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LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

30 PROPOSITIONS JURIDIQUES ET FISCALES D’AMELIORATION

Rapport co-présenté par


MM. Philippe SOLIGNAC et Jean-Pierre MELOT
au nom des Commissions juridique et fiscale
et adopté par l’Assemblée générale du 28 juin 2001
PRISES DE POSITION

PREMIERE PARTIE : PROPOSITIONS JURIDIQUES D’AMELIORATION DE LA

TRANSMISSION D’ENTREPRISE

La transmission des entreprises, notamment lorsqu’elles ont un caractère familial, constitue


bien souvent une opération délicate, voire dangereuse pour leur survie même. Or, l’enjeu est
considérable puisqu’il s’agit de la préservation du tissu économique et de l’emploi dans notre
pays. Dans ce contexte, il convient, d’une part, d’inciter les chefs d’entreprise à anticiper
cette échéance en mettant à leur disposition des instruments juridiques adaptés et, d’autre
part, d’en faciliter la réalisation.

I – FAVORISER LA PREPARATION DE LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

1 Etendre aux titres de société – conférant le contrôle d’une entreprise - le champ


d’application de la donation-partage faite à un tiers, de manière à mettre cette
technique juridique à la disposition des dirigeants sociaux ;

2 Faciliter la mise en location-gérance d’un fonds de commerce, en supprimant


l’exigence des sept années d’activité professionnelle du bailleur ;

3 Supprimer l’interdiction des testaments conjonctifs au profit de tiers, afin de


permettre à des propriétaires d’entreprise de transmettre celle-ci, d’un commun
accord, à un même bénéficiaire ;

4 Lever la prohibition des pactes sur succession future et légaliser, par là-même et
sous certaines conditions, la conclusion de pactes de famille entre les chefs
d’entreprise et leurs héritiers, organisant par avance la transmission du patrimoine
et du pouvoir ;

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5 Introduire la fiducie, outil de transmission, dans le droit français en reconnaissant
la validité du patrimoine d’affectation ; toute personne physique ou morale pouvant
ainsi transférer temporairement la propriété de ses biens à un tiers de confiance,
par contrat ou acte unilatéral.

II – FACILITER LA REALISATION DE LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

6 Elargir le champ d’application de l’attribution préférentielle aux actions des


sociétés à transmettre ;

7 Faciliter le remplacement du gérant unique de SARL décédé, en autorisant les


associés, en l’absence de commissaire aux comptes, à désigner un mandataire ad
hoc – l’un d’entre eux ou un tiers -, chargé de convoquer l’assemblée qui nommera
un nouveau gérant ;

8 Pour éviter le partage précipité des actifs, rendre possible le maintien judiciaire
dans l’indivision des titres sociaux – permettant le contrôle d’une société - et des
entreprises à caractère industriel, commercial ou artisanal, pour une durée de deux
ans, éventuellement renouvelable.

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Pour tenir compte de la nature de « capital de départ »pour le cédant, la CCIP
propose de :

14 Supprimer le précompte sur les distributions de réserves de plus de 5 ans ;

15 Déduire les cotisations de retraite du dirigeant, versées en réemploi du produit de


cession ;

16 Etendre l'exonération des indemnités de cessation du mandat social en cas de


transmission d'entreprise.

II - Améliorer l'environnement de la transmission d'entreprise par voie de


succession ou de donation

1. Poursuivre l’allègement des droits de succession

17 Repousser d’une génération donnée, la perception des droits de mutation


jusqu’au au moment où l’entreprise, ou les titres qui la représentent, sont cédés
par les héritiers ou donataires et les liquidités réellement encaissées par eux ;
assouplir, par ailleurs, la condition de conservation des biens qui composent
l’entreprise individuelle ou des titres sociaux, en vue de permettre une adaptation
de l'activité de l'entreprise à l'évolution de son marché et, le cas échéant, une
modification de la composition de ses actifs immobilisés.

2. Encourager la transmission anticipée de l’entreprise

18 Afin d'inciter les chefs d'entreprise à organiser leur succession de leur vivant,
harmoniser ou à tout le moins de rapprocher le régime des donations avec
celui des transmissions par voie successorale ;

19 Maintenir et pérenniser l’abattement provisoire de 30% au-delà de 75 ans


s’impose ;

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20 Étendre l’exonération de moitié à toutes les donations répondant aux conditions
des successions d’entreprise.

3. Améliorer la solvabilité du repreneur, par les mesures suivantes :

21 Permettre la déductibilité du résultat des sociétés soumises à l’impôt sur les


sociétés, des droits de succession en cas de transmission de la société ;

22 Taxer la nue-propriété en fonction de sa valeur réelle et non de la valeur théorique


résultant d’un barème (dans les donations avec réserve d'usufruit) ;

23 Insérer, dans le CGI, une disposition permettant de revoir l'assiette des droits de
succession lorsqu’à la suite du décès du chef d’entreprise, cette dernière perd une
partie substantielle de sa valeur dans les deux ans qui suivent ;

24 Déduire les intérêts d'emprunts contractés pour l'acquisition de parts de sociétés


taxées à l’IS ;

25 Pérenniser et augmenter le crédit d'impôt pour l’augmentation de capital des


sociétés non cotées ;

26 Exonérer le repreneur des droits de mutation en cas de faillite dans les deux ans
suivant la reprise ;

27 Faciliter le retrait de l'immobilier du bilan de l'entreprise cédée.

III - Conserver en cas de transmission, l'exonération de l'outil de travail au


regard de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF)

28 Considérer comme des biens professionnels, les parts ou actions issues d’un
patrimoine exonéré et qui font l’objet d’une transmission échelonnée, à condition
que le nouveau propriétaire des titres s’engage à respecter, dans un délai de 8 ans
(aligné sur le délai d’engagement dans les successions), l’ensemble des conditions
d’exonération ;

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Pendant ce délai, les titres conservés en la possession du cédant continueraient à
bénéficier de l’exonération.

En ce qui concerne le plafonnement de l’ISF par rapport au revenu, revenir à des


modalités plus réalistes et plus justes, tenant compte du fonctionnement des
entreprises, en supprimant la limitation du plafonnement de l’ISF et aménageant
les modalités d’exonération des biens professionnels ;

29 Prendre en compte les transmissions échelonnées, de manière à lever les


obstacles à la mobilité des facteurs de production ;

30 Étendre l'exonération aux participations minoritaires rassemblées dans un "pacte


d'associés ou d'actionnaires" représentant au moins 25 % des droits financiers
et de vote, centré sur l'engagement de conserver les titres au moins 8 ans.

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SOMMAIRE

PRISES DE POSITION _____________________________________________________ 2


INTRODUCTION ________________________________________________________ 10

PREMIÈRE PARTIE : PROPOSITIONS JURIDIQUES D'AMÉLIORATION DE LA


TRANSMISSION D'ENTREPRISE_________________________________________ 14

I – FAVORISER LA PRÉPARATION DE LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE ________________ 16


A/ Étendre aux titres de société le régime de la donation-partage à des non-
successibles _________________________________________________________ 16
1. Le régime actuel ____________________________________________________________ 16
2. Analyse critique_____________________________________________________________ 17
B/ Supprimer l’exigence des sept années d’activité professionnelle du bailleur, dans
le cadre de la location-gérance __________________________________________ 18
1. Le régime actuel ____________________________________________________________ 18
2. Analyse critique_____________________________________________________________ 18
C/ Autoriser les testaments conjonctifs au profit de tiers_____________________ 19
1. Le régime actuel ____________________________________________________________ 19
2. Analyse critique_____________________________________________________________ 19
D/ Légaliser le pacte de famille __________________________________________ 20
1. État des lieux ______________________________________________________________ 20
2. Analyse critique_____________________________________________________________ 20
E/ Instaurer la fiducie __________________________________________________ 22
1. Concept et intérêts pratiques __________________________________________________ 22
2. Le dispositif proposé _________________________________________________________ 22
II - FACILITER LA RÉALISATION DE LA TRANSMISSION D'ENTREPRISE __________________ 24
A/ Elargir le champ d’application de l’attribution préférentielle aux actions ______ 24
1. Le régime actuel ____________________________________________________________ 24
2. Analyse critique_____________________________________________________________ 24
B/ Faciliter le remplacement du gérant unique de SARL décédé _______________ 26
1. Le régime actuel ____________________________________________________________ 26
2. Analyse critique_____________________________________________________________ 26
C/ Prévoir le maintien judiciaire dans l’indivision pour les titres de société et les
entreprises individuelles _______________________________________________ 27
1. Le régime actuel ____________________________________________________________ 27
2. Analyse critique_____________________________________________________________ 27
SECONDE PARTIE : PROPOSITIONS FISCALES D'AMELIORATION DE LA
TRANSMISSION D'ENTREPRISE_________________________________________ 29
I - L'ÉTAT DES LIEUX : LES ÉVOLUTIONS CONTRADICTOIRES ________________________ 32
A/ Les cessions d’entreprise ____________________________________________ 32
1. Une aggravation inquiétante du régime d’imposition des plus-values ___________________ 32
2. Des évolutions favorables en matière de droits d’enregistrement ______________________ 36
B/ Les successions et les donations _____________________________________ 38
1. Des taux très défavorables, doublés en 1984… ____________________________________ 38
2. … qui ont fait l’objet de tentatives d’allègement ____________________________________ 40

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II - RÉFORMER LA FISCALITÉ DE LA TRANSMISSION ______________________________ 45
A/ Alléger la fiscalité du cédant dans les transmissions à titre onéreux _________ 45
1. Prévoir une indexation _______________________________________________________ 46
2. Une exonération des petites entreprises à perfectionner_____________________________ 47
3. Adapter le paiement de l’impôt aux modalités de paiement du prix _____________________ 49
4. Tenir compte de la nature de « capital de départ »pour le cédant______________________ 49
B/ Améliorer l'environnement de la transmission d'entreprise par voie de succession
ou de donation _______________________________________________________ 51
1. Poursuivre l’allègement des droits de succession __________________________________ 51
2. Encourager la transmission anticipée de l’entreprise ________________________________ 51
3. Améliorer la solvabilité du repreneur ____________________________________________ 52
C/ Conserver en cas de transmission, l'exonération de l'outil de travail au regard de
l'ISF ________________________________________________________________ 55

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INTRODUCTION

La transmission d'une entreprise est une étape délicate de son existence, qui se traduit
encore trop souvent par une défaillance à terme, imputable à différents facteurs dont le
manque de préparation n'est pas le moins important. Ainsi, il a été établi que 30% des
reprises échouaient dans les 7 ans qui suivaient l'opération1. Par ailleurs, nombre d’affaires,
en particulier dans le commerce et l'artisanat, ne sont pas transmises, faute de trouver un
repreneur.

Les conséquences de ces difficultés sur la démographie des entreprises françaises risquent
d'être renforcées avec l'arrivée prochaine à la retraite de nombreux chefs d'entreprises, dont
les débuts remontent à la période d'après-guerre. Ainsi, en 1999, plus de 130.000 d’entre
eux avaient plus de soixante ans ; ce qui devrait induire de nombreuses cessions dans les
années à venir.

Toutefois, les statistiques relatives aux transmissions d'entreprises font l'objet de difficultés
méthodologiques dues à la structure du fichier SIRENE de l'INSEE qui les répertorie.

Les chiffres disponibles pour 2000 recensaient 41652 entreprises reprises, soit une
régression de 3,5 % par rapport à 1999, en phase avec une évolution à la baisse depuis une
quinzaine d'années.

1
Source : "La transmission des PME-PMI : 10 années d'expérience de la BDPME" septembre 1998.
10

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Nombre de reprises de 1987 à 2000

65000

60000

55000

50000

45000

40000

35000

30000
87

91

92

94

98

99
88

89

90

93

95

96

97

00
19

19

19

19

19

19
19

19

19

19

19

19

19

20
Source : INSEE / SIRENE

Néanmoins, plusieurs éléments spécifiques conduisent à relativiser ces données, avec une
sous-estimation probable de la réalité :

- 10 % des reprises comptabilisées sont des transformations d'entreprises individuelles en


sociétés, alors qu'il n'y a pas de changement de propriétaire ;

- certaines sont réalisées à travers une création d'entreprise ;

- les rachats de parts sociales ou d'actions ne sont pas pris en compte.

Ces défauts méthodologiques mériteraient d’être enfin résolus par l'INSEE, afin de pouvoir
analyser sur une longue période les principaux aspects du phénomène. Cette évolution
s’expliquerait en partie par l’insuffisante valorisation de nombreuses entreprises, qui
n’intéressent pas les éventuels candidats à la reprise. Le manque de préparation des
dirigeants « sur le départ », conjugué au « relâchement » des dernières années d’activité
(fichiers clients non mis à jour, défaut d’investissement) en seraient les principales raisons.

