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Les entreprises sont les principales actrices de la vie économique. Ainsi chaque entreprise
est mue par un objectif de développement afin de vivre et survivre à la concurrence qui
caractérise le marché économique. C’est pourquoi, de nos jours, les entreprises adoptent
des modes de gouvernance modernes et rigoureux, car la moindre mauvaise gestion peut
conduire à une situation peu ou prou grave. Laquelle situation peut aboutir au mieux à un
redressement judiciaire et au pire à une liquidation des biens de l’entreprise conformément
aux procédures collectives consacré par le droit OHADA.
En effet, pour éviter de telles déconfitures et tenir sa place et son rôle dans le milieu
économique, l’entreprise doit s’assurer une capacité financière tout au long de sa vie.
C’est-à-dire de sa création à un statut de major en passant par sa phase de développement.
Car, faut-il le souligner, seul un financement disponible et suffisant peut permettre à
l’entreprise de faire les investissements nécessaires à son accroissement, seul gage d’une
survie dans un environnement de plus en plus concurrentiel.
Le module du droit de financement de l’entreprise permet de voir les règles et les
modalités de financement des activités des entreprises. Mais avant voyons auelques
concepts relatifs au module.
Droit: il est entendu comme l’ensemble des règles qui régissent les rapports des hommes
en société. Il s’agit ici des règles qui régissent le financement des entreprises.
Financement : C’est la réunion de fonds nécessaires à la réalisation d’une opération (achat
d’un immeuble par exp.) moyennant le plus souvent le recours au crédit ou parfois le
recours à l’autofinancement. C’est procurer des ressources financières ou capitaux (pour
une activité, une entreprise, un projet, une institution, …); C’est donc disposer des
ressources nécessaires sur le plan pécuniaire.
Entreprise : elle peut être définie comme un ensemble cohérent de moyens humains et
matériels regroupés, quelle que soit la forme juridique de ce regroupement, en vue de
l’exercice d’une activité régulière participant à la production ou à la circulation des
richesses, autrement dit une activité économique.
C’est donc une entité économique combinant des facteurs de production (capital, travail,
matières premières…) dans le but de produire des biens et services destinés à être vendu
sur le marché.
Au titre de financement, il faut noter que l’entreprise sociétaire doit se doter déjà, à sa
création, de moyens financiers par le biais du capital qu’apportent ses membres. Mais
c’est surtout au cours de son existence que l’entreprise a plus besoin de financement pour
son évolution, tantôt pour investir dans les nouvelles opportunités qui s’offrent à elle,
tantôt pour faire face au déficit généré par des investissements précédents. Il faut noter
qu’il y a souvent un décalage entre les premiers investissements liés à l’installation et au
démarrage de l’entreprise d’une part et les premières recettes générées par l’activité de
celle-ci d’autre part. Or entre ces deux phases, l’entreprise peut avoir un besoin de fonds
de roulement. Partant, l’entreprise sociétaire va user de divers modes de renflouement de
sa trésorerie et d’assainissement de sa gestion.
En effet, pour accroître sa capacité financière, elle peut faire recours à l’augmentation de
son capital en sollicitant les associés ou d’autres adhérents. Aussi peut-elle financer ses
activités en utilisant les fonds mis à sa disposition par les associés à travers les comptes
courants d’associé. Par ailleurs la société peut procéder par appel de fonds extérieurs à
travers divers canaux que sont notamment l’émission d’obligations et autres contrats de
financement avec des institutions financières.
De la réussite du financement adéquat de l’entreprise dépendront son développement et sa
pérennité ; d’où la nécessité pour les dirigeants sociaux et leurs collaborateurs de maîtriser
les modes et techniques de financement des structures économiques dont ils ont la charge.
Ici la réduction du capital vise souvent à assainir la situation financière de la société. Situation
rendue difficile par des pertes d’actifs.
Ainsi, capital social et capitaux propres ne coïncident pas forcément et bien souvent les
sociétés présentent un « haut de bilan » avec des pertes comptables très importantes. En effet,
lorsque les pertes sont imputées sur les réserves y compris la réserve légale, sans pouvoir
absorber la totalité desdites pertes, ces dernières entament la substance du capital social. Ce
qui fait que les capitaux propres deviennent inférieurs au montant du capital social et pour
remédier à cela, les dirigeants ont souvent recours à la réduction du capital.
