organiser un contrôle efficace par les services centraux.
En réponse au rapport provisoire, la commune a indiqué avoir initié, sur la base de la cartographie livrée en
2021, un travail sur les contrôles effectués par les services centraux sur les mairies de secteur. Par ailleurs, la
commune a également indiqué avoir commandé la réalisation de deux enquêtes, qui seront menées en 2021,
relatives à des dysfonctionnements observés dans deux mairies de secteur.
90
Rapport sur la commune de Marseille
ANNEXES
91
Rapport sur la commune de Marseille
RÉ PU B LIQU E ‘FRANÇAlSE1
AFA
Agence Française M&orruption
‘1
rrAP-2020-04q1
11
LETTRE•DEMISSION1
Pouril
¶1
rnodernisationde-Iavie-&conornigueconfie à’l’Agencefrançaise-anticorruptionIecorarôledu-respect-dela
miseen•œuvre•du-programme-anticorruption que•doivent•adopter-Ies-socîétés-etIes-établissementspublics
• 1OGMt,ainsi-quedes-procéduresdepréventjon•etde•détecon-d-atteintes-àIa•probité-attsejn-des-
mixteetdesassociations-etfondationsreconnuesdutilit&pubIiquail
Danscecadre-jevous-chargedu-contrôle de-laCornmunc-deMwsdfle,-dont-Ie-siège-est-situé-H5tS-de-VilIe,-
quaidu-port,-13002-Marseille-(Siren-n°211-300-553)-1l
Vousrernettrez-votre-rapport-de-contrôle-a’Qant-Ie-15-décembre-2020.1I
11
Faità-Paris,-1e41-septembre-20201
Le-directeur’de-rftgencefrançaise-anticorruptonl
92
Rapport sur la commune de Marseille
RÉPUBUCLUE FRANÇAISE
A FA.
jêenœ Ftwiça4e Mticomçtion
WAP-202004
Dans ce cadre je vois ch4ØwJ*Comiiihmde Manille, dont le siège est situé Hôtel de Ville
quai du port. 1300? Marsei a4lflt 300 5S3)
Vous remettrez votre rapport de’rÔle avant le 13 janvIer 2021.
93
n Annexe n°2
Rapport sur la commune de Marseille
Adresse du siège social : Hôtel de Ville de Marseille, Place Villeneuve Bargemon, 13002 Marseille
Effectifs au 31décembre2019 : 11952 agents permanents hors bataillon des marins-pompiers de Marseille.
Nom du correspondant désigné parle dirigeant : Odile Blanc, Inspectrice Générale des Services.
94
____________________________
Adresse du siège social : Hôtel de Ville de Marseille, Place Villeneuve Bargemon, 13002 Marseille
Effectifs au 31 décembre 2019 : 11952 agents permanents hors bataillon des marins-pompiers de
Marseille.
Nom du correspondant désigné par le dirigeant : Odile Blanc, Inspectrice Générale des Services.
95
Rapport sur la commune de Marseille
II
Annexe n°3: Liste des personnes rencontrées
96
Rapport sur la commune de Marseille
Vont participé
Pour la commune de Marseille M. Payan (maire), M Quignon (DGS), M. Drouot (directeur du cabinet du
maire) et Mme Blanc (inspectrice générale des services).
Pour I’AFA M. (sous-directeur du contrôle), Mme (cheffe du département du contrôle des acteurs publics),
Mmc (inspectrice) et M. (inspecteur).
2/ rappelé le déroulement de la suite du contrôle, avec une phase de contradiction de deux mois à compter
de la réception du rapport provisoire, période au cours de laquelle la commune pourra présenter ses
observations qui seront intégrées au rapport définitif;
M. Payan a souligné l’importance qu’il apportait à ce contrôle dans une optique de réalignement des
services avec la volonté de l’exécutif.
97
Rapport sur la commune de Marseille
Marsewe,le
Monsieur le Directeur,
Benoit PAYAN
Pi:
-DløeeL4 -.
