LUNDI 4 AVRIL 2022
Automobile Le trimestre noir du marché Transmissions Le nombre de cessions-
français, au plus bas depuis quarante ans
Crédit immobilier :
le virage de l’inflation
iStock ; Shutterstock
l Les taux des crédits à l’habitat ont augmenté en mars pour atteindre
1,15 %. l La production de prêts commence à ralentir, dans un contexte
anxiogène lié à la guerre en Ukraine. l Le retour fulgurant de l’inflation
en zone euro exerce aussi une pression sur les ménages.
// PAGES 8, 27 ET L’ÉDITORIAL D’ALEXANDRE COUNIS PAGE 15 X
analyses
Et si Marine Le Pen
devait gagner...
Par Jacques Attali
La réélection d’Emmanuel Macron
est loin d’être acquise. Aucun
président n’a jamais été réélu sans
qu’il y ait eu cohabitation au cours
de son mandat. Au moins deux
candidats « élus d’avance »,
Valéry Giscard d’Estaing et Lionel
Jospin, ont été battus par sur-
prise, c’est-à-dire par abstention
dans leur camp. Et surtout, le
discours de l’extrême droite n’est
plus diabolisé. Marine Le Pen, qui
ISSN0153.4831 114e ANNÉE
NUMÉRO 23679 36 PAGES apparaissait comme une incom-
Antilles-Réunion 4,30 €. Belgique 3,80 €. pétente extrémiste en 2017, se
pose aujourd’hui en experte mo-
Espagne 4,70 €. Luxembourg 4 €.
Maroc 40 DH. Suisse 6,10 FS. Tunisie 8 TND.
dérée. Que se passera-t-il, en éco-
nomie comme en politique étran-
gère, si elle est élue ? // PAGE 12
// P. 18 acquisitions de PME fléchit de nouveau // P. 25
Crimes de guerre :
Moscou sur le banc
des accusés
POLITIQUE ÉTRANGÈRE A mesure
que l’armée russe se retire de com-
munes entourant Kiev, les découver-
tes de victimes civiles se multiplient
parmi la population ukrainienne. La
communauté internationale a vive-
ment dénoncé ce dimanche les atro-
cités commises, notamment à Bout-
cha. « Les autorités russes devront
répondre de ces crimes », ont notam-
ment déclaré le président français
Emmanuel Macron et le chancelier
allemand Olaf Scholz, qui demande
de nouvelles sanctions. Si Moscou
dément, le gouvernement ukrainien
accumule les preuves et des enquêtes
internationales devraient s’organiser.
L’armée russe redéploie ses forces
vers le Donbass et le sud du pays. Mais
reste menaçante au Nord, prévient
AFP
l’Otan. // PAGES 6-7
Le final d’une
campagne atypique
ÉLECTIONS A une semaine du pre-
mier tour, la présidentielle 2022
s’oriente vers un remake de 2017,
avec un duel entre Emmanuel
Macron et Marine Le Pen. La guerre
en Ukraine a bouleversé une cam-
pagne qui se révèle « en suspens »,
estime dans une interview le polito-
logue Pascal Perrineau. L’abstention
s’annonce aussi élevée qu’en 2002.
Samedi, pour son seul meeting de
campagne, le chef de l’Etat a multi-
plié les appels du pied aux électeurs
AFP
de gauche. // PAGES 2 ET 4
ÉVÉNEMENT LES HISTOIRES DE DEMAIN
COMMENT LA CRISE
ACCÉLÈRE-T-ELLE LA TRANSITION
ÉNERGÉTIQUE ET CLIMATIQUE ?
JEUDI 14 AVRIL 2022 | PAVILLON GABRIEL, PARIS
Après l’Europe,
l’offensive
législative
des Etats-Unis
contre les Gafa
Le métavers, Réduction de la dépendance énergétique
un club de riches ? TECH Aux Etats-Unis, pas moins Nouveaux modèles énergétiques
de six textes de loi sont en cours Nouveaux modèles économiques vertueux
par Raphaël Balenieri d’examen au Congrès pour limiter
le pouvoir des Gafa. L’un d’entre
L’Etat, un « risk eux, l’« American Innovation and
Inscrivez-vous
Avec le témoignage de :
manager » en échec Choice Online Act », veut empê-
Automative Cells Company,
cher Google et Amazon de favori-
par Denis Kessler Bpifrance, Caisse des Dépôts,
ser leurs propres produits. Cette
EDF, Groupe Bouygues, Tikehau
proposition de loi vient de recevoir Capital, MAIF, Plateforme
Poutine, ou l’empire un soutien de poids. Jonathan Automobile et TotalEnergies.
du mensonge Kanter, qui dirige la section anti-
trust du département de la Justice,
par Dominique Moïsi a exprimé l’espoir que les élus www.tnpconsultants.com
pourront s’entendre pour fixer des
La France embarque limites aux géants du Net. Selon
lui, tant au Sénat qu’à la Chambre PEOPLE | BUSINESS | TECHNOLOGY
pour Titan
des représentants, il y a désormais EUROPE - AFRIQUE - ASIE
par Yann Verdo un « mandat pour agir de façon TNP © 2022
// PAGES 10 À 13 décisive ». // PAGE 22

FRANCE
Présidentielle : dernière ligne droite
d’une campagne atypique
l Comme en 2017, l’élection s’oriente vers un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour.
l La guerre en Ukraine a bouleversé une campagne qui a eu du mal à démarrer.
ÉLECTIONS
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
La dernière ligne droite, une
semaine avant le premier tour d’une
élection présidentielle bien
atypique. Distancés dans les sonda-
ges, Jean-Luc Mélenchon et Valérie
Pécresse ont réuni leurs partisans
dimanche, le premier à Toulouse, la
seconde à Paris. En hausse dans
les sondages, le premier espère
encore se frayer une place jusqu’au
second tour, mais il se heurte à
Marine Le Pen, elle aussi, en pro-
gression. La seconde, au terme d’une
campagne qui n’a été qu’une lente
descente aux enfers, bataille pour
finir au-dessus des 10 % et, espère-t-
elle, devant Eric Zemmour.
Ces sprints finaux risquent de ne
pas changer le scénario anticipé par
les instituts de sondage. Au terme
d’une campagne qui a eu du mal à
démarrer et qui a été bouleversée
par la guerre en Ukraine, la finale de
la présidentielle 2022 s’oriente vers
un remake de l’édition de 2017 : à
savoir un nouveau duel entre
Emmanuel Macron et Marine Le
Pen le 24 avril prochain. « Les dyna-
miques de fin de campagne tendent à
indiquer que c’est le duel Macron-Le
Pen, tant redouté depuis cinq ans par
une majorité, qui va se concrétiser
dans les urnes. Et si beaucoup d’élec-
teurs décideront tardivement pour
qui ils vont voter, les équilibres
actuels ne devraient pas changer »,
analyse la politologue Chloé Morin.
Au terme d’une non-campagne
pendant laquelle il a le plus souvent
préféré conserver sa stature de pré-
sident, Emmanuel Macron part lar-
gement favori. Mais les doutes se
sont installés dans son camp, qui
craint une démobilisation de ses
électeurs. Au moment où se déroule
la « cristallisation » des intentions de
vote des Français, son avance au
premier tour s’érode tandis que
l’écart avec la candidate du RN se
Lors de son premier meeting, Emmanuel
Macron fait des appels du pied à la gauche
Dans un discours de plus
deux heures devant plus
de 30.000 personnes,
à l’Arena de Nanterre,
le président-candidat
a insisté, samedi, sur
les mesures sociales de
son bilan et de son projet.
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
Le candidat voulait quelque chose
qui ressemble à un événement
sportif, digne d’une finale du Super
Bowl, à l’américaine donc, pour son
premier meeting de campagne.
A huit jours du premier tour de
l’élection présidentielle, alors que
les écarts se resserrent avec Marine
Le Pen, Emmanuel Macron s’est
livré samedi à un grand show sur la
p l u s g r a n d e s c è n e c o u ve r t e
d’Europe, à Paris La Défense Arena.
Dès son arrivée sous un déluge
de son et lumière, il a attaqué ceux
qui « voudraient nous ramener quel-
ques années en arrière », dans une
allusion à ceux qu’il app elle
le « tandem » d’extrême droite, ses
adversaires Marine Le Pen et
Eric Zemmour.
Dans un long discours de deux
heures, Emmanuel Macron a tenté
réduit dans la perspective du
second.
« Pour Emmanuel Macron, c’est
l’inverse de sa campagne de 2017.
On ne voit pas bien sur quoi il fait
campagne. Il n’a pas réussi à expli-
quer pourquoi il veut faire un second
mandat et quel en serait le sens. S’il
est réélu, il risque de ne pas avoir un
mandat clair », estime Bruno
Cautrès, chercher au Cevipof.
A l’inverse, Marine Le Pen conso-
lide sa deuxième place, sondage
après sondage. Elle a surmonté la
candidature d’Eric Zemmour. Sur-
tout, misant tout sur la défense du
pouvoir d’achat, la candidate du
Rassemblement national a réussi,
contrairement au candidat de
Reconquête ! à ne pas être impactée
par l’agression russe en Ukraine,
malgré une proximité affichée de
longue date avec Vladimir Poutine.
La marche funèbre
du Parti socialiste
Samedi, le candidat Macron a réuni
avec succès ses troupes – plus de
30.000 personnes – pour son seul et
unique meeting avant le premier
tour La Défense Arena à Nanterre.
Le candidat en a profité pour faire
des appels du pied à la gauche et
sonner la mobilisation contre
l’extrême droite. Les électeurs de
gauche, qui risquent vraisembla-
blement, comme en 2017, de voir
tous leurs candidats éliminés dès le
premier tour – et ce malgré la fin de
campagne en fanfare de Jean-Luc
Mélenchon – sont très courtisés par
le président sortant. Cette campa-
gne qui s’achève sonne aussi la mar-
che funèbre du Parti socialiste, dont
la candidate, Anne Hidalgo, est
devenue inaudible et s’est enfoncée
dans le tréfonds des sondages.
Quant à Yannick Jadot, il n’a pas
réussi à rompre la malédiction de
son parti avec la présidentielle, élec-
tion qui voit les écologistes réaliser
des scores bien moindres qu’aux
scrutins intermédiaires.
Mais la fin de la campagne
d’Emmanuel Macron est aussi
de retrouver le souffle de la campa-
gne de 2017, revendiquant « un pro-
jet d’indépendance, de progrès, d’ave-
nir, d’émancipation, de lutte contre
l’assignation à résidence ». Sur son
bilan comme sur son programme,
il a mis un accent particulier sur le
social ou le sociétal avec la PMA
pour toutes : emploi, « travail qui
paie mieux », réindustrialisation,
« protection » du « quoi qu’il en
coûte »… « Le pouvoir d’achat a aug-
menté comme jamais pour les plus
modestes ! » a défendu avec ténacité
le candidat, alors que le sujet est en
tête des préoccupations des Fran-
çais et que Marine Le Pen en fait le
cœur de sa campagne.
Des aides pour le grand âge
Se disant conscient de « tous les pro-
grès qu’il reste à faire pour faire
reculer l’extrémisme », alors que ce
sont les sujets irritants – et en parti-
culier la retraite à 65 ans – qui ont
pour l’instant été retenus de son
projet, c’est par les mesures de pou-
voir d’achat (prime défiscalisée et
désocialisée « jusqu’à 6.000 euros »,
hausse de 550 euros par an
du revenu des travailleurs indépen-
dants au niveau du SMIC…)
qu’Emmanuel Macron a entamé
sa défense.
Depuis lundi dernier, les affiches officielles de campagne des 12 candidats à l’élection présidentielle sont visibles partout en France.
polluée par l’affaire McKinsey et les
inquiétudes de plus en plus fortes
des Français face à la baisse de leur
pouvoir d’achat. Lancée tardive-
ment, sa course vers un deuxième
mandat peine à trouver un rythme
de croisière. « Nos thèmes de campa-
gne n’impriment pas », ne peut que
constater un macroniste de la pre-
mière heure. Après Dijon et Fouras
(Charente-Maritime) la semaine
dernière, le candidat Macron a
prévu trois déplacements avant
le premier tour, le premier en
Bretagne. « Pour nous, il est impor-
tant d’avoir une bonne dynamique
au premier tour », rappelle une
Ont suivi, dans la même veine, les
aides prévues pour le grand âge.
« Leurs vies valent mieux que tous les
profits ! » est-il allé jusqu’à lâcher,
dans une allusion au scandale
Orpea mais surtout dans une évi-
dente volonté d’aller chercher des
voix à gauche en reprenant un
slogan du… NPA ! Faire pencher la
balance à gauche ou rééquilibrer,
c’est aussi ce qu’il a essayé de faire en
parlant de l’école, changeant
nettement de ton sur les ensei-
gnants, loués en « artisans de
la République ».
« Le pouvoir d’achat
a augmenté comme
jamais pour les plus
modestes ! » a
défendu avec ténacité
le candidat.
Pour financer ce projet, « pas
d’argent magique ! » a répété Emma-
nuel Macron, défendant le « tra-
vailler plus » avec son objectif de
plein-emploi, le RSA accompagné
d’heures d’activité (« ce ne sont pas,
comme certains l’ont prétendu, des
travaux d’intérêt général, mais de
l’accompagnement », a essayé de
ministre. Reste une grande
inconnue, celle de la participation.
A une semaine du scrutin, les insti-
tuts de sondages anticipent
une abstention importante, plus
proche des 30 %. Elle devrait se rap-
procher de celle de 2002 (28,4 %)
alors qu’en 2017 elle avait atteint
22 %. « Entre les “gilets jaunes”, l’épi-
démie de Covid et la guerre en
Ukraine, la succession de crises expli-
que la perplexité et les doutes des élec-
teurs sur la capacité des personnali-
tés politiques à répondre à ces
crises », poursuit Bruno Cautrès.
Il reste une semaine aux candidats
pour mobiliser. n
rectifier le candidat), mais aussi
avec la retraite à 65 ans. De quoi
s’opposer à Marine Le Pen et Jean-
Luc Mélenchon : « Ne croyez pas
ceux qui vous disent qu’ils feront la
retraite à 60 ou 62 ans et que tout ira
bien, ce n’est pas vrai ! »
Face aux « grands dérèglements »,
Emmanuel Macron s’est enfin
lancé dans un plaidoyer pro-euro-
péen. « Nous sommes fiers d’être
européens et bon courage à ceux qui
prônent, face à la Russie, […] face aux
défis du temps, le grand repli […] et le
grand rabougrissement ! » a-t-il mar-
telé, dans une attaque claire contre
l’extrême droite de Marine Le Pen et
d’Eric Zemmour.
Le candidat a terminé son mee-
ting en fustigeant, sans les citer, leur
discours, pointant leur « banalisa-
tion » et dénonçant leur « n’importe
quoi » sur le Covid, les vaccins… « Ne
croyez pas les sondeurs et les com-
mentateurs, cela peut advenir », a
avancé Emmanuel Macron. Il a
donc appelé à la « mobilisation » et
invité « ceux de la social-démocratie
au gaullisme en passant par les écolo-
gistes » qui ne l’ont « pas encore
rejoint » à le faire, faisant « des choix
d’avril » le « combat du progrès contre
le repli, le combat du patriotisme et de
l’Europe contre les nationalistes. » n
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
Macron-Le Pen : le second
tour dès le premier
Pour mobiliser ses troupes, Macron réinstalle
le duel avec un nouvel argument. Trop de dépenses
non financées : le RN signerait la faillite du pays.
LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE
de Cécile
Cornudet
l n’y a pas une mais
I deux campagnes
présidentielles. Celle de
premier tour que tentent de
mener des candidats de
gauche et droite qui rivalisent
de mesures idéologiquement
marquées. Celle de second
tour qu’ont lancée Emmanuel
Macron et Marine Le Pen
avant même le premier vote
de dimanche. A la veille du
meeting de La Défense, les
proches de Macron en étaient
sûrs. Forcément il dévoilerait
une nouvelle mesure pouvoir
d’achat pour répondre à cette
préoccupation criante dans
le pays. Il n’en a rien été,
et pour une raison : la
rediabolisation ne suffit plus
pour contrer Marine Le Pen,
a-t-il estimé, il faut l’attaquer
sur la démagogie d’un projet
« non financé », et donc éviter
soi-même de laisser prise à
la critique. Telle est la
difficulté du président
sortant. Sa campagne a été
trop succincte pour créer un
élan, il tente donc de
réinstaller sans attendre
le clivage contre l’extrême
droite, pour susciter un
sursaut de mobilisation.
Marine Le Pen s’est trop
dépolitisée pour que le
sursaut soit automatique. Il
faut trouver d’autres ressorts.
C’était l’objet du meeting de
samedi. Autant le chef de
Julien De Rosa / AFP
l’Etat avait présenté son
projet il y a quinze jours par
son flanc droit : « Il fallait
finir d’achever Valérie
Pécresse », justifie un
ministre. Autant il a détaillé
le même projet samedi en
éclairant son versant gauche.
Objectif : « Donner à la gauche
des raisons de se mobiliser
pour nous contre Marine
Le Pen », dit le même. L’autre
volet du plan tient en ces
mots : « Convaincre la droite
qui n’a pas voté pour nous de
ne pas voter pour elle », ajoute
ce proche. « Son programme
ruinerait les petits épargnants,
amènerait à la faillite les
retraités, aboutirait à des
hausses d’impôts », lance
le président sortant. Il y a
quinze jours, la retraite à
65 ans était présentée comme
un marqueur d’audace ;
désormais elle l’est comme
un gage de pérennisation du
système. « Les citoyens sont
inquiets pour leurs futures
pensions, d’où la nécessité
de cette réforme », précise
Gabriel Attal dans le « JDD ».
Deux points d’attaque, deux
réponses de la part Marine
Le Pen. Elle est un « risque »
pour le pays ? « Concorde »,
« unité nationale », martèle-t-
elle en évitant de tendre
la main à Eric Zemmour.
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
Pour l’instant. Elle est un
danger économique ?
« Emmanuel Macron élu, ce
sont les Français dans la rue »,
dit Jordan Bardella, en citant
les « gilets jaunes ».
Sa stratégie de second tour,
ou dit autrement
d’endormissement, cela fait
six mois qu’elle la mène.
ccornudet@lesechos.fr
04 // FRANCE
« Contrairement à 2017, Emmanuel
Macron n’a pas trouvé son style »
l A moins d’une semaine du premier tour, le politologue Pascal Perrineau
analyse cette campagne présidentielle « en suspens ».
l Le président sortant appartenant désormais « à l’ancien monde » et peinant
à incarner un « espoir », un « accident électoral » est « tout à fait possible ».
Propos recueillis par
Pierre-Alain Furbury
@paFurbury
Comment qualifier
la campagne qui s’achève ?
C’est une campagne en suspens,
comme on n’en a jamais connu sous
la Ve République. Avec le Covid, la
guerre en Ukraine et un président
entré en campagne sans véritable-
ment jouer le jeu de la campagne, il
y a une grande difficulté à ce que le
débat puisse se nouer et à ce que
l’intérêt des Français pour le specta-
cle de la présidentielle soit au ren-
dez-vous. Cela se traduit par des
intentions d’abstention élevées, une
très forte indécision et une mobilité
électorale sans précédent. Les Fran-
çais ne savent pas très bien où ils en
sont et c’est d’autant plus inquiétant
que, traditionnellement, la prési-
Baltel / FTV/Sipa
dentielle est le moment du grand
débat démocratique en France. Les
conditions ne seront probablement
pas idéales pour asseoir le poids
politique du prochain locataire de
l’Elysée. Après l’élection, la grogne
risque de se déplacer sur un terrain
social qui a montré qu’il était déjà
très inflammable.
Faut-il voir dans ce désintérêt
un nouveau signe de la défiance
envers la politique ?
Bien sûr. Il y a de multiples signes de
mauvaise humeur. L’abstention en
est un. Le vote protestataire en est
un autre, qui est à un niveau
incroyablement élevé : le total des
intentions de vote pour Mélenchon,
Arthaud, Poutou, Dupont-Aignan,
Zemmour et Le Pen, c’est quasiment
un Français sur deux. Le moins que
l’on puisse dire, c’est que le spectacle
fourni n’a pas donné aux Français
de bonnes raisons d’espérer un
renouveau de la politique.
Aujourd’hui, le président appar-
tient à l’ancien monde. C’est un
homme qui a autant un bilan qu’un
projet, qui a réussi des choses mais a
aussi un passif, en particulier en ter-
mes de relations avec l’électorat.
« Il y a de multiples
signes de mauvaise
humeur.
L’abstention
en est un. Le vote
protestataire
en est un autre.
[Au total], c’est
quasiment
1 Français sur 2. »
Valérie Pécresse appelle les électeurs de droite à « la révolte »
PRÉSIDENTIELLE
La candidate des
Républicains s’est
employée, dimanche,
à faire oublier les ratés
de son premier
meeting parisien.
Elle a mis l’accent sur
le pouvoir d’achat.
Lors du premier grand meeting de
sa campagne, mi-février au Zénith
de Paris, Valérie Pécresse avait
appelé l’électorat de droite au « sur-
saut ». Elle disputait alors à Marine
Le Pen la deuxième place dans les
sondages. Sept semaines – de che-
Contrairement à 2017, Emmanuel
Macron n’a pas trouvé son style.
C’est-à-dire ?
Il joue sur des ressorts extrême-
ment traditionnels dont je ne crois
pas beaucoup à l’efficacité : l’anti-
fascisme, la peur de l’extrême
droite. Mais les Français n’ont pas
envie qu’on leur fasse peur ; ils sont
déjà suffisamment inquiets. Ils veu-
lent qu’on leur propose des projets,
qu’on les projette dans un avenir.
Emmanuel Macron peine à le faire.
Là, pour l’espoir, c’est Waterloo
morne plaine.
Emmanuel Macron a-t-il pris
un risque en entrant tard
dans l’arène ?
Il n’était pas le premier à y rentrer
tard. Mais il aurait fallu y rentrer
carrément. Là, il a donné l’impres-
sion de prendre ça un peu par-des-
sus la jambe. Il est vrai qu’il avait
d’autres chats à fouetter mais il a
créé ce que les Français n’aiment
pas, l’idée qu’il y avait deux poids
deux mesures : le poids d’excel-
lence, sa candidature à lui, et le
poids des candidats ordinaires, cel-
les des autres.
Cette presque rupture d’égalité
n’a pas plu aux électeurs dans la
mesure où elle est rentrée en réso-
nance avec l’impression, souvent
partagée, que ce président est loin
du peuple, distant et même un peu
arrogant. C’est la même chose sur la
manière dont il se défend sur le rap-
port relatif aux cabinets de conseil,
alors qu’il s’agit de l’utilisation de
l’agent public et que le rapport du
Sénat est très argumenté. Et c’est
min de croix – plus tard, plombées
par les ratés de sa première réunion
publique, c’est à l’autre bout de la
capitale, au Parc des Expositions de
la porte de Versailles, qu’elle les a
exhortés à « la révolte ». Pour « ren-
verser la table » et démentir « les scé-
narios écrits d’avance ». « Si vous pré-
férez une femme qui ose à ceux qui
glosent, rejoignez-moi ! » a lancé la
candidate des Républicains, distan-
cée dans les intentions de vote.
Tout l’objectif de cette réunion
publique était de faire oublier la pre-
mière et de retrouver un tant soit
peu une dynamique dans le sprint
final. « Vous m’avez vu trébucher.
Vous m’avez vu me relever […] Vous
avez découvert ma résistance. Ma
vérité. Je ne lâche rien et ce courage, je
veux le mettre au service des Fran-
PASCAL PERRINEAU
Politologue
encore la même chose avec le dis-
cours officiel selon lequel le pouvoir
d’achat moyen a augmenté. C’est un
raisonnement technocratique dan-
g e r e u x : o n n e v i t p a s d ’u n e
moyenne.
Marine Le Pen peut-elle
gagner la présidentielle ?
Elle a mené une campagne très
habile, à bas bruit, loin du buzz
médiatique utilisé, notamment, par
Eric Zemmour. Et elle s’est identi-
fiée au terrain qui la porte, celui des
couches populaires et de la France
des périphéries. D’une certaine
manière, ça a assis sa crédibilité et
montré que, derrière le phénomène
politique Marine Le Pen, il y a un
ancrage social et territorial. Ça lui a
donné des racines, ce qui lui permet
aujourd’hui de faire des scores
impressionnants dans les sondages
de second tour. A 52 %-48 % et
même à 54 %-46 %, l’accident élec-
toral est tout à fait possible.
Jean-Luc Mélenchon peut-il
créer la surprise ?
Ce sera difficile. Il a bénéficié d’un
phénomène de vote utile mais,
comme c’est un candidat à la gauche
de la gauche, une partie des élec-
teurs écologistes, communistes,
socialistes ne peuvent aller vers lui,
même pour représenter la gauche
au second tour. C’est son plafond de
verre. Le vote utile, à ce moment-là,
freine et s’arrête. Quant aux absten-
çais », a plaidé Valérie Pécresse, fus-
tigeant « une démocratie atrophiée
dans laquelle le fond est sacrifié à la
forme ». Sur la forme, justement, la
patronne de la région Ile-de-France
n’était cette fois pas seule sur scène
et elle s’est exprimée sans promp-
teur, ce qui lui a permis d’être bien
plus naturelle. Et sur le fond, elle
s’est gardée de faire une référence au
« grand remplacement », qui avait
suscité une vive polémique.
« Changer la vie »
Si elle a promis de « remettre de
l’ordre dans la justice et à nos frontiè-
res » et pointé « l’islamisme qui veut
soumettre Marianne », Valérie
Pécresse a mis, dimanche, l’accent
sur le pouvoir d’achat. A sept jours
du premier tour, elle a même sorti
tionnistes, ils viennent de partout.
Le phénomène de vote utile
est-il globalement plus fort
cette année que lors des
précédentes présidentielles ?
Peut-être, parce qu’aucun candidat
ne convainc ni ne crée un véritable
désir. Il y a un doute qui est dans l’air.
On vote souvent faute de mieux.
Cela crée une incertitude sur la
décision finale parce que, quand il
existe un électorat volatile, mobile,
indécis, les effets de campagne peu-
vent être importants. C’est la raison
pour laquelle il faut surveiller atten-
tivement l’effet McKinsey.
Est-on à la veille
d’une nouvelle
recomposition politique ?
Ce sera la poursuite de la recompo-
sition, pas un big bang. En 2017,
Emmanuel Macron a fait exploser
la gauche. Là, s’il est élu, il fera explo-
ser la droite. Il s’en occupe d’ailleurs
attentivement dans la campagne et
la création d’Horizon par Edouard
Philippe s’inscrit tout à fait dans ce
dispositif. Mais il faut faire très
attention. Le gros problème de la
disruption macronienne, c’est
qu’elle a beaucoup détruit mais n’a
pas inventé beaucoup d’éléments
pour réconcilier les Français avec
leur système démocratique. LREM
est une coquille vide. Et l’exercice du
pouvoir est resté très classique, une
hyperprésidence. Cela pourrait bien
sûr se corriger dans un éventuel
second mandat. Le problème – je
pense que c’est une erreur – est que
cela reste totalement absent de sa
campagne. n
de son chapeau une proposition
nouvelle (qu’elle avait en réalité déjà
faite au moment de la crise des
« gilets jaunes »). Elle s’est engagée,
si elle est élue, à abaisser à 5,5 %, au
lieu de 10 %, la TVA sur les trans-
ports collectifs, trains, bus ou taxis.
« Je suis la vraie candidate du pou-
voir d’achat […] celle qui va changer la
vie des Français », a-t-elle assuré, se
posant aussi comme la seule à
« parler de la dette », preuve, selon
elle, de son sérieux et de sa capacité
à « faire ». « Pour faire une politique
de pouvoir d’achat durable, pour
réindustrialiser vraiment notre pays,
il va falloir gaspiller moins, dépenser
mieux et travailler plus », a-t-elle
expliqué, disant vouloir « stopper ce
train fou de l’argent magique ». Dans
son discours, très offensif, la candi-
LE GRAND RENDEZ-VOUS // EUROPE 1
- CNEWS - « LES ÉCHOS »
Robert Ménard contre
un rapprochement
Le Pen-Zemmour
Invité de l’émission
« Le Grand Rendez-vous
Europe 1/CNews/“Les
Echos” » dimanche
3 avril, le maire de
Béziers estime que la
candidate RN a changé
depuis 2017 et qu’il
n’acceptera pas de
rapprochement entre
elle et Eric Zemmour.
Matthieu Quiret
@MQuiret
« Eric Zemmour a violé un cer-
tain nombre de lignes inaccepta-
bles. » Robert Ménard qui était
des premiers partisans d’une
candidature de l’ex-polémiste
en fait désormais un épouvan-
tail dans son soutien à Marine
Le Pen. Interrogé dans l’émis-
sion « Le Grand Rendez-Vous
Europe 1/“Les Echos”/CNews »
dimanche, le maire de Bézier a
confirmé qu’il votera au pre-
mier tour pour la candidate du
RN mais qu’il n’acceptera pas de
rapprochement entre elle et
Eric Zemmour.
« J’ai fait la liste de tous mes
désaccords avec lui et si Marine
Le Pen fait des concessions sur ces
sujets, ce sera sans moi », assène-
t-il. Pas question en particulier
pour lui d’accepter un meeting
commun entre les deux candi-
dats de l’extrême droite pen-
dant l’entre-deux-tours.
Robert Ménard n’en est pas à
son premier changement de
pied, lui qui revendique sa
liberté et « essaie de faire de la
politique sans réflexe pavlo-
vien. » L’élu de l’Hérault recon-
naît qu’il n’a pas parlé pendant
trois ans à Marine Le Pen, mais
qu’ils ont renoué depuis un an.
Il avait en 2017 vertement cri-
tiqué sa prestation à la prési-
dentielle mais juge aujourd’hui
qu’elle a changé : « Elle est
Robert Ménard, non encarté RN, revendique être l’un des
rares soutiens de Marine Le Pen en dehors de son parti.
Photo F. Bukajlo Capa pour Europe 1
date a certes attaqué les « démago-
gues » de l’extrême droite, qui
« mèneraient le pays au désordre, à
l’impuissance et à la faillite ». Mais,
c’est sur Emmanuel Macron qu’elle
a lâché la plupart de ses coups, en
appelant les « Français humiliés,
blessés, emmerdés » à se tourner
vers elle dimanche prochain.
Des sifflets pour Sarkozy
Pêle-mêle, elle a accusé le chef de
l’Etat sortant de « regarder de haut la
démocratie », d’être le président de
la « désunion nationale » et d’être
responsable d’un « affaissement
démocratique et moral ». « Où est la
révolution (qu’il avait promise en
2017) ? » a-t-elle interrogé, assé-
nant : « Je dépense donc je suis ; voilà
le projet d’Emmanuel Macron ! »
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
moins sectaire, elle a fait une
m e i l l e u re c a m p a g n e c e t t e
fois-ci. » Pas encarté au RN,
l’ancien président de Reporters
sans frontières revendique être
l’un des rares soutiens en
dehors du parti.
Chez Zemmour, en revan-
che, « je ne supporte plus toute
cette dureté, cette insensibilité,
c’est irréconciliable », cingle
Robert Ménard.
Mépris de classe
d’Eric Zemmour
Il oppose au candidat de
Reconquête son expérience de
maire d’une ville de 80.000
habitants et ses quartiers où
80 % de la population est immi-
grée. « Il ne faut pas confondre
l’immigration et les immigrés »,
lance-t-il curieusement. Eric
Zemmour et une partie de son
électorat sont même à ses yeux
coupables de mépris de classe
vis-à-vis du vote Le Pen, plus
populaire.
Les mots sont nettement plus
bienveillants envers Emma-
nuel Macron dont il vante la
conduite de la lutte contre la
pandémie ou de la crise ukrai-
nienne. « Quel homme politique
aurait fait mieux ? » fait-il mine
de s’interroger. Et de critiquer
tous ses amis de la droite de la
droite « qui aiment cette virilité
de Poutine, son nationalisme ».
Il moque tous ceux qui en
2017 prévenaient que « la
France ne se relèvera pas de 5 ans
de Macron ». Macroniste alors
Robert Ménard ?
Il renvoie à deux trous noirs
dans son mandat qui l’en éloi-
gnent : l’immigration et l’insé-
curité. Sur ce dernier point, il
reconnaît que le président a
créé 10.000 postes de policiers
mais n’a pas vu la couleur
des 15.000 places de prison pro-
mises. n
La question est de savoir si cette
prestation n’arrive pas trop tard.
« Un grand meeting ne suffit pas en
lui-même à changer le cours des cho-
ses mais il peut remettre en mouve-
ment », estime l’un de ses lieute-
nants. Les cadres de la droite se sont
succédés à la tribune pour célé-
brer son « courage », sa « détermina-
tion », son « envie », sa « compé-
tence » et son « expérience ».
A commencer par l’eurodéputé
et ancien ministre Brice Hortefeux,
chargé de compenser l’absence de
Nicolas Sarkozy, lequel n’a toujours
pas soutenu la candidate de son
parti. Signe de la tension à droite à
l’approche du premier tour, le nom
de l’ex-président a été hué par une
partie de la salle. Du jamais-vu.
— P.-A. F.
Les Echos Lundi 4 avril 2022
Présidentielle : les angles morts
du débat sur la réforme des retraites
l Les candidats à l’Elysée se focalisent sur l’âge de départ à la retraite plus que sur la baisse annoncée du niveau des pensions.
l Si l’on veut l’éviter, il faudra soit faire des économies sur le système de retraite, soit accroître son poids
dans la dépense publique, en payant plus d’impôts ou en réduisant les coûts ailleurs.
SOCIAL
Solveig Godeluck
@Solwii
C’est l’un des rares sujets qui émer-
gent dans l’actuelle campagne élec-
torale. Les candidats à la présiden-
tielle ont fait de l’âge légal de départ
à la retraite l’un des marqueurs de
leur programme. C’est un gage de
sérieux pour ceux qui promeuvent
le « travailler plus longtemps »,
comme Emmanuel Macron, Valé-
rie Pécresse, partisans de le repor-
ter à 65 ans et dans une moindre
mesure Eric Zemmour (64 ans).
Ceux qui prônent l’effacement de
tout ou partie des réformes d’âge
menées depuis vingt ans, tels
Marine Le Pen, Jean-Luc Mélen-
chon ou Fabien Roussel, expriment
p l u t ô t l e u r e m p a t hi e e nve r s
des Français pressés de goûter
leur retraite.
Ces projets clivants permettent
de se positionner sur l’échiquier
politique. Mais ce faisant, d’autres
choix restent dans l’angle mort,
notamment le niveau des pensions
et la part des dépenses publiques
que l’on souhaite leur affecter.
Ainsi, si l’on en croit le Conseil
d’orientation des retraites (COR), le
niveau réel des pensions ne va pas
baisser, mais leur niveau relatif
par rapport aux revenus d’activité
est appelé à se dégrader, car elles
sont indexées sur l’inflation. Sur le
long terme, les prix augmentent
moins vite que les salaires. Résultat,
la pension moyenne brute
(1.600 euros en 2020), qui repré-
sente plus de la moitié de la rému-
nération brute par tête aujourd’hui,
n’en représenterait plus que 32 à
36 % à horizon 2070.
Cette baisse tendancielle du
niveau des pensions est l’équivalent
d’une réforme des retraites silen-
cieuse mais efficace pour réduire
les coûts. La part des dépenses de
« Le niveau de retraite idéal ne fait pas partie du débat de fond » de la campagne
Propos recueillis par S. G.
’économiste Antoine Bozio
L défendait le principe de la
réforme systémique des
retraites, qui n’a pas vu le jour. Il
décrypte le bien-fondé et les moti-
vations des réformes « paramétri-
ques » centrées sur l’âge de départ,
qui dominent le débat de cette
campagne présidentielle.
Emmanuel Macron, Valérie
Pécresse, Eric Zemmour
veulent reporter l’âge de la
retraite, est-ce nécessaire ?
Si on ne considère que l’équilibre
financier du système de retraite, il
n’y a pas de nécessité frappante, au
vu des ressources actuelles et des
économies déjà programmées
– augmentation progressive de la
durée de cotisation, baisse tendan-
cielle des pensions. Les candidats
qui veulent reporter l’âge de départ
ne le font pas principalement pour
équilibrer le système, mais pour
baisser la dépense publique globale.
C’est un raisonnement qui se tient,
puisque les retraites pèsent 25 % de
la dépense totale. Ça n’est pas le
même argument que lors des réfor-
mes des retraites précédentes, lors-
qu’on a dit qu’il faudrait travailler
plus longtemps puisque nous
allons vivre plus longtemps.
Lors de la réforme des
retraites de 2003, le législateur
a fixé un objectif de partage
retraite dans le PIB, environ 13,7 %
cette année, est attendue quelque
part entre 11,3 % et 13 % en 2070.
« Si les ratios de dépenses de
retraite dans le PIB diminuent en
2070 par rapport aux niveaux
actuels, quel que soit le scénario éco-
nomique envisagé, c’est que les évolu-
tions démographiques défavorables
seront contrebalancées par la baisse
à venir de la pension moyenne rap-
portée aux revenus d’activité, à légis-
lation inchangée », écrit le COR dans
son rapport annuel de juin, en rap-
ANTOINE BOZIO
Directeur de l’Institut
des politiques
publiques,
Paris School
of Economics
des gains d’espérance de vie
futurs : deux tiers de temps
supplémentaire pour
le travail, un tiers pour
la retraite. Sera-t-il respecté
avec la retraite à 65 ans ?
A l’évidence, non. Cette règle signi-
fiait aux Français qu’à l’avenir, on
pourrait continuer à passer de plus
en plus de temps à la retraite grâce
aux progrès de l’espérance de vie. Il
suffisait pour cela d’accepter de
décaler progressivement l’âge de la
retraite, en sorte d’équilibrer le sys-
tème. Mais les projets Macron et
Pécresse ne respectent pas ce ratio
deux tiers-un tiers, puisqu’ils visent
à réduire le poids des retraites dans
la dépense publique, et pas seule-
ment à équilibrer le système. Forcé-
ment, si vous baissez la dépense de
retraites pour faire des économies,
ça veut dire qu’à un moment des
gens qui ont cotisé ne retrouveront
pas l’intégralité de leurs cotisations
au moment de la retraite. Il faut
bien que quelqu’un paie.
C’est un arbitrage de finances
publiques qui va à l’encontre de
l’ancien projet du « 1 euro cotisé vau-
pelant qu’il n’y aura plus que
1,3 cotisant pour financer chaque
retraité dans cinquante ans, contre
1,7 actuellement.
La baisse générale des pensions
doit-elle être l’antidote du vieillisse-
ment dans les comptes de la Sécu-
rité sociale, ou bien faut-il la contre-
carrer ? C’est le premier choix
auquel font face les candidats à la
présidentielle en matière de retraite
– au-delà des promesses visant à
rehausser la pension minimum.
Marine Le Pen a promis d’indexer
dra les mêmes droits pour tous ».
Avec ces économies, on pourra
vous payer une place en Ehpad,
mais on va distendre le lien entre
cotisations et pensions dans le
système de retraite.
Et avec la retraite à 64 ans ?
En 2030, l’âge moyen de la retraite
atteindra 64 ans sans nouvelle
réforme. Donc le projet d’Eric Zem-
mour permettrait de réaliser des
économies de court terme, puis très
vite cet effet se diluerait.
En partant plus tard
à la retraite, ne va-t-on pas
aggraver les mauvaises
performances françaises
en termes d’espérance de vie
en bonne santé ?
On a un vrai problème d’espérance
de vie en bonne santé, qu’on avance
ou qu’on recule l’âge de départ ! Je
ne pense pas que la retraite à 65 ans
fasse particulièrement empirer la
situation, puisqu’au fil des généra-
tions, les gens arrivent en meilleure
santé à un âge donné.
Et le risque des coûts
collatéraux d’invalidité,
maladie, etc. ?
Un quart des recettes de la
réforme de 2010 a été mangé par
d ’a u t r e s d i s p o s i t i f s ; ave c l a
retraite à 65 ans ce sera probable-
ment plus. Plutôt que de passer à
65 ans pour tout le monde, avec
une annulation de la décote deux
réellement les pensions sur l’infla- ce-vieillesse (10,5 milliards par an
tion et donc de ne pas les geler. Cela selon l’Institut Montaigne) et de
n’empêcherait pas le niveau relatif « soumettre à cotisation les revenus
des pensions de baisser. d’intéressement, de participation,
d’épargne salariale, ainsi que les
Financer d’autres pans revenus financiers des entreprises »
de l’Etat-providence (8 milliards).
Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, De son côté, Emmanuel Macron
veut les réindexer sur les salaires, veut également soutenir les pen-
comme dans les années 1980. Pour sions, tout en réalisant des écono-
financer son coûteux programme mies plutôt qu’en faisant croître la
d’accroissement des dépenses de taille du système de retraite. C’est la
retraite, il prévoit d’augmenter de justification première de son projet
1,25 point les cotisations d’assuran- de retraite à 65 ans, explique son
Il a dit ans plus tard, je suggère que l’on
rehausse la moyenne d’âge et que
l’on ouvre l’éventail. Les Améri-
cains ont un âge normal à 66 ans,
mais ils peuvent partir trois ou
quatre ans plus tôt. Les Allemands
ont un système comparable. Ce
n’est pas aberrant.
A l’inverse, Marine Le Pen
ou Jean-Luc Mélenchon
veulent revenir à 60 ans,
est-ce que cela va mettre
le pays en faillite ?
Non. Mais on va faire baisser de
« Si les Français façon relative le niveau des pen-
veulent vraiment sions par rapport aux salaires,
plus de temps parce que les retraites sont calcu-
de retraite lées sur la base des meilleurs salai-
res, ceux que l’on touche en fin de
parisschoolofeconomics.com
et moins carrière. Comme ces carrières vont
de revenus être plus courtes, le taux de rempla-
pendant toute la cement va diminuer. Il n’y a pas de
miracle.
durée de leur vie, Je suis surpris de voir que le
pourquoi pas. » niveau de retraite idéal ne fait pas
partie du débat de fond. On aurait
pu imaginer que des candidats
de gauche mettent en avant la
réindexation des pensions sur les
salaires, pour interrompre la baisse
relative des pensions.
Dans quelle mesure peut-on
se permettre de dépenser
plus pour les retraites ?
Cela revient à accepter que les
dépenses de retraite pèsent plus
lourd dans le PIB. Les propositions
de Jean-Luc Mélenchon, qui se
FRANCE // 05
entourage. « Les gens ne se rendent
pas toujours compte qu’en partant
tôt, ils perdent en pouvoir d’achat, et
que la pension sera leur revenu pen-
dant 25 ans. Partir plus tard, c’est
surtout partir avec un meilleur
niveau de revenu », plaide un colla-
borateur.
Le président-candidat craint
sans doute d’en dire trop, comme en
2017, lorsqu’il avait promis de ne
pas toucher au niveau des pensions,
alors qu’il les a sous-indexées en
2019 et en 2020. De plus, Emmanuel
Macron souhaite utiliser les éco-
nomies sur les retraites pour finan-
cer d’autres pans de l’Etat-provi-
dence, tels que l’autonomie ou la
santé, dont les besoins vont aller
crescendo.
Cette baisse
tendancielle du
niveau des pensions
est l’équivalent
d’une réforme
des retraites
silencieuse mais
efficace pour
réduire les coûts.
En tout état de cause, aucun de
ces candidats ne précise quel
niveau des dépenses de retraite il
vise, en proportion de la richesse
nationale. Et quel effort il entend
consacrer aux autres dépenses
sociales, voire aux investissements
dans l’école, la recherche, etc.
Faute d’économies, le système de
retraite risque de demeurer défici-
taire pendant trente ans, mais le
COR estime que l’on peut s’accom-
moder du niveau de dépenses
actuel, dans la mesure où leur tra-
jectoire est « maîtrisée ». Le besoin
de financement, proche de 10 mil-
liards par an dans les années à venir,
ne s’emballerait pas. n
chiffrent en points de PIB [1 point
vaut 23 milliards d’euros, NDLR] ne
pourront être financées qu’en les
faisant payer par tous les salariés. Je
pense que le coût de ces mesures a
été sous-estimé. Rétablir l’impôt
sur la fortune et augmenter les
cotisations vieillesse de 1,25 point
ne suffira pas.
Si les Français veulent vraiment
plus de temps de retraite et moins
de revenus pendant toute la durée
de leur vie, pourquoi pas. Je trouve,
quant à moi, que cela coûte cher,
alors qu’on pourrait utiliser ces
moyens financiers pour réduire les
inégalités sociales. En effet, tout
le monde aura droit à la retraite
à 60 ans, même les riches, qui vivent
plus longtemps.
Sur ce point, la proposition
de Marine Le Pen est plus
équilibrée, puisque seuls
les Français qui ont commencé
à travailler avant 20 ans
partiraient à 60 ans…
Son programme est moins radi-
cal, pour mieux prendre en
compte les catégories populaires.
Il est intéressant, car il n’a plus
rien à voir avec la tradition histori-
que du FN, qui visait à réduire les
droits à retraite. Mais ses proposi-
tions vont quand même coûter
cher, car la grande majorité des
assurés proches de l’âge de la
retraite ont commencé à travailler
jeunes et vont pouvoir partir plus
tôt, au taux plein. n

