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Carré international
B1+
Semstre 2
LITTERATURE
RECUEIL DE TEXTES
Présentation
Objectifs à atteindre :
- Construire des compétences en français à partir d’un travail sur les textes
littéraires (compréhension et production).
- Lier cet apprentissage à des éléments culturels et à des périodes littéraires en
complément du cours de civilisation « Société et pouvoir ».
Modalités d’évaluation :
Contrôle continu : 100 %
MODULE LITTÉRATURE
1h30 hebdomadaire + 6h en début de
Equivalence ECTS : 3,5
semestre = 24h semestre
Objectifs Ce cours a pour objectif une initiation à la littérature française associée à un apprentissage de
la langue française. En interaction avec le module de société et pouvoir en France, le cours vise
à donner un aperçu général de ce qui est considéré comme le patrimoine littéraire français, en
sélectionnant des textes représentatifs de différents genres (épopée, fabliau, sonnet, fable,
comédie classique, conte philosophique…) et de grands courants littéraires, du Moyen-Âge aux
Lumières et, dans la mesure du possible, en les mettant en écho avec des genres et courants
relevant d’autres patrimoines littéraires, convoqués par les étudiants. Le cours vise également
à aborder l’analyse des textes littéraires par une initiation à l’analyse stylistique et par une mise
en évidence des invariants socioculturels des genres abordés.
1
Programme indicatif.
La « matière de Bretagne ».
Un fabliau.
François Rabelais
Joachim Du Bellay : « Heureux qui
comme Ulysse » ou Pierre de Ronsard :
« Mignonne, allons voir si la rose… »
2
3
4
D’après Les pratiques du français, première, Paris, Hatier, 2009.
5
Le Moyen-Age
Le Moyen Âge occidental est traditionnellement situé entre la chute du dernier empereur
romain d'Occident (476) et la découverte de l'Amérique (1492), même si ces deux dates
restent discutables.
L'expression « moyen âge » date du XVIIe siècle : ce serait Christophe Kellner (Cellarius),
professeur d'histoire à l'université de Halle, qui l'aurait employée pour la première fois,
en 1688 (Historia medii aevi). La définition, commode chronologiquement, suggère ainsi que
la période de mille ans, archaïque et barbare, qui a rompu avec les modèles classiques de
l'Antiquité, n'est que l'attente des prestiges de la Renaissance.
Depuis les années 1930, les historiens s'attachent à rendre son identité à cette longue période
de lentes mutations, au cours de laquelle une société complexe s'est épanouie en Occident. En
particulier, les études faites en France par l'école historique des Annales (Marc Bloch,
Georges Duby et Jacques Le Goff) ont permis de mettre fin à cette tradition d’idées fausses.
Pour délimiter un cadre chronologique à ce long « Moyen Âge », on ne peut se référer à des
dates politiques. Si 395 marque la fin de l'unité de l'Empire romain, avec la séparation entre
Empire d'Orient et Empire d'Occident, 476 voit la disparition du dernier empereur romain
d'Occident. À l'autre extrémité de la période, la prise de Constantinople par les Turcs
ottomans en 1453 est surtout significative pour l'Orient ; en Occident, on pourrait se référer à
la mort du dernier roi « médiéval », Louis XI de France, en 1483.
Il n’en demeure pas moins que le voyage de Christophe Colomb en 1492, lourd de
conséquences, est la date communément admise pour définir la fin du Moyen Âge et le début
de l’époque moderne.
La rupture avec les périodes qui encadrent le Moyen Âge n'est donc pas aussi nette qu'on le
laisse souvent entendre.
6
Statuette équestre (présumée) de Charlemagne. Cheval peut-être antique, cavalier des IXe-Xe siècles. Bronze.
(Musée du Louvre, Paris.)
Enluminure française du XIIIe siècle représentant les trois ordres de la société médiévale :
ceux qui prient, les ecclésiastiques, ceux qui combattent, les chevaliers et ceux qui travaillent,
les paysans.
7
Situation de recherche, par groupes de 4 étudiants.
8
LE CHEVALIER AU COMBAT
Ce texte est une adaptation d’un extrait de Lancelot ou le chevalier à la charrette, d'après
Chrétien de Troyes.
Le Chevalier de la charrette a été composé vers 1180 par Chrétien de Troyes, le plus célèbre
romancier du Moyen Âge, à la demande de sa protectrice, Marie de Champagne.
Dans cette œuvre, il glorifie l’amour courtois tel qu’elle le conçoit : une relation basée sur le
modèle féodal, où la dame occupe la position de suzeraine et le chevalier celle de vassal à son
service.
C’est dans cet ouvrage qu’apparaît pour la première fois un mystérieux chevalier qui, par
amour pour la reine Guenièvre, affronte les pires dangers (le « gué aventureux », le pont de
l’épée), allant jusqu’à monter dans la charrette réservée aux voleurs et aux assassins ou aux
chevaliers vaincus et déshonorés. Ce chevalier est Lancelot du Lac, le plus célèbre de tous les
chevaliers de la Table Ronde.
Le Chevalier de la charrette occupe une place essentielle dans l’histoire du roman français.
Les personnages principaux sont le roi Arthur, la reine Guenièvre et le chevalier Lancelot.
Lancelot est le héros, c’est un chevalier courageux qui défend les valeurs de la cour du roi.
Méléagant est un traître.
9
Mais j’ajouterai encore autre chose : quelle que soit la peine que cela puisse
faire à certains, je jure que si j’ai la chance aujourd’hui de vaincre Méléagant,
sans autre aide que celle de Dieu et des reliques ici présentes, je ne lui
accorderai plus aucune pitié. »
Le roi fut contrarié d’entendre cette promesse. Quand ils eurent prêté
serment, on amène aux deux chevaliers leurs chevaux, belles bêtes pourvues de
toutes les qualités. Chacun est monté sur le sien, et ils s’élancent l’un contre
l’autre de toute la vitesse de leur monture. Le choc des deux chevaliers a eu lieu
au maximum de la vitesse, et bien qu’il ne leur reste plus de la lance que le
morceau qu’ils avaient en main, ils se sont envoyés à terre tous les deux, mais ils
n’ont pas vraiment l’air de deux morts car aussitôt ils se relèvent et se font tout
le mal possible du tranchant de leurs épées nues toutes brûlantes. De vives
étincelles jaillissent vers le ciel à cause des coups frappés par le fer sur les
heaumes2. Ils s’affrontent avec une telle fureur que leurs épées vont et viennent
aussi vite qu’ils le peuvent, ils se cognent, ils se frappent sans chercher à se
reposer pour avoir le temps de reprendre haleine3.