98
Rapport sur la commune de Marseille
Tableau synthétique
Recommandation n°1 Avant la fin de La Ville a prévu la réalisation d’une cartographie des risques datteintes à la La recommandation est maintenue, mais I’AFA
l’année 2021, réaliser une cartographie probité basée sur l’analyse progressive de ses processus. prend acte de l’engagement de la commune de
des risques d’atteintes à la probité en Les premiers “processus” étudiés seront ceux identifiés par l’AFA mettre en oeuvre cette recommandation et le
priorisant les processus particulièrement néanmoins au vu de la réorganisation des services en cours (qui impacte les mentionne dans le rapport définitif.
exposés (autorisations d’urbanisme, directions en charge de la commande publique) et des missions de 1165
99
4 t’
mairies de secteur, commande publique,
Rapport sur la commune de Marseille
Référent déontologue L’équipe de contrôle mentionne au 11.2.1.1. qu’aucune modalité de contact L’AFA prend note de la remarque concernant
n’apparaît en réponse à la recherche du terme « déortologue o sur l’interview de juillet 2018 et supprime cette
l’intranet. Toutefois l’interview de juillet 2018 mentionné dans le même mention du rapport définitif.
paragraphe contient une question « Comment peut-on faire appel à vos
services ? n qui présente les modalités de contact. Concernant l’ignorance L’AFA prend acte de la réponse de la collectivité
par certains agents des mairies de secteur de l’existence du référent concernant la communication des informations
déontologue, elle ne semble pas généralisée car la référente a reçu, au cours et des modalités de saisine de la référente
des années 2019 et 2020, plusieurs agents de mairies de secteur à leur déontologue. Ces éléments ne sont toutefois
demande. La Ville prend néanmoins bonne note des constats de l’ArA en pas de nature à modifier les conclusions
termes d’accessibilité et de communication de ces informations. formulées dans le rapport provisoire.
Chartes de déontologie Les projets de chartes de déontologie préparés par la référente déontologue, L’AFA prend note que les chartes ont été
mentionnés au 11.2.1.2.2, ont été rédigés en fin de mandature précédente et rédigées à la fin de la mandature précédente.
ne pouvaient donc pas mentionner des textes ou dispositifs n’existant pas à Toutefois, la charte à destination des agents
l’époque. Un groupe de travail consacré à la rédaction de deux chartes de aurait pu être modifiée pour tenir compte des
déontologie (l’une applicable aux agents, l’autre aux élus) a été formé, évolutions législatives. La remarque est
réunissant la référente déontologue, la DGARFI et l’IGS. Les remarques maintenue sur ce point.
formulées par l’Agence quant au contenu attendu seront prises en compte
[n revanche, les éléments d’actualisation
évoqués par la commune sont mentionnés dans
100
I, Rapport sur la commune de Marseille
Recommandation n°2 Avant la fin de Un groupe de travail composé par la DGARH, la référente Déontologue et La recommandation est maintenue, mais l’AFA
l’année 2021, adopter, pour les élus et 1165 s’est constitué et a élaboré un projet de charte déontologique des prend note des éléments d’actualisation
les agents, un code de conduite précisant agents qui sera diffusé aux organisations syndicales durant l’été 2021. évoqués par la commune et les mentionne dans
les règles déontologiques en vigueur au Ce document ainsi qu’une charte déontologique des élus (complémentaire le rapport définitif.
sein de la commune et les sanctions du règlement intérieur du Conseil Municipal) ont pour objectif d’être
encourues en cas de violation du code de présentés au Conseil Municipal à l’automne 2021.
conduite ou de manquement au devoir La charte déontologique des agents étant réalisée avant la cartographie des
de probité, rappelant le dispositif risques d’atteinte à la probité, elle pourra utilement être complétée
d’alerte interne et formalisant les d’exemples concrets ici de l’analyse des processus à risques.
conditions d’acceptation des cadeaux et
invitations. Ce code devra
nécessairement comporter des exemples
de comportements à proscrire en
s’appuyant sur la cartographie des
risques d’atteinte à la probité.