MONDE
Les accusations
de crimes de guerre
se multiplient
contre l’armée russe
l La communauté internationale a condamné
des « atrocités » commises par l’armée russe en Ukraine,
notamment à Boutcha, à proximité de Kiev.
l Alors que les soldats ukrainiens regagnent du terrain,
les troupes russes vont essayer de se redéployer
rapidement vers l’est de l’Ukraine.
EUROPE
Yves Bourdillon
@yvesbourdillon
L’une grignote, l’autre se redéploie.
L’armée ukrainienne a annoncé
samedi que l’ensemble de l’oblast
(région) de Kiev avait été libéré, à la
suite du retrait rapide des soldats
russes la veille.
Les unités ukrainiennes, qui ont
repris une trentaine de localités,
dont Irpin, Boutcha, Gostomel et
Tchernobyl, siège de la centrale
nucléaire de triste mémoire, ont
découvert de nombreux cadavres
de civils exécutés, certains les
mains attachées. Confirmant ce
que d’autres avaient rapporté dans
des régions du sud ou de l’est occu-
pées par l’armée russe depuis cinq
semaines.
Fosses communes
L’ONG Human Rights Watch a
estimé disposer d’éléments pro-
bants de crimes de guerre commis
par l’armée russe à Chernihiv, Khar-
kiv et Kiev. A Boutcha, les autorités
ukrainiennes estiment que près de
300 personnes ont été enterrées
dans des fosses communes. Les
journalistes de l’AFP ont vu, samedi,
dans les rues les cadavres d’au
moins 22 personnes portant des
vêtements civils. L’un était couché
près d’un vélo, d’autres avaient des
sacs à provisions. Un cadavre avait
les mains liées dans le dos. « Nous
avons trouvé des fosses communes.
Nous avons trouvé des gens avec les
mains et les jambes ligotées […] et avec
des coups de feu, des impacts de bal-
les, à l’arrière de la tête », a décrit
pour la BBC le porte-parole du pré-
sident ukrainien, Serguiï Nikiforo-
vil, affirmant qu’il s’agissait « claire-
ment de civils ». Le président
ukrainien Volodymyr Zelensky a
évoqué, lui, « un génocide ».
L’Otan, les Etats-Unis, l’Union
européenne, ainsi que Londres,
Paris, Berlin et Rome ont dénoncé
A Irpin, dans la banlieue de Kiev, les signes d’un carnage
A Irpin, dans la banlieue
ouest de Kiev, les troupes
ukrainiennes découvrent
des civils exécutés et des
destructions épouvantables.
Guillaume Ptak
@guillaume_ptak
— Correspondant en Ukraine
Stoyanka, un carrefour stratégique
dans la banlieue ouest de Kiev. Au
dernier checkpoint avant l’entrée
d’Irpin, nous sommes invités à des-
cendre de voiture par des membres
des forces spéciales ukrainiennes.
Ces soldats d’élite sont chargés de
libérer Irpin, paisible ville résiden-
tielle devenue depuis le 27 février le
théâtre d’âpres combats.
Après quelques minutes de
négociation, l’officier qui com-
ces « atrocités ». Londres a dit
« travailler avec d’autres pays pour
rassembler des preuves et soutenir
l’enquête sur les crimes de guerre »
menée par la Cour pénale interna-
tionale.
« Les auteurs de ces crimes et leurs
commanditaires doivent rendre des
comptes », a déclaré le chancelier
allemand, Olaf Scholz, un peu avant
que le président français, Emma-
nuel Macron, ne s’exprime sur
Twitter : « Les autorités russes
devront répondre de ces crimes. » Des
autorités russes qui ont démenti,
dimanche, avoir tué des civils à
Boutcha.
Human Rights Watch
a estimé disposer
d’éléments probants
de crimes de guerre
commis par l’armée
russe à Chernihiv,
Kharkiv et Kiev.
Les forces ukrainiennes ont dit
avoir repris la région de Kiev et
Tcherniguiv, au Nord-Est. « Avec ce
retrait rapide des régions de Kiev et de
Tcherniguiv et aussi compte tenu de
tous les mouvements et concentra-
tions de troupes d’occupants, il est
tout à fait clair que la Russie a choisi
une autre tactique prioritaire », a
estimé le conseiller présidentiel
ukrainien, Mykhaïlo Podoliak : « se
replier vers l’Est et le Sud pour garder
le contrôle de vastes territoires occu-
pés et y dicter durement ses condi-
tions ». Volodymyr Zelensky a aussi
affirmé que les Russes se prépa-
raient à des « attaques puissantes »
dans l’Est.
Si le Kremlin a bien déclaré se
concentrer désormais sur le Don-
bass, le secrétaire général de l’Otan,
Jens Stoltenberg, se montre pru-
dent : « Ce n’est pas un vrai retrait,
c’est davantage une adaptation de
leur stratégie. » Le chef de la diplo-
matie américaine, Antony Blinken,
mande l’unité, Phil, accepte de
m’escorter à travers la ville dévas-
tée. « Nous ne pourrons pas aller jus-
que dans le centre, car toute la ville
n’est pas sous notre contrôle », esti-
mait-il vendredi, quelques heures
avant l’annonce par la mairie que
l’arrière-garde russe s’était retirée.
« Vous avez déjà vu un cadavre déca-
pité ? » me demande Phil. « Ce n’est
pas beau à voir. » Je suis prévenu.
Selon le maire de la ville Oleksandr
Markouchyn, entre 200 et 300 rési-
dents d’Irpin seraient morts au
cours de l’occupation russe : tués
par les bombardements, ou les tirs
de snipers.
Chaque bâtiment de ce quartier
résidentiel porte les séquelles des
combats : fenêtres brisées, murs
effondrés, façades criblées
d’impacts de balles ou de shrapnels.
a également prévenu : « Ils ont
encore la capacité de semer la mort et
la destruction de manière massive, y
compris dans des endroits comme
Kiev, avec des frappes aériennes et
des missiles. »
Les bombardements russes
continuent d’ailleurs sur l’ensemble
du territoire pour user l’armée
ukrainienne, notamment, samedi
et dimanche, sur des quartiers rési-
dentiels à Kharkiv (est), des infras-
tructures à Dnipro (centre), ou
encore des localités dans les régions
de Donetsk, Lougansk (est) et Kher-
son (sud). Trois missiles ont aussi
frappé le port d’Odessa, jusque-là
plutôt préservé.
Condamnation du pape
Dans les prochains jours, une
course de vitesse vers l’Est pourrait
se jouer entre les bataillons russes
et les forces ukrainiennes, qui sécu-
risent prudemment les zones
reconquises au nord avant d’aller
prêter main-forte à leurs camara-
des sur le front oriental.
Pour cela, Kiev estime manquer
encore de systèmes anti missiles,
ainsi que d’avions de chasse, que ses
partenaires occidentaux rechi-
gnent à lui fournir par crainte de
franchir une ligne rouge avec Mos-
cou. Les Etats-Unis ont annoncé
vendredi 300 millions de dollars
supplémentaires d’aide militaire à
l’Ukraine, en complément de celle
allouée depuis l’invasion, représen-
tant plus de 1,6 milliard.
Le pap e François a fustigé
samedi à Malte les actes de « quel-
que puissant » enfermé dans des
« intérêts nationalistes », dans une
allusion au président russe Vladi-
mir Poutine, qu’il n’a pas nommé. Il
envisage de se rendre en Ukraine, à
l’invitation du président Volody-
myr Zelensky.
De son côté, le secrétaire général
adjoint de l’ONU pour les Affaires
humanitaires, le Britannique
Martin Griffiths, s’est rendu à Mos-
cou afin d’essayer d’obtenir un ces-
sez-le-feu humanitaire. n
Des effets personnels sont épar-
pillés devant les bâtisses, oubliés
dans la fuite ou projetés par le souf-
fle des explosions.
A chaque carrefour, plusieurs
soldats partent en éclaireur. Nous
attendons leur signal pour avancer.
L’un d’entre eux, équipé d’un fusil de
sniper, se positionne pour nous
couvrir. Après quelques minutes de
marche, nous découvrons le pre-
mier cadavre sur le bord de la route :
un homme, habillé d’un jean et
d’une veste bleue. « C’était un civil,
pas un militaire. » Il gît dans le fossé,
une veste lui recouvrant la tête.
Nous reprenons notre progression.
« Préparez-vous », me souffle l’un
des soldats, pointant du doigt une
forme indistincte un peu plus loin.
Des explosions retentissent réguliè-
rement au loin, signe que les com-
De nombreux cadavres de civils exécutés ont été découverts dans les rues de Boutcha, au nord-ouest de Kiev,
Les mystérieux objectifs du Kremlin
Le changement de buts
militaires des Russes,
qui se concentrent sur
le Donbass, suscite des
rumeurs de dissensions
entre le Kremlin et l’armée.
Benjamin Quénelle
— Correspondant à Moscou
et Y. B.
L’opacité du Kremlin est bien
connue, mais s’épaissit encore
avec le brouillard afférent à tout
conflit. Quels sont désormais les
buts militaires et politiques de
Moscou ? Et des dissensions com-
mencent-elles à apparaître entre
les dirigeants russes compte tenu
des revers sur le terrain ?
Seule quasi-certitude, Vladimir
Poutine souhaiterait proclamer
une victoire, quelle qu’elle soit, le
9 mai, jour anniversaire de la vic-
toire soviétique contre l’Allema-
gne nazie. Comme il prétend
œuvrer à la « dénazification » de
l’Ukraine, il aura, selon un diplo-
mate européen à Moscou, besoin
« de résultats après plus de deux
mois d’opérations ».
Il n’en demeure pas moins que le
ministère russe de la Défense a
assumé, le 23 mars, un revirement
tactique complet avec la conquête
du seul Donbass comme nouvel
objectif. Une région d’environ
50.000 km2 dont Moscou contrôle
bats dans la région ne sont pas ter-
minés. L’une d’elles, plus forte,
provoque l’envol de corbeaux, qui
s’éloignent en croassant.
Morts dans un terrain
vague
Après s’être assuré que la voie était
libre, Phil nous fait signe de nous
approcher. Nous entrons dans un
terrain vague couvert de brous-
saille. Deux corps y sont étendus à
quelques dizaines de mètres
d’écart. Une femme, face contre
terre et recouverte d’un manteau, et
un homme. Alors que je m’age-
nouille pour prendre des photos, un
soldat nous interpelle : « On en a un
autre ! » Derrière une palissade
détruite gît le corps d’une dame visi-
blement âgée, vêtue d’un manteau
rose. Phil soupire, puis accroche le
déjà 40 % depuis huit ans. Plus
question de s’emparer de Kiev, ni
même du Sud, où l’armée ne pro-
gresse plus depuis la prise de Kher-
son. « Le but de l’opération et le plan
de Vladimir Poutine ne sont connus
de personne, souligne Andreï Koles-
nikov, politologue de Carnegie,
mais on a le sentiment que la straté-
gie et la tactique changent à la volée. »
Un ministre de la Défense
peu visible
Ces revirements poussent certains
à imaginer des dissensions au
Kremlin. La Maison-Blanche a
évoqué jeudi la mise aux arrêts
domiciliaires de conseillers de Vla-
dimir Poutine, sans autre préci-
sion. Le ministre de la Défense,
Sergueï Choïgou, d’une loyauté
sans faille envers le président
depuis vingt ans, n’a pas été vu en
public durant deux semaines.
Même si le ministre est reparu à
la télévision le 29 mars, le politolo-
gue Mikhaïl Vinogradov trouve
« étrange » que ce soit « juste pour
déclarer que le but de l’opération est
le Donbass et que les conscrits ne
seront pas envoyés au front ».
Ce que balaye Andreï Koles-
nikov : « Tout va bien pour Choïgou.
Les élites ne sont absolument pas
divisées, et les masses non plus. Au
contraire, l’opération est soutenue de
manière hystérique », comme
l’illustre un sondage montrant un
sac à main de la femme à un poteau.
« Pour faciliter son identification »,
m’explique-t-il. Nous reprenons la
route menant au centre-ville. Puis,
nous nous arrêtons devant une
Renault grise au train arrière
enfoncé. Contre la roue arrière gau-
che repose un sac à dos d’écolier.
« Un tank russe est passé dessus », me
souffle l’un des soldats. Impossible
de vérifier ses dires.
Nous avançons jusqu’à une barri-
cade improvisée, constituée de par-
paings empilés. Le tireur d’élite qui
nous accompagne prend position.
Nous n’irons pas plus loin. « Nous
n’avons pas encore nettoyé au-delà de
ce point », m’explique Phil, pointant
du doigt des immeubles d’habita-
tion à quelques centaines de mètres.
Sur le chemin du retour, les sol-
dats ukrainiens insistent pour faire
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
soutien à 83 %, même si la sincérité
des répondants est loin d’être
garantie. « Les élites n’ont nulle part
où aller si elles quittent le navire, elles
vont couler ou nager avec Poutine. »
« Le fait est que Poutine décide
seul et personne ne peut plus le con-
tester. Non pas par peur, mais parce
qu’ils comprennent qu’ils doivent se
montrer en vrais patriotes et soute-
nir la décision du chef », rappelle
une source russe bien au fait des
processus de décision autour de
Vladimir Poutine. « Autour de lui,
des gens sont peut-être contre le
conflit mais ils ne le disent pas… »
Ce que confirme le rédacteur en
chef de la radio Ekhos de Moscou,
fermé récemment sous la pression
des autorités, Alexei Venediktov :
« Personne ne peut contredire Pou-
tine. Et, malgré les rumeurs faisant
plaisir aux Occidentaux, il n’y a pas
aujourd’hui de failles dans le sys-
tème. Le président pas plus que ses
proches ne peuvent reconnaître que
cette offensive a été une erreur. »
Certains observateurs évoquent
toutefois des couacs de communi-
cation entre le Kremlin et sa délé-
gation aux pourparlers avec les
Ukrainiens, mardi dernier, à
Istanbul. Le chef de la délégation,
Vladimir Medinski, a salué les
avancées « substantielles » avec les
Ukrainiens, tandis que le porte-pa-
role du Kremlin Dmitri Peskov ne
voyait « rien de nouveau »… n
un détour, et me montrer une BMW
blanche, aux portières marquées
d’un « V » noir, peint à la bombe. Ses
vitres sont criblées d’impacts de
balles, le verre éparpillé sur les siè-
ges. Le coffre de la voiture est rempli
d’ordinateurs portables, de télépho-
nes, de munitions. Des équipe-
ments électroniques sont dispersés
autour du véhicule. « Des pillards,
m’explique Phil. Ils ont tenté
d’emporter tout ça dans leur fuite,
mais ils n’ont pas réussi, les débiles. »
Je l’interroge sur leur sort. « Ils sont
morts », répond-il, lapidaire. Il ne
donnera pas plus de détails. Nous
retournons en silence vers le check-
point, l’un des soldats s’allume une
cigarette. Alors que nous nous
apprêtons à repartir à Kiev, Phil me
lance « Gloire à l’Ukraine ! », avant de
retourner vers Irpin. n
 Les Echos Lundi 4 avril 2022 MONDE // 07

Gaz : Moscou donne un mois de plus

aux Européens pour payer en roubles
Les versements seront
réalisés en euros, avant
d’être convertis en devise
locale dans un deuxième
temps.
Krystele Tachdjian
@KrysteleTachdji
avec E.Le.
La menace de voir la Russie cou-
per le robinet du gaz « aux pays ina-
micaux », brandie ces dernières
semaines par Vladimir Poutine,
s’est éloignée vendredi, entraînant
une détente des prix du gaz. Le
Kremlin a annoncé qu’il accordait
un délai supplémentaire aux
importateurs européens pour
régler en roubles leurs factures de
gaz, ce qui a fait retomber d’un
cran la pression.
Le porte-parole du gouverne-
ment russe, Dmitry Peskov, a
déclaré que les entreprises euro-
péennes disposaient d’une période
d’au moins 15 jours, pouvant
s’étendre jusqu’à début mai pour
s’acquitter de leurs achats de gaz
russe en roubles. « Le paiement
pour les livraisons actuelles n’a pas
besoin d’être fait aujourd’hui », a
indiqué vendredi le représentant
de Vladimir Poutine. « Cela devrait
se faire quelque part … dans la
seconde moitié du mois d’avril, ou
même au début du mois de mai »,
a-t-il ajouté.
La Russie avait créé la surprise
le 23 mars dernier en décrétant
qu’elle ne voulait plus que son gaz
soit réglé en euros ou en dollars à
partir du 1er avril. Cette mesure doit
avoir pour effet de soutenir le
cours du rouble, en chute depuis la
mise en place de sanctions écono-
miques contre Moscou. Mais ce
dispositif inquiète les entreprises
du Vieux Continent qui y voient la
source d’une possible rupture de
contrat. Ces derniers jours, ces pré-
occupations avaient toutefois
commencé à se dissiper : Moscou a
finalement laissé aux Européens
la possibilité de continuer de payer
en euros sur un compte bancaire,
avant une deuxième phase de con-
version en devises locales.
Pas de rupture de livraisons
« Les informations que nous avons
reçues de Moscou ces derniers jours
et ces dernières heures tendent à
nous laisser penser que les entrepri-
ses pourront continuer à payer en
euros auprès des banques qui, elles-
mêmes, devront convertir leurs
euros en roubles, notamment Gaz-
prom Bank », a déclaré vendredi
Barbara Pompili, la ministre de la
Transition écologique. La France
semble se satisfaire de ce compro-
mis. La demande du gouverne-
ment russe de paiement du gaz en
roubles ne devrait pas générer « a
priori de rupture de livraisons », a
précisé la ministre.
« Cela ne nous empêche pas de
travailler pour être de moins en
moins dépendant du gaz russe », a-t-
elle poursuivi. La Russie fournit
environ 40 % du gaz naturel
consommé dans l’UE. Bruxelles a
annoncé le mois dernier vouloir
diviser par trois les importations
européennes de gaz russe d’ici à
2023. La Commission européenne
a appelé les Etats à diversifier leur
approvisionnement et à accélérer
les investissements dans les éner-
gies renouvelables. n
40 %
La part du gaz russe dans
la consommation totale de gaz
dans l’Union européenne.

COMMUNIQUÉ
après le retrait de l’armée russe. Photo Ronaldo Schemidt/AFP

« Nous espérons ouvrir Une nouvelle identité pour un

dès fin avril un centre de pionnier français des énergies vertes
formation à la médecine Une nouvelle marque pour un acteur reconnu « QENERGY France ambitionne d’être une entre-
de guerre en Ukraine » QENERGY fait son entrée dans le paysage français prise leader de « smart energy solutions ». Nous
produisons de l’électricité verte à partir de l’énergie
des énergies vertes avec déjà 23 ans d’expérience
Propos recueillis par à son actif : c’est la nouvelle identité de RES SAS, générée par le soleil et par le vent, notre objectif
Marianne Bliman RAPHAËL PITTI est d’ofrir la capacité de stocker cette énergie ou
Professeur de méde- l’un des leaders indépendants historiques du déve-
@Marianne_Bliman de la convertir en hydrogène vert au moyen de so-
cine d’urgence et loppement de projets d’énergies renouvelables en
aphaël Pitti va lancer un de catastrophe France, auparavant ailié au groupe RES. lutions durables, intelligentes et abordables pour

R centre de médecine de
guerre en Ukraine, via
l’ONG UOSSM France, avec laquelle
il a agi en Syrie pendant dix ans, et
interviennent sur le terrain. Puis
aux médecins, infirmiers et chirur-
giens, qui sont à l’hôpital.
Pour impulser le changement, l’entreprise dévoile
une nouvelle marque forte et diférenciante dont
l’univers visuel se décline autour d’un cercle « ho-
accélérer la transition énergétique du pays » ajoute
Jean-François Petit, Directeur Général.

Un partenaire local au service des territoires

en partenariat avec La Chaîne de
l’espoir.
Vous lancez un centre de forma-
tion en médecine de guerre en
Ukraine. A destination de qui ?
En guerre, vous devez faire face à
une situation mouvante. Avec les
bombardements, les déplacements
des combattants, les arrivées de
blessés par vagues d’ampleurs
variées, l’impact de la guerre sur les
hôpitaux (manque de moyens,
manque de personnels), tout est
rendu extrêmement compliqué.
Dans certaines situations, le même
h ô p i t a l p e u t d e ve n i r c e n t r e
d’accueil et centre de traitement,
avec impossibilité d’évacuer les
blessés. Certains blessés en
« urgence absolue » peuvent passer
en « urgence dépassée ». On peut
être amené alors à les laisser mou-
rir. Dans cette situation d’afflux de
blessés, le premier acte médical est
le « triage », qui distingue les urgen-
ces immédiates de celles qui peu-
vent attendre. Cela s’apprend.
La moitié des blessés de guerre
sur le terrain meurent, dans la pre-
mière heure, d’hémorragie ou
d’asphyxie. C’est donc au cours de
cette première heure, que l’on
appelle « l’heure d’or », que les per-
sonnes les plus proches de la vic-
time peuvent, par des gestes sim-
ples, éviter qu’elle ne meure. Au
centre, la priorité de la formation
sera donnée aux secouristes, qui
« La moitié des
blessés de guerre
sur le terrain
meurent dans
la première heure. »
Vous allez ouvrir un centre
temporaire à Metz…
A Metz, nous allons accueillir six
Ukrainiens spécialistes de méde-
cine d’urgence, de chirurgie, d’anes-
thésie-réanimation. Nous les forme-
rons pour qu’ils puissent ensuite
apprendre à d’autres les procédures
d’action à mener, les algorithmes de
décision à suivre : faire une évalua-
tion vitale du malade en quelques
minutes, effectuer les procédures
pour stabiliser leur état. C’est ce que
l’on appelle le « damage control ». En
bref, nous leur donnons un schéma
opératoire complet d’action, qui vise
à ce qu’ils s’approprient des algorith-
mes de décision et des protocoles de
soin, pour qu’ils les appliquent de
manière automatique.
Un professeur assistant ukrai-
nien, qui est notre coordonnateur
en Ukraine, nous aide à trouver ces
médecins. Nous partons mercredi à
Lviv pour le rencontrer, ainsi que les
autorités civiles. Dans notre centre
sur place, ils formeront à leur tour, à
chaque session, 32 personnes. Cha-
que session durera trois jours, de
8 heures à 20 heures. Nous espérons
ouvrir dès fin avril ce centre de
médecine de guerre en Ukraine.
A combien évaluez-vous le
coût du centre en Ukraine ?
Il devrait coûter environ
200.000 euros, auxquels il faudra
ajouter 100.000 euros de fonction-
nement par mois. Ce dernier mon-
tant inclut la prise en charge des
personnes en formation, dont nous
assurerons l’hébergement, la nour-
riture et les frais de déplacement.
Nous comptons sur la générosité
des donateurs. Nous allons aussi
présenter notre projet au Centre de
crise du ministère des Affaires
étrangères pour tenter d’obtenir
une subvention de l’Etat français. n
listique », symbole représentant son positionnement
d’acteur global des énergies vertes présent sur toute Hier comme aujourd’hui, dans la continuité du tra-
la chaîne de valeur et ofrant des services complets vail fourni et des relations construites ces 23 der-
nières années grâce à un engagement territorial fort,
pour la production et la fourniture d’énergie durable.
QENERGY se positionne comme un partenaire local
de confiance. Ses équipes se répartissent dans 6
QENERGY France, c’est à la fois un agences partout en France pour être au plus proche
des projets qu’elles développent, des parties pre-
acteur global et un partenaire local.
23 ans d’expérience au service des nantes et des acteurs des territoires sur lesquels ils
solutions énergétiques de demain : la sont implantés
performance d’un pionnier et l’énergie
de la nouveauté.
« C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous
abordons ce nouveau chapitre de l’histoire de notre
entreprise avec le soutien de notre nouvel action-
naire. Cette évolution nous permet de renforcer
notre présence sur le marché français dans tous
l’énergie
nos secteurs d’activité et de travailler à notre expan- verte à
360°
sion vers de nouveaux secteurs d’avenir » déclare
Jean-François Petit, Directeur Général de QENERGY
France.
Un acteur global au service des solutions
énergétiques de demain
Spécialiste du développement et de la construction
de projets éoliens - terrestres et en mer - et pho-
tovoltaïques et déjà positionnée sur le marché du
repowering et du développement de solutions de
stockage d’énergie, QENERGY France poursuit
sa croissance et son expansion en s’ouvrant au-
jourd’hui à de nouveaux domaines tels que le so-
laire flottant et l’agrivoltaïsme. L’entreprise explore L’énergie est notre avenir,
également de nouvelles filières innovantes comme économisons-la !
les solutions hybrides ou la production d’hydrogène
afin de proposer une ofre toujours plus complète
et adaptée aux besoins énergétiques de la France. qenergy.eu
08 // MONDE Lundi 4 avril 2022 Les Echos

L’inflation record met en danger Espagne : la droite

la croissance de la zone euro
l Les prix à la consommation ont grimpé de 7,5 % en mars sur un an dans la zone
euro, portés par les prix de l’énergie (+44 %) en raison de la guerre en Ukraine.
l La baisse du pouvoir d’achat des ménages pourrait entraîner une récession
dès cet été, selon certains économistes.
CONJONCTURE
Guillaume de Calignon
@gcalignon
Avec la nette accélération de l’infla-
tion, la question qui se pose désor-
mais est de savoir si la zone euro va
échapper à une récession cette
année. Les prix à la consommation
ont effet grimpé de 7,5 % en mars sur
un an selon Eurostat, l’institut euro-
péen de statistiques alors qu’ils ne
progressaient « que » de 5,9 % en
février dans la zone euro.
Désormais tout ou presque aug-
mente dans tous les pays. D’abord les
prix de l’énergie, dont la hausse est
plus rapide qu’avant en raison de la
guerre russe en Ukraine et des sanc-
tions européennes vis-à-vis de la
Russie. Dans la zone euro, les prix de
l’énergie ont bondi en mars de 44 %
sur un an, alors qu’ils affichaient une
hausse de 32 % en février. Les prix
alimentaires, du tabac et de l’alcool
progressent aussi, de 5 % en mars,
tout comme ceux des produits
industriels. Et l’inflation devient un
vrai problème dans beaucoup de
pays européens. Selon Eurostat, les
Néerlandais ont vu les prix progres-
ser de 11,9 % le mois dernier et les
Espagnols de 9,8 %. Dans les pays
Baltes, les taux d’inflation sont à
deux chiffres. Avec 5,1 % d’inflation
seulement, la France fait figure de
bon élève. Les gouvernements euro-
péens ont beau multiplier les mesu-
res de soutien du pouvoir d’achat
face à l’envolée du prix des hydrocar-
bures, il n’est pas sûr que cela suffise.
Ludovic Subran, le chef économiste
d’Allianz, n’exclut pas que l’inflation
atteigne 9 à 10 % cet été en Allema-
gne. Les négociations salariales ris-
quent alors d’être tendues. Mais elles
mettront quelques mois à aboutir.
Les ménages pessimistes
En attendant, « la hausse persistante
des prix pèsera sur les dépenses des
consommateurs, ajoutant de nouvel-
les craintes autour de la reprise écono-
mique », jugent les économistes du
cabinet Oxford Economics. Claire-
ment, la reprise de l’activité écono-
mique après la pandémie est remise
en cause par la guerre aux portes de
l’Europe et la hausse des prix qui va
nécessairement entamer le pouvoir
d’achat des ménages. Il n’est pas cer-
tain que l’épargne accumulée pen-
dant la crise du Covid soit dépensée.
Car les ménages tombent dans le
pessimisme. Le moral des consom-
mateurs européens connaît une
forte chute depuis la fin février et
l’offensive russe en Ukraine.
Le rebond a été tellement fort
après la pandémie que l’acquis de
croissance à la fin 2021, c’est-à-dire la
progression du PIB sur l’année 2022
si le PIB restait chaque trimestre au
niveau de celui des trois derniers
mois de l’an passé, devrait permettre
à la zone euro d’afficher une crois-
sance cette année. Mais en fait, le
chiffre annuel ne veut plus dire
grand chose, le contexte ayant une
nouvelle fois été chamboulé. « On
pourrait très bien avoir une chute du
PIB aux deuxième et troisième trimes-
tres », estime Gilles Moëc, chef éco-
nomiste du groupe Axa. Surtout si
« Je crois vraiment
que nous sous-
estimons l’impact
à moyen terme
de cette guerre. »
LAURENCE BOONE
Economiste en chef de l’OCDE
l’Allemagne connaît un fort ralentis-
sement de son activité manufactu-
rière, ce vers quoi le pays semble se
diriger. L’indice IFO du moral des
industriels allemands a nettement
flanché en mars.
« L’ampleur du choc lié à la flam-
bée du prix des matières premières
dépendra en partie de la durée du
conflit. Mais d’ores et déjà, on peut
estimer qu’il sera compris entre 1 % et
2,5 % du PIB de la zone euro », pense
Samy Chaar, chef économiste de la
banque suisse Lombard Odier.
« Comme la croissance européenne
en rythme de croisière est de 1 %, et
non pas 4 % comme initialement
prévu cette année en raison du
rebond post Covid, le choc est, en tant
normal, récessif », avance-t-il.
« Je crois vraiment que nous sous-
estimons l’impact à moyen terme de
cette guerre », a déclaré vendredi
l’économiste en chef de l’OCDE,
Laurence Boone, à Bloomberg.
« Plus la guerre durera, plus nous
aurons d’incertitude et plus nous
nous inquiéterons parce que l’incerti-
tude décourage les achats des con-
sommateurs et les investissements
des entreprises ». L’OCDE n’est pour-
tant pas connue pour le pessimisme
de ses prévisions. n
se donne un nouveau
leader modéré
EUROPE
Le galicien Alberto
Núñez Feijóo a été
désigné, en congrès
à Séville, comme
chef de file du
Parti populaire,
principale force
d’opposition.
Cécile Thibaud
@CecileThibaud
— Correspondante à Madrid
« Assez de polémiques artificielles
et de débats stériles », « Je ne viens
pas pour insulter le président du
gouvernement, je viens, avec vous
tous, pour le vaincre ». Lors de
son premier discours comme
chef de file du Parti populaire,
Alberto Núñez Feijóo a tracé les
grandes lignes de la nouvelle
stratégie de la formation en
annonçant un virage vers la
modération. « Nous devons sor-
tir la politique espagnole de la
confrontation et de l’hyperbole
permanente », a-t-il insisté face
aux dirigeants du PP, réunis en
congrès à Séville ce week-end.
Pour le PP, principale force
d’opposition, il s’agit de tourner
la page des querelles qui ont fait
exploser l’équipe dirigeante pré-
cédente. Seul candidat à la suc-
cession, Alberto Núñez Feijóo,
60 ans, est arrivé dans la capitale
andalouse sous les acclama-
tions. Président régional de
Galice depuis 2009, il a pour lui
la tranquillité de quatre majori-
tés absolues d’affilée, dans une
région où l’extrême droite n’a
pas réussi à prendre pied.
L’homme providentiel
Il a soigné son profil conciliant
et pragmatique, avec pour seule
ombre au tableau ses amitiés
trop proches avec des narcotra-
fiquants galiciens dans sa jeu-
nesse. Les photos qui circulent
dans la presse l’avaient jusqu’ici
empêché d’occuper un rôle de
premier plan au niveau natio-
nal. Mais elles sont passées à
l’arrière-plan. Le parti voit
maintenant en lui l’homme
providentiel, à la fois conserva-
teur et modéré, qui devrait
aider à rassembler les différen-
tes sensibilités au sein du PP.
« Il s’agit de réinitier le parti
pour repartir de zéro sur des
bases nouvelles, comme quand
on réinitie un ordinateur blo-
qué », explique un dirigeant du
PP. Mais l’atterrissage du nou-
veau leader à Madrid risque
d’être rude, dans une formation
tiraillée entre ses ambitions de
centre droit réformiste et euro-
péiste, et les incessantes pres-
sions de Vox à l’extrême droite.
Il n’en a pas été directement
question durant les journées de
Séville, mais l’ombre de la for-
mation ultra en pleine ascen-
sion n’a cessé de planer. Elle pré-
tend en effet marquer le pas du
PP, qu’elle rebaptise « petite
droite trouillarde » à chaque
signe de modération. Partenaire
incommode, elle s’est imposée
comme allié indispensable dans
les gouvernements régionaux,
en Andalousie, à Madrid ou à
Murcie, et doit même entrer
prochainement au gouverne-
ment de Castille-et-León.
Le PP est tiraillé
entre ses ambitions
de centre droit
réformiste et
européiste, et les
pressions de Vox
à l’extrême droite.
La question est de savoir
comment le nouveau leader du
PP va réussir à concilier ses
ambitions modérées et les pac-
tes locaux, sans aucun cordon
sanitaire sur le terrain face à
l’extrême droite.
« Les incertitudes sociales et
politiques sont en train de lui
donner des options pour arriver
au pouvoir. Mais pour gagner, le
PP a besoin de s’affirmer comme
sérieux et modéré en affichant
son profil gestionnaire, surtout
dans un contexte de crise mon-
diale, explique le politologue
Pablo Simón, professeur à l’Uni-
versité Carlos III de Madrid. Il
doit s’ouvrir au centre et, en
même temps, il aura besoin de
Vox pour gouverner. Il faudra à
un moment ou à un autre arrêter
d’envoyer des signaux contradic-
toires et clarifier la situation. »
Autour du nouveau président
du PP, on reconnaît le dilemme
mais on botte en touche en plai-
dant pour la pluralité. « Il faut
additionner, pas exclure », insiste
l’un de ses proches en rappelant
que les fondateurs de Vox sont
issus du PP, et que l’objectif doit
être de les faire revenir. Reste à
savoir à quel prix. n

Etats-Unis : le débat sur le risque d’une récession resurgit en bref

Dans un contexte de crises
à répétition, refroidir
l’inflation sans casser la
croissance est une gageure.
Véronique Le Billon
@VLeBillon
— Bureau de New York
Une croissance de près de 7 % en fin
d’année dernière, un taux de chô-
mage revenu sur ses plus bas
niveaux (3,6 % en mars) et pour-
tant, le débat est relancé aux Etats-
Unis sur le risque d’une récession.
L’alerte a été donnée ces derniers
jours par une « inversion de la
courbe des taux » des bons du Tré-
sor américain : les investisseurs
sont désormais enclins à réclamer
une rémunération plus élevée pour
prêter leur argent pendant deux
ans que pendant dix, signe d’une
inquiétude pour le court terme.
« Une inversion de la courbe des
taux à 2 ans et 10 ans a précédé cha-
cune des dix dernières récessions »,
rappelle John Canavan, analyste
senior à Oxford Economics. « Le
seul “faux positif ” a eu lieu en 1965-
1966 ». Pour Deutsche Bank, les
enquêtes d’opinion envoient aussi
un message négatif sur les perspec-
tives économiques. « La lecture
actuelle de l’écart de confiance des
consommateurs serait cohérente
avec une probabilité de récession
d’environ 50 % au cours de l’année
prochaine », estiment ses analystes.
C’est l’inflation (+7,9 % sur un an),
encore nourrie par les tensions géo-
politiques, qui inquiète en priorité
les économistes. « La hausse des
coûts des matières premières pèse sur
la consommation en érodant les reve-
nus réels des consommateurs, et c’est
l’une des principales raisons pour les-
quelles nous prévoyons que la crois-
sance du PIB en 2022 ne sera que légè-
rement supérieure au potentiel », à
seulement 1,9 % en fin d’année sur
un an, estime désormais Goldman
Sachs. Pour préparer son budget
2023, la Maison-Blanche avait parié
en novembre sur un ralentissement
beaucoup plus limité, avec encore
une croissance de 3,8 % en fin
d’année sur un an.
Dans un contexte de crises à
répétition, refroidir l’inflation sans
casser la croissance est une
gageure. « La Réserve fédérale est à la
traîne par rapport au niveau d’infla-
tion pour normaliser les taux d’inté-
rêt, et les investisseurs se rendent
compte que le raffermissement de la
politique monétaire va se faire de
manière plus agressive à un moment
où la croissance ralentit, ce qui
accroît le risque d’un atterrissage
raté », décrypte Gregory Daco, chef
économiste de EY Parthenon.
Alerte plus que pronostic
Le marché du travail tendu ren-
force aussi les risques. « Bien que
nous nous attendions à ce que le
retour d’un million de personnes sur
le marché du travail et un relâche-
ment connexe des pressions salaria-
les permettent à la Fed d’organiser
un atterrissage en douceur, ce résul-
tat est loin d’être garanti », alerte
Spencer Hill, de Goldman Sachs.
La Fed n’a pour l’instant aug-
menté les taux d’intérêt que d’un
quart de point, mi-mars, mais son
président Jerome Powell s’est dit
prêt à taper plus fort et plus vite lors Covid : pic de contaminations en Chine
de ses prochaines réunions. « Tant et découverte d’un variant d’Omicron
qu’il n’y a pas de chute des marchés
financiers, de hausse très rapide des PANDÉMIE La Chine a recensé dimanche plus de 13.000 cas de
taux d’intérêt à long terme, ou Covid en une journée, le nombre le plus élevé depuis le pic de la
d’appréciation du dollar, la Fed n’indi- première vague il y a deux ans. La quasi-totalité des 25 millions
quera pas de volonté de ralentir », d’habitants de Shanghai sont confinés depuis samedi et plusieurs
estime Gregory Daco, qui mise à dizaines de millions de Chinois sont par ailleurs confinés dans le
court terme sur deux hausses de nord-est du pays. De surcroît, les autorités de Suzhou, à l’ouest de
0,5 point chacune. Shanghai, ont découvert une mutation du variant Omicron qui
Le débat reste à ce stade une n’est répertoriée dans aucune base de données locale ou interna-
alerte plutôt qu’un pronostic. « His- tionale, a rapporté dimanche la presse d’Etat.
toriquement, le délai entre l’inver-
sion de l’écart [de taux] et le début de
la récession a été long et variable »,
n o t e d ’a b o r d Jo h n C a n ava n ,
d’Oxford Economics : entre neuf
mois et trois ans. Et les ménages
américains ont encore un matelas
d’épargne dans lequel puiser, SUR
contrairement à de précédents épi-
sodes de récession où les prix des
matières premières avaient neutra- RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX
lisé la croissance des revenus, pointe
Goldman Sachs. La banque évalue à DANS « L’ÉDITO ÉCO »
ce stade le risque de récession l’an À 7H45
prochain entre 20 à 35 %. Seulement DU LUNDI AU VENDREDI
« un peu plus que la normale ». n
Les Echos Lundi 4 avril 2022 MONDE // 09

Le Brésil bien décidé à faire

une entrée rapide à l’OCDE
l Le ministre brésilien de l’Economie, Paulo Guedes, a plaidé à Paris
pour la candidature du pays à l’OCDE.
l Le Brésil veut réussir son entrée dans ce club fermé des pays libéraux.

