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TRANSMISSION D’ENTREPRISE
4 Lever la prohibition des pactes sur succession future et légaliser, par là-même et
sous certaines conditions, la conclusion de pactes de famille entre les chefs
d’entreprise et leurs héritiers, organisant par avance la transmission du patrimoine
et du pouvoir ;
8 Pour éviter le partage précipité des actifs, rendre possible le maintien judiciaire
dans l’indivision des titres sociaux – permettant le contrôle d’une société - et des
entreprises à caractère industriel, commercial ou artisanal, pour une durée de deux
ans, éventuellement renouvelable.
18 Afin d'inciter les chefs d'entreprise à organiser leur succession de leur vivant,
harmoniser ou à tout le moins de rapprocher le régime des donations avec
celui des transmissions par voie successorale ;
23 Insérer, dans le CGI, une disposition permettant de revoir l'assiette des droits de
succession lorsqu’à la suite du décès du chef d’entreprise, cette dernière perd une
partie substantielle de sa valeur dans les deux ans qui suivent ;
26 Exonérer le repreneur des droits de mutation en cas de faillite dans les deux ans
suivant la reprise ;
28 Considérer comme des biens professionnels, les parts ou actions issues d’un
patrimoine exonéré et qui font l’objet d’une transmission échelonnée, à condition
que le nouveau propriétaire des titres s’engage à respecter, dans un délai de 8 ans
(aligné sur le délai d’engagement dans les successions), l’ensemble des conditions
d’exonération ;
La transmission d'une entreprise est une étape délicate de son existence, qui se traduit
encore trop souvent par une défaillance à terme, imputable à différents facteurs dont le
manque de préparation n'est pas le moins important. Ainsi, il a été établi que 30% des
reprises échouaient dans les 7 ans qui suivaient l'opération1. Par ailleurs, nombre d’affaires,
en particulier dans le commerce et l'artisanat, ne sont pas transmises, faute de trouver un
repreneur.
Les conséquences de ces difficultés sur la démographie des entreprises françaises risquent
d'être renforcées avec l'arrivée prochaine à la retraite de nombreux chefs d'entreprises, dont
les débuts remontent à la période d'après-guerre. Ainsi, en 1999, plus de 130.000 d’entre
eux avaient plus de soixante ans ; ce qui devrait induire de nombreuses cessions dans les
années à venir.
Toutefois, les statistiques relatives aux transmissions d'entreprises font l'objet de difficultés
méthodologiques dues à la structure du fichier SIRENE de l'INSEE qui les répertorie.
Les chiffres disponibles pour 2000 recensaient 41652 entreprises reprises, soit une
régression de 3,5 % par rapport à 1999, en phase avec une évolution à la baisse depuis une
quinzaine d'années.
1
Source : "La transmission des PME-PMI : 10 années d'expérience de la BDPME" septembre 1998.
10
65000
60000
55000
50000
45000
40000
35000
30000
87
91
92
94
98
99
88
89
90
93
95
96
97
00
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
Source : INSEE / SIRENE
Néanmoins, plusieurs éléments spécifiques conduisent à relativiser ces données, avec une
sous-estimation probable de la réalité :
Ces défauts méthodologiques mériteraient d’être enfin résolus par l'INSEE, afin de pouvoir
analyser sur une longue période les principaux aspects du phénomène. Cette évolution
s’expliquerait en partie par l’insuffisante valorisation de nombreuses entreprises, qui
n’intéressent pas les éventuels candidats à la reprise. Le manque de préparation des
dirigeants « sur le départ », conjugué au « relâchement » des dernières années d’activité
(fichiers clients non mis à jour, défaut d’investissement) en seraient les principales raisons.
11
Enfin, il est à noter que les reprises concernent essentiellement les très petites entreprises :
48 % n'ont pas de salarié et 29 % ont 1 ou 2 salariés.
En ce qui concerne leur financement, une majorité d’entre elles nécessitaient en 1998 moins
de 100 KF d'investissement initial :
Taux d'intervention des banques lors de reprises en fonction de la taille des projets
En dehors de cet aspect financier, les difficultés des transmissions d'entreprises ont, depuis
longtemps, suscité des propositions d'amélioration, tant des pouvoirs publics que de la CCIP.
Aujourd'hui encore, malgré des avancées notables telle que la réduction des droits de
mutation sur les fonds de commerce dans la loi de finances pour 2001, les pistes envisagées
restent essentiellement d’ordres juridique et fiscal ; ce que montre d’ailleurs le constat
effectué par le Livre blanc sur la transmission d'entreprises2.
2
"Livre blanc sur la transmission d'entreprises" remis au Secrétaire d'Etat aux PME, au Commerce, à
l'Artisanat et à la Consommation le 6 décembre 2000.
13
DE LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE
14
Actuellement, on le voit bien, l’opération de transmission est complexe, qu’elle soit effectuée
du vivant du dirigeant et avec son accord, ou à sa mort ; elle nécessite des montages
juridiques et fiscaux particuliers. En pratique, ces solutions peuvent rebuter les
professionnels, car elles conduisent à « forcer » certaines notions de notre droit. Il apparaît,
dès lors, nécessaire de créer de véritables outils dédiés spécifiquement à la transmission
des entreprises.
Dans ce contexte, l’objectif est double5 : il s’agit, d’une part, d’inciter les chefs d’entreprise à
anticiper la transmission de leur entreprise et, d’autre part, de les aider à réaliser cette
opération. C’est pourquoi, il convient de développer des instruments permettant, dans un
premier temps, de favoriser la préparation de la transmission et, dans un second temps,
de faciliter sa réalisation.
3
On ne s’attachera ici qu’aux transmissions à titre gratuit des entreprises.
4
Cf. seconde partie de ce rapport.
5
Certaines de ces propositions, déjà formulées par la CCIP (cf. Rapport de B. ROBINE du
5 mai 1994), méritent d’être réitérées.
15
Une transmission réussie est avant tout une transmission préparée et il convient, à cet effet,
de perfectionner les mécanismes juridiques existants, pour mieux anticiper cette échéance.
Mais, parallèlement, la préparation de la transmission ne sera véritablement facilitée qu’en
intégrant dans notre droit des dispositions nouvelles, comme le testament conjonctif, le pacte
de famille ou la fiducie.
La donation-partage6 est un acte par lequel une personne répartit ses biens, de son vivant,
entre ses héritiers présomptifs, lesquels en deviennent immédiatement propriétaires. Elle
constitue un moyen privilégié pour le chef d’entreprise d’organiser sa succession et,
notamment, de répartir le pouvoir.