101
I
Observation «6 À la date du contrôle, OK
Rapport sur la commune de Marseille
Recommandation n’3 Avant la fin du La première version de la charte déontologique des agents (voir RECO2) La recommandation est maintenue, mais I’AFA
premier semestre de l’année 2022, présentera des éléments génériques relatifs aux conflits d’intérêts. Elle prend acte de cet engagement et le mentionne
préciser dans la charte déontologique pourra être enrichie d’éléments liés aux contrôles internes qui auront été dans le rapport définitif.
applicable aux agents la procédure de mis en place.
prévention et de gestion des conflits
d’intérêts et définir les modalités de
contrôle afférentes.
Cumuls d’activités Concernant le conseil mentionné en gras en p36 de procéder à des relances L’équipe de contrôle attire l’attention de la
systématiques des agents pour renouveler des demandes de cumul commune sur les pratiques mises en oeuvre par
d’activités, cette démarche apparait comme contradictoire avec le caractère certaines collectivités de taille comparable qui
ponctuel et dérogatoire de l’autorisation de cumul d’activités, qui ne doit pas utilisent l’entretien annuel d’évaluation pour
être perçue comme un droit auquel l’agent peut systématiquement rappeler aux agents leurs obligations en la
prétendre. matière. Le rapport est reformulé en ce sens.
102
‘I Rapport sur la commune de Marseille
Recensement et gestion comptable des Les six tiers listés comme « non recensés “existent pourtant bien dans l’outil L’AFA prend acte de cette réponse et modifie le
tiers financier - deux tiers ont été créés selon le process habituel (SPLAIN et rapport en recentrant la rédaction sur le
Union des Maires des Bouches-du-Rhône) ; trois tiers ne sont que des
- croisement des bases fournies à l’équipe de
débiteurs pour lesquels des mandats d’annulation ont été passés; - le contrôle et en supprimant la référence explicite
dernier tiers est un syndicat (sans SIREN) auquel la Collectivité a procédé au aux six tiers en question.
paiement d’une créance faisant suite à un jugement.
103
$4f Rapport sur la commune de Marseille
-
LAFA prend acte de l’approbation du contenu
Recommandation n 6 D ici la fin de
de I observation et de la recommandation par la
-
Actions mises en oeuvre depuis la fin des La mission de cartographie des mairies de secteur par l’IGS est terminée et Ces éléments sont indiqués autant que de
opérations de contrôle en termes les conclusions seront prochainement restituées aux personnes concernées besoin dans les parties du rapport concernées.
d’évaluation et prévention des risques
d’atteinte à la probité Une analyse des macro-processus de la Ville est en cours et fera l’objet d’un
séminaire d’encadrement réunissant les DGA et directeurs de la Ville, début
juillet 2021.
104
4 p’. Rapport sur la commune de Marseille
Un registre des déports des élus au Conseil Municipal a été mis en place au
niveau du Service Assemblées et Commissions regroupant les situations de
conflits d’intérêt connues et les déports d’élus lors de délibérations du
Conseil Municipal. Ce registre pourra être étoffé au fur et à mesure des
situations déclarées par les élus (en lien avec la future charte de
déontologie), et étendu aux élus des conseils d’arrondissements.
Alerte interne Comme indiqué au paragraphe 11.3.1, le dispositif d’alerte interne est actif L’AFA prend note de la volonté de la commune
depuis le 1er mars 2021. La Ville a largement communiqué sur l’existence d’ouvrir ce dispositif aux bénéficiaires de
d’un moyen de signalement sécurisé et ergonomique, qui complète le subventions et aux attributaires des marchés
courrier et l’adresse mail dédiée la plateforme internet publics. Le rapport est complété en ce sens.
marseille.signalement.net.
