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Module 2: Le Canada de 1929 à 1945


Lecture - La Grande Dépression
La Grande Dépression, qui avait débuté à la fin des années 1920, a démontré les
limites de l’indépendance du Canada. L’économie de la nation était intimement liée à la
conjoncture mondiale particulièrement celle de l’Europe et des États-Unis. La prospérité
des années 1920 dépendait en grande partie de la production et de la vente de produits
comme le bois, le papier journal et les produits miniers. Quatre-vingt pour cent de cette
production était vendue sur les marchés internationaux. La perte de ces marchés
étrangers a non seulement affecté l’agriculture, le secteur forestier et les mines, mais
également tout ce qui était relié à ces industries clés.

Tout au long des années 1920, dans la plupart des pays, y compris le Canada et les
États-Unis, on avait également négligé un autre problème. Le salaire moyen au Canada
en 1929 était de 1200$. Le ministère du Travail avait évalué en 1929 que la somme
nécessaire pour qu’une famille canadienne moyenne puisse vivre selon des « normes
minimales de santé et de décence » était 1430$. Puisque le salaire du Canadien moyen
était de presque 20% sous le seuil de pauvreté, il lui était impossible d’acheter la
plupart de ce que les sociétés du pays produisaient en aussi grande quantité.

Du boom au krach
Les agriculteurs des Prairies avaient prospéré au cours de la deuxième moitié des
années 1920 grâce à la qualité des récoltes et au rétablissement des marchés
européens. Les agriculteurs avaient donc commencé à cultiver de plus grandes terres,
à acheter de l’équipement plus coûteux et à faire le blé leur culture de choix. Toutes ces
décisions n’ont fait qu’intensifier l’impact désastreux de la Grande Dépression. Une
récolte considérable en 1928 a d’abord fait chuter le prix du blé, mais les véritables
conséquences n’ont été ressenties que l’année suivante. Les coûts de production du
blé étaient plus élevés que ce que cette même production pouvait rapporter. Ensuite, le
sud de l’Alberta et de la Saskatchewan a été frappé de sécheresse pendant plusieurs
années et la couche de terre arable s’est transformée en fine poussière. Plus rien
n’arrivait à pousser à tells conditions. Les sauterelles et les maladies des plantes ont
détruit le peu de récoltes qui survivaient encore.

La réaction du gouvernement à la crise


Au moment du krach boursier, premier ministre Mackenzie King avait affirmé aux
Canadiens Que les affaires n'avaient jamais été meilleures et que la foi en l'avenir
Canada n'avait jamais été plus justifiée. Il n’était pas le seul à penser que les difficultés
seraient temporaires. Il était normal qu'une croissance rapide de l'économie soit suivie
par une tendance à la récession, puis par un retour à la propersitél. Tout cela faisait
partie d'une cycle économique, une alternance de redressement et de base de
l'économie. Bien des gens, dont d'important banquiers et le premier ministre, croyaient
avoir traversé le pire de la crise à la fin de l'année 1929. Mais alors que celle-ci
s'aggravait, la pauvreté et la misère se répandaient dans tout le pays.
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Au cours de l'hiver de 1929-1930, plusieurs des gouvernements provinciaux (dont


certains étaient dirigés par le Parti conservateur) demandaient des subventions du
gouvernement fédéral pour aider la masse des sans-emploi. King a déclaré que le
gouvernement fédéral libéral ne leur accorderait même pas « une pièce de cinq cents »,
une remarque que l’on surnomme aujourd'hui le « discours de la pièce de cinq cents».
Le chef de l'opposition, R. B. Bennett, a accusé King de baisser les bras devant la crise
, et les Canadiens l’ont appuyé. Aux élections de 1930, les conservateurs ont remporté
la victoire sur les libéraux de King. C’est donc Bennett qui a gouverné le Canada
pendant les pires années de la Grande Dépression.

Bennett prend le pouvoir


Au cours de ses cinq années au pouvoir, Bennett, un homme d’affaires, a cru presque
jusqu’au bout que, si le milieu des affaires parvenait à survivre et à se développer, les
travailleurs trouveraient du travail.Ils auraient alors suffisamment d’argent pour acheter
des articles, stimulant ainsi l’économie et la création d’emplois. La terrible descente en
vrille que traversait alors le Canada gérait place à une remontée de l’emploi et de la
production La tactique de Bennet était d'augmenter les tarifs afin de protéger les
entreprises canadiennes contre la concurrence étrangère. Ces entreprises, certaines de
pouvoir vendre sur le marché canadien, pourraient alors amorcer le redressement.