Il s’agit d’un dispositif souple qui peut porter sur tout ou partie du patrimoine du donateur et
qui évite le morcellement de l’entreprise. Ainsi, dans la limite de la quotité disponible, le chef
d’entreprise peut donner son affaire à un de ses enfants et attribuer d’autres biens aux
autres descendants. En outre, la donation-partage présente un intérêt non négligeable d’un
point de vue fiscal, puisque la valeur des biens donnés est évaluée au jour de l’acte notarié
et non pas au jour du décès du donateur. Il n’est donc pas tenu compte des plus-values
éventuelles dont les biens pourraient bénéficier ultérieurement.
Par ailleurs, la mise en œ uvre d’un tel mécanisme renforce le positionnement économique
de l’entreprise dans ses relations avec ses partenaires - financiers ou commerciaux - et avec
son personnel. En effet, le partage familial est effectué irrévocablement et le management
futur est assuré.
1. Le régime actuel
6
Article 1075 du Code civil.
7
Article 1075, alinéa 3 du Code civil.
16
Ce texte, issu de la loi du 5 janvier 1988, a constitué une innovation considérable puisque,
jusqu’à cette date, seuls les descendants ayant la qualité d’héritier pouvaient participer à une
donation-partage. Désormais, tout étranger à la famille (collatéral, salarié… ) peut
bénéficier d’une donation-partage, dès lors que les biens, objets de la libéralité,
comprennent une entreprise individuelle.
2. Analyse critique
Proposition n° 1
Favoriser le recours à cet outil juridique, qui permet d’anticiper et d’organiser au mieux la
transmission d’une entreprise, en élargissant le champ d’application de la donation-
partage à un tiers aux titres sociaux (actions, parts sociales), dès lors qu’ils confèrent
le contrôle d’une société.
17
1. Le régime actuel
Cette technique juridique tend à organiser, par avance, la transmission de l’entreprise selon
le schéma suivant : le propriétaire d’un fonds de commerce, marié et ayant des enfants, peut
préparer sa succession en constituant une société – dont il peut être le représentant légal -
entre lui et ses héritiers, dont l’objet est d’exploiter le fonds en location-gérance. L’enfant qui
a vocation à reprendre l’exploitation est alors associé à la gestion de cette société (en tant,
par exemple, que cogérant d’une SARL ou directeur général d’une SA) et signe avec cette
dernière un contrat de location-gérance, selon lequel la société peut acquérir le fonds en
vertu de dispositions contractuelles antérieures (promesse de vente, pacte de préférence… ).
2. Analyse critique
L’article L. 144-3 du nouveau Code de commerce impose au bailleur des conditions d’activité
professionnelle très lourdes : pour concéder une location-gérance, il doit, d’une part, avoir
été commerçant (ou artisan) pendant sept années ou avoir exercé pendant une durée
équivalente les fonctions de gérant ou de directeur commercial ou technique et, d’autre part,
avoir exploité pendant deux années au moins le fonds (ou l’établissement artisanal) mis en
gérance.
8
Codification de la loi n° 56-277 du 20 mars 1956.
9
Article L. 144-4 du nouveau Code de commerce.
18
Conserver la condition des deux années d’exploitation du fonds qui garantit l’existence d’une
clientèle ; mais supprimer, dans l’article L. 144-3 du nouveau Code de commerce,
l’exigence relative aux sept années d’activité professionnelle.
1. Le régime actuel
Un testament est dit « conjonctif » (ou conjoint) lorsque deux ou plusieurs personnes testent
dans le même acte, au profit d’un tiers ou réciproquement les unes envers les autres.
Ce type d’acte est aujourd’hui prohibé par l’article 968 du Code civil : « un testament ne
pourra être fait dans le même acte par deux ou plusieurs personnes, soit au profit d’un tiers,
soit à titre de disposition réciproque et mutuelle ». Par conséquent, dans l’état actuel du
droit, le testament ne peut être l’œ uvre que d’une seule personne et le reflet de son unique
volonté.
2. Analyse critique
Cette interdiction des testaments conjonctifs peut se justifier lorsqu’ils comportent des
dispositions libérales réciproques10, mais tel n’est pas le cas lorsque la libéralité s’effectue au
profit d’un tiers.
10
Notamment, par crainte de « pressions » d’un époux sur la volonté de l’autre ; ce qui, de surcroît,
rendrait difficile la révocation de cet acte conjoint.
19
Modifier l’article 968 du Code civil afin de lever l’interdiction des testaments conjonctifs
au profit de tiers. Seule subsisterait la prohibition des libéralités réciproques entre
testateurs.
D’ores et déjà, le dispositif fiscal dit du « pacte d’entreprise »11, instauré par la loi de finances
pour 2000 et amélioré par celle pour 2001, a allégé le coût de la transmission, sous réserve
de l’existence d’engagements -collectifs et individuels- de conservation des biens ou des
titres sociaux transmis12.
Néanmoins, il est nécessaire d’aller plus loin en aménageant également les conditions
juridiques de la transmission du patrimoine et de la répartition du pouvoir dans
l’entreprise, du vivant du dirigeant.
A cet effet, il conviendrait de légaliser une technique juridique attendue depuis longtemps par
les chefs d’entreprise : le « pacte de famille ».
2. Analyse critique
11
Inspiré d’un mécanisme demandé depuis de nombreuses années par l’Association pour la pérennité
de l’entreprise. L’idée proposée – qui n’a été que partiellement reprise - était d’accorder des
avantages fiscaux, en contrepartie d’une organisation de la transmission du pouvoir et du patrimoine.
12
Cf. seconde partie de ce rapport.
20
Cette règle, dont les origines remontent au droit romain, mériterait d’être modernisée au
regard des concepts et des impératifs actuels. Il devrait, en effet, être possible pour des
personnes majeures, appartenant à une même famille, de se répartir, par avance, un
patrimoine qui leur reviendra un jour en tout état de cause. Plus encore, il existe des
mécanismes juridiques, tels que la rente viagère et la donation ou le testament avec réserve
d’usufruit, qui sont susceptibles de susciter le sentiment redouté de votum mortis. Enfin,
l’atteinte à la liberté de tester ne constitue pas un argument valable, puisque la donation-
partage, admise par notre droit, permet de répartir irrévocablement ses biens.