Le roi, que ce combat angoisse et accable, a fait appeler la reine qui était
montée dans une des galeries de la tour pour s’y accouder. Il invoque Dieu le
Créateur en lui demandant de faire se séparer les combattants. « Tout ce qui
vous plaît et convient, dit la reine, ne rencontrera de ma part aucune opposition.»
Questions :
2
Un heaume est un casque enveloppant toute la tête.
3
Reprendre haleine : reprendre son souffle.
10
2. De quoi est accusé le chevalier Keu ?
…………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
Des verbes :
11
Des adjectifs :
…………………………………………………………………………………..
12
Les caractéristiques d’un fabliau
Texte intégral « Estula »
1 Il y avait jadis deux frères qui n’avaient plus ni père ni mère pour les conseiller,
2 ni aucun parent. L’amie qui était le plus souvent avec eux, c’était la pauvreté,
3 hélas, et il n’est pire compagnie que celle-là, pire tourment que sa présence
4 obsédante. On ne cesse pas d’avoir faim quand on a faim.
5 Les deux frères vivaient ensemble. Un soir, ils furent vraiment comme
6 poussés hors d’eux-mêmes par cette faim en leur ventre, par la soif dans leur
7 gorge, par le froid dans leur corps et dans leur cœur. Ces trois maux-là, on les
8 ressent souvent quand la pauvreté les enchaîne !... Ils résolurent de se défendre
9 contre elle, et ils cherchèrent comment y parvenir.
10 Tout près de chez eux habite un homme qu’on sait très riche. Eux sont pauvres,
11 le riche est sot. Il a des choux dans son jardin et des brebis dans son étable. C’est
12 de ce côté-là qu’il leur faut aller.
13 Pauvreté fait perdre la tête à plus d’un.
14 L’un prend un sac, l’autre un couteau. En route ! Le premier, aussitôt dans le
15 jardin, arrache les choux. Le second tracasse si bien la porte de la bergerie qu’il
16 finit par l’ouvrir ; déjà il tâte les moutons pour choisir le plus gras.
17 Mais dans la maison les gens ne sont pas encore tout à fait couchés. Ils
18 entendent la porte qui grince, et le fermier dit à son fils :
19 « Dis, fils, va donc voir s’il n’y a rien d’anormal, et appelle le chien. »
20 Ils avaient nommé leur chien « Estula4 » : c’est une idée comme une autre !
21 Heureusement pour les deux apprentis larrons5, le chien, ce soir-là, était allé à
22 ses affaires… Le fils ouvre la porte qui donne sur la cour, il regarde, il écoute,
23 puis il crie :
24 « Estula ! Estula ! »
25 Une voix lui répond aussitôt, du côté des moutons :
26 « Oui, oui, je suis là ! »
27 La nuit est noire comme la suie et le fils a peur. La voix est drôle, il
28 s’imagine que c’est le chien qui vient de répondre. Ah ! il n’attend guère, il
29 tourne le dos, il court, il tremble, il rentre dans la grand-salle, bouleversé :
30 « Qu’as-tu donc, fils ?
31 - Estula m’a parlé, Estula…
32 - Qui ? Notre chien ?
33 - Oui, notre chien.
34 - Tu es fou. !
35 - Si. C’est vrai. Je vous le jure par la foi que je dois à ma mère6. Allez voir si
36 vous ne me croyez pas. Appelez-le, vous l’entendrez !... »
37 Le fermier y va, il entre dans la cour, il appelle son chien :
4
Estula : prononcer é-tu-la.
5
Un larron : un voleur
6
Par la foi que je dois à ma mère : j’en fais le serment sur ma mère.
13
38 « Estula ! Estula ! »
39 Et naturellement le voleur, qui ne se doute toujours de rien, répond encore
40 une fois :
41 « Oui, oui, bien sûr ! »
42 Le fermier n’en croit pas ses oreilles :
43 « Par tous les saints et par toutes les saintes, j’ai déjà entendu parler de
44 bien des choses étranges, mais comme celle-là alors, jamais ! Va trouver tout de
45 suite le curé et dis-lui ce qu’il y a. Ramène-le, hein ! Fais lui prendre son
46 étole7… L’eau bénite 8aussi, n’oublie pas. »
47 Le fils court aussitôt à la maison du curé. Il court, il court ; il a peur… Il
48 arrive vite, et là non plus il n’attend guère ; il ne reste pas à la porte, il entre tout
49 de suite :
50 « On a besoin de vous, Messire. Il faut que vous veniez… Si, il faut…
51 Vous entendrez… Vous entendrez… Je ne peux pas vous dire… Jamais je n’ai
52 entendu parler comme ça. Prenez votre étole. »
53 Le curé répond :
54 « Non et non ! Il n’y a pas de lune… Je n’irai pas dehors à cette heure-
55 ci !... Je suis nu-pieds ! Je n’y vais pas !
56 - Si, si, il faut venir. C’est votre affaire. Je vais vous porter. »
57 Le curé a pris l’étole, il monte sur le dos du fils, et les voilà partis. Arrivés
58 près de la ferme, pour aller plus vite, ils coupent tout droit par le petit chemin
59 qu’ont pris les deux affamés. Celui qui s’occupait des choux était encore dans le
60 jardin. Il voit la forme blanche du prêtre, et il croit que son frère lui apporte un
61 mouton ou une brebis. Il demande tout joyeux :
62 « Alors, tu l’as avec toi ?
63 - Oui, oui, répond le jeune homme, croyant que c’est son père qui a parlé.
