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Comment faire un apport en compte

courant d’associé ?

Léna Cazenave Mis à jour le


Diplômée d'un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle de l'Université d'Aix- 24 novembre 2023
Marseille.
Sous la direction de Pierre Aïdan, docteur en droit et diplômé de Harvard.

La distinction entre apport en compte courant d'associé et capital social est souvent
mal comprise. Dans la plupart des sociétés civiles et commerciales, un capital social
minimum doit être constitué. La loi a considérablement simplifié les choses pour
encourager la création d’entreprise. Désormais, le capital social de toute société
commerciale (à l’exception de la Société Anonyme) peut être constitué avec 1 euro
seulement !

En pratique, toutefois, les besoins de trésorerie de l’entreprise vont, dès le démarrage,


requérir des investissements en fonds propres plus importants. L’apport en compte
courant d’associé est souvent utilisé comme une alternative à l’apport en capital.

Dans ces conditions, comment ventiler au mieux entre apports en capital et apport en
compte courant d’associé ? Explications.

MINI-SOMMAIRE
Qu’est-ce qu’un apport en
compte courant d’associé ?
Le compte courant d’associé est un prêt accordé par un associé à la société, pour
optimiser le financement de l'entreprise, et de l’activité de cette dernière. Ainsi, afin de
pouvoir effectuer un apport en compte courant d’associé, il faut nécessairement être
associé (ou actionnaire) ou être dirigeant de la société. Il est possible de procéder à un
apport en compte courant d'associé bloqué ou débloqué.

Ce type d’apport se caractérise comme suit :

• l’apport en compte courant constitue un prêt. Les sommes ainsi prêtées ont pour
vocation d’être remboursées et éventuellement rémunérées ;
• l’alimentation du compte courant d’associé peut provenir de deux sources, soit de
versements réalisés par l’associé ou le gérant ayant puisé dans son patrimoine
personnel, soit de sommes dues par la société (rémunération ou dividendes par
exemple), volontairement prêtés à la société ;
• l’apport peut être consenti contre rémunération ou gratuitement. L’associé
personne physique qui consent un tel apport peut renoncer à la perception d’intérêts
d'un compte courant d'associé ;
• il est possible de procéder à un abandon de compte courant d’associé. C'est
notamment le cas lorsque la société rencontre des difficultés financières par
exemple.

☝ Bon à savoir : en l’absence de convention d’apport en courant d’associé qui


détermine les conditions de cette opération, et notamment la durée du prêt, celui-
ci est considéré comme étant à durée indéterminée.
Quelle est la différence entre
un apport en compte courant
d’associé et en capital ?
Il est impératif de bien distinguer le capital social des capitaux propres, et du compte
courant d’associé.

Le capital social correspond au montant des apports des associés. En revanche, le


montant des capitaux propres représente les ressources internes dont dispose la
société à long terme par opposition aux ressources externes comprenant notamment les
emprunts bancaires ou encore les avances en comptes courants consenties par les
associés.

Le montant des capitaux propres est obtenu en additionnant principalement le capital, les
réserves, les bénéfices non distribués des exercices antérieurs, le bénéfice de l'exercice,
les provisions réglementées et en déduisant les pertes. En résumé, voici comment sont
appréhendés les capitaux propres et le capital social du point de vue de la comptabilité :

Capitaux propres = Capital social (apports des associés) + réserves légales et


statutaires + reports à nouveau bénéficiaire + provisions règlementées – pertes
antérieures

01F
4DD À noter : lorsque le montant des capitaux propres est, en raison de pertes,
inférieur à la moitié du capital social, il faut reconstituer le capital. La société est
alors soumise à certaines obligations puisqu’elle est considérée comme étant en
difficultés.
De son côté, l’apport en courant d’associé permet aux associés de réaliser un apport au
moment de la création de la société sans pour autant venir augmenter le capital social.
Ainsi, ils renforcent les fonds propres et permettent à l’entreprise d’avoir une trésorerie.
Autre différence entre le capital social et l’apport en compte courant d’associé : le
courant d’associé est prêt qui par définition a vocation à être remboursé à la
date prévue ou à la demande de l’associé, tandis que le capital social reste dans la
société jusqu’à sa dissolution. Les associés peuvent également vendre leurs parts pour
récupérer leur apport.

☝ Bon à savoir : il est possible de réaliser un apport en compte courant d’associé


au moment de la création de l’entreprise et/ou à tout moment au cours de la vie de
la société.
Comment choisir entre apport
en compte courant d’associé et
en capital ?
Pour financer les besoins de trésorerie initiaux, les associés peuvent effectuer des
apports en capital ou des apports en compte courant d’associés. Ils peuvent également
procéder à une augmentation du capital social de l'entreprise en cours de vie. Pour
choisir entre apport en compte courant d’associé et apport en capital social, il convient
donc de connaître les avantages et les inconvénients de chacun.