11

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Cela étant, d’un point de vue sectoriel, les reprises se répartissaient en 2000 de la manière
suivante :

Répartition sectorielle des reprises en 2000

Hôtels Commerce Services Construction Industrie Services Industrie Transports


Cafés aux agro- aux
Restau- ménages alimen- entreprises
rants taire
14617 12710 4037 2982 2906 1854 1821 725
35 % 30,5 % 9,7 % 7,1 % 6,9 % 4,4 % 4,3 % 1,7 %
Source : INSEE / Sirène

76 % de l'ensemble des reprises concernent donc le commerce, dont le renouvellement


démographique est particulièrement concerné par la transmission, comme le montre le
tableau suivant :

Le poids de la reprise dans le commerce en 1999

Commerces de bouche (boulangeries, pâtisseries, 46 %


charcuteries)
Hôtels, cafés, restaurants 49 %
Coiffure, soins de beauté, pressing 32 %
Vente et reprise automobile et cycles 30 %
Taux moyen tous commerces 33 %
Source : APCE / INSEE Sirène

Enfin, il est à noter que les reprises concernent essentiellement les très petites entreprises :
48 % n'ont pas de salarié et 29 % ont 1 ou 2 salariés.

En ce qui concerne leur financement, une majorité d’entre elles nécessitaient en 1998 moins
de 100 KF d'investissement initial :

Capitaux mis en œ uvre pour une reprise

moins de 50 KF de 50 à 99 KF de 100 à 249 KF de 250 à 499 KF plus de 500 KF


32 % 25 % 18 % 12 % 13 %
Source : INSEE Sine 1998

Le recours au financement bancaire est prédominant. En effet, si seulement 50 % des


repreneurs obtiennent un prêt bancaire, cette proportion est bien plus importante que pour
les créations ex nihilo (22 %). Ce taux d'intervention des banques s'explique sans doute par
une plus grande analyse du risque, facilitée par l'existence d’un historique comptable et par
la possibilité de prendre des garanties, notamment pour les fonds de commerce (64 % des
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repreneurs de 1994 ont obtenu un prêt bancaire). Par ailleurs, le soutien bancaire augmente
aussi en fonction de la taille des projets :

Taux d'intervention des banques lors de reprises en fonction de la taille des projets

moins de 25 KF de 25 à 99 KF de 100 à 499 KF plus de 500 KF


18 % 35 % 60 % 84 %
Source : INSEE Sine 1994

En dehors de cet aspect financier, les difficultés des transmissions d'entreprises ont, depuis
longtemps, suscité des propositions d'amélioration, tant des pouvoirs publics que de la CCIP.
Aujourd'hui encore, malgré des avancées notables telle que la réduction des droits de
mutation sur les fonds de commerce dans la loi de finances pour 2001, les pistes envisagées
restent essentiellement d’ordres juridique et fiscal ; ce que montre d’ailleurs le constat
effectué par le Livre blanc sur la transmission d'entreprises2.

2
"Livre blanc sur la transmission d'entreprises" remis au Secrétaire d'Etat aux PME, au Commerce, à
l'Artisanat et à la Consommation le 6 décembre 2000.
13

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PREMIERE PARTIE

PROPOSITIONS JURIDIQUES D’AMELIORATION

DE LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

14

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Garantir la pérennité des entreprises, notamment des petites et moyennes, constitue un
enjeu primordial pour la préservation du tissu économique et de l’emploi dans notre pays. Or,
force est de constater que la transmission3, parce qu’elle est bien souvent mal préparée,
représente un risque pour la survie même de l’entreprise, notamment dans le cas d’affaires
familiales. En effet, près de 30% des transmissions échouent et se terminent en liquidation
judiciaire.

La prise de conscience de ce problème par les pouvoirs publics a conduit essentiellement à


l’adoption de mesures fiscales plus favorables, même s’il reste encore à faire4… Mais la
réflexion doit être globale et les réformes de modernisation ne sauraient exclure les aspects
juridiques.

Actuellement, on le voit bien, l’opération de transmission est complexe, qu’elle soit effectuée
du vivant du dirigeant et avec son accord, ou à sa mort ; elle nécessite des montages
juridiques et fiscaux particuliers. En pratique, ces solutions peuvent rebuter les
professionnels, car elles conduisent à « forcer » certaines notions de notre droit. Il apparaît,
dès lors, nécessaire de créer de véritables outils dédiés spécifiquement à la transmission
des entreprises.

Dans ce contexte, l’objectif est double5 : il s’agit, d’une part, d’inciter les chefs d’entreprise à
anticiper la transmission de leur entreprise et, d’autre part, de les aider à réaliser cette
opération. C’est pourquoi, il convient de développer des instruments permettant, dans un
premier temps, de favoriser la préparation de la transmission et, dans un second temps,
de faciliter sa réalisation.

3
On ne s’attachera ici qu’aux transmissions à titre gratuit des entreprises.
4
Cf. seconde partie de ce rapport.
5
Certaines de ces propositions, déjà formulées par la CCIP (cf. Rapport de B. ROBINE du
5 mai 1994), méritent d’être réitérées.
15

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I – FAVORISER LA PREPARATION DE LA
TRANSMISSION D’ENTREPRISE

Une transmission réussie est avant tout une transmission préparée et il convient, à cet effet,
de perfectionner les mécanismes juridiques existants, pour mieux anticiper cette échéance.
Mais, parallèlement, la préparation de la transmission ne sera véritablement facilitée qu’en
intégrant dans notre droit des dispositions nouvelles, comme le testament conjonctif, le pacte
de famille ou la fiducie.

A/ ETENDRE AUX TITRES DE SOCIETE LE REGIME DE LA DONATION-PARTAGE A DES NON-


SUCCESSIBLES

La donation-partage6 est un acte par lequel une personne répartit ses biens, de son vivant,
entre ses héritiers présomptifs, lesquels en deviennent immédiatement propriétaires. Elle
constitue un moyen privilégié pour le chef d’entreprise d’organiser sa succession et,
notamment, de répartir le pouvoir.

Il s’agit d’un dispositif souple qui peut porter sur tout ou partie du patrimoine du donateur et
qui évite le morcellement de l’entreprise. Ainsi, dans la limite de la quotité disponible, le chef
d’entreprise peut donner son affaire à un de ses enfants et attribuer d’autres biens aux
autres descendants. En outre, la donation-partage présente un intérêt non négligeable d’un
point de vue fiscal, puisque la valeur des biens donnés est évaluée au jour de l’acte notarié
et non pas au jour du décès du donateur. Il n’est donc pas tenu compte des plus-values
éventuelles dont les biens pourraient bénéficier ultérieurement.

Par ailleurs, la mise en œ uvre d’un tel mécanisme renforce le positionnement économique
de l’entreprise dans ses relations avec ses partenaires - financiers ou commerciaux - et avec
son personnel. En effet, le partage familial est effectué irrévocablement et le management
futur est assuré.

1. Le régime actuel

On s’intéressera plus particulièrement ici au cas de la donation-partage réalisée en faveur


d’un tiers7.

6
Article 1075 du Code civil.
7
Article 1075, alinéa 3 du Code civil.
16

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L’article 1075 alinéa 3 du Code civil dispose : « Si leurs biens comprennent une entreprise
individuelle à caractère industriel, commercial, artisanal, agricole ou libéral, les père et
mère et autres ascendants peuvent, dans les mêmes conditions et avec les mêmes effets,
en faire, sous forme de donation-partage, la distribution et le partage entre leurs enfants et
descendants et d’autres personnes, sous réserve que les biens corporels et incorporels
affectés à l’exploitation de l’entreprise entrent dans cette distribution et ce partage et que
cette distribution et ce partage aient pour effet de n’attribuer à ces autres personnes que la
propriété de tout ou partie de ces biens ou leur jouissance ».

Ce texte, issu de la loi du 5 janvier 1988, a constitué une innovation considérable puisque,
jusqu’à cette date, seuls les descendants ayant la qualité d’héritier pouvaient participer à une
donation-partage. Désormais, tout étranger à la famille (collatéral, salarié… ) peut
bénéficier d’une donation-partage, dès lors que les biens, objets de la libéralité,
comprennent une entreprise individuelle.

2. Analyse critique

En pratique, la transmission d’entreprise par donation-partage à un tiers n’a pas connu


le succès escompté, en raison, notamment, de la restriction du dispositif par le législateur
aux seules entreprise individuelles.

Proposition n° 1

Favoriser le recours à cet outil juridique, qui permet d’anticiper et d’organiser au mieux la
transmission d’une entreprise, en élargissant le champ d’application de la donation-
partage à un tiers aux titres sociaux (actions, parts sociales), dès lors qu’ils confèrent
le contrôle d’une société.

Compléter en ce sens l’article 1075 alinéa 3 du Code civil.

17

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B/ SUPPRIMER L’EXIGENCE DES SEPT ANNEES D’ACTIVITE PROFESSIONNELLE DU BAILLEUR,
DANS LE CADRE DE LA LOCATION-GERANCE

1. Le régime actuel

La location-gérance, régie par les articles L. 144-1 à L. 144-13 du nouveau Code de


commerce8, est une convention par laquelle le propriétaire d’un fonds de commerce en
concède totalement ou en partie la jouissance à un gérant qui l’exploite à ses risques et
périls, en son nom et pour son compte, en payant un loyer ou une redevance.

Cette technique juridique tend à organiser, par avance, la transmission de l’entreprise selon
le schéma suivant : le propriétaire d’un fonds de commerce, marié et ayant des enfants, peut
préparer sa succession en constituant une société – dont il peut être le représentant légal -
entre lui et ses héritiers, dont l’objet est d’exploiter le fonds en location-gérance. L’enfant qui
a vocation à reprendre l’exploitation est alors associé à la gestion de cette société (en tant,
par exemple, que cogérant d’une SARL ou directeur général d’une SA) et signe avec cette
dernière un contrat de location-gérance, selon lequel la société peut acquérir le fonds en
vertu de dispositions contractuelles antérieures (promesse de vente, pacte de préférence… ).

2. Analyse critique

L’article L. 144-3 du nouveau Code de commerce impose au bailleur des conditions d’activité
professionnelle très lourdes : pour concéder une location-gérance, il doit, d’une part, avoir
été commerçant (ou artisan) pendant sept années ou avoir exercé pendant une durée
équivalente les fonctions de gérant ou de directeur commercial ou technique et, d’autre part,
avoir exploité pendant deux années au moins le fonds (ou l’établissement artisanal) mis en
gérance.

Certes, la loi9 permet la suppression ou la réduction judiciaire de ces délais en cas


d’impossibilité d’exploiter le fonds personnellement ou par l’intermédiaire de préposés, mais
une telle procédure est longue et génère des frais.

8
Codification de la loi n° 56-277 du 20 mars 1956.
9
Article L. 144-4 du nouveau Code de commerce.
18

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Proposition n° 2

Conserver la condition des deux années d’exploitation du fonds qui garantit l’existence d’une
clientèle ; mais supprimer, dans l’article L. 144-3 du nouveau Code de commerce,
l’exigence relative aux sept années d’activité professionnelle.

C/ AUTORISER LES TESTAMENTS CONJONCTIFS AU PROFIT DE TIERS

1. Le régime actuel

Un testament est dit « conjonctif » (ou conjoint) lorsque deux ou plusieurs personnes testent
dans le même acte, au profit d’un tiers ou réciproquement les unes envers les autres.

Ce type d’acte est aujourd’hui prohibé par l’article 968 du Code civil : « un testament ne
pourra être fait dans le même acte par deux ou plusieurs personnes, soit au profit d’un tiers,
soit à titre de disposition réciproque et mutuelle ». Par conséquent, dans l’état actuel du
droit, le testament ne peut être l’œ uvre que d’une seule personne et le reflet de son unique
volonté.

2. Analyse critique

Cette interdiction des testaments conjonctifs peut se justifier lorsqu’ils comportent des
dispositions libérales réciproques10, mais tel n’est pas le cas lorsque la libéralité s’effectue au
profit d’un tiers.

Bien au contraire, de tels actes pourraient permettre à des propriétaires d’entreprise de


transmettre celle-ci, d’un commun accord, à un même bénéficiaire.

10
Notamment, par crainte de « pressions » d’un époux sur la volonté de l’autre ; ce qui, de surcroît,
rendrait difficile la révocation de cet acte conjoint.
19

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Proposition n° 3

Modifier l’article 968 du Code civil afin de lever l’interdiction des testaments conjonctifs
au profit de tiers. Seule subsisterait la prohibition des libéralités réciproques entre
testateurs.

D/ LEGALISER LE PACTE DE FAMILLE

1. Etat des lieux

D’ores et déjà, le dispositif fiscal dit du « pacte d’entreprise »11, instauré par la loi de finances
pour 2000 et amélioré par celle pour 2001, a allégé le coût de la transmission, sous réserve
de l’existence d’engagements -collectifs et individuels- de conservation des biens ou des
titres sociaux transmis12.

Néanmoins, il est nécessaire d’aller plus loin en aménageant également les conditions
juridiques de la transmission du patrimoine et de la répartition du pouvoir dans
l’entreprise, du vivant du dirigeant.

A cet effet, il conviendrait de légaliser une technique juridique attendue depuis longtemps par
les chefs d’entreprise : le « pacte de famille ».