64 - Vite alors, fait l’autre, flanque-le par terre. Mon couteau est bien aiguisé,
65 je l’ai passé hier à la meule. On l’aura bientôt égorgé. »
66 Le curé l’entend, il croit qu’il est trahi ; il saute sur ses pieds nus, mais il
67 court vite quand même, il file ! Son surplis9 s’accroche à un pieu, mais il le
68 laisse ; il ne perd pas son temps à le décrocher… et le coupeur de choux dans le
69 jardin est aussi ébahi10 que le curé qui détale dans le sentier. Tout de même il va
70 prendre la chose blanche qu’il voit autour du pieu, il s’aperçoit que c’est un
71 surplis. Il n’y comprend plus rien du tout.
72 À ce moment son frère sort de la bergerie avec un mouton sur le dos. Il va
73 tout de suite le rejoindre, son sac rempli de choux. Ils ont tous les deux les
74 épaules lourdes !... Ils ne restent pas sur place, comme vous pensez, ils s’en
75 retournent chez eux. Lorsqu’ils y sont, celui qui a le surplis montre ce qu’il a
76 trouvé. Tous deux rient et plaisantent de bon cœur. Car la gaieté maintenant leur
77 est rendue, qu’ils ne connaissaient plus depuis des mois.
78 En peu de temps Dieu travaille ! Tel rit le matin qui pleure le soir, tel est
79 furieux le soir qui sera joyeux le lendemain matin.
7
Étole : écharpe portée par les prêtres.
8
Eau bénite : elle est destinée à exorciser le chien soupçonné d’être possédé par le démon.
9
Surplis : fine chemise blanche portée par les prêtres, au-dessus de la soutane.
10
Ébahi : étonné.
14
Auteur anonyme, « Estula » (première moitié du XIIIe siècle),
Traduit de l’ancien français et adapté par P. Gaillard et F. Rachmuhl
©éd. Hatier, 2002.
1. Lignes 1-12
Qui sont les personnages principaux ? Quel est leur problème ? Que décident-
ils ?
…………………………………………………………………………..............
……………………………………………………………………………………
2. Lignes 17-22
Qui sont les autres personnages de l’histoire ? L’un est absent ce jour-là.
Comment s’appelle-t-il ?
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
http://www.youtube.com/watch?v=0NeHkgSni38
…………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
« Quelqu’un pour quelqu’un d’autre » : une erreur sur l’identité des personnes.
(un malentendu)
……………………………………………………………………………………
15
2. Un nouveau quiproquo : que se passe-t-il ?
………………………………………………………………………………….
16
LA RENAISSANCE – XVIe siècle
17
.,
A partir de ces images, décrivez les bouleversements que connait l’Europe à
l’époque de Rabelais : associez une image à un thème et essayez d’expliquer en
quoi elles illustrent les grands bouleversements de la « Renaissance ».
18
L’HUMANISME 15-16ème (voir la chronologie)
1
Un roi important est François Ier : protecteur des savants, des écrivains et des
artistes, il est aidé par sa sœur, la reine Marguerite de Navarre, elle-même
écrivain. François Ier fonde en 1530 le Collège de France (les professeurs sont
chargés d’enseigner le latin, le grec et l’hébreu ; les humanistes du Collège de
France sont autorisés par François Ier à étudier la Bible dans le texte original).
19
Ø Les origines et les influences :
- En Italie : les écrivains italiens dont on s’inspire sont Dante (XIIIe siècle),
Pétrarque, Boccace (XIVe siècle)
20
François Rabelais
Introduction
Pantagruel est le premier livre de François Rabelais, publié en 1532. Le titre
complet de l'œuvre est Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très
renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua.
Mon fils, que la paix et la grâce de Notre Seigneur soient avec toi. Amen.
……………………………………………………………………
……………………………………………………………………
……………………………………………………………………
……………………………………………………………………
5. La médecine et l’anatomie font partie de l’éducation de Pantagruel.
……………………………………………………………………
Questions :
2. Pourquoi peut-on dire que Gargantua est ambitieux pour son fils ?
…………………………………………………………………………
23
3. Que signifie la phrase suivante (qui est restée célèbre) « Science sans
conscience n’est que ruine de l’âme » ?
……………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………
Ouverture :
Montaigne, dans ses Essais, a exprimé lui aussi des idées pédagogiques
humanistes. Il affirme notamment que « vaut mieux avoir une tête bien faite
qu’une tête bien pleine ».
Qu’est-ce qui est critiqué et qu’est-ce qui est valorisé dans cette phrase célèbre ?
24
Rabelais, « Les moutons de Panurge »
Adaptation du récit de Rabelais : ce texte n’est pas le texte original, qui est en
moyen-français (la langue française du XIIIe au XVIe siècle), assez difficile à lire.
25
1 En ce temps-là, le géant Pantagruel, Panurge et leurs amis faisaient le tour du
2 monde sur les mers.
3 Un jour, leur bateau croisa un navire de commerce chargé de moutons. Le troupeau
4 appartenait à un marchand nommé Dindenault. Les passagers des deux bateaux
5 fêtèrent leur rencontre. Panurge monta sur un tonneau et cria en levant son verre :
6 - Vive les marins ! Vive les moutons !
7 Dindenault montra Panurge à ses compagnons :
8 - Regardez le fou perché sur un tonneau ! Cet idiot porte des vêtements
9 ridicules.
10 Panurge était furieux et décida de se venger. Il dit à Dindenault :
11 - Je vais vous acheter un mouton.
12 - Holà ! fit le marchand. Pas si vite ! Vous n’avez pas une tête d’acheteur de
13 mouton.
14 - Je regrette que ma tête ne vous plaise pas, dit-il. Je veux vraiment vous
15 acheter un mouton.
16 - C’est que mes moutons ne sont pas des moutons ordinaires ! dit Dindenault.
17 Voyez leur laine, elle est faite pour les rois !
18 - S’il vous plaît, vendez-moi un mouton, dit Panurge.
19 - Avec leur peau, on fait des bottes pour les chevaliers !
20 - Je vous crois, dit Panurge. Mais vendez-moi un mouton.
21 Dindenault fit comme s’il n’avait pas entendu.
22 - Regardez ! dit-il. La viande de ces bêtes est une viande pour les princesses :
23 elle est si tendre et si savoureuse ! Elle n’est pas pour les fous comme vous !
24 - Vendez-moi un mouton, répéta Panurge.
25 - Prenez les cornes de mes gros moutons : écrasez-les en poudre, mettez-les
26 dans la terre, arrosez bien et vous verrez pousser les meilleurs légumes au
27 monde ! Essayez d’en faire autant avec vos cornes, mon ami : il ne poussera
28 rien !