AMÉRIQUE LATINE
Richard Hiault
@RHIAULT
« Si vous ne nous aidez pas, nous
irons ailleurs. » En déplacement à
Paris où ses équipes ont rencontré
des représentants officiels de l’Orga-
nisation de coopération et de déve-
loppement économiques (OCDE), le
ministre brésilien de l’Economie,
Paulo Guedes, a montré du muscle
pour défendre ardemment l’acces-
sion de son pays à l’organisation.
« Nous sommes un pays qui par-
tage les valeurs et les principes de la
démocratie », a-t-il pourtant insisté.
Cet automne, l’actuel président Jair
Bolsonaro va tenter un second man-
dat où il devrait être opposé à
l’ancien président Lula, qui le
domine pour l’instant dans les son-
dages (43 % à 26 %) dans un combat
qui opposera extrême droite et
extrême gauche. Paulo Guedes a
souligné le fait que le Brésil est le
seul pays membre des BRICS (Bré-
sil, Russie, Inde, Chine et Afrique du
Sud) à avoir voté, par deux fois aux
Nations unies, contre l’agression de
l’Ukraine par la Russie.
dossier. Même si cela va prendre un
peu de temps compte tenu des nom-
breuses étapes à franchir.
Environ 25 comités techniques
de l’Organisation vont évaluer pour
juin prochain les différentes politi-
ques du Brésil en matière de santé,
de travail, de fiscalité, de lutte contre
le réchauffement climatique, de
taux de change… Dans la foulée –
« probablement en juillet », indique-
t-on dans l’entourage du ministre
brésilien –, le Brésil présentera un
mémorandum sur ses intentions de
conduite politique par rapport aux
recommandations faites par
l’OCDE. « Dans le courant du second
semestre, les travaux réels pour
l’adhésion débuteront. »
Bon nombre de sujets sont sur la
table, à commencer par les ques-
tions fiscales. Le système brésilien
est assez éloigné des pratiques de
l’OCDE, notamment sur les ques-
tions de prix de transfert qui ne res-
pectent pas la règle de pleine
concurrence. Depuis quatre ans, des
travaux avec l’OCDE sont en cours
pour parvenir à une convergence de
vue. Un projet de loi en ce sens est
attendu après la tenue des élections
présidentielles début octobre. De
même, le gouvernement brésilien
planche sur une harmonisation de
ses pratiques avec celles préconisées
par l’OCDE en matière de TVA.
Economie verte
Sur la question du réchauffement
climatique, le Brésil, très critiqué
pour sa politique environnemen-
tale, a rehaussé ses engagements
lors de la COP 26 à Glasgow. Brasília
envisage la création d’un marché
carbone, de mettre en œuvre une
taxe carbone et un système de paie-
ments pour services environne-
mentaux qui rémunérerait par
exemple les agriculteurs pour des
actions contribuant à restaurer ou
maintenir des écosystèmes.
Paulo Guedes assure que le gou-
vernement a triplé le budget pour
lutter contre la déforestation illé-
gale dans le pays. « Nous voulons
être partie intégrante des solutions
sur le plan de la lutte contre le chan-
gement climatique avec l’OCDE.
Nous ne voulons pas être un pro-
blème », a déclaré le ministre qui
affirme que le Brésil a largement
investi dans l’économie verte. « En
quelques années, nous sommes pas-
sés de zéro à 15 % d’énergie produite
par les éoliennes, les panneaux solai-
res ou l’hydraulique. Aujourd’hui,
75 % de notre énergie est propre et
nous voulons être un acteur majeur
de la transition vers une économie Le ministre de l’Economie, Paulo Guedes, assure
bas carbone », en accord avec les que le gouvernement brésilien a triplé le budget pour lutter
principes définis par l’OCDE. n contre la déforestation illégale dans le pays. Photo Evaristo Sa/AFP

De nombreuses étapes
« Les démocraties
à franchir libérales
Observant que le PIB des sept prin- et la civilisation
cipaux pays émergents [les BRICS
plus l’Indonésie et le Mexique, NDLR]
occidentale
est plus élevé que celui des pays perdent du terrain.
industrialisés du G7, « les démocra- Les pays émergents
ties libérales et la civilisation occiden- vont vite. De ce fait,
tale perdent du terrain. Les pays
émergents vont vite. De ce fait, un un Brésil plus
Brésil plus proche des pays de l’OCDE proche des pays
devrait être apprécié » à sa juste de l’OCDE devrait
valeur, a-t-il expliqué lors d’un point
presse mardi à l’ambassade du Bré-
être apprécié. »
sil. « Géopolitiquement, nous avons PAULO GUEDES
tous intérêt à arrimer le plus rapide- Ministre de l’Economie
ment possible le Brésil à l’OCDE »,
confirmait une source proche du

L’économie brésilienne
en zone de turbulences
Grand producteur
de matières premières,
le Brésil pourrait tirer
profit de la nouvelle donne
géopolitique. Mais l’inflation
est un danger réel.
Thierry Ogier
— Correspondant à São Paulo
Dans les grandes villes, les légendai-
res bouchons sont de retour aux
heures de pointe et les avions
reliant les grandes métropoles sont
souvent pleins à craquer. Malgré un
effroyable bilan de 650.000 morts
du Covid-19, la vie reprend peu à
peu son cours normal au Brésil,
grâce notamment à un taux de vac-
cination qui dépasse les 75 %. « Cela
a l’air de repartir », souffle un indus-
triel français à São Paulo.
Mais contrairement aux appa-
rences, le taux de croissance de
4,6 % affiché l’an dernier ne se
reproduira pas cette année. Une
année électorale, où Jair Bolsonaro
remettra son mandat présidentiel
en jeu en octobre.
Impact de la guerre
Le danger, c’est celui de la guerre en
Ukraine. Dans un premier temps,
les producteurs de matières pre-
mières, du pétrole au minerai de
fer en passant par les céréales,
entendent tirer leur épingle du jeu.
En Bourse, les cours grimpent en
flèche. Tout comme l’excédent de la
balance commerciale et les recettes
fiscales. Mais, souligne Otaviano
Canuto, « l’augmentation du cours
des matières premières a déjà un
impact sur l’inflation dans le pays »,
affirme cet ancien vice-président de
la Banque mondiale. L’inflation a
déjà atteint 10 % l’an dernier. Et
depuis le début de la guerre en
Ukraine, traditionnel exportateur
de blé, le prix du pain a subi une
augmentation de 20 %. « Sans
compter le risque de pénurie
d’engrais, qui doivent être utilisés lors
de la prochaine récolte », souligne
l’expert, membre senior du Policy
Center for the New South.
Soutien aux ménages
Mais c’est surtout le prix de l’énergie
qui grève le budget des ménages. Le
gazole a ainsi augmenté de 25 % du
jour au lendemain il y a peu, alors
que le prix de l’essence était relevé
de 18 %. Sans compter la hausse ver-
tigineuse du prix de la bonbonne
de gaz qui pénalise les plus pau-
vres… Pour endiguer l’explosion
de la misère, le gouvernement
Bolsonaro a mis en place un pro-
gramme d’allocations mensuelles
de 400 reais (environ 80 euros, soit
un tiers du salaire minimum) pour
18 millions de familles. « Sur place,
on voit que le scénario de l’inflation
pose des problèmes de plus en plus
importants. Plus la guerre se prolon-
gera, plus les défis seront impor-
tants », explique Ariane Benedito,
économiste de CM Capital, une
société de courtage de São Paulo. n
10 // IDÉES Lundi 4 avril 2022 Les Echos

analyses
Le métavers,
un club de riches ?
Raphaël Balenieri
@RBalenieri
Tout flambe. Le prix de l’essence, de
l’électricité, du papier… Mais ce n’est
rien à côté de ce qui se passe dans le
métavers, cet ensemble de nou-
veaux univers virtuels et immersifs
peuplés d’avatars en 3D. Dans The
Sandbox, un métavers lancé en 2012
par deux Français et soutenu par
Softbank, les prix des terrains vir-
tuels (il y en a plus de 166.000 sur la
plateforme) rivalisent avec ceux de
l’immobilier à Paris, Londres ou
Hong Kong. Ces jours-ci, un certain
« EnzoFar » a mis le sien en vente.
Prix affiché de son « land » ? 66.666
éthers (l’une des principales crypto-
monnaies avec le bitcoin). Soit, au
cours actuel… plus de 227 millions
de dollars.
D’autres ont fait encore mieux.
Depuis leur création en 2021 par
quatre amis, les 10.000 singes vir-
tuels du Bored Ape Yacht Club, tous
(2003) peuvent être considérés
comme des premières formes de
métavers.
La nouveauté, dans les métavers
actuels, est la possibilité de posséder
des biens virtuels, qui peuvent donc
Ces nouveaux univers s’acheter ou se vendre, sur des plate-
virtuels en 3D formes comme OpenSea. Ces biens,
ce sont les fameux NFT, ces « jetons
réintroduisent non fongibles » qui permettent de
propriété et rareté certifier la propriété et l’unicité de
tel ou tel objet virtuel.
dans le monde gratuit Or jusqu’à présent, dans le Web
et infini d’Internet. actuel, la propriété n’existait pas. Les
Le risque est « skins » qui s’achètent dans le jeu
vidéo Fortnite pour habiller les per-
qu’ils ne s’adressent sonnages restent dans Fortnite et ne
qu’à une minorité sont pas transposables ailleurs. De
la même façon, les utilisateurs de
capable d’acheter Spotify ne détiennent aucune chan-
des NFT, ces biens son : ils payent, par abonnement, un
numériques droit d’accès. Google et Facebook
expérimentent aussi l’abonnement,
qui génèrent déjà mais restent largement gratuits – la
des milliards monétisation se faisant via l’exploi-
tation des données personnelles et
de dollars

Dominique Boll pour « Les Echos »

uniques car créés par un algo-
rithme, ont généré l’équivalent
d’1,5 milliard de dollars de transac-
tions. Justin Bieber, Paris Hilton,
Snoop Dogg ou Eminem ont tous
succombé à la folie et acheté le leur.
L’année dernière, l’un des primates
de la collection s’est même vendu à
3,4 millions de dollars lors d’une
vente organisée par Sotheby’s.
Excusez du peu ! Le métavers, la
nouvelle priorité stratégique de
Facebook (devenu Meta) et de
Microsoft, ne serait-il donc qu’un
« club de riches », réservé à une élite
d’internautes très fortunés ?
Des « skins »
non transposables
Si la question se pose, c’est que le
métavers introduit deux concepts
absents dans le Web actuel : la
rareté et la propriété. Dans le méta-
vers, les utilisateurs peuvent jouer à
des jeux vidéo, participer sous la
forme d’un avatar à des réunions
avec les collègues, visiter un musée
virtuel, participer à un « concert »…
Les Sims (2000) et Second Life
la publicité ciblée.
de transactions. « Le métavers, c’est la fin de la gra-
tuité sur Internet, avertit Joël Hazan,
associé au BCG. De la même façon
qu’on ne peut pas entrer gratuite-
ment dans un musée dans la vie
réelle, cela ne sera pas non plus possi-
ble dans le métavers. »
Certes, tous les NFT n’ont pas
autant flambé que les Bored Ape.
Dans Decentraland, un autre méta-
vers créé en 2015, les biens les plus
communs pour personnaliser son
avatar, comme des oreilles de lapin
ou des ailes d’ange, démarrent à
1 mana voire moins, soit 2,81 dollars.
Les marques peuvent aussi offrir des
NFT à leurs clients pour les fidéliser.
Mais globalement, les expériences
100 % gratuites seront limitées.
« Aujourd’hui, le métavers est un
club de riches qui draine énormé-
ment d’argent, estime Luc Jodet, le
cofondateur d’Arianee, un proto-
cole blockchain qui permet de certi-
fier l’authenticité de produits de
mode et de luxe. Le Bored Ape va de
pair avec la Lamborghini. Il existe
toute une population pour qui les
NFT sont un signe extérieur de
richesse, et pas uniquement un pro-
duit spéculatif. »
Pour la campagne de 2027...
Le monde du luxe a d’ailleurs vite
compris l’intérêt du métavers. Pour
les grandes maisons, c’est l’opportu-
nité de toucher la génération Z, celle
qui passe plus de temps sur des jeux
vidéo que sur les réseaux sociaux.
La semaine dernière, 70 marques
de Dolce & Gabbana à Etro ont par-
ticipé à la toute première « Meta-
verse Fashion Week » sur Decentra-
land. Au programme : défilés
d’avatars, lancement de collections
en NFT, ouverture de « magasins ».
Le tout dans un « Fashion District »
« Le Bored Ape copié sur la véritable avenue Mon-
taigne à Paris.
va de pair avec « Si le métavers reste un club de
la Lamborghini. riches, cela ne fonctionnera pas. Il
Il existe toute faut y amener le grand public, alerte
une population Luc Jodet, d’Arianee. Le fait de pou-
voir posséder des biens sur Internet
pour qui les NFT est une révolution majeure, cela
sont un signe serait dommage que cela soit réservé
extérieur aux quelques pourcents de la popula-
tion qui peuvent s’acheter des NFT. »
de richesse. » Mieux répartir les richesses dans le
LUC JODET métavers ? Voilà un beau thème de
Cofondateur d’Arianee campagne pour les futures élec-
tions présidentielles de 2027. Et
peut-être un nouveau champ de
régulation pour Bruxelles… n

LA
CHRONIQUE
de Gilles Babinet
Une chance à saisir pour l’industrie française
a France est désormais le de phénomènes favorables comme plus d’acier Inox ; etc. Une situation fermé ses centrales nucléaires qu’il non, cela ne signifie pas pour autant

L grand pays d’Europe le plus

désindustrialisé : seuls les
minuscules Chypre et Malte font
pire. Ni la Grèce, ni la Roumanie, ni
la Bulgarie, des économies pour-
tant peu compétitives, ne font
moins bien. Si la France était dans la
moyenne européenne (autour de
15 % de PIB d’origine industrielle au
lieu de son poussif 9 %), elle dis-
poserait de plus d’un million
d’emplois supplémentaires à forte
valeur ajoutée, sans même compter
les emplois indirects, selon les don-
nées de la Banque mondiale.
Il faudrait probablement un livre
entier pour analyser les raisons qui
ont abouti à cette situation. Depuis
quelques années, néanmoins, une
petite éclaircie se dessine avec un
léger retournement de tendance,
malheureusement contrariée par
la pandémie de Covid-19. Pourtant,
la France pourrait désormais fort
bien bénéficier d’une conjonction
il en a rarement existé.
Au préalable, une soudaine prise
de conscience : les supply chains
sont sensibles aux facteurs sanitai-
res, géopolitiques ou autres, et cel-
les-ci peuvent faire peser de grands
Notre industrie est
de moins en moins
manufacturière.
Mais la France
pourrait bénéficier
d’une conjonction de
facteurs favorables.
dangers sur les inconséquents qui
n’ont pas prévu d’alternatives
d’approvisionnement. Le Covid-19 a
déstabilisé de nombreux acteurs :
l’automobile n’a plus de composants
électroniques ; les cuisinistes n’ont
qui se complique avec la guerre en
Ukraine, et beaucoup plus encore si
un jour la Chine envahissait Taïwan
où sont produits 92 % des semi-
conducteurs les plus sophistiqués
de la planète. La réappropriation de
ces chaînes de production est donc
jugée prioritaire, induisant un rapa-
triement des outils de production
(un « reshoring ») favorable à
l’industrie nationale.
Ensuite, viennent les enjeux liés
aux émissions de CO2. Pour un dol-
lar de valeur ajoutée industrielle,
l’Asie du Sud-Est utilise 29 cents
d’énergie carbonée, les Etats-Unis
19 et la France 11. Lorsque les taxes
carbone aux frontières commence-
ront à s’appliquer, au-delà du
ciment de l’acier ou de l’énergie, cela
pourrait avoir des conséquences
très significatives sur ceux qui
continuent à importer.
Même vis-à-vis de notre voisin
allemand, qui a imprudemment
remplace désormais par du gaz
russe, cela pourrait être l’occasion
de retrouver un peu de souffle.
Enfin, l’industrie commence une
transformation numérique de fond
au sein de laquelle l’arrivée des
robots change la donne : ceux-ci
voient leurs coûts baisser très forte-
ment depuis quelques années. Là
où des millions d’euros étaient
nécessaires pour automatiser un
site, des montants sensiblement
moins importants suffisent désor-
mais, grâce au numérique et à ce
principe d’industrie 4.0 qui devient
– enfin – concret.
La conséquence est un accroisse-
ment de la productivité, une bien
moins faible sensibilité des sites
industriels au coût du travail et,
relativement, une plus grande sen-
sibilité aux coûts énergétiques, ce
qui favorise mécaniquement la
France. L’industrie est donc de
moins en moins manufacturière et,
que cette transition crée un chô-
mage de masse.
Les pays robotisés sont systéma-
tiquement des pays de plein-em-
ploi, notamment parce que les pos-
tes de ser vices à l’ind ustrie,
convenablement payés car à forte
valeur ajoutée, restent nombreux.
Nos voisins suisses et allemands en
sont l’exemple éclatant.
Notre pays saura-t-il saisir cette
occasion ? En dehors de quelques
régions qui se distinguent (Savoie,
Haute-Savoie, Vendée…), l’absence
de spécialisation et d’effet de filière
restent des handicaps notables.
Reste que comme Rome, l’industrie
de demain ne se construit pas en un
jour et qu’en coordonnant les
efforts, la formation, le finance-
ment, la spécialisation justement,
tout peut être désormais possible.
Gilles Babinet est entrepreneur
et chroniqueur aux « Echos ».
Les Echos Lundi 4 avril 2022
L’Etat a les mains
pleines, mais
pas de bras
L’Etat dépense massivement pour assurer les citoyens
contre les risques. Mais il n’agit pas en profondeur.
LA
CHRONIQUE
de Denis Kessler
’Etat se donne comme principale mis-
L sion d’assurer individuellement et col-
lectivement les citoyens contre
l’ensemble des risques qu’ils affrontent. Il dis-
pose du monopole de la violence légitime
pour maintenir la sécurité des biens et des
personnes, et élabore sans cesse un arsenal
législatif pour réduire les risques dans tous les
domaines possibles, de la sécurité sanitaire
ou alimentaire à la sécurité au travail ou rou-
tière. Il met en œuvre une gigantesque inter-
médiation publique et sociale en procédant à
des prélèvements obligatoires de toutes sor-
tes, destinés à des redistributions massives de
revenus, qui au total représentent près de
45 % du revenu national.
L’Etat se veut le grand « risk manager » et
dépense sans compter, à tel point que ses
interventions se financent par une aggrava-
tion historique des déficits publics et sociaux.
Compte tenu de l’aversion élevée aux ris-
ques de la population, ces interventions
devraient se traduire par une baisse tendan-
cielle du sentiment d’insécurité. Le paradoxe
veut que ce soit plutôt l’inverse qui se pro-
duise : une partie croissante de la population
éprouve un sentiment de vulnérabilité. Le
monde leur apparaît plus incertain, plus
inquiétant, plus anxiogène. Ce sentiment de
vulnérabilité a des conséquences majeures et
alimente des fonds de commerce politiques
qui en font leur lit.
Plusieurs facteurs expliquent l’élévation
historique du sentiment d’insécurité. Primo,
un doute croissant sur la capacité des États à
maîtriser les risques, à les prévenir, à les
réduire et à les éradiquer. Nos concitoyens
considèrent que l’État se révèle impuissant à
agir en profondeur sur les risques qui parais-
sent se multiplier. Pour paraphraser Claudel,
l’Etat a toujours les mains pleines mais il n’a
plus de bras. L’action publique n’est plus ce
qu’elle était, la machine étatique est devenue
une machine à gaz pauvre qui consomme de
plus en plus de ressources, mais produit de
moins en moins d’énergie. On assiste à des
effets d’annonce permanents mais la réalité
LE LIVRE
DU JOUR
Voyage dans la Hongrie
profonde
LE PROPOS Il s’agit bien ici de la
Hongrie sous Orbán, et pas de la
Hongrie de Viktor Orbán. Cela change
tout. On n’apprend très peu sur
l’actuel Premier ministre ou sa dérive
nationaliste et populiste. Mais on
sillonne la Hongrie profonde. Celle
qui va probablement le réélire pour
la quatrième fois d’affilée. On visite
Piskó, village des 250 âmes qui a voté
à 100 % pour son parti aux
Européennes. En Hongrie, les
communes les plus pauvres votent
massivement pour le Fidesz. On
rencontre les seconds couteaux,
comme son cofondateur József
Kardos, qui fustige à présent « ce parti
autrefois démocratique et libéral
devenu une organisation d’extrême
droite ». On fait un crochet par
Borsodbóta, dernier bastion
communiste dont le maire approuve
la politique familiale et anti-migrants
du gouvernement. Un dernier arrêt
dans les locaux de la chaîne Youtube
Partizan, une voix médiatique
dissonante dans ce pays où
ne change pas ou peu, en dépit de la multipli-
cation des lois, règlements et circulaires…
Secundo, l’évolution de la nature des ris-
ques contribue également à cette perception
d’une perte de maîtrise de la part de l’Etat. En
quelques décennies, les risques qui ont
émergé – les risques migratoires, terroristes,
cyber, pandémiques, climatiques – ne sont
plus géolocalisés. Ces risques ne connaissent
pas les frontières, n’ont pas de nationalité à
proprement parler, se diffusent dans le
monde entier. L’Etat-nation n’est plus l’espace
où l’on peut les traiter en profondeur. Nous
sommes bel et bien entrés dans l’ère de
l’hyperconnectivité issue de la prédominance
des réseaux et des interactions permanentes.
Tertio, les traumatismes associés à la
pandémie de Covid-19 et au retour de la guerre
en Europe ont exacerbé le sentiment
d’insécurité, en réactivant des peurs ancien-
nes qui avaient quasiment disparu de l’incons-
cient collectif depuis plusieurs décennies.
L’Etat se veut le grand
« risk manager » et dépense
sans compter.
Résultat, au lieu
de provoquer une baisse
tendancielle du sentiment
d’insécurité de la
population, il l’accroît.
La peur est mauvaise conseillère. Face à la
montée largement inéluctable des risques
globaux, on assiste – nouveau paradoxe ! – à
des appels au repli sur les Etats-nations,
mêlant souverainisme, protectionnisme, iso-
lationnisme… Cette tentation du repli nous
éloignerait de la recherche de solution effi-
cace pour gérer les risques que vont partager
peu ou prou tous les pays de la planète !
Pour maîtriser notre destin et retrouver foi
dans l’avenir, pour éclaircir l’horizon et don-
ner une vision – rôle primordial du politique –
pour éviter que craintes et peurs alimentent
l’obscurantisme, et nous conduisent à nous
mettre la tête dans le sable, let us all look up
and never down !
Denis Kessler est économiste, chercheur
et dirigeant d’entreprise français.
l’information est largement aux
mains du pouvoir. Et l’air de rien, on
en apprend beaucoup sur ce pays, son
passé et les tensions qui le parcourent.
L’INTÉRÊT Cette série de portraits
d’hommes et de villages, de petites
histoires et de courtes plongées dans
l’histoire compose un patchwork
éclectique et attachant de la Hongrie
contemporaine. Ce livre choral est
écrit par des journalistes français en
poste en Hongrie, qui tous collaborent
à l’excellent Courrier d’Europe
centrale. — Catherine Chatignoux
« La Hongrie sous Orban ». Collectif
sous la direction de Corentin Léotard.
Avec le Courrier d’Europe centrale.
Editions Plein jour. 219 pages, 19 euros.
Poutine, l’empire du mensonge
Un régime auquel ses futures élites ne croient plus est condamné à terme.
Or les élites russes, qui ne peuvent dire « la vérité qui dérange
au prince capricieux et cruel », ne sont pas dupes de l’échec de l’invasion
de l’Ukraine.
LE REGARD
SUR LE MONDE
de Dominique
Moïsi
u lendemain de l’élection de
A Fr a n ç o i s M i t t e r r a n d , e n
juin 1981, je me trouvais à Mos-
cou où se tenait une réunion des direc-
teurs d’Instituts de relations internatio-
nales. A ma grande surprise je fus
convié à donner une conférence devant
les étudiants du MGIMO, sorte d’ENA
pour diplomates. Mes interlocuteurs
voulaient comprendre les raisons pour
lesquelles la France avait préféré le
changement à la continuité. Je leur dis
que le choix qui avait été fait n’était pas
le mien, mais que je me réjouissais de
vivre dans un pays où l’alternance
démocratique était possible. Je vis à
leurs regards que j’avais touché une
corde sensible. Le soir même, je rédi-
geais une note qui se concluait ainsi :
« Un régime auquel ses futures élites ne
croient plus est condamné à terme. » Dix
ans plus tard, l’URSS n’existait plus.
Ce souvenir m’est revenu cette
semaine avec force. A partir d’une série
d’échanges avec des amis/collègues rus-
ses, j’ai pu sentir – à travers leur silence
et leurs non-dits – qu’eux non plus ne
croyaient pas en la vérité officielle. Pou-
tine peut tenir le peuple, il ne tient plus
ou si mal ses élites.
Certes, selon des études d’opinion
sérieuses, la popularité de Poutine a
rebondi depuis le 24 février. Il en avait
été de même en 2014 après l’annexion
de la Crimée. Pour reprendre une termi-
nologie inspirée de la lutte contre le
Covid, pour un régime autoritaire, aux
performances économiques incertai-
nes, rien ne vaut une « bonne invasion
de rappel ». Mais encore faut-il que cette
opération ne se solde pas par un échec.
Et mes interlocuteurs russes de la
semaine écoulée n’hésitaient pas à se
poser des questions qui dérangent
comme celle-ci : pourquoi la Russie
avait-elle vraiment choisi d’intervenir
en Ukraine ? Ou bien à utiliser des mots
surprenants dans leur bouche, comme
celui d’échec pour désigner le déroule-
ment des opérations.
Bref, en Russie même, des Russes
éduqués et au contact du monde se
posent des questions et veulent nous
faire comprendre qu’ils ne sont pas
analyses
dupes de ce qui se passe vraiment dans
leur pays. Comme au temps de l’Union
soviétique, les plus âgés ont retrouvé les
règles d’un compromis intérieur avec
eux-mêmes qui est redevenu comme
une seconde nature. « Je ne veux pas
vous mentir, mais je ne peux vous dire ce
que je pense. »
Pour eux, il est clair que cette guerre
est une catastrophe. Sincèrement natio-
nalistes, ils savent que la Russie en sor-
tira plus affaiblie que renforcée. Parti-
sans du dialogue ouvert avec l’Europe,
se sentant culturellement européens
eux-mêmes, ils souffrent de l’isolement
dans lequel s’enferme leur pays à cause
des lubies et obsessions d’un seul
homme. Eux aussi, et de manière certes
infiniment moins dramatique que les
Ukrainiens, ils veulent survivre. Ils ne
craignent pas les bombes, mais la cen-
sure et les diktats du pouvoir le plus cen-
tralisé et le plus solitaire que la Russie
ait connu depuis Staline.
Des cercueils
reviendront, des soldats
traumatisés qui ont
survécu raconteront
à leurs familles et
à leurs proches ce qui
s’est vraiment passé.
Sous le double effet du calcul des uns
et de la peur des autres, leur pays est
devenu l’empire du mensonge. Il y a les
mensonges constitutifs de la stratégie
du pouvoir, la désinformation systéma-
tique, les doubles messages délibéré-
ment contradictoires dont l’ambition
est de créer la confusion et la division
chez l’adversaire. Mais il existe aussi la
peur de dire la vérité qui dérange au
prince capricieux et cruel. Un état de
fait qui contribue à expliquer les pre-
miers échecs de la Russie en Ukraine.
Poutine n’avait pas accès à des infor-
mations dérangeantes comme l’état
réel de l’armée ukrainienne, ou la cohé-
sion et la résilience de sa société. Un
jour, il ne sera plus possible pour le pou-
voir russe de mentir totalement sur le
bilan des pertes. Des cercueils revien-
dront, des soldats traumatisés qui ont
survécu raconteront à leurs familles et
à leurs proches ce qui s’est vraiment
passé. La Russie, n’en déplaise à ses diri-
geants, n’est pas la Corée du Nord. Avec
un PIB qui est déjà en baisse de 10 à 20 %,
IDÉES // 11
Sergei Guneyev/Pool/AFP
les citoyens russes commencent à
souffrir sérieusement. Et ce n’est qu’un
début.
Poutine est-il conscient de la faiblesse
de la position stratégique, diplomati-
que, économique de son pays ? Quoi
qu’il en soit, il doit considérer que la
meilleure défense est l’attaque et qu’il
dispose sur ce plan de l’arme de l’éner-
gie – vive le chantage – et peut-être d’une
autre carte secrète pour affaiblir
l’Europe et plus globalement le monde
démocratique. La carte Trump n’est pas
disponible avant 2024. Mais il y a la
carte Marine Le Pen en France.
La carte Marine Le Pen
dans le jeu de Poutine
Son élection le 24 avril serait pour Pou-
tine l’équivalent d’un joker sorti de sa
manche au dernier moment pour réé-
quilibrer son jeu. L’Europe l’isole, le
traite comme un paria, et c’est au
moment où victime de ses multiples
erreurs, il pourrait payer le prix de sa
solitude, que se produit une divine sur-
prise : l’élection à la tête d’un des pays
membres fondateurs de l’Union euro-
péenne – et celui qui a toujours joué un
rôle central dans la définition politique
de son projet et dans son incarnation
diplomatique – de l’une des figures
emblématiques de l’extrême droite.
Celle qui est l’amie privilégiée du Pre-
mier ministre hongrois Victor Orban,
celle qui a bénéficié, au moins par le
passé, de l’aide des banques russes.
On ne saurait bien sûr établir un
parallèle entre l’issue des combats sur
le front ukrainien et le résultat des élec-
tions présidentielles en France. Mais
affaiblir son adversaire au moment où
l’on est déstabilisé soi-même est de
bonne guerre. Il serait exagéré de pré-
tendre que voter pour Marine Le Pen,
c’est voter pour Poutine. Ce serait faire
injure à tous ces Français qui veulent
par leur vote exprimer leur mal-être et
leur désir d’être écoutés. De même qu’en
Russie, il est dangereux à terme pour le
prince de perdre ses élites, il n’est pas
bon en France pour les élites de perdre
leur peuple. Avec une différence
majeure bien sûr : la France est une
démocratie, la Russie une dictature.
Mais face au retour de la guerre en
Europe, les considérations géopoliti-
ques, devenues vitales, doivent être pri-
ses en compte par tous les électeurs, y
compris les électeurs fâchés.
Dominique Moïsi est géopolitologue
et chroniqueur aux « Echos ».
 12 // IDÉES
opinions
LA
CHRONIQUE
de Jacques Attali
eu de gens veulent reconnaître
P que la réélection d’Emmanuel
Macron est loin d’être acquise,
et que celle de Marine Le Pen est possi-
ble. Pour au moins quatre raisons :
1. Aucun président n’a été réélu sans
cohabitation ou après un mandat de
cinq ans ou s’il a été élu la première fois
où il s’est présenté. Emmanuel Macron
remplit ces trois conditions.
2. Au moins deux candidats considé-
rés comme élus d’avance (Valéry Gis-
card d’Estaing et Lionel Jospin) ont été
battus par surprise, c’est-à-dire par
l’abstention de son camp.
3. Après le dégagisme soft, dont
Emmanuel Macron a bénéficié en 2017,
peut venir le dégagisme hard, contre
lui ; comme la Convention est venue
après la Constituante. L’alliance de tous
contre le sortant peut, encore une fois,
jouer à plein. Et réussir.
4. Le discours de l’extrême droite
n’est plus diabolisé. Alors qu’il y a cinq
ans, Marine Le Pen apparaissait
comme une incompétente extrémiste,
elle se pose aujourd’hui en experte
modérée ; plus acceptable, plus légi-
time qu’un Éric Zemmour, qui lui sert
de repoussoir et attire vers elle des voix
modérées. Marine Le Pen peut donc
être élue. Que se passerait-il alors ?
La mise en œuvre de son programme
plongerait le pays dans une crise sans
précédent et irréversible, dont ses élec-
teurs seraient les premières victimes.
Sur le pouvoir d’achat qu’elle dit
défendre : elle annonce des dépenses
sociales innombrables et très vagues,
LE POINT
DE VUE
Tribune collective
es entreprises innovantes sont,
L bien sûr, un fer de lance de notre
prospérité économique, dans
une compétition trop longtemps domi-
née par les Etats-Unis et la Chine. Elles
ont, ces dernières années, créé des cen-
taines de milliers d’emplois partout en
France et à tous les niveaux de compé-
tences, et participent de la réindustriali-
sation de notre pays. Mais elles inven-
tent également une partie des solutions
aux défis de notre temps. Qu’il s’agisse de
la transition écologique, du futur du tra-
vail, de l’éducation, du vieillissement de
la population, d’une alimentation saine
et décarbonée ou encore des mobilités
de demain, pour être à la hauteur de
l’enjeu, nous avons besoin de plus
d’innovation. Elles sont un actif indis-
pensable à la souveraineté européenne.
Bien sûr, le chemin est encore long et
notre écosystème a ses propres défis,
qu’il s’agisse de mixité, de diversité socio-
logique ou de transition environnemen-
tale. Mais la dynamique qui s’est accélé-
rée ces cinq dernières années est un
formidable message d’optimisme et de
conquête pour la France et pour
l’Europe. En matière de financement,
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
d’image de la France à l’étranger ou
d’état d’esprit, les choses ont changé du
tout au tout. Cette dynamique doit beau-
coup à Emmanuel Macron.
Ce qui a changé, c’est d’abord le dis-
cours : un message d’ambition pour la
French Tech porté au plus haut niveau
de l’Etat. Aujourd’hui encore, il est bien
trop seul parmi les candidats à insister
de manière aussi nette sur l’exigence
Présidentielle : Marine
Le Pen peut gagner
une baisse massive de la TVA qui ne
profiterait qu’aux riches, une réforme
invraisemblable de l’impôt sur le
revenu et des retraites, non financée,
sinon par un vague emprunt (alors
qu’elle dénonce la dette publique) et par
d’hypothétiques économies sur les
prestations aux migrants. Tout cela
provoquera en réalité une inflation
dont les bas salaires et les petits épar-
gnants seront les premières victimes.
Alors qu’il y a cinq ans,
elle apparaissait comme
une incompétente
extrémiste,
elle se pose aujourd’hui
en experte modérée.
Sur les étrangers présents en
France : elle entend leur retirer l’accès
aux soins et aux allocations familiales
et sociales, les empêcher de travailler,
leur retirer la nationalité française.
Cela rendrait vite impossible le fonc-
tionnement de notre économie, trans-
formerait en SDF des millions de gens
aujourd’hui parfaitement intégrés. Par
ailleurs, ne plus accueillir aucun autre
étranger serait se priver de médecins,
de chercheurs, de professeurs, d’ingé-
nieurs dont nous avons tant besoin.
Enfin, faire traiter par nos ambassades
les demandes d’asile reviendrait, par
exemple, à n’admettre des Ukrainiens
que s’ils ont déposé une demande
La cause des
entreprises innovantes
est celle de la France
d’audace et d’innovation pour assurer
l’avenir de la France, et à promouvoir un
chemin ambitieux et crédible de souve-
raineté technologique européenne
Mais ce qui nous importe, ce sont sur-
tout les actes. Acteurs et actrices de l’éco-
système technologique français, nous
sommes confrontés à des défis opéra-
tionnels pour faire prospérer, ou parfois
survivre, nos entreprises. Ce que nous
valorisons, ce sont les réalisations con-
crètes, et non les promesses de lende-
mains qui chantent.
Ce qui a changé,
c’est d’abord le discours :
un message d’ambition
pour la French Tech
porté au plus haut
niveau de l’Etat.
A cet égard, et même s’il reste du tra-
vail, nous ne pouvons que constater à
quel point la situation de l’écosystème
entrepreneurial français s’est transfor-
mée. Cela est particulièrement vrai pour
les start-up : le renforcement des
moyens de Bpifrance, les fonds « Tibi »,
la flat tax, la réforme de l’impôt sur la for-
tune, les BSPCE, le French Tech Visa, la
transformation de la relation aux servi-
ces publics (Urssaf, impôts…) ont contri-
bué à multiplier par cinq les levées de
fonds des start-up françaises en cinq ans
et à atteindre l’objectif des 25 licornes
avec trois ans d’avance.
d’asile en bonne et due forme à notre
ambassade à Kiev…
Sur la justice et la sécurité : là encore,
son élection entraînerait des réformes
violant tous nos principes constitution-
nels. Sur la culture, qu’elle entend
réduire à une vision étroite de la France,
il faut en particulier s’inquiéter de son
projet de privatiser de l’audiovisuel
public, qui laisse augurer d’une main-
mise par ses amis hongrois et russe.
Sur l’Europe : diminuer unilatérale-
ment la contribution de la France au
budget européen et affirmer la pri-
mauté du droit national sur le droit
européen, comme elle entend le faire
dès le mois de juin, reviendrait à remet-
tre en cause l’appartenance de la
France à l’UE. Répétons le ici : élire
Madame Le Pen, ce serait sortir de l’UE,
sans l’avoir vraiment décidé. Ce serait
un Frexit sans débat. Enfin, ce serait
mettre nos armées et notre diplomatie
entre les mains d’une personne dont les
seuls alliés dans le monde sont Mes-
sieurs Orban et Poutine. Si Madame Le
Pen est élue, on assistera donc à un ren-
versement des alliances : notre pays
s’allierait à la Russie contre l’Ukraine,
contre le reste de l’UE et contre l’Otan.
Pensez-y, avant de jouer avec l’idée
que, après tout, cinq ans de Macron, ça
suffit. Reprochez surtout aux anciens
grands partis de ne pas avoir été capa-
bles de faire émerger des programmes
et des candidats dignes de notre grand
pays. Et écartons la tentation du pire.
Jacques Attali est écrivain.
De manière plus générale, le climat
s’est grandement amélioré pour les
entreprises : elles ont regagné de la com-
pétitivité et peuvent, grâce aux réformes
du marché du travail, s’adapter plus vite
à un univers en profonde mutation. Sur
le moyen terme, la profonde transfor-
mation des mécanismes de formation
tout au long de la vie, en particulier celle
de la formation professionnelle ou de
l’apprentissage, est essentielle pour per-
mettre à nos entreprises et notre société
de ne pas subir les enjeux de la transition
numérique. Derrière ce renouveau, c’est
l’avenir de notre pays et de ses emplois
qui est en jeu. Une grande partie de notre
avenir se joue dans notre capacité à res-
ter à la frontière technologique mon-
diale. Dans un monde de plus en plus
incertain, être à la hauteur des défis qui
sont les nôtres nécessitera de continuer
à transformer les fondamentaux de
notre société et de notre économie. C’est
pourquoi, et même s’il n’est pas habituel
pour des entrepreneurs de s’engager
dans le champ public, à titre personnel et
en tant qu’acteurs engagés pour l’avenir
de notre pays, nous faisons confiance à
Emmanuel Macron pour continuer à
relever ces défis cinq ans de plus.
Rania Belkahia est partner
chez EQT Ventures
et Gaël Duval est PDG de JeChange.
a dans le seul domaine de la musique pure ou
Retrouvez l’ensemble des signataires
sur lesechos.fr/idees-debats/
art&culture
L’effet Shechter aux Abbesses
Philippe Noisette
@NoisettePhilip1
DANSE
Contemporary
Dance 2.0
« Contemporary Dance d’Hofesh Shechter
2.0 » commence si abrupte- Paris, Théâtre de la Ville
ment que notre voisine d’un (Abbesses),
soir au théâtre des Abbes- jusqu’au 10 avril
ses sursaute littéralement. www.theatredelaville-
La danse d’Hofesh Shech- paris.com
ter fait souvent cet effet,
entre déflagration de basses et lumières
rasantes. Recréée pour sa compagnie bis de
jeunes danseurs, réunis sous l’appellation
Shechter II, cette pièce vit le jour en 2019
avec le GöteborgsOperans Danskompani.
Une œuvre d’avant la pandémie, donc, qui
aujourd’hui résonne avec son époque.
Divisé en cinq séquences, le ballet puise
dans les danses de club ou de l’Internet
matière à réflexion.
Shechter n’est pas dans la copie, plutôt
dans le ressenti. Il signe des mouvements de
foule dignes des concerts rock, magnifie les
ondulations du bassin, ose des rondes de
corps, les bras des solistes comme tressés
entre eux. Les cartons brandis sur le plateau
annoncent la couleur : « Pop », « Senti-
ments », « Mère », « Paix ». Une naïveté tou-
chante. Parfois, un danseur s’effondre,
recueilli par la troupe. Les duos à la sensibi-
lité exacerbée sont des ponctuations avant
que la transe, un des motifs privilégiés du
créateur, ne donne le pouls.
Shechter signe des mouvements de foule, magnifie les ondulations du bassin,
ose des rondes de corps. Photo Todd MacDonald
Redécouvrir César Franck
Philippe Venturini MUSIQUE
L’univers
Son visage encadré d’épais de César Franck
favoris ou sa silhouette pen- Festival Palazzetto
chée sur le clavier de l’orgue Bru Zane,
ont tôt fait de brosser de Venise, du 2 avril
César Franck (1822-1890) le au 27 mai.
portrait d’un musicien Paris, du 1er au 29 juin
sévère, voire ennuyeux. Ses bru-zan.com
œuvres les plus célèbres –
telles sa « Symphonie en ré mineur », son
« Quintette pour piano et cordes », sa
« Sonate pour violon et piano » ou ses pièces
d’orgue – souvent jouées avec trop
d’intentions et de poids ont pu en découra-
ger certains. Le bicentenaire de sa nais-
sance, à Liège, permet de faire le point et de
l’écouter d’une oreille nouvelle, accompa-
gné par une série de concerts et de publica-
tions discographiques organisées par le
Palazzetto Bru Zane.
A Venise, puis à Paris, un festival veille à
présenter la diversité de son œuvre qui
investit tous les genres. « A une image
vieillotte nous avons voulu mettre en regard
celle d’un compositeur passionné, qui ne crai-
gnait pas de glisser du sentiment entre ses
notes », explique Alexandre Dratwicki,
directeur artistique du Centre de musique
romantique française. « Ses mélodies
comme son opéra, méconnu, “Hulda”, en
témoignent. Il ne faut pas enfermer Franck
religieuse. » Ledit opéra sera entendu à Paris
puis enregistré alors que paraissent ces
jours-ci un coffret réunissant les mélodies
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
Moins sombre que les
créations récentes de
Hofesh Shechter, ce ballet
actuel séduit. L’Israélien
installé à Londres, haut lieu
de la vie nocturne, a saisi un
peu de l’air du temps. Une
danse infusée d’autres
cultures, métisse et inclu-
sive. Il n’est pas si loin du
réalisateur Steve McQueen qui, dans un épi-
sode de sa série « Small Axe », filmait la puis-
sance des danseurs sur la musique de Janet
Kay. Simplement les temps ont changé. Les
revendications également. La bande-son
électronique que signe Shechter est pensée
comme un long mix, ponctuée par quelques
notes de Bach et, au final, « My Way » dans la
version sirupeuse de Frank Sinatra.
Communion
Mais à la dérision, l’artiste préfère la
communion. Comme souvent, Hofesh
Shechter glisse çà et là des citations de son
propre répertoire à l’image de ces interprè-
tes mimant un tir d’arme ou ces sorties de
scène. Un sourire furtif « déchirant » un
visage juvénile nous trouble un peu plus.
Passage de générations qui ne dit pas son
nom, « Contemporary Dance 2.0 » donne
furieusement envie de se lever de son siège
et de danser. Ce que notre voisine, remise de
ses émotions, n’hésitera pas à faire. n
et duos (2 CD, Bru Zane),
une intégrale de l’œuvre
orchestrale avec l’Orches-
tre philharmonique de
Liège (4 CD, Fuga Linera) et,
bientôt celle de la musique
de chambre les solistes de
la Chapelle musicale Reine
Élisabeth (idem).
Ouvert d’esprit
Autant de découvertes à faire également en
concert où Franck, qui accéda en 1859 à la
tribune de l’église Sainte-Clotilde, à Paris, et
devint professeur d’orgue au Conservatoire
en 1871, côtoie quelques-uns de ses élèves
tels d’Indy ou Castillon mais aussi des
compositrices. « Alors que les femmes
n’avaient alors pas accès aux cours de compo-
sition, Franck les accueillait dans sa classe
d’orgue qui en faisait office. » Mel Bonis et
Augusta Holmès en profiteront et parta-
gent aujourd’hui l’affiche avec Cécile Cha-
minade, Rita Strohl et les sœurs Boulanger,
entourées d’artistes de haut vol comme la
violoniste Maria Milstein, du violoncelliste
Victor Julien-Laferrière, du baryton Tassis
Chrystoyannis, du Quatuor Hanson. Et, à
Paris, de François-Xavier Roth, Christophe
Rousset et Hervé Niquet.
« Généreux, enthousiaste, ouvert d’esprit,
encourageant » selon Alexandre Dratwicki,
César Franck, qui « avait une âme d’enfant
[…] indéracinablement bonne » comme
l’écrivait Debussy, mérite donc d’être recon-
sidéré. Sans barbe. n
 Les Echos Lundi 4 avril 2022 IDÉES // 13

sciences

Le monde ASTRONOMIE // Le satellite de Saturne sera visité en 2034 par la sonde américaine Dragonfly,
dotée d’un instrument pour partie français. La riche chimie du carbone présente
scientifique sur cette lune glacée a-t-elle un jour rendu possible l’émergence de la vie ?
de demain
LA
La France embarque avec la Nasa pour Titan
CHRONIQUE
d’Antoine Balzeau Yann Verdo
@verdoyann Fin 2034, le drone Dragonfly
de la Nasa se posera à la surface
maginez un monde qui, de part et de Titan, dans le désert

L ’élection présidentielle approche alors

que l’actualité est explosive, après deux ans
d’emballements virologiques. Les sujets
I d’autre de son équateur, ressemblerait
beaucoup à nos déserts terrestres, avec
leurs champs de dunes s’étirant à perte de
vue, semés de cailloux de toutes tailles. Un
de dunes de Shangri-La
(vue d’artiste).

