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Carré international
B1+

Semstre 2

LITTERATURE
RECUEIL DE TEXTES
Présentation

Objectifs à atteindre :

- Construire des compétences en français à partir d’un travail sur les textes
littéraires (compréhension et production).
- Lier cet apprentissage à des éléments culturels et à des périodes littéraires en
complément du cours de civilisation « Société et pouvoir ».

Modalités d’évaluation :
Contrôle continu : 100 %

MODULE LITTÉRATURE
1h30 hebdomadaire + 6h en début de
Equivalence ECTS : 3,5
semestre = 24h semestre

Objectifs Ce cours a pour objectif une initiation à la littérature française associée à un apprentissage de
la langue française. En interaction avec le module de société et pouvoir en France, le cours vise
à donner un aperçu général de ce qui est considéré comme le patrimoine littéraire français, en
sélectionnant des textes représentatifs de différents genres (épopée, fabliau, sonnet, fable,
comédie classique, conte philosophique…) et de grands courants littéraires, du Moyen-Âge aux
Lumières et, dans la mesure du possible, en les mettant en écho avec des genres et courants
relevant d’autres patrimoines littéraires, convoqués par les étudiants. Le cours vise également
à aborder l’analyse des textes littéraires par une initiation à l’analyse stylistique et par une mise
en évidence des invariants socioculturels des genres abordés.

Evaluation Contrôle continu : 100 %


Deux questionnaires écrits portant sur la compréhension de textes représentatifs d’un des
mouvements culturels étudiés, ainsi que sur quelques éléments d’histoire littéraire.

1
Programme indicatif.

Moyen Age L’époque médiévale

La « matière de Bretagne ».
Un fabliau.

Renaissance L’humanisme et la Renaissance

François Rabelais
Joachim Du Bellay : « Heureux qui
comme Ulysse » ou Pierre de Ronsard :
« Mignonne, allons voir si la rose… »

Le dix-septième siècle L’époque classique

Jean de La Fontaine : une fable.


Molière : extraits de comédies.

Le dix-huitième siècle Les Lumières

Voltaire : Candide, un extrait.


Montesquieu, Les Lettres persanes, un
extrait.
Extrait d’une pièce de théâtre : L’Île des
esclaves de Marivaux.

2
3
4
D’après Les pratiques du français, première, Paris, Hatier, 2009.

5
Le Moyen-Age

Période de l'histoire de l’Occident, située entre l'Antiquité et la Renaissance (Ve-XVe siècle).

Le Moyen Âge occidental est traditionnellement situé entre la chute du dernier empereur
romain d'Occident (476) et la découverte de l'Amérique (1492), même si ces deux dates
restent discutables.

La civilisation médiévale se définit par quatre caractéristiques majeures : le morcellement


de l'autorité politique et le recul de la notion d'État ; une économie à dominante agricole ; une
société cloisonnée entre une noblesse militaire, qui possède la terre, et une classe paysanne
asservie ; enfin, un système de pensée fondé sur la foi religieuse et défini par l'Église
chrétienne.

L'expression « moyen âge » date du XVIIe siècle : ce serait Christophe Kellner (Cellarius),
professeur d'histoire à l'université de Halle, qui l'aurait employée pour la première fois,
en 1688 (Historia medii aevi). La définition, commode chronologiquement, suggère ainsi que
la période de mille ans, archaïque et barbare, qui a rompu avec les modèles classiques de
l'Antiquité, n'est que l'attente des prestiges de la Renaissance.

Depuis les années 1930, les historiens s'attachent à rendre son identité à cette longue période
de lentes mutations, au cours de laquelle une société complexe s'est épanouie en Occident. En
particulier, les études faites en France par l'école historique des Annales (Marc Bloch,
Georges Duby et Jacques Le Goff) ont permis de mettre fin à cette tradition d’idées fausses.

Pour délimiter un cadre chronologique à ce long « Moyen Âge », on ne peut se référer à des
dates politiques. Si 395 marque la fin de l'unité de l'Empire romain, avec la séparation entre
Empire d'Orient et Empire d'Occident, 476 voit la disparition du dernier empereur romain
d'Occident. À l'autre extrémité de la période, la prise de Constantinople par les Turcs
ottomans en 1453 est surtout significative pour l'Orient ; en Occident, on pourrait se référer à
la mort du dernier roi « médiéval », Louis XI de France, en 1483.

Il n’en demeure pas moins que le voyage de Christophe Colomb en 1492, lourd de
conséquences, est la date communément admise pour définir la fin du Moyen Âge et le début
de l’époque moderne.

La rupture avec les périodes qui encadrent le Moyen Âge n'est donc pas aussi nette qu'on le
laisse souvent entendre.

D’après l’Encyclopédie Larousse


http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Moyen_%C3%82ge/71867

6
Statuette équestre (présumée) de Charlemagne. Cheval peut-être antique, cavalier des IXe-Xe siècles. Bronze.
(Musée du Louvre, Paris.)

Enluminure française du XIIIe siècle représentant les trois ordres de la société médiévale :
ceux qui prient, les ecclésiastiques, ceux qui combattent, les chevaliers et ceux qui travaillent,
les paysans.

7
Situation de recherche, par groupes de 4 étudiants.

1. Retrouvez sur ces deux images les éléments lexicaux :

le chevalier ; l’armure ; le bouclier ; l’épée ; le casque.

2. Questionnaire : vous pouvez faire une recherche sur internet et discuter


entre vous.

1. Qui est le chevalier Lancelot ?


2. Qui est Arthur ?
3. Connaissiez-vous déjà ces légendes, qu’on appelle « la matière de
Bretagne » ?

8
LE CHEVALIER AU COMBAT

Ce texte est une adaptation d’un extrait de Lancelot ou le chevalier à la charrette, d'après
Chrétien de Troyes.

Le Chevalier de la charrette a été composé vers 1180 par Chrétien de Troyes, le plus célèbre
romancier du Moyen Âge, à la demande de sa protectrice, Marie de Champagne.
Dans cette œuvre, il glorifie l’amour courtois tel qu’elle le conçoit : une relation basée sur le
modèle féodal, où la dame occupe la position de suzeraine et le chevalier celle de vassal à son
service.
C’est dans cet ouvrage qu’apparaît pour la première fois un mystérieux chevalier qui, par
amour pour la reine Guenièvre, affronte les pires dangers (le « gué aventureux », le pont de
l’épée), allant jusqu’à monter dans la charrette réservée aux voleurs et aux assassins ou aux
chevaliers vaincus et déshonorés. Ce chevalier est Lancelot du Lac, le plus célèbre de tous les
chevaliers de la Table Ronde.
Le Chevalier de la charrette occupe une place essentielle dans l’histoire du roman français.

Les personnages principaux sont le roi Arthur, la reine Guenièvre et le chevalier Lancelot.
Lancelot est le héros, c’est un chevalier courageux qui défend les valeurs de la cour du roi.
Méléagant est un traître.

Lancelot et Méléagant demandent leurs chevaux et ordonnent qu’on leur


apporte leurs armes : les voilà bientôt armés avec l’aide des valets. On leur
présente les reliques1. Méléagant s’avance, Lancelot de même à côté de lui, ils
s’agenouillent tous les deux. Méléagant étend la main sur les reliques et prête
serment d’une voix claire :
« Que Dieu et le saint dont voici les reliques m’en soient témoins, le chevalier
Keu a partagé cette nuit le lit de la reine, et il a eu d’elle tout son plaisir.
— Et moi je t’accuse de mensonge, répond Lancelot, et je jure solennellement
qu’il n’est pas venu près d’elle et n’a eu de la reine aucun plaisir. Que Dieu
prenne vengeance, s’il lui plaît, de celui qui a menti, et fasse apparaître la vérité.
1
Les reliques sont des objets sacrés (ce qui reste d’un saint).

9
Mais j’ajouterai encore autre chose : quelle que soit la peine que cela puisse
faire à certains, je jure que si j’ai la chance aujourd’hui de vaincre Méléagant,
sans autre aide que celle de Dieu et des reliques ici présentes, je ne lui
accorderai plus aucune pitié. »

Le roi fut contrarié d’entendre cette promesse. Quand ils eurent prêté
serment, on amène aux deux chevaliers leurs chevaux, belles bêtes pourvues de
toutes les qualités. Chacun est monté sur le sien, et ils s’élancent l’un contre
l’autre de toute la vitesse de leur monture. Le choc des deux chevaliers a eu lieu
au maximum de la vitesse, et bien qu’il ne leur reste plus de la lance que le
morceau qu’ils avaient en main, ils se sont envoyés à terre tous les deux, mais ils
n’ont pas vraiment l’air de deux morts car aussitôt ils se relèvent et se font tout
le mal possible du tranchant de leurs épées nues toutes brûlantes. De vives
étincelles jaillissent vers le ciel à cause des coups frappés par le fer sur les
heaumes2. Ils s’affrontent avec une telle fureur que leurs épées vont et viennent
aussi vite qu’ils le peuvent, ils se cognent, ils se frappent sans chercher à se
reposer pour avoir le temps de reprendre haleine3.

Le roi, que ce combat angoisse et accable, a fait appeler la reine qui était
montée dans une des galeries de la tour pour s’y accouder. Il invoque Dieu le
Créateur en lui demandant de faire se séparer les combattants. « Tout ce qui
vous plaît et convient, dit la reine, ne rencontrera de ma part aucune opposition.»

Lancelot a bien entendu la réponse de la reine à la requête du roi ; il ne


cherche plus à combattre, mais il abandonne aussitôt le combat tandis que
Méléagant le frappe en redoublant ses coups car il ne veut pas de répit.

Questions :

1. Les armes et l’équipement du chevalier :

- Le chevalier porte un ……………………… pour protéger sa tête.

- Les chevaliers s’élancent l’un vers l’autre à cheval, avec des


…………………

- À terre, le combat continue à ……………………

2
Un heaume est un casque enveloppant toute la tête.
3
Reprendre haleine : reprendre son souffle.

10
2. De quoi est accusé le chevalier Keu ?

…………………………………………………………………………………….

3. Pourquoi le roi Arthur est-il triste et accablé ? Que souhaite-t-il ?

……………………………………………………………………………………

4. Relevez les indices montrant la place importante de la religion dans ce


texte/ dans l’univers médiéval.

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

5. Relevez les indices montrant la violence du combat.

Des verbes :

Des noms/ des groupes nominaux :

11
Des adjectifs :

6. Quelle est l’attitude/ le comportement de Méléagant à la fin du texte ?

…………………………………………………………………………………..