2. Analyse critique

Au-delà de simples engagements de conservation, ce pacte serait un contrat par lequel le


chef d’entreprise et ses successibles conviennent, du vivant de celui-ci, des modalités de
transmission de ses biens au moment de son décès et de la répartition du pouvoir et du
patrimoine entre ses héritiers.

11
Inspiré d’un mécanisme demandé depuis de nombreuses années par l’Association pour la pérennité
de l’entreprise. L’idée proposée – qui n’a été que partiellement reprise - était d’accorder des
avantages fiscaux, en contrepartie d’une organisation de la transmission du pouvoir et du patrimoine.
12
Cf. seconde partie de ce rapport.
20

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Or, un tel dispositif se heurte actuellement à l’interdiction des pactes sur succession future,
prévue par l’article 1130 alinéa 2 du Code civil13. Cette prohibition est fondée sur le caractère
immoral d’une spéculation sur la succession d’une personne encore en vie (crainte du votum
mortis) et sur la défense de la liberté de tester.

Cette règle, dont les origines remontent au droit romain, mériterait d’être modernisée au
regard des concepts et des impératifs actuels. Il devrait, en effet, être possible pour des
personnes majeures, appartenant à une même famille, de se répartir, par avance, un
patrimoine qui leur reviendra un jour en tout état de cause. Plus encore, il existe des
mécanismes juridiques, tels que la rente viagère et la donation ou le testament avec réserve
d’usufruit, qui sont susceptibles de susciter le sentiment redouté de votum mortis. Enfin,
l’atteinte à la liberté de tester ne constitue pas un argument valable, puisque la donation-
partage, admise par notre droit, permet de répartir irrévocablement ses biens.

Proposition n° 4

Dans ces conditions et eu égard à la nécessité de favoriser l’anticipation des transmissions


d’entreprises, lever la prohibition des pactes sur succession future et, par là-même,
autoriser la conclusion de pactes de famille, sous certaines conditions :
- la convention devrait réunir le chef d’entreprise et tous ses héritiers présomptifs ;
- elle ne devrait porter que sur des biens déterminés ;
- elle aurait une forme authentique ou serait homologuée par le juge ;
- elle deviendrait exécutoire dès le décès du chef d’entreprise ;
- la réserve de chaque héritier devrait être respectée par l’attribution de biens en nature ou
de soultes, dont l’échelonnement serait étudié en prévision des capacités de versement
du futur successeur.
Introduire ces dispositions dans le Code civil.

13
« On ne peut renoncer à une succession non ouverte, ni faire aucune stipulation sur une pareille
succession, même avec le consentement de celui de la succession duquel il s’agit ».
21

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E/ INSTAURER LA FIDUCIE

1. Concept et intérêts pratiques

Dans le souci de préparer la transmission d’une entreprise, il peut être envisagé d’en
transférer temporairement la propriété à un tiers, chargé de la gérer. A cet effet, un
mécanisme juridique simple, aux applications multiples, pourrait être généralisé14 : la
fiducie. Dès 1990, la CCIP s’est prononcée15 en faveur son instauration dans notre système
juridique et a, de surcroît, proposé en 1996 un texte en ce sens.

Schématiquement, il s’agit d’un acte par lequel une personne (le constituant ou fiduciant)
transfère à une autre (le fiduciaire) la propriété temporaire de certains biens, avec pour
mission d’en faire un usage convenu et d’agir dans un but déterminé, en vue de la restitution
de ces biens au profit d’un bénéficiaire ou du constituant lui-même.

Cela aurait l’avantage de faciliter, en l’anticipant, la transmission des entreprises. Tel serait,
notamment, le cas pour les entreprises individuelles puisque, les biens mis en fiducie ne
pouvant pas être morcelés, les héritiers auraient l’obligation de se mettre d’accord. Par
ailleurs, s’agissant des sociétés, la fiducie aurait l’intérêt de permettre une séparation du
pouvoir et du capital : les actions de la société seraient la propriété du fiduciaire mais les
dividendes seraient versés aux bénéficiaires.

Grâce à la fiducie, les chefs d’entreprise auraient donc la possibilité de désigner un


« successeur temporaire » (le fiduciaire), dans l’attente de savoir quel héritier sera le plus
apte à reprendre l’entreprise, ou dans l’attente qu’un héritier ait atteint un niveau d’études
souhaité ou ait répondu à un certain nombre de garanties personnelles.

2. Le dispositif proposé

Pour donner au mécanisme de la fiducie toute sa dimension et en permettre de larges


utilisations, il convient de lui conférer une grande souplesse.

Seuls trois principes fondamentaux devraient suffire à le caractériser :

14
La fiducie n’est pas totalement inconnue de notre droit : cession Dailly, quasi-usufruit, fonds
communs de placement, loi de 1996 sur les valeurs mobilières…
15
« La fiducie : un outil de gestion pour les entreprises et le patrimoine », B. Robine, 18 juillet 1996.
22

CH AMBR E D E CO M M ER CE ET D 'IND U STR IE D E PARIS


- un transfert de propriété au fiduciaire, à charge pour ce dernier de satisfaire à certaines
obligations ;
- la conservation des biens ainsi transférés dans une masse séparée du patrimoine du
fiduciaire, constituant véritablement un patrimoine d’affectation ;
- enfin, la restitution des biens au bénéficiaire au terme de la fiducie.

Proposition n° 5

Ø Tout d’abord, reconnaître la validité du patrimoine d’affectation, dont la fiducie ne


serait qu’une déclinaison, et modifier, en conséquence, les articles 2092 (relatif au droit
de gage général des créanciers) et 2093 (concernant la répartition des biens entre ces
derniers) du Code civil qui fondent traditionnellement la théorie de l’unicité du patrimoine ;

Ø Ensuite, de manière à faciliter le recours à la fiducie comme outil de transmission


d’entreprises – en particulier familiales -, permettre le transfert de propriété aussi bien
par contrat que par acte unilatéral, notamment par testament notarié16. Dans ce
dernier cas, la fiducie résulterait de la seule acceptation expresse et écrite du fiduciaire ;

Ø Par ailleurs, toujours dans l’optique d’une large applicabilité de cette technique, en ouvrir
l’accès à tout constituant personne physique ou personne morale ;

Ø Enfin, s’agissant des modalités pratiques de la fiducie :


- à partir d’un certain volume de patrimoine transféré, soumettre la fiducie à un contrôle
externe pour vérifier le respect des obligations comptables ;
- dans un souci de transparence, imposer au fiduciaire de tenir informé tout intéressé de
sa qualité ;
- en cas de décès, de liquidation ou de dissolution du fiduciaire, donner au juge le pouvoir
de désigner un autre fiduciaire, à défaut de stipulation à cet effet dans l’acte constitutif ;
- enfin, pour les patrimoines d’entreprises, calculer le rapport successoral en s’inspirant de
la solution retenue en matière de donation-partage, laquelle prévoit l’évaluation des biens
pour l’imputation sur la quotité disponible au jour de la donation, sans aucune révision
possible de cette valeur, quelles que soient les modifications apportées ultérieurement à
l’état du bien donné.

16
Ce qui est admis par le droit anglais.
23

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II – FACILITER LA REALISATION DE LA
TRANSMISSION D’ENTREPRISE

Est ici abordée l’hypothèse où la succession du chef d’entreprise n’a pas été organisée au
jour de son décès. C’est la situation la plus critique pour l’entreprise, car sa gestion peut être
compromise si des solutions ne sont pas rapidement trouvées. A ce stade, certains
mécanismes juridiques existent pour protéger les intérêts de l’entreprise, mais leurs
conditions de mise en œ uvre pourraient être améliorées.

A/ ELARGIR LE CHAMP D’APPLICATION DE L’ATTRIBUTION PREFERENTIELLE AUX ACTIONS

Par cette technique, lors du partage d’une indivision, un bien peut être attribué à celui des
indivisaires qui, en vertu de critères légaux, est jugé le plus apte à le recevoir.

1. Le régime actuel

L’attribution préférentielle a vu son objet évoluer dans le temps : elle a tout d’abord été créée
pour les exploitations agricoles constituant des unités économiques, puis elle a été étendue
aux entreprises commerciales, industrielles ou artisanales et, enfin, elle a été élargie aux
parts sociales.

Sur le fondement de l’article 832 du Code civil, le conjoint survivant ou tout héritier indivisaire
peut demander l’attribution préférentielle, à charge de soulte le cas échéant, de l’entreprise
commerciale ou industrielle ou des parts sociales.

Dans cette hypothèse, deux conditions sont requises :

- être copropriétaire des biens dont l’attribution est demandée ;


- avoir participé, du vivant du défunt, au développement de l’entreprise.

2. Analyse critique

L’attribution préférentielle permet, en l’absence d’organisation de sa succession par le chef


d’entreprise défunt, d’assurer une transmission garantissant au mieux la pérennité de
l’entreprise. En effet, à défaut d’accord amiable, la demande d’attribution doit être présentée

24

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au juge, lequel a la faculté de l’accorder17. Ainsi, statuant en fonction des intérêts en
présence et de l’équité, le juge peut ne pas octroyer l’attribution demandée s’il estime qu’une
solution différente est préférable.

Plus encore, face à plusieurs demandes d’attribution - portant par exemple sur des parts
sociales d’une SARL, convoitées par deux enfants qui travaillent déjà dans la société -, le
juge va arbitrer et fera droit à la demande de celui qui présente la meilleure aptitude à gérer
l’entreprise, à s’y maintenir et qui a participé le plus longtemps à son activité. Le mécanisme
de l’attribution préférentielle apparaît donc comme un palliatif satisfaisant à l’absence
d’organisation par le défunt de sa succession.

Néanmoins, une lacune mériterait d’être comblée : l’article 832 vise les parts sociales, c'est-
à-dire les titres sociaux d’une société à responsabilité limitée, d’une société en nom collectif
ou d’une société en commandite simple. Mais qu’en est-il pour une société de capitaux
(société anonyme, société par actions simplifiée, société en commandite par actions) ?

Certes, une réponse ministérielle a admis que l’article 832 du Code civil pouvait s’appliquer
aux actions, le Garde des Sceaux ayant considéré que l’expression « parts sociales »
n’excluait pas les actions de sociétés anonymes18 ; mais un doute persistera tant que la loi
ne sera pas complétée en ce sens.

Proposition n°6

Inclure expressément les actions – conférant le contrôle d’une société - dans le


champ d’application de l’attribution préférentielle.

Modifier en ce sens l’article 832 du Code civil.

17
Sauf pour les petites exploitations agricoles, où le juge est tenu de faire droit à la demande (article
832-1 du Code civil).
18
Rép. Sén. 1er janvier 1987, p. 23.
25

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B/ FACILITER LE REMPLACEMENT DU GERANT UNIQUE DE SARL DECEDE

1. Le régime actuel

La loi du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales19 n’envisage pas l’hypothèse du décès
du gérant de SARL ; elle prévoit, en revanche, les modalités de convocation de l’assemblée
générale, seule compétente pour désigner un gérant, en l’absence de clause statutaire
instituant un système de consultation écrite ou autorisant des décisions par consentement
unanime des associés dans un acte20.

En principe, la convocation des assemblées générales doit émaner du gérant et, à défaut, du
commissaire aux comptes, s’il en existe un. Par ailleurs, la réunion d’une assemblée peut
également être demandée par « un ou plusieurs associés détenant la moitié des parts
sociales ou détenant, s’ils représentent au moins le quart des associés, le quart des parts
sociales ». Mais ce droit de convocation ne peut être exercé par les associés eux-mêmes :
ils doivent préalablement solliciter le gérant et, en cas de refus de ce dernier, le commissaire
aux comptes. En dernier ressort, les associés peuvent requérir du président du tribunal de
commerce la nomination d’un mandataire, chargé de convoquer l’assemblée et de fixer son
ordre du jour.

2. Analyse critique

Dans le cas d’une gérance unique et en l’absence de commissaire aux comptes, la voie
judiciaire est la seule solution qui s’offre aux associés. Or, la lourdeur de cette procédure ne
facilite pas la transmission de l’entreprise.

19
Aujourd’hui codifiée dans le nouveau Code de commerce aux articles L. 210-1 à L. 228-97.
20 er
Ces modalités de prises de décisions sont prévues par l’article L. 223-27 alinéa 1 du nouveau
Code de commerce.
26

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Proposition n° 7

Dans cette hypothèse, permettre aux associés de désigner un mandataire ad hoc – l’un
d’entre eux ou un tiers -, chargé de convoquer l’assemblée qui nommera le nouveau
gérant. La désignation de ce mandataire pourrait se faire selon les conditions posées par
l’article L. 223-27 du nouveau Code de commerce, c'est-à-dire par un ou plusieurs associés
détenant la moitié des parts sociales ou détenant, s’ils représentent au moins le quart des
associés, le quart des parts sociales. Modifier l’article L. 223-27 du nouveau Code de
commerce en ce sens.