Bien souvent, il ne s’agit pas d’une réduction isolée, mais d’une réduction suivie d’une
augmentation du capital, c’est ce qu’on appelle le « coup d’accordéon » : Dans un premier
temps, les pertes sont imputées sur le capital ; la réduction du capital à zéro ou à un montant
déterminé va entraîner une annulation des titres sociaux (actions ou parts sociales) existants
ou d’un certain nombre d’entre eux. Dans un second temps, le capital est augmenté par
émission de titres nouveaux en numéraire réservées à un nouveau partenaire. Comme on le
constate, le « coup d’accordéon » est un moyen qui permet de restructurer des sociétés en
difficulté. Il s’accompagne parfois au préalable de la valse de dirigeant et permet l’entrée de
nouveaux associés disposant d’argent frais.
Deux modes de réduction du capital sont prévus : la réduction du nominal des actions ou parts
sociales ou bien la diminution du nombre des actions ou parts sociales.
En aucun cas, la réduction du capital ne peut porter atteinte à l’égalité des associés (sauf
consentement exprès des actionnaires pour la SA). Elle est décidée ou autorisée par l’AGE.
Les créanciers de la société ne peuvent pas s’opposer à la réduction du capital motivée par des
pertes.
Le projet de réduction est communiquer commissaire aux comptes 45 jours avant la tenue de
l’AGE pour la SA et 30 jours pour la SARL s’il existe un commissaire aux comptes. Il fait
connaître son appréciation sur les causes et conditions de la réduction.
Le capital ne peut être réduit au-dessous du minimum légal c'est-à-dire 1 000 000 FCFA pour
la SARL (100 000 FCFA au Sénégal) et 10 000 000 ou 100 000 000 FCFA pour la SA.
Si, du fait de pertes constatées dans les états financiers de synthèse, les capitaux propres de la
société deviennent inférieurs à la moitié du capital social, le gérant ou le cas échéant le
commissaire aux comptes pour la SARL d’une part et le conseil d’administration ou
l’administrateur général pour la SA d’autre part doivent convoquer, dans les quatre mois qui
suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître les pertes, une AGE à l’effet de se
prononcer sur une dissolution anticiper de la société.
Si la dissolution est écartée, la société est tenue dans les deux ans qui suivent l’exercice
déficitaire, de reconstituer les capitaux propres jusqu’à hauteur au moins de la moitié du
capital social.
A défaut de reconstituer les capitaux propres, la société est tenue de réduire son capital social
d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu être imputées sur les réserves, à la
condition que cette réduction du capital ne ramène celui-ci à un montant inférieur au capital
minimum légal. En cas d’inobservation de ces mesures tout intéressé peut demander à la
juridiction compétente de prononcer la dissolution de la société. Seulement pour la SA la
juridiction saisie peut accorder un délai maximal de six (6) mois pour régulariser la situation.
Aussi bien dans la SA que la SARL, la juridiction compétente ne peut prononcer la
dissolution de la société si au jour où elle statue sur le fond, la cause de dissolution a cessé,
c'est-à-dire si la situation est régularisée.
La reconstitution se fait selon la formule suivante :
Soit X = Augmentation minimal du capital à réaliser
C - L’AMORTISSEMENT DU CAPITAL
L’amortissement du capital consiste à rembourser aux actionnaires tout ou partie du montant
de leurs action à titre d’avance sur le produit de la liquidation future de la société. En droit
OHADA l’amortissement n’est prévu que pour la SA.
Il est décidé par l’AGO lorsque les statuts l’ont prévu, en cas de silence des statuts c’est
l’AGE qui est compétente pour en décider.
L’amortissement n’entraîne pas la réduction du capital. Les sommes utilisées proviennent des
bénéfices ou des réserves non statutaires. En aucun cas elles ne peuvent être prélevées sur les
réserves légales ; en ce qui concerne le prélèvement sur les réserves statutaires, cela nécessite
la décision de l’AGE.