Ouverture : qu’est-ce que l’ancien français ?

Carles li reis, nostre emperere magnes,


Set anz tout pleins ad estet en Espaigne :
Tresqu’en la mer cunquist la terre altaigne.
N’i ad castel ki devant lui remaigne. »

12
Les caractéristiques d’un fabliau
Texte intégral « Estula »

1 Il y avait jadis deux frères qui n’avaient plus ni père ni mère pour les conseiller,
2 ni aucun parent. L’amie qui était le plus souvent avec eux, c’était la pauvreté,
3 hélas, et il n’est pire compagnie que celle-là, pire tourment que sa présence
4 obsédante. On ne cesse pas d’avoir faim quand on a faim.
5 Les deux frères vivaient ensemble. Un soir, ils furent vraiment comme
6 poussés hors d’eux-mêmes par cette faim en leur ventre, par la soif dans leur
7 gorge, par le froid dans leur corps et dans leur cœur. Ces trois maux-là, on les
8 ressent souvent quand la pauvreté les enchaîne !... Ils résolurent de se défendre
9 contre elle, et ils cherchèrent comment y parvenir.
10 Tout près de chez eux habite un homme qu’on sait très riche. Eux sont pauvres,
11 le riche est sot. Il a des choux dans son jardin et des brebis dans son étable. C’est
12 de ce côté-là qu’il leur faut aller.
13 Pauvreté fait perdre la tête à plus d’un.
14 L’un prend un sac, l’autre un couteau. En route ! Le premier, aussitôt dans le
15 jardin, arrache les choux. Le second tracasse si bien la porte de la bergerie qu’il
16 finit par l’ouvrir ; déjà il tâte les moutons pour choisir le plus gras.
17 Mais dans la maison les gens ne sont pas encore tout à fait couchés. Ils
18 entendent la porte qui grince, et le fermier dit à son fils :
19 « Dis, fils, va donc voir s’il n’y a rien d’anormal, et appelle le chien. »
20 Ils avaient nommé leur chien « Estula4 » : c’est une idée comme une autre !
21 Heureusement pour les deux apprentis larrons5, le chien, ce soir-là, était allé à
22 ses affaires… Le fils ouvre la porte qui donne sur la cour, il regarde, il écoute,
23 puis il crie :
24 « Estula ! Estula ! »
25 Une voix lui répond aussitôt, du côté des moutons :
26 « Oui, oui, je suis là ! »
27 La nuit est noire comme la suie et le fils a peur. La voix est drôle, il
28 s’imagine que c’est le chien qui vient de répondre. Ah ! il n’attend guère, il
29 tourne le dos, il court, il tremble, il rentre dans la grand-salle, bouleversé :
30 « Qu’as-tu donc, fils ?
31 - Estula m’a parlé, Estula…
32 - Qui ? Notre chien ?
33 - Oui, notre chien.
34 - Tu es fou. !
35 - Si. C’est vrai. Je vous le jure par la foi que je dois à ma mère6. Allez voir si
36 vous ne me croyez pas. Appelez-le, vous l’entendrez !... »
37 Le fermier y va, il entre dans la cour, il appelle son chien :
4
Estula : prononcer é-tu-la.
5
Un larron : un voleur
6
Par la foi que je dois à ma mère : j’en fais le serment sur ma mère.

13
38 « Estula ! Estula ! »
39 Et naturellement le voleur, qui ne se doute toujours de rien, répond encore
40 une fois :
41 « Oui, oui, bien sûr ! »
42 Le fermier n’en croit pas ses oreilles :
43 « Par tous les saints et par toutes les saintes, j’ai déjà entendu parler de
44 bien des choses étranges, mais comme celle-là alors, jamais ! Va trouver tout de
45 suite le curé et dis-lui ce qu’il y a. Ramène-le, hein ! Fais lui prendre son
46 étole7… L’eau bénite 8aussi, n’oublie pas. »
47 Le fils court aussitôt à la maison du curé. Il court, il court ; il a peur… Il
48 arrive vite, et là non plus il n’attend guère ; il ne reste pas à la porte, il entre tout
49 de suite :
50 « On a besoin de vous, Messire. Il faut que vous veniez… Si, il faut…
51 Vous entendrez… Vous entendrez… Je ne peux pas vous dire… Jamais je n’ai
52 entendu parler comme ça. Prenez votre étole. »
53 Le curé répond :
54 « Non et non ! Il n’y a pas de lune… Je n’irai pas dehors à cette heure-
55 ci !... Je suis nu-pieds ! Je n’y vais pas !
56 - Si, si, il faut venir. C’est votre affaire. Je vais vous porter. »
57 Le curé a pris l’étole, il monte sur le dos du fils, et les voilà partis. Arrivés
58 près de la ferme, pour aller plus vite, ils coupent tout droit par le petit chemin
59 qu’ont pris les deux affamés. Celui qui s’occupait des choux était encore dans le
60 jardin. Il voit la forme blanche du prêtre, et il croit que son frère lui apporte un
61 mouton ou une brebis. Il demande tout joyeux :
62 « Alors, tu l’as avec toi ?
63 - Oui, oui, répond le jeune homme, croyant que c’est son père qui a parlé.
64 - Vite alors, fait l’autre, flanque-le par terre. Mon couteau est bien aiguisé,
65 je l’ai passé hier à la meule. On l’aura bientôt égorgé. »
66 Le curé l’entend, il croit qu’il est trahi ; il saute sur ses pieds nus, mais il
67 court vite quand même, il file ! Son surplis9 s’accroche à un pieu, mais il le
68 laisse ; il ne perd pas son temps à le décrocher… et le coupeur de choux dans le
69 jardin est aussi ébahi10 que le curé qui détale dans le sentier. Tout de même il va
70 prendre la chose blanche qu’il voit autour du pieu, il s’aperçoit que c’est un
71 surplis. Il n’y comprend plus rien du tout.
72 À ce moment son frère sort de la bergerie avec un mouton sur le dos. Il va
73 tout de suite le rejoindre, son sac rempli de choux. Ils ont tous les deux les
74 épaules lourdes !... Ils ne restent pas sur place, comme vous pensez, ils s’en
75 retournent chez eux. Lorsqu’ils y sont, celui qui a le surplis montre ce qu’il a
76 trouvé. Tous deux rient et plaisantent de bon cœur. Car la gaieté maintenant leur
77 est rendue, qu’ils ne connaissaient plus depuis des mois.
78 En peu de temps Dieu travaille ! Tel rit le matin qui pleure le soir, tel est
79 furieux le soir qui sera joyeux le lendemain matin.
7
Étole : écharpe portée par les prêtres.
8
Eau bénite : elle est destinée à exorciser le chien soupçonné d’être possédé par le démon.
9
Surplis : fine chemise blanche portée par les prêtres, au-dessus de la soutane.
10
Ébahi : étonné.

14
Auteur anonyme, « Estula » (première moitié du XIIIe siècle),
Traduit de l’ancien français et adapté par P. Gaillard et F. Rachmuhl
©éd. Hatier, 2002.

1. Lignes 1-12
Qui sont les personnages principaux ? Quel est leur problème ? Que décident-
ils ?

…………………………………………………………………………..............

……………………………………………………………………………………

2. Lignes 17-22
Qui sont les autres personnages de l’histoire ? L’un est absent ce jour-là.
Comment s’appelle-t-il ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

http://www.youtube.com/watch?v=0NeHkgSni38

3. Vidéo : que se passe-t-il ? Pourquoi le paysan est-il effrayé ? Que


demande-t-il à son fils ?

…………………………………………………………………………………….

…………………………………………………………………………………….

BILAN : Qu’est-ce qu’un quiproquo ?

« Quelqu’un pour quelqu’un d’autre » : une erreur sur l’identité des personnes.
(un malentendu)

Deuxième partie du récit : ligne 53 et suivantes…

1. Comment le curé se rend-il chez le paysan ? Quel est l’effet produit ?

……………………………………………………………………………………

15
2. Un nouveau quiproquo : que se passe-t-il ?

………………………………………………………………………………….

Bilan : Caractéristiques d’un fabliau

- La moralité : une leçon de vie. Ici, il s’agit de la « roue de la fortune »


(« la chance tourne »)
- Un récit court, avec des personnages souvent caricaturaux, des
stéréotypes.
- C’est une satire (une critique sociale)

16
LA RENAISSANCE – XVIe siècle

17
.,


A partir de ces images, décrivez les bouleversements que connait l’Europe à
l’époque de Rabelais : associez une image à un thème et essayez d’expliquer en
quoi elles illustrent les grands bouleversements de la « Renaissance ».

- Les échanges marchands


- Renaissance italienne et inspiration de l’Antiquité
- Massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572)
- Voyages des grands explorateurs
- L’imprimerie
- Le système solaire décrit par Copernic et prouvé par Galilée

18
L’HUMANISME 15-16ème (voir la chronologie)
1

Le mot « humanisme » vient du latin « humanitas » qui désigne la culture.

Ø Période : la Renaissance, aux 15ème et 16ème siècles. Les idées essentielles


de l’humanisme sont :
- La recherche de l’épanouissement de l’homme : physique, spirituel,
moral.
L’homme est aussi responsable du monde dans lequel il vit. L’idée d’une
harmonie avec la nature est nouvelle (importance de la santé, de
l’hygiène, du sport : « mens sana in corpore sano »)
- L’homme doit construire un savoir qui décrit le monde : connaissance et
éducation sont deux principes humanistes qui fondent une certaine
conception du bonheur.
- Multiplication des universités : début de la démarche scientifique et de la
distinction croyance / connaissance. Cependant, la religion reste
importante pendant toute cette période.

Ø Du point de vue historique :

Un roi important est François Ier : protecteur des savants, des écrivains et des
artistes, il est aidé par sa sœur, la reine Marguerite de Navarre, elle-même
écrivain. François Ier fonde en 1530 le Collège de France (les professeurs sont
chargés d’enseigner le latin, le grec et l’hébreu ; les humanistes du Collège de
France sont autorisés par François Ier à étudier la Bible dans le texte original).

Ø Du point de vue linguistique :

1539 : le français devient la langue officielle.


1549 : publication du livre Défense et illustration de la langue française, de
Joachim Du Bellay : alors que le latin était en train de devenir la langue des
artistes, comme elle était déjà la langue des savants, quelques poètes vont
prendre la défense du français : l’accusation était que le français était une langue
pauvre ; J. Du Bellay va donc suggérer de l’enrichir.

L’imprimerie permet une plus large diffusion des œuvres littéraires.