C/ PREVOIR LE MAINTIEN JUDICIAIRE DANS L’INDIVISION POUR LES TITRES DE SOCIETE ET


LES ENTREPRISES INDIVIDUELLES

1. Le régime actuel

Conformément à l’article 815-1 du Code civil, le juge du tribunal de grande instance peut
refuser une demande en partage et ordonner, pour une durée de cinq ans renouvelable, le
maintien judiciaire dans l’indivision, dès lors que la nature des biens concernés le
justifie : sont visés le local d’habitation, le local professionnel et l’exploitation agricole.

Cette décision judiciaire est donc motivée par des raisons familiales, mais aussi
professionnelles.

2. Analyse critique

Ces raisons professionnelles qui peuvent justifier le maintien dans l’indivision d’une
exploitation agricole pendant cinq années renouvelables, devraient pouvoir s’appliquer dans
tous les secteurs d’activité économique, avec toutefois une durée plus courte eu égard à la
particularité du monde des affaires.

Notamment, s’agissant d’une entreprise individuelle ou d’une société, le partage précipité


des actifs dès le décès du chef d’entreprise peut mettre cette dernière en péril.

27

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Proposition n° 8

Dans ces conditions, étendre aux entreprises à caractère industriel, commercial ou


artisanal et aux titres de sociétés à transmettre, la possibilité d’un maintien judiciaire
dans l’indivision pour une durée de deux ans, éventuellement renouvelable.

Compléter en ce sens l’article 815-1 du Code civil.

28

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SECONDE PARTIE

PROPOSITIONS FISCALES D’AMELIORATION

DE LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE

29

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La fiscalité appliquée à la transmission d’entreprise dépend de nombreux facteurs, et
notamment :

- la forme juridique de l’entreprise (individuelle ou société) ;


- le mode de transmission (succession, donation, cession à titre onéreux).

Selon ces données, sont alors mis en jeu tout un ensemble d’impositions, certaines dues par
le cédant (plus-values), d’autres par les successeurs acheteurs, héritiers ou donataires
(droits d’enregistrement).

Ces impositions, par leur cumul, leur mode de calcul et parfois leur existence même, ont
abouti à faire de la transmission d’entreprise une opération fiscalement coûteuse, ce qui a
engendré, au mieux la recherche de solutions de contournement ou de réduction des droits,
parfois au prix de la simplicité et de la logique, et au pire le report de l’opération, cette fois ci
au détriment parfois de la survie même de l’entreprise.

Dans ce domaine particulier, la fiscalité est apparue comme un critère prépondérant, voire
exclusif dans le choix des modalités pratiques de la succession.

Cette situation ne pouvait durer, car elle s’avérait totalement contraire à la mobilité des
structures et aux nécessaires adaptations du monde des affaires.

Cela a initié, grâce également aux prises de positions fermes et répétées de la CCIP21, une
prise de conscience générale de la nécessité de modifier la donne en adaptant la fiscalité
des transmissions, dans le cadre plus large d’une décrue des droits d’enregistrement,
impositions archaïques condamnées par le contexte européen.

Mais cette amélioration est loin d’être complète.

21
Rapports de M. Lecointre : « La transmission familiale d’entreprise », adopté le 8 novembre 1984 ;
M. Geneton : « Cessions de fonds de commerce : un régime d’imposition à revoir », adopté le 10 avril
1986 ; « La fiscalité du patrimoine », adopté le 1er avril 1993 ; M. Robine : « La transmission
d’entreprise », adopté le 5 mai 1994.
30

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En effet, d’autres obstacles fiscaux demeurent, voire même ont été aggravés au cours de
ces vingt dernières années ; l’évolution apparaît donc globalement contrastée (I), tant pour
les transmissions à titre onéreux (A) que pour celles à titre gratuit (B). Mais, la situation reste
défavorable, surtout si l’on compare avec nos partenaires de l’Union européenne.

Aussi est-il nécessaire de poursuivre l’effort et de présenter (II) une série de propositions
destinées à garantir ce qui paraît primordial à notre compagnie consulaire : permettre aux
entreprises, dans une neutralité fiscale la plus étendue possible, de se préparer et assurer
au mieux leur transmission sur des critères objectifs et non fiscaux, dans l’objectif de lui
assurer les plus grandes chances de survie.

31

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I - L’ETAT DES LIEUX :
LES EVOLUTIONS CONTRADICTOIRES

A/ LES CESSIONS D’ENTREPRISE

1. Une aggravation inquiétante du régime d’imposition des plus-values

Elle constitue le point le plus inquiétant de l’évolution récente de la fiscalité de la


transmission, qui, par ailleurs, manifestait une certaine amélioration.

Elle l’est d’autant plus que la situation de départ était loin d’être favorable. L’imposition des
plus-values apparaît en effet comme un régime dérogatoire et inadapté.

a) Un dispositif fiscal particulier …

Le régime des plus-values professionnelles à court terme et à long terme s’applique aux
entreprises commerciales, industrielles, artisanales.

Sont concernées les plus-values ou moins-values provenant des cessions d’éléments de


l’actif immobilisé réalisées en cours ou en fin d’exploitation.

Il convient, afin de déterminer le régime applicable, de distinguer entre court et long terme.

Sont des plus-values à court terme (donc imposées au même taux que les bénéfices
courants), d’une part, celles réalisées à l’occasion de la cession d’immobilisations acquises
ou créées par l’entreprise depuis moins de 2 ans, d'autre part, celles qui proviennent de la
cession d'éléments acquis ou créés depuis au moins 2 ans pour leur fraction correspondant
à des amortissements déduits de l'assiette de l'impôt.

Sont donc considérées comme à long terme et taxées à un taux réduit, les autres
plus-values, soit notamment :

- les plus-values réalisées lors de la cession de biens non amortissables et détenus depuis
plus de 2 ans ;
- les produits de la propriété industrielle ;
- les provisions pour dépréciation du portefeuille titres devenues sans objet ;
- les plus-values nettes constatées en cas de décès de l'exploitant.

32

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Traitement fiscal des plus-values et moins-values nettes à court terme

La plus-value nette à court terme fait partie des résultats imposables dans les conditions et
au taux de droit commun (avec une éventuelle répartition sur 3 ans).

Imposition des plus-values nettes à long terme

Ø Dans les entreprises soumises à l'impôt sur le revenu, elles sont imposées à un taux
réduit de 16 % (auquel il faut ajouter la CSG, la CRDS et les prélèvements sociaux), soit
un taux effectif de 26 %.
Ø Dans les entreprises soumises à l'impôt sur les sociétés, le régime de taxation à taux
réduit des plus values à long terme ne s'applique plus désormais qu'à un nombre très
restreint de biens, titres de participation, titres de FCPR et de SCR et concessions de
brevets.

b) Un régime fortement alourdi au fil du temps

Ø Quasi supprimé récemment pour les sociétés IS…

En effet, les autres actifs (y compris les fonds de commerce) des sociétés soumises de plein
droit ou sur option à l’IS relèvent désormais du taux normal de l'IS (33,33 %), auquel il faut
ajouter les contributions exceptionnelles et complémentaires (de 10 et 15 % à l’époque, 6 %
en 2001) depuis 1997.

Le taux réduit des plus-values à long terme des sociétés IS avait déjà subi une nette
augmentation : de 10 % avant 1973, le taux réduit a été porté à 15 % (25 % pour les terrains
à bâtir) jusqu'en 1989, où il a été relevé à 19 % puis à 25 % pour les titres, en 1990 et 1991.
Après le 1er octobre 1991, le taux a été unifié à 18 %, puis à compter du 1er janvier 1994,
19 %.

Il est désormais résiduel.

Cette aggravation notable de la situation des sociétés IS a des conséquences d’autant plus
graves lorsque cette imposition s’applique en fin d’activité sur la valeur totale de l’entreprise.

Ø Le dispositif est instable et injuste pour les entreprises soumises à l’IR, qui concerne les
entreprises individuelles (1,7 million) et les sociétés de personnes.
33

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Nous l'avons vu, cette imposition des plus-values, si elle s'avère normale pour des cessions
d'actifs classiques au cours de la vie de l'entreprise, peut en revanche avoir des
conséquences beaucoup plus graves lors de la cession du fonds de commerce. Ce coût
s'avère souvent dissuasif pour un projet de transmission, notamment en raison tout d'abord
du mode de calcul de la plus-value, et de son mode d'imposition, sur lequel pèsent quelques
menaces voilées.

- Un mode de calcul irréaliste, qui conduit à de fréquentes injustices

Lorsque le fonds cédé a été créé par le cédant, ou acheté il y a de nombreuses années, la
valeur d'origine est souvent symbolique. Or, cette valeur sert de base au calcul de la plus-
value, qui n'en est que plus importante.

En vertu de la règle du nominalisme monétaire, aucune prise en compte de l'érosion


monétaire n'est prévue, et les conséquences peuvent être fort graves pour le cédant, surtout
si le fonds a été acquis avant les périodes de forte inflation que notre pays a connu.

Certes, on pouvait considérer que l'imposition des plus-values à long terme à un taux réduit
était avantageuse pour une entreprise ayant rapidement pris de la valeur et un entrepreneur
fortement imposé à l'IR, lorsque le taux d’imposition des plus-values à long terme était de
10 %.

Mais le taux effectif est désormais de 26%, qui est un taux moyen et non marginal.

Surtout il y a un paradoxe certain à imposer d'autant plus lourdement que la détention est
ancienne, par le jeu de la non revalorisation du prix d'acquisition, alors que la justification du
taux réduit est justement la preuve de la non-spéculation apportée par la durée de détention!

- Un taux d'imposition instable

Le régime dit "de faveur" l'est d'autant moins que les taux applicables sont susceptibles de
varier au gré des évolutions législatives.

A l'origine, en 1965 (loi n° 65-566 du 12/07/65), le taux d'imposition des plus-values à long
terme pour les entreprises soumises à l'impôt sur le revenu était de 10 %.

A compter du 1er janvier 1974, il a été porté à 25 % pour les terrains à bâtir et immeubles
assimilés et à 15 % pour les autres éléments d'actif.
34

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Ces taux sont passés respectivement à 26 et 16 % en 1994. Ce n'est qu'à compter
du 1er janvier 1991 que le taux spécifique des terrains à bâtir à été supprimé.

A ces taux nominaux, il faut rajouter les prélèvements sociaux :

- depuis 1986, le prélèvement social CNAV de 1 % (jusqu'en 1998) ;


- la CSG (1,1 % en 1991, 2,4 % en 1993, 3,4 % en 1997, 7,5 % en 1998) ;
- la CRDS (0,5 % à compter de 1997) ;
- à compter de 1998, le nouveau prélèvement social de 2 % (qui remplace celui en faveur
de la CNAV mais également la contribution sociale de 1 % perçue au profit de la CNAF,
à laquelle les plus-values échappaient jusque là).

Le taux effectif d'imposition des plus-values à long terme sur fonds de commerce
s'élève donc actuellement à 26 % (soit 5,1 % de plus qu'en 1997 et 2,6 fois plus qu’à
l’origine).

En dehors du fait que l'on ne saurait taxer comme un revenu courant un évènement
exceptionnel dans la vie du chef d'entreprise, une extension de l'impôt sur le revenu au
barème progressif à ces plus values serait d'autant plus dommageable que les mesures
d'allégement ou d'exonération des petites entreprises peuvent paraître insuffisantes.

c) Un régime de faveur des petites entreprises insuffisant

Les exploitants individuels exerçant une activité commerciale, artisanale, agricole ou libérale,
relevant de l'IR, peuvent bénéficier d'une exonération générale de leurs plus-values
professionnelles, y compris donc celle sur cession de fonds de commerce. Cette exonération
concerne les plus-values réalisées tant en cours qu'en fin d'exploitation (cession, cessation
d'activité, apport à une société).

Ce régime a été instauré par la loi n°76-660 du 19 juillet 1976, et a fait l'objet depuis un
certain nombre de modifications et d'adaptations.

L'exonération s'applique à 2 conditions :

- le cédant exerce son activité depuis au moins 5 ans ;

35

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- les recettes de l'entreprise doivent être inférieures au double des limites du régime des
microentreprises (soit 1.000.000 F par les entreprises de vente et fourniture de logement
et 350.000 F pour les prestataires de service).

Ce montant avait été réévalué en 1988 et 1989 (du simple au double des limites du forfait
alors retenu comme référence) afin de tenir compte de la non réévaluation des limites de ce
régime d'imposition, qui aurait conduit à vider la mesure de sa portée pratique.

Le chiffre d'affaires pris en compte est celui de l'année de la cession et celui de l'année
précédente pour les cessions ou cessations d'activités.

2. Des évolutions favorables en matière de droits d’enregistrement

RAPPEL : les mutations à titre onéreux de biens (fonds de commerce, immeubles, parts
sociales) sont soumises à un droit d’enregistrement, supporté, sauf convention contraire, par
l’acheteur.

Les droits d’enregistrement sont certainement le domaine de la fiscalité où les


évolutions les plus favorables ont été relevées ces dernières années.

Cette évolution a également touché les cessions de fonds de commerce et


d’immeubles commerciaux, dont les montants de taxation a été notablement réduits et
rapprochés.

