attention, ce magazine contiendra aussi des visuels

susceptibles de ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes

 L’ASSEMBLÉE studio de création
14, avenue du bois
62820 LIBERCOURT
03 62 90 80 08

édito
Ne lisez pas ce magazine seul !
http://www.lassemblee.org
contact@lassemblee.org Si c’est votre facteur qui vous l’a
amené, méfiez-vous ; il était peut-
être contaminé. Votre voisine a une
SOMMAIRE sale tête aujourd’hui ? C’est qu’elle
a dû se faire mordre par quelque
chose...

encres INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ... Barricadez-vous, fermez les volets,

éteignez les lumières et préparez
LE JDR EXPLIQUÉ À MA COPINE 1. le fumble . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 des boîtes de conserve. Pourquoi ?
C.O.P.S. tome 1 • Crash sur South Central . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Parce qu’ « ils » sont là, et qu’« ils »
n’attendent qu’une occasion de faire
OKKO tome IV • le Cycle de la Terre II . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 de vous l’un des leurs. Tout le monde
FREAKS’ SQUEELE Super Hero Academy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 ne parle que de ça ; virus, possession,
hantise, toujours est-il que, bientôt, ce sera
eux ou vous. Alors, pour ne pas partir perdant,
nous vous avons concocté un dossier Survival
à l’épreuve PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ... Horror, histoire d’avoir de bonnes bases et
de réviser ses classiques. On n’est jamais
KHAOS 1795 la Révolution des XII Singes EXCLUSIVITÉ . . . . . . . . . . . . . . . 6 assez bien préparé ; guide pratique, liste de
NAINS & JARDINS bonnet rouge et blanche barbe . . . . . . . . . 10 courses, références et analyses, et même
deux scénarios (le premier pour prendre
CRIMES Paris, Ombres et Lumières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 de la hauteur, le second pour une longue
PRAETORIA PRIMA Force & Honneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 descente) afin d’égayer les longues soirées
derrière les portes barricadées...
SAVAGE WORLDS EXPLORER’S EDITION fast, fun & furious . . . . . 12
On ne pourra pas dire qu’on ne vous aura
pas prévenus...

DOSSIER SURVIVAL HORROR Julien De Jaeger

les carnets de l’assemblée

encres INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ... numéro trois
OSTENBERG une nouvelle inédite de Laurent Fétis . . . . . . . . . . . . . . 14
rédacteur en chef : Julien De Jaeger

septembre 2008
LE FANTASME DE LA PEUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
CARPE DIEM une filmologie du Survival Horror . . . . . . . . . . . . . 20 rédacteurs : Stéphane “Dedjet” De Geiter,
Olivier “Dr_Zombie” Camus, Christophe “Erron
ZOMBIE HARBOR les morts parlent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Flyll” Girard, Olivier “Andy Taker” Cossart,
Julien “The Ju™” De Jaeger, Vincent Ziec,
Julien Clément, Matthieu “Celewyr” Carbon,
à l’épreuve PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ... Anthony “Hardtone” Ceccarelli, Laurent Fétis

FLYING FROG PRODUCTIONS interview . . . . . . . . . . . . . . 30 couverture : Anthony “Hardtone“ Ceccarelli

LAST NIGHT ON EARTH the zombie game . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 et Johann “Yoz” Bodin
illustrations : Anders Lazaret, Julien De Jaeger,
PANORAMA JEUX DE RÔLE / JEUX DE PLATEAU . . . . . . . 34 Olivier Camus, Zombie Harbor, Bruno Laurent,
JOHAN SCIPION interview de l’auteur d’Extinction . . . . . . . . . 39 Anthony Boursier
maquette : Julien De Jaeger
PANORAMA JEUX VIDÉO . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
responsable relectures & corrections :

boussoles
Christophe Girard
AIDES DE JEU & SCÉNARIOS responsable publicité : Olivier Camus
responsable d’édition : Stéphane De Geiter
LES BONNES RECETTES DU SURVIVAL HORROR . . . . . . . . . . 44 trésorier : Pascal Caillet
SURVIVAL GUIDE la survie pour les nuls . . . . . . . . . . . . . . 48
nos annonceurs & partenaires : Ludocortex,
PASSAGER 18-D un scénario pour Zombies . . . . . . . . . . . . . 49 CDS Éditions, Id&al Éditions, Q-Workshop,
ÉPIPHANIE#66 une séance pour Patient 13 . . . . . . . . . . . . . . 52 Les Éditions Icare, Les XII Singes, Les Écuries
d’Augias, Les Éditions Caravelle, Le Grimoire,
Insight Games

autres remerciements : Anders Lazaret, Jean-

François Morlaes, Zombie Harbor, Julien
BLOODBOWL des pains et du jeu . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Clément, Pyromago, Rocambole, Laurent
THE BOOK OF UNREMITTING HORROR . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Fétis, Jack Scott Hill et Flying Frog Productions,
Johan Scipion et Terres Étranges, Franck Plasse
GUILDES : LA QUÊTE DES ORIGINES tout un continent ludique à explorer . . 61 et les XII Singes
CORUNEA à la croisée des chemins . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
L’éditeur et la rédaction ne sont pas responsables
VAMPIRE : THE ETERNAL STRUGGLE deux nouvelles extensions . . . . 66 des articles,qui n’engagent que leur auteur. Toutes
MURDER CITY Justice & Détectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 les illustrations contenues dans ce magazine sont la
propriété pleine et entière de leurs auteurs et éditeurs
respectifs. Tous droits réservés. Toute reproduction,
même partielle, est interdite, sauf accord écrit de

boussoles AIDES DE JEU & SCÉNARIOS ...

l’éditeur.

COMPARATIF DES SYSTÈMES GÉNÉRIQUES DE JDR . . . . . . . . . 67
DOSSIERS MÉDICAUX aide de jeu pour Patient 13 . . . . . . . . . . . . 70
Si vous êtes éditeur, auteur, distributeur, studio de
création, et que vous voulez voir vos productions
chroniquées dans nos pages, n’hésitez pas à nous
faire parvenir vos réalisations (sous format physique
ou électronique) à l’adresse de la rédaction, ou à
prendre contact avec nous par e-mail à carnets@
lassemblee.org
Les exemplaires promotionnels ainsi réceptionnés
ne seront pas retournés

3
les carnets de l’assemblée # 3
 encres INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...

le jdr expliqué
à ma copine
[ AIDE TA MOITIÉ À COMPRENDRE TA PASSION... MAIS PAS TROP ! ]

1. LE FUMBLE (ex. : « espèce de quiche, fallait vraiment que tu fasses ton fumble à ce moment-là ? »
Malory V., 1999

L equel d’entre nous,

rôlistes, ne s’est jamais
heurté à un mur quand
il a voulu expliquer à quelqu’un les
fondamentaux du JdR ? Ne vous en faites
pas, c’était juste un problème d’approche;
le rôliste étant passionné par définition, il
a tendance à s’embrouiller rapidement
dans les détails techniques, alors que tout
ce qu’il faut, c’est un peu de psychologie
inversée !
Une fois la première réaction passée (« le
feum-quoi ? »), il faut rassurer la néophyte,
lui donner des points de repère qu’elle
connaît, comme la couture ou la cuisine
(aïe ! aïe ! mais bloquez cette porte, les
chiennes de garde veulent ma peau !) :
- Tu vois, ma chérie, le fumble, c’est la pire
chose qui puisse arriver, la cata, comme
si tu mettais trop de sucre dans ta pate
feuilletée...
- Oui, enfin, si déjà tu mets du sucre au lieu
du sel dans une pate feuilletée, c’est sûr
que c’est pas gagné... Tu faisais comment
avant de me connaître ? Tu mangeais des
raviolis froids directement dans la boîte ? Et
encore, je suis même pas sûre que tu serais
arrivé à l’ouvrir...
- Euh... oui, enfin, euh... non... tu vois, le
fumble, tu sens vraiment bien le truc,
tu te lances, et pis, boum, tu te plantes
lamentablement, alors que t’avais tout
pour réussir... un peu comme... un peu
comme quand tu dis que tu as la migraine,
tiens ! (et paf, dans les dents !)
Et là, c’est l’erreur, le fumble à votre jet de
diplomatie. Le silence se fait, les yeux se
braquent, les sourcils prennent un angle
inconnu des mathématiciens... Ce n’est
plus « elle » en face de vous, c’est une
créature assoiffée de votre sang, et vous
n’avez pas le niveau pour l’affronter... C’est
le moment de chercher une porte de sortie
à ce donjon...
C’est alors que, malheureusement,
elle trouve un exemple parfaitement
approprié...
- Ce que tu essaies de m’expliquer
lamentablement, là, c’est que la nuit
derrière, t’as fait un sacré feum-beul quand
t’es rentré bourré, c’est ça ?
euh... bon, je crois qu’on va arrêter la
séance pour aujourd’hui, hein, on dirait
qu’elle a compris le concept...
par Julien De Jaeger

BD C.O.P.S.
C.O.P.S.
TOME I : CRASH SUR SOUTH CENTRAL

scénario de Marc Sautriot

dessins d’Antonio Sarchione
édité par Delcourt - collection Neopolis
http://cops.editions-delcourt.fr
hautes sphères politiques de la ville, offrant
un second niveau à l’intrigue. Le lecteur
est plongé dans le feu de l’action tout au
long de ce premier opus, à tel point qu’on
se demande comment un seul autre tome
suffira à conclure le scénario…

note : Le texte est signé par Marc Sautriot,

Les éditions Delcourt offrent un
pont d’or à l’univers de C.O.P.S. avec ce
premier épisode en BD du diptyque “ Crash
sur South Central ”. Le pitch : Los Angeles en
2031, l’hélicoptère transportant la fille d’un
VIP magnat de la presse s’écrase en pleine
zone de non-droit, le quartier des gangs
et des malfrats. C’est un binôme d’agents
du COPS qui est alors dépêché sur place
pour retrouver la rescapée : un flic avec
de l’expérience au compteur, et un rookie
fraîchement débarqué de l’académie.
Tous les préceptes du buddy-
movie d’action sont donc réunis ici. Au-
delà de l’événement majeur de l’affaire,
le scénario nous renvoie clairement à un
complot se tramant dans l’ombre des
auteur de la campagne officielle du jeu (les
événements de la BD se déroulent avant la
storyline).
Que demander de plus ? En
bonus : 8 pages d’artwork et de résumés
dans lesquelles la mise en avant de la
gamme du JdR est superbement assurée,
mais demeure un brin paradoxale à
l’heure où celle-ci s’arrête officiellement
chez Asmodée. Une surprise aussi bonne
qu’inattendue que de voir un univers de
JdR, qui plus est français, être porté vers
un média grand public. Espérons que
l’initiative se reproduise pour d’autres !
par Vincent Ziec & Olivier Camus

4
les carnets de l’assemblée # 3
 INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ... encres

BD
OKKO
TOME IV : LE CYCLE DE LA TERRE II

scénario et dessins de Hub

édité par Delcourt
http://www.okko.fr

note :

Hub nous l’avait promis, ce

quatrième volume des aventures du
ronin chasseur de démons est très dense
(56 pages). On y retrouve la troupe des
héros, empêtrés dans la neige des Sept-
Monastères, sur la trace des Maho-Tsukaï.
Okko se confronte directement à la
confrérie du sang, les premiers Ninjas font
leur apparition, et un second Bunraku de Un sacrifice inattendu survient au final et
combat expose ses capacités en pleine une ellipse permet de recentrer le groupe
bataille... Mention spéciale au lieu de la de héros sur une équipe restreinte. Le tout
bibliothèque imprenable et à sa structure laisse présager le passage à une nouvelle
en tour qui peut procurer de nombreuses époque de la guerre du Pajan. Ce second
inspirations. épisode du Cycle de la Terre marque
plutôt une transition dans cette saga qui
Ce tome exploite un aspect bien ne démérite pas son succès et les éloges
plus sombre de l’atmosphère d’Okko ; une qu’on en fait.
évolution vers plus de maturité ? La palette
par Olivier Camus

BD
de couleurs utilisée est là pour en attester.

FREAKS’
squeele
PREMIER ÉPISODE : ÉTRANGE UNIVERSITÉ

scénario, dessins et couleurs de Florent

Maudoux
édité par Ankama Éditions / Label 619
http://www.ankama-editions.fr

note :

Bienvenue à la FEAH, la Faculté

d’Etudes Académiques des Héros ! A travers
les aventures des trois «cancres» de service,
Ombre le garou, Chance la succube, et
Xiong Mao la bêcheuse sans pouvoir, vous
allez découvrir cette étrange université, qui
vous garantit un taux d’emploi à la sortie
de 99.99% !
Entre la manipulation des médias,
les petites mesquineries entre élèves et les
petits secrets de chacun, nos trois héros ne
savent vite plus où donner de la tête, de
leurs premiers pas dans l’univers impitoyable
de l’université jusqu’au final hystérico-
apocalyptique du partiel de stratégie, en
guise d’apothéose.
Bourré d’humour et de références
à la génération Mad Movies, ce premier
tome annonce la couleur, et se laisse
dévorer sans même qu’on s’en rende
compte.
Des personnages attachants des
premiers rôles aux simples caméos, un trait
maîtrisé et dynamique, quelques bonus
bien sentis et une édition soignée; tous les
ingrédients sont réunis pour faire de Freaks’
Squeele une série à ne pas manquer pour
les amateurs de super-héros. Ratés ou non !
par Julien De Jaeger

5
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
EXCLUSIVITÉ JDR
KHAOS
1795
LA RÉVOLUTION DES XII SINGES
Après le très bon Trinités, jeu de rôle qui touche au monde de
l’occulte, les XII Singes s’attaquent au domaine de l’uchronie avec
Khaos 1795. L’éditeur livre ici un univers riche et original se déroulant
quelques années après le début de la Révolution Française. Les joueurs
devront prendre part à la résistance face au nouveau gouvernement
tyrannique et au pouvoir de l’Être Suprême.
[ Note : Les Carnets de l’Assemblée ayant Petit rappel historique :
reçu en avant-première une version du jeu
en cours de conception, le texte qui suit
Il était une fois …
traite donc plus du fond que de la forme. ] la Révolution
Le 8 août 1788, Louis XVI, décide
jeu de rôle historico-uchronique d’Anthony de convoquer les Etats Généraux, une
Boursier, Florent Cautela, Fabien Clavel, vieille institution qui n’avait pas été réunie
Sébastien Célerin, Claude Guéant, Grégoire depuis 1614. Les Etats Généraux forment
Laakman et Franck Plasse une assemblée qui représente les trois
conception artistique de Goulven Quentel ordres traditionnels du pays : le Clergé, la
illustrations d’Anthony Boursier Noblesse et le Tiers Etat.
édité par les XII Singes Les Philosophes des Lumières ont en effet
sortie prévue en octobre 2008 remis en cause l’inégalité juridique et
http://les12singes.com fiscale de la société. La bourgeoisie se
voit bloquée dans son ascension sociale.
La Noblesse s’oppose à l’absolutisme qui
note : rogne ses prérogatives. La monarchie
n’arrive pas à se réformer.
Ces contestations n’ont pas
suffisamment de force pour déstabiliser
la monarchie de droit divin. Ce ne
sont, finalement, que des querelles qui
6
les carnets de l’assemblée # 3
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
touchent l’élite de la société mais qui
ne concernent pas la très grande partie
de la population, plus occupée par la
gestion du quotidien que par de lointaines
querelles institutionnelles. Or, le quotidien
devient, à partir des années 1780, plus
difficile. De mauvaises récoltes provoquent
la rareté et la cherté du pain, ce qui
implique une crise économique et sociale.
Le mécontentement devient général.
L’image de Louis XVI, décrié par les
élites, se dégrade. Les frasques de Marie-
Antoinette surnommée l’Autrichienne sont
commentées avec nombre de détails
orduriers. Le peuple critique la cour de
Versailles qui vit dans un luxe indécent. Des
émeutes éclatent. Or, les caisses sont vides.
L’aide aux insurgés américains a coûté
chère et la crise économique n’arrange
rien. Il faut donc lever de nouveaux impôts.
Mais, du fait des contestations multiples, le
Roi se voit contraint de convoquer les Etats-
Généraux.
Le 5 mai 1789, Louis XVI préside
l’ouverture des Etats. Mais rapidement, le
Tiers s’oppose aux deux autres ordres. Le
20 juin, dans la salle du Jeu de Paume de
Versailles, les députés prêtent serment de
ne pas se séparer avant qu’une constitution
soit établie.
La situation dégénère. Le renvoi
du ministre Necker effraie les Parisiens
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
qui cherchent à s’armer. Le 14 juillet, ils
s’emparent d’un château transformé
en prison et dans laquelle se trouvent
des réserves de poudre : la Bastille. La
paranoïa générale s’installe, les émeutes se
multiplient. Le “peuple”, en province, brûle
les châteaux. Les privilégiés sont effrayés et
certains émigrent à l’étranger. Pour calmer
les émeutiers et arrêter cette “ Grande
Peur ”, la Noblesse et le Clergé acceptent
durant la nuit du 4 août d’abandonner
leurs privilèges. Puis, le 26 août, l’Assemblée
Constituante vote une Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen. Mais ces
réformes institutionnelles, satisfaisantes pour
les meneurs de la révolution, n’apaisent
pas le peuple qui a faim. Des émeutiers
s’emparent du roi et de sa famille en les
ramenant de Versailles à Paris.
L’Assemblée élabore un
système institutionnel de monarchie
constitutionnelle. Le roi possède encore
certains pouvoirs, dont celui de veto,
mais les décisions législatives sont prises
par une Assemblée représentant la
Nation. La presse est libre et la liberté
économique devient la règle. La propriété
privée est garantie. Un nouveau type de
moyen de paiement, les assignats, fait
son apparition. La question religieuse est
débattue. La religion catholique perd
son statut privilégié. Les prêtres doivent
prêter serment devant la Nation et les
biens du Clergé sont nationalisés. Si ces
dernières mesures sont mal acceptées par
une partie de la population, les tensions
s’apaisent progressivement et le 14 juillet
1790 est célébrée la Fête de la Fédération :
la Nation est réunie pour célébrer le
Roi et la future Constitution. Néanmoins
derrière cette unité de façade, les factions
apparaissent parmi les députés de
l’Assemblée Constituante qui se retrouvent
dans des Clubs pour discuter et élaborer
des stratégies politiques en compagnie de
bourgeois passionnés de politique.
Mais Louis XVI supporte
difficilement la limitation de ses pouvoirs et
surtout la politique religieuse des députés.
Les 20 et 21 juin 1791, il tente de s’enfuir
à l’étranger, afin de retrouver les nobles
immigrés et les souverains européens,
inquiets du développement de la Révolution.
La fuite est un échec, le Roi est arrêté à
Varennes et ramené à Paris. Il est contraint
de signer la Constitution de 1791 élaborée
par l’Assemblée Constituante qui se
sépare. Une nouvelle Assemblée législative
est élue. Louis XVI choisit ses ministres parmi
les députés les plus radicaux. Ces derniers
souhaitent exporter la Révolution en Europe
et déclarent la guerre à l’Autriche le 20
avril 1792. La défaite des armées françaises
provoque un renouveau de la paranoïa,
ce qui entraîne une radicalisation des
positionnements politiques. La Patrie est
déclarée en danger et un énorme effort
militaire est engagé. Parallèlement, le
peuple, qui avait été tenu écarté de la
politique depuis 1789, se regroupe dans
des milices. Ces miliciens prennent le nom
de Sans-culottes (ils portent un pantalon
et non les culottes en soie de l’ancien
régime). L’émotion populaire aboutit
à la chute de la monarchie, le 10 août
1792. Louis XVI est déchu et est maintenu
prisonnier avec sa famille. Une nouvelle
constitution est nécessaire. Une nouvelle
assemblée constituante qui prend le nom
de Convention est élue, pour la première
fois, au suffrage universel masculin. La
victoire des armées françaises à Valmy le
20 septembre 1792 permet à la Convention
d’instaurer la République.
« Fouquier-Tinville s’empare du pouvoir
et forme, avec l’aide de ses lieutenants,
un gouvernement despotique : le Tribunal. »
Deux courants politiques
s’affrontent : les Girondins (qui portent
ce nom car leurs meilleurs orateurs
viennent de Gironde) et les Montagnards
(dont les députés siègent au sommet
de l’hémicycle). Les Girondins sont des
bourgeois qui soutiennent une politique
favorable à la bourgeoisie. Les Montagnards
sont également des bourgeois, mais ils
défendent une politique populaire. Ils ont le
soutien des Sans-culottes. Les divisions entre
les deux factions éclatent au grand jour lors
du procès de Louis XVI : les Montagnards
imposent leurs vues et le 21 janvier 1793,
Louis XVI perd la tête.
Mais la guerre continue. La
République a besoin de soldats et décrète
des levées en masse. La mesure est
impopulaire. En Vendée, la population se
rebelle : la République est menacée de
l’intérieur et de l’extérieur. Les Montagnards
dénoncent alors la faiblesse des Girondins ;
aidés des sans-culottes, ils s’emparent du
pouvoir et arrêtent les Girondins.
Toutefois, la situation empire en
Province. Les Montagnards avec à leur
tête des hommes comme Robespierre,
Danton et Saint Just prennent des mesures
d’exception sous la dénomination de la
Terreur. Un tribunal Révolutionnaire est
établi. Il doit juger les crimes politiques. Le
coupable est généralement envoyé à la
guillotine. En province, les représailles sont
brutales. A Nantes, Carrier fait périr 6000
personnes en les noyant dans la Loire,
surnommée la “ Baignoire Nationale ”.
Lyon est presque rasée. En Vendée, les
“ Colonnes Infernales ” du Général Turreau
passent des villages au fil de l’épée.
Politiquement, la Terreur fait aussi
de nombreuses victimes. Les chefs des
Sans-culottes sont exécutés. Puis vient le
tour de Danton, suspecté de corruption.
L’Incorruptible Robespierre est désormais à
la tête de l’Etat, au sommet de sa puissance.
C’est ici que l’uchronie commence.
L’uchronie selon
les XII singes
En 1794, Fouquier-Tinville, alors
membre du tribunal révolutionnaire, obtient
7
à l’épreuve
la condamnation à mort de Robespierre.
Le 28 juillet de la même année, ce dernier
est guillotiné sans avoir été jugé. Fouquier-
Tinville dévoile alors son jeu : Grand-
prêtre d’un culte secret dévoué à l’Etre
Suprême, une mystérieuse entité spirituelle
ténébreuse, Fouquier-Tinville s’empare
du pouvoir et forme, avec l’aide de ses
lieutenants, un gouvernement despotique :
le Tribunal. Il nomme le jeune Bonaparte
à la tête des polices, qu’il transforme en
cruel instrument de répression. Son clergé
s’empare des églises et remplace le culte
catholique par celui de l’Etre Suprême...
A la stupéfaction de tous, l’Etre
Suprême apparaît : il prend la forme
surnaturelle d’un œil de feu au dessus de
l’observatoire de Paris. La présence de
l’entité impacte les lois physiques naturelles.
Le «Khaos» bouleverse la réalité. Disparition
d’un bâtiment, apparition d’une rue,
assèchement d’une rivière, les animaux se
transforment et deviennent des créatures
monstrueuses aux ordres des sbires de l’Etre
Suprême.
Un an plus tard, en 1795, une chape
d’horreur s’est abattue sur la France. Le
reste de l’Europe, craintif, hésite entre
s’opposer, plier l’échine ou signer un pacte
avec le Diable...
Malgré cette mainmise sur la société
française, divers mouvements de résistance
se sont mis en place. Au nombre de cinq,
leurs actions vont de l’étude du Khaos à
l’espionnage des activités du tribunal, en
passant par les actions de sabotage et
autres frappes rapides.
VOUS, chers joueurs, faites partie de cette
résistance.
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
La gamme de Khaos 1795
Khaos 1795 fait partie de la collection
« intégrale » des XII Singes. Le jeu est un
pack comprenant les éléments suivant :
• Khaos 1795 (le livre du joueur) :
Présentation de l’univers et du système
de règles.
• Khaos 1795 : Les secrets (le livre du MJ) :
Toutes les révélations sur monde ainsi
qu’une campagne constituée de
six scénarios.
• Un écran
[ Khaos 1795 • Le livre du joueur ]
Il se compose de quatre grands
chapitres - ici appelés constitutions.
La première constitution
est une brève présentation du jeu de rôle,
de l’univers de Khaos, un survol des cinq
cercles révolutionnaires et un sommaire
détaillé.
La deuxième constitution couvre
l’ensemble du système de règles et la
création de personnages. Basée sur le
dK System(édité par John Doe RPG), la
résolution des actions s’effectue en lançant
un d20 puis en ajoutant la valeur de la
compétence utilisée. Si le résultat obtenu est
supérieur au seuil de difficulté instauré par
le MJ, l’action réussit. Ce qui fait la saveur
du dK System, ce sont les Krâsses : des d6
(appelés dK) qui peuvent être utilisés pour
augmenter vos chances de réussites. Ici, les
dK servent le Khaos. Les joueurs peuvent les
utiliser, à leurs risques et périls, pour solliciter
le pouvoir de l’Œil ce qui les aidera dans
leur action. Par exemple, si votre joueur
réussit un jet d’escalade en ayant utilisé un
(ou plusieurs) dK, il peut décrire les effets
de sa réussite comme ceci : «Pendant que
je grimpe, des pierres sortent de la façade
pour m’aider dans les moments difficiles
puis se rétractent sur mon passage». Dès
qu’un dK est utilisé (que le résultat soit
Faut-il posséder le livre de base
DK System édité chez John Doe ?
Comme vous avez pu le constater, le
livre de base de Khaos 1795 contient
tout le nécessaire pour jouer : les
règles concernant la résolution des
actions, les règles de combat, la liste
des atouts spécifiques au jeu et toutes
les explications pour la création des
personnages. Cependant, nous ne
saurions que trop vous conseiller
l’achat et la lecture du DK
System. Ce dernier vous
fournira une liste d’atouts
complémentaires que
vous pourrez proposer à
vos PJ, ainsi que des règles
avancées utilisables pour
gérer certaines situations
particulières.
les carnets de l’assemblée # 3
retenu ou pas), il attire l’attention de l’Œil.
Vos dés sont alors placés dans la réserve du
MJ qui n’hésitera pas à les réutiliser contre
vous. Cette partie se termine par la liste
des atouts (génériques, liés aux cercles
révolutionnaires et aux diverses classes
sociales) et les explications nécessaires à la
création des personnages. A la lecture de
ce chapitre, on constate que les auteurs
n’ont pas simplement utilisé le dK System
mais qu’ils ont parfaitement réussi à se
l’approprier et à l’adapter à leur univers.
La troisième constitution
développe les différents cercles
révolutionnaires auxquels pourront adhérer
vos joueurs:
• La Garde Nationale : troupes de choc
des révolutionnaires, la garde nationale est
une armée prête à en découdre avec les
sbires de l’Œil.
• Les Citoyens-Corsaires : des
révolutionnaires hauts en couleur,
spécialistes des frappes rapides et des
coups de mains audacieux.
• Le Jeu de Paume : des médecins et des
logisticiens qui, en plus de protéger les
résistants, tentent de rallier et de coordonner
les actions des différents cercles.
• Le Siècle des Lumières : des érudits aux
immenses connaissances qui mettent en
commun leurs savoirs pour comprendre le
fonctionnement du Khaos et lutter contre
le pouvoir de l’Œil.
• Le Cabinet des Ombres : des agents
double infiltrés dans les rouages du tribunal
pour corrompre la tyrannie de l’intérieur
et divulguer certaines informations
précieuses.
La quatrième et dernière
constitution est un guide uchronique qui
détaille sur 32 pages les différentes factions
du Tribunal : l’armée intérieure (dirigée par
8
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Bonaparte), le clergé (dirigé par la main de
fer du grand prêtre : Saint-Just), la juridiction,
etc.… Ainsi que toutes les informations
sur cette société de 1795, victime de
l’oppression. Le chapitre se termine par
une présentation minutieuse de Paris, avec
les plans d’époque divisés en cours (Rive
Nord, Rive Sud, les Berges, le Faubourg-
Nord et le Faubourg-Sud). Pour chacune
de ces cours est présenté le magistrat qui
la dirige, la description de ses habitudes,
comment les cercles révolutionnaires y
(sur)vivent, ainsi qu’une énumération des
lieux importants.
[ Khaos 1795 • Les secrets
(Réservé au MJ) ]
Au vu des informations contenues dans le
livre de base, on se demande bien ce qui
restera à nous, MJ. Et pourtant, ce livret
regorge d’informations et de révélations.
Le bouquin débute avec les explications sur
l’origine de l’Œil et son lien avec le Khaos.
S’ensuit quelques informations techniques
et conseils au MJ pour l’aider à gérer les
effets du Khaos (perturbations temporelles,
perturbations physiques sur les objets ou
les animaux..), ainsi qu’un léger bestiaire
khaotique.
La partie suivante reprend les éléments
du guide uchronique du livre de base en
y important une multitude de précisions sur
les cours et les lieux.
On retrouve ensuite une présentation
détaillée sur sept pages des cercles
révolutionnaires : qui les dirige, leur mode
de fonctionnement, leurs intrigues et projets
en cours, etc…
Le livret se termine par une liste importante
(15 pages) des divers PNJ issus du monde
de Khaos 1795 (Fouquier-Tinville, Bonaparte,
les magistrats des cours, etc…). Pour
chaque personnage, vous retrouverez : le
numéro de page du Livre de Base où son
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ... à l’épreuve

nom est mentionné, une brève description
physique, les quartiers où il réside, son
historique, ses ambitions et ses faiblesses, et
pour finir par sa fiche de personnage.
[ La Campagne ]
Intégrée au livret du MJ, la campagne se
divise en six scénarios. Le premier, intitulé
L’imprimerie secrète, sert d’introduction à
l’univers de Khaos 1795. Vos joueurs sont
contactés par leur cercle respectif pour
saboter ou voler une presse dans une
imprimerie appartenant au Tribunal.
Le deuxième scénario se jouera en fonction
du choix que feront vos joueurs à la fin du
précédent. Ils devront enquêter sur un
orphelinat d’enfants aveugles qui dépend,
lui aussi, du tribunal. Concernant les quatre
derniers scénarios, pour ne pas déflorer le
sujet, sachez juste que vos personnages
prendront une part plus active contre le
tribunal et le pouvoir de l’Œil. Et, pourquoi
pas, retrouver une lueur d’espoir.
De plus, les auteurs ont effectué un travail
remarquable de recherche et de synthèse
historique. Les lieux, les personnages, les
institutions, tous ces éléments vous sont
présentés avec une précision historique
enrobée de fantasy afin de former un tout
cohérent.
Concernant les illustrations, nous n’avons
pas eu l’occasion d’en voir la totalité.
Mais comme vous pouvez le juger par
vous même, avec celles qui illustrent ces
pages, elles sont de très bonne qualité et,
dans le jeu, cela peut paraître évident,
elles donnent une dimension supérieure au
texte qui les accompagne. Et que dire de
la couverture ? Flamboyante, elle résume à
elle seule le dynamisme, l’engagement et
le militantisme des cercles révolutionnaires...
sous le regard malveillant de l’Œil.
Difficile de vous en dire plus sans gâcher
le plaisir de lecture et la découverte des
nombreuses révélations dont cet univers
regorge. Mais Khaos 1795 se veut être un
jeu complet et prêt à jouer. Or, il s’avère
être bien plus que cela. Son univers riche
et détaillé ouvre les portes de nombreuses
trames scénaristiques. Son système de jeu
sert parfaitement son propos. Bref, un jeu
qui, à la première lecture donne déjà envie
d’y jouer ou de faire jouer. Que demander
de plus ?
par Vincent Ziec et Andy Taker

[ L’écran ]
L’écran se compose de quatre volets
avec, côté MJ, tout ce qu’il y a de plus
classique : tableaux des difficultés, listing
des dégâts, inventaire des prix, etc…
Côté joueur, ce sont quatre des cinq cercles
révolutionnaires qui sont mis en avant, le
Cabinet des Ombres restant, à juste titre,
dans l’ombre... Simple, mais efficace.

Avis et critique
Là encore, les XII Singes nous livrent un
jeu complet, original et abouti. La période
abordée demandera au MJ un travail en
amont pour bien appréhender l’époque
et l’ambiance. Et c’est là le seul gros
reproche que l’on puisse faire au jeu : le
livre de base manque d’exemples ; non
pas pour expliquer les règles (qui sont très
claires au demeurant), mais justement
pour aider à replacer le contexte
historique (éventuellement, une nouvelle
d’introduction aurait été la bienvenue).
Par contre, si en tant que MJ, vous
êtes prêt à vous documenter un minimum
(ou si, tout simplement, vous maîtrisez déjà
cette période de l’Histoire), alors s’ouvrira
à vous un jeu à l’univers riche et varié. La
diversité des cercles révolutionnaires vous
permettra de balayer tous les types de
scénarios possibles ; enquêtes, espionnages,
escortes et protection d’érudit recherché
par le tribunal, recherche d’artefacts
Khaotiques puissants, opérations de
sabotage pour mettre à mal le Tribunal,
voyages « diplomatiques » dans les pays
frontaliers, exploration des autres régions
de la France, etc…
À ce niveau là, les deux
manuels offrent un réel plaisir de lecture
et certains chapitres foisonnent d’idées
scénaristiques.

9
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
JDR NAINS & JARDINS
LE JEU EN PLÂTRE PREMIER PRIX
Nains & Jardins, jeu de rôle d’Antoine Bauza
et Cédric Chaillol
édité par les éditions Caravelle
http://caravelle.edition.googlepages.
com/home
note :
N’avez-vous jamais eu envie
d’incarner un de ces ravissants et
sympathiques nains de jardins qui peuplent
les pelouses des bonnes dames de votre
quartier ? Non ? Et bien, moi non plus…
C’est pourtant ce que propose le nouveau
jeu des éditions Caravelles (à qui l’on doit
notamment Crimes), Nains & Jardins, le jeu
en plâtre premier prix. Nains et Jardins est
un jeu développé par Antoine Bauza et
Cédric Chaillol.
Nains & Jardins : Un jeu où on joue
des nains dans un jardin…
Le concept de Nains & Jardins
est à la fois simple et original. Le joueur
incarne un Nain de Jardin (NdJ). Mais
n’imaginez pas jouer plusieurs heures de
suite, immobile, sans parler, à attendre
que le temps passe. Non ! Le nain que
vous incarnerez pourra parler, se mouvoir,
se battre même, résoudre des énigmes,
faire de bonnes blagues… Bref ! Tout ce
qui est indispensable pour effectuer de
palpitantes aventures. Vous allez me dire :
« Mais ce n’est pas possible ! A-t-on déjà vu
des Nains de Jardin parler, se mouvoir, se
battre même, résoudre des énigmes, faire
de bonnes blagues… » C’est sans compter
sur la bienveillante Dame Blanche, qui au
les carnets de l’assemblée # 3
BONNET ROUGE ET BLANCHE BARBE
moyen d’un baiser magique (je vois que
quelques sceptiques sont soudain intéressés
par le jeu !) éveille votre nain de Jardin.
Nains & Jardins est donc un jeu
qui reprend certains thèmes des contes
féériques. Mais ce jeu se passe dans notre
temporalité. Et le « méchant » n’est pas ici
un dragon ou une vilaine sorcière, mais la
Menace… La Menace, c’est une « entité
inconsciente, organique, alimentée par
l’ignorance, la négligence et l’avidité
qui ne cherche
qu’à se propager,
semblable à un virus,
souillant ce qu’on
lui abandonne,
avilissant les corps
et les esprits ». La
Menace, c’est donc
le Côté Obscur de
la Force. On ne sait
pas exactement
ce que c’est,
mais on en craint
les effets et les
manifestations, qui,
dans le langage des
NdJ se nomment
la Souillure. Et
la Souillure a de
nombreux aspects :
la pollution,
l’individualisme,
l’avarice, la corruption… Bref ! Il ne fait
pas bon vivre dans les lieux où règne la
Menace…
C’est donc face à ce terrible
adversaire que vos personnages vont
devoir se battre. Heureusement, ils ne
sont pas dépourvus de moyens. Les
NdJ, éveillés par la Dame Blanche, sont
en effet bien organisés. Ils sont en effet
regroupés dans des cellules nommées
Jardinets… Les Jardinets sont mandatés
pour remplir une mission par le Conseil des
Jardins, sorte de gouvernement de ce
petit monde. Enfin, notons l’existence de
diverses cellules responsables de secteurs
particuliers comme la Cellule Infrastructure
et Logistique (C.I.L.) qui gère l’Entrejardin,
c’est-à-dire le réseau de tunnels et de
canalisations qui regroupe les Jardins entre
eux.
En plus d’être organisés, les NdJ
bénéficient de ressources insoupçonnées.
Certains NdJ ont appris à maîtriser la magie
verte (naturelle) ou blanche (les pouvoirs
de la Dame Blanche) tandis que d’autres
sont devenus experts en technologies
bricolopunk (qui a permis l’élaboration de
la taupino-sulfateuse, un lance projectiles
à répétition alimenté par la course de
taupes…). De plus, si la Menace dispose
d’agents redoutables (comme des NdJ
renégats ou des promoteurs immobiliers
10
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
corrompus), les NdJ fidèles à la Dame
Blanche dispose d’alliés sincères et
dévoués. Citons notamment les activistes
du F.L.N.J . (Le Front de Libération des Nains
de Jardins que les auteurs du jeu n’ont pas
oublié).
Devenir un Nain de Jardin
Façonner le plâtre
Façonner le plâtre, c’est tout simplement
créer son NdJ. Le joueur choisit dans un
premier temps son clan, autrement dit
sa classe de personnage. Il en existe
sept : les Bricolos (les NdJ spécialistes en
technologie bricolopunk), les Rigolos (ceux
qui connaissent le plus le monde humain)
les Ecolos (ceux qui sont proches de la
nature), les Martios (les combattants), les
Escrocs (les espions), les Dévos (adeptes de
la magie blanche) et les Magos (adeptes
de la magie verte). Appartenir à un clan
donne des bonus aux caractéristiques,
mais aussi définit le personnage.
Une fois le clan choisi, le joueur répartit 25
points dans sept caractéristiques : Densité
(Force), Elasticité (solidité), Grain (agilité),
Ciboulot (dextérité), Glamour (intelligence),
Harmonie (raison), Foi. Le joueur choisit
ensuite ses aptitudes (compétences)
et définit son score de points de plâtre
(points de vie). Le système de création de
personnage est donc très simple.
Le système de jeu.
Lorsque le joueur souhaite réaliser une
action, le MJ doit consulter un tableau
à deux entrées qui prend en compte
la difficulté de l’action et le niveau de
compétence du joueur. Ce tableau
indique une couleur qui détermine le
score que le joueur doit obtenir pour réussir
son action avec un D8. Le système est là
encore très simple, mais est enrichi par la
possibilité d’utiliser la Réserve. La Réserve
est commune au Jardinet. Il est possible
d’y puiser pour obtenir des bonus lors des
actions ou pour utiliser la magie. Le système
d’utilisation de la magie est par ailleurs un
peu plus élaboré que le système général
du jeu.
Un jeu original et pédagogique
Incontestablement, Nains &
Jardins a de quoi dérouter les vieux briscards
du jeu de rôles. Ici, l’épopée et l’horreur,
les grandes machinations et les puissances
destructrices d’univers n’ont pas vraiment
leur place. Cela dit, ce jeu est loin d’être
dénué d’intérêts.
Le jeu est original et sympathique.
Les amateurs de jeu « funs » et décalés
comme Toon trouveront leur bonheur. De
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
nombreuses possibilités sont offertes au MJ :
jouer à fond l’aspect humoristique du jeu ou
au contraire réaliser un scénario avec une
intrigue des plus sérieuses et une ambiance
angoissante. Ce dernier cas pourrait être
ainsi un beau défi pour un MJ et des joueurs
en quête d’originalité.
Cela dit, Nains & Jardins trouvera
certainement plus son public auprès des très
jeunes rôlistes. C’est d’ailleurs le principal
intérêt de ce jeu. Les aspects féériques et
amusants ainsi que le système de jeu assez
simple conviendront très bien aux enfants
JDR
CRIMES
CRIMES
PARIS, OMBRES ET LUMIÈRES
supplément de Yann Lefebvre, Raphaël
Andere, Julien Clément, Christophe
Chaudier ...
édité par les Écuries d’Augias / éditions
Caravelle
http://www.ecuries-augias.com
note :
Cet énorme supplément pour
Crimes répond enfin à l’attente des
meneurs de jeux de la Belle Epoque. Décrire
notre capitale paraissait un challenge
jusqu’ici insurmontable, la chose est enfin
accomplie avec Paris, Ombres et Lumières.
Un pavé qui, dès la couverture (et oui,
beaucoup avait parié pour la consensuelle
Tour de M. Gustave !), nous offre une
qualité indéniable et un contenu original
plus qu’alléchant.
Au menu : un petit guide
du routard parisien à l’attention des
joueurs ; des conseils pour décrire le
décor parisien de 1900 ; une compilation
pour les MJ regroupant pas moins de 9
intrigues (metaplots) donnant le fil rouge
d’une campagne dans le cadre de la
capitale ; et le clou du spectacle : dix lieux
emblématiques détaillés sur un chapitre
dédié à chacun (La Préfecture de Police,
Les Souterrains, Le Père-Lachaise, Le
Sacré-Cœur, Le Petit Parisien, La Bourse
& Les Halles, L’Opéra, Le Moulin-Rouge,
L’Exposition universelle, La Bièvre).
à l’épreuve
désireux de découvrir les jeux de rôles, mais
aussi aux parents qui voudront initier leur
progéniture à leur passion. De plus, l’aspect
pédagogique du jeu est évident et on sent
la patte du professeur des écoles derrière
le produit (le livre des règles ressemble
d’ailleurs à un cahier d’écolier à spirales).
Les thèmes abordés par le jeu (défense
de l’environnement et valorisation de la
solidarité) lui confèrent un aspect éducatif
certain, ce qui donne à Nains & Jardins
sa place dans les ludothèques familiales
et éducatives (comme les écoles et les
centres de loisirs).
par Andy Taker
Site d’Antoine Bauza :
http://toinito.free.fr/fr/info.php
Blog de Cédric Chaillol :
http://sethmes.blogspot.com/
En parallèle, on a droit à deux index
(thématique et géographique) permettant
des renvois rapides aux paragraphes
cherchés, des cartes détaillées, foultitude
d’aides de jeu en encarts, et un travail de
recherche iconographique pointilleux avec
pléthore de cartes postales d’époques et
de nombreuses illustrations originales. Le
recueil se referme sur un énorme scénario se
déroulant durant l’Exposition Universelle de
1900 intitulé “ Des Entrailles de la Terre ”.
Autre grande force de ce guide : il est
tout à fait utilisable et transposable pour
d’autres JdR de la période Belle Epoque
(Maléfices, Hex, …).
Saluons ce projet pharaonique, un
exemple du genre, qui aura mobilisé toutes
les forces du studio de conception des
Ecuries d’Augias. Paris, Ombres et Lumières
est LE supplément charnière indispensable,
à se procurer en priorité avant tout autre
supplément de la gamme Crimes.
par Olivier Camus
11
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
JDR PRAETORIA
PRIMA
http://www.praetoria-prima.com
FORCE & HONNEUR
jeu de rôle historique de Sébastien Abellan
édité par les Éditions Icare
note :
On l’attendait de pied ferme,
le premier JdR français ayant pour cadre
la Rome de l’Antiquité a retenu toute
notre attention car avec lui se confirmait
également le lancement des éditions Icare.
Après le succès d’estime de l’uchronie
proposée par Etherne (La Boîte à Polpette),
Praetoria Prima nous embarque, sandales
aux pieds et glaive au côté, dans les
rues de la Ville Eternelle sous le règne de
l’Empereur Néron (de 54 à 68 après JC).
Les joueurs incarnent les agents
d’une loge occulte de la légion, la Praetoria
Prima, dont la mission est de sauvegarder la
grandeur de Rome et de protéger la vie de
l’Empereur à son insu. Bien qu’ils soient tous
prétoriens, les PJ sont recrutés sur la base de
leurs états de service en tant que citoyens
de l’Empire. Cinq archétypes s’offrent
ainsi à eux : Bellator (combattant), Vates
(prêtre), Medicus (médecin), Emissarius
JDR SAVAGE WORLDS
EXPLORER’S EDITION
jeu de rôle générique (en anglais) de Shane
Hensley et consorts
édité par Studio 2 Publishing / Pinnacle
Entertainment Group
http://www.peginc.com
http://www.savageworldsonline.net
note :
Le désormais célèbre système
Savage Worlds atteint dans cette
explorer’s edition une version ultime et
très fonctionnelle. Réduite au format
A5, toujours en couleur et encore plus
richement illustrée, SWEX sera le passeport
pour l’aventure indispensable à tout bon
MJ qui aime changer de système de règles
ou bricoler son propre univers autour d’une
bonne mécanique. Mais la force principale
du système de Shane Hensley (Deadlands)
les carnets de l’assemblée # 3
(espion) et Orator (magistrat). Le tout étant
décliné sur les quatre principales cultures
répandues dans l’Empire : romain, gaulois,
égyptien, grec.
Le moteur de règles, très simple
et direct, s’apparente énormément au
système du World of Darkness, l’influence
de Vampire étant ici totalement assumée.
Il reprend également le concept du roll &
keep cher à L5A. Autant dire que la part
belle est donc laissée au roleplaying. PP
ne fait intervenir aucune composante
fantastique, si ce n’est l’intervention
divine. Chaque PJ bénéficie d’une prière
(à l’exception du Vates qui s’en fait une
spécialité) qu’il peut adresser à son dieu
tutélaire afin de l’aider (bonus) dans ses
actions aussi bien verbales que physiques.
La force de PP réside dans son
thème historique, donc très mature, mais
aussi dans son immédiateté : tous les PJ sont
enquêteurs, unis dans une même cellule.
Les scénarios et campagnes se dessineront
donc plus facilement au contraire d’autres
JdR purement historiques tels que Maléfices.
Le choix de restreindre la période couverte
à celle du règne de Néron permet de se
concentrer sur un épisode essentiel de la vie
de Rome. Le postulat de missions sera donc
fun & furious ”.
FAST, FUN & FURIOUS
réside toujours dans sa devise pulp : “ fast,
Rapide, un PJ peut se créer en
20 minutes ; fun, car les possibilités sont
multiples et l’ouverture vers le caractère
héroïque du personnage est intrinsèque ;
furieux, par la flexibilité offerte dans sa
simplicité et le postulat dédié d’abord au
roleplaying. Une seule difficulté de base :
faire plus de 4 sur un certain type de dé, les
éventuels modificateurs étant sanctionnés
par le MJ. Une seule graduation : chaque
compétence est illustrée par le niveau du
dé maîtrisé (d4, d6, d8, d10, d12, d20) ; le
reste demeure du ressort de la boîte à outils
optionnels. Les simulationnistes passeront
donc leur chemin, SW s’adresse aussi bien
aux MJ vieux briscards ayant peu de temps
à accorder aux règles, ou aux débutants
voulant entrer en douceur dans la maîtrise
d’un univers.
12
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
de mise, mais tout en
offrant la possibilité
d’introduire une
trame d’intrigues ou de méta-
intrigues au fil des scénarios, rejoignant ainsi
le glorieux et toujours aussi prisé Miles Christi.
Le microcosme urbain de Rome ou la
pluralité culturelle des différentes provinces
de l’Empire offrent en perspective une
manne gigantesque d’idées d’aventures.
Le livre se referme sur un court scénario
d’introduction, Les Ailes de Némésis.
Le gros point noir sera plutôt pour
l’édition de ce livre de base victime d’une
impression bâclée. L’encre, le papier, la
découpe et l’encollage donnent à l’arrivée
un contenant malheureusement très loin
d’être à la hauteur de son contenu. Une
bonne excuse pour voir sortir rapidement
une seconde édition révisée. Un premier
succès tout de même confirmé dès sa sortie
qui laisse entrevoir un début de gamme
florissant. L’écran du MJ accompagné
d’aides de jeu cartographiques est
programmé pour une parution au moment
même où vous lirez ces lignes, puis sera suivi
en 2009 du premier volet d’une campagne
en 3 actes.
par Olivier Camus
On avouera
tout de même
le parti pris pour
faciliter les actes
héroïques des
joueurs qui peut
alors se retourner
contre le MJ si ce
dernier ne prend
pas garde de
doser les 3 “ F ”
évoqués plus
haut. Et oui, le pulp peut coller
au fond, mais il peut aussi tâcher! Déjà
éprouvé sur Deadlands Reloaded, Pirates
of the Spanish Main et Savage World of
Solomon Kane, SW s’impose comme une
référence du moteur générique au même
titre que le fut par le passé GURPS. Au final,
le prix de vente imbattable de 10 euros ne
peut que vous conforter dans le choix de
cet excellent système.
par Olivier Camus
 encres INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...