Proposition n° 4
13
« On ne peut renoncer à une succession non ouverte, ni faire aucune stipulation sur une pareille
succession, même avec le consentement de celui de la succession duquel il s’agit ».
21
Dans le souci de préparer la transmission d’une entreprise, il peut être envisagé d’en
transférer temporairement la propriété à un tiers, chargé de la gérer. A cet effet, un
mécanisme juridique simple, aux applications multiples, pourrait être généralisé14 : la
fiducie. Dès 1990, la CCIP s’est prononcée15 en faveur son instauration dans notre système
juridique et a, de surcroît, proposé en 1996 un texte en ce sens.
Schématiquement, il s’agit d’un acte par lequel une personne (le constituant ou fiduciant)
transfère à une autre (le fiduciaire) la propriété temporaire de certains biens, avec pour
mission d’en faire un usage convenu et d’agir dans un but déterminé, en vue de la restitution
de ces biens au profit d’un bénéficiaire ou du constituant lui-même.
Cela aurait l’avantage de faciliter, en l’anticipant, la transmission des entreprises. Tel serait,
notamment, le cas pour les entreprises individuelles puisque, les biens mis en fiducie ne
pouvant pas être morcelés, les héritiers auraient l’obligation de se mettre d’accord. Par
ailleurs, s’agissant des sociétés, la fiducie aurait l’intérêt de permettre une séparation du
pouvoir et du capital : les actions de la société seraient la propriété du fiduciaire mais les
dividendes seraient versés aux bénéficiaires.
2. Le dispositif proposé
14
La fiducie n’est pas totalement inconnue de notre droit : cession Dailly, quasi-usufruit, fonds
communs de placement, loi de 1996 sur les valeurs mobilières…
15
« La fiducie : un outil de gestion pour les entreprises et le patrimoine », B. Robine, 18 juillet 1996.
22
Proposition n° 5
Ø Par ailleurs, toujours dans l’optique d’une large applicabilité de cette technique, en ouvrir
l’accès à tout constituant personne physique ou personne morale ;
16
Ce qui est admis par le droit anglais.
23
Est ici abordée l’hypothèse où la succession du chef d’entreprise n’a pas été organisée au
jour de son décès. C’est la situation la plus critique pour l’entreprise, car sa gestion peut être
compromise si des solutions ne sont pas rapidement trouvées. A ce stade, certains
mécanismes juridiques existent pour protéger les intérêts de l’entreprise, mais leurs
conditions de mise en œ uvre pourraient être améliorées.
Par cette technique, lors du partage d’une indivision, un bien peut être attribué à celui des
indivisaires qui, en vertu de critères légaux, est jugé le plus apte à le recevoir.
1. Le régime actuel
L’attribution préférentielle a vu son objet évoluer dans le temps : elle a tout d’abord été créée
pour les exploitations agricoles constituant des unités économiques, puis elle a été étendue
aux entreprises commerciales, industrielles ou artisanales et, enfin, elle a été élargie aux
parts sociales.
Sur le fondement de l’article 832 du Code civil, le conjoint survivant ou tout héritier indivisaire
peut demander l’attribution préférentielle, à charge de soulte le cas échéant, de l’entreprise
commerciale ou industrielle ou des parts sociales.
2. Analyse critique
24
Plus encore, face à plusieurs demandes d’attribution - portant par exemple sur des parts
sociales d’une SARL, convoitées par deux enfants qui travaillent déjà dans la société -, le
juge va arbitrer et fera droit à la demande de celui qui présente la meilleure aptitude à gérer
l’entreprise, à s’y maintenir et qui a participé le plus longtemps à son activité. Le mécanisme
de l’attribution préférentielle apparaît donc comme un palliatif satisfaisant à l’absence
d’organisation par le défunt de sa succession.
Néanmoins, une lacune mériterait d’être comblée : l’article 832 vise les parts sociales, c'est-
à-dire les titres sociaux d’une société à responsabilité limitée, d’une société en nom collectif
ou d’une société en commandite simple. Mais qu’en est-il pour une société de capitaux
(société anonyme, société par actions simplifiée, société en commandite par actions) ?
Certes, une réponse ministérielle a admis que l’article 832 du Code civil pouvait s’appliquer
aux actions, le Garde des Sceaux ayant considéré que l’expression « parts sociales »
n’excluait pas les actions de sociétés anonymes18 ; mais un doute persistera tant que la loi
ne sera pas complétée en ce sens.
Proposition n°6
17
Sauf pour les petites exploitations agricoles, où le juge est tenu de faire droit à la demande (article
832-1 du Code civil).
18
Rép. Sén. 1er janvier 1987, p. 23.
25
1. Le régime actuel
La loi du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales19 n’envisage pas l’hypothèse du décès
du gérant de SARL ; elle prévoit, en revanche, les modalités de convocation de l’assemblée
générale, seule compétente pour désigner un gérant, en l’absence de clause statutaire
instituant un système de consultation écrite ou autorisant des décisions par consentement
unanime des associés dans un acte20.
En principe, la convocation des assemblées générales doit émaner du gérant et, à défaut, du
commissaire aux comptes, s’il en existe un. Par ailleurs, la réunion d’une assemblée peut
également être demandée par « un ou plusieurs associés détenant la moitié des parts
sociales ou détenant, s’ils représentent au moins le quart des associés, le quart des parts
sociales ». Mais ce droit de convocation ne peut être exercé par les associés eux-mêmes :
ils doivent préalablement solliciter le gérant et, en cas de refus de ce dernier, le commissaire
aux comptes. En dernier ressort, les associés peuvent requérir du président du tribunal de
commerce la nomination d’un mandataire, chargé de convoquer l’assemblée et de fixer son
ordre du jour.
2. Analyse critique
Dans le cas d’une gérance unique et en l’absence de commissaire aux comptes, la voie
judiciaire est la seule solution qui s’offre aux associés. Or, la lourdeur de cette procédure ne
facilite pas la transmission de l’entreprise.
19
Aujourd’hui codifiée dans le nouveau Code de commerce aux articles L. 210-1 à L. 228-97.
20 er
Ces modalités de prises de décisions sont prévues par l’article L. 223-27 alinéa 1 du nouveau
Code de commerce.