Les actions intégralement amorties sont dites « actions de jouissance », cela signifie que les
actionnaires ont récupéré la totalité de leur mise initiale. Qu’elles soient intégralement ou
partiellement amorties, ces actions perdent, à concurrence du montant remboursé, le montant
du premier dividende et au remboursement du nominal de leurs actions ; mais elles conservent
tous leurs autres droits (droit de vote, droit à l’information, droit au boni de liquidation, droit
aux actions en cas d’incorporation de réserves, …etc.).
Lorsqu’une société possède en même temps des actions de capital (actions non remboursées)
et des actions de jouissance, des confusions peuvent apparaître entre les deux catégories
d’actions surtout lorsque la société est cotée. C’est pourquoi la société et les actionnaires
peuvent avoir intérêt à ce que le régime de toutes les actions soit unifié par reconversion des
actions de jouissance en action de capital. Dans ce cas, le maintien de l‘égalité entre
actionnaires impose aux propriétaires d’actions amorties le reversement à la société du
montant qu’ils ont perçu lors de l’amortissement.
À souligner enfin que l’amortissement du capital est très rare en pratique car la nécessité
d’augmenter les sources de financement des sociétés pour renforcer leur potentiel économique
est peu compatible avec la distribution à titre d’amortissement de capital.
En complément de leur apport, le compte courant permet aux associés de financer une société.
On parle dans la pratique d’avances en compte courant, voire d’apports en compte courant. Il
s’agit de simples prêts consentis à la société par les associés Il est fréquemment pratiqué aussi
bien dans les petites sociétés pour remédier à l’insuffisance des fonds propres que dans les
groupes de sociétés pour en générer la trésorerie.
Mais l’autorisation n’est pas nécessaire lorsque les conventions portent sur des opérations
courantes conclues à des conditions normales.
– Les opérations courantes sont celles effectuées par la société d’une manière habituelle dans
le cadre de son activité. Elles doivent, d’une part, être celles dont la réalisation relève de
l’objet social et, d’autre part, être accomplies habituellement par la société.
– Les conditions normales sont celles qui sont appliquées à des conventions semblables dans
la société en cause ou, éventuellement dans des sociétés du même secteur d’activité : les
obligations qui en découlent doivent être du même ordre que celles habituellement dues par la
société dans ses rapports avec les tiers.
Pour les comptes courants, l’appréciation de la normalité d’une convention conclue avec un
associé se fait à partir des opérations pratiquées par la société avec ses partenaires extérieurs.
L’avance en compte courant ne doit pas être conclue à des conditions plus onéreuses que les
financements extérieurs.
De tels pactes ont une importance toute particulière dans les sociétés cotées puisqu’ils
constituent un moyen efficace pour les actionnaires de se protéger contre certaines offensives
boursières telles les offres publiques inamicales.
La pratique fait appel aux pactes d’actionnaires car ils présentent de nombreux avantages,
notamment la possibilité de faire échapper leurs membres à certaines dispositions
contraignantes de la réglementation des sociétés par actions et, tout particulièrement, des
sociétés faisant appel public à l’épargne.
Ce cours étant relatif au financement, l’étude des pactes d’actionnaires va se limiter à ceux
relatifs au capital social qui régulent l’entrée de nouveaux associés (section A) ou figent
l’actionnariat (section B).
A- LES PACTES D’ASSOCIES CONTRÔLANT L’ENTRÉE DE NOUVEAUX
ACTIONNAIRES
Ce sont des pactes qui comportent des clauses destinées à contrôler l’entrée de nouveaux
associés soit en l’absence de toute variation du capital (A) soit à l’occasion d’une
augmentation de celui-ci (B).
1 - LE CONTRÔLE EN L’ABSENCE DE TOUTE VARIATION DU CAPITAL
Ce sont des pactes qui comportent des clauses soit de préemption (1), soit d’agrément (2).
- Les clauses de préemption
Ce sont des clauses qui offrent le droit de recevoir en premier une offre de vente. Elles ont
pour objectif principal de contrôler la répartition du capital. Avant tout projet de cession,
chaque associé doit notifier aux autres son intention de céder, en indiquant le nombre
d’actions ou de parts dont la cession est envisagée.
