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1-1175
Allongement du temps
AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine
de céphaline + activateur
MH Horellou, J Conard, M Samama
B ien standardisé, reproductible, automatisable, le temps de céphaline + activateur est devenu le test le plus
utilisé des tests de coagulation.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
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ellagique, silice), et du calcium. Il explore la voie temps de thrombine est allongé. En revanche, les
Introduction intrinsèque de la coagulation ; il est donc sensible réactifs utilisés pour la mesure du temps de Quick
aux concentrations des facteurs de la coagulation contiennent souvent un inhibiteur de l’héparine,
impliqués. Le temps obtenu est exprimé par rapport rendant le temps de Quick insensible à l’héparine. Le
Le temps de céphaline + activateur (TCA) est très
au temps du plasma témoin dont la valeur moyenne TCA est maintenant habituellement isolément
utile à la définition du risque hémorragique puisqu’il
varie entre 28 et 35 secondes selon les réactifs. Le allongé en présence d’héparine comme le montre
est sensible au déficit de la plupart des facteurs de
TCA est allongé lorsqu’il dépasse de 6 à 10 secondes l’exemple suivant :
coagulation (tableau I), sauf au déficit en facteur VII
le temps du témoin.
(proconvertine) ou facteur XIII (facteur stabilisant de
la fibrine). Traitement par l’héparine
■
Il est également utilisé pour la surveillance des Taux de prothrombine : 95 %
traitements par l’héparine non fractionnée.
Allongement du TCA. Démarche
diagnostique (fig 1) TCA : 50 s/T 33 s
Il permet enfin la détection des anticoagulants Temps de thrombine : 55 s/20 s
circulants de type lupus, recherchés lors de
l’exploration biologique des accidents
‚ Éliminer les causes d’erreur
thromboemboliques. Il existe des causes d’erreur ; les plus fréquentes Les héparines de bas poids moléculaire allongent
concernent la qualité du prélèvement sanguin : peu le TCA, à la différence des héparines non
Tous les réactifs utilisés pour la détermination du
non-respect de la nature ou du volume de fractionnées. Seuls les nouveaux schémas
TCA n’ont pas la même sensibilité à ces différentes
l’anticoagulant utilisé pour le recueil du sang, d’administration utilisant une injection par jour de
pathologies et le choix de l’un d’entre eux doit
présence d’héparine souillant le prélèvement, délai fortes doses (150 à 200 UI/j [Innohept, Fraxodit])
prendre en compte le contexte clinique des patients
trop long entre le prélèvement et la réalisation du peuvent entraîner un allongement important du
explorés.
test, amorce de coagulation. Un traitement TCA.
anticoagulant par l’héparine ou par les antivitamines ‚ Contexte clinique
■
Réalisation du TCA
et valeurs normales
Le TCA mesure le temps de coagulation à 37 °C
K (AVK) peut allonger le TCA.
La mesure du temps de thrombine est utile, plus
particulièrement en milieu hospitalier, pour éliminer
la présence d’héparine (héparine des cathéters, des
L’allongement du TCA doit être interprété en
fonction du contexte clinique (notion d’antécédents
personnels ou familiaux d’accidents hémorragiques,
existence d’une maladie associée) et des résultats
d’un plasma en présence de phospholipides prélèvements faits parallèlement à la gazométrie...).
des examens de coagulation effectués parallèlement
(céphaline) et d’activateurs (kaolin, célite, acide En présence d’héparine dans le prélèvement, le
(temps de Quick, temps de saignement).
Si le temps de Quick est allongé, il peut s’agir d’un
Tableau I. – Valeurs normales et facteurs explorés par le temps de céphaline + activateur (TCA). déficit acquis (atteinte hépatique, avitaminose K,
coagulopathie de consommation) ou d’un déficit
Test Valeurs normales Facteurs explorés
constitutionnel des facteurs X (Stuart), V
TCA Témoin : 28 à 35 s selon réactif si temps de Quick normal (proaccélérine) et II (prothrombine) et du fibrinogène
Écart malade/témoin inférieur à 6-10 s Prékallicréine (cf fascicule I-1185 de l’Encyclopédie pratique de
Rapport malade/témoin < 1,2 Kininogène de haut poids moléculaire
Facteur XII : facteur Hageman médecine, Allongement du temps de Quick).
Facteur XI : facteur Rosenthal
Facteur IX : antihémophilique B ‚ Allongement isolé du TCA
Facteur VIII : antihémophilique A Un allongement isolé du TCA révèle, soit un
si temps de Quick allongé déficit constitutionnel en facteur de la coagulation
Facteur X : Stuart
appartenant à la voie intrinsèque de la coagulation
Facteur V : proaccélérine
Facteur II : prothrombine (kininogène de haut poids moléculaire,
Fibrinogène prékallicréine, facteurs VIII, IX, XI et XII), soit un
anticoagulant circulant.
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1-1175 - Allongement du temps de céphaline + activateur
TCA et déficits en facteurs de la voie Tableau II. – Différentes formes d’hémophilie selon le taux de facteur VIII ou IX.
intrinsèque
Taux Manifestations
Sévérité de l’hémophilie TCA malade/témoin
Le TCA est très sensible aux déficits en facteurs de de facteur VIII ou IX hémorragiques
la phase contact (facteur XII). En revanche, il est <1% Sévère Hémarthroses sponta- 75 s/33 s
moins sensible au déficit en facteur VIII et surtout au nées récidivantes
déficit en facteur IX. Il faut donc être vigilant sur les
2à7% Modérée Hémarthroses rares 55 s/33 s
allongements modérés du TCA. Hématomes post-
– L’hémophilie A (déficit en facteur VIII) et traumatiques
l’hémophilie B (déficit en facteur IX) sont, après la Complications hémorra-
maladie de Willebrand, les plus fréquentes des giques postopératoires
maladies constitutionnelles de la coagulation. Leur 7 à 30 % Mineure Complications hémorra- 45 s/33 s
transmission est autosomale récessive, de même giques postopératoires
type biologique A ou B, et de même sévérité et post-traumatiques en
l’absence de traitement
biologique au sein d’une même famille.
approprié
L’hémophilie A est cinq fois plus fréquente que
l’hémophilie B. La gravité des manifestations TCA : temps de céphaline + activateur.
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Allongement du temps de céphaline + activateur - 1-1175
Tableau III. – Allongement du temps de céphaline + activateur (TCA) par déficit en facteur de coa- Tableau V. – Syndrome des antiphospholipides.
gulation ou anticoagulant circulant (ACC).
Critère clinique
Tests Plasma no 1 Plasma no 2
• Thrombose artérielle et/ou veineuse, ou des petits
TCA 67/T 33 s 67/T 33 s vaisseaux. Diagnostic nécessaire par imagerie ou
histologie (présence de thrombose sans inflamma-
Mélange malade + témoin 38 s 50 s tion de la paroi vasculaire)
• Grossesse pathologique
Indice de Rosner (38-33)/67 × 100 = 7 (50-33)/67 × 100 = 25
• une ou plusieurs perte(s) fœtale(s) inexpliquée(s)
Conclusion Absence d’ACC Présence d’un ACC d’un fœtus morphologiquement normal à plus de
10 semaines de grossesse
• une ou plusieurs naissances prématurées d’un
présence d’un anticorps dirigé spécifiquement contre cliniques : syndromes lymphoprolifératifs fœtus normal à 34 semaines ou avant 34 semaines
un facteur de coagulation est confirmée par (lymphomes, dysglobulinémies...), syndromes de grossesse par prééclampsie ou insuffısance pla-
l’inhibition de cette protéine dans le plasma témoin néoplasiques, infections diverses, notamment chez centaire
par le plasma du malade. • trois pertes fœtales inexpliquées ou plus avant
l’enfant ou lors de la prise de certains médicaments
10 semaines de grossesse après avoir éliminé les
Les plus fréquents sont les inhibiteurs dirigés (bêtabloquants, phénothiazine, procaïnamide). Leur causes anatomiques et hormonales chez la mère et
contre le facteur VIII. On les trouve chez les présence peut être transitoire, en particulier au cours les causes chromosomiques chez les deux parents
hémophiles transfusés (alloanticorps), mais aussi en des infections. Ils peuvent être détectés chez les
Critère biologique
dehors de l’hémophilie, dans le post-partum, dans le individus en dehors de tout contexte pathologique.
contexte d’une maladie auto-immune (en particulier Ils ne s’accompagnent pas de manifestations • Anticorps ACL IgG ou IgM à un titre moyen ou
fort, sur deux prélèvements à 6 semaines d’inter-
dans le lupus), associés à des prises médicamen- hémorragiques. Des complications thromboembo- valle en utilisant un Elisa reconnaissant les anti-
teuses (pénicilline) ou sans pathologie sous-jacente, liques sont observées dans un tiers des observations ACL-b2-GPI-dépendants (les anti-b2-GPI, faible
en particulier chez le sujet âgé. Les inhibiteurs dirigés définissant le syndrome des antiphospholipides. Les titre d’IgG, IgM, ACL, IgA, autres antiphospholipi-
contre le facteur IX sont observés chez l’hémophile B thromboses peuvent être veineuses, artérielles ou des ne sont pas reconnus actuellement comme cri-
ou dans un contexte de maladie auto-immune. tère de syndrome des antiphospholipides)
placentaires, responsables de pertes fœtales
• Lupus anticoagulant défini selon les critères de
récidivantes. l’ISTH
¶ Inhibiteurs dirigés contre les « phospholipides »
ou lupus anticoagulants (LA) Le syndrome des antiphospholipides associe un
Les anticorps antiphospholipides forment un critère clinique et un critère biologique retrouvé sur Elisa : enzyme-linked immunosorbent assay ; Ig : immunoglobuline ; ACL :
anticorps anticardiolipine ; b2GPI : b2 glycoprotéine I ; ISTH : International
groupe hétérogène d’anticorps comprenant les deux prélèvements faits à 6 semaines d’intervalle Society of Thrombosis and Haemostasis.
anticorps détectés par méthodes de coagulation et (International workshop, Arthritis Rheum 1999 ; 42
les anticorps anticardiolipine recherchés par (7) : 1309-1311) (tableau V).
méthode immunologique. Les antiphospholipides Les critères du diagnostic biologique Les réactifs utilisés pour la réalisation du TCA
sont des autoanticorps. Ils sont ainsi dénommés car d’anticoagulant circulant de type lupus ou LA ont été n’ont pas tous la même sensibilité aux LA. Du fait de
on avait établi qu’ils étaient principalement dirigés clairement précisés en 1995 par l’International cette différence de sensibilité et de l’hétérogénéité
contre les phospholipides anioniques, et plus Society of Thrombosis and Haemostasis. Quatre des LA, des résultats discordants peuvent être
particulièrement la phosphatidylsérine ou le étapes sont nécessaires pour affirmer la présence observés selon les techniques utilisées. Mieux qu’une
phosphatidylinositol, acide phosphatidique. Il est d’un LA : simple demande de TCA, l’ordonnance de
maintenant démontré que des protéines – dépistage de l’anticoagulant circulant, le plus prescription doit préciser la demande de recherche
plasmatiques ayant une haute affinité pour les souvent sur un allongement du TCA, parfois associé de LA, ce qui permet au biologiste d’utiliser les
phospholipides (b 2 GPI (b 2 glycoprotéine I), à un allongement du temps de Quick ; réactifs et les tests les plus sensibles. La recherche
prothrombine, protéines C, S, annexine...), vont – présence d’un effet inhibiteur défini par la d’anticorps anticardiolipine devrait être faite
exprimer des néoantigènes lors de leur fixation aux non-correction du temps malade par le témoin ; systématiquement, parallèlement à la recherche de
phospholipides, néoantigènes qui seront reconnus – dépendance des phospholipides se traduisant LA, compte tenu de la fréquente association (60 %)
par ces anticorps antiphospholipides-protéines. par un raccourcissement du TCA après addition de de ces deux marqueurs du syndrome des
Les antiphospholipides se rencontrent au cours phospholipides ; antiphospholipides, l’association de ces deux
des pathologies auto-immunes (lupus érythémateux, – absence d’effet inhibiteur spécifique sur les recherches est recommandée pour augmenter la
connectivite...) et dans diverses circonstances facteurs de coagulation dont le dosage est normal. sensibilité de la détection des antiphospholipides.
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1-1175 - Allongement du temps de céphaline + activateur
Toute référence à cet article doit porter la mention : Horellou MH, Conard J et Samama M. Allongement du temps de céphaline + activateur.
Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1175, 2001, 4 p
Références
[1] Recommandations du groupe d’études sur l’hémostase et la thrombose [2] Zittoun R, Samama MM, Marie JP. Manuel d’hématologie. Paris : Doin, 1998
(GEHT). Stratégie du diagnostic biologique des maladies hémorragiques et throm-
botiques constitutionnelles ou acquises. Sang Thromb Vaiss 1993 ; 5 : 5-14
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AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine
L e temps de Quick explore de façon globale tous les facteurs de la voie extrinsèque de la coagulation (facteurs
VII, X, V, II et fibrinogène). Il est encore souvent exprimé en « taux de prothrombine » (TP). Des variations
importantes des résultats des TP exprimés en pourcentage sont observées d’un laboratoire à un autre et d’un réactif
à l’autre, pour un même patient. C’est pourquoi l’expression du temps de Quick en international normalized ratio
(INR) est proposée dès 1983 dans la surveillance du traitement anticoagulant oral. L’expression en pourcentage
reste recommandée en dehors de la surveillance des antivitamines K (AVK).
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
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Réalisation du temps de Quick
et valeurs normales
Le temps de Quick est le temps de coagulation
Tableau I. – Facteurs de coagulation explorés par le temps de Quick.
Fibrinogène
Taux normaux
2-4 g/L
Taux nécessaires à l’hémostase
0,5-1 g/L
d’un plasma en présence de thromboplastine
tissulaire (mélange de facteur tissulaire et de Facteur II (prothrombine) 70-120 % 40 %
phospholipides) et de calcium. Facteur V (proaccélérine) 70-120 % 10-15 %
Le temps de coagulation est comparé à celui d’un
Facteur VII (proconvertine) 70-120 % 5-10 %
témoin, voisin de 12 secondes pour la plupart des
réactifs. Les Anglo-Saxons expriment le résultat en Facteur X (facteur Stuart) 70-120 % 10-20 %
rapport temps du malade/temps du témoin. Les
pays latins ont l’habitude d’exprimer le résultat en
pourcentage d’activité, en désignant ce pourcentage
Tableau II. – Allongement du temps de Quick : avitaminose K ou insuffisance hépatocellulaire.
sous le nom de « TP ». Le pourcentage est calculé en
utilisant différentes dilutions d’un plasma témoin qui Plasma n° 1 Plasma n° 2
correspond par définition à 100 % de la normale.
Facteur V 100 45
Les valeurs inférieures à 70 % sont considérées
comme pathologiques. Facteurs VII + X 40 40
Facteur II 45 45
■
Causes d’erreur du temps de Quick Conclusion Avitaminose K Insuffısance hépatocellulaire
et précautions à prendre
Les principales causes d’erreur affectant le temps Les erreurs de mesure, une erreur dans la fibrinogène et/ou la présence d’une antithrombine
de Quick sont le non-respect des conditions détermination de l’indice de sensibilité internationale peuvent influencer le temps de Quick.
préanalytiques : mauvais remplissage du tube et (ISI) ou dans le calcul de l’INR, l’utilisation d’un Un taux de fibrinogène inférieur à 1 g/L allonge le
non-respect du rapport volume de l’anticoagulant et mauvais plasma témoin doivent être maîtrisées par temps de Quick. De même, les anomalies
du plasma, délai trop long (supérieur à 4 heures) le biologiste. qualitatives du fibrinogène (dysfibrinogénémie) sont
entre le prélèvement et la réalisation du test souvent détectées sur un allongement isolé du
entraînant une diminution des facteurs labiles, temps de Quick.
mauvaise conservation des échantillons (le froid
raccourcit le temps de Quick par activation du
facteur VII, la chaleur entraîne une diminution du
facteur V). Le temps de Quick n’est pas sensible à
■
Facteurs de coagulation explorés
par le temps de Quick
1
1-1185 - Allongement du temps de Quick
■ ■
correction est obtenue après administration orale de
Diagnostic d’un allongement vitamine K, carence d’absorption si, après échec de
Temps de Quick et surveillance du
du temps de Quick (fig 1) traitement par les antivitamines
l’administration orale, la correction est obtenue par K : expression en INR
administration intraveineuse ou sous-cutanée de
‚ Allongement isolé du temps de Quick vitamine K. Le temps de Quick est actuellement le test
avec temps de céphaline + activateur – La maladie hémorragique du nouveau-né : recommandé pour la surveillance des AVK. Cette
(TCA) normal classiquement observée au quatrième jour de vie, surveillance biologique est indispensable en raison
Il oriente vers un déficit isolé en proconvertine ou elle est due à une carence d’apport par le lait de variations de sensibilité observées d’un malade à
facteur VII. Ce déficit est exceptionnel, transmis de maternel et à une absence de synthèse par défaut l’autre, et également chez un même malade, en
façon autosomale et récessive, et s’accompagne de de la flore intestinale. Elle peut être prévenue par raison de l’existence de facteurs de sensibilité ou de
manifestations hémorragiques de gravité variable. l’administration systématique de vitamine K à la résistance.
Un taux de facteur VII voisin de 5 à 10 % est suffisant naissance. Les réactifs utilisés pour la mesure des temps de
pour assurer une hémostase normale. Un – Chez l’adulte, une hypovitaminose K est Quick ont des sensibilités différentes aux facteurs
allongement isolé du temps de Quick peut être exceptionnellement due à une carence alimentaire. vitamino-K-dépendants, ce qui entraîne des résultats
également observé chez les patients recevant un Elle est beaucoup plus souvent liée à une obstruction différents chez un même patient selon le réactif
traitement anticoagulant oral entraînant une des voies biliaires ou à un syndrome de utilisé : la zone thérapeutique est de 25 à 35 % avec
hypocoagulabilité modérée (INR 2) du fait de la malabsorption intestinale, à la destruction de la flore un réactif et de 15 à 25 % avec un autre. Pour
demi-vie plus courte du facteur VII d’une part et intestinale par les antibiotiques.
permettre une meilleure comparaison nationale et
d’une sensibilité du TCA aux facteurs vitamino-K- internationale des résultats, l’expression en INR est
Maladies du complexe prothrombinique ne
dépendants inférieure à celle du temps de Quick. proposée depuis 1983.
réagissant pas à la vitamine K
‚ Allongement associé du temps de Quick Les insuffisances hépatocellulaires (hépatite virale,
( temps du malade ISI
et du TCA infectieuse, toxique, cirrhose) provoquent des déficits
INR =
temps du temoin
)
par défaut de synthèse. Dans les hépatites
Il est observé dans : L’ISI est l’indice de sensibilité internationale.
chroniques et les cirrhoses, on constate une baisse
– les avitaminoses K ; L’ISI est déterminé pour chaque réactif par rapport
plus ou moins marquée des facteurs du complexe
– l’insuffisance hépatocellulaire ; à une préparation de référence et il est fourni par les
prothrombinique, du fibrinogène et des plaquettes.
– les coagulopathies de consommation fabricants de réactifs aux laboratoires utilisateurs. De
Le déficit en proaccélérine témoigne de la gravité du
(coagulation intravasculaire disséminée [CIVD]) ; nouveaux réactifs à ISI voisins de 1 sont
pronostic. Ces anomalies peuvent favoriser certaines
– en présence d’anticoagulant circulant ; actuellement recommandés pour améliorer la
hémorragies, notamment les saignements des
– dans les déficits isolés, constitutionnels en varices œsophagiennes et les hémorragies standardisation de l’INR. L’expression en
fibrinogène, facteurs V, X et II. périopératoires. Les hémorragies dramatiques et pourcentage obtenue avec ces nouveaux réactifs
Les pathologies du fibrinogène, la coagulopathie profuses de l’ictère grave s’accompagnent d’un donne des pourcentages inférieurs à ceux obtenus
de consommation sont décrites dans le fascicule effondrement de tous les facteurs de coagulation. avec les anciens réactifs (par exemple, un INR à 3
1-1187 « Allongement du temps de thrombine ». D’autres déficits, ne réagissant pas à la vitamine K, correspond à un pourcentage à 22 % avec les
peuvent être rencontrés en dehors d’une hépatite nouveaux réactifs, 33 % avec les anciens réactifs). Il
Avitaminose K confirmée : déficit acquis en facteur X dans les est donc nécessaire d’adapter la dose d’AVK sur l’INR
Conséquence d’un défaut d’apport ou amyloses, diminution élective du facteur V dans les et non sur le pourcentage.
d’absorption de la vitamine K ou d’une anomalie de syndromes de défibrination ou en présence d’une Les zones recommandées actuellement sont
son cycle métabolique, elle est observée dans splénomégalie. données dans le tableau III.
2
Allongement du temps de Quick - 1-1185
Tableau III. – Principales indications des antivitamines K (AVK) et zones thérapeutiques recommandées.
* International normalized ratio (INR) à adapter en fonction du type de prothèse, de sa position, de la date d’implantation (3 à 4,5 pour certaines prothèses).
Toute référence à cet article doit porter la mention : MH Horellou, J Conard, M Samama. Allongement du temps de Quick.
Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1185, 2001, 3 p
Références
[1] Recommandations du groupe d’études sur l’hémostase et la thrombose [2] Zittoun R, Samama MM, Marie JP. Manuel d’hématologie. Paris : Doin, 1998
(GEHT). Stratégie du diagnostic biologique des maladies hémorragiques et throm-
botiques constitutionnelles ou acquises. Sang Thromb Vaiss 1993 ; 5 : 5-14
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Allongement du temps
AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine
de saignement
MH Horellou, J Conard, M Samama
L e temps de saignement est le seul test d’hémostase réalisé in vivo, qui explore globalement l’hémostase
primaire, c’est-à-dire les interactions entre les plaquettes et la paroi vasculaire, via le facteur Willebrand et le
fibrinogène nécessaire à l’état de traces.
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■
‚ Technique de Duke ‚ Choix de la technique
Introduction La réalisation systématique du temps de
Il s’agit d’une incision au lobe de l’oreille. Elle est
largement utilisée mais ses limites sont importantes. saignement n’est plus recommandée dans le bilan
Elle manque de sensibilité et de reproductibilité. La d’hémostase préopératoire, mais il doit être réalisé
Le temps de saignement (TS) est le temps qui
normale est de 2 à 4 minutes. chez les patients ayant une histoire hémorragique.
s’écoule entre la création, au niveau cutané, d’une Une méthode sensible (Ivy-incision) est actuellement
brèche pariétale des petits vaisseaux du derme, et préférée.
l’arrêt du saignement ainsi provoqué. Le TS n’est plus ‚ Technique d’Ivy-incision horizontale
un examen prescrit à titre systématique lors d’un Cette technique, réalisée à l’avant-bras, a été bien
■
bilan préopératoire, mais il doit être pratiqué chez standardisée. L’incision est réalisée horizontalement,
tout patient ayant une histoire hémorragique si la Interprétation d’un allongement
sur la face antérieure de l’avant-bras après du temps de saignement (fig 1)
numération de plaquettes est normale. désinfection, à l’aide d’un dispositif jetable (type
Pour pallier le défaut de reproductibilité du TS, la Simplatet). Une contre-pression de 40 mmHg est L’interprétation nécessite de connaître la
nécessité de sa réalisation in vivo, au lit du patient, appliquée au bras à l’aide d’un brassard à tension. La technique utilisée et de prendre en compte le
un nouveau test d’exploration de l’hémostase normale est de 4 à 8 minutes. C’est la technique de contexte clinique ainsi qu’une éventuelle prise
primaire, le platelet fonction analyser (PFA) 100TM a référence qui présente l’avantage d’être sensible et médicamenteuse. La première cause d’allongement
été récemment proposé. Il mesure le temps standardisée. Néanmoins, elle laisse une petite acquis du TS est l’aspirine dont la prise, souvent
d’occlusion (TO) de l’orifice d’une membrane par le cicatrice. Enfin, son coût est plus élevé (dispositif méconnue, doit être recherchée à l’interrogatoire.
sang total. Les premiers résultats d’évaluation du jetable). Bien entendu, la prise de tout autre anti-
PFA100TM dans l’exploration de l’hémostase sont inflammatoire ou antiagrégant plaquettaire
prometteurs, plus particulièrement pour le dépistage ‚ Autres techniques (ticlopidine, clopidogrel) est également associée à un
de la prise d’aspirine et du déficit en facteur allongement du TS. Le TS peut être allongé en cas
Willebrand. D’autres techniques peuvent être réalisées, d’anémie profonde (Hb < 7 g/dL) ou lors de la prise
notamment la technique d’Ivy-incision verticale, tout de bêtalactamines à fortes doses (fig 1).
à fait semblable mais dans le sens des microfibrilles, Le TS doit être confronté à une numération
■
ce qui favorise la confluence des berges de l’incision plaquettaire concomitante.
Réalisation du temps et raccourcit la durée du saignement (normale : 2 à
de saignement et valeurs
normales 5 minutes). ‚ Numération de plaquettes diminuée
La technique d’Ivy-3 points : il ne s’agit plus d’une Précisons d’emblée que si le contexte clinique
Plusieurs techniques (tableau I) sont utilisées, mais incision mais de trois points de piqûre réalisés à suggère qu’un syndrome hémorragique est en
la technique d’Ivy-incision est considérée comme la l’aide d’une microlance. Le temps normal est rapport avec une thrombopénie (c’est-à-dire purpura
technique de référence. inférieur à 5 minutes. pétéchial et ecchymotique diffus, éventuellement
accompagné de saignement muqueux), il vaut
mieux d’abord réaliser une numération de
Tableau I. – Techniques du temps de saignement.
plaquettes. Si la thrombopénie est profonde
Méthodes Techniques Normales (inférieure à 50 G/L), le TS n’est souvent pas utile.
Néanmoins, il ne faut accepter de rattacher
Duke Incision de l’oreille avec un vaccinostyle de 2 à 4 minutes l’allongement du TS à une thrombopénie que si
Recueil de gouttes de sang toutes les - peu sensible celle-ci est franche (inférieure à 100 G/L). Mais il
30 secondes - peu reproductible n’existe pas de véritable corrélation entre la sévérité
- peu spécifique
de la thrombopénie et l’allongement du TS.
Ivy-incision Brassard gonflé à 40 mmHg de 4 à 8 minutes
Incision horizontale sur l’avant-bras - test plus sensible ‚ Numération de plaquettes augmentée
avec dispositif à usage unique
Les hyperplaquettoses secondaires (après
Recueil de gouttes de sang toutes les - meilleure reproductibilité
30 secondes splénectomie, saignements importants, au cours des
maladies inflammatoires, infectieuses ou cancers)
1
1-1170 - Allongement du temps de saignement
2
Allongement du temps de saignement - 1-1170
due à l’absence d’une glycoprotéine membranaire tendance à la désagrégation des plaquettes dont les Le système utilise une membrane de nitrocel-
(GPIb), récepteur du facteur Willebrand et nécessaire granules sont déficients. lulose biologiquement active recouverte de
à l’adhésion des plaquettes. collagène de type 1 et un autre agoniste
■
plaquettaire, soit l’adénosine diphosphate (ADP), soit
– Thrombasthénie de Glanzmann ou anomalie Exploration des fonctions l’épinéphrine. Cette membrane possède un orifice
de l’agrégation des plaquettes : elle est due à plaquettaires par le PFA100 TM central au travers duquel le sang s’écoule dans des
l’absence du complexe glycoprotéique membranaire
Un test d’exploration rapide de l’hémostase conditions de flux contrôlé. Le système mesure le
IIb-IIIa, récepteur du fibrinogène et cofacteur
primaire réalisé in vivo est actuellement TO, temps nécessaire à l’écoulement du sang
principal de l’agrégation plaquettaire ; l’agrégation
disponible [1]. Le PFA100TM (Dade Behring) est un correspondant à la formation du clou plaquettaire
plaquettaire est toujours nulle, quel que soit son
nouvel automate qui permet d’évaluer la capacité au niveau de l’orifice de la membrane.
inducteur ; les hémorragies à type d’hémorragies
fonctionnelle des plaquettes, en sang citraté, sans Les études ont montré une bonne sensibilité du
digestives, d’épistaxis, sont souvent graves ;
aucune préparation préalable de l’échantillon. PFA100TM pour le dépistage de la maladie de
différentes mutations sont identifiées par biologie
D’utilisation simple, le PFA100TM simule in vitro les Willebrand (allongement du TO avec les cartouches
moléculaire.
conditions rencontrées lors d’une brèche de la paroi ADP et épinéphrine) et le dépistage des patients
– Anomalies de la sécrétion plaquettaire : plus artériolaire. Dans le cadre de l’exploration de ayant ingéré de l’aspirine (allongement du TO avec
fréquentes que les deux précédentes, elles sont troubles hémorragiques évoquant un trouble de la cartouche épinéphrine). En revanche, une
responsables de syndromes hémorragiques plus l’hémostase primaire au cours d’un interrogatoire mauvaise sensibilité du PFA100TM à la prise de
modérés (diminution des grains denses [maladie du systématique, il est capable de détecter de manière ticlopidine et de clopidogrel a été rapportée. Sa
pool vide], des granules alpha [syndrome des sensible les anomalies les plus fréquentes, la prise sensibilité aux autres AINS que l’aspirine et aux
plaquettes grises]) ; elles sont caractérisées par une d’aspirine et un déficit en facteur Willebrand. anti-IIb/IIIa n’a pas encore été étudiée.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Horellou MH, Conard J et Samama M. Allongement du temps de saignement.
Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1170, 2001, 3 p
Références
[1] Lasne D, Aiach M. Exploration des fonctions plaquettaires par le PFA100TM : [3] Zittoun R, Samama MM, Marie JP. Manuel d’hématologie. Paris : Doin, 1998
performances et limites. Sang Thromb Vaiss 2000 ; 12 : 97-103
3
1-1187
1-1187
AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine
L e temps de thrombine explore les deux premières étapes de la fibrinoformation (action protéolytique de la
thrombine et polymérisation), mais il est indépendant du facteur XIII. Ce test est rarement demandé isolément
en préopératoire ou dans l’évaluation d’un syndrome hémorragique. Il est toujours précédé de la réalisation d’un
temps de Quick et d’un temps de céphaline + activateur.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
■
Introduction
Temps de reptilase
fascicules I-1185 « Allongement du temps de Quick »
et I-1175 « Allongement du temps de céphaline +
activateur »), ce test est la première étape de la Allongé Normal : malade traité par héparine
démarche diagnostique d’un allongement de ces
deux tests : il permet d’éliminer une anomalie de la
Dosage du fibrinogène
fibrinoformation lorsque le temps de Quick est
allongé, et la présence d’antithrombine (héparine) Normal
lorsque le temps de céphaline + activateur (TCA) est Inhibiteur de la fibrinoformation
allongé. Augmenté
Hyperfibrinogénémie
Le temps de thrombine est sensible aux Diminué
héparines, à l’hirudine et aux inhibiteurs de synthèse
antithrombinique.
■
- Hypofibrinogénémie
- Afibrinogénémie
Réalisation et valeurs normales - Dysfibrinogénémie
• D-dimères augmentés : défibrinations
- Coagulopathie de consommation
- Fibrinolyse
Le temps de thrombine est le temps de
coagulation d’un plasma en présence de thrombine.
Le temps normal est voisin de 20 secondes. ‚ Temps de reptilase produits de dégradation de la fibrine (D-dimères)
L’examen est anormal si le temps du malade sont normaux dans les anomalies de synthèse et
Il est insensible à l’héparine. Lorsque le plasma à
dépasse celui du témoin de plus de 3 secondes. augmentés dans les destructions excessives.
tester contient de l’héparine, le temps de thrombine
est allongé, alors que le temps de reptilase est
Anomalies de synthèse du fibrinogène
■
normal. L’association temps de thrombine
Interprétation d’un allongement allongé-temps de reptilase allongé est observée en Elles peuvent être quantitatives (hypo-,
du temps de thrombine (fig 1) présence d’anomalies quantitatives ou qualitatives hyperfibrinogénémies) ou qualitatives (dysfibrinogé-
du fibrinogène, d’inhibiteur de la fibrinoformation. némies) : le temps de thrombine dépend du
Le temps de thrombine dépend du fibrinogène. Il fibrinogène. Il est allongé lorsque celui-ci est inférieur
est également allongé par la présence d’un ‚ Anomalies du fibrinogène à 1 g/L ou supérieur à 6 g/L.
inhibiteur de la thrombine (anticoagulant circulant, Elles peuvent être secondaires à une anomalie de Dans le déficit quantitatif isolé en fibrinogène (a-
taux élevés de D-dimères) et notamment de synthèse ou à une destruction excessive ou hypofibrinogénémie), les manifestations
l’héparine ou de l’hirudine. (coagulopathie de consommation, fibrinolyse). Les hémorragiques et le retentissement sur le temps de
1
1-1187 - Allongement du temps de thrombine
Toute référence à cet article doit porter la mention : MH Horellou, J Conard et M Samama. Allongement du temps de thrombine.
Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1187, 2001, 2 p
Références
[1] Recommandations du groupe d’études sur l’hémostase et la thrombose [2] Zittoun R, Samama MM, Marie JP. Manuel d’hématologie. Paris : Doin, 1998
(GEHT). Stratégie du diagnostic biologique des maladies hémorragiques et throm-
botiques constitutionnelles ou acquises. Sang Thromb Vaiss 1993 ; 5 : 5-14
2
¶ 1-1194
Anémie hémolytique
F. Lefrère, O. Hermine
Le diagnostic biologique d’anémie hémolytique est simple et stéréotypé. En revanche, les démarches vis-
à-vis du diagnostic étiologique et des traitements relèvent du spécialiste.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
“ Point fort
Extracorpusculaires : en général acquises
D’origine immunologique (test de Coombs positif)
- anémie hémolytique auto-immune
Valeurs normales : - anémie hémolytique immunoallergique : origine médicamenteuse
• haptoglobine = 0,5-1,5 g/l ; - anémie hémolytique allo-immune post-transfusionnelle
• bilirubine totale < 17 µmol/l. D’origine non immunologique
- anémie hémolytique mécanique : présence de schizocytes
- anémie hémolytique infectieuse
Piège : hémolyses compensées - anémie hémolytique toxique
À part : hémoglobinurie paroxystique nocturne (anémie hémolyti-
Il peut exister des hyperhémolyses sans anémie dans les
que corpusculaire et acquise)
situations où la moelle osseuse compense les pertes grâce à un
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Anémie hémolytique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos,
1-1194, 2008.
Anémie macrocytaire
F. Lefrère, O. Hermine
Anémie mégaloblastique
C’est une anémie associée à une macrocytose : volume
Elle est liée à une carence vitaminique, les dosages sériques
globulaire moyen (VGM) supérieur à 100 µm3.
des folates et vitamines B12 s’imposent à la recherche d’une
carence. Le VGM est souvent très élevé (supérieur à 120 ou
130 µm 3 ). Il est fréquent d’observer également une baisse
■ Bilan étiologique modérée des plaquettes et des polynucléaires neutrophiles. Il
existe également fréquemment des signes d’hémolyse, résultant
En premier lieu, le taux de réticulocytes permet de distinguer d’un avortement cellulaire intramédullaire : taux élevé de
les origines périphériques (sanguines) régénératives des causes bilirubine non conjuguée, haptoglobine basse (à ne pas confon-
centrales (médullaires) arégénératives. dre avec une hémolyse périphérique).
Le diagnostic étiologique constitue alors une étape ultérieure
importante.
Cause périphérique
Un taux de réticulocytes franchement supérieur à 100 000/mm3 Carence en vitamines B12 (VGM > 110 µm3)
(100 × 109/l) oriente vers une cause périphérique, trois diagnostics • Maladie de Biermer la plus fréquente cause de carence,
sont à envisager : vitiligo, rares troubles neurologiques, glossite, gastralgie,
• une anémie hémolytique (baisse du taux d’haptoglobine, tubage gastrique : achlorhydrie pentagastrinorésistante,
ictère à bilirubine non conjuguée) ; anticorps anti-facteur intrinsèque diminué et fibroscopie
• un saignement aigu quelques jours auparavant ; gastrique à la recherche d’une tumeur associée.
• une anémie d’origine centrale en cours de guérison. • Gastrectomie.
• Résection de l’iléon terminal.
• Malabsorption globale.
Cause centrale • Végétarien strict (rare).
Un taux de réticulocytes inférieur à 100 000/mm3 (100 × 109/l)
Carence en folates
oriente vers une cause centrale.
Il est souvent tentant de réaliser d’emblée un dosage des • Femmes multipares.
folates et vitamines B 12 devant une anémie macrocytaire • Malabsorption ou résection digestive haute.
arégénérative (négligeant ainsi la pratique d’un myélogramme), • Médicaments antifoliques (cf. encadré).
Tableau 1.
Traitements des carences en folates et en vitamine B12.
Carence vitaminique Traitement
Carence en folates Acide folique (Speciafoldine®) : per os : 1 comprimé/j pendant 2 à 3 mois
Acide folinique (Lederfoline®) : injectable réservé aux grandes malabsorptions
Carence en vitamine B12 Hydroxocobalamine : 1 000 µg / semaine / 6 semaines en intramusculaire), puis une injection tous les 3 mois à vie
Anémie macrocytaire
arégénérative
– Consultation
spécialisée Dysérythropoïèse (anémie réfractaire,
– Myélogramme alias myélodysplasie)
Mégaloblastose
Dosage folates
et vitamine B12
Figure 1. Démarche diagnostique. VGM : volume globulaire moyen ; TSH : thyroid stimulating hormone.
“ Points importants
Une macrocytose isolée pose un problème étiologique non
urgent.
En premier lieu, on doit évoquer :
On recherche une prise médicamenteuse à l’origine d’une • une hyperréticulocytose dans le cadre d’une hyperhémolyse
compensée (rechercher un ictère, une hyperbilirubinémie non
macrocytose toxique :
conjuguée, une chute du taux d’haptoglobine) ;
• agents antinéoplasiques +++ (contexte évident) ;
• l’alcoolisme : contexte, interrogatoire, examen clinique,
• certains diurétiques ; dosage des c-glutamyl transférases (c-GT), des triglycérides.
• méthotrexate ; Il faut écarter une erreur technique avec une fausse macrocy-
• hydroxyurée ; tose liée aux grandes hypergammaglobulinémies, à des anticorps
• barbiturique ; antiglobules rouges à l’origine d’une agglutination des hématies
• sulfamide ; non repérées par les comptages automatiques (à vérifier sur un
• hydantoïne ; frottis sanguin et par un test de Coombs).
• méthotrexate ; Il faut rechercher une carence en folates et/ou vitamines B12
• azidothymidine (AZT) ; car la macrocytose peut précéder de peu l’apparition d’une
• didéoxy-inosine (DDI). anémie. Une consultation spécialisée est nécessaire pour un
complément de bilan.
En l’absence des causes précédentes, la macrocytose peut révéler
une myélodysplasie latente (anémie réfractaire). Un myélogramme
Cette anémie réfractaire a un VGM le plus souvent modéré n’est cependant pas nécessaire car son résultat ne déboucherait sur
(< 110 µm3). Une neutropénie et/ou une thrombopénie peuvent aucune conséquence pratique thérapeutique. En revanche, un avis
s’y associer. spécialisé et des numérations régulières s’imposent.
On peut évoquer chez le sujet jeune, en l’absence de cause
Hémopathie maligne retrouvée, le diagnostic de macrocytose congénitale familiale. Le
Elle affecte la moelle osseuse (leucémie aiguë, myélome, etc.). diagnostic est facile si les hémogrammes pratiqués dans la
La démarche diagnostique est synthétisée dans la Figure 1. famille retrouvent l’anomalie.
■ Références
.
En bref :
• nouvelles vérifications du VGM ;
• enquête « énolique » ; [1] Lévy JP, Varet B, Clauvel JP, Lefrère F, Bezeaud A, Guillain MC.
• prise médicamenteuse ; Hématologie. Paris: Masson; 2008.
[2] Breton-Gorius J, Reyes F, Rochant H, Rosa J, Vernant JP.
• taux de réticulocytes ;
L’hématologie de Bernard Dreyfus. Paris: Médecine-Sciences
• dosage des taux de folates et vitamine B12 ; Flammarion; 1992.
• plus ou moins avis spécialisé. [3] Lefrère F. Hématologie et transfusion. Paris: Estem; 2006.
Nous mettons à part : la macrocytose physiologique du [4] Varet B. Le livre de l’interne. Paris: Médecine-Sciences Flammarion;
nouveau-né. 2007.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Anémie macrocytaire. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos,
1-1190, 2009.
Anémie microcytaire
F. Lefrère, O. Hermine
Les mécanismes des anémies microcytaires sont en règle générale faciles à diagnostiquer avec l’aide d’un
bilan martial et des marqueurs d’inflammation. Le recours à un avis spécialisé ne doit concerner qu’un
minimum de situations plus complexes. Le bilan étiologique doit être mené avec rigueur car le traitement
causal doit être associé au traitement symptomatique.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Anémie ; Microcytose ; Bilan martial ; Transferrine ; Syndrome inflammatoire ; Thalassémie
■ Orientation diagnostique
Plan
Le dosage du fer sérique précise deux grandes orientations.
¶ Définition 1 Le calcul du taux de réticulocytes est inutile au diagnostic
Normes 1 étiologique d’une anémie microcytaire. L’élément indispensable
¶ Orientation diagnostique 1 est le dosage du fer sérique.
Anémie microcytaire hyposidérémique (fer sérique bas) 1
Anémie microcytaire normosidérémique (fer sérique normal ou
élevé) 2
Anémie microcytaire hyposidérémique
Association carence martiale et syndrome inflammatoire 3 (fer sérique bas)
Il existe deux contextes étiologiques discriminés par le bilan
martial et les marqueurs d’inflammation.
Syndrome inflammatoire
■ Définition [1-4]
Fer sérique
Électrophorèse
Anémie par Anémie de l'hémoglobine
carence martiale inflammatoire
Anormale
Exploration Exploration Bilan Syndrome thalassémique Normale
gynécologique digestive étiologique Avis spécialisé
Si négative
Hb < 11 g/dl Hb > 11 g/dl
Anémie sidéroblastique α-thalassémie
Avis spécialisé hétérozygote
Figure 1. Arbre décisionnel. Anémie microcytaire. VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ;
CTSS : capacité totale de saturation de la sidérophiline ; VS : vitesse de sédimentation ; Hb : hémoglobine.