à discuter sont nombreux, entre intérêts quotidiens
de chacun et gestion des urgences visibles.
J’aimerais néanmoins attirer l’attention sur
une thématique que nous aurions grand intérêt
à investir rapidement, massivement et selon
une nouvelle perspective. Celle de la recherche
scientifique. L’avenir de l’humanité passe par là,
et ce n’est absolument pas exagéré de l’écrire. C’est
ainsi que nous pourrions enrayer des pandémies,
réduire l’impact de nos activités sur le climat,
décarboner nos modes de vie, rendre le monde plus
vivable et plus équitable pour tous, entre autres !
Pour cela, il est indispensable d’envisager une
approche totalement différente de la recherche.
Il faut augmenter largement son financement,
et pas uniquement en jouant sur les chiffres
et à des échéances pluriannuelles lointaines. Il est
tout aussi nécessaire de bouleverser les concepts
monde qui, à de plus hautes latitudes, près
des pôles, serait lui aussi arrosé de pluies et
couvert de lacs. Un monde qui aurait,
comme le nôtre, des volcans en activité et
qui connaîtrait, comme le nôtre, le cycle des
quatre saisons. Ce monde, c’est Titan, tel que
nous l’a fait brièvement entrevoir la sonde
européenne Huygens quand elle s’est posée
à sa surface le 14 janvier 2005, photogra-
phiant pour la première fois ce jour-là le sol
de cette énorme lune de Saturne (la plus
grosse des quelque quatre-vingt que compte
la lointaine et mystérieuse planète aux
anneaux, et le deuxième plus gros satellite
naturel de tout le Système solaire derrière
Ganymède, qui orbite autour de Jupiter).
Sauf que, s’agissant de Titan, les apparen-
ces sont trompeuses. Si ses régions équato-

Johns Hopkins APL

pour permettre une recherche écoresponsable,
réellement mutualisée, collaborative et ouverte.
La recherche doit devenir majoritairement
publique. Les données doivent être mises en accès
libre et les projets être construits entre équipes, pas
dans un contexte de concurrence. Il est aussi temps
d’arrêter de gâcher des sommes colossales d’argent
public dans le système actuel de publication
scientifique (abonnements dispendieux auprès
d’éditeurs privés, frais de publication alors que
les équipes scientifiques livrent gratuitement
leur production et contribuent bénévolement
à l’amélioration de ces contenus). A la place, l’Etat
(ou l’Europe) se doit de créer et financer une revue
scientifique gratuite, pour les publiants et les
lecteurs, qui serait utilisée comme seul média de
la production scientifique. Les critères d’évaluation
des chercheurs pourraient ne plus être l’« impact
factor » ou le nombre d’articles, mais la quantité
d’information partagée. La recherche scientifique
peut être un bien commun, œuvrant pour
le bien-être de tous. Il est temps de voir le monde
autrement. Mesdames et messieurs les candidats,
pourquoi ne pas essayer cette voie ?
Antoine Balzeau est paléoanthropologue
au Muséum national d’Histoire naturelle.
o seraient bien incapables de le faire voler sur
LA PUBLICATION
Earendel la très lointaine
lle s’appelle « Earendel » et ce n’est
riales sont bien des déserts plissés de dunes,
celles-ci ne sont pas faites de sable mais de
poussière organique, ce qui change tout. Les
cailloux que, sur la photo prise par Huygens,
l’on voit hérisser le sol, ne doivent rien à la
pierre mais sont en fait des blocs de glace
d’eau – il faut dire que la température ne
dépasse pas les – 180 °C. Les volcans suppo-
sés, s’il se confirme qu’ils existent bel et bien,
expulseraient des panaches non pas de lave
mais de liquides composés d’eau et d’ammo-
niac (on parle de « cryovolcans »). L’eau est
en revanche absente des pluies et des lacs qui
se rencontrent près des pôles, lesquels sont
en réalité des pluies d’hydrocarbures arro-
sant des lacs de méthane et d’éthane liquides.
Quant aux quatre saisons, elles durent cha-
cune environ sept ans et demi, puisqu’une
année sur Titan en vaut trente sur Terre…
Un octocoptère appelé « libellule »
C’est ce monde fascinant, voilé de mystère
car enveloppé d’une très épaisse et très
dense atmosphère qui en cache la surface à
la vue de nos télescopes (Titan est d’ailleurs
le seul satellite naturel du Système solaire à
être doté d’une vraie atmosphère), que va
partir explorer la sonde américaine Dragon-
fly (« libellule » en anglais). Cet hélicoptère
de 450 kg est doté de huit petites hélices qui
Terre mais y parviendront sans peine sur
Titan, où l’atmosphère est quatre fois plus
dense et la gravité sept fois plus faible. Il sera
lancé dans l’espace en 2027 pour une arrivée
prévue à la fin de 2034. Si les deux heures
et demie que durera la traversée de l’atmos-
phère de Titan se passent bien, l’« octocop-
tère » se posera en douceur près de l’équa-
Mondes- bone » – celle-là même qui a rendu possible
l’apparition de la vie sur Terre – a-t-elle
océans atteint sur le satellite de Saturne ? C’est à
cette question cruciale que visera à répon-
Il existe dans dre DraMS, en analysant plus précisément
le Système solaire que n’avait pu le faire Huygens la teneur de
quatre mondes- l’atmosphère. Mais aussi la composition
océans connus. chimique des poussières recouvrant la
croûte de glace servant de sol à Titan.
Ganymède (satellite Pour ce faire, les scientifiques s’en remet-
de Jupiter) est le plus tront aux deux petites foreuses placées sur
gros. Comme Titan, les patins d’atterrissage de Dragonfly, qui
son océan souterrain useront la glace. Les poussières et débris
serait séparé ainsi recueillis seront aspirés par une sorte
du manteau de manche à air à l’intérieur du fuselage, où
par une seconde ils seront analysés par les deux sous-instru-
couche de glace, ments composant DraMS (lire ci-dessous).
le rendant inerte.
De l’eau restée liquide ?
Europe (satellite Les astronomes estiment que cette croûte de
de Jupiter) et sa glace que viendront « gratter » en surface les
petite sœur Encelade deux petites foreuses de Dragonfly est d’une
(satellite de Saturne) épaisseur considérable – plusieurs centai-
intéressent nes de mètres au bas mot. Un barrage infran-
grandement
les exobiologistes,
chissable, donc, et qui met malheureuse-
ment hors d’atteinte l’énorme masse d’eau
car leurs océans liquide située en dessous d’elle. Car Titan est,
pourraient receler avec trois autres lunes de Jupiter et Saturne
en leurs fonds des (lire ci-contre), l’un des quatre « mondes-
« fumeurs noirs »,
ces geysers sous-
océans » connus du Système solaire, abri-
tant sous leur surface glacée une mer souter-
marins analogues raine réchauffée et maintenue au-dessus du
à ceux à proximité point de congélation par les forces de marée
Assez fine pour permettre des échanges à dou-
ble sens entre l’atmosphère et l’océan, via la
percolation ou le cryovolcanisme », explique
Caroline Freissinet avec, dans la voix, une
excitation palpable.
Cette excitation est compréhensible : d’un
côté une atmosphère riche en molécules
organiques ; de l’autre un milieu, l’eau
liquide, solvant indispensable pour permet-
tre à ces mêmes molécules organiques de se
lier entre elles et de donner naissance à des
molécules toujours plus grosses et plus com-
plexes… Or, poursuit Caroline Freissinet, « ce
qui sépare la chimie de la biologie, l’inerte du
vivant, ce n’est rien d’autre qu’un certain seuil
de complexité. Et ce sera justement la mission
de Dragonfly de mesurer le degré de com-
plexité atteint par la chimie du carbone pré-
sente sur Titan. A la fois aujourd’hui mais
aussi il y a 4 milliards d’années, lorsque les
conditions étaient plus favorables ».
Si des traces d’une
ancienne forme de vie
persistent sur Titan,
Dragonfly les trouvera
peut-être.
A cet égard, le point de chute choisi par la
Nasa pour Dragonfly ne doit rien au hasard.
La libellule high-tech n’aura que quelques

E pas une gracieuse princesse elfique

tout droit sortie de la riche imagination
d’un Tolkien mais… la plus lointaine étoile
de l’univers jamais observée à ce jour ! Pour
vous donner une idée de sa distance, sachez
seulement que sa lumière n’a mis pas moins de
12,9 milliards d’années à voyager jusqu’à nous.
Cette perle rare, à laquelle la revue « Nature »
a aussitôt ouvert ses colonnes, a été découverte par
le télescope spatial Hubble, à qui l’on devait déjà
la détection de la détentrice du précédent record.
Mais alors que cette dernière étoile existait dans
un univers vieux de 4 milliards d’années, soit 30 %
de son âge actuel, Earendel – qui signifie « étoile
du matin » en vieil anglais – appartient quant à elle
à un univers vieux de moins de 1 milliard d’années,
7 % de son âge actuel. « Au départ, on n’y croyait
presque pas », raconte l’auteur principal de cette
publication, Brian Welch, de l’université Johns
Hopkins à Baltimore, à qui est revenu le privilège
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
teur, parmi les dunes du site de Shangri-La –
là même où s’était déjà posée en 2005 la
vaillante petite Huygens une fois larguée par
l’orbiteur américain Cassini (qui de son côté
a continué d’explorer le système saturnien
jusqu’en 2017). « Comme vingt-neuf ans sépa-
reront ces deux atterrissages, soit presque la
durée d’une année locale, Dragonfly verra
Titan à la même saison – l’hiver – et à la même
latitude que Huygens », fait observer l’exo-
biologiste Caroline Freissinet, coresponsa-
ble scientifique de DraMS, l’un des qua-
tre instruments dont sera équipé le drone.
Un appareil de mesure qui permettra à la
France d’embarquer aux côtés des Etats-
Unis à bord de Dragonfly, puisque sa fabri-
cation sera le fruit d’une nouvelle coopéra-
t i o n e n t r e l a b o r a t oi r e s f r a n ç a i s e t
américains, signée par les agences spatiales
des deux pays en ce début d’année.
desquels la vie serait
apparue sur Terre…
dues aux puissants champs gravitationnels
des deux planètes géantes. Bien plus que
vers Mars, c’est vers eux que se tournent les
regards des exobiologistes en quête d’une
autre forme de vie dans le Système solaire.
Ces exobiologistes ont toutefois de bon-
nes raisons de penser que l’océan subgla-
ciaire de Titan, contrairement à ceux
d’Europe et d’Encelade, doit être relative-
ment inerte du point de vue chimique. Mais
ils pensent également qu’il n’en allait pas de
même en un lointain passé. « Il y a 4 mil-
liards d’années, la croûte de glace était beau-
coup plus fine qu’elle ne l’est actuellement.
Une expertise appréciée de l’agence américaine
Une fois aspirées à l’intérieur du fuselage, les pous- la partie MS, et aux équipes françaises du Labora-
coups d’aile à fournir pour aller visiter le cra-
tère d’impact Selk situé non loin de son site
d’atterrissage. Or, l’énergie colossale déga-
gée par le crash de la météorite ayant creusé
ce cratère a sans doute suffi pour y mainte-
nir en surface l’eau à l’état liquide pendant
des centaines de milliers, voire des millions
d’années. Et y accélérer d’autant le proces-
sus par lequel s’effectue la transition de l’ina-
nimé à l’animé. Si des traces d’une ancienne
forme de vie persistent dans ces parages,
Dragonfly les trouvera peut-être. Souhai-
tons-lui bonne chance dans la recherche de
ces éventuelles « biosignatures » ! n

de baptiser cet astre. D’une masse équivalant
au moins à 50 fois celle du Soleil et des millions
de fois plus brillante que lui, « Earendel existait il y a
tellement longtemps qu’il se pourrait qu’elle n’ait pas
été composée des mêmes matières premières que les
étoiles autour de nous aujourd’hui », poursuit Brian
Welch. Successeur du vieil Hubble, le surpuissant
James-Webb Space Telescope, en cours de
calibrage dans l’espace, en fera l’une de ses cibles de
choix dès sa première année d’observations. —Y. V.
Entre autres appréciables découvertes, la
mission Cassini-Huygens nous a révélé que
des molécules organiques sont présentes en
abondance sur Titan, notamment dans son
atmosphère qui, si elle est composée pour
l’essentiel (98,4 %) de diazote, contient aussi
1,6 % de molécules richement dotées en car-
bone, qu’il s’agisse de méthane, d’éthane ou
d’autres hydrocarbures. Mais quel degré de
complexité cette féconde « chimie du car-
sières seront analysées en deux temps : d’abord, un
premier sous-instrument de DraMS, le chromato-
graphe en phase gazeuse (GC), en séparera les molé-
cules qui les composent, ce qui permettra ensuite
au second sous-instrument, le spectromètre de
masse (MS), de les peser une par une et de les identi-
fier. En vertu du nouvel accord de coopération signé
en ce début d’année entre l’agence spatiale fran-
çaise CNES et la Nasa, ce sera aux équipes américai-
nes du Goddard Space Flight Center d’accoucher de
toire Atmosphères, Observations Spatiales (Lat-
mos) d’en faire autant pour la partie GC. Ce n’est pas
la première fois que la Nasa fait ainsi appel, via le
CNES, au Latmos ou à d’autres laboratoires français
pour l’aider dans la recherche et l’identification des
composés organiques présents sur d’autres corps
célestes. « Il existe dans ce domaine une excellence
française pleinement reconnue par les Américains
depuis la mission Cassini-Huygens », se réjouit
Christian Mustin, expert en la matière au CNES.
14 //
enquête
La Bosnie-Herzégovine vit dans le fragile équilibre établi par les accords de Dayton, qui mirent fin à la guerre en 1995. Photo Jeanne Frank/Divergence
Eva Moysan
— Correspondante à Sarajevo
ans l’un des nombreux bureaux de
D change du centre-ville de Sarajevo,
la capitale de la Bosnie-Herzégo-
vine, une employée confirme la rumeur :
« Depuis le début de la guerre en Ukraine,
beaucoup de gens viennent échanger des
marks [la monnaie bosnienne] pour des
euros. Beaucoup plus que d’habitude. »
L’offensive lancée par Vladimir Poutine le
24 février résonne singulièrement pour les
habitants du pays. Le 6 avril, ils s’apprêtent à
commémorer le début de la guerre, il y a
trente ans, et les 100.000 morts du conflit.
Avec quelques centaines d’euros en poche,
ces Bosniens sont prêts à partir vers l’Union
européenne au premier signal. « Les événe-
ments nous font peur car nous sommes un
pays en état de stress post-traumatique depuis
trente ans », lance Selvedin Avdić, rédacteur
en chef du média d’investigation « Žurnal ».
Le conflit en Ukraine intervient alors que
la Bosnie-Herzégovine traverse sa plus grave
crise depuis la fin de la guerre. Le leader
nationaliste bosno-serbe, Milorad Dodik, a
amorcé la mise en œuvre de ses menaces de
sécession, lançant le retrait des responsa-
bles serbes des institutions centrales.
Menaces de sécession
La Bosnie-Herzégovine vit dans le fragile
équilibre établi par les accords de Dayton,
qui mirent fin à la guerre en 1995. Le pays est
découpé en deux entités fédérales, la Repu-
blika Srpska et la Fédération croato-bosnia-
que, reliées par des institutions centrales.
Un millefeuille administratif complexe
visant à partager le pouvoir entre les trois
principales communautés : les Bosniaques
musulmans, les Serbes orthodoxes et les
Croates catholiques.
Les menaces de sécession inquiètent par-
ticulièrement les Bosniaques, qui pour-
raient être la cible de violences. « Les respon-
sables des crimes pendant la guerre sont
toujours là, ils sont politiciens, ils sont dans la
police… » expose Anela Hakalović, coordi-
natrice du musée Galerija 11/07/95, consacré
à la mémoire du génocide de Srebrenica, au
cours duquel 8.000 Bosniaques furent tués
par l’armée serbe de Bosnie. Dans un décor
gris ardoise épuré, il présente la douleur des
familles des disparus dans l’après-guerre.
« Il n’y a pas de mémoire commune, le géno-
cide n’est pas enseigné en Republika Srpska »,
regrette Anela Hakalović. Ainsi, en mars
dernier, une plaque honorant Ratko Mladic,
chef de guerre bosno-serbe condamné par
la justice internationale notamment pour le
génocide de Srebrenica, a été installée à
Sarajevo-Est. « Le monument est dédié au
peuple serbe, pas au général Ratko Mladic »,
rétorque Dragiša Tuševljak, président de
l’association des anciens combattants à
l’origine de la plaque, en dépit du fait que
l’inscription célèbre son passage en revue
de deux bataillons bosno-serbes en 1992.
Les Balkans, l’autre front
qui inquiète l’Europe
EUROPE CENTRALE // La Bosnie-Herzégovine doit affronter les menaces
de sécession de l’entité serbe, l’influence russe et les conséquences de la guerre
en Ukraine. Reportage à l’occasion de l’élection présidentielle en Serbie.
Ce conflit des mémoires a allumé l’étin-
celle de la crise actuelle en Bosnie-Herzégo-
vine. Fin juillet dernier, le haut représentant
international Valentin Inzko a décidé
d’interdire la négation du crime de géno-
cide, crime contre l’humanité et crime de
guerre, en vertu de ses pouvoirs législatifs
spéciaux. Les leaders nationalistes Serbes
de Bosnie, qui ne reconnaissent pas le
caractère génocidaire du massacre de Sre-
brenica, étaient particulièrement visés. En
réaction, ils ont lancé le boycott des institu-
tions centrales du pays. En décembre,
l’assemblée de la Republika Srpska a
ensuite voté une loi organisant leur retrait
de l’armée, du fisc et du système judiciaire
nationale sous six mois.
« C’est une tentative destructrice anti-Day-
ton », confie aux « Echos » le nouveau haut
représentant Christian Schmidt. Il ne pense
pas que la crise actuelle débouche sur un
conflit. Mais dans le cadre de la campagne
électorale d’octobre 2022, « certaines attitu-
des pourraient accroître les tensions ». « Il y a
quelques mois, nous avons eu des visiteurs
venus d’Ukraine. Ils nous ont dit qu’il n’y
aurait pas de guerre, que c’était juste des
menaces de politiciens… » se souvient Anela
Hakalović avec un sourire crispé. A Sara-
jevo, où la mémoire des trois ans et huit
mois de siège pendant la guerre reste vive,
beaucoup jugent un nouveau conflit possi-
ble mais peu probable.
Dans le parc près du pont latin, Mersiha
et Elvir, 40 ans, ne croient pas à un retour de
la violence. Néanmoins, ils ont réfléchi à ce
« Il y a quelques mois,
nous avons eu des
visiteurs venus
d’Ukraine. Ils nous ont
dit qu’il n’y aurait pas
de guerre, que c’était
juste des menaces
de politiciens… »
ANELA HAKALOVIĆ
Coordinatrice du musée
Galerija 11/07/95
qu’ils feraient le cas échéant. « Nous parti-
rions immédiatement du pays », annoncent-
ils sans une once d’hésitation. Pour eux,
aucune raison de rester se battre.
La frontière est dans les détails
La ville de Sarajevo, en Fédération croato-
bosniaque, est située à la limite avec la
Republika Srpska. Pour rejoindre Lukavica,
première ville de l’entité serbe, il suffit de
prendre un bus municipal depuis le centre-
ville jusqu’au terminus, qui dépose juste
avant la délimitation. Aucune barrière phy-
sique, mais quelques détails signalent le
passage de l’autre côté : sur les stands posés
à même le trottoir, les bougies orthodoxes
font leur apparition aux côtés des fleurs et
autres babioles ; le drapeau de la Republika
Srpska, accompagné de celui de la Serbie,
fait son apparition en haut des lampadaires,
tandis que le cyrillique supplante l’alphabet
latin. « Le retour de la guerre c’est un men-
songe qu’on raconte en Fédération », assène
une habitante de 65 ans, qui ne préfère pas
donner son nom. « Pourquoi voudrait-on un
conflit, pour détruire la ville qu’on a cons-
truite ? » interroge Boki, 47 ans, en mon-
trant les barres d’immeubles flambant neu-
ves autour du parc d’enfants où il s’est assis
avec sa fille, Anja.
Le conflit en Ukraine ne réveille pas les
mêmes inquiétudes chez les habitants de
Lukavica. « On est Serbes, donc on est du côté
de la Russie », explique Anja, 17 ans. Une
ingénieure de 35 ans, qui souhaite garder
l’anonymat, voit les tensions comme des
gesticulations de politiciens pour faire peur
aux gens et rester au pouvoir : « De toute
façon, personne ne veut se battre. Tout le
monde partirait en cas de conflit. »
« À aucun moment, aucun politicien serbe
de la plus petite communauté locale au mem-
bre serbe de la présidence, au président de la
République, au Premier ministre et au prési-
dent de l’Assemblée nationale n’ont dit qu’ils
voulaient la guerre », affirme Denis Šulić,
vice-président de l’Assemblée de la Repu-
blika Srpska. Cet élu du parti de Milorad
Dodik le répète à plusieurs reprises : il res-
pecte les accords de paix de Dayton. « Nous
[en] sommes les plus grands défenseurs »,
déclare-t-il. Le haut représentant Christian
Schmidt rétorque : « Je préfère les actes aux
déclarations. [Les lois de décembre] sont une
violation claire de Dayton et ils le savent
bien. » Retournant la situation, Denis Šulić
menace : « Si l’accord de paix de Dayton n’est
pas respecté, si les intérêts des citoyens de la
Republika Srpska sont en danger, nous pren-
drons certaines mesures. »
« Cette crise peut être
l’occasion pour l’UE
de se débarrasser
de l’influence russe
en Bosnie. »
NEDŽMA DŽANANOVIĆ
Professeure de sciences politiques
et ancienne diplomate
En Fédération croato-bosniaque, deux
analyses se côtoient. Pour certains, les
menaces sécessionnistes s’expliquent par les
prochaines élections générales en octobre.
« Ça permet de détourner l’attention de l’opi-
nion publique des vrais problèmes que sont
l’accaparement par Milorad Dodik et son clan
de toutes les institutions publiques, la police, la
magistrature et les marchés publics », consi-
dère le rédacteur en chef du « Žurnal ». Pour
d’autres, cette crise va plus loin que les habi-
tuelles menaces préélectorales. « Juste après
l’invasion de l’Ukraine, nous savons que Milo-
rad Dodik aurait pu annoncer l’indépendance
de la Republika Srpska », assure Nedžma
Džananović, professeure de sciences politi-
ques et ancienne diplomate.
Après plusieurs mois de menaces, elle
estime que l’Union européenne « prend
enfin la mesure de la situation ». En quelques
jours, la force opérationnelle européenne
Eufor Althea a presque doublé ses effectifs
en Bosnie-Herzégovine, passant de 600 à
1.100 soldats sur place. La ministre des
Affaires étrangères allemande, Annalena
Baerbock, puis le chef de la diplomatie
européenne, Josep Borrell, se sont rendus à
Sarajevo en mars.
« Cette crise peut être l’occasion pour l’UE
de se débarrasser de l’influence russe en Bos-
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
nie », assène Nedžma Džananović. Elle évo-
que les liens très étroits entretenus par le
Kremlin avec Milorad Dodik mais égale-
ment avec le leader ethnonationaliste
croate, Dragan Čović.
Ce dernier est actuellement engagé dans
d’interminables négociations pour réfor-
mer la loi électorale en Fédération, dont
l’échec pourrait compromettre la tenue du
scrutin d’octobre. « La Russie veut humilier
l’Occident et faire échouer le processus de
démocratisation et de stabilisation en Bosnie
initié par l’intervention américaine », estime
l’ex-diplomate.
La Russie se laisse le droit de
réagir à une intégration à l’Otan
« Nous devons rester vigilants à ce que le pays
ou une partie du pays ne reste pas un haut lieu
de l’influence étrangère à cause de sa faiblesse
politique, abonde le haut représentant. Ce
n’est pas seulement une préoccupation théo-
rique mais bien pratique », ajoute-t-il, citant
les menaces de l’ambassadeur russe à Sara-
jevo. A la mi-mars, ce dernier a déclaré à la
télévision que la Bosnie-Herzégovine avait
le droit de choisir d’intégrer l’Otan, mais que
la Russie se laissait le droit de réagir. « Nous
avons montré avec l’exemple de l’Ukraine ce à
quoi nous nous attendons. Nous allons réagir
en cas de menace », a-t-il averti.
Cette situation politique influe sur l’éco-
nomie de la Bosnie-Herzégovine, durement
touchée par les conséquences du conflit en
Ukraine. « L’inflation, générée par la hausse
des produits importés comme le pétrole, le
gaz naturel ou encore les matières premières,
frappe durement la population », résume
Anto Domazet, professeur d’économie à
l’université de Sarajevo et ancien ministre
du Trésor de Bosnie-Herzégovine (2001-
2003, social-démocrate).
Selon la Banque centrale, l’inflation
pourrait atteindre 12 % au premier semes-
tre 2022. « Les institutions ont une très faible
capacité à prendre les mesures nécessaires
pour combattre les conséquences de l’infla-
tion », analyse Anto Domazet. Alors, pour-
suit-il, la première réponse à la crise est
l’émigration, forte et continue depuis 2013.
Selon une enquête du Fonds des Nations
unies pour la population publiée en 2021,
environ 50.000 personnes quittent la Bos-
nie chaque année, dont une majorité a
moins de trente ans. Dans l’association
DKC, qui rassemble des jeunes autour de
projets socioculturels, chacun connaît plu-
sieurs proches qui ont quitté le pays. « Res-
ter en Bosnie est devenu un choix et partir est
presque devenu normal. C’est assez classique
de recevoir l’appel d’un ami qui nous annonce
qu’il est désormais en Allemagne », confie
Minel, 30 ans. « DKC est l’une des choses qui
me retient ici, à Sarajevo, car autrement il n’y
a pas tant de choses pour les jeunes », abonde
Faris, un étudiant de 20 ans. Il tente de rester
optimiste pour le futur. Avec un air très
sérieux, il glisse : « Nous sommes au fond du
trou, alors cela ne peut que s’améliorer. » n
 « Printemps mobile » par Marko Polo pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Manche : un avion Corse : nouvelle Signature d’un Pakistan :

avec deux passagers manifestation accord militaire clé dissolution surprise
L’ÉDITORIAL
DES « ÉCHOS »
s’abîme en mer d’hommage au Soudan du Sud du parlement
ACCIDENT – Des recherches à Yvan Colonna AFRIQUE – Les dirigeants ASIE DU SUD – Le Premier

Les puissants moteurs ' se sont déroulées dimanche

pour retrouver un avion de CRISE – Une nouvelle
' rivaux du Soudan du Sud
ont signé, dimanche,
' ministre pakistanais Imran
Khan a obtenu dimanche la

du crédit immobilier tourisme qui s’est abîmé en mer, la

veille, entre la France et l’Angle-
' manifestation pour Yvan
Colonna, militant indépen-
un accord sur une disposition
militaire clé du fragile accord
dissolution du parlement et la
convocation d’élections anticipées
terre, avec deux personnes à bord. dantiste mortellement agressé de paix de 2018, après une dans les trois mois, après avoir
Le marché du crédit immobilier est-il entré en phase L’avion, de type P28, était parti en prison s’est tenue, dimanche, médiation du Soudan voisin, échappé à une motion de censure
d’atterrissage ? C’est la crainte que peuvent nourrir samedi de Wellesbourne (centre à Ajaccio. Un cortège de plusieurs a constaté sur place un journaliste de l’opposition. Le vice-président
certains, à voir les taux des prêts progressivement de l’Angleterre) à destination de la milliers de personnes, derrière de l’AFP. Les deux parties de l’Assemblée nationale, Qasim
remonter, et les volumes de crédit désormais se tasser. station balnéaire française du deux larges banderoles portant ont accepté de former un Suri, un de ses fidèles, a créé la
De quoi inquiéter les Français, mais aussi les banques Touquet. Selon le journal « Sunday le slogan « Etat français assassin », commandement unifié des forces surprise en refusant de soumettre
et les courtiers. Sans compter que le marché Telegraph », l’avion appartient s’est mis en marche, sous le soleil, armées, ce qui a longtemps été au vote la motion de censure, la
immobilier semble commencer à se contracter : à Guy Wakeley, dirigeant dans vers la préfecture. Un processus une pierre d’achoppement dans jugeant « contraire à la Constitu-
les transactions dans le logement ancien sont le secteur financier et instructeur de négociations sur « l’ensemble la mise en oeuvre du pacte de 2018 tion ». La Cour suprême va enten-
attendues en baisse de 15 % à 20 % cette année. à l’école d’aviation du South des problématiques corses » est visant à mettre fin à cinq années dre lundi les arguments relatifs
Mais au-delà de ces signes que tout le monde guette Warwickshire. censé s’ouvrir début avril. de guerre civile. à la dissolution du Parlement.
avec d’autant plus de fébrilité que la guerre en Ukraine
a de quoi retarder les projets d’investissement des
ménages et refroidir la bienveillance des banquiers, LA PHOTO DU JOUR
il est permis de douter que le ralentissement
soit durable, tant les moteurs sont puissants
pour alimenter encore la croissance du marché.
C’est tout le paradoxe actuel du crédit immobilier :
le coup de froid apparent cache des fondamentaux
qui demeurent favorables, et ils sont nombreux.
Les taux réels restent, d’abord,
particulièrement avantageux.
L’inflation est en effet telle qu’ils
sont même négatifs, autrement
dit, le client s’enrichit lorsqu’il
emprunte, malgré les intérêts.
Ils sont, ensuite, a priori partis
pour rester bas quelque temps,
Par Alexandre malgré leur légère remontée.
Counis L’invasion de l’Ukraine par
la Russie devrait en effet inciter
La pierre la Banque centrale européenne
à retarder au maximum
résiste le moment où elle remontera
traditionnel- ses taux, pour éviter de donner
lement un coup d’arrêt à la reprise de
mieux que l’économie dans la zone euro.
Les Français ont, enfin,
les autres accumulé, pendant la
actifs, pandémie et les confinements
en période qu’elle a occasionnés, une
surépargne qui ne demande
d’inflation désormais qu’à être investie.
élevée. Or l’immobilier est l’une
des meilleures solutions
qui s’offrent à eux. La pierre résiste traditionnellement
mieux que les autres actifs, en période d’inflation
élevée. Et elle est aujourd’hui plus attrayante que
les actions, que la guerre vient chahuter sur
des Bourses déjà fragilisées, ou les obligations,
dont la valeur a souffert avec la remontée des taux.
Sameer Al-Doumy/AFP

En se posant en défenseur des Français, auxquels

il promet de se montrer vigilant sur leur capacité
à accéder dans de bonnes conditions au marché
du crédit immobilier, le gouvernement ne devrait
donc pas prendre un risque particulièrement élevé.
Certains risquent en revanche d’être laissés sur
le bas-côté : car tant l’abaissement du taux d’usure MARATHON DE PARIS L’Ethiopien Deso Gelmisa a remporté, dimanche, la 45e édition du marathon de Paris, dont le Français Morhad Amdouni a pris la 3e place,
par la Banque de France que le plafonnement avec à la clé un nouveau record de France. Gelmisa s’est imposé au terme des 42,195 km sous le soleil parisien, mais dans le froid, avec un chrono de 2 heures
par les autorités des durées des prêts à 25 ans 5 minutes et 7 secondes, devant son compatriote Seifu Tura (2 heures 5 minutes et 10 secondes) et Morhad Amdouni (2 heures 5 minutes et 22 secondes).
et des remboursements des ménages à 35 % de
leurs revenus risquent, malgré les bonnes intentions,
d’exclure du marché les emprunteurs les moins aisés.

Lire nos informations

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JEUDI -2/8 3/8 4/12 7/12 10/12
12 10/13
newsletters.lesechos.fr
9/17 10/19
 CAC 40
J 6.684,31 points
0,367 % n 34.669,16 points
DEVISES EUR/GBP 0,842 EUR/JPY 135,588 EUR/CHF 1,0223 GBP/USD 1,311 USD/JPY 122,671 USD/CHF 0,9261 TAUX €STER -0,593 EURIBOR 3 MOIS -0,458 OAT 10 ANS 0,9362 T-BONDS 10 ANS 2,3916
La France s’approche de son objectif
climatique d’émissions de CO2
ENVIRONNEMENT
Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux
En forçant un peu sur l’épaisseur du trait, ça
passe. Avec un volume de 407 millions de
tonnes d’équivalents CO2 émis en 2021, la
France se glisse de justesse sous la barre
fixée par l’Etat dans le cadre de sa stratégie
nationale bas carbone (SNBC). C’est ce
qu’ont constaté « Les Echos » au vu des
dernières données publiées par le Citepa,
l’organisme qui se charge de comptabiliser
dans les moindres détails ces rejets géné-
rateurs des gaz à effet de serre (GES) qui
provoquent le réchauffement de l’atmos-
phère terrestre.
Pour 15 millions de tonnes de CO2 , la
France respecte l’objectif qu’elle s’est fixé
dans le cadre de cette SNBC. C’est peu,
sachant en outre que ce chiffre oublie cer-
taines données. Le niveau d’émissions
observé l’an dernier par le Citepa concerne
le seul territoire métropolitain, sans faire
mention du CO2 relâché par les départe-
ments et territoires d’outre-mer. Or ceux-ci
font partie intégrante des 422 millions de
tonnes annuelles fixées par la SNBC.
L’effet Covid s’estompe
Autre bémol, ces chiffres sont encore provi-
soires (les données définitives doivent tom-
ber en juin) et s’ils passent sous la toise de
cette stratégie, ils le doivent en grande
partie au fait que celle-ci a été relevée.
Jusqu’en 2020 et la décision du gouverne-
ment d’Edouard Philippe de réviser la SNBC
en vigueur sur la période 2019-2023, le
plafond d’émissions était de 398 millions de
tonnes de CO2 en moyenne par an, outre-
mer incluse.
Les experts estiment que, pour 2021, le
point d’atterrissage France entière sera au
final d’environ 420 millions de tonnes.
L’écart par rapport à l’objectif fixé par la
Addition salée pour
les Australiens après
le refus d’acheter les
sous-marins français
DÉFENSE En Australie, l’affaire du contrat
des sous-marins annulé avec la France n’a
pas fini de faire des vagues. Alors que le
pays entre à nouveau en période électorale,
le gouvernement, interrogé par un séna-
teur d’opposition, a dû admettre que le
renoncement à l’achat des 12 sous-marins
de type Barracuda, commandés en 2016 à la
France, allait lui coûter une fortune. Can-
berra estime qu’il va devoir débourser
3,7 milliards d’euros de remboursement à
la France pour sa volte-face en faveur des
sous-marins américains. // PAGE 20
= LES ENTREPRISES CITÉES
Activision 22 CMA CGM 21
Air France-KLM 20 Dacia 18
Amazon 22, 28 Delta Air Lines 20
Apple 22, 28 Euroapi 36
Arkéa 24 EuroApi 19
AXA 29 GameStop 28
Bankin’ 24 Gefco 21
Brico Dépôt 21 Google 22, 28
Budget Insight 24 Hermès 36
Carrefour 36 Huawei 17
Castorama 21 In Extenso 25
DOW JONES
-0,0265 % n 1,104 $
-0,253 %
La France a diminué ses émissions de CO2 de près de 9 % depuis 2016. Photo D. Bond/Shutterstock
nouvelle SNBC resterait donc positif, mais
limité à 2 milliards de tonnes, n’empêchant
pas le cap fixé d’être tenu. L’écart est bien
plus favorable si l’on se réfère à l’année 2019
(436 millions de tonnes de CO2 et équivalent
émis), celle qui précède la pandémie de
Covid et le coup d’arrêt infligé ensuite aux
activités économiques. Vu sous cet angle, la
France réduirait ses émissions de 16 mil-
lions de tonnes. Ce qui est encore trop peu
au goût des ONG. « Le fait que l’on ne soit pas
bien plus en dessous est plutôt une mauvaise
nouvelle », estime Anne Bringault, coordi-
L’étrange rebond
des géants
américains de la tech
à Wall Street
BOURSE La big tech américaine se sent de
nouveau pousser des ailes. Apple et Ama-
zon ont fortement rebondi depuis mi-mars.
De quoi soutenir les grands indices à Wall
Street. Cette embellie rapide a surpris de
nombreux professionnels. Une inflation
élevée et des taux d’intérêt en hausse entraî-
nent généralement une baisse des multi-
ples de valorisation. Dans ce contexte, la
tech devrait souffrir. Certains voient dans ce
retour en grâce avant tout un rebond tech-
nique, lié notamment à des couvertures de
positions vendeuses. // PAGE 28
La Compagnie 20 STMicroelectronics 36
Leroy Merlin 21 Tesla 28
L’Oréal 19 Toshiba 23
Microsoft 22, 28 Toyota 18
NVidia 28 United Airlines 20
Orange 23
Redfin 27
AVIS FINANCIERS
Renault 18
RZD 21 Danone 19
Sanofi 19, 36 Gecina 29
Scopelec 23 Rexel 29
EURO/DOLLAR ONCE D’OR
n 1.929,4 $
-0,6565 %
natrice des programmes au Réseau Action
Climat (RAC). « L’année 2021 n’a pas été une
année complètement hors Covid. Les déplace-
ments sont restés limités pendant une
certaine période », argue-t-elle. En outre,
fait-elle valoir, « il faut savoir que les émis-
sions de GES ne sont pas corrigées par
rapport aux températures observées. Or
l’hiver a été doux. Cela a dû jouer. »
A noter enfin que, l’an dernier, les émis-
sions de gaz à effet de serre ont augmenté
d’à peu près 6 % (après la chute de 2020 liée
aux confinements), c’est-à-dire moins que
La fille du fondateur
de Huawei prend du galon
TÉLÉCOMS
Fabio Benedetti Valentini
@FabioBenedettiV
Six mois après son retour en Chine, Meng
Wanzhou prend du galon chez Huawei.
La fille du fondateur du géant des télé-
coms chinois intègre le trio de tête, dont
les membres assurent la direction géné-
rale par rotations de six mois.
Tout en restant directrice financière, elle
accède à la « direction générale tour-
nante » de Huawei aux côtés de Hu
Houkun et Xu Zhijun, selon une actuali-
sation du site Web de Huawei. Mise en
place en 2011, cette structure de gouver-
nance assez inhabituelle permet une
prise de décision collégiale autour du fon-
dateur, Ren Zhengfei, qui conserve le titre
de directeur général, un rôle qui donne
certes une sorte de droit de regard et
même de veto sur la stratégie, mais moins
impliqué dans la marche des affaires au
quotidien. La nomination de Meng
Wanzhou scelle son retour sur le devant
de la scène. Rentrée en Chine en septem-
bre après trois ans de feuilleton politico-
diplomatique, elle avait fait sa première
PÉTROLE (BRENT)
n 105,16 $
-1,9853 %
Lundi 4 avril 2022
www.lesechos.fr
la croissance (+ 7 %). Faut-il y voir l’amorce
d’un découplage entre PIB et émissions de
CO2 ? Là encore, la représentante du RAC
demande à voir. « Il est beaucoup trop tôt
pour tirer ce type de conclusion », selon elle.
Et de faire remarquer que la reprise de l’acti-
vité tient beaucoup plus au redémarrage du
secteur des services qu’à celui de l’industrie.
Il n’en reste pas moins que la France aura
diminué ses émissions de près de 9 % depuis
2016 (460 millions de tonnes à l’époque),
tout en ayant connu l’une des croissances les
plus élevées de la zone euro. n
apparition médiatique en Chine lundi en
participant à la présentation des résultats
annuels de l’entreprise depuis le siège de
Shenzhen, dans le sud du pays. Dans le
triumvirat de Huawei, elle remplace Guo
Ping, qui rejoint le conseil de surveillance.
Suspension des poursuites
La dirigeante avait été arrêtée fin 2018 lors
d’une escale à Vancouver à la demande
des autorités américaines qui l’accusaient
d’avoir menti pour contourner les sanc-
tions contre l’Iran. Son arrestation avait
été au centre des tensions géopolitiques et
commerciales entre la Chine et les Etats-
Unis. Mais, après trois ans de procédure
où elle était en résidence surveillée avec
bracelet électronique dans l’une de ses vil-
las à Vancouver, elle a retrouvé la liberté.
Le retour de Meng Wanzhou en Chine
a été rendu possible par un accord entre
les autorités américaines et le masto-
donte chinois des télécoms. L’an dernier,
dans un accord trouvé devant un tribunal
à New York, les poursuites engagées
contre elle par le ministère de la Justice
américain ont été suspendues jusqu’au
1er décembre. Et, selon Washington, si
l’accord en justice n’est pas contesté ou
rompu d’ici là, les poursuites seront
définitivement abandonnées. n
Le numéro deux
français des
cinémas CGR
se met en vente
CINÉMA
Frank Niedercorn
@FNiedercorn
— Correspondant à Bordeaux
C’est une bombe pour le monde du
cinéma français. Le groupe CGR,
numéro deux du secteur derrière Pathé
Gaumont avec 73 cinémas et 700 salles,
est désormais à vendre, a révélé diman-
che le journal « Sud Ouest ». L’informa-
tion a été confirmée au quotidien de
Bordeaux par son directeur général,
Jocelyn Bouyssy .
« Luc et Charles Raymond, les
héritiers du président-fondateur, ont
décidé de passer la main. Ils m’ont
annoncé qu’ils allaient se retirer il y a
trois semaines. » Le directeur général
aux commandes du groupe depuis
seize ans a désormais pour mission
« de trouver et de choisir le repreneur
solide qui nous respecte ».
Nombreux prétendants
Poids lourd du cinéma, le groupe basé
à P é r i g n y, d a n s l a b a n l i e u e d e
La Rochelle, va sans doute susciter de
nombreux appétits, et Jocelyn Bouyssy
avoue être déjà « harcelé de coups de
fil ». Georges Raymond a d’abord créé
une entreprise de publicité Pro-Ciné en
1966, avant d’acheter son premier
cinéma en 1974 à La Rochelle. Pendant
vingt ans, jusqu’à l’ouverture de son
premier multiplexe de douze salles en
1995, le réseau CGR (Circuit Georges
Raymond) se cantonne au Sud-Ouest,
avec une centaine de salles dans 20 vil-
les, de Tours à Bayonne.
Le groupe s’est
aussi étoffé avec
des hôtels et des fast-
foods Burger King,
Il emploie désormais
3.000 personnes.
Le succès du Méga CGR de
La Rochelle décuple l’appétit de l’entre-
prise familiale qui, jusqu’en 2008,
ouvre en moyenne quatre multiplexes
par an dans toute la France. Pour
consentir des investissements qui se
montent certaines années à plus de
30 millions d’euros, le fondateur du
groupe va même jusqu’à hypothéquer
ses biens propres.
60 millions d’euros de pertes
CGR entre définitivement dans la cour
des grands et atteint sa taille actuelle en
2017. Le groupe, passé dans les mains
de Luc et Charles Raymond, les fils du
fondateur, met alors la main sur
Cap’Cinéma, le numéro quatre du
secteur, valorisé 100 millions d’euros,
selon « Capital Finance ». Une acqui-
sition qui lui permet d’ajouter 22 éta-
blissements à son réseau, qui en
compte alors cinquante.
Le groupe, qui s’est aussi étoffé avec
des hôtels et des fast-foods Burger King,
emploie désormais 3.000 personnes. Il
reste qu’avec la crise du Covid et la
concurrence des plateformes, le
groupe a été fragilisé avec des pertes de
60 millions d’euros, selon « Sud
Ouest ». « La crise sanitaire a peut-être
accéléré le choix des actionnaires, mais
franchement, je n’en sais rien », a assuré
Jocelyn Bouyssy. n

ENTREPRISES
Le marché automobile français boucle
son pire trimestre depuis quarante ans
l Les immatriculations de voitures neuves ont reculé de près de 20 % en France au mois de mars par rapport
à la même période de 2021.
l Le rebond des ventes attendu initialement devient de plus en plus improbable.
AUTOMOBILE
Lionel Steinmann
@lionelSteinmann
Après deux années minées par la
pandémie de Covid et les pénuries
de semi-conducteurs, les profes-
sionnels étaient persuadés que le
marché automobile français allait
rebondir en 2022. Les chiffres du
premier trimestre, catastrophi-
ques, rendent ce scénario de plus en
plus hypothétique. Selon les statisti-
ques publiées ce vendredi par la Pla-
teforme automobile (PFA), les
immatriculations de voitures neu-
ves ont plongé de 19,53 % en mars
par rapport à la même période de
2021. Ce recul s’ajoute à ceux enre-
gistrés en janvier (–18,6 %) et en
février (–13 %), et porte à 10 le nom-
bre de mois consécutifs de baisse.
Au total, seules 365.361 voitures
ont été vendues sur ces trois mois.
« C’est le pire trimestre depuis que
nous avons commencé à établir des
statistiques au début des années
1980 », soupire François Roudier,
porte-parole de la PFA. Il s’agit d’un
plongeon de 34 % par rapport à
2019, dernière année « normale »,
selon le spécialiste de la donnée
automobile AAA Data.
Stellantis à la peine
Le mois de mars a été éprouvant en
particulier pour Stellantis, dont les
immatriculations reculent de près
de 30 % sur un an, du fait des contre-
performances des marques Peu-
geot (–33,5 %, malgré la 208 qui reste
la voiture la plus vendue en France),
Citroën (–27,8 %) ou encore Fiat
(–27,6 %). BMW (–27,6 %) fait égale-
ment moins bien que le marché,
alors que Toyota se tient dans la
moyenne avec –20,4 %.
Le groupe Renault, à l’inverse,
limite la casse à –15 %, grâce à l’excel-
lente performance de Dacia, dont
les ventes progressent de 31 % sur un
an. Hyundai (1,9 %) et Kia (+6,5 %),
restent eux aussi sur leur lancée de
l’an dernier, tout comme Tesla
(+7 %), dont la courbe de progres-
sion commence toutefois à se tasser.
Mauvaises nouvelles en série
Pour les concessionnaires, il est dif-
ficile d’envisager un rebond rapide
des ventes. Loin de faiblir, comme
l’anticipaient à la fin 2021 certains
constructeurs comme Toyota, la
pénurie de semi-conducteurs conti-
nue de sévir. Ce qui se traduit par des
interruptions à répétition sur les
chaînes de montage et des délais de
livraison à rallonge, au point de
décourager certains clients.
Les tensions sur
l’approvisionnement
en matières
premières vont
contraindre
les constructeurs
à relever à nouveau
leurs tarifs,
ce qui pèsera
sur la demande.
Par ailleurs, de nouvelles difficul-
tés d’approvisionnement sont appa-
rues avec la guerre en Ukraine, qu’il
s’agisse des spécialistes des câblages
électriques installés sur place ou des
matières premières faisant défaut
en provenance de Russie. Les réper-
cussions du conflit commencent
également à se faire sentir sur le
moral des ménages comme sur
celui des entreprises, estime Fran-
çois Roudier. Le recul du marché
des véhicules utilitaires, (–28,6 % en
mars) constitue, sur ce point, un
signal inquiétant. C’est aussi une
mauvaise nouvelle pour Renault et
Stellantis, qui réalisent à eux deux
les trois-quarts des ventes de ce seg-
ment aux marges confortables.
Autre facteur négatif pour les
mois à venir : le prix. La plupart des
constructeurs ont profité du désé-
quilibre entre l’offre et la demande
pour augmenter leurs prix catalo-
gue l’an dernier tout en réduisant les
rabais consentis aux clients. Les
tensions sur l’approvisionnement
en matières premières ces derniers
mois vont les contraindre à relever à
nouveau leurs tarifs, ce qui pèsera
inévitablement sur la demande.
De surcroît, les industriels redou-
tent de se retrouver piégés par les
délais de livraison, qui peuvent
atteindre de six à huit mois sur cer-
tains modèles : entre le moment où
la commande est passée et celui où
le véhicule est fabriqué, le coût de
Les automobilistes en quête de solutions
pour contenir leur budget carburant
Les vendeurs de voitures
d’occasion ont constaté
en mars un pic de requêtes
pour les motorisations
alternatives à l’essence
et au diesel. Dans le neuf,
le nombre de voitures
100 % électriques a
quasiment doublé en un an,
et Dacia profite de l’en-
gouement pour le GPL.
100 % électrique, hybride, GPL ou
encore superéthanol : depuis quel-
ques mois, l’augmentation des prix
à la pompe pousse les automobilis-
tes à se pencher de plus en plus
sérieusement sur les motorisa-
tions permettant de réduire leur
budget carburant. La bouffée
d’inflation qui a suivi l’invasion de
l’Ukraine par la Russie a précipité
cet emballement.
Sur Google, les recherches avec
le mot-clé « voiture électrique » ont
été multipliées par deux entre fin
février et mi-mars. Les sites d’achat
de voitures d’occasion en ligne,
comme Aramisauto, ont constaté
la même tendance. « Nous avons
senti chez nos clients un pic d’anxiété
il y a 15 jours, avec une très forte aug-
mentation des recherches sur les
énergies alternatives, et dans le
production peut augmenter sensi-
blement et dégrader les marges.
Pour s’en prémunir, Volkswagen et
Audi ont ainsi annoncé ces derniè-
res semaines un gel des comman-
des de leurs modèles hybrides
rechargeables. Signe de la forte
incertitude qui prévaut pour les
mois à venir, la PFA n’a toujours pas
livré ses projections sur l’évolution
du marché en 2022, alors qu’elle le
fait rituellement en chaque début
d’année. n
même temps de l’attentisme sur les
achats de modèles essence ou diesel »,
rapporte son directeur général
pour la France, Romain Boscher.
Ruée sur les voitures
électriques d’occasion
La situation est depuis revenue à la
normale, indique-t-il. « Mais dans
nos agences en régions, où la voiture
est souvent indispensable pour les
déplacements quotidiens, nous
avons des clients qui viennent ven-
dre leur véhicule en nous disant : “Je
n’ai pas le budget pour continuer à
rouler avec” ». Chez le concurrent
AutoScout 24, Vincent Hancart a
constaté une multiplication par
trois en un an (de 0,7 % à 2,3 %) des
requêtes pour acheter spécifique-
ment un modèle 100 % électrique.
Quel que soit le site, les acheteurs
potentiels restent souvent sur leur
12 %
La part des voitures 100 %
électriques dans les ventes
au premier trimestre 2022. Elle
n’était que de 5 % il y a un an.
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
L’occasion s’essouffle également
Le marché de la seconde main, qui avait tiré parti des
difficultés de production dans le neuf pour boucler un
millésime record en 2021, commence lui aussi à souffrir.
Les ventes ont diminué en mars pour le quatrième mois
d’affilée, avec un repli de 14,3 %, et retournent peu ou
prou à leur niveau de 2019. Un phénomène qui s’explique
par un déficit persistant de l’offre (qui n’est plus can-
tonné aux modèles très récents), et à une forte hausse
des prix, qui a atteint en moyenne +19,4 % par rapport à
2019, selon le site spécialisé AutoScout 24.
faim, car le nombre de voitures à fois que la recherche d’économies
batterie de seconde main reste à la pompe était déjà bien présente
encore très limité. Celles qui sont à au second semestre 2021, lorsque
la vente partent comme des petits les commandes ont été passées.
pains. « 80 % des voitures électriques Au premier trimestre, la pro-
mises sur le site partent en moins de portion de voitures 100 % électri-
7 jours », précise, de son côté, que dans les ventes a en effet
Romain Boscher. grimpé de 7 % à 12 % en un an. La
part des hybrides s’est accrue de
Le superéthanol 5 points en un an à 28 %, dont 8 %
fait des émules d’hybrides rechargeables. Dans le
Pour les automobilistes à la même temps, la vente de modèles
recherche d’une solution rapide, équipés dès la sortie d’usine pour
l’installation de boîtiers afin de rouler au superéthanol est passée
pouvoir utiliser du supérethanol de 0 à 1,6 %, tirée par l’offre déve-
(moins d’un euro le litre) dans un loppée par Ford.
moteur à essence semble être une De son côté, Dacia, qui propose
solution en vogue, même si le pas- en série depuis des années des
sage obligatoire par un garagiste modèles pouvant carburer à la fois
agréé pour la pose génère des à l’essence et au GPL (un carburant
délais. FlexFuel Energy Develop- alternatif à base de propane et de
ment, l’un des leaders de ce mar- butane, qui bénéficie d’une fiscalité
ché, annonce 16.000 commandes plus avantageuse) en recueille les
de boîtiers sur le mois de mars, soit fruits. « Les clients se renseignent
dix fois plus qu’il y a un an. beaucoup plus spontanément sur la
Les préoccupations sont les bicarburation, alors qu’il s’agit d’une
mêmes chez les candidats à l’achat
d’un véhicule neuf, mais les chif-
fres publiés par les constructeurs
ne le refléteront que dans les mois
offre qu’il fallait parfois pousser un
peu », relate un porte-parole de la
marque. Les ventes suivent : la part
des véhicules vendus avec cette
à venir, du fait de délais qui s’allon- configuration est passée de 24 % au
gent entre la commande et la livrai- premier trimestre 2021 à 32 % cette
son. Les immatriculations depuis année, et la courbe devrait conti-
le début de l’année montrent toute- nuer à grimper. — L. S.
Les Echos Lundi 4 avril 2022 ENTREPRISES // 19

