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Droit civil, Licence 2 Droit équipe 1 – Monsieur le Professeur Borghetti, avril 2012.

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Galop d’essai (avril 2012) :


Droit civil, Licence 2 équipe 1 – Monsieur le Professeur Borghetti
Cas pratique

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Remerciements

ASSAS.NET souhaite remercier, très sincèrement, Camille de


contribuer à cette opération et de donner ainsi aux étudiants les outils
nécessaires pour assurer leur réussite.

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Note : 18,5/20
Sujet (cas pratique) :

Votre grand-oncle Pierre prend contact avec vous. Il a en effet appris par votre grand-mère que vous meniez de
brillantes études dans la « première université de droit de France » et il souhaite que vous lui donniez quelques
conseils, car il est confronté à plusieurs problèmes juridiques.

Le premier concerne son petit-fils Yohann, orphelin, qu'il élève avec sa femme comme un fils, bien qu'il n'en soit pas
officiellement le tuteur. Votre cousin Yohann est un garçon de 16 ans, charmant mais un peu dissipé. Alors que votre
oncle Pierre et sa femme étaient partis voir des amis un week-end, Yohann a « emprunté» l'ancienne voiture du
couple pour faire un tour avec des amis. Cette vieille 2CV, remisée au fond du garage de Pierre, ne roulait plus depuis
des années et n'était plus assurée; mais Yohann, qui s'intéresse à la mécanique, s'était amusée à la remettre en état
de marche. Yohann n'a évidemment pas son permis de conduire, mais conduit plutôt bien pour son âge (dixit Pierre).
Cela ne l'a toutefois pas empêché d'avoir un accident: il a perdu le contrôle de son véhicule en roulant sur une flaque
d'huile (dont il ne pouvait prévoir la présence à cet endroit) et la voiture est allée s'encastrer dans le mur d'une
maison. Heureusement, les airbags ont fonctionné et personne n'a été blessé. Les dégâts matériels sont assez
importants, en revanche: outre ceux subis par la voiture, le propriétaire de la maison a fait réaliser un devis qui
chiffre à 5.000 euros le montant des réparations nécessaire à la remise en état de son mur. Naturellement, il
demande à votre oncle Pierre de régler cette facture. Votre oncle se demande S1T est effectivement responsable du
dommage causé par son petit-fils.

Le deuxième problème de votre oncle Pierre concerne la location qu'il avait faite l'été dernier d'un appartement à
Listranzac (Cantal) pour la durée du festival international d'accordéon diatonique, prévu du 2 au 7 août.
Malheureusement, le festival a été annulé une semaine avant son ouverture prévue, en raison du décès inopiné de
son invité d'honneur, le regretté « El Diato », grand maître de l'accordéon diatonique. Du coup, votre oncle Pierre ne
s'est pas rendu à Listranzac. Le propriétaire de l'appartement lui réclame néanmoins le paiement du prix prévu pour
la semaine de location, soit 500 euros. Votre oncle Pierre ne veut pas payer cette somme, car il estime que le contrat
est devenu sans objet du fait de l'annulation du festival. Il se demande cependant s'il est dans son droit. Il est clair
pour lui que la location était liée au festival, et le propriétaire de l'appartement le savait bien, qui n'aurait jamais pu
louer son appartement pour 500 euros la semaine en dehors de la période du festival, le marché de l'immobilier étant
d'ordinaire plutôt atone à Listranzac. D'un autre côté, le contrat signé par Pierre le 15 juillet précisait seulement la
situation et les caractéristiques de l'appartement, ainsi que le loyer, mais sans mentionner le festival.