29 Tout le monde rit. « Patience », pensait Panurge en retenant sa colère.
30 - Vendez-moi un mouton, dit-il encore. Je peux le payer avec des pièces d’or !
36 Il donna les dix pièces d’or et choisit le plus beau, le plus gros et le plus fort de tous
37 les moutons.
38 Soudain, sans rien dire, Panurge jeta son mouton à la mer.
39 - Ils sont si bêtes qu’ils vont tous le suivre ! dit-il à ses amis.
40
41 Et c’est ce qui se passa. Les moutons se jetèrent dans les vagues, les uns
42 derrière les autres. Bêêê… Bêêê…. Bêêê…
43
44 Ce fut une belle bousculade ! C’était à qui sauterait le plus vite. Plouf ! Plouf ! Plouf !
45 Dindenault voulut les retenir, mais il tomba aussi à l’eau. Plouf !
46
26
1 En un instant, le troupeau et son marchand disparurent du navire.
2 - Me voilà vengé ! dit Panurge. Ce voleur de Dindenault m’a insulté. Il méritait
3 bien une leçon !
4 Mais le géant Pantagruel était bon. Il aida les moutons à nager jusqu’à une île et les
5 sauva tous.
Questions
………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Agneau - âne – chat – cheval – cochon - coq - éléphant – lapin - loup - mouche -
ours - paon - pie - singe - vache
27
4. Mon voisin est un vrai ………………. (= il n’est pas sociable)
5. Mon père est très à ……………..sur la politesse (= il est très exigeant en
matière de politesse)
6. Il est malin comme un ……………….. (= astucieux)
7. Non, mais quelle peau de …………….. (= très méchant(e)
8. Il a une mémoire d’………………….… (= une très bonne mémoire)
9. Il est fier comme un …………………… (= très orgueilleux)
10. Il prend la ……………………………. pour tout et pour rien (= il s’énerve
facilement)
11. Ils s’entendent comme chien et ……………. (= ils se détestent)
12. Il a un caractère de ……………………... (= il a mauvais caractère)
13. Il saute sans arrêt du ………….. à l’…………….. (= il a une conversation
décousue)
14. Je suis furieuse ! Il m’a posé un ………….. (il n’est pas venu au rendez-vous)
Ouverture : Le moyen-français
28
Un poème de Du Bellay
29
1. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
2. Ou comme cestui-là, qui conquit la toison,
3. Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
4. Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Lexique
30
Travail de recherche :
Personnage
A affronté…
Recherche (objet de la
quête)
Femme aimée
v Observation du poème :
……………………………………………………………………………..……………………
31
6. Combien de syllabes dans chaque vers ?
………………………………………………………………………………………………….
Le sonnet est une forme poétique fixe, héritée de la poésie italienne (et notamment
de Pétrarque).
C’est un poème de 14 vers, constitué de deux quatrains et d’un sizain (on écrit aussi
« sixain ») ou deux tercets. Le schéma normal des rimes est :
32
Un poème de Du Bellay mis en musique
REFRAIN (x2)
Mais quand reverrai-je, de mon petit village, fumer la cheminée et en quelle saison, Mais
quand reverrai-je ?
REFRAIN (x2)
Mais quand reverrai-je, de mon petit village, fumer la cheminée et en quelle saison, mais
quand reverrai-je ?
33
Un poème de Ronsard
En avril 1545, Ronsard rencontre, dans une fête à la cour, Cassandre Salviati,
fille d'un banquier italien. Ronsard a 20 ans et Cassandre en a 13 ans. Le
lendemain, elle quitte la cour et Ronsard en garde un beau souvenir. Le poème
Mignonne est un exercice de cour plutôt banal, mais il reste original par sa
vivacité et l'image de l'amour qu'il donne.
Remarque : Ronsard était un poète de cour, contrairement à Du Bellay qui
avait refusé. Il écrivait des poèmes de circonstances (pour les autres).
François Premier ramenait des artistes italiens à la cour (Léonard de Vinci).
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose Qui ce matin avait éclose
Sa robe de pourpre au Soleil, Sa robe de pourpre11 au Soleil
A point perdu ceste vesprée n’a pas perdu ce soir
Les plis de sa robe pourprée, Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil. Et son teint pareil au vôtre.
34
1
3. Quels sont les indices du temps qui passe qui permettent de comparer la
journée d’une rose à une vie humaine ?
Strophe 1 :
Strophe 2 :
Strophe 3 :
35
5. Expliquez avec vos propres mots « la morale » de ce poème.
36
L’EPOQUE CLASSIQUE (XVIIe)
37
D’après ces 4 images, quelles sont les grandes caractéristiques du « classicisme » français ?
Molière reçu
par Louis XIV
Auteur :
Vetter Jean
Hégesippe
(1820-1900)
huile sur
bois, huile
sur toile
Localisation :
Paris, musée
d'Orsay
38
Dessin
Titre : La Mort de Phèdre
Auteur : Girodet De Roussy-Trioson Anne-Louis (1767-1824).
Localisation : Paris, musée du Louvre, D.A.G.
La tragédie
Estampe
Titre : Pierre Corneille (1606-1684)
Auteur : Lubin Jacques (1637-1695)
17e siècle, période moderne (Europe
occidentale). Localisation : Versailles, châteaux
de Versailles et de Trianon
39
Molière, Le Malade imaginaire
Cette pièce est la dernière comédie de Molière ; il est mort en sortant de scène au
théâtre du Palais Royal à Paris en 1673. Il interprétait le rôle d’Argan. Argan, un
bourgeois, a décidé de donner sa fille Angélique en mariage à un jeune médecin,
Thomas Diafoirus, neveu de Monsieur Purgon, son propre docteur. Il se croit malade
constamment : ainsi, il sera bien soigné ; mais ce qui l’intéresse surtout, c’est la
fortune du jeune homme. La servante Toinette essaie de détourner Argan de son
projet car elle sait que la jeune fille en aime un autre, Cléante.
1 Toinette : Votre fille. Elle vous dira qu’elle n’a que faire de Monsieur Diafoirus, ni de
2 son fils Thomas Diafoirus, ni de tous les Diafoirus du monde.