Affaire McKinsey : « L’Etat est Sanofi : l’entrée en

un très bon acheteur de conseil »
l Au vu de l’ampleur prise par ce qu’il est convenu d’appeler
« l’affaire McKinsey », Matthieu Courtecuisse remet les pendules à l’heure.
l Il regrette aussi que le rapport sénatorial ne se soit pas intéressé aux dépenses
en conseil des Régions et des métropoles, qui ont crû plus vite que celle de l’Etat.
Propos recueillis par
Antoine Boudet
@Aboudet
Comme président de Syntec
Conseil, l’organisation
professionnelle des cabinets
de conseil, que vous inspire
ce qu’il est convenu d’appeler
l’« affaire McKinsey » ?
Elle soulève deux questions : l’une
qu’il est totalement légitime de se
poser sur le recours par l’Etat aux
sociétés de conseil, et sur laquelle je
n’ai aucun problème à répondre de
manière transparente ; l’autre, en
revanche, au sujet des cabinets et de
l’optimisation fiscale n’est pas de
ma compétence, en tant que prési-
dent de Syntec Conseil.
Que pensez-vous alors
du rapport de la commission
d’enquête sénatoriale
sur l’influence des cabinets
de conseil sur les politiques
publiques ?
J’ai participé à cette commission
d’enquête, et je constate qu’elle a
repris nos chiffres sur la profession
que personne ne conteste. Il n’y a, à
cet égard, aucune révélation. Ce qui
m’a, en revanche, extrêmement
surpris au cours des auditions c’est
que les membres de la commission
ont refusé d’examiner aussi les
contrats avec les collectivités terri-
toriales, qui mènent pourtant des
politiques publiques. Ils auraient
ainsi pu constater que le développe-
ment des missions de conseil y a été
plus rapide encore que dans les
administrations de l’Etat. Mais
peut-être faut-il y voir l’influence de
sensibilités politiques au Sénat
ayant deux candidates à l’élection
présidentielle qui, elles-mêmes,
sont responsables de collectivités
territoriales.
Il n’en demeure pas moins
que le montant des missions
de conseil à l’Etat a plus que
doublé entre 2018 et 2021…
C’est vrai, mais il y a un effet de base.
Il faut regarder ces dépenses sur la
Bourse d’Euroapi
sur des rails
PHARMACIE
L’introduction en
Bourse d’Euroapi
a été validée par
l’AMF.
Elle débutera
sa cotation le 6 mai.
Myriam Chauvot
mchauvot@lesechos.fr
La nouvelle vie d’Euroapi com-
mencera le 6 mai. C’est ce jour
que débutera la cotation en
Bourse sur Euronext Paris de la
filiale du géant pharmaceutique
français Sanofi spécialisée dans
la fabrication des molécules de
base des médicaments (les
« principes actifs »). L’Autorité
des marchés financiers (AMF) a
validé son prospectus d’entrée
en Bourse jeudi soir. Gros four-
nisseur pour Sanofi, Euroapi
(3.350 employés) pourra espé-
rer se développer en travaillant
plus pour des tiers, tout en conti-
nuant à fournir son ex-maison
mère – qui gardera 30 % du capi-
tal avec une clause de conserva-
tion des titres de deux ans.
La fabrication des principes
actifs pharmaceutiques (les
« API »), qui forment les médica-
ments une fois conjugués aux
excipients, représentait en 2019
un marché total de 72 milliards,
qui devrait croître en moyenne
de 6 % à 7 % par an jusqu’en
2024. Euroapi sera le deuxième
fabricant mondial d’API.
Sur le marché global des API,
Une des raisons d’être des cabinets de conseil « tient à leur capacité à être extrêmement réactifs 13 milliards correspondent aux
pour apporter des réponses à une crise », estime Matthieu Courtecuisse. Photo Sia Partners grosses molécules des médica-
ments biologiques. Un créneau
dont Euroapi est absent. En
l’Etat, le taux est de 0,3 % en France revanche, sur le créneau à
MATTHIEU contre 1,45 % en Allemagne. « Le rapport a 59 milliards des petites molécu-
COURTECUISSE évalué un panel les destinées aux médicaments
Président de Syntec Ce que soulève chimiques, il constitue le pre-
Conseil et PDG de 75 missions,
aussi cette affaire, mier fabricant mondial en
de SIA Partners c’est la question et les trois-quarts valeur. Il réalise un chiffre
des prix de transfert ont recueilli un d’affaires de 893 millions
et le fait que McKinsey très haut niveau d’euros, dont 35 % dans une acti-
ne paie que très peu vité de sous-traitance.
campagne vaccinale, en l’espèce, il d’impôts en France…
de satisfaction. » Sanofi représentait encore
s’agissait au contraire de déployer Je ne suis pas expert en fiscalité et ne 46 % de son chiffre d’affaires en
de nouveaux services et donc de
faire croître la dépense publique.
connais pas la situation fiscale de
McKinsey. Mais mon entreprise,
2021 et la société entend conti-
nue à se diversifier. Forte d’un
portefeuille d’environ 200 API, à
ce stade elle approvisionne déjà
plus de 500 clients dans 80 pays
à partir de ses six sites de pro-
duction, tous implantés en
Europe (France, Allemagne,
Hongrie, Italie et Royaume-
Uni). Une exception sur un mar-
ché mondial où la production
des API a subi une forte délocali-
sation, en particulier en Asie.
Sa relocalisation est un des
enjeux de la souveraineté fran-
çaise et européenne en matière
de pharmacie.
La croissance d’Euroapi,
dans ce contexte, est stratégique
pour le Vieux Continent. La
société vise cette année un chif-
fre d’affaires d’environ 1 milliard
d’euros et une marge opération-
nelle (Ebitda) égale ou supé-
rieure à 14 %. D’ici à 2025, son
objectif est de faire croître ses
ventes de 6 % à 7 % par an et d’y
ramener le poids relatif de
Sanofi de 46 % à 30 % ou 35 %,
grâce à une croissance de son
activité avec les autres clients
supérieure à celle du marché.
Scission
Concrètement, la cotation
s’effectuera par une scission de
Sanofi, qui distribuera à ses
actionnaires un dividende sup-
plémentaire exceptionnel en
titres Euroapi correspondant à
58 % des actions, avec une parité
de distribution d’une action
Euroapi pour 23 actions Sanofi.
En complément de cette dis-
tribution de 58 % du capital et
des 30 % conservés par Sanofi,
Bpifrance, agissant pour le
compte de l’Etat français dans le
cadre de la convention French
Tech Souveraineté de décem-
bre 2020, prendra une partici-
pation de 12 % qu’il s’engage,
comme Sanofi, à conserver
deux ans. L’Oréal, principal
actionnaire de Sanofi, gardera
quant à lui sa participation un
an. L’opération reste soumise à
l’approbation des actionnaires
de Sanofi lors de l’assemblée
générale du 3 mai 2022.
Lire « Crible »
( Page 36

durée de la mandature. Au début du Les cabinets ont apporté leur force SIA Partners, pratique elle aussi les
quinquennat d’Emmanuel Macron, de travail face à un surplus d’activi- prix de transfert avec ses filiales à
les dépenses en conseil étaient au tés, sauf à supposer que les fonction- l’étranger, ce qui en minore leur
plus bas depuis 15 ans. Traditionnel- naires n’étaient pas déjà occupés à résultat au profit de celui de la mai-

lement, la consommation de
conseil est plus forte en début de
mandat, pour accompagner le
changement, et elle baisse en fin de
mandat. Dans le cas d’espèce c’est
simplement l’inverse qui s’est pro-
duit. Et personne ne peut nier que
face à la crise Covid il fallait appor-
ter des réponses rapides.
Mais quel est, au fond, l’apport
des cabinets de conseil ?
Une des raisons d’être des cabinets
de conseil tient à leur capacité à être
extrêmement réactifs pour appor-
ter des réponses à une crise. Les
consultants sont des acteurs du
changement. Ils répondent à une
demande, à un besoin qui est forma-
lisé. On les accuse souvent de
n’intervenir que sur des missions de
réductions des coûts. Mais ce n’est
qu’un tiers de notre activité. Sur la
« Au début du
quinquennat
d’Emmanuel
Macron,
les dépenses en
conseil étaient
au plus bas
depuis quinze ans ».
plein temps, et des expertises que
l’Etat n’avait pas sur la logistique de
la vaccination.
N’y a-t-il pas quand même une
certaine gabegie, eu égard aux
rémunérations très élevées
des cabinets de conseil ?
Le rapport a évalué un panel de
75 missions, et les trois-quarts ont
recueilli un très haut niveau de
satisfaction. En clair, l’acheteur
public est plutôt content de ce qu’il
achète. Que sur quelques missions
ce ne soit pas le cas, cela arrive. Les
chiffres cités sur la rémunération
des cabinets peuvent choquer l’opi-
nion publique qui n’est pas habituée
à manipuler ces ordres de gran-
deur. Mais il faut savoir qu’il y a un
écart de prix presque du simple au
double entre le public et le privé.
L’Etat est un très bon acheteur !
On entend dire que l’actuel
gouvernement favoriserait
les cabinets anglo-saxons…
Au contraire. Ce que montre le rap-
port c’est que les cabinets français
sont assez bien placés dans la com-
mande publique. L’Etat utilise tous
les cabinets de la place. Il a le privi-
lège de l’acheteur. Pas un ne pèse
plus de 10 % des achats de conseil, et
McKinsey n’est qu’à 1 %. Enfin, il faut
rappeler que la dépense de conseil
en France est beaucoup moins
importante que chez nos grands
voisins. Et même si on regarde par
rapport à la masse salariale de
ASSEMBLÉE
SSEMBLÉE
EMBLÉE
MBLÉE
BLÉE
LÉE
ÉE GÉNÉRALE
GÉNÉ
NÉRALE MIXTE DES ACTIONNAIRE
ACTIONNAIRES
ACTIONNA
ACTIONNAIR
ACTIONN
ACT
son mère basée en France. L’admi-
nistration fiscale va vérifier que les
prix de transfert sont les mêmes
Les actionnaires de Danone sont invités à l’Assemblée Générale Mixte qui
dans tous les pays et que leur propor-
tion n’est pas exorbitante. En pre- se tiendra à la Maison de la Mutualité – 24, rue Saint-Victor, 75005 Paris
nant un peu de recul, il faut savoir
que les flux financiers intragroupes
des entreprises françaises qui rapa-
LEE MARDI
ARDI 266 AVRIL 2022
202 À 14
14H30
14H3
14H
trient les résultats de leurs filiales OUVERTURE
UVERTURE
VERTURE DES PORTE
PORTES À 13H00
13H
étrangères sont supérieurs à ce que Dividende proposé : 1,94 euro par action, versé en numéraire.
les entreprises étrangères enlèvent à
leurs filiales françaises. La balance • Pour assister à l’Assemblée Générale, les actionnaires doivent demander une carte d’admission.
nette est positive ! • Les actionnaires au porteur peuvent se procurer le dossier de convocation auprès de leur
intermédiaire financier.
Le rapport sénatorial • Les actionnaires au nominatif sont convoqués par lettre ou email individuel.
ne fait pas que dénoncer, • Les actionnaires peuvent adresser leurs questions écrites dès à présent, de préférence par
il fait aussi des propositions. email (assemblee2022@danone.com) en justifiant de leur qualité d’actionnaire.
Qu’en dites-vous ? • L’Assemblée Générale sera retransmise en intégralité, en direct et en différé, en français et en
Sur le fond, les propositions de la anglais, sur le site internet de Danone : www.danone.com (section «Investisseurs/Actionnaires/
commission nous vont quasiment Assemblée Générale/2022»).
toutes. Elle a même repris l’une des • Les documents et renseignements concernant l’Assemblée Générale sont à la disposition des
nôtres visant à transformer les mis- actionnaires sur le site internet de Danone.
sions pro bono [travail réalisé à titre
gracieux, NDLR] en mécénat de Pour toute question n’hésitez pas à contacter le numéro mis à disposition des actionnaires :
compétence, en s’interdisant en / +33 (0) 1 58 16 71 75 (depuis l’étranger)
outre d’intervenir de manière
rémunérée sur le périmètre
ou connectez-vous sur le site : www.danone.com, m
section «Investisseurs/Actionnaires/Assemblée Générale/2022»
concerné un temps donné. En
revanche, il y a une proposition du
rapport qui ne nous convient pas,
celle sur la confidentialité et l’usage
des courriels des ministères aux-
quels il faudrait renoncer. Il est
facile en effet d’imaginer ce que cela
poserait comme problèmes de
cybersécurité quand, par exemple, Suivez-nous sur
on mène une mission sur la fraude
fiscale qui risquerait de faire sortir
facebook.com/groupe.danone
/g p twitter.com@Danone
@ linkedin.com/company/danone
/ p y/
de Bercy des données ultra-confi-
dentielles. n
20 // ENTREPRISES Lundi 4 avril 2022 Les Echos

Les tour-opérateurs
confiants dans
la reprise de l’activité
la clientèle est en augmenta-
TOURISME tion. « Cela n’est pas simplement
dû à un effet carburant qui ren-
La baisse chérit le coût du transport, c’est
des réservations, aussi à cause de l’allongement de
observée en mars, la durée des séjours. Avant, nous
due à la guerre vendions le plus souvent des
en Ukraine, devrait séjours de 7 nuits. Là, ce n’est
être compensée pas rare qu’on reste 9, 10 voire
par l’allongement 14 nuits. C’est une compensation
des durées après une période pendant
laquelle on a été privé de voya-
des séjours.
ges », estime le dirigeant.
Les 70 adhérents du Seto, qui

Cindy MOTET / Naval Group / AFP

Vincent-Xavier Morvan
Une chute des prises de com-
mandes de 15 % au mois de
mars par rapport à février.
Voilà, selon les adhérents du
Syndicat des entreprises du
tour operating (Seto), réunis en
congrès à Mandelieu-la-Na-
Douze sous-marins océaniques à propulsion conventionnelle, de type Barracuda, avaient été commandés par l’Australie, en 2016. poule (Alpes-Maritimes) les
30 mars et 1er avril, le premier
impact sur leur activité de la
regroupent 7.000 salariés et
représentent l’essentiel de cette
industrie, se félicitent d’avoir
passé la crise sanitaire sans trop
d’encombres, avec des entrepri-
ses « sous perfusion » des aides
gouvernementales. « Parado-
xalement, alors qu’on vient de
vivre pendant deux ans notre
plus grande crise, il n’y a pas eu
de restructurations significati-
ves, pas de dépôt de bilan majeur,

Sous-marins : la résiliation du
guerre en Ukraine. Pour autant,
les voyagistes estiment que cela
ne devrait pas enrayer outre
mesure la reprise. Après deux
rien en tout cas à l’échelle de la
crise qu’on a vécue avec un chiffre
d’affaires pas loin de zéro »,
remarque le président de

contrat coûte cher à l’Australie

DÉFENSE
Canberra estime qu’il
va devoir débourser
3,7 milliards d’euros
de remboursement.
En septembre dernier,
le pays avait annulé
sa commande
à la France.
Anne Bauer
@annebauerbrux
En Australie, l’affaire du contrat de
sous-marins annulé avec la France
n’a pas fini de faire des vagues.
Alors que le pays entre à nouveau
en période électorale, le gouverne-
ment, interrogé par un sénateur
d’opposition, a dû admettre que le
renoncement à l’achat de 12 sous-
marins de type Barracuda com-
mandé en 2016 à la France, allait lui
coûter une fortune.
L’Australie aura dépensé dans ce
contrat avorté jusqu’à 5,5 milliards
de dollars australiens, soit 3,7 mil-
liards d’euros. « Les contribuables
devront donc débourser 5,5 mil-
liards de dollars pour des sous-ma-
rins qui n’existent pas ? », a
demandé la sénatrice Penny Wong
lors d’une audition à Canberra.
« Le règlement final négocié sera
dans les limites de 5,5 milliards de
dollars australiens », a répondu le
secrétaire adjoint du ministère de
la Défense, Tony Dalton.
Pas d’indemnités liées
à la rupture du contrat
Le ministre a ajouté que le montant
final exact n’était pas encore clair,
car les négociations sur les coûts de
terminaison du chantier se pour-
suivaient avec Naval Group. Mais
globalement, l’Australie avait déjà
versé quelque 840 millions d’euros
de chiffre d’affaires à Naval Group
pour le design et pour la construc-
tion de chantier des futurs sous-
marins, sans compter les millions
également versés à Lockheed
Martin qui était en charge du sys-
tème de combats, les millions
consacrés à la gestion publique du
contrat, les réclamations de dizai-
nes d’entreprises australiennes
embarquées dans le contrat, etc.
Chez Naval Group, on souligne
juste que le reste à payer dans le
cadre des négociations en cours ne
représentera pas grand-chose par
rapport à cette somme de 3,7 mil-
liards, puisqu’il s’agit juste de négo-
cier les factures non payées, les frais
de licenciements, les rapatrie-
ments, les frais informatiques, bref
tous les coûts de fin de contrat.
En effet, lorsque le Premier minis-
tre australien Scott Morrison a
décidé l’an dernier de dénoncer
le contrat avec Naval Group pour
choisir l’acquisition de sous-marins
à propulsion nucléaire promise
par les Etats-Unis – dans le cadre
d’un large accord de sécurité noué
avec Washington et Londres –, il a
profité d’une fenêtre de tir du
contrat lui permettant de le faire. Ce
qui empêche Naval Group de récla-
mer des indemnités pour rupture
de contrat.
Il n’empêche. Entre 2016 et 2021,
l’Australie avait déjà engagé de for-
tes dépenses, d’abord pour acquérir
le design du sous-marin dont elle ne
veut plus, puis pour construire le
chantier naval à Adélaïde où devai-
ent être construits les sous-marins.
Un chantier qui ne correspondra
sans doute pas à la future proposi-
tion américaine, sachant que
Washington et Londres doivent
faire une offre l’an prochain.
Face aux attaques de l’opposi-
tion, le ministre des Finances,
Simon Birmingham, a défendu la
décision d’abandonner l’accord
français comme « nécessaire pour
les décennies à venir ». « Il convient
d’admettre que nous savions que les
conséquences seraient importan-
années quasiment à l’arrêt du
fait de la pandémie de Covid-19,
le surplus de réservations enre-
gistré en février par rapport à la
normale a constitué pour eux
une divine surprise.
tes », s’est-il défendu. Pour rappel, En tête des destinations choi-
Scott Morrison avait expliqué qu’il sies pour l’été restent la Grèce
voulait à présent des sous-marins à et, pour les vols long-courriers,
propulsion nucléaire au vu de l’atti- l’incontournable République
tude menaçante de la Chine. dominicaine. « Le fait que les
Selon une étude publiée en clients veuillent à tout prix voya-
décembre par l’Institut australien ger prouve qu’on a un très fort
de politique stratégique, le pro- potentiel de redémarrage », veut
gramme Aukus coûtera plus de croire le président du Seto,
80 milliards de dollars et prendra René-Marc Chikli, qui, déjà,
des décennies avant d’être opéra- remarque un rebond de l’acti-
tionnel. Mais à ce stade, les Austra- vité dès la dernière semaine
liens n’ont encore aucune idée des de mars.
sous-marins qu’ils pourraient avoir
un jour. Naval News fait état d’étu- L’emploi du secteur
des pour une adaptation nucléaire fragilisé par le Covid
de leurs actuels sous-marins Patrice Caradec, président
Collins en lieu et place de l’achat de d’Alpitour France, mise lui
sous-marins nucléaires de la classe aussi sur un rattrapage. « On a
Astute (modèle britannique) ou l’habitude de dire que février,
Virginia (modèle américain). n mars et avril sont les trois gros
mois de prises de commandes
pour l’été suivant. Cette année,
« Les on se prépare à une saison qui va
contribuables être très longue, jusqu’à fin
devront donc juillet, voire fin août. Ce ne sera
pas seulement pour chercher
débourser une aubaine de dernière minute,
5,5 milliards de mais surtout à cause d’un atten-
dollars pour des tisme dû à la guerre, au résultat
sous-marins qui de l’élection présidentielle et à la
sortie définitive de la pandé-
n’existent pas ? » mie », estime le professionnel.
PENNY WONG Raouf Ben Slimane, prési-
Sénatrice dent d’Ôvoyages et de Thalasso
N° 1, remarque que le prix
unitaire des packages vendus à
Kuoni, Emmanuel Foiry.
En tête des
destinations
choisies pour l’été
la Grèce et
la République
dominicaine
pour les vols
long-courriers.
L’épidémie de Covid-19 a tou-
tefois eu un impact négatif sur
l’emploi. « Pendant la crise, on
m’avait conseillé de faire un plan
de sauvegarde de l’emploi. J’ai
résisté, j’ai décidé de garder
l’ensemble de mon personnel.
Aujourd’hui, quand j’en vois cer-
tains qui sont obligés de rappeler
leur personnel, je me dis que c’est
la meilleure décision que j’aie
jamais prise », témoigne Raouf
Ben Slimane.
De fait, remarque de son côté
le président d’Alpitour France,
Patrice Caradec, « la plus
grande inquiétude qu’on a, c’est
de garder nos troupes. Ce n’est
pas évident pour les métiers de
support, informaticiens, juris-
tes, comptables… Ceux qui ne
sont pas encore partis cherchent
ailleurs ». Car, observe le diri-
geant, « notre industrie manque
d’attractivité, on le voit aussi
dans le recrutement d’anima-
teurs pour nos clubs. On n’a
jamais eu autant de difficultés à
en trouver. » n

United Airlines s’installe à l’aéroport

de Nice trente ans après Delta
chiffre tombé à 120.000 séjours en
AÉRIEN 2020 et 150.000 en 2021, dont
50.000 arrivées à l’aéroport de Nice.
La compagnie de Mais malgré la guerre en Ukraine,
Chicago, la plus grande les professionnels anticipent pour
au monde, a annoncé cette année une croissance à deux
l’ouverture en avril chiffres. « La demande est toujours
d’une liaison sans très forte sur cette route, au-delà de
escale Nice-New York. nos attentes. La Côte d’Azur reste
l’une des destinations préférées de
escale date de 1949. Elle était opérée
à l’époque par la mythique Panam.
En 1991, après la guerre du Golfe
et la faillite de cette compagnie his-
torique, Delta avait repris la des-
serte de la Côte d’Azur. Celle-ci
repose aux trois quarts sur la clien-
tèle américaine, le reste étant cons-
titué de locaux.
à suivre
de Delta Air Lines, à partir
de 350 euros.
Ces plans risquent-ils d’être com-
promis par la guerre ? « Pour l’ins-
tant, concernant la demande, nous
n’avons pas perçu d’impact », note
Nicolas Ferri. Et pour l’aéroport de
Nice, détenu depuis octobre 2016
par la société d’infrastructures des
Benetton ? « Le trafic russe et ukrai-
AFP

Cela va renforcer
la concurrence
pour Delta Arilines,
qui assure cette ligne
depuis 1991.
Malgré la pandémie qui a provoqué
un effondrement de la fréquenta-
tion américaine sur la Côte d’Azur,
les professionnels tablent sur une
reprise. Tous ont en mémoire
l’année 2019 qui avait vu l’arrivée de
530.000 visiteurs américains, un
nos clients », confirme le vice-prési-
dent Europe de Delta Air Lines,
Nicolas Ferri.
La compagnie d’Atlanta opère la
liaison sans escale New York-Nice
depuis 1991. Elle fête cet anniver-
saire avec la reprise, après la trêve
hivernale, de ses liaisons directes
entre JFK et Nice, le troisième aéro-
port de France. Cinq vols par
semaine sont programmés depuis
le 27 mars, puis un par jour dès le
mois de mai, jusqu’au terme de la
saison estivale fin octobre. La pre-
mière liaison Nice-New York sans
Déjà La Compagnie
pour concurrente
Mais Delta, qui opère en partena-
riat avec Air France -KLM, va
désormais devoir compter avec une
concurrence accrue. A celle, déjà,
de La Compagnie, cette compagnie
française qui propose des vols uni-
quement business, s’ajoute celle de
United Airlines. La compagnie de
Chicago, la plus grande au monde, a
annoncé l’ouverture en avril d’une
nouvelle liaison sans escale entre
New York (aéroport de Newark)
et Nice, à des tarifs similaires à ceux
nien ne représente pas la majorité de
nos passagers », note son président,
Franck Goldnadel. Après un record
à 14,5 millions de passagers en 2019, Les clubs de foot français se renflouent
Nice est tombé à 4,6 millions en grâce au fonds britannique CVC
2020 et 6,5 millions en 2021. Ce der-
nier, prudent, anticipe « pour 2022 SPORT La Ligue de football professionnel (LFP) a signé un
une croissance plus forte que l’an accord d’engagement ferme avec CVC pour la création d’une
dernier. » Fermé depuis la crise sani- société commerciale qui sera détenue à hauteur de 13 % du capi-
taire qui a mis l’activité de transport tal par le fonds britannique. L’investisseur apportera 1,5 milliard
aérien international quasiment à d’euros qui permettront aux équipes de reconstituer un peu
l’arrêt et rouvert momentanément leurs finances. Expert du sport business, CVC, qui a déjà investi
à l’été 2021, le terminal T1 de l’aéro- dans la Formule 1, le rugby avec le Tournoi des Six Nations et le
port de Nice a repris ses opérations football, avec la Liga espagnole, aidera aussi l’écosystème
dimanche 27 mars. — V.-X. M. français à professionnaliser son développement économique.
Les Echos Lundi 4 avril 2022 ENTREPRISES // 21

Gefco revient dans le giron

français avec CMA CGM
TRANSPORT
Le spécialiste du
transport ferroviaire
de véhicules neufs va,
dans un premier temps,
reprendre lui-même les
75 % détenus par son
actionnaire russe RZD.
Anne Drif
@ANNDRIF
Antoine Boudet
@Aboudet
etAnne Feitz
@afeitz
Fin de la campagne de Russie pour
Gefco et ses 11.500 salariés. Selon
nos informations, l’armateur et
logisticien CMA CGM s’apprête à
prendre le contrôle du spécialiste
du transport ferroviaire de véhicu-
les neufs détenu à 75 % par RZD, la
Société des chemins de fer russes
sous le coup des sanctions occiden-
tales pour son rôle dans le transport
des forces russes en Ukraine.
Sous bannière russe depuis 2012,
Gefco va repasser sous pavillon tri-
colore, pour une valeur d’entreprise
de 450 à 500 millions d’euros (soit
une valeur des titres d’un peu plus
de 400 millions), indiquent des
sources proches du dossier. Une
opportunité pour CMA CGM, au
regard du 1,5 milliard d’euros
espéré il y a quelques mois encore
plusieurs semaines, en lien avec
Bercy. Sous le contrôle de l’armateur,
le potentiel de croissance de Gefco est
réel. Il y a une vraie belle transforma-
tion à mener de cette entreprise qui a
une réelle expertise dans la logistique
automobile et pourrait être interna-
tionalisée. » Gefco a dégagé l’an der-
nier 210 millions d’euros de résultat
d’exploitation (Ebit), pour un chiffre
d’affaires de 4,2 milliards.
Le logisticien va en profiter pour
solder une autre histoire, plus lon-
gue encore : celle démarrée en 1949
dans le giron de Peugeot. A l’occa-
sion de la sortie de RZD, CMA CGM
va en effet également reprendre les
25 % encore détenus par Stellantis.
Le constructeur cherchait, lui aussi,
à se désengager depuis plusieurs
années d’une activité qui n’était plus
dans son cœur de métier – même
s’il apporte encore à Gefco la moitié
de ses revenus.
Potentiel de croissance
Au moment où les sanctions pleu-
vent sur la Russie, CMA CGM ne
prendra aucun risque pour réaliser
la transaction menée par la banque
Lazard, conseil de l’entreprise.
Gefco va d’abord reprendre les titres
de RZD via une sous-filiale – une
entreprise n’étant, de facto, pas
autorisée à détenir plus de 10 %
de ses titres en autocontrôle.
« En à peine
Puis le groupe dirigé par Rodol-
phe Saadé s’en verra transféré le
contrôle, une fois seulement cette
phase achevée. « Rien ne se fera sans
la pleine assurance des différen-
tes autorités internationales dans le
contexte des sanctions actuelles »,
indique un proche du dossier.
Un calendrier serré
Gefco n’a, à ce stade, confirmé que
le premier volet de l’opération.
« J’ai reçu jeudi le feu vert du conseil
de surveillance pour mener la tran-
saction, avec effectivement le back-up
d’un investisseur final », indique Luc
Nadal, le président du directoire de
la société. « L’opération de rachat des
titres, étroitement suivie par les servi-
ces de Bercy depuis plusieurs semai-
nes, est une bonne première étape
vers un changement d’actionnariat
de Gefco, indispensable pour protéger
l’activité du groupe à court terme.
Pour être définitivement conclue,
cette opération doit notamment faire
l’objet d’une autorisation des autori-
tés européennes », indique le cabinet
d’Agnès Pannier-Runacher.
La transaction doit encore être
validée par le conseil d’administra-
tion de RZD dans les jours qui vien-
nent. Il y a urgence, car depuis le
déclenchement de la guerre en
Ukraine, Gefco vit une descente aux
enfers. Les sanctions qui frappent sa
ANNLEGALECH
maison mère n’ont théoriquement
aucune conséquence juridique
sur la société française, comme la
direction générale du Trésor le lui
a confirmé via un courrier daté
du 15 mars et que « Les Echos »
ont pu consulter.
Pourtant, le logisticien tricolore
n’a pas tardé à voir les portes se
refermer un peu partout autour de
lui. Les banques, les assureurs cré-
dit et les fournisseurs ont cessé de
lui accorder des facilités de finance-
ment. L’Association du transport
aérien international lui a retiré ses
licences, lui interdisant de fait les
opérations de cargo par avion. Cer-
tains clients ont annoncé qu’ils ne
renouvelleraient pas leurs contrats.
Sans même parler des autres
prestataires qui commençaient à lui
refuser eux aussi leurs services.
« Nous avons été submergés par une
avalanche de décisions. En à peine
un mois, nous avons eu l’impression
que le sol était en train de se dérober
sous nos pieds », raconte Luc Nadal.
L’aide de l’administratrice judi-
ciaire Hélène Bourbouloux, qui a
engagé dès le début du mois de mars
une procédure (confidentielle) de
mandat ad hoc, a été précieuse dans
la recherche d’un repreneur, rap-
porte une autre source. Elle a donc
fini par déboucher sur une offre RZD était entré au capital de Gefco en 2012, alors que PSA
dimanche dernier. n était en pleine déroute financière. Photo Shutterstock

par l’actionnaire russe. RZD, qui un mois, nous avons

contrôle l’entreprise aux côtés de eu l’impression annonces judiciaires & légales
Stellantis, cherche à s’en désengager que le sol était en
depuis le début de 2021. Il était entré
au capital de Gefco en 2012 pour train de se dérober
800 millions d’euros, alors que PSA sous nos pieds. »
était en pleine déroute financière. LUC NADAL
Une source au fait du dossier Président du directoire de Gefco
confirme la transaction à venir.
« CMA CGM regarde le dossier depuis

ÉTABLISSEMENT PUBLIC TERRITORIAL GRAND PARIS GRAND EST

Leroy Merlin domine
le marché du bricolage
DISTRIBUTION
L’enseigne de la famille
Mulliez truste avec
ses petites sœurs
du groupe Adeo 45 %
des ventes en France.
Philippe Bertrand
@Bertra1Philippe
Pris dans la tourmente de la guerre
en Ukraine à cause de sa présence en
Russie, Leroy Merlin, déjà classé
enseigne préférée des Français par
la dernière étude EY - Parthenon,
trouvera des sources d’apaisement
dans les chiffres du marché français
du bricolage qu’ont publié vendredi
la Fédération des magasins de brico-
lage (FMB) et Inoha, le syndicat des
industriels. Les ventes de planches,
clous, vis et parpaings ont grimpé de
10 % en 2021, à 34 milliards d’euros.
En 2020, la progression avait été de
13 %. En deux ans, le secteur a gagné
6 milliards. Son activité s’élevait à
15 milliards en 1997.
La crise du Covid, les confine-
ments et le télétravail ont poussé les
Français à améliorer leur habitat et à
cultiver leur jardin. Le rayon bâti-
ment a gagné 25 %. Les carnets de
commandes des artisans qui
s’approvisionnent en partie dans les
grandes surfaces de bricolage ainsi
que chez les négociants dédiés aux
professionnels sont pleins. Le brico-
lage confirme la bonne tenue de tout
ce qui concerne l’équipement de la
maison. Les ventes de produits pour
le jardin ont progressé de 15 % selon
GFK, celles de meubles de 14 % selon
l’IPEA, et celles d’électroménager de
7,6 % selon le Gifam.
La hausse des prix des matières
premières et les ruptures d’approvi-
sionnement n’ont pas handicapé le
marché. « Les fondamentaux sont
bons avec le maintien de l’emploi, des
transactions et une épargne toujours
forte, soit un réservoir de potentiels
travaux », estime Mathieu Pivain, le
président de la FMB.
Les interprofessions du bricolage
restent toutefois prudentes sur l’ave-
nir. « La guerre en Ukraine risque
d’avoir une incidence sur la confiance
des consommateurs », craint Jean-
Luc Guéry, président d’INOHA. « Les
conséquences du conflit sur le prix des
matières premières ne nous permet-
tent pas de préjuger de l’avenir », ren-
chérit Mathieu Pivain.
Montée en compétence
Juliette Lauzac, chargée d’études
pour les organismes, considère
cependant que « la montée en compé-
tence des particuliers en bricolage qui
entreprennent de plus en plus de tra-
vaux lourds, face à des délais d’inter-
vention qui ne cessent de s’allonger
chez les artisans est un réel levier »,
pour les magasins de bricolage.
Parmi eux, Leroy Merlin poursuit sa
domination du marché avec 37,4 %
de part de marché. Si l’on ajoute les
4,2 % et 3 % des deux autres filiales
d’Adeo, la structure de tête de Leroy
Merlin, Weldom et Bricoman, on
arrive à 45 %, pour 10,8 milliards de
chiffre d’affaires.
Derrière le groupe de la famille
Mulliez viennent Castorama et
Brico Dépôt, les deux marques du
conglomérat anglais Kingfisher qui
totalisent 26 % du marché. Avec Bri-
comarché, Bricorama et Brico Cash,
le groupement des Mousquetaires
est à 14 %. Mr. Bricolage, avec son
réseau Briconautes atteint 8,5 %. n
AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE
Projet de modification n° 4 du plan local d’urbanisme (PLU) de MONTFERMEIL
du mardi 29 mars 2022 (8h00) au vendredi 29 avril 2022 (16h30)
Par arrêté n° 2022-019, Madame la Première Vice-Président de l’Établissement
public territorial Grand Paris Grand Est a prescrit l’ouverture d’une enquête
publique sur le projet de modification n° 4 du plan local d’urbanisme (PLU) de
la commune de Montfermeil.
Le projet de modification n° 4 du PLU de la commune de Montfermeil a pour
objet de soutenir la dynamique de mutation du tissu urbain de la commune via
la création d’un nouveau sous-secteur de densification UBa. Il vise également
à clarifier la liste des activités interdites en zone UB en précisant la rédaction de
l’article UB1.
L’enquête se déroulera du mardi 29 mars 2022 (8h00) au
vendredi 29 avril 2022 (16h30). Le siège de l’enquête est fixé
à la mairie de Montfermeil, 7, place Jean Mermoz, 93370
Montfermeil.
Monsieur Jean-Luc Decobert a été désigné commissaire
enquêteur par le vice-président du tribunal administratif de Montreuil.
Le dossier soumis à enquête se compose notamment du rapport de présentation
de la modification et des pièces modifiées du plan local d’urbanisme, des avis
émis par les personnes publiques associées mentionnées aux articles L. 132-7
et L. 132-9 du code de l’urbanisme, de la décision de la Mission régionale
d’autorité environnementale (MRAe) après examen au cas par cas dispensant
de réaliser une évaluation environnementale de la modification n° 4 du PLU de
la commune de Montfermeil et de la délibération du conseil territorial décidant
de ne pas réaliser d’évaluation environnementale.
Pendant la durée de l’enquête, un exemplaire du dossier soumis à l’enquête
ainsi qu’un registre d’enquête sont déposés et tenus à la disposition du public
au service développement urbain de la mairie de Montfermeil, 55, rue du lavoir,
93370 Montfermeil, aux heures habituelles d’ouverture au public, du lundi au
jeudi de 8h00 à 12h00 et de 13h45 à 16h45, et le vendredi de 8h00 à 12h00 et
de 13h45 à 16h15.
Le dossier soumis à l’enquête peut être consulté au lieu et horaires indiqués
ci-dessus, et sur le site internet de l’Établissement public territorial Grand Paris
Grand Est www.grandparisgrandest.fr.
Toute personne qui en fait la demande peut obtenir, à ses frais, dès la publication
de l’arrêté d’ouverture et pendant la durée de l’enquête, communication du
dossier d’enquête publique auprès de monsieur le Président de l’Établissement
public territorial Grand Paris Grand Est, 11, boulevard du Mont d’Est, 93 160
Noisy-le-Grand.
Pendant la durée de l’enquête, le public peut consigner ses observations et
propositions sur le registre d’enquête tenu à sa disposition au lieu et horaires
indiqués ci-dessus. Les observations et propositions peuvent également être
adressées par voie postale au commissaire enquêteur, à l’adresse suivante :
La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
Monsieur le commissaire enquêteur - Enquête publique sur le projet de
modification n °4 du PLU de Montfermeil - Mairie de Montfermeil – 55, rue
du lavoir, 93370 Montfermeil
Elles peuvent aussi être adressées au commissaire enquêteur par voie électronique
à l’adresse suivante : plu@grandparisgrandest.fr.
Les observations et propositions adressées par voie postale sont annexées au
registre d’enquête et consultables au siège de l’enquête. Les observations et
propositions adressées par voie électronique sont consultables sur le site internet
de l’Établissement public territorial Grand Paris Grand Est www.grandparisgrandest.
fr, annexées au registre d’enquête et consultables au siège de l’enquête.
Toute personne qui en fait la demande pendant la durée de l’enquête peut obtenir,
à ses frais, communication des observations et propositions du public auprès
du Président de l’Établissement public territorial Grand Paris Grand Est, 11,
boulevard du Mont d’Est, 93 160 Noisy-le-Grand.
Le commissaire enquêteur se tiendra à la disposition du public
pour recevoir ses observations en mairie de Montfermeil,
Service Développement Urbain, 55 rue du lavoir, 93370
Montfermeil, aux jours et heures indiqués ci-dessous :
- Le mercredi 6 avril 2022, de 9 heures à 12 heures,
- Le mercredi 20 avril 2022, de 14 heures à 17 heures,
- Le vendredi 29 avril 2022, de 13 heures 45 à 16 heures 30,
Une copie du rapport et des conclusions du commissaire enquêteur sera adressée
à la mairie de Montfermeil pour y être tenue à la disposition du public pendant
un an à compter de la date de clôture du l’enquête. Ces documents seront
consultables sur le site internet de l’Établissement public territorial Grand Paris
Grand Est www.grandparisgrandest.fr pendant un an à compter de la date de
clôture du l’enquête.
À l’issue de l’enquête publique, la modification n° 4 du plan local d’urbanisme
de la commune de Montfermeil, éventuellement modifiée pour tenir compte des
avis qui ont été joints au dossier, des observations du public et du rapport du
commissaire enquêteur, sera soumis à l’approbation du conseil de territoire de
l’Établissement public territorial Grand Paris Grand Est.
Les informations sur le projet soumis à enquête peuvent être demandées auprès
de la Direction aménagement et urbanisme de l’Établissement public territorial
Grand Paris Grand Est - Monsieur Damien Vergne, Chargé de mission PLUi -
Tél. : 01 40 70 38 27 - courriel : damien.vergne@grandparisgrandest.fr.