Le troisième problème de votre oncle Pierre concerne un accident qu'il a eu récemment alors qu'il circulait à vélo
dans rue. Surpris par le déclenchement soudain de la sirène d'une ambulance qui arrivait dans son dos sans qu'il
puisse la voir, il a fait une embardée et a percuté un jeune homme qui faisait du roller sur la chaussée et qui était en
train de le dépasser. Le jeune homme a été légèrement blessé et réclame à votre oncle Pierre des dommages et
intérêts correspondant aux frais médicaux qu'il a dû engager et à la valeur des vêtements et des rollers devenus
inutilisables à cause de l'accident. Pierre ne conteste pas l'évaluation des dommages et intérêts, somme toute assez
raisonnable, mais il ne comprend pas pourquoi sa responsabilité serait engagée, alors qu'il n'a commis aucune faute,
ce que le jeune homme a d'ailleurs admis. Il s'étonne en outre que ce dernier ose lui demander réparation, alors qu'il
était lui-même en faute dans cette affaire: en effet, le jeune homme n'aurait pas dû se trouver sur la chaussée, car les
usagers de rollers sont assimilés à des piétons et les piétons doivent circuler sur les trottoirs lorsque cela est possible;
or, la chaussée sur laquelle circulaient Pierre et le jeune homme était bordée par un trottoir large et dégagé.
Votre oncle Pierre vous demande donc de lui donner votre opinion sur les différents problèmes exposés. Sa
responsabilité est-elle engagée pour le dommage causé par Yohann, et pour le dommage subi par le jeune homme?
Concernant le contrat de location, il souhaite savoir s'il dispose d'un moyen d'échapper à son obligation de payer le
loyer, sachant qu'un de ses voisins lui a dit en passant qu'une nullité du contrat liée à un vice du consentement ou à
problème de cause était envisageable.

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Résolution du cas :

Ndla : Dans tout le cas pratique, j’ai écrit « oncle Pierre » alors qu’il s’agit en fait de son grand-père.

1°) Un individu, mineur, a un accident avec la voiture de son grand-père.


Ce dernier souhaite savoir si sa responsabilité peut être engagée.

Voyons d’abord si sa responsabilité peut être engagée pour son fait personnel.
L’article 1382 du Code civil dispose que « tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige
celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer ».
Trois conditions sont donc nécessaires pour que la responsabilité de Pierre puisse être engagée sur le fondement de
l’article 1382 : un dommage, une faute et un lien de causalité.
Concernant le dommage, la jurisprudence précise que celui-ci doit être certain, personnel et légitime pour être
juridiquement réparable.
En l’espèce, il est indiqué que « les dégâts matériels sont assez importants », puisque le mur de la maison a été
endommagé : il y a donc un dommage matériel.
Celui-ci est certain, il ne fait aucun doute. Il est également tout à fait légitime, et est bien personnel à celui qui
l’invoque puisque c’est le propriétaire de la maison qui demande réparation du dommage causé à celle-ci.
Il y a donc bien un dommage juridiquement réparable en l’espèce.
Voyons maintenant si l’oncle Pierre a commis une faute.
La faute, c’est la violation d’un devoir de comportement, résultant soit des prescriptions légales et réglementaires,
soit d’une obligation générale de prudence et de diligence. Aucun élément intentionnel n’est exigé (Cass. Civ. 2e, 23
novembre 1972).
L’oncle Pierre ne semble avoir violé aucune prescription légale ou réglementaire.
Peut-on considérer qu’il a violé l’obligation générale de prudence et de diligence qui s’impose à tous ?
On pourrait en effet considérer qu’il n’a pas pris suffisamment de précautions pour empêcher son neveu d’accéder au
véhicule et de l’utiliser.
Néanmoins, il est indiqué que le véhicule « ne roulait plus depuis des années » : l’oncle ne pouvait pas imaginer que
son neveu le remettrait en état et qu’il l’utiliserait, il n’avait pas de raison d’en empêcher l’accès puisque le véhicule
n’était plus en état de fonctionnement.
En outre, la jurisprudence a jugé que ne commettaient pas de faute les grands-parents qui n’avaient pas interdit
l’accès d’un local où se trouvait un bidon d’essence à leur petit-fils âgé de dix ans (Cass. Civ. 2e, 18 mars 2004).
A fortiori, on peut penser que ne commet pas de faute l’oncle qui n’interdit pas à son neveu âgé de seize ans l’accès
d’un local où se trouve un véhicule n’étant plus en état de fonctionnement.
On peut aussi considérer que l’oncle a commis une faute en ne surveillant pas suffisamment pas son neveu.
En effet, il avait laissé seul son neveu, pourtant encore mineur.
Une faute semble pouvoir être retenue à l’encontre de l’oncle.
Il faut encore que cette faute ait directement causé le dommage.
Deux théories sont utilisées en droit civil : la théorie de l’équivalence des conditions et la théorie de la causalité
adéquate.
Selon la théorie de l’équivalence des conditions, est considéré comme ayant directement causé le dommage tout fait
sans lequel le dommage ne serait pas survenu.
En l’espèce, si l’oncle avait surveillé son neveu, celui-ci n’aurait pas emprunté le véhicule et n’aurait pas eu
d’accident.
Si l’on retient cette théorie, le défaut de surveillance de l’oncle a directement causé le dommage, et celui-ci pourrait
donc voir sa responsabilité engagée.
En revanche, selon la théorie de la causalité adéquate, un fait n’est considéré comme ayant directement causé le
dommage que si le dommage en est une conséquence prévisible selon le cours normal des choses.
En l’espèce, il était peu prévisible qu’en l’absence de son oncle, le neveu remette le véhicule en état, l’utilise et ait un
accident.
Il n’y aurait donc pas de lien de causalité entre la faute de l’oncle (le défaut de surveillance) et le dommage.
Dès lors, si l’on retient cette théorie, sa responsabilité ne saurait être engagée sur le fondement de l’article 1382 du
Code civil.