De même, le rapport est complété concernant
S’agissant de l’ouverture du dispositif aux tiers en relation avec la commune, les modalités de communication autour du
il est prévu de porter l’information aux bénéficiaires de subventions et aux dispositif d’alerte interne. Si ces modalités sont
attributaires de marchés publics. effectivement mises en oeuvre, ce dispositif
relèverait des meilleures pratiques observées
Des modalités de communication adaptée sont en cours d’élaboration. Elles par l’ArA dans le cadre des contrôles menés sur
intégreront vraisemblablement les documents supports des décisions des collectivités de taille comparable.
d’attribution à compter du 3ème trimestre 2021.
105
fi Rapport sur la commune de Marseille
- mise en ligne d’un article relatif au dispositif sur le site internet Marseille.fr,
le 1er mars2021;
106
Rapport sur la commune de Marseille
Régime disciplinaire En ce qui concerne e constat dressé en p43 « pour des faits qui semblent L’AFA prend acte de ces remarques et complète
similaires, les sanctions ne sont pas de même importance », il convient de le rapport sur ces points.
préciser les éléments suivants l’Administration ne peut sanctionner que si
elle dispose de la matérialité des preuves des faits reprochés à l’agent. Par
ailleurs, elle peut tenir compte des circonstances et des conditions dans
lesquelles les faits se sont produits. Cette approche peut l’amener, lorsque
les preuves ne sont pas établies à tenir compte des éléments d’explications
apportés par l’agent concerné et en fonction adapter la sanction. Par ailleurs,
la DGARH, dans le cadre d’une étude récemment lancée sur la politique
disciplinaire de la Ville, envisage de se doter d’un document précisant les
sanctions disciplinaires et pénales encourues en cas d’atteinte à la probité.
Faits avérés En pages 18 et 44, il est fait référence à des amendes infligées à un élu non L’AFA tient compte de cette précision et
payées par l’utilisateur. Ces amendes ont été soit payées par le supprime cette mention du rapport définitif.
contrevenant, soit lui ont été transférées après désignation à I’ANTAI, soit
annulées par l’OMP notamment en raison de leur ancienneté. La Ville n’a
payé aucune amende en lieu et place du contrevenant, ni demandé de
remise gracieuse des amendes. Elle a déposé plainte auprès du procureur de
la République le 8octobre2019.
107
Ii
devoir de probité et développer une
démarche de retour d’expérience
Rapport sur la commune de Marseille
Recommandation n’8 Avant la fin de Des contrôles seront implémentés au fur et à mesure du déploiement des L’AFA prend acte de l’approbation du contenu
l’année 2022, organiser et piloter le autres mesures. Leur mode de recensement est encore à définir, selon les de la recommandation par la commune. Le
déploiement des dispositifs de contrôle décisions d’organisation de l’administration sur le sujet du contrôle interne rapport n’est pas modifié.
interne en fonction des risques de manière générale.
identifiés, notamment d’atteintes à la
probité. Ces dispositifs de contrôle
devront notamment comprendre des
contrôles de deuxième niveau.
Observation n’12 En 2019, les Les constats décrits en pages 46-47 relatifs aux règles de rémunération des
Le rapport est modifié sur ce point afin de
rémunérations de l’ancien directeur de collaborateurs de cabinet appellent la précision suivante concernant le mode
préciser les modalités de calcul du plafond.
cabinet et de son adjoint ont dépassé le de calcul en vigueur. En application de l’article 7 du décret 87-1004 relatif
plafond prévu par le décret n 87-1004 aux collaborateurs de cabinets des autorités territoriales, le plafond de la
L’observation et la recommandation, qui ne sont
du 16 décembre 1987 et la loi relative rémunération des collaborateurs de cabinet est fixé pour la Ville de Marseille
pas contestées, sont maintenues.
aux véhicules de fonction n’a pas été sur la base
respectée. Toutefois, les éléments de réponse de la
de 90% du traitement correspondant à l’indice terminal du grade
commune (notamment sur l’absence de
-
108
Rapport sur la commune de Marseille
Recommandation n°9 Mettre en place Les mesures de contrôle interne automatique appropriées seront déployées
des procédures de contrôle interne mais une vérification systématique du respect du seuil a été menée pour les
permettant de s’assurer dans le temps recrutements ponctuels menés depuis juillet 2020.
du respect des plafonds de rémunération
fixés par la réglementation s’agissant des
membres du cabinet.
