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Introduction

Entre mai / juin 2020, des rixes éclatent, en Martinique, entre des activistes rouge vert noir
et les forces de l’ordre. Elles surviennent à la suite de la destruction des statues de
Joséphine de Beauharnais, de Victor Schoelcher et de Pierre Belain D'Esnambuc. Les
responsables sont des manifestants réclamant le retrait de ces symboles coloniaux, dans les
lieux publics. Ainsi, le patrimoine, c'est-à -dire un héritage transmis par les générations
passées aux générations futures, apparaît comme étant une source de conflits entre les
acteurs.

Par conséquent, il est nécessaire de se demander si la destruction des statues par les
rouge-vert-noir est légitime ?

Après avoir mis en évidence, un contexte complexe et particulier puis le point de vue des
activistes rouge vert noir, il s’agira de mettre en lumière ses remises en cause. Enfin, il sera
nécessaire de s’interroger sur les autres éléments du patrimoine qui suscitent également
des débats et des solutions envisagées pour tenter de répondre au revendications

Le déboulonnage des statues s’inscrit dans un contexte complexe, s’étendant à


plusieurs échelles :

En effet, à l’échelle mondiale de nombreuses figures, ayant participé au rayonnement des


anciennes puissances coloniales, sont remises en question par une partie de la population.
Face au silence des États, des mobilisations sont organisées afin de vandaliser certaines de
leurs statues. C’est par exemple le cas de celle d’Edward Colston, marchand d’esclaves, en
Angleterre.

A l’échelle de l’ancienne colonie martiniquaise, de nombreuses voix s'élèvent contre certains


éléments du patrimoine de l’île. Elles sont la conséquence d’un long processus de
conscientisation de la société Martiniquaise, permis par la négritude, incarnés par de grands
penseurs tels qu’Aimé Césaire et Frantz Fanon.

— La négritude est un mouvement littéraire et politique, apparaissant entre-deux-guerre,


dont le but est de redonner à l’homme et la femme noir leur dignité, bafouée par des années
de servitude et d’animalisation.

Qui sont les rouge vert noir ?

Il s’agit d’un groupe de femmes et d’hommes se définissant comme des anticolonialistes et


des anti blancs créoles.

Ces derniers sont à l’origine de plusieurs blocages à l’entrée des hypermarchés dans
l’objectif de protester contre l’implication de ces grandes familles martiniquaises dans
l’affaire du Chlordécone.
Selon eux ils est nécessaire de mettre un terme à l’apparente domination de l’état français
par la destruction des symboles martiniquais ayant un lien avec l’esclavage.

*Une blanc créole, également appelé « béké » en Martinique,


est un descendant des premiers colons européens.

Quelles sont les statues remises en cause et les raisons de leur contestation ?

En Martinique quatre statuts ont récemment été détruites : ces trois figures ont toutes été
contesté en raison de leur lien avec l’esclavage.
En effet, Pierre Belain d'Esnambuc, qui a vu sa tête détruite au cours des manifestations,
est un colonisateur.
Joséphine de Bauharnais, 1 ère épouse de Napoleon Bonaparte, a joué un rôle fondamental
dans la remise en place de l’esclavage dans les colonies.
Enfin Victor Schoelcher est accusé d’avoir servi les intérêts des blanc créoles, en abolissant
l’esclavage. Selon les activistes, les honneurs qui lui sont attribués, sont un véritables
manque de respect aux esclaves, souvent peu représentés, qui se sont battus , pendant des
années pour leur libération.

Comment sont perçus ces actes de destruction du patrimoine martiniquais ?

La destruction des statues n’est pas acceptée par tous. C’est, notamment, le cas de l'État
Français qui condamne avec fermeté ces actes de vandalisme. Selon la ministre de l’outre-
mer, Annick Girardin, "S'il est permis à tous de questionner l'histoire, cela nécessite un
travail méthodique et rigoureux ; en aucun cas, cela ne doit se faire à travers la destruction
des monuments qui incarnent notre mémoire collective".

D’autres figures politiques et intellectuelles martiniquaises partagent cette opinion comme le


témoigne le communiqué de Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, qui incite à ne pas
céder à la “tentation de réécrire l’histoire”
De même que Patrick Chamoiseau et Gilbert Pago affirment que la destruction des statues
par les activistes, relève de la méconnaissance “d’une part de l’histoire de la fin de
l’esclavage”

Quels sont les autres éléments du patrimoine contestés ?

La contestation du patrimoine martiniquais ne se limite pas uniquement aux statues. En


effet, d’autres éléments comme le nom des rues, des villes ou bien des monuments
soulèvent des désaccords. Ainsi, certains activistes réclament que la bibliothèque et la ville
de Schoelcher soient renommées, car elles rendent hommage à Victor Schoelcher.

Quelles sont les consensus recherchés pour répondre aux attentes des acteurs ?
Certains hommes politiques tels que Serge Letchimi ont organisé des rassemblements afin
de trouver des alternatives plutôt que de détruire les statuts.
En effet , des solutions sont envisageables comme par exemple coller des affiches mettant
en exergue les points negatifs et positifs de la statue tout en conservant celle-ci afin de ne
pas mettre en avant que les côtes « positifs » de ces personnes ayant participé à
l’esclavage mais aussi leurs aspects négatifs pour satisfaire le peuple .

Par ailleurs, la commission mémoire et patrimoine, rassemblant des historiens et autres


spécialistes, a été mise en place afin de répondre aux contestations et pour qu'à l'avenir les
statuts érigés en Martinique reflètent davantage nos ancêtres.

Conclusion

En conclusion, de nombreux éléments du patrimoine martiniquais sont à l’origine


d’antagonismes. En effet, les contestations de mai-juin 2020, ont permis de mettre en
lumière le caractère subjectif du patrimoine: tous ne se définissent pas à travers ce dernier
et tous ne reconnaissent pas sa légitimité.

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