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La jurisprudence n’ayant opté pour aucune des deux théories, il est difficile de trancher ici : cela dépendra de la
théorie retenue par le juge.

Voyons maintenant sur quels autres fondements la responsabilité de l’oncle Pierre pourrait être engagée.
Une voiture étant en cause, on pourrait imaginer que sa responsabilité puisse être engagée sur le fondement de la loi
du 5 juillet 1985 relative à l’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation.
Néanmoins, on ne peut invoquer cette loi qu’à l’encontre du conducteur ou du gardien du véhicule terrestre à
moteur, comme l’indique son article 2.
Le conducteur est celui qui a la maîtrise de la conduite du véhicule (Cass. Civ. 2e, 14 janvier 1987).
Le gardien est quant à lui défini comme celui qui a l’usage, la direction et le contrôle de la chose (Cass. Ch. Réunies, 2
décembre 1941).
En l’espèce, c’est le neveu qui était aux commandes du véhicule, seul : il était donc à la fois gardien et conducteur.
L’oncle Pierre étant propriétaire du véhicule, il en est présumé gardien, mais en l’espèce, il n’en avait ni l’usage, ni la
direction, ni le contrôle puisqu’il n’était même pas dans le véhicule au moment des faits : il en avait donc perdu la
garde.
Dès lors, n’étant ni conducteur, ni gardien du véhicule à l’origine du dommage, il ne peut pas voir sa responsabilité
engagée sur le fondement de la loi du 5 juillet 1985.

Il en va de même pour la responsabilité du fait des choses, prévue par l’article 1384 alinéa 1er du Code civil : non
seulement elle n’est pas applicable en cas d’accident de la circulation (seule la loi du 5 juillet 1985 est applicable à
l’encontre du conducteur ou du gardien du véhicule), mais en plus, l’oncle Pierre n’a pas la qualité de gardien du
véhicule ayant causé le dommage.
L’oncle Pierre ne peut donc pas non plus voir sa responsabilité engagée sur le fondement de l’article 1384 alinéa 1 er
du Code civil.

Voyons maintenant si l’oncle Pierre peut voir sa responsabilité engagée sur le fondement de l’article 1384 alinéa 4 du
Code civil. Celui-ci dispose que « Le père et la mère, en tant qu’ils exercent l’autorité parentale, sont solidairement
responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux ».
En l’espèce, les conditions de minorité et de cohabitation sont remplis : Yohann a moins de dix-huit ans et est élevé
par son oncle.
Néanmoins, il n’y a pas de lien de filiation : l’oncle Pierre ne saurait donc voir sa responsabilité engagée sur ce
fondement.

Par ailleurs, aucun lien de préposition ne ressort des faits de l’espèce.


L’oncle Pierre ne saurait donc non plus voir sa responsabilité engagée sur le fondement de l’article 1384 alinéa 5 du
Code civil.

L’article 1384 alinéa 1er du Code civil dispose qu’ « on est responsable non seulement du dommage que l’on cause par
son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou de choses que
l’on a sous sa garde ».
La jurisprudence a tiré de cette disposition un principe général de responsabilité liée à la « garde » d’autrui (Cass. Ass.
Plén., 29 mars 1991).
Elle a ainsi déclaré une association responsable du dommage causé par un mineur qui lui avait été confié par décision
du juge (Cass. Civ. 2e, 6 juin 2002).
Cependant, cette responsabilité suppose que la garde du mineur ait été confiée à son oncle par une décision de
justice.
Or, en l’espèce, bien que ce soit l’oncle qui élève son neveu, il est indiqué qu’il n’en est « pas officiellement tuteur ».
Cela laisse entendre qu’aucune décision de justice ne lui a conféré la garde de son neveu.
Dès lors, sa responsabilité ne saurait être engagée sur ce fondement non plus.