HIGH-TECH&MEDIAS
Après l’Europe, les Etats-Unis
montrent les dents face aux Gafa
l L’administration américaine
a apporté son soutien à une proposi-
tion de loi qui veut limiter la capacité
des géants de la tech à donner
la préférence à leurs propres produits.
l Le moment est propice mais
les oppositions sont nombreuses.
GAFA
Hortense Goulard
@HortenseGoulard
— Correspondante à San Francisco
Fin mars, l’Union européenne est
parvenue à se mettre d’accord sur le
DMA, un texte de loi visant à limiter
le pouvoir des Gafa. Aux Etats-Unis,
six textes de loi sont en cours d’exa-
men par le Congrès. L’un d’entre
eux cible des plateformes comme
Google et Amazon et veut les empê-
cher de favoriser leurs propres pro-
duits. Cette proposition de loi vient
de recevoir un soutien de poids.
S’exprimant jeudi lors d’un panel à
Bruxelles, Jonathan Kanter, qui
dirige la section antitrust du dépar-
tement de la justice aux Etats-Unis,
a émis l’espoir que les élus améri-
cains parviendront à s’entendre
pour limiter le pouvoir des platefor-
mes. « Je n’ai jamais vu un tel aligne-
ment des planètes pour renforcer les
lois antitrust et la politique de la
concurrence dans le monde », a-t-il
dit. Au Sénat et à la Chambre des
représentants, il y a désormais un
« mandat pour agir de façon déci-
sive », selon lui, malgré les divisions
au sein des deux assemblées.
En juin dernier, une commission
parlementaire de la Chambre des
représentants a approuvé six pro-
positions de loi qui auraient pour
effet de limiter sérieusement le pou-
voir des plateformes. Ce vote a été
suivi, en janvier, par le feu vert d’une
commission similaire au Sénat à
l’un de ces textes, le « American
Innovation and Choice Online
Act. » Ce dernier a pour but d’empê-
cher les géants de la tech de se servir
de leur plateforme pour privilégier
leurs propres produits et services.
Par exemple, Google pourrait être
sanctionné s’il met en avant des
vidéos YouTube plutôt que celles
d’autres serveurs. De même, le
géant californien ne pourrait plus
privilégier les notes laissées à des
restaurants sur Google Maps plutôt
que Yelp ou TripAdvisor.
L’administration Biden vient de
mettre tout son poids derrière ce
texte. « Le département [de la Jus-
tice] considère que la montée en puis-
sance de plateformes dominantes
représente une menace pour l’ouver-
Rachat d’Activision par Microsoft : inquiets pour les salariés,
des sénateurs américains tirent la sonnette d’alarme
La méga-acquisition
par le géant de Redmond
de l’éditeur de jeux vidéo
intervient dans un contexte
social très tendu
chez Activision
Nicolas Richaud
@NicoRichaud
Petit caillou dans la chaussure en
vue pour Microsoft ? Plusieurs
sénateurs américains, dont la séna-
trice progressiste Elizabeth War-
ren, ont pris la plume pour faire part
de leurs inquiétudes concernant la
méga-acquisition à près de 70 mil-
liards du poids lourd du jeu vidéo
ture des marchés et pour la concur-
rence », écrit-elle dans une lettre
adressée aux présidents de la com-
mission des lois du Sénat. Cela pose
des « risques pour les consomma-
teurs, les entreprises, l’innovation, la
résilience, la compétitivité mondiale
et la démocratie », poursuit-elle.
Accord bipartisan
La commission des lois du Sénat
américain a déjà validé cette législa-
tion, à 16 voix pour et seulement
6 contre. Ce qui montre que le texte
a reçu le soutien d’élus démocrates
et républicains. La prochaine étape
consiste en un vote du Sénat tout
entier. La sénatrice démocrate Amy
Klobuchar, à l’origine du texte avec
le républicain Chuck Grassley, a
souligné que c’était la « première fois
depuis le début d’internet qu’une loi
majeure en faveur de la concurrence
a atteint cette étape ». Amy Klobu-
char et Chuck Grassley s’efforcent
désormais de faire évoluer la propo-
sition de loi sur certains points, afin
de s’assurer que le texte puisse être
voté au Sénat entier.
Mais d’autres sénateurs, républi-
cains notamment, s’inquiètent
d’une intervention de l’Etat qui
pourrait, selon eux, limiter l’innova-
tion. « En fait, cela pourrait consoli-
der les quatre entreprises visées
[Amazon, Google, Facebook et
Apple] en les incitant fortement à ces-
ser de faire des affaires avec des tiers.
Cela pourrait détruire des milliers de
petits commerces et nuire à la concur-
rence en ligne », s’alarme ainsi Mike
Lee, l’un des républicains les plus
influents sur ces sujets.
Campagne des « midterms »
A la Chambre des représentants, les
élus sont tout aussi divisés, y com-
pris parmi les démocrates. Ce qui
a conduit Nancy Pelosi, la prési-
dente de la Chambre, à retarder le
moment d’inscrire la proposition de
loi à l’ordre du jour, de peur d’exa-
cerber les tensions dans son camp.
Mais le temps presse pour faire
passer des textes importants au
Congrès. La campagne pour les
élections de mi-mandat (« mid-
terms »), qui auront lieu en no-
vembre, va bientôt commencer.
Cette période sera encore moins
propice pour discuter de sujets
aussi controversés. n
Activision (licences Candy Crush,
Call of Duty, World of Warcraft) par
le géant de Redmond. Ils se sont
adressés à la FTC (Federal Trade
Commission), le gendarme améri-
cain de la concurrence qui est en
train de passer au crible l’opération.
Dans le détail, les sénateurs s’alar-
ment des conséquences potentielles
de ce rapprochement pour les sala-
riés d’Activision, croit savoir le
« Wall Street Journal ». Car ce
rachat XXL de Microsoft intervient
dans un contexte social très tendu
du côté de l’éditeur de jeux vidéo.
Ces derniers mois, des scandales en
série ayant trait à des discrimina-
tions et harcèlements sexuels ont
La sénatrice démocrate Amy Klobuchar est, avec le républicain Chuck Grassley, à l’origine du texte qui vise les géants de la tech.
Un premier syndicat s’implante chez Amazon à New York
Les salariés d’un entrepôt
de Staten Island, à New
York, ont majoritairement
voté en faveur de la
création d’un syndicat
pour les représenter.
Véronique Le Billon
@VLeBillon
— Bureau de New York
C’est une victoire de taille pour le
mouvement syndical aux Etats-
Unis : les salariés d’un entrepôt de
Staten Island, à New York, ont voté
en faveur de la création d’un syndi-
cat. Le « oui » l’a emporté avec
2.654 voix, tandis que 2.131 salariés
ont voté « non » (sur environ
8.300 personnes éligibles), selon le
décompte de l’administration
américaine, diffusé vendredi. C’est
la première fois qu’un syndicat
parvient à s’implanter aux Etats-
Unis au sein d’Amazon.
La victoire du syndicat a été
arrachée de haute lutte : l’entrepôt
JFK8 de Staten Island, situé dans
l’un des cinq grands quartiers de
New York, s’était mobilisé contre
les conditions de travail pendant la
pandémie. Un autre site, dans
été révélés. Ce qui a notamment
débouché sur de nombreuses pour-
suites judiciaires, plusieurs mani-
festations des salariés du groupe,
mais aussi des départs ou mesures
disciplinaires à l’encontre de cer-
tains des responsables incriminés.
Bobby Kotick pourrait
rester jusqu’en 2023
Début août, Allen Brack, alors diri-
geant de la filiale Blizzard Entertain-
ment et créateur de Call of Duty, a
ainsi été poussé vers la sortie ; il lui
est notamment reproché d’avoir
fermé les yeux sur des accusations
de harcèlement sexuel. Mais tous
n’ont pas quitté l’entreprise encore.
l’Alabama, avait organisé un vote
médiatisé, sans succès. L’entre-
prise a toujours riposté aux efforts,
pointant des conditions sociales
déjà avantageuses en matière de
salaire et de couverture sociale.
Créé il y a un an, l’Amazon Labor
Union défendra désormais les con-
ditions de travail des salariés de
Staten Island, au travers d’un con-
trat qui reste à négocier avec Ama-
zon. Une première qui pourrait
être suivie par d’autres établisse-
ments du géant de la distribution.
Un centre de tri situé dans le même
quartier de la ville de New York doit
déjà se prononcer à la fin du mois.
Et les salariés du site de Bessemer,
en Alabama, doivent à nouveau se
prononcer après une invalidation
des conditions du premier vote.
Poussée d’initiatives
Dans la foulée de la pandémie, le
mouvement syndical connaît une
poussée d’initiatives aux Etats-
Unis. La plus marquante est celle
en cours chez Starbucks, la chaîne
de cafés elle aussi basée à Seattle.
Après une première victoire en
décembre dans un café de Roches-
ter, au nord de l’Etat de New York,
Dont le PDG lui-même, Bobby
Kotick, qui était au courant de ce cli-
mat toxique au sein de l’entreprise et
qui aurait aussi cherché à étouffer
Des scandales
en série liés à des
discriminations et
harcèlements ont été
révélés chez Activision
ces derniers mois.
plusieurs affaires, selon le « Wall
Street Journal ». En fin d’année der-
nière, 1.898 salariés du groupe (soit
20 % des effectifs) ont signé une péti-
des dizaines de points de vente de
la marque ont organisé à leur tour
des votes ces derniers mois.
Dans un pays où les partenaires
sociaux ne négocient pas les condi-
tions de travail, les entreprises res-
tent largement hostiles à la créa-
tion de syndicats, et n’hésitent pas à
avoir recours à des méthodes con-
testées pour dissuader les salariés.
Joe Biden, qui soutient très
ouvertement la syndicalisation
des salariés aux Etats-Unis, s’est dit
« heureux que des salariés s’assu-
rent d’être entendus pour les déci-
sions importantes » qui les concer-
nent. « J’ai l’intention d’être le
président le plus prosyndicat à la
tête de l’administration la plus pro-
syndicat de l’histoire américaine »,
rappelle-t-il régulièrement. La
Maison-Blanche estime que la syn-
dicalisation dope les salaires et a
construit la classe moyenne amé-
ricaine. C’est aussi un argument
politique pour faire revenir dans le
giron démocrate les salariés
séduits par Donald Trump en 2016.
Les divisions politiques, au
Congrès, n’ont toutefois pas per-
mis de faire avancer les projets de
loi facilitant l’entrée des syndicats
tion réclamant son départ. En vain.
Et c’est cet aspect-là qui interpelle
et alarme les quatre sénateurs
auteurs de la missive adressée à la
FTC, dans laquelle ils mettent
l’accent sur le fait que les termes de
l’accord entre Microsoft et Activi-
sion semblent inclure le maintien à
son poste de Bobby Kotick jusqu’au
bouclage de l’opération qui est
prévu pour 2023.
« Tandis que Microsoft a capitalisé
sur le bas prix de l’action [d’Activi-
sion] en Bourse en raison de la divul-
gation de comportements sexuels
répréhensibles, ils indiquent aussi
qu’ils sont disposés à donner la prio-
rité aux profits au détriment des
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
Samuel Corum/Bloomberg
« J’ai l’intention
d’être le président
le plus prosyndicat
à la tête de
l’administration
la plus prosyndicat
de l’histoire
américaine. »
JOE BIDEN
Président des Etats-Unis
dans les entreprises, ni les droits
sociaux comme un salaire mini-
mum à 15 dollars de l’heure ou un
congé maternité payé. Les déci-
sions sont donc le plus souvent
gérées en direct par l’entreprise, à
moins d’une législation des Etats,
ou des villes. Le taux de syndicali-
sation a continué à baisser l’an der-
nier, à 10,3 % des salariés, selon les
chiffres de l’administration. Avec,
en outre, un taux cinq fois plus
élevé dans le public (33,9 %) que
dans le privé (6,1 %). n
problèmes enracinés […] au sein de
l’organisation », taclent les qua-
tre sénateurs dans leur lettre.
De fait, ils craignent que l’assu-
rance que ce dernier pourrait avoir
reçu de rester en place pour une lon-
gue période encore soit de nature à
inciter certains dirigeants d’Activi-
sion à faire pression sur leurs subor-
donnés pour qu’ils ne témoignent
pas auprès de la presse ou de la
justice. « Si la FTC détermine que
cette transaction est susceptible […]
d’empirer la position de négociations
entre les salariés et les parties prenan-
tes de cette transaction, nous vous
exhortons à vous y opposer », souli-
gnent les sénateurs. n
Les Echos Lundi 4 avril 2022 HIGH-TECH & MEDIAS // 23

Bain Capital est prêt à tenter

un délicat rachat de Toshiba
ÉLECTRONIQUE
Le fonds américain de
capital-investissement
discute d’une reprise
du conglomérat
avec plusieurs
grands actionnaires.
Il devra amadouer
les autorités de Tokyo,
inquiètes pour le futur
de plusieurs activités
jugées stratégiques.
Yann Rousseau
@yannsan
— Correspondant à Tokyo
Sur une Bourse japonaise de nou-
veau déprimée par la guerre en
Ukraine et les inquiétudes sur
l’approvisionnement énergétique
de l’archipel, l’action Toshiba affi-
chait vendredi un enthousiasme
spectaculaire. En début d’après-
midi, à Tokyo, le titre bondissait de
plus de 6 %, quand le Nikkei 225
perdait 0,7 %. Les traders se réga-
lent après l’annonce d’une tentative
de rachat de l’entreprise par le fonds
américain de capital-investisse-
ment Bain Capital.
Discutant depuis plusieurs
semaines avec les grands actionnai-
res étrangers de Toshiba, dont Effis-
simo Capital Management, Bain
Capital a reconnu, dans un bref com-
muniqué, qu’il envisageait de mon-
ter une offre négociée sur l’ensemble
du gigantesque conglomérat japo-
nais, englué depuis des années dans
une crise de gouvernance. Le fonds
Effissimo ayant déjà officiellement
indiqué qu’il était prêt à lui céder, en
exclusivité, la part de près de 10 %
qu’il détient dans le groupe nippon.
L’expérience de Kioxia
Bain Capital, qui avait déjà orchestré
en 2018 la prise de contrôle, par un
consortium, de Kioxia – la filiale de
Toshiba spécialisée dans les puces
mémoires –, souhaiterait de nou-
veau s’associer pour cette nouvelle
opération à plusieurs autres grands
investisseurs, notamment japonais.
Il espère ainsi amadouer la direc-
tion de la société et les autorités de
Tokyo, très inquiètes du devenir de
plusieurs activités du conglomérat
jugées « stratégiques » pour la sécu-
rité nationale.
Fondé en 1875, Toshiba produit
toujours des ascenseurs, des photo-
copieurs, des locomotives, mais
« [Je vais] prendre
en compte
les opinions
des actionnaires
et travailler
à doper la valeur
de l’entreprise. »
TARO SHIMADA
PDG de Toshiba
aussi du matériel militaire, des
radars, des semi-conducteurs et de
nombreux équipements pour
l’industrie nucléaire. Le groupe est
ainsi très impliqué – et pour plu-
sieurs décennies encore – dans le
pharaonique chantier de démantè-
lement de la centrale de Fukushi-
ma-Daiichi, détruite en 2011. « Nous
reconnaissons que beaucoup de pro-
blèmes doivent être résolus au fil de
l’étude d’une offre », a expliqué le
fonds américain qui promet un
échange avec le gouvernement
japonais, le management de l’entre-
prise et les institutions financières.
Interrogée sur l’éventualité d’une
vente du conglomérat, la direction
assurait vendredi qu’elle n’avait pas
encore été formellement informée
d’une quelconque opération. Ces
derniers mois, elle avait plutôt sem-
blé résister à ce scénario de la priva-
tisation, pourtant poussé par ses
grands actionnaires étrangers, et
notamment par les fonds activistes
Effissimo Capital Management, 3D
Investment Partners et Farallon
Capital Management, propriétaires
à eux trois de 25 % du groupe.
Des actionnaires fébriles
Début 2021, des fonds de private
equity, dont CVC Capital Partners,
avaient déjà approché la direction
afin d’évoquer une éventuelle
reprise pour un montant évalué
alors à 20 milliards de dollars. Ils
avaient été éconduits et le groupe
avait proposé, afin de tenter d’apai-
ser les actionnaires qui réclament
une meilleure valorisation, un
démantèlement de Toshiba en
deux sociétés cotées distinctes. Mais
ce plan a été rejeté fin mars par 60 %
des actionnaires réunis en assem-
blée générale exceptionnelle.
Taro Shimada, le tout nouveau
PDG réputé un peu moins hostile à
l’idée d’une reprise par un consor-
tium, a depuis assuré qu’il allait
« prendre en compte les opinions des
actionnaires et travailler à doper la Ces derniers mois, la direction de Toshiba avait plutôt semblé
valeur de l’entreprise ». n résister au scénario de la privatisation. Photo Philip Fong/AFP

Orange embarrassé
par la crise de Scopelec
TÉLÉCOMS
La justice doit trancher
sur le non-renouvelle-
ment d’une large part
du contrat de construc-
tion et de maintenance
des réseaux confié par
Orange au sous-traitant.
Le Tribunal de com-
merce de Paris a exigé
le maintien du contrat
initial jusqu’au 8 avril.
Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln
C’est un curieux cadeau de bien-
venue pour Christel Heydemann,
la nouvelle directrice générale
d’Orange qui prend officiellement
ses fonctions lundi. Une ordon-
nance du Tribunal de commerce de
Paris l’attend sur son bureau. Elle
contraint l’opérateur à maintenir
actif, à titre conservatoire, l’énorme
contrat qui le lie depuis 2015 à la pre-
mière coopérative de France, Scope-
lec, pour la construction et la main-
tenance de ses réseaux en cuivre et
en fibre optique. Ce contrat aurait
dû expirer au 31 mars dernier. Mais
au vu de la gravité de la situation
(la société tarnaise s’est placée
en procédure de sauvegarde il y a
dix jours), la justice a exigé à la der-
nière minute qu’il reste en vigueur
jusqu’au 8 avril. Une audience de
référé devra alors décider s’il est
maintenu au-delà – jusqu’à une déci-
sion sur le fond du dossier, potentiel-
lement dans plusieurs mois.
L’affaire est délicate pour Orange.
L’opérateur a réalloué cet énorme
marché de plusieurs centaines de
millions d’euros par an, à travers
une série d’appels d’offres. Les
lauréats, annoncés ces derniers
mois, sont majoritairement de
nouveaux prestataires, qui auraient
dû commencer à intervenir sur les
réseaux dès le 1er avril. Orange se
retrouve donc à devoir honorer
deux contrats pour la même presta-
tion. Et les accusations de Scopelec
selon lesquelles Orange a sciem-
ment mis son fournisseur en diffi-
culté – au mépris des engage-
ments de responsabilité sociale du
groupe – font grand bruit en interne.
D’autant plus que les syndicats
s’étaient publiquement émus des
conditions du renouvellement de ce
méga contrat l’hiver dernier.
Du côté de Scopelec, la justice est
désormais l’ultime bouée pour gar-
der la tête hors de l’eau. Le contrat
avec Orange représentait pour la
coopérative 250 millions d’euros de
revenus par an, soit 55 % du chiffre
d’affaires de la société en 2020. La
perte des deux tiers de cette activité
– à l’issue d’appels d’offres dont il
pensait encore être largement béné-
ficiaire en novembre – lui a porté un
coup aussi violent que soudain.
Un PSE à financer
La coopérative estime que
1.500 emplois – sur environ 4.000 –
sont affectés. Et malgré le transfert à
la concurrence de 500 salariés, il en
reste un millier sur le carreau pour
lesquels elle n’est pas sûre de pou-
voir financer un plan de sauvegarde
de l’emploi. Ces derniers mois, des
négociations ont bien eu lieu, sous la
houlette de Bercy, pour obtenir
d’Orange des volumes d’activité
supplémentaires sur les dix-
huit prochains mois. L’objectif était
que la décrue soit progressive et que
Scopelec ait du temps pour recaser
davantage de salariés et trouver de
nouveaux marchés. L’opérateur a
fait quelques gestes, mais pas assez
significatifs pour le groupe occitan.
Le fait que la justice ait ordonné le
maintien du contrat à titre conser-
vatoire – une décision « exception-
nelle » selon une source proche de
Scopelec – donne bon espoir à Sco-
pelec, qui espère gagner du temps…
ou de l’argent. Le simple coût du PSE
est estimé à une cinquantaine de
millions d’euros. Jusqu’ici, pourtant,
Orange répète qu’il n’a pas de motif
– ni l’intention – d’y participer. n