Toute anémie par carence martiale impose un bilan étiologique. Il Traitement de la carence martiale
faut rechercher un saignement chronique : • Étiologique : 100 à 200 mg de fer métal per os par jour
• notion de règles abondantes et/ou durables (cause principale pendant 4 mois.
chez la femme jeune), présence de caillots ; • Prévenir les patients : selles noires, troubles digestifs.
• grossesses répétées et rapprochées ; • Numération formule sanguine et bilan martial à la fin du
• rectorragies, méléna, douleurs épigastriques, etc. ; traitement (inutile auparavant).
• épistaxis à répétition, hématuries chroniques (plus rares) ; • 1 mois de plus de traitement si les réserves (ferritine) sont
• prises médicamenteuses suscitant des ulcères gastriques insuffisamment rechargées.
• Préférer, si la tolérance le permet, des sels de fer d’absorption
(aspirine, anti-inflammatoires, etc.).
immédiate (Fumafer ® , Fero-Grad ® ...) plutôt que ceux à
Il s’agit, le plus souvent, d’une perte exagérée en fer, et plus délitement retardé (Tardyferon®) efficaces bien moins rapide-
rarement d’un défaut d’absorption. ment.
Chez une femme aux règles anormalement abondantes, il • Réserver le fer injectable aux malabsorptions ou aux intolé-
convient de pratiquer un bilan gynécologique. rances digestives majeures.
Chez un homme, ou chez une femme normalement réglée,
on pratique un bilan endoscopique digestif (même en l’absence Anémie microcytaire normosidérémique
de point d’appel) avec fibroscopie gastrique plus biopsie (fer sérique normal ou élevé)
duodénale à la recherche de lésions à l’origine d’une malab-
sorption ainsi qu’une recherche d’Helicobacter pylori, infection Ce type d’anémie se rencontre rarement.
gastrique susceptible de déclencher des carences en fer. Il faut Attention aux fréquentes erreurs cependant : il faut contrôler
réaliser une coloscopie totale si l’examen précédent est normal. le dosage du fer sérique. Si le dosage est confirmé, un avis
Un examen de l’intestin grêle par absorption d’une vidéocapsule spécialisé est recommandé.
peut être discuté si le bilan endoscopique est normal (cet Elles sont le plus souvent liées à un syndrome thalassémique
examen tend à remplacer le classique transit du grêle). (hémoglobinopathie congénitale) : il faut se renseigner sur
l’existence de numérations antérieures, où les anomalies
Les carences d’apport alimentaire en fer sont exceptionnelles,
devaient être déjà présentes, faute de quoi l’hypothèse diagnos-
sauf chez le nourrisson, dont le régime en fer peut être tique doit être remise en question ; préciser l’ethnie, les
insuffisant. antécédents familiaux ; le seul examen à pratiquer est une
Les carences martiales d’autres origines sont très rares : électrophorèse de l’hémoglobine, à n’effectuer que si le bilan
épistaxis chroniques (maladie de Rendu-Osler), hématurie martial est normal, car une carence en fer peut rendre délicate
chronique, prises de sang répétées, syndrome de Lasthénie de l’interprétation d’une électrophorèse de l’hémoglobine.
Ferjol (hémorragies provoquées et dissimulées par le patient), Plus rares encore, les anémies sidéroblastiques (congénitales),
hémolyse chronique intravasculaire, etc. qui relèvent d’emblée d’une consultation spécialisée.
inflammatoire
■ Références
Cette association doit faire évoquer un cancer digestif.
[1] Lévy JP, Varet B, Clauvel JP, Lefrère F, Bezeaud A, Guillain MC.
Le diagnostic est parfois difficile, le taux de fer sérique est le
Hématologie. Paris: Masson; 2008.
plus souvent bas, la transferrine peut être diminuée, normale,
[2] Breton-Gorius J, Reyes F, Rochant H, Rosa J, Vernant JP.
parfois élevée si la carence est importante.
L’hématologie de Bernard Dreyfus. Paris: Médecine-Sciences
La ferritine a un taux variable : augmenté par l’inflammation, Flammarion; 1992.
abaissé par la carence martiale. [3] Lefrère F. Hématologie et transfusion. Paris: Estem; 2006.
L’élément le plus discriminatif est la saturation de la transfer- [4] Varet B. Le livre de l’interne. Paris: Médecine-Sciences Flammarion;
rine (sidérophiline) qui, si elle est inférieure à 10 % et associée 2007.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Anémie microcytaire. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos,
1-1192, 2009.
de la coagulation prédisposant
aux thromboses
MH Horellou, J Conard, MM Samama
L a thrombophilie est définie par une prédisposition acquise ou constitutionnelle, génétiquement déterminée
aux thromboses. Depuis la description du déficit familial en antithrombine décrit en 1965, de nombreux
facteurs biologiques de risque thrombotique ont été rapportés, définissant la thrombophilie comme une tendance
congénitale ou acquise à développer des accidents thromboemboliques.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
■
Introduction
■
- Mutation 20210 GA du gène de la prothrombine
Thrombophilie constitutionnelle - Dysfibrinogénémie
- Syndrome des antiphospholipides
- Polyglobulie primitive et thrombocythémie essentielle
‚ Causes de thrombophilies Thrombophilie acquise
- Hémoglobinurie paroxystique nocturne
constitutionnelles - Syndrome néphrotique
Elles peuvent être dues à des déficits en - Hyperhomocystéinémie
inhibiteurs de la coagulation (antithrombine, - Augmentation du facteur VIII
- Déficit en plasminogène
protéines C ou S), à un défaut de réponse à un
Autres causes possibles - Déficit en deuxième cofacteur de l’héparine
inhibiteur de la coagulation (résistance à la protéi- de thrombophilies consti- - Augmentation de la glycoprotéine riche en histidine (HRG)
ne C activée par mutation du facteur V, facteur V tutionnelle et/ou acquises - Augmentation du fibrinogène
Leiden), à une augmentation d’un facteur de - Augmentation de l’inhibiteur de l’activateur tissulaire du plasminogène
coagulation (augmentation du taux de facteur II par (PAI) ?
- Traitement de la leucémie aiguë lymphoblastique (rôle de la L-asparaginase)
mutation du gène de la prothrombine).
Déficits en inhibiteurs physiologiques inactivation à la surface des phospholipides où elle a été décrite. Cette mutation ralentit
de la coagulation (fig 1) nécessite la présence de protéine S. l’inactivation du Va par la protéine C activée.
L’antithrombine est le principal inhibiteur Mutation ponctuelle du gène de la
physiologique de la coagulation, elle inhibe la Résistance à la protéine C activée prothrombine
thrombine, mais aussi différents facteurs activés de La résistance à la protéine C activée décrite en Un séquençage systématique des gènes
la coagulation. L’héparine agit indirectement en 1993 par Dahlbäck se mesure par un allongement candidats au risque de thrombose a permis
multipliant par un facteur 2000 la vitesse d’inhibition insuffisant du temps de céphaline + activateur (TCA) d’identifier une mutation ponctuelle du gène de la
de la thrombine. La protéine C, après son activation en présence de protéine C. Cette résistance est prothrombine (20210 G → A). Cette mutation est
par la thrombine fixée à la thrombomoduline, associée, dans près de 100 % des cas, à une associée à une augmentation du taux de la
présente à la surface des cellules endothéliales, mutation ponctuelle du gène du facteur V, mutation prothrombine ou facteur II, cette augmentation
inhibe les facteurs Va et VIIIa de la coagulation. Cette Arg506Gln ou facteur V Leiden, du nom de la ville favorisant l’apparition de thromboses.
1
1-1196 - Anomalie héréditaire de la coagulation prédisposant aux thromboses
Déficit en AT* Déficit en protéine C Déficit en protéine S Facteur V Leiden** Mutation gène II
Sujets témoins 0,03 % 0,2-0,4 % 3à7% 1-2 %
Patients présentant une thrombose
veineuse (TV)
- sans critère de sélection 1% 3% 1à2% 20 % 6%
- TV récidivantes et/ou moins de 4-7 % 6-8 % 3-13 % 50 % ? 18 %
45 ans, antécédents familiaux
2
Anomalie héréditaire de la coagulation prédisposant aux thromboses - 1-1196
âge plus avancé et souvent en présence d’un facteur prescription d’œstroprogestatifs, la recherche de L’abandon des doses de charge d’AVK, le relais
favorisant. Les formes homozygotes de résistance à thrombophilie n’est actuellement conseillée que héparine-AVK prolongé sont les modalités
la protéine C activée ne sont pas exceptionnelles et chez les femmes ayant des antécédents familiaux de recommandées lors de l’introduction des
sont moins sévères que les formes homozygotes des thrombose. anticoagulants oraux depuis la découverte du déficit
déficits en protéine C. en protéine C. Dans les déficits hétérozygotes en
Deux études faites chez les apparentés des ‚ Diagnostic biologique protéine C (taux voisin de 50 %), le traitement par
propositus ont comparé le risque thromboembo- Seuls le dosage spécifique des inhibiteurs de la AVK ne pose pas de problème particulier. Dans les
lique lié aux différentes thrombophilies : la résistance coagulation (antithrombine, protéines C et S), la exceptionnels déficits sévères (taux inférieur à 10 %),
à la protéine C activée est un facteur de risque recherche de la résistance à la protéine C activée une nécrose cutanée est fréquente en début de
inférieur à celui des déficits en inhibiteurs de la complétée par une recherche de la mutation du traitement par les AVK et peut nécessiter le recours à
c o a g u l a t i o n [ 6 ] . L e d é fi c i t e n i n h i b i t e u r s facteur V Leiden, la recherche de la mutation 20210 la perfusion de concentrés de protéine C lors de
physiologiques de la coagulation (antithrombine, du gène de la prothrombine, permettent le l’introduction des AVK.
protéines C ou S) multiplie par 10 le risque d’ATE diagnostic de thrombophilie constitutionnelle ; Le traitement AVK est poursuivi 3 à 6 mois au
veineux chez les sujets porteurs (incidence annuelle ceux-ci ne retentissent pas sur les tests de minimum, en maintenant un international
10,1/1 000 chez les porteurs versus 1/1 000 chez les coagulation globaux de routine. Lorsque les normalized ratio (INR) entre 2 et 3. La durée du
non-porteurs). En comparaison, le facteur V Leiden méthodes d’activité font suspecter un déficit traitement anticoagulant n’est pas encore bien
multiplie par 2,8 le risque d’ATE (incidence annuelle (antithrombine inférieure à 80 %, protéines C ou S définie chez les patients porteurs de thrombophilie.
d’ATE de 2,8/1 000 chez les apparentés porteurs du inférieures à 70 %), le dosage immunologique
facteur V Leiden, 0,9/1 000 chez les apparentés non permet de distinguer les déficits quantitatifs (dosage
■
porteurs). Dans cette étude, la contraception immunologique diminué) et qualitatifs (dosage
œstroprogestative associée à la présence du facteur immunologique normal). Thrombophilie acquise
V Leiden multiplie par 3,3 le risque d’ATE, la La recherche d’une résistance à la protéine C
grossesse par 4,2, alors que la chirurgie n’est pas activée se fait par test de coagulation basé sur
associée à la survenue de phlébites. Pour ces l’allongement du TCA en présence de protéine C ‚ Syndromes myéloprolifératifs et autres
auteurs, l’enquête familiale est souhaitable dans les activée. Un test positif (allongement insuffisant du pathologies hématologiques
déficits en inhibiteurs (antithrombine, protéines C ou TCA en présence de protéine C activée) doit être
Les syndromes myéloprolifératifs (polyglobulie et
S). Pour la résistance à la protéine C activée, confirmé par la recherche du facteur V Leiden par
thrombocytémie) et les dysglobulinémies
l’enquête familiale pourrait être réservée aux technique de biologie moléculaire qui distingue de
monoclonales peuvent être à l’origine de
femmes en âge de procréer. plus, avec certitude, s’il s’agit d’une anomalie
complications thromboemboliques par l’hypervis-
Une deuxième étude rétrospective faite chez les hétérozygote ou homozygote.
cosité qu’ils entraînent. Ils sont recherchés par la
apparentés [2] retrouve le caractère plus sévère du Les dosages sont réalisés de préférence en dehors
numération-formule sanguine et l’électrophorèse
déficit en antithrombine III : l’incidence annuelle des de tout traitement par les AVK et à distance de
des protides. L’hémoglobinurie paroxystique
ATE est de 10,7/1 000 chez les patients porteurs l’épisode thrombotique qui peut perturber les
(maladie de Marchiafava-Micheli) et la drépano-
d’un déficit en antithrombine, 5,4/1 000 pour la dosages de protéine S. L’interprétation des résultats
cytose sont recherchées devant un ATE associé à
protéine C, 5,0/1 000 pour la protéine S, 3,0/1 000 doit tenir compte de certaines conditions (phase
une hémolyse par un test de Ham-Dacie et
pour la résistance à la protéine C activée et aiguë de la thrombose, grossesse) et des traitements
cytométrie de flux, et une électrophorèse de
6,7/1 000 chez les patients présentant plusieurs en cours (héparine, anticoagulants oraux,
l’hémoglobine.
anomalies. Les ATE sont observés plus précocement œstroprogestatifs) qui peuvent entraîner des
chez les femmes, 35,1 en moyenne (8 à 81 ans), que anomalies acquises compliquant le diagnostic
‚ Syndrome des antiphospholipides
chez les hommes 36,5 ans (10 à 69 ans). d’anomalie congénitale. La transmission de ces
L’hétérogénéité des manifestations cliniques dans déficits étant autosomale dominante, la recherche Le syndrome des antiphospholipides est défini
les différentes causes de thrombophilie héréditaire de la même anomalie chez les parents et dans la par la présence d’une manifestation thromboembo-
peut être expliquée en partie par l’association de famille est très utile au diagnostic de déficit lique veineuse, artérielle, placentaire, avec pertes
deux altérations génétiques et/ou l’intervention de constitutionnel. fœtales récidivantes, associée à la présence d’un
facteurs de risque acquis. La présence de deux anticoagulant circulant et/ou d’un taux augmenté
anomalies génétiques augmente le risque ‚ Traitement des accidents d’anticorps anticardiolipine.
thromboembolique (notion d’anomalies thromboemboliques Un anticoagulant circulant de type lupus est
multigéniques). La nature de la thrombophilie, le Chez les patients porteurs d’une thrombophilie, le retrouvé chez 5 à 15 % des patients présentant une
caractère isolé ou associé à d’autres facteurs de traitement classique par héparine (héparine non thrombose veineuse. Il est détecté sur un
risque sont des éléments qui seront pris en compte fractionnée ou héparine de bas poids moléculaire), allongement du TCA, non corrigé par le témoin,
dans les décisions de poursuite ou d’arrêt de relayé par les AVK, est celui habituellement utilisé à raccourci par l’addition de phospholipides et sans
traitement anticoagulant et dans la prise en charge la phase aiguë des thromboses. inhibition spécifique des facteurs de coagulation. Les
de situations à risque comme la grossesse en Les patients déficitaires en antithrombine peuvent anticorps anticardiolipine, détectés par technique
particulier. présenter une relative résistance à l’héparine qui enzyme linked immunosorbent assay (Elisa), sont
oblige à utiliser de plus fortes doses d’héparine. Le dirigés contre la b2-glycoprotéine I fixée aux
‚ Chez qui rechercher une thrombophilie recours aux concentrés d’antithrombine est phospholipides. La présence d’un anticoagulant
Seront préférentiellement explorés les sujets rarement nécessaire, mais il est discuté lors de la circulant de type lupus et/ou d’un titre élevé
jeunes ayant des antécédents de thrombose survenue de récidive thromboembolique sous d’anticorps anticardiolipine peut être passagère,
veineuse documentée avec ou sans facteur traitement efficace, lors de situation chirurgicale ou induite par une infection, un traitement, et seule la
déclenchant (pilule, grossesse, chirurgie...), les sujets d’accouchement, lorsque le risque hémorragique ne présence de ces anomalies sur deux prélèvements
de plus de 45 ans ayant une thrombose insolite (en permet pas d’utiliser de fortes doses d’héparine. La faits à 6 semaines d’intervalle, associée à une
l’absence de cancer ou d’intervention chirurgicale), perfusion de 50 unités d’antithrombine par complication thromboembolique, fera évoquer la
les patients présentant des thromboses veineuses kilogramme de poids permet d’augmenter le taux présence d’un syndrome des antiphospholipides. Il
récidivantes ou un accident thrombotique de d’antithrombine de 50 à 120 %. Les doses seront peut être secondaire à un lupus ou à une autre
localisation inhabituelle (thrombose veineuse ensuite adaptées quotidiennement pour maintenir le pathologie auto-immune ou primaire. La diminution
cérébrale, thrombose intra-abdominale). Avant taux d’antithrombine au-dessus de 80 %. de production de prostacycline en présence de
3
1-1196 - Anomalie héréditaire de la coagulation prédisposant aux thromboses
l’anticorps antiphospholipides, la diminution de l’annexine V à la surface des villosités placentaires, physiopathologie des thromboses veineuses
l’activation de la protéine C, la diminution de sont les différents mécanismes impliqués dans la observées dans le syndrome des antiphospholipides.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Horellou MH, Conard J et Samama MM. Anomalie héréditaire de la coagulation prédisposant aux thromboses.
Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1196, 2001, 4 p
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Chir (Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris), Angéiologie, 19-
2080, 1997 : 1-6
4
¶ 1-1198
Anomalies de l’électrophorèse
des protéines du sang
C. Brousse
L’électrophorèse des protéines du sang reste un examen d’actualité, simple et de réalisation rapide. Sa
prescription et son interprétation, sous-tendues par le tableau clinique, reviennent le plus souvent au
médecin généraliste. Son indication la plus courante est l’exploration d’une élévation de la vitesse de
sédimentation. Elle permet de confirmer l’état inflammatoire ou infectieux, et oriente les investigations.
Elle est indispensable au suivi des gammapathies monoclonales.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Plan Tableau 1.
Électrophorèse des protéines. Sérum normal.
¶ Introduction 1 Normes % g/l
¶ Modifications de la protidémie totale 2 alb 57 - 65 37 - 42
¶ Modifications de l’albumine 2 a1 2-4 1-3
¶ Modifications des a1-globulines 2 a2 6 - 10 4-7
b 8 - 12 5 -8
¶ Modifications des a2-globulines 2
c 12 - 19 8 - 12
¶ Modifications des b-globulines 2
¶ Modifications des c-globulines 2
Hypergammaglobulinémie monoclonale ou pic en c-globuline 2
Hypergammaglobulinémie polyclonale 4
Hypogammaglobulinémie 4
Profil oligoclonal ou restriction d’hétérogénéité des
gammaglobulines 5
¶ Conclusion 5
■ Introduction
La séparation par électrophorèse des protéines sériques
s’effectuait en routine sur gel d’agarose [1] . Actuellement
l’électrophorèse capillaire tend à remplacer l’ancienne techni- Figure 1. Électrophorèse des protéines. Sérum normal.
que [2]. Conduite sur une veine liquide contenue dans un tube
capillaire, elle autorise un très faible échantillon de sérum et L’électrophorèse doit être interprétée en fonction du taux de
permet une séparation rapide des protéines. L’identification et protéines sériques total qui subit des variations physiopatho-
la quantification se font en une seule étape. Quelle que soit la logiques. L’électrophorèse normale est représentée dans le
technique, la mobilité de chaque protéine est liée à sa charge Tableau 1 et la Figure 1.
électrique. Ainsi, cinq fractions sont individualisées : • Les principales a1-globulines sont : l’a1-antitrypsine (a1-AT)
• l’albumine, biochimiquement homogène, la plus importante (2 à 4 g/l) ; l’orosomucoïde (0,4 à 0,9 g/l) ; l’a1-
des protéines sériques ; antichymotrypsine (0,3 à 0,6 g/l).
• quatre groupes de globulines de migration a1, a2, b et c • Les principales a2-globulines sont : l’a2-macroglobuline (2 à
regroupant des protéines aux fonctions très différentes. 3,5 g/l) ; l’haptoglobine (0,6 à 1,8 g/l) ; la céruloplasmine
Leur variation quantitative apporte des informations quant (0,25 à 0,43 g/l) ; et l’a-lipoprotéine.
aux organes qui les synthétisent : • Les principales b-globulines sont : la transferrine (2 à 4 g/l) ;
• l’albumine, a1, a2 et b sont synthétisées par le foie ; le complément C3 (1 à 1,3 g/l) ; la b-lipoprotéine.
• les c-globulines ou immunoglobulines (Ig) sont synthétisées • c-globuline : IgG (8 à 18 g/l) ; IgA (0,9 à 4,5 g/l) ; IgM (0,6 à
par les lymphocytes B activés. 2,5 g/l) ; IgD ; IgE.
Tableau 2.
Modifications de la protidémie totale.
Hyperprotidémie Hypoprotidémie
Par augmentation de la masse Par diminution de la masse
protéique circulante : protéique circulante :
hypergammaglobulinémie défaut d’apport : malnutrition
mono- ou polyclonale défaut d’absorption
Par diminution de l’eau déperdition protéique cutanée,
vasculaire ; hémoconcentration : rénale, intestinale
insuffisance d’apport Par augmentation de l’eau
perte liquidienne : diarrhée, vasculaire, hémodilution :
vomissements, coup de chaleur surcharge hydrique
Tableau 4.
Modifications des a1-globulines.
Diminution Augmentation
Insuffisance hépatocellulaire Inflammation aiguë ou chronique,
Fuite protéique, associée alors associée alors à une augmentation
à une baisse de l’albumine, des a2-globulines
des a2- et b-globulines
Déficit en a1-antitrypsine
Tableau 3.
■ Modifications des a1-globulines
Modifications de l’albumine. (Fig. 3)(Tableau 4)
Bialbuminémie (Fig. 2) Hypoalbuminémie
Le déficit en a1-AT, protéase synthétisée par le foie, est une
Bialbuminémie génétique
maladie génétique.
Permanente Diminution de la synthèse Lorsque l’électrophorèse des protéines du sang est évocatrice,
- mutation génétique sans - insuffisance hépatocellulaire : il convient de mesurer la concentration sérique d’a1-AT par
conséquence pathologique cirrhose, hépatite grave dosage immunochimique et de caractériser le phénotype. En
Transitoire - inflammation effet, il existe plusieurs phénotypes dont la forme hétérozygote
- traitement par b-lactamine qui se Insuffisance d’apport PiMZ (2 à 4 % de la population) et la forme homozygote PiZZ
fixe sur une fraction de l’albumine - dénutrition chronique sévère (0,02 à 0,06 % de la population). La forme hétérozygote
et modifie sa migration Perte accrue s’accompagne d’un taux sérique d’a1-AT à 60 % de la normale,
- fistule pancréatique : lyse - urinaire : syndrome néphrotique la forme homozygote d’un taux sérique à 10 % de la normale.
intracavitaire de l’albumine Seuls les sujets homozygotes peuvent développer une sympto-
- digestive : entéropathie
par les enzymes pancréatiques matologie. La manifestation la plus fréquente est un emphy-
exsudative
- cutanée : brûlure sème de l’adulte jeune, mais on rapporte aussi des cirrhoses, des
atteintes pancréatiques et des ostéoporoses.
Tableau 5.
Modifications des a2-globulines.
Diminution Augmentation ou dédoublement
Insuffisance Syndrome inflammatoire
hépatocellulaire
Fuite protéique Syndrome néphrotique : par augmentation
de l’a2-macroglobuline (Fig. 4)
Dénutrition Syndrome néphrotique : hyper-a1 associée
à une hypoalbuminémie par fuite urinaire,
une hyper-b-globulinémie par augmentation
des b-lipoprotéines, et hypo-c-globulinémie,
en particulier dans la néphrose lipoïdique
Hémolyse : effon- Haptoglobine de phénotype différent, Figure 5. Bloc bc d’une cirrhose éthylique.
drement de l’hapto- sans signification pathologique : dédoublement
globine
Tableau 8.
Principales caractéristiques orientant vers un myélome ou une
gammapathie monoclonale bénigne.
Gammapathie mono- Myélome (Fig. 6)
clonale bénigne (Fig. 7) IgA monoclonal
Gammapathie monoclo- migrant en b au cours
nale bénigne du sujet âgé d’un myélome
Taux Ig IgG < 20 g/l IgG > 20 g/l
monoclonale IgA < 10 g/l IgA > 10 g/l
IgM < 5 g/l IgM > 5 g/l
Taux Ig normales Normal Diminué
Chaînes légères Absente ou < 300 mg/24 h > 1 g/24 h
dans les urines
Plasmocytose < 10 %, sans anomalie > 15 %, dystrophiques Figure 7. Gammapathie monoclonale bénigne du sujet âgé.
médullaire nucléaire
Anémie Absente Fréquente
Tableau 10.
Hypercalcémie Absente Possible Hypergammaglobulinémie polyclonale.
Lésions osseuses Absentes Fréquentes
Infections bactériennes
Infections parasitaires (toxoplasmose, leishmaniose, paludisme)
Infections virales (hépatite, VIH, EBV)
Tableau 9.
Maladies auto-immunes : syndrome de Gougerot-Sjögren (Fig. 8), lupus
Affections associées à une gammapathie monoclonale.
érythémateux diffus, cryoglobuline
Infections bactériennes aiguës ou chroniques Sarcoïdose
Infections virales aiguës ou chroniques (VIH, CMV, EBV) Affections hépatiques virales ou toxiques
Infections parasitaires aiguës ou chroniques Néphropathies, en particulier à dépôts d’IgA
Maladies auto-immunes : syndrome de Gougerot-Sjögren, lupus érythé-
VIH : virus de l’immunodéficience acquise ; EBV : virus d’Eptein-Barr.
mateux diffus, polyarthrite rhumatoïde
Déficits immunitaires primitifs
Déficits immunitaires acquis : allogreffe de moelle ou d’organes
Certaines tumeurs solides
Cirrhose, hépatite chronique
Maladies dermatologiques rares : mucinose papuleuse, pyoderma
gangrenosum, xanthome plan normocholestérolémique
VIH : virus de l’immunodéficience acquise ; CMV : cytomégalovirus ; EBV : virus
d’Epstein-Barr.
Tableau 11.
Hypogammaglobulinémie.
Causes iatrogènes Fuites d’immunoglobulines
- corticothérapie - rénale : syndrome néphrotique
- immunodépresseurs - digestive : entéropathie exsudative,
- chimiothérapie anticancéreuse hémorragie digestive
- radiothérapie Déficit congénitaux de l’immunité
humorale
Hémopathies lymphoïdes
- déficit en IgA : le plus fréquent,
- myélomes à chaînes légères
1 individu sur 700 en Europe
ou non excrétants
- agammaglobulinémie liée au sexe :
- leucémie lymphoïde chronique
maladie de Bruton
- lymphome
- hypogammaglobulinémie
à expression variable
“ Points importants
• Les protéines identifiées par l’électrophorèse sont
Figure 9. Myélome à chaînes légères. toutes synthétisées par le foie, excepté les c-globulines
sécrétées par les lymphocytes B activés.
• Le déficit homozygote en a1-AT peut être responsable
d’une fibrose pulmonaire.
Au cours du myélome à chaînes légères, l’excès de chaînes
• Le bloc bc qui traduit une augmentation polyclonale
légères j ou k peut donner parfois un petit pic en b ou c-globu-
des IgA se rencontre fréquemment au cours de la cirrhose
lines, mais le plus souvent l’électrophorèse des protéines ne
éthylique.
montre que l’hypogammaglobulinémie en rapport avec la
répression de synthèse des immunoglobulines normales (Fig. 9).
• Un pic étroit en c-globuline correspond à une
L’immunoélectrophorèse ou l’immunofixation retrouve alors la immunoglobuline monoclonale synthétisée par un clone
chaîne légère dans le sang, voire les urines. Beaucoup plus de lymphocytes B. Il s’observe au cours des gammapathies
rarement, il peut s’agir d’un myélome non excrétant. Le bénignes de signification indéterminée ou de certains
diagnostic sera alors fait par l’étude en immunofluorescence des syndromes lymphoprolifératifs malins.
plasmocytes médullaires. • L’hypergammaglobulinémie polyclonale est fréquente
Certains déficits congénitaux de l’immunité humorale chez le sujet de race noire.
peuvent se révéler à l’âge adulte [9]. Ils sont évoqués devant des
infections bactériennes ou à entérovirus à répétition ; ils
s’accompagnent volontiers d’une hyperplasie des organes
lymphoïdes, de manifestations auto-immunes, de malabsorption
et de lymphomes en particulier digestifs. ■ Conclusion
Il faut savoir qu’il existe des hypogammaglobulinémies
transitoires au cours de certaines affections comme les viroses, L’électrophorèse est un examen de routine très informatif. Il
pneumopathies bactériennes et septicémies, diabète sucré permet de préciser les protéines sériques concernées au cours
déséquilibré. d’un syndrome inflammatoire biologique. Il détecte des situa-
tions pathologiques particulières telles que les gammapathies
monoclonales, la cirrhose éthylique et l’hypergammaglobuliné-
Profil oligoclonal ou restriction mie témoignant d’une stimulation humorale polyclonale.
d’hétérogénéité des gammaglobulines
Si l’amélioration des techniques d’électrophorèse de routine .
[4] Litwin CM, Anderson SK, Phillips G, Martin TB, Jaskowski TD, Pour en savoir plus
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Brousse C. Anomalies de l’électrophorèse des protéines du sang. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité
de Médecine Akos, 1-1198, 2008.
également un rôle important dans le métabolisme de certaines qui suivent l’arrêt de la consommation d’alcool ou une norma-
molécules endogènes et exogènes comme les xénobiotiques et lisation dans les 2 mois sont des arguments de poids pour
les carcinogènes. La c-GT peut également avoir une activité attribuer l’élévation de l’activité sérique de la c-GT à une
inflammatoire, antioxydante et proathérogène. Elle est présente consommation excessive d’alcool. Cependant, ce test n’a de
dans les plaques d’athérome des artères coronaires et des valeur que s’il est positif. En cas d’alcoolisme chronique, la
cérébrales. constatation d’une élévation de l’activité sérique de la c-GT
L’expression de l’enzyme est inductible par certains agents soulève le problème d’une éventuelle hépatopathie associée qui
comme l’éthanol ou les stéroïdes, responsables d’une augmen- peut aller de la stéatose isolée à la cirrhose. Dans ce cas, les
tation modérée de l’activité sérique de la c-GT de deux à cinq autres paramètres du bilan hépatique, comme l’activité sérique
fois la limite supérieure de la normale (N). La demi-vie de la des aminotransférases, sont le plus souvent anormaux. Il semble
également qu’en cas d’hépatopathie alcoolique, la valeur de
c-GT étant comprise entre 14 et 26 jours, son activité sérique
l’activité sérique de la c-GT soit plus constamment élevée et
redevient normale en 4 à 8 semaines après arrêt de l’agent
plus importante (> 2 à 3 N) que chez les malades alcooliques
inducteur.
ayant un foie sain, sans toutefois être corrélée à l’importance
des lésions histologiques [7]. La décroissance jusqu’à la normale
de l’activité sérique de la c-GT en cas de sevrage alcoolique est
■ Variations physiologiques plus lente en cas d’atteinte hépatique. Enfin, l’alcoolisme aigu
n’augmente pas l’activité sérique de la c-GT.
de l’activité sérique de la c-GT
L’activité sérique de la c-GT est comprise entre 10 et 40 UI/l Hépatopathie non alcoolique et pathologie
chez 95 % des adultes normaux avec les méthodes de dosage les des voies biliaires
plus couramment utilisées. Cependant, elle peut varier en
fonction de la technique et de la température à laquelle le L’augmentation de l’activité sérique de la c-GT est le témoin
dosage est réalisé. C’est pourquoi, comme pour toute enzyme, le plus sensible de l’existence d’une pathologie hépatobiliaire :
la normale du laboratoire doit toujours être mentionnée. elle est augmentée dans 87 à 95 % des cas, toutes causes
L’activité sérique de la c-GT augmente jusqu’à l’âge de 50 ans. confondues. Cependant, elle est non spécifique. Dans ce cadre,
l’élévation de l’activité sérique de la c-GT est rarement isolée.
Elle est plus importante chez l’homme que chez la femme, et
Une augmentation isolée de l’activité sérique de la c-GT peut
chez le nouveau-né jusqu’à l’âge de 1 an. D’autres facteurs
exceptionnellement révéler l’existence d’une tumeur hépatique
semblent influencer la distribution des valeurs de l’activité de la
maligne, primitive ou secondaire. Bien que rarement révélatrice,
c-GT sérique : l’indice de masse corporelle, la consommation
l’augmentation de l’activité sérique de la c-GT est parfois la
d’alcool, la cholestérolémie, la glycémie, le tabagisme, la prise
seule anomalie biologique hépatique au cours de certaines
de contraceptifs oraux et la pression artérielle sont positivement maladies hépatobiliaires comme la cirrhose, notamment la
corrélés à l’activité sérique de la c-GT. cirrhose biliaire primitive ou la cholangite sclérosante. Ce peut
être aussi le cas au cours du foie cardiaque chronique ou de la
lithiase de la voie biliaire principale [8].
■ Causes d’augmentation isolée
de l’activité sérique de la c-GT Pathologies nutritionnelles
Syndrome métabolique
Alcoolisme chronique
Le diabète, l’insulinorésistance et le surpoids sont des causes
L’alcoolisme chronique est la première cause à évoquer fréquentes d’élévation de la c-GT. Le syndrome métabolique est
devant une augmentation isolée de l’activité sérique de la c-GT. dans ce cas souvent associé à une atteinte hépatique appelée
Cependant, il ne faut pas systématiquement attribuer cette NAFLD (non alcoholic fatty liver disease) qui regroupe la stéatose
élévation à une consommation excessive de boissons alcoolisées, la plus fréquente et de pronostic bénin, et des lésions moins
car la spécificité du dosage de l’activité sérique de la c-GT est fréquentes, mais plus sévères, comme l’hépatite pseudoalcooli-
que (NASH) avec des lésions inflammatoires et de fibrose
faible, et un diagnostic d’alcoolisme fait à tort peut avoir des
pouvant évoluer vers la cirrhose et se compliquer de carcinome
conséquences néfastes sur le plan professionnel ou familial. À
hépatocellulaire. Dans cette pathologie, l’élévation de la c-GT
l’inverse, il paraît important de ne pas méconnaître ce diagnos-
peut être isolée ou s’associer à une élévation modérée de
tic dans le cadre de la médecine du travail, en particulier chez
l’activité sérique des aminotransférases. L’insulinorésistance est
les malades occupant des postes à responsabilités. La sensibilité
le facteur pathogénique le plus important et une élévation de
de l’augmentation de l’activité sérique de la c-GT pour le
la c-GT prédit l’intolérance au glucose par le biais d’une
diagnostic d’alcoolisme chronique varie de 40 à 90 %, avec une résistance à l’insuline [9] . Le diagnostic de NAFLD est un
faible valeur prédictive positive allant de 20 à 65 % [3, 4]. Le diagnostic d’élimination après avoir en particulier exclu une
dosage de la c-GT ne peut donc pas être utilisé comme test de élévation de la c-GT due à l’alcool. À noter qu’une perte de
dépistage de l’intoxication alcoolique dans la population poids, même peu importante (10 % du poids total), peut suffire
générale. Il importe, au terme de la consultation, d’affirmer ou à entraîner la normalisation de l’activité sérique de la c-GT
d’éliminer, avec le plus de certitude possible, une intoxication sérique.
alcoolique chronique. Outre l’interrogatoire du malade et de sa La c-GT a, ces dernières années, été très étudiée au cours du
famille, il faut rechercher des éléments d’orientation cliniques syndrome métabolique. Son élévation modérée et même des
et biologiques en faveur de ce diagnostic : au plan clinique, des valeurs hautes dans la normalité ont été décrites comme
signes en faveur d’une intoxication alcoolique tels qu’une associées aux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires :
hypertrophie parotidienne et une maladie de Dupuytren ; au le diabète, l’hypertension artérielle, la dyslipidémie et le
plan biologique, une augmentation du volume globulaire syndrome métabolique. Elle est corrélée positivement avec les
moyen, une hypertriglycéridémie et une augmentation de la marqueurs inflammatoires de risque cardiovasculaire, la protéine
transferrine déficiente en carbohydrate (CDT) [5, 6]. L’augmenta- C réactive (CRP) [10], le fibrinogène, et inversement corrélée avec
tion de la c-GT n’est pas proportionnelle à la quantité d’alcool les valeurs des antioxydants. Bien plus, la valeur péjorative de
consommée ni à la durée de l’intoxication. La diminution de la c-GT persiste après ajustement sur les facteurs de risque du
plus de 50 % de l’activité sérique de la c-GT dans les 15 jours syndrome métabolique et sur la CRP [11] et est associée de façon
indépendante des autres facteurs à la mortalité cardiovascu- dans ce cas, modérée (2 à 4 N), inconstante, et réversible après
laire [12]. Même lorsque la c-GT est dans les valeurs normales, l’arrêt du médicament. Le mécanisme à l’origine d’une élévation
elle est associée au diabète et aux facteurs de risque cardiovas- de l’activité sérique de la c-GT observée chez environ 20 % des
culaire cela indépendamment de la présence d’une stéatose à femmes traitées par œstroprogestatifs est imparfaitement connu,
l’échographie [13, 14]. La force de l’association est variable selon et n’a généralement pas d’incidence pratique. Les valeurs de
les études, forte dans l’une [14] et plus modeste dans d’autres [12, l’activité sérique de la c-GT de ces femmes se distribuent selon
15], plus prononcée chez les sujets de moins de 60 ans, buveurs
un histogramme décalé vers les valeurs élevées par rapport à
d’alcool et ayant un diabète de type 2 [15]. Dans les valeurs l’histogramme du groupe témoin, mais les valeurs des deux
physiologiques, la c-GT prédit la survenue d’une microalbumi- groupes sont peu différentes.
nurie chez les patients hypertendus ou diabétiques [16] . De En tout état de cause, la normalisation de l’activité sérique de
même, la c-GT dans les valeurs normales prédit la survenue
l’enzyme après arrêt du médicament responsable est utile pour
d’un diabète de type 2 [17].
établir l’origine médicamenteuse de l’augmentation de la c-GT.
Une consommation d’alcool modérée et un surpoids ont un
Si l’anomalie persiste après l’arrêt d’un traitement inducteur
effet additif sur la c-GT [18].
enzymatique, une toxicité hépatique ou une autre cause doivent
être évoquées.
Autres causes Une exposition professionnelle à certains toxiques comme les
hydrocarbures utilisés comme solvants (tétrachloréthylène et
La malnutrition, quelle qu’en soit la cause (court-circuit
trichloréthylène, tétrachlorure de carbone, trichloroéthane,
digestif, malnutrition protéique d’origine alimentaire dans le
cadre d’un kwashiorkor ou d’une anorexie mentale, malnutri- chloroforme, etc.), le chlorure de vinyle ou le paraquat [21], doit
tion d’origine digestive observée au cours de la maladie cœlia- être recherchée devant une élévation isolée de l’activité sérique
que ou des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin), de la c-GT. Cependant, en cas d’intoxication chronique,
peut être à l’origine d’une augmentation de l’activité sérique de l’augmentation de l’activité sérique des aminotransférases est le
la c-GT, essentiellement du fait d’une stéatose hépatique. Il en signe biologique le plus fréquent. L’augmentation isolée de
est de même chez les malades qui ont une nutrition parentérale l’activité sérique de la c-GT peut être simplement en rapport
totale. avec une induction enzymatique. En cas d’atteinte hépatique,
les lésions histologiques, principalement la nécrose hépatocy-
taire et la stéatose, ne sont pas spécifiques. La coexistence d’une
Pathologies extrahépatiques symptomatologie extrahépatique liée à l’atteinte de plusieurs
viscères, et la disparition des anomalies lors des périodes de
Pathologie thyroïdienne vacances, suivie de leur réapparition à la reprise du travail, sont
en faveur du diagnostic d’intoxication d’origine professionnelle.
En cas d’hyperthyroïdie non traitée, une augmentation
généralement modérée de l’activité sérique de la c-GT est
observée dans 17 à 60 % des cas [19]. Elle peut être isolée, mais
elle est plus souvent accompagnée d’une élévation de l’activité ■ Quelles lésions hépatiques
sérique des aminotransférases et/ou des phosphatases alcalines.
Une stéatose peut être associée à ces perturbations biologiques. doit-on rechercher ?
Les anomalies disparaissent après normalisation de la fonction
thyroïdienne. Les données de la littérature ne permettent pas d’établir la
fréquence respective des différentes causes d’élévation isolée de
Causes rares l’activité sérique de la c-GT au sein d’une population, et encore
moins la prévalence des lésions histologiques hépatiques
Une élévation isolée de l’activité sérique de la c-GT peut associées.
s’observer en cas de cardiopathie ischémique (infarctus du Devant une élévation isolée de l’activité sérique de la c-GT
myocarde ou angor instable) ou d’insuffisance cardiaque chez un alcoolique chronique, la probabilité d’être atteint d’une
chronique, sans que l’on puisse préjuger de l’origine cardiaque maladie alcoolique du foie (stéatofibrose, hépatite alcoolique
ou hépatique de l’enzyme [8]. aiguë, cirrhose) est d’environ 60 %, ce qui suggère l’intérêt d’un
Un cancer, notamment cérébral, mammaire, utérin ou le diagnostic histologique dans une telle situation [22].
mélanome malin, peut être à l’origine d’une augmentation de Bien que la probabilité de découvrir une tumeur hépatique
l’activité sérique de la c-GT, en dehors de toute métastase soit faible, une élévation isolée et persistante de l’activité sérique
hépatique décelable. de la c-GT doit faire réaliser une échographie du foie.