En effet, en moins de 10 ans, le montant des droits exigibles de l’acheteur en cas de cession
de fonds de commerce ont été allégés progressivement, suivant en cela la décrue générale
des droits sur les mutations et apports d’actifs professionnels.
Il y a encore deux ans, avec un taux de 11,40 % au-delà de 700 000 F, leur montant
excédait largement ceux en vigueur chez nos partenaires, et, de plus en plus, ceux
appliqués aux cessions d’autres actifs ou sous d’autres formes juridiques. Cette évolution
répond aux souhaits maintes fois réaffirmés de la CCIP en la matière22. Ce taux encore très
élevé restait un obstacle important aux transmissions de fonds de commerce.

22
M. Dufourg : « Les droits d’enregistrement : des dispositions archaïques à abroger pour favoriser la
mobilité des structures », rapport adopté le 13 février 1997, M. Biron « Réforme de la fiscalité du
patrimoine », rapport adopté le 9 avril 1998.
36

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Comparaison des taux applicables en 1986 - 1993 - 1996 - 1999 et 2000
Mutations - régime des ventes

Taux 1986 Taux 1993 Taux 1996 Taux 1999 Taux 2000
Cessions des
immeubles à
18,20 % 18,20 % 18,20 % 4,80 % 4,80 %
usage industriel
et commercial
0 % jusqu'à
0 % jusqu'à
0 % jusqu'à 150 000F
150 000F
Cessions de 100 000F 7% 0%
7%
fonds de 16,60 % 7 % entre 100 000 entre 150 000 jusqu'à 150 000F
entre 150 000
commerce et 500 000 F et 700 000 F 4,80 % au delà
et 700 000 F
14,20 % au delà 11,40 % au delà
11,40 % au delà
Cessions de
4,80 % 4,80 % 4,80 % 4,80 % 4,80 %
parts sociales
4,80 %
Cessions 1% 1% 1% 1%
(si acte)
d'actions (plafonné à 20 000F) (plafonné à 20 000F) (plafonné à 20 000F) (plafonné à 20 000F)

L’alignement à 4,80 % est donc une mesure particulièrement bénéfique à la mobilité des
structures, d’autant qu’elle joue aux deux bouts de la chaîne, les cessions de faible valeur
étant exonérées, et les cessions les plus importantes (au-delà de 700 000 F) voyant leur
imposition notablement réduite, leur nombre (un cinquième des mutations) étant loin d’être
négligeable.

Répartition des mutations à titre onéreux de fonds de commerce


selon leur valeur de cession
VALEUR DE CESSION NOMBRE EN %
< 150 000 francs 32
de 150 000 à 500 000 francs 42
de 500 000 à 700 0000 francs 8
> à 700 000 francs 18

Enfin, est quasiment supprimée la différence de traitement selon la forme juridique de


l’entreprise : s’il s’agissait d’une entreprise individuelle ou si une S.A. ou SARL cédait une de
ses activités ou un département non isolé dans une structure sociétaire, c’était un fonds qui
était cédé, avec un taux de 11,40 % maximum.

37

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Droits d’enregistrements : Vente d’une entreprise
Tableau comparatif avant réforme

Entreprise Titres de SARL - SNC Actions de SA Fonds de commerce après


individuelle réforme
Valeur
département
d’une société
400 000 17 500 19 200 4 000 12 000
1 000 000 72 700 48 200 10 000 40 800
5 000 000 528 700 240 000 20 000 232 800

Dorénavant, quelle que soit la situation, l’imposition se fait au même taux, avec la nuance de
l’exonération sur la part inférieure à 150 000 F pour les cessions de fonds de commerce, les
cessions d’actions restant seules moins taxées.

Proposition n° 9
Se rapprocher de la situation en vigueur chez nos principaux partenaires (exonération, droit
fixe ou très faible taux), et aligner les cessions de fonds de commerce et des parts de
sociétés sur les cessions d’actions (taux de 1 % avec un maximum de 20 000 F (3049
euros).

Ces mesures assurent donc le respect des principes traditionnellement énoncés par la CCIP,
qui s’est félicitée de leur adoption : la neutralité des structures juridiques face à l’impôt et une
taxation en phase avec l’opération économique et la perception des liquidités.

Reste toutefois entier le problème du poids de l’imposition des plus-values pour le cédant,
dissuadant souvent tout projet de transmission et entraînant la disparition de nombreuses
unités économiques.

B/ LES SUCCESSIONS ET LES DONATIONS

1. Des taux très défavorables, doublés en 1984…

La transmission à titre gratuit d’une entreprise, comme de tout bien, fait l’objet d’une
imposition au titre des droits de succession et de donation.

En ligne directe, selon la fraction de la valeur taxable, les droits varient :

38

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Ø En ligne directe et entre époux, de 5 à 40 %

I. Transmissions en ligne directe


Fraction de part nette taxable Tarif applicable
N'excédant pas 50 000 F 5%
Comprise entre : 50 000 F et 75 000 F 10 %
75 000 F et 100 000 F 15 %
100 000 F et 3 400 000 F 20 %
3 400 000 F et 5 600 000 F 30 %
5 600 000 F et 11 200 000 F 35 %
Au-delà de 11 200 000 F 40 %
II. Transmissions entre époux
Fraction de part nette taxable Tarif applicable
N'excédant pas 50 000 F 5%
Comprise entre : 50 000 F et 100 000 F 10 %
100 000 F et 200 000 F 15 %
200 000 F et 3 400 000 F 20 %
3 400 000 F et 5 600 000 F 30 %
5 600 000 F et 11 200 000 F 35 %
Au-delà de 11 200 000 F 40 %

Ø Entre collatéraux et non parents, de 35 à 60 % :

Indication du degré de parenté Tarif applicable


Entre frères et sœ urs :
- fraction de part nette taxable n'excédant pas 150 000 F 35 %
- fraction de part nette taxable supérieure à 150 000 F 45 %
Entre parents jusqu'au 4e degré inclusivement 55 %
Entre parents au-delà du 4e degré et entre personnes non parentes 60 %
Tarif des droits applicables entre partenaires d'un PACS :
N'excédant pas 100 000 F 40 %
Supérieure à 100 000 F 50 %

Pour la perception des droits afférents aux mutations en ligne directe et entre époux, il est
pratiqué, avant application des tarifs, un abattement personnel :

- de 500 000 F sur la part du conjoint survivant pour les transmissions intervenues
depuis le 1er janvier 2000 ;
- de 300 000 F sur la part de chacun des ascendants et sur la part de chacun des
enfants vivants ou représentés.

Il est pratiqué avant application du tarif, un abattement de 375 000 F sur la part du partenaire
lié par un PACS au donateur (depuis au moins deux ans) ou au testateur (sans condition de
délai).

À défaut d'autre abattement, un abattement de 10 000 F est opéré sur chaque part
successorale(à l'exclusion par conséquent des donations).
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CH AMBR E D E CO M M ER CE ET D 'IND U STR IE D E PARIS


Cette imposition, dont le principe est général et qui existe dans la totalité des pays de l’Union
(avec des conceptions relativement proches : classes d’héritiers ou donataires en fonction du
degré de parenté, barème progressif en fonction du montant), présente toutefois en France
un caractère nettement excessif, et ce d’autant plus que les taux ont été doublés en 1984 et
que les tranches d’imposition n’ont pas été réévaluées depuis.

2. … qui ont fait l’objet de tentatives d’allègement

Les tentatives d’amélioration de la situation des transmissions d’entreprises se sont heurtées


à des obstacles tant psychologiques que juridiques (censure du Conseil Constitutionnel).

La nécessité de l’amélioration de la situation faisait pourtant l’objet d’un consensus quasi


général.

Les tentatives ont donc porté tout d’abord sur des éléments autres que le barème ou le
montant des droits, qui présentaient l’avantage de pouvoir être aménagés par voie
réglementaire.

a) C’est le cas des améliorations apportées au paiement fractionné ou différé des


droits

Le paiement des droits de mutation à titre gratuit dus sur les transmissions d'entreprises
(individuelles ou titres de sociétés non cotées) ayant une activité industrielle, commerciale,
artisanale, agricole ou libérale peut être différé pendant cinq ans (versement annuel des
seuls intérêts du crédit) et, à l'expiration de ce délai, être fractionné sur dix ans à raison de
1/20e tous les six mois assorti d'un intérêt exigible semestriellement.

A compter du 15 juillet 1996, en application de l’art. 404 GA de l’ann. III du CGI, le taux de
base (normalement fixé au taux d’intérêt légal ) est réduit des deux tiers - soit un taux de
1,40 % en 2001 - lorsque la valeur de l'entreprise ou la valeur nominale des titres comprise
dans la part taxable de chaque héritier, donataire ou légataire est supérieure à 10 % de la
valeur de l'entreprise ou du capital social ou lorsque, globalement, plus du tiers du capital
social est transmis).

Cette modification a été de nature à atténuer les conséquences fiscales d’une transmission
en en étalant les conséquences, à un coût relativement réduit.
40

CH AMBR E D E CO M M ER CE ET D 'IND U STR IE D E PARIS


Mais elle ne résolvait pas le problème de fond qui restait le montant des droits.

b) Abattements sur les donations

Les donations, en raison de leur caractère de libéralité et de la nécessité de favoriser les


transmissions anticipées ont en premier bénéficié de la sollicitude du législateur.
Les donations-partages ont initié le mouvement, puis les mécanismes d’abattement ont été
étendus à l’ensemble des donations, sans en distinguer la nature.

Les donations (donations simples ou donations-partages) bénéficient d'une réduction de


droits dont le taux est fixé à :

- 50 % lorsque le donateur a moins de 65 ans ;


- 30 % lorsque le donateur a 65 ans révolus et moins de 75 ans.

Les donations consenties par des personnes âgées de 75 ans et plus et effectuées jusqu'au
30 juin 2001 bénéficient d'une réduction de 30 %. Au delà de cette date, cependant, elles ne
bénéficieront, en principe, d'aucune réduction.

Notons encore qu’un abattement de 100 000 F par donataire est appliqué sur les donations
de titres consenties à tout ou partie du personnel d'une entreprise.
Cet abattement est subordonné à un agrément préalable du ministre de l'économie et des
finances.

c) Réduction des droits de succession

Sous certaines conditions, les articles 789 A et B et 1840 G nonies du CGI issus de l'article
11 de la Loi de finances pour 2000 exonèrent de droits de succession, à concurrence de la
moitié de leur valeur, les transmissions, par décès, de parts ou d’actions de sociétés
exerçant une activité industrielle, commerciale ou artisanale, ainsi que des biens affectés à
l'exploitation d'entreprises individuelles.

Cette exonération était soumise à l’origine à la condition que les titres transmis fassent
l’objet, avant le décès, d’un engagement collectif de conservation des titres pendant au
moins huit ans. En outre, chaque héritier doit s’engager individuellement à conserver les
titres reçus pendant huit ans à compter de l’expiration de l’engagement collectif.

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CH AMBR E D E CO M M ER CE ET D 'IND U STR IE D E PARIS


En cas de transmission par décès d’une entreprise individuelle, le bénéfice de l’exonération
est subordonné à la détention de l’entreprise depuis plus de trois ans par le défunt.

En outre, chaque héritier doit s'engager dans la déclaration de succession, pour lui et ses
ayants cause, à conserver l'ensemble des biens affectés à l'exploitation pendant une durée
de huit ans à compter de la date du décès.

Ces conditions particulièrement lourdes ont été considérablement allégées par la loi
de finances pour 2001, dans le sens des préconisations de la CCIP.

En cas de transmissions par décès de parts ou actions de sociétés exerçant une


activité industrielle, commerciale ou artisanale, ces délais sont réduits à deux ans (au
lieu de huit ans) pour l’engagement collectif et à six ans pour l’engagement individuel
(au lieu de huit ans). La durée totale de conservation est donc réduite à huit ans, soit
la moitié de celle prévue dans la loi de finances pour 2000.

Par parallélisme, les durées relatives aux dirigeants et héritiers d'une entreprise individuelle -
c'est-à-dire une détention depuis au moins trois ans de l'entreprise individuelle acquise à titre
onéreux et un engagement de conservation des biens affectés à l'exploitation par les
héritiers pendant huit ans à compter de la date du décès - sont respectivement ramenées à
deux ans et six ans.

Les sanctions applicables en cas de rupture de l'engagement individuel par l'un des héritiers,
c’est à dire, le remboursement de l'exonération de droits de mutation par décès consentie,
de l'intérêt de retard sur ces sommes au taux de droit commun (9 % par an), et d'un droit
supplémentaire égal à la moitié de la réduction consentie ont été également été allégées
pour tenir compte de la durée déjà écoulée et du caractère en général fortuit et non
prémédité de ce non-respect.

En ce sens, il est instauré une dégressivité du montant du droit supplémentaire en


fonction de la durée effective de l'engagement :

- 20 % de la réduction consentie en cas de manquement survenant au cours des deux


premières années suivant la date de l'engagement ;
- 10 % de cette réduction en cas de manquement survenant la troisième ou la quatrième
année suivant cette même date ;

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- 5 % de cette réduction en cas de manquement survenant la cinquième ou la sixième
année.