START-UP
Budget Insight est racheté par le fonds
américain de growth equity PSG
l La fintech française spécialisée
dans l’agrégation de données bancaires
avait été acquise par Arkéa en 2019
pour un montant non communiqué.
l La banque mutualiste conserve
une part minoritaire du capital.
FINTECH
Charlie Perreau
@CharliePERREAU
C’est une opération atypique dans la
French Tech. La fintech Budget Insi-
ght, qui permet aux institutions
financières et fintechs d’agréger des
données bancaires, est rachetée par
le fonds américain de growth equity
PSG. Elle appartenait depuis 2019 à
Arkéa, qui conserve une part mino-
ritaire (non précisée) dans la
start-up. « Arkéa n’avait pas vocation
à financer une société comme la
nôtre. Nous avions besoin d’un nou-
vel actionnaire qui puisse porter
notre ambition européenne », indi-
que Bertrand Jeannet, PDG de Bud-
get Insight. PSG, qui est récemment
entré au capital du spécialiste de la
relation client Sellsy, injecte 35 mil-
lions de dollars dans la start-up et
prévoit de lui allouer une poche de
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CO-ORGANISATEURS
financement pour réaliser des
acquisitions à l’étranger.
Créé en 2012, Budget Insight four-
nit son API, sorte de connecteur
informatique, à de nombreuses fin-
techs comme Lydia, Alma (paie-
ment fractionné) ou encore Cas-
hbee (épargne) mais aussi des
banques telles que BNP Paribas,
ING et – évidemment – Arkéa. C’est
grâce à la technologie de Budget
Insight que Lydia peut se connecter
en quelques clics au compte ban-
caire de ses utilisateurs et donc per-
mettre les transferts d’argent entre
particuliers. Au total, la fintech
revendique 250 clients majoritaire-
ment en France et un revenu récur-
rent annuel de 8 millions d’euros.
Challenger le suédois Tink
L’entrée au capital de PSG vise juste-
ment à développer davantage l’acti-
vité de Budget Insight en Europe. A
ce jour, la fintech opère en France,
en Belgique, au Luxembourg et
PARTENAIRES FONDATEURS
Budget Insight fournit son API, sorte de connecteur informatique, à de nombreuses fintechs
comme Lydia, Alma ou Cashbee, mais aussi à des banques. Photo Budget Insight
depuis le début de l’année en Italie et
en Espagne. Prochaines destina-
tions : le Portugal, l’Allemagne, les
Pays-Bas et le Royaume-Uni. Autant
de pays où Budget Insight ren-
contrera son concurrent suédois
Tink, qui dispose d’une large
empreinte européenne. « Tink a
pris de l’avance mais la qualité de leur
service est assez inégale en Europe »,
souligne Romain Bignon, cofonda-
teur de Budget Insight.
Les plateformes d’open banking
pressent le pas
L’open banking permet
à n’importe quel acteur
de se connecter aux données
de paiement de leurs clients.
Des start-up se sont
engouffrées sur ce marché
estimé à plus de 15 milliards
de dollars et accélèrent leur
développement internatio-
nal depuis quelques mois.
* merce et les entreprises, tout en accé-
La révolution de l’open banking ne
fait que commencer. Poussé par la
directive européenne sur les don-
nées de paiements (DSP2), ce phé-
nomène permet à n’importe quel
acteur de se connecter facilement
aux données de paiement de leurs
clients et de proposer deux types de
services : de l’agrégation de comptes
et du paiement par virement (aussi
appelé « initiation de paiement »).
Des start-up se sont engouffrées
sur ce marché estimé à plus de
15 milliards de dollars et accélèrent
leur développement international
depuis quelques mois. Le français
Budget Insight, racheté par Arkéa
* ça va plus vite ici
en 2019, vient de passer dans les
mains du fonds de growth equity
américain PSG.
Objectifs : se lancer dans plu-
sieurs pays européens comme le
Portugal, l’Allemagne et le Royau-
me-Uni via une stratégie d’acquisi-
tion. « La France c’est bien, mais ce
n’est pas un marché inépuisable.
Notre enjeu est d’avoir une assise
européenne, ce qui nécessite beau-
coup d’investissement », estime Ber-
trand Jeannet, PDG de Budget Insi-
ght. PSG injecte ainsi 35 millions de
Pour se lancer dans un nouveau
pays, ces plateformes d’open ban-
king doivent se connecter aux ban-
ques une par une… tout en sachant
que le niveau technologique de cel-
les-ci est inégal. Même si Tink est
parti en tête, il pourrait pâtir de son
récent rachat par Visa, pour 1,8 mil-
liard d’euros. Quand une grande
entreprise rachète une start-up,
l’intégration ralentit souvent les
innovations.
dollars dans la start-up et une poche
de financement pour réaliser de la
croissance externe.
D’autres acteurs attisent l’appétit
des investisseurs. Bridge, la marque
BtoB de Bankin’, vient de lever
20 millions d’euros auprès de BPCE
et Truffle Capital pour « renforcer le
développement de solutions de paie-
ment par virement dans l’e-com-
lérant notre internationalisation »,
indiquait aux « Echos » début mars
Matthieu Poitrimolt, directeur
général de Bridge.
Miser sur les virements
« Le premier cas d’usage sur lequel
nous travaillerons est l’initiation
de paiement [paiement par vire-
ment, NDLR] dans les parcours
e-commerce. A l’horizon 2025, nous
pensons qu’environ 15 % des paie-
ments dans l’e-commerce se feront en
virement », estime Pierre-Antoine
Vacheron, directeur général
métiers paiements groupe BPCE.
Les concurrents étrangers veu-
lent aussi leur part du gâteau. Les
britanniques Yapily et TrueLayer
ont levé respectivement 51 et
130 millions de dollars en 2021. Le
suédois Tink, fortement présent sur
le Vieux Continent, a été racheté par
Visa pour 1,8 milliard de dollars
l’année passée (l’acquisition a été
finalisée début mars 2022). Le
réseau de paiement avait d’abord
jeté son révolu sur l’américain Plaid
mais avait finalement abandonné
l’opération début 2021 en raison
d’une enquête antitrust. Quelques
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
Budget Insight devra aussi se bat-
tre avec d’autres acteurs sur le ter-
rain européen, à la fois des start-up
(Yapily, TrueLayer…) très bien finan-
cées et des institutions financières
plus traditionnelles comme World-
line qui ont développé leurs propres
plateformes d’open banking. « C’est
une fosse aux lions », résume
Michael Diguet, PDG d’Algoan, une
start-up qui a développé un score de
crédit et qui travaille avec les plate-
formes d’open banking. L’américain
Plaid, valorisé 13,4 milliards de dol-
lars, a prévu d’accélérer massive-
ment en France dans les mois à
venir, selon nos informations.
Avance technologique
Nouvelle surprise : le spécialiste sué-
dois du paiement fractionné Klarna
vient d’annoncer le lancement d’un
département dédié à l’open banking
en Europe et aux Etats-Unis. La
fintech, qui vaut 45,6 milliards de
dollars, assure pouvoir se connecter
à 15.000 banques (contre 800 pour
Budget Insight) dans 24 pays. La fin-
tech française met en avant son
avance technologique. « Contrai-
rement à beaucoup d’acteurs, nous ne
nous sommes pas focalisés que sur
l’agrégation de données de paiement,
nous connectons d’autres types de
comptes comme les comptes cryp-
tos », note Bertrand Jeannet.
En parallèle de l’agrégation, Bud-
get Insight s’est développé dans le
paiement de compte à compte, qui
permet par exemple à un e-com-
merçant de proposer à ses clients de
payer par virement, ce qui lui coûte
moins cher qu’un paiement par
carte. « Nous n’allons pas enrôler les
marchands un à un. Nous prévoyons
plutôt d’intégrer notre brique techno-
logique aux prestataires de paiement
qui la proposeront à leurs clients mar-
chands », poursuit Bertrand Jean-
net. En 2022, Budget Insight table
sur une croissance comprise entre
40 et 50 %, comme en 2021. n
« Au cours
de l’année écoulée,
la demande
de services d’open
banking de la part
des institutions
financières
et des fintechs
a atteint un point
de basculement. »
WILKO KLAASSEN
Vice-président de Klarna Kosma
mois plus tard, la fintech a levé
425 millions de dollars pour une
valorisation de 13,4 milliards.
Les fintechs du paiement, qui
enchaînent les méga tours de table
depuis plusieurs mois, s’intéressent
aussi à l’open banking. La star du
paiement fractionné Klarna, valo-
risé plus de 45 milliards de dollars,
vient d’officialiser son arrivée sur le
secteur avec une marque dédiée :
Kosma. « Au cours de l’année écou-
lée, la demande de services d’open
banking de la part des institutions
financières et des fintechs a atteint un
point de basculement », a déclaré
Wilko Klaassen, vice-président de
Klarna Kosma, dans un communi-
qué. La fintech suédoise avait déjà
mis un pied dans la porte de l’open
banking en rachetant en 2014
Sofort, un service de paiement alle-
mand de compte à compte. — C. Pe.
Les Echos Lundi 4 avril 2022
Après un rebond en 2021,
les transmissions de PME ralentissent
l Après la chute de 2020 due au Covid-19, le nombre de cessions-acquisitions de PME a bondi de 41 % l’an dernier.
l Le tassement observé au premier trimestre pourrait augurer un repli durable provoqué par la guerre.
M&A
Marion Kindermans
@MaKindermans
Alors que les spécialistes du M&A
s’alarment d’un ralentissement des
grosses fusions-acquisitions en rai-
son de l’incertitude provoquée par
la guerre en Ukraine, cette onde de
choc baissière va-t-elle toucher le
segment des PME ?
Pour l’instant, les données analy-
sées par In Extenso, dans son der-
nier panorama sur les transmis-
sions des PME de valorisation
inférieure à 50 millions d’euros,
réalisé en partenariat avec Epsilon
Research, actent bien un fléchisse-
ment ces dernières semaines. « Le
début de l’année 2022 reste encore
actif, mais on constate un nombre de
transactions inférieur de 15 % à celui
des premiers mois des trois dernières
années », pointe l’étude que « Les
Echos » dévoilent en exclusivité.
Il est toutefois difficile de mesu-
rer à quel point le conflit en Ukraine
pèse sur ce fléchissement. La
Les concentrations s’accélèrent chez les autocaristes
Le transport de voyageurs,
dejà mis à mal par la crise
sanitaire, doit faire face à
d’autres défis. La transition
écologique des véhicules,
des appels d’offres publics
demandant de fortes
expertises, et le contexte
géopolitique poussent
les entreprises à grossir.
Françoise Sigot
— Correspondante à Lyon
Devenir plus gros et solide est
devenu une marche en avant pour
le transport de voyageurs. Alors
que le secteur s’est jusque-là cons-
truit et développé à partir de petites
structures familiales, les rappro-
période de campagne présiden-
tielle est aussi traditionnellement
une période de calme sur le front du
M&A, même si « contrairement aux
autres années, l’effet d’attente semble
moins peser cette fois-ci sur les
décisions des dirigeants », constate
Marc Sabaté, directeur général et
associé d’In Extenso Finance
& Transmission.
Mais « l’explosion des incertitudes
marquée par des conflits internatio-
naux, l’augmentation du coût des
matières premières, ou encore les dif-
ficultés d’approvisionnement et de
recrutement » font naître « de nou-
velles inquiétudes ».
Ce flottement intervient après
une année 2021 de fort rebond, mar-
quée par une hausse de 41 % des
transactions. Le panorama fait état
de 1.172 opérations de fusion-acqui-
sition, contre 829 en 2020, année de
creux (-19 % en volume) du Covid.
« Ce résultat avoisine le record de
2019, qui était une année exception-
nelle en termes d’opérations de haut
de bilan », indique Marc Sabaté.
S olewa racheté par Butagaz,
Logvad par BBL, IT Partner qui a
chements s’accélèrent. « Depuis
quelques années, nous sentons clai-
rement que pour exister demain, il
faudra avoir une taille critique », sou-
ligne Jean Sébastien Barrault, prési-
dent de la FNTV (Fédération natio-
nale des transports de voyageurs).
Une taille que Stéphane Guenet,
directeur général du groupe CFTR,
évalue à « au moins 1.000 véhicules ».
Ce groupe francilien est composé
de 17 filiales de transport routier de
voyageurs en région Ile-de-France,
Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-
France et Normandie et réalise un
chiffre d’affaires de 241 millions
d ’e u r o s e n 2 0 2 1 ave c p r è s d e
2.000 véhicules. Pour grossir
encore, il vient de mettre la main
sur le groupe beaujolais Autocars
fait main basse sur Lorinfo et BSD-
Sys, ou encore Prisma Media qui a
acquis Télé Z, les cessions et ventes
de PME sont allées bon train.
« Au-delà de l’effet rattrapage, les
confinements successifs ont poussé
de nombreuses entreprises à repen-
ser leur stratégie de développement
par exemple pour se recentrer sur
leurs activités phares en cédant leurs
activités annexes ou, à l’inverse, en
accélérant la croissance externe »,
analyse In Extenso.
Le panorama fait état
de 1.172 opérations
de fusion-acquisition,
contre 829 en 2020
Le segment le plus actif reste,
sans grand changement avec les
années précédentes, celui des plus
petites PME et TPE (valorisation
inférieure à 5 millions d’euros), qui
ont représenté plus de la moitié des
deals (54 %).
Coté acquéreurs, le baromètre
fait apparaître le retour en force des
Maisonneuve. « Notre entreprise, en
croissance régulière, avait besoin
d’acquérir une dimension régio-
nale », justifie Jean-Baptiste Mai-
sonneuve, représentant la troi-
sième génération à la tête de
l’entreprise. Tout juste soixante-
naire, cette entreprise familiale
apporte 24 millions d’euros de chif-
fre d’affaires à CFTR avec une flotte
de 300 autocars et surtout l’exploi-
tation de 15 lignes régulières de
transport interurbain et scolaire.
Appels d’offres
Ce dernier marché est précieux
pour les autocaristes. « Les com-
mandes publiques nous permettent
d’avoir un flot régulier d’activité »,
estime Stéphane Guenet dont le
PME&REGIONS
gros opérateurs qui avaient privilé-
gié la sécurité pendant le Covid-19
en se recentrant sur leur porte-
feuille. « En 2020, les petites PME
avaient continué à faire des opéra-
tions plutôt locales, entre elles, tandis
que 2021 marque le retour des
acteurs locomotives du marché, à
savoir les fonds d’investissement et
des sociétés cotées sur le marché »,
souligne Marc Sabaté. En 2021, les
sociétés cotées ont été particulière-
ment actives sur le secteur santé-
pharmacie (31 % des acquéreurs) et
les fonds d’investissement très pré-
sents sur le secteur de l’Energie, des
matières premières et de la chimie
(28 % des acquéreurs).
L’analyse par secteurs montre
aussi un retour à l’avant-Covid, avec
une sorte de copié-collé de 2019. Les
Technologies Médias Télécommu-
nications (TMT) , les services aux
particuliers, et les biens d’équipe-
ments représentent à nouveau les
trois pôles phares des opérations,
représentant respectivement 28 %,
25 % et 14 % du total. Par ailleurs,
certains secteurs qui ont été fragili-
sés par la crise du Covid reprennent
groupe tire environ 70 % de ses
revenus de ce type de contrats.
Mais face à des appels d’offres de
plus en plus importants et de plus
en plus complexes, notamment sur
le transport scolaire, les entreprises
doivent s’armer de solides compé-
tences et références pour espérer
décrocher un marché public.
« Depuis le passage aux grandes
régions, pour candidater auprès de
ces autorités organisatrices des
1.500
Le nombre d’entreprises
dans le secteur.
fortement du poil de la bête.Le
nombre de transactions explose de
188 % pour les biens d’équipements,
de 86 % pour le BTP et de 57 % pour
la distribution. Mais pour d’autres,
durement éprouvées par les mesu-
res sanitaires y compris l’an dernier,
le dynamisme n’est pas encore là.
C’est le cas de l’automobile, l’aéro-
nautique, le tourisme, l’hôtellerie et
les loisirs, où « les opérations de
fusion-acquisition ont continué à
être différées, les cédants attendant
que leur activité reparte pour que
leur entreprise soit mieux valorisée »,
précise Marc Sabaté.
L’effet rattrapage se retrouve
aussi dans l’analyse région par
région. Ile-de-France et Auvergne-
Rhône-Alpes continuent à caraco-
ler en tête du cumul d’opérations
réalisées l’an dernier, comme c’est le
cas traditionnellement. Mais l’Ile-
de-France revient comparative-
ment à une place normale (36 % du
total), alors que pendant le Covid, la
région francilienne avait dépassé de
loin toutes les autres (42 %) en rai-
son d’un tissu économique (ter-
tiaire, numérique), qui se prêtaient
transports scolaires, il n’est plus pos-
sible d’être présent uniquement sur
un ou deux départements, il faut cou-
vrir toute la région », fait remarquer
Stéphane Guenet. Dans le même
temps, la préférence régionale affi-
chée par de plus en plus de collecti-
vités oblige les délégataires à garder
une identité locale. Les petits auto-
caristes sont donc désormais la
cible favorite des grosses PME et
ETI du secteur.
Lassitude
L’accès aux marchés publics n’est
pas la seule embûche sur la route
des transporteurs de voyageurs.
Chez les spécialistes du tourisme, la
crise est loin d’être terminée et cer-
tains ne se relèveront probable-
davantage à la conclusion de deals à
distance. Les régions qui avaient
connu en 2020 une chute brutale
des opérations, telles que la Nor-
mandie (-67 %), les Pays de la Loire
(-64 %) et le Centre-Val de Loire
(-55 %), en raison d’un tissu de PME
disséminée et à forte composante
industrielle très fragilisé par la
crise, redécollent. La plus grande
progression concerne ainsi les Pays
de la Loire, qui enregistrent, avec 83
opérations, soit +361 % !
Enfin, point intéressant, qui cette
fois-ci n’est pas lié à la page Covid-19
mais à l’épisode Brexit : le Royaume-
Uni, qui était en retrait en 2020 dans
le podium des pays acquéreurs avec
une baisse de 42 % des transactions
(bien plus que les autres pays),
revient sur les marchés.
Il est en 2021 le premier acqué-
reur en France sur ce segment des
PME, avec 41 opérations bouclées,
devant les États-Unis, l’Allemagne
et la Belgique. Le passage sous
pavillon étranger reste tout de
même largement minoritaire, la
part des acquéreurs français s’éle-
vant à 83 %. n
ment pas de plus de deux années de
disette. Pour tous, la pénurie de
chauffeurs et la transition écologi-
que des véhicules sont les deux défis
majeurs de court terme. Auxquels il
faut désormais ajouter la hausse
des prix du carburant.
Reste un dernier phénomène
que peu avaient anticipé, mais qui
met de plus en plus de petites entre-
prises sur le marché. « Depuis peu,
on voit monter de la lassitude chez
pas mal de chefs d’entreprise qui du
coup se décident à vendre leur
société », constate le président de la
FNTV.
Sachant que plus de 80 % des
autocaristes ont moins de 50 sala-
riés, le mouvement de concentra-
tion devrait se confirmer. n
26 // PME & REGIONS
Roquette renforce sa production
de polyols à Lestrem
HAUTS-DE-FRANCE
Le groupe familial
va investir 25 millions
d’euros pour
améliorer ses lignes
de production
de cette alternative
au sucre.
Olivier Ducuing
— Correspondant à Lille
Le groupe familial Roquette, spé-
cialiste des ingrédients d’origine
végétale, annonce un programme
d’investissement de 25 millions
d’euros dans les polyols dans son
usine historique de Lestrem, dans
le Pas-de-Calais. Le programme
s’étendra de 2022 à 2024. Il s’agit
d’un des métiers centraux de
l’industriel nordiste sur lequel il
occupe le rang de numéro un mon-
dial depuis des années. A lui seul, il
représente un tiers de ce marché
mondial. « Nous sommes leaders et
nous entendons le rester », explique
Pascal Leroy, senior vice-président
en charge des ingrédients essentiels
chez Roquette.
Quarante brevets par an
La première application des poly-
ols, fabriqués notamment à partir
du maïs et du blé, est de servir
d’alternative au sucre dans les pro-
duits alimentaires. On les retrouve
dans la boulangerie, les snacks, les
confiseries à faible teneur, voire
sans sucre, ou encore les chewing-
gums. Ils figurent encore dans les
L’Atelier Rosemood se rallie
à l’allemand Celebrate
PAYS-DE-LA-LOIRE
Le faire-part et l’album
photo en papier
résistent au tout
numérique
comme en témoigne
la trajectoire de cette
PME nantaise, reprise
par le spécialiste
allemand de la carterie.
Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes
Le papier n’a pas dit son dernier mot
comme en témoigne la forte crois-
sance de l’entreprise nantaise Atelier
Rosemood. Fondée en 2010 par
Hélène Germain, Antoine Roche et
Warmango.fr rejoint le belge Van Marcke
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
La jeune place de
marché qui a déjà
séduit 15.000 artisans
en France est rachetée
par le négociant belge
Van Marcke et bénéfi-
ciera de sa notoriété
en Europe du Nord.
Léa Delpont
— Correspondante à Lyon
En quatre ans d’existence, le site de
vente en ligne Warmango.fr, à desti-
nation des professionnels du bâti-
ment, a agrégé 70 fournisseurs, la
plupart fabricants, pour 50.000
références en plomberie, sanitaire,
chauffage et électricité, et 15.000
les polyols représentent le quart de l’activité de l’usine
de Lestrem, laquelle emploie 2.600 personnes. Photo Lestrem
dentifrices, grâce à ses propriétés
humectantes et anticristallisantes,
entre autres. Et leur usage se déve-
loppe dans le domaine médical
comme excipients dans le marché
pharmaceutique, dans les formes
de dosage oral. Il facilite notam-
ment la libération à la demande du
Grégoire Monconduit, cette société
figure parmi les leaders français du
faire-part (naissance, baptême,
mariage…). Elle vient d’être acquise
par le groupe allemand Celebrate,
œuvrant dans le même domaine.
Rosemood avait quitté Paris peu
après sa naissance pour s’établir sur
l’île de Nantes. Elle a rapidement ins-
tallé sa propre imprimerie à Treilliè-
res, en périphérie de cette ville.
En 2018 et 2019, elle a investi près de
2 millions d’euros pour se diversifier
dans la réalisation d’albums photo.
« Nous sommes dans le souvenir, la
transmission d’émotion, cela passe
par la matière, un beau design, une
qualité de papier, de matériaux et
d’impression », soutient Grégoire
Monconduit expliquant le dévelop-
pement de l’entreprise « par le bou-
che-à-oreille » et toujours sur fonds
artisans clients. L’entreprise lyon-
naise, qui compte 35 salariés et réa-
lise 4 millions d’euros de chiffre
d’affaires en 2021 (le double prévu
cette année), démarre son dévelop-
pement européen avec la société
belge Van Marcke qui vient d’en
faire l’acquisition. Elle vise 50 mil-
lions dans trois ans avec l’ouverture
des marchés d’outre-Quiévrain dès
2023, puis suisse, luxembourgeois
et néerlandais, dans le sillage de son
nouveau propriétaire.
15 à 20 % de commission
Van Marcke est un groupe familial
de 90 ans d’existence, spécialisé
dans les sanitaires et le chauffage sur
le marché BtoB, avec plus de
90 agences professionnelles dans
sept pays (dont quelques-unes dans
le nord de la France, où il concur-
rence Téréva). « Mais il n’avait pas
véritablement de stratégie digitale,
médicament. Roquette produit des
polyols dans deux unités aux Etats-
Unis et en Chine, mais surtout à Les-
trem, présentée comme la plus
grande usine au monde dans ce
domaine. Traditionnellement
secret, le groupe ne dévoile ni ses
tonnages ni son chiffre d’affaires en
propres. Rosemood n’en demeure
pas moins très numérique dans son
fonctionnement. La société récep-
tionne les projets de faire-part via
son site Web tandis que ses graphis-
tes proposent des services d’amélio-
ration de photos, de mise en page ou
de corrections orthographiques.
« Mais nous sommes toujours au ser-
vice du papier », souligne le dirigeant.
Le retour des mariages
Rosemood a marqué une croissance
de 17 % l’an dernier portant son chif-
fre d’affaires à 13,5 millions d’euros
avec 120 salariés. Les faire-part de
mariage sont réapparus courant
2021 alors que, pendant les confine-
ments, c’est la confection d’albums
photos qui avait soutenu la
demande. La PME nantaise connais-
sait déjà un certain développement
hormis l’achat d’un site B to C néer-
landais récemment », explique le
directeur général de Warmango
Lucas Maisse, qui apporte au négo-
ciant un relais de croissance BtoB
sans immobilisation de trésorerie.
La place de marché, à la manière
d’Amazon Prime, fonctionne avec
un stock confié gratuitement par
les fournisseurs pour les références
les plus courantes, livrées en 24 à
48 heures sur les chantiers. 15 % de
l’offre font 60 % des ventes, précise
l’entreprise. Le site est directement
7
MILLIONS D’EUROS
La somme que Van Marcke
doit injecter dans les trois ans
dans Warmango.
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
innovateurs
matière de polyols. Tout au plus
saura-t-on que les polyols représen-
t e n t l e q u a r t d e l ’a c t i v i t é d e L’INITIATIVE DHUNE
cette usine, qui elle-même emploie
2.600 personnes.
Les technologies duales
Très dépendant de la
ressource céréalière,
entre la santé et l’espace
Roquette a mis
du programme Dhune. Par
en place une cellule exemple, Tecmoled a créé un
de crise pour patch frontal ultracompact et
suivre en continu connecté sans fil, qui permet de
monitorer en continu les para-
la situation née mètres physiologiques en temps
du conflit en Ukraine. réel : taux d’oxygénation, fré-
quence respiratoire, tempéra-
ture… « Sur terre, ce système per-
C’est aussi un secteur central met de surveiller à distance les
parmi la quarantaine de brevets fonctions vitales de personnes
DR
déposés par Roquette chaque âgées ou de victimes d’apnée du
année. « La capacité du groupe à sommeil. Il peut trouver des
innover et à allier cette innovation débouchés naturels dans les
Date de création : 2016
aux besoins des clients est un élément milieux extrêmes, comme boîte
Président : Dominique Blin
clé du dispositif sur toutes nos gam- noire par exemple », imagine son
Effectif : 100 chercheurs
mes », souligne Pascal Leroy. concepteur, Mohamed Khalifa.
Secteur : santé
Roquette entend « standardiser cer-
taines opérations industrielles », fia- Un coussin intelligent
biliser et flexibiliser l’outil. Paul Molga C’est aussi l’autonomie des per-
Très dépendant de la ressource — Correspondant à Marseille sonnes en situation de handicap
céréalière, Roquette a mis en place que vise le coussin intelligent
une cellule de crise pour suivre en De nombreuses technologies Viktor mis au point par Finger-
continu la situation née du conflit civiles pourraient trouver une tips. L’objet est connecté à une
en Ukraine. « Nous utilisons des application dans l’espace, et mallette de téléconsultation.
céréales, il y aura des impacts. Il est inversement. C’est pour valider « Dans l’espace, la perte d’autono-
un peu tôt pour en avoir une idée, il y cette intuition que le CNES, cen- mie est plus importante que sur
a une énorme volatilité », pointe Pas- tre national d’études spatiales, et terre, ne serait-ce qu’à cause de la
cal Leroy, qui relève néanmoins Dhune, le centre d’excellence taille des gants. Nous imaginons
avoir sécurisé une proportion pour les maladies neurodégéné- faire de Viktor un cousin de pilo-
importante des besoins du groupe. ratives, ont convié la semaine tage pour de la téléconsultation à
Roquette compte 8.400 salariés dernière à Marseille plusieurs bord », ambitionne Alain Fixier,
dans le monde pour un chiffre start-up innovantes à venir ren- président de l’entreprise. Ces
d’affaires de 3,5 milliards d’euros. n contrer des experts et universi- start-up espèrent l’amorce d’un
taires à l’occasion d’une journée contrat, d’une collaboration de
consacrée à l’espace et la santé. recherche, d’échanges de tech-
« Lors des futures missions de nologies ou l’accès aux moyens
conquête spatiale, les astronautes
seront confinés de longs mois
dans des espaces restreints. Plu-
sieurs innovations ayant trait à
d’investigations du CNES dans le
cadre de son programme Con-
nect by CNES. « Nous avons plus
de 400 brevets et logiciels exploi-
l’autonomie, aux performances
sportives et cérébrales, ou au
métabolisme peuvent trouver
tables dans de nombreux domai-
nes allant de l’optoélectronique,
aux énergies et télécoms », expli-
une résonance à leurs besoins », que Philippe Baptiste, président
international en Allemagne mais explique Olivier Blin, directeur du CNES. n
aussi au Royaume-Uni avant de
rejoindre Celebrate.
Ce dernier est présenté comme le
leader allemand de la carterie per- LE PROJET CNRS
sonnalisée via son entité papetière
Kartenmacherei. En forte crois-
sance, l’entreprise atteindra cette Comment estimer les
année 100 millions d’euros de chiffre
d’affaires, avec 500 salariés sur qua-
tre sites en Allemagne et, désormais,
limites des actionneurs
à Nantes. Hélène Germain et Gré- l’amplitude maximale jusqu’où
goire Monconduit restent en poste peut être poussé le système.
et réinvestissent même 50 % du Exemple : à quelle vitesse maxi-
montant de la transaction dans la male peut-on faire descendre les
société commune. Au-delà d’une barres de contrôle d’un réacteur
présence dans deux pays, le rachat nucléaire, en cas d’incident ?
Jay Fog/Shutterstock
doit permettre l’échange d’experti- Connaître cette limite évite de se
ses et la possibilité d’accroître les mettre dans une situation dont
investissements dans de nouvelles on ne pourra pas sortir sans
technologies, comme l’intelligence accident… « Cela s’appelle carac-
artificielle. n tériser le vrai domaine de fonc-
tionnement sûr d’un système »,
précise-t-elle. « Savoir quand un
Jacques Henno actionneur va entrer en satura-
@jhennoparis
Un pousse-seringue pour admi-
tion permet à l’organe de con-
trôle d’en tenir compte et de ne
plus envoyer d’ordres risquant
nistrer de l’insuline, les ailerons de tout déstabiliser. »
d’un avion, les vannes des systè-
connecté avec les grands fabricants mes hydrauliques industriels… Nouvelle approche
pour le reste des commandes qui ce sont des actionneurs qui vont Une des façons de procéder est
transitent alors par l’entrepôt de appliquer un ordre calculé par de mener des campagnes de
Lyon, Warmango assurant la un organe de contrôle, afin de tests, ce qui est long, coûteux et
logistique franco de port à partir de modifier le comportement d’un ne permet pas d’aller jusqu’au
150 euros. « Le panier moyen oscille système. On les trouve aussi bout de l’amplitude possible.
entre 800 et 1.000 euros » sur bien dans les satellites que les L’autre méthode, qui consiste à
lequel Warmango prélève une climatiseurs ou les éolien- réaliser des calculs, a été choi-
commission de 15 à 20 %, précise nes…En théorie, ils doivent pou- sie par l’équipe de Sophie Tar-
Lucas Maisse. voir faire face à toutes les situa- bouriech. Avec un collègue du
C’est ce modèle que la market- tions envisageables. Dans la Laboratoire des signaux et sys-
place va exporter en faisant rapide- pratique, « afin d’éviter tout pro- tèmes (L2S), ils ont proposé
ment son nid chez Van Marcke à blème, l’idéal serait de surdimen- dans la revue scientifique IEEE
Courtrai. Et en s’appuyant sur la sionner ces actionneurs afin Transactions on Automatic
notoriété de son nouvel actionnaire qu’ils ne soient jamais pris au Control, une méthode de cal-
pour référencer les fabricants euro- dépourvu », explique Sophie cul utilisant un nouveau type
péens, notamment allemands, qui Tarbouriech, directrice de de fonctions mathématiques,
lui manquent pour couvrir tous les
segments de marché dans la salle
de bains. « Nous en avons 60, il y en a
200 qui nous intéressent », estime
recherche au LAAS-CNRS, à
Toulouse. « Mais pour des rai-
sons d’encombrement, de poids,
de coût ou de consommation
de type Lyapunov. « Cette nou-
velle approche permet des
approximations plus fines qui
vont permettre de se rapprocher
Lucas Maisse. Van Marcke a prévu énergétique, ce n’est pas toujours du vrai domaine de fonctionne-
d’injecter 7 millions d’euros dans possible. » Pour éviter tout inci- ment sûr », détaille Sophie Tar-
les trois ans dans Warmango. n dent, mieux vaut donc connaître bouriech. n
Les Echos Lundi 4 avril 2022
Crédit immobilier : premiers signes
d’attentisme sur fond de guerre et d’inflation
l Les taux d’intérêt des crédits à l’habitat ont encore augmenté en mars, pour atteindre 1,15 %, contre 1,12 % en janvier.
l La production montre des signes de ralentissement, et le conflit en Ukraine préoccupe les emprunteurs.
CRÉDIT
Gabriel Nedelec
@GabrielNedelec
Voilà de quoi susciter le méconten-
tement du gouvernement. Alors
que le ministre de l’Economie et
des Finances, Bruno Le Maire, a
fait de ce sujet un enjeu électoral,
les conditions d’accès au crédit
immobilier, notamment les taux,
poursuivent en effet leur resserre-
ment progressif. Quant à la pro-
duction de prêts, elle commence à
ralentir, signalant potentiellement
un début d’attentisme des ména-
ges dans un contexte d’incerti-
tudes liées à la guerre en Ukraine.
D’après les derniers chiffres de
la Banque de France publiés ven-
dredi, les taux du crédit immobi-
lier ont à nouveau augmenté en
février pour atteindre 1,14 %, après
1,12 % en janvier et 1,10 % en décem-
bre. Pour le mois de mars, l’institu-
tion estime le taux moyen à 1,15 %,
un niveau qui n’avait pas été atteint
depuis avril 2021. Autrement dit, la
tendance s’est inversée par rapport
à l’année dernière, où la baisse
était quasiment continue.
« Vent de pessimisme »
La production de crédits pourrait
elle aussi connaître un inverse-
ment de tendance. Si elle s’est
maintenue en février « à un niveau
é l e vé , à 2 3,8 m i l l i a rd s a p rè s
23,7 milliards en janvier », la
Banque de France anticipe déjà
une « légère baisse » en mars, à
23,2 milliards. « Malgré un début
d’année prometteur sur le marché
immobilier, depuis le 24 février
2022 et la guerre menée par la
Russie en Ukraine, un vent de pessi-
misme souffle sur le marché de
l’immobilier hexagonal », constate
Ludovic Huzieux, à la tête d’Arté-
« Nous souhaitons
que les ménages
puissent continuer
à financer leurs
achats immobiliers
dans des condi-
tions favorables,
c’est le point que
nous surveillons
de plus près. »
BRUNO LE MAIRE
Ministre de l’Economie,
des Finances et de la Relance
Flambée des taux pour les prêts immobiliers aux Etats-Unis
Le prêt à taux fixe à 30 ans
se négociait à 4,67 %
ces derniers jours,
soit 1,5 point de plus qu’au
début de l’année. Un risque
pour le pouvoir d’achat
immobilier des ménages
américains, qui ont déjà
vu le prix des maisons
s’envoler.
Véronique Le Billon
@VLeBillon
— Bureau de New York
Les taux des prêts immobiliers
s’envolent aux Etats-Unis. Le prêt à
taux fixe à 30 ans – le produit le plus
populaire – se négociait en
moyenne à 4,67 % ces derniers
FINANCE&MARCHES
mis Courtage, qui explique que le
sujet du conflit ukrainien revient
dans la plupart des entretiens pra-
tiqués par ses équipes.
« Dans le dernier barème envoyé
par une grande banque française,
celle-ci justifie la remontée de ses
taux notamment par le conflit
ukrainien, assure Sandrine Allo-
nier, porte-parole du courtier
Vousfinancer. C’est une première. »
Les taux du marché
déjà repartis à la hausse
A moins d’une semaine du pre-
mier tour de l’élection présiden-
tielle, le sujet est suivi de près par le
gouvernement. « Nous souhaitons
que les ménages puissent continuer
à financer leurs achats immobiliers
dans des conditions favorables, c’est
le point que nous surveillons de plus
près », avait déclaré la semaine
dernière Bruno Le Maire. Dans
son viseur, le niveau des taux. A
1,15 % en mars, ceux-ci restent
encore historiquement bas. « Avec
un taux immobilier à 1,1 % ou 1,2 %
par an sur 25 ans et une inflation à
près de 3 %, nous sommes toujours
sur des taux réels négatifs », avait-il
dit. Mais la tendance haussière
risque de se prolonger.
Certes, on est encore loin des
taux de plus de 5 % observés au
début des années 2000, voire de
10 % dans les années 1980. Mais le
retour fulgurant de l’inflation
exerce une pression sur le marché.
En mars, elle a atteint 4,5 % en
France, un record depuis décem-
La baisse du taux d’usure pourrait exclure
bre 1985, et 7,5 % dans la zone
euro. La hausse des prix, qui a
démarré dans la foulée de la
des ménages du marché
reprise post-Covid, a été renforcée
par la crise énergétique liée à la La Banque de France hausse des taux du crédit immobi- d’usure, lui, ne sera pas réajusté cela fonctionne. Mais en période de
guerre en Ukraine. De quoi rogner a baissé le taux d’usure, lier qui s’est installée depuis le avant trois mois. « C’est lié à la remontée des taux, l’effet ciseaux
le pouvoir d’achat des Français, c’est-à-dire le taux maxi- début de l’année, les courtiers crai- méthode de calcul », reprend peut rapidement se déclencher. »
qui vont peut-être réfléchir à deux mum auquel peuvent gnent un effet ciseaux. « Certaines Sandrine Allonier.
fois avant de se lancer dans un prêter les banques, à 2,40 % banques ont augmenté leur taux de Un cadre à respecter
projet immobilier… et faire encore pour les prêts de 20 ans 0,20 à 0,45 point, ce qui donne des Car, une fois ajoutés les frais de
monter les taux. et plus. Avec la hausse prêts à 1,75 %, explique Maël La méthode de calcul dossiers ou l’assurance emprun-
La Banque centrale euro- des taux des prêts Bernier, porte-parole de Meilleur- crée un décalage teur, le taux d’intérêt effectif global
taux. En ajoutant l’assurance, le cré-
péenne, qui vise un niveau de 2 %, a à l’habitat, les courtiers dans le temps. (TAEG) dépasse plus facilement le
déjà prévenu qu’elle n’excluait pas craignent un effet ciseaux. dit va sortir des clous et sera refusé. » taux d’usure. Si la banque n’est pas
de remonter ses taux directeurs. Et prête à faire un effort commercial,
les taux du marché (OAT à dix ans) C’est le nouveau chiffon rouge des Situation « aberrante » Le taux d’usure est calculé tous la demande de prêt est rejetée.
sont déjà repartis à la hausse. courtiers. Vendredi, la Banque de Pour Sandrine Allonier, de Vousfi- les trimestres par la Banque de Côté banque, on reconnaît qu’il
« Mécaniquement, nous sommes France a baissé le taux d’usure nancer, la situation est presque France sur la base des taux immo- faut s’adapter à une situation qui
obligés de répercuter cette hausse – c’est-à-dire le taux maximum « aberrante ». « En un an, le taux biliers moyens effectivement pro- n’est pas simple. « Avec la remontée
sur les taux pratiqués auprès de nos auquel les banques peuvent d’usure a baissé de 20 points, expli- posés par les banques durant les des taux du marché, mécanique-
clients, explique un banquier. On prêter – à 2,40 % pour les crédits de que-t-elle. Il y a un an, on emprun- trois mois précédents (proche de ment, nous devons augmenter les
ne peut pas prêter à perte. » Une 20 ans et plus (il a augmenté pour tait en moyenne à 1,25 %, tandis que 1,14 %), augmentés d’un tiers afin de taux que nous pratiquons auprès de
situation qui ne devrait pas réjouir les durées plus courtes). Si, en le taux d’usure était de 2,60 %. tenir compte de la diversité des nos clients pour ne pas avoir une
les banques. En janvier, elles apparence, cela semble être une Aujourd’hui, on est à une moyenne profils. Ce calcul pose deux problè- marge négative, explique un ban-
tablaient sur une année 2022 aussi bonne nouvelle pour les ménages de 1,40 % avec un taux d’usure à mes aujourd’hui, selon les cour- quier. En même temps, nous ne
productive que 2021. qui souhaiteraient acheter, les 2,40 %. » La situation inquiète tiers. D’une part, en période de taux devons pas dépasser le taux d’usure.
courtiers estiment, pour leur part, d’autant plus les courtiers que, au bas, la marge devient très fine. Ce n’est pas un environnement
Lire l’éditorial D’autre part, cela crée un décalage agréable, mais nous n’avons pas le
( Page
d’Alexandre Counis
15
que cela risque d’exclure un
nombre important d’emprunteurs
du marché. De fait, couplé à la
vu de la conjoncture actuelle, les
taux risquent fort de poursuivre
leur hausse, tandis que le taux
dans le temps potentiellement pro-
blématique. « En période de baisse
choix, il faut respecter ce cadre. »
— G. N.
jours, selon Freddie Mac, l’un des ménages en quête de verdure et niveau de sa moyenne historique, à voient ainsi leur pouvoir d’achat les investisseurs, car ils n’ont souvent
grands acteurs de prêts hypothé- d’une pénurie de maisons. Du côté 4,7 %. Beaucoup de ménages ont immobilier fondre, et ils commen- pas recours aux prêts », note Sheha-
caires. C’est 1,5 point de plus qu’au de la construction neuve, l’accès à la profité des taux bas pour renégo- cent à reporter leurs projets. Depuis ryar Bokhari, économiste à Redfin.
début de l’année, et l’accélération la propriété est aussi contraint par cier leur crédit immobilier, mais le quatre mois, les signatures de
plus forte observée en l’espace d’un une inflation des matériaux de dynamisme des revenus risque de contrats pour l’achat d’un logement « Zone de danger »
trimestre depuis plus de trente ans. construction et un allongement des ne pas être suffisant pour compen- sont en recul, note NAR, l’associa- Une situation qui va imposer un
« En mars, pour un logement de prix délais d’approvisionnement. ser la hausse des taux et les nou- tion des agents immobiliers. pilotage fin de la politique moné-
médian, la mensualité d’un prêt veaux prix de l’immobilier. Les Le boom du marché de l’immobi- taire, promise à un durcissement
hypothécaire fixe sur trente ans a Report des projets d’achat Américains candidats à l’achat lier a en outre attiré les investis- pour calmer l’inflation. Si les taux à
augmenté de plus de 170 dollars », Le marché immobilier n’est pas seurs financiers, évinçant les parti- 30 ans montent encore, si les prix se
note Nadia Evangelou, économiste dans la situation qui avait conduit à culiers. Près d’une maison sur cinq tendent ou si les revenus freinent,
« on entrerait dans une zone de
à NAR, qui fédère les agents immo-
biliers.
Deux années de pandémie et une
période de taux bas ont transformé
le marché immobilier américain : il
la crise de 2008, estiment dans une
note les économistes d’Oddo.
« L’encours des crédits immobiliers
représente 49 % du PIB, contre 73 %
en 2008. Cette part a peu augmenté
20 %
DES MAISONS
(18,4 %, soit 80.000 logements)
achetée au dernier trimestre l’an
dernier l’a été par des investisseurs,
note Redfin. C’est deux à trois points
de plus que les années précédant la
danger où le ménage médian ne
pourrait plus financer un achat de
logement », notent les analystes
d’Oddo. « La croissance du secteur
y a deux fois moins de maisons à en 2021, tant la croissance écono- ont été achetées pandémie. « Il est difficile de rivali- ne pourrait plus alors se faire qu’en
vendre sur le marché, et les prix ont mique était forte. » Et le poids de par des investisseurs ser avec des offres entièrement en dégradant la qualité du crédit ou en
augmenté d’un tiers, note le cabinet l’investissement résidentiel dans le au dernier trimestre espèces, et la hausse des taux hypo- augmentant l’endettement ». Une
d’études Redfin. La conséquence de PIB américain se maintient aussi au de l’an dernier. thécaires a un impact moindre sur situation à risque. n
28 // FINANCE & MARCHES
L’étrange rebond des valeurs de la Big Tech
l En dépit de la remontée des taux d’intérêt, les géants américains de la tech sont à la fête.
l Les actions Apple et Amazon ont fortement grimpé depuis la mi-mars.
l Une embellie rapide qui laisse perplexe les professionnels.
BOURSE
Bastien Bouchaud
@BastienBouchaud
Malgré l’invasion russe de l’Ukraine
et le début du resserrement moné-
taire de la Réserve fédérale, la Big
Tech se porte comme un charme à
Wall Street. Les valeurs technologi-
ques ont alimenté le rebond des
marchés boursiers américains
depuis la mi-mars, tirées par les
plus grands groupes de la cote.
Apple, la première capitalisation
mondiale, a ainsi enchaîné 11 séan-
ces consécutives de hausse entre le
15 et le 29 mars. La firme à la
pomme n’avait pas connu une telle
série depuis près de vingt ans, en
2003. Sur la période, elle a grimpé
d’environ 19 %, ce qui correspond à
450 milliards de dollars de capitali-
sation supplémentaire. Apple s’est
ainsi rapproché des 3.000 milliards
de capitalisation, avant de refluer
légèrement ces trois derniers jours.
Une hausse surprenante
Avec Amazon, qui a rebondi pour sa
part de 20 % ces dernières semaines,
les deux poids lourds ont quasiment
effacé leurs pertes sur l’année. Goo-
gle et Microsoft ont pour leur part
grimpé de 11 % depuis leur point bas
de mars, tandis que le fabricant de
semi-conducteurs NVidia a bondi
de 25 %. De quoi soutenir les grands
indices américains : le S&P 500 a
repris 9 % et le Nasdaq Composite
13 % depuis la mi-mars, même s’ils
restent tous deux en perte depuis le
début de l’année.
Les valorisations
élevées du secteur
tiennent en grande
partie des profits
futurs escomptés
par les investisseurs.
Ce rebond impressionnant des
grandes sociétés américaines de la
tech a surpris bon nombre de pro-
fessionnels alors que la Réserve
fédérale a laissé entendre qu’elle
comptait se montrer agressive pour
tenter de juguler la hausse des prix.
« Une inflation élevée et des taux
d’intérêt en hausse entraînent généra-
lement une baisse des multiples de
valorisation », souligne David Older
de Carmignac, un peu perplexe face
au mouvement récent. Dans ce con-
texte, la tech devrait en effet logique-
ment souffrir.
Les valorisations élevées du sec-
teur tiennent en grande partie des
profits futurs escomptés par les
investisseurs. La valeur actuelle de
ces profits est fonction des taux
Les introductions en Bourse à l’arrêt au premier trimestre
BOURSE
Seules 321 sociétés
ont fait leurs premiers
pas sur les marchés
financiers dans le
monde, selon EY.
Laurence Boisseau
@boisseaul
C’est un signe positif pour le marché
des introductions en Bourse. Ven-
dredi, Sanofi et Volkswagen ont tous
deux confirmé vouloir coter leurs
filiales, respectivement Euroapi et
Porsche. « Attention à l’arbre qui
cache la forêt. Seul Volkswagen fera
appel au marché ; Sanofi distribuera
d’intérêt : elle est d’autant plus
grande qu’ils sont faibles. Or, le ren-
dement américain à 10 ans a forte-
ment grimpé depuis début mars,
passant de 1,7 % à 2,4 %, ce qui aurait
dû entraîner une baisse des multi-
ples et donc des cours. Pour le
gérant, « c’est avant tout un rebond
technique, lié notamment à des cou-
vertures de positions vendeuses ».
Après la forte baisse du début
d’année – le Nasdaq Composite a
reculé de plus de 20 % entre le 1er jan-
vier et le 14 mars – des investisseurs
qui pariaient sur la chute des cours
ont décidé d’engranger leurs profits.
Dans le cas des vendeurs à décou-
vert, cela signifie racheter des titres,
ce qui peut alimenter le rebond.
Les marchés américains ont éga-
lement bénéficié des difficultés du
reste du monde. Face à l’impact
délétère de la guerre en Ukraine sur
l’économie européenne et du ralen-
tissement de l’économie chinoise,
« Wall Street a vaincu par défaut :
beaucoup d’investisseurs américains
ont rapatrié leurs fonds aux Etats-
Unis », avance Jacques-Aurélien
Marcireau d’Edmond de Rothschild
AM. Même le plus grand gérant
européen, le français Amundi, pré-
fère lui aussi depuis peu les Bourses
américaines aux marchés du Vieux
Continent. « Avec une inflation aussi
élevée, garder du cash n’est pas tena-
ble, et les obligations sont vulnérables
face à la remontée des taux », ajoute-
t-il. Reste les actions, et notamment
les géants de la tech comme Apple
qui ont prouvé ces dernières années
leur capacité à générer des tonnes
de cash quel que soit le contexte éco-
nomique.
Complaisance
Mais l’engouement retrouvé pour
les marchés américains le laisse lui
aussi dubitatif. « Les investisseurs
font preuve de complaisance vis-à-vis
de l’impact de la guerre en Ukraine »,
juge-t-il. Le S&P 500 et le Nasdaq
affichent tous deux des gains de
plus de 7 % depuis le début de l’inva-
sion russe, alors que les tensions
inflationnistes sont alimentées par
le conflit, via le prix des matières
premières notamment. « Le marché
est positionné de telle manière qu’il a
plus de chance d’être déçu que d’être
positivement surpris à l’avenir, il n’y
a pas de marge de sécurité », prévient
Jacques-Aurélien Marcireau.
En fonction de l’évolution de la
situation en Ukraine et de la dyna-
mique économique aux Etats-Unis,
une nouvelle phase baissière pour-
rait intervenir dans les mois qui
viennent. Les investisseurs seront à
l’affût durant la saison des résultats
du premier trimestre, qui va démar-
rer courant avril. Les perspectives
présentées par les chefs d’entre-
prise pour les mois à venir, en parti-
culier, seront passées au crible. n
juste des actions à ses actionnaires »,
nuance un banquier.
Au premier trimestre, seules 321
sociétés sont entrées en Bourse dans
le monde, selon EY, soit 37 % de
moins qu’en 2021 sur la même
période. Parmi elles, TPG, la société
de capital-investissement, Allego, le
spécialiste néerlandais des bornes
de recharge électrique, ou encore
Hunyvers, un concessionnaire de
camping-cars français. Elles n’ont
levé que 54,4 milliards de dollars,
contre 82 milliards l’an dernier. La
technologie est encore un grand
pourvoyeur d’entreprises pour la
cotation. Mais dans des proportions
moindres, précise EY.
Retour de l’inflation et hausse des
taux ont rendu les marchés nerveux
et les investisseurs prudents depuis
janvier. De nombreuses entreprises
ont différé leurs projets boursiers
prévus au premier trimestre. A Wall
Street, seules 25 sociétés se sont fait
coter. Elles ont levé 2 milliards de
dollars, contre 41,7 milliards au pre-
mier trimestre 2021. En Europe
aussi, les IPO sont en panne. Les
fonds levés ont reculé de 90 %.
Depuis le 24 février, date des premiè-
res attaques russes en Ukraine, la
situation a empiré.
De 60 à 150 jours de Bourse
Quand le marché des IPO se rouvri-
ra-t-il ? « Si l’on se réfère aux dernières
crises mondiales, il faut pour que ce
marché reprenne attendre entre 60 et
150 jours sur le marché américain,
explique Jérôme Renard, patron des
activités de marché (actions) pour
l’UE de Bank of America. Cela
dépend de l’évolution des paramètres
techniques et de l’impact sur l’écono-
mie. Après la chute de Lehman Bro-
thers, en 2008, cela a pris 250 jours.
Après le 11 Septembre, 40 jours, et
après le début de la guerre du Golfe,
environ 60 jours. »
Depuis le 24 février,
date des premières
attaques russes en
Ukraine, la situation
a empiré.
Les conditions pourraient cepen-
dant être réunies pour un redémar-
rage à moyen terme. « 78 % des IPO se
Les boursicoteurs de
WallStreetBets relancent
les « meme stocks »
Les particuliers améri-
cains sont revenus en
force sur les marchés en
mars, avec une appétence
toute particulière pour
leurs paris spéculatifs
favoris. La chaîne de
cinéma AMC s’est envolée
de 45 % en une séance et
GameStop a plus que
doublé de valeur en trois
semaines.
On croyait les boursicoteurs amé-
ricains assagis après la forte baisse
des marchés en début d’année. Il
n’en est rien. Depuis la mi-mars,
les particuliers sont revenus en
force à Wall Street, notamment
sur les grands noms de la tech
comme Apple ou NVidia. Leur
retour a contribué à l’impression-
nant rebond des indices boursiers
américains ces dernières semai-
nes, mais il s’est également accom-
pagné d’un regain d’intérêt pour
les segments les plus spéculatifs
du marché.
Les « meme stocks » en particu-
lier – ces valeurs portées à bout de
bras par une communauté de
petits investisseurs très actifs sur
les réseaux sociaux – affichent de
nouveau de folles envolées. La
chaîne de cinéma AMC en a bien
profité. Sur la seule séance du
28 mars, son cours a bondi de
45 %. Elle demeure en hausse de
plus de 70 % depuis le 14 mars,
malgré quelques séances de
baisse ces derniers jours.
L’autre grand favori des boursi-
coteurs, GameStop, a lui aussi
retrouvé des couleurs : son titre a
plus que doublé de valeur en trois
semaines. Le distributeur de jeux
vidéo, maison mère de la chaîne
Micromania en France, compte
bien en profiter : il a annoncé jeudi
soir son intention de fractionner
son titre, après des annonces simi-
laires de Tesla, Amazon ou Goo-
gle. GameStop et AMC restent tou-
tefois loin des niveaux atteints il y a
un peu plus d’un an.
« WallStreetBets
est de retour »
L’appétit pour le risque retrouvé
des boursicoteurs américains a
entraîné une hausse des volumes
échangés sur les options, des pro-
duits dérivés très utilisés par les
particuliers. « WallStreetBets est de
retour », souligne Giacomo
Periantoni de Vanda Research, un
cabinet spécialiste du suivi des
font quand le VIX [l’indice de volati-
lité établi à Chicago, NDLR] est infé-
rieur à 20 %. Cela ne signifie pas
qu’au-dessus de 20 %, rien ne se passe,
mais autour de 20 %, les conditions
sont réunies pour que les opérations
se passent au mieux », ajoute Jérôme
Renard. Or, après un point haut
début mars à 36,45 %, le VIX est
retombé à 20,55 vendredi.
En attendant, toutes les transac-
tions sur le marché actions au sens
large ne sont pas à l’arrêt. Fin mars,
des actionnaires ont cédé 1 % du
capital du London Stock Exchange
pour 550 millions d’euros. Le fonds
souverain du Qatar a, lui, vendu
1 milliard d’euros d’actions Glen-
core. « Il y a assez d’appétit des inves-
tisseurs pour rendre les cessions de
blocs de titres possibles. Ces opéra-
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
flux des petits porteurs, en réfé-
rence au forum de Reddit où les
boursicoteurs s’étaient organisés
pour s’attaquer aux vendeurs à
découvert sur GameStop en début
d’année dernière. « Une partie des
flux des particuliers s’est dirigée
vers les titres les plus spéculatifs
alors que des investisseurs plus jeu-
nes et plus agressifs » reviennent
sur le marché, explique-t-il. Leur
intérêt pour AMC s’est renforcé
depuis que la chaîne de cinéma a
annoncé avoir réalisé un investis-
sement dans un opérateur de
mine d’or, Hycroft Mining.
AMC a fait état le 15 mars d’une
prise de participation de 22 % au
capital de l’opérateur. Depuis cette
annonce, le titre du groupe minier
s’est envolé de 55 %, alors que les
synergies apparaissent limitées
entre les activités des deux grou-
pes, qui opèrent dans des domai-
nes extrêmement différents.
Le succès des valeurs
cannabis
Un autre segment de marché spé-
culatif a envoûté les boursico-
teurs : les valeurs cannabis ont
elles aussi fortement rebondi
depuis la mi-mars. En cause, une
loi de légalisation de la marijuana
débattue en ce moment au
Congrès américain, qui a toutefois
très peu de chance d’être adoptée
par le Sénat. Le producteur de can-
nabis Sundial Growers a grimpé
de près de 50 % depuis le 14 mars,
alors que son concurrent Tilray
s’est envolé de 60 %.
Reste à voir si ce regain d’intérêt
pour les franges les plus spéculati-
ves de Wall Street va durer. Vu le
contexte macroéconomique com-
pliqué, nombreux sont les profes-
sionnels à en douter. Tout nouvel
accès de faiblesse sur les grands
indices boursiers risque d’être
amplifié sur ces valeurs.
— B. B.
« Une partie
des flux des
particuliers s’est
dirigée vers
les titres les plus
spéculatifs »
GIACOMO PERIANTONI
Vanda Research
tions sont rapides, elles se font en quel-
ques heures, à l’inverse des IPO dont le
marketing s’étale sur des semaines »,
explique Benoît Bout, responsable
de la syndication actions au Crédit
Agricole.
Enfin, en plein conflit, mi-mars,
EDF a lancé une augmentation de
capital de 3,1 milliards d’euros. L’Etat
s’étant engagé sur 2,6 milliards,
seuls 500 millions d’euros étaient à
placer. Les résultats du placement,
qui s’est achevé vendredi, seront
connus le 5 avril. Selon nos informa-
tions, il se serait bien passé. « Le titre
cote bien au-dessus du prix de sous-
cription des actions nouvelles. Il a pro-
fité des propos du président de la
République laissant entrevoir la pos-
sibilité d’une nationalisation partielle
d’EDF », explique un banquier. n
Les Echos Lundi 4 avril 2022
Au cœur des négociations autour de Telecom Italia, la société italienne Open Fiber a obtenu un financement de plus de 8 milliards
de dollars, le plus gros crédit syndiqué en Europe du premier trimestre. Photo Shutterstock
Coup de frein sur les prêts
« jumbo » aux entreprises
BANQUE
En Europe, les crédits
syndiqués se sont
effondrés de 52 % sur
le trimestre, à 115 mil-
liards de dollars, leur
plus bas en vingt ans,
selon Refinitiv.
Anne Drif
@ANNDRIF
Les banques européennes baissent
le rideau. Conséquence de la guerre
en Ukraine, les prêts syndiqués – ces
crédits « jumbo » octroyés aux
entreprises et que les banques se
partagent à plusieurs – se sont effon-
drés de 52 % au premier trimestre en
Europe, à 115 milliards de dollars, un
plus bas depuis 20 ans sur un pre-
mier trimestre, selon les chiffres
publiés vendredi par Refinitiv.
« La guerre en Ukraine a créé de la
volatilité sur les marchés et les ban-
ques sont plus attentistes, explique
Paul Gibbs, coresponsable des opé-
AXA cherche à vendre un gros portefeuille
d’assurance-vie en Allemagne
ASSURANCE
Plusieurs candidats
sont intéressés par
ce portefeuille de
15 milliards d’euros.
AXA veut réduire son
exposition aux risques
de marchés.
Thibaut Madelin
@ThibautMadelin
Après la Belgique, l’Allemagne.
AXA a mis en vente un très gros por-
tefeuille d’assurance-vie outre-
Rhin, selon le quotidien « Handels-
blatt », qui évoque une démarche
similaire de la part de son concur-
rent suisse Zurich. Un premier
round de négociations aurait déjà
eu lieu avec une série de candi-
dats. Le groupe a refusé de com-
menter. Comme pour ses concur-
rations de financement en Europe,
Moyen-Orient et Afrique (EMEA)
chez Citi. Les émissions de dette plus
risquée (high yield) sont difficiles ; les
émetteurs préfèrent repousser leur
opération quand ils le peuvent ; les
conseils d’administration sont pru-
dents sur les opérations de M&A.
Mais les refinancements sur le seg-
ment plus sécurisé (investment grade)
peuvent encore se poursuivre. » Hor-
mis l’Espagne, tous les pays euro-
péens ont été affectés par ce trou
d’air, avec des reculs compris entre
81 % pour le Royaume-Uni, 51 % pour
la France et 64 % pour l’Allemagne.
Redoublement d’attention
sur les sanctions
Les Etats-Unis ne sont pas immuni-
sés. Huit des dix plus gros prêts
syndiqués signés dans le monde ce
trimestre ont certes été conclus
outre-Atlantique, à l’instar du
rachat avec effet de levier (LBO) de
MacAfee pour plus de 10 milliards
de dollars. Mais les banques ont
moins d’appétit. Quelque 523 mil-
liards de dollars de crédits syndi-
qués ont été accordés, un chiffre en
rents, la stratégie d’AXA consiste à
alléger son bilan en se défaisant de
vieux contrats d’assurance-vie
assortis de garanties. En Allemagne,
ceux-ci ont souvent été distribués
dans le passé avec une promesse de
rémunération de l’ordre de 2 % par
an, mais qui peut parfois aller jus-
que 3,5 ou 4 %. Un taux difficile à ser-
vir dans un contexte de taux bas.
Le portefeuille d’AXA porterait
sur des encours nominaux de
l’ordre de 15 milliards d’euros, celui
de Zurich de 20 milliards. Il s’agit
essentiellement de portefeuilles en
extinction, ou « run-off » dans le jar-
gon, c’est-à-dire qu’ils gèrent uni-
quement des vieux contrats. « La
valeur se situe dans les deux cas entre
zéro et 500 millions d’euros », indi-
que une source citée par le quotidien
allemand. Décidé à réduire son
exposition à l’assurance-vie pour se
recentrer sur l’assurance dommage
ou la santé, AXA multiplie les opéra-
tions dans ce sens. Aux Etats-Unis, il
a introduit en Bourse Equitable en
recul de 30 % sur un an. En Europe,
« il y a eu un effet de contagion. Les
quelques dossiers de financement à
l’export russe dans le marché ont été
de facto annulés. De manière géné-
rale, la zone de l’Europe de l’Est et des
pays émergents a été moins active sur
le trimestre », note Laurent Vignon,
responsable des crédits syndiqués
en EMEA de Société Générale.
A cela s’est ajouté, un redouble-
ment d’attention sur les sanctions.
« Les banques prennent plus de
temps pour analyser la conformité
des financements et les termes de la
documentation », souligne Paul
Gibbs. Pas d’alarmisme, cependant
selon Laurent Vignon. « Sur le seg-
ment des financements les plus sécu-
risés, la baisse a été bien moins forte à
la différence de celui des prêts LBO,
quasi fermé, dit-il. Et après l’année
extrêmement active de 2021, nous
anticipions plutôt une stabilité des
volumes qu’une hausse. »
Optimisme pour la suite
Même sur le segment des prêts high
yield, il faut tempérer les craintes,
selon Patrice Maffre, responsable
2019. En Belgique, il a vendu l’an der-
nier un portefeuille de 2,6 milliards
d’euros au réassureur Monument
Re. En Suisse, il a restructuré un por-
tefeuille.
Coûts fixes faibles
En Allemagne, AXA a déjà vendu en
2018 un portefeuille d’épargne
retraite (Pro BAV) à un spécialiste
des portefeuilles en « run-off »,
Frankfurter Leben. Ce dernier
ferait partie des candidats à l’achat
du nouveau portefeuille, selon
« Handelsblatt », tout comme Viri-
dium, qui avait repris sa filiale alle-
mande à Generali, ou Athora, qui
avait été candidat malheureux en
France à la reprise d’Aviva Vie.
Méconnus, ces acteurs ont des
atouts. Comme ils ne vendent pas
de nouveaux contrats, ils doivent
constituer moins de réserves. Ils
ont aussi des coûts fixes faibles et
d e s s ys t è m e s i n f o r m a ti q u e s
modernes et peuvent parfois créer
des synergies avec leurs actionnai-
monde des fonds et responsable
européen financements et solu-
tions chez Nomura. « Si coup d’arrêt
il y a eu depuis fin février, il n’y a pas
lieu de s’inquiéter, dit-il. La valeur des
prêts sur le marché secondaire s’est
très peu dégradée ». A la revente, elle
a en effet atteint 97 % de la valeur
faciale en moyenne, contre 60 %
lors de la crise de 2008 et 80 %
durant celle du Covid en 2020, note-
t-il. Par ailleurs, les fonds de dette
privée restent très actifs.
Sauf escalade de plus dans la
guerre, les banquiers se font opti-
mistes et tablent sur une reprise
après Pâques. « On peut anticiper un
rattrapage avec une reprise des tran-
sactions au second trimestre »,
selon Paul Gibbs. Pour Paul Vignon,
il pourrait même s’agir d’un « fort
rebond » comme après le confine-
ment lié au Covid. Certes, les crédits
syndiqués d’entreprises très expo-
sées à la hausse des matières pre-
mières et aux coûts de l’énergie res-
teront difficiles à financer, mais
certains dossiers ouverts puis refer-
més avant guerre sont réétudiés,
affirme-t-il. n
res, qui sont souvent des fonds
d’investissement. Certains peuvent
en outre bénéficier de leur localisa-
tion avantageuse aux Bermudes.
La concurrence entre eux n’en
reste pas moins féroce et le supervi-
seur est généralement très regar-
dant sur la qualité du repreneur. En
Allemagne, Viridium, qui appar-
tient au fonds Cinven et aux grou-
pes d’assurance Hannover Re et
Generali, n’hésite pas à mettre en
avant une politique de rémunéra-
tion des épargnants plus généreuse
après le rachat de portefeuilles
qu’avant. n
La date
2018
Cette année-là, AXA a déjà
vendu un portefeuille d’épargne
retraite (Pro BAV) en Allemagne.
FINANCE & MARCHES // 29
en bref
American Express victime d’une panne
des deux côtés de l’Atlantique
PAIEMENT American Express (Amex) a subi une série de pan-
nes vendredi, ce qui affecté des clients tentant d’effectuer des
paiements, a rapporté le « Financial Times ». Des clients aux
Royaume-Uni, sur le Vieux Continent et aux Etats-Unis n’ont
pas pu accéder au site Web, à l’application mobile ou au système
de validation, selon des signalements effectués sur le site Down-
detector. Sans plus de précisions, le spécialiste du paiement a
évoqué un « problème de système ». Selon une source proche
mentionnée par le quotidien britannique, la panne n’est pas liée
à une cyber attaque, et la plupart des services affectés étaient à
nouveau disponibles dès vendredi soir à Londres. Effet indirect,
d’autres entreprises proposant des cartes Amex ont elles aussi
dû rassurer sur les réseaux sociaux, à l’image de la compagnie
aérienne KLM conseillant à ses clients incapables d’utiliser leur
carte de « rééssayer dans quelques heures ».
Société anonyme au capital de 574 296 375 €
Siège social : 14-16, rue des Capucines – 75002 Paris – 592 014 476 R.C.S. Paris
Assemblée générale mixte des actionnaires
le 21 avril 2022
Les actionnaires de la société Gecina (la « Société ») sont invités à participer
à l’Assemblée générale mixte (l’« AGM ») qui se tiendra le Jeudi 21 avril
2022 à 15 heures, au Pavillon Cambon, 46 rue Cambon, 75001 Paris.
L’avis de réunion, comportant l’ordre du jour et les projets de résolutions, a été publié
au Bulletin des Annonces Légales Obligatoires (BALO) n°27 du 4 mars 2022.
L’avis de convocation, rappelant l’ordre du jour et contenant les informations utiles sur
les modalités de tenue de l’AGM et de participation à celle-ci, est publié au BALO et dans
le journal d’annonces légales « Actu-Juridique.fr » du 4 avril 2022.
Les documents préparatoires à cette AGM, sont mis à la disposition des actionnaires de
la Société selon les modalités et dans les délais prévus par les dispositions légales et
réglementaires applicables. Les documents visés à l’article R.22-10-23 du Code de
commerce sont disponibles sur le site internet de la Société (www.gecina.fr).
Sur demande écrite adressée au siège de la Société, par voie postale ou courrier
électronique adressé à l’adresse suivante : titres&bourse@gecina.fr, et jusqu’au
cinquième jour inclusivement avant l’AGM du 21 avril 2022, soit le 16 avril 2022, tout
actionnaire pourra demander à la Société de lui envoyer ces documents. Pour les
actionnaires au porteur, elles devront être accompagnées, d’une attestation d’inscription
dans les comptes de titres tenus par un intermédiaire mentionné à l’article L. 211-3 du
code monétaire et financier.
Les actionnaires pourront suivre l’AGM sur le site Internet de la société : www.gecina.fr.
Dans le contexte évolutif de l’épidémie de COVID-19 et de lutte contre sa propagation,
les modalités de tenue et de participation de cette Assemblée peuvent être amenées à
évoluer en fonction d’impératifs sanitaires, réglementaires et légaux. Les actionnaires
sont invités à consulter régulièrement la rubrique dédiée à l’Assemblée Générale 2022
sur le site de la société : www.gecina.fr qui pourrait être mise à jour pour préciser les
modalités définitives de participation à l’Assemblée en fonction des impératifs susvisés.
Le Conseil d’Administration
Contact : Laurent Le Goff – Tél. : + 33 (0)1 40 40 62 69
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE MIXTE DE REXEL
Les actionnaires de la société Rexel sont informés que l’Assemblée générale
mixte se tiendra au Châteauform’ City George V – 28, avenue George V –
75008 Paris, le jeudi 21 avril 2022 à 10h30.
Les actionnaires au porteur peuvent se procurer le dossier de convocation
auprès de leur intermédiaire financier.
Les actionnaires au nominatif sont convoqués par lettre individuelle ou par
voie électronique pour ceux qui ont choisi ce mode de communication.
Les documents et renseignements concernant l’Assemblée générale sont
tenus à la disposition des actionnaires dans les conditions prévues par la
réglementation et la loi en vigueur et sur le site www.rexel.com.
Les actionnaires peuvent également participer en renvoyant leur formulaire
unique de vote par correspondance et par procuration, au plus tard le
lundi 18 avril 2022.
Les actionnaires ont la possibilité de voter par Internet, via le site de vote
électronique sécurisé VOTACCESS et ce jusqu’au mercredi 20 avril 2022
à 15h00. Les actionnaires au nominatif peuvent y accéder via le site
www.sharinbox.societegenerale.com et les actionnaires au porteur
peuvent y accéder via le portail Internet de leur établissement teneur de
compte. Les modalités de vote sont disponibles sur le site www.rexel.com
(Assemblée générale).
Pour toute question :
Documentation disponible sur le site :
www.rexel.com, rubrique Investisseurs
Diffusez vos enquêtes publiques
dans Les Echos
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01 87 39 70 08
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19 mai 2022 et le 20 septembre 2022
Marché des matières
premières agricoles Informations
Les crises qui se succèdent ont un impact
considérable sur la filière agricole.
Comment prendre en compte les facteurs
de fluctuation des prix pour sécuriser sa stratégie
et inscription
d’investissement ?
Une journée pour comprendre le mécanisme de fixation
des prix et les outils nécessaires pour gérer les risques.
30 // FINANCE & MARCHES Lundi 4 avril 2022 Les Echos

SÉANCE DU 01 - 04 - 2022 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CAC 40 : 6684,31 (0,37 %) NEXT 20 : 11293,87 (-0,35 %)