OSTENBERG une nouvelle inédite de Laurent Fétis

illustration : Anders Lazaret

Ecrivain précoce avec une première publication dès l’âge de 18 ans, avec le titre “ La cervelle contre les
murs ” (tout un programme !) sous le pseudonyme de Brain Splash, pour la mythique collection Gore (Fleuve
Noir) ; Laurent Fétis est le pur produit d’une génération goinfrée de littérature, de musique et de cinéma
de genre. Un prélude à une carrière de romancier stakhanoviste et touche-à-tout avec désormais une
bibliographie couvrant aussi bien le polar, la S-F cyberpunk, le fantastique, et autres écrits expérimentaux
(éditions La Baleine, Série Noire, Fleuve Noir, ...). Lorsqu’il lâche sa plume, c’est pour tenter d’assouvir une
soif inextinguible d’inspiration lors de ses nombreuses pérégrinations nocturnes. Cette figure emblématique
des nuits underground parisiennes nous fait l’honneur de partager avec nous une part d’horreur toute
psychologique... ou serait-elle bien réelle ?

http://laurentfetis.canalblog.com
http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Fetis
photo (c) - Thierry Gentil • http://bosniak.deviantart.com

14
les carnets de l’assemblée # 3
 INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
1.
1.
Ce matin là, j’avais échoué une fois de
plus au Eïsbar 37, un bar à afters, situé dans
l’ancien Berlin Est. Nous devions être le
lundi matin et malgré tout, ce week-end,
pourtant sans fin, ne m’avait pas apporté
grande satisfaction.
Je dansais mollement, porté par le rythme
d’une techno minimale qui ressemblait
au bruit d’une cuillère de métal rouillée
martelant sans relâche la surface d’un
pudding compact et élastique. Profond et
répétitif jusqu’à la nausée.
Dans une lueur grise, j’observais les ombres
qui ondulaient à mes côtés. Des hommes
en majorité, musculeux ou desséchés,
cheveux rasés, barbus, certains portaient
des débardeurs, d’autres de simples t-shirts
souillés. Quelques guerriers dansaient même
avec des colliers faits d’aluminium, un dernier
kebab roulé dans le métal malléable. Ils
picoraient tout en continuant à bouger
leurs corps selon les pulsations hypnotiques.
L’un d’eux me rentra dedans et me regarda
sans réellement me voir. Grands yeux bleus
complètement dilatés, sourire figé, lèvres
défoncées à force de se manger l’intérieur
de la bouche.
Il me fit une offre. Même plus besoin de parler
dans ces moments, juste mimer l’acte.
Je n’étais pas vraiment intéressé, ce matin.
Goût à rien. Juste être là, continuer, passer
les barrières pour le simple amour des limites.
J’avais entamé ma longue nuit le samedi
soir, une before, puis tournée des grands
clubs, Weekend, Watergate, Panoramabar,
Golden Gate, puis ici.
Je serrai ma bouteille de bière et tentai de
perdre mon regard dans le scintillement
d’un stroboscope qui semblait sur le point
de rendre l’âme. J’étais partagé entre
l’idée de faire la fermeture du Eïsbar 37 et
de rentrer dans ma chambre d’hôtel. Déjà,
au milieu des danseurs déjantés, les gens
de l’entretien commençaient à trier les
bouteilles mortes et autres déchets divers
et variés. Femmes et hommes d’âge mûr,
en chemise réfléchissante et gants blancs.
Moment de transition, le dernier sas avant
d’entamer une semaine difficile.
Personnellement, je n’avais pas ce problème.
Pas de contrainte, aucun compte à rendre,
aucune responsabilité.
Pourtant, je bossais.
Pour un grand magazine parisien d’enquêtes
et d’investigations. On m’avait commandé
une immersion dans les clubs berlinois,
façon Ibiza postindustrielle. Une semaine,
tous frais payés, piaule, entrées en clubs,
alcools, drogues éventuelles, taxis... On ne
me surnommait pas le Cobaye, pour rien.
Exploration des limites extrêmes des états
de l’homme contemporain. Dans le sport,
le mysticisme, la transe etc... J’en avais fait
des voyages, des allers-retours, tickets solos
ou billets collectifs. On m’avait souvent mis
“ le plein tarif”, mais j’étais toujours revenu
dans une réalité plus ou moins stable, un
peu fatigué certes, mais toujours conscient
et partant pour de nouvelles expériences.
Les corps s’émiettaient devant mes yeux
mi-clos, baignés dans cette lueur incertaine,
mélange du jour extérieur et des néons
aveuglants. J’avais encore quelques
parcelles d’énergie à tuer, à revendre, à
donner. Mais on sonnait le glas de la fête. Les
videurs multipliaient les accompagnements
vers la sortie, secouaient les écroulés,
aidaient les agents d’entretiens à récupérer
les verres.
Dernières heures ici, fin du bal des freaks.
Tout le monde finit par rentrer, un jour où
l’autre. Ne serait-ce que pour dormir un
tantinet, aller bosser, gagner quelques €uros
pour les cramer le week-end d’après. J’allais
moi aussi renoncer quand le guerrier revint
vers moi, pas pour une offre buccale cette
2.
fois. Dans un allemand pâteux, il me dit :
— On peut toujours se finir à
l’Ostenberg, tu sais.
On y arrivait donc... L’Ostenberg, une
légende qui courait dans les afters les
plus secrètes, sur les sites internet les plus
verrouillés. Si on murmurait qu’on retirait
parfois des cadavres sur la piste de l’Eïsbar
37, à l’Ostenberg, c’était l’inverse, peu de
clubbers en revenaient... ce club était la
raison qui m’avait poussé à faire cet article.
La presse ne l’avait jamais évoqué. Etre
le pionnier, le découvreur, le Cobaye. Je
tentais de rester cool en apparence. Ne pas
donner l’impression à mon compagnon de
dancefloor que j’étais excité comme une
tique. Je répondis juste :
— Je ne connais pas... C’est loin ?
Il ricana et exhiba deux rangées de
dents cassées et dévitalisées, contraste
saisissant avec sa peau bronzée et ses
muscles souples. Il se pencha sur moi, je
sentis un mélange de sueur, de déodorant
fraîchement appliqué et perçus les effluves
du kebab froid accroché à son cou dans
son papier allu.
— Pas vraiment, par contre, il te
faudra prendre un taxi à Graüzenplatz. En
station. C’est le seul moyen d’atteindre
l’Ostenberg.
Une info, enfin ! Peut-être même un guide
vers cet endroit mythique. Je lui pris une
main et lui demandai :
— Tu suis ?
Son regard vitreux fut traversé par un éclat
d’effroi pur. Il lâcha ma main et répliqua :
— Non, pas moi, pas ce soir. Pas la
forme là.
Ce n’était pas la peine d’insister. Je le laissai
sur la piste et ralliai la sortie. Bref passage au
vestiaire pour y récupérer ma veste de cuir
et achat de deux autres paquets de clopes
pour continuer ma virée. Les abords du
Eïsbar 37 étaient boueux et j’avais du mal
à avancer en marchant, après avoir dansé
pendant ces longues heures. Mes jambes
me portaient avec peine et mon genou
droit me tançait un peu. Blessures de guerre,
les os rongés par le dancefloor.
Je dérouillai mes chevilles en effectuant
une petite foulée vers la rue. Là, je levai la
tête à la recherche d’un taxi. Les voitures
beiges passèrent devant moi sans daigner
s’arrêter, malgré mes grands gestes, même
celles qui s’affichaient “libres”. Je captai
alors mon reflet le long de la vitre d’un
4x4 noir. Lunettes noires, barbe naissante,
lèvres éclatées, une maigreur inquiétante.
Fantôme des nuits blanches.
15
encres
Je remisai mes lunettes dans ma poche
et marchai sur une centaine de mètres
de façon à m’éloigner du club sulfureux.
Comme l’air extérieur commençait à
m’agresser les poumons, trop d’oxygène
sans doute, je m’allumai une cigarette
dans l’attente d’un chauffeur un peu moins
trouillard, ou plus vénal que ses collègues.
J’en trouvai un à la moitié de ma quatrième
clope.
Je montai et annonçai d’emblée la station
Graüzenplatz.
— Kurtscherk ? Me demanda-t-il,
car la distance devait être assez courte et
pouvait me faire bénéficier de ce tarif réduit
et fixe. J’étais d’humeur généreuse, je lui dis
qu’il pouvait faire tourner le compteur.
2.
Les taxis stationnant à Graüzenplatz
n’arboraient pas la couleur des autres
véhicules berlinois. Voitures bigarrées et pour
la plupart dans des états pitoyables. Les
chauffeurs attendaient à côté de leurs taxis,
buvant des petites flasques de Jägermeister
ou lisant le journal du jour. Je me présentai au
premier pour lui faire part de ma destination.
J’eus droit à un sourire un peu las tandis qu’il
m’invitait à monter dans sa voiture, une
Volvo couleur de suie. Je m’installai derrière.
Sans se presser, le chauffeur termina son
article, salua ses collègues et leur confia son
journal. Il s’installa au volant et démarra en
trombe.
Nous avons traversé d’autres friches
industrielles. Un trajet assez long. Je
commençais à m’inquiéter du compteur.
Plus trop de liquide et pas trop envie d’arriver
sans monnaie dans ce mystérieux club.
Comme j’en fis la remarque au chauffeur,
ce dernier se mit à glousser.
Nous longeâmes la Spree. De grandes
péniches corrodées oscillaient sur le fleuve.
Le soleil couchant m’indiqua que nous
approchions de la fin de la journée. Une
lumière jaune et rasante étirait les ombres
bleutés.
Une nouvelle nuit commençait.
Celle de mon Ostenberg.
Le taxi avait quitté la ville, traversé la
banlieue, pour pénétrer dans une plaine
désolée.
Sur un crépuscule gris, se découpait la forme
d’une grande usine qui avait brûlé des
années auparavant. Un enchevêtrement
de poutrelles tordues semblait protéger
trois énormes cubes de béton reliés entre
eux par des tunnels couverts de plaques de
métal. Un bâtiment gigantesque et unique
au monde.
Le taxi zigzagua entre des flaques de boue
et finit par s’arrêter devant une barrière
de métal défoncée. Je lui demandai alors
quel prix je devais lui régler, en l’absence
de tout compteur ou affiche indiquant
une quelconque tarification. Il me sourit à
nouveau :
— Pour l’Ostenberg, un seul tarif,
tout ce qu’il vous reste.
Je grimaçai, mais le chauffeur avait l’air
absolument sérieux. Je pris quelques billets et
mes dernières pièces et lui donnai. Il grogna
les carnets de l’assemblée # 3
 encres
un peu et attendit que je vide le fond de
mes poches pour redémarrer et aller se
ranger devant une large porte coupe-feu.
La véritable entrée de l’Ostenberg.
Le numéro était très bien rôdé.
Il me libéra et m’indiqua un bouton rouge,
dissimulé sous une vigne vierge desséchée.
Je sonnai et la lourde porte se mit à couiner
dévoilant la silhouette d’un homme de
taille moyenne, vêtu d’un costume noir
impeccable. Il vint à ma rencontre, me serra
la main et me jaugea en quelques coups
d’œil. Il sortit une feuille pliée en quatre de
la poche interne de son veston ainsi qu’un
stylo et me demanda une signature et une
adresse mail valide.
— Ceci a valeur de décharge,
monsieur.
J’eus un instant d’hésitation mais comme
je percevais des basses puissantes filtrer des
entrailles du club, j’apposai ma signature
sur la dernière ligne, avant d’entrer. Deux
videurs russes, aussi larges que hauts, en
costard également, me fouillèrent et
prirent mon téléphone portable. Comme je
protestai, le plus petit m’informa :
— Aucune photo à l’intérieur.
Ce qui se passe à l’Ostenberg, reste à
l’Ostenberg.
Je souscrivais à cette devise, commune
à de nombreux clubs berlinois. Certes ça
m’empêchait de ramener le moindre visuel
de mon périple mais je m’y attendais. Je
laissai mon portable à la consigne et allai
déposer mon manteau au vestiaire. Il y avait
quelques personnes dans le hall, avachies
sur des fauteuils de cuir lacérés. La tête dans
les mains, endormies la bouche ouverte, ou
simplement hagardes, en pleine descente.
On me donna une petite plaque de métal
accrochée à une lanière plastique, numéro
1442. A ne pas perdre.
Je passai ensuite sous de grandes peintures
et photographies représentant des animaux
à l’abattoir ou des fleurs prises en gros
plan. Il y avait d’autres barrières en métal,
disposées comme un petit labyrinthe. Je
suivis quelques autres clubbers dans un état
aussi avancé que le mien. Les survivants,
ceux qui refusaient de se coucher.
La première salle était immense, plongée
dans une obscurité totale, à part des barres
de néons pendues à la verticale à un plafond
situé à plus de quinze mètres. La musique
semblait uniquement être composée de
basses profondes qui me remuaient les tripes
et de petits sons couinant, aigus, discordant.
Une minimale arythmique folle et fracassée,
jouée à un volume presque inhumain.
Je me rangeai contre un pilier de béton
dont les contours étaient indiqués par une
peinture luminescente et commençai à
danser. Osciller plutôt, trimbalé par cette
musique mentale.
Des machines invisibles crachèrent une
fumée épaisse qui fut bientôt éclairée par
de puissants lasers verdâtres. L’obscurité
céda subitement la piste à un brouillard
compact. Je ne voyais plus les corps des
autres danseurs, ni l’éclairage du plafond, ni
ce rassurant pilier, ni même mes mains ou
les carnets de l’assemblée # 3
mes pieds.
Perdu. Seul dans le ventre du premier cube
de l’Ostenberg.
La musique se modifia imperceptiblement,
se faisant encore plus dépouillée. Bientôt,
je devinais plus que je ressentais, comme
des basses qui me rentraient dans le
ventre, obliques, froides. Et au creux de
ces puissantes pulsations, d’étranges
grincements qui m’évoquaient des os broyés
ou des cartilages en train de rompre.
Ma main s’était posée contre l’arête du
pilier.
Présence rassurante. Un ancrage matériel.
La brume se dissipa, dévoilant un éclairage
écarlate et agressif, venant de toutes parts,
au dessus, sur les côtés et même du sol
puisque des écrans géants parsemaient le
sol jonché d’ordures diverses.
Les corps des autres danseurs revinrent dans
mon champ de vision. Un blond méché et
costaud, portant un T-shirt de footballeur
passa dans ma périphérie et tenta de danser
avec moi, prendre ma main. J’esquivai
avec un sourire. Il n’insista pas. Toujours ce
respect allemand. Sages et défoncés à la
fois, furieux mais polis. Une copine m’avait
dit, en début de séjour, je préfère être une
fille à Berlin qu’un mec à Paris. Joli résumé.
Le méché disparut derrière le poteau tandis
que la musique s’énervait à nouveau, basses
frénétiques, façon breakcore, couplée
avec des voix de femmes robotiques. Un trio
d’asiatiques s’approcha alors du pilier, deux
petites et une grande, suave et habillée
avec recherche. Un ruban de velours rouge
autour du cou. Maquillage lourd, cheveux
lustrés. Un très beau travesti, ayant poussé
la classe jusqu’à dissimuler sa pomme
d’Adam. Je finis par lâcher mon pilier pour
retrouver le trio.
La plus petite virevolta autour de moi puis
me tomba dans les bras, m’offrant ses lèvres
noires. Instant de flottement.
Pas que je sois particulièrement un mec fidèle
ou pur. Rien promis d’exclusif à ma copine
du moment. Mais juste pas beaucoup de
temps. J’étais ici pour faire l’Ostenberg. Je
la gratifiai d’un bisou sur le front et elle se
redressa avec un sourire discret avant de
rejoindre ses copines et de disparaître à la
faveur d’un nouveau jet de fumée.
Je lâchai un peu la piste pour chercher le bar.
Une quête plutôt délicate, aucune lumière,
aucune indication. Malgré tout, je voyais des
danseurs fantomatiques évoluer un verre à
la main. Avec un peu de concentration, je
remarquai une longue alcôve, dissimulée
par des contreforts en béton. Juste derrière,
un comptoir discret, occupé par une dizaine
de serveurs et serveuses. Tous grands, crâne
rasé et vêtus de costards impeccables. Je
m’offris quelques rasades de Jägermeister,
cet alcool allemand au goût de plantes
avant de prendre une vodka/pomme bien
tassée. Je laissai un bon pourboire et tentai
de revenir au centre de la salle. Je me
perdis à nouveau, me retrouvai à monter un
escalier en acier, large et immense. En haut,
je fis un crochet par les toilettes, trouvées
miraculeusement. Là encore aucun miroir,
16
INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
aucune surface réfléchissante. Dans les
pissotières un grand Black s’astiquait le
manche en discutant avec son voisin.
Après avoir vidé ma vessie, je marchais assez
longtemps, à travers des corridors obscurs
dont les contours étaient délimités par
des néons grésillants, empruntai un tunnel
interminable puis débouchai à l’extérieur,
dans une curieuse salle carrée et immense,
semblable à un fond de cuve, envahie
d’arbres, de bosquets, de carcasses de
machines à laver, de baignoires sales et de
personnes en pleine descente ou en chill-
out, assises sur des chaises de bois. Il y avait
également quatre bars et des barbecues
sur lesquels grillaient des saucisses.
Un panneau rouillé annonçait : bienvenue
à l’Atrium. La musique était plus douce, à
peine perceptible, à nouveau une simple
pulsation, un souffle lointain. Je levai la tête.
Il faisait nuit à nouveau. Lundi ou mardi ? Je
ne comptais même plus mes heures. Pas
dormi depuis des jours et je tenais encore.
Limite mais conscient.
Je m’offris un kebab, une bière et allai me
poser quelques minutes sur le coin d’un
banc en béton à côté d’une petite brune
en chemisier vert, coupée au carré. Elle
avait le visage chiffonné mais conservait
un joli sourire. Je lui offris une gorgée de ma
bière qu’elle accepta en accentuant son
rictus. Autour de nous, d’autres danseurs
ainsi que des enfants ! Sales comme
des peignes, vêtus de hardes informes,
dents gâtées, regards fuyants, tignasses
pouilleuses. Ils nous regardaient et se jetaient
sur le moindre débris de nourriture tombé
par terre. Certains danseurs les chassaient
à coup de pierres. Comme leur présence
semblait m’interloquer, la brune me dit en
anglais :
— Les gosses de l’Atrium. Ils ne sont
pas méchants.
— Les gosses ?
— Certaines femmes viennent
enceintes, ici et si elles accouchent, leurs
rejetons restent à l’Ostenberg.
Je n’en crus pas un mot, bien sûr. Une légende
au creux de la légende de l’Ostenberg.
Toujours cette structure imbriquée, des
clubs dans les clubs, des alcôves dans les
couloirs, descente en spirale. Devant mon
air sceptique, elle ajouta :
— Les enfants conçus à
l’Ostenberg, aussi. Certaines reviennent
spécialement
pour accoucher dans la clinique de l’Atrium
qui sert aussi de backroom, la majeure
partie du temps.
— Désolé, c’est un peu… Enfin,
permettez moi de ne pas y croire.
Amère, elle se planta une cigarette entre ses
lèvres crevassées. Je l’allumai. Elle ne disait
plus rien, termina sa clope puis se redressa
en essuyant ses mains noircies sur son jean.
Elle finit par annoncer :
— Je continue, pour ma part.
— Il y a d’autres salles ?
— Oui, la porte à gauche,
surmontée de la tête de mort disco. C’est la
suite.
Mais généralement, les clubbers s’arrêtent
ici.
 INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
Comme pour prouver ses dires, des danseurs
s’étaient allongés sur les bancs de béton ou
comataient, penchés sur leur gobelet. Elle
me dit :
— A plus tard, peut-être, avant de
s’engouffrer par la petite porte suivie par
une poignée de danseurs.
Sous les regards affamés des gosses à
l’abandon, j’hésitais. Continuer ? Rentrer ?
Prendre une pause plus longue, faire un vrai
repas ? Finalement, je laissai ma moitié de
kebab sur le bloc de béton et me redressai.
Mes os craquèrent. Mon corps était une
plaie ouverte, remplie de douleur. Je
claudiquai jusqu’à la porte puis empruntai,
une nouvelle fois, un tunnel sombre balisé
par des pointes de néon.
Puis le couloir fut éclairé par une lumière
blanche diffusée par des écrans de télévision
disposés au plafond. Sur les côtés, je vis des
râteliers supportant des armes diverses.
Machettes, haches de tailles diverses, sabres,
couteaux et même des armes à feu, pistolets
antiques à poudre noire ou automatiques.
Je m’approchai pour toucher le fil d’une
machette. Ce n’était pas du bidon. De
même, les flingues étaient graissés, dotés de
quelques munitions et prêts à l’emploi. Du
délire ! Je n’avais pas l’intention de prendre
une de ces armes mais je remarquai que
certains casiers étaient vides.
D’autres s’étaient donc servis.
3.
Je pris une machette, robuste, lame en acier,
bien aiguisée, couverte de tâches brunes,
manche en bois. Les flingues ne m’attiraient
pas. Je la passai dans ma ceinture avant de
poursuivre mon avancée, un peu inquiet.
3.
La nouvelle salle était encore plus grande
que la première, haute d’une vingtaine de
mètres, composée de piliers en métal noir
et de barres de néons pendues au plafond.
La musique était également plus violente,
cross-over techno/metal, à 190/200 BPM. La
fumée s’insinuait entre les piliers, rampante,
opaque, odorante, senteur de pomme,
masquant les formes des autres danseurs.
Certains tenaient leurs armes à bout de
bras, d’autres déambulaient lentement,
désarticulés. L’ambiance ne me disait plus
rien.
Aucun côté festif comme dans les salles
précédentes, juste un son agressif et des
silhouettes inquiétantes se tournant autour.
Je me plaquai contre un pilier quand
j’entendis une détonation à l’autre bout
de la salle. Par instinct, je dégainai ma
machette. Plus rien à voir avec la musique,
la danse, les sorties… Autre chose. Ailleurs.
Limites franchies. Le royaume de la peur.
Un corps s’approcha de moi, s’arrachant
de l’épaisse fumée. Un homme, torse nu,
le visage gris et suiffeux, grouillant de vers
blancs, atroce. Il s’avançait, doigts crochus
en avant.
Sans même réfléchir je lui flanquai un coup
de machette dans l’épaule, tranchant à
travers une chair sombre et molle. Il recula,
tituba. Le sang coulait à peine, juste un
suintement noir. Il pivota et je m’enfuis,
me perdant à mon tour dans un paquet
brumeux.
Autre chose, oui. Un fight-club ? Des
effets spéciaux ? Une drogue dans ma
boisson ou dans l’air ? Comment pouvais-
je le déterminer, comment pouvais-je
encore séparer le réel de la fatigue ou des
hallucinations ?
« Comment pouvais-je le déterminer, comment pouvais-je
encore séparer le réel de la fatigue ou des hallucinations ? »
Malgré tout, en un réflexe de survie, je me
baissai, aux aguets.
Une femme dont la robe noire était en
lambeaux s’avança alors, son bras gauche
avait été arraché, le droit tenait encore
un pistolet automatique. Ses yeux étaient
crevés et une langue violâtre pendait de sa
bouche défoncée. Déjà morte ?
Peut-être.
Alors que je tentais de glisser discrètement
sur son côté gauche, elle s’immobilisa et
pointa son arme dans ma direction. Elle
m’aurait fait sauter le caisson si ma copine
de l’Atrium n’avait pas surgi juste à temps
pour lui planter sa hachette dans le front.
La manchote recula et s’adossa contre un
pilier avant de glisser doucement vers le sol,
main révulsée sur son arme. Deux hommes,
dont l’un semblait avoir une peau luisante
et caoutchouteuse se jetèrent sur le corps
agité de soubresauts, le premier pour la
violer, le second pour mordre avec ardeur
à son moignon filandreux.
Manquant de vomir, je reculai et pris ma
copine par la main. Nous avons alors couru à
travers l’immense salle, distribuant quelques
coups de lames au passage. Les ombres
se faisaient toujours plus nombreuses, plus
pressantes. Nous arrivâmes enfin devant
une nouvelle porte, en fer, une sorte de sas
en métal corrodé. Alors que ma compagne
poussait le battant, je remarquai une sorte
de nacelle VIP au centre de la salle, en
hauteur. Un carré de lumière blanche
sur laquelle se tenait une grande forme
en robe sombre, capuche et gants. Elle
semblait danser, accompagnée par un
colosse portant des dreadlocks et vêtu d’un
manteau pourri. Les gérants, ou les dieux de
l’Ostenberg, s’amusaient au dessus de nos
carcasses.
Nous avons passé la porte pour retrouver un
nouveau tunnel, descendant à pic, parsemé
de loupiotes alternatives. Je me portai
en avant, machette en main et entamai
notre descente. Après quelques centaines
de mètres, je vis de nouveaux râteliers sur
lesquels nos prédécesseurs avaient remisé
leurs armes souillées, couvertes de sang et
de graisse. Comme j’hésitai, ma copine
posa sa hache et je fis de même.
Enfin nous arrivâmes au fond.
Un nouveau couloir composé d’une
enfilade de portes de toutes les couleurs, de
toutes sortes, dans des états multiples. Cela
allait de la porte en bois blanc au rideau de
fer rouillé et torsadé. Le dernier choix.
Seul sans doute. Une évidence. Ma copine
17
encres
emprunta une porte faite de planches
bleues qui se referma directement derrière
elle, après son passage. Impossible de
l’ouvrir. Je pris celle juste à droite, rouge
sang, laquée.
J’entrais dans une pièce obscure et sans
repère. Juste un sol en béton, aucun mur
autour de moi, pas de pilier. Juste un air
froid et piquant. La musique me surprit. Des
basses brutales et soudaines, ronflantes et
circulaires. Dernière danse dans l’inconnu
complet, poings et mâchoires serrés. Malgré
l’effroi de la salle précédente et la fatigue
presque terminale, je me remis à bouger, à
osciller selon un rythme profond. Battement
de mon sang contre mes tempes, le cœur à
la limite de l’emballement. Une impression
de chaleur intense. J’étais à nouveau parti
dans le son, en lutte avec mon propre
corps, mes os, ma chair flasque, mes limites
extrêmes. Je me bouffais les joues, les lèvres,
plantais mes dents dans mon palais.
Puis cette impression que l’espace se
refermait sur moi, m’emprisonnant dans ma
propre chair.
Pousser la dernière porte de l’Ostenberg
et continuer à danser. Devenir un cœur
saignant battant dans une crevasse
bétonnée.
Perdre ses dernières notions.
Et se retrouver dans le hall d’entrée, à
montrer sa plaque de métal pour récupérer
son vestiaire. Un jeune gars me rendit mes
effets. Mon portable était déchargé. Je ne
savais même plus quel jour nous étions.
Cligner des paupières dans le petit matin.
D’autres personnes arrivaient, ballet continu
des taxis qui repartaient directement sans
vouloir me prendre. Je tentais de marcher,
avec difficulté, ayant presque perdu le
sens de la marche au profit d’une danse
éternelle. J’arrivai à la station de taxi dédiée
aux départs.
Ma copine était là, à se griller une
cigarette.
Comme moi, elle était sale, couverte
d’écorchures et d’ecchymoses. Comme
moi, elle était parée d’un sourire figé. Je
m’installai à ses côtés et cherchais mon
paquet, à mon tour. Vide. J’avais tout grillé.
Elle me passa son mégot et prononça dans
un soupir :
— On doit être mercredi, non ?
— Possible.
— Y’a DJ Christian au Ros’is, ce
soir. T’es partant ?
Mon index était gris, comme nécrosé. Un
bout d’os émergeait de ma chair tandis
que la clope achevait de se consumer. Je
pris une dernière taffe et répondis :
— Bien sûr. Mais pour patienter,
nous faudrait une petite before.
les carnets de l’assemblée # 3
 encres INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...

« Je ne connaitrai pas la peur, car la peur tue l’Esprit.

La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale.
J’affronterai ma peur.
Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu’elle sera passée,
je tournerai mon œil intérieur sur mon chemin.
Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien.
Rien que moi. »
–Litanie Bene Gesserit contre la peur -

le fantasme
DE LA PEUR

Pourquoi le fantasme de la 1. La peur dans l’Imaginaire Face à cette Peur Ancestrale de

peur ? Derrière le titre de cet article
se cache une interrogation simple,
à savoir pourquoi le rôliste apprécie
autant évoluer dans des univers
ténébreux et des ambiances
angoissantes. A y regarder de plus
près, ce constat ne s’applique pas
uniquement au jeu de rôle, mais
se retrouve au sein de différents
médias propres aux cultures de
l’imaginaire comme par exemple
le cinéma et la littérature.
Aussi cet article propose
certaines hypothèses et pistes de
réflexions sur la nécessité de la peur
dans les cultures de l’imaginaire et
sur sa réception.
Toute ressemblance avec une
scène existante serait purement fortuite :
un homme ou une femme, voire plusieurs
hommes ou plusieurs femmes sont assaillis
par une foule de zombies dans un centre
commercial lors d’une nuit ténébreuse.
Dans cette scène sont évoquées
plusieurs grandes formes de peur, celle de
la Mort, du Noir, de l’Inconnu qui finalement
ne constitue qu’une seule et même peur
originelle que l’on pourrait nommer la Peur
Ancestrale. Initialement pour la population
vivant dans des village isolées, l’inconnu
c’est à dire l’extérieur de la communauté,
la colline, l’horizon lointain, la forêt dense,
véhicule toutes sortes d’inquiétudes
chez des esprits culturellement et
intellectuellement en autarcie. Cet inconnu
générera de multiples croyances en des
dangers réels ou fantasmés. Mais une fois
que l’Inconnu est identifié, la Peur perd son
essence. L’Homme est rassuré.
l’Inconnu, les hommes ont tenté d’expliquer
l’inexplicable. Pour ce faire, leur capacité
d’imagination a été mise à contribution ;
l’une des tentatives d’identification de
l’Inconnu va être la religion.
Ainsi, confronté à la foudre qu’il
ne pouvait expliciter, les indo-européens
créèrent une divinité maîtrisant la foudre
que les grecs allaient appeler Zeus, les
romains Jupiter et les scandinaves Thor.
La religion et le mysticisme sont
au départ une forme de rationalisation
de l’homme face aux phénomènes qu’il
ne comprend pas. En concrétisant la peur
ancestrale par des figures plus ou moins
concrètes, la religion diminue l’impact de
cette Peur Ancestrale. En effet, la religion,
par l’insertion de rites et rituels, va donc
permettre de contrer la peur.
Le paradoxe réside dans le fait
que ces religions vont générer d’autres
peurs, à l’exemple de l’Enfer ou du
Jugement... eux-mêmes, déclinaisons de la
peur ancestrale, de l’inconnu.

18
les carnets de l’assemblée # 3
 INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
Afin de véhiculer ces nouvelles
peurs, les religions chercheront à frapper
l’imaginaire, notamment par le biais de
l’art.
Toutefois, l’art et les cultures de
l’imaginaire ne sont pas exclusivement
au service du message religieux car la
Peur Ancestrale reste toujours ancrée
profondément chez l’homme. Elles ne
créent pas les peurs mais les véhiculent,
les expriment… Elles génèrent des mythes
propres aux peurs comme ceux concernant
les morts-vivants. Les vampires, loups-garous
et autres zombies présents dans la quasi-
totalité des cultures, sous diverses formes,
ne sont que l’expression de l’imaginaire
collectif face aux angoisses liées à la Mort,
le Noir et à l’Inconnu.
Les contes de fées peuvent
également être considérés comme
l’expression des peurs par l’imaginaire.
Le conte est un message d’adulte
destiné aux enfants, qui utilise des codes
propres au genre, notamment l’usage
symbolique de peurs afin d’évoquer de
manière détournée d’autres peurs. A ce
titre, l’exemple du loup est significatif.
Effectivement, le loup est connoté comme
un prédateur dangereux à une époque où
l’homme n’appréhendait clairement que
son environnement immédiat. Les contes
et les légendes reproduisent et amplifient
cet aspect qui se décline par la suite en
plusieurs symboliques : ainsi, la prédation
sexuelle dans le Petit Chaperon Rouge a
fait l’objet d’études psychanalytiques.
La peur permet de frapper
l’imaginaire pour mieux inculquer certaines
notions. L’imaginaire de la peur est alors
utilisé comme instrument éducatif. De nos
jours, des publicités se rattachent à ce
principe, comme les récentes campagnes
de la sécurité routière qui présentent des
images violentes.
A partir de là, les déviances
religieuses et les dictatures empruntent ce
processus afin de renforcer leur emprise :
la peur est instrumentalisée (inquisition,
nazisme etc…)
Un exemple dans la littérature avec 1984
de George Orwell, où l’ultime peur du
héros révélée dans la salle 101 détruit sa
dernière parcelle de libre arbitre. Il est ainsi
rééduqué et s’insère dans cette société
liberticide et aliénante.
De manière biaisée, affronter
sa peur, c’est aussi la décrédibiliser en
s’en moquant à la manière des vampires
et des zombies représentés de façon
grandiloquente et caricaturale dans
certains films ou dans certains univers de
jeu. La mort est représentée et désacralisée
par l’adjonction d’affectations humaines,
comme avec la figure de Charon, le
passeur interessé par l’argent ou le
personnage de la Mort elle-même, décalé
et cocasse dans le cycle des Annales du
Disque-Monde de Terry Pratchett. Cela dit,
trop de gore tue le gore, à l’image des films
« d’horreur teenage » qui prêtent plus à rire
qu’à effrayer, et où la peur est sacrifiée au
prix de pitreries grand-guignolesques.
2. L’attraction pour la peur
La réaction de l’humain confronté
à la peur est ambivalente. L’individu
éprouve à la fois une répulsion mais aussi
une attraction pour la peur. Dans le film
Halloween de John Carpenter, qui ne traite
finalement que de la peur, une scène illustre
cette ambivalence. Une fillette regarde
un film d’épouvante à la télévision. Sa
babysitter l’interroge et lui demande si elle
n’est pas effrayée, la fillette confirme bien
qu’elle a peur, mais insiste paradoxalement
pour continuer à le visionner.
Le passage de l’enfance à
l’adulte s’effectue par l’abandon d’une
certaine forme de développement de la
peur dans l’imaginaire. A l’âge adulte, le
désir de se confronter à la peur passe par
le prisme de médias ludiques (cinéma, jeux
de rôle, sports extrêmes) Ainsi, fabriquer
et vivre des peurs fabriquées permet
d’anticiper et de désamorcer les peurs
réelles. L’homme se purge ainsi de ses
peurs. C’est la catharsis par la peur à l’instar
de la catharsis par la tristesse et par le rire
théorisée respectivement par Aristote et
par Molière. Eprouver la peur permet de se
rassurer, de se remettre en question et de
se retrouver. Un certain versant du cinéma
et de la littérature tente de reproduire le
réel pour satisfaire l’envie d’introspection
par la réalité quotidienne.
D’un autre côté, certains œuvres
optent résolument pour le développement
d’histoires et de mondes extraordinaires,
nourries par l’imagination de leur
concepteur. Le jeu de rôle ne bénéficie
pas ce cette dualité et la confrontation
à la peur passe par la volonté de vivre
des histoires hors du quotidien. Cela se
19
encres
traduit par l’incarnation de personnages
héroïques qui vivent des aventures épiques
dans lesquelles ils seront en danger, de
personnages qui baigneront dans des
ambiances relevant de l’horreur ou du
polar sombre.
Des raisons sociales expliquent
également l’engouement pour la peur.
Dans notre société, manifester sa peur est
considéré comme une faiblesse. Aussi, se
confronter à la peur implique une preuve de
courage et prouve aux autres que l’individu
est fort et donc digne de confiance, même
si le danger inhérent à cette peur est factice
dans l’absolu. Il convient néanmoins de
distinguer les situations induites dans les
cultures de l’imaginaire, des attractions à
risques et des sports extrêmes.
Le jeu de rôles basés sur la culture
des héros traditionnels, comme la plupart
des jeux médiévaux fantastiques, mais aussi
des jeux comme Star Wars, permettent de
reconquérir une ascendance sur la peur
au moyen d’actions comme défendre la
veuve et l’orphelin, respecter les codes
de la chevalerie, se comporter en héros
comme Achille et choisir une courte mais
glorieuse vie de combat à une vie longue
mais terne. Ce courant constitue une
résonnance d’une société patriarcale du
passé.
Si l’imaginaire nourrit la peur, cette
dernière nourrit l’imaginaire car elle s’avère
être un héritage commun à l’humanité.
L’idée forte est donc que la peur constitue,
d’un point de vue phobocentré, une
composante inhérente au processus
créatif.
par Andy Taker et Erron Flyll
illustration : Bruno Laurent
les carnets de l’assemblée # 3
 encres
CARPE DIEM [ filmologie du survival horror ]
A l’origine, le terme Survival Horror
désigne une appelation vidéo-ludique
puis jeuderôlesque, mais c’est assurément
l’assimilation de codes dérivés du cinéma
qui caractérisent et empreignent ces
formes de loisirs. Des codes phagocytés,
digérés et mués en une forme nouvelle,
le plus parfait parangon étant Silent Hill,
film adapté d’une série de jeux vidéo,
elle-même élaborée et façonnée par les
codes de longs-métrages fantastiques et
d’horreur.
En esprit, cette pseudo-catégorie
filmique peut couvrir un vaste spectre
dans le film de genre, allant de Halloween
à Premutos en passant par des films de
cannibales comme Anthropophagous.
Afin de définir ce qu’est
véritablement le Survival Horror au cinéma,
il semble tout d’abord nécessaire de
déterminer ce qu’il n’est pas. En premier
lieu, le Survival Horror n’est pas un Slasher,
où chair et corps sont tailladés par les
armes blanches et assimilées d’agresseurs
humains. Ou non. Différent du Slasher
donc, qui n’est que massacres fort souvent
distrayants, excepté pour les victimes des
tueurs; il n’en est pas moins exclusivement
un film gore, même si ce terme, succint et
percutant, établit le potentiel bain de sang
dans lequel vont être amenés à tremper
les yeux du spectateur.
En vérité, le Survival Horror
cinématographique se caractérise à la
fois par sa notion intrinséque de huis-clos
ainsi que par le caractère universel de la
menace générée.
Huis-clos et Survivance
La Survivance, comprendre le
groupe d’infortunés personnages réunis
pour survivre, devra composer avec
la menace (forçant les personnages à
fuir), et l’obstacle (entravant leur fuite)
dans un décor désormais prison. Ces trois
constituants du huis-clos trouvent leur
entière mesure dans le survival horror
cinématographique. Comme dans
The Thing (John Carpenter – 1981), où
une créature métamorphe menace
les chercheurs d’une station isolée
de l’Antarctique coupée du monde
extérieur par un violent blizzard.
Car c’est véritablement le huis-
clos qui conditionne au cinéma le
survival horror, que le décor soit une
maison lugubre, une ville désertée,
voire la planète toute entière. Ainsi,
deux versants du genre se dégagent,
corollairement au huis-clos: soit un
mal s’insère dans un environnement
20
les carnets de l’assemblée # 3
INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
sain, auquel cas, la notion de résistance
prédomine comme dans La Nuit des Morts-
Vivants ou l’Invasion des Profanateurs
de Sépultures; soit il s’agit d’un élément
sain qui échoue dans un environnement
malsain, et dans ce cas l’échappatoire et
la fuite dicteront les conduites, à l’exemple
des personnages de Dagon, de Silent Hill
ou de Aliens.
Qu’il s’agisse d’une évasion ou
d’un siège, se retrouver subitement captif
d’un lieu quotidien et banal peut faire
naître une indicible angoisse, surtout s’il
s’avère ardu de le quitter. A l’instar de
The Mist (Frank Darabont – 2008) où des
habitants doivent se retrancher malgré
eux à l’intérieur d’un supermarché pour
se préserver d’une mystérieuse brume
dévorante, de la maison lugubre dans la
campagne isolée de La Nuit des Morts-
vivants (Night of the Living Dead/ George
Romero – 1968), la petite ville californienne
de Bodega Bay dans Les Oiseaux (The Birds/
Alfred Hitchcock – 1963) ou l’immeuble
moderne dans Frissons (Shivers/ David
Cronenberg – 1973).
L’obstacle empêchant les personnages de
quitter le décor peut être un environnement
hostile comme les étendues glacées prises
dans le blizzard dans The Thing, ou encore
la distance qui les sépare de la civilisation,
la maison de campagne éloignée de
la ville de La Nuit des Morts-Vivants et
l’Antarctique de The Thing.
La survivance elle-même est
l’autre mamelle du concept du survival
horror puisque souvent soumise à des
conflits idéologiques et physiques,
sombrant dans la paranoïa, contrainte à
des instincts violents pour s’en sortir, exultant
le meilleur et aussi le pire de l’être humain.
L’homme deviendra alors une menace
pour l’homme; encore plus férocement
lorsqu’il cherche à éviter toute forme de
contamination (The Thing, Frissons, les films
de zombies...)
Paradoxalement, se sont parfois
déclinées des séquelles de certains films,
comme si le côté inéluctable permettrait
d’imaginer justement des suites encore plus
cruciales pour une humanité en déroute
(la désormais pentalogie des zombies de
George Romero, la suite de Démons). En
outre, nombre de ces films connaîtront
des remakes: les 3 variations du roman
Je suis une Légende (I am Legend) de
Richard Matheson, l’original Invasion des
Profanateurs de Sépultures (Invasion of
the Body Snatchers/ Don Siegel – 1956) et
les 3 clones qui ont suivis, respectivement,
l’Invasion des Profanateurs (Invasion of the
 INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
Body Snatchers/ Philip Kaufman – 1978),
Body Snatchers (Abel Ferrara – 1993) et The
invasion (Oliver Hirschbiegel – 2007), ou le
Blob originel, dont essaye de se dépatouiller
Steve McQueen (Irvin S.Yeaworth Jr – 1958)
et ses 2 protubérances, Beware! The Blob
(l’impitoyable réalisation de Larry « J.
R »Hagman – 1972) et Blob (The Blob/
Chuck Russell – 1988).
La présentation du corpus de films
suivant, aux qualités toutefois variables,
n’a aucune vocation d’exhaustivité, mais
révèle que c’est véritablement la nature
même de la menace qui conditionne
l’horreur dans le Survival.
Définitive Quarantaine
La Nuit des Fous Vivants
(The Crazies)
George Romero – 1973
Dès le
prégénérique,
un père de
famille cédant
à la démence,
incendie la
demeure familiale
sous les yeux de
ses enfants, après
avoir tué sa femme.
Rapidement, la
loi martiale sera
déclarée et la ville
d’Evans sera mise
en quarantaine
par l’armée car un avion transportant un
virus expérimental très contagieux s’est
écrasé dans le fleuve. Les militaires, en
combinaisons blanches et masques à
gaz, n’auront alors de cesse de chercher
les habitants chez eux afin de parquer la
population dans le lycée et de la contrôler.
Le film ne comporte aucun temps mort
et démarre avec la situation de crise, la
contamination ayant déjà eu lieu.
Ici Romero utilise, comme dans
La Nuit des Morts-Vivants de nombreux
flashs radios, des voix-off proférant des
consignes à respecter, moquant le rôle
des médias et jouant sur plusieurs niveaux
d’information et de désinformation. Ainsi,
l’armée ment à la masse des civils pour
la garder mal informée et docile mais
est elle-même impuissante face aux
expérimentations de la science. Car en
réalité, la cargaison de prétendus vaccins
ayant atterri dans le fleuve qui alimente
les réservoirs d’eau de la ville contient une
nouvelle arme biologique. Sur ce scénario
catastrophe plausible, Romero travaille sur
ses thèmes chers des conséquences de la
science et du déploiement de l’armée. Les
autorités sont mises à mal, qu’elles soient
scientifiques, car le virus leur a échappé et
qu’elles peinent à trouver un antidote, ou
militaires, car elles n’arrivent pas à canaliser
la situation, restant assez désinformées, ou
même religieuses lorsque le curé s’immole,
manifestant l’impuissance de la religion.
La menace est intangible et
non visuelle (virus) mais c’est l’obstacle
représenté par la bêtise de l’armée,
n’hésitant pas à tirer à vue, et les autorités
décisionnaires de l’ombre qui justifient ici
l’appelation de survival. En témoigne la
scène de conciliabule des hautes autorités
pour réclamer le bombardement de Evans
City afin de faire croire à un accident
nucléaire.
Le virus provoque une mutation
résolument débilitante qui génère des crises
de démence. Alors les bouseux du coin,
population folle et cafardeuse, prennent
les armes et commencent le massacre de
soldats (la scène du champ de bataille
où une contaminée balaye le pré, ou
lorsqu’un type tire sur les soldats venus le
mettre à l’abri pendant que sa fille joue du
piano sans discontinuer et que sa femme
tricote à l’étage, tuant un soldat à coup
d’aiguille à tricoter avant de reprendre son
ouvrage).
Un petit groupe, arrivant à éviter
la capture, trouvera refuge dans une
maison isolée à l’extérieur de la ville. Ainsi,
c’est dans une ville désertée au petit matin
que patrouillent les soldats abattant les
éventuels fuyards et brûlant les cadavres au
lance-flammes. Autre image insolite, celle
des combinaisons blanches parcourant
vallons et prairies d’une verdure
éclatante.
Ici les militaires
représentent l’opposé du
groupe de fuyards individualistes,
comme lorsqu’un soldat énonce:
« tu fais ce que l’on te dit sans
savoir pourquoi », ou qu’une
autre recrue déclare « les gens
se laissent faire ». Ce schéma
se retrouvera en partie dans
Zombie, car les fuyards sont des
anticonformistes qui décident
de faire leurs propres choix et de ne pas
suivre le mouvement de la masse, donc
finalement des personnes qui possédent
une distanciation critique par rapport aux
événements et ce qui leur est dit.
Si la plupart des contaminés se
contentent d’être gentiment dérangés,
déambulant et ricanant, certains sombrent
dans une furie meurtrière, ou l’inceste.
Ainsi désinhibés du code moral habituel,
certains franchiront la limite. Mais difficile
de savoir dans le cas particulier de Clank,
un des fuyards devenu une bête furieuse
et massacrant de sang-froid des soldats
désarmés, si le virus le change en tueur fou
ou si les circonstances ne font qu’exhorter
la sauvagerie inhérente de l’homme...
Au final, l’un des propos est peut
être que la folie se trouve en nous, dans
un récit qui se veut métaphore d’une
société aliénant ses citoyens. La traversée
de moutons sur le plan qui suit l’exécution
de la fille d’Artie par les soldats traduit
bien l’emprise grégaire que le film veut
dénoncer.
Sorte de film manifeste pour une
émancipation, un détachement intellectuel
21
encres
et une prise de conscience individuelle
par rapport aux informations véhiculées
par les médias, il propose une remise en
question des dires des hautes autorités qui
ne souhaitent que notre bien...
A la fin, la plupart des habitants
ayant été parqués sont tous devenus fous.
David, le héros, qui se révèle avoir une
sorte d’immunité naturelle, est arrêté et sur
le point de rejoindre les autres et lorsqu’un
soldat demande s’il faut vérifier s’il est
sain, un médecin rétorquera alors:« vous
plaisantez j’espère! ». Final ironique, le seul
homme capable de fournir un antidote au
fléau sera enfermé avec les autres. Dans
le système de dénonciations que pratique
Romero, c’est la résistance et le libre arbitre
de David qui peuvent être assimilés comme
une folie...
L’ultime souhait présupposé du
réalisateur est de vouloir reflèter la bêtise
dont peut faire preuve l’humanité, et
d’exorciser ici une forme de colère contre
ses semblables dans un métrage qui ne
flatte décidemment pas l’humain.
Le Survivant
(The Omega Man)
Boris Sagal -1971
Sur un scénario de
Richard Matheson, Le Survivant
n’est autre que le docteur
Neville, brillant scientifique
militaire campé par Charlton
Heston, rescapé d’un conflit
bactériologique entre l’Union
Soviétique et la Chine qui a
dégénéré en troisième guerre
mondiale en 1975 à cause de
missiles porteurs de bacilles.
Mais le dernier homme sur
terre n’est pas seul. De cette
apocalypse a émergé un groupuscule de
mutants psychotiques et agressifs, sorte
d’albinos vampires sensibles à la lumière.
Là encore la catastrophe a déjà eu
lieu, et dès la séquence d’ouverture, Neville
conduit une voiture dans une ville désertée
par la civilisation, où bataillent détritus,
papiers volants et vitrines saccagées.
La nuit, il se terre dans un appartement
fortifié, le jour il parcourt la ville, en ange
exterminateur, afin d’éradiquer les Autres.
Ces Autres, humanoïdes encapuchonnés,
se sont regroupés en une communauté
- dont l’esprit est accentué par la bande
son 70’s - une presque secte dirigée par
Matthias, qu’il nomme la Famille. Ainsi
« frères et sœurs » tiennent un réalité un
étrange discours. En effet, deux versants
idéologiques ancrés à cette époque dans
les années 70 se confrontent. La Famille
n’utilise plus les outils mécaniques, ni les
résidus technologiques, et pour eux, Neville
est le dernier adorateur de la Machine,
de la société moderne composée de
banquiers, d’hommes d’affaires, de
scientifiques qui auraient mené le monde à
sa perte. Il représente la barbarie humaine,
symbolise l’enfer qui les a conduit là. Pour
les carnets de l’assemblée # 3
 encres INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...