La responsabilité liée au contrôle de l’activité d’autrui étant réservée aux associations sportives, elle ne semble pas
pouvoir être invoquée ici.

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Dès lors, l’oncle Pierre ne pourrait voir sa responsabilité engagée pour le dommage causé par son neveu que sur le
fondement de l’article 1382 du Code civil, et à condition que la théorie de l’équivalence des conditions soit retenue
par le juge.

2°) Voyons maintenant si l’oncle Pierre peut voir sa responsabilité engagée vis-à-vis du jeune homme qu’il a percuté
alors qu’il circulait à vélo et, le cas échéant, sur quel fondement.
On peut d’ores et déjà écarter la responsabilité pour faute prévue par l’article 1382 du Code civil, puisqu’il n’est pas
contesté que l’oncle Pierre n’a pas commis de faute.

On pourrait songer à appliquer la loi du 5 juillet 1985 relative à l’indemnisation des victimes d’accidents de la
circulation.
Néanmoins, celle-ci n’est applicable qu’à l’encontre du conducteur ou du gardien d’un véhicule terrestre à moteur.
Or, en l’espèce, l’oncle Pierre circulait à vélo. Le vélo n’étant pas un véhicule motorisé, on ne pourra pas invoquer
contre lui la loi du 5 juillet 1985.

Voyons maintenant si l’oncle Pierre peut voir sa responsabilité engagée sur le fondement de la responsabilité du fait
des choses, prévue à l’article 1384 alinéa 1er du Code civil.
L’article 1384 alinéa 1er de Code civil dispose qu’ « on est responsable non seulement du dommage que l’on cause par
son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait […] des choses que l’on a sous sa garde ».
Pour que cette disposition puisse s’appliquer, trois conditions sont nécessaires : un dommage, un fait de la chose et
un lien de causalité.
L’existence du dommage ne fait guère de doute ici.
Il y a d’abord un dommage corporel, puisque « le jeune homme a été légèrement blessé », mais aussi un dommage
matériel, puisque ses vêtements et rollers sont « devenus inutilisables ».
Les caractères certain, légitime et personnel du dommage, conditions posées par la jurisprudence pour que celui-ci
soit juridiquement réparable, ne semblent pas non plus pouvoir être contestés ici.
Intéressons-nous maintenant au fait de la chose.
La chose doit avoir été l’instrument du dommage, soit en ayant heurté le siège du dommage alors qu’elle était en
mouvement, soit en présentant une anormalité.
La jurisprudence précise que l’article 1384 ne distingue pas suivant que la chose a été ou non mise en mouvement
par la main de l’homme (Cass. Civ. 2e, 20 mai 1974).
En l’espèce, le vélo, qui est bien une chose inanimée, était en mouvement lorsqu’il a heurté le siège du dommage, en
l’occurrence le jeune homme aux rollers. Il a donc bien été l’instrument du dommage.
Concernant le lien de causalité, il parait évident ici, puisque le vélo a directement percuté le jeune homme, le
blessant et abîmant son matériel. Qu’on retienne la théorie de l’équivalence des conditions ou de la causa proxima,
l’existence du lien de causalité ne fait guère de doute.
Maintenant que nous avons établi qu’une chose, le vélo, a bien directement causé le dommage, encore faut-il établir
à qui on va imputer ce fait de la chose.
L’article 1384 alinéa 1er du Code civil fait référence aux « choses que l’on a sous sa garde » : on impute donc le fait de
la chose à son gardien.
La Cour de cassation définit le gardent comme celui qui a l’usage, la direction et le contrôle de la chose (Chambres
réunies, 2 décembre 1941).
En l’espèce, c’est l’oncle Pierre qui était sur le vélo au moment des faits : il l’utilisait, le dirigeait et en avait le
contrôle. Il a donc la qualité de gardien du vélo.
Toutes les conditions d’application de l’article 1384 alinéa 1er du Code civil sont donc réunies. L’oncle Pierre pourra
donc voir sa responsabilité engagée sur ce fondement.

Examinons maintenant s’il ne peut pas invoquer une quelconque cause d’exonération.
Pour la responsabilité du fait des choses, elles sont au nombre de deux : la force majeure et la faute de la victime.
D’abord, il est indiqué que le jeune home percuté a commis une faute, car il n’aurait pas dû se trouver sur la
chaussée. Il y a donc faute de la victime.
Pour que la faute de la victime soit totalement exonératoire, elle doit avoir les caractères de la force majeure, c’est-à-
dire être imprévisible, irrésistible et extérieure par rapport à celui qui l’invoque.
En l’espèce, la faute du jeune homme était bien extérieure à l’oncle Pierre.