Concernant l’apport en courant d’associé, les avantages et les inconvénients


sont les suivants :

Avantages de l’apport en compte Inconvénients de l’apport en compte


courant courant
Rapidité et simplicité des Peut être récupéré à tout moment par
démarches l’associé
Préférence des investisseurs pour un
Renforcer les capitaux propres
capital social important
Ne donne pas de droits de vote
Générer de la trésorerie
supplémentaires
Faciliter l’obtention d’un prêt
bancaire
Rémunérer l’associé grâce au taux
d’intérêt éventuel

☝ Bon à savoir : en principe l’associé qui prête de l’argent à la société via un


apport en compte courant d’associé peut demander le remboursement du prêt à
tout moment, dès lors que cela ne met pas en danger la santé financière de
l’entreprise.
Concernant l’apport en capital social, il permet de prouver l’implication à long terme des
associés dans la société. Cela inspire donc davantage confiance aux tiers, comme les
investisseurs, d’autant que le montant du capital social est indiqué sur les statuts et tous
les documents légaux de la société. Ce qui n’est pas le cas de l’apport en compte courant
qui n’est visible que sur le bilan de la société.

Toutefois, à moins que la société n’ait besoin d’afficher un capital social élevé, il est
intéressant de combiner apport en capital social et apport en compte courant
d’associé. Deux raisons principales à cela.

D’une part, contrairement aux fonds affectés au capital social, ceux apportés sous forme
d’apports en compte courant restent disponibles. L’apport en capital est quant à lui
bloqué sur le compte de la société pendant toute sa durée et n’est remboursé à l’associé
qu’au jour de la dissolution de la société et après tous les autres créanciers sociaux.
L’apport en compte courant, quant à lui, est en principe remboursé dès que l’associé
l’exige et dans la mesure où la trésorerie le permet.

Ainsi, lorsque les associés souhaitent constituer des fonds propres importants sans
immobiliser les sommes investies, consentir un prêt à la société sous la forme d’un
compte courant d’associé peut constituer une alternative à l’apport en capital.

À noter : l’argent récupéré par l’associé en vertu de sa créance n’est pas


01F
4DD

considéré comme une rémunération. Lorsque l’associé récupère l’argent prêté, il


ne paye dessus ni charges ni impôt.

D’autre part, en cas de pluralité d’associés, il peut être nécessaire de constituer un


capital social peu élevé dans l’hypothèse où les moyens financiers d’un des associés sont
réduits par rapport à ceux des autres. Les besoins de trésorerie de la société peuvent
être satisfaits et l’associé démuni peut conserver une part significative du capital grâce à
une avance concédée par un associé dont les moyens sont plus élevés.
☝ Bon à savoir : au cours de la vie de la société, réaliser un apport en compte
courant d’associé permet d’éviter d’avoir à réaliser les démarches liées à une
augmentation de capital social (vote des associés, mise à jour des statuts, dossier
de modification, etc), et les frais attachés. L’apport en compte courant est, en
effet, plus rapide et moins coûteux surtout s’il est accordé à titre gratuit. Toutefois,
si une durée est spécifiquement prévue dans la convention d’apport en compte
courant d’associé, ce dernier est bloqué pour toute cette durée. L’associé ne peut
pas retirer l’argent de la société avant cette date.

N'hésitez plus à combiner les deux lors de la création de votre entreprise et laissez vous
accompagner dans vos démarches pour ouvrir un compte courant d'associé !

Quelles sont les étapes pour


faire un apport en compte
courant d’associé ?
Pour procéder à un apport en compte courant d’associé, que ce soit lors de la création de
la société ou au cours de sa vie, plusieurs étapes doivent être suivies :

• le procès-verbal d’apport en compte courant d’associé ;


• la convention d’apport en compte courant d’associé (facultative) ;
• le versement de l’associé ;
• la rémunération de l’apport en compte courant d’associé (facultative).

Le procès-verbal d’apport en compte


courant d’associé
Même si l’apport en compte courant d’associé relève d’un acte volontaire de la part de
l'associé, il nécessite de recueillir l’approbation de l’ensemble des associés avant de
procéder au versement.
01F
4DDÀ noter : dans le cadre d’une société unipersonnelle (EURL ou SASU), l’associé
unique est le seul à prendre cette décision. Il lui suffit donc de l’inscrire sur le
registre des décisions de l’associé unique.

Ainsi, une assemblée générale doit être convoquée pour procéder au vote de cette
décision. À l’issue de l’AG, un procès-verbal d’apport en courant d’associé doit être rédigé
et signé, afin de formaliser l’accord des associés pour réaliser cette opération.