Matthias et les siens, la Machine et les armes pensent leur vie autrement, autour de souhaitent perpétrer l’espèce ou du héros
ont menacé l’homme plus qu’elles ne le valeurs familiales, écologiques, sans subir la qui devient un véritable sauvage afin
servaient, elles ont détruit le monde, et ils dictature de la consommation, du progrès de survivre et de libérer les prisonnières,
accusent la faillite de l’ère technologique. et ses éventuels risques inhérents. l’humanité passe par une certaine animalité
Un métrage nébuleusement nimbé de Lors de l’affrontement final pour lorsqu’elle veut subsister...
propos anti-militaristes. De l’autre versant, sauver Lisa, Matthias blessera Neville.
Neville est encore dépendant et esclave de Agonisant, il confiera la flasque de son Démons et Démons 2
l’infernale Machine, des armes, des voitures, sérum aux jeunes pour qu’ils s’enfuient.
des gadgets, et il défend sa propriété, Alors le Héros, transpercé par une lance, tel
(Démoni et Démoni 2 L’incubo ritorna)
lamberto Bava – 1985 et 1986
l’endroit où il vit, en sublime Américain, un ancien invincible Siegfried s’effrondrera
sans se départir de ses armes à l’image dans une fontaine, se vidant d’un sang qui
Dans ces films,
des cowboys et pionniers de l’Ouest. A constitue le remède pour l’humanité.
les forces du mal se
l’image également d’un Charlton Heston
répandent sur le monde
connu aussi pour certaines de ses positions. 28 jours plus tard soit par écran de cinéma,
Le sublime contrepoint de l’horreur réside
dans le fait que ce soient ici les mutants qui
(28 days Later) soit par tv interposée.
Danny Boyle – 2002 Vague métaphore de la
sont traqués.
zombification des gens
face aux images des
Neville n’ayant de cesse de parler
médias? Difficile à dire
à des interlocuteurs imaginaires, finira par
surtout après la vision de
rencontrer une afro-américaine bien réelle.
ces deux films...
La relation avec Lisa, cette rescapée, se
L’intêret de
muera en couple, union d’un homme
ce dyptique est plus esthétique que
blanc et d’une femme noire. En outre, le
scénaristique. Les BO ancrent les films dans
film que Neville projette au cinéma est
la savoureuse mouvance des années 80:
Woodstock, autre symbole de tolérance
Saxon, Billy Idol, Accept, Dead Can Dance
et d’unicité. Presque une ode contre le
où une partition que n’aurait pas reniée les
racisme puisque Lisa et le garçon noir
Goblins...
Richard ont été ostracisé par la Famille, qui
C’est le réveil et l’errance d’un
eux sont tous albinos et donc blancs.
jeune homme sorti du coma dans un Visuellement intéressants, l’horreur
Will Smith incarnera le dr.Neville
hôpital abandonné puis dans un Londres gothique européenne est y illustrée à
dans Je suis une Légende ( I am Legend/
désaffecté qui constitue le postulat de merveille. Dans Démons, l’importance du
Francis Lawrence – 2007), mais ce film sera
départ de ce film hargneux réalisé en stylisme de Dario Argento – ici producteur
plus un compromis entre Le Survivant et Le
DV. Jim va être le guide du spectateur, – est palpable, lui qui d’ordinaire verse
Monde, la Chair et le Diable (The World,
découvrant à son rythme le sort tragique de dans l’horreur intimiste où des mains
the Flesh and the Devil/ Ranald Mc Dougall
notre civilisation. Des activistes défendant gantées enserrent des lames étincelantes
– 1959) où Harry Bellafonte incarne le héros
les droits des animaux s’introduisent dans pénétrant les chairs de femmes aux yeux
noir. Restent les sublimes images de la
un laboratoire secret et libèrent des singes félins. L’ouvreuse du cinéma, une rousse
métropole déserte et sauvage et, hélas, les
porteurs d’un virus expérimental. 28 jours plus vêtue d’une robe verte apparaît telle une
mutants, créatures de synthèse, sans raison,
tard, le virus ayant ravagé la population de sorte de succube cinématographique.
ni foi...
Londres, une survivance s’organise afin de L’insistance sur des détails visuels connotent
repousser les contaminés, souffrant d’une le malaise. Au cinéma, un film se déroule
Neville sera capturé et son procés
rage meurtrière. dans le film, et bientôt ce qui s’y déroule
rappelle les jours radieux de l’inquisition.
Avec son petit budget et son ne tarde pas à se reproduire. Le premier
Accusé de croire à la science, aux armes,
traitement visuel inhabituel, ce film se révèle démon griffu, gueule écumante d’une
à la médecine, d’être un rétrograde, un
assez novateur, poussant plus loin certaines bave verdâtre et peau verruqueuse,
renégat du passé, de respirer l’électricité,
situations amorcées par Romero dans la contaminera certains spectateurs. Lors des
d’empester le pétrole, il est amené vers
Trilogie des Morts-Vivants, notamment massacres, le grand-guinol est gourmand
un bûcher. Sauvé par un petit groupe
avec l’emprise des milices fascisantes. Ici, en gros plan: déchirements de chairs,
d’humains qui se cachent à l’extérieur de la
contrepoint des films d’horreur traditionnels ongles qui poussent sur doigts, gonflements
ville dans une communauté de jeunes gens
à l’obscurité ambiante, la puissance de peau, dents qui se déchaussent pour
et d’enfants en début de contamination.
du DV est de présenter un film lumineux laisser place à une dentition carnassière et
Immunisé car il a pu s’injecter le
dans l’image mais absolument pas dans effilée, gorges déchirées à pleines mains,
vaccin, le chercheur décide d’élaborer
le propos. C’est une peinture réaliste, crânes pressurés et même énucléation
un sérum à l’aide de son sang pour les
traversée de fulgurances colorées qui d’un aveugle par deux serres démoniques.
guérir et projette de quitter la ville vers la
établit la désaffection Des loubards sniffent de la coke avec une
montagne pour « revivre
de l’humanité, et ce à paille insérée dans une canette métallique
les jours heureux du Jardin
de multiples niveaux: le d’un célèbre yankee drink tandis que des
d’Eden ». Le postulat
vide des espaces, la démons vomissent d’immondes flots de
écologique du film est
frénésie désormais matière.
soutenu par un Neville qui
animale des contaminés Les jeux de lumière lorgnent vers
propose ainsi un voyage
et le comportement des les expérimentations visuelles d’Argento
vers la Nature, un retour
miliciens. en une version expressionniste du giallo:
aux sources, l’abandon
Mais ce métrage traite les éclairages bleus, orangés, les lumières
d’une urbanité source de
avant tout de l’humain, les clignotantes, étirant ou estompant les
décrépitude. L’apoplexie
contaminés évoquant plus ombres des personnages, des alternances
du Survival Horror étant
des bêtes malades que des lumineuses rouge et jaune créent une
ici de réinstaurer le cercle
monstres. Car la sauvagerie ambiance d’irréalité, ces lumières ne
vertueux de la Nature.
est surtout en l’homme. Et provenant d’aucune source véritable. Ces
sans être atteint du virus, éclairages confèrent une certaine plasticité
Il s’agit donc
la plupart se comporteront aux actes abominables, néanmoins
presque d’un film politique
comme des bêtes; qu’il dantesques et colorés.
incitatif, afin que les gens
s’agisse des militaires qui

22
les carnets de l’assemblée # 3
 INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
Le lieu cinéma semble
disproportionné, difficile à intégrer pour
le spectateur, comme s’il était devenu
une antichambre vers un autre monde,
celui où se repaissent les démons. En
plein milieu d’un affrontement combinant
moto+démons+katana+rock tonitruant,
le plafond cède lorsqu’un hélicoptère
s’écrase dans la salle de projection. Avant-
goût d’un final apocalyptique à la Mad
Max dans une ville ravagée, les héros
embarqués dans une jeep filent vers l’ouest
pour débuter une nouvelle vie avant que le
générique ne réserve une surprise.
Démons 2 en est la suite directe
et presque affirmée car exit le final
apocalyptique du premier, commué en
certitude pour le monde que les démons
peuvent exister. Cette fois, une émission tv
explicite l’invasion des démons dans une
zone désormais interdite, destinée à donner
les liens scénaristiques au spectateur. Les
hommes ont bâti une zone barbelée pour
condamner la zone interdite qui évoque
ostensiblement le schéma de Land of
the Dead. Ici, le premier démon sort par
la tv dans notre réalité en pleine soirée
d’anniversaire; et, lorsque les lumières
s’éteignent pour la surprise, le spectateur
jubile dans l’expectative de ce qui va
arriver... et durant le siège de l’immeuble
qui culmine dans l’assaut du parking
souterrain, il ne sera pas déçu...
Survival Parasitaire
Frissons
(Shivers)
David Cronenberg – 1974
Film relevant du genre gore,
encore à ses premiers bouillons à l’époque,
Cronenberg part du postulat que le corps
humain est le fait premier de l’existence,
et tout, de la religion à la philosophie,
découle de cela et de la mortalité de
l’homme. Ainsi, réflechissant sur le corps et
l’existence humaine comme phénomène
physique, c’est la représentation des choses
organiques qui intéresse Cronenberg.
Ici, un médecin, moins traitant
que savant fou, a inoculé un parasite, fruit
d’expérimentations génétiques, dans le
corps de sa jeune maîtresse. Le parasite
s’échappe et une épidémie générant une
frénésie sexuelle mortifère se répand parmi
les habitants d’une tour résidentielle située
sur une île à proximité de Montréal.
L’ouverture du film est constituée
de plans fixes, tel un dépliant touristique
présentant toutes les commodités de l’île et
de la résidence Starliner. Dans le montage
en parallèle de ces cartes postales avec
l’arrivée d’un jeune couple désireux de
s’installer s’insèrent les séquences crues
d’un homme forçant la porte d’une
étudiante, comme voulant abuser d’elle,
puis l’étrangle, lui incise le ventre, y déverse
de l’acide avant de se trancher sa propre
gorge. Cette violence des premiers instants
place les conversations avec les occupants
de la tour et le déroulement du quotidien
dans une étrange et sordide perspective.
Le docteur St Luc, directeur du
dispensaire de l’île découvrira les corps dont
celui de son prof de médecine, le dr.Hobbes
qui théorisait l’élevage d’un parasite utile
pour en usiter à des fins médicales et
thérapiques. Pour lui l’homme aurait perdu
contact avec son corps et ses instincts, et
ce parasite, mélange d’aphrodisiaque
et de maladie vénérienne doit plonger le
monde dans une insouciante orgie.
Dans ce survival horror, l’homme
n’est finalement confronté qu’à son fait
premier: son propre corps qui se débat
et se rebelle (convulsions, douleurs,
vomissements sanguinolents). La scène
du parasité étendu sur son lit qui parle à
sa protubèrance ventrale mouvante lui
intimant de ne plus le faire souffrir soutient
l’idée que l’homme doit négocier avec
son corps, qu’il doit apprendre à maîtriser
sa machinerie corporelle. Le parasitage
outrancièrement sexuel se manifeste dans
des scènes telles que celle où la langue
d’un contaminé pourlèche ses lèvres
après que le parasite se soit extirpé par
sa bouche, ou quand la larve phallique
arrivée par le siphon durant le bain d’une
femme s’introduit en elle, provoquant un
rougissement des remous du bain, et muant
la douleur sur le visage en expression de
soulagement.
Les parasités réclament
instamment à copuler, comme cette vieille
dame qui se jettera sur un livreur pour
l’entraîner chez elle (« j’ai faim d’amour... »),
ou les agresseurs sexuels dans le parking.
Un regard sous-entend beaucoup
plus désormais, et c’est par un prisme
nouveau que St Luc entrevoit la réalité,
et par lequel passe la perception du
spectateur.
Bientôt les parasités sont plus
nombreux que les gens sains, piégés dans
des prémices gang-bangesques. Des
corps se jettent sur d’autres corps à même
23
encres
le sol, dans les couloirs, fusionnant lors de
comportements sexuels débridés. Des
jumelles dénudées tenues en laisse aboient
comme des chiennes, aux amies se passant
le parasite dans un baiser lesbien décisif,
sans omettre les deux hommes en slip
suivant St Luc, toutes les formes de sexualité
sont ici intégrées. Jusqu’à la découverte
par ce dernier, forcé de se refugier dans
un appartment, de la proximité du corps
d’une jeune femme avec celui de son vieux
père qui suggère le caractère dorénavant
incestueux de leur relation.
Sa compagne elle-même
parasitée, lui assure que « tout est érotique,
tout est sexuel, que même une vieille peau
peut être érotique, même la mort peut
être un acte érotique, que parler, respirer
et même exister physiquement est sexuel ».
Car le titre de Frissons évoque à la fois la
manifestation physique d’une sensation
de peur lorsqu’une normalité dérape dans
l’horreur et la répugnance, mais aussi les
frissons d’excitation sexuelle; ces deux
sensations faisant référence au rapport au
corps.
St Luc arrive à sortir, mais ils
marchent nombreux après lui. La scène
silencieuse où il est simplement séparé
des affamés sexuels par la vaste baie
vitrée d’une piscine précède un brouhaha
assourdissant dès qu’ils y seront rentrés.
Basculé dans l’eau, le docteur se débattra
en vain dans un ralenti d’une effroyable
lucidité: pourquoi ne pas s’abandonner?
Les derniers mots seront ceux d’un
commentateur radio qui annonce qu’une
vague de furie sexuelle et d’agressions
hystèriques s’est abattue sur la ville...
L’inéluctabilité de la propagation renvoie
à l’attraction sexuelle des corps, pulsion
que l’on ne peut endiguer, et processus clé
de la nature de l’humanité.
Parasite précurseur du cycle
incubateur des Aliens, cette horreur
corporelle vaut surtout pour la transgression
des tabous de l’époque prônant la
libération sexuelle. Mettant en images une
fantasmagorie des métaphores du corps
et de ce qui lui advient, Cronenberg nourrit
là certains échos psychanalytiques qui se
feront fréquents dans son cinéma.
L’Invasion des Profanateurs de
Sépultures
(Body Snatchers)
Don Siegel – 1956
De retour à Santa Mira, le
dr.Bennell se trouve confronté à un
phénomène d’hystérie collective où des
gens malades se retrouvent soudainement
rétablis. La découverte chez un ami d’un
mystérieux corps dont le visage est flou,
comme façonnable, précipite les choses.
Bientôt des clones se développant dans
des coques remplacent la population
durant son sommeil.
Si la génèse du processus, basé
sur le roman de Jack Finnay, est d’origine
extraterrestre (graines errant dans l’espace
les carnets de l’assemblée # 3
 encres
capable de reproduire toute forme de
vie), Bennell hypothètise au départ sur les
radiations et mutations engendrées par
les bombes atomiques. Ainsi, la voix off
du héros qui se questionne et rappelle les
enjeux, prend le spectateur pour confident
et l’implique de manière importante. La
paranoïa est de plus accentuée par ce
procédé, et grâce au biais du suggéré.
A la vue du chargement des coques
dans des camions à destination des villes
proches, Bennell songe à ce mal pernicieux
qui gangrène tout le pays. En apparence,
ce mal évoqué pourrait être assimilé au
communisme, mais sous la coque, l’idée
que le processus de changement rend
l’amour, l’émotion, l’ambition et la foi
inutiles et fait renaître dans un monde
sans problème et uniformisé, offre une
vision critique de la guerre froide et du
Maccarthysme. Curieuse coïncidence ou
ultime sarcasme, l’interprète du dr.Bennell
s’appelle Kevin McCarthy, évocation du
sénateur Joseph McCarthy, le meneur de
la procédure de traque des communistes.
Le final sera optimiste puisque Bennell,
ayant réussi à fuir de la ville, pourra donner
l’alerte; mais le film traduit néanmoins
l’angoisse de l’époque face à l’état du
monde.
L’Invasion des Profanateurs
(Body Snatchers)
Philip Kaufman – 1978
Grand film d’épouvante, la
séquence d’ouverture sur la surface d’une
planète montre des organismes gélatineux
qui sont essaimés dans l’espace, et dont
certains, à l’issue du générique, arriveront
sur la Terre. Le Pourquoi étant ainsi traité
très rapidement, reste dès lors à traiter du
Comment durant la suite du film.
Dans ce
brillant remake
où les parasites
font vraiment
référence à
des végétaux
s’ouvrant en
un calice de
pétales rosés,
Bennell (Donald
Sutherland) est inspecteur de l’hygiène à
San Francisco. La présence au casting de
l’ami psychiatre joué par Leonard Nimoy
à l’allure austère bien connue, contribue
à troubler encore plus le spectateur dans
la confrontation avec les faux-semblants.
A noter le caméo de Kevin McCarthy, le
dr.Bennell de 1956, qui, terrifié et poursuivi,
met en garde l’autre Bennell avant d’être
renversé par une voiture.
La réalisation remarquable et la
durée des plans apposent une inquiétante
étrangeté à un quotidien banal et
accroissent l’angoisse: au détour d’une
scène anodine, un homme en arrière plan
court comme poursuivi par le diable, ou
lorsqu’un homme tapi derrière une porte
vitrée épie les héros qui marchent au
premier plan dans un couloir.
les carnets de l’assemblée # 3
L’absence d’éclairage crée un clair-
obscur qui silhouette les individus de
façon inquiétante, déshumanisant les
personnages, juste réduits à l’état de formes
mouvantes. Cet éclairage sombre est un
prélude à une Humanité qui s’éclipse. En
outre, les cadrages et changements de
focale sur les visages distordent perspectives
et faciès. La figure du mari d’Elizabeth
est à ce propos glaçante d’angoisse. La
normalité sera bousculée et bientôt c’est
l’humain qui va devenir anormalité dans
cette insidieuse tragédie. Le travail sur le
son, avec les « plantes » qui se développent
hors-champ, place le spectateur dans une
perspective similaire à celle des héros qui
ignorent comment tout cela se produit.
Bennell est sûr, dynamique, au
sang froid et moral d’acier: un individu
fort qui incarne la minorité rebelle contre
la connivence du plus grand nombre, la
conspiration. Mais quand un personnage
de sa trempe cédera, cela signifiera qu’il
reste peu de chances pour l’Humanité.
L’effroyable cri des changés
donne le signal de la poursuite contre
les héros au sein d’une ville liguée contre
eux. Ces changés, ballet de silhouettes
arpentant la nuit urbaine sans un bruit,
auront raison des personnages, la
phagocytation de l’individu étant montrée
par l’entremise d’effets spéciaux fort
convenables. Dorénavant seul, Bennell,
découvrira comme à l’issue du premier film
un labo où sont cultivées les cosses et le
détruira dans un baroud d’honneur.
Les allusions de la version de 1956
étant caduques, l’accent est mis ici sur
l’alarme écologique au sein d’un monde
urbain pollué et abolitionniste des vertus
de son environnement naturel. Ce sont
d’ailleurs des « végétaux » ici qui viennent
pour coloniser l’univers des hommes.
L’épilogue laissera croire que
l’humain s’est adapté à cette évolution
et qu’il singe la désaffection d’émotions,
s’adaptant pour continuer à vivre...il sera
en réalité d’un pessimisme foudroyant...
Body Snatchers
Abel Ferrara – 1993
Ici c’est une famille, dont le
père est chimiste, qui emménage dans
une base militaire où certains ont peur de
dormir. L’horreur est ici plus psychologique,
comme dans la scène inquiétante de
l’école lorsque la maîtresse demande aux
éléves de lever leur dessin, tous identiques
sauf celui du fils du chimiste. Possible allusion
à l’uniformisation des comportments
ayant cours à notre époque, au manque
d’esprit critique, cette séquence évoque
l’ambiance du Village des Damnés (Wolf
Rilla – 1960).
Les cosses sont stockées dans
les eaux d’un marais près de la base et
récoltées par les soldats. Elles deviennent le
siège d’une gestation accélérée, libérant
des clones au regard vide, au visage sans
expression, à l’économie de mouvements,
juste simulacres d’humanité. A nouveau,
24
INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
des camions chargés par l’armée assurant
la logistique partent à destination d’autres
villes. Assez fade toutefois, comparé à
l’univers habituel développé par Ferrara
et ses allégories du pêché et de la
rédemption.
Facteur Zombies
Le théme du zombie, fort visité par
le cinéma fantastique, évoque au départ
la victime, le malade, le possédé avant de
représenter l’horreur, le négatif dégoûtant
d’une humanité, et finalement l’Autre.
Parfois incarnation physique d’une peur
primale: lien entre la mort et la vie, entre
réalité et au-delà.
La Nuit des Morts Vivants
(Night of the Living Dead)
George Romero – 1968
Sorti en 1968, ce film marginal
à la photographie noir et blanc laiteuse
bouscule l’imagerie romantique du zombie
pour en faire un monstre cannibale voulant
se repaître de chair humaine.
Réalisé avec des moyens
dérisoires, ce métrage débute avec une
esthétique classique des films d’horreur
des années 40-50, matiné d’un côté
gothique (cimetière, maison abandonnée,
campagne désolée). Il lorgne également
sur l’esprit de cette époque, avec la peur
communiste (films « d’invasion ») et la
crainte de la bombe atomique plus que
jamais présente (films où bêtes et hommes
mutent à cause des radiations).
Ici Romero reprend donc le
postulat de la mise en garde contre la
science en vogue dans les films d’horreur
des 50’s. Par ailleurs, les premières œuvres
de Romero seront toujours imprégnées
d’une connotation morale, engagée ou
politique, car pour lui le cinéma fantastique
doit bel et bien être utilisé comme manifeste
pour exprimer sa colère. Le mal contagieux,
l’agression de personnes saines par des
contaminés, le confinement dans un huis-
clos sont autant d’éléments d’épouvante
qui ont engagé un débat politique et social
durant la période de la guerre du Vietnam.
L’humiliation ressentie par les américains va
apposer un vive empreinte sur le cinéma
de cette époque.
 INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
Le parti pris d’une caméra mobile
évoquant le reportage colle au plus près
d’un quotidien ordinaire pour mieux en
marquer la rupture. Les contrepoints à
la dramaturgie classique sont nombreux
comme avec Barbra, positionnée comme
le personnage principal, finalement écartée
au profit de Ben, héros noir de surcroît. Son
intrusion brutale à la fois dans la maison et
dans le champ de la caméra peut laisser
croire à un nouvel agresseur, d’autant qu’il
s’agit d’un homme noir face à une femme
blanche. Les vieux esthétismes de l’horreur
(cimetière désert, sépultures, musique
angoissante faisant écho à une marche
funèbre, orage) s’estomperont au profit
d’une continuité moins conventionnelle.
L’expressivité des visages alliée
à l’éclairage minimaliste des gros plans
des zombies et rescapés, évoquent
certains relents expressionnistes. De plus,
des raccords particuliers insistant sur les
personnages, accentuent leur désarroi et
leur impuissance.
Le génie de ce survival horror
réside également dans la mise en scène
de la Survivance avec la démonstration
des comportements humains et leur
révélation en situation de crise. Ben, seul
résistant lucide, est toujours dans l’action
(protection, aménagement des défenses)
alors que les autres sont passifs, immatures
ou lâches, d’ores et déjà des victimes
en sursis. L’économie de moyens met
alors en place une excitante situation de
personnages, à l’instar de celle de Reservoir
Dogs. L’exaspérant Cooper est volontiers
donneur d’ordres, lâche et borné, et sa
peur paranoïaque met en péril le groupe,
surtout lorsque, raciste, il ne veut se rallier
à l’avis d’un noir. Lors d’un assaut, Cooper
révèlera même sa traîtrise ultime braquant
Ben pour le laisser se débattre seul avec les
zombies.
Romero traite aussi de l’idée
d’exclusion et d’un discours paranoïaque
notamment à cause des bouleversements
des 60’s, période la plus violente aux USA
depuis la guerre de sécession. Ainsi, Cooper,
le père de famille ne veut rien entendre
et rien faire, à la mesure de l’américain
moyen qui se voile la face, espérant que
sa vie ne sera pas perturbée.
Le dispositif cinématographique,
à la lisière du documentaire est palpable
lorsque Ben raconte son histoire et sa
rencontre avec les premiers zombies, sans
qu’il n’y ait de contrechamp sur la réaction
de Barbra censée écouter: il témoigne
plus face à la caméra qu’il ne parle à
un autre personnage. Le long passage
radio, flot ininterrompu d’infos décrivant
les événements et les modalités à suivre,
ou celui de la séquence tv renforcent le
côté documentaire, en prise avec un réel
terrifiant. Cela fait également référence
au réalisme du processus de filmage du
documenteur Peter Watkins avec des
œuvres comme Punishment Park, The
War...
encres
A l’aube, le plan où Ben dodeline été vu – livre un regard politique sévère
de la tête laisse planer un doute sur son sur la société américaine aux prises avec
éventuelle transformation. l’actualité de la guerre au Vietnam et les
Sortant de la cave, il s’approche émeutes raciales.
prudemment d’une fenêtre pour voir
l’agitation au dehors et pris pour un Zombie
zombie, sera abattu par un milicien.
L’implication politique ici est énorme
(Dawn of the Dead)
George Romero – 1978
puisque Ben est afro-américain, écho
direct à l’assassinat de Martin Luther King.
Œuvre clé d’un certain
Le pessimisme du final s’amplifie dans
avénèment du gore, l’approche dans
une succession de photos des miliciens
Zombie d’une horreur résolument
et des corps récupérés pour être brûlés,
démonstrative et récréative l’emporte
et d’éclats de voix. L’utilisation d’images
dorénavant sur le suggéré.
fixes illustre la mentalité américaine face
Son auteur incite toujours à la
à la violence, où la force est conférée par
méfiance envers toute forme de pouvoir, et
l’arme (discours de nombreux westerns,
la première séquence de la station tv attise
dans le Survivant avec Heston...). Ainsi le
un feu rebelle lorsqu’éclatent les difficultés
parcours du cadavre de Ben aboutit au
de communication, les controverses
bûcher, entérinant que le vrai danger pour
du débat, la panique de la population
l’homme n’est finalement que lui même.
désinformée et le désarroi des autorités. Le
Cette dernière séquence fait référence
plan où l’hélicoptère survole des étages de
à l’opération « search and destroy » en
buildings qui s’éteignent au fur et à mesure
cours pendant la guerre du Vietnam. Le
traduit la fragilité de notre société, concision
cannibalisme littéral des zombies dévorant
des conjectures de la crise d’une civilisation,
tripes et chair humaine est une parabole
de son déclin. La fuite des personnages
sur l’homme dans notre société devenu un
principaux ou encore l’invasion des pillards
prédateur pour ses semblables.
signifient bien l’éclatement de la société, le
Néanmoins le discours du film
primat d’un nouvel individualisme et d’une
n’est pas moralisateur, se contentant de
instinctive anarchie pour la survie. De
montrer de façon flagrante, extrapolation
même que les zombies doivent tuer pour
d’un cinéma-vérité, réaliste en dépit de
se nourrir et exister, symbole du plus hideux
son aspect fantastique. La peur suscitée
individualisme.
découle de ce réalisme froid dans lequel
des acteurs inconnus traduisent bien
l’ordinaire humanité de leurs personnages.
L’anticonformisme de Romero
s’affiche pleinement dans La Nuit des
Morts-Vivants avec la critique des médias,
la brutalité de l’action privilégiée face aux
limpides explications habituelles, un final
ne sacrifiant pas au happy-end classique,
et l’insistance sur l’idée que le facteur
déclencheur provienne d’une fusée
américaine, comme pour mieux placer
l’Amérique face à ses contradictions et ses
responsabilités.
Zombie permet à son auteur de
critiquer la société de consommation car
Allégorie sur la guerre du
le récit se déroule principalement dans un
Vietnam débutée depuis 3 ans et au final
centre commercial. Les zombies y viennent
sans espoir, les contestations se font plus
par instinct, suivant les habitudes du
vivaces à mesure que les morts américains
vivant, reproduisant un réflexe de masse.
s’accumulent, et le meurtre passé du
La séquence radio en voix-off ponctuée
président Kennedy sur le sol américain
d’images de zombies qui « s’affairent »
entérine la fin d’une certaine forme
dans le supermarché suggère même un
d’innocence. Quasi métaphore visionnaire
documentaire animalier ou social réaliste.
d’une société nouvelle en train de naître
Le faciès des zombies « envieux de chair »
sur les futurs ruines de la précédente, mais
agglutinés à la vitrine évoque de façon
que la population ne peut voir émerger,
satirique l’attrait des consommateurs
privée de la distance nécessaire à cause
via les enseignes lumineuses, l’étalage
des bouleversements de cette époque,
des produits, l’abondante publicité.
La Nuit des Morts Vivants est un œuvre
Microcosme d’une société aliénante, le
progressiste questionnant certaines valeurs
centre attire donc des zombies, ici les
qui à l’accoutumée vont de soi. Film reniant
morts-vivants, mais habituellement les
la tradition d’un cinéma fantastique aux
clients ordinaires.
codes bien ancrés, il contourne la censure,
Par ailleurs, les zombies
instille de nouveaux repères et devient le
symbolisent également les exclus d’une
mètre-étalon d’une kyrielle de productions
logique consumériste, les pauvres et laissés
horrifiques.
pour compte, métaphores de la colère
Ce brulôt contestataire, dont
des gens dans la rue. A l’exemple de la
l’impact intact l’a érigé en film culte
séquence d’ouverture présentant les noirs,
– connu de beaucoup même sans avoir
les exclus des quartiers pauvres comme les
25
les carnets de l’assemblée # 3
 encres
premiers touchés par ce mal. Métrage à
la portée sociale, avertissement terrifiant
et prophétique qui de nos jours n’a jamais
été autant d’actualité. La prédication
du prêtre noir unijambiste est, à ce titre,
effroyable d’implications : « Quand les
morts se mettent à marcher, mieux vaut ne
plus tuer ou l’on perdra la guerre... »
De plus, par des plans sur des
produits symbolisant le superflu et générés
pour réaliser du profit, Romero critique
l’antre de consommation au sein duquel
les héros circulent comme dans un
parc d’attraction. Lorsque les motards
envahissent le centre, l’un des héros, ne
supportant pas qu’ils puissent s’emparer
des biens, tente de les arrêter, montrant là
l’envie humaine de posséder
sans cesse renouvelée. La
futilité d’une consommation
irraisonnée s’affiche lors du
casse d’une télé qu’un pillard
souhaite emporter mais qu’il
ne pourra pas utiliser, quand
un autre se saisit d’une
chemise qu’il jettera aussitôt,
ou lors du vol de bijoux sur des
zombies féminins.
Un esprit western, et donc
purement américain, plane dans le film,
cocassement illustré lorsque les héros
s’équipent à l’armurerie jusqu’à se
munir de holsters de cuisse, ceinturons
et reproductions de colts anciens pour
défendre un fort commercial contre
l’assaut de sanguinaires indiens. Les
pillards symbolisent en outre des espèces
de cowboys exterminateurs de zombies,
assimilés aux indiens, les massacrant
comme à la fête foraine; mais aussi à l’aide
de leurs armes exotiques (hache viking,
fléau, mitraillette thompson, chapeau
mexicain...): rémanence des barbares
des temps anciens. Motards et zombies
déferlent ainsi sur la civilisation pour la
détruire. De même que dehors, les milices
partent en campagne et butent du zombie
de manière ludique, alors que les héros,
pour assainir le centre, organisent un safari
macabre.
La fuite en hélicoptère de Peter le
noir et Francine la blonde dans un sursaut
d’espoir suggère l’élan de la création d’une
nouvelle société ailleurs et en mieux.
Ce film d’horreur indépendant engagé
est une satire sur la frénésie consumériste
de la société dans laquelle même les
morts reviennent pour « consommer ». Si
cette forme d’apocalypse annonce la
contestation de l’influence de l’humanité,
Romero dénonce les malaises de la société
américaine qu’il exècre par l’entremise de
l’horreur...
Dans Le Jour des Morts Vivants
(Day of the Dead – 1985), ce sont les
humains l’anormalité alors que les zombies
sont chasseurs. Dès le début, la fin du
monde ne fait plus de doute à la vue des
dollars éparpillés sur le sol, simples reliquats
les carnets de l’assemblée # 3
INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
d’un impérialisme du profit. Si dans Zombie, firmament dans ce métrage, et les
les héros ont l’idée de nourrir les morts, ici il nombreux gros plan sur les yeux affichent
est question de les domestiquer et de mener l’horreur qui s’y reflète. Des zooms brusques
des expériences: l’homme voulant toujours et la caméra souvent placée du côté des
tenter de contrôler même l’instrument le zombies permet d’insister sur la terreur qui
plus inéluctable de son apocalypse. La étreint les personnages et les réactions
reproduction d’une société miniature, qui impriment leurs visages. La bande son
exclusivement dominée par scientifiques martelée, certains cadrages et mouvements
et militaires, ne constitue pas un sujet aussi de caméra ainsi que l’éclairage nimbent
pertinent que ceux des opus précédents, le métrage d’un palpable malaise. Parfois
et ce film perd l’énergie initiale insufflée au une horreur hors-champ, suggérée par
début du cycle des Morts Vivants. des bruitages, des grondements, contraste
avec les scènes gores s’étalant en gros
Frayeurs plan. Ces séquences composent une
litanie de la chair où s’affiche l’imagerie
(City of The Living Dead) sordide et raffinée d’une horreur viscérale:
Lucio Fulci – 1980
des corps décharnés envahis d’insectes
nécrophages, un visage féminin barbouillé
Dès la première
de matières impies et de vers grouillants,
séquence à la tonalité
un abondant saignement des yeux, une
d’image grisâtre, la silhouette
bouche vomissant les organes internes
enveloppée dans la brume
du corps, des cerveaux extirpés, un
d’un homme d’église
crâne percé par une foreuse, un blizzard
déambule dans un cimetière
d’asticots vivants qui envahit une pièce et
à Dunwich. Le religieux s’y
menace d’étouffer les personnages, des
pendra alors qu’au même
rats rognant des plaies, des chairs giclées
moment, à New York, une
au plafond qui tombent en particules
spirite hallucinée au visage
souillant assiettes et verre de lait...
transfiguré par l’angoisse
précise qu’il y a ailleurs
Au climax, dans les souterrains de
dans plusieurs villes des choses horribles
la cité des morts, les héros seront confrontés
qui défient l’imagination. L’ambiance
à l’épicentre de l’horreur où anciens
de Frayeurs est plantée, et la mélopée
morts, squelettes et corps boursouflés
musicale à la fois rythmée et inéluctable
s’animent durant la nuit de la Toussaint.
alimente le malaise de la perception de
Le final énigmatique entèrine l’idée d’une
choses au delà d’un placide quotidien.
perpétuelle inéluctabilité.
Ce film mêlera emprunts à des références
Chez Fulci, l’irruption des zombies
culturelles axées sur l’occulte et l’horreur,
ne découle pas de la science, mais d’une
galerie de visages inquiétés et inquiétants,
force occulte. Ainsi de simples plans sur des
et scènes au démonstratif nauséeux.
cercueils ouverts prouvent que les morts
n’ont plus le repos, des faciès cadavres figés
D’essence et d’inexorabilité
dans l’obscurité et certaines économies
lovecraftienne, les horreurs semblent
d’effets s’avérent bien plus effrayants que
tapies là depuis longtemps, à l’instar de
les images chocs, car déchaînent dès lors
Dunwich, érigée sur l’ancienne Salem, ville
l’imagination du spectateur.
maudite des sorcières. Le film est bâti sur
l’alternance de scènes de l’intrigue et de
scènes d’horreur pure où le gore manifeste L’Au-delà
Lucio Fulci – 1981
l’emprise croissante de la cité maudite.
Le journaliste apprendra que selon le livre
Liza hérite d’un vieil hôtel en
d’Enoch existe une cité des morts et la
Louisiane et décide de le restaurer, mais
spirite dans ses visions saura que la porte
bientôt des phénomènes étranges s’y
vers cet enfer se trouve à Dunwich. La
mort du prêtre ayant agi comme la clef produisent. Des gens en contact avec
la bâtisse meurent de manière suspecte
qui libère l’accés à la cité des morts, les
et immonde. Liza, aidée du dr.McCabe,
personnages doivent trouver un moyen
tentant de résoudre le
de condamner cet accès
mystère, découvrira qu’en
avant la Toussaint.
1927, un peintre fou ayant
peint sa vision de l’Enfer y
La scène – réusitée
a été accusé de sorcellerie
par Tarantino dans Kill Bill
puis détruit, alors qu’un
Vol.2 – où le journaliste
ouvrage pluri-millénaire
délivre la spirite enterrée,
précise que l’endroit est
suite à un coma, de son
implanté sur une porte
cercueil suscite un pur effroi.
menant vers l’Au-delà.
La vue de l’intérieur laisse
percevoir une aura bleutée froide qui donne
à percevoir la tête de l’actrice comme un Sans ironie, ni touches d’humour,
Fulci assène au spectateur son univers dans
crâne. Ses cris guident son libérateur qui tel
un parti-pris réaliste. Chez lui, la tonalité est
un forcené assène des coups de pioches à
pessimiste et l’humanité en péril quasiment
trop peu de centimètres de son visage...
toujours condamnée à disparaître. Les
victoires ne font que repousser l’inéluctable
L’esthétique et la poésie du
un peu comme chez Lovecraft. Un auteur
macabre de Fulci culminent à leur
26
 INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
dont Fulci emprunte la référence du Livre
des prophéties d’Eibon, transmises depuis
plus de 4000 ans, qui stipule que 7 portes
sont cachées en Enfer, en 7 endroits
maudits sur terre et dans la mer.
L’horreur viscérale traitée ici
passe par de nombreuses scènes choc,
renforcées par des zooms complaisants
sur les plaies du peintre lacéré à coups de
chaines, cloué au mur, et dont le visage
s’écoulera en un magma bouillonnant
de chair après avoir été aspergé de
chaux vive, sur une énucléation par des
doigts crochus, une fille voyant sa mère
être liquéfiée par de l’acide, une nuée
d’araignées velues mutilant un visage en
y dévorant des lambeaux de chair, la tête
d’une victime plaquée sur un clou du mur
faisant gicler un globe oculaire...
Une mystérieuse jeune femme
aveugle, dont l’intonation de voix
résonnante renforce l’étrangeté, livrera
le secret de l’hôtel maudit, ayant
probablement perdu ses yeux suite à
l’abondante lecture du livre. McCabe, en
sceptique homme de science, doute de
l’état mental de Liza, mais lorsque l’horreur
se déchaîne il devra se rendre à l’évidence.
Les murs de l’hôtel saignent, les ombres
menacantes se font légion, les cadavres
s’extirpent de leur linceuil, avant-goût d’un
Au-delà s’invitant sur Terre.
Les personnages, comprenant ce
qui se passe, seront finalement impuissants
pour contrer des forces impies qui les
dépassent. Condamnés à déambuler
dans un no man’s land où gisent des corps
à perte de vue, l’hôtel étant désormais
investi par les forces de l’enfer, les yeux
de Liza et de McCabe blanchissent et ils
disparaissent alors physiquement, passés
dans l’Au-delà...
Comme souvent chez Fulci, le destin de
quelques personnes mis en exergue pour
solder le devenir de l’humanité confère au
métrage un climat oppressant.
Microcosme Hostile
L’élément sain égaré dans un
milieu hostile est un versant constitutif
important du survival horror. A l’exemple des
films de Neil Marshall, Dog Soldiers (2002) et
The Descent (2005), prototypes parfaits du
métrage survival horror où un compte défini
de personnages évolue dans un décor
bientôt prison (la forêt sauvage écossaise
pour Dog Soldiers, les grottes de The
Descent) face à une menace hargneuse
(loups-garous ou créatures cavernicoles),
pour se constituer en Survivance prête à
vendre chèrement sa peau.
Silent Hill
Christophe Gans – 2006
L’ouverture sur une nature
lumineuse où mère et fille sont réunies,
adossées à un arbre dans un pré, sera
éclipsée par leur séparation dans un huis-
clos d’une glauque et obscure urbanité.
Si l’esthétique et certains
plans sont hallucinants, la
forme du film très vidéo-
ludique – l’intrigue étant
ressérée sur 2 personnages
– n’est guère surprenante
car adaptée de la série
de jeux vidéos éponyme. Le personnage
arpente une succession de lieux et
découvre des indices mais ce côté artificiel
offre au final un film froid et distancié.
Si l’enjeu de départ, une mère prête à
tout affronter qui cherche sa fille dans
un environnement hostile et inconnu, est
fort émotionnellement, très vite le style
l’emporte sur le fond.
Ici pas de terreur sourde, ni
d’ambiance angoissante mais une
horreur graphique et stylisée, suscitée par
les bizzareries visuelles qui parsèment les
recoins de Silent Hill. Le parcours en parallèle
du mari atténuant la vive impression de
claustrophobie du métrage. Reste ces
bizarreries qui semblent sorties tantôt d’un
rêve nébuleux, tantôt d’un cauchemar
baroque.
The Thing
John Carpenter – 1981
Un vaisseau
spatial en
p e r d i t i o n
pénètre dans
l’atmosphère de
la terre avant
que surgisse le
titre du film. Sur
la désolation blanchâtre de l’Antarctique,
un hélicoptère norvégien tente d’abattre
un chien qui se refugiera dans une station
polaire US. Rapidement, l’ambiance et le
décor, avec un blizzard qui s’abat et la
rupture des communications, contribuent à
la mise en place d’un huis-clos oppressant
où tout transpire la menace.
Tiré de la nouvelle originale Who
goes there de John W. Campbell Jr, ce film
distille un malaise dès la première image
jusqu’à l’issue, et l’emprise sur le spectateur
est totale.
Intrigués, certains membres
de la station partent visiter la base des
norvégiens qui s’avère désertée et
saccagée. La première sculpture d’horreur
du film sera celle d’un homme qui s’est
tranché les veines et
dont les flots de sang ont
gelé. Ils découvriront une
forme étrange calcinée, ni
humaine, ni animale, mais
indéterminée. L’angoisse
monte à nouveau lorsque
Carpenter prend le parti-
pris d’offrir l’aperçu terrifiant
de la base norvégienne
comme le possible devenir
de la station US. En effet,
c’est l’horreur qui se laisse
anticiper par le spectateur
qui contribue à une menace
indicible comme aimait à les
dénoncer Lovecraft. Ici la
27
encres
menace est à la fois une
créature métamorphe
et un mal contagieux. La
Chose ayant la capacité
d’absorber et d’imiter
d’autres formes de vie,
établit le fait que chaque
survivant est un danger potentiel pour les
autres.
Le concept de la Survivance est
très cohérent et alimente les soupçons
étant donné que personne ne se fait
confiance. Les tensions s’exacerbent
jusqu’au sabotage, la traîtrise, l’erreur sur la
personne, le sacrifice. Bientôt l’arme devient
l’élément décisif qui octroie l’autorité, et les
morts imprévisibles accroissent la tension.
La preuve par la scène du test sanguin
afin de savoir qui est le réceptacle de la
Chose. Une Chose dont la non-présence
angoissante plane tout au long du film et
dont les matérialisations ineffables renvoient
à une immonde sculpturalité artistique de
l’horreur.
Alors que les derniers survivants
semblent innocentés, un court passage
en caméra presque subjectivée induit la
sensation que la Chose est toutefois dans
la base... ou est-ce la transcription imagée
de cette fascination mêlée de peur pour
le mal qui peut croître en l’homme, et ici le
transformer littéralement...
Post Mortem
Après cela, impossible d’avoir
survécu à tous les maux ci-dessus. Vous
voilà donc mort, seul état stable que l’on
puisse tous atteindre un jour, bien qu’ici,
possible simple étape transitoire avant de
devenir autre chose...
Si le Survival Horror
cinématographique nous confronte à nos
propres faiblesses d’être humain ainsi qu’à
la part hideuse d’humanité en chacun de
nous, il nous renvoie également à notre
précarité mortelle, et finalement dans tout
les sens du terme, à notre fragilité profonde.
Il peut induire certaines visées idéologiques
ou l’humilité de notre condition face à une
logique naturelle souvent bafouée par
l’homme, le Surnaturel prenant ici la pleine
mesure de son étymologie.
Plus que de parasite protomorphe,
de hordes d’ennemis hostiles ou de créatures
oubliées des hommes, ce
Cinéma, au travers ses
circonvolutions exacerbées,
grandguinolesques,
horrifiques ou sordides ne
parle en définitive que
d’humanité...
denrée périssable...
par Erron Flyll
les carnets de l’assemblée # 3
 encres
ZOMBIE
harbor
Sous ce nom tout droit sorti d’un
film de série Z des années 70 se
cache un vaste concept de
création artistique qui touche de
nombreuses disciplines et médias
différents. Avant de vous en dire
plus sur ce projet initié par Anthony
“ Hardtone ” Ceccarelli et Johann
“ Yoz ” Bodin, respectivement
photographe et illustrateur, il est
nécessaire de vous éclaircir sur
le “ monde ” de Zombie Harbor
parce qu’il s’agit bien d’un univers
fictif original, sur cette approche du
zombie et du rôle qui lui est donné,
loin des clichés dont on a usé et
abusé, avec bonheur, jusqu’à
aujourd’hui.
Le monde
Imaginons qu’un jour, comme il
nous arrive de le voir dans le plus classique
des films de zombies, les morts se relèvent
et se mettent à manger tout le monde.
Les humains, comme devant chaque
nouvelle menace, se mobilisent alors et la
combattent. Nous prenons le parti, dans
l’univers de ZH, à contrario des scenarii
habituels des films de ce genre, que les
humains réussissent à endiguer ce danger
mortel pour leur espèce et à contrôler les
zombies par divers moyens chimiques ou
technologiques. Ils ne sont donc plus un
danger et peuvent même rendre quelques
menus services, voire plus si affinités…
Quelle aubaine finalement
que d’avoir une main d’œuvre à un prix
dérisoire (quasiment gratuit hormis un
les carnets de l’assemblée # 3
[ les morts parlent ! ]
peu d’entretien) pour une économie
avide de croissance telle que la nôtre.
Il se trouve que ces zombies permettent
un réel développement de l’économie
libérale que nous connaissons aujourd’hui.
De nouveaux besoins liés à l’entretien,
au confort ou à la cosmétique des
zombies apparaissent et des sociétés
se positionnent donc sur ces nouveaux
marchés très prometteurs. De plus les
zombies deviennent à la fois des esclaves
auxquels les tâches les plus simples sont
confiées ; ils deviennent parfois des
ouvriers qui ne craignent ni la douleur ni le
danger, des esclaves sexuels infatigables
ou des agents de sécurité terrifiants. Bref,
la liste de tous ces métiers est longue,
réservés aux classes sociales défavorisées,
désormais dévolues aux morts-vivants. Ils
sont aussi parfois des êtres chéris par leur
propriétaire à la manière des relations
ambiguës maître/esclave qu’il y a pu avoir
dans l’Antiquité.
Tout pourrait aller pour le mieux
dans le meilleur des mondes possible si,
pour une raison inconnue (de la même
manière que nous ne savons pas pourquoi
les morts sont “ revenus ” à la vie), certains
de ces zombies n’avaient commencé
à accéder à une forme de conscience
de leur condition d’esclave et à vouloir
s’affranchir de cet état.
C’est là que sont apparus les
Zombie Harbor qui tiennent leur nom
du premier refuge pour zombies qui se
trouvait sur le port abandonné d’une ville
dont on a oublié le nom. Imaginez un peu
les bases Rebelles dans Star Wars, et bien
il y a un peu de ça dans Zombie Harbor,
sauf que ces havres de paix se situent en
marge de la société humaine, dans les
endroits abandonnés, à la périphérie des
villes, dans les bas-fonds et les égouts. Les
28
INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ...
zombies tentent alors de s’organiser à leur
manière, avec l’aide de quelques humains
dissidents, pour libérer leurs frères esclaves
et déjouer la propagande humaine. On
imagine aisément, connaissant la nature
intrinsèque du zombie, que tout cela va se
faire dans le sang…
C’est ici que commence l’action
des différentes histoires que nous créons,
au sein desquelles les zombies ont le
premier rôle. C’est une sorte de “Walking
Dead ” à l’envers (cf. le comics de Robert
Kirkman et Tony Moore) ; ce n’est pas
l’histoire d’humains qui tentent de survivre
dans un monde dominé par les zombies
mais l’histoire de zombies qui essaient de
survivre dans un monde que les humains
ont toujours dominé… Un univers très
proche du nôtre finalement, à quelques
petits détails près...
La naissance de
Zombie Harbor
La projet ZH est né et s’est développé en
plusieurs étapes dont voici l’historique…
Chapitre 1: La Genèse
C’est suite à une proposition
pour participer à une exposition collective
pour les 150 ans du port industriel de
Caen que Yoz et Hardtone ont collaboré
pour la première fois à la réalisation de 3
tableaux, 3 scènes, résultat d’un mélange
de photographie et de matte painting
(technique de retouche d’image propre
aux illustrateurs travaillant en digital) tout
droit sorties du plus classique des films
de zombies. Le décor en était le port de
Caen, d’où le nom de Zombie Harbor.
 INSPIRATIONS, LITTÉRATURE ... encres

Chapitre 2 : le site internet BPM (le groupe de Yoz) et Pain Society.