Pour les entreprises individuelles, l'article 789 B précité dispose que chacun des héritiers ou
légataires doit prendre l'engagement de conserver pendant 8 ans l'ensemble des biens -
meubles et immeubles, corporels ou incorporels - affectés à l'exploitation de l'entreprise, afin
de bénéficier de l'exonération sus visée.
Malgré le net progrès constaté, il subsiste un manque de logique et de lisibilité globale. Des
améliorations supplémentaires sont donc encore nécessaires.

Une situation défavorable quand on la compare à celle de nos partenaires européens :

Que peut-on en effet constater ?

La majorité de nos partenaires ont des droits de succession, du moins en ligne directe,
moins pénalisante que les nôtres : maximum de 30 % en Allemagne au-delà de 50 millions
de marks (25 millions d’euros), 30 % en Wallonie, 15 % en Autriche, 27 % en Italie où leur
suppression est envisagée, contre 40 % en France au-delà de 11,2 millions de francs
(1,7 million d’euros cf annexe 1). Surtout, nos partenaires disposent, lorsque leurs taux sont
relativement élevés, de mécanismes d’allègements spécifiques aux transmissions
d’entreprises :

- abattements comme en Allemagne ou en Italie (95 % en Espagne, pouvant aller jusqu’à


100 % au Royaume-Uni),
- taux spécifiques (3 % en Belgique),
- modalités de paiement spécifiques (fractionnement, paiement différé, etc… ).

Ces mécanismes sont parfois soumis à des conditions d’application tenant à la durée de
détention des titres ou de l’entreprises, la poursuite de l’activité (5 ans en Belgique, 10 ans
en Espagne, voire maintien des emplois).

On retrouve aujourd’hui de tels mécanismes en France grâce notamment aux demandes


constantes de la CCIP et des milieux économiques. Mais leurs conditions d’application
restent encore bien restrictive quand on les compare, par exemple, à l’exonération totale qui
prévaut au Royaume-Uni, à la seule condition d’une détention dans les 2 années précédant
le décès, et non soumise à un engagement futur !

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Il ne demeure pas moins que le problème des transmissions d’entreprise fait l’objet de
traitements spécifiques dans la majorité des Etats de l’Union à la notable exception du
Danemark (mais le droits sont de 15 %) de la Grèce, de l’Irlande (taux de 20 %) et du
Luxembourg (taux de base de 2 à 15 %).

Il est donc indéniable que les taux élevés de droits de succession rendent nécessaire des
mécanismes d’allègement, d’abattement ou de réduction de droits.

La solution ne résiderait-elle pas plutôt dans la baisse des taux ?

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II – REFORMER LA FISCALITE DE LA TRANSMISSION

Nous avons vu que les dispositifs existants, bien que grandement améliorés par rapport à la
situation de départ, présentent encore des lacunes à combler.

En préalable, la CCIP ne peut que regretter que le mode d’évolution de la société française
et la structure de notre système fiscal obligent, pour adapter la législation aux réalités
économiques, à le faire par petites touches, en multipliant les mesures au lieu de pratiquer
une réforme fiscale ample et efficace.

Le principe à respecter est que les conditions de reprise et de transmission soient aussi
favorables qu'il s'agisse d'un héritier ou d'un tiers et quel que soit le type d'entreprise (cotée
ou non cotée).

A/ ALLEGER LA FISCALITE DU CEDANT DANS LES TRANSMISSIONS A TITRE ONEREUX

Le principal obstacle à une transmission sereine est, pour les cessions à titre onéreux, le
montant de l’imposition des plus values à régler par le cédant.

Une telle imposition des plus-values, si elle s'avère normale pour des cessions d'actifs
classiques au cours de la vie de l'entreprise, peut en revanche avoir des conséquences
beaucoup plus graves lors de la cession du fonds de commerce. Ce coût s'avère souvent
dissuasif pour un projet de transmission, notamment en raison du mode de calcul.

Lorsque le fonds cédé a été créé par le cédant ou acheté il y a de nombreuses années, la
valeur d'origine, souvent symbolique voire nulle, sert de base au calcul de la plus-value, qui
n'en est que plus importante. En vertu du nominalisme monétaire, aucune prise en compte
de l'érosion monétaire n'est prévue, et les conséquences peuvent être importantes pour le
cédant, surtout si le fonds a été acquis avant les périodes de forte inflation.

Certes, on peut considérer que l'imposition des plus-values à long terme à un taux réduit
peut-être avantageuse pour une entreprise ayant pris de la valeur et un entrepreneur soumis
à l'IR, mais le taux effectif est désormais de 26 %, ce qui est dissuasif.

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Le dispositif actuel d’imposition des plus-values sur fonds de commerce nécessite de
profondes modifications, notamment pour ne pas pénaliser les commerçants âgés qui
préparent leur retraite par la cession de leur fonds.

1. Prévoir une indexation

La CCIP suggère donc d'aménager le régime des plus-values sur fonds de commerce en
l'alignant sur celui des particuliers qui tient compte de la durée de détention moyennant un
coefficient d'érosion monétaire et un abattement (cf. Danemark, Espagne, Portugal,
Royaume-Uni).

Proposition n° 10
Aligner le régime des plus-values sur fonds de commerce sur celui des plus-values
immobilières, en réduisant le montant des plus-values de 5 % par année de détention
(au-delà de la deuxième, ce qui équivaut à une exonération totale au bout de 22 ans), et en
revalorisant le prix d'acquisition par application des coefficients d'érosion monétaire
de variation en fonction de l'indice annuel des prix à la consommation. Cette dernière
méthode a pour avantage de donner une image plus réelle de la plus-value effectivement
réalisée.

Un exemple chiffré permet d'illustrer les effets d'une telle disposition :


Soit un fonds de commerce acheté 300 000 F en 1985, et développé par son exploitant
individuel. Ce dernier le revend 1,5 millions de francs en 1999.
1. Selon le système actuel, la plus-value réalisée est de 1,2 millions de francs, et
l'imposition afférente de 312.000 F (soit 20,8 % du prix de vente).
2. En appliquant au prix d'achat un mécanisme d'actualisation identique à celui pratiqué
pour les plus-values immobilières des particuliers, la valeur d'achat s'élève à 300.000 X
1,34 = 402.000 F
Le montant de la plus-value est de 1.500.000 F - 402.000 F = 1.098.000 F.
En réduisant ce montant de 5% par année de détention après la deuxième, la plus-value
imposable est réduite de 12X5%, soit 60%, soit 658.800 F.
PV imposable : 439.200 F.
L'imposition afférente serait de : 114.192 F (soit 7,61 % du prix de vente).

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2. Une exonération des petites entreprises à perfectionner

Le régime d'exonération étudié supra est certes une nette atténuation des conséquences de
l'imposition des plus-values pour les très petites entreprises. Elle n'en apparaît pas
néanmoins comme trop limitée, tant en étendue que sur le fond.

Il reste donc encore à améliorer certains points :

a) Tout d'abord, l'administration considère que comme corollaire de l'exonération des plus-
values par l'art. 151 septies du CGI, les moins-values subies par les contribuables entrant
dans le champ d'application du dispositif à l'occasion de la cession d'éléments d'actif
professionnel immobilisé, ne sont pas retenues pour la détermination de leurs résultats
imposables. Cette doctrine administrative nous apparaît critiquable, les textes ne visant que
l'exonération des plus-values, et absolument pas les moins-values. La loi de finances pour
2001 a validé cette doctrine dans son article 14 V, en précisant que les plus-values
exonérées doivent s’entendre des plus-values nettes, après compensation avec les moins-
values de même nature.

Proposition n° 11
Revenir sur cette mesure.

b. Malgré son adaptation suite au remplacement du forfait par le régime microentreprise, il


n’en reste pas moins que les limites actuelles sont encore insuffisantes.

Les limites de chiffre d’affaires applicables sont longtemps restées celle du forfait, qui
dataient de 1970.

Le passage du simple au double de ces limites en 1989 a permis de prendre partiellement


en compte l’évolution naturelle du seuil, mais de manière insuffisante.

En appliquant les coefficients d’érosion monétaire utilisés pour le calcul des plus-values
immobilières, les montants actualisés des limites du forfait 1970 en 2000 seraient de
2 705 000 F pour les entreprises de vente en fourniture de logement et de 811 500 F pour
les prestations de service.

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Proposition n° 12
Rendre ce régime d'exonération des plus-values des petites entreprises plus efficace
en le fixant très rapidement au triple des limites du régime microentreprise, soit
1.500.000 F (230.000 €) pour les ventes et 525.000 F (81.000 €) pour les prestations de
services, dans une première étape.

Les limites d'application du régime simplifié d'imposition, soit 5.000.000 F (763.000 €)


pour les ventes et 1.500.000 F (230.000 €) pour les prestations de services seraient à
terme encore plus appropriées à une modération des conséquences fiscales de la
cession du fonds de commerce et, par voie de conséquence, de nature à favoriser la
mobilité de la propriété des entreprises.

C’est cet objectif qu’il convient de se fixer.

Ø Enfin, pour rétablir le principe de neutralité des structures juridiques, il nous paraît
indispensable d'étendre cette exonération des plus-values aux fonds de commerce des
sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés.

Certes, le relèvement de la limite d'exonération ne réduira pas les distorsions entre les
petites entreprises ; il ne supprime de surcroît ni l'effet de seuil, ni la taxation des plus-values
fictives.

C'est pourquoi les deux propositions que formule la CCIP (prise en compte de la durée de
détention et des variations monétaires, relèvement et extension des limites d'exonération)
doivent être adoptées concomitamment.

Elles doivent s’accompagner d’une série d’aménagement plus mineurs, mais pleinement
destinés à prendre en compte le fait que le prix retiré par le cédant doit lui permettre
d’assurer son avenir.

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3. Adapter le paiement de l’impôt aux modalités de paiement du prix

Proposition n° 13
Etaler l'impôt sur les plus-values en cas de paiement échelonné du prix de cession.

La date de réalisation d'une plus-value provenant d'une cession de droits sociaux


correspond à la date du transfert de propriété au cessionnaire, fixée par le contrat.

Il serait souhaitable que le paiement échelonné du prix de cession ait une incidence sur le
paiement de l'impôt dû au titre de la plus-value réalisée, dans la limite d'un délai maximum à
fixer.

Proposition n° 14
Adapter la législation sur les plus-values pour tenir compte des clauses sur la
variation du prix de cession.

Les opérations de transmission d'entreprise s'accompagnent, de plus en plus, de clauses


concernant la variation des prix (clause "d'earn out").

Il est par conséquent indispensable d'adapter la législation sur les plus-values à la pratique.
Certes, la Loi de finances 2000 prend en compte, d'une certaine manière, cette réalité, mais
elle contient des imperfections, source d’iniquité. Il faudrait pouvoir imputer sur des revenus
de même nature la moins value lorsqu’il y a une baisse du prix de vente constatée.

4. Tenir compte de la nature de « capital de départ »pour le cédant

Proposition n° 15
Supprimer le précompte.

Lors de la transmission, des distributions peuvent être effectuées en prélevant des sommes
sur des réserves provenant de résultats d’exercices clos depuis plus de 5 ans. Il en est de
même au cours de la vie de la société. Ces sommes qui ont déjà supporté l’IS sont soumises
au précompte mobilier.

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Cette imposition supplémentaire nous apparaît très contestable et totalement injustifiée. Il
conviendrait donc de la supprimer, afin de rendre fiscalement neutre la politique de
distribution des entreprises.

Proposition n° 16
Déduire les cotisations de retraite du dirigeant, versées en réemploi du produit de
cession.

Face à une opportunité d'anticiper la transmission de leur entreprise, les dirigeants se


trouvent souvent confrontés au problème du financement de leur retraite.

Il serait souhaitable de permettre aux chefs d'entreprise de déduire de leur revenu imposable
les cotisations de retraite, qui seraient versées en réemploi d'une partie du produit de la
cession de leurs droits sociaux, ou de leur entreprise individuelle. Il existe déjà, pour la
fonction publique, une mesure qui permet de déduire du revenu imposable le rachat de
cotisations de retraite.

Proposition n° 17
Etendre l'exonération des indemnités de cessation du mandat social en cas de
transmission d'entreprise.

Le 2 du nouvel article 80 duodecies du CGI pose en principe l'imposition de toute indemnité


versée, à l'occasion de la cessation de leurs fonctions, aux mandataires sociaux, dirigeants
et personnes visés à l'article 80 ter du CGI, c'est-à-dire les dirigeants assimilés à des
salariés sur le plan fiscal.

Ce principe d'imposition est toutefois assorti d'une mesure d'exonération dans certaines
limites en cas de cessation forcée des fonctions, notamment de révocation, seule est
imposable la fraction des indemnités qui excède les montants définis au deuxième alinéa du
1 du même article pour les salariés, soit :

- la moitié des indemnités, retenue dans la limite de 2 350 000 F ;


- le double de la rémunération brute annuelle de l'année civile précédant la cessation des
fonctions, retenue dans la même limite.
La plus élevée de ces deux limites constitue le seuil de taxation, dans la mesure
où elle n'excède pas le plafond de 2 350 000 F.