3 Argan : J’en ai affaire, moi, outre que le parti est plus avantageux qu’on ne pense :
4 monsieur Diafoirus n’a que ce fils-là pour tout héritier ; et de plus, Monsieur Purgon,
5 qui n’a ni femme ni enfants, lui donne tout son bien en faveur de ce mariage ; et
6 Monsieur Purgon est un homme qui a huit mille livres de rente.
7 Toinette : Il faut qu’il ait tué bien des gens pour s’être fait si riche.
8 Argan : Huit mille livres de rente sont quelque chose, sans compter le bien du père.
9 Toinette : Monsieur, cela est bel et bon ; mais j’en reviens toujours là. Je vous
10 conseille entre nous, de lui choisir un autre mari, et elle n’est pas faite pour être
11 Madame Diafoirus.
12 Argan : Et je veux, moi, que cela soit.
13 Toinette : Eh ! fi ! Ne dites pas cela.
14 Argan : Comment ! Que je ne dise pas cela ?
15 Toinette : Hé ! Non.
16 Argan : Et pourquoi ne le dirai-je pas ?
17 Toinette : On dira que vous ne songez pas à ce que vous dites.
18 Argan : On dira ce qu’on voudra ; mais je vous dis que je veux qu’elle exécute la
19 parole que j’ai donnée.
20 Toinette : Non, je suis sûre qu’elle ne le fera pas.
21 Argan : Je l’y forcerai bien.
22 Toinette : Elle ne le fera pas, vous dis-je.
23 Argan : Elle le fera ou je la mettrai dans un couvent.
24 Toinette : Vous ?
25 Argan : Moi.
26 Toinette : Bon !
27 Argan : Comment, bon ?
28 Toinette : Vous ne la mettrez point dans un couvent.
29 Argan : Je ne la mettrai point dans un couvent ?
30 Toinette : Non.
31 Argan : Non ?
32 Toinette : Non.
33 Argan : Ouais ! Voici qui est plaisant ! Je ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si
34 je veux ?
35 Toinette : Non, vous dis-je.
36 Argan : Qui m’en empêchera ?
37 Toinette : Vous-même.
38 Argan : Moi ?
39 Toinette : Oui, vous n’aurez pas ce cœur-là.
40 Argan : Je l’aurai.
41 Toinette : Vous vous moquez.
40
42 Argan : Je ne me moque point.
43 Toinette : La tendresse paternelle vous prendra.
44 Argan : Elle ne me prendra point.
Lexique :
3 - outre que : de plus
3 - le parti : la personne à marier, considérée selon sa position sociale
8 - les biens : la fortune, le patrimoine
18 - exécuter la parole : respecter l’engagement
23 - un couvent : un monastère
I- Questions de compréhension
……………………………………………………………………………………………..........
…………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………
4. Que risque la jeune fille si elle n’accepte pas le mari proposé par son père ?
…………………………………………………………………………………………………
Comique de mots :
Comique de situation :
Comique de gestes :
41
2. Comment s’exprime la critique sociale dans ce passage ?
Source Web :
Unité d’action : les intrigues secondaires sont exclues. Ceci permet de simplifier
l’intrigue.
42
Extrait
Le Bourgeois gentilhomme (1673) de Molière
Acte II, scène 5
1 Monsieur Jourdain
2 Apprenez-moi l'orthographe.
3 Maître de philosophie
4 Très volontiers.
5 Monsieur Jourdain
6 Après, vous m'apprendrez l'almanach, pour savoir quand il y a la lune et quand il n'y
7 en a point.
8 Maître de philosophie
9 Soit. Pour bien suivre votre pensée et traiter cette matière en philosophe, il faut
10 commencer, selon l'ordre des choses, par une exacte connaissance de la nature des
11 lettres et de la différente manière de les prononcer toutes. Et là-dessus j'ai à vous
12 dire que les lettres sont divisées en voyelles (ainsi dites voyelles parce qu'elles
13 expriment les voix) et en consonnes, ainsi appelées consonnes parce qu'elles
14 sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les diverses articulations des voix.
15 Il y a cinq voyelles ou voix : A, E, I, O, U.
16 Monsieur Jourdain
17 J'entends tout cela.
18 Maître de philosophie
19 La voix A se forme en ouvrant fort la bouche: A.
43
1 Monsieur Jourdain
2 A, A, oui.
3 Maître de philosophie
4 La voix E se forme en rapprochant la mâchoire d'en bas de celle d'en haut: A, E.
5 Monsieur Jourdain
6 A, E; A, E. Ma foi, oui. Ah ! que cela est beau !
7 Maître de philosophie
8 Et la voix I, en rapprochant encore davantage les mâchoires l'une de l'autre, et
9 écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles: A, E, I.
10 Monsieur Jourdain
11 A, E, I, I, I, I. Cela est vrai. Vive la science !
12 Maître de philosophie
13 La voix O se forme en rouvrant les mâchoires et rapprochant les lèvres par les deux
14 coins, le haut et le bas: O.
15 Monsieur Jourdain
16 O, O. Il n'y a rien de plus juste. A, E, I, O, I, O. Cela est admirable ! I, O, I, O.
17 Maître de philosophie
18 L'ouverture de la bouche fait justement comme un petit rond qui représente un O.
19 Monsieur Jourdain
20 O, O, O. Vous avez raison. O. Ah ! la belle chose que de savoir quelque chose !
21 Maître de philosophie
22 La voix U se forme en rapprochant les dents sans les joindre entièrement, et
23 allongeant les deux lèvres en dehors, les approchant aussi l'une de l'autre sans les
24 joindre tout à fait: U.
25 Monsieur Jourdain
26 U, U. Il n'y a rien de plus véritable, U.
27 Maître de philosophie
28 Vos deux lèvres s'allongent comme si vous faisiez la moue, d'où vient que, si vous la
29 voulez faire à quelqu'un et vous moquer de lui, vous ne sauriez lui dire que U.