109
.1
Recommandation n’lO Mettre en
Rapport sur la commune de Marseille
Commande publique La définition donnée de la Direction de la Commande Publique en p49 Le rapport est complété quant aux missions de
pourrait être complétée en précisant ses missions elle est notamment la direction de la commande publique.
chargée du pilotage économique de l’achat, de la computation des seuils des
besoins des services de la Mairie centrale, de la passation des marchés
transverses et de la rédaction des règlements de consommation. Concernant
la cartographie des achats, étudiée en pages 51 et 52, la Ville prend note du
caractère insatisfaisant de l’outil actuel qui se base sur l’analyse de données
comptables non complétée d’un échange avec les informations
opérationnelles connues des services.
Recommandation n’ai Avant la fin de Une réorganisation est en cours qui concerne notamment le volet de la L’ArA prend acte de l’approbation du contenu
premier semestre 2022, confier le commande publique. La Ville prend note des suggestions de l’ArA en matière de la recommandation par la commune et
pilotage du processus commande de structuration. intègre dans le rapport définitif les éléments
publique à une seule direction, Une fois cette réorganisation effective, des contrôles internes seront à relatifs à la réorganisation en cours.
fusionnant notamment les deux
directions fonctionnelles existantes à
110
Rapport sur la commune de Marseille
date du contrôle et centraliser les achats documenter sur divers volets, y compris celui des risques d’atteinte à la
des entités dont le volume d’achat probité.
annuel est faible. Sur cette base,
déployer un contrôle interne couvrant
l’ensemble du périmètre d’achats, en
procédant par priorisation ou
échantillonnage sur les marchés de faible
montant les plus exposés.
Subventions Concernant les mesures de taux d’acceptation des demandes de L’AFA prend note de ces précisions et modifie le
subventions, si l’indicateur ne fait pas l’objet d’un suivi systématique au rapport en ce sens.
niveau de chaque service concerné, l’écart entre le nombre de paiements et
le nombre de demandes s’explique par des choix d’opportunité (l’élu n’ayant
pas souhaité donné de suite favorable à la demande), parfois par des
dossiers non recevables administrativement (problèmes de statuts, de
viabilité financière, d’objet de la demande, ...), et enfin par le fait que
plusieurs demandes se rapportent parfois à une unique association.
111
n
permettant d’encadrer le processus
d’instruction, d’attribution et de contrôle
des subventions.
Rapport sur la commune de Marseille
Recommandation n’12 Avant la fin de Un groupe de travail portant sur le processus d’attribution des subventions L’ArA prend acte de l’approbation du contenu
l’année 2022 et pour chaque dispositif, a été formé, Il décidera du meilleur format de procédures à adopter un de la recommandation par la commune.
adopter en conseil municipal un règlement général ou un par thème.
règlement d’attribution des subventions L’observation et la recommandation sont
puis formaliser des procédures internes maintenues, mais les éléments d’actualisation
permettant d’encadrer le processus mentionnés par la commune sont intégrés dans
d’instruction, d’attribution et de contrôle le rapport définitif.
des subventions, prenant en compte la
prévention des risques d’atteintes à la
probité et des conflits d’intérêts.
Exigences à l’égard des Le contrat portant sur le stade Vélodrome n’est pas, au sens strict du terme, Un contrat mettant à la charge du cocontractant
concessionnaires et délégataires de type concessif mais un contrat de partenariat. Ce montage contractuel l’investissement initial et l’exploitation en
prévoit, structurellement, que la Ville rémunère son partenaire qui a échange de recettes tirées de l’exploitation et
préfinancé la restructuration complète de l’équipement et de ses abords, et de redevances de la collectivité ayant pour
en assure aujourd’hui l’exploitation A l’instar d’un marché public, il n’a pas objectif l’équilibre économique semble pouvoir
vocation à s’équilibrer (même si des recettes annexes générées par le être qualifié de contrat de type concessif. Le
Partenaire permettent à la Ville de minorer ses redevances). rapport n’est pas modifié sur ce sujet.