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Pour faciliter la transmission des PME et des sociétés non cotées, il serait souhaitable que
cette exonération s'applique également aux indemnités de départ perçues par un dirigeant
qui s'engagerait à transmettre son entreprise, dès lors qu'il atteindrait une limite d'âge à
déterminer, mais qui pourrait être alignée sur celles retenues pour les donations (65 ou
75 ans).

B/ AMELIORER L'ENVIRONNEMENT DE LA TRANSMISSION D'ENTREPRISE PAR VOIE DE


SUCCESSION OU DE DONATION

1. Poursuivre l’allègement des droits de succession

Les adaptations apportées aux droits de succession par les lois de finances pour 2000 et
2001 sont une avancée indéniable dans la voie d’un réel allègement de la fiscalité des
transmissions d’entreprise à titre gratuit.

Mais seule une modération des taux d’imposition (doublés en 1984) permettra de rétablir une
situation plus conforme aux exigences d’une économie moderne.

Proposition n° 18
Améliorer les dispositifs en vigueur en repoussant, pour une génération donnée, la
perception des droits de mutation au moment où l’entreprise, ou les titres qui la
représentent, sont cédés par les héritiers ou donataires et les liquidités réellement
encaissées par eux.

Par ailleurs, la condition de conservation des biens qui composent l’entreprise individuelle ou
des titres sociaux devrait être assouplie, en vue de permettre une adaptation de l'activité de
l'entreprise à l'évolution de son marché et, le cas échéant, une modification de la
composition de ses actifs immobilisés.

2. Encourager la transmission anticipée de l’entreprise

Il devient paradoxal de constater que la transmission par succession bénéficie d'une


réduction de la base taxable de moitié (sous certaines conditions), alors que la donation qui
doit continuer à être encouragée, n'ouvre droit qu'à des réductions d'impôt qui se trouvent
moins avantageuses si le donateur est âgé de plus de 65 ans. De plus, sauf modifications

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législatives, plus aucune réduction ne sera appliquée à compter du mois de juin 2001 si le
donateur est âgé de plus de 75 ans ; une succession subite sera alors moins imposée qu’un
retrait aménagé du chef d’entreprise.

Propositions n°s 19 et 20
Afin d'inciter les chefs d'entreprise à organiser leur succession de leur vivant,
harmoniser ou à tout le moins rapprocher le régime des donations avec celui des
transmissions par voie successorale.

A défaut d’étendre l’abattement de 50% (applicable jusqu’à 65 ans) à toutes les


donations -dans le but d’avantager les transmissions anticipées -, maintenir et
pérenniser l’abattement provisoire de 30% au-delà de 75 ans semble s’imposer.
Étendre l’exonération de moitié à toutes les donations répondant aux conditions des
successions d’entreprise.

3. Améliorer la solvabilité du repreneur

Pour éviter que la reprise ou la transmission n’échoue par manque de liquidités suite au
paiement des droits de mutation, un certain nombre de mesures peuvent être proposées, en
particulier pour lever certaines incertitudes fiscales liées à l’évaluation.

Proposition n° 21
Permettre la déductibilité du résultat des sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés,
des droits de succession en cas de transmission de la société.

Actuellement, en cas de transmission d’une entreprise individuelle, les droits de succession


sont déductibles du résultat taxable lorsque l’héritier ou le donataire poursuit
personnellement l’exploitation. En vertu du principe de neutralité des formes juridiques, la
CCIP souhaite une harmonisation de ces règles de déductibilité en faveur des sociétés
soumises à l’impôt sur les sociétés.

Proposition n° 22
Taxer la nue-propriété en fonction de sa valeur réelle et non de la valeur théorique.

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Les donations avec réserve d'usufruit qui permettent au donateur de garder le contrôle de
l'entreprise tout en transmettant le capital, autoriseraient ainsi de gérer au mieux la situation
intermédiaire et la transmission rationnelle du pouvoir. Force est cependant de constater que
ces opérations sont actuellement taxées dans des conditions non satisfaisantes compte tenu
de l'art 762 du Code Général des Impôts (CGI) duquel il résulte que l'évaluation de la nue-
propriété transmise ne correspond plus à la réalité économique.

Cette situation conduit parfois les intéressés à mettre en place des schémas de transmission
complexe (apport de nue-propriété à une société, suivi d'une donation des titres de cette
dernière). Ces schémas sont actuellement discutés par l'administration fiscale et sont
générateurs d'une grande insécurité pour les intéressés.

Il conviendrait donc d'adopter sur ce point une position plus réaliste permettant de ne taxer la
nue-propriété qu'en fonction de sa valeur réelle et non de la valeur théorique résultant d'un
barème établi au début du siècle dans un contexte économique totalement différent du nôtre.

Proposition n° 23
Insérer, dans le CGI, une disposition permettant de revoir l'assiette des droits de
succession lorsqu’à la suite du décès du chef d’entreprise, cette dernière perd une
partie substantielle de sa valeur dans les deux ans qui suivent.

Proposition n° 24
Déduire les intérêts d'emprunts contractés pour l'acquisition de parts de société.

La jurisprudence constante du Conseil d’Etat refuse la déductibilité des intérêts d'emprunt


souscrits pour acquérir les actions d'une société au travers de laquelle est exploité un fonds
commercial, industriel, agricole ou libéral. Seuls les contribuables exerçant sous la forme
d'une société de personnes ou d'un groupement assimilé dont les résultats sont directement
imposables à leur nom sont autorisés à imputer, sur la part des bénéfices sociaux
imposables à leur nom, les frais et intérêts d'emprunts contractés pour l'acquisition de leurs
droits sociaux.

Dans la pratique cette difficulté est résolue le plus souvent par la mise en place d'une société
holding qui se porte elle-même acquéreur des actions et emprunte directement les fonds
pour assurer le financement de l'opération ; la déductibilité des intérêts d'emprunts est alors
organisée au niveau de la société holding. L’admission d’une déductibilité directe ne

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représenterait donc pas une charge nouvelle pour le trésor. En revanche, elle simplifierait
considérablement la mise en place des structures de reprise.

Il conviendrait de permettre une déductibilité des frais financiers exposés par les associés de
sociétés passibles de l’I.S. pour l'acquisition de leurs droits sociaux. Une telle mesure
éviterait la mise en place de structures qui en définitive permettent d'obtenir l'avantage fiscal
mais compliquent considérablement l'opération d'acquisition.

Ø Pérenniser et augmenter le crédit d'impôt pour l’augmentation de capital des


sociétés non cotées

Une réduction d'impôt est accordée aux personnes physiques qui effectuent, entre le 1er
janvier 1994 et le 31 décembre 2001, des versements au titre de la souscription en
numéraire au capital initial et aux augmentations de capital des sociétés non cotées (CGI,
art. 199 terdecies-OA).

Cette réduction d'impôt est égale à 25% du montant des versements effectués au cours de
l'année d'imposition. Ces versements sont retenus dans la limite annuelle de 37.500 F (pour
les contribuables célibataires, veufs ou divorcés) ou de 75.000 F (pour les contribuables
mariés soumis à une imposition commune).

Cette mesure est de nature à favoriser la transmission d'entreprise dans la mesure où elle
permet de "capter" l'épargne des particuliers en les incitant à investir dans les PME non
cotées.

Proposition n° 25
Reconduire cette mesure au-delà du 31 décembre 2001 et de prévoir une
augmentation significative de la limite des versements effectués ;
Aligner les montants de l'investissement maximum sur celui du FCPI, soit 75 000 ou
150 000 francs (5.800 ou 11.600 €).

Proposition n° 26
Exonérer le repreneur des droits de mutation en cas de faillite.

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Si l'entreprise est contrainte à la liquidation ou au redressement judiciaire assorti d'un plan
de cession, dans les deux ans suivant la reprise, le premier repreneur pourrait être
remboursé des droits de mutation qu'il a versé et exempté de ceux qu'il lui reste à verser.

Proposition n° 27
Faciliter le retrait de l'immobilier du bilan de l'entreprise cédée.

L'acquéreur souhaite généralement consacrer la disponibilité de la totalité de ses capitaux à


l'outil de travail proprement dit. Le vendeur, quant à lui, peut souhaiter retirer l'immobilier afin
de constituer, par la location, un complément de retraite. Or, ces opérations s'avèrent
extrêmement coûteuses et dissuasives sur le plan fiscal.
Des dispositions s'inspirant de l'esprit de l'article 239 bis B du CGI (liquidation de
sociétés inactives) pourraient être envisagées.

C/ CONSERVER EN CAS DE TRANSMISSION, L'EXONERATION DE L'OUTIL DE TRAVAIL AU


REGARD DE L'ISF

Le mode de calcul du seuil de participation de 25 % qui conditionne l’exonération d’ISF au


titre de l’outil de travail ne tient pas compte de la situation particulière des transmissions
d’entreprises et notamment des PME.

En effet, en cas de cession progressive du capital, la condition d’une détention d’au moins
25% ne se trouve plus remplie alors que le bien présente toujours les caractéristiques de
l’outil de travail, mais d’un outil de travail en cours de cession.

Proposition n° 28
Considérer comme des biens professionnels, les parts ou actions issues d’un
patrimoine exonéré et qui font l’objet d’une transmission échelonnée, à condition que
le nouveau propriétaire des titres s’engage à respecter, dans un délai de 8 ans,
l’ensemble des conditions d’exonération. Pendant ce délai, les titres conservés en la
possession du cédant continueraient à bénéficier de l’exonération.

Plus globalement, les limitations apportées au plafonnement de l’ISF par rapport au revenu à
compter de 1996 ont eu pour effet de rendre très faible voire négatif le revenu net après
impôt de certains contribuables (l’impôt total étant parfois supérieur au revenu).

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Il convient de revenir à des modalités plus réalistes et plus justes, tenant compte du
fonctionnement des entreprises, en supprimant cette limitation du plafonnement de l’ISF et
aménageant les modalités d’exonération des biens professionnels.

Propositions n° 29 et 30
Prendre en compte les transmissions échelonnées, de manière à lever les obstacles à la
mobilité des facteurs de production.
Étendre l'exonération aux participations minoritaires rassemblées dans un "pacte
d'associés ou d'actionnaires" représentant au moins 25 % des droits financiers et de vote,
centré sur l'engagement de conserver les titres au moins 8 ans.

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Annexe : Tableau comparatif européen

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PAYS TAUX ET MONTANT DES DROITS PAR PART REGIMES SPECIFIQUES AUX TRANSMISSIONS D’ENTREPRISES
ALLEMAGNE • Conjoint, ligne directe, repreneurs d’entreprise: de 7 % Si transmission d’une entreprise ou d’une participation supérieure à 25% dans une
(- DM 100 000) à 30 % (+ DM 50M). – abattement de DM société de capitaux cotée ou non: abattement de DM 500 000 sur la valeur de l’actif et
600 000 (conjoint) (+ 500 000) ou 400 000 + 100 000 à de 40 % sur la fraction excédant DM 500 000, remis en cause si dans les 5 ans suivant
20 000 selon l’âge. la transmission, une cession partielle ou globale de la participation sont constatées.
• Collatéraux, alliés et conjoint divorcé: de 12 % à MODALITES DE PAIEMENT : différé de 10 ans si la succession comprend une
40 %. entreprise individuelle ou des parts de société de personnes, si cela est nécessaire au
Abattement de DM 20 000. maintien de l’entreprise ou de la société.
• Autres : de 17 % à 50 %.
AUTRICHE Conjoint survivant, descendants en ligne: de 2 (- 100 000 Abattement spécifique aux transmissions d’entreprises: abattement de 5 millions de
SCH) à 15 % (+ 60 M SCH). – abattement de 30 000 SCH. SCH sur la valeur nette des entreprises individuelles et des parts de sociétés de
• Descendants des enfants du défunt: de 4 à 25 % - personnes et participations supérieures à 25 % dans des sociétés de capitaux, à
30 000 SCH. condition que l’entreprise ou la participation ne soit pas cédée dans les 5 ans suivant la
• Ascendants et collatéraux: de 6 à 40 % - 6 000 SCH. date du décès.
• Alliés, neveux et nièces: de 8 à 50 % – 6 000 SCH.
• Autres : de 14 % à 60 % - 1 500 SCH.
BELGIQUE Wallonie et Bruxelles-Capitale : CAS DES ENTREPRISES FAMILIALES:
• En ligne directe et entre époux en ligne directe et entre • Wallonie :
époux : de 3% (- 500 000 BEF) à 30% (+ 20 M BEF). Taux fixé à 3% pour la part se rapportant à une universalité de biens d’entreprise
• entre frères et sœ urs : de 20% (-500 000 BEF) à 65% individuelle ou d’une société ayant son siège dans l’UE, avec le respect de certaines
(+ 7 M BEF). conditions (poursuite de l’activité pendant 5 ans, maintien d’au moins 75% des salariés,
• entre oncles/tantes neveux/ nièces : de 25% (-500 000 pas de diminution des avoirs investis pendant 5 ans).
BEF) à 70% (+7 M BEF)
• autres personnes : de 30% (-500 000 BEF) à 80% (+7 • Flandre :
M BEF) Plus de droits de succession sur la valeur nette des actifs d’une entreprise individuelle
Avec abattement de 500 000 BEF en ligne directe. ou des parts ou créances dans une société de famille dont le siège de direction effective
est dans l’UE. Condition : 50% des actifs ou des actions doivent avoir appartenu au
Flandre : défunt ou groupe familial pendant les 3 ans précédent le décès; maintien du capital, ou
• en ligne directe et entre époux: de 3% de 0 à 2 M patrimoine investi et des créances pendant 5 ans; au moins 5 salariés de la région
BEF ; 9% de 2 M BEF à 10 M BEF ; 27% au delà. flamande dans les 3 ans précédent le décès; maintien d’un niveau d’emploi moyen dans
• Entre cohabitants : 10% de 0 à 3 M BEF ; 35% de 3 M la région flamande dans les 5 ans qui suivent.
de BEF à 5 M BEF ; 50% au delà.
• entre frères et sœ urs : 30% de 0 à 3 M BEF ; 55% de 3 • Bruxelles-Capitale :
M de BEF à 5 M BEF ; 65% au delà. Taux de 3% sur la part nette détenue dans une PME (- de 250 salariés; CA - 262 MBEF
• autres personnes : 45% de 0 à 3 M BEF ; 55% de 3 M ou actif net –177MBEF ; capital détenu à 75% par des PME)Conditionsà remplir
de BEF à 5 M BEF ; 65% au delà. pendant 5 ans : poursuite de l’activité en Belgique; maintien d’au moins 75% du nombre
Réduction d’impôt dégressive (20 000 BEF maximum en
ligne directe). MODALITÉS DE PAIEMENT : Si la réalisation immédiate des biens crée un préjudice
aux ayants droits ou s’il s’agit de biens professionnels exploités, fractionnement sur 5
ans maximum, avec intérêt légal.