Pour montrer ce travail à un
plus large public une fois l’expo finie,
ils ont créé un site internet, avec l’aide
d’un troisième collègue, Pierre-Jean
“ Ghostdub ” Courtier, infographiste de son
état, qui est devenu un peu plus qu’une
simple galerie puisqu’une communauté
virtuelle de zombies s’est mise en place
d’une manière spontanée et inattendue.
En effet, partie de rien, la communauté
compte aujourd’hui près de 140 membres
et de nombreuses possibilités leurs sont
Le principe en était très simple : “ 2 euros
l’entrée et gratuit pour les zombies ! ”.
Les membres des groupes étaient bien
évidemment eux-mêmes en morts-vivants.
Une vidéo, visible sur le site, a été tournée
lors de cette soirée.
Chapitre 5 : SPOAZS
Ce nom barbare n’est autre que
le sigle de “ Social Portrait Of A Zombie
Society ” une série de portraits zombies
créée par Hardtone qui s’inspire de

illustrations : (c) Zombie Harbor

proposées quant à leur participation au
site. Ils peuvent rédiger des articles pour
alimenter la “ Zombiclopédia ”, la grande
encyclopédie du zombie, ou mettre leurs
créations graphiques dans une galerie.
C’est aussi à partir du site qu’Hardtone
a commencé à développer un univers
original en créant le site de l’AZEG, la
fameuse [Agence de Zombification Extra-
Gouvernementale, chargée de contrôler
les zombies au service des humains dans le
monde de ZH.
http://azegharbor.free.fr
photographes contemporains, de films de
genre et d’une approche documentaire
de la photographie. Elle s’intègre dans
l’univers de Zombie Harbor dont elle est
un des piliers et élément rassembleur. Un
site est entièrement dédié à ce travail
et permet à qui le veut de s’inscrire pour
devenir le temps d’un soir un zombie de ZH,
membre de cette communauté de morts-
vivants résistants.
http://spoazs.free.fr
comptons organiser une Zombie Walk*
The Zombie Harbor à Paris le 26 octobre, décrétée journée

Chapitre 3 : l’Association
En février 2008, six mois après
l’exposition nous décidons, les trois membres
fondateurs de ZH, de créer l’association
Zombie Harbor avec comme objectifs
la promotion d’artistes participants au
projet ZH, l’organisation d’évènementiels
de toutes sortes (expos, concerts, zombie
walk*...) et la production de créations
artistiques multi-supports.
Chapitre 4 : Zombie Harbor Live
La création d’événementiel, pour
rendre tangible et alimenter la vie de cette
communauté zombie s’est rapidement
fait sentir et c’est sous l’impulsion de Yoz,
guitariste en plus d’être un illustrateur
chevronné, que s’est monté le premier
concert zombie sous le nom de Zombie
Harbor Live,, dans un bar caennais
avec 3 groupes locaux,
Sheiza,
Project
Le postulat de Zombie Harbor, dans notre
approche du processus créatif, est le
suivant :
Nous faisons comme si nous avions
un film avec tout son univers, son histoire,
ses personnages, héros et ennemis, et nous
créons tous les supports de communication
qui y sont liés. Dans le même processus nous
starifions certains personnages, comme
la désormais célèbre Krystale Tombale,
égérie du parfum “Blafarde ”, à qui nous
donnons vie via son Myspace et son site
internet. Tout cela bien évidemment dans
le but d’un jour faire un film avec tout
cet univers que nous aurons développé
sur des médias qui nous sont abordables
et qui ne nécessitent pas le considérable
investissement que constitue la production
d’un long métrage.
Comme disait Dan Rudayar le célèbre
philosophe : “ C’est à partir d’un petit virus
que se propage une grande épidémie ””.
mondiale des zombies, qui prendra la
forme d’une manifestation de morts-vivants
avec leurs propres revendications sociales
(anniversaire de Mai 68 oblige !).
Enfin pour clôturer l’année en
beauté nous organisons une soirée zombie,
avec Punish Yourself en tête d’affiche, en
partenariat avec Le Cargö, la Salle des
Musiques Actuelles de Basse-Normandie à
Caen, qui sera plus qu’un simple concert
puisque nous allons immerger totalement
les spectateurs dans le monde de ZH. Il se
trouve que Le Cargö est sur la presqu’île
de Caen, à l’endroit même ou est né le
premier Zombie Harbor… On ne vous en
dit pas plus pour l’instant mais suivez bien
l’actu de cette soirée !
par Hardtone
*Zombie Walk : grand rassemblement de
zombies qui marchent dans la rue

Après à peine un an d’existence,

le projet ZH, essentiellement orienté
autour de l’image fixe, se diversifie tant La galaxie
du point de vue du support que de
son contenu. L’accent va maintenant
de sites ZH
être mis sur la production de courts
métrages et spots publicitaires des Voici une petite
produits pour zombies. Une véritable liste provisoire
réalité virtuelle, via la création de de la toile ZH ; en
tout un réseau de sites internet des effet de nombreux
sociétés fabricants ces produits, sites vont venir étoffer cet
est aussi en développement. univers très prochainement :
Nous travaillons parallèlement à
la création de mini-histoires, qui www.zombieharbor.com
prendront la forme de comics et http://spoazs.free.fr
de roman-photo et qui vont nous http://d-compoz.dahuu.fr
permettre de développer notre http://azegharbor.free.fr
univers. L’aspect événementiel
n’est pas en reste puisque nous

29
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
illustrations : Copyright ©2007-2008 Flying Frog Productions, LLC. All rights reserved.
Used With Permission.
Suite à la découverte de
l’excellent jeu de plateau Last
Night on Earth, nous voulions
en savoir plus sur Flying
Frog Productions, nouvel
éditeur américain. C’est son
co-fondateur et directeur
artistique Jack Scott Hill qui a
bien voulu se prêter au jeu de
la Question.
Last Night on Earth, The Zombie Game, sort
alors qu’il existe déjà plusieurs jeux sur ce
même créneau du revival survival-horror.
Quels sont les originalités de votre jeu par
rapport à ceux des autres éditeurs ?
JSH : En tant que fans de zombies et de
films d’horreur, nous voulions recréer une
ambiance cinématographique au travers
d’un jeu de plateau, et nous voulions que
cela se ressente à la fois dans le système
du jeu et dans son design. L’artwork
est à base de photographies et nous
voulions l’aborder comme un tournage
de film : avec acteurs, décors, éclairages,
maquillages, accessoires, etc... Le système
de jeu est aussi cinématographique dans
le sens où les personnages sont archétypés
de manière très clichesque, comme dans
les films de genre : le shérif d’une petite
bourgade, un vagabond arrivé au mauvais
endroit au mauvais moment, celui où des
zombies décident d’attaquer la ville,...
Nous offrons également plusieurs situations
de scénarios rejouables à de joueurs nous ont fait remarquer que
l’infini, chacun
illustrant une
intrigue de
film d’horreur.
Notre jeu se
positionne
de manière
inédite dans
le fait que
certains
j o u e u r s
peuvent
manipuler
les zombies et
les carnets de l’assemblée # 3
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
FLYING FROG
productions
prendre le contrôle d’une armée de morts-
vivants décharnés et avides de cerveaux.
C’est ce qui nous a conquis sur Last
Night on Earth, ces prises de vues réelles
retouchées. C’était dans un but de
réalisme visuel ? Ou pour vous démarquer
des habituelles illustrations ?
Dès le début, ma volonté était de voir ce
jeu illustré exclusivement par des photos.
Nous voulions que les joueurs s’identifient
plus facilement aux héros. J’ai travaillé
dans le domaine de la photo pendant
des années et mon sujet favori était
justement les portraits. Il est toujours plus
intéressant d’évoquer une émotion ou
une situation à l’aide d’une photographie
de quelqu’un. Si vous analysez le design
de Last Night on Earth, il se concentre
essentiellement sur les personnages. Vous
ressentez immédiatement le stress ou la
satisfaction rien qu’en lisant l’expression
des personnages mis en scène. Beaucoup
notre jeu pouvait être abordable par
toute la famille car l’horreur n’y transparaît
pas via le simple fait du gore gratuit, mais
surtout grâce aux réactions de ses héros.
Entre autres choses, je suis également un
artiste 3D et j’ai donc injecté des modèles
en 3D dans les différentes scènes, et
grâce à cette technique j’ai pu choisir les
meilleurs angles de vue. C’est aussi une
technique qu’on a essayé d’appliquer
durant les prises de vues : on a tourné
autour des acteurs en place, shootant en
continu afin d’obtenir le plus large panel
de perspectives possibles.
30
[i n t e r v i e w ]
Comment avez-vous convaincu les
comédiens ? Sont-ils professionnels ou
figurants amateurs ? Avez-vous effectué
un casting ?
Nous avons fait appel à des acteurs et
des mannequins pour la plupart des
personnages principaux. Il était important
que chacun se sente impliqué, car toute
l’histoire est racontée via ces images. Nous
voulions que dès qu’un joueur regarde une
image, il puisse en saisir immédiatement
toute la situation : “ c’est un shérif de
police qui tente désespérément de se
frayer un chemin au travers d’une horde
de zombies ! ”. Donc le look et les costumes
de chaque figurant se devaient d’être
irréprochables. Nos jeux sont vraiment
construits autour d’un thème et d’un
genre cinématographique, et pour celui-
là, nos cartes se devaient d’être comme
un instantané tiré d’un bon vieux film de
zombies. Et nous pensons avoir atteint
notre but, car lorsque nous avons présenté
le jeu pour la première fois au GAMA
Trade Show, plusieurs personnes nous ont
demandé à quelle date devait sortir le film.
Elles pensaient donc que notre jeu était un
produit dérivé d’un film qui devait sortir en
salle prochainement. En ce qui concerne
le casting, nous avons déniché les figurants
grâce à différents sites de comédiens et de
mannequins sur le web. Les convaincre ne
fut pas difficile puisque le photoshoot était
rémunéré, même si certains paraissaient
sceptiques ou semblaient ne pas savoir à
quoi s’attendre du produit final.
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Vos jeux font donc référence à cet esprit
très cinématographique... une sorte de
tentative pour concilier imaginaire des films
et du jeu. Peut être seriez vous intéressés
par créer vos propres films dans le futur?
Plus que jamais ! Jason et moi-même
sommes très intéressés par l’aventure
cinématographique. Quand nous étions
plus jeunes, nous montions des films
amateurs grâce à notre camescope VHS
et avec l’aide de nos amis. Cet attrait
demeure encore aujourd’hui et se propage
donc au travers de nos visuels de jeu.
Avant chaque shooting, nous procédons
à un casting, la recherche de costumes,
l’achat d’accessoires, des repérages sur
les lieux, et dans certains cas, on construit
même des décors. Le jour même du
shooting, le maquillage des zombies prend
environ une heure, nous installons alors les
lumières et utilisons une machine à fumée.
Bref, tout cela nous fait clairement rentrer
dans un processus de réalisation de film,
c’est aussi le cas pour nos comédiens et
figurants. C’est plus facile de rentrer dans
la peau de son personnage dès que vous
portez un costume, que vous avez en main
une hache, et que tout cela se passe dans
une aciérie désaffectée !
« A Touch of Evil intéressera plutôt les fans des films
du genre de Dracula ou encore Sleepy Hollow »
Quand sortira l’extension Growing Hunger ?
Et qu’est-ce qu’on y trouvera à l’intérieur ?
Elle est déjà disponible. Elle offre de
nouvelles règles et de nouveaux scénarios
excitants à infliger à vos joueurs, ainsi qu’une
nouvelle variante pour les parties à deux. Il
y a quatre nouveaux héros : Rachelle, une
détective de police qui débarque en ville
pour arrêter un criminel évadé ; Kenny, le
caissier de la supérette du coin ; Amanda,
la reine de beauté locale ; et Sam, le
cuistot du restaurant. Ce dernier est un ex-
Marine et lorsque les zombies infestent la
ville, il n’est pas le dernier à se munir d’une
arme et à partir batailler. C’est le premier
personnage possédant quatre points de
vie et une compétence de “ bagarre ” qui
lui permet d’annuler la carte combat d’un
zombie. Chacun a bien sûr droit à sa figurine
détaillée, et l’extension inclut également
sept nouveaux zombies de couleur rouge,
représentant les “ Grave Dead ”, sorte de
super-zombies possédant des capacités
spéciales. Il y a aussi de nouvelles cartes
qui introduisent de nouveaux aspects de
règles ; et pour la première fois, les zombies
peuvent voler les armes des héros, et nous
avons ajouté les nouvelles armes à deux-
mains (comme le sécateur de jardin ou le
piquet de clôture). Enfin, nous avons ajouté
de nouvelles tuiles au plateau de jeu pour
agrandir la ville.
Vous sortez également un second jeu sous
le nom de A Touch of Evil, the Supernatural
Game, une chasse aux monstres dans le
XIXème siècle. S’agit-il du même moteur
de règles que Last Night on Earth ? Quelles
sont les différences ?
Oui, il sort en septembre. Il est
complètement décorrélé de Last Night on
Earth, même si tous les jeux Flying Frog font
partie du même univers. Le jeu se déroule
à une période située dans le début des
années 1800, en pleine époque coloniale
américaine. C’est une période qui a été
très marquée par le mystère, notamment
au travers de sa littérature, nous avons
donc pris un malin plaisir avec le style de
l’époque. Vous vous en rendrez compte
au travers des costumes et des accessoires
utilisés, mais aussi sur le reste du design et
de son plateau de jeu qui est encré à la
main pour ressembler à une ancienne
carte géographique. Le jeu est similaire à
Last Night on Earth dans le fait que vous
interprétez le rôle d’un héros, que vous
collectez des objets qui vous aideront pour
la suite, et qu’il y a des cartes événements.
Mais les similitudes s’arrêtent là. A Touch
of Evil se joue sur une échelle différente.
Vos aventuriers vous embarquent hors
de la ville vers plusieurs destinations de la
campagne avoisinante.
C’est un jeu d’action articulé autour de
meurtres mystérieux impliquant des forces
surnaturelles, des morts horribles survenant
au sein de la petite ville de Shadowbrook. Il
y a actuellement deux manières d’y jouer :
en coopération ou en compétition. Le jeu
de base est une compétition où chacun
interprète un héros, collecte des objets
et des événements, enquête en ville, et
s’active à être le premier sur la trace du
méchant surnaturel pour le combattre
dans son antre ! Dans le mode coopératif,
chacun contrôle un héros et travaille
en équipe pour pourchasser et défaire
une version plus puissante de ce même
monstre surnaturel.
Quelles ont été vos sources d’inspirations
pour A Touch of Evil ?
31
à l’épreuve
Là où Last Night on Earth s’adressait aux
fans des films Dawn of the Dead (Zombie)
ou Resident Evil, A Touch of Evil intéressera
plutôt les fans des films du genre de
Dracula ou encore Sleepy Hollow. Nous
voulions remettre au goût du jour toutes
nos influences surnaturelles qui sont partie
intégrante de notre culture : les vampires,
loups-garous, fantômes, etc... Mais nous
voulions aussi ajouter la patte de Flying
Frog en créant des créatures inédites, à
notre sauce. Pour le vampire, par exemple,
nous voulions nous écarter de la vision
hollywoodienne du Dracula à la cape de
satin rouge et au costume victorien ; à la
place, nous sommes plutôt revenu sur un
visuel inspiré du film Nosferatu.
Est-ce que tu peux nous en dire plus sur son
décor et ses habitants : Shadowbrook ?
Shadowbrook est une bourgade rurale
en colonie américaine. Elle possède une
histoire fouillée et une communauté très
consanguine. La ville est ébranlée par une
série de meurtres mystérieux. Dès que les
cadavres ont commencé à s’accumuler
sur la place du village, cela a attiré
l’attention des héros des communautés
voisines. Ils doivent alors enquêter dans
toute la ville, localiser l’antre du monstre,
et mettre en place une chasse à l’homme
(avec l’aide d’un ou deux doyens de la
ville) pour pourfendre la créature ! Les
doyens de la ville sont des piliers de la
communauté, tels que Lord Hanbrook,
le parangon de la ville, ou encore le
Reverend Harding et le Docteur Manning.
Ces six doyens interviennent à chaque
partie et chacun a un secret symbolisé par
une carte placée sous lui. Ce secret peut
n’avoir aucun effet sur l’enquête (comme
criminel de guerre durant la Révolution
Américaine), ou il peut révéler qu’il s’agit du
vrai pouvoir derrière le vilain ou carrément
qu’il s’agit du vilain lui-même ! Chaque
carte de doyen a deux faces : le bien et le
mal. Par exemple, Lord Hanbrook peut se
révéler être le Lord of Madness s’il cache
un terrible secret. Comme vous devez
inclure deux de ces doyens à votre groupe
de chasse, il devient alors important de se
renseigner sur eux et leur fiabilité durant la
phase d’enquête en ville.
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...

Aurons-nous le plaisir de trouver également

une B.O. dans A Touch of Evil ?

Oui, notre souhait est d’offrir une bande

originale à l’intérieur de chaque jeu Flying
Frog, composée et enregistrée spécialement
pour chaque thème. Mary Beth Magallanes
est notre responsable musicale et elle
compose et interprète les morceaux de Last
Night on Earth. Elle vient de terminer la B.O.
de A Touch of Evil, et c’est tout bonnement
brillant !

Pouvez-vous nous donner un état de santé

du marché du jeu aux USA ? Comment se
porte-t-il actuellement ?

Ici, il ne cesse de grandir constamment.

LAST NIGHT
Durant les deux dernières années, l’industrie
du jeu vidéo a surpassé celle des ventes

du cinéma. Et comme les jeux vidéos sont
devenus plus répandus, c’est un public
plus large qui se retrouve concerné par le
jeu en général. Les frontières entre jeux de
plateaux, jeux de figurines, jeux de cartes,
et les jeux vidéo deviennent de plus en plus
floues ; et nous constatons que Wizard of
the Coast est de plus en plus présent sur des
salons aux côtés de grands noms comme
Activision ou Midway. Il y a de nombreuses
opportunités croisées et je crois que c’est
plutôt bon pour nos deux marchés. En tant
que personne ayant grandi avec les jeux, je
connais les avantages qu’on peut en tirer.
Les joueurs ont plus de vocabulaire, une
créativité exacerbée, et excellent dans la
résolution de problématiques. Voir le jeu
se démocratiser à un plus large public, ce
ne peut être qu’une bonne chose pour la
suite.
Est-ce que Flying Frog va rester exclusivement
sur ce type de support (jeu de plateau de
haute qualité), ou prévoyez-vous des jeux
sous d’autres formats ? du jeu de rôles ?
Flying Frog veut demeurer sur ce créneau du
jeu de grande qualité avec pour maître mot :
le fun. Pour l’instant, nous nous concentrons
sur le jeu de plateau, mais nous avons de
nombreux projets qui devraient déboucher
sur d’autres types et supports de jeux.
Quels sont ces autres projets ?
Je ne peux pas trop en révéler. Mais, nous
avons des projets excitants pour la suite.
Les fans de Last Night on Earth seront
ravis d’apprendre que nous travaillons sur
un recueil d’aventures. Il contiendra de
nouvelles règles et mécaniques de jeu
ainsi qu’une foultitude de scénarios pour
vraiment donner une autre ampleur au
jeu. En parallèle, nous avons d’autres jeux
en vue, et nous continuerons à sortir des
extensions pour les gammes existantes. Oh,
et j’oubliais... : les Martiens vont débarquer !
propos recueillis par Olivier Camus,
Vincent Ziec & Erron Flyll
traduction : Olivier Camus & Julien De Jaeger
on earth
jeu de plateau (en anglais) de Jason C.Hill les héros ou
édité par Flying Frog Productions d’autres
2 à 6 joueurs grimés en
de 12 à 100 ans (d’après le concepteur, zombies.
une fois passé 100 ans, vous êtes sûrement Ces photos
un zombie...) retouchées accentuent
durée : 60 à 90 min l’esthétique particulière du jeu, l’impression
www.flyingfrog.net cinématographique, et contribuent
efficacement à l’ambiance. Par ailleurs,
le CD de musique inclus constitue en
note : quelque sorte la bande originale du jeu
avec une partition que l’on pourrait juger
certes répétitive, mais qui reste toutefois
conçue sur le principe des B.O de films
avec les différentes variations autour d’un
Sous ce titre énigmatique et
quelque peu cryptique évoquant certaines même thème ou un track évoquant plus
particulièrement un personnage.
productions cinématographiques d’horreur
et de science-fiction des années 50, figure
la mention “The Zombie Game” qui précise
officiellement d’emblée la teneur en
hémoglobine de la boîte. En effet, ce jeu
restitue le concept de la “survivance” et
permet de jouer dans une ambiance très
cinéma horrifique de série B.
Proposant un casting archétypé
digne des pires chewingumesques
métrages d’horreur : le prêtre, l’étudiante,
le shérif, son fils, l’infirmière, la fille du
fermier, le quaterback de l’université et
l’étrange étranger ; vous incarnez dans
Last Night On Earth ces survivants ordinaires
promus, malgré eux, le temps d’une nuit
cauchemardesque, en héros d’une petite
bourgade américaine infestée de zombies
friands de chair fraîche.
Le contenu de la boîte est
d’excellente qualité et comprend en
outre un plateau de jeu modulable des
bâtiments de la ville de Woodinvale, divers
marqueurs cartonnés (véhicules, kérosène,
...), les fiches de personnages décrivant
leurs capacités spéciales, ainsi que des
zombies et de vrais héros en plastique!
Ici, l’originalité se situe au niveau
de la présence sur les visuels (notamment
dans les decks de cartes Hero ou Zombie) de
véritables acteurs en situation représentant