19
Ø Les origines et les influences :

- En Italie : les écrivains italiens dont on s’inspire sont Dante (XIIIe siècle),
Pétrarque, Boccace (XIVe siècle)

- Retour aux sources latines et grecques : influence du philosophe Erasme (début


XVe), né à Rotterdam : idée du retour au texte qu’on retrouve chez l’écrivain
François RABELAIS.

20
François Rabelais

Les ouvrages de F. Rabelais racontent l’histoire d’une famille de géants ; ceux-


ci représentent l’appétit de savoir de l’homme de la Renaissance. Le double
objectif de Rabelais est de faire rire et de diffuser les idées de la Renaissance.

Gargantua, dessiné par Gustave Doré, 1851.

Introduction
Pantagruel est le premier livre de François Rabelais, publié en 1532. Le titre
complet de l'œuvre est Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très
renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua.

F. Rabelais poursuivra en 1534 avec le récit des aventures du père de


Pantagruel, Gargantua. Dans ces ouvrages, Rabelais relate les histoires d'une
famille de géants de façon comique.

L’humanisme est un courant de pensées qui se développe en Europe aux 15e et


16e siècles. L'homme de la Renaissance est un être à éduquer : c’est pourquoi de
nombreux ouvrages sont destinés à une réflexion sur l’éducation, en particulier
ceux de Rabelais, comme Pantagruel et Gargantua. Le texte à étudier est un
extrait de Pantagruel : Gargantua a envoyé une lettre à son fils Pantagruel afin
de l’initier à un programme humaniste.
21
Texte étudié : lettre de Gargantua à son fils Pantagruel.

C'est pourquoi, mon fils, je t'engage à employer ta jeunesse à bien progresser


en savoir et en vertu. Tu es à Paris, tu as ton précepteur Epistémon : l'un par un
enseignement vivant et oral, l'autre par de louables exemples peuvent te former.
J'entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues : premièrement le
grec, comme le veut Quintilien, deuxièmement le latin, puis l'hébreu pour
l'Écriture sainte, le chaldéen et l'arabe pour la même raison, et que tu formes ton
style sur celui de Platon pour le grec, sur celui de Cicéron pour le latin.
Qu'il n'y ait pas d'étude scientifique que tu ne gardes présente en ta mémoire
et pour cela tu t'aideras de l'Encyclopédie universelle des auteurs qui s'en sont
occupés.
Des arts libéraux : géométrie, arithmétique et musique, je t'en ai donné le goût
quand tu étais encore jeune, à cinq ou six ans, continue.
De l'astronomie, apprends toutes les règles, mais laisse-moi l'astrologie et l'art
de Lullius comme autant d'abus et de futilités.
Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes, et que tu me
les mettes en parallèle avec la philosophie. Et quant à la connaissance de la
nature, je veux que tu t'y donnes avec soin : qu’il n'y ait mer, rivière, ni source
dont tu ignores les poissons ; tous les oiseaux du ciel, tous les arbres, arbustes, et
les buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au
ventre des abîmes, les pierreries de tous les pays de l'Orient et du midi, que rien
ne te soit inconnu.
Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes et latins, […]
et, par de fréquentes dissections, acquiers une connaissance parfaite de l'autre
monde qu'est l'homme.
Et quelques heures par jour, commence à lire l'Écriture sainte : d'abord le
Nouveau Testament et les Épîtres des apôtres, écrits en grec, puis l'Ancien
Testament, écrit en hébreu.
En somme, que je voie en toi un abîme de science car, maintenant que tu
deviens homme et te fais grand, il te faudra quitter la tranquillité et le repos de
l'étude pour apprendre la chevalerie et les armes afin de défendre ma maison, et
de secourir nos amis dans toutes leurs difficultés causées par les assauts des
malfaiteurs. Et je veux que, bientôt, tu mesures tes progrès ; cela, tu ne pourras
pas mieux le faire qu'en soutenant des discussions publiques, sur tous les sujets,
envers et contre tous, et qu'en fréquentant les gens lettrés tant à Paris qu'ailleurs.
Mais – parce que, selon le sage Salomon, Sagesse n'entre pas en âme
malveillante et que Science sans Conscience n'est que ruine de l'âme – tu dois
servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en lui toutes tes pensées et tout ton
espoir ; et par une foi nourrie de charité, tu dois être uni à lui, en sorte que tu
n'en sois jamais séparé par le péché.
Méfie-toi des abus du monde ; ne prends pas à cœur les futilités, car cette vie
est transitoire, mais la parole de Dieu demeure éternellement. Sois serviable
pour tes prochains, et aime-les comme toi-même. Révère tes précepteurs. Fuis la
22
compagnie de ceux à qui tu ne veux pas ressembler, et ne reçois pas en vain les
grâces que Dieu t'a données. Et, quand tu t'apercevras que tu as acquis tout le
savoir humain, reviens vers moi, afin que je te voie et que je te donne ma
bénédiction avant de mourir.

Mon fils, que la paix et la grâce de Notre Seigneur soient avec toi. Amen.

D'Utopie, ce dix-sept mars,


Ton père, Gargantua.

Rabelais - Pantagruel chapitre 8.


Source : https://www.bacdefrancais.net/pantagruel-rabelais-1.php

Vrai ou faux ? Justifiez !

1. Pantagruel doit étudier seulement la langue française.

……………………………………………………………………

2. La biologie est une discipline (un sujet) intéressant(e).

……………………………………………………………………

3. L’astrologie est une discipline intéressante.

……………………………………………………………………

4. Pantagruel devra tout étudier seul.

……………………………………………………………………

5. La médecine et l’anatomie font partie de l’éducation de Pantagruel.

……………………………………………………………………

Questions :

1. Donnez quelques exemples de domaines du savoir qui seront étudiés par


Pantagruel.
……………………………………………………………………..

2. Pourquoi peut-on dire que Gargantua est ambitieux pour son fils ?

…………………………………………………………………………
23
3. Que signifie la phrase suivante (qui est restée célèbre) « Science sans
conscience n’est que ruine de l’âme » ?

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

Ouverture :

Rabelais n’a pas inventé le personnage de Gargantua : il figure dans un récit


anonyme peu connu paru dix ans avant. Existe-t-il des personnages de géants
dans votre littérature ?

Montaigne, dans ses Essais, a exprimé lui aussi des idées pédagogiques
humanistes. Il affirme notamment que « vaut mieux avoir une tête bien faite
qu’une tête bien pleine ».
Qu’est-ce qui est critiqué et qu’est-ce qui est valorisé dans cette phrase célèbre ?

24
Rabelais, « Les moutons de Panurge »

Les géants Pantagruel et Gargantua sont les symboles du désir immense de


connaissance. Ils représentent les valeurs positives dans l’univers de Rabelais.
Panurge est un personnage plus complexe, malicieux et rusé.

Adaptation du récit de Rabelais : ce texte n’est pas le texte original, qui est en
moyen-français (la langue française du XIIIe au XVIe siècle), assez difficile à lire.

25
1 En ce temps-là, le géant Pantagruel, Panurge et leurs amis faisaient le tour du
2 monde sur les mers.
3 Un jour, leur bateau croisa un navire de commerce chargé de moutons. Le troupeau
4 appartenait à un marchand nommé Dindenault. Les passagers des deux bateaux
5 fêtèrent leur rencontre. Panurge monta sur un tonneau et cria en levant son verre :
6 - Vive les marins ! Vive les moutons !
7 Dindenault montra Panurge à ses compagnons :
8 - Regardez le fou perché sur un tonneau ! Cet idiot porte des vêtements
9 ridicules.
10 Panurge était furieux et décida de se venger. Il dit à Dindenault :
11 - Je vais vous acheter un mouton.
12 - Holà ! fit le marchand. Pas si vite ! Vous n’avez pas une tête d’acheteur de
13 mouton.
14 - Je regrette que ma tête ne vous plaise pas, dit-il. Je veux vraiment vous
15 acheter un mouton.
16 - C’est que mes moutons ne sont pas des moutons ordinaires ! dit Dindenault.
17 Voyez leur laine, elle est faite pour les rois !
18 - S’il vous plaît, vendez-moi un mouton, dit Panurge.
19 - Avec leur peau, on fait des bottes pour les chevaliers !
20 - Je vous crois, dit Panurge. Mais vendez-moi un mouton.
21 Dindenault fit comme s’il n’avait pas entendu.
22 - Regardez ! dit-il. La viande de ces bêtes est une viande pour les princesses :
23 elle est si tendre et si savoureuse ! Elle n’est pas pour les fous comme vous !
24 - Vendez-moi un mouton, répéta Panurge.
25 - Prenez les cornes de mes gros moutons : écrasez-les en poudre, mettez-les
26 dans la terre, arrosez bien et vous verrez pousser les meilleurs légumes au
27 monde ! Essayez d’en faire autant avec vos cornes, mon ami : il ne poussera
28 rien !
29 Tout le monde rit. « Patience », pensait Panurge en retenant sa colère.
30 - Vendez-moi un mouton, dit-il encore. Je peux le payer avec des pièces d’or !

31 Une lueur brilla aussitôt dans les yeux de Dindenault…


32 - Bon, je veux bien t’en vendre un. Pour dix pièces d’or, tu peux choisir celui
33 que tu veux.
34 - C’est du vol ! s’écria Panurge. Pour ce prix, j’en aurais cinq ou six dans mon
35 pays. Mais il me faut ce mouton… »

36 Il donna les dix pièces d’or et choisit le plus beau, le plus gros et le plus fort de tous
37 les moutons.
38 Soudain, sans rien dire, Panurge jeta son mouton à la mer.
39 - Ils sont si bêtes qu’ils vont tous le suivre ! dit-il à ses amis.
40
41 Et c’est ce qui se passa. Les moutons se jetèrent dans les vagues, les uns
42 derrière les autres. Bêêê… Bêêê…. Bêêê…
43
44 Ce fut une belle bousculade ! C’était à qui sauterait le plus vite. Plouf ! Plouf ! Plouf !
45 Dindenault voulut les retenir, mais il tomba aussi à l’eau. Plouf !
46

26
1 En un instant, le troupeau et son marchand disparurent du navire.
2 - Me voilà vengé ! dit Panurge. Ce voleur de Dindenault m’a insulté. Il méritait
3 bien une leçon !

4 Mais le géant Pantagruel était bon. Il aida les moutons à nager jusqu’à une île et les
5 sauva tous.

Adaptation du Quart Livre de F. Rabelais (1548)

Remarque : cette fin heureuse n’est pas dans le texte de Rabelais.