Ces clauses procèdent de la liberté contractuelle. Elles font naître des options d’achat au profit
de personnes connues sur des bases inconnues.
Le droit d’acquisition s’exerce soit au prix notifié par le cédant, soit à un prix déterminé d’un
commun accord, ou par un expert désigné soit par les parties ou par le du président de la
juridiction compétente.
Le prix peut être fixé également par le cessionnaire présenté, sur la base d’une valorisation de
la société ou tout simplement, si la société est cotée, un prix fixé en liaison avec les cours de
la Bourse.
. Modalités de mise en œuvre
La clause de préemption impose au cédant de manifester son intention d’aliéner ses titres.
Elle doit fixer les modalités de sa mise en œuvre, notamment les modes de notification, les
délais à respecter et les modalités de répartition des actions entre les bénéficiaires de la
préemption, si tous veulent acquérir les titres.
Les clauses de préférence ou de préemption prévoient souvent une élaboration progressive de
l’offre qui devra être adressée au bénéficiaire. Celui-ci pourra alors exercer son option, et
décider ou non d’acquérir.
Le bénéficiaire du droit doit être informé de l’existence de l’événement donnant naissance à
son droit d’option.
Une fois informé, celui-ci doit avoir un délai de réflexion raisonnable, mais il ne faut pas que
ce délai soit trop long pour ne pas restreindre la possibilité pour le cédant de négocier ses
actions.
. Effets
Dans les relations du promettant et du bénéficiaire, le pacte de préférence a un effet
obligatoire. Le promettant qui ne respecte pas la clause engage sa responsabilité contractuelle
envers le bénéficiaire.
Vis-à-vis des tiers, l’acte leur est inopposable et notamment au cessionnaire de bonne foi.
Celui-ci conserve les actions, et les bénéficiaires de la clause de préemption ou de préférence
n’ont droit qu’à des dommages et intérêts. Si l’acquéreur est de mauvaise foi, la cession est
nulle.
2. Les clauses d’agrément
Les clauses d’agrément soumettent la transmission d’actions à l’accord d’un organe de la
société. Si elles se comprennent mieux pour la SARL, elles constituent pour la SA, une
atteinte au principe de libre négociabilité des actions et introduisent en plus une intuitu
personae dans la société anonyme (société, a priori, ouverte). C’est pour pourquoi elles ne
sont admises que dans la SA dont toutes les actions sont sous la forme nominative.
Il faut noter que dans la SARL, la clause d’agrément peut viser aussi bien la cession entre
associés que la cession entre ces derniers et leurs proches parents (conjoint, ascendant et,
descendants), mais à condition que ces associés le décident dans les statuts, sinon la cession
entre tous ces intéressés est libre. Alors que pour la cession au tiers, si les associés ne
prévoient rien dans les statuts l’agrément s’impose. En effet, le consentement des associés non
cédants représentant les 3/4 des parts sociales est requis ; déduction faite bien entendu des
parts de l’associé cédant (Pour plus de détail, v. art. 318 à 320 AUSC).
Concernant la SA, les statuts peuvent prévoir que la transmission d’actions à titre gratuit ou à
titre onéreux aux tiers sera soumis à l’agrément du CA ou de l’AGO. Quant à la cession
d’actions entre actionnaires, elle est libre ; il ne peut y avoir de clause d’agrément, il en est de
même en cas de transmission d’actions par succession, liquidation de communauté de biens
entre époux, ou de cession soit à un conjoint, soit à un ascendant, ou un descendant (v. art.
765 à 771 AUSC). (NB : En France, depuis 2004, la clause d’agrément s’applique en cas de
cession entre actionnaires).
A travers ces clauses le pacte prévoit qu’aucun signataire ne devra détenir plus de N% du
capital de la société, ce qui permet aux associés de limiter d’avance l’influence de chacun des
signataires.
Ces clauses relatives au maintien des équilibres financiers revêtent une importance
considérable. Elles permettent d’assurer aux investisseurs que la variation du capital ne
bouleverse pas les équilibres à partir desquels ceux-ci ont calculé leur risque.