32
les carnets de l’assemblée # 3
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
La mécanique
du jeu est simple et la
palette des 5 scénarios
types fournis (l’échappée
en camion, le siège du
manoir, la sauvegarde des
villageois, etc..) introduit
autant de variations
dans la partie et évite la
répétition monotone d’un
asmatage pur et dur de
zombies (en outre, l’éditeur
a la bonne idée de mettre à disposition sur
le site du jeu certains scénarios inédits).
Les objectifs de chaque scénario sont
prévus sur un certain nombre de tours,
l’intégralité d’une partie devant se dérouler
en une nuit, car à l’aube, les zombies auront
totalement investi la ville.
Les Zombies agissent en premier,
dirigés par 1 ou 2 joueurs si la partie se
déroule à 4 ou 6 participants. Cela signifie
non pas qu’il y aura plus de zombies sur le
plateau, mais plutôt deux esprits vicieux
et sadiques pour les contrôler... Donc, le
chef d’orchestre de la grande parade
zombie débute en déplaçant le marqueur
Soleil une fois à chaque tour, le faisant se
rapprocher d’une aube où la dévoration
de toute la population sera inéluctable. Puis
il pioche à l’aide de sa main décharnée
une pool de 4 cartes provenant du deck
Zombie, renouvelables à chaque tour et
essentiellement constituée d’événements
destinés à donner des sueurs froides aux
héros ainsi qu’à générer de savants coups
de théâtre au cours de la partie.
Il taquine ensuite les dés afin de
savoir s’il pourra disposer à la fin de son
tour de nouveaux cadavres ambulants
vomis par des “puits” à divers endroits du
plateau (morgue, cimetière, décharge,
etc...). Les zombies se déplacent alors,
à l’épreuve
lentement pour accroître
un suspense effroyable
(donc d’une seule case),
mais ont la possibilité de
traverser murs et fenêtres
des bâtiments... avec
l’instinct d’attaquer le
héros passant le plus près
de leur zone mortelle...
A leur tour, les héros
peuvent se concerter et
jouer dans l’ordre qui leur
convient, en fonction des aléas, de leur
tactique et de leurs objectifs à atteindre.
Le héros se déplace en extérieur, et
vélocement pour sauver sa peau, selon le
résultat d’un d6, ou bien il peut “chercher”
et piocher aléatoirement une carte du
deck Hero s’il décide de camper dans un
bâtiment, ou encore tenter de récupérer
l’objet spécial de certains endroits : fusil à
pompe au commissariat, de l’essence au
garage, etc...
Si deux héros sont dans le même
espace, ils ont la possibilité de s’échanger
des objets et - séquence de violence
gratuite - si des carcasses pourrissantes sont
à portée de tir, les braves peuvent faire
parler la poudre. Enfin, vient la phase des
éventuels affrontements au corps à corps ;
à noter ici qu’il est assez aisé de repousser
un zombie, mais qu’il faudra une arme
quelconque afin d’avoir une chance de
pouvoir le détruire définitivement. Certains
scores au dé symboliseront en fonction des
armes l’épuisement des munitions ou le
fracas de l’objet dans un corps putride.
Les règles additionnelles offrent la
possibilité de jouer d’autres scénarios que la
classique chasse aux zombies, introduisent
l’utilisation des cartes supplémentaires, et
peuvent permettre aux zombies de mordre
pour contaminer les héros et les faire
rejoindre leur horde affamée.
Au final, Last Night On Earth est
une boîte de jeu à la composition sérieuse
et très classieuse qui a pour honnête
volonté de reproduire l’esprit décalé,
rock’n’rollesque et gore des films de
zombies. Ainsi, si vous jubilez à l’idée de
reproduire des scènes inénarrables comme
lorsque Sally, repoussant des zombies à
coups de jet d’extincteur, permet à Billy
de répandre suffisamment d’essence en
flaque, essence destinée à être enflammée
grâce à un pistolet de détresse, pendant
que Johnny essaye de démarrer le camion,
ce jeu vous ravira.
Et pour les fondus du survival, voici
le teaser de l’extension Growing Hunger
sortant en 2008 avec plus de héros, plus de
zombies, plus de bâtiments, plus de cartes,
plus de zombies, plus de scénarios et plus
de zombies. Après tout cela, vous aurez
définitivement toutes les excuses pour
repousser la dernière nuit où vous jouerez à
Last Night On Earth.
par Erron Flyll
33
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
PANORAMA
jeux de rôle
jeux de plateau
Vous avez envie de vous faire une bonne
partie de survival entre amis, que ce soit
sous la forme d’un jeu de rôle ou d’un jeu
de plateau. Pas de soucis ! La liste de jeux
que l’on vous propose ci-dessous, issus du
commerce ou tout simplement « amateurs »,
est là pour répondre à votre souhait. La
menace peut se présenter sous la forme
de zombies, d’insectes géants ou d’extra-
terrestres, l’univers, post-apocalyptique ou
contemporain : il ne vous reste plus qu’à
piocher le jeu qu’il vous faut et de vous
concentrer sur le principal : poutrer du
monstre et surtout, essayer de survivre.
les jeux de rôle
[Zombies]
jeu de rôle humoristique avec des zombies
dedans de David Bauwens, Julien Lebbe et
Marco
Année : 2000
édité par Judaprod
note :
Commençons ce panorama avec un
très bon jeu de rôle, et français qui plus
est ! Zombies, le jeu pour des soirées
mortelles, paru en 2000 aura vu naître
les trop éphémères éditions Juda Prod.
Basées à Tourcoing (c’est le Noooooord !),
ces sympathiques ch’tis auteurs nous ont
les carnets de l’assemblée # 3
PREVIEWS,
INSPIRATIONS,
TESTS &LITTÉRATURE
DÉCOUVERTES... ...
concocté un jeu qui fleure bon la viande Si vous avez choisi le mode
avariée, avec une bonne dose de dérision campagne, vous trouverez suffisamment
et d’humour. de matériel dans ces suppléments pour
alimenter de nombreuses séances de jeu.
Aux dires des auteurs, Zombies n’est pas un, De plus, le jeu a récemment connu
mais deux jeux de rôle. C’est, en fait, deux une seconde vie (c’est un comble !) avec
niveaux de jeu différents qui sont proposés. le rachat des stocks de Juda Prod par Ludik
Le premier permet de faire jouer des «one Bazar.
shots» sanglants, en adaptant les films de
série Z. Le second, convenant mieux aux
parties en campagne, permet de suivre
les personnages dans leur vie, puis leur
[Vermine]
jeu de rôle apocalyptico-écolo de Julien
non-mort à travers un univers caustique et
Blondel
parodique qui pourrait bien être notre futur
Année : 2004
proche.
édité par 7ème Cercle
Le background est plutôt riche, mais il
date un peu. La chronologie ne colle plus
avec les évènements intervenus après la
sortie du jeu. On s’en accommode très
note :
Grog d’or 2005
bien, mais un meneur de jeu pointilleux et
un peu bricoleur pourra la modifier sans Autre jeu français (qui, comme Zombies
grande difficulté, pour coller un peu plus à n’est malheureusement plus édité), Vermine
la réalité. a pour cadre l’Europe de 2037, où la Terre a
repris ses droits afin de balayer l’homme de
Les deux niveaux de jeu se retrouvent dès la sa surface.
création de personnage puisque les joueurs Contre la vermine (insectes géants,
et le MJ peuvent opter pour un système de arachnides, rongeurs, etc...) l’homme a
points de vie classique ou une répartition perdu de sa supériorité et tente tant bien
par zone pour simuler le «Combat ultra que mal de survivre. Pour ce faire, l’humanité
s’est organisée
réaliste qui tue». Sinon le reste de la création
en diverses
est fort basique : neuf caractéristiques
déterminant chacune la base de sept à dix communautés :
compétences. On répartit des points dans ceux qui tentent
ces dernières pour affiner le personnage. de retourner à un
Le choix de l’âge, de l’ethnie et de la monde urbanisé
profession apporte quelques bonus/malus. Il et industrialisé
ne reste plus qu’à calculer les scores finaux (les humanistes),
et le tour est joué. ceux qui vivent
au jour le jour tel
Très proche du système de Chaosium (voir des nomades
notre article Comparatif des systèmes (les survivalistes)
génériques), les scores des compétences ou encore ceux
s’expriment en pourcentage. La résolution se qui ont décidé
fait par un jet de d100 sous le score. Même si d’évoluer en
le mode de combat optionnel apporte une osmose avec
dimension «survival», l’intérêt n’est pas dans la vermine (les
les règles mais plutôt dans le côté fun des adaptés).
situations de jeu. Dans cette jungle urbaine, qui
n’est pas sans rappeler le jeu vidéo Fallout,
Même si il a eu une vie très courte, le les joueurs formeront une communauté
jeu a bénéficié de plusieurs suppléments dont l’activité pourrait être (en plus de
: l’écran, qui contient un scénario et des survivre) d’officier en tant que chasseur de
aides de jeu ; Fait des Râles, un ouvrage de primes, servir de messager entre diverses
background sur l’Europe; Momies, qui décrit communautés, éradiquer la vermine, militer
un autre type de mort-vivants; Os et Cultes, contre le renoncement à l’électricité, etc...
consacré aux occultistes et aux sectes et Concernant le système de
enfin Scénatorium, un recueil de scénarios. jeu, chaque personnage est défini par
quatre domaines (physique, manuel,
34
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
mental, social), sous lesquels on retrouve
trois caractéristiques (par exemple pour
le physique, se trouvent force, rapidité
et santé). Chaque caractéristique est
indiquée en D10 pouvant aller de 1D à 5D
(2 ou 3 étant la moyenne). Pour résoudre
une action, le joueur lancera le nombre
de dés correspondant à la caractéristique
utilisée et devra faire plus que le niveau de
difficulté décidé par le MJ (pouvant aller
de 5 à 30). Vient s’ajouter à ça un système
de réserve, dans lequel le joueur pourra
piocher quelques dés supplémentaires
afin d’augmenter ses chances de réussite.
Cette réserve pouvant diminuer au cours de
journée pour simuler la fatigue.
Mais là où Vermine innove
au niveau des règles, c’est que le MJ
est également assujetti à un système
d’expérience. A la fin de chaque partie, les
joueurs attribuent des points d’expérience
au MJ afin de récompenser sa mise en
scène, son interprétation ou encore
l’ambiance qu’il a réussi à instaurer. Le MJ
pourra ensuite, en fonction du niveau qu’il
possède, utiliser certains PNJ ou certains
lieux appartenant au background du jeu.
[Exterminateur, le Jugement]
jeu de rôle de Ken Cliffe, Ed Hall et Stewart
Wieck
Année : 2000
édité par Hexagonal
note :
Exterminateur, le Jugement
vous permet de vivre des
aventures dans le Monde des
Ténèbres de White Wolf, mais
de l’autre côté de la barrière.
Le joueur incarne un chasseur,
une sorte de John Constantine,
ici appelé « éveillé », traquant
toute forme de menace
occulte : Vampire, Loup garou,
mort-vivant, spectre, etc.
Mais votre
personnage n’aura pas toutes
les libertés d’action qu’il désire.
Il sera pris entre deux feux : La
menace occulte et les autorités de notre
société.
Malgré un background riche (les
quelques suppléments du jeu plus tous les
sourcebooks du Monde des Ténèbres), un
système éprouvé (le système du conteur),
le jeu se résume vite à une séance de
bourrinage.
Défoulant en one-shot ou à petite dose, le
jeu n’a pas trop d’intérêt en campagne.
[Plagues]
jeu de rôle med-fan post-apocalyptique de
Benoit Attinost
Année : 2005 (D20) – 2007 (DK System)
édité par John Doe
note :
à l’épreuve
D’abord créé
pour le system
D20, Plagues
connu une
première vie
en 2005 sous
la forme d’un
PDF de 75
pages payant,
disponible sur
le site d’Indie-
RPG. Deux ans
plus tard, John
Doe reprend
le bébé est nous sort un livre-univers de 144
pages bien remplies avec un passage du
D20 au DK System.
Premier point fort du jeu : son
univers facilement assimilable. Imaginez un
monde médiéval fantastique (ici appelé
Ordann) avec ses elfes, ses nains, ses gnomes
et ses halflings. Maintenant imaginez que
les dieux ont abandonné ce monde. Que
les plans se sont refermés, empêchant ainsi
les âmes des morts de quitter Ordann. Les
premiers morts-vivant faisaient alors leur
apparition, en quête de chair fraîche. Un
an plus tard, la deuxième pandémie faisait
son apparition : le soleil avait perdu de sa
luminosité et ses rayons semblaient affaiblir
les couleurs. Une neige de cendres tomba sur
Ordann, continuellement et aléatoirement,
sans suivre la logique des saisons ou des
climats. Cette cendre toxique apportait son
lot de maladies dans la faune et le havre
d’Ordann. Cette deuxième pandémie
amena également une forme d’organisation
chez les non-morts, où un
semblant de hiérarchie se mit
en place. Puis suivit la troisième
et dernière pandémie en date,
80 années après la deuxième.
Ce fut au tour des végétaux et
des minéraux d’être touchés,
provoquant ainsi la famine
chez les survivants. Durant cette
période, des éclaireurs virent,
pour la première fois, quelques
non-morts se mettre à gratter
la roche friable pour créer ce
que les survivants appellent
désormais les Nécropoles.
Deuxième point fort
(enfin, si on aime) : l’ambiance sombre
et totalement désespérée du monde
d’Ordann. Du fait de la quasi absence de
règles, les auteurs de Plagues prennent
le temps de décrire leur univers, son
organisation, ses PNJ, pour au final aboutir à
un monde cohérent qui ne demande qu’à
prendre place à votre table de joueurs.
Du côté des règles, comme je
le disais plus haut, c’est assez light. On y
trouve principalement des règles pour
gérer la survie et le déplacement en
dehors des havres (pour les PJ courageux).
On trouve également à la fin du livre
quelques archétypes servant à la création
de personnages, ainsi que quelques
atouts propres au monde de Plagues. Le
contenu du livre étant principalement du
background, le livre de base DK System est
donc indispensable.
35
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
[Brain Soda]
jeu de rôle de série B de Willy Favre et
Laurent Devernay
Année : 2005
édité par Krysalid Editions
note :
Est-ce que Brain
Soda a sa place
dans ce panorama
? C’est vrai que le
jeu comprend des
éléments d’horreur
et de survival mais
son coté “décalé”
emprunté aux
nanars de série B
ou de série Z, lui
offre une ambiance
toute autre que les
jeux presentés plus
haut. Alors dans
le doute, je vous
répondrai : “On s’en fout !” Brain soda est un
bon jeu, et rien que pour ça il vaut la peine
qu’on en parle.
Dans ce jeu, les joueurs incarnent des
personnages stéréotypés (la bimbo, le
sportif con, l’intello, le geek, etc...) issus de
séries B ou Z. Seulement voilà, ils ne savent
pas qu’ils sont dans un film et pour eux, tout
ce qu’ils vont vivre se passe réellement.
Ce postulat de départ permet de revivre
les scènes cultes de vos nanars preférés et
de vous lâcher complètement dans votre
délire. Oubliez toute logique, oubliez le stress
et allez faire un footing à minuit dans les bois.
Dans Brain Soda : on vous y encourage. Le
système de jeu joue aussi de ces codes. Par
exemple, avant chaque partie, les joueurs
et le MJ piochent des clichés (Bruit hors-
champ, stock-shot, pendant ce temps là...
à Vera Cruz, etc...) qu’ils devront dépenser
pour gagner des points de Box office
(l’équivalent de points d’expérience). De
plus, chaque point de règle est agrémenté
d’exemples aussi drôles les uns que les
autres.
Brain Soda ne sera peut être pas le jeu
auquel vous jouerez régulièrement, mais son
plaisir de lecture est tel qu’il justifie à lui tout
seul l’achat du livre.
Et la bonne nouvelle du jour : le livre
de base sera réédité chez Oriflam courant
Octobre et l’écran sortira en Novembre.
[Patient 13]
jeu de rôles sous camisole d’Anthony « Yno »
Combrexelle
Année : 2007
édité par John Doe
note :
Huis clos oppressant, Patient 13 vous place
dans un asile pour le moins étrange. Vous y
incarnez un patient amnésique qui a pour
les carnets de l’assemblée # 3
seul appellation un numéro
pioché au hasard un matin
de loterie. Ces dernières sont
organisées au bon vouloir des
blouses blanches, et gare à
vous si vous piochez le ticket
portant le numéro 13...
Contrairement à ce
que l’on peut croire, le but ici
n’est pas de se souvenir de
qui nous sommes ou même
essayer de fuir (oulà ! surtout
pas malheureux), mais tout
“simplement” de survivre. Les joueurs devront
s’adapter à cet univers mi-hospitalier mi-
carcéral.
Le jeu met clairement l’accent sur
l’ambiance (et pour ça, le livre de base est
une mine d’inspirations, de références et sa
lecture nous plonge dans son ambiance
étouffante grâce à la richesse de son
contenu et la qualité de ses illustrations.
Il s’adresse à un public averti et à un MJ
expérimenté. Le thème de la folie n’a jamais
été aussi bien traité dans un jeu. Vous voilà
prévenus.
[All flesh must be eaten]
jeu de rôle survival-horror (en anglais) de
George Vasilakos
Année : 1999
édité par Eden Studios
www.allflesh.com
note :
Passé assez inaperçu en
France, car éclipsé par
la sortie concomitante
de Zombies sur le même
créneau, All Flesh Must Be
Eaten ne fut jamais traduit
dans la langue de Molière
et le demeure toujours à ce
jour malgré une seconde
édition révisée. Dès sa sortie,
avant même l’avènement
de l’ère d20, il remporte un
franc succès qui perdure
encore aujourd’hui outre-
Atlantique. Ce jeu de rôle,
d’abord orienté pur Survival-
Horror contemporain
dans la grande tradition du genre
cinématographique, fut ensuite décliné
dans différents settings au travers d’une
pléthore de sourcebooks les plus déjantés :
Enter the Zombie (kung-fu), Fistful o’Zombies
(western), All Tomorrow’s Zombies (space
opera), Pulp Zombies (pulp), Dungeons &
Zombies (med-fan), Zombie Smack Down !
(catch), Worlds of the Dead (1ère Guerre
Mondiale)… Suivent quelques romans et
d’autres suppléments de très bonne facture
(scénarios, manuels et archétypes).
Les règles utilisent le moteur
Unisystem, un système maison créé par
Eden Studios pour ses différentes gammes
JdR (Witchcraft, Buffy), convertibles au d20
modern dans la seconde édition. AFMBE
demeure un must du fait de son adhésion à
36
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
l’univers cinématographique
dont il tire son genre et son
audacieuse gamme d’univers
dérivés qui laisse un large choix
à tout MJ désireux de lancer
ses joueurs dans l’aventure
de la survie face aux morts. En
campagne ou en one-shot, de
manière sérieuse ou en suivant
le scénario d’un film de série Z,
AFMBE offre moult possibilités.
Ne reste plus qu’à sacrifier un
bon vieux gigot du dimanche
pour qu’un éditeur français
daigne enfin s’atteler à sa traduction.
[Alienoïds]
jeu de rôle survival horror SF de Solo
édité par les éditions de la Lune Sang
http://alienoids.free.fr
note :
Très influencé par le succès
de la trilogie des films Alien, un
auteur français se dissimulant
sous le pseudonyme de
Solo nous avait servi un
OVNI jeuderôlesque en
1992. Alienoïds - c’est son
nom - propose d’incarner
un ignoble extraterrestre en
mission commandée. Le jeu
nous ramène aux grandes
heures du thème de la
résistance terrienne face à
l’envahisseur extraterrestre
(V, les visiteurs , La Guerre
des Mondes, X-Files). Les
envahisseurs projettent
donc d’investir notre Terre
pour en vampiriser toutes
les ressources naturelles afin
d’en faire leur carburant et
nourriture.
Pour ce faire, les Alienoïds
noyautent la société
humaine, en l’infiltrant
depuis 1938, avant de
mettre en branle leur ultime
grand Plan. Mais c’est sans
compter sur l’existence
de la Résistance et
d’aliens renégats regroupés sous la « 5ème
Colonne ». Sauront-ils stopper et juguler le
débarquement des monstrueux Celtipods?
La surprise, c’est qu’ici, les joueurs incarnent
ces extraterrestres surpuissants; mi-Aliens, mi-
Predators de 3m de haut. Mais, pourquoi ne
pas inverser les rôles et offrir l’occasion aux
PJ de résister ou de trahir ? Tout est possible.
Description des aliens, buts et agissements,
matos à viander, évocations de certains
secrets, émotions hérétiques, ... tout y est.
Le système de règles demeure
assez classique, à base de d6 et de réussites
unitaires pour chaque dé lancé. Le MJ
n’est pas en reste avec une campagne
en 7 épisodes, « Regnum Irae », qui permet
de vivre les différentes phases du Plan.
La touche d’humour « Z » décalé nous
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
renvoie aux grands succès des JdR signés
Croc. Malheureusement, aucun suivi ne
fut donné après la parution du livret de
règles. Le dernier signe de vie, une tentative
de résurrection, date de 2004 et réside sur
internet (cf. Site).
JDR Amateur
Comme vous avez pu le constater,
beaucoup de jeu “amateurs” ont été publiés
chez un éditeur professionnel. Mais rassurez-
vous, il reste encore de très bon JDRA sur
le net. Principalement adaptés d’œuvres
cinématographiques ou vidéoludiques, il
n’est donc pas réellement nécessaire de
présenter en profondeur ces univers. Mais
sachez néanmoins que les quelques jeux
présentés ci-dessous, bénéficient tous d’une
très bonne qualité, que ce soit au niveau de
la présentation ou du contenu.
Yno, à qui on doit déjà l’excellent Patient 13,
a également mis en ligne une adaptation
de Resident Evil (un pdf de 72 pages
retraçant la chronologie des évènements,
un descriptif d’Umbrella corp., de tous les
virus, plus un écran et un scénario), ainsi que
deux one-shots (scénarios uniques, avec
un écran et des personnages prétirés) issus
du comics 30 jours de nuit (récemment
adapté au cinéma) et de l’excellente série
des Silent Hill. Ce dernier n’est d’ailleurs pas
l’adapation d’un épisode de la série ou
du film, mais un scénario original où les PJ
se réveilleront amnésiques dans la petite
bourgade de Silent Hill. A la lecture de ce
scénario, on devine les thèmes qui seront
abordés dans son prochain jeu : Patient 13.
Dans un style un peu plus hardcore, on
peut trouver sur le site de Jeepee, deux
très bonnes adaptations. La première : The
Return of the not totally dead, largement
inspiré des films de Romero et basé sur le
système D20. L’intrigue du jeu prend place à
Smallville, petit bled paumé situé à proximité
d’une base militaire. Les PJs, alors dans un
bar, assistent à un accident de la route,
en face du bar, où une jeep de l’armée
percute la voiture du shérif....
à l’épreuve
Deuxième adaptation : Doom RPG,
adapté du jeu vidéo Doom 3 et également
sous système D20. Le jeu vous place dans
la peau de soldat d’élite de l’unité Rapid
Response Tactical Squad, alors envoyé en
mission sur Mars. Le pdf de 41 pages bien
remplies, comprend cinq missions auxquelles
pourront participer vos joueurs.
30 jours de nuit :
http://www.xperyments.com/oneshot.php3
Silent Hill :
http://www.xperyments.com/oneshot.php3
Doom RPG et The return of the not totally
dead :
http://www.jeepeeonline.be/index.php
Resident Evil (Yno) :
http://www.xperyments.com/residentevil.php3
Resident Evil D20 :
http://tiamat64.free.fr/antre/resident%20evil/
resident.htm
les jeux
de plateau
[Zombies !!!]
jeu de plateau de Todd A. Breitenstein
édité par Ubik
2 à 6 joueurs
à partir de 12 ans
durée : 60 min
note :
Zombies !!! se veut être un jeu fun et rapide.
Les règles tiennent sur quatre pages (avec
un texte d’ambiance en première page
écrit par George Vasilakos, créateur du
JDR All Flesh Must Be Eaten. La classe) et
s’expliquent aussi vite qu’elles se lisent.
Le principe est très simple : chaque
joueur débute avec trois pions « balles »,
trois pions « vie » et trois cartes événements.
Au début de son tour, le joueur pioche une
tuile (qui représente un bout de route, un
bâtiment, etc…) et pose cette tuile contre
une autre déjà en jeu. Si c’est un bâtiment,
ce dernier peut contenir des pions « vie » ou
« balles ». On y place ensuite les zombies.
Le joueur lance un D6 pour faire avancer
son personnage sur le plateau ainsi formé.
Si le personnage se retrouve dans la même
case qu’un zombie, le joueur lance un D6
et tue le zombie sur un résultat de 4, 5 ou
6. Les pions balles servant à être dépensés
afin d’augmenter ce résultat. Enfin, à la
fin de son tour, le joueur lance un D6 pour
connaitre le nombre de zombies à déplacer
d’une case.
Le but du jeu étant d’arriver le
premier à l’héliport (la dernière tuile du
paquet) ou d’être le premier à avoir tué 25
zombies.
De par ses nombreux lancés de
dés, le système laisse une très grande part
au hasard. Ici, pas de réelle tactique à
37
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
adopter. Dès qu’un passage se libère : on
court et on shoote ! De plus, le système n’est
pas parfait, il suffit que votre personnage se
retrouve à l’opposé de là où la tuile Héliport
a été posée pour entamer une course
désespérée vers ce dernier (d’autant
plus que la sensation d’être envahi et de
n’avoir aucune sortie de secours se fait vite
ressentir).
Mais néanmoins, le jeu,
bénéficiant d’une esthétique très soignée,
d’un léger humour noir et d’une belle
collection de suppléments (sept à ce jour),
reste très agréable à jouer. Les extensions
vous permettant d’inclure dans votre ville :
une base militaire (avec des zombies fluo
pour cause de radioactivité), un centre
commercial ou encore une université. Vous
aurez également la possibilité de fuir par les
égouts ou le Metro, ou de combattre des
chiens zombies. Que demander de plus ?
Basé sur le même système de jeu, Midevil
remplace les zombies par une armée
de squelettes. Dans ce jeu, la victoire
s’obtient en cumulant 30 points en valeur
de squelettes tués ou en allant chercher le
Necronomicon au cimetière pour rejoindre
ensuite le centre de la tuile « Altar »
Pour les fans d’Evil Dead 3 – l’Armée des
Ténèbres.
[Zombies : La blonde,
la brute et le truand]
jeu de plateau de Nicolas Normandon
édité par Asmodée
3 à 6 joueurs
à partir de 14 ans
Durée : 60 min
www.asmodée.com
note :
Hommage incontestable au maître et
inventeur du film de zombies, George
A.Romero, avec ce jeu de plateau qui
reprend le postulat du long-métrage
d’horreur Dawn of the Dead (Zombie en
VF). Chaque joueur doit gérer la survie de
son équipe de « bons « citoyens américains
composée d’une Blonde, d’une Brute
les carnets de l’assemblée # 3
et d’un Truand. Piégés dans un centre
commercial (ou « mall « chez l’Oncle Sam)
pris d’assaut par une armée de morts-
vivants, chaque équipe doit s’organiser en
tirant le meilleur parti des différents lieux
où se cacher (parking, poste de garde,
boutiques, supermarché,…), gérer une
barricade, trouver de l’équipement pour
se défendre, mais aussi en abusant de la
naïveté des autres survivants ! Ainsi, le vote
prend une part importante pour désigner
lors de l’assaut des zombies qui est le maillon
faible parmi les rescapés et se verra dévoré
par les cadavres cannibales. Ce poids
« politique « permet de désigner également
à chaque tour de jeu un des joueurs (le chef
de la sécurité) devant déterminer à l’aide
de dés à quels endroits les zombies vont
apparaître. Le mouvement (comprendre la
fuite incessante) est donc ici primordial, ainsi
que les alliances verbales qui apportent
une sorte de jeu hors du jeu. Le gagnant est
celui qui aura su garder le plus de survivants
intacts.
Situé à mi-chemin entre le jeu
apéritif rapide et le jeu stratégique complexe,
une partie de Zombies dure rarement plus
de 60 minutes, mais 60 minutes de fun et de
traîtrises vicieuses ! Et comme d’habitude
avec Asmodée, le matériel et les illustrations
sont de qualité. Déjà un classique.
[Space Hulk]
jeu de plateau de Richard Halliwell
édité par Games Workshop
2 à 4 joueurs
à partir de 12 ans
Durée : 60 min
note :
Regles: http://nimbarad.free.fr/v2
Est-il réellement nécessaire de présenter
Space Hulk ? Pour les vieux briscards que
vous êtes, certainement pas ! Mais pour les
jeunes, qui ne connaîtraient pas encore cet
excellent jeu édité par Games Workshop,
une petite séance de rattrapage s’impose.
Issu du monde de Warhammer 40K, et
largement inspiré du film Aliens – Le retour,
Space Hulk vous plonge dans les couloirs
sombres et étroits d’un vaisseau à la dérive.
Vous incarnez, au choix, une troupe de
Space Marines armés de Bolter ou de lance-
flammes (voire d’autres armes grâce à
l’extension Deathwing) ou les Genestealers.
Le principe du jeu est le suivant : Le plateau
se constitue à l’aide de tuiles (représentant
des couloirs, des sas, diverses pièces, etc.)
qui s’imbriquent à la manière d’un puzzle.
Ce système permettant de moduler le
plateau un nombre incalculable de fois
sans se répéter et offre la possibilité de
créer de nombreux scénarios (car oui,
38
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Space Hulk se joue en scénarios, voire
même en campagne). Chaque membre
de l’escouade des Space Marines dispose
de 4 points d’action. Ces derniers peuvent
être dépensés pour avancer d’une case,
tirer, tourner, ouvrir une porte, se mettre
en état d’alerte, etc. De plus, le joueur
pioche au début de son tour des points
d’action bonus (pouvant aller de 1 à 5),
qu’il peut redistribuer pour n’importe lequel
des ses soldats. Toutes ces actions doivent
s’effectuer dans une limite de temps fixée à
3 minutes. Si le Sergent meurt, le tour de jeu
passe à 2min30. Autant vous le dire tout de
suite : c’est court.
Les genestealers quant à eux,
représentés sous forme de « Blip » (cf. les
bip radar dans Aliens) disposent de 6 points
d’action qu’ils peuvent dépenser sans limite
de temps. Des qu’un « Blip » entre dans le
champ de vision d’un Space Marine, on le
remplace par le nombre de Genestealers
indiqués sous le pion (pouvant aller de
1 (ouf...) à 3 (pourvu que mon Bolter ne
s’enraye pas !!)).
On l’évoquait un peu plus haut, Space
Hulk se joue en scénarios. Ces derniers
consistent, par exemple, à nettoyer une
pièce au lance-flammes, sortir du vaisseau
par un conduit, incuber un virus à la reine
pondeuse, libérer un prisonnier, etc.
Mais le jeu peut également se
jouer en campagne. Je me souviens d’une
campagne (2 joueurs Space Hulk, 1 joueur
Genestealers) mémorable. La première
mission consistait à aller placer une charge
explosive dans la salle des contrôles du
vaisseau. Suite à ça, le deuxième scénario
consistait tout simplement à fuir, la bombe
devant exploser au bout de deux tours.
Début du troisième tour, la bombe explose
et le vaisseau commençait à se disloquer (il
fallait enlever une tuile du plateau par tour
de jeu). Nous, pauvres joueurs Space Marine,
devions éviter de se faire happer dans la
wrap tout en contrant l’arrivée massive des
genestealers. Résultat ? Nous n’avons jamais
pu jouer la suite de la campagne pour
cause de « plus de survivant disponible ».
Vous l’avez compris, si vous aimez
le survival horror et que vous n’avez pas
peur de mourir : ce jeu est pour vous.
par Vincent Ziec, Olivier Camus et Dedjet
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Parmi toutes les œuvres
disponibles sur le net traitant
du thème « Survival Horror », il
y a un supplément amateur
pour l’Appel de Cthulhu,
qui sort du lot par
l’originalité de son
contexte. C’est donc
tout naturellement que
nous avons souhaité en
savoir plus sur Extinction
et Terres Etranges, le
studio de création qui
le développe. Nous
avons donc contacté
le responsable du
projet : Johan Scipion.
Bonjour, Johan. Qui es-tu ?
Johan Scipion, président de Terres Etranges,
auteur de Sombre et chef du projet
Extinction. Dans Extinction, je définis l’univers,
j’écris des règles et du background, et je
coordonne le travail de l’équipe.
De quelle manière es-tu arrivé dans le
monde du JDR ?
Par la presse. J’ai fait mes classes de
pigiste dans Backstab, puis j’ai travaillé
pour d’autres supports ludiques, Lotus Noir,
Mana Rouge, Casus Belli nouvelle formule,
Fantasy RPG, Anunnaki, Jeux Pro et 2D+3.
J’ai également collaboré à La Caste des
Metabarons (un scénario dans Les codes
d’honneur) et à Vermine (un petit setting
dans le Livre du Meneur).
« Les joueurs y incarnent des survivants dans un monde entièrement
dominé par le Mythe »
Quels sont tes JDR préférés et pourquoi ?
Les jeux d’horreur, mais je ne me pose pas la
question du pourquoi. De mon point de vue,
« Johan Scipion aime les jeux d’horreur » est
un axiome, une vérité indémontrable sur
laquelle se fonde ma démarche ludique.
Je ne réfléchis pas au delà, ce serait une
perte de temps et d’énergie. Quand on
aime vraiment les fraises, et moi j’aime
vraiment l’horreur, l’important n’est pas de
comprendre pourquoi on les aime, ce qui
compte c’est d’en manger.
Comment en es-tu venu à écrire tes propres
suppléments de JDR ?
À force de bidouiller ceux des autres.
Comme la plupart des rôlistes, j’aime la
customisation. Sauf que parfois, le tuning te
mène si loin qu’au bout d’un moment, tu
finis par construire ta propre voiture. C’est
ce qui m’est arrivé.
[i n t e r v i e w ]
EXTINCTION
Johan Scipion
D’où est née l’idée du supplément Extinction ?
De End Time, un supplément inachevé
pour L’Appel de Cthulhu, écrit par Michael
LaBossiere. Il aurait dû paraître chez Pagan
Publishing, l’éditeur de Delta Green, mais
son auteur l’a finalement mis gratuitement
à disposition sur Internet. Sa traduction
française, Fin des Temps, est librement
téléchargeable sur le site de nos confrères
de TOC (www.tentacules.net). Je trouve
de nombreuses qualités à End Time, mais
suis en total désaccord avec la manière
dont LaBossiere conçoit l’apocalypse
lovecraftienne. C’est cela qui m’a poussé
à me lancer dans l’écriture d’une autre
version de la Fin des Temps, une version qui
correspondrait mieux à ma propre vision.
Et ça parle de quoi au fait ?
De l’extinction de l’espèce humaine, d’où
le titre. L’action se déroule en 2056, treize
ans après le Réveil de Cthulhu. Depuis
l’élévation colossale du niveau des océans,
les Profonds dominent la Terre et l’humanité
se meurt. Extinction est une sorte Mad Max
radicalement no future, qui se déroulerait
en plein océan plutôt que dans le désert
australien. Les joueurs y incarnent des
survivants dans un monde entièrement
dominé par le Mythe. Le thème est l’horreur
marine, ce qui m’a amené à écarter 99 %
du Mythe façon Chaosium. Je n’ai conservé
qu’un seul Grand Ancien, Cthulhu, qu’un
seul Dieu Extérieur, Nyarlathotep, qu’une
seule race de serviteurs, les Profonds, qu’un
seul lieu Mythique, R’lyeh, et aucun grimoire
maudit.
Peux-tu nous présenter les membres de
l’équipe qui travaillent sur Extinction ?
Avec grand plaisir. Elle fluctue au gré
39
à l’épreuve
des arrivées et des départs, mais il y a
un petit noyau dur qui fait tourner la
machine depuis le début. Au dernier
recensement, nous comptions dans nos
rangs Fabien Amilin (auteur, conseiller
technique BRP), Erick Blandin (auteur),
Emmanuel Bouley (illustrateur), François-
Xavier Xaramis Cuende (auteur), Pierre
Deyris (maquettiste), John Grümph
(illustrateur), Greg Lowfé Guilhaumond
(directeur artistique, illustrateur), Jérôme
Huguenin (illustrateur), Thierry Polo Salaün
(auteur) et Rodolphe Sopracase (auteur,
conseiller technique BRP). Comme tu peux
le constater, cette liste mêle des noms
connus et d’autres qui le sont moins. Le
point commun de tous ces gens est qu’ils
travaillent bénévolement pour le projet.
Chacun donne gracieusement de son
temps et de son talent pour faire avancer
Extinction.
As-tu d’autres projets d’écriture ?
Oui. Je développe en parallèle Sombre,
un jeu d’horreur générique, dont la version
light sera bientôt librement téléchargeable
sur le site de Terres Etranges*.
De nombreux auteurs et studios de
illustrations : Jérôme Huguenin & Greg Lowfé Guilhaumond
création choisissent la micro-édition pour
publier leurs œuvres. Quel est ton avis sur
la question ?
N’ayant aucune expérience dans le
domaine, je serais bien en peine d’émettre
un quelconque avis pertinent. L’édition est
un métier auquel je ne connais pas grand-
chose. Mon boulot à moi, c’est auteur.
D’ailleurs, Extinction n’a pas vocation à être
édité, c’est un projet strictement amateur,
produit de notre passion commune pour
l’œuvre de Lovecraft et L’Appel de Cthulhu.
Une fois terminé, il sera mis gratuitement à
disposition sur Internet.
propos recueillis par Dedjet
* http://terresetranges.net/
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
PANORAMA
jeux vidéo
« enter the world of survival horror... »
SAGA
ALONE IN THE DARK
C’est donc bien un jeu franco-
français qui fut le premier à entremêler
les concepts d’aventure et de suspense
horrifique à travers un jeu d’inspiration très
lovecraftienne. Si pour les plus jeunes, le
premier Alone in the Dark peut aujourd’hui
prêter à sourire, il faut bien imaginer que
nous sommes au début des années 90,
ère bénie du jeu vidéo où l’imagination
du joueur rivalisait avec les innovations
des créateurs pour pallier à une technique
encore très rudimentaire.
Alone in the Dark est novateur
à plusieurs niveaux. Sans parler de ses
thèmes chers à la littérature fantastique,
il est aussi bourré de trouvailles techniques
(personnages polygonaux dans des
décors précalculés, mise en scène
cinématographique, ...). Edward Carnby
et Emily Hartwood vont devoir explorer le
manoir de Derceto, où un peintre, Jeremy
Hartwood, a trouvé la mort dans des
circonstances étranges. Contrairement à
ce qui peut se faire aujourd’hui, il est ici
possible d’éviter une grande majorité des
monstres, qui ne sont d’ailleurs pas foison.
Mais c’est l’ambiance unique, en son
temps, de ce jeu en a
fait tout le charme.
Les deux suites à
les carnets de l’assemblée # 3
ce premier opus sont pour le moins
anecdotiques; dans Alone in the Dark
2, on pousse l’action au détriment de
l’aventure, et le gameplay rigide de ces
deux épisodes a dû créer à l’époque toute
une génération de chauves prématurés.
À grands coups de winchester, il s’agit ici
de faire le ménage plus que de vivre et
trembler avec Carnby, dans une étrange
ambiance mi-western, mi-pirate.
Même si Alone in the Dark 3 tente de renouer
avec le gameplay d’origine, il ne parvient
pas à ressusciter l’engouement et la série
est mise aux oubliettes par Infogrames.
Le désengagement de Frédéric Raynal de
ces suites n’est probablement pas pour rien
dans la déception que représentent ces
deux jeux...
Après un trou noir de six ans, Alone
in the Dark IV : A New Nightmare sort sur
PlayStation 2, édité par Atari et développé
par Darkworks (Cold Fear). Surfant sur la
vague Survival Horror qu’il avait créée,
cette séquelle offre un mélange, parfois
bancal, parfois génial, entre les origines de
la saga et les nouveaux codes instaurés par
Resident Evil. On nous propose encore une
fois de choisir avec qui suivre la découverte
de cette inquiétante Shadow Island; le
fidèle Edward Carnby (pour une aventure
plus musclée et horrifique) ou Aline Cedrac,
une journaliste (pour une aventure plutôt
basée sur les énigmes). Les monstres sont
plus agressifs, mais perdent en personnalité
et l’imagination du joueur n’est que peu
mise à contribution. Si le scénario se laisse
agréablement suivre (il reste au-dessus
de la moyenne des jeux de ce type tout
de même), on a du mal à retrouver les
sensations que nous procurait le petit jeu
d’Infogrames presque vingt ans plus tôt...
Nostalgie, quand tu nous tiens...
En juin dernier sortait un nouvel
opus, parfois à tort appelé « Alone in the Dark
40
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Le terme Survival Horror est apparu
pour la première fois avec le jeu
Resident Evil (en 1996 sur PlayStation)
avec la phrase «Enter the world of
survival horror !», qui apparaissait lors
d’une phase de chargement. Mais
c’est quelques années plus tôt, en
1992, que le concept du Survival
Horror est né......en France. C’est Alone
in the Dark, jeu de Frederic Raynal
édité par Infogrames, qui instaura les
règles du genre tel qu’on les connait
aujourd’hui : le gameplay, les énigmes
et le côté surnaturel. Depuis, bon
nombre de jeux se sont inspirés de ce
gameplay. Que ce soit la série des
Resident Evil, grâce à laquelle le genre
s’est démocratisé, ou encore la série
des Silent Hill. Aujourd’hui, le Survival
Horror est devenu un genre à part
entière, et nous allons vous présenter
les plus représentatifs du genre...
V ». Développé par Hydravision (Obscure),
cette séquelle se veut novatrice sur tous les
points, avec notamment une interaction
encore jamais vue avec le décor et une
gestion du feu, un allié à double tranchant,
des plus réalistes. Il va falloir survivre,
enquêter et explorer ce New-York dévasté
ou les possibilités sont nombreuses, grâce à
un scénario découpé en épisodes, faisant
irrémédiablement penser à une série télé.
Mais, malgré ses 4 ans de développement,
Alone in the Dark a trop de défauts irritants
pour prétendre surpasser son glorieux aîné ;
bugs de collision, maniabilité parfois mal
pensée, scénario qui sonne un peu creux...
Dommage, car le jeu n’en a pas moins un
réel potentiel, et un charme propre à la
série
Alone in the Dark
1992 • PC
Alone in the Dark II
1994 • PC
Alone in the Dark III
1995 • PC
Alone in the Dark IV
2001 • PS2
Alone in the Dark
2008 • PS3, PS2, PC, XBox 360, Wii
SAGA
RESIDENT EVIL
Dès la séquence d’intro de
Resident Evil premier du nom, le ton est
donné : du muscle, des monstres et du
sang ! Si l’action trépidante retombe très
vite durant l’exploration du manoir, la peur
reste néanmoins présente tout au long du
jeu (ah, saletés de Hunters, ces grenouilles
humanoïdes qui vous décapitent comme
pour rire...). Très largement inspiré des films
de zombies sauce Romero, mâtiné d’action
hollywoodienne, Resident Evil repose sur des
bases rapidement définies et immuables :
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Le scénario, lui, mêle habilement
horreur classique (ici, le manoir rempli
de mutants), manipulation génétique
(Umbrella et ses virus qui finissent toujours
par échapper à leur contrôle) et bon gros
action movie avec un commando d’élite
qui se fait rapidement décimer. D’ailleurs,
les suites ne feront que continuer la longue
et trouble histoire d’Umbrella, seul vrai lien
entre les épisodes (hormis les S.T.A.R.S.,
l’élite de la police), en alternant entre
les différents héros et leur lutte contre la
multinationale.
Resident Evil 2 prend place au
sein même de la ville de Raccoon City, la
nuit où le T-Virus se répand. Leon Kennedy,
Resident Evil policier fraîchement muté, et Claire
1996 • PlayStation, PC, Saturn, GameCube,
Redfield, venue chercher des informations
Resident Evil 2
1998 • PlayStation, PC, Nintendo 64, DreamCast, GameCube sur son frère, vont devoir batailler ferme pour
Resident Evil 3 : Nemesis échapper aux hordes de morts-vivants. En
2000 • PlayStation, PC, DreamCast, GameCube effet, le nombre de créatures hostiles est ici
Resident Evil Survivor beaucoup plus grand que dans le premier
2000 • PlayStation
opus. Finis les couloirs vides, ou alors,
RE Survivor : Code Veronica
2001 • PlayStation 2 seulement en apparence (la première
RE Code Veronica / X apparition du licker, les zombies qui
2001 • PlayStation 2, GameCube, DreamCast jaillissent des portes ou des fenêtres...). Si le
Resident Evil Gaiden scénario est probablement mois riche que
2001 • GameBoy Color
dans son prédécesseur, il est plus trépidant,
Resident Evil Rebirth
2002 • GameCube plus orienté sur l’action. Et l’adjonction
Resident Evil 0 de cinématiques probantes (en tout cas
2003 • GameCube, Wii bien plus que les séquences vidéo de
Resident Evil Dead Aim Resident Evil 1) renforce l’impression très
2003 • PlayStation 2
cinématographique qui se dégage de
Resident Evil : Outbreak
2004 • PlayStation 2 cette suite.
Resident Evil 4
2005 • PlayStation 2, GameCube, PC, Wii C’est la revenante Jill Valentine qui
RE : Outbreak File#2 est à l’honneur dans Resident Evil 3 : Nemesis.
2005 • PlayStation 2
Coincée à Raccoon City lors de cette
Resident Evil Deadly Silence
2006 • Nintendo DS même nuit, elle va suivre une trajectoire
RE : The Umbrella Chronicles parallèle à celle de Leon et Claire. Malgré
2007 • Wii l’ajout de certaines nouveautés liées au
Resident Evil 5 gameplay, ce troisième épisode n’apporte
2009 • PS3, XBox 360
que peu de valeur ajoutée à la série si
ce n’est l’amusement de voir les chemins
identifier, éliminer, collecter. Identifier la se croiser et se manquer de peu entre
menace ; les ennemis pullulent et chacun les protagonistes du 2 et du 3. Et ce n’est
a sa manière propre (façon de parler...) pas la présence de l’adversaire récurrent
de vous attaquer. Quand ce n’est pas un de cet épisode, le Nemesis, bourrin parmi
de vos camarades qui vous poignarde les bourrins, qui apportera une touche
dans le dos... Éliminer la menace, même d’intelligence et de finesse à une ambiance
s’il est parfois préférable de se contenter résolument «action».
d’esquiver les lents et maladroits zombies,
quoi de plus humiliant que de se retrouver Les deux épisodes de Resident
coincé par quatre cadavres dans un Evil : Outbreak mettent en scène tout un
couloir ? Et enfin, collecter. Indices, objets, groupe de survivants, tous jouables, qui
et surtout munitions, qui ne seront jamais de tentent de fuir les rues de Raccoon City.
trop une fois Chris Redfield ou Jill Valentine De qualité assez inégales, les missions ici
face à certains mastodontes issus des labos proposées permettent toutefois d’apporter
d’Umbrella. un angle nouveau sur la série ; la notion
de groupe est primordiale et il vous sera
difficile de survivre sans les autres. Les
histoires liées aux différents personnages,
plus intéressantes qu’on pourrait le penser,
et l’impression d’urgence qui se dégage du
jeu font oublier le découpage en missions
du scénario, qui, sans être gênant, détone
du reste de la série.
Alors que l’on croyait Capcom
endormi à jamais sur les lauriers du premier
opus, Resident Evil 4 apporte une grande
vague de fraîcheur sur la série. Avec tous
ces relents de cadavres, il était temps, me
41
à l’épreuve
direz-vous... Le premier choc vient du héros
lui-même ; Leon Kennedy est passé du boy-
scout dégoulinant de bonté à l’homme de
terrain charismatique depuis Resident Evil
2. Avec une vue à hauteur d’épaule et
une caméra libre, c’est toute la façon de
jouer qui a été revue, et ces nouveautés
apportent une dimension de furtivité et de
dynamisme encore jamais atteint dans la
série, avec, par exemple, des cinématiques
interactives (avec séquences de touches).
Ah, ce combat au couteau... vous m’en
direz des nouvelles !
Si le scénario est des plus classiques
(voire banal, avec son lot de retournements
de vestes et de contaminations
intempestives), c’est cette fois l’expérience
de jeu qui est mise en avant. D’un village
perdu peuplé de dégénérés à un camp
retranché sous les bombes, la seule mission
de Leon est de survivre. Ah, et de sauver
la fille du Président, aussi, on l’oublierait
presque, celle-là...
SAGA
SILENT HILL
La saga de Konami débute en
1998, sur PlayStation, avec aux commandes
Keiichiri Toyama (qui a depuis créé la licence
Forbidden Siren). Là où Capcom joue sur
la surprise et la menace du nombre, Silent
Hill instaure dès le départ une ambiance
oppressante en jouant sur l’ombre (que
ce soit dans le noir ou dans le brouillard
qui a envahi la ville) et les dissonances (la
bande sonore reste un exemple du genre,
soutenue par l’excellent Akira Yamaoka).
Et que dire de l’idée géniale de la radio
qui grésille à l’approche des créatures,
inépuisable réservoir à frissons...
Loin de la violence très « série
B » de Resident Evil, Silent Hill représentait
une expérience unique, dérangeante,
viscérale. On n’y incarne pas un membre
surentraîné d’un commando d’élite, mais
le père d’une petite fille qui s’est perdue
dans le brouillard. Avant de se battre avec
de vraies armes, c’est à coups de barre
de fer qu’on massacre des monstruosités
aussi pathétiques qu’effrayantes. Quant
au scénario, bien que de facture assez
classique, il est très efficace, et on se
retrouve vite plongé dans l’aventure
d’Harry Mason, qui va peu à peu découvrir
qu’il n’y a pas que la hasard qui l’a fait
s’échouer à Silent Hill.
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
Silent Hill 2 repart sur les mêmes
bases, mais cette fois sur 128bits. La
trame reste proche, mais cette fois, c’est
de son propre chef que le héros, James
Sunderland, part pour la ville maudite,
suite à des lettres reçues par sa défunte
épouse, et va vivre une véritable descente
aux enfers, aussi bien physiquement que
psychiquement. Cette fois encore, on
croise toute une galerie de personnages
plus abîmés les uns que les autres, certains
que l’on peut sauver, d’autres étant hors
de notre atteinte. James y vit son lot de
scènes traumatisantes, et même le joueur
n’en ressort pas complètement indemne...
On retrouve les mêmes
mécanismes pour Silent Hill 3. Pourtant, il y
a une différence notable ; exit les hommes
murs et solides, le joueur incarne Heather,
une adolescente qui part à la recherche
de ses origines troubles. Dans ce troisième
épisode, ce n’est plus à travers un être
aimé que l’on ressent l’horreur de Silent
Hill, mais dans son propre sang. Avec une
console qui commence à tourner à plein
régime, les effets visuels saisissants sont
nombreux (comme le passage d’une face
de Silent Hill à une autre), et les créatures
inédites foisonnent (comme Pyramid
Head, également présent dans le film de
Christophe Gans).
COMPTINES
& HURLEMENTS
Impossible d’évoquer Silent Hill sans
parler de son univers sonore. Que
ce soit au niveau des bruitages
(coups, plaintes des créatures,
voix...) ou de la musique, la série
présente un bilan quasiment sans
faute. La symbiose entre l’image
et le son n’est jamais autre que
parfaite. Composée par Akira
Yamaoka, la musique joue sur
les ambiances chères à la série ;
thèmes enfantins y côtoient des
morceaux industriels, laissant
même parfois la place à des
passages purement rock (« Angel’s
Thanatos »).
Mary Elizabeth McGlynn (connue
aussi sous le pseudonyme de
Melissa Williamson) collabore avec
Yamaoka depuis Silent Hill 2, et
livre régulièrement deux ou trois
morceaux d’excellente facture
par opus. Dans un registre rock (« I
Want Love », « Rain » ) ou beaucoup
plus ambient (« Room of Angel »,
« Letter from the Lost Day » ) elle
apporte une touche de douceur
dans l’univers froid et inquiétant de
Yamaoka.
À noter, également, le très roots
« Hometown », thème de la saga
décliné à la sauce folk, où la voix de
Joe Romersa
vous glace
l’échine...
les carnets de l’assemblée # 3
Silent Hill 4 : The Room est le mal-
aimé de la série. Un traitement novateur par
rapport à ses prédécesseurs (les séquences
en vue subjective dans l’appartement,
les armes qui se brisent en les utilisant),
un scénario fort différent (la cosmogonie
de Silent Hill n’apparaît ici qu’en filigrane)
font effectivement de ce quatrième opus
une expérience à part. « The Room » porte
bien son nom, puisque c’est à travers cet
appartement (vite condamné) qu’on va
accéder aux lieux des méfaits d’un tueur
en série lié à Silent Hill. Malgré un scénario
peut-être moins solide qu’à l’accoutumée,
cet épisode recèle certaines scènes parmi
les plus terrifiantes et dérangeantes de la
saga. Et « The Room » a, de plus, le mérite
de sortir la série du carcan de la ville à
proprement parler, démontrant que l’esprit
de Silent Hill est prêt à pervertir le reste du
monde...
Enfin, sorti sur PSP puis sur PS2,
Silent Hill : Origins (appelé «Zero» au
Japon), retrace les évènements qui ont
amené Alessa Gillespie à devenir ce
qu’elle est dans le premier opus. À travers
l’aventure «intime» de Travis Grady, qui lui
aussi a un lien avec la cité fantôme, on
croise ça et là certains des évènements
fondateurs du « mythe » (les Gillespie, le Dr.
Kaufmann, Lisa Garland, et une ébauche
de Pyramid Head encore un peu tendre).
En reprenant le système d’armes à durée
de vie limitée, cet épisode rend l’esquive
quasiment indispensable, et on passera des
heures dans le noir le plus total, à essayer
d’éviter les représentants de la ménagerie
habituelle. A mi-chemin entre préquelle au
jeu et supplément au film, Origins s’avère un
peu moins prenant que ses prédécesseurs,
sauf si l’on prend la peine de découvrir les
différentes fins possibles (le Bad Ending ou
encore l’UFO Ending).
À noter également, la sortie en septembre
(au Japon, peut-être en Europe ?) de Silent
Hill : Homecoming, cinquième volet de
la saga, premier sur consoles de nouvelle
génération et qui offrira apparemment
son lot de nouveautés de gameplay (plus
d’actions possibles, interactions avec
l’environnement, caméra libre, etc...). On
en frissonne d’avance !
Silent Hill
1999 • PlayStation
Silent Hill 2
2001 • PlayStation 2, XBox, PC
Silent Hill 3
2003 • PlayStation 2, PC
Silent Hill 4 : The Room
2004 • PlayStation 2, XBox, PC
Silent Hill : Origins
2007 • PSP, PS2
Silent Hill 5
2008 • PS3, XBox 360
42
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
SAGA
SIREN
Cette jeune et très lovecraftienne
saga voit le jour en 2003, éditée par Sony
Computer Entertainment sur PlayStation
2. Dirigé par Keiichiro Toyama (Silent Hill),
Forbidden Siren met en scène la survie de
dix personnages, dans une île coupée du
monde suite à un rite accompli par une
secte locale.
Doté d’un gameplay original (un
scénario non linéaire, la Vision, qui permet
de voir à travers les yeux de l’ennemi, la
gestion des PnJs lors de certaines missions),
Forbidden Siren demeure toutefois très
déconcertant pour le joueur, tant les
actions des personnages et les énigmes
peuvent paraître dénuées de toute logique.
Mais ce jeu mérite qu’on s’y attarde, ne
serait-ce que pour son ambiance toute
particulière, et ce, malgré une certaine
lourdeur générale (gameplay et scénario).
Sorti trois ans plus tard, Forbidden
Siren 2 reprend le même chemin que son
aîné, dont il partage les qualités et les
défauts. L’animation des personnages est
toutefois nettement améliorée, même si la
difficulté est encore une
fois au rendez-vous et
a de quoi décourager
même les plus patients.
Siren : Blood Curse, est à la fois
une suite et un nouveau concept. Se
déroulant 4 ans après les évènements du
premier opus, les douze épisodes de ce jeu
sont téléchargeables indépendemment
sur le PlayStation Store depuis cet été.
Forbidden Siren
2003 • PlayStation 2
Forbidden Siren 2
2006 • PlayStation 2
Siren : Blood Curse
2008 • PlayStation 3 (PS Store)
DEAD RISING
Plateforme : XBox
Actuellement, Dead Rising est
LE jeu de Zombies par excellence. Vous
y incarnez un jeune photographe dont le
seul objectif est de survivre 72 heures dans
un centre commercial. À partir de là vous
avez toute liberté d’agir à votre guise : vous
êtes libre de rechercher d’autres survivants
et les mettre en lieu sûr, ou pas. Vous pouvez
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
essayer de trouver l’origine de
l’épidémie, ou pas. Ou vous
pouvez juste vous balader
dans le centre commercial,
essayer les différentes tenues,
les différentes armes, faire
du skate dans les allées,
etc... Bourré de références,
vous aurez l’occasion, par
exemple, d’utiliser une
tondeuse pour vous frayer un
chemin à tavers une rangée
de zombies. Violent, gore, drôle, intense et
parfois jouissif, Dead Rising est un énorme
défouloir pour tout amateur de zombies.
ETERNAL DARKNESS
Plateforme : GameCube
La GameCube nous a offert,
pour l’époque, quelques Survival Horror de
premier choix avec la ressortie des Resident
Evil et de ses épisodes bonus comme le
zéro où la réédition du premier. Mais c’est
Eternal Darkness, jeu développé par Silicon
Knights et édité par Nintendo, qui fut la
bonne surprise dans la ludothèque de la
console. Malheureusement méconnu du
grand public, Eternal Darkness a pourtant
tout pour plaire.
S’inspirant de l’œuvre de H.P
Lovecraft, on y retrouve certains éléments
tels que le Necronomicon, ici appelé « Le
Livre des Ténèbres Éternelles » ou encore les
Grands Anciens.
Dans ce jeu, vous incarnez
Alexandra Roivas, qui enquête dans le
manoir de son grand père, mystérieusement
décédé. Au cours de vos recherches vous
trouverez ce fameux Livre des Ténèbres
Éternelles...mais ce dernier est incomplet.
Chaque chapitre que vous trouverez
ensuite dans le manoir vous fera vivre
une aventure sur différents siècles, allant
de l’antiquité romaine à aujourd’hui, en
passant par l’Égypte, le moyen âge, etc...
Chaque époque ainsi jouée vous en
apprendra plus sur la menace que
représentent les Grands Anciens et sur le
culte qui leur est voué.
En plus d’avoir un scénario
prenant, Eternal Darkness innove de
par son gameplay et son utilisation des
hallucinations. Chaque monstre que l’on
rencontre diminue notre jauge de folie (il
faut achever ces derniers pour recouvrer
quelques points). Quand la jauge de
folie est au plus bas, les hallucinations
commencent : on entend des voix et
des cris, l’écran saigne, l’image pivote
légèrement, et bien d’autres visions.... Mais
ces hallucinations prennent également
place dans l’environnement du joueur:
l’image disparait comme si la télé
s’éteignait, le son se coupe en affichant
le symbole «mute» en bas de l’écran, au
moment de sauvegarder : la sauvegarde
disparaît **sueur froide du joueur**, puis
réapparait **ouf**...
Eternal Darkness est un excellent
jeu où la folie se mêle au survival horror pour
nous offrir une expérience de jeu unique.
OBSCURE
plateforme : PlayStation 2, XBox, PC
Obscure :
Obscure II :
Sorti des studios d’Hydravision,
Obscure fut à sa sortie une vraie bonne
surprise. Une ambiance potache et
référentielle à souhait, un humour, parfois
un peu trash, rafraîchissant, pas de doute,
on a bien affaire à un slasher. Ici, chaque
personnage a sa capacité, qui le rend
unique, mais, et c’est une chose trop
rare dans le monde du jeu vidéo, tous les
protagonistes sont sacrifiables ! En effet,
aucun ne tient réellement la vedette, et
c’est vraiment le joueur qui peut décider de
qui survit. Avec une très bonne gestion de
la lumière (fatale aux créatures), Obscure
pêche tout de même par une difficulté
assez mal gérée (selon le personnage
incarné, le jeu peut devenir très, très
facile...). Mais il n’en demeure pas moins
un jeu sympathique, qui réserve son lot de
bons moments, du sursaut au fou rire...
Sa suite, Obscure II, déçoit à
tous niveaux ; exit le second degré, une
réalisation bâclée, un gameplay revu et
(mal) corrigé, autant d’éléments qui le
rendent des plus dispensables...
DES ZOMBIES
DANS LE VISEUR...
Le Survival et le FPS ont toujours
été étroitement liés. Doom3, Quake, House
of the Dead,.... La liste serait ici beaucoup
trop longue à énumérer et n’aurait, en soi,
aucun interêt. Mais si on aborde le sujet dans
ce panorama, c’est qu’il y a quelques jeux
qui ont retenu notre attention. Dans les FPS,
les énigmes, propres au véritable survival-
horror, ont été mises de côté pour laisser
place à un seul mot d’ordre : l’ambiance !
(et, accessoirement, le bourrinage). Premier
exemple en tête : Alien Versus Predator 2
(PC - Décembre 2001). Petit bijou vidéo-
43
à l’épreuve
ludique qui vous permet d’incarner un
marine, un Alien ou encore le redoutable
Predator. Ambiance à couteaux tirés et
scènes d’action épiques, le jeu vous offrira
une bonne dose de stress et quelques
bonnes scènes à insérer dans vos parties.
Autre merveille du genre, plus
récent cette fois ci : Bioshock. Scénario
intense, ambiance glauque et malsaine.
Bioshock vous offrira des idées de mises en
scène et des retournements scénaristiques
de premier choix. Vous l’avez compris, de
par leur coté immersif, les bons Survival-
FPS sont une source inépuisable de scènes
d’action dynamiques, visuelles, choc et,
par conséquent, mémorables.
par Vincent Ziec & Julien De Jaeger
ON VOUS CONSEILLE
ÉGALEMENT ...
Cold Fear
(PS2, XBox, PC)
Du survival Horror boosté à la
testostérone, un décor glacial, un
bon moment en perspective !
Rule Of Rose
(PS2)
Pas réellement dans la thématique,
même si le jeu en emprunte les
mécaniques. Un jeu troublant,
plein de défauts (principalement
sur des aspects techniques), mais
attachant et immersif.
Project Zero
(PS2, XBox, Wii)
La preuve que le survival horror
peut être cérébral. Malgré une
jouabilité un peu poussive, cette
série (3 épisodes à ce jour)
compense par des scénarii de
qualité, une ambiance étouffante
et une réalisation des plus réussies.
ET S’IL N’EN RESTAIT
qu’un ?
Silent Hill 2
Silent Hill 2 frôle la perfection. Une
expérience unique. Indispensable.
les carnets de l’assemblée # 3
 illustration : Zombie harbor
boussoles
aujourd’hui, c’est Maïté qu’on mange !
Il faut bien l’admettre, le survival-
horror est devenu, depuis le temps,
très codifié. Ce sont toujours
les mêmes recettes, les même
archétypes de personnages qu’on
nous ressert, et pourtant on en
redemande. Le survival a quelque
chose d’intense qui prend aux tripes
et qui ne nous lâche plus. Nous vous
proposons ici une présentation
de ces codes, afin de vous fournir
tous les ingrédients pour faire votre
propre Survival Horror.
les carnets de l’assemblée # 3
le système
Avant de nous intéresser à
l’ambiance, ou encore aux personnages,
nous allons voir ensemble comment faire
ressentir, en terme de jeu, le coté Survival.
Mais au fait, à quoi se résume ce fameux
«_côté Survival » ?
Nous pouvons résumer les éléments
du survival par : la gestion des vivres, des
munitions et du stress. Actuellement, peu
de système gère cette notion de survie mais
néanmoins, certains arrive à sortir du lot.
Pour la gestion du stress, un seul mot me vient
en tête : Thrill*. Thrill est un système amateur
pensé par Pyromago où « le stress et la
psychologie sont au cœur de la mécanique»
44
AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
et ne viennent pas se greffer sur un système
comme la majorité des jeux actuels. Chaque
caractéristique (et donc chaque lancé de
dés correspondant) dépendra d’une jauge
de stress. Cette dernière varie en fonction de
l’horreur que vivront vos PJ.
Par exemple le joueur, qui débute
en étant serein, sera plus apte (un dé de
bonus) à soigner, étudier, bricoler ou encore
faire appel à ses connaissances pour élucider
un mystère. Par contre, chaque événement
qu’il vivra pourra lui faire augmenter sa jauge
de Stress : un bruit suspect (+1), découvrir un
cadavre (+2), etc... Il aura donc des difficultés
(un dé de malus) pour utiliser les compétences
précitées. Mais, du fait qu’il se voit dans un
état «agité» il récupère le dé de bonus dans
les compétences foncer, combattre, forcer
ou encore endurer. Je vous invite à lire ce
système qui tient seulement sur six pages,
mais qui n’en est pas moins intéressant.
Concernant les munitions, plusieurs solutions
s’offrent à vous :
• C’est vous, MJ, qui gérez les munitions.
Même si cette option à le mérite d’être
rigoureuse, le joueur ne ressentira pas, ou
mal, l’appréhension du chargeur vide.
• C’est le joueur qui gère ses balles. A vous de
voir si vous faites confiance à vos joueurs....ou
pas....
• Reste le système de Token. Chaque joueur
reçoit un nombre de jetons correspondant à
son total de munitions. Le joueur vous donne
un jeton pour chaque balle tirée. Si cette
option donne un côté accessoire, voire
amusant, vos joueurs se rendront vite compte
de l’importance de ces « tokens » quand
vous les redistribuerez au compte goutte...
Nous n’allons pas évoquer ici tous les points
de règles possibles (tout simplement parce
qu’il serait trop long de les adapter à tous
les systèmes). Mais, en fonction du niveau
de réalisme que vous souhaiter donner à
vos parties, vous pourrez gérer également
l’enrayement des armes, les vivres, la
propagation du virus ou encore inclure un
système de visée précise (Visez la tête !!).
Mais le meilleur moyen pour faire ressentir le
stress aux personnages est de le faire ressentir
aux joueurs, et pour ça, nous allons voir
comment créer une bonne ambiance...
l’ambiance
Elément important de tout bon
survival : l’ambiance ! Faire ressentir la peur
à vos joueurs n’est pas si évident, et c’est
pourquoi je vous propose ici quelques
astuces pour mettre vos futures victimes dans
« l’ambiance-qui-fait-peur » :
Il est facile d’apeurer en utilisant des éléments
« visuels » (Faire marcher un écorché,
traverser une rue où les lampadaires sont
remplacés par des cadavres empalés sur
des pieux, etc...). Mais ce que nous vous
 AIDES DE JEU & SCÉNARIOS boussoles

proposons ici, c’est d’instaurer la peur au sein
du groupe. Apprenez les caractéristiques de
vos PJ ainsi que de vos PNJ afin de mettre en
valeur les plus forts, et d’instrumentaliser les
plus faibles. Ainsi, vous créerez une hiérarchie
(de force ou politique) chez les survivants
et vous instaurerez, en plus de la menace
extérieure, une tension supplémentaire chez
vos joueurs.
Exemple : Vos PJ accompagnés d’autres
survivants sont au rez-de-chaussée d’un
centre commercial. Malgré leurs barricades,
les zombies ont réussi à envahir le hall. Seul
moyen de survivre : aller à l’étage. Oui, mais
l’ascenseur est trop petit pour que tout le
groupe puisse y rentrer. Il va donc falloir faire
deux groupes : un pour l’ascenseur et l’autre,
qui devra passer par les escaliers. Pour ce
faire, il faudra traverser la horde de Zombies
qui se trouve entre eux et la porte d’escalier.
La décision devra être prise rapidement. Les
zombies arrivent. La tension monte.
Ce genre de situation hostile instaurera
des divergences dans le groupe. Vos
joueurs commenceront à douter de leurs
compagnons, à les surveiller, se méfier
continuellement d’eux, au point d’oublier la
Exemple : L’un de vos joueurs
entend un bruit suspect. Ses
compagnons étant trop
occupés (ou dormant), il va voir
seul. Il constate que le frigidaire
« saigne ». Ouvre la porte et là
un cadavre lui tombe dessus.
Il se dégage comme il peut.
La lumière s’allume et le reste
du groupe, réveillé par tout ce
bruit, constate notre PJ avec un
cadavre dans les bras. A lui de
prouver son innocence.
Autre élément qui revient
régulièrement dans les films
et qui ne sert qu’à créer une
ambiance, c’est le personnage
(un PNJ donc) qui raconte
une histoire vécue : Le père de
famille qui décrit comment il
n’a pas pu sauver sa femme et
ses enfants. Le militaire qui a vu
une mère ne voulant pas lâcher
son bébé infecté, et pourtant, il
avait pour ordre de les séparer
ou de les abattre tous les deux.
Vous pouvez utiliser ce genre
d’éléments pour ajouter une tension pendant

illustration : Anthony Boursier

vraie menace.
Vous pourrez ensuite aller plus loin en faisant
douter vos joueurs d’eux-mêmes. La peur, le
stress ou encore la folie les rend moins sûrs
d’eux (représentés par un malus sur certain
jet de caractéristique). Mais vous pouvez
aussi rendre les PJ fous aux yeux des autres
personnages en leur divulguant, en aparté,
quelques vraies/fausses informations ou en
les mettant en porte-à-faux.
REQUIEM POUR UN PJ
ou comment se faire une bonne BO...
La musique est un élément essentiel
et intimement lié à la peur. La série
des Silent Hill doit énormément à son
compositeur. Sans toutefois tomber
dans les clichés des bruitages (bruits
de portes, hurlements, etc...) qui
peuvent vite faire basculer dans le
kitsch, voici une liste d’albums (avec
quelques exemples de morceaux)
dans lesquels vous pourrez piocher à
votre guise :
• Silent Hill (tout !)
• American Mc Gee Alice
• Eternal Darkness
• Avalon (Flak Tower 22)
• Dark Crystal
• Donnie Darko (Ensurance Trap ou
encore Walk in the 4th Dimension)
• Dracula (The Ring of Fire)
• Harry Potter 3 (Apparition of the
Train)
• Entretien avec un Vampire
(Armand’s Seduction)
• Lost (Kate’s Motel)
• Predator (Camouflage)
une période creuse du scénario.
Concernant la menace, quelle qu’elle soit,
ne la dévoilez pas tout de suite. Laisser le
doute planer chez vos joueurs. Faites jouer
les ombres ou encore les bruits. Rendez vos
joueurs paranos.
Exemple : Un PNJ « malade » agresse un gars.
Ce dernier meurt des suite de ses blessures.
Le PNJ est immobilisé puis isolé dans un lieu
sûr. Quand vos PJ reviennent, le cadavre a
disparu. Etait-il toujours vivant ? Pourquoi est-
il parti ? Quelqu’un, ou quelque chose l’a-t-il
pris ?
Toujours concernant la menace : surprenez
vos joueurs !
Prenons l’exemple des dents de
la mer. Chaque intervention du requin est
précédée de la musique que l’on connaît
tous. Plus tard dans le film, dès que les
premières notes retentissent, le spectateur
(pensant avoir compris le truc) s’attend à
voir le requin, mais non. Mais c’est lors d’une
scène tout ce qu’il y a de plus banale, sans
prévenir, que le requin surgit. Effet garanti !
Ce qui marche ici avec la musique peut être
remplacé par d’autres événements récurrent
(la sirène de Silent Hill, l’arrivée d’une nuée
d’insectes, etc..).
les PNJ
Voici maintenant quelques PNJ types que
l’on peut rencontrer dans tout bon survival.
Vous pouvez vous servir de ce panel pour
grossir votre groupe, mais surtout pour vous
donner quelques échappatoires possibles
pour relancer l’intrigue et motiver vos
joueurs.
[ Le « Bon » Flic ]
Description : par défaut, ce représentant de
la loi sera le leader du groupe. Les gens se
référeront à lui pour prendre une décision ou
résoudre une querelle.
Points forts : toujours volontaire pour aider son
prochain. Il essaiera désespérément de faire
régner un semblant d’ordre dans ce monde
chaotique.
Points faibles : il favorisera toujours les décisions
qui n’enfreignent pas la loi. Même si ce ne
sont pas forcément les plus intéressantes.
Phrases types : (en secouant son flingue) « Ne
me force pas à m’en servir ! »
« Dès que tout ça sera fini, vous serez jugés
pour vos actes de vandalisme. »
[ La femme enceinte ]
Description : classique mais efficace. La
femme enceinte reste un symbole d’espoir
qu’il faut à tout prix sauver.
Points forts : elle vivra les événements actuels
avec du recul et sera toujours de bon conseil
pour les PJ.
Points faibles : fragile, lente et elle risque
d’accoucher d’un moment à l’autre.
Phrases types : « Non ça va. Je vous assure. »
« Oh ! Il a bougé, je le sens. »
[ La vieille au chihuahua ]
Description : Deux façons de jouer ce PNJ :
• La «mamie» gentille que tout le monde
aime. Attentionnée envers les PJ, elle sera
les écouter ou leur communiquer un peu
de sa sagesse afin de les apaiser. Proche
de son chihuahua, cette mamie sera en
panique quand ce dernier aura disparu. Les
PJ prendront-ils le risque d’aller le secourir ?
• Mégère acariâtre. Cette vielle peau ne
parle que pour se plaindre ou insulter les