Une augmentation isolée de l’activité sérique de la c-GT a Bien que rarement isolée, l’élévation de l’activité sérique de
également été rapportée au cours de la polyarthrite rhumatoïde. la c-GT peut être la seule anomalie du bilan biologique hépati-
Le mécanisme de cette augmentation est inconnu. que révélatrice d’une stéatose qui peut être diagnostiquée
L’activité sérique de la c-GT peut aussi être augmentée en cas échographiquement. L’utilité d’une confirmation histologique
de polytraumatisme ou de brûlures étendues. du diagnostic est controversée. En effet, si l’évolution de la
Enfin, plusieurs cas d’élévation familiale isolée de l’activité stéatose pure paraît bénigne, celle de la stéatose alcoolique, mais
sérique de la c-GT (jusqu’à plus de 3 000 UI/l), sans cause aussi parfois non alcoolique, quand elle est associée à des
identifiée, ont été rapportés. La transmission semble autosomi- lésions inflammatoires ou à une fibrose, peut se faire vers la
que dominante. Les sujets atteints sont asymptomatiques et ne cirrhose. Si l’alcoolisme chronique apparaît comme le facteur
présentent aucune anomalie clinique. causal ou prépondérant de la stéatose, il est licite de discuter
une ponction-biopsie hépatique si le test de sevrage est négatif,
Médicaments et toxiques en raison d’une évolution fibrosante potentielle. En cas de
stéatose non alcoolique, le risque de développement d’une
La constatation d’une élévation isolée de l’activité sérique de cirrhose est plus faible. Cependant, le diabète de type II et les
la c-GT doit faire rechercher systématiquement une prise de éléments constitutifs du syndrome métabolique sont des
médicament inducteur enzymatique. Ceux le plus souvent facteurs de risque maintenant bien établis d’hépatite pseudoal-
incriminés sont les anticonvulsivants, comme les barbituriques, coolique ou de fibrose. En présence de ces facteurs, une évalua-
la phénytoïne ou la carbamazépine, les antidépresseurs, les tion de l’état hépatique se discute soit par la ponction-biopsie
coumariniques, les hormones stéroïdes et certains hypnoti- hépatique, soit par des moyens non invasifs d’appréciation de
ques [20]. L’augmentation de l’activité sérique de la c-GT est, la fibrose hépatique.
En l’absence d’orientation étiologique, la présence d’anticorps L’augmentation de l’activité sérique de la c-GT, associée à la
antimitochondries ou l’existence d’un contexte de pathologie prise d’un médicament inducteur enzymatique, ne justifie pas
auto-immune extrahépatique, associées à une élévation isolée de l’arrêt de ce médicament si l’anomalie est isolée et modérée
l’activité sérique de la c-GT sérique, justifient la réalisation (< 5 N).
d’une ponction-biopsie hépatique, principalement à la recher- En l’absence de prise médicamenteuse responsable, un bilan
che d’une cirrhose biliaire primitive. biologique comprenant une numération-formule sanguine, un
Les autres hépatopathies dont le diagnostic est histologique dosage des lipides sanguins, de la glycémie, ainsi qu’une
sont exceptionnellement révélées par une élévation isolée de échographie hépatique doit être systématiquement réalisé. En
l’activité sérique de la c-GT en l’absence d’arguments cliniques, l’absence d’orientation clinique, le dosage de la thyroid stimula-
biologiques ou radiologiques évocateurs d’atteinte hépatique. ting hormone (TSH) ultrasensible plasmatique peut également
être effectué.
À l’issue de ce bilan, la ponction-biopsie hépatique est
■ Conduite à tenir discutée si l’on suspecte une hépatopathie chronique. Le patient
est alors dirigé vers un service spécialisé. Si l’alcoolisme paraît
la cause la plus probable de l’élévation de l’activité sérique de
En l’absence de consensus, nous proposons la démarche
la c-GT, la ponction-biopsie hépatique peut se discuter en cas de
suivante (Fig. 1).
suspicion d’hépatopathie à l’examen clinique ou échographique
L’affirmation du caractère isolé de l’augmentation de l’activité
du foie. Celle-ci permet de faire le diagnostic, précise le type
sérique de la c-GT nécessite la réalisation d’au moins deux
bilans biologiques hépatiques espacés de 3 mois, permettant de histologique des lésions hépatiques, et peut donc améliorer la
vérifier la normalité de la bilirubinémie et de l’activité sérique prise en charge des malades.
des aminotransférases et des phosphatases alcalines. Si l’on pense que l’élévation de l’activité sérique de la c-GT
Le diagnostic étiologique d’une élévation isolée de l’activité survient chez un alcoolique chronique à foie sain, une épreuve
sérique de la c-GT impose dans tous les cas un interrogatoire de sevrage telle qu’elle a été précédemment décrite est néces-
approfondi du malade à la recherche d’une intoxication alcoo- saire. Si celle-ci est positive, la ponction-biopsie du foie ne
lique chronique ou d’une prise médicamenteuse, ainsi qu’un s’impose pas, mais un suivi est utile pour mener à bien la
examen clinique recherchant des signes en faveur d’une poursuite du sevrage. Si l’épreuve de sevrage est négative ou
imprégnation alcoolique ou d’une hépatopathie chronique douteuse, une biopsie de foie peut être discutée, permettant soit
(existence d’un foie de consistance dure, signes cliniques de corriger le diagnostic, soit d’apporter des arguments en
d’hypertension portale ou d’insuffisance hépatocellulaire). Les faveur de la poursuite de l’intoxication alcoolique.
éléments constitutifs du syndrome métabolique (diabète ou Si l’augmentation de l’activité sérique de la c-GT révèle
insulinorésistance, calcul de l’indice de masse corporelle > l’existence d’une hépatopathie en rapport avec un syndrome
25 kg/m2, diminution du HDL cholestérol, hypertriglycéridémie métabolique, la ponction-biopsie hépatique est indiquée s’il
et hypertension artérielle) doivent également être recherchés existe des signes cliniques permettant de suspecter l’existence
avec soin. d’une fibrose ou d’une cirrhose (foie de consistance ferme ou
γ-GT > 3 N
ou en
augmentation
Ponction-biopsie
hépatique Surveillance
Figure 1. Arbre décisionnel. Conduite à tenir devant une élévation isolée de la c-GT sérique.
■ Références
.
[20] Aldenhovel HG. The influence of long-term anti-convulsant therapy Pour en savoir plus
with diphenylhydantoin and carbamazepine on serum gammaglutamyl
transferase, aspartate aminotransferase, alanine aminotransferase and Combis JM, Payen JL, Pascal JP. Conduite à tenir devant une élévation des
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9:81. clinicians. CMAJ 2005;172:367-79.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Buffet C. Augmentation isolée de l’activité sérique de la gammaglutamyl-transpeptidase. EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 1-1240, 2008.
1-1405
Conduite à tenir
AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine
L es polyalgies désignent des douleurs musculosquelettiques qui se différencient des douleurs « régionales » par
une extension plus importante, touchant au moins trois régions non contiguës des membres et/ou du tronc.
Les polyalgies sont un motif très fréquent de consultation. La prévalence des douleurs d’origine musculosquelettique
est élevée, évaluée dans les pays développés à environ 25 %. Sa prévalence est également élevée dans les pays en
voie de développement, touchant la plupart des classes d’âge à partir de l’adolescence. La douleur est définie comme
une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable », associée à une atteinte tissulaire, ou décrite comme telle.
La douleur est modulée par des facteurs cognitifs, émotionnels et d’environnement.
Les stimulations nociceptives sont véhiculées des récepteurs périphériques (peau, articulations) au système nerveux
central par les neurones nociceptifs dans la moelle épinière. Les neurones ont des terminaisons sur plusieurs zones
centrales qui vont moduler et réguler la perception de la douleur par des voies descendantes.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
■
Démarche diagnostique
1
1-1405 - Conduite à tenir devant des polyalgies
maladie virale, d’un syndrome myogène, d’anomalies l’adulte jeune l’été avec une atteinte douloureuse des
du métabolisme du calcium et d’une atteinte de l’os. muscles de la cage thoracique et de l’abdomen ;
– l’infection à parvovirus B19 qui réalise un tableau
de polyarthralgies ou polyarthrite avec un rash cutané
Examens de première intention à (mégalérythème épidémique) ;
demander devant des polyalgies – la mononucléose infectieuse qui associe une
– Numération-formule sanguine angine, des polyadénopathies, une grande asthénie
(NFS), plaquettes. avec myalgies ;
– Protéine C réactive. – les hépatites virales qui associent myalgies,
arthralgies, céphalées, rashs, troubles digestifs, parfois
– Électrophorèse des protides.
ictère ;
– Ionogramme sanguin, – la primo-infection au virus de l’immunodéfi-
créatininémie, glycémie. cience humaine (VIH) ;
– Transaminases. – des viroses plus rares : hantavirus (Est de la
– Créatine phosphokinase (CPK), France), arboviroses.
lacticodéshydrogénase (LDH), Plusieurs infections bactériennes peuvent
aldolase. s’accompagner de polyalgies :
– Calcémie, phosphorémie, – la brucellose, devenue rare, associe une fièvre
ondulante, un contexte évocateur (consommation de
phosphatases alcalines.
fromage de chèvre frais non pasteurisé), des
– « Thyroid stimulating hormone » polyarthralgies avec parfois une localisation discale. Le
(TSH). diagnostic est porté par la positivité des hémocultures
– « Prostate specific antigen » (PSA) et/ou le sérodiagnostic de Wright ;
chez l’homme au-delà de 50 ans. – la maladie de Lyme est une infection due à
– Radiographies osseuses et Borrelia burgdorferi transmise par une piqûre
d’arthropode. La maladie évolue schématiquement en A
articulaires dirigées en fonction des
trois phases : une première phase d’infection récente
symptômes.
localisée avec une lésion cutanée d’inoculation
(l’érythème chronique migrant) ; une deuxième phase
■
d’infection récente disséminée associant polyarthral-
gies, myalgies, atteinte des séreuses, paralysie faciale,
Différentes étiologies méningoradiculite ; enfin, une troisième phase
d’infection tardive avec arthropathies chroniques et
volontiers un tableau de pseudosclérose en plaques ;
Les causes de polyalgies sont très nombreuses et
diverses. L’orientation diagnostique est différente – la leptospirose (contact professionnel avec les
selon le caractère aigu ou chronique des douleurs. rats) ;
Dans le cadre des douleurs chroniques, en particulier – les septicémies en phase d’invasion, les
chez la femme, la fibromyalgie est un diagnostic endocardites …
fréquent, mais doit rester un diagnostic d’élimination. Parmi les infections parasitaires, celles
Les différentes pathologies pouvant générer des s’accompagnant de polyalgies sont essentiellement la
polyalgies sont résumées dans l’encadré ci-dessous. toxoplasmose, la toxocarose, la trichinose et, en zone
endémique, la cysticercose et le paludisme.
2
Conduite à tenir devant des polyalgies - 1-1405
‚ Ostéomalacie
Elle est rare dans les pays industrialisés mais peut
néanmoins être observée chez les migrants. Elle se
caractérise par des douleurs musculosquelettiques
diffuses prédominant au niveau du bassin et des
cuisses. Le diagnostic est évoqué par une
hypocalcémie, une élévation des phosphatases
alcalines, un taux abaissé de vitamine D. Le diagnostic
est évoqué sur les radiographies (dédifférenciation
corticomédullaire, stries de Looser-Milkman) et
confirmé par la biopsie osseuse.
2 Métastase vertébrale condensante dans le cadre
d’un cancer de la prostate. ‚ Endocrinopathies et troubles
métaboliques
Autres
Les endocrinopathies responsables d’atteintes
Les autres rhumatismes inflammatoires polyarticu- musculaires douloureuses et/ou déficitaires sont le
laires plus rares doivent être recherchés : rhumatismes plus souvent thyroïdiennes (hypo- ou hyperthyroïdie).
psoriasiques, rhumatismes des entérocolopathies, Plus rarement, les hyperparathyroïdies ou
maladie de Still… insuffisances surrénaliennes sont diagnostiquées à
‚ Rhumatismes dégénératifs l’occasion de polyalgies. Dans les diabètes, l’atteinte
L’arthrose des articulations périphériques (doigts, articulaire périphérique (capsulite des épaules et des
genoux, hanches), les atteintes dégénératives des hanches, atteinte des mains), la neuropathie
épaules (coiffe des rotateurs) et périarticulaires de périphérique, l’artériopathie, peuvent se conjuguer
hanches, les remaniements dégénératifs d’origine pour réaliser un tableau douloureux. Les anomalies du
discale et arthrosiques du rachis sont très fréquents à métabolisme susceptibles de provoquer des douleurs
partir de 50 ans. Lorsqu’un patient présente plusieurs sont l’hypercalcémie, l’hypokaliémie, l’hypophospho-
de ces atteintes, il souffre de douleurs diffuses touchant rémie (entre autre diabète phosphoré). 4 Les 18 points douloureux de la fibromyalgie.
volontiers le rachis (niveaux cervical et lombaire) et de D’après Bardin T, Kuntz D. Thérapeutique rhumato-
douleurs périphériques fonction du siège de ‚ Maladies neurologiques logique. Paris : Médecine-Sciences, 1995.
l’articulation lésée. C’est une des circonstances les plus La plupart des neuropathies périphériques
fréquentes de consultation en rhumatologie. À la sensitives pures ou sensitivomotrices, les est volontiers associée à des céphalées, une colopathie
question « de quoi souffrez-vous ? », la réponse est « j’ai polyradiculonévrites, les méningites, quelle que soit fonctionnelle, des troubles du sommeil. L’examen
mal partout ». Le diagnostic est essentiellement leur origine, sont responsables de polyalgies. Le clinique est pauvre, retrouvant des douleurs
clinique, conforté par des clichés radiologiques diagnostic est aisément évoqué sur les données de provoquées au point d’insertion des enthèses. Dix-huit
retrouvant des lésions arthrosiques et la normalité des l’examen neurologique et confirmé par l’électromyo- points ont été décrits par l’American College of
examens biologiques. gramme, la ponction lombaire, la biopsie Rheumatology (fig 4). La biologie et les radiographies
‚ Myosites et myopathies neuromusculaire. Dans le cadre des atteintes centrales, sont normales.
Les poly- et dermatomyosites, outre les douleurs ce sont essentiellement les affections démyélinisantes
des ceintures, s’accompagnent d’un déficit musculaire, qui génèrent des douleurs.
■
d’une amyotrophie, de signes cutanés spécifiques
‚ Fibromyalgie Conclusion
dans la dermatomyosite, d’une élévation des enzymes
musculaires, de modifications électromyographiques. La fibromyalgie ou syndrome des polyalgies
Le diagnostic est porté par la biopsie musculaire. La idiopathiques diffuses (SPID) ou polyenthésopathie est
plupart des maladies musculaires et les rhabdomyoly- un syndrome clinique décrit dans les années 1970, se L’éventail des maladies et syndromes à l’origine de
ses, qu’elles soient traumatiques, médicamenteuses, caractérisant par des douleurs diffuses à prédomi- polyalgies est très vaste et couvre une grande partie de
métaboliques ou endocriniennes, entraînent nance axiale (régions cervicale et scapulaire, régions la pathologie. Le plus souvent, le diagnostic est aisé
l’association de douleurs plus ou moins intenses et lombaire et fessière), aggravées par l’effort. Elle touche grâce aux données d’interrogatoire et de l’examen
diffuses des muscles et un déficit musculaire. essentiellement les femmes âgées de 30 à 50 ans, et clinique.
‚ Maladies malignes
Les cancers métastasés à l’os sont responsables de
douleurs diffuses. Les tumeurs primitives qui
métastasent volontiers à l’os sont le sein, la prostate, le
poumon, le rein et la thyroïde. Les arguments cliniques
suggestifs sont l’âge mur, le caractère inflammatoire
ou mixte des douleurs, leur aggravation progressive,
l’altération de l’état général, la palpation d’autres
lésions métastatiques (ganglions, hépatomégalie...) ou
de la tumeur primitive. Les examens biologiques
recherchent un syndrome inflammatoire, une
hypercalcémie, une élévation des phosphatases
alcalines, une élévation du PSA chez l’homme. Le
diagnostic est posé sur les radiographies osseuses
et/ou la scintigraphie osseuse (fig 2). A B
Les hémopathies malignes, essentiellement les
3 Localisations crâniennes radiologiques (A) et atteinte médullaire et vertébrale diffuse en imagerie par ré-
myélomes (fig 3), plus rarement les lymphomes et les
sonance magnétique dans le cadre d’un myélome (B).
leucémies, sont responsables de polyalgies.
3
1-1405 - Conduite à tenir devant des polyalgies
Toute référence à cet article doit porter la mention : M Gayraud. Conduite à tenir devant des polyalgies.
Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1405, 2001, 4 p
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matol 1999 ; 13 : 391-401
4
¶ 1-1200
Le bilan thyroïdien est couramment effectué pour diagnostiquer une pathologie thyroïdienne. Des
difficultés d’interprétation peuvent souvent apparaître résultant de dissociations entre les différents
paramètres dosés ou entre la clinique et la biologie. En fait, lors d’hypo- ou d’hyperthyroïdies modérées,
les hormones thyroïdiennes peuvent rester dans l’intervalle de référence. De plus, certains traitements ou
pathologies non thyroïdiennes, en altérant la synthèse, le transport ou le métabolisme des hormones
thyroïdiennes, peuvent modifier la concentration sérique de ces hormones ou exercer une action directe
sur la concentration de thyréostimuline. Enfin, des interférences dans les dosages peuvent engendrer des
concentrations anormales des paramètres dosés. Tous ces facteurs peuvent conduire à un diagnostic
erroné de pathologie thyroïdienne chez des patients qui en sont exempts et il est nécessaire d’effectuer des
investigations complémentaires si de telles anomalies sont suspectées avant de conclure définitivement.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Nous analyserons donc dans un premier temps les discor- Dissociations survenant en dehors
dances les plus fréquentes et les problèmes d’interférences
analytiques puis nous verrons l’importance des valeurs de
d’un contexte de pathologie thyroïdienne
référence. Certains médicaments, par leur action pharmacologique, ou
certaines pathologies non thyroïdiennes par les altérations
organiques qu’elles entraînent peuvent modifier l’un des
paramètres du bilan et conduire à des interprétations erronées.
■ Discordances biologiques Il faut noter que ces modifications, qui dépendent de la capacité
d’adaptation de la thyroïde et parfois du type de dosage utilisé,
ou clinicobiologiques explicables sont variables, voire imperceptibles individuellement car restant
dans l’intervalle de référence.
• Le jeûne et la diète, par inhibition du transport membranaire En dehors de ces cas classiques, il faut savoir qu’une
au niveau du foie et une inhibition de la désiodase de type I, interférence ponctuelle liée à la présence, dans le sérum,
entraînent aussi une élévation isolée de la concentration d’un composant particulier est toujours possible lors d’un
sérique de T4L. immunodosage et qu’il sera très difficile de la mettre en
• Certaines pathologies graves non thyroïdiennes, en particulier évidence. Le dosage du paramètre incriminé avec des réactifs
l’insuffisance rénale et la dialyse, peuvent entraîner une différents peut parfois résoudre le problème et des tests
diminution de la concentration sérique de T4L, voire dans particuliers (dilutions, surcharges) peuvent en laisser suppo-
certains cas une diminution concomitante des concentrations ser l’existence.
sériques de TSH et de T4L.
• Une diminution de la concentration sérique de T4L peut être
observée au 3e trimestre de la grossesse.
■ Valeurs de référence
Les valeurs de référence, souvent appelées valeurs normales
Cas particuliers ou usuelles, délimitent, pour un examen donné, un intervalle
à l’intérieur duquel les valeurs trouvées seront dites
Des concentrations sériques élevées de TSH et de T4L ou une « normales ».
concentration sérique de TSH normale avec une concentration Lors de l’interprétation d’un bilan, il convient de s’assurer
sérique de T4L élevée peuvent être observées dans les adénomes que les valeurs de référence utilisées correspondent bien à l’âge
hypophysaires avec sécrétion inappropriée de TSH [8] ou les du patient.
résistances aux hormones thyroïdiennes. [9] Ces cas sont très Nous rappelons les cas où des différences peuvent être
rares et il ne faudra les évoquer qu’après élimination des observées.
interférences analytiques et plusieurs contrôles successifs avec
d’autres systèmes de dosage.
En fonction de l’âge
■ Interférences analytiques • Nouveau-né : pic de TSH plasmatique juste après la nais-
sance, élévation progressive de la concentration sérique de
Lorsque les situations précédentes ne peuvent être mises en T3 (pratiquement inexistante à la naissance) et concentra-
cause, il faut penser à d’éventuelles interférences analyti- tion sérique plus élevée de la T4 durant le premier mois de
ques. [10] Une interférence analytique est liée à la présence, dans la vie.
le sérum d’un patient donné, d’un composant qui perturbe le • Enfant : seule la concentration sérique de T3 est significative-
schéma réactionnel et induit un résultat faux. ment plus élevée chez l’enfant que chez l’adulte.
Certaines interférences analytiques sont bien connues et • Adulte : pas de différence entre l’homme et la femme.
peuvent facilement être mises en évidence par des techniques • Personnes âgées : on a pu noter une baisse significative de
appropriées. D’autres sont ponctuelles et ne sont pas facilement la concentration sérique de T 3 par rapport au groupe
détectables. C’est au biologiste, en fonction des indications précédent. Les variations de TSH observées ne sont pas
fournies par le clinicien, d’explorer éventuellement ces constantes et dépendent beaucoup de l’état physique de ces
interférences. personnes.
Citons dans les interférences connues :
• les anticorps anti-TSH (rares) ou antigammaglobulines de souris
(HAMA : human anti mouse antibody) faciles à neutraliser ;
• les anticorps dirigés contre l’un des constituants de la phase
En fonction de rythmes biologiques
solide ou l’un des réactifs (plus difficiles à détecter) ; Ils concernent essentiellement la TSH qui présente un
• les facteurs rhumatoïdes pouvant se comporter comme des rythme circadien avec un maximum de sécrétion entre
anticorps hétérophiles et donner lieu à des interférences dans 1 heure et 2 heure et un minimum en milieu de journée. Ces
le dosage de la TSH ; modifications, qui n’ont en général pas de retentissement sur
• les anticorps anti-T4 ou anti-T3 (dépistage facile) ; les bilans compte tenu de l’heure des prélèvements, peuvent
• la présence d’albumine anormale (dysalbuminémie) ayant cependant avoir une incidence lors de comparaison de bilans
une forte affinité pour les hormones thyroïdiennes ; effectués à des heures très différentes. D’autre part, ces
• des modifications importantes des concentrations sériques rythmes peuvent être perturbés chez des patients travaillant la
protéiques qui perturbent les dosages. nuit.
“ Points forts
• La détermination de la concentration sanguine de TSH est actuellement le meilleur test pour dépister une dysthyroïdie. Cependant,
compte tenu d’interférences toujours possibles, les résultats doivent être confortés par la clinique et/ou l’imagerie.
• En début de grossesse, la concentration de TSH peut être abaissée en dehors de toute hyperthyroïdie et l’interprétation des résultats
doit tenir compte de cette éventualité.
• Les interférences analytiques sont variables suivant les techniques utilisées et parfois difficiles à identifier. Des résultats incohérents
et fluctuants selon les laboratoires doivent alerter le biologiste et le clinicien.
• La détermination de la concentration de la fraction libre des hormones thyroïdiennes est un exercice particulièrement difficile qui
peut être mis en défaut dès que les réactions d’équilibre biologique sont perturbées. Il en résulte des intervalles de référence peu précis
et des perturbations lors de pathologies non thyroïdiennes affectant ces équilibres.
• Lors de l’instauration de traitements à visée thyroïdienne ou de modification de posologie, la normalisation de la concentration
sanguine de TSH demande quelques semaines. La vérification de l’efficacité du traitement doit donc tenir compte de ce délai.
Remarques à propos de ces valeurs de référence. • Les valeurs de référence sont déterminées statistiquement.
• Les paramètres dosés lors d’un bilan thyroïdien sont effec- Il est toujours possible, pour un sujet, de s’écarter de
tués (excepté le dosage de l’iodure) par immunodosages. Ces cette statistique pour un paramètre donné. Il conviendra
techniques peuvent donner des valeurs légèrement différen- cependant de n’arriver à cette conclusion qu’après
tes suivant les réactifs utilisés. Les résultats doivent donc avoir répété le dosage à plusieurs mois d’intervalle et
toujours être interprétés en fonction d’intervalles se référant s’être assuré qu’aucune pathologie n’est sous-jacente
à la technique utilisée et de préférence déterminés au niveau (bilan complémentaire, y compris le bilan immuno-
du laboratoire. logique).
“ Points essentiels
Résumé des principales dissociations du bilan.
Une concentration sérique* de TSH normale avec une concentration sérique de T4L augmentée peut se rencontrer dans :
• les traitements par la T4
• les traitements par l’amiodarone
• les sécrétions inappropriées de TSH ou les syndromes de résistance hypophysaire (très rares)
• les interférences analytiques suivantes : autoanticorps anti-T4 ou anti-T3, hyperthyroïdies avec anticorps hétérophiles
Une concentration sérique de TSH normale avec une concentration sérique de T4L diminuée peut se rencontrer dans :
• les traitements par antithyroïdiens de synthèse
• les traitements par inducteur enzymatique (barbiturique, carbamazépine, hydantoïne)
• la grossesse au 3e trimestre
• les insuffisances rénales
• les hypothyroïdies d’origine centrale (la T3L est basse)
Une concentration sérique de TSH augmentée avec une concentration sérique de T4L augmentée peut se rencontrer dans :
• les hypothyroïdies traitées par la T4 en début d’équilibration
• les hypothyroïdies avec interférence analytique dans le dosage de T4L
• les sécrétions inappropriées de TSH ou les syndromes de résistance hypophysaire (très rares)
Une concentration sérique de TSH augmentée avec une concentration sérique de T4L normale peut se rencontrer dans :
• les hypothyroïdies non traitées tant que la thyroïde stimulée peut assurer une production suffisante de T4
• les hypothyroïdies traitées par la T4 en phase d’équilibration
• les thyroïdites de de Quervain en phase de récupération
Une concentration sérique de TSH diminuée avec une concentration sérique de T4L diminuée peut se rencontrer dans :
• les traitements par la T3 (ou par un dérivé de la T3) ; dans ce cas, la concentration sérique de T3L est augmentée
• les traitements par antithyroïdiens de synthèse (concentration sérique de T3L le plus souvent normale)
• les hypothyroïdies d’origine centrale (concentration sérique de T3L normale ou abaissée)
Une concentration sérique de TSH diminuée avec une concentration sérique de T4L normale peut se rencontrer dans :
• les traitements freinateurs par la T4
• les traitements par antithyroïdiens de synthèse
• les hyperthyroïdies autonomes
• les thyroïdites de de Quervain en phase d’évolution
• les maladies de Basedow sur thyroïde opérée ou traitée par irathérapie (situations avec peu de tissu thyroïdien stimulé)
• les traitements par corticoïdes, dopamine et ses agonistes
• les dépressions majeures
• la grossesse au premier trimestre (rôle de l’hCG)
N.B. : lors de pathologies graves non thyroïdiennes ou de pathologies atteignant des tissus jouant un rôle majeur dans les
désiodations et la synthèse des protéines porteuses (rein, foie), des perturbations du bilan thyroïdien sont fréquentes et souvent
difficiles à interpréter.
■ Références
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Izembart M. Conduite à tenir face à un bilan thyroïdien anormal. EMC (Elsevier SAS, Paris), Traité de
Médecine Akos, 1-1200, 2005.
L’élévation des créatine-phosphokinases (CPK) traduit une souffrance cellulaire et s’observe dans de
multiples circonstances. En l’absence de toute symptomatologie d’orientation, le dosage des CPK-MB
(muscle-brain) permet de distinguer les rares infarctus du myocarde silencieux des nombreuses situations
pathologiques ou non à répercussion musculaire. L’élévation des CPK peut s’intégrer dans un contexte
clinique évocateur où elle constitue un critère diagnostique de certaines pathologies (cardiovasculaire,
musculaire et neurologique). Enfin, une élévation des CPK est rapportée dans un certain nombre de
situations au cours desquelles leur intérêt diagnostique est limité, voire anecdotique. Lorsqu’une affection
musculaire est suspectée, un certain nombre d’examens complémentaires d’orientation puis de
confirmation permettent d’étayer le diagnostic.
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Tableau 1. Tableau 2.
Principales causes d’élévation des créatine-phosphokinases (CPK). Médicaments responsables d’une élévation des créatine-phosphokinases.
Par atteinte du muscle strié squelettique (CPK-MM) - Hypolipémiants : fibrates et surtout statines
Lésion musculaire - Analgésiques et anti-inflammatoires : salicylés, paracétamol, opiacés,
• traumatisme AINS (en intramusculaire surtout), phénylbutazone
• injection intramusculaire - Antibiotiques et associés : sulfamides, pénicilline, cyclines, quinolo-
nes, isoniazide, amphotéricine B
• électromyogramme
- Antiviraux : zidovudine, lamivudine
• chirurgie
- Cytokines : interféron-alpha, interleukine 2
• convulsions
- Immunosuppresseurs : ciclosporine, azathioprine, tacrolimus
Affections musculaires
- Cytotoxiques : vincristine, hydroxyurée, cytarabine, mitoxantrone
• dystrophies musculaires
- Agents anti-angiogéniques : avastin
• myopathies métaboliques et mitochondriales
- Anti-inflammatoires et immunomodulateurs en traitement de fond :
• myopathies inflammatoires idiopathiques
chloroquine, hydroxychloroquine, colchicine, D-pénicillamine, sulfasa-
• myosites infectieuses
lazine, danazol
Affections neurologiques
- Anesthésiques : suxaméthonium, halothane
• sclérose latérale amyotrophique
- Hypokaliémiants (diurétiques, laxatifs) et réglisse
• amyotrophies spinales progressives
- Psychotropes (barbituriques, benzodiazépines, neuroleptiques, carba-
Toxiques : alcool, cocaïne, ecstasy mates), antidépresseurs (toutes classes), lithium, et L-dopa
Médicaments (cf. Tableau 2) - Antithyroïdiens de synthèse : carbimazole, PTU
Rhabdomyolyse (cf. Tableau 3) - Antiulcéreux : cimétidine, famotidine, ranitidine
Affections endocriniennes et métaboliques - Antihistaminiques H1 : diphénhydramine, doxylamine
• hypothyroïdie - Bêtabloquants (oxprénolol, labétalol, métoprolol), IEC (énalapril),
• hypokaliémie amiodarone
• acidocétose diabétique - Théophylline, terbutaline
Élévation non pathologique - Étrétinate, minoxidil
• effort physique intense, prolongé et/ou inhabituel - Ranélate de strontium
• sujet de race noire - Émétine (ipéca)
• masse musculaire importante - BCG-thérapie
• macro-CPK AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens ; PTU : propylthiouracile ; IEC :
Élévation des CPK-MB inhibiteurs de l’enzyme de conversion ; BCG : bacille de Calmette et Guérin.
Infarctus du myocarde
Myocardite situation, les CPK se normalisent après 1 à 2 semaines de
Cardioversion, contusion ou chirurgie cardiaques repos, voire plus rapidement en 3 jours. Dans le cas contraire,
il faut suspecter une myopathie métabolique sous-jacente.
Élévation des CPK-BB
L’élévation porte le plus souvent sur la CPK-MM mais des
Accident ischémique cérébral
élévations de la CPK-MB, atteignant 8 à 10 %, ont été
Infarctus intestinal rapportées chez le marathonien en l’absence de toute patho-
Cancers logie cardiaque ; elles proviennent de fibres musculaires
squelettiques en cours de régénération. Les individus avec
une masse musculaire très développée peuvent avoir une
■ Élévation élévation modérée des CPK, de l’ordre de deux fois la nor-
male.
des créatine-phosphokinases • Une lésion traumatique parfois minime peut conduire à une
augmentation transitoire des CPK. C’est le cas des injections
en l’absence de symptomatologie intramusculaires, notamment d’anti-inflammatoires non
d’orientation stéroïdiens (AINS) et de leur éluant, l’éthanol (pic de CPK à
la 12e h et normalisation en 48 h), de l’électromyogramme
La découverte d’une élévation des CPK en l’absence de toute (augmentation des CPK dans 30 % des cas avec un retour à
symptomatologie d’orientation ou de façon fortuite doit la normale en 48 à 72 h), de la biopsie musculaire et de la
conduire à un dosage des CPK-MB. chirurgie.
• Une prise de toxiques, et en premier lieu l’intoxication
alcoolique, est une cause relativement fréquente d’élévation
CPK-MB élevées des CPK. L’alcoolisme est la cause la plus fréquente de
Si les CPK-MB sont élevées (> 6 %), la réalisation d’un rhabdomyolyse. Après un épisode aigu d’ivresse, l’élévation
électrocardiogramme (ECG) peut mettre en évidence un infarc- des CPK existe dans 40 à 80 % des cas et est habituellement
tus du myocarde, pathologie où, dans 10 à 20 % des cas, la symptomatique. Une élévation isolée des CPK sans signe
douleur peut manquer totalement, en particulier chez le grand clinique est retrouvée chez 18 % des alcooliques chroniques
vieillard, le diabétique ou le malade mental. et est considérée comme le témoin d’une myopathie alcooli-
que chronique. Les toxiques tels le crack, la cocaïne, l’ecstasy
CPK-MB normales peuvent entraîner une élévation isolée des CPK. Les toxico-
manes à la cocaïne peuvent présenter une myopathie aiguë
Si les CPK-MB ne sont pas augmentées ou si l’ECG est toxique, avec myalgies intenses et myoglobinurie, mais dans
normal, différentes possibilités sont à envisager. la moitié des cas, l’atteinte est infraclinique.
• Un effort physique particulièrement intense (athlétisme, • De très nombreux médicaments peuvent causer une élévation
musculation) ou une modification récente de l’intensité de des CPK (Tableau 2). Celle-ci peut être isolée ou associée à des
l’entraînement sportif peut entraîner une forte élévation des symptômes musculaires (myalgies, fatigabilité) pouvant
CPK (jusqu’à 20 fois la normale), voire une rhabdomyolyse évoluer vers une rhabdomyolyse.
(marathon). Une activité physique moins intense, y compris Les hypolipémiants, fibrates et surtout statines, en sont les
le travail manuel (jardinage etc.), le per- et post-partum principaux pourvoyeurs ; 3 à 5 % des sujets consommant des
peuvent entraîner une élévation modérée des CPK. Dans cette statines vont présenter une activité CPK augmentée. Le risque
Affections musculaires
Au cours des myopathies dégénératives, les CPK sont aug-
■ Élévation
mentées dans 75 à 95 % des cas. Exceptionnellement, cette des créatine-phosphokinases
élévation peut être révélatrice d’une forme asymptomatique.
• Un cas particulier est celui de l’hyperthermie maligne, dans des situations particulières
myopathie pharmacogénétique de transmission autosomique Une élévation des CPK est rapportée dans un certain nombre
dominante, au cours de laquelle une élévation des CPK est de situations au cours desquelles leur intérêt diagnostique est
retrouvée chez 70 % des apparentés asymptomatiques de limité, voire anecdotique.
patient ayant présenté un accident anesthésique. Chez un • Pathologie cérébrale : augmentation de la CPK-MB au cours
patient susceptible à l’hyperthermie maligne, l’administration des accidents ischémiques cérébraux, des hémorragies céré-
de gaz halogénés déclenche une crise hypermétabolique, brales, des traumatismes crâniens et des méningites.
s’accompagnant notamment d’une acidose lactique, d’une • Pathologie psychiatrique : élévation des CPK-MM au cours de
contracture généralisée et d’une rhabdomyolyse. manifestations psychotiques aiguës ou en rapport avec la
• Au cours des dystrophinopathies, en particulier les maladies prise de psychotropes.
de Duchenne et de Becker, caractérisées par un déficit de la • Pathologie néoplasique : cancer prostatique (CPK-BB),
force musculaire d’installation progressive affectant en tumeurs neuroendocrines, dont anaplasiques à petites cellules
priorité les muscles des ceintures, on observe d’importantes (CPK-MB), et diverses autres néoplasies au cours desquelles
élévations du taux de CPK, de dix à 100 fois la normale. Les l’élévation porte sur la CPK-BB ou la macro-CPK de type 2.
femmes porteuses de l’anomalie génique ont une élévation
des CPK dans 70 % des cas et des signes cliniques, en général
modérés, dans 8 % des cas. ■ Examens complémentaires
• Au cours des myopathies métaboliques, comme les maladies
de McArdle et de Tarui, caractérisées par une intolérance à Lorsqu’une affection musculaire est suspectée, soit d’emblée
l’effort, on observe des épisodes de rhabdomyolyse avec des chez un patient présentant des symptômes musculaires, soit
CPK pouvant atteindre 100 à 500 fois la normale. après exclusion des autres causes d’élévation des CPK chez un
• Les myopathies mitochondriales, se traduisant par une patient asymptomatique, un certain nombre d’examens com-
intolérance à l’effort, isolée ou dans le cadre d’une atteinte plémentaires permettent d’étayer le diagnostic.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Laraki R. Élévation des créatine-phosphokinases. EMC (Elsevier SAS, Paris), Traité de Médecine Akos,
1-1210, 2006.
La mesure de l’activité sérique des transaminases est l’un des tests biologiques les plus couramment
effectués en routine. La situation la plus fréquente dans la pratique quotidienne est la découverte fortuite
d’une élévation des transaminases chez un patient asymptomatique. Lorsque l’on se trouve face à ce type
de patient, il importe d’avoir présentes à l’esprit les quatre questions suivantes : quelle est l’importance de
cette élévation ? Quelle en est la cause ? Jusqu’où faut-il aller dans la conduite des explorations chez un
patient asymptomatique ? Quand faut-il adresser ce patient au spécialiste ?
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Plan ■ Généralités
¶ Introduction 1 Les transaminases jouent un rôle important dans le métabo-
lisme intermédiaire des acides aminés : ce sont elles qui
¶ Généralités 1 catalysent le transfert d’un groupement alpha-aminé de l’ala-
¶ Causes d’élévation aiguë 2 nine (alanine-aminotransférase [ALAT]) et de l’acide aspartique
Définition 2 (aspartate-aminotransférase [ASAT]) sur le groupe alphacétoni-
Virus 2 que de l’acide alphacétoglutarique, pour former des acides
Médicaments 2 pyruvique et oxaloacétique. L’ALAT (anciennement dénommée
Lithiase de la voie biliaire principale 2 glutamic-pyruvic transaminase [SGPT]) est essentiellement locali-
Hépatite alcoolique aiguë 2 sée dans le foie, au niveau du cytoplasme des hépatocytes, et
Toxique 2 dans le muscle. L’ASAT (anciennement dénommée glutamic-
Foie de choc 3 oxaloacetic transaminase [SGOT]) est présente dans un grand
¶ Causes d’élévation chronique 3 nombre de tissus : muscle, myocarde, rein, cerveau et foie.
Définition 3 Le dosage des transaminases se fait habituellement par
Alcool 3 spectrophotométrie. Il est spécifique, avec une limite supérieure
Virus 3 à la normale comprise entre 30 et 45 UI/l.
Lésions hépatiques du syndrome métabolique 3 Les causes d’élévation des transaminases de loin les plus
Maladies génétiques 3 fréquentes sont les maladies du foie et des voies biliaires. Avant
Hépatite auto-immune 5 d’envisager les différentes hypothèses diagnostiques, il faut
Causes extrahépatiques 5 éliminer les élévations liées aux maladies musculaires dégénéra-
tives. Elles portent habituellement sur les ASAT et sont isolées,
¶ Prise en charge spécialisée 5
comme en témoigne la normalité des autres enzymes hépati-
¶ Conclusion 5 ques (gammaglutamyl-transpeptidase [GGT], phosphatases
alcalines). L’élévation concomitante des créatine-phospho-
kinases (CPK) et de l’aldolase permet d’affirmer leur origine
■ Introduction musculaire [1].
Une élévation des transaminases est significative lorsqu’elle
Les aminotransférases dénommées aussi transaminases font dépasse la limite supérieure de la normale à deux reprises
partie des enzymes les plus fréquemment dosées. Il existe deux (Fig. 1).
catégories d’élévation des transaminases qui posent des problè- Avant d’entreprendre un bilan étiologique exhaustif, il est
mes diagnostiques très différents : les cytolyses aiguës et les essentiel de pratiquer un examen clinique détaillé qui permet
cytolyses chroniques. Les cytolyses aiguës, qui correspondent à d’orienter la prescription des examens complémentaires.
une nécrose hépatique aiguë, se caractérisent par une élévation L’interrogatoire recherche la prise de médicaments potentielle-
des transaminases habituellement dix fois plus importante à la ment hépatotoxiques, la consommation régulière d’alcool dont
limite supérieure de la normale, à l’exception de l’hépatite il faut mesurer l’importance, les signes qui ont amené à doser
alcoolique aiguë, affection au cours de laquelle les transamina- les transaminases, l’indice de masse corporelle et enfin la notion
ses ne sont que modérément perturbées. Les cytolyses chroni- de variations de poids récentes. Il précise les antécédents du
ques se caractérisent par une élévation modérée des tran- patient, à la recherche de facteurs de risque de contamination
saminases et même souvent très modérée qui perdure plus de par le virus de l’hépatite C (VHC) : toxicomanie, même
6 mois et est observée chez des patients a- ou paucisymptoma- ancienne, transfusions de produits sanguins avant la date de
tiques. dépistage systématique (1990), tatouages ou piercing, et pour le
Médicaments
Souvent ≥ 10 N
Devant toute élévation aiguë des transaminases, il faut
évoquer la possibilité d’une origine médicamenteuse [2]. De
nombreux médicaments peuvent être responsables d’une
Principales causes
atteinte hépatique. Citons parmi les plus fréquemment incrimi-
nés les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les antibio-
tiques, le paracétamol [3] mais aussi l’isoniazide, les anti-
fongiques (kétoconazole et fluconazole) et les sulfamides. Les
Virus hépatotropes : Médicaments : Lithiase de la
hépatites médicamenteuses se rencontrent surtout chez les
IgM anti-VHA se renseigner : voie biliaire
AgHBs - Vidal® principale
sujets âgés de plus de 50 ans, polymédicamentés. L’interroga-
ARN du VHC - laboratoire toire doit s’attacher à dresser une liste exhaustive des médica-
par PCR (hépatotoxicités) ments pris avant l’apparition des anomalies. Tout médicament
suspect doit être arrêté afin d’éviter le risque d’évolution vers
Si négatif : Contexte une hépatite fulminante. Il faut ensuite réunir les critères
Epstein-Barr virus clinique : d’imputabilité : la responsabilité d’un médicament est d’autant
CMV Arrêt du douleur biliaire plus probable qu’il a été introduit récemment ; la normalisation
Herpès (rare) médicament et fièvre des transaminases à l’arrêt du médicament suspecté est un
critère important d’imputabilité.