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On peut également considérer qu’elle était irrésistible : l’oncle Pierre ne pouvait éviter le jeune homme qu’il n’avait
pas vu.
En revanche, le caractère imprévisible de la faute de la victime est ici plus discutable : en effet, de nombreux usagers
ne respectent pas le code de la route. La présence d’un piéton ou d’un jeune homme à roller n’est pas rare, et était
donc prévisible.
Dès lors, la faute de la victime ne saurait totalement exonérer l’oncle Pierre de sa responsabilité.
Il est toutefois précisé que si l’oncle Pierre a percuté le jeune homme, c’est parce qu’il a été surpris par la sirène
d’une ambulance.
Cela pourrait constituer un cas de force majeure.
Pour qu’il y ait force majeure, l’évènement doit avoir été imprévisible, irrésistible et extérieur par rapport au
défendeur.
En l’espèce, le déclenchement de la sirène est bien extérieur à l’oncle Pierre.
L’ambulance arrivait dans son dos : il ne pouvait donc pas la voir et envisager qu’elle puisse déclencher sa sirène.
L’évènement est donc imprévisible.1
Enfin, il semble également être irrésistible : l’oncle Pierre a été surpris, ce qui lui a fait faire une embardée, il ne
pouvait donc rien faire contre cela.
Nous sommes donc bien en présence d’un cas de force majeure.
Dès lors, l’oncle Pierre pourra être exonéré de sa responsabilité.

3°) Nous sommes en présence d’un contrat de location.


Il s’agit de savoir si l’oncle Pierre peut échapper à son obligation de payer, en invoquant par exemple une nullité du
contrat.
L’article 1108 du Code civil dispose que « quatre conditions sont essentielles pour la validité d’une convention :
-le consentement de la partie qui s’oblige
-sa capacité de contracter
-un objet certain qui forme la matière de l’engagement
-une cause licite dans l’obligation »
La capacité des parties de contracter n’est pas contestée ici.
L’objet ne semble pas non plus poser de problème : il s’agit de la location saisonnière d’un appartement.

Concernant la cause, l’article 1131 du Code civil dispose que « l’obligation sans cause, ou sur une fausse cause, ou sur
une cause illicite ne peut avoir aucun effet ».
Par « obligation sans cause », les rédacteurs du Code civil font référence à la cause objective, à la cause de
l’obligation, et non à la cause subjective.
En l’espèce, il y a bien une cause objective : il s’agit de la jouissance d’un appartement.
En revanche, par « cause illicite », le Code civil fait référence à la cause subjective, à la cause du contrat, c’est-à-dire à
la raison pour laquelle les parties ont contracté.
En l’espèce, l’oncle Pierre a conclu ce contrat pour assister à un festival : cette cause n’est en rien illicite.
Le contrat est donc tout à fait valable du point de vue de la cause.

Voyons maintenant si le consentement d’une des parties n’a pas été vicié.
L’article 1109 du Code civil dispose qu’ « il n’y a point de consentement valable si le consentement n’a été donné que
par erreur, ou s’il a été extorqué par violence ou surpris par dol ».
Ni le dol ni la violence ne semblent manifestement pouvoir être invoqués ici.
Intéressons-nous plus particulièrement à l’erreur.
L’article 1110 du Code civil dispose que « l’erreur n’est une cause de nullité de la convention que lorsqu’elle tombe
sur la substance même de la chose ».
L’erreur doit donc porter sur la substance de la chose et avoir déterminé la partie à contracter.2
En l’espèce, l’oncle Pierre a conclu ce contrat pour assister à un festival, qui n’a finalement pas eu lieu : il y a donc
erreur sur les motifs.
1
Cela n’arrive jamais ?
2
Caractère excusable ?

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Celle-ci ne peut vicier le consentement que si elle a été érigée dans le champ contractuel, ce qui n’est pas le cas en
l’espèce puisque le contrat « précisait seulement la situation et les caractéristiques de l’appartement, ainsi que le
loyer mais sans mentionner le festival ».
Dès lors, cette erreur est une erreur indifférente, qui ne saurait avoir vicié le consentement de l’oncle Pierre.
Le contrat de location est donc valide : l’oncle Pierre ne pourra échapper à son obligation de payer le loyer.

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