Concernant la Commission Consultative des Services Publics Locaux (CCSPL), Concernant la CCSPL, les éléments transmis en
la Ville souscrit aux observations de l’Agence. C’est dans ce cadre que l’une réponse au rapport provisoire sont ajoutés au
des premières délibérations prises par la nouvelle municipalité, le 27 juillet rapport définitif.
2020, fut l’adoption d’un nouveau règlement intérieur de la CCSPL, pour
redynamiser cette instance essentielle et élargir ses moyens d’actions
112
4 Rapport sur la commune de Marseille
conviés, ainsi que des experts lorsque nécessaire. De plus, des postes de
suppléants ont été créés, et les réunions ont été déplacées en fin de journée,
afin de permettre une meilleure participation des membres.
Recommandation «13 Avant la fin du Une procédure de suivi des concessionnaires fera l’objet de réflexions, en La recommandation est maintenue, mais l’ArA
premier semestre 2022, renforcer le suivi amont de l’analyse fine en lien avec la cartographie des risques mentionnée prend acte de cet engagement et le mentionne
des concessionnaires, notamment ceux plus haut (RECO1). dans le rapport définitif.
présentant le profil de risques le plus
élevé en élaborant, dans le cadre de la
cartographie des risques, des scénarios
de risques d’atteinte à la probité
crédibles et en y associant des mesures
de prévention et détection adaptées.
113
Rapport sur la commune de Marseille
Recommandation n’14 Confier à Une mission d’audit du processus des autorisations d’urbanisme, portant sur La recommandation est maintenue, mais l’AFA
l’inspection générale des services une les volets performance et conformité, a été inscrite au p’an d’audit 2021 prend acte de l’inscription au plan 2021 de
mission d’audit des dysfonctionnements suite à la réunion du comité d’audit d’avril 2021. l’audit recommandé sur les autorisations
relevés dans le présent rapport et d’urbanisme et le mentionne dans le rapport
d’appui à l’élaboration de procédures définitif.
structurant l’activité du service et la
réalisation, autant que de besoin,
d’enquêtes internes.
Emplois de cabinet des mairies de En page 76 est évoqué le cas d’emplois comportant des missions à caractère L’AFA prend acte de la réponse de la commune
secteur politique au sein de mairies de secteur, qui conduiraient à un dépassement sur les compétences des mairies de secteur et le
du nombre de collaborateurs de cabinet autorisé par la loi. Il convient de faible nombre des collaborateurs de cabinets.
noter que l’essentiel des missions décrites relèvent des compétences
normales d’une Mairie de Secteur (promotion des évènements qu’elle Toutefois, l’AFA maintient sa position sur le fait
organise, préparation des dossiers logements sociaux pour la commission que les emplois relevant du cabinet ne sont pas
d’attribution, apport de la vision de proximité dans différentes concertations toujours clairement définis et que certains de
sur la sécurité locale, les projets circulation voirie, ...). Il ne s’agit donc pas
— ces emplois devraient être rattachés
nécessairement d’emplois relevant du champ politique et du cabinet, même hiérarchiquement aux directions
s’ils sont exercés en lien avec le cabinet. Par ailleurs, la Ville de Marseille a opérationnelles. Ainsi en est-il des postes
attribué par délibération un seul poste de collaborateur de cabinet par « sécurité n, n logements», « emploi et
Mairie de Secteur, là où la Ville de Paris (qui fixe librement son nombre de logements “et e circulation voirie
collaborateurs de cabinet) en dénombre 223 dans les mairies
d’arrondissement. Le faible nombre de ccllaborateurs de cabinet à Marseille Les postes « chargé de protocole des affaires
peut expliquer que certains agents puissent exercer des missions sous la financières et de l’événementiel ,>et n conseiller
supervision du Cabinet. communication n relèvent sans équivoque du
champ politique.