30 Monsieur Jourdain
31 U, U. Cela est vrai ! Ah ! Que n'ai-je étudié plus tôt pour savoir tout cela !
32 Maître de philosophie
33 Demain nous verrons les autres lettres, qui sont les consonnes.
44
I- Questions sur le texte :
……………………………………………………..……………………………………………
……………………………………………………..……………………………………………
Lignes
Expressions de Monsieur Jourdain
du texte
Ligne 17 « J’entends tout cela. »
45
Quelques caractéristiques du théâtre de Molière
Comique de mots :
Comique de situation :
Comique de gestes :
6. Mise en voix :
46
La Fontaine
« La Cour du Lion » ou « Le corbeau et le renard ».
La Cour du lion
La Fontaine est surtout un auteur de fables, un fabuliste. Ici, il développe d’abord le
récit avant de dégager une moralité. « Je me sers d’animaux pour instruire les
hommes. »
47
Lexique :
3- mander : envoyer
6- une circulaire écriture : une lettre à plusieurs personnes
7- un sceau : un cachet officiel
9-Cour plénière : Assemblée où étaient convoqués les nobles
11 -Fagotin : singe savant qui divertissait le peuple
12- magnificence : grandeur
15-Le Louvre : le palais royal
16 -un charnier : lieu où sont entassés les cadavres
17- il se fût bien passé : il aurait dû bien se passer
23- ambre : substance parfumée
23-24 : « il n’était fleur qui ne fût ail au prix » : il n’existait pas de fleur qui, en
comparaison, n’ait pas l’odeur de l’ail.
24- sa flatterie sotte : stupide
31- alléguer : prétexter
36- répondre en Normand : répondre comme un Normand (ni oui, ni non)
Questions :
………………………………………………………………………………………………......
…………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………..
48
7. La composition de la fable. Donnez un titre à chacune de deux parties qui
composent la fable. Relevez les éléments formels qui caractérisent chacune de
ces parties (temps des verbes ; pronoms…)
Vers 1 à 31 : Vers 32 à 35 :
49
Le Corbeau et le Renard
1 Maître Corbeau, sur un arbre perché,
2 Tenait en son bec un fromage.
3 Maître Renard, par l'odeur alléché,
4 Lui tint à peu près ce langage :
5 "Hé ! Bonjour, Monsieur du Corbeau.
6 Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !
7 Sans mentir, si votre ramage
8 Se rapporte à votre plumage,
9 Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. "
10
11 A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
12 Et pour montrer sa belle voix,
13 Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
14 Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
15 Apprenez que tout flatteur
16 Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
17 Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
18 Le Corbeau, honteux et confus,
19 Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Lexique
- alléché (v.3) : attiré
- votre ramage (v.7) : votre chant
- le Phénix (v. 9) : oiseau mythologique ; être exceptionnel
- des hôtes (v.9) : des habitants
- sa proie (v.13) : chose dont on s’empare, que l’on prend
- flatteur (v.15) : personne qui fait des compliments par intérêt
- vit aux dépens de (v.16) : aux frais de ; en profitant de quelqu’un.
Questions
1. Mettez les verbes au passé composé pour remplacer les passés simples.
- tint :
- jura (jurer)
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…………………………………………………………………………………………………
50
3. Comment le renard s’y prend-il pour faire lâcher le fromage au corbeau ?
Formulez la réponse avec vos propres mots.
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
- l’auteur o
- un personnage o
- personne (c’est au lecteur de l’imaginer.) o
51
LES FABLES ET LES TIMBRES
Associez les timbres aux titres des fables. Reliez-les par des flèches.
1 2 3
La Cigale et la Fourmi
Le Corbeau et le Renard
Le Lièvre et la Tortue
Le Loup et l'Agneau
4 5 6
52
La fable et sa morale.
Une fable comprend toujours une morale. A partir des illustrations, essayez de
retrouver celle de chaque fable citée dans cette activité.
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4. « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute » :
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5. « Tout petit prince a des ambassadeurs, tout marquis veut avoir des pages. » :
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6. « Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Mit les plaideurs d'accord en
croquant l'un et l'autre » :
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53
Le siècle des Lumières - Dix-huitième siècle
De Louis XIV à la Révolution française
54
En 1783, les frères Montgolfier inventent à Annonay l’aérostation. Le succès des ballons
d’étoffe gonflés d’air chaud ou d’hydrogène est prodigieux. L’enthousiasme et les
perspectives pour l’homme sont immenses.
55
La prise de la Bastille (14 juillet 1789)
56
L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751 – 1772)
L’Encyclopédie ou Dictionnaire
raisonné des sciences, des arts
et des métiers, est une
encyclopédie française, éditée de
1751 à 1772 sous la direction de
Diderot et D’Alembert. Il s’agit d’un
ouvrage majeur du XVIIIe siècle.
D’abord parce qu’elle est la
première encyclopédie française.
Ensuite, par la synthèse des
connaissances du temps qu’elle contient, elle représente un travail rédactionnel
considérable pour l’époque. Enfin, au-delà des savoirs qu’elle compile, le travail
qu’elle représente et les finalités dont la chargent ses auteurs deviennent un symbole
de l’œuvre des Lumières, une arme politique et, à ce titre, l’objet de nombreux
rapports de force entre les rédacteurs et le pouvoir.
57
Montesquieu, Les Lettres persanes (1721)
Les Lettres persanes, œuvre épistolaire de Montesquieu publiée en 1721,
racontent le voyage à Paris de deux Persans, Usbek et Rica. Leur séjour, qui dure
huit années, est pour eux l'occasion d'observer la société et le mode de vie des
Français, leurs coutumes, leurs traditions religieuses ou politiques, et d'en faire le
rapport à leurs interlocuteurs restés en Perse.
Lettre XXIV
RICA A IBBEN
A Smyrne.
1 Nous sommes à Paris depuis un mois, et nous avons toujours été dans un
2 mouvement continuel. Il faut bien des affaires avant qu'on soit logé, qu'on ait trouvé
3 les gens à qui on est adressé, et qu'on se soit pourvu des choses nécessaires, qui
4 manquent toutes à la fois.
5 Paris est aussi grand qu'Ispahan : les maisons y sont si hautes, qu'on jugerait
6 qu'elles ne sont habitées que par des astrologues. Tu juges bien qu'une ville bâtie en
7 l'air, qui a six ou sept maisons les unes sur les autres, est extrêmement peuplée ; et
8 que, quand tout le monde est descendu dans la rue, il s'y fait un bel embarras.