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DANEMARK Après abattement de 203 500 DKR, la masse successorale Les biens sont évalués à leur valeur vénale.
est imposée au taux de 15%. Cependant, les actifs d’une entreprise individuelle reprise par les enfants, petits-enfants,
Droit supplémentaire dû sur chaque part revenant aux frère ou sœ ur de l’exploitant décédé peuvent être évalués selon la valeur comptable si
ayants droit autres que la proche famille. celle-ci est inférieure.
ESPAGNE Barème d’Etat (si les communautés autonomes n’ont pas Abattement égal à 95 % de la valeur d’une entreprise familiale (ou de l’usufruit) ou d’une
institué de barème particulier): de 7,65 à 34%.(au delà de profession libérale transmise au conjoint survivant ou aux héritiers en ligne directe (si
132 702 000 pesetas). maintien de l’entreprise pendant 10 ans) et à défaut, des descendants et collatéraux
jusqu’au 3e degré.
L’impôt est ensuite majoré d’un coefficient variant selon la
valeur du patrimoine de l’ayant droit et son degré de Abattement égal à 95 % du montant des participations ou de l’usufruit égales ou
parenté avec le défunt (de 1 à 2,4). Les communautés supérieures à 15 % dans le capital de sociétés commerciales dans laquelle le défunt
autonomes peuvent appliquer des coefficients particuliers. exerçait une activité de direction dont il retirait plus de 50% de ses revenus
professionnels si transmission au conjoint survivant ou aux héritiers en ligne directe (si
maintien de l’entreprise pendant 10 ans) et à défaut, des descendants et collatéraux
jusqu’au 3e degré.
La Catalogne applique des abattements particuliers en faveur des transmissions
d’entreprise.
FINLANDE Au delà de 20 000 marks. Modalités particulières de paiement pour la transmission à titre gratuit d’une entreprise
• Conjoint survivant, enfant ou ses héritiers directs, individuelle : l’administration peut renoncer, sur demande, à percevoir les droits (quand
ascendant : de 10 à 16%. ils excèdent 5000 marks) lorsque les ayants droit s’engagent à poursuivre l’exploitation
• Collatéraux et leurs ascendants directs: de 20 à 32%. pendant au moins 5 ans à compter de la date du décès.
• Autres : de 40 à 64%.
La cession de l’entreprise avant l’expiration du délai de 5 ans donne lieu à la perception
des droits normalement dus, augmentés de 20%.
Si la remise des droits n’est pas accordée, un étalement de la durée de paiement peut
être obtenu, sans intérêt.
FRANCE En ligne directe et entre époux, de 5 à 40% (+ 11 200 000 Exonération de droits de succession, à concurrence de la moitié de leur valeur, des
F). transmissions par décès, de parts ou d’action de sociétés exerçant une activité
• Entre frères et sœ urs : industrielle, commerciale ou artisanale, ainsi que des biens affectés à l'exploitation
- fraction de part nette taxable n'excédant pas 150 000 F: d'entreprises individuelles.
35 %
- fraction de part nette taxable supérieure à 150 000 F: 45 Cette exonération est soumise à la condition que les titres transmis fassent l’objet, avant
% le décès, d’un engagement collectif de conservation des titres pendant au moins deux
• Entre parents jusqu'au 4e degré inclusivement: 55 % ans. En outre, chaque héritier doit s’engager individuellement à conserver les titres reçus
• Entre parents au-delà du 4e degré et entre personnes pendant six ans à compter de l’expiration de l’engagement collectif.
non parentes : 60 % En cas de transmission par décès d’une entreprise individuelle, le bénéfice de
l’exonération est subordonné à la détention de l’entreprise depuis plus de deux ans par
le défunt.

En outre, chaque héritier doit s'engager dans la déclaration de succession, pour lui et
ses ayants cause, à conserver l'ensemble des biens affectés à l'exploitation pendant une
durée de six ans à compter de la date du décès.

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SECONDE PARTIE : PROPOSITIONS FISCALES D’AMELIORATION DE LA

TRANSMISSION D’ENTREPRISE

I - Alléger la fiscalité du cédant dans les transmissions à titre onéreux

9 En matière de droits de mutations sur cession de fonds de commerce, aligner


les cessions de fonds de commerce et des parts de sociétés sur les cessions
d’actions (taux de 1 % avec un maximum de 20 000 F (3049 euros), dans le droit
fil des améliorations que nous avons connues ces dernières années ;

10 Aligner le régime des plus-values sur fonds de commerce sur celui des plus-
values immobilières, en réduisant le montant des plus-values de 5 % par année de
détention au-delà de la deuxième, et en revalorisant le prix d'acquisition par
application des coefficients d'érosion monétaire de variation en fonction de l'indice
annuel des prix à la consommation. Cette dernière méthode a pour avantage de
donner une image plus fidèle de la plus-value effectivement réalisée ;

11 Pour rendre l’exonération des petites entreprises plus efficace, revenir sur
l’interprétation de l’administration en matière de plus-values ;

12 Relever les limites d’application, de manière raisonnable, au triple des limites du


régime micro entreprise, soit 1.500.000 F (228.400 euros) pour les ventes et
525.000 F (81.000 euros) pour les prestations de services, dans une première
étape (au lieu du double actuellement) ;

Ainsi les limites d'application du régime simplifié d'imposition, soit 5.000.000 F


(763.000 euros) pour les ventes et 1.500.000 F (230.000 euros) pour les
prestations de services seraient bien entendu encore plus appropriées ;

13 Adapter le paiement de l’impôt aux modalités de paiement du prix, en étalant


l'impôt sur les plus-values en cas de paiement échelonné du prix de cession et en
adaptant la législation sur les plus-values pour tenir compte des clauses sur la
variation du prix de cession.

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GRECE • Conjoint, enfants et parents : de 0 à 25%. Pas de disposition spécifique
• Petits enfants, grands parents, collatéraux, neveux,
nièces : de 0 à 35%.
• Beaux parents, parents adoptifs: de 0 à 50%.
• Autres : de 0 à 60%.
IRLANDE Conjoint exonéré. Pas de disposition spécifique
Taux proportionnel de 20% au delà d’un abattement
personnel (£ 300 000 pour parents et enfants, £ 30 000
pour les collatéraux, £ 15 000 pour les autres) + taxe
complémentaire de 2% de l’actif successoral taxable
supérieur à £ 40 000 sauf exception .
ITALIE Conjoints, parents en ligne directe: de 10% au delà de 500 En cas de transmission des actifs immobiliers des entreprises familiales artisanales,
millions de lires à 27% au delà de 3 milliards de lires, sur réduction d’impôt de 40% dans la limite de 200 millions de la valeur de l’immeuble si
l’actif net global. l’héritage est en faveur du conjoint ou d’un parent direct jusqu’au 3e degré et qu’il soit
également artisan.
Pour les autres ayants droit, l’impôt est augmenté sur Idem (-40% sans plafond) si transmission d’une entreprise individuelle ou de parts de
chaque part nette, en fonction du degré de parenté, de 3 à sociétés de personnes située dans une commune de montagne de moins de 5000
33%. habitants.
Le montant des droits peut être échelonné pour un maximum de 80% de l’impôt sur une
période maximale de 5 ans moyennant un intérêt moratoire.
LUXEMBOURG Le taux de base varie, selon le degré de parenté, l’absence Pas de disposition spécifique
ou la présence d’un testament (en ligne directe) et la qualité
de résident ou pas. Il varie de 2%(ligne directe sans
testament) à 15% (sans lien de parenté).

Majoration des taux si la part nette excède 400 000 LUX,


par application d’un pourcentage allant de 10% (de 400 000
à 800 000 LUX) à 220% (au delà de 70 millions FLUX).
PAYS-BAS Après application d’abattements variables. Les éléments incorporels du fonds de commerce sont exonérés si ils ne constituent pas
• Conjoint, cohabitant, enfants:de 5% à 27% (l’impôt dû des éléments de l’actif immobilier d’une entreprise.
par les descendants au 2e degré est augmenté de 60%). Les droits relatifs à la transmission d’une entreprise individuelle peuvent ne pas âtre
• Frères, sœ urs, ascendants directs : de 26% à 53 %. réclamés, à hauteur de 25% de leur montant, si l’exploitation est poursuivie par l’ayant
• Autres : de 41% à 68 %. droit pendant au moins 5 ans à compter de la date du décès.

Le même régime s’applique aux transmissions de participations substantielles (sup ou


égales à 5%) dans le capital d’une société lorsque la participation est conservée pendant
au moins 5 ans.

Par ailleurs, le report du paiement des droits pour la transmission d’une entreprise
individuelle ou d’une participation sup ou égale à 5% est accordé, sans intérêt, pour 10
ans lorsque les autres biens transmis ne suffisent pas à régler les droits relatifs à la
transmission de l’entreprise ou de la participation.

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PORTUGAL Imposition des parts : Exonération des actions et obligations dont les dividendes et intérêts sont soumis à
• Enfants de – de 18 ans ou invalide: de 4 à 23 % l’impôt de substitution sur les successions.
(abattement 700 000 ESC).
• Conjoints et autres descendants: de 6 à 25 %
(abattement 700 000 ESC).
• Ascendants, et frères et sœ urs : de 7 à 32 %
(abattement 350 000 ESC)
• Oncles, tantes, nièces et neveux: de 13 à 45%
(abattement 350 000 ESC).
• Autres : de 16 à 50%.(abattement 70 000 ESC).
ROYAUME-UNI Taux unique, sur l’actif net, au-delà de £ 234000, de 40 %. Abattements sur les actifs professionnels, si détention par le défunt pendant les 2 ans
précédant son décès :
Abattement de 100% pour les entreprises individuelles, les participations dans des
sociétés autres que de capitaux et les participations sup. à 25% dans les sociétés non
cotées détenues sans interruption pendant au moins les deux ans précédents le décès.
Abattement de 50 % pour les participations inf. ou égales dans des sociétés non cotées
ou assurant le contrôle de sociétés cotées et aux immeubles bâtis et équipements
affectés à l’activité d’une société de capitaux contrôlée par le défunt ou d’une société de
personnes dont le défunt était associé
Fractionnement en 10 versements annuels égaux, sur demande, des droits
correspondant aux entreprises individuelles et participations assurant le contrôle d’une
société, actions non cotées n’excédant pas £ 20 000, actions non cotées dont les droits
de succession représentent au moins 20% des droits relatifs aux actifs bénéficiant du
paiement fractionné, ou si le paiement immédiat des droits relatifs à ces actions
causerait de graves difficultés financières à la succession. Intérêt exigible au taux annuel
de 5%.
SUEDE De 10 à 30%, avec des abattements et des tranches variant Evaluation :
avec le rang de l’héritier (3 classes: époux et enfants ; Actions cotées : 75% de la valeur de cotation.
autres héritiers ; collectivités locales et associations) ) et le Actions non cotées : 30% de l’évaluation.
montant de la part. Actifs industriels et commerciaux: 30% de la valeur vénale

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