26
Dans cette hypothèse, permettre aux associés de désigner un mandataire ad hoc – l’un
d’entre eux ou un tiers -, chargé de convoquer l’assemblée qui nommera le nouveau
gérant. La désignation de ce mandataire pourrait se faire selon les conditions posées par
l’article L. 223-27 du nouveau Code de commerce, c'est-à-dire par un ou plusieurs associés
détenant la moitié des parts sociales ou détenant, s’ils représentent au moins le quart des
associés, le quart des parts sociales. Modifier l’article L. 223-27 du nouveau Code de
commerce en ce sens.
1. Le régime actuel
Conformément à l’article 815-1 du Code civil, le juge du tribunal de grande instance peut
refuser une demande en partage et ordonner, pour une durée de cinq ans renouvelable, le
maintien judiciaire dans l’indivision, dès lors que la nature des biens concernés le
justifie : sont visés le local d’habitation, le local professionnel et l’exploitation agricole.
Cette décision judiciaire est donc motivée par des raisons familiales, mais aussi
professionnelles.
2. Analyse critique
Ces raisons professionnelles qui peuvent justifier le maintien dans l’indivision d’une
exploitation agricole pendant cinq années renouvelables, devraient pouvoir s’appliquer dans
tous les secteurs d’activité économique, avec toutefois une durée plus courte eu égard à la
particularité du monde des affaires.
27
28
DE LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE
29
Selon ces données, sont alors mis en jeu tout un ensemble d’impositions, certaines dues par
le cédant (plus-values), d’autres par les successeurs acheteurs, héritiers ou donataires
(droits d’enregistrement).
Ces impositions, par leur cumul, leur mode de calcul et parfois leur existence même, ont
abouti à faire de la transmission d’entreprise une opération fiscalement coûteuse, ce qui a
engendré, au mieux la recherche de solutions de contournement ou de réduction des droits,
parfois au prix de la simplicité et de la logique, et au pire le report de l’opération, cette fois ci
au détriment parfois de la survie même de l’entreprise.
Dans ce domaine particulier, la fiscalité est apparue comme un critère prépondérant, voire
exclusif dans le choix des modalités pratiques de la succession.
Cette situation ne pouvait durer, car elle s’avérait totalement contraire à la mobilité des
structures et aux nécessaires adaptations du monde des affaires.
Cela a initié, grâce également aux prises de positions fermes et répétées de la CCIP21, une
prise de conscience générale de la nécessité de modifier la donne en adaptant la fiscalité
des transmissions, dans le cadre plus large d’une décrue des droits d’enregistrement,
impositions archaïques condamnées par le contexte européen.
21
Rapports de M. Lecointre : « La transmission familiale d’entreprise », adopté le 8 novembre 1984 ;
M. Geneton : « Cessions de fonds de commerce : un régime d’imposition à revoir », adopté le 10 avril
1986 ; « La fiscalité du patrimoine », adopté le 1er avril 1993 ; M. Robine : « La transmission
d’entreprise », adopté le 5 mai 1994.
30
Aussi est-il nécessaire de poursuivre l’effort et de présenter (II) une série de propositions
destinées à garantir ce qui paraît primordial à notre compagnie consulaire : permettre aux
entreprises, dans une neutralité fiscale la plus étendue possible, de se préparer et assurer
au mieux leur transmission sur des critères objectifs et non fiscaux, dans l’objectif de lui
assurer les plus grandes chances de survie.
31
Elle l’est d’autant plus que la situation de départ était loin d’être favorable. L’imposition des
plus-values apparaît en effet comme un régime dérogatoire et inadapté.
Le régime des plus-values professionnelles à court terme et à long terme s’applique aux
entreprises commerciales, industrielles, artisanales.
Il convient, afin de déterminer le régime applicable, de distinguer entre court et long terme.
Sont des plus-values à court terme (donc imposées au même taux que les bénéfices
courants), d’une part, celles réalisées à l’occasion de la cession d’immobilisations acquises
ou créées par l’entreprise depuis moins de 2 ans, d'autre part, celles qui proviennent de la
cession d'éléments acquis ou créés depuis au moins 2 ans pour leur fraction correspondant
à des amortissements déduits de l'assiette de l'impôt.
Sont donc considérées comme à long terme et taxées à un taux réduit, les autres
plus-values, soit notamment :
- les plus-values réalisées lors de la cession de biens non amortissables et détenus depuis
plus de 2 ans ;
- les produits de la propriété industrielle ;
- les provisions pour dépréciation du portefeuille titres devenues sans objet ;
- les plus-values nettes constatées en cas de décès de l'exploitant.
32
La plus-value nette à court terme fait partie des résultats imposables dans les conditions et
au taux de droit commun (avec une éventuelle répartition sur 3 ans).
Ø Dans les entreprises soumises à l'impôt sur le revenu, elles sont imposées à un taux
réduit de 16 % (auquel il faut ajouter la CSG, la CRDS et les prélèvements sociaux), soit
un taux effectif de 26 %.
Ø Dans les entreprises soumises à l'impôt sur les sociétés, le régime de taxation à taux
réduit des plus values à long terme ne s'applique plus désormais qu'à un nombre très
restreint de biens, titres de participation, titres de FCPR et de SCR et concessions de
brevets.
En effet, les autres actifs (y compris les fonds de commerce) des sociétés soumises de plein
droit ou sur option à l’IS relèvent désormais du taux normal de l'IS (33,33 %), auquel il faut
ajouter les contributions exceptionnelles et complémentaires (de 10 et 15 % à l’époque, 6 %
en 2001) depuis 1997.
Le taux réduit des plus-values à long terme des sociétés IS avait déjà subi une nette
augmentation : de 10 % avant 1973, le taux réduit a été porté à 15 % (25 % pour les terrains
à bâtir) jusqu'en 1989, où il a été relevé à 19 % puis à 25 % pour les titres, en 1990 et 1991.
Après le 1er octobre 1991, le taux a été unifié à 18 %, puis à compter du 1er janvier 1994,
19 %.
Cette aggravation notable de la situation des sociétés IS a des conséquences d’autant plus
graves lorsque cette imposition s’applique en fin d’activité sur la valeur totale de l’entreprise.
Ø Le dispositif est instable et injuste pour les entreprises soumises à l’IR, qui concerne les
entreprises individuelles (1,7 million) et les sociétés de personnes.
33
Lorsque le fonds cédé a été créé par le cédant, ou acheté il y a de nombreuses années, la
valeur d'origine est souvent symbolique. Or, cette valeur sert de base au calcul de la plus-
value, qui n'en est que plus importante.