9 Tu ne le croirais pas peut-être, depuis un mois que je suis ici, je n'y ai encore
10 vu marcher personne. Il n'y a pas de gens au monde qui tirent mieux partie de leur
11 machine que les Français ; ils courent, ils volent : les voitures lentes d'Asie, le pas
12 réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope. Pour moi, qui ne suis point
13 fait à ce train, et qui vais souvent à pied sans changer d'allure, j'enrage quelquefois
14 comme un chrétien : car encore passe qu'on m'éclabousse depuis les pieds jusqu'à
15 la tête ; mais je ne puis pardonner les coups de coude que je reçois régulièrement et
16 périodiquement. Un homme qui vient après moi et qui me passe me fait faire un
17 demi-tour ; et un autre qui me croise de l'autre côté me remet soudain où le premier
18 m'avait pris ; et je n'ai pas fait cent pas, que je suis plus brisé que si j'avais fait dix
19 lieues.
20 Ne crois pas que je puisse, quant à présent, te parler à fond des mœurs et
21 des coutumes européennes : je n'en ai moi-même qu'une légère idée, et je n'ai eu à
22 peine que le temps de m'étonner.
23 Le roi de France est le plus puissant prince de l'Europe. Il n'a point de mines
24 d'or comme le roi d'Espagne son voisin ; mais il a plus de richesses que lui, parce
25 qu'il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisable que les mines. On lui a vu
26 entreprendre ou soutenir de grandes guerres, n'ayant d'autres fonds que des titres
27 d'honneur à vendre ; et, par un prodige de l'orgueil humain, ses troupes se trouvaient
28 payées, ses places munies, et ses flottes équipées.
29 D'ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l'esprit même
30 de ses sujets ; il les fait penser comme il veut. S'il n'a qu'un million d'écus dans son
31 trésor et qu'il en ait besoin de deux, il n'a qu'à leur persuader qu'un écu en vaut deux,
32 et ils le croient. S'il a une guerre difficile à soutenir, et qu'il n'ait point d'argent, il n'a
33 qu'à leur mettre dans la tête qu'un morceau de papier est de l'argent, et ils en sont
34 aussitôt convaincus. Il va même jusqu'à leur faire croire qu'il les guérit de toutes
35 sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu'il a sur les
36 esprits.
58
37 Ce que je dis de ce prince ne doit pas t'étonner : il y a un autre magicien plus
38 fort que lui, qui n'est pas moins maître de son esprit qu'il l'est lui-même de celui des
39 autres. Ce magicien s'appelle le pape : tantôt il lui fait croire que trois ne sont qu'un ;
40 que le pain qu'on mange n'est pas du pain, ou que le vin qu'on boit n'est pas du vin,
41 et mille autres choses de cette espèce.
42 Et, pour le tenir toujours en haleine et ne point lui laisser perdre l'habitude de
43 croire, il lui donne de temps en temps, pour l'exercer, de certains articles de
44 croyance. IL y a deux ans qu'il lui envoya un grand écrit qu'il appela constitution, et
45 voulut obliger, sous de grandes peines, ce prince et ses sujets de croire tout ce qui y
46 était contenu. Il réussit à l'égard du prince, qui se soumit aussitôt, et donna l'exemple
47 à ses sujets ; mais quelques-uns d'entre eux se révoltèrent, et dirent qu'ils ne
48 voulaient rien croire de tout ce qui était dans cet écrit.
[… ]
1. Structure du texte
Quelles sont les thématiques d’développées successivement dans la lettre
envoyée par Ricca ? Relevez les mots qui vous ont aidé(e).
- L. 1-22 :
- L 23-36 :
- L. 37-48 :
59
3. Relevez la comparaison entre la Perse et la France. Quelles images donnent-
elles de la France ?
60
5. Comment est décrite la société française ? Relevez ce qui la caractérise aux
yeux des Persans (justifiez avec des mots, expressions que vous relèverez).
7. Comment est décrit le Pape. Relevez les passages (mots, expressions) qui
montrent comment est caractérisé le Pape.
8- Bilan
61
Lettre XXX
1 Les habitants de Paris sont d’une curiosité qui va jusqu’à l’extravagance. Lorsque
2 j’arrivai, je fus regardé comme si j’avais été envoyé du Ciel : vieillards, hommes,
3 femmes, enfants, tous voulaient me voir. Si je sortais, tout le monde se mettait aux
4 fenêtres ; si j’étais aux Tuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de
5 moi : les femmes mêmes faisaient un arc-en-ciel, nuancé de mille couleurs, qui
6 m’entourait ; si j’étais aux spectacles, je trouvais d’abord cent lorgnettes dressées
7 contre ma figure : enfin jamais homme n’a été tant vu que moi. Je souriais
8 quelquefois d’entendre des gens qui n’étaient presque jamais sortis de leur chambre,
9 qui disaient entre eux : « Il faut avouer qu’il a l’air bien persan. » Chose admirable !
10 Je trouvais de mes portraits partout ; je me voyais multiplié dans toutes les
11 boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne pas m’avoir assez vu.
12
13 Tant d’honneurs ne laissent pas d’être à charge : je ne me croyais pas un homme
14 si curieux et si rare ; et, quoique j’aie très bonne opinion de moi, je ne me serais
15 jamais imaginé que je dusse troubler le repos d’une grande ville où je n’étais point
16 connu. Cela me fit résoudre à quitter l’habit persan et à en endosser un à
17 l’européenne, pour voir s’il resterait encore dans ma physionomie quelque chose
18 d’admirable. Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement : libre de tous les
19 ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste. J’eus sujet de me plaindre de
20 mon tailleur, qui m’avait fait perdre en un instant l’attention et l’estime publique : car
21 j’entrai tout à coup dans un néant affreux. Je demeurais quelquefois une heure dans
22 une compagnie sans qu'on m'eût regardé, et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la
23 bouche. Mais si quelqu’un par hasard, apprenait à la compagnie que j’étais persan,
24 j’entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement : « Ah ! ah ! Monsieur est
25 persan ? C’est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être persan ? ».
Lexique :
62
Questions :
Premier paragraphe :
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………………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………….