Mais les industries qui dépendaient de l'exportations de leurs produits, telles que
l’exploitation du blé, la foresterie, l’exploitation minière et la pêche, ont plutôt souffert de
l’augmentation des tarifs. Bennett et ses conseillers ont cru à tort qu’une augmentation
des tarifs obligerait les pays étrangers à diminuer leurs propres tarifs, puisqu’ils avaient
besoin de ces produits de base. Le commerce extérieur stagnait et au pays la baisse
des prix ne suffisait pas à redémarrer l’économie. Les personnes sans emploi ou
sous-employées ne pouvaient même pas se permettre d'acheter les articles au plus bas
prix.

Devant ce désastre, bien que des gens ont commencé à croire que les gouvernements,
qui représentaient les citoyens, devaient jouer un rôle important dans le bien-être du
pays. Le gouvernement de Bennett a effectivement aidé les chômeurs en déboursant
20 millions de dollars en 1930, mais bien des Canadiens ont commencé à exiger de
celui-ci une participation plus étendue.

Le New Deal de Bennett


Le premier ministre Bennett se rendait compte que pour remporter les élections de
1935, son gouvernement devait apporter des changements. Le 3 janvier 1935, il a
prononcé un discours à la radio, qui a ébranlé bien des Canadiens lorsqu’il a dit « Je
suis pour la réforme, disait-il, et, à mes yeux, réforme signifie intervention
gouvernementale, réglementation et surveillance gouvernementales, et fin du
laisser-faire. » Le New Deal de Bennett était composé de promesses et de lois conçues
pour contrôler les heures de travail, établir un salaire minimum, améliorer les conditions
de travail et offrir une assurance-maladie, une assurance contre les accidents
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industriels et une assurance-chômage. Plusieurs des propositions de Bennett ont été


adoptées par le Parlement, pour être ensuite invalidées par les tribunaux, qui jugeaient
qu la sécurité sociale était du ressort unique des provinces.

Les camps de travail


Pour les vagabonds, des milliers d’hommes célibataires, et sans abri qui traversaient le
pays en quête d’emploi, Bennett a créé les camps de travail. Beaucoup de gens
croyaient que ces errants compromettaient l’ordre et la sécurité. Pour les écarter des
villes et des villages, le gouvernement fédéral a construit au fond des bois des camps
de travail dont le maigre budget était administré par le ministère de la Défense
nationale. Les hommes étaient logés, nourris et vêtus à la façon des soldats et ils
recevaient 0,20$ par jour. En retour, ils construisaient des points et des routes,
coupaient des arbres, creusaient des fossés et travaillaient à d’autres projets.

Vivre sur le Secours direct


Dans la langue populaire de l’époque, l’obtention de coupons pour la nourriture, les
bottes, les vêtements, le charbon et un abri revenait à vivre sur le Secours direct. Bien
des travailleurs trouavient pénible d’avoir à demander ainsi de l’aide. On réservait à
dessein des sommes plus faibles pour les allocations de secours que le plus faibles des
salaires afin de dissuader les gens d’en faire la demande. Plusieurs familles
canadiennes vivaient au seuil de la famine. La malnutrition et la maladie, surtout chez
les enfants, étaient fréquentes.

La marche sur Ottawa


Tandis que Bennett essayait de capter l’attention du public par son New Deal, la
situation dans les camps de travail se détériorait de plus en plus. Les camps
débordaient de chômeurs insatisfaits des efforts du gouvernement pour améliorer leur
sort. Au cours de l’été de 1935, ces travailleurs ont organisé une marche sur Ottawa
afin de réclamer un travail salarié. Des milliers de jeunes hommes ont quitté le camps
pour monter dans des wagons de marchandises et se rendre vers l’est. Mais Bennett
n'avait aucune sympathie pour eux et il a donné l’ordre à la Gendarmerie Royale de les
refouler. Interceptés à Regina, ils ont été sommés de ne plus avancer. Le premier juillet
1935, la police et les manifestants se sont finalement affrontés au cours d’une émeute,
provoquant la mort d’un officier et laissant plusieurs blessés dans les deux camps. Un
seul des chefs des grévistes a reçu la permission de se rendre à Ottawa afin de
rencontrer un premier ministre très peu accueillant. La rencontre n’a d’ailleurs pas porté
fruits.

Source:
Newman, Garfield. Regard sur le Canada. Montréal: Chenelière, 2000.

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