En pratique : le contenu du PV d’apport en compte courant d’associé est le


01F
6E0

même que pour la prise de n’importe quelle décision collective.


La convention de compte courant
d’associé
Suite à l’acceptation des associés, l’apport en compte courant d’associé peut faire l’objet
d’une convention de compte courant d’associé. Ce n’est pas une obligation, mais cela
est souvent préférable, afin de clarifier l’objet du versement réalisé par l’associé et les
conditions de remboursement et de rémunération, le cas échéant.

La convention de compte courant d’associé doit contenir a minima :

• l’identité des parties (société et associé apporteur) ;


• l’objet de la convention ;
• les modalités d’application de la convention ;
• la durée ;
• la rémunération du compte courant d’associé, le cas échéant.

Il est également possible de prévoir des clauses spécifiques concernant les avances et
leurs modalités, ou une clause de blocage par exemple.

Le versement par l’associé


Le plus souvent, l’apport en compte courant d’associé prend la forme d’un virement ou
d’un dépôt de chèque émis par l’associé, sur compte bancaire de la société. Toutefois, il
est également possible de réaliser cette opération suite à l'approbation des comptes.
Ainsi, au lieu de puiser sur ses deniers personnels, l’associé réalise l’apport en compte
courant d’associé à partir des dividendes qu’il aurait dû percevoir.

La rémunération de l’apport en compte


courant d’associé
Enfin, lorsque vous réalisez un apport en compte courant en SARL ou dans toute
autre type de société, la question de sa rémunération se pose. En effet, il est possible de
prévoir l’application d’un taux d’intérêt, et donc le versement d’intérêts mensuels,
trimestriels ou annuels à l’associé apporteur.
Toutefois, en l’absence de convention de compte courant d’associé prévoyant la
rémunération de ce compte, l’apport en compte courant d’associé est réputé à
titre gratuit.

Lorsqu’une rémunération est prévue, le taux d’intérêt est librement fixé par les associés
dans les limites légales.

Quelle est la fiscalité d’un


compte courant d’associé ?
Sur la plan fiscal, l’associé personne physique qui effectue l’apport en compte
courant est imposé sur le montant brut des intérêts perçus. Ceux-ci sont soumis au
Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30 %. Si l’apport en compte courant d’associé
est à titre gratuit, alors l’associé n’a aucune taxe ou impôt à régler.

Si l’associé est une personne morale soumise à l’impôt sur les sociétés (IS), alors les
intérêts perçus sont imposés en tant que produits financiers imposables. Si elle est
soumise à l’impôt sur le revenu, les intérêts sont imposés au niveau des associés.

La société peut quant à elle déduire les intérêts versés à l’associé de son
résultat, dès lors que ces derniers sont versés dans l’intérêt de la société et qu’ils sont
inscrits dans son bilan comptable. La déductibilité est toutefois plafonnée selon des taux
trimestriels fixés au journal officiel. De plus, pour que les intérêts versés par la société au
titre de l’apport en courant soient déductibles, deux conditions doivent être réunies :

• le capital social doit être intégralement libéré ;


• le taux d’intérêt n’excède pas le taux brut avant imposition (taux de référence).

Comment comptabiliser un
compte courant d’associé ?
Concernant l’apport en compte courant d’associé en comptabilité, il convient de
passer les écritures suivantes :

• débit du compte 512 - Banque ;


• crédit du compte 4551 - Associés.
FAQ
Comment récupérer l'argent d'un compte
courant d'associé ?
En principe, si le compte courant d’associé n’est pas bloqué, l’associé peut demander le
remboursement de son apport en compte courant à tout moment dès lors que cela ne
met pas en péril la stabilité financière de l’entreprise.

Pourquoi bloquer un compte courant


d'associé ?
Prévoir une convention de compte courant d’associé qui contient une clause de blocage
permet d’éviter que l’associé ne demande le remboursement du prêt à tout moment.
Cela permet donc d’avoir une certaine stabilité financière, et de pouvoir prévoir la sortie
de trésorerie le moment venu.

Est-ce obligatoire de rémunérer un


compte courant d'associé ?
Non, ce n’est pas obligatoire de rémunérer un compte courant d’associé. D’ailleurs, par
défaut, il est à titre gratuit. Il faut prévoir l’application d’un taux d’intérêt dans une
convention de compte courant pour que celui-ci soit rémunéré.

Principales sources législatives et réglementaires :

• article 39 - Code général des impôts


• article 212 - Code général des impôts
• Bofip-Impôts n° BOI-BIC-CHG-50-50-30 sur les intérêts des avances
consenties par les associés en sus de leur part de capital
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