Interrogatoire
(médicaments, alcool, diabète)
Examen clinique
Sérologies virales
Négatives Positives
Biologie
Échographie hépatique AgHBs + Anti-VHC +
Hépatite Hépatite
Stéatose chronique B chronique C
Figure 2. Arbre décisionnel. Conduite pratique à tenir devant une élévation chronique des transaminases. ALAT : alanine-aminotransférase ; N : normale ;
GGT : gammaglutamyl-transpeptidase ; VGM : volume globulaire moyen ; TG : triglycérides ; VHC : virus de l’hépatite C ; PBH : ponction-biopsie hépatique ;
a1-AT : a1-antitrypsine ; LKM : anticorps antimicrosomes de foie et de rein.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Buffet C. Élévation des transaminases. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 1-1245,
2008.
Élévation du cholestérol
et/ou des triglycérides
L. Foubert
La prévention des maladies cardiovasculaires passe par une prise en charge précoce et efficace des
facteurs de risque, en particulier lipidiques. Il est indispensable d’établir un diagnostic précis de la
dyslipidémie pour choisir le traitement et fixer l’objectif thérapeutique de chaque patient. Même si les
études de prévention visant à réduire le LDL-cholestérol ont clairement démontré une réduction de la
morbimortalité coronaire et de la mortalité globale, l’hypertriglycéridémie et l’hypo-HDL-émie, qui sont
au carrefour des autres facteurs de risque, doivent être prises en compte. Les seuils d’intervention et les
valeurs cibles dépendent du contexte clinique et des facteurs de risque associés, dont la prise en charge
sera conjointe. L’intervention diététique est le traitement de base pour toutes les dyslipidémies. En cas de
résultats insuffisants, un traitement médicamenteux sera proposé. Dans l’hypercholestérolémie pure et
les dyslipidémies mixtes prédominant sur le cholestérol, les statines représentent la classe thérapeutique
de référence car elle a démontré un bénéfice sur la morbimortalité cardiovasculaire. Dans
l’hypertriglycéridémie pure, les fibrates restent les plus efficaces. Les arguments pour traiter les
dyslipidémies sont maintenant solides et doivent emporter la conviction des médecins avant celle de leurs
patients.
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“ Point important
sont disponibles. Le plus souvent, le traitement est débuté à
posologie faible et adapté progressivement. La correction des
autres FdR doit être associée.
Catégories de patients à haut risque cardio- Les inhibiteurs de l’HMG-CoA réductase ou statines représen-
vasculaire tent actuellement la classe thérapeutique de référence car elle a
1. Patients ayant un antécédent cardiovasculaire démontré un bénéfice sur la morbimortalité cardiovasculaire. En
France, nous disposons de la simvastatine (Zocor® et Lodales®),
(prévention secondaire) : maladie coronaire ou vasculaire
de la pravastatine (Elisor ® ou Vasten ® ), de la fluvastatine
(accident vasculaire cérébral [AVC] ischémique et (Lescol ® et Fractal ® ), de l’atorvastatine (Tahor ® ) et de la
artériopathie périphérique à partir du stade II). rosuvastatine (Crestor®). Ce sont des inhibiteurs compétitifs de
2. Patient ayant un diabète de type 2 en prévention l’enzyme clé dans la synthèse du cholestérol (l’HMG-CoA
primaire, mais avec un haut risque défini par une atteinte réductase) qui entraînent par rétrocontrôle une augmentation
rénale (protéinurie > 300 mg/24 h ou clairance de la des récepteurs membranaires des LDL (dont 70 % sont hépati-
créatinine < 60 ml/min) ou au moins 2 FdR parmi ceux des ques) et donc du catabolisme des LDL. Ces médicaments
facteurs de risque cardiovasculaire auxquels on ajoute représentent un progrès majeur dans le traitement de l’hyper-
dans ce cas la microalbuminurie > 30 mg/24 h. cholestérolémie pure : ils sont efficaces dans 95 % des cas,
3. Patients ayant un risque ≥ 20 % de faire un événement entraînant une baisse significative du LDL-C de 25 à 60 %. En
revanche, le HDL-C est peu modifié (élévation de 5 à 10 %). Les
coronarien dans les 10 ans (risque calculé à partir d’une
interférences médicamenteuses sont rares. La tolérance clinique
équation de risque). est en général bonne, à l’exception de myalgies (invalidantes
dans 5 % des cas). Biologiquement, une augmentation des
transaminases hépatiques et des créatines phosphokinases (CPK)
(à distance d’un effort musculaire inhabituel) est possible,
■ Conduite à tenir devant imposant leur surveillance régulière (à l’instauration du traite-
ment, puis tous les 6 à 12 mois lors des contrôles lipidiques
l’élévation du cholestérol pour les transaminases ; en l’absence de signes cliniques, la
par augmentation du LDL-C surveillance systématique des CPK n’est pas nécessaire). Une
élévation supérieure à trois fois la normale des transaminases ou
cinq fois la normale des CPK doit faire interrompre le traite-
Affirmer le diagnostic ment. Ils sont contre-indiqués chez la femme enceinte ou
susceptible de l’être. Chez l’enfant, la sécurité d’emploi n’est pas
d’hypercholestérolémie pure (Tableau 2)
bien établie, limitée aux données d’enfants ayant une hyper-
Le sérum à jeun est clair, le CT et le LDL-C sont augmentés, cholestérolémie familiale homozygote. Ils sont efficaces en une
les TG sont normaux, le HDL-C est variable. Pour la décision de prise unique au repas du soir, point essentiel de l’observance à
traiter, on ne raisonne plus sur le CT, mais sur le taux de HDL-C long terme. Selon la molécule, la posologie initiale est de 5 à
et le LDL-C calculé. 20 mg et la dose maximale de 40 à 80 mg.
La colestyramine (Questran®), molécule très ancienne, est une
résine non absorbée par la muqueuse intestinale. Elle séquestre
Quand traiter ? les acides biliaires, interrompt le cycle entérohépatique et
augmente l’élimination du cholestérol. Elle entraîne une baisse
Une intervention diététique est justifiée chez tous les patients durable des LDL qui se traduit par un abaissement moyen du
dont le LDL-C est supérieur à 1,6 g/l (4,1 mmol/l) et est souvent taux du CT d’environ 25 % et du taux de LDL-C d’environ
suffisante chez les patients sans ou avec 1 seul FdR associé. On 30 %. Une diminution de l’absorption de certains traitements
associe des conseils d’activité physique régulière (marche rapide est possible (antivitamines K en particulier), il est donc primor-
quotidienne de 30 minutes ou équivalent). dial de les prescrire à distance de la prise de colestyramine (au
En cas de résultats insuffisants après 3 à 6 mois de prise en minimum 90 minutes). L’observance est rendue difficile par la
charge diététique, qui sera poursuivie même si l’objectif n’est fréquence d’effets secondaires bénins, mais inconfortables :
pas atteint, un traitement médicamenteux est indiqué selon les constipation, nausées, ballonnement, plénitude gastrique,
éléments suivants : changement du goût. L’augmentation progressive de la posolo-
• chez tous patients sans autre FdR gardant un LDL-C supérieur gie est indispensable pour en améliorer la tolérance (commencer
à 2,2 g/l (5,7 mmol/l) ; par un sachet de 4 g/j en augmentant d’un sachet/j tous les 8 à
• chez les patients en prévention primaire, ayant un autre FdR 10 jours, jusqu’à la dose efficace de 3 à 6 sachets par jour). Il
et dont le LDL-C est supérieur à 1,9 g/l (4,9 mmol/l) ; est préférable de préparer le sachet à l’avance (la veille au soir).
• chez les patients en prévention primaire ayant deux autres L’augmentation possible des TG fait réserver ce traitement à
FdR et dont le LDL-C est supérieur à 1,6 g/l (4,1 mmol/l) ; l’hypercholestérolémie pure. Elle reste intéressante chez l’enfant.
• chez les patients en prévention primaire ayant trois FdR ou L’ézétimibe (Ezetrol®) est une molécule de classe nouvelle qui
plus et dont le LDL-C est supérieur à 1,3 g/l (3,4 mmol/l) ; inhibe l’absorption intestinale du cholestérol (blocage de la
• chez les patients à haut risque cardiovasculaire dont le LDL-C translocation vers l’entérocyte) qui permet une diminution du
LDL-C d’environ 20 % en monothérapie ou une baisse supplé-
est supérieur à 1 g/l (2,6 mmol/l).
mentaire de 20 à 25 % en association à une statine. C’est dans
ce dernier cadre qu’elle a reçu une autorisation de mise sur le
Comment traiter ? marché (AMM) afin de permettre l’obtention de l’objectif chez
les patients insuffisamment contrôlés sous statine seule.
Le régime est le traitement de base comme pour toutes les Les dérivés des fibrates ont actuellement une place restreinte
dyslipémies. Il doit être acceptable, simple à expliquer, compor- dans le traitement de l’hypercholestérolémie. Ils sont utilisés
tant un minimum d’interdits en indiquant les priorités : surtout en cas d’intolérance aux statines ou lorsque le taux du
diminution des apports en cholestérol, consommation quoti- HDL-C est bas, en raison de leur action positive sur ce paramè-
dienne en lipides inférieure à 30-35 % de la ration calorique, tre. L’acide nicotinique est habituellement mal toléré.
apports en graisses saturées inférieurs à 10 % et enrichissement Les associations statine/résine ou statine/ézétimibe sont
en graisses mono- et polyinsaturées, voire en stérols végétaux, synergiques. Ces associations seront donc utiles et remarquable-
augmentation de la consommation de légumes de fruits et de ment efficaces dans les grandes hypercholestérolémies si la
céréales. La consommation modérée d’alcool est autorisée, mais monothérapie par statine est insuffisante. En revanche, il ne
doit être limitée. faut pas en règle associer les statines aux fibrates (en particulier
Tableau 2.
Classification et caractéristiques des dyslipidémies.
Classification Classification Aspect CT LDL-C HDL-C TG Anomalies des Électrophorèse
simplifiée internationale du sérum lipoprotéines sur agarose
Hypercholestérolémie essentielle
Polygénique Type IIa ↑ ↑
Familiale hétérozygote Clair ↑↑ ↑↑ N ou ↓ N ↑ LDL ↑ Bêta
Familiale homozygote ↑↑↑ ↑↑↑
Hyperlipidémies mixtes
Combinée Type IIb Opalescent ↑ ou ↑↑ ↑ ou ↑↑ ↓ ou N ↑ ou ↑↑ ↑ VLDL et ↑ LDL ↑ Bêta
et prébêta
Dysbêtalipoprotéinémie Type III Opalescent ↑↑ ↑↑ ↑ IDL Bloc
(très rare) CT ≈ TG bêta-prébêta
Hypertriglycéridémies
Endogènes Type IV Opalescent N ou ↑ N ↓ ou N ↑ , ↑↑ ou ↑↑↑ ↑VLDL ↑ Prébêta
à lactescent TG/CT > 2,5
(en g/l)
Exogènes (très rares) Type I Surnageant N, ↓ ou ↑ ↓ ↓ ↑↑↑ Chylomicrons Chylomicrons
crémeux
type V id. + lactescent N, ↓ ou ↑ ↓ ↓ ↑↑↑ Chylomicrons + Chylomicrons +
↑VLDL prébêta
CT : cholestérol total ; LDL-C : low density lipoprotein cholesterol ; HDL-C : high density lipoprotein cholesterol ; TG : triglycérides.
le gemfibrozil) en raison du risque de potentialisation de En cas d’échec ou de résultats insuffisants après 3 à 6 mois
toxicité musculaire. Dans de très rares cas, notamment de de prise en charge diététique, un traitement médicamenteux est
dyslipidémies mixtes sévères en prévention secondaire, une telle indiqué :
association peut être néanmoins nécessaire sous surveillance • chez les patients gardant des TG supérieurs à 4 g/l pour
étroite. prévenir le risque de pancréatite ;
• chez les patients gardant des TG supérieurs à 2 g/l en cas de
Objectifs thérapeutiques diabète associé, ou d’hypo-HDL-émie associée (ce qui est
fréquemment le cas), car cela représente alors un risque
Les objectifs thérapeutiques sont individuels car il n’existe pas cardiovasculaire élevé.
de preuve absolue pour définir des seuils. Toutefois, ils peuvent Les niveaux d’intervention pour une élévation associée du
être modulés en fonction des autres FdR associés et du risque LDL-C sont identiques à ceux d’une élévation isolée du LDL-C.
global. En prévention secondaire, la valeur cible est inférieure à
1 g/l avec des données récentes en faveur d’un objectif encore
plus bas. Toutefois, le rapport bénéfice/risque de cette attitude Comment traiter ?
reste à évaluer.
Les dyslipidémies comportant une HTG sont fréquentes et
particulièrement sensibles à la diététique. Il est indispensable
■ Conduite à tenir devant d’obtenir la réduction d’un excès de poids, la réduction des
apports en glucides simples et en alcool. Il est également
une élévation isolée ou associée important d’insister sur la pratique d’une activité physique
régulière.
des triglycérides La diététique est adaptée en fonction de la dépendance :
• suppression de l’alcool et limitation des fruits (sensibilité
Affirmer le diagnostic croisée entre fructose et alcool) dans la forme alcoolodépen-
dante qui n’est pas la plus fréquente ;
On distingue en pratique (Tableau 2) : • limitation plus draconienne des sucres purs dans la forme
• l’hypertriglycéridémie endogène par augmentation isolée des
glucidodépendante ;
very low density lipoprotein (VLDL) (type IV) avec une élévation
• limitation calorique chez les sujets en surpoids.
dominante des TG. Le taux de CT est normal ou élevé par
« entraînement » (les VLDL contiennent quatre fois plus de Dans les hyperlipémies mixtes, on y associe les conseils
TG que de cholestérol) ; donnés dans l’hypercholestérolémie.
• les hyperlipidémies mixtes (type IIb, type III) : le CT et les TG Dans l’hypertriglycéridémie pure restant à plus de 4 g/l
sont élevés dans des proportions voisines par augmentation malgré la diététique, le traitement de première intention est
des particules VLDL, mais aussi LDL (intermediate density représenté par les fibrates de seconde génération. Les mécanis-
lipoprotein [IDL] dans le rare type III). mes d’action des fibrates sont maintenant éclaircis et passent
Nous ne détaillerons pas ici l’exceptionnelle hypertriglycéri- principalement par l’activation du PPARa (peroxisome proliferator
démie (HTG) exogène de type I (hyperchylomicronémie) dont activated receptor de type alpha) entraînant une activation de la
la prise en charge spécialisée est exclusivement diététique lipoprotéine lipase (enzyme primordiale de la dégradation des
(régime avec un apport lipidique limité à 10 % de l’apport particules riches en triglycérides) et une diminution de la
calorique). synthèse des VLDL. On observe ainsi un abaissement des VLDL
et des TG d’environ 50 %, et un abaissement du CT de 20 à
30 % aux dépens du LDL-C alors que le HDL-C augmente
Quand traiter ? d’environ 10 %.
Une HTG supérieure à 10 g/l représente une « urgence » avec Les différents fibrates sont très proches, mais la réponse
un risque de pancréatite pouvant justifier une hospitalisation. individuelle est variable et peut justifier, en cas d’échec d’un
Une intervention diététique est justifiée chez tous les patients premier, l’essai d’un autre. Tous peuvent être donnés en une
dont les TG sont supérieurs à 2 g/l. seule prise : fénofibrate 100 et 300 mg, micronisé 67, 160 et 200
L. Foubert (lucfoubert@orange.fr).
Hôpital Foch, 40, rue Worth, 92151 Suresnes, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Foubert L. Élévation du cholestérol et/ou des triglycérides. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de
Médecine Akos, 1-1199, 2008.
1-1400
■
Introduction
■
dosage de l’activité sérique ne permet pas de évocatrice d’une maladie biliaire. Au cours des
Élévation de l’activité des PAL
reconnaître les différentes isoformes. Il existe au cours des maladies maladies du foie, l’activité de la c-GT sérique est
cependant des techniques biochimiques permettant hépatobiliaires constamment élevée, sauf au cours des
de les séparer. À l’état basal, la moitié de l’activité de exceptionnelles cholestases intrahépatocytaires
‚ Signification
la PAL sérique est d’origine hépatique. (fig 4).
En pratique courante, la découverte d’une La PAL hépatocytaire est une enzyme L’examen indispensable, lorsque l’on suspecte
élévation de l’activité de la PAL sérique doit faire membranaire, localisée principalement au pôle une élévation de la PAL d’origine hépatique, est
évoquer une pathologie hépatique, plus canaliculaire de l’hépatocyte (fig 2). Au cours des l’échographie hépatique. Elle permet de
particulièrement biliaire, ou une pathologie
rhumatologique (fig 1). L’examen utilisé en pratique 2 Localisation de la pho-
courante pour orienter les investigations vers une 1 phatase alcaline (PAL)
maladie hépatique est le dosage de l’activité sérique au pôle canaliculaire de
l’hépatocyte à l’état phy-
siologique. 1. Hépatocy-
tes ; 2. PAL ; 3. canalicule
PAL augmentée
biliaire.
2
Dosage de la γ−GT
Normale Élevée
Cholestase intrahépatocytaire
1
1-1400 - Élévation sérique de l’activité des phosphatases alcalines
Cholestase extrahépatique
3 Localisation de la
1 Un obstacle au niveau des voies biliaires
phos-phatase alcaline
(PAL) sur toute la surface extrahépatiques se traduit échographiquement par
membranaire de l’hépa- une dilatation des voies biliaires extra- et
tocyte au cours de la intrahépatiques.
cholestase. 1. Hépatocy-
tes ; 2. PAL ; 3. canalicule Cirrhose ou maladie chronique du foie
biliaire. Quelle qu’en soit la cause (tableau II), une cirrhose
2
peut s’accompagner d’une élévation de l’activité de
la PAL. En présence de signes évocateurs de cirrhose
[ascite, hypertension portale (varices œsopha-
g i e n n e s ) , i n s uffi s a n c e h é p a t o c e l l u l a i r e
(hypoalbuminémie, diminution du taux de
prothrombine et de l’activité sérique du facteur V,
hyperbilirubinémie)], le diagnostic positif sera
confirmé par la biopsie hépatique. Cependant, la
3 cirrhose ne s’accompagne pas obligatoirement de
signes cliniques ou biologiques évocateurs. Elle peut
être de découverte fortuite à l’examen histologique
du foie. Une cirrhose associée à une élévation des
4 Différentes formes de PAL supérieure à trois fois la normale doit faire
cholestase. 1. Hépatocyte : évoquer, en premier lieu, une origine biliaire
cholestase intrahépatocy- (cirrhose biliaire secondaire ou primitive, cholangite
taire ; 2. voies biliaires sclérosante primitive).
intralobulaires : choles-
tase caralaire ; 3. voies bi- Cytolyse aiguë
1 liaires intra- et extra-
Une élévation de la PAL importante (supérieure à
hépatiques.
6 deux fois la normale) au cours d’un épisode
d’élévation brutal et important (supérieur à dix fois la
2 5 normale) de l’activité des transaminases n’est pas
courante. Elle doit faire, en premier lieu, évoquer la
migration d’un calcul biliaire à travers le sphincter
d’Oddi. Le tableau classique de douleur biliaire
précédent l’élévation des transaminases n’est pas
toujours retrouvé. Pour faire le diagnostic, on doit
s’aider :
– d’un dosage de l’amylase et de la lipase, dont
3
4 l’élévation est en faveur d’une réaction pancréatique
associée à l’arrêt du calcul dans l’ampoule de Vater ;
– d’une échographie hépatique, qui peut montrer
une lithiase dans la voie biliaire ou une dilatation de
la voie biliaire.
diagnostiquer une dilatation des voies biliaires intra- facteur V). L’échographie abdominale oriente le
Cependant, l’échographie abdominale peut aussi
ou extrahépatiques, une hépatomégalie homogène diagnostic (fig 5). Le tableau I résume les causes de
être normale ou ne retrouver qu’un calcul
ou non, de donner des arguments en faveur d’une maladies biliaires les plus fréquentes.
vésiculaire. Dans ce cas, le diagnostic peut être fait
maladie chronique du foie (circulation collatérale
par l’échoendoscopie et/ou la cholangiographie
abdominale, splénomégalie, dysmorphie hépatique),
rétrograde.
de déceler la présence d’une tumeur pancréatique,
Les autres causes de cytolyse aiguë associées à
d’adénopathies intra-abdominales. Dans la majorité
une élévation importante des PAL sont plus rares. Il
des cas, elle permet de faire la différence entre une PAL s’agit essentiellement des hépatopathies
cholestase extra- et intrahépatique (cholestase γGT
auto-immunes dans leur forme frontière avec la
canalaire, cholestase intrahépatocytaire) (fig 4).
cirrhose biliaire primitive et de certaines hépatites
Échographie abdominale médicamenteuses (dextropropoxyphène,
‚ Élévation de l’activité des PAL associée à
chlorpromazine, macrolides, acide clavulani-
un tableau clinique particulier
Normale Anormale que-ampicilline...).
ou
Maladie biliaire Hépatomégalie Altération de l’état général, amaigrissement,
L’association d’une douleur hépatique, d’un prurit, fièvre et hépatomégalie associés
Échoendoscopie à un syndrome inflammatoire biologique
d’un ictère, d’une fièvre, doivent faire évoquer une Cholangiographie
maladie biliaire. Ces signes cliniques peuvent être rétrograde Ces signes cliniques et biologiques, parfois
associés ou isolés. Biologiquement, on observe un Biopsie hépatique associés à un ictère, sont évocateurs d’une
syndrome de cholestase (augmentation de l’activité pathologie néoplasique ou d’une granulomatose
de la PAL, de la c-GT, parfois associée à une 5 Conduite à tenir devant une élévation sérique hépatique. L’échographie abdominale sera l’examen
élévation de la bilirubinémie conjuguée, de la de l’activité des phosphatases alcalines (PAL) d’ori- de choix (fig 6). Une dilatation des voies biliaires
cholestérolémie et une diminution du taux de gine hépatique. c-GT : gammaglutamyl-transpep- extrahépatiques oriente vers une maladie
tidase.
prothrombine, sans diminution de l’activité du néoplasique d’origine pancréatique.
2
Élévation sérique de l’activité des phosphatases alcalines - 1-1400
■
Élévation de l’activité sérique Le remodelage osseux est la résultante de deux les PAL s’élèvent. Ainsi, les taux sériques peuvent
des PAL au cours des maladies activités cellulaires étroitement liées : les ostéoblastes dépasser les normes usuelles établies chez l’adulte,
osseuses qui élaborent l’os jeune (apposition puis sans excéder cependant deux fois la normale.
minéralisation de la matrice protéique), et les La ménopause est aussi une période d’accélé-
ostéoclastes qui résorbent l’os vieilli. Seuls les ration du remodelage osseux, mais plus aux dépens
‚ Signification ostéoblastes possèdent l’activité PAL : ces enzymes de la résorption que de la formation. Les PAL
tiennent un rôle fondamental dans la minéralisation sériques atteignent alors volontiers les normes
Chez le sujet sain, les PAL osseuses et les PAL du tissu osseux. Elles sont un marqueur du supérieures, mais les dépassent rarement.
hépatiques représentent chacune près de 50 % de remodelage osseux, et plus précisément de l’activité
l’activité totale des PAL sériques. Leur structure est ostéoblastique, ou de la formation osseuse. ‚ Maladies osseuses avec augmentation
très proche car elles sont codées par le même gène
des phosphatases alcalines (fig 7)
et ne diffèrent que par des modifications ‚ Variations physiologiques
post-traductionnelles. Il est possible, en utilisant les L’augmentation des PAL, au cours d’une
anticorps monoclonaux, de doser spécifiquement La puberté est la période de croissance osseuse maladie osseuse, témoigne de l’intensification de
l’isoenzyme osseuse des PAL. Ce dosage n’a maximale, où près de 50 % de la masse osseuse est la formation osseuse ou de la fonction
cependant pas d’intérêt clinique pratique. acquise. L’activité ostéoblastique est alors intense et ostéoblastique.
3
1-1400 - Élévation sérique de l’activité des phosphatases alcalines
4
Élévation sérique de l’activité des phosphatases alcalines - 1-1400
L’augmentation des PAL est aussi un stigmate des Fluorose osseuse Les ostéoblastes, ainsi stimulés, voient leur activité
grandes hyperparathyroïdies secondaires qui PAL augmenter. Malheureusement, cette stimulation
peuvent survenir au cours de l’ostéodystrophie Elle résulte d’une intoxication prolongée par de excessive conduit à la formation d’un os de
rénale des hémodialysés chroniques. fortes quantités de fluor. Les principales causes mauvaise qualité et de moindre résistance.
d’intoxication fluorée sont : apport hydrique excessif En pratique, la fluorose peut être source de
En pratique, le diagnostic d’hyperparathyroïdie en eau richement fluorée (Saint-Yorre Royale), douleurs osseuses et de fractures. Elle se caractérise
est porté grâce au dosage conjoint de la calcémie, de fluorose tellurique ou industrielle, fluorose iatrogène par une ostéocondensation diffuse. Le diagnostic est
la phosphorémie, de la créatininémie et de la (acide niflumique et fluorure de sodium). Le fluor est, confirmé par le dosage de la fluorurie des 24 heures
parathormone. en effet, un puissant anabolisant des ostéoblastes. ou par la biopsie osseuse.
Toute référence à cet article doit porter la mention : S Hillaire et C Brousse. Élévation sérique de l’activité des phosphatases alcalines.
Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1400, 1998, 5 p
5
¶ 1-1260
La pancréatite aiguë est une pathologie inflammatoire qui peut rester localisée au pancréas ou être plus
sévère avec détresse multiviscérale et décès dans 5 % des pancréatites. Un marqueur biologique idéal de
pancréatite aiguë devrait permettre d’établir un diagnostic à l’admission, d’évaluer la sévérité de
l’atteinte et de reconnaître l’étiologie. Aucun test biologique ne remplit ces critères. Le diagnostic de
pancréatite aiguë doit associer la présence d’une douleur abdominale aiguë à une augmentation
importante d’enzymes pancréatiques dans le sérum ou l’urine. L’amylase et la lipase restent les dosages
de choix pour le diagnostic de pancréatite aiguë. Le trypsinogène-2 urinaire, lorsqu’il est normal, permet
d’exclure le diagnostic de pancréatite aiguë. Une hypertransaminasémie constatée à l’admission est très
en faveur d’une étiologie biliaire. Une origine métabolique est à suspecter en cas d’hypertriglycéridémie
ou d’hypercalcémie. De nombreux scores de gravité ont été proposés pour évaluer la sévérité de l’atteinte
après 48 heures. La C reactive protein avec un taux sérique > 150 mg/l reste le marqueur le plus répandu
pour évaluer la sévérité de l’atteinte. Mais il s’agit d’un marqueur trop tardif (48-72 h), ce qui explique la
recherche de nouveaux marqueurs biologiques pas encore tous validés ni accessibles.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Tableau 1.
Douleurs abdominales compatibles avec le diagnostic de PA Étiologies des hyperamylasémies.
Syndromes douloureux abdominaux
Maladies du pancréas
1re étape : diagnostic : lipasémie en urgence
Pancréatite aiguë biliaire
Pancréatite aiguë alcoolique sur pancréatite chronique
Pancréatite aiguë médicamenteuse
>3N Traumatisme
> N et < 3 N
Cancer pancréatique
Syndrome abdominaux aigus extrapancréatiques
Compatible PA très probable Perforation d’ulcère
avec le diagnostic Pas d'apport diagnostique Occlusion intestinale
de PA du scanner
Infarctus du mésentère
Péritonite de causes variées
Scanner Grossesse extra-utérine
Salpingite
Appendicite aiguë
2e étape : étiologie Dissection aortique
En dehors de tout syndrome abdominal
Affections des glandes salivaires et parotidiennes
Lithiase : Alcool : Parotidites
sexe féminin anamnèse Lithiase salivaire
> 50 ans biologie en Stimulation des glandes salivaires et parotidiennes par :
ALAT > 3 N faveur - alcoolisme
- boulimie
3e étape : gravité - postfibroscopie gastrique
Production ectopique par des tumeurs : ovaire, prostate
est une détection urinaire rapide dans les centres ne disposant complémentaire à distance de l’épisode aigu est essentiellement
pas de laboratoire de garde. « morphologique ». Ce bilan comporte dans un premier temps
un bilan biologique simple et des explorations à visée biliopan-
créatique. Une fois ce bilan effectué et en cas de négativité,
■ Critères biologiques étiologiques certaines explorations, notamment à visée génétique ou immu-
nologique, sont proposées.
Pancréatites aiguës d’origine alcoolique Cause métabolique
ou biliaire
Le bilan biologique permet de confirmer une éventuelle cause
En France, les deux causes les plus fréquentes de PA sont la métabolique. Pour pouvoir être retenue comme cause de PA, il
lithiase biliaire (45 %) et l’alcoolisme (35 %) qui représentent faut que l’élévation des triglycérides soit importante,
80 % des causes de PA. > 10 mmol/l. L’élévation des triglycérides est le plus souvent
L’origine biliaire d’une pancréatite est à rechercher en priorité fugace, en sorte que le dosage doit être demandé au moment de
chez des patients de plus de 50 ans surtout de sexe féminin la poussée douloureuse et non secondairement lorsque le bilan
(2 fois plus fréquent). L’intoxication alcoolique est plus fré- étiologique de la PA est négatif. En l’absence de dosage des
quente dans la population masculine. Dans 5 à 10 % des cas, il triglycérides, la présence d’un sérum lactescent est évocateur.
n’est pas retrouvé de cause [6-8] (Tableau 2). Par ailleurs, une interférence avec la méthode de dosage de
• L’alcool est la principale cause de la pancréatite chronique l’amylase due à la présence d’un inhibiteur pourrait expliquer la
calcifiante. Au cours de la PA survenant sur une pancréatite constatation qu’en cas d’hypertriglycéridémie, l’amylase n’est
chronique alcoolique, l’élévation des enzymes est moins augmentée que dans un cas sur deux [1] . L’hypercalcémie,
importante en cas de pancréatite d’origine alcoolique que comme facteur de risque de PA, est très difficile à diagnostiquer.
biliaire ; certains auteurs ont proposé, pour distinguer ces Un bilan phosphocalcique sur 3 jours est nécessaire ainsi qu’un
deux causes, d’utiliser le rapport lipase/amylase calculé sur dosage du phosphore et de la parathormone. La calcémie, dans
des mesures d’activités enzymatiques effectuées rapidement les formes sévères nécrosantes, peut être faussement normale ou
après le début des symptômes. Un rapport supérieur à 2 serait basse.
en faveur de l’origine alcoolique de la pancréatite.
• Au cours de la PA biliaire, les taux des enzymes pancréatiques Cause obstructive
sont plus élevés que dans les PA d’origine alcoolique, la PA Une cause obstructive, en particulier néoplasique, doit être
survenant sur un pancréas sain. Il s’y associe souvent une recherchée à distance de l’épisode aigu par un bilan radiologique.
élévation des transaminases, alanine-aminotransférase (ALAT)
surtout, importante et rapidement régressive. Différents scores Pancréatite aiguë iatrogène ou traumatique
ont été proposés pour rattacher la PA à une origine biliaire.
Parmi eux, le score de Blamey identifie cinq facteurs : L’interrogatoire et le contexte clinique permettent d’emblée
phosphatases alcalines > 300 U/l, âge > 50 ans, ALAT > d’évoquer une PA iatrogène ou traumatique (cholangiopancréa-
100 U/l, sexe féminin et amylase > 4 000 U/l. La fréquence de tographie rétrograde endoscopique [CPRE], postopératoire ou
la pancréatite d’origine lithiasique varie de 5 % lorsque aucun médicamenteuse). Après CPRE, l’élévation des enzymes est
de ces facteurs n’est présent, à 100 % lorsque les cinq sont fréquente, observée dans 40 à 50 % des cas, en l’absence de
présents. Le diagnostic de l’origine biliaire peut être prédit par manifestations cliniques de PA. Mais une authentique PA peut
une formule associant l’âge, le sexe et les ALAT. compliquer une CPRE dans 1 à 3 % des examens. Des condi-
Une élévation des ALAT à plus de 3 fois la limite supérieure tions techniques peuvent favoriser cette complication telles
de la normale chez un malade non alcoolique a une valeur qu’une injection sous forte pression dans le canal de Wirsung,
prédictive de 95 % pour l’origine lithiasique de la PA [9] . des canulations répétées de la papille, l’osmolarité du produit de
Cependant, 10 à 15 % des patients avec une PA biliaire ont une contraste utilisé... Certaines pathologies prédisposent plus à
bilirubinémie et des enzymes hépatiques normales. cette complication : la PA est une complication plus fréquente
À côté des éléments biologiques, les critères morphologiques lorsque le pancréas est sain que pathologique, elle est plus
sont bien entendu essentiels. fréquente en cas de pseudokyste du pancréas, sténose du canal
de Wirsung, dysfonction du sphincter d’Oddi, lorsqu’une
sphinctérotomie est réalisée sur une voie biliaire fine... Dans les
Diagnostic d’une pancréatite aiguë PA survenant après un traumatisme, habituellement violent,
non alcoolique et non biliaire l’atteinte directe du pancréas est évoquée.
Avant de conclure qu’une PA est idiopathique, il faut recher- Pancréatite médicamenteuse
cher toute autre cause, en particulier en cas de récidive. Le bilan
Le diagnostic de pancréatite médicamenteuse [7] est un
diagnostic d’élimination qui repose sur une présomption de
Tableau 2. preuves. Il convient de distinguer les pancréatites biologiques
Principaux facteurs de risques pour une pancréatite aiguë. caractérisées par une élévation souvent modérée des enzymes
Lithiase du cholédoque pancréatiques ne s’accompagnant ni de douleurs abdominales
Alcoolisme chronique
ni de signes scanographiques de PA, et les authentiques PA. Les
délais de survenue entre la prise médicamenteuse et la survenue
Anomalies anatomiques ou fonctionnelles (pancréas divisum, dysfonc-
de la PA varient le plus souvent entre quelques heures et jusqu’à
tionnement sphincter d’Oddi)
3 mois. À l’arrêt du médicament, on constate une régression
Anomalies vasculaires
rapide de l’amylasémie (quelques jours à 3 semaines) et surtout
Maladies dysimmunitaires (lupus érythémateux disséminé) ou maladies l’absence de récidive de la pancréatite. Un recul de plus d’une
chroniques inflammatoires des intestins année sans récidive est un critère supplémentaire important. Le
Tumeurs pancréatiques ou de l’ampoule fichier Pancréatox® recense les observations de pancréatites
Post-CPRE ou post-traumatique médicamenteuses (Tableau 3).
Hypertriglycéridémie
Hypercalcémie, hyperparathyroïdie
Autres causes
Infections : bactériennes, virales, parasitaires, fongiques D’autres causes plus rares sont à rechercher en fonction du
Hypothermie contexte clinique.
• Les PA d’origine génétique doivent être recherchées chez un
Prises de médicaments (voir liste Tableau 3)
sujet jeune : pancréatite chronique héréditaire ou mucovisci-
Idiopathiques
dose. Il existe de rares formes familiales de PA survenant sur
CPRE : cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique. pancréatite chronique [8]. Une mutation du gène codant pour
Tableau 3. Tableau 4.
PA médicamenteuses : principaux médicaments incriminés. La liste peut Score de Ranson.
être complétée en consultant la référence [7] ou le fichier informatisé
À l’admission
Pancréatox®.
Âge > 55 ans
Acide valproïque (Dépakine®) Glycémie > 2 g/l (10 mmol/l)
L-asparaginase Globules blancs > 16 000/mm3
Azathioprine (Imurel®) Lactate déshydrogénase > 350 Ul
Codéine ALAT > 250 Ul
Didanosine (Videx®)
À la 48e heure
Furosémide (Lasilix®)
Hématocrite Diminution > 10 %
Losartan (Cozaar®, Hyzaar®)
Calcémie < 2 mmol/l
Mercaptopurine (Purinéthol®)
Déficit en base > 4 mmol/l
Mésalazine (Pentasa®, Rowasa®)
Urée Augmentation > 1,8 mmol/l
Méthyldopa (Aldomet®)
®
Séquestration liquidienne >6l
Métronidazole (Flagyl )
PaO2 < 60 mmHg
Pentamidine (Pentacarinat®)
ALAT : alanine aminotransférase.
Stibogluconate
®
Sulfasalazine (Salazopyrine )
Sulindac (Arthrocine®) la PA. Il s’agit à la fois de scores spécifiques de la PA : scores de
Tétracycline Ranson, IMRIE, Glasgow mais aussi de scores « généralistes » de
gravité de patients en milieu de réanimation : score Acute
PA : pancréatite aiguë. Physiology and Chronic Health Evaluation (APACHE) II [10].
Des dosages biologiques spécifiques ont été proposés pour
évaluer la sévérité de la PA. Ils sont directement en lien avec la
le trypsinogène entraîne une moindre sensibilité de la physiopathologie : libération ou synthèse de différentes subs-
trypsine aux inhibiteurs présents dans le pancréas avec tances dont le dosage permet d’appréhender la sévérité de la PA.
autoactivation spontanée. La pénétrance est incomplète,
puisque 17 % des patients présentant une mutation n’ont pas
de symptôme de pancréatite. Le second gène mis en cause Scores multifactoriels de gravité
dans les familles atteintes de pancréatite chronique hérédi-
taire est le gène serine protease inhibitor Kazal de type 1
Score de Ranson
(SPINK1), qui code un inhibiteur du trypsinogène cationique. Le score de Ranson (Tableau 4) est le plus classique. Onze
Les mutations sont trouvées avec une fréquence importante paramètres sont à recueillir sur 48 heures pour permettre, dans
dans la pancréatite tropicale. La mucoviscidose caractérisée une population de pancréatites majoritairement d’origine
par des mutations du gène cystic fibrosis transmembrane alcoolique, de définir les PA graves au-delà d’un score associant
conductance regulator (CFTR) peut se manifester par une trois critères.
insuffisance pancréatique exocrine qui peut être au premier Le nombre de critères a été réduit à neuf dans le score
plan dans les formes mineures au niveau pulmonaire. La PA d’IMRIE, score modifié à nouveau par Glasgow puis Blamey. Ces
est rare, observée chez 1 à 3 % des patients. Un millier de modifications ont pour but d’adapter le score à toutes les
mutations ont été décrites, d’expression phénotypique très étiologies (alcooliques, biliaires et autres) et de simplifier le
variée. recueil des données difficiles à évaluer (séquestration liqui-
• Les PA associées aux maladies inflammatoires ou dysimmuni- dienne). Mais l’inconvénient de tous ces scores reste de ne
taires. Les PA survenant au cours des maladies systémiques ou pouvoir être utilisé que dans les 48 premières heures.
des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin sont
vraisemblablement sous-estimées et encore peu connues. Score APACHE II
La pancréatite auto-immune se révèle rarement par une PA. Son intérêt majeur réside dans la possibilité d’établir ce score
Les PA s’observent dans 1 % des maladies chroniques inflam- à l’admission et dans les 24 heures. Il est répétitif et permet une
matoires des intestins telle la maladie de Crohn. La plupart des évaluation quotidienne, un suivi régulier de l’évolution de la
PA survenant sur ce terrain de maladies chroniques inflamma- maladie et le dépistage des complications.
toires des intestins sont silencieuses.
Dans 25 % des cas de maladie cœliaque, on trouve une Score « Bun Age LDH Il6 » (BALI)
augmentation des enzymes pancréatiques sans aucune manifes-
Récemment, un score simple de gravité a été proposé, le score
tation clinique.
BALI, à quatre critères. Ses performances sont superposables à
La fréquence des pancréatites au cours du lupus érythémateux
celles des autres scores en termes de prédiction de mortalité et
disséminé est de 1 à 8 % des cas. Des PA ont été décrites au
morbidité [11]. Ce score est très proche du score décrit par Ueda
cours des vascularites, en particulier dans la périartérite
et al. qui associe examens biologiques et radiologiques [12]. Trois
noueuse.
critères sont évalués à l’admission le plus souvent dans les
72 heures après le début des symptômes. Une urée supérieure à
Pancréatite aiguë idiopathique
8,5 mmol/l et une lacticodéshydrogénase supérieure à 900 UI/l
Malgré des investigations en plusieurs phases, un certain associées à la présence, à l’examen tomodensitométrique, d’une
nombre de PA demeurent idiopathiques. Dans les formes nécrose pancréatique, ont une valeur prédictive positive (VPP),
récidivantes, il ne faut pas hésiter à répéter ces investigations à en termes de mortalité, de 67 %.
la recherche d’une cause.
Marqueurs biologiques de gravité
■ Critères biologiques de sévérité Les marqueurs biologiques devraient permettre un diagnostic
fiable et très précoce de sévérité. Cependant, tous les dosages ne
La gravité de la maladie dépend de son étiologie, du terrain sont pas de pratique courante.
sur lequel elle survient, des pathologies associées, mais surtout
de la nature et de l’importance des lésions pancréatiques et Amylasémie et lipasémie
particulièrement d’une nécrose et de sa surinfection. De L’importance de l’élévation enzymatique, qui a une valeur
nombreux scores ont été proposés pour apprécier la gravité de diagnostique incontestée, n’a aucune valeur pronostique.
Marqueurs de l’activation des protéases le plus largement utilisé. Le dosage journalier de la PCT, voire
pancréatiques et dosage des antiprotéases celui de la phospholipase A2, de pratique moins courante,
devrait permettre un diagnostic non invasif de nécrose infectée.