Questions

1. Le marchand refuse tout d’abord de vendre ses moutons à Panurge.


Pourquoi ?
…………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………..

2. Il finit par accepter : pour quelle raison ?

………………………………………………………………………………………………..

3. A quoi peuvent servir les moutons, d’après Dindenault ?

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

4. Mettre en voix le dialogue entre Panurge et le marchand (de la ligne 6 « Vive


les marins ! » à la ligne 35 « Mais il me faut ce mouton… »)

5. Exercice lexical : les expressions idiomatiques avec les animaux :

« les moutons de Panurge » : des personnes qui suivent le mouvement sans


réfléchir. « C’est un mouton de Panurge » « Il se comporte comme les moutons de
Panurge ».

De quel animal s’agit-il ?

Agneau - âne – chat – cheval – cochon - coq - éléphant – lapin - loup - mouche -
ours - paon - pie - singe - vache

1. Il est bavard comme une ………….. (= il parle beaucoup)


2. Il est connu comme le ………………. blanc (= il est très célèbre)
3. Il est doux comme un ……………….. (= il est très gentil)

27
4. Mon voisin est un vrai ………………. (= il n’est pas sociable)
5. Mon père est très à ……………..sur la politesse (= il est très exigeant en
matière de politesse)
6. Il est malin comme un ……………….. (= astucieux)
7. Non, mais quelle peau de …………….. (= très méchant(e)
8. Il a une mémoire d’………………….… (= une très bonne mémoire)
9. Il est fier comme un …………………… (= très orgueilleux)
10. Il prend la ……………………………. pour tout et pour rien (= il s’énerve
facilement)
11. Ils s’entendent comme chien et ……………. (= ils se détestent)
12. Il a un caractère de ……………………... (= il a mauvais caractère)
13. Il saute sans arrêt du ………….. à l’…………….. (= il a une conversation
décousue)
14. Je suis furieuse ! Il m’a posé un ………….. (il n’est pas venu au rendez-vous)

Ouverture : Le moyen-français

1 Soubdain, ie ne sçay comment, le cas feut subit, ie ne eu loisir le consyderer.


2 Panurge sans autre chose dire iette en pleine mer son mouton criant & bellant. Tous
3 les aultres moutons crians & bellans en pareille intonation commencèrent soy iecter
4 & saulter en mer après à la file. La foulle estoit à qui premier saulteroit après leur
5 compaignon. Possible n’estoit les en guarder. Comme vous sçavez estre du mouton
6 le naturel, tous iours suyvre le premier, quelque part qu’il aille. Aussi le dict
7 Aristoteles lib. 9. de histo. animal. estre les plus sot & inepte animant du monde.

28
Un poème de Du Bellay

Comme tous les humanistes de la Renaissance, Joachim Du Bellay admire


l’Antiquité. En 1553, il part pour Rome. En 1558, lors de son retour en France, il
publie Les Regrets, un recueil de poèmes (191 sonnets) dans lesquels il raconte son
voyage en Italie et exprime ses déceptions et sa nostalgie.

Ulysse est un personnage célèbre de la mythologie grecque et le héros de


l’Odyssée d’Homère (VIIIe siècle avant J.-C.).
Roi d’Ithaque, il quitte son île pour participer à la guerre de Troie. Son retour est un
long voyage autour de la mer Méditerranée. Ce voyage est semé d’embûches et de
pièges (le chant des sirènes, la rencontre avec le Cyclope…), dont il triomphe.

Jason est un autre héros de la mythologie. Voulant récupérer le royaume de son


père, il part à la conquête d’un objet très recherché : la Toison d’or. Cette Toison
mystérieuse était gardée par un monstre (le serpent géant) que Jason devait
combattre.

29
1. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
2. Ou comme cestui-là, qui conquit la toison,
3. Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
4. Vivre entre ses parents le reste de son âge !

5. Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village


6. Fumer la cheminée, et en quelle saison
7. Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
8. Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

9. Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux


10. Que des palais romains le front audacieux ;
11. Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,

12. Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,


13. Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
14. Et plus que l’air marin la douceur angevine.

Les Regrets, sonnet XXI, 1558

Lexique

v.2 cestui-là = celui-là.


v.2 la toison = Jason conquit la Toison d’Or dans le Caucase, puis retourna en
Grèce.
v.3 l’usage = expérience.
v.7 le clos = l’enclos, le jardin.
v.8 une province = un royaume.
v.9 mes aïeux = mes ancêtres.
v.12 mon Loire = la Loire, fleuve français.
v.12 le Tibre = fleuve qui coule à Rome, en Italie.
v.13 Liré = village natal de Joachim Du Bellay.
v.13 le Mont Palatin = l’une des sept collines entourant la ville de Rome.

30
Travail de recherche :

v Deux héros mythologiques :

Personnage

A affronté…

Recherche (objet de la
quête)

Femme aimée

La région de Du Bellay : ……………………………


Le nom de son petit village : ……………………………………..
Le nom du fleuve : ………………………………………………..

v La comparaison avec Rome :

« Plus me plaît… » (+) que…. » (-)


« le séjour qu’ont bâti mes aïeux »

v Observation du poème :

1. Combien y a-t-il de strophes ?


…………………………………………………………………………………………………..

2. Combien de vers dans chacune des strophes ?

……………………………………………………………………………..……………………
31
6. Combien de syllabes dans chaque vers ?

………………………………………………………………………………………………….

Ce poème à forme fixe se nomme un sonnet.

Le sonnet est une forme poétique fixe, héritée de la poésie italienne (et notamment
de Pétrarque).

C’est un poème de 14 vers, constitué de deux quatrains et d’un sizain (on écrit aussi
« sixain ») ou deux tercets. Le schéma normal des rimes est :

abba abba ccdeed ou


abba abba ccdede

32
Un poème de Du Bellay mis en musique

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage


Ou comme cestui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village,
Fumer la cheminée et en quelle saison ?

REFRAIN (x2)
Mais quand reverrai-je, de mon petit village, fumer la cheminée et en quelle saison, Mais
quand reverrai-je ?

Reverrai-je le clos de ma pauvre maison


Qui m'est une province, et beaucoup davantage
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,
Plus mon Loire Gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.

REFRAIN (x2)
Mais quand reverrai-je, de mon petit village, fumer la cheminée et en quelle saison, mais
quand reverrai-je ?

J'ai traversé les mers à la force de mes bras,


Seul contre les Dieux, perdu dans les marées
Retranché dans une cale, et mes vieux tympans percés,
Pour ne plus jamais entendre les sirènes et leurs voix.
Nos vies sont une guerre où il ne tient qu'à nous Ridan, de son vrai nom Nadir
De nous soucier de nos sorts, de trouver le bon choix, Konidri, est un chanteur
De nous méfier de nos pas, et de toute cette eau qui dort, français qui a d’abord été
Qui pollue nos chemins, soi-disant pavés d'or. rappeur. Georges Brassens
avait, avant lui, déjà réécrit et
REFRAIN (x2) mis en musique ce sonnet.
Mais quand reverrai-je, de mon petit village, fumer la cheminée
et en quelle saison, mais quand reverrai-je ?

Mais quand reverrai-je ?(x3)

Questions (après écoute de la chanson)

1. Qu’ajoute Ridan au poème de Du Bellay ?

2. Quelles sont les allusions au mythe d’Ulysse ?

33
Un poème de Ronsard

Pierre de Ronsard (1524-1585)

En avril 1545, Ronsard rencontre, dans une fête à la cour, Cassandre Salviati,
fille d'un banquier italien. Ronsard a 20 ans et Cassandre en a 13 ans. Le
lendemain, elle quitte la cour et Ronsard en garde un beau souvenir. Le poème
Mignonne est un exercice de cour plutôt banal, mais il reste original par sa
vivacité et l'image de l'amour qu'il donne.
Remarque : Ronsard était un poète de cour, contrairement à Du Bellay qui
avait refusé. Il écrivait des poèmes de circonstances (pour les autres).
François Premier ramenait des artistes italiens à la cour (Léonard de Vinci).

Lecture du poème : source : litteratureaudio.com


http://www.bacdefrancais.net/mp3/Ronsard-mignonne.mp3

Mignonne, allons voir si la rose

A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose Qui ce matin avait éclose
Sa robe de pourpre au Soleil, Sa robe de pourpre11 au Soleil
A point perdu ceste vesprée n’a pas perdu ce soir
Les plis de sa robe pourprée, Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil. Et son teint pareil au vôtre.

Las ! voyez comme en peu d'espace, Hélas ! voyez comme en peu de


Mignonne, elle a dessus la place temps,
Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Mignonne, elle a sur place
Ô vrayment marastre Nature, hélas, hélas, laissé tomber ses
Puis qu'une telle fleur ne dure beautés!
Que du matin jusques au soir ! Ô vraiment marâtre12 Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Donc, si vous me croyez, mignonne, Que du matin jusqu’ au soir !
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté, Donc, si vous me croyez, Mignonne,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Pendant que votre âge est dans sa
Comme à ceste fleur la vieillesse plus belle fleur,
Fera ternir vostre beauté. En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
" Odes ", I, 17 Comme à cette fleur la vieillesse
Ronsard (1524, Vendômois), XVIème Fera ternir votre beauté.
11
Le pourpre est une couleur : rouge très foncé
12
Une marâtre : une très mauvaise mère

34
1

1. Dans ce poème, la jeune fille, Cassandre, (« Mignonne ») est comparée à


une rose. Relevez dans le tableau (dans l’ordre du poème) tous les
éléments de comparaison entre la rose et la jeune fille.

Elément La jeune fille est comparée La rose est comparée à une


à une rose jeune fille (=
« personnification »)

2. Procédé stylistique : la « personnification » : définissez d’après les


éléments relevés ce que cela peut être et quel en est l’effet.

3. Quels sont les indices du temps qui passe qui permettent de comparer la
journée d’une rose à une vie humaine ?

Strophe 1 :

Strophe 2 :

Strophe 3 :

4. Donnez un titre qui résume chacune des strophes (3 strophes) du poème :


Strophe 1 :
Strophe 2 :
Strophe 3 :

35
5. Expliquez avec vos propres mots « la morale » de ce poème.