45
les carnets de l’assemblée # 3
 boussoles AIDES DE JEU & SCÉNARIOS

PJ. De plus, elle ralentit tout le monde dès
qu’il s’agit de se déplacer pour la survie
du groupe. C’est bien simple, cette grand
mère n’aime que son chihuahua. Mais
ses réactions parfois égoïstes peuvent vite
devenir dangereuses pour la pérennité du
groupe, et surtout leur discrétion.
[ La jeune fillle énigmatique ]
Description : arrivée de nulle part, elle
demandera refuge au groupe de survivants
dont font partie les PJ. Solitaire, Mystérieuse,
on ne sait pas comment ce PNJ a pu survivre
seul à la menace extérieure.
Points forts : sa force mentale et ses capacités
de combat inattendues.
Points faibles : solitaire, énigmatique. Elle
suscitera de la méfiance au sein du groupe.
Phrases types : « C’est ça, ouais....»
« Fais pas ton macho avec moi ! »
[ Le reporter ]
Description : très à la mode en ce moment
avec des films comme [REC], Cloverfield ou
Diary of the Dead, le reporter est celui qui
veut tout filmer. A tel point de prendre des
risques inutiles, du moment qu’il n’en loupe
pas une miette.
Point fort : comme il a tout dans sa camera, il
peut rembobiner pour revivre ou se souvenir
de certaines scènes.
Point faible : prend des risques inconsidérés
et a une perception limitée du décor. Rentre
souvent en conflit avec le flic.
Phrases types : « C’est bon ça ! »
« A moi le pulitzer ! »
[ « Sawyer » ]
Commençons par le plus classique :
[ le centre commercial ]
Comme beaucoup de films et de jeux
utilisent cet endroit, nous n’allons pas
trop nous attarder sur ce lieu. Le centre
commercial est idéal pour trouver de la
nourriture, des vêtements, des commodités,
etc... Autre point positif : le toit. Idéal pour
y inscrire des messages de secours ou pour
y faire atterrir un hélicoptère. De plus, le
centre commercial possède de nombreuses
caméras de sécurité...Ce qui implique donc,
de nombreuses entrées à surveiller.
Sans rentrer plus dans les détails, vous
pouvez également regrouper vos joueurs
dans d’autres lieux publics (Stade, Cinéma,
Bowling, etc...)
[ la prison ]
Après quelques déboires, vos survivants
trouvent sur leur route une prison. De hauts
murs, ainsi qu’une porte d’entrée renforcée,
le tout entouré d’un grillage surmonté d’un
barbelé. A première vue, la prison semble
être un endroit très sécurisé pour se refugier et
se reposer quelques jours. D’autant plus que
les cuisines renferment plusieurs conserves,
assez pour se nourrir plusieurs mois. Mais une
fois à l’intérieur, les PJs découvrent d’autres
survivants. Si au début, ces derniers se font
passer pour des anciens gardiens, il s’avère
que ces PNJ sont en fait d’anciens détenus
plus ou moins dangereux e déviants.
(Variante possible : l’asile psychiatrique)
[ le manoir ]
LE DÉCOR
Vous pouvez adapter votre
décoration en fonction du lieu
principal où se situe l’action. Pour le
manoir, opter pour une nappe noire,
bleue nuit ou pourpre (bref, éviter les
nappes à fleur) avec des bougies,
voire un chandelier sur la table
(qui pourra également servir pour
simuler une coupure de courant).
Autre décor, autre ambiance :
Vous pouvez également vous
confectionner une nappe avec des
coupures de journaux et éclairer la
pièce avec des lampes torches ou
des lampes sans abat-jour.
Quelques scènes d’action
Maintenant que le plus dur est fait, faites vous
plaisirs en incluant quelques scènes d’actions
pour permettre à vos joueurs de poutrer du
zombie. Place au fun !
Grand classique du film de zombie : la scène
du bus. Merveilleusement bien rendue dans
l’Armée des Morts (de Zack Snyder), la
« scène du bus » consiste pour les survivants
à se barricader, à armer un bus façon
« Agence tout risque » et à utiliser ce dernier
pour traverser une marée de zombies.
Malgré le coté jouissif, vos PJ doivent se
rendre compte du danger de la chose : Ils
doivent constamment avancer (le bus ne
doit pas caler), il ne faut pas qu’ils se fassent
submerger par les zombies, etc…
Tant que nous en sommes à évoquer le film
de Zack Snyder, vous pouvez également

illustration : Olivier Camus

Description : égoïste au possible, il la joue solo
depuis le début et ne partage rien. Un seul
mot d’ordre : Sauver sa peau avant tout !
Points forts : son absence de morale lui a permis
de piller quelques cadavres et, ainsi, d’amasser
un bon petit inventaire d’objets utiles.
Points faibles : égoïste, il n’hésitera pas à faire
des coups bas au PJ si ça peut servir son
intérêt personnel avant tout.
Phrases types : « Qu’est ce que tu me donnes
en échange ? »
« Désolé, j’l’ai vu le premier »
[ une secte de fanatiques ]
Comme si les Zombies (ou autres) ne suffisaient
pas, des fanatiques religieux veulent imposer
leur croyance au monde et ainsi sauver les
survivants... par un sacrifice rituel. Gare à
ceux qui croisent leur chemin.
le lieu
Maintenant que vous commencez à avoir
une petite idée de la manière dont vous
allez faire (sur)vivre votre groupe, reste à
savoir encore où ? Nous vous proposons ici,
une brève présentation des environnements
propres au survival-horror avec quelques
explications sur leurs spécificités ou quelques
synopsis de scénarios.
Après une longue et intense traque, vos vous servir de quelques éléments de la scène
joueurs trouvent à la sortie du bois un manoir. d’intro. La panique des habitants du quartier,
Immense et encore en très bon état, le manoir la ville en feu, les accidents de la route.
ne semble pas être abandonné. A l’intérieur, Le réalisateur à réussi en quelques plans
la déco de style baroque, les chandeliers et à créer un chaos urbain tout simplement
les tableaux anciens contrastent fortement mémorable.
avec le monde extérieur.
Synopsis 1 : Apres avoir fouillé les différentes N’hésitez pas à utiliser les éléments du
pièces du manoir, vos joueurs découvrent décor pour créer des scènes visuellement
que le propriétaire, apparemment disparu, impressionnantes. Comme un métro
collectionnait les livres occultes. Dans son
bureau, un enregistrement audio fait office
de journal scientifique. Il y raconte les
expériences qu’il aurait pratiquées sur ces six
premières femmes. La dernière s’est vraiment
mal passée, et il a dû enfermer sa femme
dans la serre, juste derrière la maison. Qu’est-
elle devenue aujourd’hui ?
Synopsis 2 : Apres avoir fouillé les différentes
pièces du manoir, les joueurs trouveront des
documents sur une petite fille issue d’un asile.
Les journaux révèlent qu’elle était possédée.
En cherchant bien, les joueurs comprendront
que cette fille est l’enfant du propriétaire et
de sa seconde femme. D’autres coupures
de journaux annonce que la fille a disparu
de l’asile. C’est en découvrant une pièce
caché dans le sous-sol, qui est aménagée
en chambre d’enfant, que les PJ feront
le rapprochement avec les coupures de
journaux.

46
les carnets de l’assemblée # 3
 AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
suspendu qui déraille, traverse le muret et
vient s’écraser en bas. Les PJ, alors présents
sur la route, ne s’inquiètent plus trop de l’état
des passagers quand ils voient ces derniers
se relever doucement et se diriger vers eux
avec un regard affamé.
Toujours impressionnant, l’armée ou le
commando qui surgit pour venir secourir les
PJs ou les hommes en noir, les scientifiques
avec masques à gaz qui interviennent pour
emmener les survivants de force.
Tous les « ingrédients » présentés ici sont
bien évidement loin d’être exhaustifs. Mais
j’espère que ça vous donnera de bonnes
bases ou que ça vous inspira pour alimenter
ou créer vos propres scénarios de zombies,
pour au final arrivé au résultat que tout le
monde souhaite : passer un moment fun
entre potes (et, accessoirement, poutrer du
zombie aussi. C’est important ça aussi).
Liste de matériel
La survie passe aussi par une bonne
préparation. S’équiper d’outils utiles et de
qualité peut augmenter vos chances.
[ Armes ]
Le choix est large. Vous devez vous défendre
et éliminer un maximum d’adversaires.
Nous vous conseillons donc les armes à
feu automatique. Pensez à vous munir de
suffisamment de munitions pour tenir un
siège.
Si vous devez improviser, la hache
d’incendie donne d’excellents résultats.
Pour les bricoleurs, la tronçonneuse, certes
bruyante et difficile à manier, permet de
démembrer facilement et avec beaucoup
de style.
Le lance-flammes convient aussi pour son
côté destruction de masse. De plus, il peut
fournir de l’éclairage (voir plus loin).
[ Eclairage ]
Il n’y a rien de pire que de se retrouver dans
le noir alors qu’on est poursuivi par une horde
de créatures. Prévoyez donc un éclairage
adéquat. La lampe torche est un bon choix.
Légère, elle permet un usage combiné avec
une arme de poing. Le must étant bien sûr la
lampe frontale. Pensez aux piles et batteries
de rechange pour ne pas vous retrouver en
panne.
Le feu peut fournir une source
d’éclairage, mais sa maîtrise n’est pas
toujours facile. Vous ne pouvez pas maintenir
un briquet allumé plus de quelques minutes.
Optez plutôt pour les bougies, mais attention
aux incendies ! Enfin, rappelez-vous que
certaines créatures craignent le feu.
[ Passe-partout ]
Très rapidement, le contrôle des accès
peut devenir une condition de votre survie.
boussoles
Vous devez pouvoir verrouiller
et déverrouiller rapidement une
porte. Nous vous déconseillons
l’ouverture au fusil à pompe
ou à l’explosif, bruyant et
souvent définitif. Préférez le
passe-partout. Il ne s’agit pas
ici d’un nain qui court dans un
jeu télévisé, mais d’un outil de
serrurier. Attention toutefois, car
ce matériel ne convient pas pour
des portes sécurisées comme
celles équipées de digicode par
exemple. Dans ce dernier cas,
l’usage de la force brute sera
utile.
[ Vehicule ]
illustration : Julien De jaeger
Vous devrez peut-être vous
déplacer sur de grandes
distances, transporter du
matériel ou vos compagnons,
emprunter des sentiers défoncés
ou des artères emcombrées de
cadavres et de carcasses de
voitures. Nous vous conseillons
donc d’opter pour un véhicule
polyvalent de type 4x4. Qui se de voyager loin d’un point de ravitaillement
soucie d’écologie quand il est poursuivi pharmaceutique. Nous évoquerons aussi
par une bande de zombies? Prévoyez ici les limitations qu’imposent des survivants
suffisamment de carburant pour vous rendre handicapés ou récemment blessés et dans
à destination et pour un retour éventuel. l’incapacité de se mouvoir correctement.
Pour les plus fortunés, l’hélicoptère
est un moyen rapide de voyager en
évitant les petits tracas de la route. Mais il
Communication & média
faut rappeler qu’il est difficile à piloter et
Le groupe aura besoin d’agir tel un
extrêmement gourmand en carburant.
commando dans diverses situations, surtout
celles où ce même groupe devra se scinder
[ Nourriture ]
en plusieurs équipes. Le bon vieux talkie-
walkie reste la meilleure des solutions pour
Pour survivre, il faut boire et manger. Pour
communiquer et permettre une coordination
la boisson, optez toujours pour les bouteilles,
d’ensemble. Autrement, reste à savoir si les
les canettes ou les briques fermées. Ne
opérateurs de téléphonie mobile sont toujours
buvez jamais d’eau courante. Elle pourrait
en activité dans ces temps troublés... Dans le
être contaninée. Utilisez des verres ou des
même ordre d’idée, la maîtrise en continue
gobelets afin d’éviter les échanges de fluides
des médias et de l’information globale
corporels avec vos compagnons (on n’est
(télévision, radio, internet, ...) peut s’avérer
jamais trop prudent).
Pour la nourriture, c’est pareil.
essentielle afin de savoir si la prochaine
destination du groupe est sécurisée ou non.
Préférez les conserves et les aliments sous vide.
Faites-les cuire si possible et ne partagez pas
vos couverts. Evitez la viande fraîche : vous [ Sources d’énergie ]
n’aimeriez pas que cet appétissant quartier
de bœuf reprenne vie alors que vous allumez L’électricité sera le premier nerf de la guerre si
le barbecue ? vous utilisez de l’équipement technologique
moderne. Tous les appareils portatifs auront
[ Pharmacie ] ainsi besoin d’être approvisionnés en piles,
batteries ou auront besoin d’une alimentation
secteur pour leur rechargement. Idem
Le nécessaire de premiers secours semble
pour les véhicules, il en va de soi, en ce qui
une évidence. Les bâtiments publics
concerne le carburant. Le calcul du PNR
et les transports modernes accueillent
(point de non-retour) symbolisant la distance
probablement un kit médical. Mais on
maximale d’un voyage aller nécessaire à
peut aussi aller plus loin en s’assurant de
tout voyage de retour sera donc primordial
répondre à tous les ennuis de santé des
sur de longues distances vers l’inconnu
membres du groupe de survivants. Certains
(comprendre « vers une zone géographique
sont peut-être sujets à allergies chroniques,
dans laquelle le carburant est incertain).
crises d’asthme, diabète élevé, ou encore
ont besoin de substituts à leurs addictions
par Vincent Ziec, Olivier Camus et Dedjet
(drogues, nicotines, alcool, ...). Bref, tous les
remèdes et traitements récurrents seront * retrouvez le système Thrill en téléchargement gratuit
indispensables si votre groupe entreprend sur www.lassemblee.org
47
les carnets de l’assemblée # 3
 boussoles
survival
la survie pour les nuls
Vous vous croyez prêt à affronter
l’horreur ? Vous vous dites que rien
ne peut vous arriver ? Détrompez-
vous, en situation d’urgence,
vous ne vaudrez sûrement pas
mieux que la première victime
du film, celle qui panique et reste
tétanisée. Mais, avec ce guide,
vous tiendrez peut-être jusqu’à la
fin de la nuit ...
• votre meilleur(e) ami(e) a toutes les
chances d’être transformé(e) et de vous
attaquer avant la fin de la nuit. Prenez les
devants !
• si vous résidez près d’Hollywood, votre
meilleure chance est de trouver un chien et
de rester auprès de lui. En cas de danger, il
se sacrifiera toujours pour vous.
• si votre patron a une dent contre vous le
lundi matin, méfiez-vous.
les carnets de l’assemblée # 3
GUIDE
• n’ouvrez à personne, surtout si vous
reconnaissez la voix ou si c’est un enfant. S’il
s’agit des deux à la fois, vous pouvez être sûr
qu’il vous saute à la gorge dès que la porte
est ouverte, ou qu’il a derrière lui toute une
tripotée de créatures qui n’avaient pas
encore remarqué votre présence.
• ne partez pas à la recherche de votre fille.
C’est probablement la réincarnation d’une
divinité païenne cruelle et sanguinaire.
Quoiqu’il advienne d’elle, elle l’aura donc
bien mérité.
• si vous croisez d’autres survivants, ne faites
pas un groupe. Il y en aura toujours un pour
faire une gaffe qui vous fera tous tuer, un
qui se fera mordre et ne le dira à personne,
ou un qui parlera sans arrêt et attirera les
zombies. Vous ne pouvez compter que sur
vous-même.
• si malgré tout vous constituez un groupe,
rappelez-vous bien : le gros balèze doit
mourir en premier, la jolie fille en dernier.
Si vous êtes le gros balèze, tant pis pour
vous, on vous avait dit de ne pas former un
groupe de survivants.
• toujours garder une balle dans le barillet.
Au cas où...
48
AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
• savoir imiter un zombie peut vous sauver
la vie. Entraînez-vous. Ceux qui se moquent
de vous aujourd’hui seront les premiers à
tomber demain.
• Michael Jackson ne compte pas dans
votre tableau de chasse. Quoique...
• si c’est contre un zombie, il n’est pas
interdit d’utiliser sa tondeuse le dimanche.
• si ça peut saigner, ça peut mourir.
• si ça peut mourir, ça peut remourir !
• si c’est démembré, ça court moins vite.
• si ça n’a plus de dents, ça ne peut plus
mordre. Se réfugier dans un hospice, même
contaminé, peut représenter un bon moyen
de survivre. Et ils ont la télé.
• apprenez à reconnaître, même de loin,
un humain d’un zombie. Ni sa démarche,
ni son odeur ni son langage ne sont des
preuves valables, surtout si vous fréquentez
des rôlistes. Par contre, s’il survit à une balle
dans le cœur ou à un coup de batte dans
le cou, c’est qu’il est déjà mort. Sinon, vous
venez d’épargner à un survivant pas mal
de souffrances...
la rédaction
 AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
Scénario pour 4 à 6 joueurs de Zombies.
Les personnages seront tous vivants et sans
connaissance de l’existence des Zombies.
Idéal pour introduire une campagne,
avec des nouveaux personnages qui
ne se connaissent pas encore, sans trop
s’embarrasser du background. Cette
absence de référence permettra à un MJ
bricoleur d’adapter ce scénario à d’autres
jeux. Il y a de grande chance qu’à l’issue
de cette aventure, plusieurs personnages
soient contaminés, voire déjà transformés
en zombies.
Introduction pour les joueurs
Roissy-Charles De Gaulle, Terminal E, salle
d’embarquement #3, samedi 12 avril,
14h25. Il fait froid. L’hôtesse vous invite enfin
à emprunter le couloir qui donne accès
à la cabine. Pour des raisons multiples
et variées vous prenez tous l’avion pour
Miami. Vous jetez un coup d’œil aux autres
passagers : un jeune homme d’affaires
dans un costume italien hors de prix,
un couple de jeunes mariés qui passe
leurs temps à s’embrasser, un gros type
toussant et transpirant abondamment, un
ado gothique androgyne, un grand type
maigre avec un étrange tatouage sur le
visage, un barbu en djellaba au regard
fuyant... Une fois dans la cabine, votre
billet de “classe affaires” à la main, vous
cherchez votre siège.
Les Personnages
Après avoir lu l’introduction à vos joueurs, si
ils n’ont pas déjà de personnages, distribuez
ou faites-leur choisir les personnages pré-
tirés, puis attribuez-leur un siège en “classe
affaire”. La place de chacun est indiquée
sur la fiche mais vous n’êtes pas obligés
de la respecter. Le but est d’entourer
le passager du siège 18-D (voir plan de
cabine).
[ Bill ] (place 17-A)
Force 9; Dextérité 15; Agilité 13; Réflexion
16; Perception 14; Constitution 11; Volonté
13; Charme 14; Perversion 16
Spiritisme 54; Sang froid 63; Séduction 74;
Maquillage 25; Mensonge 76
Chance 39; Esquive 56; PV 18
Bill est un adolescent Androgyne de 15
ans au look gothique. C’est un asocial qui
se prétend adorateur de Satan, mais n’est
en contact avec aucune secte. Il vivait
en France avec sa mère divorcée. Mais
le père, un américain aisé, vient d’obtenir
la garde à grand renfort d’avocats. C’est
donc contraint et forcé que le jeune
rebelle prend l’avion pour rejoindre, à
Miami, ce père qu’il connaît à peine, mais
qu’il déteste déjà beaucoup.
Malgré la loi Anti-Gore,
l’adolescent a vu de nombreux films
pirates de zombies sur le net et en connaît
long sur le sujet. Plus que la majorité des
adultes en tout cas.
[ Mouloud ] (place 16-F)
Force 8; Dextérité 6; Agilité 12; Réflexion 14;
Perception 16; Constitution 8; Volonté 12;
Charme 17; Perversion 13
Véhicule(avion) 52; Armes de poing 56;
Sang froid 52; Baratin 82; Empathie 62;
Loi 54; Science (théologie) 74; Science
(histoire) 74
Chance 64; Esquive 52; PV 12
Mouloud a tout du Taliban moyen, la barbe,
le look,... Dans la rue, on le regarde avec
suspicion. Et pour cause : il est en fait un
terroriste en devenir...
Imam sans histoires depuis plusieurs
années, il a récemment été approché
par une cellule d’islamistes radicaux qui
l’a, pour ainsi dire, enrôlé de force. Ne
voulant pas mettre en colère ses nouveaux
amis, il a joué le jeu quelques temps, dans
l’espoir d’endormir leur méfiance et de
49
boussoles
t
de Dedje
scénario
S S A G E R
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1 8 - D
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leur faire faux bon à la première occasion.
Mais la situation lui a échappé et le voici
dans un avion pour Miami avec la mission
de le détourner quelques minutes avant
l’atterrissage. Pour ce faire, un complice
infiltré dans l’équipe technique de
l’aéroport a dissimulé une arme à feu dans
le local médical et a rendu le verrouillage
de la porte inefficace.
[ Gino ] (place 21-D)
Force 6; Dextérité 11; Agilité 10; Réflexion
13; Perception 11; Constitution 8; Volonté
12; Charme 17; Perversion 15
Sang froid 22; Baratin 77; Guider 77;
Informatique 53; Loi 53; Commander 75
Chance 61; Esquive 46; PV 11
Gino est un élégant jeune homme d’affaire.
Il a créé, il y a quelques années, une start-
up basée sur un concept révolutionnaire.
Sa société va aujourd’hui être rachetée par
un important groupe américain et il se rend
à Miami pour rencontrer son futur patron et
surtout empocher un énorme chèque.
Mais, en réalité, le
concept révolutionnaire n’est qu’une
supercherie marketing : son programme
ne tient en fait qu’à quelques lignes de
Basic. L’objectif de Gino est d’empocher
rapidement l’argent et de partir se la couler
douce sur une île des caraïbes avant que
quelqu’un ne découvre le pot-aux-roses.
Gino porte des lentilles de
contact. Sans elles, il est myope comme
une taupe.
[ Sven ] (place 19-D)
Force 18; Dextérité 9; Agilité 14; Réflexion 6;
Perception 15; Constitution 16; Volonté 14;
Charme 7; Perversion 12
Bagarre 76; Armes de poing 75; Sang froid
54; Loi 26; Endurance 66; connaissance de
la Rue 32
Chance 49; Esquive 40; PV 25
les carnets de l’assemblée # 3
 boussoles
Sven est un jeune agent de police, sportif et
robuste qui n’a visiblement pas été recruté
pour son esprit. Disons le plus clairement,
Sven est un grand blond aux yeux bleus
d’origine scandinave et un peu «bas de
plafond». Il compense largement ce petit
handicap par son physique et son sens
du devoir. Au dire de ses collègues, c’est
un bon flic et un bon camarade aussi. Le
jeune homme vient de se marier avec
Fatima et tous deux se rendent à Miami
pour leur voyage de Noces. Sven est très
amoureux et un peu jaloux. Durant tout le
vol il ne quittera son épouse sous aucun
prétexte. Ne supportant pas l’idée qu’on
puisse lui faire du mal, il pourrait mettre sa
vie en danger pour protéger sa dulcinée.
[ Fatima ] (place 19-F)
Force 9; Dextérité 15; Agilité 15; Réflexion
15; Perception 18; Constitution 9; Volonté
12; Charme 17; Perversion 14
Grimper 40; Entendre 96; Voir 96; Sang
froid12; Empathie 62; Guider 62; Séduction
62; Connaissance de la Rue 34
Chance 37; Esquive 60; PV 14
Fatima est une jeune institutrice issue de la
banlieue. Petite et menue, elle doit de s’en
être sortie à son caractère et son énergie.
Dotée d’un fort sens de l’observation et de
beaucoup de charme, elle sait comment
plaire à un auditoire. Elle vient d’épouser
Sven et tous deux se rendent à Miami pour
leur voyage de Noces. Fatima est très
amoureuse. Elle ne supporte pas d’être
séparée de son mari et l’accompagne
partout. La jeune femme pourrait même
aller jusqu’à se sacrifier pour sauver la vie
de Sven.
[ Vitcos ] (place 17-K)
Force 10; Dextérité 16; Agilité 13; Réflexion
18; Perception 15; Constitution 6; Volonté
17; Charme 16; Perversion 12
Concentration 37; Occultisme 37; Rituel 57;
Sang froid 17; Baratin 56; Art 26; Premiers
Soins 56; Médecine 78; Science(Botanique)
78; Endurance 16
Chance 38; Esquive 68; PV 11
Vitcos est un homme grand et maigre
les carnets de l’assemblée # 3
d’une quarantaine d’années. Il arbore
d’étranges tatouages tribaux sur le visage.
D’origine sud-américaine, Vitcos se définit
lui-même comme un guérisseur. En effet,
il pratique une sorte de chamanisme à
base de prières, poudres et autres potions
étranges tout droit sorties de ses croyances
ancestrales. Et ça marche ! En tout cas, lui
y croit dur comme fer. Malgré cela, Vitcos
n’est pas un vrai occultiste, mais possède
néanmoins quelques dispositions pour le
devenir.
Séquences
[ Vol au dessus d’un nid de coucou ]
Peu après le décollage, et durant une
bonne moitié du vol qui doit durer
environ 8 heures, un passager va être
particulièrement perturbant. Évidemment
c’est l’occupant du siège 18-D, le
gros type transpirant. Il ponctuera ses
interventions par d’incroyables quintes de
toux tonitruantes, dérangera régulièrement
les hôtesses pour obtenir boissons et
serviettes en papier pour s’éponger le front
et fera plusieurs allers-retours aux toilettes.
Après 2 heures de ce spectacle pathétique,
il poussera un dernier gargouillis guttural et
s’effondrera sur son siège, mort !
Le personnel et les autres passagers
profitant du calme enfin revenu, ne
comprendront pas tout de suite la situation.
Des personnages curieux peuvent les y
aider. Une fois l’hôtesse prévenue, cette
dernière restera très professionnelle et
demandera si il y a un médecin à bord.
Un fois le décès constaté, elle demandera
à deux passagers costauds de l’aider à
emmener le corps à coté, dans une pièce
qui fait office d’infirmerie, puis ira prévenir
le commandant de bord.
Note pour le MJ: le verrou de la porte
de l’infirmerie est cassé (voir Mouloud). Elle
ne sera donc pas verrouillée.
[ Le calme avant la tempête ]
Si les personnages sont restés discrets et
pas trop curieux, l’incident ne sortira pas
de cette partie de l’avion, aucun autre
passager ne sera mis au courant et le calme
50
AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
reviendra bien vite. Profitez de l’occasion
pour faire baisser la tension : faites une
pause, proposez un café à vos joueurs,
un biscuit, parlez du dernier film que vous
avez vu au cinéma,... bref désamorcez
une éventuelle paranoïa autour de la mort
du passager 18-D. Puis revenez dans la
partie en demandant à chacun comment
il occupe son temps durant le vol. Écoutez
leur intention d’une oreille distraite et
poussez soudainement un cri strident. Ça
vient de l’avant. Il y a fort à parier qu’au
moins un des personnages se précipitera
pour voir ce qui ce passe. Il trouvera une
hôtesse étendue au sol, baignant dans une
mare de sang. Le gros type mort, agenouillé
près d’elle, se délectant du contenu de son
crâne fracassé...
La suite du scénario dépendra
grandement des actions des
personnages. Utilisez les évènements
décrits ci-après pour ponctuer les scènes
de massacre qui ne tarderont pas à
avoir lieu. Servez-vous du plan de l’avion
pour suivre les différentes actions. Mais
ne dévoilez aux joueurs que les parties
que leurs personnages ont effectivement
visités.
[ Un gros con de touriste ]
Alerté par les cris de l’hôtesse, les passagers
de la classe économique s’inquiètent.
Malgré les recommandations du personnel
de bord, de rester calmement à sa place,
Gilles, un touriste français affublé de
tongs, d’un bermuda et d’une chemise
hawaïenne fait irruption dans la cabine de
la “classe affaire” avec la ferme intention
de savoir ce qui se passe. Il est têtu, costaud
et bagarreur. Si on tente de le forcer à
regagner sa place ou si on veut le réduire
au silence, il rentrera dans une rage folle
Gilles
le gros con de touriste
Force 18; Dextérité 10; Agilité 10;
Réflexion 10; Perception 12; Constitution
16; Volonté 14; Charme 8; Perversion 12
Bagarre 75; Sang froid 55; Endurance 65;
Guider 75; Commander 75
Chance 50; Esquive 50; PV 20
 AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
Zombies viraux
La plupart des victimes
se relèveront après quelques minutes
seulement. Considérez-les comme des
zombies non intelligents.
Force 12; Dextérité 8; Agilité 8; Réflexion 6;
Perception 12; Constitution 12; Volonté 6;
Charme 6; Perversion 12
Griffer 50; Sang chaud 50
Chance 50; Esquive 25
10 pts de sang
5 pts de cervelle
et frappera quiconque s’interposera. Lui
permettre de savoir ce qui se passe
n’est pas non plus une bonne idée, car il
s’empressera de mettre un maximum de
passagers au courant et tentera un putsch
pour accéder au poste de pilotage et
prendra le contrôle des opérations. Si il y
parvient, il mènera à une mort certaine
tous ceux qui le suivent.
[ Panique au-dessus de l’atlantique ]
A plus ou moins long terme, les passagers
vont être informés de ce qui se passe et la
panique va gagner tout l’avion. Certains
ne penseront qu’à leur propre survie,
s’enfermant à double tour dans les toilettes,
d’autres opteront pour des comportements
irrationnels. La majeur partie des passagers
de la “classe économique” vont se
masser vers la queue de l’appareil dans
le désordre le plus total dès qu’il seront
confrontés aux premières attaques
de zombies. Les morts se compteront
par dizaines et ne tarderont pas à se
relever. La moitié arrière de l’avion se
transformera rapidement en champ de
bataille macabre.
A l’avant, les premières classes
cèderont moins facilement à la panique et
réaliseront rapidement que leur survie passe
par la condamnation des accès aux autres
sections de l’appareil. C’est pourquoi une
fois informée de ce qu’il se passe, ils vont
très rapidement se barricader dans la
partie avant de l’avion, entre leur cabine
et le poste de pilotage. Les convaincre
de laisser entrer quelqu’un sera alors très
difficile. Il faudra, entre autre, persuader
George, un chef d’entreprise à la retraite,
qui a plus ou moins pris le pouvoir dans
cette partie de la cabine.
Extincteur
Peut être utilisé en arme improvisée :
• de contact; dégâts 3d8 en End
et fi en PV
• à distance; dégâts 1d4 en End ;
Cadence 1;
Chargeur 5 tirs;
Portée 3m
De plus les victimes ont -4 en Perception
pendant 1d6 rounds.
[ Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? ]
Une fois mis au courant de la situation, le
commandant de bord prévient la tour
de contrôle de Miami. Après quelques
minutes, il reçoit l’ordre de se détourner
avec l’interdiction de se poser sur le sol
américain. S’il n’obtempère pas, trois
chasseurs F16 qui encadrent bientôt l’avion,
menacent de l’abattre si il ne change
pas de cap. N’ayant pas suffisamment
de carburant pour rebrousser chemin, le
pilote prend la direction des Caraïbes et
de l’Amérique centrale dans l’espoir de
trouver un aéroport qui l’accueillera. Cette
manœuvre est vaine : prévenu par les
autorités américaines, aucun pays dans le
rayon d’action du bœing ne l’acceptera
sur son sol. Si personne ne s’y oppose, le
pilote prendra la décision d’un amerrissage
d’urgence dans les eaux internationales
peu avant de manquer de carburant.
Si l’appareil résiste à cette manœuvre
désespérée, les survivants pourront tenter
leur chance à la nage.
Si ils veulent accéder au poste de pilotage,
les personnages n’ont pas beaucoup de
choix. Il n’existe qu’une porte blindée, à
l’avant de l’appareil, au-delà de la première
classe et verrouillée par un digicode. La
persuasion ou la menace pourrait pousser
une hôtesse à révéler le code.
[ Détournement de corbillard ]
Les croyances de Mouloud vont être
fortement malmenées par la confrontation
avec des morts-vivants. Il pourra néanmoins
faire le choix de récupérer l’arme dissimulée
dans l’infirmerie ou d’indiquer sa présence
à d’autres passagers si le besoin s’en fait
sentir. L’imam pourrait vouloir mener tout
de même sa mission à terme et précipiter
l’avion et sa cohorte de créatures impies
contre un symbole du grand Satan. A savoir:
un stade de foot, une école ou un bâtiment
administratif au choix du personnage. Bien
évidemment, cela n’arrivera pas, car le
Bœing sera abattu dès qu’il approchera
de trop près les côtes américaines.
[ Comment va-t-on s’en sortir ? ]
Ne rêvez pas, il n’y a pas beaucoup
d’échappatoires et les priorités de vos
personnages seront de survivre et d’éviter
la contagion. Pour se faire, ils disposeront
de peu de ressources et devront improviser
armes et protections. un extincteur par
exemple : la neige carbonique peut
aveugler un adversaire et le poids de
l’objet en fait une excellente arme
contondante. Un plateau repas fait un
bouclier acceptable tandis que le chariot
de l’hôtesse renversé en travers d’une allée
ralentira les zombies les moins intelligents.
La meilleure chance de survie de
vos personnages réside dans leur faculté de
collaborer sans céder à la panique et de se
barricader efficacement dans un endroit
sûr. Les locaux techniques et l’infirmerie sont
relativement étroits, mais faciles à protéger.
L’idéal étant, bien sûr, la première classe.
51
boussoles
Une fois les accès condamnés ou sécurisés,
on pourra attendre que le commandant
(ou n’importe qui d’autre réussissant un jet
de pilotage à -30%)ne tente un amerrissage
d’urgence.
Mort et contamination
des PJ
Un ou plusieurs des PJ
risquent d’être contaminés, blessés voire
tués par des zombies durant l’aventure.
Considérez les règles normales en
accélérant un peu le processus.
Ainsi un personnage tué se
relèvera , dans son propre corps (pas
d’âme-en-peine), a p r è s quelques
minutes seulement et pourra croire
qu’il n’a été que gravement blessé.
Tous les personnages ainsi contaminés
deviendront des zombies viraux
intelligents.
Et après ?
Une fois l’appareil posé (façon de parler),
les portes s’ouvriront automatiquement
(à moins que quelque chose ne les en
empêche) et des canots de sauvetage
se gonfleront. L’avion, quant à lui,
commencera inexorablement à couler
et en quelques minutes il aura sombré. La
suite et fin du scénario est alors laissé à la
discrétion du MJ. Si vous êtes gentils, vos
personnages trouveront places dans un
des canots et regagneront la terre ferme
quelque part dans les Caraïbes après avoir
dérivé plusieurs jours. Sinon vous pouvez
faire intervenir les gardes côtes américains
qui ont pour ordre « aucun témoin ». Enfin, si
vous souhaitez poursuivre l’aventure, voici
quelques idées :
• Après plusieurs jours, les personnages et
quelques autres survivants (et peut-être
des futurs zombies) accostent sur une île
déserte. Enfin, en apparence...
• Le canot des personnages croise la route
d’un cargo à la dérive. Il est en parfait
état de marche mais tout l’équipage a
disparu...
Durant le vol des relations se seront créées
entre vos personnages et les PNJ. Des
amitiés peut-être, des conflits sûrement. Si
Gilles fait partie des survivants, il y a fort à
parier qu’il se soit fâché avec beaucoup
de monde. Le bougre à la rancune tenace
et il risque de causer encore bien des
ennuis à vos PJ.
les carnets de l’assemblée # 3
 boussoles
épiphanie
UNE SÉANCE POUR PATIENT 13
scénario et illustrations de Julien De Jaeger
NUIT 1 • LES RÂLES
La nuit est calme, la plupart des patients
sont sagement dans leur chambre.
Comme souvent, aucune blouse blanche
ne semble parcourir les allées de l’hôpital.
Mais pour vos joueurs (deux au maximum)
qui suivent le plus scrupuleusement leur
traitement, la suite de la nuit va être bien
moins agréable.
En effet, ils vont être témoins de scènes
qu’ils seront parmi les seuls à voir (ou à
admettre avoir vu). C’est au milieu de
la nuit que les premiers évènements se
manifestent...
NdR : les deux scènes qui suivent doivent
être vécues par deux personnages
distincts. Dès le moment où ils voient ces
les carnets de l’assemblée # 3
AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
#66
évènements, tout y devient réel ; ils peuvent
rapporter un objet de ce cauchemar pour
environnement immédiat. Les grilles
rouillées sont abrasives, leur contact est
se prouver qu’ils n’ont pas rêvé. non seulement désagréable mais surtout
dangereux.
A : Purgatoire Au loin, une plainte se fait entendre ; aucun
doute n’est possible sur son origine, c’est
C’est tout d’abord un bruit de craquement
Bègue, un des patients. Il semble supplier
qui réveille le personnage ; il semble
à travers deux bégaiements quelqu’un qui
provenir de derrière le mur le plus proche
le menace. Un horrible bruit de raclement
de lui. En s’en rapprochant, il voit des
métallique le coupe net dans une phrase.
morceaux de peinture partir en lambeaux,
Puis le silence. Mais très vite, un autre bruit
révélant non pas un mur, mais des grilles
fait son apparition, comme si on traînait
rouillées. Une puanteur insoutenable se
quelque chose de lourd. Et le bruit se
répand dans la pièce. Peu à peu, les murs
rapproche de la cellule du personnage.
s’effritent les uns après les autres, révélant
les cellules voisines, vides. Tout autour de
Une forme émerge alors des ténèbres, un
lui est souillé; par le sang, la rouille, les
homme gigantesque, aux membres longs
excréments.
et fins, qui porte sur la tête une sorte de
pyramide en métal. Il traîne derrière lui
Sa chambre est verrouillée ; il est coincé
deux choses. Dans sa main droite, une
et ne peut agir sur rien d’autre que son
52
 AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
LES PILULES VOUS
OUVRENT LES YEUX
Il y a ici un lien étroit entre le
traitement des patients et leur
capacité à appréhender l’univers
cauchemardesque de Sommeil. La
prise systématique des médicaments
permet non seulement de voir cet
univers, mais aussi d’interagir avec lui.
À l’inverse, quelqu’un qui n’a jamais
pris son traitement ne pourra pas y
être entraîné. Mais quiconque en a
déjà eu un aperçu ne peut plus y
échapper ; sous médication ou non,
il s’y retrouvera à chaque fois que
Sommeil rêvera. Mais, sans aucune
trace de drogue dans le sang (et dans
le cerveau), il n’y sera qu’un fantôme,
un spectateur.
énorme lame disproportionnée, qu’il fait
crisser sur le sol. Dans sa main gauche, le
corps de Bègue, qu’il tire par un pied, face
contre terre, comme un vulgaire sac.
Pyramid Head s’arrête au niveau de
la cellule du personnage et l’observe
longuement, provoquant chez lui une
terreur irraisonnée. Puis, relâchant le corps
de Bègue, il tend un bras décharné vers la
grille. Le personnage perd connaissance...
B : Les Errants
Un des personnages se réveille, glacé par
une brise venue de nulle part. Une espèce
de brume laiteuse a envahi sa chambre. Il
entend au dehors le pas lourd d’une blouse
blanche, qui fait sa ronde de nuit. Alors qu’il
approche de la porte du patient, son talkie
walkie se met à émettre des grésillements,
comme des interférences. Il s’arrête et
commence à pester contre l’appareil
défectueux, quand, soudain, de nombreux
bruits de pas étouffés se ruent dans sa
direction. S’ensuit une pluie de coups
sourds assénés sur la blouse blanche, qui
finit par s’écrouler. Le talkie walkie grésille
toujours. Pendant qu’une flaque de sang
commence à apparaître sous la porte du
personnage, les grésillements diminuent
en intensité, avant de stopper net. C’est
l’heure du réveil, la brume a disparu, et le
personnage est épuisé...
nb : si l’un de vos joueurs a déjà commencé
à manifester des aptitudes hors normes,
faites lui comprendre que son emprise
sur cet univers étrange est plus forte, que
ses capacités y sont renforcées, bien
que perverties. Il peut également, s’il le
souhaite, s’exclure du cauchemar de
Sommeil. Tout comme les plus anciens.
JOUR 1 • DE
NOUVELLES TÊTES
Le Silence
Si les joueurs s’intéressent à ce qui s’est
passé la nuit précédente, c’est le moment
d’introduire de nouveaux personnages.
Quelques bruits de couloirs ça et là qui
confirment que Bègue est mort
Leurs contacts habituels ne seront
d’aucun soutien ; au contraire, même, ils
tourneront presque le dos à la moindre
évocation des évènements récents.
Leur forcer le main ne fera qu’attirer
l’attention sur eux d’autres « anciens »
pas forcément recommandables, qui leur
feront comprendre que chacun règle ses
propres problèmes, ici. En clair, seuls les
nouveaux et les sains d’esprit vont se mêler
à « l’enquête »...
Les Nouveaux
ont toujours tort
Parmi les nouveaux venus, voici lesquels
peuvent être rapidement remarqués :
Sommeil (Patient 66) (si l’un de vos joueurs
ou PnJs a ce numéro, organisez une
nouvelle loterie) : cf. encart
Requin (Patient 8) : cf. encart
Tango (Patient 41) : cf. encart
Avec la mise à l’écart forcée par les
anciens, les nouveaux vont être amenés à
beaucoup se côtoyer.
Les Douches (Requin)
Les personnages peuvent faire sa
connaissance dès le matin, dans les
douches. Détestable à souhait, il envoie
un patient valser pour prendre sa place
sous le jet d’eau (si l’un des personnages
se distingue par un physique de gringalet,
il sera probablement une victime toute
désignée). Il s’attirera quelques regards de
travers, mais guère plus.
Couloirs (Sommeil)
Il est plus que probable qu’en se promenant
dans les couloirs, les joueurs tomberont sur
Sommeil, soit en train d’errer sans but soit
assise sur une chaise ou un banc. Comme si
elle sentait inconsciemment que son avenir
dépend des joueurs, elle entrera en contact
physique avec l’un d’eux (si possible un
de ceux ayant pénétré son univers), en le
bousculant, ou en trébuchant près de lui
pour attirer son attention. C’est grâce à ce
contact qu’elle leur permettra de sortir de
leur cellule une fois la nuit venue.
Salle de repos (Tango et Requin)
Alors que Requin regarde tranquillement la
télévision, tango l’observe du coin de l’œil.
Il a repéré que ce nouveau-là ne se faisait
pas que des amis, et pourrait se révéler un
bon moyen d’attirer la sympathie d’autres
patients.
53
boussoles
LES TROIS VISAGES
DE LA RÉALITÉ
Il existe trois « réalités » qui cohabitent en un
même lieu. Si la première est connue des
joueurs et accessible à tout moment, les
deux autres ne le sont que dans les phases de
rêves de Sommeil. La prise de médicaments
facilite le passage vers le Darkside ou l’Entre-
Deux, à vous de déterminer quel joueur
aterrira dans chacun...
L’HÔPITAL
Il représente la réalité, le monde où vivent
Sommeil et tous les autres patients. Il
n’est donc en rien différent de ce qu’ils
connaissent au quotidien.
LE DARKSIDE
C’est l’univers de l’Écorchée, fait de rouille,
de fer, de sang. Et de créatures voraces et
vicieuses. Si Sommeil assimile le personnage
à des concepts négatifs (violence, douleur,
mort, etc...), ses chances d’y être projeté
sont décuplées.
L’ENTRE-DEUX
La Petite Fille erre dans ce lieu. C’est une
version déserte et ethérée de l’hôpital,
tout y est d’un blanc laiteux, brumeux.
Si Sommeil assimile le personnage à des
concepts positifs ou neutres (calme,
douceur, mélancolie, gentillesse, etc...), ses
chances d’y être projeté sont décuplées.
L’Entre-Deux sera absorbé par le Darkside
lors de la troisième et dernière nuit.
Il profite que Requin se lève pour aller
«demander» une cigarette à un autre
patient pour lui prendre sa chaise. Une
esclandre commence quand il revient
pour s’asseoir et voit Tango à sa place. Un
œil exercé remarquera que Tango fait en
sorte d’éviter les coups les plus douloureux
et simule beaucoup, en espérant que
quelqu’un prendra sa défense.
Le Réfectoire (Tango et Sommeil)
Lors du repas du midi ou du soir, Tango,
en pleine discussion avec une patiente,
bouscule Sommeil, et le plateau qu’elle
portait. L’infâme bouillie se retrouve
répandue sur la belle chemise de Tango,
et celui-ci tombe le masque quelques
instants ; il insulte la jeune fille de tous les
noms et le pousse au sol. Mais il reprend
vite son attitude charmeuse, et la relève
délicatement, un magnifique sourire de
façade aux lèvres, dès qu’il réalise que
tous les regards sont tournés vers lui...
NUIT 2 •
DÉCHAÎNEMENT
Dernier Tango
Ceux qui sont entrés en contact avec
Sommeil (en pénétrant son univers ou par
contact physique) verront leur cellule se
déverrouiller comme par enchantement.
les carnets de l’assemblée # 3
 boussoles
Pourquoi Bègue ?
Si les joueurs font preuve d’une
réelle détermination à savoir
pourquoi Bègue a été massacré,
ils peuvent tomber sur différentes
pistes. La réputation du patient
n’était pas glorieuse ; lâche,
voleur, pervers sont les mots qui
reviennent le plus souvent.
LÂCHE !
Bègue, pour éviter une punition, a donné
Taupe (cf. encart), un autre patient, aux
blouses blanches. Cet acte lui a valu le mépris
de tous et l’animosité des proches du patient
en question. Taupe est récemment sorti de
l’isolement, mais le doute sur sa culpabilité ne
dure pas ; il n’a rien d’un assassin, il a même
pardonné à Bègue. Tant de gentillesse, rien
de tel pour attirer les soupçons des joueurs !
VOLEUR !
La rumeur veut que Bègue ait volé quelque
chose (l’objet n’a aucune importance,
improvisez !) à un autre patient (à choisir
parmi ceux que les personnages craignent).
D’ailleurs, la victime du vol pourrait aller
jusqu’à se réjouir de la punition subie par
Bègue.
PERVERS !
Cette information est probablement la plus
difficile à obtenir, même si cette réputation lui
collait à la peau. Bègue avait un penchant
pour les « jeunes » filles. C’est le seul moyen
de faire un rapprochement avec Sommeil
dès le premier jour. La seule et unique preuve
est cachée dans le matelas de Bègue ; un
album photo, dont certaines pages ont été
maladroitement collées. En les décollant, on
découvre avec horreur des photos d’enfants
nus, dans des postures complaisantes. L’âge
des victimes varie entre 5 ans et une douzaine
d’années (ce qui correspond à l’âge de la
Petite Fille - voir plus loin - et de Sommeil).
Ceux qui ont eu vent des évènements
seront eux amenés dans l’Entre-Deux,
où la Petite Fille les entraînera vers un
accès menant, dans le Darkside, aux
étages inférieurs, dans la cellule-même de
Sommeil. Elle leur montrera avec insistance
le mur au fond de la pièce, en mimant de
ses lèvres « c’est là qu’elle nous attend ».
Cette nuit, c’est au tour de Tango d’être
victime des cauchemars de Sommeil. Mais
lui sera lynché par un groupe d’infirmières.
S’il doit y avoir d’autres morts, ce sont
principalement ceux qui ont été en
contact avec Sommeil (sauf Requin, qui
doit éventuellement constituer une fausse
piste). Si l’un des joueurs l’a été, il va devoir
affronter l’une des créatures échappées
de l’esprit de Sommeil, à votre discrétion :
Les Infirmières
Dans son ancienne vie, Sommeil a passé
de longs mois dans des hôpitaux; elle en
a gardé une image peu flatteuse des
infirmières qui la «soignaient».
Elles n’ont pas de visage; celui-ci est comme
effacé, ou plus exactement gommé. Elles
les carnets de l’assemblée # 3
AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
Sommeil
sont habillées de blanc,
Sommeil est une fille d’une douzaine
avec la tenue classique d’années, à l’air complètement perdu. Son
de l’infirmière américaine visage est fermé, et ses yeux exorbités sont
fantasmée (petit chapeau, injectés de sang et cernés comme si elle
blouse courte et cintrée n’avait pas dormi depuis plusieurs semaines.
légèrement décolletée, jupe Ce qui est le cas…
au-dessus du genou, etc...), Elle est vêtue d’une robe bleu marine, porte
mais ces vêtement sont sales, un serre-tête, des chaussettes blanches
et des souliers vernis. De loin, elle est une
couverts de taches brunes, véritable apparition dans ces lieux et aurait
mêlant indifféremment sang, tout d’une petite fille sage sans ce regard
excréments et autres fluides inquiétant. Elle ne parle pas (tout au plus
corporels. peut-on l’entendre murmurer de temps en
Les infirmières se déplacent par groupes temps), et reste seule, en général dans la
(3 au minimum, jusqu’à une douzaine) cour, sur un banc. Personne ne s’intéresse
et restent immobiles tant qu’elles sont réellement à elle.
plongées dans le noir total. Elles sont
Sommeil est arrivée dans l’hôpital depuis
attirées par la lumière, et leurs mouvements peu. Mais elle n’est pas une Sain d’Esprit.
sont saccadés. Les toucher ou émettre un Elle s’empêche de dormir pour une bonne
son autre qu’une faible respiration attirera raison; elle fait d’horribles cauchemars,
leur attention. peuplés de monstres sadiques, de créatures
Elles sont armées avec le tout-venant; du difformes, de Ténèbres. Ils sont tellement
scalpel à la hache d’incendie, en passant réalistes et détaillés qu’elle a l’impression
qu’ils sont réels. Elle se force donc à rester
par de simples planches de bois ou tout éveillée, mais elle finira tôt ou tard par
objet à leur portée.
sombrer.
Les Bébés Ce qu’elle n’a pas encore réalisé, c’est que
Sommeil est persuadée d’avoir un petit ses cauchemars sont effectivement réels ;
frère, ou d’en avoir eu un il y a longtemps. ses terreurs prennent vie dans l’hôpital, se
Elle est sans cesse hantée par la vision de servant d’elle comme d’un portail. Et ces
démons transforment les lieux en véritable
ce bébé se traînant par terre en essayant purgatoire le temps de quelques heures. Des
de l’attraper.
créatures désarticulées hantent les couloirs
Les bébés sont des créatures très véloces à la recherche de victimes, des infirmières
malgré leur mode de déplacement. Ils sans visage battent à mort des patients,
rampent sur le ventre, laissant traîner les murs s’effritent, laissant apparaître des
derrière eux leurs jambes difformes. Si grillages rouillés et tachés de sang. Ces
l’on n’y prête pas attention, on peut les croquemitaines ne semblent pas avoir
d’autre but que d’assouvir leur sadisme sur
prendre pour de vrais bébés «humains». tout ce qu’ils trouvent. Dès que Sommeil se
Mais leurs visages figés dans d’affreux rictus
réveille, tout redevient normal.
et leurs articulations disloquées rompent
vite l’illusion. Dans sa chambre : rien de particulier, si ce
En soi, un Bébé n’est pas très dangereux; n’est un carnet à dessins à priori vide (un
il se contente de s’agripper aux mollets patient sous médication y verra des dessins
de sa victime et de tenter de le mordre d’enfant, terrifiants)
avec les quelques dents mal plantées
dont il dispose. Mais ce sont plutôt ses cris
qui posent problème; ils ont tendance à
attirer d’autres créatures autrement plus
mortelles que lui.
Les «Wrapped-men»
Ces créatures ressemblent à des hommes
enfermés dans un sac de chair transparente.
Ils se déplacent maladroitement avec les
bras collés le long du corps, leurs jambes
mal assurées, et la tête perpétuellement
penchée en arrière. Leurs seules attaques
consistent soit à foncer sur leur adversaire
pour le renverser, soit à cracher un jet de
ce qui s’apparente à des sucs gastriques,
qui provoque d’affreuses brûlures.
Les Volants
Ces créatures mi-hommes, mi-insectes
volent maladroitement à travers l’hôpital.
Elles ne sont guère dangereuses, mais très
gênantes, elles se jettent sur leur cible et
la percutent violemment (une personne
de constitution normale devrait toutefois
encaisser le choc sans dommages). Sous
la carapace de leur abdomen coule leur
fluide vital, qui ronge toute matière sur
laquelle il est répandu. S’attaquer aux
Volants est donc à double tranchant...
54
 AIDES DE JEU & SCÉNARIOS boussoles