Certes, on pouvait considérer que l'imposition des plus-values à long terme à un taux réduit
était avantageuse pour une entreprise ayant rapidement pris de la valeur et un entrepreneur
fortement imposé à l'IR, lorsque le taux d’imposition des plus-values à long terme était de
10 %.
Mais le taux effectif est désormais de 26%, qui est un taux moyen et non marginal.
Surtout il y a un paradoxe certain à imposer d'autant plus lourdement que la détention est
ancienne, par le jeu de la non revalorisation du prix d'acquisition, alors que la justification du
taux réduit est justement la preuve de la non-spéculation apportée par la durée de détention!
Le régime dit "de faveur" l'est d'autant moins que les taux applicables sont susceptibles de
varier au gré des évolutions législatives.
A l'origine, en 1965 (loi n° 65-566 du 12/07/65), le taux d'imposition des plus-values à long
terme pour les entreprises soumises à l'impôt sur le revenu était de 10 %.
A compter du 1er janvier 1974, il a été porté à 25 % pour les terrains à bâtir et immeubles
assimilés et à 15 % pour les autres éléments d'actif.
34
Le taux effectif d'imposition des plus-values à long terme sur fonds de commerce
s'élève donc actuellement à 26 % (soit 5,1 % de plus qu'en 1997 et 2,6 fois plus qu’à
l’origine).
En dehors du fait que l'on ne saurait taxer comme un revenu courant un évènement
exceptionnel dans la vie du chef d'entreprise, une extension de l'impôt sur le revenu au
barème progressif à ces plus values serait d'autant plus dommageable que les mesures
d'allégement ou d'exonération des petites entreprises peuvent paraître insuffisantes.
Les exploitants individuels exerçant une activité commerciale, artisanale, agricole ou libérale,
relevant de l'IR, peuvent bénéficier d'une exonération générale de leurs plus-values
professionnelles, y compris donc celle sur cession de fonds de commerce. Cette exonération
concerne les plus-values réalisées tant en cours qu'en fin d'exploitation (cession, cessation
d'activité, apport à une société).
Ce régime a été instauré par la loi n°76-660 du 19 juillet 1976, et a fait l'objet depuis un
certain nombre de modifications et d'adaptations.
35
Ce montant avait été réévalué en 1988 et 1989 (du simple au double des limites du forfait
alors retenu comme référence) afin de tenir compte de la non réévaluation des limites de ce
régime d'imposition, qui aurait conduit à vider la mesure de sa portée pratique.
Le chiffre d'affaires pris en compte est celui de l'année de la cession et celui de l'année
précédente pour les cessions ou cessations d'activités.
RAPPEL : les mutations à titre onéreux de biens (fonds de commerce, immeubles, parts
sociales) sont soumises à un droit d’enregistrement, supporté, sauf convention contraire, par
l’acheteur.
En effet, en moins de 10 ans, le montant des droits exigibles de l’acheteur en cas de cession
de fonds de commerce ont été allégés progressivement, suivant en cela la décrue générale
des droits sur les mutations et apports d’actifs professionnels.
Il y a encore deux ans, avec un taux de 11,40 % au-delà de 700 000 F, leur montant
excédait largement ceux en vigueur chez nos partenaires, et, de plus en plus, ceux
appliqués aux cessions d’autres actifs ou sous d’autres formes juridiques. Cette évolution
répond aux souhaits maintes fois réaffirmés de la CCIP en la matière22. Ce taux encore très
élevé restait un obstacle important aux transmissions de fonds de commerce.
22
M. Dufourg : « Les droits d’enregistrement : des dispositions archaïques à abroger pour favoriser la
mobilité des structures », rapport adopté le 13 février 1997, M. Biron « Réforme de la fiscalité du
patrimoine », rapport adopté le 9 avril 1998.
36
Taux 1986 Taux 1993 Taux 1996 Taux 1999 Taux 2000
Cessions des
immeubles à
18,20 % 18,20 % 18,20 % 4,80 % 4,80 %
usage industriel
et commercial
0 % jusqu'à
0 % jusqu'à
0 % jusqu'à 150 000F
150 000F
Cessions de 100 000F 7% 0%
7%
fonds de 16,60 % 7 % entre 100 000 entre 150 000 jusqu'à 150 000F
entre 150 000
commerce et 500 000 F et 700 000 F 4,80 % au delà
et 700 000 F
14,20 % au delà 11,40 % au delà
11,40 % au delà
Cessions de
4,80 % 4,80 % 4,80 % 4,80 % 4,80 %
parts sociales
4,80 %
Cessions 1% 1% 1% 1%
(si acte)
d'actions (plafonné à 20 000F) (plafonné à 20 000F) (plafonné à 20 000F) (plafonné à 20 000F)
L’alignement à 4,80 % est donc une mesure particulièrement bénéfique à la mobilité des
structures, d’autant qu’elle joue aux deux bouts de la chaîne, les cessions de faible valeur
étant exonérées, et les cessions les plus importantes (au-delà de 700 000 F) voyant leur
imposition notablement réduite, leur nombre (un cinquième des mutations) étant loin d’être
négligeable.
37
Dorénavant, quelle que soit la situation, l’imposition se fait au même taux, avec la nuance de
l’exonération sur la part inférieure à 150 000 F pour les cessions de fonds de commerce, les
cessions d’actions restant seules moins taxées.
Proposition n° 9
Se rapprocher de la situation en vigueur chez nos principaux partenaires (exonération, droit
fixe ou très faible taux), et aligner les cessions de fonds de commerce et des parts de
sociétés sur les cessions d’actions (taux de 1 % avec un maximum de 20 000 F (3049
euros).
Ces mesures assurent donc le respect des principes traditionnellement énoncés par la CCIP,
qui s’est félicitée de leur adoption : la neutralité des structures juridiques face à l’impôt et une
taxation en phase avec l’opération économique et la perception des liquidités.
Reste toutefois entier le problème du poids de l’imposition des plus-values pour le cédant,
dissuadant souvent tout projet de transmission et entraînant la disparition de nombreuses
unités économiques.
La transmission à titre gratuit d’une entreprise, comme de tout bien, fait l’objet d’une
imposition au titre des droits de succession et de donation.
38
Pour la perception des droits afférents aux mutations en ligne directe et entre époux, il est
pratiqué, avant application des tarifs, un abattement personnel :
- de 500 000 F sur la part du conjoint survivant pour les transmissions intervenues
depuis le 1er janvier 2000 ;
- de 300 000 F sur la part de chacun des ascendants et sur la part de chacun des
enfants vivants ou représentés.