6. Quelles sont les caractéristiques formelles (strophes, vers, rimes) de cette


ode ?
Strophes :
Vers :
Rimes :
1

36
L’EPOQUE CLASSIQUE (XVIIe)

Danse dans la Musique du Temps


Auteur : Poussin Nicolas (1594-1665)
Huile sur toile ; Localisation : Royaume-Uni, Londres, Wallace Collection

37
D’après ces 4 images, quelles sont les grandes caractéristiques du « classicisme » français ?

Le Château de Versailles en 1668

Molière reçu
par Louis XIV
Auteur :
Vetter Jean
Hégesippe
(1820-1900)
huile sur
bois, huile
sur toile
Localisation :
Paris, musée
d'Orsay

38
Dessin
Titre : La Mort de Phèdre
Auteur : Girodet De Roussy-Trioson Anne-Louis (1767-1824).
Localisation : Paris, musée du Louvre, D.A.G.

La tragédie

Estampe
Titre : Pierre Corneille (1606-1684)
Auteur : Lubin Jacques (1637-1695)
17e siècle, période moderne (Europe
occidentale). Localisation : Versailles, châteaux
de Versailles et de Trianon

39
Molière, Le Malade imaginaire
Cette pièce est la dernière comédie de Molière ; il est mort en sortant de scène au
théâtre du Palais Royal à Paris en 1673. Il interprétait le rôle d’Argan. Argan, un
bourgeois, a décidé de donner sa fille Angélique en mariage à un jeune médecin,
Thomas Diafoirus, neveu de Monsieur Purgon, son propre docteur. Il se croit malade
constamment : ainsi, il sera bien soigné ; mais ce qui l’intéresse surtout, c’est la
fortune du jeune homme. La servante Toinette essaie de détourner Argan de son
projet car elle sait que la jeune fille en aime un autre, Cléante.

1 Toinette : Votre fille. Elle vous dira qu’elle n’a que faire de Monsieur Diafoirus, ni de
2 son fils Thomas Diafoirus, ni de tous les Diafoirus du monde.
3 Argan : J’en ai affaire, moi, outre que le parti est plus avantageux qu’on ne pense :
4 monsieur Diafoirus n’a que ce fils-là pour tout héritier ; et de plus, Monsieur Purgon,
5 qui n’a ni femme ni enfants, lui donne tout son bien en faveur de ce mariage ; et
6 Monsieur Purgon est un homme qui a huit mille livres de rente.
7 Toinette : Il faut qu’il ait tué bien des gens pour s’être fait si riche.
8 Argan : Huit mille livres de rente sont quelque chose, sans compter le bien du père.
9 Toinette : Monsieur, cela est bel et bon ; mais j’en reviens toujours là. Je vous
10 conseille entre nous, de lui choisir un autre mari, et elle n’est pas faite pour être
11 Madame Diafoirus.
12 Argan : Et je veux, moi, que cela soit.
13 Toinette : Eh ! fi ! Ne dites pas cela.
14 Argan : Comment ! Que je ne dise pas cela ?
15 Toinette : Hé ! Non.
16 Argan : Et pourquoi ne le dirai-je pas ?
17 Toinette : On dira que vous ne songez pas à ce que vous dites.
18 Argan : On dira ce qu’on voudra ; mais je vous dis que je veux qu’elle exécute la
19 parole que j’ai donnée.
20 Toinette : Non, je suis sûre qu’elle ne le fera pas.
21 Argan : Je l’y forcerai bien.
22 Toinette : Elle ne le fera pas, vous dis-je.
23 Argan : Elle le fera ou je la mettrai dans un couvent.
24 Toinette : Vous ?
25 Argan : Moi.
26 Toinette : Bon !
27 Argan : Comment, bon ?
28 Toinette : Vous ne la mettrez point dans un couvent.
29 Argan : Je ne la mettrai point dans un couvent ?
30 Toinette : Non.
31 Argan : Non ?
32 Toinette : Non.
33 Argan : Ouais ! Voici qui est plaisant ! Je ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si
34 je veux ?
35 Toinette : Non, vous dis-je.
36 Argan : Qui m’en empêchera ?
37 Toinette : Vous-même.
38 Argan : Moi ?
39 Toinette : Oui, vous n’aurez pas ce cœur-là.
40 Argan : Je l’aurai.
41 Toinette : Vous vous moquez.

40
42 Argan : Je ne me moque point.
43 Toinette : La tendresse paternelle vous prendra.
44 Argan : Elle ne me prendra point.

Le Malade imaginaire, comédie-ballet en 3 actes, 1673. Acte I, scène 5.

Lexique :
3 - outre que : de plus
3 - le parti : la personne à marier, considérée selon sa position sociale
8 - les biens : la fortune, le patrimoine
18 - exécuter la parole : respecter l’engagement
23 - un couvent : un monastère

I- Questions de compréhension

1. Quels mots montrent la richesse supposée de Diafoirus ?

……………………………………………………………………………………………..........

2. Est-ce que Toinette apprécie les médecins ? Justifiez votre réponse.

…………………………………………………………………………………………………..

……………………………………………………………………………………………………………………….

……………………………………………………………………………………………………………………….

3. Pourquoi les phrases sont-elles courtes, voire très courtes ?

…………………………………………………………………………………………………

4. Que risque la jeune fille si elle n’accepte pas le mari proposé par son père ?

…………………………………………………………………………………………………

II- Quelques caractéristiques du théâtre de Molière

1. Le comique. Dites en quoi cette scène relève de différents comiques

Comique de mots :

Comique de situation :

Comique de gestes :

41
2. Comment s’exprime la critique sociale dans ce passage ?

a) Quel phénomène social est mis en cause dans cette scène ?

b) Qui est tourné en ridicule dans cette scène ? De quelle façon ?

c) Quelles sont les caractéristiques sociales de Toinette ? Quelles sont les


caractéristiques de son comportement ? Comment ce personnage
contribue-t-il au ridicule ?

Source Web :

http://www.toutmoliere.net (consulté le 03/09/2012)

III- Expressions. Que peut signifier :

être un beau parti :


personne qui présente des qualités pour un mariage (rang social, fortune…)

tenir tête à quelqu’un : s’opposer à quelqu’un

IV- Quelques caractéristiques du théâtre du XVIIème siècle (théâtre


classique) - le classicisme

Unité de temps : la durée de la représentation théâtrale doit coïncider avec la durée


de l’action représentée (ne pas dépasser 24h)

Unité de lieu : l’action doit se dérouler en un lieu unique.

Unité d’action : les intrigues secondaires sont exclues. Ceci permet de simplifier
l’intrigue.

Règles de bienséance : bienséance externe (pas de scènes de violences, etc.) et


bienséance interne (cohérence dans le caractère des personnages)

42
Extrait
Le Bourgeois gentilhomme (1673) de Molière
Acte II, scène 5

1 Monsieur Jourdain
2 Apprenez-moi l'orthographe.

3 Maître de philosophie
4 Très volontiers.

5 Monsieur Jourdain
6 Après, vous m'apprendrez l'almanach, pour savoir quand il y a la lune et quand il n'y
7 en a point.

8 Maître de philosophie
9 Soit. Pour bien suivre votre pensée et traiter cette matière en philosophe, il faut
10 commencer, selon l'ordre des choses, par une exacte connaissance de la nature des
11 lettres et de la différente manière de les prononcer toutes. Et là-dessus j'ai à vous
12 dire que les lettres sont divisées en voyelles (ainsi dites voyelles parce qu'elles
13 expriment les voix) et en consonnes, ainsi appelées consonnes parce qu'elles
14 sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les diverses articulations des voix.
15 Il y a cinq voyelles ou voix : A, E, I, O, U.

16 Monsieur Jourdain
17 J'entends tout cela.

18 Maître de philosophie
19 La voix A se forme en ouvrant fort la bouche: A.

43
1 Monsieur Jourdain
2 A, A, oui.

3 Maître de philosophie
4 La voix E se forme en rapprochant la mâchoire d'en bas de celle d'en haut: A, E.

5 Monsieur Jourdain
6 A, E; A, E. Ma foi, oui. Ah ! que cela est beau !

7 Maître de philosophie
8 Et la voix I, en rapprochant encore davantage les mâchoires l'une de l'autre, et
9 écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles: A, E, I.

10 Monsieur Jourdain
11 A, E, I, I, I, I. Cela est vrai. Vive la science !

12 Maître de philosophie
13 La voix O se forme en rouvrant les mâchoires et rapprochant les lèvres par les deux
14 coins, le haut et le bas: O.

15 Monsieur Jourdain
16 O, O. Il n'y a rien de plus juste. A, E, I, O, I, O. Cela est admirable ! I, O, I, O.

17 Maître de philosophie
18 L'ouverture de la bouche fait justement comme un petit rond qui représente un O.

19 Monsieur Jourdain
20 O, O, O. Vous avez raison. O. Ah ! la belle chose que de savoir quelque chose !

21 Maître de philosophie
22 La voix U se forme en rapprochant les dents sans les joindre entièrement, et
23 allongeant les deux lèvres en dehors, les approchant aussi l'une de l'autre sans les
24 joindre tout à fait: U.

25 Monsieur Jourdain
26 U, U. Il n'y a rien de plus véritable, U.

27 Maître de philosophie
28 Vos deux lèvres s'allongent comme si vous faisiez la moue, d'où vient que, si vous la
29 voulez faire à quelqu'un et vous moquer de lui, vous ne sauriez lui dire que U.

30 Monsieur Jourdain
31 U, U. Cela est vrai ! Ah ! Que n'ai-je étudié plus tôt pour savoir tout cela !

32 Maître de philosophie
33 Demain nous verrons les autres lettres, qui sont les consonnes.

44
I- Questions sur le texte :

1. Que souhaite apprendre Monsieur Jourdain ?

……………………………………………………..……………………………………………

……………………………………………………..……………………………………………

2. Relevez dans le texte les expressions montrant que Monsieur Jourdain


approuve fermement les propos du maître de philosophie.

Lignes
Expressions de Monsieur Jourdain
du texte
Ligne 17 « J’entends tout cela. »

45
Quelques caractéristiques du théâtre de Molière

3. Le comique. Dites en quoi cette scène relève de différents comiques

Comique de mots :
Comique de situation :
Comique de gestes :

4. Comment s’exprime la critique sociale dans ce passage ?

a) Qui est tourné en ridicule dans cette scène ? De quelle façon ?

b) Quel phénomène social est mis en cause dans cette scène ?

5. Quelques caractéristiques du théâtre du XVIIème siècle (théâtre


classique) : voir texte précédent.