La synthèse des enzymes digestives sous forme de proenzyme
est un mécanisme de défense du pancréas contre l’autodiges-
tion. L’activation intrapancréatique prématurée du trypsinogène
en trypsine est très précoce. Elle se traduit par la libération d’un
peptide d’activation du trypsinogène (TAP) de huit acides
aminés éliminé dans l’urine. Un taux urinaire < 10 nmol/l
“ Points forts
48 heures après l’admission aurait une valeur prédictive néga-
• L’amylase a longtemps été considérée comme l’examen
tive (VPN) de 100 en termes de gravité [13].
de référence en cas de suspicion de PA. Cette enzyme est
De la même manière, il se forme un peptide d’activation de
peu spécifique du pancréas. Elle s’élève rapidement lors
la carboxypeptidase : CAPAP, ou de la phospholipase A2 : PLAP.
des douleurs et revient à la normale en 3 à 4 jours.
Ces peptides d’activation sont de bons marqueurs d’évaluation
L’amylasurie se normalise plus tardivement et peut
de la sévérité de la PA. Leur valeur pronostique est supérieure à
celle des peptides correspondants (trypsine, carboxy-
permettre un diagnostic rétrospectif.
• La lipase est l’enzyme de référence et doit être la seule
peptides) [14].
enzyme à doser en cas de PA. Sa normalisation est plus
lente que celle de l’amylase.
Marqueurs de l’activation des polynucléaires
• Le trypsinogène de type 2 urinaire a une forte valeur
et macrophages
prédictive négative et peut être utilisé pour éliminer une
Les concentrations sériques en marqueurs de l’activation des PA dans les centres ne disposant pas d’un laboratoire de
polynucléaires (PMN)-élastase et de la phospholipase A2, garde.
marqueur de l’activité phagocytaire impliquée dans le dévelop- • Les transaminases dosées précocement, lorsqu’elles
pement de la nécrose pancréatique, intéressantes au plan sont élevées, ont une valeur en faveur de l’origine biliaire
physiopathologique, sont peu utilisées en pratique. de la PA.
• La biologie est d’une aide médiocre au diagnostic de
Cytokines gravité. Seule l’élévation de la CRP à plus de 150 mg/l
Ces protéines de faible poids moléculaire sont impliquées 48 heures après l’admission a une certaine valeur
dans les processus inflammatoires, y compris la PA. Leur rôle pronostique.
pathologique dans la destruction tissulaire au niveau local et
dans le développement de complications systémiques n’est plus .
controversé.
Le tumor necrosis factor (TNF) alpha et l’interleukine (IL) 1b, ■ Références
premières cytokines pro-inflammatoires de la réponse, ne sont
pas de bons indicateurs biologiques de gravité. [1] Yadav D,Agarwal N, Pitchumoni CS.Acritical evaluation of laboratory
L’IL6 apparaît être le plus utile pour détecter précocement la tests in acute pancreatitis. Am J Gastroenterol 2002;97:1309-18.
gravité d’une PA mais sa limite d’utilisation est l’accessibilité du [2] Matull WR, Pereira SP, O’Donohue JW. Biochemical markers of acute
dosage en urgence. pancreatitis. J Clin Pathol 2006;59:340-4.
[3] Yang RW, Shao ZX, Chen YY, Yin Z, Wang WJ. Lipase and pancreatic
amylase activities in diagnosis of acute pancreatitis in patients with
Protéines de l’inflammation hyperamylasemia. Hepatobiliary Pancreat Dis Int 2005;4:600-3.
La C reactive protein (CRP) est un marqueur non spécifique [4] Conférence de consensus. Pancréatite aiguë. Conclusions et recom-
d’inflammation facile à obtenir en urgence. Son taux est mandation du jury-textes long et court (Paris, 25-26 janvier 2001).
proportionnel à celui de l’IL6 mais avec un pic retardé de 48 à Gastroenterol Clin Biol 2001;25:177-92.
72 heures. [5] Kemppainen EA, Hedstrom JI, Puolakkainen PA, Saino VS,
Haapiainen RK, Perhoniemi V, et al. Rapid measurement of urinary
Une valeur > 150 mg/l 48 heures après l’admission signe une
trypsinogen-2 as a screening test for acute pancreatitis. N Engl J Med
forme sévère avec une sensibilité de 67 à 100 % selon les
1997;336:1788-93.
études [15].
[6] Buscail L, Bournet B, Andrau P, Escourrou J. Quels examens devant
La procalcitonine (PCT) a été proposée comme critère dia- une pancréatite aiguë non A non B ? Gastroenterol Clin Biol 2007;31:
gnostique non invasif d’infection du pancréas nécrosé. Dans 227-32.
deux études [15, 16], le dosage réalisé précocement 12 à 24 heures [7] Badalov N, Baradarian R, Iswara K, Li J, Steinberg W, Tenner S. Drug-
après l’admission a une VPN de 92 et 84 %. Cette valeur de la induced acute pancreatitis: An evidence-based review. Clin
PCT pour évaluer les patients à risques de complications Gastroenterol Hepatol 2007;5:648-61.
majeures a été confirmée par une étude prospective multicen- [8] Le Bodic L, Bignon JD, Raguenes O, Mercier B, Georgelin T,
trique en 2007 [17]. Schnee M, et al. The hereditary pancreatitis maps to long arm of chro-
mosome 7. Hum Mol Genet 1996;5:549-54.
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modern era of biliary imaging. Pancreas 2003;26:e32-e35.
[10] Banks PA. Freeman ML and the practice parameters committee of the
À l’heure actuelle, il faut privilégier le contexte clinique et en
American college of gastroenterology. Practice guidelines in acute
particulier la présence de douleurs abdominales dans l’interpré- pancreatitis. Am J Gastroenterol 2006;101:2379-400.
tation d’une élévation des enzymes pancréatiques. Leur éléva- [11] Spitzer AL, Barcia AM, Schell MT, Barber A, Norman J, Grendell J,
tion est d’autant plus fréquente que le dosage a été réalisé et al. Applying Ockham’s razor to pancreatitis prognostication: a four-
précocement. Conformément aux recommandations de la variable predictive model. Ann Surg 2006;243:380-8.
conférence de consensus sur la PA (2001), pour le diagnostic de [12] Ueda T, Takeyama Y, Yasuda T, Matsumura N, Sawa H, Nakajima T,
PA, la lipasémie seule devrait être dosée sans l’amylase. Une et al. Simple scoring system for the prediction of the prognosis of severe
élévation des transaminases à l’admission est à relier à une acute pancreatitis. Surgery 2007;141:51-8.
origine biliaire. Pour prédire la sévérité de la pancréatite, un [13] Rau B, Schilling MK, Beger HG. Laboratory markers of severe acute
taux de CRP > 150 mg/l à 48 heures reste encore le marqueur pancreatitis. Dig Dis 2004;22:247-57.
[14] Sáez J, Martínez J, Trigo C, Sánchez-Payá J, Luis Compañy L, Pour en savoir plus
Laveda R, et al. Clinical value or rapid urine trypsinogen-2 test strip,
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A. Boutron.
Laboratoire de biochimie, Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France.
C. Buffet (catherine.buffet@bct.aphp.fr).
Service d’hépatogastroentérologie, Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France.
Université Paris-sud F 91405.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Boutron A., Buffet C. Explorations biologiques des pancréatites aiguës. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Traité de Médecine Akos, 1-1260, 2008.
L’estimation de la fonction rénale est basée sur le dosage de substances endogènes mais aucune de ces
substances ne possède toutes les caractéristiques d’un marqueur idéal. La créatinine sérique reste le
moyen le plus simple pour évaluer la fonction rénale même si son dosage est affecté par de multiples
facteurs qui font varier son taux sérique sans modification de la fonction rénale. Son principal défaut est
de ne pas faire le diagnostic de l’insuffisance rénale débutante (débit de filtration glomérulaire compris
entre 120 et 60 ml/min) du fait d’une sécrétion tubulaire. La créatinine sérique est utilisée par les
formules de Cockcroft et modification of diet in renal disease (MDRD) qui permettent une approche plus
précise de la filtration glomérulaire. La performance relative des deux formules est à peu près identique
avec le même manque de précision dans certaines situations cliniques. L’urée sanguine et la clairance de
la créatinine endogène ne doivent pas être utilisées car ces deux méthodes sont soumises à de
nombreuses causes d’erreur. Les méthodes isotopiques sont précises mais réservées aux essais
thérapeutiques. L’évaluation de la fonction rénale reste un challenge pour le médecin.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Créatinine ; Formule de Cockcroft ; Formule MDRD ; Mesures de référence ; Cystatine C
Tableau 1. Tableau 3.
Classification de l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en Facteurs influençant la génération de créatinine.
santé (Anaes) de l’insuffisance rénale chronique (IRC).
Facteur Effet sur la créatinine sérique
Stade Clairance estimée par la Interprétation Âge Diminution
formule de Cockcroft
Sexe féminin Diminution
1 > 60 ml/min avec marqueurs Néphropathie chronique sans
d’atteinte rénale IRC Race (référence : race blanche)
2 Entre 60 et 30 ml/min IRC modérée - Noire Augmentation
3 Entre 30 et 15 ml/min IRC sévère - Hispanique Diminution
4 < 15 ml/min IRC terminale - Jaune Diminution
Les marqueurs d’atteinte rénale sont : la protéinurie > 0,3 g/j, la microalbuminurie Mode de vie
entre 30 et 300 mg/j, la leucocyturie > 5 103/ml ou 5/mm3, l’hématurie > 5 103/ml - Musculation Augmentation
ou 5/mm3, les anomalies du parenchyme rénal à l’échographie (petit rein,
hydronéphrose, atrophie segmentaire...), les anomalies histologiques (lésions - Amputation Diminution
vasculaires, interstitielles...). - Obésité Pas de modification
Affections chroniques
Tableau 2. - Malnutrition, inflammation Diminution
Classification américaine de la maladie rénale chronique (chronic kidney (cancer, maladies cardiovasculaires, Diminution
hospitalisation)
disease).
- Maladies neuromusculaires
Stade DFG estimé par la formule Description
MDRD Régime alimentaire
- Type végétarien Diminution
1 > 90 ml/min Maladie rénale chronique avec
DFG normal ou élevé - Type carné Augmentation
2 60 à 89 ml/min Maladie rénale chronique avec - Type protéine végétale ou poisson ou Pas de modification
diminution minime du DFG œuf
3 30 à 59 ml/min Diminution modérée du DFG Les variations de la masse musculaire sont le principal facteur de la variation de
génération de la créatinine.
4 15 à 29 ml/min Diminution sévère du DFG
5 < 15 ml/min Insuffisance rénale
DFG : débit de filtration glomérulaire ; MDRD : modification of diet in renal disease. Tableau 4.
La maladie rénale chronique est définie par une protéinurie persistante (> 0,3 g/j) Facteurs influençant les sorties de créatinine.
à deux occasions.
Facteur Effet sur la créatinine sérique
Insuffisance rénale Augmentation de la sécrétion tubu-
À l’inverse, une faible réabsorption tubulaire d’eau (comme laire : baisse de la créatinine sérique
au cours de toutes les polyuries) est associée à une diminu- Insuffisance rénale Augmentation de la sécrétion diges-
tion de l’urée sanguine. tive : baisse de la créatinine sérique
Le dosage de l’urée sanguine est parfois demandé par le
Médicaments (cimétidine Diminution de la sécrétion tubulaire :
néphrologue chez le malade insuffisant rénal chronique au et triméthoprime) augmentation de la créatinine sérique
stade terminal pour évaluer son intoxication azotée (stade 4 de
la classification de l’Agence nationale d’accréditation et d’éva- Orthostatisme/clinostatisme Augmentation en orthostatisme
luation en santé [Anaes] [1] ou stade 5 de la classification Jour/nuit Augmentation durant le jour
américaine de maladie rénale chronique [2]) (Tableaux 1, 2).
■ Formules permettant d’estimer • aux poids extrêmes (index de masse corporelle inférieur à
20 ou supérieur à 30) ou lorsque le poids ne reflète pas la
la clairance de la créatinine masse maigre (œdèmes) ;
ou le débit de filtration • chez les sujets ayant une fonction rénale normale (DFG
supérieur à 90 ml/min).
glomérulaire La clairance de Cockcroft est systématiquement calculée par
les laboratoires d’analyses de ville devant toute demande de
. Il existe de nombreuses formules permettant d’estimer la créatinine sérique depuis février 2003 à la suite d’une recom-
clairance de la créatinine ou le DFG à partir de la créatinine ou mandation de la Haute Autorité de santé (HAS).
de la cystatine C sérique [11-18].
Deux formules sont principalement utilisées : la formule de
Cockcroft [19] et la formule modification of diet in renal disease Formule MDRD
(MDRD) [6, 20].
Formule de Cockcroft
Formule de la clairance de Cockcroft et Gault “ Point fort
(140 – âge) × poids (en kg)
Chez l’homme : ————————————— Formule MDRD (estimation du débit de filtration
0,814 × créatinine (µmol/l)
glomérulaire)
(140 – âge) × poids (en kg) • Formule MDRD complète initiale :
Chez la femme : ————————————— × 0,85 170 × créatinine sérique–0,999 × âge–0,176 × 0,762 (pour
0,814 × créatinine (µmol/l)
une femme) × 1,18 (race noire) × urée sérique–0,170 ×
albuminémie+0,318
La clairance de Cockcroft doit être normalisée sur la surface
Après standardisation du dosage de la créatinine
corporelle.
sérique, le coefficient de correction n’est plus 170 mais
Surface corporelle (m2) : √ Poids (kg) × taille (cm)
————————————
3600
161,5.
• Formule MDRD abrégée initiale :
186,3 × créatinine sérique–1,154 × âge–0,203 × 0,742
Clairance (pour une femme) × 1,212 (race noire)
Clairance de Cockcroft normalisée : ————————— × 1,73
Surface corporelle Après standardisation du dosage de la créatinine
sérique, le coefficient de correction n’est plus 186,3 mais
La formule de Cockcroft est une estimation de la clairance de
175.
la créatinine endogène et non pas du DFG. En effet dans leur
• La créatinine sérique est en mg/dl.
travail, Cockcroft et Gault ont mis au point leur formule chez
• La clairance MDRD n’a pas à être corrigée pour la
des malades dont ils avaient mesuré la clairance de la créatinine
surface corporelle.
endogène à partir de deux dosages de la créatinurie des 24 heu-
res dont les résultats étaient très proches. Ils ont alors fait un
calcul de régression de la créatinurie des 24 heures en fonction
du poids et de l’âge. Les dosages ont été réalisés chez 250 mala-
des hospitalisés de race blanche, âgés de 18 à 92 ans. Il y avait La formule MDRD donne une estimation du DFG. Cette
peu de sujets âgés de plus de 80 ans (7 %) et peu de femmes formule a été mise au point en 1999 à partir de DFG mesurés
(4 %). par une méthode de référence (clairances isotopiques) et des
La corrélation entre la clairance calculée par la formule mise caractéristiques cliniques et biologiques (âge, sexe, poids, taille,
au point et la clairance de la créatinine endogène sur l’ensemble race, urée sanguine et albuminémie) de 1 628 patients. Une
de la population étudiée est bonne (r = 0,83) mais la dispersion grande partie de ces patients avait participé à une étude
des valeurs à l’échelon individuel est parfois importante. Chez conduite aux États-Unis dans les années 1990 sous l’acronyme
la femme, un coefficient de correction (-15 %) est appliqué sur MDRD [21]. Le but de cette étude était d’évaluer chez plus de
la base d’une créatinurie inférieure de 10 % à 20 % par rapport 800 malades insuffisants rénaux l’impact d’un régime limité en
à l’homme. À noter qu’il faut normaliser la valeur calculée par protéine sur la progression de la néphropathie.
la formule sur la surface corporelle. La complexité de la formule (même dans sa version simpli-
Les limites de cette formule sont évidentes car : fiée) nécessite un ordinateur de poche ou une calculatrice on
• elle donne une estimation de la clairance de la créatinine line (www.kdoqi.org → Professionals → Clinical tools → GFR
endogène dont on a vu l’imprécision (cf. supra) ; calculator). À l’inverse de la formule de Cockcroft, la formule
• elle n’est utilisable stricto sensu que chez les hommes, âgés MDRD est normalisée sur la surface corporelle.
de moins de 80 ans, de race blanche et en situation d’agres- La corrélation entre le DFG mesuré par une méthode de
sion (puisque tous les patients étaient hospitalisés). référence et le DFG estimé par la formule MDRD est bonne (r
Malgré ces limites, il faut systématiquement utiliser la = 0,88) et légèrement supérieure à celle de la formule de Cockcroft
formule de Cockcroft car : (cf. supra).
• elle aide à déterminer le stade d’insuffisance rénale chroni-
que, ce qui implique une prise en charge et une thérapeuti-
que adaptée ;
• elle a l’immense avantage d’éviter la surestimation de la
Performances comparées des deux formules
fonction rénale, en particulier chez les sujets âgés. pour évaluer la fonction rénale
En plus des limites liées à la conception de la formule, la
clairance de Cockcroft est imprécise : Plusieurs études ont comparé la performance des formules de
• aux âges extrêmes (plus de 75 ans et moins de 25 ans). Elle Cockcroft et MDRD pour évaluer la fonction rénale dans
n’est par ailleurs pas utilisable chez la femme enceinte et chez différentes populations et dans différentes situations clini-
l’enfant ; ques [20, 22-25]. Les résultats sont discordants. Certaines études
■ Références
.
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B. Dussol (bdussol@ap-hm.fr).
N. Jourde-Chiche.
Centre de néphrologie et de transplantation rénale, Hôpital de la Conception, 147, boulevard Baille, 13385 Marseille cedex 5, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Dussol B., Jourde-Chiche N. Fonction rénale : comment la mesurer ? Comment interpréter les mesures ?.
EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 1-1224, 2009.
1-1165
Hémostase : physiologie et
AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine
■
Physiologie et exploration
de l’hémostase : rappel
‚ Physiologie de l’hémostase [2]
Lésion vasculaire
1
1-1165 - Hémostase : physiologie et principaux tests d’exploration
Le TCA, le temps de Quick, le temps de première intention pour orienter le diagnostic sachant que leur sensibilité est limitée, notamment
saignement couplé à la numération de plaquettes étiologique d’un syndrome hémorragique. Les pour le dépistage des déficits mineurs. De même
permettent d’explorer respectivement les voies résultats de ces tests doivent être interprétés en certains déficits rares, mais parfois très graves,
intrinsèque et extrinsèque de la coagulation et tenant compte de l’existence de réactions peuvent ne pas être dépistés par ces examens. La
l’hémostase primaire. Ces tests sont utilisés en inflammatoires, d’une éventuelle grossesse, et en clinique prend alors toute son importance.
Toute référence à cet article doit porter la mention : MH Horellou, J Conard et M Samama. Hémostase : physiologie et principaux tests d’exploration.
Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1165, 2001, 2 p
Références
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(GEHT). Stratégie du diagnostic biologique des maladies hémorragiques et throm-
botiques constitutionnelles ou acquises. Sang Thromb Vaiss 1993 ; 5 : 5-14
2
1-1350
1-1350
Hypercalcémie
Encyclopédie Pratique de Médecine
D Joly
L a découverte d’une hypercalcémie est une situation devenue fréquente avec la généralisation de ce dosage
lors des bilans biologiques. Un individu sur 2 000 est concerné tous les ans.
© Elsevier, Paris.
■
Introduction Tableau I. – Hormones régulant la calcémie.
■
Rappel physiologique Erreur de dosage :
Erreur de prélèvement :
faire un second prélèvement
orthostatisme, période post prandiale et garrot veineux majorent artificielle-
ment la calcémie
Le calcium est le principal élément minéral de Erreur d’interprétation : tenir compte de l’albuminémie ou (à défaut) de la protidémie
l’organisme. Le calcium plasmatique total n’en
Calcémie totale corrigée (en mmol /L)
représente qu’une infime partie (1/1000 e ), = calcémie observée ± (40 - albuminémie) × 0,015.
schématiquement sous trois formes principales : lié à = calcémie observée / (0,55 + [protidémie: 160])
l’albumine (40 %), lié à certains anions (5 %), et libre
ionisé (55 %, biologiquement seul actif). * protidémie et albuminémie exprimées en g/L.
La calcémie totale est maintenue entre 2,2 et
souvent, on parle d’hypercalcémie lorsque la calcémie
2,6 mmol/L. Les « entrées » sont alimentaires
totale dépasse 2,6 mmol/L. Ce taux doit être interprété Tableau III. – Crise aiguë hypercalcémique.
(absorption digestive), osseuses (résorption), et
en fonction de l’albuminémie et du pH. En cas de
rénales (réabsorption tubulaire), tandis que les — Troubles de vigilance avec agitation, délire, et
variation importante de ces facteurs, le dosage de la parfois convulsions
« sorties » sont urinaires et fécales. L’équilibre
calcémie ionisée peut être utilisé : les valeurs normales — Douleurs abdominales pseudochirurgicales,
calcémique dépend principalement de l’action de
sont comprises entre 1,15 et 1,35 mmol/L. La validité iléus, vomissements
trois hormones : calcitonine, hormone parathyroï-
du résultat suppose l’élimination de trois causes — Fièvre, tachycardie, déshydratation globale,
dienne (PTH) et vitamine D (tableau I). voire collapsus ou choc
d’erreurs : erreur de dosage, erreur de prélèvement,
— Insuffısance rénale aiguë
erreur d’interprétation (tableau II).
■
Le calcul de la calcémie corrigée (tableau II) Devant l’un ou plusieurs de ces items, une calcé-
Diagnostic mie doit être demandée en urgence et le patient
permet de tenir compte des variations de la hospitalisé en réanimation.
protidémie ou de l’albuminémie, sans avoir recours
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1
1-1350 - Hypercalcémie
■
— théophylline une hyperplasie (8 %).
Démarche diagnostique — lait et alcalins (syndrome de Burnett)
— anti-œstrogènes ‚ Deuxième étape : éviter quelques pièges
Sarcoïdose et autres granulomatoses (tuberculose,
Les causes d’hypercalcémie sont nombreuses et histoplasmose, berryliose, coccidioïdomycose) Attention aux hypercalcémies iatrogènes
variées (tableau V). En pratique, trois d’entre elles Endocrinopathies : La consommation d’une dose excessive de
rendent compte de 90 % des cas : les néoplasies, le vitamine D (per os ou en collyres) est hypercalcé-
— hyperthyroïdie
myélome multiple, et l’hyperparathyroïdie — insuffısance surrénalienne miante. Le taux circulant de 25 (OH) D3 est élevé.
primitive. — phéochromocytome Malgré l’arrêt de l’intoxication, l’hypercalcémie peut
La cause d’une hypercalcémie peut être — acromégalie persister plusieurs semaines. La calcémie doit être
approchée de façon simple dans la majorité des cas. Causes rares : régulièrement surveillée au cours d’un tel traitement.
L’histoire clinique, l’examen physique, et quelques — immobilisation Le syndrome des buveurs de lait et alcalins n’a
tests biologiques de première intention (tableau VI) — maladie de Paget pas disparu [1] : décrit à l’époque où les ulcères
permettent de préciser cette cause dans 99 % des — hypercalcémie familiale gastroduodénaux se traitaient par ingestion massive
cas. — hypercalciurique de lait, ce syndrome peut se rencontrer actuellement
Ces explorations peuvent être conduites en chez des patients consommant de fortes doses de
ambulatoire si l’hypercalcémie est modérée et symptomatique, permettant d’assurer simulta- carbonate de calcium, et est éventuellement favorisé
asymptomatique. L’hospitalisation est nécessaire nément prise en charge thérapeutique et par la prise concomitante d’un diurétique thiazidique
devant toute hypercalcémie sévère et/ou investigations diagnostiques. ou l’existence d’une insuffisance rénale. Les
2
Hypercalcémie - 1-1350
■
outre évoquer une « hypercalcémie hypocalciurique réservent aux hypercalcémies d’origine néoplasique,
familiale bénigne », pour laquelle aucun traitement Traitement [2, 3]
et les utilisent volontiers par la suite si un traitement
n’est usuellement nécessaire à l’âge adulte. Le seul d’entretien est nécessaire. Dans ce cas, l’Arédiat est
risque réel est une hypercalcémie néonatale sévère. administré sous forme d’une perfusion mensuelle
‚ Traitement étiologique tandis que le Clastobant (voire le Didronelt),
‚ Troisième étape : examens parfois utiles, La suppression de la cause de l’hypercalcémie est disponibles sous forme orale, peuvent être utilisés
de prescription spécialisée quotidiennement.
bien entendu le traitement le plus efficace : chirurgie
Dans certains cas, malgré les recherches d’une hyperparathyroïdie primitive, chirurgie et/ou
Mithramycine
précédentes la cause de l’hypercalcémie reste radiochimiothérapie d’une néoplasie, corticothérapie
imprécise. D’autres examens peuvent être effectués en cas de sarcoïdose... Cet agent antibiotique et antimitotique
à titre diagnostique mais en seconde intention et en Bien souvent la cause de l’hypercalcémie n’est (administré par voie veineuse) inhibe la
milieu spécialisé. pas connue au moment où le diagnostic biologique différenciation ostéoblastique et bloque la résorption
est porté. Ceci ne doit pas retarder le mise en place osseuse. Son utilisation est exceptionnelle de nos
Dosage de la PTH rp (related peptide) d’un traitement symptomatique adapté à la gravité jours, du fait de ses effets indésirables comparati-
La synthèse de ce peptide rend compte de la de l’hypercalcémie et/ou des symptômes. vement aux bisphosphonates.
majorité des hypercalcémies humorales
néoplasiques. La PTH rp freine la sécrétion de PTH, ‚ Traitement symptomatique ‚ Diminuer l’absorption digestive
du calcium
mais mime la plupart de ses actions cellulaires. Le
dosage est effectué chez le patient hypercalcémique Réhydratation Une corticothérapie orale (prednisone 0,5 à
dans deux circonstances principales : en présence Il s’agit de l’étape première et incontournable du 1 mg/kg/j) peut être utilement prescrite et est
d’une tumeur solide, surtout lorsqu’il n’y a pas de traitement. Les hypercalcémies modérées (< particulièrement efficace dans les hypercalcémies où
métastases osseuses ostéolytiques ; en l’absence de 3 mmol/L) et asymptomatiques relèvent de boissons la résorption digestive est le principal mécanisme
diagnostic étiologique évident, lorsque la PTH est abondantes avec apports sodés. Les hypercalcémies physiopathologique impliqué : granulomatoses,
basse. Outre son rôle diagnostique, la découverte plus importantes, en règle symptomatiques, intoxications vitaminiques, buveurs de lait et
3
1-1350 - Hypercalcémie
1 Arbre diagnostique.
‚ Indications thérapeutiques EER : épuration ectrarénale.
Voir la figure 1.
Toute référence à cet article doit porter la mention : D Joly. Hypercalcémie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1350, 1998, 4 p
Références
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[3] Bilezikian JP. Management of acute hypercalcemia. N Engl J Med 1992 ; 326 :
1196-1203
4
1-1280
1-1280
AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine
Hyperéosinophilie
J Cosserat, O Blétry
L ’hyperéosinophilie est définie par un chiffre absolu d’éosinophiles supérieur à 500/mm3. Face à une telle
situation, le clinicien s’efforcera d’éliminer une circonstance évidente, de rechercher des signes cliniques
d’orientation étiologique et d’identifier les situations à risque au cours desquelles l’hyperéosinophilie, quelle qu’en
soit sa cause, est susceptible d’entraîner des lésions tissulaires spécifiques.
© Elsevier, Paris.
■
– si l’hyperéosinophilie est importante toxocarose ou larva migrans, poumon éosinophile
Introduction (supérieure à 1 500/mm3), isolée et ancienne, tropical), fluctuante (anguillulose), ou suivre la
existe-t-il de minimes signes d’appel en faveur d’un classique courbe de Lavier (latence, ascension, puis
Les éosinophiles (fig 1) sont des cellules cancer ou d’une hémopathie sous-jacents, ou décroissance avec ou sans retour à la valeur
circulantes qui ne passent que quelques heures dans peut-on évoquer un syndrome hyperéosinophilique normale), comme au cours de l’ascaridiose, de la
le sang, puis vont migrer dans les tissus, notamment et rechercher ses atteintes viscérales spécifiques ? distomatose hépatique, de l’infection par le tænia, de
la peau, le poumon et le tube digestif. Ils sont l’ankylostomiase ou de la schistosomiase. Elle
culmine au moment des passages intratissulaires et
■
impliqués tout particulièrement dans les réactions
d’hypersensibilité immédiate et ont une capacité de Existe-t-il une cause évidente décroît progressivement lorsque le parasite regagne
phagocytose. Leurs granules contiennent des sous-jacente ? la lumière intestinale. Elle s’accompagne d’une
enzymes toxiques pour les parasites, mais aussi pour élévation des IgE sériques. L’interrogatoire précise
les cellules tumorales et les propres cellules de l’hôte. Les données de l’interrogatoire permettent non seulement les déplacements à l’étranger, la
Les cristaux de Charcot-Leyden sont formés par des d’emblée d’isoler ou de suspecter les contextes qui notion de baignades en eau douce, mais aussi les
phospholipases membranaires, et sont présents suivent. pratiques alimentaires, telles que la consommation
dans toutes les sécrétions où il existe une infiltration de poissons crus, de viandes crues ou peu cuites, de
importante d’éosinophiles, dont elles sont le simple ‚ Asthme et atopie cresson sauvage. Le diagnostic repose sur les
témoin. L’éosinophilie augmente de façon sérologies parasitaires et l’examen des selles, en
Au cours de l’asthme et des manifestations
physiologique chez la femme et le nourrisson, et sachant que l’élimination des œufs est décalée par
allergiques telles que la rhinite allergique et la
varie au cours des cycles nycthéméraux et rapport à l’éosinophilie et que la mise en évidence
trachéite spasmodique, une hyperéosinophilie
circadiens. L’hyperéosinophilie pathologique se des œufs de parasite à la phase d’état est
modérée (inférieure à 1 000/mm3) est souvent
définit par un chiffre absolu d’éosinophiles supérieur inconstante et nécessite la répétition des examens et
notée, associée parfois à une élévation des
à 500/mm3. Elle doit être constatée à plusieurs parfois la réalisation d’un tubage duodénal. Il est
immunoglobulines E (IgE). Une élévation supérieure
reprises avant d’être l’objet d’une enquête. parfois légitime d’avoir recours à un traitement
à 1 500 éosinophiles/mm3 doit faire évoquer le
Face à une hyperéosinophilie, le praticien doit d’épreuve en cas de forte suspicion de maladie
diagnostic d’angéite de Churg et Strauss, mais aussi
répondre successivement aux questions suivantes : parasitaire sans preuves formelles. On utilisera alors
celui d’asthme aspergillaire ou de maladie de
– existe-t-il une cause évidente sous-jacente en première intention le niclosamide et le
Hinson-Pepys, de parasitose (filariose ou larva
(asthme, atopie, parasitose, médicaments et flubendazole, puis l’albendazole et l’ivermectine.
migrans) ou de réaction médicamenteuse. Des
toxiques, radiothérapie) ? cristaux de Charcot-Leyden et des éosinophiles
– existe-t-il un point d’appel clinique dominant peuvent être retrouvés dans l’expectoration des En France
(peau, poumon, système digestif), des signes patients asthmatiques. L’hyperéosinophilie disparaît Chez les patients n’ayant pas quitté la France
généraux ou une atteinte multiviscérale ? lors des surinfections bactériennes ou sous métropolitaine, les diagnostics à évoquer en priorité
corticothérapie. L’association d’un asthme, d’une sont :
allergie à l’aspirine et d’une polypose nasale définit – le tænia (ingestion de viande de bœuf mal
le syndrome de Widal. cuite) ;
– la distomatose (transmise par le cresson
‚ Parasitoses sauvage), donnant un syndrome douloureux fébrile
Ce sont les helminthiases, essentiellement à cycle de l’hypocondre droit avec grande hyperéosi-
tissulaire, qui sont responsables. Le paludisme, la nophilie ;
toxoplasmose, la giardiase et la gale peuvent – l’anisakiase, parasite du poisson cru (hareng) à
l’origine d’un tableau pseudochirurgical ;
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1
1-1280 - Hyperéosinophilie
– l’ampicilline,
– la chlorpromazine ; ‚ Toxiques Sézary, papulomatose lymphomatoïde), ou des
– les sels d’or ; vascularites. La mastocytose s’accompagne dans un
Il s’agit en particulier des expositions
– la rifampicine ; tiers des cas d’une hyperéosinophilie qui n’est que
professionnelles au benzène, au mercure et au
– les sulfamides ; rarement franche. Les allergies médicamenteuses
nickel, mais aussi au sulfate de cuivre ou de carbone
– les salicylés ; peuvent avoir une composante cutanée. Le
et au phosphore. Le tabagisme chronique entraîne
– la calciparine ; syndrome de Gleich comporte une hyperéosino-
parfois une hyperéosinophilie.
philie, des œdèmes massifs survenant de façon
– les héparines de bas poids moléculaire.
‚ Radiothérapie brutale et de résolution spontanée, et une élévation
Les principales étiologies sont résumées dans le
des IgM et des IgE sériques. Les dermatoses
tableau I. L’arrêt du traitement entraîne le retour à la Elle entraîne fréquemment une hyperéosino- beaucoup plus rares sont le syndrome de Wells
normale en quelques semaines au maximum. Il philie, qui peut aussi s’observer au cours de (cellulite à éosinophiles avec placards érythémateux
s’agit d’une complication peu fréquente, d’intensité l’exposition professionnelle aux radiations. infiltrés et bulles), la maladie de Kimura (hyperplasie
variable, s’accompagnant de signes cliniques et
angiolymphoïde), l’incontinentia pigmenti (affection
biologiques polymorphes tels qu’une fièvre, des
■
congénitale associant troubles de la pigmentation et
adénopathies, une éruption cutanée, des troubles
Existe-t-il un point d’appel retard de croissance). Enfin, le syndrome
respiratoires, une atteinte hépatique ou rénale. clinique dominant ? hyperéosinophilique (cf infra) peut avoir une
L’injection de produit de contraste iodé peut, elle
expression clinique purement dermatologique.
aussi, s’accompagner d’une hyperéosinophilie
modérée et le plus souvent isolée. Le syndrome de ‚ Dermatoses
‚ Poumon éosinophile
Widal associe l’existence de polypes nasaux, d’un De très nombreuses dermatoses peuvent
asthme lié à la prise d’aspirine et d’une s’accompagner d’une hyperéosinophilie sans que Il correspond à de nombreuses étiologies que l’on
hyperéosinophilie. celle-ci ne constitue un élément d’orientation. Outre peut évoquer en fonction du caractère prédominant
La consommation de L-tryptophane, contenu l’eczéma atopique, l’urticaire, l’angio-œdème et les de l’atteinte pulmonaire, ou au contraire de son
dans un certain nombre de préparations dermatites allergiques de contact, les piqûres évolution dans un contexte plus riche [5]. L’infiltration
parapharmaceutiques et diététiques, a été d’insectes peuvent être en cause. Les dermatoses pulmonaire parenchymateuse ne s’accompagne pas
responsable d’un syndrome associant des myalgies bulleuses telles que la pemphigoïde bulleuse, le constamment d’une hyperéosinophilie sanguine. Si
et une hyperéosinophilie, ainsi que des pemphigus et la dermatite herpétiforme sont aussi l’atteinte pulmonaire est isolée ou dominante, les
manifestations respiratoires fugaces et des œdèmes. incriminées. Les autres sont d’une part le psoriasis et origines sont principalement médicamenteuses,
Les biopsies musculaires réalisées ont montré des l’érythème polymorphe et d’autre part les atteintes parasitaires, allergiques ou idiopathiques. Le
infiltrats inflammatoires et parfois un aspect de cutanées de pathologies parasitaires (filaires, classique syndrome de Löffler, décrit plus haut, peut
vascularite. Les produits incriminés ont depuis été dermatite cercarienne), hématologiques être l’expression de l’ensemble de ces pathologies,
retirés du commerce. (lymphomes T, mycosis fongoïde, syndrome de ou rester de cause indéterminée.
2
Hyperéosinophilie - 1-1280
■
signes pulmonaires peuvent s’accompagner de Hyperéosinophilies supérieures
musculeuse et peut donner des tableaux
manifestations cutanées (urticaire et rash),
subocclusifs pyloriques ou intestinaux ;
à 1 500/mm 3 et persistant
articulaires ou digestives. Le tableau est soit celui plusieurs mois
– le type III, dû à l’infiltration de la séreuse, est à
d’un syndrome de Löffler, soit celui d’une
l’origine d’une ascite à éosinophiles. Leur diagnostic étiologique peut être fait
pneumopathie interstitielle.
L’atteinte digestive s’inscrit parfois dans un cadre d’emblée, en fonction du mode de présentation (les
plus vaste, notamment au cours du syndrome causes sont rappelées en italique dans la figure 3),
Autres atteintes pulmonaires
hyperéosinophilique (où peut exister par ailleurs une mais en l’absence de signes d’appels permettant de
Elles sont d’étiologie inconnue. atteinte hépatique et une pancréatite), des classer rapidement l’anomalie, il faut penser aux
La pneumonie de Carrington touche essentiel- vascularites ou des hémopathies à localisation hémopathies et aux cancers.
lement la femme et comporte une dyspnée évoluant digestive.
dans le cadre d’une altération de l’état général fébrile ‚ Hémopathies
avec syndrome inflammatoire, et radiologiquement, ‚ Signes généraux ou atteinte Au cours de la maladie de Hodgkin, l’hyperéosi-
un infiltrat pulmonaire bilatéral et périphérique multiviscérale nophilie est rare mais parfois majeure et
réalisant le négatif photographique de l’image Parmi les maladies systémiques s’accompagnant correspondant à une forme sévère. Les lymphomes
classique de l’œdème aigu du poumon (fig 2). Elle d’une hyperéosinophilie, les plus fréquemment en non hodgkiniens, essentiellement de type T (mais
est très sensible à la corticothérapie. L’hyperéosino- causes sont : aussi de type B), sont aussi pourvoyeurs
philie y est présente deux fois sur trois. Le poumon – l’angéite de Churg et Strauss ; d’hyperéosinophilie, qu’ils soient épidermotropes
éosinophile peut enfin s’intégrer dans le cadre d’une – le syndrome de Shulman ; (mycosis fongoïde, syndrome de Sézary) ou non
atteinte multiviscérale, notamment au cours des – la périartérite noueuse ; (leucémie-lymphome T à HTLV-1 [human T-cell
vascularites et en particulier du syndrome de Churg – la polyarthrite rhumatoïde. lymphoma virus], granulomatose lymphomatoïde).
et Strauss, mais aussi au cours du syndrome L’angéite de Churg et Strauss survient en général La présentation clinique de certains de ces
hyperéosinophilique. Précisons par ailleurs que tous chez des patients aux antécédents d’asthme lymphomes est parfois trompeuse, et peut parfois
les épanchements pleuraux peuvent s’accompagner allergique, qui peut précéder de plusieurs années mimer une vasculite cutanée.
d’un afflux local d’éosinophiles, parfois associé à une l’apparition d’une vascularite systémique sévère Les autres hémopathies sont la leucémie
hyperéosinophilie sanguine. proche de la périartérite noueuse. Il existe dans myéloïde chronique, et les leucémies lymphoïdes
certains cas un facteur déclenchant cette évolution, aiguës ou chroniques.
‚ Signes digestifs notamment une cure de désensibilisation ou une
Lorsque les signes digestifs sont au premier plan, piqûre d’insecte. ‚ Cancers
après avoir éliminé soigneusement une parasitose, Le syndrome de Shulman est une forme de L’hyperéosinophilie peut précéder de plusieurs
plusieurs affections digestives doivent être évoquées. sclérodermie, faisant partie des panniculites avec années la découverte d’un cancer digestif (colique
3
1-1280 - Hyperéosinophilie
3 Orientation diagnostique de l’hyperéosinophilie. NFS : numération formule sanguine ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine ; VHC : virus de l’hépatite C ; VS :
vitesse de sédimentation.
surtout), mais aussi bronchique, mammaire, utérin, syndrome cérébelleux, méningite, neuropathie l’interféron alpha et à l’hydroxyurée. Le principal
ovarien, rénal, thyroïdien. Certaines de ces tumeurs périphérique, thrombose cérébrale). Les signes risque évolutif est la survenue d’une réelle
sont à croissance lente (histiocytofibrome malin, cutanés comportent des nodules, des ulcérations hémopathie (leucémie ou lymphome).
cancer bronchiolaire sclérosant intravasculaire). muqueuses, un prurit, des lésions érythémateuses
La leucémie à éosinophiles comporte une
Elle peut être aussi l’expression d’une ou angio-œdémateuses. Une atteinte oculaire de
hyperéosinophilie majeure atteignant parfois
dissémination métastatique. type ischémique est souvent présente. Le pronostic
50 000/mm 3 , et peut s’accompagner d’une
est lié à l’atteinte cardiaque, responsable de 70 %
‚ Syndrome hyperéosinophilique infiltration tissulaire analogue à celle du syndrome
des décès.
idiopathique (SHE) hyperéosinophilique. Il existe alors des formes
Deux entités sont individualisées :
immatures d’éosinophiles et fréquemment des
Il est classiquement défini par une élévation des – SHE de type allergique, avec élévation des IgE
anomalies cytogénétiques.
éosinophiles supérieure à 1 500/mm3, pendant plus sériques, sensible à la corticothérapie ;
de 6 mois, après élimination de toutes les causes – SHE de type myéloprolifératif, avec splénomé-
précédentes [1]. Il touche en priorité les hommes âgés galie, élévation de la vitaminémie B12 et des ‚ Autres causes d’hyperéosinophilie
de 20 à 50 ans. transcobalamines, et effondrement du score des
L’hyperéosinophilie peut s’accompagner d’autres phosphatases alcalines leucocytaires. Maladies infectieuses
anomalies hématologiques : anémie, thrombopénie Ce dernier est de pronostic plus réservé, résistant
ou hyperplaquettose, élévation des polynucléaires à la corticothérapie et nécessitant le recours à Certaines maladies infectieuses peuvent
neutrophiles. Une partie de ces éosinophiles a des s’accompagner d’une hyperéosinophilie,
caractéristiques particulières évocatrices d’activation, essentiellement à la phase de convalescence. Ce
de potentiel cytotoxique et de résistance à la sont essentiellement :
corticothérapie. La traduction clinique peut être – l’endocardite d’Osler ;
multiviscérale et varie en fonction des organes
– les pneumopathies à pneumocoques ;
atteints (cœur, système nerveux, peau, poumon,
– les gonococcies ;
tube digestif, foie, rate, œil). L’hyperéosinophilie est
– la scarlatine ;
parfois de découverte fortuite.