Il est pratiqué avant application du tarif, un abattement de 375 000 F sur la part du partenaire
lié par un PACS au donateur (depuis au moins deux ans) ou au testateur (sans condition de
délai).
À défaut d'autre abattement, un abattement de 10 000 F est opéré sur chaque part
successorale(à l'exclusion par conséquent des donations).
39
Les tentatives ont donc porté tout d’abord sur des éléments autres que le barème ou le
montant des droits, qui présentaient l’avantage de pouvoir être aménagés par voie
réglementaire.
Le paiement des droits de mutation à titre gratuit dus sur les transmissions d'entreprises
(individuelles ou titres de sociétés non cotées) ayant une activité industrielle, commerciale,
artisanale, agricole ou libérale peut être différé pendant cinq ans (versement annuel des
seuls intérêts du crédit) et, à l'expiration de ce délai, être fractionné sur dix ans à raison de
1/20e tous les six mois assorti d'un intérêt exigible semestriellement.
A compter du 15 juillet 1996, en application de l’art. 404 GA de l’ann. III du CGI, le taux de
base (normalement fixé au taux d’intérêt légal ) est réduit des deux tiers - soit un taux de
1,40 % en 2001 - lorsque la valeur de l'entreprise ou la valeur nominale des titres comprise
dans la part taxable de chaque héritier, donataire ou légataire est supérieure à 10 % de la
valeur de l'entreprise ou du capital social ou lorsque, globalement, plus du tiers du capital
social est transmis).
Cette modification a été de nature à atténuer les conséquences fiscales d’une transmission
en en étalant les conséquences, à un coût relativement réduit.
40
Les donations consenties par des personnes âgées de 75 ans et plus et effectuées jusqu'au
30 juin 2001 bénéficient d'une réduction de 30 %. Au delà de cette date, cependant, elles ne
bénéficieront, en principe, d'aucune réduction.
Notons encore qu’un abattement de 100 000 F par donataire est appliqué sur les donations
de titres consenties à tout ou partie du personnel d'une entreprise.
Cet abattement est subordonné à un agrément préalable du ministre de l'économie et des
finances.
Sous certaines conditions, les articles 789 A et B et 1840 G nonies du CGI issus de l'article
11 de la Loi de finances pour 2000 exonèrent de droits de succession, à concurrence de la
moitié de leur valeur, les transmissions, par décès, de parts ou d’actions de sociétés
exerçant une activité industrielle, commerciale ou artisanale, ainsi que des biens affectés à
l'exploitation d'entreprises individuelles.
Cette exonération était soumise à l’origine à la condition que les titres transmis fassent
l’objet, avant le décès, d’un engagement collectif de conservation des titres pendant au
moins huit ans. En outre, chaque héritier doit s’engager individuellement à conserver les
titres reçus pendant huit ans à compter de l’expiration de l’engagement collectif.
41
En outre, chaque héritier doit s'engager dans la déclaration de succession, pour lui et ses
ayants cause, à conserver l'ensemble des biens affectés à l'exploitation pendant une durée
de huit ans à compter de la date du décès.
Ces conditions particulièrement lourdes ont été considérablement allégées par la loi
de finances pour 2001, dans le sens des préconisations de la CCIP.
Par parallélisme, les durées relatives aux dirigeants et héritiers d'une entreprise individuelle -
c'est-à-dire une détention depuis au moins trois ans de l'entreprise individuelle acquise à titre
onéreux et un engagement de conservation des biens affectés à l'exploitation par les
héritiers pendant huit ans à compter de la date du décès - sont respectivement ramenées à
deux ans et six ans.
Les sanctions applicables en cas de rupture de l'engagement individuel par l'un des héritiers,
c’est à dire, le remboursement de l'exonération de droits de mutation par décès consentie,
de l'intérêt de retard sur ces sommes au taux de droit commun (9 % par an), et d'un droit
supplémentaire égal à la moitié de la réduction consentie ont été également été allégées
pour tenir compte de la durée déjà écoulée et du caractère en général fortuit et non
prémédité de ce non-respect.
42
Pour les entreprises individuelles, l'article 789 B précité dispose que chacun des héritiers ou
légataires doit prendre l'engagement de conserver pendant 8 ans l'ensemble des biens -
meubles et immeubles, corporels ou incorporels - affectés à l'exploitation de l'entreprise, afin
de bénéficier de l'exonération sus visée.
Malgré le net progrès constaté, il subsiste un manque de logique et de lisibilité globale. Des
améliorations supplémentaires sont donc encore nécessaires.
La majorité de nos partenaires ont des droits de succession, du moins en ligne directe,
moins pénalisante que les nôtres : maximum de 30 % en Allemagne au-delà de 50 millions
de marks (25 millions d’euros), 30 % en Wallonie, 15 % en Autriche, 27 % en Italie où leur
suppression est envisagée, contre 40 % en France au-delà de 11,2 millions de francs
(1,7 million d’euros cf annexe 1). Surtout, nos partenaires disposent, lorsque leurs taux sont
relativement élevés, de mécanismes d’allègements spécifiques aux transmissions
d’entreprises :
Ces mécanismes sont parfois soumis à des conditions d’application tenant à la durée de
détention des titres ou de l’entreprises, la poursuite de l’activité (5 ans en Belgique, 10 ans
en Espagne, voire maintien des emplois).
43
Il est donc indéniable que les taux élevés de droits de succession rendent nécessaire des
mécanismes d’allègement, d’abattement ou de réduction de droits.
44
Nous avons vu que les dispositifs existants, bien que grandement améliorés par rapport à la
situation de départ, présentent encore des lacunes à combler.
En préalable, la CCIP ne peut que regretter que le mode d’évolution de la société française
et la structure de notre système fiscal obligent, pour adapter la législation aux réalités
économiques, à le faire par petites touches, en multipliant les mesures au lieu de pratiquer
une réforme fiscale ample et efficace.
Le principe à respecter est que les conditions de reprise et de transmission soient aussi
favorables qu'il s'agisse d'un héritier ou d'un tiers et quel que soit le type d'entreprise (cotée
ou non cotée).
Le principal obstacle à une transmission sereine est, pour les cessions à titre onéreux, le
montant de l’imposition des plus values à régler par le cédant.