114
4 Rapport sur la commune de Marseille
Recommandation «15 Avant la fin de Suite à la mission de cartographie des mairies de secteur réalisée en 2021 La recommandation est maintenue, mais I’AFA
l’année 2022, renforcer les contrôles par par l’IGS, des travaux complémentaires vont être réalisés, portant, entre prend acte de cette information et complète le
la DGARH de toutes les procédures de autres, sur les recrutements, rapport en ce sens.
recrutement au sein des mairies et
secteur. Formaliser une procédure
interne de validation, commune à toutes
les mairies de secteur, rappelant les
principes déontologiques des
recrutements.
Recommandation «i& D’ici à fin Suite à la mission de cartographie des mairies de secteur réalisée en 2021 L’AFA prend acte de cette information et
2022, mettre en place des procédures par l’IGS, des travaux complémentaires vont être réalisés, portant, entre complète le rapport en ce sens.
internes harmonisées au sein des mairies autres, sur les contrôles par les services centraux.
de secteur et organiser un contrôle
efficace par les services centraux.
Audits et enquêtes diligentés depuis la Les observations de l’Agence, venant en complément d’autres informations Les audits et enquêtes commandés par le DGS
fin des opérations de contrôle. remontées par ailleurs, ont conduit le Directeur Général des Services à sont explicitement évoqués dans le rapport
demander à l’inspection Générale des Services de réaliser plusieurs missions définitif.
en lien avec les « Focus » I et li
115
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Information au Conseil Municipal – Rapport de contrôle définitif de l’Agence Française
Anticorruption (AFA)
Le contrôle a consisté en 45 entretiens avec des agents de mairie centrale et de mairies de secteurs et
l’analyse de plus de 200 documents, portant sur les axes d’analyse suivants :
A l’issue de la phase contradictoire, le rapport définitif est présenté, une fois anonymisé, au Conseil
Municipal de manière volontaire. Un suivi annuel de mise en œuvre des recommandations sera
également présenté devant le Conseil Municipal.
Les contrôleurs ont noté que la démarche anticorruption a déjà été enclenchée, par la mise en place
de plusieurs dispositifs : service d’audit (Inspection Générale des Services), référent déontologue,
Guide de la commande publique, Guichet unique de subventions, recueil d’alerte éthique.
# Recommandation
1 Réaliser une cartographies des risques d'atteintes à la probité en priorisant les processus
particulièrement exposés (autorisations d'urbanisme, mairies de secteur, commande publique,
subventions)
2 Adopter, pour les élus et les agents, un code de conduite
3 Préciser dans la charte déontologique agents la procédure de prévention et gestion des conflits
d'intérêts
4 Actualiser les procédures en matière de cumuls d'activité et de contrôle déontologique des
mobilités externes
5 Intégrer la probité dans le plan de formation 2022, y compris pour les secteurs les plus exposés
6 Se doter d’une procédure d’évaluation de l’intégrité des tiers sur la base la cartographie des
risques d’atteintes à la probité
7 Préciser dans le futur code de conduite les sanctions applicables en cas de violation du code
de conduite et développer une démarche de retour d’expérience systématique destinée à
prévenir la réitération de faits similaires.
8 Déployer des dispositifs de contrôle interne (1er et 2e niveau) relatifs aux atteintes à la probité
9 Mettre en place des contrôles internes relatifs aux rémunérations de cabinet
10 Mettre en place des contrôles internes permettant de s'assurer du respect de la législation en
matière de frais de déplacement
11 Confier le pilotage du processus commande publique à une seule direction et déployer un
contrôle interne sur les achats
12 Adopter un règlement d'attribution des subventions pour chaque dispositif et formaliser les
procédures associées
13 Renforcer le suivi des concessionnaires intégrant des mesures de prévention et détection des
risques d'atteinte à la probité
14 Confier à l'IGS un audit portant sur le Service des autorisations d'urbanisme
15 Renforcer et formaliser les contrôles par la DGARH des procédures de recrutement,
notamment au sein des mairies de secteur
16 Mettre en place des procédures internes harmonisées au sein des mairies de secteur et un
contrôle efficace par les services centraux.