6. Mise en voix :

Par 2, préparez la lecture : l’un joue le maître de philosophie et l’autre monsieur


Jourdain

Molière - Le Bourgeois gentilhomme - Extrait Acte II (youtube)

46
La Fontaine
« La Cour du Lion » ou « Le corbeau et le renard ».

La Cour du lion
La Fontaine est surtout un auteur de fables, un fabuliste. Ici, il développe d’abord le
récit avant de dégager une moralité. « Je me sers d’animaux pour instruire les
hommes. »

1 Sa Majesté lionne un jour voulut connaître


2 De quelles nations le ciel l’avait fait maître.
3 Il manda donc par députés
4 Ses vassaux de toute nature,
5 Envoyant de tous les côtés
6 Une circulaire écriture,
7 Avec son sceau. L’écrit portait
8 Qu’un mois durant le Roi tiendrait
9 Cour plénière, dont l’ouverture
10 Devait être un fort grand festin,
11 Suivi des tours de Fagotin.
12 Par ce trait de magnificence
13 Le Prince à ses sujets étalait sa puissance.
14 En son Louvre il les invita.
15 Quel Louvre ! un vrai charnier, dont l’odeur se porta
16 D’abord au nez des gens. L’ours boucha sa narine :
17 Il se fût bien passé de faire cette mine ;
18 Sa grimace déplut. Le monarque irrité
19 L’envoya chez Pluton faire le dégoûté.
20 Le Singe approuva fort cette sévérité,
21 Et, flatteur excessif, il loua la colère
22 Et la griffe du Prince, et l’antre, et cette odeur :
23 Il n’était ambre, il n’était fleur
24 Qui ne fût ail au prix. Sa sotte flatterie
25 Eut un mauvais succès, et fut encore punie.
26 Ce Monseigneur du Lion-là
27 Fut parent de Caligula.
28 Le Renard étant proche : « Or çà, lui dit le sire,
29 Que sens-tu ? Dis-le moi. Parle sans déguiser. »
30 L’autre aussitôt de s’excuser,
31 Alléguant un grand rhume : il ne pouvait que dire
32 Sans odorat. Bref, il s’en tire.

32 Ceci vous sert d’enseignement.


33 Ne soyez à la Cour, si vous voulez y plaire,
34 Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère,
35 Et tâchez quelquefois de répondre en Normand.

La Fontaine, Fables, Livre VII, 1678,1679.

47
Lexique :

3- mander : envoyer
6- une circulaire écriture : une lettre à plusieurs personnes
7- un sceau : un cachet officiel
9-Cour plénière : Assemblée où étaient convoqués les nobles
11 -Fagotin : singe savant qui divertissait le peuple
12- magnificence : grandeur
15-Le Louvre : le palais royal
16 -un charnier : lieu où sont entassés les cadavres
17- il se fût bien passé : il aurait dû bien se passer
23- ambre : substance parfumée
23-24 : « il n’était fleur qui ne fût ail au prix » : il n’existait pas de fleur qui, en
comparaison, n’ait pas l’odeur de l’ail.
24- sa flatterie sotte : stupide
31- alléguer : prétexter
36- répondre en Normand : répondre comme un Normand (ni oui, ni non)

Questions :

1. Qui est le Roi représenté par le lion ?

………………………………………………………………………………………………......

2. Où les sujets du Roi sont-ils invités ?

…………………………………………………………………………………………………..

3. Quels sont les différents termes employés pour désigner le Roi ?

…………………………………………………………………………………………………..

4. Quelles sont les attitudes condamnées par le Roi :

- celle de l’ours : ………………………………….

- celle du singe : ………………………………….

5. Pourquoi le Renard s’en tire-t-il ?

…………………………………………………………………………………………………..

6. Qui La Fontaine critique-t-il surtout ?

…………………………………………………………………………………………………..

48
7. La composition de la fable. Donnez un titre à chacune de deux parties qui
composent la fable. Relevez les éléments formels qui caractérisent chacune de
ces parties (temps des verbes ; pronoms…)

Vers 1 à 31 : Vers 32 à 35 :

8- Quelles sont les caractéristiques principales d’une fable, d’après « La


Cour du lion » ?

49
Le Corbeau et le Renard
1 Maître Corbeau, sur un arbre perché,
2 Tenait en son bec un fromage.
3 Maître Renard, par l'odeur alléché,
4 Lui tint à peu près ce langage :
5 "Hé ! Bonjour, Monsieur du Corbeau.
6 Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !
7 Sans mentir, si votre ramage
8 Se rapporte à votre plumage,
9 Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. "
10
11 A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
12 Et pour montrer sa belle voix,
13 Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
14 Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
15 Apprenez que tout flatteur
16 Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
17 Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
18 Le Corbeau, honteux et confus,
19 Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

Lexique
- alléché (v.3) : attiré
- votre ramage (v.7) : votre chant
- le Phénix (v. 9) : oiseau mythologique ; être exceptionnel
- des hôtes (v.9) : des habitants
- sa proie (v.13) : chose dont on s’empare, que l’on prend
- flatteur (v.15) : personne qui fait des compliments par intérêt
- vit aux dépens de (v.16) : aux frais de ; en profitant de quelqu’un.

Questions

1. Mettez les verbes au passé composé pour remplacer les passés simples.

- tint :

- jura (jurer)

2. Quels éléments montrent que l’auteur a personnifié les animaux ? Formulez la


réponse avec vos propres mots.

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

50
3. Comment le renard s’y prend-il pour faire lâcher le fromage au corbeau ?
Formulez la réponse avec vos propres mots.

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

4. Relevez dans le poème deux mots qui expriment un sentiment.


A. ……………………….. B…………………………..

6. La moralité de la fable de La Fontaine est tirée par :

- l’auteur o
- un personnage o
- personne (c’est au lecteur de l’imaginer.) o

7. Quelles sont les caractéristiques principales d’une fable, d’après « Le corbeau et


le renard » ?

51
LES FABLES ET LES TIMBRES
Associez les timbres aux titres des fables. Reliez-les par des flèches.

1 2 3

La Cigale et la Fourmi

Le Corbeau et le Renard

Le Lièvre et la Tortue

Le Loup et l'Agneau

Le Chat, la Belette et le petit Lapin

La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf

4 5 6

52
La fable et sa morale.

Une fable comprend toujours une morale. A partir des illustrations, essayez de
retrouver celle de chaque fable citée dans cette activité.

1. « La raison du plus fort est toujours la meilleure » :

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

2. « Vous chantiez ? J'en suis fort aise. Et bien ! dansez maintenant » :


……………………………………………………………………………………………………………………….

……………………………………………………………………………………………………………………….

3. « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. » :

………………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………….

4. « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute » :

………………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………….

5. « Tout petit prince a des ambassadeurs, tout marquis veut avoir des pages. » :

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

6. « Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Mit les plaideurs d'accord en
croquant l'un et l'autre » :

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

53
Le siècle des Lumières - Dix-huitième siècle
De Louis XIV à la Révolution française

Louis XIV dit Louis le Grand ou le Roi-Soleil, né le 5 septembre 1638 à Saint-Germain-en-


Laye et mort le 1er septembre 1715.

Donnez une légende à cette image

54
En 1783, les frères Montgolfier inventent à Annonay l’aérostation. Le succès des ballons
d’étoffe gonflés d’air chaud ou d’hydrogène est prodigieux. L’enthousiasme et les
perspectives pour l’homme sont immenses.

Commerce « triangulaire » au XVIIIème siècle

55
La prise de la Bastille (14 juillet 1789)

56
L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751 – 1772)

L’Encyclopédie ou Dictionnaire
raisonné des sciences, des arts
et des métiers, est une
encyclopédie française, éditée de
1751 à 1772 sous la direction de
Diderot et D’Alembert. Il s’agit d’un
ouvrage majeur du XVIIIe siècle.
D’abord parce qu’elle est la
première encyclopédie française.
Ensuite, par la synthèse des
connaissances du temps qu’elle contient, elle représente un travail rédactionnel
considérable pour l’époque. Enfin, au-delà des savoirs qu’elle compile, le travail
qu’elle représente et les finalités dont la chargent ses auteurs deviennent un symbole
de l’œuvre des Lumières, une arme politique et, à ce titre, l’objet de nombreux
rapports de force entre les rédacteurs et le pouvoir.

Diderot par Louis-Michel van Loo, 1767.

Denis Diderot, né le 5 octobre 1713 à Langres et mort le


31 juillet 1784 à Paris, est un écrivain, philosophe et
encyclopédiste français. Diderot marque par sa culture, son
esprit critique, sa puissance de travail et un certain génie. Il
laisse son empreinte dans l'histoire de tous les genres littéraires
auxquels il s'est essayé : il pose les bases du drame bourgeois
au théâtre, il révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste, il
invente la critique à travers ses Salons.

Jean le Rond d’Alembert, né le 16 novembre 1717 à Paris, est


un mathématicien, philosophe et encyclopédiste français. Il est
célèbre pour avoir dirigé l’Encyclopédie avec Denis Diderot
jusqu’en 1757 et pour ses recherches en mathématiques sur les
équations différentielles.

57
Montesquieu, Les Lettres persanes (1721)
Les Lettres persanes, œuvre épistolaire de Montesquieu publiée en 1721,
racontent le voyage à Paris de deux Persans, Usbek et Rica. Leur séjour, qui dure
huit années, est pour eux l'occasion d'observer la société et le mode de vie des
Français, leurs coutumes, leurs traditions religieuses ou politiques, et d'en faire le
rapport à leurs interlocuteurs restés en Perse.

Lettre XXIV

RICA A IBBEN

A Smyrne.