– la chorée ;
L’atteinte essentielle est la cardiopathie, qui peut
associer une atteinte myocardique et une fibrose – la brucellose ;
endomyocardique (fig 4). Le tableau réalisé est celui – les mycobactéries ;
d’une cardiomyopathie restrictive avec adiastolie. – la syphilis secondaire ;
Les manifestations neurologiques peuvent précéder – la lèpre ;
l’atteinte cardiaque (céphalées, troubles de la 4 Thrombus intracardiaque au cours d’une fibrose – les salmonelloses ;
endomyocardique.
conscience, convulsions, encéphalopathie diffuse, – la mononucléose infectieuse ;
4
Hyperéosinophilie - 1-1280
– les infections par le virus de l’immunodéfi- congénitale) et le déficit sélectif en IgA sont aussi en enfin une exceptionnelle forme génétique
cience humaine (VIH), le virus de l’hépatite C (VHC) cause. d’hyperéosinophilie asymptomatique, transmise sur
ou HTLV-1. le mode autosomique dominant.
Certains organes peuvent être le siège d’une
infiltration d’éosinophiles, parfois sans
■
Déficits immunitaires
augmentation de leur taux sanguin. Il s’agit
Plusieurs déficits immunitaires, notamment le Conclusion
principalement de la vessie (cystite à éosinophiles
syndrome de Wiskott-Aldrich, associant un eczéma
révélée par une hématurie et des douleurs), de
chronique, une thrombopénie, une sensibilité aux L’hyperéosinophilie est une anomalie
l’os (granulome à éosinophiles), du myocarde, du
infections et une élévation des IgE, s’accompagnent hématologique présente au cours d’un très grand
tube digestif et de la sphère oto-rhino-
d’hyperéosinophilie. nombre de pathologies, en particulier allergiques,
laryngologique.
Le syndrome de Job et Buckley comporte toxiques et parasitaires. Certains organes sont une
cliniquement une dysmorphie, une dermatose La dialyse péritonéale, l’hémodialyse, l’infarctus cible privilégiée des pathologies à éosinophiles ou
folliculaire et des infections cutanées et respiratoires, du myocarde, le syndrome de Dressler, les avec hyperéosinophilie, notamment la peau, le
et biologiquement une augmentation considérable pancréatites, la splénectomie, les brûlures étendues, poumon et le tube digestif. Lorsque l’hyperéosino-
des IgE sériques (30 à 50 000 UI/mL) et une la maladie de Biermer, la maladie d’Addison et la philie est importante et prolongée, indépen-
hyperéosinophilie. drépanocytose peuvent, pour mémoire, damment de sa cause, des lésions tissulaires
La maladie de Fanconi (aplasie médullaire s’accompagner d’une hyperéosinophilie. Il existe spécifiques peuvent survenir.
Toute référence à cet article doit porter la mention : J Cosserat et O Blétry. Hyperéosinophilie.
Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1280, 1998, 5 p
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5
¶ 1-1290
Hyperglycémie de l’adulte
A. Hartemann-Heurtier
On peut distinguer deux conditions de découverte d’une hyperglycémie qui entraînent des démarches
pratiques différentes : soit l’hyperglycémie est découverte sur sa symptomatologie clinique (polyurie plus
polydipsie plus ou moins amaigrissement). Il n’y alors pas besoin de confirmer le diagnostic de diabète, et
la conduite en urgence dépend du contexte ; soit l’hyperglycémie est découverte fortuitement. Il faut alors
rassembler les arguments pour parler de diabète, préciser l’étiologie de celui-ci, et prendre en charge ce
diabète ou cette hyperglycémie non diabétique, avec une thérapeutique adaptée.
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Mots clés : Hyperglycémie ; Diabète de type 1 ; Diabète de type 2 ; Syndrome cardinal ; Acidocétose
Hyperglycémie clinique
+ –
Urgences Hospitalisation
+ – Samu Acétone urines dans les 24 h
+ –
Hospitalisation Créatinine
dans les 24 h État cardiorespiratoire Actrapid® 10 UI Actrapid® 10 U sous-cutané
i.v. ou i.m. hospitalisation en 24 h
Régime + biguanides
Urgences
Glycémie à jeun et PP
Acétone urines à j7
+ –
Figure 1. Arbre décisionnel. Conduite à tenir devant une hyperglycémie symptomatique. HTA : hypertension artérielle ; i.v. : intraveineux ;
i.m. : intramusculaire ; PP : postprandial.
Tableau 1. S’il n’y a pas d’acétone dans les urines, le degré d’urgence est
Bilan de prise en charge initiale d’un diabète de type 2. moindre, et l’on peut organiser l’hospitalisation du patient dans
Recherche d’un facteur de décompensation : foyer dentaire, ORL, ECBU
les 24 heures en service spécialisé, après avoir injecté 10 unités
si nitrites bandelette urinaire +, ECG, TSH, VS d’insuline rapide en sous-cutané.
Recherche d’une complication : fond d’œil, créatinine, dosage
de microalbuminurie, ECG, Doppler artériel si clinique évocatrice Sujet âgé, sous traitement favorisant
d’athérome la déshydratation (diurétiques) et/ou
Bilan des facteurs de risques cardiovasculaires : cholestérol total et HDL, l’hyperglycémie (corticoïdes),
triglycérides, tension artérielle
avec un éventuel tableau septique aigu
ECBU : étude cytobactériologique des urines ; TSH : thyroid stimulating hormone ;
VS : vitesse de sédimentation ; HDL : high density lipoprotein ; ECG : (bronchite, gastroentérite, etc.)
électrocardiogramme ; ORL : oto-rhino-laryngologique.
Il faut penser au risque de coma hyperosmolaire, et recher-
cher cliniquement des signes de déshydratation (langue sèche,
soif, pli cutané, tension artérielle). L’hospitalisation en urgence
Patient mince, sans notion familiale est alors nécessaire pour assurer la réhydratation et l’insulino-
de diabète de type 2 thérapie qui s’imposent dans ce contexte.
Le diagnostic le plus probable est celui de diabète insulino- Patient plutôt mince, pour lequel
dépendant (dit « de type 1 »). Il faut rechercher des signes
cliniques d’acidose (polypnée, douleurs abdominales, troubles on a la notion d’un alcoolisme chronique,
digestifs), et une cétonurie avec une bandelette urinaire (la voire d’antécédents de douleurs
recherche d’une cétonémie est possible avec certains lecteurs de abdominales évocatrices de pancréatite
glycémie capillaire).
En cas de cétonurie simple (1 ou 2 croix), sans signe clinique
chronique
d’acidose, on peut injecter 10 unités d’insuline rapide en Le diagnostic le plus probable est celui de pancréatite chro-
intramusculaire (elle agit plus vite qu’en sous-cutané), et nique calcifiante. Les biguanides sont contre-indiqués (alcoo-
adresser immédiatement le patient aux urgences. lisme, cirrhose hépatique) et les sulfamides dangereux (risque
En cas de signes cliniques d’acidose métabolique ou en d’hypoglycémie sévère et prolongée). La mise en route d’une
présence d’une cétonurie massive, il faut assurer un transfert insulinothérapie adaptée (petites doses, en évitant les hypogly-
aux urgences en transport médicalisé. cémies) est nécessaire en milieu hospitalier.
Sujet < 40 ans, mince Sujet > 20 ans, surpoids, > 40 ans, altération état général
Pas d'antécédent diabète type 2 familial ± douleur abdominale
familial de diabète type 2 ± HTA ± ictère
± dyslipidémie ± syndrome inflammatoire
Glycémie à jeun > 1,26 g/l à 2 reprises Glycémie à jeun < 1,26 g/l
ou
Glycémie non à jeun ≥ 2 g/l
+ Glycémie à la 2e heure
Toute référence à cet article doit porter la mention : Hartemann-Heurtier A. Hyperglycémie de l’adulte. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine
Akos, 1-1290, 2008.
Hyperkaliémie
Encyclopédie Pratique de Médecine
D Joly
L ’hyperkaliémie est le plus grave des troubles hydroélectrolytiques : un arrêt cardiaque peut survenir à tout
instant dès lors que la kaliémie est supérieure à 7 mmol/L.
Elle doit donc être prévenue dans les circonstances qui favorisent son apparition, et reconnue rapidement lorsqu’elle
est installée. Le diagnostic étiologique est le plus souvent aisé. Le traitement, parfois très urgent, sera adapté à la
gravité biologique de la situation.
© Elsevier, Paris.
■
‚ Signes cliniques
Physiopathologie [3] Tableau I. – Principales causes
d’hyperkaliémie. Ils sont usuellement l’apanage des formes sévères
rapidement installées (hyperkaliémies aiguës), tandis
Fausses hyperkaliémies que les hyperkaliémies chroniques modérées sont
‚ Bilan du potassium
Prélèvement avec garrot serré volontiers asymptomatiques, tant au plan électrique
Le potassium (K) est le principal cation
Hémolyse in vitro du sang prélevé que clinique.
intracellulaire. Les cellules, en particulier musculaires, Thrombocytose > 1 000 000/mm3
abritent 98 % du potassium total de l’organisme. Hyperleucocytose > 150 000/mm3 Signes cardiaques
Une pompe (ATPase [acide adénosine triphospho- Érythropathie familiale
L’atteinte myocardique est fréquente et se traduit
rique] Na K) permet de maintenir un important Transfert du potassium intracellulaire vers le mi- par des signes électrocardiographiques diffus,
gradient entre milieux intra- et extracellulaires. Les lieu extracellulaire habituellement corrélés à la gravité de
apports de potassium sont alimentaires (environ 4 l’hyperkaliémie.
Acidose métabolique ou respiratoire
g/j), et les sorties sont fécales (5 %, obligatoires) et Destruction cellulaire massive : rhabdomyolyse,
rénales (95 %, régulables). Le maintien d’une lyse tumorale des chimiothérapies
kaliémie normale (3,5 à 5 mmol/L) est possible grâce Hypo-insulinisme Signes électrocardiographiques de
à des transferts transcellulaires de potassium à court Paralysie périodique hyperkaliémique l’hyperkaliémie. Les troubles sont
terme et à une régulation rénale à long terme. Traitement bêtabloquant diffus (non systématisés) et présentés
Intoxication digitalique
ici par ordre de gravité croissante.
‚ Transferts intracellulaires du potassium Défaut d’élimination rénale du potassium
✔ Augmentation d’amplitude des
Trois facteurs stimulent l’entrée du potassium Insuffısance rénale aiguë
dans les cellules : Insuffısance rénale chronique ondes T : étroites, pointues,
– la stimulation β2-adrénergique ; Déficit minéralocorticoïde : insuffısance surréna- symétriques.
– l’insuline ;
lienne, hyporéninisme/hypoaldostéronisme ✔ Segment ST en forme de S italique
Traitement par spironolactone, amiloride, AINS, (S) ; segment QT de longueur
– un pH alcalin. IEC
normale.
‚ Régulation rénale du potassium Surcharge ✔ Diminution d’amplitude, voire
Après filtration glomérulaire, le potassium est Perfusion intraveineuse de potassium disparition, des ondes P.
totalement réabsorbé au niveau du tube contourné Apports oraux de potassium, dont les sels de ✔ Troubles conductifs
régime auriculoventriculaires : bloc
proximal et de l’anse de Henlé. Une sécrétion distale
permet son élimination urinaire. Cette sécrétion sinoauriculaire, bloc
AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens ; IEC : inhibiteur de l’enzyme
tubulaire distale est finement régulée et est en de conversion. auriculoventriculaire de tous degrés.
pratique stimulée par : ✔ Troubles conductifs
– l’hyperkaliémie ;
– l’aldostérone ;
– un pH alcalin ;
– un débit urinaire élevé. ‚ Dosage plasmatique
■
Diagnostic
intraventriculaires : élargissement de
la QRS, rotation gauche de l’axe du
cœur.
✔ Troubles du rythme ventriculaire :
L’hyperkaliémie est définie par une concentration tachycardie ventriculaire, fibrillation
‚ Hyperkaliémie ventriculaire ou asystolie.
du potassium plasmatique supérieure à 5 mmol/L. Il
L’apparition d’une hyperkaliémie suppose la
© Elsevier, Paris
1
1-1330 - Hyperkaliémie
■
électrocardiographiques ; en l’absence de traitement digitalique, injection
Étiologie [3]
intraveineuse lente d’une ampoule de gluconate de calcium à 10 %. La protection
contre l’hyperexcitabilité myocardique est transitoire.
✔ D’efficacité rapide (30 minutes) : transférer le potassium en intracellulaire :
De très nombreux facteurs peuvent favoriser la – alcalinisation : 50 mL de bicarbonate de sodium à 42 ‰ en 15 minutes ;
survenue d’une hyperkaliémie et sont volontiers – perfusion intraveineuse de 500 mL de glucosé à 30 % avec 30 UI d’insuline
associés chez un même patient (tableau I). En ordinaire en 30 minutes ;
pratique, le diagnostic étiologique est souvent trivial. – perfusion intraveineuse d’agents β2-mimétiques (SalbumolTM 0,5 mg dans 100 mL
■ Penser à la possibilité d’une hémolyse in vitro en 15 minutes).
que le laboratoire signale parfois. En cas de doute, il Alcalinisation et glucosé/insuline sont souvent associés, mais contre-indiqués en cas
ne faut pas hésiter à refaire le prélèvement, tout en d’œdème pulmonaire, car ils aggravent la surcharge. Les agents β2-mimétiques ont
étudiant l’électrocardiogramme (ECG) dans l’attente une efficacité inconstante et variable.
des résultats. ✔ D’efficacité retardée (2 heures) : résine échangeuse d’ions :
■ Évoquer systématiquement quatre causes – Kayexalatet per os : 2 mesurettes (30 g) ;
fréquentes d’hyperkaliémie : une insuffisance rénale – Kayexalatet en lavement : 60 g.
aiguë ou chronique, une insuffisance surrénalienne Ces mesures ont une efficacité modérée, permettant le plus souvent de faire baisser
lente ou aiguë, une lyse cellulaire (rhabdomyolyse, la kaliémie de 1 à 1,5 mmol en 1 heure, en attendant la mise en œuvre d’une séance
chimiothérapie) et les médicaments. d’épuration extrarénale.
✔ Épuration extrarénale : le plus souvent par hémodialyse contre un bain pauvre
■
en potassium, ce qui permet de corriger complètement et rapidement la kaliémie.
Traitement [1, 2] Une épuration extrarénale prolongée, voire continue, est nécessaire lorsque
l’hyperkaliémie est rapidement évolutive, due à une cause difficilement contrôlable
(lyse cellulaire).
‚ Traitement ambulatoire
Il est possible de traiter une hyperkaliémie en Il s’agit souvent en pratique d’une hyperkaliémie ‚ Traitement hospitalier
ambulatoire si les conditions suivantes sont chez un patient porteur d’une insuffisance rénale
Il est impératif dans les situations suivantes :
remplies : chronique, éventuellement dialysé. Outre
– hyperkaliémie sévère (> 6 mmol/L) ;
– hyperkaliémie modérée (< 6 mmol/L), l’insuffisance rénale, il faut rechercher un facteur
– hyperkaliémie rapidement évolutive (lyse
chronique ou non rapidement évolutive ; associé (erreur de régime, médicament hyperkalié-
cellulaire, insuffisance rénale aiguë) ;
– ECG normal ; miant) et ne pas hésiter à contacter un néphrologue
– cause et évolutivité incertaines ;
– cause identifiée et contrôlable. afin d’envisager l’action la plus appropriée.
– anomalies électrocardiographiques.
Il s’agit d’une urgence médicale dont le traitement
sera souvent assuré en réanimation.
Traitement des hyperkaliémies chroniques modérées à ECG normal
✔ Éviction des aliments riches en K+ : fruits secs, bananes, légumes, chocolat...
✔ Interruption de certains médicaments hyperkaliémiants : antialdostérones
(théoriquement contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale), IEC (la survenue
d’une hyperkaliémie avec poussée d’insuffisance rénale sous IEC doit faire
■
Conclusion
évoquer une maladie rénovasculaire ; les IEC ne sont pas contre-indiqués en La survenue d’une hyperkaliémie résulte souvent
situation d’insuffisance rénale chronique, mais motivent une surveillance de la conjonction de plusieurs facteurs faciles à
biologique stricte), AINS, sels de régime (les sels de régime doivent être évités chez identifier, au sein desquels la iatrogénie
l’insuffisant rénal car très riches en K+). médicamenteuse occupe une place croissante.
✔ Correction d’une éventuelle acidose métabolique (eau de vichy : 500 mL/j). La gravité de l’hyperkaliémie tient à son éventuel
✔ Prescription d’une résine échangeuse d’ions (Kayexalatet, Calcium-Sorbistéritt) retentissement cardiaque : l’ECG doit être
(tableau II). systématique. Le lieu et les modalités du traitement
✔ Prescription d’un diurétique hypokaliémiant (furosémide, bumétanide). sont adaptés à la gravité biologique et électrique du
trouble, ainsi qu’au contexte étiologique.
2
Hyperkaliémie - 1-1330
Toute référence à cet article doit porter la mention : D Joly. Hyperkaliémie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1330, 1998, 3 p
Références
[1] Allon M. Hyperkalemia in end-stage renal disease: mechanisms and manage- [3] Rose BD. Clinical physiology of acid-base and electrolyte disorders (4th ed).
ment [editorial]. J Am Soc Nephrol 1995 ; 6 : 1134-1142 New York : McGraw-Hill, 1994 : 848-852
3
¶ 1-1270
Hyperlymphocytose
F. Lefrère, O. Hermine
L’hyperlymphocytose se définit par une augmentation absolue du nombre des lymphocytes circulants.
L’aspect cytologique des lymphocytes (sur le frottis sanguin) est primordial pour orienter le diagnostic. On
parle d’hyperlymphocytose en valeur absolue, lorsque le taux sanguin est supérieur à 4 × 109/l chez
l’adulte, supérieur à 8 × 10 9 /l chez l’enfant (jusqu’à 10 ans). Il faut distinguer les formes
d’hyperlymphocytoses aiguës et transitoires généralement en rapport avec une infection virale, des
formes chroniques (> 2 mois) témoignant le plus souvent d’une hémopathie maligne sous-jacente,
exigeant un avis spécialisé.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Hyperlymphocytose
> 4 × 109/l
Frottis
sanguin
Avis spécialisé
Leucémie lymphoïde - Maladie
chronique +++ de Waldenström
- Lymphome leucémisé
Avis spécialisé
Pour en savoir plus Breton-Gorius J, Reyes F, Rochant H, Rosa J, Vernant JP. L’hématologie de
Bernard Dreyfus. Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 1992.
Lévy JP, Varet B, Clauvel JP, Lefrère F, Bezeaud A, Guillain MC. Lefrère F. Hématologie et transfusion. Paris: Estem; 2006.
Hématologie. Paris: Masson; 2008. Varet B. Le livre de l’interne. Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 2007.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Hyperlymphocytose. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos,
1-1270, 2009.
Hyperphosphorémie
Encyclopédie Pratique de Médecine
D Joly
L e dosage de la phosphorémie est relativement coûteux et ne saurait faire partie d’un « bilan systématique ». Le
diagnostic d’hyperphosphorémie est donc porté le plus souvent sans surprise, dans des circonstances précises.
L’insuffisance rénale et les nécroses cellulaires étendues sont les principales causes d’hyperphosphorémie.
L’insuffisance rénale est source de rétention phosphorée dès que le débit de filtration glomérulaire est inférieur à
30 mL/min ; les rhabdomyolyses libèrent du phosphore à partir des cellules endommagées.
© Elsevier, Paris.
■
Physiologie
■
Diagnostic
■
Étiologie
Le phosphore est un ion essentiellement ‚ Biologie L’enquête étiologique est le plus souvent facile
intracellulaire : 90 % du phosphore est contenu dans (fig 1).
On parle d’hyperphosphorémie au-delà de
les os sous forme de cristaux d’hydroxy-apatite et La cause la plus fréquente d’hyperphosphorémie
1,45 mmol/L chez l’adulte. Des valeurs plus élevées
9 % dans les cellules des tissus mous. Environ 1 % du est l’insuffisance rénale, avec un débit de filtration
sont classiques chez l’enfant, la femme enceinte, et
phosphore est extracellulaire, accessible aux glomérulaire inférieur à 25 mL/min.
après la ménopause. La seule cause de fausse
dosages plasmatiques. En dehors des destructions cellulaires massives
hyperphosphorémie est l’hémolyse sanguine in
La « phosphorémie » désigne, en pratique, le (syndrome de lyse tumorale, rhabdomyolyse), les
vitro.
dosage des phosphates inorganiques présents dans autres causes d’hyperphosphorémie sont rares
le plasma : les valeurs normales sont de 0,95 à (tableau I).
‚ Signes cliniques [1]
1,45 mmol/L. Il existe une variation nycthémérale
physiologique de la phosphorémie, pouvant aller L’hyperphosphorémie est le plus souvent
jusqu’à 0,4 mmol/L. Les valeurs matinales sont plus asymptomatique.
basses que les valeurs nocturnes.
Les apports phosphatés alimentaires proviennent
essentiellement des laitages et du fromage, de la
viande, des œufs et du chocolat. Les apports
Les symptômes cliniques sont en rapport avec
l’affection causale sous-jacente.
Une élévation de la phosphorémie peut
s’accompagner d’une hypocalcémie (parfois
■
Traitement [2]
quotidiens sont d’environ 45 mmol pour un adulte. Le traitement étiologique est surtout utile dans les
symptomatique) : il y a en effet précipitation dans les
Les deux tiers sont absorbés dans les différentes hyperphosphorémies par apports exogènes.
tissus mous de sels phosphocalciques qui sont très
portions du tube digestif, de façon passive mais aussi Au cours des lyses cellulaires, les perfusions
faiblement solubles. Le risque de dépôts
active, stimulés par la 1,25 (OH)2D3 (vitamine D isotoniques alcalines permettent (entre autres) de
phosphocalciques avec « calcifications métastati-
active). L’absorption digestive est diminuée lorsque faire diminuer la phosphorémie en favorisant son
ques » cliniquement décelables est important dès
le phosphore forme des complexes peu solubles excrétion urinaire.
que le produit Ca x P (en mmol/L) est supérieur à 5,6.
avec d’autres molécules, telles le calcium ou Lorsqu’il y a une réduction importante de la
La peau (prurit), les tissus mous, les artères, les valves
l’aluminium : ceci est utilisé en thérapeutique comme filtration glomérulaire, plusieurs mesures
cardiaques, les articulations et les différents viscères
nous le verrons plus loin. Les apports cellulaires de symptomatiques doivent être mises en œuvre.
(reins, poumons, pancréas,...) sont potentiellement
phosphates sont très limités chez le sujet sain, mais Leur but est de diminuer l’absorption digestive de
concernés.
peuvent être importants dans certaines situations phosphates afin d’abaisser la phosphorémie au
pathologiques (cf infra). L’élimination du phosphore Lorsque le phénomène est aigu et compliqué dessous de 1,8 mmol/L :
est principalement rénale : il existe une réabsorption d’ischémie, on parle de « calciphylaxie », dont le – prescription d’un régime restreint en
tubulaire variable mais limitée des phosphates, qui pronostic est redoutable. phosphates (800 mg/j), ce qui se confond en
permet une régulation très efficace de leur L’hyperphosphorémie contribue probablement à pratique avec un régime limité en protides ;
concentration plasmatique. Cette réabsorption est la constitution de certaines atteintes rénales – utilisation de chélateurs du phosphore. Les
diminuée par la parathormone (PTH). tubulaires aiguës, et pourrait jouer un rôle dans la pansements digestifs antiacides sont remarqua-
Trois mécanismes peuvent générer une progression de l’insuffisance rénale chronique. blement efficaces dans cette indication mais ont été
Enfin, l’hyperphosphorémie est un stimulus
© Elsevier, Paris
1
1-1360 - Hyperphosphorémie
Références
[1] Delmez JA, Slatopolsky E. Hyperphosphatemia : its consequences and treat- [2] Fournier A, Morinière P, Ben Hamida F, el Esjer N, Shenovda M, Ghazali A et
ment in chronic renal disease. Am J Kidney Dis 1992 ; 19 : 303-317 al . Use of alcaline calcium salts as phosphate binder in uremic patients. Kidney Int
1992 ; 38 (suppl) : S50-S61
2
¶ 1-1300
Hyperprolactinémie
P. Chanson
De nombreux troubles des règles, de nombreuses infertilités sont en rapport avec une hyperprolactinémie
qu’un dosage sanguin simple, et qu’il ne faut pas hésiter à demander, permet facilement de mettre en
évidence. L’étape suivante du diagnostic est encore du domaine du non-spécialiste : il faut s’assurer que
l’hyperprolactinémie est authentique et qu’il ne s’agit pas d’un artefact de dosage, très fréquent avec les
dosages automatisés : le plus simple est alors de contrôler la prolactine dans un autre laboratoire ; puis,
après avoir éliminé les situations (grossesse, prise médicamenteuse...) qui s’accompagnent d’une
hyperprolactinémie, une imagerie de la région hypothalamohypophysaire à la recherche d’une tumeur
peut être programmée. Les explorations hormonales ultérieures et les choix thérapeutiques (traitement
médicamenteux par les agonistes dopaminergiques ou traitement chirurgical) sont du domaine du
spécialiste endocrinologue ou neurochirurgien.
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Plan ■ Hyperprolactinémie
¶ Introduction 1
et ses conséquences cliniques
¶ Hyperprolactinémie et ses conséquences cliniques 1
Chez la femme 1
Chez la femme
Chez l’homme 2 Galactorrhée
Dans les deux sexes 2 Parfois, la galactorrhée est spontanée, notée par la femme qui
¶ Épidémiologie de l’hyperprolactinémie 2 la signale à son médecin. Le plus souvent (80 % des cas), elle
¶ Physiopathologie : étiologies de l’hyperprolactinémie 2 est uniquement provoquée, découverte fortuitement par la
Physiologie normale de la sécrétion de prolactine 2 patiente ou systématiquement à l’occasion d’un examen
Physiopathologie de la sécrétion de prolactine 2
clinique. Sa recherche nécessite d’ailleurs une technique bien
particulière : la glande mammaire doit être comprimée de façon
¶ Que faire en présence d’une hyperprolactinémie ? 3 concentrique, au niveau de l’aréole, entre le pouce et l’index
¶ Le spécialiste face à ces hyperprolactinémies tumorales 4 d’une ou des deux mains. Cette manœuvre est suivie d’une
Microprolactinome 4 expression concentrique du mamelon (sans pincer de façon trop
Tumeur volumineuse non prolactinique avec hyperprolactinémie 5 vigoureuse le mamelon, ce qui risquerait d’obstruer les canaux
Macroprolactinome 5 galactophores et d’empêcher la sortie du lait). La galactorrhée,
¶ Conclusion 5 lorsqu’elle existe, n’est significative que si elle est faite de
liquide lactescent contenant de la caséine et qu’elle survient à
distance du post-partum [1]. La découverte d’une galactorrhée
n’est pas synonyme d’hyperprolactinémie : la grande majorité
■ Introduction des femmes consultant pour une galactorrhée ont même une
prolactinémie normale. Toutefois, toute galactorrhée impose un
En près de 40 ans, depuis la première description de la dosage de prolactine (plus de 10 % de femmes hyperprolactiné-
technique de dosage de la prolactine dans le sérum, la patholo- miques ont une galactorrhée isolée sans troubles des règles) ; le
gie de la prolactine est devenue l’un des chapitres les plus classique « syndrome aménorrhée-galactorrhée » n’est rencontré
importants de l’endocrinologie de la reproduction. Chez que chez la moitié des patientes ayant une hyperprolactinémie.
l’homme et chez la femme en dehors de la grossesse, la prolac-
tine est sécrétée en faible quantité. Sa concentration s’élève Perturbations du cycle menstruel ou infertilité
physiologiquement pendant la grossesse de façon à préparer la Ce sont les motifs habituels de consultation amenant à
glande mammaire à la lactation. L’hypersécrétion de prolactine prescrire un dosage de prolactine. L’aménorrhée est le signe le
en dehors de la grossesse peut provoquer une galactorrhée mais plus fréquent : plus de 90 % des femmes ayant une hyperpro-
est surtout responsable de troubles des règles et/ou d’une lactinémie ont une absence totale de règles (aménorrhée) ou
infertilité. Du fait de sa grande fréquence dans la population une oligoaménorrhée (moins de quatre cycles par an) et, dans
générale, l’hyperprolactinémie, dont les causes sont multiples, la moitié des cas, des irrégularités menstruelles ou un allonge-
est rencontrée de manière non exceptionnelle en pratique de ment progressif des cycles (spanioménorrhée) avaient été notés
médecine générale ou de gynécologie quotidienne. dans les mois ou années précédant l’installation de cette
Dopamine Dopamine
pam
pa
am Dopamine Dopamine Dopamine
Compression
Grossesse ou section
Cellule STOP de la tige
Médicaments
lactotrope pituitaire Prolactinome
estrogènes Antagonistes
dopaminergiques
Normal
Hyperprolactinémie
Grossesse ? (βhCG)
Médicaments (cf. Tableau 1)
Hypothyroïdie périphérique ? (TSH)
Insuffisance rénale ?
Oui Non
Figure 2. Microadénome hypophysaire (diamètre < 10 mm) intrasel-
laire (flèche).
Prise en charge
spécialisée
au-dessus (risque de compression chiasmatique), en dessous de étiologique, cherchant à mettre en évidence les causes de cette
la selle turcique ou encore latéralement, vers les sinus caverneux hyperprolactinémie, et qui, lui, reste du domaine du généraliste
(Fig. 3). ou du gynécologue, doit toujours précéder la décision
thérapeutique.
La réalité de l’hyperprolactinémie doit être vérifiée par un
■ Que faire en présence contrôle de la prolactinémie dans un autre laboratoire [2]. En
d’une hyperprolactinémie ? effet, des pseudohyperprolactinémies liées à la technique de
dosage sont très fréquemment rencontrées. Elles sont liées à la
L’hyperprolactinémie, lorsqu’elle dépasse 20 ng/ml (soit présence, dans le sérum de nombreuses personnes normales,
400 mUI/l environ) chez l’homme comme chez la femme, d’agrégats de prolactine en rapport avec des immunoglobulines
impose une stratégie diagnostique assez stéréotypée, résumée sur tout à fait banales. Les formes lourdes de prolactine ainsi
la Figure 4. générées (macroprolactinémie) sont faussement reconnues par
Un premier principe doit être rappelé d’emblée : il est inutile certains kits de dosage. Il suffit souvent de changer de kit de
de se précipiter, dès la découverte d’une hyperprolactinémie, sur dosage (et pour cela, le plus simple est de demander au patient
un médicament hypoprolactinémiant (type bromocriptine) de faire son dosage dans un autre laboratoire) pour se rendre
avant d’avoir mené l’enquête étiologique. La découverte d’une compte que la prolactinémie est en fait normale et arrêter là les
hyperprolactinémie est encore, hélas trop souvent, synonyme de investigations. En revanche, si l’hyperprolactinémie est confir-
mise en route d’un traitement par bromocriptine ! En fait, il n’y mée par cet autre dosage dans un autre laboratoire, surtout si
a aucune urgence à démarrer ce traitement. La décision du la patiente a une galactorrhée et une oligoménorrhée ou une
traitement doit rester affaire de spécialiste. Surtout, le bilan aménorrhée, alors il s’agit bien d’une réelle hyperprolactinémie.
■ Conclusion
Figure 5. Traitement neurochirurgical (extrait de Visot A. Aspects neu-
rochirurgicaux des adénomes hypophysaires. EMC, Endocrinologie- L’hyperprolactinémie est une pathologie très fréquente qui ne
Nutrition, 10-023-F-10, 2002). Voie d’abord transphénoïdale (flèche). peut être dépistée qu’à la condition que le médecin généraliste
ou le gynécologue prennent au sérieux le symptôme que
dure-mère) (Fig. 5) : il permet d’obtenir, à long terme, une représente l’aménorrhée chez une femme jeune. Après avoir
guérison clinique (cycles ovulatoires normaux) dans 70 % à cherché une éventuelle galactorrhée, le dosage de la prolactiné-
80 % des cas. Le traitement médical utilise des agonistes mie permet le diagnostic. Toute aménorrhée doit en effet être
dopaminergiques. Dans plus de 80 % des cas, une prolactinémie explorée avant d’être « traitée » par la prescription d’un estro-
normale et des cycles ovulatoires sont obtenus et la surveillance progestatif. La découverte d’une hyperprolactinémie doit ensuite
à l’IRM montre souvent une diminution de la taille du microa- être confirmée par un autre dosage de prolactine dans un autre
dénome. Cependant, sa tolérance est parfois médiocre (malaises, laboratoire afin d’éliminer un artefact de dosage, malheureuse-
nausées, hypotension orthostatique...) et, théoriquement, le ment très fréquent avec les immunodosages disponibles dans les
traitement doit être prolongé sur une période indéfinie, au laboratoires de ville. Ce n’est qu’à ce stade, après avoir vérifié
moins jusqu’à la ménopause (son interruption provoquant une qu’il ne s’agissait pas d’une hyperprolactinémie d’origine
remontée de la concentration de prolactine). Notons toutefois médicamenteuse, que pourrait être proposée la réalisation d’une
que dans quelques cas, après traitement agoniste dopaminergi- IRM afin de savoir s’il s’agit d’un microadénome ou d’un
que prolongé durant plusieurs années, normalisant la prolacti- macroadénome, ce qui conditionne le traitement très simple de
némie, surtout si une « disparition » de l’image du micro- cette cause fréquente d’infertilité.
adénome a été observée, l’interruption du traitement ne .
Toute référence à cet article doit porter la mention : Chanson P. Hyperprolactinémie. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 1-1300,
2009.
Hypokaliémie
Encyclopédie Pratique de Médecine
D Joly
L ’hypokaliémie est un désordre électrolytique fréquent, le plus souvent cliniquement silencieux. Son
retentissement myocardique et musculaire peut cependant engager le pronostic vital. Les causes
d’hypokaliémie sont nombreuses, mais le contexte clinique et, dans certains cas, le ionogramme urinaire orientent
rapidement l’enquête étiologique.
© Elsevier, Paris.
■
Les troubles du rythme cardiaque sont rares ou – les antécédents personnels et familiaux ;
Physiologie exprimés de façon modérée chez le sujet sain ; ils sont – l’emploi de diurétiques, laxatifs ou autres
plus fréquents, voire préoccupants, chez les patients médicaments ;
porteurs d’une cardiopathie sous-jacente (ischémique – l’existence de troubles digestifs ;
Un rappel de la physiologie du potassium est ou valvulaire), ou bien traités par digitaliques ou – le niveau de pression artérielle.
proposé dans l’article « hyperkaliémie ». Le potassium quinidiniques. Il n’y a pas de parallélisme étroit entre Les éléments précédents permettent d’évoquer
joue un rôle majeur dans la polarisation des kaliémie et modifications et électriques : l’élec- d’emblée, avec une bonne sécurité, la cause de
membranes cellulaires, le potentiel neuromusculaire, troencéphalogramme (ECG), est donc systématique l’hypokaliémie dans plus de 90 % des cas. Il s’agit le
l’automatisme cardiaque et certaines activités devant toute hypokaliémie. plus souvent d’un traitement diurétique mal contrôlé
enzymatiques. L’hypokaliémie est la conséquence ou de pertes digestives basses. Une classification
Muscles striés étiologique des hypokaliémies est indiquée tableau II.
d’une déplétion potassique, ou d’un transfert
intracellulaire de potassium. Lorsque ces signes sont présents, ils se limitent en Dans une faible proportion des cas, le diagnostic
règle à une fatigabilité musculaire, des myalgies ou des n’est pas évident : le ionogramme sanguin sera
■
crampes ; les parésies ou paralysies des membres complété par un ionogramme urinaire, mesurant
et/ou des muscles respiratoires, ainsi que les notamment la kaliurèse des 24 heures et la chlorurie.
Diagnostic [3]
rhabdomyolyses, sont exceptionnelles. Les Un algorithme décisionnel simple permet de distinguer
fasciculations musculaires ou des signes de tétanie les pertes urinaires et les pertes digestives de
‚ Dosage plasmatique sont davantage en rapport avec une carence associée potassium (fig 1) ; les carences d’apport alimentaire,
L’hypokaliémie est définie par une concentration en magnésium. pertes cutanées et transfert intracellulaire sont très
du potassium plasmatique inférieure à 3,5 mmol/L. Le rares.
Muscles lisses La cause précise d’une hypokaliémie reste parfois
plus souvent, c’est un ionogramme sanguin
systématique qui révèle l’anomalie. L’hypocontractilité digestive par hypokaliémie est obscure. Dans ces cas, l’avis du spécialiste peut être
parfois responsable d’une constipation, avec au utile. Certaines affections sont difficiles à reconnaître
‚ Signes cliniques maximum iléus paralytique. Des rétentions d’urines, ou souvent méconnues. Deux situations méritent ici
Ils sont pour l’essentiel neuromusculaires (dus à une des hypotensions artérielles orthostatiques ont été très d’être individualisées : la prise cachée de diurétiques
hyperpolarisation membranaire) ou rénaux. rarement rapportées. et/ou de laxatifs (tableau III) [2] ; les syndromes de
Bartter et Gitelman (tableau IV).
Myocarde Néphropathie hypokaliémique [2]
L’atteinte myocardique se traduit par des troubles Une tubulopathie fonctionnelle est assez fréquente
■
de la repolarisation ventriculaire diffus, et parfois des au cours des hypokaliémies sévères prolongées : elle
troubles du rythme, supraventriculaires ou se traduit essentiellement par un syndrome
Traitement
ventriculaires (tableau I). polyuropolydipsique avec polyurie hypotonique,
résistante à l’hormone antidiurétique (ADH) ; des ‚ Traitement curatif
Tableau I. – Anomalies de l’électrocardio- pertes de chlore, d’ammoniaque, ou une rétention
gramme (ECG) au cours des hypokaliémies. Le traitement curatif d’une hypokaliémie est tout
hydrosodée sont aussi possibles. Des lésions
d’abord étiologique. Une supplémentation potassique
histologiques rénales peuvent apparaître, touchant
Troubles de la repolarisation ventriculaire diffus : est nécessaire lorsque l’hypokaliémie est sévère (<
initialement les tubules proximaux (aspect vacuolé)
— aplatissement voire négativation des ondes T 2,5 mmol/L), ou lorsqu’elle survient chez un sujet
puis l’interstitium. Une insuffisance rénale chronique
— apparition d’ondes U digitalisé ou porteur d’une cardiopathie. La quantité de
peut se développer lorsque l’hypokaliémie persiste
— T-U : aspect de double bosse positive ou d’onde potassium à apporter et la voie d’administration
diphasique plusieurs années.
dépendent essentiellement de l’existence ou non de
— sous-décalage du segment ST en cupule à troubles du rythme, de paralysies, et de troubles
concavité supérieure
■
digestifs (tableau V).
— pseudoallongement de ST (longueur normale
sauf carence en Mg++ ou Ca++) Diagnostic étiologique ‚ Traitement préventif
Troubles du rythme :
— supraventriculaires : extrasystoles, tachycardie, Un traitement préventif est souvent utile chez les
tachysystolie auriculaire, arythmie complète par patients soumis à un traitement hypokaliémiant, par
fibrillation auriculaire L’enquête étiologique est très simple dans la grande exemple corticoïde ou diurétique. En revanche,
© Elsevier, Paris
— ventriculaires : extrasystoles, tachycardie ou majorité des cas observés en pratique courante. Il faut lorsqu’un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC)
fibrillation ventriculaire, torsade de pointe préciser entre autres : est associé au diurétique, la supplémentation
– l’ancienneté de l’hypokaliémie ; potassique n’est généralement pas utile.
1
1-1320 - Hypokaliémie
Tableau II. – Principales causes d’hypokaliémie. Tableau III. – Maladie des laxatifs et
diurétiques.
Insuffisance des apports alimentaires (3 g/j au minimum)
Situation rare : diminution du stock corporel de K+ dans les anorexies mentales prolongées et certains régi- Maladie des laxatifs
mes amaigrissants Il s’agit de femmes jeunes au profil psychologique
Transfert intracellulaire accru du K+ : particulier, souvent très maigres. L’usage des laxa-
tifs hypokaliémiants (phénolphtaléine, anthraqui-
- alcalose aiguë (métabolique ou respiratoire) nones) et la diarrhée ne sont pas avoués. La biolo-
- insulinothérapie (surtout lors d’une acidocétose) gie indique typiquement une perte digestive basse
- stimulation β2 adrénergique (tout agent β2 mimétique, thérapeutique ou endogène) de potassium, qui assure le diagnostic en l’absence
- intoxication par la chloroquine, la théophylline, le baryum de pathologie organique décelable ; vomissements
- paralysie familiale hypokaliémique (maladie de Westphal, autosomique dominante) provoqués ou prise cachée de diurétiques concomi-
hypothermie tants rendent le tableau biologique moins clair.
- production accrue de cellules sanguines (sous vitamine B12 ou GM-CSF) L’existence d’une mélanose colique lors d’une en-
Pertes rénales de K+ (kaliurèse « inappropriée » > à 20 mmol/24 h) doscopie, ou la découverte de laxatifs dans les sel-
les ou urines confirment la maladie.
Causes médicamenteuses :
- diurétiques : acétazolamide, de l’anse, thiazidiques, osmotiques. Prise cachée de diurétiques
- tubulotoxiques : lithium, cisplatine, amphotéricine B, pénicilline à forte dose...