Requin
C’est avant tout
son apparence
Pyramid Head (ou Red Pyramid)
Il est ce qui s’apparente à une Faucheuse JOUR 2 •
DERNIÈRE CHANCE
physique qui lui dans l’univers de Sommeil. Il massacre
vaut ce surnom ; indifféremment humains égarés et
grand et massif, il créatures, avant d’entraîner ses victimes,
a surtout un visage parfois encore hurlantes, dans son antre. Les joueurs doivent absolument
rappelant le profil Il est tout simplement invincible, et, même comprendre que c’est Sommeil qui est à
du requin (nez
s’il peut être blessé (ce qui l’énerve encore l’origine des troubles des deux dernières
long et proéminant, petits yeux enfoncés,
cheveux blonds gominés et attachés en plus), la fuite est la seule solution face à lui, nuits avant la fin de la journée. Plus ils le
catogan). si l’on excepte le fait de lui mettre d’autres comprendront tôt, plus ils auront d’options
victimes potentielles sur son chemin. pour enrayer la mécanique (cf. encart «
Il se fait remarquer dès son arrivée par son la Mort, l’Oubli ou l’Enfer »). Pour les cas
caractère arrogant et agressif. Il ne se laisse désespérés, certains PnJs peuvent faire
pas faire, ni par les blouses blanches, ni le rapprochement entre les victimes et
par les autres patients. Il est l’archétype du
Sommeil, à leur demande ou au détour
coupable idéal.
d’une conversation. Les « anciens », eux,
Dans sa chambre : elle est absolument vide, feignent d’ignorer complètement la
en dehors du mobilier réglementaire. situation; ils en ont vu d’autres, ils savent
qu’il vaut mieux ne pas se mêler de ce
genre d’affaires.

Tango Requin
Aucun changement pour lui, la nuit n’a
Avec un minimum de psychologie, on pas eu d’effet sur son comportement. Il
comprend vite que Tango est un hypocrite est toujours aussi détestable, et n’hésitera
patenté. Toujours souriant et affable, son plus à s’en prendre physiquement aux
accent sud américain (forcé ?) rajoute
personnages s’ils continuent à lui tourner
au côté charmeur du personnage. Car
il s’agit bien d’un personnage ; Tango Pyramid Head est doté d’une force autour... Il est en fait de plus en plus
s’est inventé un passé de danseur, et une surhumaine qui lui permet de traverser nerveux ; il a compris que Sommeil était
attitude en conséquence. Il est gracieux, et portes, murs, sols, etc... pour mettre la liée aux évènements, et cherche le moyen
parfaitement capable de séduire n’importe main sur ses victimes. Il traîne à son côté de sauver sa peau. Il se pourrait qu’en fin
quelle patiente. une épée démesurée, qu’il aime faire de journée, faute de mieux, il tente de
Mais quand sa crisser sur le sol. Le seul point faible de tuer la jeune fille, dans un lieu discret (il
véritable nature
Pyramid Head est sa relative lenteur, qu’il l’entraînera dans sa cellule, ou dans une
se révèle (comme
ce sera le cas compense par sa propension à apparaître pièce vide). Aux personnages d’empêcher
avec Sommeil), il là où on ne l’attend pas. Ses mouvements cet acte qui déchaînerait l’Écorchée et
devient purement sont saccadés, comme guidés par un ravagerait l’hôpital. De plus, sauver Sommeil
odieux, même mécanisme grippé. pourrait leur octroyer des bonus (à votre
s’il remet vite convenance) pour affronter l’Écorchée.
son masque de Les Anciens
sourire.
S’ils tentent de fuir, ils pourront voir, au loin,
un des anciens de l’hôpital (au choix, selon
LA MORT, L’OUBLI
Dans sa chambre : Tango, en à peine
quelques heures, a réussi à se procurer déjà les relations des joueurs) leur tourner le dos.
l’essentiel pour maintenir son apparence Et, quoi qu’ils fassent, ils ne pourront voir
physique, vous y trouverez tout un nécessaire
de toilette.
que son dos. Ils représentent la négation
des évènements par les habitués des lieux, . . . OU L’ENFER
qui préfèrent ne pas se mêler de cette Il n’existe que peu de moyens d’arrêter ces

Taupe affaire. manifestations provoquées par Sommeil.

L’assassiner en plein jour est la solution la
La Petite Fille plus radicale (mais la «malédiction» pourrait
Petit, potelé, et arborant d’énormes lunettes, être transmise à son meurtrier, si vous
Il y a également une petite fille muette qui
Taupe porte bien son surnom. Mais si l’on vous sentez d’humeur). La tuer en pleine
hante les couloirs de l’hôpital dans l’Entre- nuit sous sa forme normale est purement
prête attention à ses mains, tout devient
encore plus clair ; Taupe à des ongles longs Deux (cf. encart). C’est l’ancienne Sommeil, inutile, elle reviendra sans cesse à la vie. Et
et durs, parfaits pour creuser, même les celle d’il y a quelques années. La suivre la version «sublimée» de Sommeil ne fera
matières les plus solides. C’est pourquoi les permet de trouver quelques indices pour son apparition que durant la troisième et
blouses blanches veillent particulièrement faire le lien entre Sommeil et ses victimes, dernière nuit.
à ce qu’il prenne son traitement, qui inhibe ou des talismans contre l’Écorchée (la
ses pulsions d’évasion. Le suicide de Sommeil est également un
photo de classe dans la cellule 66)
moyen, mais elle ne le fera pas, à moins
La petite fille n’est pas tangible, et ne peut d’y être littéralement poussée. Elle n’a
Taupe est aimable
avec ceux qui le se retrouver au même endroit qu’une de plus réellement conscience de la réalité
traitent bien. Et ses deux autres apparences (Sommeil et et n’aura pas la volonté de mettre fin à ses
même avec les l’Écorchée) avant la troisième nuit. jours.
autres. Surtout
quand il est sous L’Écorchée L’Oubli peut être trouvé dans les diverses
médication. Il drogues qui circulent dans l’hôpital, mais
L’Écorchée est la troisième manifestation
en est presque Sommeil ne fera pas cette démarche seule.
de la psyché de Sommeil. Elle représente Et la gaver de drogues ne fera que retarder
écœurant de
gentillesse. Sans celle en elle qui souffre et qui en veut au l’échéance (mais atténuera grandement
être un ancien, il monde entier pour cela. Les joueurs ne la ses crises nocturnes).
est ici depuis bien plus longtemps que les croiseront pas avant le grand final.
joueurs ; il sort d’isolement juste avant le La dernière solution consiste à affronter
début des évènements. les démons de Sommeil (voir paragraphe
«Nuit 3 • Épiphanie») et lui offrir une possible
rédemption

55
les carnets de l’assemblée # 3
 boussoles
Sommeil
Elle paraît encore plus « absente » que
la veille. En fait, plus Sommeil perd sa
consistance, plus l’Ecorchée se renforce
en prévision de l’Epiphanie. Il n’y a plus
la moindre lueur de conscience dans son
regard, et si les joueurs veulent agir, ils
doivent comprendre qu’il va falloir le faire
vite.
NUIT 3 • ÉPIPHANIE
Toute personne ayant publiquement accusé
Sommeil sera massacrée dès le début de
la nuit. C’est cette nuit que l’Écorchée
accomplit son épiphanie et va se sublimer
à l’aide de ses deux autres aspects. Mais,
paradoxalement, c’est en s’exposant ainsi
qu’elle va devenir vulnérable.
Cette fois-ci, aucun patient n’est épargné
par la folie de Sommeil ; tout l’hôpital se
retrouve plongé dans le Darkside, ou, au
mieux, dans l’Entre-Deux.
Les créatures peuplant les cauchemars
de la jeune fille hantent les couloirs, et
des patients se font pourchasser sous les
yeux des joueurs. Mais la frénésie ne dure
que quelques minutes ; très vite, le silence
retombe, uniquement ponctué ça et là de
quelques râles ou hurlements.
Les joueurs doivent à présent avoir fait le
rapprochement avec Sommeil, sous peine
d’errer toute la nuit de rencontre morbide
en rencontre fatale...
LE DERNIER SECRET DE SOMMEIL
Ce qui suit apporte des précisions sur le cas
de Sommeil, mais n’a évidemment de raison
d’être que si vous considérez qu’il y a quelque
chose en dehors des murs de l’hôpital.
Ces éléments peuvent servir à alimenter le
discours de l’Écorchée, ou être révélés aux
personnages par des truchements que vous
êtes libre de choisir...
Sa véritable histoire
La mort de son frère
Sommeil avait effectivement un frère, mais
celui-ci est mort lorsqu’il était encore bébé.
Alors âgée de 5 ans, Sommeil avait été laissée
seule par ses parents et surveillait son frère.
En plein milieu de la nuit, ses parents toujours
absents, épuisée, elle s’est endormie. Le bébé
en a profité pour se glisser hors de son parc,
et a fait une chute mortelle dans les escaliers.
C’est le point de départ de toute la psychose
de la jeune fille : privation de sommeil par auto-
flagellation, apparition de certains éléments
anodins qui deviennent sujets d’horreur (les
escaliers). Elle n’a jamais dépassé la mort de
son frère et la déchéance familiale qui a suivi
ce tragique incident.
les carnets de l’assemblée # 3
Les réalités fusionnent
Si l’un des personnages se trouve dans
l’Entre-Deux, il va assister à la fin de cette
réalité alternative. Il y voit la Petite Fille
peu à peu cernée par les ténèbres qui
envahissent les lieux. Puis l’Entre-Deux subit
la même métamorphose que l’hôpital
(les peintures qui s’écaillent, les murs qui
s’effritent, etc...) pour révéler le Darkside.
La Petite Fille est désormais coincée ici, et
va courir droit vers l’Écorchée...
Le Chemin s’ouvre
Comme l’a peut-être montré la Petite Fille
à l’un d’entre eux, les personnages doivent
se diriger dans la chambre de Sommeil.
Derrière le mur du fond, à travers le mur
déchiqueté, on peut apercevoir une grille
coulissante, qui ouvre sur un ascenseur
antique. Aucun mécanisme ne semble
l’actionner, même si un bouton rouge
attend qu’on le presse. Une fois le bouton
enfoncé, le Dieu Rouge se met en action :
incarnation de l’équilibre, c’est lui qui met
en branle l’ascenseur et le fait descendre
symboliquement vers les profondeurs de la
psyché de Sommeil.
La descente, bien que courte, paraît
interminable tant le silence est pesant,
uniquement rompu par les couinements
du câble et le craquement des os du Dieu
Rouge, qui semble se disloquer à chaque
mouvement dans un bruit de plus en plus
insupportable.
La grille s’ouvre enfin sur un palier. Au-
dessus d’eux, il n’y a que ténèbres ;
La maladie
À la fois pour la soigner et se débarrasser d’elle,
ses parents l’ont confiée à un institut, où elle
a subi toutes sortes d’humiliations de la part
du personnel et des autres patients. Elle était
à l’origine victime d’une grave dépression
infantile, qui s’est muée en véritable folie,
qu’elle a longtemps réussi à cloisonner entre
ses trois personnalités.
Ses parents
Dans sa confusion mentale le plus totale,
Sommeil a fusionné les personnalités de
son père et de sa mère en une seule entité,
castratrice et sadique. Ils n’ont jamais été
des parents particulièrement attentionnés ou
aimants, mais sont devenus des « monstres
» avec la mort de leur fils. Ils n’ont cessé de
l’accuser de tous les maux. Ce traitement
n’a fait que renforcer en elle le germe de
l’Écorchée qui ne demandait qu’à éclore.
Silent Hill ?
L’institut se trouvait à Silent Hill ; ce terreau
fertile a permis la naissance et la dissociation
des facettes de Sommeil. Ses univers ont peu à
peu été assimilés à celui de Silent Hill.
Quant à la raison de sa présence dans
l’hôpital, ça ...
56
AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
les étages supérieurs se perdent dans
l’ombre. Impossible de déterminer à quelle
profondeur ils sont descendus. En dessous,
un gigantesque escalier descend encore
en colimaçon vers les profondeurs...
L’escalier
Les marches sont raides et glissantes ; il y a
là aussi du sang et toutes autres sortes de
fluides dont les personnages préféreront ne
pas connaître la provenance. Au centre du
gouffre se trouvent d’innombrables Volants,
qui ne se préoccupent absolument pas des
personnages ; ils ont fort à faire avec les
corps qui sont pendus ou crucifiés là, tous
la tête en bas, accrochés à des chaînes
qui remontent à perte de vue. Certains
émettent encore des râles, mais la plupart
ont déjà été à moitié dévorés.
C’est lors de cette contemplation
malsaine que Pyramid Head décide de
refaire une apparition ; sorti d’on ne sait
où, il se met à descendre les marches en
direction des joueurs, leur bloquant toute
retraite. Contrairement à eux, il ne semble
absolument pas gêné par la raideur de
l’escalier.
Pyramid Head n’est pas là pour les
massacrer ; son unique fonction est de
les entraîner vers la Nef Renversée. Une
fois que vous estimez que vos joueurs ont
suffisamment couru, ils arrivent en vue de
ce qui ressemble au parvis d’une église, qui
donne directement sur l’escalier. À sa vue,
Pyramid Head émet comme un feulement
insupportable. Ivre de colère, il abat sa
lame sur l’escalier et en fait s’écrouler tout
un pan. Une fois sa tâche accomplie, il
rebrousse chemin.
La Nef Renversée
Devant eux se dresse donc la façade d’une
église. Mais, cette fois encore, ce qui est
considéré comme un havre dans le monde
« réel » est ici perverti. Si les joueurs prêtent
attention aux vitraux qui ornent la façade,
ils découvriront des scènes orgiaques
retraçant les traumatismes de l’enfance
de Sommeil (cf. encart « Le Dernier Secret
de Sommeil » ). Impossible de contourner
l’édifice, il emplit l’espace comme un caillot
gonflé de sang, ses murs se confondent
avec les parois du gouffre. La seule issue
est donc de pousser la porte...
Dès qu’ils ont franchi le pas de la porte,
les personnages sont pris de vertiges.
L’explication de leur mal leur saute vite
aux yeux ; ils sont face à la nef d’une
cathédrale ... la tête en bas. Ils marchent sur
le plafond, la gravité est ici complètement
inversée, sauf pour eux (ils sont ici avec la
bénédiction de Sommeil, ou de la Petite
Fille). En plein milieu du chœur, crucifiée
sur une croix étrange (cf. illustration),
l’Écorchée les attend.
 AIDES DE JEU & SCÉNARIOS boussoles

Son apparence est la même que celle de
Sommeil, mais elle est nue et une grande
partie de sa peau a été arrachée, laissant
chair et muscles à vif. À leur approche, elle
commence à glousser.
Assise sur l’un des prie-dieu du premier rang,
Sommeil semble dans un état léthargique
encor eplus avancé. Derrière eux, la
grande porte de la cathédrale grince ; la
Petite Fille s’avance.
Si les joueurs n’agissent pas rapidement,
les trois personnalités de Sommeil vont
fusionner, au bénéfice de l’Écorchée, qui
absorbera littéralement Sommeil et la Petite
Fille ; comme une naissance inversée, elles
réintégreront son utérus. L’Écorchée fera
alors chaque nuit de nouvelles victimes
dans l’hôpital.
Comment arrêter
le cauchemar ?
cousue, membres ligaturés ...). Ce sont
respectivement son petit frère et ses parents
(cf. encart «le dernier secret de Sommeil»).
C’est d’eux que l’Écorchée tire son pouvoir
sur les éléments présents dans la nef. Les
décrocher ou les détruire (par le feu,
l’acide, en les démembrant, etc. ) la privera
de ce contrôle, et la rendra d’autant plus
vulnérable aux agressions des personnages.
Si l’un d’eux est tué lors de l’affrontement, il
rejoindra les rangs de l’Écorchée (avec les
modifications physiques de votre choix), de
quoi pimenter un final qui doit être ressenti
comme apocalyptique par vos joueurs.
Une fois l’Écorchée ou l’une des autres
incarnations de Sommeil détruite par tous
les moyens jugés utiles par les joueurs, le
décor se transforme en une petite chapelle
abandonnée, au sous-sol de l’hôpital...
reste à regagner leurs chambres sans se
faire remarquer, surtout qu’il se peut qu’ils
aient sur les bras une Sommeil qui, enfin,
peut se reposer et tombe dans les bras de
l’un d’eux, inconsciente ...

En tuant l’une des trois incarnations de Épilogue ?

Sommeil, mais chacune faisant partie
d’un tout cela l’amputera d’une part de
Si vos joueurs le souhaitent ou si vous en
sa personnalité (l’Innocence pour la Petite
ressentez le besoin, vous pouvez jouer la
Fille, la Réalité pour Sommeil, les Ténèbres
scène suivante, à la manière de «quelques
pour l’Ecorchée)
semaines plus tard...» si c’est l’Écorchée qui
a été éliminée...
Tuer Sommeil est le plus facile, elle est une
jeune fille tout ce qu’il y a de plus normale.
Sommeil reprend peu à peu une vie
Ce qui en résultera sera la disparition du
normale, si on peut appeler ainsi le
Darkside, mais Sommeil demeurera à
quotidien de l’hôpital. Elle ne se rappelle de
jamais un légume à peine capable de
rien, pas même du rôle des personnages,
survivre seule.
même si, au détour d’un couloir, elle a
semblé reconnaître l’un d’eux juste un
Pour supprimer la Petite Fille, il faut détruire
instant...
le carnet à dessins qui se trouve dans la
chambre de Sommeil (ou la photo dans ce
pour le clap de fin, vous avez le choix entre
même lieu, dans l’Entre-Deux). L’effet de
deux images selon l’état dans lequel vous
cette «mort» sur Sommeil sera une disparition
voulez laisser vos joueurs :
totale et immédiate de ses rêves, mais aussi
de tout sourire sur ses lèvres.
Lumière
Sommeil - dont le surnom devrait finir par
Se débarrasser de l’Ecorchée est le plus
changer - est assise dans la salle de repos,
compliqué, mais aussi la solution la moins
en train de dessiner sur son carnet. Un rai
traumatisante pour la suite. Bien que clouée
de lumière traverse une fenêtre. Un rire
sur le crucifix et donc immobile, elle dispose
enfantin se fait entendre.
d’un contrôle total sur les éléments disposés
dans la nef (bancs, chandeliers, pierres
Ténèbres
si nécessaire ...) et n’hésitera pas à s’en
Sommeil est assise sur un banc, dehors.
servir pour dissuader les personnages de
Autour d’elle, toute vie végétale
l’approcher. Elle est affaiblie en présence
commence à flétrir. Elle est prise d’un petit
de ses deux autres aspects, mais reste
rire inquiétant...
puissante. Tous les objets lui appartenant
(le carnet, ou d’autres objets personnels
glanés ça et là) rendent leur porteur
quasiment intouchable par l’Ecorchée. Et la
nef regorge d’objets saillants capables de
l’empaler pour de bon. Car c’est bien dans
le sang qu’elle va devoir périr, impossible
de la tuer de ses propres poings, il va falloir
être inventif et aussi sanglant qu’elle...

Il y a également deux autres corps pendus

au crucifix ; tout en haut, le corps d’un
retrouvez sur notre site
bébé, et, au milieu, celui d’une créature www.lassemblee.org
androgyne ayant apparemment subi les aides de jeux et illustrations
les pires atrocités (yeux crevés, bouche de ce scénario...

57
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
« - Chers lecteurs, soyez les bienvenus
au Bernabau Stadium de Middenheim
pour ce fabuleux match de Blood
Bowl entre les Mous du Mootland et
les Naggaroth Nightmares ! Un match
quelque peu déséquilibré, n’est-ce pas
Jim ?
- Tout à fait, Bob ! Seize halflings
dodus contre seize elfes noirs tous plus
sanguinaires les uns que les autres… Je
n’ose même pas imaginer ce qui va se
passer sur l’astrogranite ! D’ailleurs, les
bookmakers ne s’y sont pas trompés :
les paris ne portent pas sur le score mais
sur le nombre de minutes qu’il faudra
aux Naggaroth’s pour éviscérer ces
pauvres créatures !
- Une bien belle soirée de Blood Bowl
en perspective, mon cher Jim ! »
BB, kézako ?
Pour tous ceux qui auraient passé les
20 dernières années dans un caisson
cryogénique, commençons par expliquer en
quoi consiste ce jeu mythique. Sur un plateau
de jeu représentant un terrain de rugby (ou
de football américain, mais bon, je préfère
le rugby !), deux équipes s’affrontent pour
déposer le ballon, parfois pourvu de picots,
dans l’en-but adverse et marquer un essai,
ou touchdown. L’équipe ayant marqué le
plus de touchdowns remporte le match.
Jusqu’ici, rien de bien original si ce n’est que
les joueurs sont choisis parmi les plus féroces
et les plus psychopathes de leurs congénères
humains, orcs, elfes noirs, skavens, nains…etc.
Car le Blood Bowl se déroule dans le monde
de Warhammer ! Imaginez maintenant un
match de rugby avec un guerrier orque
noir dans le rôle du All-Black et un ogre des
Montagnes Grises dans celui de Chabal !
Ajoutez à cela de la magie, des coups
tordus, des fans incontrôlables, des pom-
pom girls halflings et des arbitres véreux, et
vous commencerez à saisir la beauté de ce
sport !
les carnets de l’assemblée # 3
panorama
des pains et du jeu
Un jeu de figurines…
en carton !
(1ère édition)
La 1ère édition de BB sortit en 1987 chez
Games Workshop, née de l’imagination
délirante de son auteur : Jervis Johnson.
Cette boîte contenait un plan de jeu, des
règles assez sommaires et des figurines en
carton assez kitsch. En France, c’est Jeux
Descartes qui assura la traduction. A la limite
du wargame, BB 1ère édition se déroulait
en phases : une phase de déplacement,
une phase de passe/lancer, une phase
de combat et une phase de mouvement
de réserve. Ce système était assez lourd,
brouillon et surtout loin de l’idée du jeu fun,
rapide et brutal que se voulait BB.
Avec la sortie de son supplément
« Death Zone », permettant notamment de
jouer en championnat, le jeu fut encore
plus complexe. Et pourtant, le succès
fut immédiat : le concept du jeu plaisait
tellement qu’on était prêt à ressortir ses cours
de statistiques pour comprendre les règles, ou
à refondre ces dernières pour les améliorer.
Heureusement pour tout le monde, BB a
rapidement évolué !
« Dans un stade de Blood Bowl, c’est pas comme dans
l’warp : tout le monde vous entend crier ! ».
L’astrogranite, ca pique !
(2nde édition)
L’année suivante voit paraître la 2nde
édition de BB, dans une énorme boite pleine
à craquer : terrain de jeu en relief en trois
parties, 32 figurines en plastique (humains
et orcs), les règles, les dés, les gabarits…etc.
58
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Enfin, BB était un jeu de plateau digne de
ce nom ! De plus, les règles avaient été
profondément refondues, modifiées et
surtout simplifiées. Un livret avec les règles de
base permettait même, après une vingtaine
de minutes, de se lancer dans l’aventure
et d’écrabouiller son premier orc dans la
poussière de l’astrogranite. Les équipes
étaient bien mieux pensées et du coup, BB
est devenu un véritable jeu de stratégie.
Peu de temps après la sortie de la boite de
base parurent deux suppléments, sous forme
de livres cartonnés de 80 pages : « Stars de
Blood Bowl » et « Supplément aux règles de
Blood Bowl ». Ils contenaient toutes les règles
optionnelles (donc carrément obligatoires !)
du jeu : règles de championnat, joueurs
stars (mon préféré ? Puggy Baconbreath, un
trois-quart Halfling ayant avalé 12 livres de
nourriture en un seul match !) et autres. Cette
nouvelle édition a eu un succès phénoménal.
Il ne fallut que quelques mois pour que
s’organise un véritable championnat de
France de BB, initié par Descartes Editeur.
Tout bon club de jeux de rôles et de société
se devait d’avoir BB et ses suppléments dans
sa ludothèque. Games Workshop lança alors
sur le marché les figurines des équipes et
des stars, mais aussi des pom-poms girls, des
arbitres et de toute entité amenée à entrer
dans un stade de Blood Bowl !
un fan des Chaos All-Stars
Toutefois, cette 2nde édition avait ses défauts.
Tout d’abord, la complexité et la lourdeur
des règles optionnelles (mais tellement
fun qu’on ne pouvait pas s’en passer !). En
effet, elles avaient été conçues comme
une surcouche des règles basiques, et non
comme un prolongement logique. De ce
défaut en découlait un second : la longueur
de la mise en place, ainsi que de la résolution
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
du match. Avec toutes les possibilités de
pots-de-vin, de joueurs mercenaires, d’objets
magiques, de tentatives d’assassinat et j’en
passe, le jeu ne commençait en général
qu’après une bonne demi-heure ! De plus,
à cette époque, la victoire n’était acquise
qu’au 3ème touchdown, ce qui pouvait
rendre un match interminable… Le Blood
Bowl étant ce qu’il est, il arrivait même
souvent qu’une des deux équipes ait été
totalement anéantie avant que les fameux
trois touchdowns soient inscrits !
A noter qu’une version simplifiée
de BB, nommée « Kerrunch », contenant
un plateau de jeu et 16 figurines, sortit à
cette époque, avec pour cible les 8-12 ans.
La boîte « DungeonBowl », quant à elle,
permettait de jouer le tournoi du même nom,
qui se déroule bien entendu dans un donjon
(couloir, monstre… touchdown !).
Jamais 2 sans 3 !
(3ème édition)
En 1994 paraît la 3ème édition. Là aussi, c’est
une grosse boîte bien remplie. Le matériel de
jeu est de très bonne facture. Les figurines
en plastique des équipes humaine et orc
sont tout simplement magnifiques. Mais le
véritable intérêt de cette dernière édition
commerciale réside dans le livret de règles.
Le système a été simplifié, recentré autour
de quelques règles pratiques et efficaces.
Exit le système des 3 touchdowns, et toutes
les règles optionnelles qui venaient freiner le
bon déroulement de la partie. Blood Bowl
troisième du nom est rapide, sanglant, brutal !
La grande nouveauté vient de la règle des
turnovers : dès qu’une action d’importance
échoue (passe, tacle, sprint…), le tour de
l’équipe est terminé. Du coup, il devient vital
de faire les actions les plus importantes (ou les
moins risquées !) en priorité. Le grand succès
de ce nouveau corpus de règles vient de
sa cohérence : des règles de base à celles
de championnat, en passant par les objets
magiques, les règles de Blood Bowl forment
enfin un tout agréable et rapidement
digéré.
L’extension « Zone Mortelle » sort rapidement,
et intègre les cartes spéciales (des
évènements imprévus qui peuvent rendre un
match de Blood Bowl encore plus fou !), les
règles de magie, de nouvelles armes secrètes,
de nouvelles équipes mais surtout les règles
de championnat (elles aussi beaucoup plus
fluides que dans l’édition précédente).
Côté figurines, notons qu’il est toujours
possible de se procurer les équipes, les stars
et mêmes quelques pom-pom girls.
On n’arrête pas le progrès !
Et puis… plus rien ! Enfin presque. Games
Workshop s’est depuis exclusivement
concentré sur ses deux gammes principales
(Warhammer Battle & Warhammer 40K),
qui rapportent bien sûr beaucoup plus que
des jeux comme Blood Bowl (ou comme
le regretté Space Hulk s’il faut en citer un
autre…).
Le roman Blood Bowl
de Matt Forbeck
(Bibliothèque Interdite)
J’avoue, je n’ai pas pu résister :
un roman estampillé Blood Bowl,
mon jeu favori ! Tel un blitzer orc
sur un receveur elfe, je me suis jeté
sur ce premier volume de la série
Blood Bowl, édité par Bibliothèque
Interdite. On y découvre notre
héros, Dunk Hoffnung, aventurier
raté, mais assez athlétique pour
devenir lanceur dans l’équipe des
Bad Bay Hackers. Evidemment, je
ne m’attendais pas à de la grande
littérature, mais au moins à une
description vivante et furieuse d’un
monde de Warhammer décalé,
où la Bugman XXXXXX coule à
flots pendant la mi-temps du
DungeonBowl ! Et le moins que l’on
puisse dire, c’est que le touchdown
est loin d’être transformé…
Après une introduction
laborieuse et poussive (presque la
moitié du livre !), l’auteur expédie
le premier match en quatre pages.
Passons sur les personnages,
insipides, sur les descriptions de villes,
inexistantes, et sur le
scénario, bancal.
Que reste-t-il ?
Quelques bonnes
répliques, les
commentaires
de Bob & Jim ™
et l’espoir que le
second tome soit
meilleur !
59
à l’épreuve
Heureusement pour nous, Jervis
Johnson a obtenu l’autorisation de continuer
à faire vivre ces jeux orphelins. Tout d’abord,
il y eut « Blood Bowl Magazine », qui
regroupait des règles maisons, des mises à
jour et l’actualité du jeu. Petit à petit, il devint
évident qu’un nouveau corpus de règles
était nécessaire. Et c’est ainsi que naquit le
LRB, pour LivingRuleBook, en 2002. A chaque
version du LRB, quelques changements sont
apportés aux règles de la 3ème édition, qui
constituent toujours la base du jeu. La version
actuelle est celle fournie par le LRB 5, paru
en 2007, et dont la version française est
disponible (cf. les liens). Du coup, vous n’avez
aucune excuse pour ne pas vous lancer
dans ce jeu fabuleux. Faites moi confiance,
vous ne le regretterez pas : rien de tel que de
piétiner un receveur elfe ou que d’envoyer
un gobelin se faire massacrer dans les gradins
pour se sentir vivant ! Allez, on se retrouve au
stade !
par Celewyr
Liens utiles
• Pour récupérer la dernière version gratuite des
règles officielles (LRB 5) en VF :
http://empireoublie.free.fr/tel.htm
• Le site des jeux spécialisés de Games Workshop :
http://www.specialist-games.com/bloodbowl/
whatis.asp
• Le site de VPC de Games Workshop :
http://uk.games-workshop.com/storefront/store.uk
• Blood Bowl en ligne :
http://www.francebloodbowl.com/
• L’équipe de France de BB, forum rempli
d’astuces et de tactiques :
http://teamfrancebb.positifforum.com/index.htm
• Le site de la NAF, l’association internationale
des joueurs de BB :
http://www.bloodbowl.net/
Le jeu vidéo Blood Bowl
Studio Cyanide
www.bloodbowl-game.com
C’est officiel depuis décembre
2007 : Cyanide, le studio français
déjà responsable de l’excellent
Chaos League, développe notre jeu
favori sur PC, DS, PSP et Xbox. Le jeu,
dont le premier teaser vient de sortir,
respectera fidèlement les règles du
jeu de plateau (le LRB5 pour être
précis) et sera à coup sûr un des
best-sellers de l’année prochaine.
Huit races
sont prévues
pour le jeu
de base, ce
qui signifie
donc que
des add-ons
sont prévus
(nouvelles
races, nouveaux stades…). Bien
entendu, le mode multi-joueurs sera
disponible et permettra l’élaboration
de nombreux championnats. Sortie
prévue pour le printemps 2009.
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
JDR THE BOOK OF
UNREMITTING HORROR
supplément Gumshoe (en anglais) pour
Fear Itself ou Esoterroristes d’Adrian Bott &
Dave Allsop
édité par Pelgrane Press
www.dyingearth.com
note :
Supplément destiné à la fois pour
le jeu de rôles Fear Itself et Esoterroristes, The
Book of Unremitting Horror est basé sur le
système Gumshoe de Robin D.Laws. Sorte de
bestiaire de l’horreur innommable ; on évite
ici les tentacules pour découvrir une galerie
de monstruosités plus proches de la folie
humaine que des demi-dieux sumériens à
ventouses ; des possédés, démons, croque-
mitaines et autres cénobites à rapprocher
des habitants de la face cachée de Silent
Hill. Il s’agit ici d’une collection de plus d’une
quarantaine de créatures originales issues
de l’imagination totalement déviante et
psychotique de ses auteurs. Les visuels très
réussis des abominables créatures, déjà
très sanglants, se révèlent bien moins gore
les carnets de l’assemblée # 3
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
que les textes qui les mettent en scène !
Chaque monstre est introduit par une mini-
nouvelle d’ambiance très sombre et ultra
dérangeante ; s’ensuit la description, les
origines, la fiche technique et les différents
comportements adoptés. Les auteurs
précisent également, pour chacun,
comment remonter la trace des crimes
de ces meurtriers surnaturels au travers
des différents niveaux d’investigations
propres au système Gumshoe (indices sur
place, autopsie, entomologie, hypothèses
surnaturelles, …). L’horreur est même
poussée ou plutôt insufflée à l’intérieur
d’artefacts ignobles regroupés dans un
catalogue final, une poignée de synopsis
suit ainsi que deux gros scénarios prêts à
jouer.
Ne voyez pas dans ce Book of
Unremitting Horror un énième ersatz de
catalogue bestiaire, il se révèle être une
mine d’idées et d’aides de jeu pour tout MJ
qui voudra foutre la trouille à ses joueurs ; et
pas seulement pour les jeux cités, on peut
imaginer tout type d’adaptation à son
univers préféré. Un supplément très original
comme on aimerait en voir plus souvent.
par Olivier Camus
60
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Guildes tout un continent ludique à explorer
Le jeu qui fait wahou
Le premier jour où j’ai entendu parler du
jeu de rôle Guildes, c’était en feuilletant
un numéro de Casus Belli (je parle de Old
Casus là… Oui, je sais : je suis vieux) qui en
présentait tout à la fois la publicité et la tête
d’affiche. Et là : wahou. C’est en effet ma
réaction en lisant ce foutu pitch : Guildes
est un jeu de rôle proposant d’incarner des
personnages issus d’un monde médiéval-
fantastique assez conventionnel mais
confrontés à la découverte subite d’un
vaste et mystérieux continent au-delà des
mers connues. Réunis au sein de guildes, ces
personnages se lancent à la découverte
de ce continent pour, selon leurs choix,
l’explorer, le cartographier, en expliquer les
origines ou même… le conquérir !
Bref, Guildes ou comment réussir à
renouveler le genre med-fan rebattu de
chez rebattu en 3 idées simples :
1. je prends une base d’univers simple
et classique où chacun pourra retrouver
ses repères : des peuples évoquant de
fameuses civilisations terrestres (ex :
Gehemedals = gros vikings, Venn’dys =
vénitiens du quattrocento, …), de la magie
mais pas trop quand même (il faut laisser au
Continent tout son mystère), des races non-
humaines (mais confinées au Continent)…
2. de l’autre côté, je prends des images
fortes qui ont un écho puissant dans
l’imaginaire de chacun d’entre nous
mais qui sont étonnament assez peu
exploitées en jeu de rôle jusqu’à présent :
Christophe Colomb et Vasco de Gama, les
Conquistadors, les mystérieuses cités d’or,
Sinbad le marin, Stanley et Livingstone, …
3. je mélange le tout, je le confie à une
pléiade de bons auteurs francophones, je
mets des moyens pour que le jeu soit beau
et possède de nombreux suppléments…
… et hop, vous avez un des plus gros projets
de l’édition du jeu de rôle français des
années 1990 et même, sans doute, de tous
les temps. Alors, 11 ans plus tard, après 2
éditions et pas moins de 21 suppléments,
quel regard peut-on porter sur cette
aventure éditoriale ? Le jeu fait-il toujours
wahou ou bien a-t-il fini par faire pschiiiiiit ?
Pour commencer, petit panorama de la
gamme de la 1ère édition.
La dream team
Rien qu‘en regardant mes rayonnages où
je range avec amour ma collection de jeux
de rôle, un premier bilan s’impose : Guildes1
prend de la place. Sa douzaine de livres,
minces et épais, de divers formats, certains
en boîte et d’autres non… occupent une
sacrée surface et prouvent déjà la place
qu’a pris ce jeu dans le paysage rôlistique
français. Mais ne croyez pas que la valeur
de ce jeu ne se mesure qu’au poids, loin de
là ! Indiscutablement, les livres de Guildes
qui figurent dans ma bibliothèque sont
parmi les plus beaux. Une mise en page
sobre et de bon goût (qui a influencé par
la suite d’autres jeux comme Pavillon Noir
ou Trinités par exemple), de nombreux
illustrateurs de talents (Barthélemy, Delval,
Swal, Dutrait, … se seront succédés aux
pinceaux tout au long de l’aventure), des
boîtes (pour les règles de base de Guildes
1 et pour le début de la campagne) -
ce qui est devenu bien rare -, des cartes
et des plans en veux-tu, en voilà… Bref,
du bon matos qui donne envie de jouer.
Heureusement, le texte est à l’avenant.
Comme je le laissais entendre plus haut,
Guildes n’est pas le jeu d’un auteur comme
l’éditeur, Multisim, en avait auparavant
fait l’expérience – plus ou moins heureuse
– avec Rêve de Dragon et Chimères. C’est
une œuvre collective dans laquelle Frédéric
Weil, Tristan Lhomme, Mathieu Gaborit,
61
à l’épreuve
Philippe Rat, Mehdi Sahmi, Léonidas
Vesperini, Jean-Baptiste Lullien, Raphaël
Bardas, … et bien d’autres encore ont
prêté leur plume et leur imagination. Même
si, on le verra, cette création collective
n’est pas sans dégâts collatéraux; grâce
à tous ces talents, Guildes est un jeu qui
foisonne d’idées et qui, le plus souvent, est
fort agréablement écrit.
Très bien, très bien, monsieur veut nous en
mettre plein la vue mais le jeu, il donne quoi
au final ?
C’est vrai : Guildes n’est pas juste un gros
blockbuster ludique qui met le paquet sur
la forme et rien dans le fond. Ce dernier ne
déçoit pas l’impression laissée à la lecture
du pitch. Le mélange med-fan et grandes
découvertes prend vraiment bien à l’usage
et mille idées d’aventures très diverses
(exploration, survie, enquête, négociation,
…) surgissent au fil des pages de chaque
livre de la gamme. Soucieux de laisser
un maximum de latitude aux meneurs et
aux joueurs, la fine équipe de Multisim
a saupoudré son jeu d’autres pistes et
d’autres ambiances plus inattendues : une
cosmogonie à la Cthulhu (façon Grands
Anciens à découvrir au fil des secrets du
Continent), des intrigues entre guildes à
la Cyberpunk, des découvertes étranges
et oniriques à la Rêve de Dragon dans les
écrins du Continent, … Bref, il y en a pour
tous les goûts. Jusqu’à l’indigestion ?
L’auberge espagnole
Alors, résumons-nous. Qu’avons-nous à
notre droite dans ce beau et fier groupe
d’aventuriers : un gros guerrier Gehemdal
tout en poils et en hache à deux mains,
un fin lettré Venn’dys spécialisé dans la
conception de machines expérimentales,
un explorateur Ulmèque lointain cousin de
Tao (des « mystérieuses cités d’or » pour
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
ceux qui n’ont pas toute ma belle et fine
culture), un nécromancien putride du
peuple Ashragor, une diseuse de bonne
aventure du peuple errant Kheyza et, last
but not least, un marchand Felsin bi-classé
quelque part entre Sinbad le marin et
Jackie Chan. Eh beeeeh, c’est pas gagné
pour former un groupe cohérent, hein ?
Si on y ajoute, à ma gauche, que les
aventures jouables avec Guildes peuvent
être de subtiles enquêtes dans les arcanes
du pouvoir et les intrigues millénaires des
Rivages (c’est-à-dire l’ancien monde),
des treks d’exploration vers le centre
légendaire du Continent, des négociations
serrées avec une guilde concurrente, des
études d’anthropologie avec un nouveau
peuple découvert sur le Continent, la
quête des origines (qui donne son sous-
titre à Guildes 1) c’est-à-dire des secrets
de chaque peuple des Rivages et du
Continent tout entier, sans oublier, bien
sûr, du bon baffage de monstres au milieu
d’une forêt continentale hostile ! Tout cela
donne au meneur de Guildes une petite
idée de l’infini. L’infini des possibilités avec
ce jeu merveilleux, certes, mais aussi l’infini
des difficultés qu’il va avoir pour réussir à
cerner l’esprit et les limites du jeu au fil des
suppléments de la gamme.
En fait, dès l’ouverture de la boîte de
base de Guildes 1, on est assailli par cette
impression de fouillis aussi dense qu’une
forêt primale du Continent. Après une fine
analyse ludéologique, cette impression
peut être réduite à 3 explications plus ou
moins rationnelles :
• un système de jeu bancal et visiblement
insuffisamment testé ; passons sur le fait
que le plus matheux de mes joueurs aura
mis exactement une demi-heure avant
de constater et de me prouver par a+b
que la table de résolution unique au
centre du système de jeu est buée et
donc déséquilibrée… on peut toujours
s’en tirer par un bon vieux : « ta gueule,
c’est Continental ! ». Après tout, un tel jeu
insistant sur le mystère et l’inconnu n’a pas
à être affligé d’un système simulationniste.
Là où, en tant que meneur, je fus vraiment
chagriné, c’est par l’inadéquation de ce
système (très simple et qui se fait facilement
oublier) avec les thèmes du jeu : par
exemple, les règles d’encombrement,
les carnets de l’assemblée # 3
superflues et même inutilement pénibles
dans bien des jeux (« alors, je porte 18,4
kg d’équipement mais je viens de tirer
une flèche donc je passe à 18,35 kg. »),
deviennent vite indispensables en pleine
expédition se taillant sa route vers le centre
du Continent ; vous savez : au moment
où les porteurs indigènes succombent les
uns après les autres aux assauts des bêtes
fauves ! Pourtant, les règles écartent cela
d’un revers de main méprisant, laissant
chaque meneur se dépatouiller avec
deux bouts de ficelle qui ne forment pas
un système fiable. Dans le même registre
et en étant très loin d’être exhaustif :
pas de règles ni de statistiques pour les
animaux et plantes que les personnages
sont susceptibles de découvrir sur le
Continent, pas de liste de prix des denrées
à commercer par leur guilde, pas de règles
pour gérer la faim ou la soif, …
•le syndrome Multisim du too much a
encore frappé ! Déjà sévèrement à l’œuvre
dans la gamme Nephilim qu’il a fini par
rendre presque injouable, cette volonté
du « toujours plus » menace Guildes dès ses
livrets de base : déjà, 6 peuples des Rivages,
expédiés en une page chacun, c’est
chaud pour se faire une idée. Si on ajoute
que chacun de ces peuples a sa propre
magie (donc, oui : 6 magies différentes,
et on n’a pas encore mis le pied sur le
Continent !), on voit déjà à quel point les
informations vont être diluées à l’extrême
(très peu de sorts pour chaque magie, par
exemple). La même volonté de « faire du
chiffre » est illustrée jusqu’au ridicule par la
création de personnages. L’argumentaire
de vente déclare avec fierté : « plus de 90
archétypes jouables » ! Ouais. Enfin, il faut
savoir que chaque archétype se limite à
une courte liste de compétences, que du
coup on peut en coller 10 par page et que
pour remplir ces pages on a le droit à des
archétypes de feu comme « Maroquinier »
ou encore « Colporteur ». Super. Tout cela
est tellement bien fichu que les auteurs,
pressés de faire grimper la liste, ne trouvent
même pas le temps ou la place de nous
expliquer ce que sont exactement les
rares archétypes originaux : un « homme-
griffe » ? un « sage des noms sacrés » ?
Comme pour le système, il vous reste à
improviser, …
• la diversité des auteurs. On sentait la
future critique poindre sous ma plume
lorsque je parlais de « dream team » et,
de fait, la lecture du livret sur le Continent
laisse cette impression mitigée : il y a une
foutue bonne idée par paragraphe mais
on se demande bien comment on va faire
pour faire tenir tout ça ensemble dans le
même univers et dans les mêmes scénarios !
Franchement, la cohérence de l’univers,
joliment nommé Cosme, n’apparaît pas
évidente à la lecture de cette boîte de
base, assez décevante il faut bien le dire.
Peut-être qu’au fil de la gamme… ?
62
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Les aventuriers de la
ligne éditoriale perdue
On l’a constaté : créer un univers imaginaire
cohérent avec plusieurs imaginations
différentes, ce n’est pas facile. Mais quand,
en plus, ces imaginations se succèdent les
unes aux autres, ça devient pire !
En effet, sans se transformer en historien-
archéologue du jeu de rôle, Guildes semble
avoir eu trois vies éditoriales successives,
incarnées par autant d’équipes
différentes :
1. L’équipe originelle recrutée dans le saint
des saints de Multisim (Weil, Gaborit, …) :
ce sont eux qui ont fait le brainstorming
aboutissant à la création du jeu et qui ont
conçu la boîte de base.
2. Très vite, le destin du jeu a été confié à
une autre équipe, pour l’essentiel recrutée
dans les couloirs de Casus Belli autour de
Lhomme, Rat, Sahmi, … Pour eux, c’est
comme un gros cadeau de Noël : allez-y
les gars, faites-vous plaisir, on vous confie le
bousin. Dans une interview, Tristan Lhomme
révèle alors vouloir réaliser grâce à ce jeu
certains de ses vieux rêves de rôliste : des
enjeux cosmiques aussi bien que dans
Cthulhu, un atlas aussi beau que pour
Glorantha, une campagne aussi haletante
que pour Warhammer, … On en reparlera.
3. À la fin de la vie de Guildes 1 (par exemple
pour le dernier volet de la campagne), et
pour des raisons qui m’échappent, cette
équipe est remplacée par une bande de
p’tits djeuns recrutés parmi les passionnés
qui gravitent autour des différents jeux
Multisim et auxquels la boîte a déjà décidé
de confier la réédition du jeu dans le but
avoué de lui redonner son esprit premier
(on en reparlera) !
Comme on s’en doute, tout cela ne
favorise pas grandement la cohérence de
la gamme à venir. Jugeons sur pièces :
[ Les amuse-bouche ]
Comme il se doit, la gamme s’ouvre avec
un écran (un peu flashy à mon goût mais
bon…) accompagné d’un livret contenant
une grosse rasade d’errata et autres
précisions de règles (mmh, 7 pages quand
même) ainsi, bien sûr, que d’un scénario.
Très vite, sort aussi « Les Carnets pourpres »,
un livret tout léger contenant 4 scénarios
de 4 auteurs différents. Sans préjuger de la
qualité de chacun de ces scénarios, je me
souviens très bien mon découragement
lorsque je refermai
ce livret, passée la
dernière page du
dernier scénario : 4
auteurs, 4 ambiances
différentes, mais bien
incapable de cerner
UNE identité au jeu
que je découvrais
alors.
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
[ Les « Maisons » ]
En pleine vogue du Monde des Ténèbres
et ses innombrables clanbooks qui se
vendaient alors comme des petits pains
à des joueurs avides de kitter à mort qui
son vampire, qui son loup-garou, Multisim
se lançait dans l’ambitieuse volonté de
sortir carrément un épais livret (certes de
petit format) sur chacun des 6 peuples des
Rivages, c’est-à-dire sur les personnages
que les joueurs peuvent incarner.
L’intention est fort louable
car, même si ces « Maisons » sont très
stéréotypées, une seule page dans le livre
de base, ça fait juste pour se faire une idée
et incarner finement son personnage. Le
premier livret à paraître fut celui consacré
aux Venn’dys, les hybrides de Vénitiens
du Quattrocento et d‘Espagnols du Siècle
d’Or passionnés par le grand commerce
et la technologie de pointe. Autant le dire
tout de suite, ce petit supplément confié
tout entier (aha, un éclair de lucidité ?)
à la plume de Tristan Lhomme est un de
mes préférés de toute ma ludothèque.
Bon, bien sûr, il y a à cela des raisons
purement subjectives (j’adore Venise) mais
l’auteur réussit excellemment à synthétiser
références historiques transparentes et
pur imaginaire pour donner une vraie
cohérence à ce peuple.
De plus, le livret est tout entier
orienté vers la pratique du jeu et PNJ
utilisables, idées de scénarios, descriptions
et plans de lieux d’aventures ou encore
points de règles se succèdent de manière
serrée sans céder au risque (bien réel dans
ce genre de supplément) de bla-bla de
remplissage. Si on ajoute que le tout est
brillamment illustré par Rolland « RDD »
Barthélémy, alors là c’est vraiment un
must.
On croit même rêver quand,
relativement peu de temps après, la même
équipe (ça se confirme) nous livre un
ouvrage du même type consacré cette fois
aux Ashragors. Bon, l’idée d’un peuple tout
entier composé de nécromants putrides
m’ayant toujours laissé sceptique au plus
haut point, le supplément m’emballe moins
mais reste objectivement sur les mêmes
niveaux de qualité. Alors, pas de critique ?
Bah si quand même : limite hors-sujet. On
arrive en effet après la publication de ces
deux livrets à un étrange paradoxe : on
commence à bien mieux connaître et par
conséquent à bien mieux pouvoir mener
des aventures sur les Rivages que sur le
Continent ! Un choix éditorial vraiment
étrange, d’autant qu’il y a en tout 6
Maisons et que, même en soutenant un
rythme élevé de parution, un groupe de
joueurs n’aura pas les renseignements
nécessaires à la connaissance de toutes
les Maisons avant des années ! De fait,
même si la parution des livrets (confiés à
d’autres auteurs et illustrateurs) continue à
raison d’un livret par an, lorsque l’aventure
de Guildes 1 s’achève ni les Ulmèques, ni
les Felsins n’ont encore eu le droit à leur
supplément…
[ L’OVNI éditorial ]
Aha, il nous a bien fait marrer à l’époque
celui-là. Enfin, rire un peu jaune tout de
même tant l’argent de poche ne poussait
pas sur les arbres loomiques du Continent.
Je veux bien sûr parler de « Le Loom »,
gros supplément tout entier consacré à la
magie du Continent.
Tout d’abord, entendons-nous
bien : c’est un excellent supplément. Très
dense (il y a notamment ouatmille sorts
décrits et souvent des bons), donnant
enfin une image globale et cohérente
des mystères du Continent, il présente
également la très belle idée des phylums
magiques, pouvant inspirer mille péripéties,
qui conduisent un PJ magicien à se
lancer dans une véritable quête de la
connaissance magique au fil de sa
découverte physique du Continent. Non,
ce qui prête à rire, c’est que, sorti moins
d’un an après, ce supplément annule
et remplace TOUT ce qui concerne la
magie dans les règles de base ! Sans rire.
63
à l’épreuve
Et mon début de campagne avec deux
PJ magiciens, j’en fais quoi ? Bah, on
jette et on recommence tout si on veut
pouvoir utiliser tout le beau matos neuf
qu’on vient de découvrir au fil de ce gros
supplément. Bref, ça se confirme grâce à
ce terrible aveu éditorial : les règles de base
n’avaient pas été correctement testées et
harmonisées.
[ L’Atlas ]
Paru en deux volumes, cet atlas des
contrées littorales du Continent est un
ouvrage magnifique (enfin, surtout le
premier grâce à ses cartes volantes en
couleurs, le second volume n’a eu le droit
qu’à des cartes noir et blanc) et au texte
très prenant. Un peu à la manière des livrets
sur les Maisons, on serait alors tenté de dire :
bien joué, les gars… s’il n’y avait encore
cette drôle d’impression de hors-sujet.
Un atlas ? Vous voulez bien
parler de ce truc avec des cartes et des
descriptions ultra-précises des pays ?
Quelle drôle d‘idée pour un Continent à
explorer. Bien sûr, il est hors de question que
cet ouvrage tombe entre les mains de vos
joueurs mais même ce stratagème ne suffira
pas à écarter l’impression qui domine : vos
PJ arrivent trop tard. Après l’Histoire, en fait.
Comme si Christophe Colomb débarquait
avec le Guide du Routard Antilles-Caraïbes
édition 1492 dans la poche.
A cela, j’ajouterais que le
supplément manque cruellement de
données directement exploitables dans le
jeu si on continue, malgré la ligne éditoriale
choisie, de le considérer comme un jeu
« colonial » : caractéristiques des animaux
et plantes rencontrées, opportunités
commerciales, productions locales
exploitables sont absentes. Un beau livre
à lire et à regarder mais pas vraiment un
manuel de jeu de rôle à mon goût.
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...