1 Nous sommes à Paris depuis un mois, et nous avons toujours été dans un
2 mouvement continuel. Il faut bien des affaires avant qu'on soit logé, qu'on ait trouvé
3 les gens à qui on est adressé, et qu'on se soit pourvu des choses nécessaires, qui
4 manquent toutes à la fois.
5 Paris est aussi grand qu'Ispahan : les maisons y sont si hautes, qu'on jugerait
6 qu'elles ne sont habitées que par des astrologues. Tu juges bien qu'une ville bâtie en
7 l'air, qui a six ou sept maisons les unes sur les autres, est extrêmement peuplée ; et
8 que, quand tout le monde est descendu dans la rue, il s'y fait un bel embarras.
9 Tu ne le croirais pas peut-être, depuis un mois que je suis ici, je n'y ai encore
10 vu marcher personne. Il n'y a pas de gens au monde qui tirent mieux partie de leur
11 machine que les Français ; ils courent, ils volent : les voitures lentes d'Asie, le pas
12 réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope. Pour moi, qui ne suis point
13 fait à ce train, et qui vais souvent à pied sans changer d'allure, j'enrage quelquefois
14 comme un chrétien : car encore passe qu'on m'éclabousse depuis les pieds jusqu'à
15 la tête ; mais je ne puis pardonner les coups de coude que je reçois régulièrement et
16 périodiquement. Un homme qui vient après moi et qui me passe me fait faire un
17 demi-tour ; et un autre qui me croise de l'autre côté me remet soudain où le premier
18 m'avait pris ; et je n'ai pas fait cent pas, que je suis plus brisé que si j'avais fait dix
19 lieues.
20 Ne crois pas que je puisse, quant à présent, te parler à fond des mœurs et
21 des coutumes européennes : je n'en ai moi-même qu'une légère idée, et je n'ai eu à
22 peine que le temps de m'étonner.
23 Le roi de France est le plus puissant prince de l'Europe. Il n'a point de mines
24 d'or comme le roi d'Espagne son voisin ; mais il a plus de richesses que lui, parce
25 qu'il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisable que les mines. On lui a vu
26 entreprendre ou soutenir de grandes guerres, n'ayant d'autres fonds que des titres
27 d'honneur à vendre ; et, par un prodige de l'orgueil humain, ses troupes se trouvaient
28 payées, ses places munies, et ses flottes équipées.
29 D'ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l'esprit même
30 de ses sujets ; il les fait penser comme il veut. S'il n'a qu'un million d'écus dans son
31 trésor et qu'il en ait besoin de deux, il n'a qu'à leur persuader qu'un écu en vaut deux,
32 et ils le croient. S'il a une guerre difficile à soutenir, et qu'il n'ait point d'argent, il n'a
33 qu'à leur mettre dans la tête qu'un morceau de papier est de l'argent, et ils en sont
34 aussitôt convaincus. Il va même jusqu'à leur faire croire qu'il les guérit de toutes
35 sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu'il a sur les
36 esprits.

58
37 Ce que je dis de ce prince ne doit pas t'étonner : il y a un autre magicien plus
38 fort que lui, qui n'est pas moins maître de son esprit qu'il l'est lui-même de celui des
39 autres. Ce magicien s'appelle le pape : tantôt il lui fait croire que trois ne sont qu'un ;
40 que le pain qu'on mange n'est pas du pain, ou que le vin qu'on boit n'est pas du vin,
41 et mille autres choses de cette espèce.
42 Et, pour le tenir toujours en haleine et ne point lui laisser perdre l'habitude de
43 croire, il lui donne de temps en temps, pour l'exercer, de certains articles de
44 croyance. IL y a deux ans qu'il lui envoya un grand écrit qu'il appela constitution, et
45 voulut obliger, sous de grandes peines, ce prince et ses sujets de croire tout ce qui y
46 était contenu. Il réussit à l'égard du prince, qui se soumit aussitôt, et donna l'exemple
47 à ses sujets ; mais quelques-uns d'entre eux se révoltèrent, et dirent qu'ils ne
48 voulaient rien croire de tout ce qui était dans cet écrit.

[… ]

Je continuerai à t'écrire, et je t'apprendrai des choses bien éloignées du


caractère et du génie persan. C'est bien la même terre qui nous porte tous deux ;
mais les hommes du pays où je vis, et ceux du pays où tu es, sont des hommes bien
différents

De Paris, le 4 de la lune de Rebiab 2, 1712

1. Structure du texte
Quelles sont les thématiques d’développées successivement dans la lettre
envoyée par Ricca ? Relevez les mots qui vous ont aidé(e).

- L. 1-22 :

- L 23-36 :

- L. 37-48 :

2. Quelles sont les références à l’orient dans ce passage ? A quoi servent-elles ?

59
3. Relevez la comparaison entre la Perse et la France. Quelles images donnent-
elles de la France ?

4. Relevez l’ensemble des marques de l’étonnement. Quels éléments étonnent


les Persans ?

60
5. Comment est décrite la société française ? Relevez ce qui la caractérise aux
yeux des Persans (justifiez avec des mots, expressions que vous relèverez).

6. Comment est décrit le roi de France ? Relevez les passages (mots,


expressions) qui montrent comment est caractérisé le roi de France.

7. Comment est décrit le Pape. Relevez les passages (mots, expressions) qui
montrent comment est caractérisé le Pape.

8- Bilan

a) Pourquoi Montesquieu met-il en scène deux Persans ?

b) En quoi ce texte de Montesquieu est-il emblématique de l’esprit des Lumières ?

61
Lettre XXX

Comment peut-on être persan ?


Rica à Ibben.

1 Les habitants de Paris sont d’une curiosité qui va jusqu’à l’extravagance. Lorsque
2 j’arrivai, je fus regardé comme si j’avais été envoyé du Ciel : vieillards, hommes,
3 femmes, enfants, tous voulaient me voir. Si je sortais, tout le monde se mettait aux
4 fenêtres ; si j’étais aux Tuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de
5 moi : les femmes mêmes faisaient un arc-en-ciel, nuancé de mille couleurs, qui
6 m’entourait ; si j’étais aux spectacles, je trouvais d’abord cent lorgnettes dressées
7 contre ma figure : enfin jamais homme n’a été tant vu que moi. Je souriais
8 quelquefois d’entendre des gens qui n’étaient presque jamais sortis de leur chambre,
9 qui disaient entre eux : « Il faut avouer qu’il a l’air bien persan. » Chose admirable !
10 Je trouvais de mes portraits partout ; je me voyais multiplié dans toutes les
11 boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne pas m’avoir assez vu.
12
13 Tant d’honneurs ne laissent pas d’être à charge : je ne me croyais pas un homme
14 si curieux et si rare ; et, quoique j’aie très bonne opinion de moi, je ne me serais
15 jamais imaginé que je dusse troubler le repos d’une grande ville où je n’étais point
16 connu. Cela me fit résoudre à quitter l’habit persan et à en endosser un à
17 l’européenne, pour voir s’il resterait encore dans ma physionomie quelque chose
18 d’admirable. Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement : libre de tous les
19 ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste. J’eus sujet de me plaindre de
20 mon tailleur, qui m’avait fait perdre en un instant l’attention et l’estime publique : car
21 j’entrai tout à coup dans un néant affreux. Je demeurais quelquefois une heure dans
22 une compagnie sans qu'on m'eût regardé, et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la
23 bouche. Mais si quelqu’un par hasard, apprenait à la compagnie que j’étais persan,
24 j’entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement : « Ah ! ah ! Monsieur est
25 persan ? C’est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être persan ? ».

Lexique :

1- l’extravagance : la bizarrerie, l’absurdité


6- cent lorgnettes : cent petites lunettes grossissantes
12- tant d’honneurs ne laissent pas d’être à charge : ne cessent pas d’être pesants,
pénibles
15- que je dusse : que je doive
16- endosser : revêtir
17- ma physionomie : mon aspect, mon apparence
18- libre de tous mes ornements étrangers : sans mes vêtements étrangers
19-mon tailleur : la personne qui avait fait mes vêtements
21- un néant : un vide
21- dans une compagnie : en société
24- un bourdonnement : bruit sourd comme celui que font les insectes

62
Questions :

A. La double expérience de Rica.

Premier paragraphe :

Quel est l’habit du personnage narrateur (Rica) ?

…………………………………………………………………………………………….…….

…………………………………………………………………………………………………..

Quelle est la réaction des Parisiens ?

………………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………….

Deuxième paragraphe :

Quel est l’habit du personnage narrateur (Rica) ?

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

Quelle est la réaction des Parisiens ?

………………………………………………………………………………………….………

………………………………………………………………………………………………….

B. Avec quelle phrase du deuxième paragraphe peut-on mettre en


relation
« Il faut avouer qu’il a l’air bien persan. » ?
………………………………………………………………………………………………….

C. Quel comportement est critiqué ici avec humour ?

………………………………………………………………………………………………….

D. Qui est le vrai destinataire de ces lettres ?

………………………………………………………………………………………………….

E. À quoi peut donc servir l’étonnement de Rica ?

…………………………………………………………………………………………………

63
Ouverture :

Connaissez-vous d’autres romans par lettres ?

Le roman par lettres a connu un grand succès au dix-huitième siècle en France. Le


plus connu est certainement Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Il a
été plusieurs fois adapté au cinéma, notamment par Stephen Frears en 1988.

Sources Web :

www.alalettre.com/montesquieu-bio.htm
www.site-magister.com/persanes.htm

Expressions : Que peut signifier :

endosser une responsabilité :

faire la satire de quelque chose ou de quelqu’un :

64
Voltaire, Candide (1759)

Proposition : découvrir dans un premier temps la bande dessinée Candide.

Le conte philosophique de Voltaire, Candide, a été adapté en BD. Les auteurs sont
Michel Dufranne, Gorian Delpâture et Vuja Radovanovic (éditions Delcourt).
Après une brève présentation de l’œuvre, lire les pages 16 à 18 de la BD.

65
66
67
Extrait : Candide à la guerre

Candide est un jeune homme qui croit que tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes possibles. Voltaire imagine des situations pour le détromper. Chassé de son
château natal pour avoir séduit Mademoiselle Cunégonde, il est enrôlé de force dans
l'armée des Bulgares, qui doit livrer combat contre les Abares. Voltaire fait ici
probablement allusion à la guerre de Sept Ans qui oppose, de 1756 à 1763, presque
toutes les puissances européennes.

1 Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les
2 trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie
3 telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six
4 mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes
5 environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi
6 la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se
7 monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe,
8 se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.
9 Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son
10 camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-
11 dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était
12 en cendres : c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du
13 droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes
14 égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles,
15 éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les
16 derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on achevât de leur donner la
17 mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes
18 coupés.
19 Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et
20 les héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des
21 membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre,
22 portant quelques petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais
23 mademoiselle Cunégonde.

VOLTAIRE, Candide (1759).

Lexique :
Les Bulgares : tribus installées en Turquie et en Russie ; ce ne sont pas ici les habitants d'un
pays défini.
Les Abares : peuple d'origine mongole qui envahit l'Europe orientale du sixième au
neuvième siècle.
1 leste : élégant
2 les fifres : les petites flûtes
4 la mousqueterie : la décharge des mousquets (fusils anciens)
4 ôta : enleva
4 des coquins : des personnes de condition sociale modeste
5 la baïonnette : ancien type d'arme pointue
9 des Te Deum : des prières pour remercier Dieu
13 le droit public : le droit international
21 palpitants : qui bougeaient encore
22 son bissac : son sac à deux poches

68
Questions :

A- Sur la bande dessinée

Question 1 : (première planche = page 16) Qu’observe-t-on ? A l’aide des vignettes


et d’un dictionnaire, décrivez la scène que Candide découvre.