- corticothérapie Là encore, il s’agit de femmes jeunes au psychisme
Causes endocriniennes (avec hypertension artérielle) particulier, désirant maigrir et ayant accès aux
- hyperaldostéronisme (primaire ou secondaire) médicaments diurétiques. Leur usage est nié, mais
- autres hyperminéralocorticismes * la biologie évoque une fuite urinaire de potassium,
- hypercortisolisme endogène (syndrome de Cushing) et la positivité (inconstante) de la recherche de
Causes rénales : diurétiques dans l’urine affırme la maladie. Il faut
- néphropathies interstitielles avec perte de sel prendre le soin d’éliminer les autres affections avec
- acidoses tubulaires distales, acidocétose diabétique fuite rénale de potassium, en particulier les syn-
- syndrome de Bartter, syndrome de Gitelman (tableau IV) dromes de Bartter et Gitelman.
- polyurie (après levée d’obstacle, nécrose tubulaire, transplantation)
Pertes digestives de K+ (kaliurèse « appropriée » en quelques jours < 20 mmol/24 h)
Hautes : vomissements, aspiration digestive. La perte d’acide chlorhydrique favorise une alcalose métaboli-
que et un profond déficit chloré (chlorémie et chlorurie basses). La kaliurèse est souvent > 80 mmol/24 h
Basses : diarrhée aiguë infectieuse, maladie des laxatifs, tumeur villeuse, vipome, syndrome de Zollinger et
Ellison. Il y a souvent acidose métabolique (perte digestive de bicarbonates), et pas de déficit chloré
Pertes cutanées de K+
Sudation extrême
Brûlures étendues
Hémodialyse, plasmaphérèse
* Accumulations de minéralocorticoïdes autres que l’aldostérone : ici, aldostéronémie et activité rénine plasmatique sont basses. La consommation de
glycyrrhizine (réglisse, pastis sans alcool...), certains blocs enzymatiques (11β ou 17a hydroxylase) chez l’enfant, ou le syndrome de Liddle (mutation
activatrice héréditaire du canal sodium épithélial tubulaire distal, sensible à l’amiloride) peuvent rendre compte de cette situation.
2
Hypokaliémie - 1-1320
Toute référence à cet article doit porter la mention : D Joly. Hypokaliémie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1320, 1998, 3 p
Références
[1] Kruse JA, Carlson RW. Rapid correction of hypokalemia using concentrated [4] Simon DB, Nelson-Williams C, Bia MJ, Ellison D, Karet FE, Molina AM
intravenous potassium chloride infusions. Arch Intern Med 1990 ; 150 : 613-617 et al. Gitelman’s variant of Bartter’s syndrome, inherited hypokalaemic alkalosis,
is caused by mutations in the thiazide-sensitive Na-Cl cotransporter. Nat Genet
[2] Riemenschneider T, Bohle A. Morphologic aspects of low-potassium and low- 1996 ; 12 : 24-30
sodium nephropathy. Clin Nephrol 1983 ; 19 : 271-279
[3] Rose BD. Clinical Physiology of Acid-Base and Electrolyte Disorders (4th
ed). New York : McGraw-Hill, 1994 : 805-808
3
1-1310
1-1310
Hyponatrémie
Encyclopédie Pratique de Médecine
D Joly
L ’hyponatrémie est une anomalie hydroélectrolytique fréquente. Elle concerne 1 % des patients hospitalisés et
5 % des opérés récents. Elle traduit le plus souvent une hypo-osmolalité plasmatique efficace, associée à une
hyperhydratation intracellulaire de retentissement clinique variable.
© Elsevier, Paris.
■
transfert d’eau du secteur extracellulaire vers le
Introduction Une hyponatrémie traduit le plus secteur intracellulaire. Les reins assurent
souvent une hyperhydratation de normalement une régulation très efficace de
secteur intracellulaire. l’osmolalité plasmatique dans cette circonstance, en
De nombreuses hyponatrémies, peu symptoma- excrétant une urine hypotonique (osmolalité urinaire
tiques, sont découvertes lors d’un examen < 150 mOsm/kg). En pathologie, une hypo-
biologique fortuit. D’autres sont symptomatiques et détaillerons ultérieurement, et où schématiquement, osmolalité plasmatique persistante peut s’expliquer
potentiellement mortelles. L’appréciation clinique de l’osmolalité plasmatique calculée est différente de de trois façons :
l’osmolalité plasmatique mesurée. – les capacités rénales physiologiques
l’état d’hydratation du secteur extracellulaire permet
d’élimination hydrique sont dépassées ;
une orientation diagnostique rapide et la mise en
‚ Osmolalité plasmatique mesurée – il existe une anomalie rénale de dilution de
œuvre des mesures thérapeutiques initiales.
L’osmolalité plasmatique peut être mesurée l’urine ;
directement par cryoscopie : outre le sel de sodium – il existe une augmentation de la sécrétion de
■
et le glucose, cette méthode tient compte de l’urée et l’hormone antidiurétique (ADH), se traduisant par
Rappels physiopathologiques [2]
d’autres molécules, osmotiquement actives, une réabsorption rénale tubulaire d’eau.
éventuellement présentes dans le plasma. Ses
■
valeurs normales sont de 290 ± 5 mOsm/kg d’eau.
‚ Osmolalité plasmatique efficace Cette mesure est surtout utile lorsque l’on envisage Démarche diagnostique
et natrémie les rares cas où l’hyponatrémie ne reflète pas une
La pression osmotique qui règne de part et hyperhydratation intracellulaire.
‚ Diagnostic positif
d’autre des membranes cellulaires règle l’état
‚ Hyperhydratation intracellulaire (fig 1) Il est biologique : natrémie inférieure à
d’hydratation des cellules. À l’état stable, les
osmolalités efficaces des secteurs extra- et Il existe, de façon certaine, une hypo-osmolalité 135 mmol/L. On parle d’hyponatrémie grave en-
intracellulaires sont égales. Elles sont déterminées plasmatique efficace, qui a pour conséquence un dessous de 120 mmol/L. Le diagnostic est le plus
par des osmoles qui ne diffusent pas passivement
d’un secteur à l’autre : les sels de sodium et le
glucose. L’eau, par contre, peut diffuser passivement,
et suivra des mouvements physiologiquement Hyperhydratation intracellulaire
nécessaires à la concentration ou la dilution des
secteurs intra- et extracellulaires. L’état d’hydratation
intracellulaire dépend donc indirectement de Hypo-osmolalité extracellulaire
l’osmolalité plasmatique efficace.
En cas par exemple de diminution de l’osmolalité
plasmatique efficace, il y aura un mouvement d’eau
du secteur extracellulaire vers le secteur Capacités rénales Altération de
d'élimination hydrique de dilution Élévation de l'hormone
intracellulaire, et donc une hyperhydratation antidiurétique
dépassées des urines
intracellulaire. Or, il existe une relation directe simple
entre la natrémie et l’osmolalité plasmatique
efficace : osmolalité efficace = (natrémie x 2) +
Potomanie Insuffisance rénale Syndromes œdémateux
glycémie = 285 mOsm/kg à l’état stable.
Perfusions abondantes aiguë ou chronique Déshydratation extracellulaire
Ceci explique pourquoi la natrémie est un
© Elsevier, Paris
1
1-1310 - Hyponatrémie
Signes digestifs
« Fausse hyponatrémie » — nausées, vomissements, anorexie
Osmolalité plasmatique
Grande hyperprotidémie — dégoût de l’eau
normale ?
Grande hyperlipidémie
Signes neuropsychiques
— céphalées
Perfusion hyperosmolaire
— asthénie, troubles de la vigilance, confusion,
Osmolalité plasmatique élevée ? Glycocolle délire
Intoxications — crampes musculaires
Urée ou glycémie — hypertonie extrapyramidale : signe de Babinski,
myoclonies, fasciculations
Osmolalité basse
Complications
— coma profond
— crises convulsives
Hyperhydratation intracellulaire
2
Hyponatrémie - 1-1310
■
cirrhoses décompensées, les syndromes
une limitation de la capacité de
néphrotiques, les insuffisances rénales avancées. Traitement [1]
dilution de l’urine (thiazide,
Déshydratation extracellulaire
insuffisance rénale fonctionnelle,
élévation de l’ADH).
Aux signes éventuels d’hyperhydratation Nous n’envisagerons ici que le traitement des
✔ Présentation clinique :
intracellulaire, se superposent des signes de hyponatrémies avec hyperhydratation intracellu-
hyperhydratation intracellulaire,
déshydratation extracellulaire : laire. Le choix du lieu et du type de traitement est
hydratation extracellulaire variable fonction de plusieurs paramètres :
– perte de poids ;
allant de la déshydratation à – mécanisme de l’hyponatrémie et cause
– pli cutané ;
l’hyperhydratation, avec sous-jacente ;
– hypotension artérielle orthostatique avec
constamment une déplétion sodée – rapidité de constitution du trouble ;
tachycardie ;
responsable de l’hypertension – gravité clinique.
– hémoconcentration biologique (élévation de
orthostatique.
l’hématocrite et des protides).
✔ Prévention : thiazidiques à doses ‚ Hyponatrémie
Au plan physiopathologique, il y a déplétion
appropriées (12,5 à 25 mg avec hyperhydratation extracellulaire
hydrosodée, mais les pertes sodées sont plus
importantes que les pertes hydriques. Les pertes
d’hydrochlorothiazide au maximum), Initialement, le traitement est débuté en milieu
sodées peuvent être extrarénales (natriurèse basse,
pas de régime sans sel strict, hospitalier, puis poursuivi en ambulatoire,
inférieure à 20 mmol/j) ou rénales (natriurèse > boissons limitées ne dépassant pas moyennant une surveillance clinique et biologique
40 mmol/j). Une mention particulière doit être faite 1 500 mL/j au plus. stricte.
concernant l’« accident des diurétiques » dans cette ✔ En pratique : la prescription d’un Un traitement étiologique sera systématiquement
circonstance [3]. diurétique thiazidique, comme celle envisagé : ce sera en particulier celui d’une
d’un régime sans sel, doit insuffisance cardiaque ou d’un syndrome
Secteur extracellulaire normal s’accompagner d’une restriction néphrotique.
Le pool sodé total de l’organisme est ici inchangé. hydrique modérée, pour éviter L’objectif du traitement symptomatique est une
Il existe, en revanche, une rétention hydrique pure l’intoxication par l’eau et déplétion hydrosodée avec des pertes hydriques
justifiant le vocable d’« hyponatrémie de dilution ». l’hyponatrémie de dilution. idéalement supérieures aux pertes sodées. On peut
Malgré une discrète prise de poids, il n’y a pas prescrire à cet effet :
d’œdème. La natriurèse est dite « conservée » car elle – un régime restreint en sel (2 g/j) et en eau
– apports hydriques excessifs (potomanie,
dépend des apports sodés. (500 mL/j) ;
perfusions hypotoniques massives) où les capacités
– des diurétiques de l’anse (furosémide,
Trois grands types d’étiologies peuvent expliquer de sécrétion d’eau libre par le rein sont dépassées,
bumétanide) ou antialdostérone (spironolactone) ;
cette situation : malgré une osmolalité urinaire appropriée (< 150
– des diurétiques intraveineux, avec une
perfusion de sérum salé hypertonique dans les
Tableau II. – Causes fréquentes de syndrome de sécrétion inapropriée d’ADH. formes sévères ;
– en cas d’insuffisance rénale terminale, discuter
Sécrétion paranéoplasique d’ADH
le début de l’épuration extrarénale avec
Cancer bronchopulmonaire
Cancers digestifs : pancréas, intestin grêle ultrafiltration.
Cancer prostatique
Thymomes, lymphomes... ‚ Hyponatrémie
avec déshydratation extracellulaire
Sécrétion d’ADH neurohypophysaire
Affections pulmonaires : tuberculose, aspergillose, pneumopathies bactériennes Le traitement étiologique est indispensable afin
Affections neurologiques : de limiter les pertes hydrosodées cutanées,
méningites, méningoencéphalites, abcès cérébraux digestives ou rénales : arrêt d’un diurétique
traumatisme crânien, accident vasculaire cérébral hémorragique ou ischémique, hémorragie méningée
polyradiculonévrite thiazidique par exemple.
stress, douleur Les buts du traitement symptomatique sont de
corriger :
Iatrogène
Analogues de l’ADH (lysine, vasopressine, ocytocine) ■ le déficit hydrosodé (pour le secteur
Stimulant ou renforçant l’ADH endogène (carbamazépine, biguanides, anti-inflammatoires non stéroïdiens, extracellulaire) :
théophylline, vincristine, neuroleptiques,...) – en cas de collapsus, l’expansion volémique par
À action indéterminée (clofibrate, colchicine, cyclophosphamide,...) voie veineuse est urgente et utilise des solutés
Idiopathique cristalloïdes (NaCl à 9 g/L) ou macromoléculaires ;
– en l’absence de collapsus : apports hydrosodés
ADH : hormone antidiurétique. oraux ou parentéraux.
3
1-1310 - Hyponatrémie
■ le déficit sodé relatif (pour le secteur Dans les hyponatrémies aiguës symptomatiques,
intracellulaire) : Sérum salé hypertonique la vitesse de correction de l’hyponatrémie peut être
– en cas de troubles neuropsychiques : sérum plus élevée, en particulier en cas de coma ou
✔ Modalités :
salé hypertonique ; convulsions, sans toutefois dépasser 2 mmol/L/h le
– ampoules de NaCl à 20 % soit 2 g premier jour, et 1 mmol/L/h les jours suivants.
– chez un patient peu symptomatique :
dans 10 mL ;
suppléments sodés alimentaires (NaCl 10 à 20 g/j).
– à infuser à la seringue électrique ; Seuil de correction [4]
– sans dépasser 10 g/j en moyenne.
‚ Hyponatrémie Chez l’alcoolique ou le patient dénutri, il ne faut
avec secteur extracellulaire normal
✔ Indications :
jamais s’acharner à corriger complètement la
– hyponatrémie compliquée (coma, natrémie, sous peine de risquer une myélinolyse
convulsions). centropontine. On peut se contenter d’un seuil plus
bas (par exemple 125 à 130 mmol/L), pour lequel il
Le traitement étiologique est, là encore, de mise : n’y a pas en règle générale de troubles cliniques.
hormonothérapie thyroïdienne, traitement d’une ‚ Vitesse et niveau de correction
néoplasie ou d’une infection pulmonaire. d’une hyponatrémie
déplétion hydrique pure : en l’absence de traitement neurones à l’hyponatrémie les rend, en effet, très L’analyse d’une hyponatrémie doit suivre une
aquarétique actuellement, l’idée est d’apporter sensibles à la moindre déshydratation, exposant au démarche logique, en s’assurant tout d’abord qu’elle
moins d’eau alimentaire qu’il n’en est perdu au risque de myélinolyse centropontine. Cet accident est liée à une réelle hyperhydratation intracellulaire.
quotidien par voie cutanée, respiratoire et rénale : neurologique effroyable survenant électivement en L’anamnèse et l’examen de secteur extracellulaire
– restriction hydrique (500 mL/j) ; cas de correction trop rapide d’une hyponatrémie permettent de préciser la physiopathologie du
– apports sodés normaux ; chronique, la règle est de ne pas faire augmenter trouble puis sa cause. Un traitement étiologique et
– lédermicine ou lithium (action anti-ADH), en celle-ci de plus de 0,5 mmol/L/h. Ceci suppose une symptomatique adapté sera entrepris, sachant que
dernier recours, en cas d’hyponatrémie surveillance régulière du ionogramme, en milieu les hyponatrémies graves ou symptomatiques
symptomatique persistante malgré la restriction hospitalier dans les cas où un traitement parentéral a engagent le pronostic vital et justifient une
hydrique. été décidé. hospitalisation initiale.
Toute référence à cet article doit porter la mention : D Joly. Hyponatrémie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1310, 1998, 4 p
Références
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J Kidney Dis 1993 ; 21 : 439-443 rioration after correction of hyponatremia. Kidney Int 1989 ; 35 : 69-74
[2] Rose BD. Clinical physiology of acid-base and electrolyte disorders (4th ed). [5] Weisberg LS. Pseudohyponatremia: a reappraisal. Am J Med 1989 ; 86 :
New York : McGraw-Hill, 1994 : 672-675 315-321
4
¶ 1-1365
L’inversion de la formule sanguine est un terme qui ne doit pas être employé. Seules les valeurs absolues
des lymphocytes et des polynucléaires neutrophiles sont à prendre en compte.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Inversion de la formule sanguine. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de
Médecine Akos, 1-1365, 2008.
Lacticodéshydrogénase élevée
Encyclopédie Pratique de Médecine
Z Amoura
■
‚ Démarche étiologique Origine musculaire
Conduite pratique devant
des LDH sériques élevées L’élévation de la LDH sérique résulte d’une Toute lyse du muscle squelettique peut provoquer
augmentation du relargage de la LDH intracellulaire. une élévation de la LDH. Les autres enzymes
Cette dernière peut être due, soit à une musculaires sont également élevées : CPK,
‚ Avertissement
augmentation du nombre de cellules (toutes les transaminases, aldolase. Ne pas oublier que tous les
Deux éléments sont déterminants pour la tumeurs), soit à une augmentation de la libération de traumatismes musculaires, notamment les injections
conduite pratique : la LDH par lyse tissulaire (infarctus ou hémolyse). intramusculaires, peuvent aussi entraîner une lyse.
– la LDH est en grande concentration dans les
globules rouges ce qui implique que toute hémolyse Origine rénale
Origine cardiaque
induite par le prélèvement peut donner une Il s’agit surtout de l’infarctus rénal.
■ Infarctus du myocarde : la LDH est élevée avec
augmentation artéfactuelle des LDH ;
la CPK (et particulièrement la CPK-MB) et les Origine hémolytique
– la LDH est ubiquitaire ce qui implique que sa transaminases. Habituellement la symptomatologie
spécificité est médiocre. Toute hémolyse, quelle que soit son origine, peut
clinique et électrocardiographique permet le
Il est donc nécessaire de : induire une élévation des LDH. Les signes cliniques
diagnostic mais il faut savoir que l’élévation de la
– faire un nouveau dosage devant la moindre et biologiques d’hémolyse permettent d’évoquer le
LDH commence 10-12 heures après le début, atteint
suspicion d’hémolyse induite ; diagnostic.
son pic en 48-72 heures et persiste pendant 10-14
– de coupler le dosage de la LDH avec celui jours. L’élévation isolée de la LDH peut donc se voir Origine tumorale
d’autres enzymes plus spécifiques d’une origine longtemps après l’infarctus lorsque les autres
Toutes les tumeurs malignes peuvent donner une
tissulaire comme les transaminases (ASAT, ALAT) et enzymes sont revenues à la normale.
élévation des LDH. Les LDH sont élevées dans
la créatine phosphokinase (CPK). Idéalement, ces ■ Rhumatisme articulaire aigu et myocardite
environ 50 % des cancers solides, surtout dans les
dosages ne seraient pas nécessaires si le dosage des aiguë sont des causes exceptionnelles.
stades avancés, dans 60 % des lymphomes et dans
isoenzymes était de pratique courante. ■ Cardioversion électrique, chirurgie cardiaque.
près de 90 % des leucémies aiguës ou chroniques.
Devant une élévation persistante des LDH, après
‚ Conduite pratique Origine pulmonaire
l’élimination rapide des causes non tumorales (cf supra),
La démarche diagnostique s’appuie sur un ■ Embolie pulmonaire et infarctus pulmonaire : le praticien doit rechercher un cancer profond.
examen clinique complet qui insistera particuliè- l’élévation de la LDH totale est modérée mais est à
connaître.
■
rement sur :
– l’examen des organes génitaux externes ■ La plupart des pneumopathies peuvent induire Conclusion
(cancer du testicule) ; une élévation modérée.
– l’examen du coeur : la réalisation d’un
électrocardiogramme doit être systématique ; Origine hépatique Malgré une spécificité médiocre, le dosage
– la palpation des aires ganglionnaires ■ Hépatites surtout : les transaminases sont
© Elsevier, Paris
1
1-1250 - Lacticodéshydrogénase élevée
LDH élevée
Confirmer l'élévation
Confirmation origine
non oui
Reprise examen
clinique
Toute référence à cet article doit porter la mention : Z Amoura. Lacticodéshydrogénase élevée.
Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1250, 1998, 2 p
Références
[1] Wallach J. Interpretation of diagnostic tests (6th). Boston : Littel and Brown
1996
2
¶ 1-1370
Leuconeutropénie
F. Lefrère, O. Hermine
< 200/mm3
Neutropénie
Urgence +++
Myélogramme
Isolée Splénomégalie
Thrombocytopénie
Aiguë Chronique
Formes Ethnie
- Toxique - Auto-immune
mineures noire
- Virale - Congénitale
- Immunoallergique
Neutropénie
À suivre ethnique
possible
Pour en savoir plus Breton-Gorius J, Reyes F, Rochant H, Rosa J, Vernant JP. L’hématologie de
Bernard Dreyfus. Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 1992.
Lefrère F. Hématologie et transfusion. Paris: Estem; 2006.
Bernard J, Lévy JP, Varet B, Clauvel JP, Lefrère F, Bezeaud A, et al. Varet B. Le livre de l’interne. Paris: Médecine-Sciences Flammarion (2e ed);
Hématologie. Paris: Masson; 2008. 2007.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Leuconeutropénie. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos,
1-1370, 2009.
Lymphopénie
F. Lefrère, O. Hermine
La lymphopénie est un élément qui a peu d’orientations diagnostiques en soi. De même, elle ne constitue
pas, à elle seule, une urgence diagnostique. Seules comptent les valeurs absolues. La sérologie du virus de
l’immunodéficience humaine (VIH) est le seul examen vraiment indispensable.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Lymphopénie. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 1-1380,
2008.
12 mmol/ j Cellules
340 mmol
42 mmol/ j
Os
ECF 650 mmol?
Mg
10 mmol
1,2 mmol/ j
9 mmol/ j
3 mmol/ j
Figure 1. Répartition du magnésium dans l’organisme. L’apport moyen de magnésium par l’alimentation de type occidental est de 12 à 15 mmol (300 à
350 mg) par jour. La réabsorption intestinale nette, somme du flux de réabsorption active transcellulaire et de sécrétion passive paracellulaire, représente
physiologiquement environ un tiers des apports. Physiologiquement, les échanges entre os et volume extracellulaire (ECF) sont équilibrés sur 24 heures, et la
magnésurie reflète l’apport net intestinal de magnésium (Mg).
TRMP6 Cl-
barttin CaSR
Ca2+ ?
Mg2+
+ -
s’inverser et augmenter la réabsorption nette intestinale lorsque magnésium ; ainsi, l’hypervolémie inhibe cette réabsorption,
la concentration intestinale de magnésium libre est élevée, l’hypovolémie la stimule.
comme au cours de l’administration de sulfate de magnésium L’hypermagnésémie et l’hypercalcémie inhibent la réabsorp-
per os à visée laxative, ou intrarectale à visée tocolytique. tion de magnésium dans l’anse de Henle en stimulant le
Au total, l’absorption intestinale nette, physiologiquement récepteur au calcium (CaSR).
d’environ un tiers des apports alimentaires en magnésium La parathormone et d’autres hormones capables d’activer la
(4 mmoles ou 100 mg par 24 heures), peut être affectée en voie de l’AMPc dans la branche large stimulent la réabsorption
pathologie dans le sens de la hausse ou de la baisse par une rénale de calcium. Cet effet explique la tendance hypermagné-
modification du flux de réabsorption active transcellulaire et/ou sémique des sujets présentant une hyperparathyroïdie.
de sécrétion passive paracellulaire.
obtenu au prix d’une hypomagnésémie [4, 10]. La sévérité de association est en grande partie liée au fait que l’hypomagnésé-
cette hypomagnésémie est d’autant plus importante que la mie et l’hypokaliémie possèdent des causes communes telles
carence d’apport en magnésium est prolongée et qu’il existe un que la prise de diurétiques et les diarrhées. Cependant, la
défaut de réabsorption rénale de magnésium associé. La magné- déplétion en magnésium exerce un effet propre sur la kaliémie
sémie est donc étroitement dépendante des apports alimentaires en inhibant la réabsorption rénale de potassium, effet qui a été
de magnésium. Cet élément différencie nettement l’homéostasie localisé dans la branche large de Henle. Cet effet rend l’hypo-
du magnésium de celle du calcium. En effet, la calcémie dépend kaliémie réfractaire à la supplémentation potassique tant que la
d’un équilibre entre l’os et les reins. Elle peut être maintenue déplétion en magnésium persiste.
dans les limites de la normale, même à apports calciques
alimentaires maintenus nuls de manière prolongée, grâce à un Effets sur le métabolisme calcique et osseux
flux net d’ostéorésorption et à une stimulation de la réabsorp-
tion rénale de calcium [13]. L’effet le plus classique de la déplétion en magnésium est
l’apparition d’une hypocalcémie, qui est particulièrement
fréquente dans les hypomagnésémies sévères. La physiopatho-
■ Hypomagnésémies logie implique un effet inhibiteur sur la sécrétion de parathor-
mone, associée à une résistance périphérique aux effets rénaux
Définition et incidence et osseux de la parathormone et du calcitriol [17]. La résistance
aux effets osseux explique également la diminution du remode-
Lorsqu’elle est systématiquement recherchée, une hypoma- lage osseux qui a été décrit.
gnésémie est présente chez 7 à 20 % des patients hospitalisés,
cette incidence pouvant atteindre 60 % dans des secteurs de
soins intensifs [14]. Cette très forte incidence est alors liée à la Chondrocalcinose
combinaison de facteurs nutritionnels et de l’utilisation de La chondrocalcinose est une des complications la plus
drogues induisant des pertes rénales de magnésium (aminosides, symptomatique de l’hypomagnésémie chronique, en particulier
diurétiques). au cours du syndrome de Gitelman [18, 19].
Une magnésémie entre 0,5 et 0,65 mmol/l définit une
hypomagnésémie modérée. Une hypomagnésémie inférieure à Effets sur le système cardiovasculaire
0,50 mmol/l est considérée comme sévère, généralement
symptomatique. La mesure de la magnésurie permet de déter- Modifications de l’électrocardiogramme
miner si l’origine en est rénale (magnésurie supérieure à 2 mmol La déplétion en magnésium élargit le QRS et augmente
par 24 heures) ou extrarénale (magnésurie inférieure ou égale à l’amplitude de l’onde T.
1 mmol par 24 heures). L’arbre diagnostique d’une hypomagné-
sémie est résumé sur la Figure 3. Si la magnésurie est « intermé- Troubles du rythme
diaire », il faut supplémenter le patient et répéter les mesures L’effet de la déplétion en magnésium sur un cœur sain reste
sanguines et urinaires. sujet à débat. En revanche, il est clairement établi que la
Une magnésémie normale n’exclut pas l’existence d’une fréquence des troubles du rythme ventriculaire est augmentée
déplétion en magnésium responsable d’une hypocalcémie ou entre deux et trois fois par la présence d’une hypomagnésémie
d’une hypomagnésémie, en particulier chez le sujet dénutri dans les 24 premières heures d’une ischémie aiguë. La confé-
(éthylique chronique). Il peut être utile d’avoir recours à un test rence de consensus de l’Association américaine de cardiologie de
diagnostique en perfusant du magnésium et en étudiant la 1992 propose d’inclure l’administration systématique de sulfate
quantité relative de magnésium retenue par l’organisme, qui de magnésium dans la prise en charge des torsades de pointes
augmente en cas de déplétion [15, 16]. et des fibrillations ventriculaires réfractaires [20].
Figure 3. Diagnostic étiologique d’une hypomagnésémie. En présence d’une hypomagnésémie, la mesure de la magnésurie permet de déterminer si
l’origine est extrarénale (magnésurie inférieure ou égale à 1 mmol par 24 heures) ou rénale (magnésurie supérieure à 1 mmol par 24 heures). Les causes
extrarénales relèvent soit d’une diminution majeure des apports alimentaires, soit d’une malabsorption intestinale innée ou acquise. Les causes rénales sont
également innées ou acquises, d’origine toxique ou métabolique.
L’éthylisme chronique s’associe à une tubulopathie avec perte retardent mais ne permettent pas d’éviter l’apparition d’une
rénale de magnésium, qui disparaît généralement en 1 mois néphrocalcinose sévère et d’une insuffisance rénale terminale.
après le sevrage. Cette tubulopathie alcoolique n’est pas la seule La transplantation rénale guérit la pathologie.
cause d’hypomagnésémie chez ces patients généralement
Pertes rénales de magnésium associées à une perte rénale
dénutris, qui peuvent également présenter une pancréatite ou
de sodium
des diarrhées chroniques.
Syndrome de Bartter. C’est une tubulopathie à transmission
Pertes rénales héréditaires de magnésium autosomique récessive qui reproduit cliniquement une prise
chronique de diurétiques de l’anse. Elle associe une perte rénale
Les pertes rénales héréditaires de magnésium ont fait l’objet primitive de sodium, et une perte secondaire de potassium,
d’excellentes revues récentes [27, 28] . Leur diagnostic relève magnésium et calcium. Dans les formes anténatales, la perte de
d’explorations spécialisées rénales et métaboliques. Il est chlorure de sodium entraîne un hydramnios anténatal et des
cependant important de savoir reconnaître ces pathologies pour épisodes néonataux de déshydratation sévère. Les syndromes de
orienter les patients et leurs familles vers les structures adaptées Bartter « classiques » sont des formes à révélation plus tardive
pour y effectuer les tests de diagnostics et définir une prise une dans l’enfance ou l’adolescence. À ce jour, la pathologie est
charge thérapeutique appropriée. subdivisée en cinq sous-types, selon le gène impliqué. Le type
Schématiquement, les pertes rénales de magnésium se subdi- 1 est une forme anténatale qui implique le gène codant le
visent en trois catégories : les pertes sélectives de magnésium ; cotransport Na-K-2Cl (NKCC2), cible des diurétiques de l’anse
(OMIM 601678). Le type 2 est une forme anténatale qui
les pertes de magnésium avec hypercalciurie sans perte rénale de
implique le gène codant ROMK, un canal potassique nécessaire
sodium associée ; les pertes de magnésium associées à une perte
au recyclage du potassium, et indirectement au fonctionnement
rénale de sodium avec ou sans hypercalciurie.
du cotransport Na-K-2Cl (OMIM 241200). Le type 3 (OMIM
241200) est une forme généralement « classique », qui implique
Pertes rénales de magnésium sélectives le gène codant un canal au chlore basolatéral, ClCkb, également
exprimé dans le tubule distal. Cette distribution élargie explique
L’hypomagnésémie avec hypocalciurie (OMIM 154020) est
au sein de certaines familles porteuses du Bartter type 3 un
une tubulopathie qui se rapproche par ces deux anomalies du
phénotype variable selon les sujets atteints, allant d’un phéno-
syndrome de Gitelman (cf. infra), à la différence qu’elle
type anténatal à un phénotype de syndrome de Gitelman (cf.
n’associe ni perte rénale de sodium, ni hypokaliémie, ni alcalose
infra). Le type 4 (OMIM 602522), décrit sous le terme de Bartter
métabolique. Transmise sur un mode autosomique dominant, la anténatal avec surdité, implique le gène codant la barttine, une
pathologie a récemment été rapportée à des mutations de la protéine régulatrice des canaux ClCKb et ClCKa. Ce dernier
sous-unité c2 de la Na-K-ATPase exprimée au pôle basolatéral du canal est coexprimé avec ClCkb dans le tubule rénal. Un cas de
tubule contourné distal [29]. Un tableau proche, décrit sous le Bartter type 4 en rapport avec une double mutation inactiva-
terme d’hypomagnésémie avec normocalciurie, a été initiale- trice ClCKa et ClCb a été décrit. Finalement, le dernier sous-
ment rapporté chez deux sœurs. Les études ont pu exclure type est la forme la plus sévère d’hypocalcémie autosomique
l’implication des gènes codant respectivement le canal dominante (OMIM 601199) en rapport avec des mutations
TRMP6 et la sous-unité c2 de la Na-K-ATPase, suggérant la activatrices du récepteur au calcium. La perte rénale de sodium
présence d’une hétérogénéité génétique supplémentaire. s’explique par le tonus inhibiteur du CaSR hyperactif sur la
réabsorption de sodium dans la branche large.
Pertes rénales de magnésium avec hypercalciurie Syndrome de Gitelman (OMIM 263800). Cette tubulopathie
L’hypomagnésémie, hypercalciurie et néphrocalcinose (HHN) à transmission autosomique récessive a été longtemps confon-
est une affection autosomique récessive (MIM 248250) qui se due avec le syndrome de Bartter. Elle reproduit cliniquement
révèle généralement dans l’enfance ou dans l’adolescence par une prise chronique de diurétique thiazidique. Elle associe une
un trouble de la croissance, des douleurs abdominales révélant perte rénale de sodium et de potassium, une hypomagnésémie
une néphrolithiase ou encore une maladie lithiasique. D’autres classiquement sévère d’origine rénale. La calciurie est classique-
symptômes ont été décrits, tels que des infections urinaires, des ment basse (inférieure à 20 mmol/mmol de créatinine). Le gène
anomalies oculaires, une hyperuricémie ou une acidose tubu- impliqué est généralement le gène SLC12A3 codant le cotrans-
port du chlorure de sodium du tube distal, cible des diurétiques
laire incomplète. Le phénotype caractéristique est l’association
thiazidiques.
biologique d’une perte rénale massive de magnésium et de
calcium dont témoigne une hypomagnésémie sévère avec
magnésurie et calciurie élevée. La calcémie est généralement
normale, parfois basse, secondaire à la déplétion en magnésium. ■ Hypermagnésémies
La calciurie est alors anormalement normale (inappropriée à
l’hypocalcémie). Plusieurs cas familiaux ont pu être rapportés à
des mutations de gènes codant des protéines de jonction de la Définition et incidence
famille des claudines, les claudines 16 et 19. Ces protéines sont L’hypermagnésémie est un désordre hydroélectrolytique rare,
indispensables au transport paracellulaire de calcium et de défini par une magnésémie supérieure à 0,95 mmol/l [31]. Son
magnésium dans l’anse large. Ce défaut peut être démontré par incidence est environ deux fois moindre que celle de l’hypoma-
un test au furosémide qui montre une abolition de la réponse gnésémie [14] . Tant que le taux est inférieur à 2 mmol/l,
calciurique et magnésurique avec réponse natriurétique conser- l’hypermagnésémie reste asymptomatique. Comme le rein
vée [30] . Chez l’homme, l’expression de la claudine 16 est possède physiologiquement une très grande capacité rénale
restreinte à la branche ascendante large (une expression discrète d’excrétion du magnésium, une hypermagnésémie résulte
dans le tube contourné distal initialement décrite n’a pas été nécessairement d’un apport majeur de magnésium au volume
secondairement confirmée), expliquant le phénotype. Le extracellulaire, dépassant les capacités rénales d’élimination, ou
traitement de cette pathologie est particulièrement délicat d’une altération de la clairance rénale du magnésium, ou d’une
puisque la supplémentation en magnésium ne parvient pas ou combinaison des deux [32].
très difficilement à augmenter la magnésémie et que les diuré-
tiques thiazidiques, peu efficaces sur l’hypercalciurie, ont Signes et symptômes de la déplétion
tendance à plutôt aggraver la perte rénale de magnésium,
l’hypomagnésémie et à induire une hypocalcémie. La supplé-
en magnésium
mentation en citrate de potassium, l’hyperhydratation et le Lorsqu’elle est très sévère (supérieure à 9 mmol/l), elle peut
régime restreint en sodium sont généralement préconisés. Ils entraîner une inhibition de la transmission neuromusculaire, de
Tableau 1.
Manifestations de l’hypermagnésémie en fonction de la concentration
plasmatique de magnésium (d’après [33, 34]). “ Points essentiels
Magnésémie Manifestations cliniques
Quand mesurer la magnésémie
mg/dl meq/l mmol/l
• Bilan d’une hypocalcémie
1,7-2,4 1,4-2,1 0,7-1,2 Asymptomatique • Bilan d’une hypokaliémie
5-8 4-7 2-3,5 Nausées, vomissements, rash cutané, • Dénutrition chronique
bradycardie, hypotension
• Surveillance de nutrition parentérale
9-12 8-10 4-5 Abolition des réflexes tendineux,
• Surveillance d’une malabsorption
somnolence
Quand ne pas mesurer la magnésémie
> 15 > 12 >6 Dépression respiratoire, paralysie,
• Bilan d’asthénie
bloc complet
• Bilan de crampes
> 20 > 16 >8 Arrêt cardiaque avec asystolie
.
• Migraine
• Prise de poids ...
[22] Schlingmann KP, Weber S, Peters M, Niemann Nejsum L, Vitzthum H, [30] Blanchard A, Jeunemaitre X, Coudol P, Dechaux M, Froissart M,
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subunit. Nat Genet 2000;26:265-6. aspx?doc=magnesium_ps.
A. Blanchard (anne.blanchard@egp.aphp.fr).
Université Paris V, Faculté de médecine Paris-Descartes ; INSERM, CIC 9201 et U654.
Centre d’investigations cliniques, Hôpital européen George Pompidou, 20-40, rue Leblanc, 75908 Paris cedex 15, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Blanchard A. Métabolisme du magnésium normal et pathologique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Traité de Médecine Akos, 1-1382, 2007.
Microalbuminurie :
méthodes de dosage et interprétation
R. Guieu, C. Monserrat
La microalbuminurie est définie comme l’élimination dans les urines d’une quantité d’albumine comprise
entre 30 et 300 mg/24 h ou entre 30 et 300 µg par mg de créatinine sur un échantillon d’urine isolé. Une
augmentation de la microalbuminurie témoigne d’une atteinte glomérulaire. La microalbuminurie
constitue à la fois un indicateur diagnostic, de suivi thérapeutique et de pronostic, aussi bien dans le
diabète de type 1 que de type 2. C’est également un facteur de risque indépendant dans l’hypertension
artérielle et la maladie coronarienne. La microalbuminurie doit être mesurée dans des conditions strictes
de prélèvement, au moins à deux reprises à visée diagnostic, et une fois par an au cours du suivi des
patients. Son dosage actuel ne pose aucun problème, il est bien standardisé. Il fait appel à
l’immunoturbidimétrie ou l’immunonéphélémétrie. Il est très rapide et fiable. Son interprétation est donc
sûre.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Tableau 1.
Valeurs de référence des concentrations en albumine dans les urines. Chez le sujet sain, l’albuminurie physiologique excède rarement 15 µg/min.
Interprétation Échantillons des 24 h Échantillon avec mesure du débit Échantillon ponctuel
Valeur normale < 30 mg/24 h < 20 µg/min < 30 µg/mg a de créatinine
Macroalbuminurie > 300mg/24 h > 200 µg/min > 300 µg/mg de créatinine
a
À diviser par 8,8 pour des résultats en µg/mmol.
Dans le diabète de type 2 [4] Chugh A, Bakris GL. Microalbuminuria: What is it? Why is it impor-
tant? What should be done about it? An update. J Clin Hypertens 2007;
L’existence d’une microalbuminémie est notée dans 20 % à 9:196-200.
25 % des cas de diabète nouvellement diagnostiqué ou ancien. [5] Taal MW, Brenner BM. Renal risk scores: progress and prospects.
Le diabète de type 2 est une cause fréquente de néphropathie Kidney Int 2008;73:1216-9.
et la microalbuminurie fait partie de la surveillance des patients. [6] Hellsing K. The effects of different polymers for enhancement of the
La réduction de la microalbuminurie, au cours d’un traitement antigen antibody reaction as measured with nephelemetry in protides in
adapté, est corrélée à la diminution de l’atteinte rénale et à la the biological fluid, Oxford: Pergamon Press; 1973. (vol23). p. 579.
diminution du risque cardiovasculaire [20]. Enfin, La microalbu- [7] Fielding BA, Price DA, Houlton CA. Enzyme immunoassay for urinary
minurie est un facteur de risque de mortalité par accident albumin. Clin Chem 1983;29:355-7.
cardiovasculaire aussi bien chez les patients atteints de diabète
[8] Ciret P, Claudel JP, Marre M, Passa P. Early detection of
de type 1 [21], que pour ceux atteints de diabète de type 2 [22].
microalbuminuria by a new technic rapid, sensitive and automatable:
nephelometry. Journ Annu Diabetol Hotel Dieu 1986:313-5.
En dehors du diabète [9] Marre M, Claudel JP, Ciret P, Passa P. Laser immunonephelometry for
the determination of the urinary excretion of Albumin. Presse Med
D’une manière générale, chez le patient non diabétique, la 1986;15:1429.
présence d’une microalbuminurie reste un facteur de risque [10] Dussol B, Jourde-Chiche N. Fonction rénale : comment la mesurer,
indépendant de mortalité par ischémie coronaire [23]. Dans une comment l’interpréter? EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de
méta-analyse portant sur près de 170 000 patients, et incluant Médecine Akos, 1-1244, 2009 : 4p.
près de 7 000 événements cardiovasculaires, Perkovic et al. ont
[11] Raynaud E, Brun JF, Fédou C, Puech-cathala AM, Perez-Martin A,
montré que la présence d’une microalbuminurie augmente de
Orsetti A. Is microalbuminuria, an early marker of clinical
50 % le risque d’événement cardiovasculaire et que ce risque est
nephropathy, also a cardiovascular risk factor? Ann Biol Clin (Paris)
d’autant plus important que l’albuminurie est élevée [24]. La
1998;56:671-9.
présence d’une microalbuminurie est donc un facteur de risque
indépendant de maladie rénale et de mortalité dans le diabète [12] Schultz CJ, Konopelska-Bahu T, Dalton RN, Carroll TA, Stratton I,
et chez l’hypertendu [25] , et constitue un facteur de risque Gale EA, et al. Microalbuminuria prevalence varies with age, sex, and
précoce et indépendant de maladie cardiovasculaire (infarctus puberty in children with type 1 diabetes followed from diagnosis in a
longitudinal study. Oxford Regional Prospective Study Group.
du myocarde ou accident vasculaire) [26, 27]. L’hypertension
Diabetes Care 1999;22:495-502.
augmente l’excrétion urinaire de protéines d’origine tubulaire et
glomérulaire, et augmente en particulier l’albuminurie [28]. Au [13] Amin R, Widmer B, Prevost AT, Schwarze P, Cooper J, Edge J, et al.
cours d’un traitement bien adapté, la microalbuminurie dimi- Risk of microalbuminuria and progression to macroalbuminuria in a
nue [27], et cette diminution est corrélée avec la diminution des cohort with childhood onset type 1 diabetes: prospective observational
complications cardiovasculaires [29], ce qui fait de la microalbu- study. BMJ 2008;336:697-701.
minurie une cible thérapeutique [16]. [14] Mogensen CE. Microalbuminuria : risques cardiovasculaires et rénal.