Une telle imposition des plus-values, si elle s'avère normale pour des cessions d'actifs
classiques au cours de la vie de l'entreprise, peut en revanche avoir des conséquences
beaucoup plus graves lors de la cession du fonds de commerce. Ce coût s'avère souvent
dissuasif pour un projet de transmission, notamment en raison du mode de calcul.
Lorsque le fonds cédé a été créé par le cédant ou acheté il y a de nombreuses années, la
valeur d'origine, souvent symbolique voire nulle, sert de base au calcul de la plus-value, qui
n'en est que plus importante. En vertu du nominalisme monétaire, aucune prise en compte
de l'érosion monétaire n'est prévue, et les conséquences peuvent être importantes pour le
cédant, surtout si le fonds a été acquis avant les périodes de forte inflation.
Certes, on peut considérer que l'imposition des plus-values à long terme à un taux réduit
peut-être avantageuse pour une entreprise ayant pris de la valeur et un entrepreneur soumis
à l'IR, mais le taux effectif est désormais de 26 %, ce qui est dissuasif.
45
La CCIP suggère donc d'aménager le régime des plus-values sur fonds de commerce en
l'alignant sur celui des particuliers qui tient compte de la durée de détention moyennant un
coefficient d'érosion monétaire et un abattement (cf. Danemark, Espagne, Portugal,
Royaume-Uni).
Proposition n° 10
Aligner le régime des plus-values sur fonds de commerce sur celui des plus-values
immobilières, en réduisant le montant des plus-values de 5 % par année de détention
(au-delà de la deuxième, ce qui équivaut à une exonération totale au bout de 22 ans), et en
revalorisant le prix d'acquisition par application des coefficients d'érosion monétaire
de variation en fonction de l'indice annuel des prix à la consommation. Cette dernière
méthode a pour avantage de donner une image plus réelle de la plus-value effectivement
réalisée.
46
Le régime d'exonération étudié supra est certes une nette atténuation des conséquences de
l'imposition des plus-values pour les très petites entreprises. Elle n'en apparaît pas
néanmoins comme trop limitée, tant en étendue que sur le fond.
a) Tout d'abord, l'administration considère que comme corollaire de l'exonération des plus-
values par l'art. 151 septies du CGI, les moins-values subies par les contribuables entrant
dans le champ d'application du dispositif à l'occasion de la cession d'éléments d'actif
professionnel immobilisé, ne sont pas retenues pour la détermination de leurs résultats
imposables. Cette doctrine administrative nous apparaît critiquable, les textes ne visant que
l'exonération des plus-values, et absolument pas les moins-values. La loi de finances pour
2001 a validé cette doctrine dans son article 14 V, en précisant que les plus-values
exonérées doivent s’entendre des plus-values nettes, après compensation avec les moins-
values de même nature.
Proposition n° 11
Revenir sur cette mesure.
Les limites de chiffre d’affaires applicables sont longtemps restées celle du forfait, qui
dataient de 1970.
En appliquant les coefficients d’érosion monétaire utilisés pour le calcul des plus-values
immobilières, les montants actualisés des limites du forfait 1970 en 2000 seraient de
2 705 000 F pour les entreprises de vente en fourniture de logement et de 811 500 F pour
les prestations de service.
47
Ø Enfin, pour rétablir le principe de neutralité des structures juridiques, il nous paraît
indispensable d'étendre cette exonération des plus-values aux fonds de commerce des
sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés.
Certes, le relèvement de la limite d'exonération ne réduira pas les distorsions entre les
petites entreprises ; il ne supprime de surcroît ni l'effet de seuil, ni la taxation des plus-values
fictives.
C'est pourquoi les deux propositions que formule la CCIP (prise en compte de la durée de
détention et des variations monétaires, relèvement et extension des limites d'exonération)
doivent être adoptées concomitamment.
Elles doivent s’accompagner d’une série d’aménagement plus mineurs, mais pleinement
destinés à prendre en compte le fait que le prix retiré par le cédant doit lui permettre
d’assurer son avenir.
48
Proposition n° 13
Etaler l'impôt sur les plus-values en cas de paiement échelonné du prix de cession.
Il serait souhaitable que le paiement échelonné du prix de cession ait une incidence sur le
paiement de l'impôt dû au titre de la plus-value réalisée, dans la limite d'un délai maximum à
fixer.
Proposition n° 14
Adapter la législation sur les plus-values pour tenir compte des clauses sur la
variation du prix de cession.
Il est par conséquent indispensable d'adapter la législation sur les plus-values à la pratique.
Certes, la Loi de finances 2000 prend en compte, d'une certaine manière, cette réalité, mais
elle contient des imperfections, source d’iniquité. Il faudrait pouvoir imputer sur des revenus
de même nature la moins value lorsqu’il y a une baisse du prix de vente constatée.
Proposition n° 15
Supprimer le précompte.
Lors de la transmission, des distributions peuvent être effectuées en prélevant des sommes
sur des réserves provenant de résultats d’exercices clos depuis plus de 5 ans. Il en est de
même au cours de la vie de la société. Ces sommes qui ont déjà supporté l’IS sont soumises
au précompte mobilier.
49
Proposition n° 16
Déduire les cotisations de retraite du dirigeant, versées en réemploi du produit de
cession.
Il serait souhaitable de permettre aux chefs d'entreprise de déduire de leur revenu imposable
les cotisations de retraite, qui seraient versées en réemploi d'une partie du produit de la
cession de leurs droits sociaux, ou de leur entreprise individuelle. Il existe déjà, pour la
fonction publique, une mesure qui permet de déduire du revenu imposable le rachat de
cotisations de retraite.
Proposition n° 17
Etendre l'exonération des indemnités de cessation du mandat social en cas de
transmission d'entreprise.
Ce principe d'imposition est toutefois assorti d'une mesure d'exonération dans certaines
limites en cas de cessation forcée des fonctions, notamment de révocation, seule est
imposable la fraction des indemnités qui excède les montants définis au deuxième alinéa du
1 du même article pour les salariés, soit :
50
Les adaptations apportées aux droits de succession par les lois de finances pour 2000 et
2001 sont une avancée indéniable dans la voie d’un réel allègement de la fiscalité des
transmissions d’entreprise à titre gratuit.
Mais seule une modération des taux d’imposition (doublés en 1984) permettra de rétablir une
situation plus conforme aux exigences d’une économie moderne.