Deuxième paragraphe :
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…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………….………
………………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………
63
Ouverture :
Sources Web :
www.alalettre.com/montesquieu-bio.htm
www.site-magister.com/persanes.htm
64
Voltaire, Candide (1759)
Le conte philosophique de Voltaire, Candide, a été adapté en BD. Les auteurs sont
Michel Dufranne, Gorian Delpâture et Vuja Radovanovic (éditions Delcourt).
Après une brève présentation de l’œuvre, lire les pages 16 à 18 de la BD.
65
66
67
Extrait : Candide à la guerre
Candide est un jeune homme qui croit que tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes possibles. Voltaire imagine des situations pour le détromper. Chassé de son
château natal pour avoir séduit Mademoiselle Cunégonde, il est enrôlé de force dans
l'armée des Bulgares, qui doit livrer combat contre les Abares. Voltaire fait ici
probablement allusion à la guerre de Sept Ans qui oppose, de 1756 à 1763, presque
toutes les puissances européennes.
1 Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les
2 trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie
3 telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six
4 mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes
5 environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi
6 la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se
7 monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe,
8 se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.
9 Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son
10 camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-
11 dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était
12 en cendres : c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du
13 droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes
14 égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles,
15 éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les
16 derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on achevât de leur donner la
17 mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes
18 coupés.
19 Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et
20 les héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des
21 membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre,
22 portant quelques petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais
23 mademoiselle Cunégonde.
Lexique :
Les Bulgares : tribus installées en Turquie et en Russie ; ce ne sont pas ici les habitants d'un
pays défini.
Les Abares : peuple d'origine mongole qui envahit l'Europe orientale du sixième au
neuvième siècle.
1 leste : élégant
2 les fifres : les petites flûtes
4 la mousqueterie : la décharge des mousquets (fusils anciens)
4 ôta : enleva
4 des coquins : des personnes de condition sociale modeste
5 la baïonnette : ancien type d'arme pointue
9 des Te Deum : des prières pour remercier Dieu
13 le droit public : le droit international
21 palpitants : qui bougeaient encore
22 son bissac : son sac à deux poches
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Questions :
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Question 3 : (troisième planche = page 18) Où Candide arrive-t-il cette fois ? Que
peut-on en conclure ? Quel personnage apparaît ici ?
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B- Sur le texte
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69
3. Quel est le comportement de Candide pendant la bataille ?
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70
10. Candide est un conte philosophique.
Après la lecture de ce passage, comment pouvez-vous définir ce genre ?
Ouverture :
Voltaire dénonce la guerre dans une fiction. Il l’a fait aussi dans l’article « Guerre »
de son Dictionnaire philosophique (1764) :
« Tant que le caprice de quelques hommes fera loyalement égorger des milliers de
nos frères, la partie du genre humain consacrée à l’héroïsme sera ce qu’il y a de plus
affreux dans la nature entière. »
Relevez dans ce court passage les mots ou expressions qui dénoncent la guerre et les
« valeurs » qui y sont attachées.
Source Web :
http://www.visitvoltaire.com/f_voltaire_bio.htm
(consulté le 12/08/10)
71
Document complémentaire : Candide dans un article de l’AFP (29 juin 2009).
Dans son bref conte, Voltaire part du constat que l’histoire de l’être humain est
composée d’une série de malheurs inutiles et dépourvus de sens, contrairement à ce
que professent certaines religions, dont la religion chrétienne.
A la fin, Voltaire recommande de « cultiver son jardin » et d’en faire une philosophie
de vie. « Candide est une satire malicieuse qui a des dizaines d’objectifs », souligne
Paul Leclerc, directeur de la bibliothèque, qui, dans un entretien à l’AFP, dit être un
admirateur fanatique de Voltaire depuis l’adolescence.
Questions :
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2. Quel est le message porté par le conte de Voltaire, selon l’auteur de l’article ?
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3. Que peut signifier le conseil donné par Voltaire, « cultiver son jardin » ?
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72
Marivaux, L’île des esclaves
73
IPHICRATE. − Suis-moi donc ?
ARLEQUIN siffle. − Hu ! hu ! hu !
IPHICRATE. − Comment donc ! que veux-tu dire ?
ARLEQUIN, distrait, chante. − Tala ta lara.
IPHICRATE. − Parle donc; as-tu perdu l'esprit ? à quoi penses-tu ?
ARLEQUIN, riant. − Ah ! ah ! ah ! Monsieur Iphicrate, la drôle d'aventure ! je
vous plains, par ma foi; mais je ne saurais m'empêcher d'en rire.
IPHICRATE, à part les premiers mots. − Le coquin abuse de ma situation : j'ai
mal fait de lui dire où nous sommes. Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos;
marchons de ce côté.
ARLEQUIN. − J'ai les jambes si engourdies !...
IPHICRATE. − Avançons, je t'en prie.
ARLEQUIN. − Je t'en prie, je t'en prie; comme vous êtes civil et poli; c'est l'air du
pays qui fait cela.
IPHICRATE. − Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte
pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos
gens; et, en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.
ARLEQUIN, en badinant. − Badin, comme vous tournez cela ! (Il chante.)
............................................. . » . L'embarquement est divin,
13
Catin est le diminutif du prénom « Catherine », mais il est aussi utilisé au dix-huitième siècle pour désigner
une femme dite « légère ».
74
juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort
que toi; on va te faire esclave à ton tour; on te dira aussi que cela est juste, et nous
verrons ce que tu penseras de cette justice-là; tu m'en diras ton sentiment, je
t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable; tu sauras mieux ce
qu'il est permis de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si
ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami; je vais
trouver mes camarades et tes maîtres.
Il s'éloigne.
IPHICRATE, au désespoir, courant après lui, l'épée à la main. − Juste ciel ! peut-
on être plus malheureux et plus outragé que je le suis ? Misérable ! tu ne mérites
pas de vivre.
ARLEQUIN. − Doucement; tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus,
prends-y garde.
Questions :
…………………………………………………………………………….
2. D’après votre première lecture du texte, quelle est la relation entre les deux
personnages ?
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…………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………….
4. Arlequin ne s’inquiète pas autant que son maître : relevez les indices qui le
prouvent.
……………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………..
5. Cette pièce date de 1725. Que montre-t-elle par rapport à l’évolution des
idées sociales et politiques dans la France du XVIIIe siècle ?
……………………………………………………………………………
75