Diabétol Fact Risq 1997;3:153-8.
[15] Stone ML, Craig ME, Chan AK, Lee JW, Verge CF, Donaghue KC.
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with type 1 diabetes: a longitudinal study. Diabetes Care 2006;29:
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microalbuminuria to proteinuria in patients who have type 1 diabetes
La présence de microalbumine est rare dans la population
and are treated with angiotensin-converting enzyme inhibitors. Clin
standard.
J Am Soc Nephrol 2007;2:461-9.
La présence de microalbumine est fréquente chez les
[17] Ruggenenti P, Perna A, Remuzzi G, GISEN Group Investigators..
patients diabétiques ou hypertendus. Retarding progression of chronic renal disease: the neglected issue of
La microalbumine est : residual proteinuria. Kidney Int 2003;63:2254-61.
• une aide au diagnostic puisque témoin d’une atteinte [18] Warram JH, Gearin G, Laffel L, Krolewski AS. Effect of duration of
glomérulaire et donc d’une atteinte rénale ; type I diabetes on the prevalence of stages of diabetic nephropathy
• un marqueur pronostic au cours de l’évolution de defined by urinary albumin/creatinine ratio. J Am Soc Nephrol 1996;
l’insuffisance rénale ; 7:930-7.
• une cible thérapeutique dans le diabète et dans [19] Mogensen CE. Microalbuminuria and hypertension with focus on type
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cardiovascular disease: Analysis of potential mechanisms. J Am Soc
La microalbuminurie, à condition de respecter strictement les Nephrol 2006;17:2106-11.
conditions de prélèvements et de dosage, est un marqueur [22] Dinneen SF, Gerstein HC. The association of microalbuminuria and
diagnostic, de suivi thérapeutique et de pronostic chez le mortality in non-insulin-dependent diabetes mellitus. A systematic
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Guieu R., Monserrat C. Microalbuminurie : méthodes de dosage et interprétation. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 1-1383, 2009.
Monocytose
F. Lefrère, O. Hermine
Le taux normal des monocytes sanguins est inférieur à 1 × 109/l. On parle de monocytose sanguine à
partir de 1 × 109/l sur au moins deux hémogrammes successifs. Le médecin généraliste doit se poser la
question de savoir s’il s’agit de vrais monocytes ou d’autres cellules (malignes) et ainsi de faire contrôler le
frottis sanguin par un biologiste avisé. Les formes chroniques sont associées à des hémopathies malignes.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Avis spécialisé
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Monocytose. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 1-1385,
2009.
Myélémie
F. Lefrère, O. Hermine
La présence confirmée et persistante de cellules myéloïdes immatures sur le frottis sanguin impose un avis
spécialisé.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Plan Tableau 1.
Étiologies des myélémies.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Myélémie. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 1-1388,
2009.
Polynucléose neutrophile
F. Lefrère, O. Hermine
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Polynucléose neutrophile. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine
Akos, 1-1410, 2009.
La recherche et l’étude des protéinuries constituent un outil simple du dépistage et du diagnostic des
maladies rénales. Leur analyse est un contributeur essentiel du raisonnement diagnostique en
néphrologie. La très accessible détermination de leur composition et donc de leur origine (glomérulaire,
tubulaire ou autre) doit être intégrée aux autres données sémiologiques rénales pour une analyse
syndromique qui précise le diagnostic étiologique ou oriente les examens complémentaires nécessaires à
sa détermination. De plus, les protéinuries sont devenues un marqueur pronostique incontournable des
maladies rénales chroniques. Elles doivent faire l’objet d’une attention particulière pour leur suivi et
constituent même une cible obligatoire des interventions thérapeutiques. Enfin, les protéinuries font
actuellement l’objet d’une recherche clinique active qui a pour but de déterminer leur toxicité rénale
propre et ses mécanismes. L’enjeu est le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques des
maladies rénales fondées sur l’inhibition de tels mécanismes.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
uromoduline sécrétée par les cellules épithéliales de l’anse de cours du temps, il est préférable de mesurer la protéinurie sur
Henle, du tube contourné distal et du tube collecteur) ou un échantillon d’urine, de préférence sur les premières urines du
urogénitale (IgA sécrétoires de l’urètre, déchets protéolysés du matin [5] , et de rapporter la protéinurie à la créatininurie
tractus urogénital). Cette protéinurie physiologique n’est (résultat exprimé en mg/mmol de créatinine ou en g/g de
habituellement pas dépistée par les bandelettes urinaires. créatinine) [7, 8]. La mesure sur les premières urines du matin est
Sur ce « fond » de protéinurie physiologique peut s’installer privilégiée puisqu’elle est mieux corrélée à la protéinurie des
une anomalie à l’origine d’une protéinurie à la constitution de 24 heures. Si la mesure sur un échantillon des premières urines
laquelle quatre mécanismes non exclusifs peuvent concourir : du matin n’est pas possible, une mesure du ratio protéinurie ou
• la filtration de protéines de bas poids moléculaire en quantité albuminurie sur créatininurie sur un échantillon pris au hasard
anormale ; est cependant valable [5]. Chez les enfants, une protéinurie
.
• une augmentation de la perméabilité glomérulaire ; orthostatique doit être exclue par la mesure de la protéinurie sur
• un défaut de réabsorption tubulaire des protéines ; les premières urines du matin si la recherche initialement
• une augmentation de la synthèse tubulaire protéique. positive avait été mesurée sur un échantillon de la journée [5].
Une protéinurie supérieure à 150 mg/j est anormale chez
■ Techniques de détection l’adulte [9], ou 0,15 g de protéinurie/g de créatininurie. Toute-
fois, en 2009, la Société de néphrologie a adopté les définitions
La détection d’une protéinurie se fait par des bandelettes suivantes pour définir la protéinurie clinique :
imprégnées de bleu de tétrabromophénol (Albustix ® ou • un ratio albuminurie/créatininurie supérieur à 300 mg/g ou
Multistix®). Elles sont colorées en jaune puis en vert puis en 30 mg/mmol ;
bleu en présence de concentrations croissantes de protéines • un ratio protéinurie/créatininurie supérieur à 500 mg/g ou
chargées négativement comme l’albumine. Le résultat est évalué 50 mg/mmol ;
soit de manière visuelle, soit de manière automatisée, exprimé • ou une protéinurie des 24 heures supérieure à 0,5 g.
de zéro à quatre croix. Chez l’enfant, une protéinurie est définie chez le nouveau-né
Cette méthode très spécifique permet de détecter des protéi- (moins de 30 jours), le nourrisson (jusqu’à 12 mois), le jeune
nuries à partir de 100 mg/l (traces) à 300 mg/l (une croix). Un enfant (de 2 à 10 ans) comme étant supérieure à 145 mg/m2/j,
résultat à deux croix correspond à une protéinurie inférieure à 110 mg/m2/j et 85 mg/m2/j respectivement [9]. Certains utilisent
1 g/l, trois croix à une protéinurie inférieure à 3 g/l et quatre néanmoins la même définition de la protéinurie chez l’enfant
croix supérieure à 3 g/l [2, 4]. Toutefois, cette méthode donne que celle chez l’adulte, soit une protéinurie supérieure à
une appréciation trompeuse de la protéinurie en raison de sa 150 mg/j [4].
seule approximation de la concentration de la protéinurie et Les patients ayant une recherche de la protéinurie positive à
non du débit de la protéinurie. Les faux positifs sont possibles, deux reprises espacées de 1 à 2 semaines sont considérés comme
retrouvés en cas d’urines alcalines (pH > 8), trop concentrées ou ayant une protéinurie permanente par opposition aux protéinu-
contaminées (infection urinaire, hématurie, menstruation) [5]. ries intermittentes.
Elle est peu sensible [5] puisqu’elle ne permet pas de détecter les
maladies rénales à un stade débutant lorsque la protéinurie est
inférieure au seuil de détection, ou lorsque la protéinurie est
diluée par un état d’hyperhydratation. De plus, les bandelettes
détectent de manière plus sensible l’albumine et peuvent ne pas
“ À retenir
détecter les autres protéines, notamment les Ig ou les protéines
de bas poids moléculaire. Elles ne détectent pas non plus les Microalbuminurie et albuminurie
chaînes légères d’Ig chargées positivement. • La microalbuminurie est quantifiée par un dosage
Les bandelettes détectant spécifiquement l’albumine [6] ont immunologique spécifique et est définie par une excrétion
un seuil de détection à 30-40 mg/l et sont donc utilisables pour urinaire d’albumine comprise entre 30 et 300 mg/j (ou 30
la détection de la microalbuminurie. à 300 mg/g de créatininurie) contrairement à
On utilise, pour le dépistage des adultes à risque élevé de l’albuminurie définie par un ratio albuminurie sur
maladie rénale chronique ou des enfants pubères ayant un
créatininurie supérieur à 300 mg/g ou un débit supérieur à
diabète évoluant depuis 5 ans ou plus, une bandelette de
détection spécifique de l’albumine sur un échantillon d’urine, 300 mg/j.
l’albuminurie étant en effet un marqueur plus sensible que la • Les patients diabétiques doivent être dépistés une fois
protéinurie totale de la maladie rénale chronique secondaire au par an, dès le diagnostic du diabète de type 2 ou après
diabète, à l’hypertension artérielle (HTA) ou aux maladies 5 ans d’évolution du diabète de type 1, par la mesure
glomérulaires. Au contraire, chez l’enfant non diabétique ou du rapport microalbuminurie sur créatininurie sur
ayant un diabète à l’âge prépubère ou ayant un diabète à l’âge échantillon [10]. En cas de positivité, le dosage doit être
pubère mais évoluant depuis moins de 5 ans, on privilégie une répété à deux reprises sur échantillon à 3 et 6 mois en
détection de la protéinurie totale par une bandelette urinaire dehors de toute infection urinaire afin de confirmer
standard, qui détecte également l’albumine [5]. la présence d’une microalbuminurie ou d’une
Une détection positive (une croix ou plus) doit être confirmée
albuminurie [11].
par une mesure quantitative de la protéinurie dans un délai de
3 mois [5].
clinostatisme (urines recueillies après 2 h de repos en décubitus rechercher une chaîne d’Ig monotypique. La recherche de
dorsal). Elle est en règle inférieure à 1 g/j et isolée (absence microalbuminurie est également une recherche spécifique et
d’antécédent néphrologique, d’HTA, d’insuffisance rénale et sensible utilisant un anticorps antialbumine (immunonéphélé-
d’anomalie du sédiment urinaire). La ponction-biopsie rénale métrie). De manière similaire, la mesure combinée des principa-
(non recommandée) est normale ou montre des altérations non les protéines informatives par leur quantité relative et leur poids
spécifiques [4] . Son mécanisme est controversé (anomalies moléculaire permet une analyse qualitative précise des protéi-
glomérulaires minimes, anomalies hémodynamiques par nuries : c’est le principe du profil protéique urinaire [15]. Même
obstruction de la veine rénale gauche entre l’aorte et l’artère s’il semble le plus fiable aujourd’hui, le profil protéique urinaire
mésentérique supérieure ou réponse exagérée du système reste coûteux et réservé à l’investigation de situations complexes
rénine-angiotensine) [13] . La mesure de la protéinurie chez en milieu spécialisé.
l’enfant doit donc idéalement être réalisée sur les premières
urines du matin [5].
Une protéinurie intermittente peut également être détectée au
■ Interprétation diagnostique
décours d’un effort prolongé, d’une fièvre élevée, d’une infec- d’une protéinurie permanente (Fig. 1)
tion urinaire, d’une polyglobulie ou d’une insuffisance ventri-
culaire droite [9]. Protéinuries prérénales ou protéinuries
de surcharge
Protéinurie idiopathique transitoire Elles résultent de la présence en excès dans le sérum d’une
Cette forme de protéinurie est très fréquemment retrouvée protéine de bas poids moléculaire qui est librement filtrée par les
chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte jeune [14]. Les patients glomérules. Les mécanismes de réabsorption tubulaire étant
sont asymptomatiques, la protéinurie étant découverte de saturés, cette protéine est détectée dans l’urine terminale. Il peut
manière fortuite à la médecine scolaire ou sportive, au cours du s’agir d’hémoglobine en cas d’hémolyse intravasculaire, de
service militaire ou lors d’une visite médicale d’embauche. Le myoglobine en cas de rhabdomyolyse, d’amylase lors d’une
sédiment urinaire est normal (absence de leucocyturie ou pancréatite aiguë, ou d’une chaîne légère monoclonale kappa ou
d’hématurie) et la protéinurie disparaît typiquement lors des lambda en cas de dysglobulinémie (myélome). Une lysozymurie
nouvelles mesures. Avant d’entamer une évaluation approfon- peut être détectée en cas de leucémie aiguë monocytaire ou
die, il est donc nécessaire de vérifier la persistance de la myélocytaire. Elles peuvent être de débit abondant (parfois
protéinurie. Il n’y a pas de risque à long terme, ce phénomène supérieur à 3 g/j ou 3 g/g de créatininurie) et donc constituer un
reflétant probablement une modification hémodynamique diagnostic différentiel des protéinuries glomérulaires. La distinc-
intrarénale [9]. tion est alors faite grâce à l’analyse qualitative qui révèle une
minorité d’albumine et une prédominance (en règle
> 90 %) de la protéine de faible poids moléculaire. D’un point de
■ Modes d’analyse vue pratique, c’est dans cette situation qu’il existe une dissocia-
tion entre le résultat des recherches de protéinurie à la bandelette
d’une protéinurie permanente urinaire et le dosage quantitatif. L’identification de la protéine
dite « de surcharge » peut être réalisée dans le sang ou dans
Analyse quantitative l’urine : myoglobinémie/myoglobinurie, hémoglobinémie/
hémoglobinurie ou encore chaînes kappa ou lambda d’Ig.
L’analyse quantitative d’une protéinurie est une première
Les protéinuries prérénales ne sont pas l’expression d’une
analyse pour approcher le type de la maladie rénale qu’elle
maladie rénale. Néanmoins, leur excès dans le tubule rénal peut
traduit. Lorsqu’elle est supérieure à 1,5 g/j ou 1,5 g/g de
être toxique pour celui-ci : les myoglobinuries ou les hémoglo-
créatininurie, le plus probable est qu’elle témoigne d’une
binuries des rhabdomyolyses ou des hémolyses, respectivement,
néphropathie glomérulaire. Cela doit être confirmé par l’analyse
peuvent être responsables d’une nécrose tubulaire aiguë ; les
qualitative en vérifiant qu’elle est composée d’une majorité
chaînes légères d’Ig au cours des myélomes peuvent être à
d’albumine (cf. infra). Toutefois, la réciproque est fausse : une
l’origine d’une tubulopathie aiguë myélomateuse (rein aigu
protéinurie inférieure à 1,5 g/j ou 1,5 g/g n’exclut pas une
myélomateux).
maladie glomérulaire et toutes les causes sont possibles :
néphropathie glomérulaire, néphropathie tubulaire et/ou Protéinuries hémodynamiques
interstitielle ou encore une protéinurie de surcharge. L’analyse
quantitative n’est donc qu’insuffisamment informative et doit Elles sont observées en cas de pérennisation d’une situation
toujours être complétée par une analyse qualitative. clinique à l’origine d’une protéinurie intermittente fonction-
nelle (cf. supra). Elles sont principalement composées d’albu-
mine, aussi peuvent-elles en imposer pour une néphropathie
Analyse qualitative glomérulaire. C’est donc la confrontation clinique qui permet le
C’est l’analyse de la composition de la protéinurie. L’électro- diagnostic. Là encore, même s’il n’existe pas de maladie rénale
phorèse des protéines urinaires, réalisée en acétate de cellulose à l’origine de ce type de protéinurie, on ne peut exclure que la
au sodium dodecyl sulfate polyacrylamide gel electrophoresis (SDS- prolongation d’une telle situation puisse être à l’origine
PAGE), permet une analyse qualitative de la protéinurie pour en d’authentiques lésions rénales.
préciser les mécanismes (filtration de protéines de bas poids
moléculaire en quantité anormale, augmentation de la perméa- Protéinuries glomérulaires
bilité glomérulaire, défaut de réabsorption tubulaire des protéi-
nes, augmentation de la synthèse tubulaire protéique) [9]. Microalbuminurie (cf. supra)
L’électrophorèse permet de différencier les protéinuries La microalbuminurie n’est pas la conséquence de lésions
tubulaires, glomérulaires (qui contiennent essentiellement de histologiques, même en microscopie électronique. Elle témoigne
l’albumine) sélectives ou non sélectives et les protéinuries de d’une augmentation de la perméabilité glomérulaire et corres-
surcharge (chaînes légères monoclonales des dysglobulinémies, pond à un stade précoce et encore réversible de la néphropathie
hémoglobine, myoglobine...). L’électrophorèse des protéines diabétique au cours du diabète de type 1. Dans d’autres situa-
urinaires est cependant techniquement imparfaite et produit tions, et particulièrement au cours du diabète de type 2, sa
parfois des résultats erronés, surtout lorsque la concentration présence est associée au risque cardiovasculaire.
des protéines étudiées est faible. Pour y palier, il existe des
dosages spécifiques des principales protéines pouvant entrer Protéinuries glomérulaires
dans la composition des protéinuries. Ces techniques utilisent Elles sont de débit variable, mais une protéinurie supérieure
des anticorps spécifiques. Par exemple, l’immunoélectrophorèse à 1,5 g/24 h suggère une origine glomérulaire. Elles sont
des protéines urinaires ou l’immunofixation permettent de composées essentiellement d’albumine (> 60 %).
Bandelette urinaire +
Figure 1. Arbre décisionnel. Stratégie diagnostique d’une protéinurie. EPU : électrophorèse des protéines urinaires ; EPP : électrophorèse des protéines
plasmatiques.
Elles sont la conséquence de lésions de la barrière gloméru- à d’autres anomalies (une HTA, une hématurie, une insuffisance
laire : de l’endothélium et/ou de la membrane basale gloméru- rénale) et de caractériser le type de syndrome glomérulaire
laire et/ou des podocytes. Une protéinurie glomérulaire résulte auquel elle s’intègre :
d’une augmentation de la perméabilité glomérulaire et de la • syndrome néphrotique caractérisé par une protéinurie supé-
saturation des mécanismes de réabsorption tubulaire. Leur rieure à 3 g/24 h et une hypoalbuminémie inférieure à
composition dépend de l’importance des lésions glomérulaires : 30 g/l :
soit les lésions sont moindres et l’augmentation de perméabilité C pur (absence d’HTA, d’insuffisance rénale, d’hématurie),
concerne essentiellement l’albumine qui est alors très majori- C impur ;
taire (> 80 % d’albumine) et la protéinurie est dite « sélective », • syndrome néphritique, caractérisé par un début brutal, une
soit les lésions sont importantes et l’augmentation de perméa- HTA sévère, une protéinurie, une hématurie, une insuffisance
bilité concerne également des protéines plus grosses qui rénale aiguë modérée, rapidement résolutive ;
accompagnent alors l’albumine qui reste cependant majoritaire • syndrome de glomérulonéphrite rapidement progressive,
(protéinuries glomérulaires non sélectives). caractérisé par une insuffisance rénale aiguë rapidement
Protéinurie glomérulaire sélective évolutive, une hématurie, une protéinurie glomérulaire
d’abondance variable ;
Une protéinurie est dite « sélective » lorsqu’elle contient au • un tableau de glomérulonéphrite chronique avec une insuffi-
moins 80 % d’albumine (67 kDa). C’est une caractéristique, non sance rénale chronique, une protéinurie, voire une hématurie
spécifique, de la protéinurie du syndrome néphrotique secon- ou encore une HTA.
daire à des lésions glomérulaires minimes. La sélectivité peut L’intégration de cette analyse syndromique à d’éventuelles
également être établie sur la comparaison de la clairance des anomalies systémiques permet d’émettre des hypothèses dia-
IgG (150 kDa) et celle de la transferrine (76 kDa). Un rapport gnostiques à étayer ou infirmer par des examens complémen-
clairance IgG/clairance transferrine (soit [concentration urinaire taires ciblés : dosage sérique des protéines du complément,
IgG × concentration sanguine transferrine]/[concentration recherche d’autoanticorps, recherche d’une Ig monoclonale,
sanguine IgG × concentration urinaire transferrine]) inférieure à sérologies virales... et éventuellement une biopsie rénale.
0,10 traduit une protéinurie sélective [3, 16].
Protéinurie glomérulaire non sélective Protéinuries tubulaires
Une protéinurie glomérulaire est dite « non sélective » Les protéines plasmatiques de bas poids moléculaire sont
lorsqu’elle est composée de moins de 80 % d’albumine, associée physiologiquement filtrées par les glomérules et réabsorbées par
à toutes les classes d’Ig du sérum. Un ratio clairance les cellules tubulaires proximales. En cas d’atteinte tubulaire, on
IgG/clairance transferrine supérieur à 0,2 traduit également une peut identifier une protéinurie de l’ordre de 1 g/24 h, rarement
protéinurie non sélective [3, 16]. En pratique, toutes les néphro- supérieure à 2 g/24 h, secondaire à l’abolition de la réabsorption
pathies glomérulaires primitives ou secondaires peuvent donner proximale des protéines. Cette protéinurie tubulaire est consti-
ce type de protéinurie. tuée principalement de b2-microglobuline (12 kDa), de lyso-
Pour son interprétation diagnostique, il est nécessaire de zyme (15 kDa), de retinol binding-protein et de chaînes légères
déterminer si la protéinurie glomérulaire est isolée ou associée d’Ig (en faible quantité) ; l’albumine représente au maximum
50 % de la protéinurie (sa présence provient de sa minime corrélée au niveau de protéinurie [22] et à la présence de lésions
filtration glomérulaire physiologique et de l’absence de tubulo-interstitielles qu’aux lésions glomérulaires [16]. L’albumi-
réabsorption tubulaire). Les protéinuries tubulaires ne sont pas nurie est un marqueur d’évolution de la maladie rénale chroni-
ou mal détectées par la bandelette urinaire mais quantifiables que et un facteur de risque de morbidité et de mortalité
par les techniques biochimiques habituelles ; elles sont visibles cardiovasculaire en cas de diabète [11] mais également en
à l’électrophorèse des protéines urinaires avec les caractéristiques absence de diabète [1, 23, 24]. L’évaluation du rapport
évoquées ci-dessus. albuminurie/créatininurie est un meilleur marqueur de maladie
Les protéinuries tubulaires sont rarement isolées et fréquem- rénale chronique que l’évaluation de la fonction rénale chez le
ment accompagnées d’autres anomalies des fonctions tubulaires jeune adulte [1] . De même, ce rapport identifie mieux les
(par exemple, un syndrome de Fanconi), d’une protéinurie dite patients à risque d’insuffisance rénale chronique rapidement
« de surcharge » ou prérénale, d’anomalies consécutives à une évolutive [24].
atteinte interstitielle associée (leucocyturie, voire hématurie),
De plus, l’excrétion urinaire de protéines de haut poids
voire même d’anomalies glomérulaires dont une protéinurie. En
moléculaire (IgG et IgM), donc les protéinuries glomérulaires
effet, les protéinuries tubulaires témoignent d’une tubulopathie
non sélectives, est corrélée à la sévérité des lésions histologiques
qui peut être isolée, ou accompagner une néphrite interstitielle,
une néphropathie glomérulaire, ou encore une protéinurie de et permet de prédire une évolution naturelle et une réponse au
surcharge à l’origine de la tubulopathie. Donc, comme pour traitement plus médiocres [3, 16].
l’analyse des protéinuries glomérulaires, c’est l’association à Il est établi par ailleurs que les altérations tubulo-interstitielles
d’autres anomalies rénales et systémiques qui permet son participent à la dégradation du tissu rénal et à la sévérité
diagnostic étiologique. clinique des maladies rénales chroniques. De fait, il n’est pas
étonnant de constater que l’adjonction d’une protéinurie
tubulaire, symptomatique de telles altérations au cours d’une
Combinatoire glomérulopathie, est prédictive d’une évolution naturelle plus
Comme évoqué ci-dessus, une maladie glomérulaire peut être péjorative avec moindre réponse au traitement [3].
associée à des lésions ou une néphropathie interstitielle ou On pourrait donc considérer une classification des protéinu-
vasculaire. De même, une situation clinique occasionnant une ries glomérulaires selon leur sévérité croissante :
protéinurie de surcharge permanente peut être compliquée • microalbuminuries ;
d’une tubulopathie, voire même d’une glomérulopathie (par • albuminuries > 0,5 g/g de créatininurie avec une sévérité
exemple, une maladie à dépôts glomérulaires de chaînes légères proportionnelle à leur importance ;
d’Ig et une tubulopathie myélomateuse compliquant un myé- • protéinuries glomérulaires non sélectives avec une sévérité
lome à chaîne légère). Ces situations complexes sont traduites proportionnelle à leur débit ;
par des protéinuries complexes qui sont une association des • protéinuries mixtes, glomérulaires de débit élevé + protéinu-
situations simples présentées ci-dessus. Il est parfois difficile d’en ries tubulaires.
faire une analyse précise. Là, une mesure combinée des princi- Que ces protéinuries soient un marqueur et un acteur ou
pales protéines informatives par leur quantité relative et leur seulement un marqueur de la progression des maladies rénales,
poids moléculaire (profil protéique urinaire) peut être il est indiscutable que leur réduction est un objectif essentiel de
justifiée [15]. la néphroprotection puisqu’elle limite l’aggravation de l’insuffi-
sance rénale [25]. Un traitement bloqueur du système rénine-
angiotensine doit être proposé à un patient, diabétique ou non,
■ Interprétation pronostique . ayant une albuminurie même en absence d’HTA [1, 11]. L’objectif
doit être une réduction à moins de 0,5 g/g de créatininurie,
voire la disparition de la microalbuminurie chez les diabétiques.
Microalbuminurie Remarque : les protéinuries tubulaires isolées ont une valeur
La définition de la microalbuminurie chez le diabétique avait pronostique moins étudiée mais elles sont probablement moins
historiquement un intérêt clinique, puisque les patients avec péjoratives, comme en témoigne le bon pronostic usuel des
une macroalbuminurie avaient une baisse progressive de leur néphropathies interstitielles chroniques lorsque leur cause est
débit de filtration glomérulaire associée à une HTA, contraire- éradiquée.
ment aux patients ayant une microalbuminurie, considérés
comme ayant une fonction rénale stable mais à risque de
développer une macroalbuminurie et une insuffisance
rénale [17]. Ce concept a été remis en cause par de nouvelles ■ Conclusion
études qui ont montré une possible régression spontanée de la
La détection et l’analyse des protéinuries constituent donc un
microalbuminurie, une proportion moins importante de
outil simple et peu coûteux du dépistage précoce des maladies
patients évoluant de la microalbuminurie vers la macroalbumi-
nurie ou au contraire la présence de modifications structurales rénales, de leur évaluation étiologique, de leur évaluation
rénales importantes en cas de microalbuminurie évoquant le fait pronostique et enfin de leur thérapeutique. De plus, les protéi-
que la microalbuminurie est un marqueur plutôt qu’un facteur nuries constituent une cible prometteuse de la recherche
de risque de néphropathie diabétique [18, 19] . Toutefois, la clinique, avec comme objectif ultime le développement de
microalbuminurie est un facteur de risque indépendant d’insuf- nouvelles stratégies de prévention et du traitement de l’insuffi-
fisance rénale chronique et de la morbimortalité cardiovascu- sance rénale.
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C. Bertoye.
É. Daugas (eric.daugas@bch.aphp.fr).
Inserm U699, Université Paris 7, Service de néphrologie, Hôpital Bichat, 46, rue Henri-Huchard, 75877 Paris cedex 18, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Bertoye C., Daugas É. Protéinurie : du symptôme au diagnostic. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité
de Médecine Akos, 1-1420, 2011.
Le diagnostic d’hypoglycémie est souvent évoqué par le patient lui-même, à l’occasion de malaises, mais
cette hypoglycémie correspond en fait très rarement à une authentique hypoglycémie organique. Cette
dernière doit être suspectée en présence soit d’un contexte favorisant (insuffisance surrénale, cachexie,
sujet âgé polypathologique, etc.), soit de signes de neuroglycopénie évoquant un insulinome. Pour arriver
à ce diagnostic extrêmement rare, il faut d’abord prouver l’existence d’une insulinémie anormalement
élevée en présence d’une glycémie basse, lors d’une épreuve de jeûne en milieu hospitalier.
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Suivi de l'évolution :
diminution de la fréquence et
modification de la symptomatologie
des malaises
Figure 1. Arbre décisionnel. Conduite à tenir devant une suspicion d’hypoglycémie. TSH : thyroid stimulating hormone ; Ac : Anticorps ; T4 : thyroxine ou
tétra-iodothyronine.
malaises permet de confirmer l’absence d’hypoglycémie [4] Johnson DD, Dorr KE, Swenson WM, Service FJ. Reactive
organique. En cas de persistance, voire d’aggravation des hypoglycemia. JAMA 1980;243:1151-5.
malaises, associée à une hypoglycémie biologique constatée [5] Richard JL, Rodier M, Monnier L, Orsetti A, Mirouze J. Effect of
au moment d’un malaise, il faut recourir à l’épreuve de jeûne. acarbose on glucose and insulin response to sucrose load in reactive
hypoglycemia. Diabete Metab 1988;14:114-8.
• Il y a des arguments cliniques en faveur d’une insuffisance
[6] Pandit MK, Burke J, Gustafson AB, Minocha A, Peiris AN. Drug-
surrénalienne, ou d’une hypothyroïdie, que l’on confirme induced disorders of glucose tolerance. Ann Intern Med 1993;118:
biologiquement. Il y a des médicaments favorisant l’hypogly- 529-39.
cémie que l’on peut arrêter. [7] Larger E, Hillaire-Buys D, Assan R, Blayac JP. Drug-induced
• Il y a une suspicion d’hypoglycémie organique sans cause hypoglycemia in 1995. Pharmacovigilance data, analysis of the
. évidente : il faut confirmer le diagnostic par une épreuve literature. Journ Annu Diabetol Hotel Dieu 1995:89-105.
de jeûne en hospitalisation avant de poursuivre les [8] Service FJ. Hypoglycemic disorders. N Engl J Med 1995;332:1144-52.
investigations. [9] Vezzosi D, Bennet A, Fauvel J, Boulanger C, Tazi O, Louvet JP, et al.
.
Insulin levels measured with an insulin-specific assay in patients with
fasting hypoglycaemia related to endogenous hyperinsulinism. Eur
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Pour en savoir plus
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hypoglycemia: absence of hypoglycemia after meals. Diabetes 1981; métaboliques. Connaissances et pratiques. Paris: Elsevier Masson;
30:465-70. 2007. p. 206.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Hartemann-Heurtier A. Suspicion d’hypoglycémie chez l’adulte non diabétique. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 1-1340, 2008.
Syndrome mononucléosique
F. Lefrère, O. Hermine
Le diagnostic des syndromes mononucléosiques se fait en deux temps : d’abord par la reconnaissance du
syndrome mononucléosique sur un frottis sanguin, ensuite par la détermination de la cause. Cette
dernière est dominée par le diagnostic de mononucléose infectieuse.
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Mots clés : MNI-test® ; VIH ; Syndrome mononucléosique ; PBD ; Epstein-Barr virus ; Test de Paul-Bunnell
Elle touche volontiers l’adolescent et l’adulte jeune (« maladie Infection par le cytomégalovirus (CMV)
du baiser »).
• Fièvre +/- syndrome grippal. Asthénie souvent marquée. Chez le sujet non immunodéprimé, la primo-infection est
• Angine érythémateuse ou érythématopultacée avec dysphagie souvent asymptomatique ou d’intensité modérée (fièvre,
et pétéchies du voile possibles. asthénie, myalgie), sans angine (diagnostic différentiel avec la
• Adénopathies cervicales (rare hépatosplénomégalie). MNI), avec adénopathies inconstantes.
Syndrome mononucléosique
MNI-test® Viroses :
Infections bactériennes :
- EBV
- syphilis secondaire Allergie
- VIH
- brucellose médicamenteuse
- hépatite
- maladie d'Osler
- rubéole
- typhoïde
- CMV
Positif Négatif
Infection parasitaire :
Sérologie EBV - toxoplasmose
Réaction de PBD
IgM
– + –
Mononucléose
infectieuse
MNI ?
séronégative
Figure 1. Syndrome mononucléosique. Démarche diagnostique. MNI : mononucléose infectieuse ; EBV : Epstein-Barr virus ; VIH : virus de l ‘immunodéfi-
cience humaine ; PBD : Paul-Bunnell-Davidsohn ; CMV : cytomégalovirus.
Infections bactériennes
Affections non virales
Très rarement à l’origine de syndromes mononucléosiques.
Toxoplasmose Typhoïde, brucellose, syphilis secondaire, maladie d’Osler...
Le syndrome mononucléosique est inconstant dans cette
infection. Allergies médicamenteuses
La transmission du parasite se fait par contacts avec un chat
ou par l’ingestion de viande mal cuite. Elles sont rares.
Pour en savoir plus Breton-Gorius J, Reyes F, Rochant H, Rosa J, Vernant JP. L’hématologie de
Bernard Dreyfus. Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 1992.
Lévy JP, Varet B, Clauvel JP, Lefrère F, Bezeaud A, Guillain MC. Lefrère F. Hématologie et transfusion. Paris: Estem; 2008.
Hématologie. Abrégés. Paris: Masson; 2008. Varet B. Le livre de l’interne. Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 2007.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefrère F., Hermine O. Syndrome mononucléosique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine
Akos, 1-1430, 2009.
1-1450
AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine
J Cosserat
L a vitesse de sédimentation est un paramètre qui ne s’interprète jamais de façon isolée, mais avec les données
de l’examen clinique, du dosage des protéines de l’inflammation et de l’électrophorèse des protides sanguins.
On définit ainsi plusieurs situations biologiques associées au contexte clinique : présence d’un syndrome
inflammatoire, hypergammaglobulinémie isolée, présence d’une gammapathie monoclonale. C’est en fonction de
cette classification que se dessine l’orientation diagnostique.
© Elsevier, Paris.
■
une interprétation. Le contexte clinique est l’électrophorèse des protides sanguins et, à un
Introduction fondamental, car en dépit du faible coût de sa moindre degré, l’hémogramme et la numération
mesure, la mauvaise sensibilité de ce paramètre en plaquettaire. La connaissance de la physiopatho-
Face à une élévation de la vitesse de fait un médiocre examen de dépistage. Les données logie de la sédimentation globulaire permet de
sédimentation (VS), le clinicien doit disposer de biologiques complémentaires nécessaires sont avant comprendre et d’interpréter les variations de la VS
plusieurs éléments indispensables pour en donner tout le dosage des protéines de l’inflammation et (fig 1).
Néphropathies
méthyldopa...)
1
1-1450 - Vitesse de sédimentation élevée
■
et, à un moindre degré, de l’interleukine 1. Ces raison des risques évolutifs majeurs de la maladie de
Vitesse de sédimentation protéines sont très nombreuses, mais celles qui sont Horton. La découverte d’une tumeur maligne au
utilisées en pratique courante sont les suivantes : cours d’un syndrome inflammatoire inexpliqué est
La sédimentation des hématies dépend de leur – l’orosomucoïde ; une éventualité rare, en l’absence de signes
capacité d’agrégation et de formation de rouleaux, – l’haptoglobine ; évocateurs (altération de l’état général, symptômes
dont la chute est plus rapide que celle des particules – le fibrinogène ; d’orientation en faveur d’une atteinte d’un organe).
isolées. L’agrégation est liée aux caractéristiques des – la CRP. Les pathologies dont l’expression infraclinique est
globules rouges, à la viscosité du plasma et aux L’ordre de grandeur de la multiplication de leur telle sont le plus souvent des hémopathies
forces de cisaillement, ainsi qu’aux forces taux est de deux à quatre pour les trois premières, et (lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens), les
électrostatiques des macromolécules qui neutralisent de plusieurs dizaines pour la dernière. Le pic survient dysmyélopoïèses et le cancer du rein. Il n’est pas
les charges négatives répulsives de surface du entre 24 et 48 heures pour celle-ci, alors qu’il est de 2 nécessaire d’entreprendre d’explorations
globule. La variation de chacun de ces paramètres à 5 jours pour les autres. Ceci explique l’importance exhaustives en l’absence de point d’appel clinique.
au cours des situations cliniques influence la VS. Son de la surveillance de la CRP au cours des pathologies Les deux tiers des syndromes inflammatoires
élévation est liée à l’augmentation des protéines de infectieuses, et celles des autres protéines citées au cliniques régressent en effet spontanément en 3 à 6
l’inflammation ou des immunoglobulines dans le cours des maladies subaiguës ou chroniques. Au mois.
plasma. Le fibrinogène influence fortement la VS en décours d’un épisode aigu, la CRP se normalise en Au cours des syndromes inflammatoires
raison du caractère asymétrique de sa molécule, au moins de 10 jours, alors que la VS peut ne revenir à persistants, il faut évaluer soigneusement certaines
contraire de la protéine C-réactive (CRP) qui n’a pas sa mesure normale qu’en 3 à 6 semaines. données de l’interrogatoire, en précisant bien sûr les
d’action sur l’agrégation globulaire aux Dans certaines circonstances, la concentration des antécédents familiaux et personnels, l’origine
concentrations physiologiques. La mesure de la VS protéines de l’inflammation peut être modifiée ethnique, le mode de vie, la présence d’animaux
se fait dans un tube millimétré, avec du sang indépendamment d’une agression. Il s’agit dans l’entourage immédiat ou professionnel, les
anticoagulé. De nombreux paramètres influencent le essentiellement du syndrome néphrotique, au cours voyages récents et en consignant soigneusement les
résultat (température de la pièce, diamètre du tube, duquel leur synthèse hépatique est stimulée en prises médicamenteuses. Les médicaments
qualité de l’anticoagulation, présence de vibrations, raison de l’hypoalbuminémie massive, et de susceptibles d’entraîner un syndrome inflammatoire
verticalité du tube...) et sont donc source de l’insuffisance hépatocellulaire qui diminue la sont essentiellement les suivants : antibiotiques,
variations potentielles. synthèse de l’ensemble des protéines. Il existe, par antifongiques, vaccins, cytotoxiques, antiépilep-
Sa valeur normale est donnée par la formule de ailleurs, une diminution du taux d’haptoglobine tiques, anti-arythmiques, méthyldopa, cordarone,
Miller : sérique au cours des hémolyses et une baisse du d-pénicillamine, inhibiteur de l’enzyme de
– VS = âge (en années)/2 chez l’homme ; fibrinogène au cours des traitements par les conversion de l’angiotensine, méthysergide,
– VS = (âge [en années] + 10)/2 chez la femme. corticoïdes. sulindac, paracétamol, allopurinol, bromocriptine, et
Seule la mesure à la première heure est à En fonction des pathologies concernées, certaines bêtabloquants [4].
considérer, la seconde n’ayant pas d’intérêt en protéines ont une valeur diagnostique particulière.
Le dosage de l’haptoglobine semble être un
■
pratique.
Les causes d’élévation physiologique de la VS paramètre plus sensible pour la surveillance
évolutive de la maladie de Horton. Au cours du lupus
Électrophorèse des protéines
sont le sexe féminin, l’âge et la grossesse (au cours
des deux derniers trimestres et 1 mois après érythémateux systémique, il est classique d’attribuer
l’accouchement). La température corporelle une élévation franche de la concentration de CRP à Il s’agit d’un examen simple et rapide dont
n’influence pas la VS, tout comme la prise d’aspirine la survenue d’une complication infectieuse, celle-ci l’intérêt essentiel est le dépistage des hypergamma-
ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Il est restant minime au cours des poussées de la malade. globulinémies polyclonales (avec parfois
préférable d’effectuer la mesure à jeun. Il faut enfin savoir que le taux plasmatique des hyperbêtaglobulinémie) ou monoclonales IgG, IgM
protéines de l’inflammation s’élève avec l’âge, et IgA. L’élévation du taux d’IgD ou E est souvent
comme la VS. insuffisante pour se traduire par un pic dans la zone
■
Protéines de l’inflammation des gammaglobulines, où migrent habituellement
les immunoglobulines. L’hypergammaglobulinémie
2
Vitesse de sédimentation élevée - 1-1450
polyclonale des immunoglobulines sont, en (notamment respiratoire et urinaire), dans 25 % des clinique est négatif, la découverte d’une élévation de
particulier, les infections virales aiguës cas d’une maladie tumorale, et dans les 25 % la VS n’est le témoin d’une affection préoccupante
(cytomégalovirus et virus d’Epstein-Barr), les restants d’une affection inflammatoire, en particulier que chez deux patients sur 1 000. En revanche, chez
infections parasitaires (paludisme, toxoplasmose, une maladie de Horton. des patients pour lesquels il existe une forte
trypanosomiase), les mycoses viscérales, les suspicion de pathologie inflammatoire (prévalence
hépatopathies aiguës et chroniques, les estimée entre 20 et 50 %), les paramètres du test
cryoglobulinémies mixtes, la sarcoïdose et le
syndrome de Gougerot-Sjögren. Au cours des
hépatopathies chroniques, l’augmentation des Ig
porte sur les IgA pour la cirrhose éthylique, les IgM
■
VS normale et pathologies
organiques
pour la cirrhose biliaire primitive et les IgG pour les nombre d’affections organiques fébriles ou non [2]. Il
hépatites chroniques actives. La glomérulonéphrite à
dépôts mésangiaux d’IgA ou maladie de Berger,
s’accompagne, près d’une fois sur deux, d’une
élévation des IgA sériques. Certains médicaments,
faut alors adopter une démarche diagnostique
rigoureuse avant d’évoquer les hypothèses plus
rares. Il peut s’agir d’un simple retard de l’élévation
des protéines de l’inflammation, de l’existence d’une
■
La VS est-elle un indice
de gravité ?
■
Autres situations
■
VS très élevée
3
1-1450 - Vitesse de sédimentation élevée
Toute référence à cet article doit porter la mention : J Cosserat. Vitesse de sédimentation élevée.
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