Proposition n° 18
Améliorer les dispositifs en vigueur en repoussant, pour une génération donnée, la
perception des droits de mutation au moment où l’entreprise, ou les titres qui la
représentent, sont cédés par les héritiers ou donataires et les liquidités réellement
encaissées par eux.
Par ailleurs, la condition de conservation des biens qui composent l’entreprise individuelle ou
des titres sociaux devrait être assouplie, en vue de permettre une adaptation de l'activité de
l'entreprise à l'évolution de son marché et, le cas échéant, une modification de la
composition de ses actifs immobilisés.
51
Propositions n°s 19 et 20
Afin d'inciter les chefs d'entreprise à organiser leur succession de leur vivant,
harmoniser ou à tout le moins rapprocher le régime des donations avec celui des
transmissions par voie successorale.
Pour éviter que la reprise ou la transmission n’échoue par manque de liquidités suite au
paiement des droits de mutation, un certain nombre de mesures peuvent être proposées, en
particulier pour lever certaines incertitudes fiscales liées à l’évaluation.
Proposition n° 21
Permettre la déductibilité du résultat des sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés,
des droits de succession en cas de transmission de la société.
Proposition n° 22
Taxer la nue-propriété en fonction de sa valeur réelle et non de la valeur théorique.
52
Cette situation conduit parfois les intéressés à mettre en place des schémas de transmission
complexe (apport de nue-propriété à une société, suivi d'une donation des titres de cette
dernière). Ces schémas sont actuellement discutés par l'administration fiscale et sont
générateurs d'une grande insécurité pour les intéressés.
Il conviendrait donc d'adopter sur ce point une position plus réaliste permettant de ne taxer la
nue-propriété qu'en fonction de sa valeur réelle et non de la valeur théorique résultant d'un
barème établi au début du siècle dans un contexte économique totalement différent du nôtre.
Proposition n° 23
Insérer, dans le CGI, une disposition permettant de revoir l'assiette des droits de
succession lorsqu’à la suite du décès du chef d’entreprise, cette dernière perd une
partie substantielle de sa valeur dans les deux ans qui suivent.
Proposition n° 24
Déduire les intérêts d'emprunts contractés pour l'acquisition de parts de société.
Dans la pratique cette difficulté est résolue le plus souvent par la mise en place d'une société
holding qui se porte elle-même acquéreur des actions et emprunte directement les fonds
pour assurer le financement de l'opération ; la déductibilité des intérêts d'emprunts est alors
organisée au niveau de la société holding. L’admission d’une déductibilité directe ne
53
Il conviendrait de permettre une déductibilité des frais financiers exposés par les associés de
sociétés passibles de l’I.S. pour l'acquisition de leurs droits sociaux. Une telle mesure
éviterait la mise en place de structures qui en définitive permettent d'obtenir l'avantage fiscal
mais compliquent considérablement l'opération d'acquisition.
Une réduction d'impôt est accordée aux personnes physiques qui effectuent, entre le 1er
janvier 1994 et le 31 décembre 2001, des versements au titre de la souscription en
numéraire au capital initial et aux augmentations de capital des sociétés non cotées (CGI,
art. 199 terdecies-OA).
Cette réduction d'impôt est égale à 25% du montant des versements effectués au cours de
l'année d'imposition. Ces versements sont retenus dans la limite annuelle de 37.500 F (pour
les contribuables célibataires, veufs ou divorcés) ou de 75.000 F (pour les contribuables
mariés soumis à une imposition commune).
Cette mesure est de nature à favoriser la transmission d'entreprise dans la mesure où elle
permet de "capter" l'épargne des particuliers en les incitant à investir dans les PME non
cotées.
Proposition n° 25
Reconduire cette mesure au-delà du 31 décembre 2001 et de prévoir une
augmentation significative de la limite des versements effectués ;
Aligner les montants de l'investissement maximum sur celui du FCPI, soit 75 000 ou
150 000 francs (5.800 ou 11.600 €).
Proposition n° 26
Exonérer le repreneur des droits de mutation en cas de faillite.
54
Proposition n° 27
Faciliter le retrait de l'immobilier du bilan de l'entreprise cédée.
En effet, en cas de cession progressive du capital, la condition d’une détention d’au moins
25% ne se trouve plus remplie alors que le bien présente toujours les caractéristiques de
l’outil de travail, mais d’un outil de travail en cours de cession.
Proposition n° 28
Considérer comme des biens professionnels, les parts ou actions issues d’un
patrimoine exonéré et qui font l’objet d’une transmission échelonnée, à condition que
le nouveau propriétaire des titres s’engage à respecter, dans un délai de 8 ans,
l’ensemble des conditions d’exonération. Pendant ce délai, les titres conservés en la
possession du cédant continueraient à bénéficier de l’exonération.
Plus globalement, les limitations apportées au plafonnement de l’ISF par rapport au revenu à
compter de 1996 ont eu pour effet de rendre très faible voire négatif le revenu net après
impôt de certains contribuables (l’impôt total étant parfois supérieur au revenu).
55
Propositions n° 29 et 30
Prendre en compte les transmissions échelonnées, de manière à lever les obstacles à la
mobilité des facteurs de production.
Étendre l'exonération aux participations minoritaires rassemblées dans un "pacte
d'associés ou d'actionnaires" représentant au moins 25 % des droits financiers et de vote,
centré sur l'engagement de conserver les titres au moins 8 ans.
56
57
58
En outre, chaque héritier doit s'engager dans la déclaration de succession, pour lui et
ses ayants cause, à conserver l'ensemble des biens affectés à l'exploitation pendant une
durée de six ans à compter de la date du décès.
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TRANSMISSION D’ENTREPRISE
10 Aligner le régime des plus-values sur fonds de commerce sur celui des plus-
values immobilières, en réduisant le montant des plus-values de 5 % par année de
détention au-delà de la deuxième, et en revalorisant le prix d'acquisition par
application des coefficients d'érosion monétaire de variation en fonction de l'indice
annuel des prix à la consommation. Cette dernière méthode a pour avantage de
donner une image plus fidèle de la plus-value effectivement réalisée ;
11 Pour rendre l’exonération des petites entreprises plus efficace, revenir sur
l’interprétation de l’administration en matière de plus-values ;
Par ailleurs, le report du paiement des droits pour la transmission d’une entreprise
individuelle ou d’une participation sup ou égale à 5% est accordé, sans intérêt, pour 10
ans lorsque les autres biens transmis ne suffisent pas à régler les droits relatifs à la
transmission de l’entreprise ou de la participation.
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