[ Le mal aimé, je suis le mal aimé ]
(air connu)
Ce supplément, il est vrai un peu fourre-
tout et au titre d’une rare originalité,
« L’aventurier » a été à sa sortie éreinté
par la critique. Que n’a-t-on alors pas
entendu ? Incohérent, remplissage,
Rolemaster du pauvre (en référence aux
listes de caractéristiques de plantes).
Franchement, le seul défaut que je lui
trouve est d’arriver bien tard alors qu’il
contient, et c’est là tout à son honneur, bien
des informations indispensables : formation
des Guildiens à l’Académie, déroulement
d’une traversée vers le Continent et, enfin,
d’indispensables données techniques sur
les plantes, les animaux et les marchandises
commercialisables. Ah, c’est sûr, c’est
moins littéraire que les Atlas mais c’est
aussi drôlement plus utile pour mettre en
scène une campagne. Mon Dieu, la belle
transition que voilà !
[ La campagne ]
(donc)
Couverte par pas moins de 3 gros
suppléments (le 1er en boîte, c’est dire…),
elle est composée des suppléments « Le
Requiem des Ombres », « L’Aube des
Prophètes Bleus » et « L’Automne des
Mages ». Oui, Multisim a eu un prix de
gros sur les majuscules alors fallait pas
gâcher. Trêve de plaisanterie, on parle
là de la pierre angulaire de la gamme
de Guildes 1. Menée par Tristan Lhomme
et ses sbires, de véritables commandos
vétérans du scénar de jeu de rôle donc,
elle ne pouvait qu’être bonne : enlevée,
pleine de rebondissements, mettant les
personnages aux prises avec les plus
grands secrets de l’univers du jeu, elle est
aussi remarquablement décrite avec un
luxe de détails et d’annexes qui justifient sa
division en trois suppléments.
[ Y’en a un peu plus, j’vous l’mets ? ] Au bilan, Guildes 1 reste un must
du med-fan francophone. Franchement,
Finissons en effet ce tour d’horizon des si vous voulez un monde rempli de
suppléments pour Guildes 1 par deux mystères, de peuples étranges, de divinités
petits livrets collectors. Tout d’abord, sournoises, foncez sur le Continent plutôt
« La Halte rouge », scénario édité en que dans la plupart des univers en carton-
partenariat avec le réseau de boutiques pâte estampillés D20.
Le Temple du Jeu et vendu, bien entendu,
uniquement dans ses boutiques. Livret très Par contre, pour retrouver le
léger (environ 20 pages) et contenant souffle de la découverte d’un continent
un scénario un peu psychédélique, il ne inconnu, pour confronter le destin de votre
m’a pas laissé un souvenir impérissable et personnage aux possibilités infinies d’un
sa présence dans les rayonnages de ma espace vierge, le jeu manque un peu sa
ludothèque me rappelle simplement quel cible à cause d’une ligne éditoriale pour
geek collectionneur j’étais alors. le moins aléatoire. Heureusement, le jeu
De même, je peux aussi frimer a bénéficié d’une seconde chance avec
devant mes petits camarades en exhibant Guildes Eldorado.
devant leurs petits yeux incrédules mais
remplis d’une malsaine lueur d’envie par Julien Clément
l’unique numéro de « Terra Incognita »,
l’ambitieux prozine consacré à Guildes
1. Eh oui, un prozine rien que pour le jeu,
couverture couleur et tout. Voilà bien
là, mise à nue, toute l’ambition hélas
démesurée du Multisim de la fin des années
1990. Surdimensionné pour un jeu qui ne
souffre pas du manque de suppléments
(5 rien que pour la première année
d’existence du jeu), le projet restera donc
sans suite. Dommage car ce kaléidoscope
d’aides de jeu et de scénarios courts était
assez prometteur. Mais l’on était alors avant
l’ère d’Internet-roi : aujourd’hui, le contenu
de ce livret aurait sans doute été proposé
en PDF gratuit sur le site de l’éditeur.

A chaque épisode, nous avons le

droit en effet à des informations vitales sur le
jeu et son univers ; par exemple, le premier
volet comporte la description d’une
contrée, des précisions sur la Scabarre (les
pirates de Cosme) et des règles de combat
naval et de masse. Cette fois-ci, tout se
confirme : on est parti sur un malentendu.
L’équipe éditoriale est visiblement partie
dans l’idée de faire avant tout cette
campagne et les autres suppléments
(surtout les Atlas) sont conçus comme des
aides de jeu pour celle-ci. Personnellement
(et quelques autres fans de la 1ère heure,
j’imagine), je pensais que le jeu exploiterait
bien plus, tout au long de sa gamme, le
pitch de départ et donc les thématiques
d’exploration, de colonisation.

Cette campagne est une

formidable suite d’aventures tournant
autour du jeu des Puissances et de la
révélation des secrets du jeu mais on ne
peut pas dire qu’elle exploite vraiment les
thématiques originelles du jeu.

64
les carnets de l’assemblée # 3
 PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ... à l’épreuve

RCG NEA
CORUNEA
CORU

Insight Games
À LA CROISÉE DES CHEMINS

jeu de cartes (en anglais) créé et édité par

2 à 4 joueurs • durée variable

http://www.corunea.com Et après ?
Et après... ça se complique ! Si les
note : règles de base en arène sont rapidement
assimilées, se lancer dans une aventure
demande beaucoup de temps pour les
premières parties, d’où l’intérêt de rentrer
progressivement dans l’univers de Corunea,
Corunea avec des scénarii de longueurs croissantes.
Mais une fois les règles maîtrisées par
l’ensemble des joueurs, et malgré quelques
Corunea est un univers complexe
aspects parfois un peu gadget (le Faharn
et chargé d’histoire, un monde en
et la santé représentés par les points au dos
décrépitude depuis la chute du dernier
des cartes, par exemple), le plaisir est bien
Empire. Les cités y sont à l’abandon,
présent, et on se surprend à chaque partie
chacun se résoud à vivre en autarcie et
à créer son personnage et son équipement
les vieilles tensions réapparaissent. Quatre
avec autant de soin que pour un JdR, tant
puissances s’opposent; les champions du
les possibilités sont grandes.
Chaos contre les Elémentaires, les Déchus
contre les forces de la Vie. C’est l’un de ces
héros que vous allez incarner, que ce soit
à travers un simple duel ou une véritable
aventure, durant lesquels vous irez défendre
votre allégeance face aux autres joueurs.

Sous le blister

Le jeu se présente sous trois formes

différentes ; d’abord, les starter packs, qui
contiennent chacun les cartes pour incarner
deux classes distinctes (3 packs différents à
ce jour). Vient ensuite l’adventure pack,
indispensable pour se lancer dans de
véritables scénarii. Le tout enfin complété
par les inévitables boosters, qui allongent la
liste déjà bien remplie d’objets et sorts en
tous genres à la disposition des joueurs.

Très vite, un premier constat

s’impose : les cartes sont superbes ! Les
différents personnages ont tous une
personnalité qui ressort immédiatement, les
lieux, les objets, les sorts et les équipements
sont également parfaitement illustrés.

Il en va de même pour les aventures

proprement dites, qui se renouvellent à
chaque fois, puisque le hasard a toujours
une part dans leur déroulement; gestion du
climat, évènements divers, lieux secrets à On aime :
découvrir, etc. Et avec 3 scénarii différents • la qualité générale
dans l’adventure pack (auxquels on peut • l’immersion
ajouter les 3 arènes de combat), qui ont • pas de cartes rares !
chacun leur texte d’introduction dans le • le forum, actif et réactif :
livret, ce sont de nombreuses heures de jeu www.coruneaforum.com/fr/
qui attendent ceux qui auront le courage
de se lancer dans l’univers de Corunea. Et On aime moins :
ils ne seront pas déçus ! • peut décourager un néophyte
des JCC
par Julien De Jaeger • il faut de la place !
• pas de cartes rares !

65
les carnets de l’assemblée # 3
 à l’épreuve
JCC BLOOD SHADOWED COURT
+ TWILIGHT REBELLION
Eternal Struggle
DEUX EXTENSIONS POUR VAMPIRE : THE ETERNAL STRUGGLE
extensions (en anglais) pour Vampire : The
édité par White Wolf Publishing
http://www.white-wolf.com/vtes
Pour fêter les 13 ans d’existence
de son jeu de cartes Vampire : The Eternal
Struggle, White Wolf publie sous la forme
d’un unique deck très classieux la ré-édition
de la collection complète des vampires qui
composaient l’édition dite “ Camarilla ”.
Blood Shadowed Court Cet étui ne contient donc que les 100 cartes
de crypte (groupe 3) déjà connues mais
support : un starter unique
totalement indispensables à tous ceux qui
(100 crypt cards)
seraient passés à côté de cette extension
désormais épuisée. Le seul changement
note : réside dans l’illustration alternative offerte
au ventrue Marcus Vitel (visuel du starter).
Collant à la storyline de feu le
Twilight Rebellion Monde des Ténèbres canal historique, les
support : booster de 11 cartes Gangrels étant devenus indépendants, on
(60 nouvelles) ne les retrouve pas dans cette extension.
C’est un set de 10 vampires du Sabbat qui
comblent ce manque. Bien sûr, les grands
note : clans répondent à l’appel : Tremere,
JDP
Malkavian, Nosferatu, Ventrue, Brujah,
MURDER
CITY
JUSTICE & DÉTECTIVES
spécial du gouvernement. Tous ont pour
jeu de plateau hybride (en anglais) de Will but de résoudre trois affaires de meurtres
Hindmarch afin d’accumuler les crédits qui mettront
édité par White Wolf Publishing du beurre dans les épinards d’une vie peu
2 à 5 joueurs (recommandé à partir de 3) trépidante. Une vie entièrement faite de
à partir de 12 ans (mais prévoir plus !) sacrifices dont les aléas se concrétisent au
durée : 2 heures cours du jeu via des cartes événements
http://www.white-wolf.com venant pourrir (hardship) ou faciliter (legwork)
le déroulement de l’investigation. Une partie
se déroule en 6 tours, chacun découpé en 2
note : phases uniques : investigation et tribunal.
La phase «investigation», de pure
stratégie, implique la collecte et l’échange
White Wolf publie un nouveau jeu d’indices (arme du crime, témoin oculaire,
de plateau ; fait assez rarissime pour être expertise, …), négociations entre joueurs
signalé, et donc être chroniqué. C’est après (promesses et alliances) et annonce des
l’excellent Vampire : Prince of the City que le événements (bonus ou malus, collectifs ou
loup blanc nous produit sans prévenir Murder individuels). Ces derniers représentent les
City, jeu d’enquêtes policières dans un décor embûches de la vie quotidienne d’un
urbain cyberpunk. Dès le visuel de la boîte, la détective privé du futur et les anicroches que
référence à Blade Runner est immédiate et vos concurrents (les autres joueurs) se feront
flagrante ; on pourra aussi évoquer l’univers une joie de vous infliger!
très proche de la BD Nathan Never. Le jeu La «court» phase permet de
offre la possibilité porter l’affaire devant le tribunal. Le joueur
d’incarner un enquêteur, ayant collecté assez d’indices
des cinq Jovan probants (ou incertains), peut à ce moment
(enquêteurs exposer les faits, les conclusions de son
freelances enquête et charger l’accusé. Tout ceci se
rémunérés par fait dans une phase de roleplaying basée
MegaCity) : le sur les informations de la carte «murder» (les
détective dur-à- faits) et les cartes indices collectées durant
cuire, l’analyste les phases d’investigation. Cet exercice oral
alien, la corporate est alors soumis à l’approbation de l’auditeur,
carriériste, rôle tenu par le joueur à la gauche de
l’ordinateur l’enquêteur. Cet auditeur, selon la prestation
humain ou l’agent énoncée et ses éventuels doutes fondés
66
les carnets de l’assemblée # 3
PREVIEWS, TESTS & DÉCOUVERTES ...
Toreador. Blood Shadowed Court fera du
bien à tous les decks camarilla qui avaient
eu du mal à sacrifier à la mode de l’antitribu
adoptée par la majorité des dernières
extensions.
Cette sortie est talonnée de près
par Twilight Rebellion, autre extension bien
maigre n’offrant que 60 nouvelles cartes
loin d’être utiles car destinées à 90% aux
Anarch. Des cartes que l’on verra rarement
sur les tables du fait de ce statut trop difficile
à mettre en place, et la pirouette proposée
par l’Anarch Convert n’y changera rien.
par Olivier Camus
ou infondés, peut alors remettre en cause
l’exposé du Jovan, l’approuver, ou voire
même sponsoriser ses conclusions auprès du
Juge. La phase finale, le réquisitoire auprès
du juge, est symbolisée par un jet de d6
dont le nombre est fonction de la qualité
des indices accompagnant le dossier de
meurtre et le soutien ou non de l’auditeur. Le
résultat du jet est sanctionné par 3 niveaux
de rétribution en crédits (meurtre au premier
degré, homicide, agression caractérisée). Le
gagnant est celui qui a obtenu le plus grand
nombre de crédits au sortir des 6 tours de
jeu.
Le niveau d’anglais étant assez
technique et totalement orienté dans
le jargon procédurier criminel (police et
justice), le jeu sera très difficile d’accès aux
plus jeunes. De même, il vaut mieux être
un minimum passionné de polar ou de
séries policières américaines pour pouvoir
apprécier pleinement tous les termes qui font
ici l’ambiance. Les rôlistes amateurs de COPS,
Cyberpunk et autres décors d’enquête SF sur
le format américain devraient s’y retrouver.
L’ambiance de l’univers est mise très
en avant au travers tous les éléments, textes
et phases du jeu. On regrettera néanmoins le
manque de diversité dans les illustrations et le
fait que certains types de cartes auraient pu
être représentés sous forme de jetons, points
faibles imposés par le format de la boîte de
jeu. A l’arrivée, bien au-delà d’un simple
Cluedo à la sauce Blade Runner, Murder City
se situe à mi-chemin entre le jeu de plateau
et le jeu de rôles, un concept hybride qui
offre une originalité rafraîchissante et surtout
une alternative innovante dans la création
de jeux de plateau. Prions pour qu’une
traduction française soit programmée.
par Olivier Camus
 AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
COMPARATIF DES SYSTÈMES GÉNÉRIQUES
de jeu de rôle
QU’ONT-ILS
?
réellement
ventre
DANS LE
Tout bon pilote sait bien que
rien ne sert d’avoir une carrosserie
flamboyante sans un bon moteur
sous le capot. Le jeu de rôle, au-
delà d’offrir un univers dépaysant,
ne peut se dissocier d’un moteur
de règles, partie technique
indispensable, permettant de
borner les actions des joueurs.
De nombreux éditeurs s’orientent
aujourd’hui vers un système de
règles universel qu’ils déclinent
ensuite vers plusieurs univers de jeu
(ou settings). Pour y voir plus clair,
nous avons estimé qu’il était temps
de faire un état des lieux de ces
systèmes génériques de plus en
plus répandus sur nos tables.
Dans notre
tableau comparatif…
édition actuelle :
Le recueil délivrant le système complet ou
les guides dans lesquels le système apparaît.
Nous avons essayer d’évoquer les toutes
dernières versions publiées, disponibles ou
à paraître en 2008.
accessoires nécessaires :
Liste des accessoires nécessaires ou
facultatifs pour accompagner les règles du
jeu. Exemple : d4, d6, d8,..., cartes à jouer,
jetons, figurines, etc.. Nous n’avons pas
évoqué l’écran du Meneur de Jeu, toujours
indispensable.
rapidité de création de PJ :
Toutes proportions gardées (selon le niveau
de maîtrise du MJ et du joueur), du plus lent
et fastidieux (1) au plus rapide (5).
ouverture à tout type d’univers :
Facilité avec laquelle le système de
règles permet de s’adapter à l’univers
de jeu choisi. Du moins adaptable (1)
au plus ouvert et tout terrain (5). Les
principaux critères, qui apparaissent en
concurrence ici, sont la période historique,
le niveau technologique, et l’utilisation
ou non d’environnements magiques ou
surnaturels.
complexité des règles :
Des plus complexes (1) inondées de
règles annexes trop nombreuses et/ou
imbuvables, voire inutiles, au plus fluide et
facile à maîtriser (5).
simulation vs. roleplay :
Du système le plus simulationniste (1) au
système le plus ouvert au roleplaying (5).
résolution des actions :
Description résumée du mécanisme de
résolution des actions. Exemple : jets, tables,
nombre de réussites, ...
ND = niveau de difficulté.
univers adaptés :
Liste non exhaustive des univers publiés pour
lesquels le système de règles est nécessaire
ou fourni.
OGL :
Disponibilité du système en licence de
jeu ouverte OGL (Open Gaming License)
qui autorise des éditeurs commerciaux ou
amateurs à utiliser ou à s’inspirer de ces
règles sans avoir besoin de l’autorisation
préalable de l’auteur.
version :
VF = version française, VO = version originale
(anglaise).
prix :
Tarif de vente public du plus cher (1) au
plus attractif (5).
(1) : achat très conséquent et/ou le système
n’est pas à part entière (indissociable d’un
univers, d’une gamme)
67
boussoles
(2) : prix de vente abusif et/ou plus d’un
manuel est nécessaire
(3) : prix de vente habituel d’un livre de
base
(4) : prix de vente attractif
(5) : prix de vente très attractif et/ou
disponible gratuitement (PDF, Web, …)
Références
Action! system : www.action-system.com
Basic : www.chaosium.com
D20 system : www.wizards.com/D20
DK System : johndoe-rpg.org
EABA : www.btrc.net
Gumshoe : www.pelgranepress.com
GURPS : www.sjgames.com
Savage Worlds : www.peginc.com
Storytelling : www.white-wolf.com
Hors compétition…
On citera également: True20 dérivé du
d20 system par Green Ronin publishing
(Freeport), le grand ancien très
simulationniste Rolemaster de I.C.E (JRTM) ;
Simulacres de Casus Belli (Capitaine
Vaudou, CyberAge) ; d6 system de
West End Games (Star Wars) ; Fuzion rpg
(amateur) ; Megaversal system (Palladium
books); d20Modern/d20Future (WotC),
Unisystem de Eden Studio (All Flesh Must Be
Eaten, Buffy), ORE one-roll engine de Arc
Dream (WildTalents, GodLike, Reign).
les carnets de l’assemblée # 3
 boussoles AIDES DE JEU & SCÉNARIOS

Notre TOP 10 : les nominés sont…

édition créatio
système auteur accessoires
actuelle PJ

BaSIC Roleplaying 1d100

1 BaSIC RolePlaying Greg Stafford & Lynn Willis 4
(Chaosium) d4, d6, d8 ...

Le Monde des Ténèbres v2

2 StoryTelling Bill Bridges xd10 4
(White Wolf / Hexagonal)

dK System
3 dK System John Grümph & Eric Nieudan 1d20, xd6 3
(John Doe RPG)

d4, d6, d8, d10, d12,

Explorer’s Edition (v3)
4 Savage Worlds Shane L. Hensley d20, cartes à jouer, 5
(Pinnacle Ent.)
jetons

Esoterroristes, Cthulhu (trail of) d6 + réserve de points

5 Gumshoe Robin D. Laws 5
(Pelgrane Press / 7è Cercle) d’action à dépenser

D&D v4.0
Jonathan Tweet, Monte
6 d20 System (Wizards of the Coast / Play d20, d4, d6, d8, d10, d12 3
Cook, Skip Williams
Factory)

Action ! System • Règles de

Mark T. Arsenault, Patrick
7 Action ! System base 3d6 3
Sweeney
(Gold Rush Games)

GURPS Basic Set 4th Edition

Steve Jackson, Sean Punch &
8 GURPS • Campaigns & Characters 3d6 4
David Pulver
(Steve Jackson Games)

EW-System deluxe A. Cuidet, Ch. Grussi, S.

9 EW-System 1d20 4
(eWs) Merkling & L. Davoust

End All Be All game system xd6,

10 EABA Greg Porter 2
(BTRC / éditions Icare) planches à hexagones

And the winner is…
[ BaSIC RolePlaying ]
Familièrement appelé “ système d100 ”
ou BRP, le moteur de règles de l’éditeur
américain Chaosium (L’Appel de Cthulhu)
nous a semblé être celui le plus à même
de répondre aux attentes de la très
grande majorité des meneurs de jeu. Tout
d’abord, et c’est le point d’originalité qui le
départage grandement de ses confrères,
la gestion de la difficulté des actions
n’est pas dévolue en premier lieu au MJ.
La feuille de personnage supporte à elle
seule le niveau de difficulté pour chaque
compétence invoquée. Cette difficulté
est exprimée clairement en pourcentage
(résolution avec 1d100) ; une notion
mathématique simplissime avec laquelle
nous sommes toutes
et tous familiarisés
au quotidien.
L’initiation de rôlistes
débutants est donc
plus que facilitée
ici. Cette approche
permet ainsi au
MJ de n’invoquer
que le nom de la
compétence à tester (sans avoir besoin
de se référer à une table de difficultés),
charge alors à chaque joueur de consulter
son pourcentage de chance de réussite.
La qualité de cette dernière est alors
immédiatement lisible dans l’écart du
nombre obtenu par rapport au nombre
limite.
La création des PJ est on ne
peut plus rapide, et prévoit un nivellement
du héros que peut incarner chaque
joueur. On peut ainsi doser la réserve de
points à répartir parmi les compétences
initiales (250/300/400 points selon le degré
d’héroïsme du personnage, notion que l’on
retrouve dans GURPS et Savage Worlds).
Basic fut historiquement le premier
système à représenter techniquement la
psychologie d’un personnage avec son
fameux niveau de Santé Mentale. Ici, la
folie vient concurrencer la mort au rayon
des premiers dangers inhérents à la survie
de tout PJ. De même, d’autres petites
innovations offrent au MJ des échappatoires
en cas d’impasse pour ses PJ. Ainsi la
Chance et l’Idée deviennent une notion
chiffrée, également en pourcentage,
et permettent de sauver des situations
désespérées. Le système de combat
demeure très basique, ne limitant en rien
le vif de l’action. Le désir de cohérence,
ou plutôt de vraisemblance, est poussé
jusque dans la gestion de l’expérience (elle
aussi laissée en grande partie au joueur) :
une case à cocher permet en cours de
partie de symboliser l’utilisation réussie
de compétences. Au final, ces coches
servent à autoriser et à borner l’expérience
potentiellement acquise, avec une chance
(jet de seuil) d’augmenter ou non de +1d6
le niveau actuel.
Pour l’adaptabilité, Basic demeure
très ouvert, la liste des compétences
n’étant aucunement verrouillée dans
un univers particulier, et l’utilisation d’un
domaine magique ou d’autres pouvoirs
assimilés n’est pas oubliée.
Aujourd’hui, Chaosium publie
une quatrième édition autonome et
dépoussiérée de son corpus de plus de
380 pages. Mais, on peut aussi le trouver
au sein de L’Appel de Cthulhu, ou alors
en se référant au hors-série publié en 1997
de feu le magazine Casus Belli, ou encore
gratuitement via le web dans sa version de
base.
En conclusion, et pour toutes ces
raisons, nous avons désigné BaSIC comme
le système que nous vous recommandons
en premier choix, que vous soyez débutant
voulant éviter les écueils de l’initiation ou
expert désireux de privilégier un certain

68
les carnets de l’assemblée # 3
 AIDES DE JEU & SCÉNARIOS boussoles

on simulation résolution
ouverture complexité univers OGL version prix
/ roleplay des actions

l’Appel de
un pourcentage de chances de
5 5 4 Cthulhu, Nephilim non vo/vf 4
réussir sur 1d100
(I & II)

Vampire, Loup-
3 4 5 X succès au dessus du ND (1 à 10) non vo/vf 3
Garou, Mage, ...

1d20 + caractéristique + Plagues dK, Final

5 4 4 compétence (+ bonus du dk) Frontier, Khaos non vf 4
au dessus du ND 1795

Deadlands,
une réussite au dessus du ND Solomon Kane,
4 5 4 non vo 5
(base = 4) Pirates of the
Spanish Main

Ésoterroristes,
d6 + points piochés dans sa réserve
3 4 5 Cthulhu (Trail of), non vo/vf 2
de compétences contre ND
Fear Itself, ...

1d20 + modificateurs D&D, Midnight,

3 2 2 oui vo/vf 1
au dessus du ND Star Wars Saga, ...

attribut + compétence + 3d6 au

3 3 3 Gunslingers oui vo/vf 5
dessus du ND

3d6 + modificateur contre score Hellboy, Conan,

4 3 2 non vo/vf 2
d’attribut + compétence Traveller, ...

1d20 sous le seuil de la Arkéos, Cirkus,

5 3 3 non vf 3
table de réussite Sovok

Dark Millenium,
somme des 3 meilleurs d6
3 2 2 Code : Black, oui vo/vf 4
parmi xd6 + n lancés
Timelords, ...

rythme lors de vos parties ; que vous vouliez
convertir un système jugé trop lourd pour
vous ou que vous vous lanciez dans la
création d’un univers de jeu original.
… et le prix du jury
La sélection fut difficile et nous ne pouvions
nous arrêter à un seul système sans évoquer
au moins ceux, le talonnant de près, qui
avaient également retenu toute notre
attention.
[ Storytelling system ]
(World of Darkness)
Comment ne pas évoquer
ici le système du conteur qui
a participé à la révolution
“ roleplaying ” du jeu de rôles
dans les années 90 ? Un système
simple, conçu essentiellement
pour orienter les joueurs vers plus
d’audace dans l’interprétation
de leur rôle. Bien qu’il fut à
l’origine prévu pour décrire un personnage
contemporain (Vampire : La Mascarade),
les nombreuses mutations et évolutions
imposées par le Monde des Ténèbres en
plus de quinze années de gamme nous
donnent aujourd’hui un pavé de règles
à part entière intitulé Le Monde des
Ténèbres (seconde édition, Hexagonal).
Le système s’encombre de très peu de
détails, la plupart des précisions étant
laissées à l’appréciation et au bon sens
du MJ. Il se démarque aussi visuellement :
peu de chiffres, uniquement des niveaux
symbolisés par des cases à noircir ou à
cocher. La résolution des actions se base
sur un énoncé d’une difficulté (entre 1 &
10) auquel les joueurs répondent par un
lancé de d10 dont le nombre est fonction
de leurs attributs et compétences. Chaque
réussite unitaire est comptabilisée et donne
en résultat un certain niveau de réussite.
La psychologie est également au rendez-
vous avec une gestion de la volonté, de
la frénésie ou même de l’humanité du
personnage. Storytelling fut également
le premier à introduire de manière forte
la notion d’avantages/inconvénients et
d’historique pour donner plus de profondeur
et de légitimité au passé (background) de
chaque personnage. Le storytelling system
fait donc la part belle à l’ambiance et à
une certaine vision cinématographique de
l’action.
[ dK system ]
Ce jeune système de création
100% française (John Doe
RPG) s’inspire grandement
du système d20. Il en offre
une variante intelligente
saupoudrée d’un piquant
supplémentaire : le dé de
Krasse. Ce concept repose
sur une gestion donnant-
donnant de malus/bonus
entre le MJ et les PJ. Le MJ
inflige un dé de malus (dK) arbitrairement
sur certains jets des joueurs, ce dK fini alors
dans une réserve commune de laquelle
les joueurs pourront alors piocher pour se
venger en en obtenant, cette fois-ci, un
bonus. Un système qui est déjà en passe de
devenir un standard sur nos tables de jeux
francophones.
par Olivier Camus
contributions : Vincent Ziec, Dedjet
& toute l’équipe rédactionnelle
qui aura servi de jury

69
les carnets de l’assemblée # 3
 boussoles
DOSSIERS MÉDICAUX
[ AIDE DE JEU POUR PATIENT 13 ]
POINÇONNEUR
Poinçonneur est une des terreurs de
l’hôpital. Si vos personnages ne l’ont pas
encore croisé, c’est qu’il devait être en
isolement.
Mesurant plus de 2m10 pour
approximativement 170kg, il impose le
respect par sa carrure et sa masse, à défaut
de ses muscles. Lui ne croit pas du tout à
la théorie du traitement, de la thérapie,
de l’hôpital. Pour lui, il est en prison, point.
Comme en prison, il réunit autour de lui ses
«disciples». Des faibles et des lâches, qui
espèrent survivre grâce à leur nombre.
Son surnom de poinçonneur ne lui
vient pas d’une quelconque lame, mais de
sa fâcheuse habitude de repérer parmi les
nouveaux, des mets de choix pour assouvir
ses appétits sexuels. Et ses techniques de
séduction n’ont rien de romantique ni de
doux…
Poinçonneur est le patient parfait pour
calmer rapidement les ardeurs d’un joueur
gênant sans avoir à le supprimer. Il n’est
pas particulièrement intelligent, mais sait
se montrer persuasif. Il suffit de le voir dans
les douches pour comprendre que ses
arguments sont massifs…
Son unique obsession est le
pouvoir ; il l’exerce de toutes les manières
possibles. Il veut être considéré comme le
« chef de sa prison ». Gord est une épine
dans son pied ; son petit commerce le
dérange. Comme toute personne ayant un
peu d’influence. Il se moque en revanche
de Pierre et de sa Bouche, ou de tous les
autres illuminés.
Il n’a à ses côtés qu’une petite
dizaine d’hommes, mais son influence
s’étend bien plus à travers ses trafics divers
(armes, drogue, alcool, tout ce qu’on peut
chercher, tant qu’on est prêt à y mettre le
prix).
SECRET :
Depuis peu, Poinçonneur est harcelé
chaque nuit par les « fantômes » de
certaines de ses victimes. Sa première
réaction a été de ne plus prendre son
traitement, mais les choses ne font
qu’empirer de jour en jour. Il ne sait plus
vraiment où il en est. Enfermé dans son rôle
de « méchant », il tente de tempérer ses
hommes, en espérant y trouver une sorte de
rédemption tardive, mais, à terme, il risque
surtout de perdre toute autorité sur eux. Ce
les carnets de l’assemblée # 3
qui serait peut-être encore pire pour les
autres patients. En y prêtant très attention,
la nuit, on peut entendre des plaintes et
des pleurs étouffés dans sa cellule.
La véritable origine de cette
hantise n’est autre que Loin, un autre
patient. À moins que d’autres victimes ne
reviennent effectivement le hanter...
LOIN
Loin est l’un des nombreux patients que l’on
remarque sans vraiment les voir. Ce surnom
trouve ses origines dans son arrivée ; très
vite repéré par Poinçonneur, il en a été la
victime. Le viol l’a rendu complètement
absent, comme une créature désincarnée,
une coquille vide. Son âme s’est envolée
« Loin », dit-on. Les moins magnanimes
l’appellent « Le Légume ».
L’air hagard, la bave aux lèvres, toujours à
moitié habillé, il n’agit plus que par réflexes.
Il se nourrit tant bien que mal, en ratant sa
bouche une fois sur deux, se lave quand
ses pas le guident dans les douches (il ne
se déshabille pas), et dégage en général
une forte odeur d’urine. Quelques bonnes
âmes tentent parfois de l’aider, mais il est
presque toujours seul.
SECRET :
Lors du viol qu’il a subi, Loin, pour échapper
à l’horreur de la situation, a essayé de
s’échapper de son corps. Et il a réussi. Son
esprit s’est expulsé, et ne sait pas comment
réintégrer la chair.
Le lien qui le relie à son corps est très
ténu, et il parvient à peine à le contraindre
à se maintenir en vie. Il est comme un
marionnettiste maladroit, empêtré dans ses
fils. Dans certaines situations, il est possible
de remarquer un halo qui suit son corps.
D’abord paniqué, il a appris à faire
contre mauvaise fortune bon cœur. Il a
découvert qu’il parvenait à se manifester
auprès d’autres patients, certains étant
plus réceptifs que d’autres. Il a alors
commencé à hanter Poinçonneur, par
simple vengeance, d’abord, puis, peu à
peu, par jeu.
Il alterne en fait des phases de
détresse absolue et de sadisme. Et rien
ne dit qu’il va se contenter de harceler
Poinçonneur.
Il ne peut pas rester éloigné de son
corps très longtemps ; il craint que cela ne
70
AIDES DE JEU & SCÉNARIOS
coupe définitivement le lien, et une partie
de lui espère encore trouver une solution à
sa désincarnation.
En se concentrant, il est capable
de déplacer des objets, tel un poltergeist.
Sous peu, il finira par comprendre qu’il peut
faire bien plus que murmurer dans le noir et
provoquer des frissons dans le dos…
LEO
Ce vieillard reste presque en permanence
cloîtré dans sa chambre, à dessiner des
plans, à bricoler des objets. Au premier
abord, ce n’est qu’un vieil homme sénile
parmi tant d’autres ; il marmonne dans sa
barbe, il radote, il parle à des gens qui ne
sont plus là. Personne ne se rappelle depuis
quand il est ici.
C’est une sorte d’inventeur, fou
ou génial, au choix. Il est prêt à rendre des
services contre des matériaux de toutes
sortes. Mais, s’il est de toute évidence
doué, il n’est pas rapide, et il ne faut pas
s’attendre à obtenir quoi que ce soit
avant plusieurs jours (pour les objets les
plus simples) voire plusieurs mois ou années
(certains patients attendent encore…).
SECRET :
Il rêve secrètement de s’échapper ; pour
cela, il a au fil des années mis au point des
dizaines et des dizaines de plans, ayant
tous échoué. Il fabrique aujourd’hui les
éléments de son dernier en date ; d’un
côté une paire d’ailes mécaniques faites
de bric et de broc, de l’autre, un automate
capable de faire croire à sa présence le
temps qu’il soit loin d’ici. Aucun des deux
n’est près d’être terminé.
Sa folie douce le pousse à se
prendre pour une réincarnation de Léonard
de Vinci. Un gentil génie, un peu allumé.
Mais, dans un cas extrême, il pourrait finir
par devenir un ersatz du Dr. Frankenstein
et vouloir créer un véritable double de lui-
même à partir d’organes humains si son
automate s’avérait être un échec. Les ailes,
elles, seront parfaitement exploitables. Il
espère atteindre le toit du bâtiment et y
prendre son envol vers la liberté.
Ses expériences secrètes sont
dissimulées dans le mur derrière son armoire,
dans un renfoncement qu’il a creusé. Il a
mis au point un mécanisme discret pour y
accéder, et il est impossible de le découvrir
sans avoir espionné Léo.
par Julien De Jaeger
 les carnets de l’assemblée
numéro quatre
SORTIE
février 2009
4

retrouvez nos anciens numéros en pdf

sur notre vitrine lulu.com
http://stores.lulu.com/lassemblee
numéro zéro (juin 2007 • 40 pages • gratuit)
sommaire :
Okko • Dune • Les Forges de la Fiction • Tigres Volants • Earthdawn • Trinités • Patient 13 • Horreur à Arkham •
Witchblade (aide de jeu Nephilim) • La Lance de Longinus (scénario crossover Dark Ages / Vampire : la Mascarade)
• Traîtres & Usurpateurs (aide de jeu générique) • Mes Croisades d’Unnord • GenCon 2007

numéro un • dossier Belle Époque (octobre 2007 • 72 pages • 2.50€)

sommaire :
L’Imaginaire pour Compagne : essai • La micro-édition au secours du jeu de rôles ? • Mastication • Asmoday • Le
Salon du Jeu 2007 • Trinités • Tortuga • Te Deum pour un Massacre • Mana • Poker d’Enfer • TCE12008 • dossier - La
Belle Époque • La Belle Époque : évocation d’une France moderne et romantique • Bibliographie • Fromental et
l’Androgyne • Les Champs de Feu : une nouvelle de Florent Martin • The Lodger • Crimes VS. Maléfices • Interview : Les
Écuries d’Augias • London 1888 • Sous le plus horrible chapiteau du monde : murder circus • De Ruines et d’Illusions :
scénario Crimes • La Fin des Tsars : scénario Maléfices

numéro deux • dossier Antiquité (mars 2008 • 72 pages • 2.50€)

sommaire :
Elvis et la Fille qui rêvait debout / interview Michaël Moslonka • Mort ou Vif ? • L’invitée de Dracula • Interview Gigamic
• Marrakech • Gangster • Hell Dorado • Renaissance • Lords of the Night • Le Grand Livre de la Peinture sur Figurine
• Pirates of the Spanish Main • Witchblade, d’Hier à Aujourd’hui (aide de jeu Nephilim) • dossier - L’Antiquité • La
Mort Antique • La Lance de Miltiade : nouvelle de Philippe Verdin • Murena • Le Lion de Macédoine • Les Aigles de
Rome • L’Antiquité sur Pellicule • Rome (TV) • Panorama des Jeux Vidéo • Panorama des Jeux de Rôle • Légendes
de la Vallée des Rois • Praetoria Prima : interview Sébastien Abellan • Colosseum • Babel • Civilisation • Ancients •
Les Thermes... du Contrat : scénario Etherne • Les Plaies d’Anubis : scénario Praetoria Prima