………………………………………………………………………….……………………….

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………….

Question 2 : (deuxième planche, page 17, dernière vignette) Où Candide arrive-t-il ?


Que s’est-il passé ?

………………………………………………………………………….……………………….

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

Question 3 : (troisième planche = page 18) Où Candide arrive-t-il cette fois ? Que
peut-on en conclure ? Quel personnage apparaît ici ?

………………………………………………………………………….……………………….

…………………………………………………………………………………………………..

B- Sur le texte

1. Pourquoi la présentation des préparatifs de la bataille est-elle ironique dans les


trois premières lignes du texte ? Sur quels aspects Voltaire insiste-t-il ? (Relevez-
en au moins trois).

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

2. Relevez le nombre de morts évoqués dans le premier paragraphe.


Que remarquez-vous ?

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

69
3. Quel est le comportement de Candide pendant la bataille ?

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

4. Que condamne Voltaire au début du deuxième paragraphe ?

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

5. Quelles sont les principales victimes de ce conflit ?

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

6. Relevez des mots dans le deuxième paragraphe qui illustrent l'expression


« boucherie héroïque » (l.7).

………………………………………………………………………….……………………….

…………………………………………………………………………………………………..

7. Le comportement de l'armée ennemie est-il semblable ou différent ? Justifiez votre


réponse.

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

8. « Le théâtre de la guerre » (l.19) : que veut dire Voltaire ?

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

9. Pourquoi cette guerre se déroule-t-elle entre des ennemis imaginaires et dans un


lieu indéfini ?

........................................................................................................................................

………………………………………………………………………………………………….

70
10. Candide est un conte philosophique.
Après la lecture de ce passage, comment pouvez-vous définir ce genre ?

Ouverture :

Voltaire dénonce la guerre dans une fiction. Il l’a fait aussi dans l’article « Guerre »
de son Dictionnaire philosophique (1764) :

« Tant que le caprice de quelques hommes fera loyalement égorger des milliers de
nos frères, la partie du genre humain consacrée à l’héroïsme sera ce qu’il y a de plus
affreux dans la nature entière. »

Relevez dans ce court passage les mots ou expressions qui dénoncent la guerre et les
« valeurs » qui y sont attachées.

Source Web :
http://www.visitvoltaire.com/f_voltaire_bio.htm
(consulté le 12/08/10)

71
Document complémentaire : Candide dans un article de l’AFP (29 juin 2009).

New York fête les 250 ans de Candide.

La Bibliothèque publique de New York inaugure demain une exposition dédiée à


Candide de Voltaire et à la vigueur de ce conte philosophique de l’écrivain français,
250 ans après sa parution.

L’exposition, qui sera ouverte au public jusqu’au 25 avril prochain, comprend


notamment les 17 éditions de 1759 de cette petite nouvelle, ainsi que le seul
manuscrit connu, dicté par Voltaire (1694-1778) qui le corrigea ensuite à la main.

La Bibliothèque montre également les éditions postérieures – y compris une version


en bande dessinée – ainsi que des documents sur des pièces de théâtre, et jusqu’à
un opéra inspiré par l’œuvre.

Dans son bref conte, Voltaire part du constat que l’histoire de l’être humain est
composée d’une série de malheurs inutiles et dépourvus de sens, contrairement à ce
que professent certaines religions, dont la religion chrétienne.

A la fin, Voltaire recommande de « cultiver son jardin » et d’en faire une philosophie
de vie. « Candide est une satire malicieuse qui a des dizaines d’objectifs », souligne
Paul Leclerc, directeur de la bibliothèque, qui, dans un entretien à l’AFP, dit être un
admirateur fanatique de Voltaire depuis l’adolescence.

Questions :

1. Quels types d’adaptations ont été inspirés par Candide ?

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

2. Quel est le message porté par le conte de Voltaire, selon l’auteur de l’article ?

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

3. Que peut signifier le conseil donné par Voltaire, « cultiver son jardin » ?

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

72
Marivaux, L’île des esclaves

LA SCÈNE EST DANS L'ÎLE DES ESCLAVES.


LE THÉÂTRE REPRÉSENTE UNE MER ET DES ROCHERS D'UN CÔTÉ, ET DE L'AUTRE QUELQUES
ARBRES ET DES MAISONS.

Scène I. − Iphicrate s'avance tristement sur le théâtre avec Arlequin.

IPHICRATE, après avoir soupiré. − Arlequin ?


ARLEQUIN, avec une bouteille de vin qu'il a à sa ceinture. − Mon patron !
IPHICRATE. − Que deviendrons-nous dans cette île ?
ARLEQUIN. − Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim; voilà
mon sentiment et notre histoire.
IPHICRATE. − Nous sommes seuls échappés du naufrage; tous nos amis ont péri,
et j'envie maintenant leur sort.
ARLEQUIN. − Hélas ! ils sont noyés dans la mer, et nous avons la même
commodité.
IPHICRATE. − Dis-moi; quand notre vaisseau s'est brisé contre le rocher,
quelques-uns des nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe; il est vrai que
les vagues l'ont enveloppée : je ne sais ce qu'elle est devenue; mais peut-être
auront-ils eu le bonheur d'aborder en quelque endroit de l'île et je suis d'avis que
nous les cherchions.
ARLEQUIN. − Cherchons, il n'y a pas de mal à cela; mais reposons-nous
auparavant pour boire un petit coup d'eau-de-vie. J'ai sauvé ma pauvre bouteille, la
voilà; j'en boirai les deux tiers comme de raison, et puis je vous donnerai le reste.
IPHICRATE. − Eh ! ne perdons point notre temps; suis-moi : ne négligeons rien
pour nous tirer d'ici. Si je ne me sauve, je suis perdu; je ne reverrai jamais Athènes,
car nous sommes seuls dans l'île des Esclaves.
ARLEQUIN. − Oh ! oh ! qu'est-ce que c'est que cette race-là ?
IPHICRATE. − Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et
qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens,
voici sans doute quelques-unes de leurs cases; et leur coutume, mon cher Arlequin,
est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.
ARLEQUIN. − Eh ! chaque pays a sa coutume; ils tuent les maîtres, à la bonne
heure; je l'ai entendu dire aussi; mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme
moi.
IPHICRATE. − Cela est vrai.
ARLEQUIN. − Eh ! encore vit-on.
IPHICRATE. − Mais je suis en danger de perdre la liberté et peut-être la vie :
Arlequin, cela ne suffit-il pas pour me plaindre ?
ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire. − Ah ! je vous plains de tout mon
cœur, cela est juste.

73
IPHICRATE. − Suis-moi donc ?
ARLEQUIN siffle. − Hu ! hu ! hu !
IPHICRATE. − Comment donc ! que veux-tu dire ?
ARLEQUIN, distrait, chante. − Tala ta lara.
IPHICRATE. − Parle donc; as-tu perdu l'esprit ? à quoi penses-tu ?
ARLEQUIN, riant. − Ah ! ah ! ah ! Monsieur Iphicrate, la drôle d'aventure ! je
vous plains, par ma foi; mais je ne saurais m'empêcher d'en rire.
IPHICRATE, à part les premiers mots. − Le coquin abuse de ma situation : j'ai
mal fait de lui dire où nous sommes. Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos;
marchons de ce côté.
ARLEQUIN. − J'ai les jambes si engourdies !...
IPHICRATE. − Avançons, je t'en prie.
ARLEQUIN. − Je t'en prie, je t'en prie; comme vous êtes civil et poli; c'est l'air du
pays qui fait cela.
IPHICRATE. − Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte
pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos
gens; et, en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.
ARLEQUIN, en badinant. − Badin, comme vous tournez cela ! (Il chante.)
............................................. . » . L'embarquement est divin,

...............................................Quand on vogue, vogue, vogue;


...............................................L'embarquement est divin
13
...............................................Quand on vogue avec Catin .
IPHICRATE, retenant sa colère. − Mais je ne te comprends point, mon cher
Arlequin.
ARLEQUIN. − Mon cher patron, vos compliments me charment; vous avez
coutume de m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là; et le gourdin
est dans la chaloupe.
IPHICRATE. − Eh ne sais-tu pas que je t'aime ?
ARLEQUIN. − Oui; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes
épaules, et cela est mal placé. Ainsi, tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel
les bénisse ! s'ils sont morts, en voilà pour longtemps; s'ils sont en vie, cela se
passera, et je m'en goberge.
IPHICRATE, un peu ému. − Mais j'ai besoin d'eux, moi.
ARLEQUIN, indifféremment. − Oh ! cela se peut bien, chacun a ses affaires : que
je ne vous dérange pas !
IPHICRATE. − Esclave insolent !
ARLEQUIN, riant. − Ah ! ah ! vous parlez la langue d'Athènes; mauvais jargon
que je n'entends plus.
IPHICRATE. − Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave ?
ARLEQUIN, se reculant d'un air sérieux. − Je l'ai été, je le confesse à ta honte,
mais va, je te le pardonne; les hommes ne valent rien. Dans le pays d'Athènes,
j'étais ton esclave; tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était

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Catin est le diminutif du prénom « Catherine », mais il est aussi utilisé au dix-huitième siècle pour désigner
une femme dite « légère ».

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juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort
que toi; on va te faire esclave à ton tour; on te dira aussi que cela est juste, et nous
verrons ce que tu penseras de cette justice-là; tu m'en diras ton sentiment, je
t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable; tu sauras mieux ce
qu'il est permis de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si
ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami; je vais
trouver mes camarades et tes maîtres.
Il s'éloigne.
IPHICRATE, au désespoir, courant après lui, l'épée à la main. − Juste ciel ! peut-
on être plus malheureux et plus outragé que je le suis ? Misérable ! tu ne mérites
pas de vivre.
ARLEQUIN. − Doucement; tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus,
prends-y garde.

Questions :

1. Pourquoi les deux personnages sont-ils dans cette île ?

…………………………………………………………………………….

2. D’après votre première lecture du texte, quelle est la relation entre les deux
personnages ?

…………………………………………………………………………….

…………………………………………………………………………….

3. Pourquoi Iphicrate est-il inquiet de sa situation ? Relevez les didascalies qui


montrent son inquiétude ou sa colère.

…………………………………………………………………………….

…………………………………………………………………………….

4. Arlequin ne s’inquiète pas autant que son maître : relevez les indices qui le
prouvent.

……………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………..

5. Cette pièce date de 1725. Que montre-t-elle par rapport à l’évolution des
idées sociales et politiques dans la France du XVIIIe siècle ?

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