CAC LARGE 60 : 7263,79 (0,32 %)
CAC ALL-TRADABLE : 5080,85 (0,31 %)
DATE DE PROROGATION : 26 AVRIL
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
AIR LIQUIDE (AI) R A 159,36 159,4 + 0,3 + 3,97 MICHELIN (ML) R A 122,9 123,4 + 0,37 - 14,39 GENSIGHT (SIGHT) g B 3,502 3,38 - 3,48 - 39,21 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 187 186,6 - 0,21 - 12,8
437874 159,94 + 7,73 161,32 240860 125,15 + 3,61 155,7 169827 3,526 + 0,54 5,945 44964 188,2 + 8,17 214,4
FR0000120073 17/05/21 2,75 475.335.508 158,22 + 14,2 136,9 1,73 FR0000121261 25/05/21 2,3 178.530.450 122,9 - 4,6 99,58 1,86 FR0013183985 45.977.277 3,35 - 53,19 2,68 FR0000130395 29/09/21 1,85 51.120.858 185,5 + 17,65 163,9 0,99
AIRBUS GROUP (AIR) R A 110,08 111,02 + 0,6 - 1,19 3,4 ORANGE (ORA) R A 10,7 10,778 + 0,69 + 14,5 GETLINK (GET) LR A 16,4 16,63 + 1,74 + 14,22 REXEL (RXL) LR A 19,43 19,205 - 1,16 + 7,71
1099406 111,74 + 6,57 121,1 32,70 4840788 10,824 - 0,13 11,16 1321259 16,79 +17,94 16,79 394891 19,5 + 1,03 21,96
NL0000235190 15/04/19 1,4 786.083.690 109,74 + 10,56 90,24 FR0000133308 13/12/21 0,3 2.660.056.599 10,64 + 2,96 9,368 2,78 FR0010533075 31/05/21 0,05 550.000.000 16,385 + 24,57 13,445 0,3 FR0010451203 29/04/21 0,46 305.716.491 19,155 + 10,76 14,9 2,4
ALSTOM (ALO) R A 21,41 21,09 - 0,85 - 32,45 PERNOD-RICARD (RI) R A 201,1 199,25 - 0,03 - 5,79 GL EVENTS (GLO) g B 16,6 17 + 2,41 - 2,3 ROBERTET (RBT) B 893 887 + 0,68 - 9,03
1671631 21,73 - 1,17 34,77 389207 202,7 + 3,43 217,2 12260 17,08 +10,53 18,6
FR0010220475 02/08/21 0,25 373.303.156 20,95 - 51,6 16,36 1,19 FR0000120693 22/11/21 1,79 261.876.560 199,2 + 23,45 172,2 0,9 205 894 + 3,99 997
FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 16,6 + 18,38 12,44 FR0000039091 29/06/21 5,6 2.173.831 881 - 5,13 772 0,63
ARCELORMITTAL (MT) R A 29,1 29,785 + 1,66 + 5,83 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 55,14 55,08 - 0,33 - 6,96 GROUPE CRIT (CEN) g B 66 66 - 0,15 + 6,45
3502459 29,915 + 5,01 33,015 596012 55,72 - 5,3 66,86 ROTHSCHILD & CO (ROTH) A 36,1 36 + 0,42 - 10,78
989 66 + 7,84 68,1 33416 36,5 + 3,9 42
LU1598757687 10/06/21 0,21 937.809.772 28,72 + 22,4 24,44 FR0000130577 15/06/21 2 253.462.409 54,6 + 6,05 47,25 3,63 FR0000036675 05/07/21 0,5 11.250.000 65 - 5,04 53,9 0,76
AXA (CS) R A 26,6 26,77 + 0,77 + 2,23 RENAULT (RNO) R A 24,125 24,075 + 0,84 - 21,18 FR0000031684 18/10/21 1,04 77.732.512 35,65 + 15,94 29,15 2,89
GROUPE GORGÉ (GOE) g B 18,86 18,66 - 0,53 + 13,92
3819329 26,915 +15,24 29,09 1405218 24,82 - 4,97 38,07 7281 18,86 +24,73 21,35 RUBIS (RUI) G A 26,75 27,03 + 1,35 + 2,93
FR0000120628 07/05/21 1,43 2.357.288.392 26,495 + 16,37 20,985 5,34 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 24,025 - 36,58 20,465 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 18,64 + 15,33 13,2 1,72 DIV 2 28/07/17 180172 27,36 - 2,49 32,3
BNP PARIBAS (BNP) R A 51,91 51,69 - 0,46 - 14,94 SAFRAN (SAF) R A 107,3 106,98 - 0,26 - 0,63 FR0013269123 16/06/21 1,8 102.781.990 26,66 - 34,28 23,44 6,66
3136950 52,4 + 5,63 68,07 607715 107,64 + 3,16 117,2 GTT (GTT) G A 101,9 104,6 + 3,05 + 27,17
105467 105,3 +21,63 105,3 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 372,5 380 + 2,01 - 21,23
FR0000131104 28/09/21 1,55 1.234.331.646 51,45 - 0,88 43,07 3 FR0000073272 31/05/21 0,43 427.242.440 106,26 - 10,6 91,48 0,4 DIV 6 10/05/16 52837 380 +10,27 492,9
FR0011726835 03/11/21 1,35 37.078.357 101,5 + 53,15 75,85 1,29
BOUYGUES (EN) R A 31,72 31,71 + 0,25 + 0,7 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 54,21 54,03 - 0,44 - 12,67 FR0013154002 31/03/22 1,26 92.180.190 369 + 8,66 287,5 0,33
661121 31,95 + 1,44 33,72 1369552 54,51 - 1,17 67,12 GUERBET (GBT) g B 27 26,85 + 1,51 - 28,02
FR0000120503 04/05/21 1,7 382.504.795 31,58 - 7,2 28,53 5,36 FR0000125007 07/06/21 1,33 524.017.595 53,55 + 6,8 45,76 2,46 16750 27 - 6,61 37,95 SAVENCIA (BH) B 60,8 60,8 - 0,65
FR0000032526 29/06/21 0,7 12.641.115 26,5 - 19,97 26 2,61 2931 61,1 - 2,88 67,4
CAP-GEMINI (CAP) R A 202,9 199,85 - 1,31 - 7,26 SANOFI (SAN) R A 92,69 94,14 + 1,76 + 6,28 FR0000120107 17/05/21 1,5 14.032.930 60,8 - 19,79 56,8 2,47
278280 203,5 + 9,51 220,2 1983256 94,29 + 2,36 96,29 GUILLEMOT (GUI) g C 14,6 13,94 - 5,17 - 5,68
FR0000125338 02/06/21 1,95 172.391.524 199,15 + 35,03 164,2 0,98 FR0000120578 05/05/21 3,2 1.263.560.695 92,58 + 11,81 84,94 3,4 47214 14,6 + 8,23 16,62 SCOR (SCR) LR A 29,15 29,04 - 0,51 + 5,83
FR0000066722 16/06/21 0,25 15.287.480 13,88 - 10,98 11,24 1,79 171248 29,48 +2 31,73
CARREFOUR (CA) R A 19,685 19,35 - 1,5 + 20,15 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 153,06 154,38 + 1,46 - 10,48
2478934 19,75 + 9,76 19,75 977106 155,74 +16,11 178,78 HAULOTTE GROUP (PIG) g B 4,18 4,065 - 1,57 - 15,31 FR0010411983 02/07/21 1,8 186.896.376 29,04 - 0,95 22,63 6,2
FR0000120172 26/05/21 0,48 775.895.892 19,35 + 26,89 15,98 2,48 FR0000121972 10/05/21 2,6 569.033.442 151,68 + 17,49 121,6 1,68 11964 4,18 - 7,61 5,64 SEB (SK) G A 126,9 126,2 - 0,32 - 7,82
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 10,946 10,92 + 0,31 - 12,99 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 24,54 24,4 - 0,25 - 19,22 FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 4,05 - 35,17 3,97 50256 126,9 - 1,25 142
4057295 11,042 + 3,25 14,266 3997527 24,95 + 4,99 37,675 HIGH CO (HCO) g C 5,58 5,6 + 12 FR0000121709 25/05/21 2,14 55.337.770 125,6 - 16,48 116,5 1,7
FR0000045072 18/05/21 0,8 3.025.902.350 10,896 - 12,2 8,97 7,33 FR0000130809 25/05/21 0,55 837.124.432 24,4 + 7,58 18,34 2,25 4682 5,6 + 7,69 5,94 SERGEFERRARI GROUP (SEFER) g C 18,02 18,32 - 0,54 + 46,79
DANONE (BN) R A 50,04 50,27 + 0,48 - 7,91 STELLANTIS NV (STLA) A 14,792 14,778 - 0,14 - 11,39 FR0000054231 20/05/21 0,27 22.421.332 5,56 - 1,75 4,63 4,82 6856 18,58 +12,53 19,78
1075685 50,55 - 6,2 58,39 3329796 15 - 3,02 19,348 ICADE (ICAD) G A 58,3 60,35 + 3,43 - 4,36 FR0011950682 28/09/20 0,12 12.299.259 18 +163,6 11,76
FR0000120644 10/05/21 1,94 687.682.489 50 - 13,66 46,475 3,86 NL00150001Q9 19/04/21 0,32 3.119.934.695 14,686 - 2,26 12,16 2,17 153177 60,75 +14,95 66,6 SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 95 91,2 - 2,25 + 21,28
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 44,615 44,34 - 0,84 - 15,24 STMICROELETRONICS (STM) R A 39,635 38,655 - 2,36 - 10,87 0,23 FR0000035081 28/02/22 2,1 76.234.545 58,15 - 4,13 47,86 9245 95 +30,66 95,7
1137118 44,755 + 2,05 52,31 1858223 39,75 + 4,63 45,6 170,10 ID LOGISTIC (IDL) g A 322 323 + 0,31 - 12,11 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 90,8 +102,67 61,4
FR0014003TT8 1.333.925.960 44,06 + 18,4 38,4 1,26 NL0000226223 21/03/22 0,05 911.276.920 38,6 + 16,87 31,8 0,16 1014 325 + 5,38 370
FR0010929125 5.673.788 319,5 + 34,3 277 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g B 1,252 1,308 + 3,98 - 39,58
ENGIE (ENGI) R A 11,952 11,926 - 0,07 - 8,36 1,21 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 346,8 346,3 - 11,66 343720 1,32 -10,66 2,275
5254992 12,146 - 3,71 14,606 9,89 93381 348,6 + 4,15 402,1 IMERYS (NK) G A 39,2 39,4 + 1,03 + 7,83
FR0010208488 24/05/21 0,53 2.435.285.011 11,896 - 1,62 9,789 4,44 FR0000051807 27/04/21 2,4 58.737.600 344,1 + 10,57 296,7 0,69 FR0013006558 118.902.909 1,24 - 57,81 1,17
56123 39,8 + 6,78 42,58
ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 166,5 165,7 - 0,36 - 11,5 THALES (HO) R A 113,5 112,6 - 1,19 + 50,53 FR0000120859 13/05/21 1,15 84.940.955 38,98 - 5,29 31,54 2,92 SOITEC (SOI) G A 171,5 167,15 - 2,31 - 22,33
355198 167,1 +10,69 192,4 420815 114 + 4,07 123,1 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 51591 172,2 +17,05 222,2
INNATE PHARMA (IPH) g B 3,074 3,134 + 1,42 - 29,54 FR0013227113 34.897.013 166,9 - 7,91 127,1
FR0000121667 28/05/21 1,08 442.387.815 164,5 + 19,69 133,6 0,65 FR0000121329 07/12/21 0,6 213.411.309 111,85 + 29,01 74,92 0,53 84090 3,17 + 2,89 4,45
EUROFINS SCIENT. (ERF) R A 90,22 90,94 + 1,15 - 16,42 TOTALENERGIES (TTE) R A 45,965 46,755 + 1,58 + 4,76 FR0010331421 79.728.657 3,07 - 16,11 2,438 SOLOCAL GROUP (PAJ) B 1,222 1,183 - 2,39 - 3,7
255217 91,9 + 0,71 109,8 6071152 46,975 + 5,42 52,5 INTERPARFUMS (ITP) G A 55,1 54,6 - 25,71 413864 1,222 - 8,97 1,92
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 89,68 + 9,08 77,4 0,75 FR0000120271 22/03/22 0,66 2.609.763.803 45,64 + 19,58 43,6 1,41 10398 55,5 -15,61 75,2 FR00140006O9 129.505.837 1,159 - 60,75 1,02
HERMES INTL (RMS) R A 1292 1270,5 - 1,63 - 17,29 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 68,45 68,58 + 0,59 + 11,3 FR0004024222 03/05/21 0,55 57.187.249 54,4 + 13,53 51,3 1,01 SODEXO (SW) LR A 71,56 66,82 - 9,46 - 13,29
51860 1293 + 6,05 1582,5 572419 69,59 + 7,26 72,65 782574 71,74 - 6,73 86,8
FR0000052292 21/02/22 2,5 105.569.412 1267 + 32,81 1060 0,2 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.653.918 67,55 + 0,18 52,04 IPSEN (IPN) G A 113,7 115,5 + 1,94 + 43,48
170740 116,3 + 9,84 116,3 FR0000121220 17/12/21 2 147.454.887 66,32 - 18,99 62,4 2,99
KERING (KER) R A 577,7 575,3 - 0,07 - 18,62 VEOLIA ENV. (VIE) R A 29,11 29,52 + 1,48 - 8,49 FR0010259150 31/05/21 1 83.814.526 113,1 + 56,5 77 0,87 SOLUTIONS 30 (ALS30) A 7,4 7,5 + 1,22 + 5,71
154679 578,1 - 5,95 740,8 1111083 29,66 - 1,01 33,49 553302 7,58 - 4,76 8,25
FR0000121485 13/01/22 3,5 124.692.916 570 - 4,02 523,8 0,61 FR0000124141 10/05/21 0,7 699.725.266 28,99 + 37,04 22,88 2,37 IPSOS (IPS) G A 45 45,5 + 0,66 + 10,3
64552 45,65 +12,21 46,95 FR0013379484 107.127.984 7,314 - 45,77 5,8
L.V.M.H. (MC) R A 650,2 649,6 + 0,03 - 10,65 VINCI (DG) R A 93,71 93,66 + 0,72 + 0,81 FR0000073298 01/07/21 0,9 44.436.235 44,45 + 38,93 36,1 1,98
249915 653,9 + 3,8 758,5 702672 94,3 + 2,38 103,74 SOMFY (SO) A 146,8 147 + 0,55 - 16,57
FR0000121014 30/11/21 3 504.757.339 642,1 + 13,63 543,9 0,46 FR0000125486 16/11/21 0,65 592.881.017 93 + 4,16 80,74 0,69 JACQUET METALS (JCQ) g B 19,66 19,84 + 1,02 - 5,52 8161 147,8 - 3,54 180
6493 19,98 + 3,66 25,6 FR0013199916 08/06/21 1,85 37.000.000 144,4 - 0,14 139,4 1,26
LEGRAND (LR) R A 86,16 87,14 + 0,88 - 15,32 VIVENDI SE (VIV) R A 11,81 11,91 + 0,59 + 0,17 FR0000033904 29/06/21 0,4 23.022.739 19,66 - 2,75 16,32 2,02
419135 87,52 + 4,04 104,45 3174181 12,025 + 7,64 12,21 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 168,2 170 + 0,65 + 7,94
FR0010307819 28/05/21 1,42 267.447.746 85,9 + 9,14 78,18 1,63 FR0000127771 23/06/21 0,6 1.108.561.077 11,81 + 2,93 10,185 5,04 JCDECAUX (DEC) G A 21,4 21,1 - 1,49 - 4,09 21713 170,7 +11,4 172,7
L'ORÉAL (OR) R A 365,05 367,7 + 1,06 - 11,81 WORLDLINE (WLN) G A 39,7 39,31 - 0,44 - 19,79 152368 21,7 -14,78 25,96 FR0000050809 01/06/21 2 20.547.701 168,2 + 18,63 136,9 1,18
349309 370,1 + 6,66 431,95 962186 39,85 - 9,18 52,98 FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 21,06 - 4 18,97
SMCP (SMCP) g B 6,9 6,88 - 0,36 - 6,2
FR0000120321 27/04/21 4 535.412.372 363 + 13,54 322,5 1,09 FR0011981968 280.466.407 38,47 - 45,25 36,78 KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 30,1 29,6 - 1,5 - 19,89 127216 7,045 +12,6 7,98
11669 30,1 - 4,05 38,25 FR0013214145 75.535.338 6,845 + 7 5,045
FR0004007813 02/06/21 1,85 21.313.023 29,6 - 21,38 27,75 6,25
SPIE (SPIE) G A 21,5 21,46 - 0,09 - 5,55
KLEPIERRE (LI) LR A 24,22 24,04 - 0,58 + 15,3 165377 21,74 + 3,27 23,62
746464 24,28 - 2,87 26,88 FR0012757854 23/09/21 0,13 162.916.200 21,4 + 4,17 17,61 0,61
FR0000121964 21/06/21 1 286.861.172 23,7 + 18,42 20,07
SQLI (SQI) g C - 2,34 - 5,19
SRD VALEURS FRANÇAISES KORIAN (KORI) G A 20,8
159567
20,56
21
- 1,82 - 26,15
+14,73 28,76
FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975
+ 3,55 31,2
+ 32,73 25,6
FR0010386334 04/06/21 0,3 105.593.658 20,46 - 32,15 16,12 1,46
LAGARDÈRE (MMB) G A 25,4 25,36 + 0,08 + 4,02 STEF (STF) g B 100 100 - 1,96
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA 74054 25,4 - 0,39 25,5 1057 101 + 4,49 109
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER FR0000130213 14/05/19 1,3 141.133.286 25,32 + 11,82 24 FR0000064271 04/05/21 2,5 13.000.000 100 + 11,11 82,8 2,5
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT SWORD GROUP (SWP) g B 49,1 48,1 - 1,84 + 10,19
LATECOERE (LAT) g C 0,457 0,455 - 0,11 - 14,15
AB SCIENCE (AB) g B 10,32 11,06 + 8,75 - 7,83 BURELLE SA (BUR) A 604 592 - 0,67 - 8,92 114588 0,457 - 4,21 0,564 10513 49,2 +15,49 49,75
139192 11,19 +13,2 13,34 173 612 + 0,34 692 FR0000032278 29/06/07 0,75 530.983.700 0,448 - 51,85 0,367 FR0004180578 07/05/21 4,08 9.544.965 47,8 + 25,26 35,9 9,98
FR0010557264 46.859.446 10,22 - 30,61 7,265 FR0000061137 02/06/21 15 1.757.623 592 - 34,37 500 2,53 LDC (LOUP) A 85,2 86 + 1,18 - 11,16 SYNERGIE (SDG) g B 38,4 37,85 - 0,79 + 3,98
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 7,45 7,42 - 0,14 + 3,92 CARMILA (CARM) g C 14,26 14,76 + 3,07 + 6,49 760 86,2 - 7,33 102,5 7529 38,4 + 9,24 38,4
23887 7,5 + 4,8 7,7 80981 14,76 - 2,51 16,4 FR0013204336 24/08/21 1,8 17.635.433 85,2 - 11,89 85 2,09 FR0000032658 30/06/21 0,8 24.362.000 36,75 + 9,08 31,6 2,11
FR0004040608 07/12/21 0,1 59.328.039 7,42 + 2,49 6,84 1,35 FR0010828137 24/05/21 1 145.614.215 14,18 + 11,82 13,38 LNA SANTÉ (LNA) g B 37 35,4 - 4,32 - 29,62 TARKETT (TKTT) G B 13,16 13,1 + 2,83 - 32,82
ABIVAX (ABVX) g B 24,8 24,15 - 1,83 - 15,41 CASINO (CO) G A 16,77 16,6 - 0,6 - 28,29 15569 37,35 + 7,6 51,4 2307 13,16 -11,49 19,7
9444 24,8 +23,21 29 176133 16,92 +13,85 24,36 FR0004170017 07/07/21 0,2 10.709.416 35,4 - 22,45 31,6 0,57 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 12,8 - 6,7 12,18
FR0012333284 16.692.268 24,15 + 22,34 17 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 16,51 - 41,92 12,625 LECTRA (LSS) g B 43,1 42,4 - 1,62 + 0,95 TECHNICOLOR (TCH) B 3,4 3,37 - 0,88 + 19
ACCOR (AC) LR A 29,28 28,99 - 0,82 + 1,9 CATANA GROUP (CATG) g C 9,37 9,14 - 0,65 + 38,69 16397 43,35 + 2,17 44,85 132393 3,406 +14,39 3,47
542128 29,54 + 1,68 34,58 178937 9,42 +23,68 9,46 FR0000065484 05/05/21 0,24 37.511.651 42,4 + 43,73 35,65 0,57 FR0013505062 235.824.555 3,344 + 18,25 2,546
FR0000120404 10/05/19 1,05 261.856.268 28,92 - 11,32 23,34 FR0010193052 02/03/22 0,13 30.706.178 9,12 +167,25 5,7 1,42 LISI (FII) g A 21,65 21,4 - 1,16 - 24,51 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 346,8 346,3 - 11,66
ADOCIA (ADOC) g B 5,44 5,34 - 2,56 - 34,07 CGG (CGG) G B 1,03 1,047 + 1,01 + 64,44 17472 21,9 -17,05 30,9 93381 348,6 + 4,15 402,1
10772 5,5 - 3,26 8,39 22699216 1,09 +43,47 1,09 FR0000050353 03/05/21 0,14 54.114.317 21,4 - 14,4 19,94 0,65 FR0000051807 27/04/21 2,4 58.737.600 344,1 + 10,57 296,7 0,69
FR0011184241 7.137.521 5,34 - 45,84 3,825 FR0013181864 711.670.269 1,01 + 1,36 0,638 LUMIBIRD (LBIRD) g C 20,9 20,6 - 1,2 - 14,35
4652 20,9 +3 24,1 TF1 (TFI) G A 8,87 8,885 + 0,85 + 1,83
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 136 134,4 - 1,18 + 18,62 CHARGEURS (CRI) g C 20,52 20,24 - 0,59 - 22,33 123105 8,995 + 4,41 9,5
90641 137,05 +11,21 140,3 17269 20,66 + 0,6 26,38 FR0000038242 22.466.882 20,35 + 19,77 17,4
FR0000054900 03/05/21 0,45 210.485.635 8,85 + 13,18 7,47 5,07
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 133,55 + 29,54 110 FR0000130692 15/09/21 0,48 24.594.964 20,2 - 16,29 17,19 2,37 LYSOGENE (LYS) g C 0,77 0,786 + 1,55 - 58,89
95474 0,82 -29,19 2,045 TFF GROUP (TFF) G B 31,2 30,9 - 0,96 + 10,36
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 4,076 4,099 + 0,12 + 5,89 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 621,5 619,5 + 0,16 - 15,14 1102 31,2 +12,36 33,2
1411302 4,174 + 8,96 4,524 EX D OP 08/06/17 7197 625,5 + 1,31 755,5 FR0013233475 17.246.580 0,77 - 72,52 0,73
FR0013295789 05/11/21 0,35 21.680.000 30,9 + 1,64 22,7 1,13
FR0000031122 14/07/08 0,58 642.634.034 4,074 - 20,19 3,011 FR0000130403 30/11/21 3 180.507.516 614 + 19,02 513 0,48 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 17,8 17,75 - 0,73 + 3,44
38819 18 + 3,68 19,44 THERMADOR GROUPE (THEP) B 94,5 95,9 + 1,48 - 5,61
AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 48,9 49 + 0,04 + 1,45 CIBOX INTERACTIVE (CIB) g C 0,12 0,116 + 3,57 + 14,85 826 96,6 + 1,48 106,6
13891 49 + 0,78 49 586723 0,12 +24,73 0,139 FR0000053225 04/05/21 1,5 126.414.248 17,62 - 3,64 15,34 8,45
FR0004180537 28/06/19 0,49 31.210.078 48,9 +110,48 48,28 FR0000054322 10/08/98 114.465.132 0,113 - 50,64 0,082 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 17,26 17,32 - 0,35 - 14,93 FR0013333432 13/04/21 1,82 9.200.849 94,5 + 12,3 90 1,9
AKWEL (AKW) g B 19,8 19,7 - 1,5 - 9,43 CNP ASSURANCES (CNP) G A 21,86 21,82 + 0,09 + 0,32 91029 17,46 -10,35 21 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 24,35 25,35 + 4,32 + 9,03
9113 19,8 + 5,12 25 261319 21,86 + 0,37 21,9 FR0013153541 05/07/21 0,3 45.241.894 17,03 - 8,36 16,93 1,73 EX D S 03/07/17 32450 25,6 + 9,5 25,6
FR0000053027 08/06/21 0,45 26.741.040 19,5 - 35,52 15,02 2,28 FR0000120222 21/04/21 1,57 686.618.477 21,8 + 33,66 21,65 7,2 MANITOU (MTU) g B 25,4 25,7 + 1,98 - 6,72 FR0013230612 21/05/21 0,5 175.679.274 24,35 + 1,4 21 1,97
ALBIOMA (ABIO) Gg A 44 44,4 + 0,68 + 29,52 COFACE (COFA) G A 10,97 11,14 + 1,92 - 11,09 44976 26,15 -14,9 33,65 TRANSGÈNE (TNG) g C 2,5 2,54 + 2,42
FR0000038606 21/06/21 0,6 39.668.399 25,4 - 12,14 24,4 2,34 74239 2,54 +26,37 2,775
49468 44,92 +14,67 46,2 251438 11,34 - 0,27 13,19
FR0000060402 10/06/21 0,4 32.086.669 44 + 4,27 31,14 0,9 FR0010667147 19/05/21 0,55 150.179.792 10,9 + 14,08 8,25 4,94 MAUNA KEA (MKEA) g C 0,604 0,621 + 2,82 - 18,82 FR0005175080 99.546.470 2,49 - 9,61 1,602
91726 0,65 +15,86 0,787 TRIGANO (TRI) G A 132,1 131,7 - 0,23 - 22,98
ALD (ALD) G A 12,02 12,24 + 1,66 - 5,41 COLAS (RE) A 120,5 121 - 4,35 FR0010609263 44.299.635 0,601 - 61,09 0,371
110500 12,26 + 4,08 14,6 526 121 - 0,41 130 12688 134,1 - 9,73 189,9
FR0013258662 28/05/21 0,63 404.103.640 11,98 - 3,77 10,1 5,15 FR0000121634 03/05/21 2,9 32.654.499 120 + 0,83 113,5 2,4 MCPHY ENERGY (MCPHY) g B 19 19,01 + 0,05 - 12,15 FR0005691656 28/09/21 3,2 19.336.269 131,6 - 18,35 110,8 2,43
68023 19,395 +27,84 21,9 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 40,47 40,28 + 0,83 - 6,48
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 13,5 13,4 - 0,15 - 2,9 COVIVIO (COV) G A 72,15 72,85 + 0,98 + 0,9 FR0011742329 27.856.540 18,785 - 42,57 12,51
6321 13,58 - 0,3 15,5 77704 73,1 + 3,39 77,74 567527 40,61 -14,88 54,56
FR0000053324 10/03/20 0,7 50.364.082 13,4 - 16,38 11,54 FR0000064578 26/04/21 3,6 94.724.866 71,75 - 1,39 59,9 MEDINCELL (MEDCL) B 7,5 7,6 + 2,43 - 24 FR0000054470 125.173.504 39,64 - 38,37 37,71
7030 7,64 + 7,95 10,74
ALTAREA (ALTA) G A 154,4 154 - 0,26 - 8,11 COVIVIO HOTELS (COVH) A 15,8 16,15 + 1,89 - 7,98 FR0004065605 25.143.553 7,34 - 33,91 5,55 VALEO (FR) LR A 16,74 16,67 - 0,51 - 37,28
2327 154,4 + 6,21 171,4 271 16,15 + 0,94 18,15 1435731 17,335 - 7,59 28,5
FR0000033219 05/07/21 4,75 20.293.271 152,2 - 0,01 122,6 FR0000060303 13/04/21 0,26 148.141.452 15,8 - 7,09 14,5 MERCIALYS (MERY) G B9 8,965 - 0,33 + 4,61 FR0013176526 28/05/21 0,3 242.574.781 16,575 - 42,5 13,8 1,8
228638 9,035 + 1,47 10,42
ALTAREIT (AREIT) B 650 650 - 0,76 DASSAULT AV. (AM) A 144,4 143,4 - 0,21 + 50,95 FR0010241638 29/04/21 0,43 93.886.501 8,875 - 5,83 7,645 VALLOUREC REG (VK) G B 11,6 12 + 2,92 + 36,36
1 650 - 5,11 700 53007 144,7 + 9,47 145,7 1373121 12,07 +31,43 12,15
FR0000039216 1.750.487 650 + 22,64 635 FR0014004L86 8.348.703 142,8 + 48,99 94,45 MERSEN (MRN) g B 33,5 34,2 + 1,79 - 7,32 FR0013506730 228.928.428 11,5 + 20,71 6,595
31180 34,3 + 8,74 38,4
ALTEN (ATE) G A 138 135,5 - 1,46 - 14,51 DBV TECHNOLOGIES (DBV) g B3 2,938 - 1,48 - 3,96 FR0000039620 06/07/21 0,65 20.820.470 33,25 + 11,95 26,7 1,9 VALNEVA (VLA) G B 15,47 16,225 + 3,74 - 33,78
24149 138,9 + 3,83 163,3 48827 3 +19,87 3,386 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 5,56 5,56 + 1,46 - 16,39 469393 16,24 + 5,56 24,14
FR0000071946 02/06/21 1 34.419.005 135,5 + 32,84 117,6 0,74 FR0010417345 55.095.762 2,908 - 68,34 2,174 106792 5,695 +17,67 7,16 FR0004056851 107.781.582 15,31 + 51,64 11,62
AMPLITUDE SURGICAL (AMPLI) g C 2,55 2,66 + 3,91 + 17,18 DERICHEBOURG (DBG) g B 9,5 9,6 + 1,05 - 5,42 FR0004177046 43.827.988 5,415 + 0,54 3,725 VERALLIA (VRLA) g A 21,7 21,66 + 0,56 - 30,04
30654 2,66 + 7,26 2,66 83400 9,6 + 7,99 12,11 MONCEY (FIN.) NOM. (MONC) B 6350 6350 - 15,33 86981 21,86 - 5,74 31,4
FR0012789667 48.020.841 2,55 + 18,22 1,95 FR0000053381 04/02/22 0,32 159.397.489 9,45 + 31,15 6,855 3,33 4 6350 - 5,93 7900 FR0013447729 01/07/21 0,95 122.289.183 21,42 - 31,19 19,3 4,39
AMUNDI (AMUN) G A 62,45 62,2 - 14,27 DMS (DGM) g C 1,134 1,124 - 1,23 - 7,87 FR0000076986 10/06/21 22 182.871 6350 + 18,69 5750 0,35 VERIMATRIX (VMX) g B 1,096 1,16 + 5,65 - 12,12
EX-DS 15/03/17 154695 62,65 + 5,33 74,5 4967 1,136 - 5,86 1,376 NACON (NACON) B 5,45 5,2 - 4,76 - 2,44 283624 1,21 +17,17 1,358
FR0004125920 13/05/21 2,9 203.074.651 61,9 - 12,15 50,2 4,66 FR0012202497 16.120.556 1,124 - 38,51 0,8 54484 5,49 + 2,36 6,25 FR0010291245 85.520.147 1,096 - 53,04 0,832
ANTIN INFRA PARTNERS (ANTIN) A 29,08 28,78 - 0,76 - 16,58 EDENRED (EDEN) LR A 44,98 44,94 + 0,05 + 10,77 FR0013482791 86.291.410 5,2 - 28,28 4,325 VETOQUINOL (VETO) B 135,2 134,4 + 0,9 + 1,82
19146 29,54 +28,48 35,46 407543 45,4 +11,79 46,26 NANOBIOTIX (NANO) g B 6,65 6,52 - 1,81 - 10,81 1728 135,2 + 1,05 149
FR0014005AL0 174.562.444 28,6 + 19,92 21,14 FR0010908533 14/05/21 0,75 249.351.313 44,78 + 0,42 36,41 1,67 27077 6,71 - 1,73 9,39 FR0004186856 04/06/21 0,5 11.881.902 133 + 31,76 117,6 0,37
ARAMIS (ARAMI) A 7,14 7,05 - 1,26 - 49,86 EDF (EDF) LR A 8,562 8,504 - 0,35 - 14,07 FR0011341205 13/05/19 34.825.872 6,52 - 51,2 5,35 VICAT (VCT) g A 30,85 30,75 - 14,58
82377 7,2 -19,98 14,76 EX-DS 7/03/17 3055414 8,66 +11,65 10,28 NEOEN (NEOEN) G A 38,51 39,03 + 1,06 + 2,28 34261 31,2 + 0,49 39,75
FR0014003U94 82.856.671 7,02 6,96 FR0010242511 11/11/21 0,3 3.238.676.748 8,504 - 22,41 6,659 3,53 275673 39,65 +15,61 39,65 FR0000031775 26/04/21 1,5 44.900.000 30,75 - 27,48 26,8 4,88
ARGAN (ARG) A 114,4 113 - 2,92 EIFFAGE (FGR) LR A 93,6 93,82 + 0,62 + 3,71 FR0011675362 107.056.685 38,37 - 9,15 26,12
VILMORIN & CIE (RIN) g A 44,2 44,5 + 0,68 - 16,98
5354 114,4 + 5,21 121,2 196062 94,4 + 6,73 99,6 NEXANS (NEX) G A 85,5 86 + 1,12 + 0,17 8590 45,2 - 4,61 54,8
FR0010481960 01/04/22 2,6 22.588.545 112,2 + 41,78 101,4 FR0000130452 17/05/21 3 98.000.000 93,2 + 6,98 78,22 3,2 62131 87,05 + 0,29 91,2 FR0000052516 13/12/21 1,6 22.917.292 44,05 - 26,57 37,9 3,6
ARKEMA (AKE) LR A 109,4 108,4 - 0,32 - 12,47 EKINOPS (EKI) g B 6,94 6,8 - 2,02 - 12,14 FR0000044448 19/05/21 0,7 43.755.627 85 + 10,54 69,15 0,81
109281 109,95 - 5,7 134,95 37975 6,95 + 2,26 7,97 VIRBAC (VIRP) G A 362,5 365 + 0,55 - 14,02
NEXITY (NXI) G A 32,1 32,2 + 0,94 - 22,11 4220 366 + 0,83 442
FR0010313833 26/05/21 2,5 74.286.041 108,1 + 3,78 92,1 2,31 FR0011466069 25.727.618 6,7 + 6,25 6 75569 32,46 - 4,51 42,14 FR0000031577 23/06/21 0,75 8.458.000 356,5 + 61,5 327 0,21
ARTMARKET.COM (PRC) g C 8,56 8,56 - 1,72 - 20,59 ELIOR (ELIOR) G B 3,042 2,98 - 1,97 - 53,18 FR0010112524 25/05/21 2 56.129.724 31,8 - 24,63 29,66 6,21
15287 8,68 +12,34 11,9 983309 3,074 -23,16 6,565 NICOX (COX) g B 1,98 1,976 + 0,82 - 22,66 WAVESTONE (WAVE) g B 45,8 45 - 2,17 - 17,28
FR0000074783 6.651.515 8,3 + 27,76 6,1 FR0011950732 07/04/20 0,29 172.444.229 2,98 - 53,03 2,778 40659 1,994 - 4,77 2,95 5117 45,8 + 2,27 54,4
FR0013018124 43.223.135 1,946 - 55,14 1,784 FR0013357621 02/08/21 0,23 20.196.492 44,8 + 28,57 39 0,51
ASSYSTEM (ASY) B 42,8 42,8 + 0,47 + 14,13 ELIS (ELIS) G A 13,4 13,2 - 1,49 - 13,27
OPA 24/11/17 6485 43 +16,46 43 395547 13,44 - 1,2 17,06 NRJ GROUP (NRG) B 6,56 6,58 + 0,31 + 17,08 WENDEL (MF) G A 92,55 92,85 + 0,27 - 11,91
FR0000074148 06/07/21 1 15.668.216 41,7 + 67,19 31,8 2,34 FR0012435121 27/05/19 0,37 224.076.007 13,1 - 7,89 11,29 3968 6,6 +11,9 6,74 48077 93,85 + 5,27 110
FR0000121691 15/06/21 0,21 78.107.621 6,5 + 2,17 5,28 3,19 FR0000121204 01/07/21 2,9 44.747.943 91,95 - 13,87 75,6 3,12
ATARI (ATA) g C 0,18 0,186 + 3,91 - 48,33 ERAMET (ERA) G B 149 153,2 + 2,41 +112,93
6504706 0,195 -14,42 0,378 56940 153,6 +36,06 166 OENEO (SBT) g B 13,55 13,65 + 0,96 - 0,66 WORLDLINE (WLN) G A 39,7 39,31 - 0,44 - 19,79
FR0010478248 459.041.143 0,179 - 74,6 0,166 FR0000131757 29/05/19 0,6 28.755.047 147,6 +155,97 72,55 409 13,7 - 0,66 15,8 962186 39,85 - 9,18 52,98
FR0000052680 05/10/21 0,2 65.052.474 13,55 + 22,31 13,2 1,47 FR0011981968 280.466.407 38,47 - 45,25 36,78
ATOS SE (ATO) LR A 24,8 24,37 - 1,62 - 34,82 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 1,76 1,68 - 2,55 - 20,75
692932 25,04 - 4,17 39,25 112877 1,787 +12,75 2,21 ODET (CIE DE L') (ODET) A 1150 1144 + 3,06 - 13,98
FR0000051732 14/05/21 0,9 110.763.699 24,29 - 58,17 23,18 3,69 FR0011471135 31.018.553 1,67 - 72,14 1,11 620 1154 + 2,14 1345
AUBAY (AUB) g C 60 59,2 - 1,33 - 5,43 ESI GROUP (ESI) g C 69,2 70 + 2,04 - 5,91
FR0000062234 10/06/21 3 6.585.990 1114 + 15,56 996 0,26 AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
6087 60,4 +18,16 63 1056 70 79,8 ORAPI (ORAP) g C 5,78 5,78 - 10,11
FR0000063737 08/11/21 0,34 13.268.796 59 + 40,62 44 0,57 FR0004110310 6.032.492 69,2 + 44,93 64 2296 5,78 +15,95 6,9 EURONEXT (ENX) LR A 83 83,32 + 0,75 - 8,69
FR0000075392 29/04/15 0,13 6.603.605 5,7 - 33,64 4,35 69363 83,72 + 4,15 91,25
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 16,8 16,75 - 0,3 - 37,73 EURAZEO (RF) G A 76,5 77,55 + 1,51 + 0,98 NL0006294274 17/05/21 1,25 107.106.294 82,78 + 4,43 75 1,76
2546 16,85 - 9,46 27,1 115326 77,55 +16,18 80,95 ORPÉA (ORP) G A 39,38 37,38 - 5,08 - 57,57
FR0011040500 16/06/21 0,4 21.602.410 16,75 - 39,31 15,15 2,39 FR0000121121 30/04/21 1,5 79.224.529 76,25 + 16,79 57,9 1,93 577974 39,73 + 4,38 90,56 NOKIA (NOKIA) R A 5,011 5,033 + 1,16 - 9,56 0,3
FR0000184798 09/07/21 0,9 64.640.075 37,29 - 62,94 31,1 2,41 293162 5,052 + 6,63 5,76 17,00
BAINS MER MONACO (BAIN) B 63,8 65,8 + 0,92 - 3,24 EUROPCAR GROUPE (EUCAR) G C 0,495 0,494 - 0,2 - 2,41 FI0009000681 29/07/19 0,02 5.696.261.159 5 + 45,46 4,119
170 65,8 - 3,24 70,2 2720966 0,496 - 1,98 0,509 OSE IMMUNO (OSE) g C 8,6 8,68 + 0,12 - 15,56
MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 63,8 + 1,86 58,2 FR0012789949 21/05/19 0,26 5.014.620.532 0,494 + 78,02 0,486 35653 8,8 +31,52 10,52 SES (SESG) LR 8,236 8,304 + 0,48 + 19,1
FR0012127173 18.527.401 8,56 - 31,87 4,6 961656 8,33 +21,55 8,33
BASSAC (BASS) B 66,8 67 + 0,9 - 5,9 EUTELSAT COM. (ETL) G A 9,87 9,87 + 0,26 - 8,06 LU0088087324 20/04/21 0,34 376.915.302 8,202 + 20,35 6,514 4,82
1067 68,2 + 6,69 71,2 177352 9,965 + 4,11 11,565 OVH (OVH) G A 23,29 23,29 - 0,17 - 8,31
FR0004023208 18/05/21 2,5 16.039.755 66,8 + 17,54 55,4 3,73 FR0010221234 16/11/21 0,93 230.544.995 9,82 - 5,32 8,508 9,42 60634 23,46 + 8,73 28,2 X-FAB SILICON (XFAB) g A 6,94 6,91 - 1,29 - 24,4
FR0014005HJ9 188.532.591 23,1 19,23 104860 7,055 + 4,86 10,1
BELIEVE (BLV) G A 14,54 14,31 - 0,9 - 15,32 EXCLUSIVE NETWORKS (EXN) A 17,256 17,28 + 0,14 - 8,37
34460 14,86 +17,95 17,65 17370 18,96 +17,42 20 PEUGEOT INVEST (PEUG) g A 114,2 113,2 - 0,18 - 8,71 BE0974310428 130.781.669 6,905 - 9,08 5,61
FR0014003FE9 95.957.102 14,26 9,727 FR0014005DA7 91.476.536 17,22 - 13,6 13,5 2683 115 + 9,9 134,2
FR0000064784 17/05/21 2,35 24.922.589 113,2 + 0,71 87 2,08
BÉNÉTEAU (BEN) g B 14,1
61735
14,16
14,42
- 0,42
- 1,39
- 0,56
16,24
FAURECIA (EO) LR A 23,84
964914
23,44
24,52
- 0,89 - 43,96
-20,35 45,16 PHARMAGEST INT. (PHA) g A 87
6301
87,3
88,1
+ 0,81 - 7,13
+17,97 94,8
VALEURS ZONE INTERNATIONALE
FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 14,1 + 18 12,32 FR0000121147 03/06/21 1 151.607.186 23,36 - 50,15 21,86 4,27 FR0012882389 01/07/21 0,95 15.174.125 86,7 - 10,37 67 1,09 GENERAL ELECTRIC (GNE) A 84 83 - 0,98 - 0,6
BIC (BB) G A 45,58 45,7 - 0,04 - 3,42 FDJ (FDJ) G A 36,05 35,28 - 1,89 - 9,4 PIERRE & VACANCES (VAC) g C 6,06 6,13 - 0,65 - 6,27 235 84,3 - 1,43 91,24
29161 46,68 - 1,72 51,9 294741 36,05 - 3,76 39,6 4353 6,19 + 6,24 7,75 US3696043013 USD 07/03/22 0,06 1.101.751.355 82,5 - 7,28 78,14
FR0000120966 31/05/21 1,8 44.677.929 45,56 - 8,6 43,64 3,94 FR0013451333 21/06/21 0,9 191.000.000 35,03 - 8,72 33,48 2,55 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.893.463 6 - 48,75 3,95 HOLCIM LTD (HOLN) A 44 44,6 + 1,41 - 0,34 4
BIGBEN INT. (BIG) g C 14,96 15,1 + 1,34 - 6,67 FERMENTALG (FALG) g C 2,7 2,732 + 1,56 - 12,15 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 16,5 16,47 - 0,18 - 27,95 14506 44,8 + 1,97 50,6
19179 15,22 - 1,95 18,88 41243 2,768 + 7,77 3,22 320280 16,82 - 6,69 24,6
FR0000074072 02/08/21 0,3 19.380.484 14,9 - 25,25 12,6 1,99 FR0011271600 40.461.587 2,7 - 9,54 2,02 CH0012214059 CHF 07/05/21 2 615.929.059 44 - 10,89 38,725
FR0000124570 28/04/21 0,49 147.122.153 16,36 - 47,38 14,5 2,98
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 97,14 98,42 + 1,74 - 21,2 FIGEAC AERO (FGA) g C 5,45 5,4 - 2,53 - 10 SCHLUMBERGER (SLB) A 37,45 38,2 + 1,19 + 43,88 3,45
PLASTIVALOIRE (PVL) g C 5,9 5,88 - 0,34 - 6,67 15079 38,35 +12,68 42,4
92942 98,96 + 2,65 126,3 3210 5,5 -12,2 6,93 DIV 8 02/05/17 2819 5,9 - 3,61 7,34
FR0013280286 04/06/21 0,62 118.361.220 96,56 - 9,66 80,7 0,63 FR0011665280 31.839.473 5,4 4,505 AN8068571086 USD 08/02/22 0,13 1.385.122.304 37,1 + 65,37 26,1
FR0013252186 22/04/21 0,05 22.125.600 5,79 - 27,59 4,925 0,85
BOIRON (BOI) g A 38,75 38,55 - 0,26 + 7,83 FNAC DARTY (FNAC) G A 46,5 46,68 + 0,26 - 18,82 PROLOGUE (PROL) g C 0,281 0,275 - 1,79 - 20,29
8461 38,8 - 8,65 43,05 50664 47,18 - 3,63 60,8 27486 0,281 - 1,43 0,358
FR0000061129 02/06/21 0,95 17.545.408 38,3 + 6,2 34,95 2,46 FR0011476928 05/07/21 1 26.761.118 46,3 - 13,95 42,92 2,14 FR0010380626 91.789.704 0,271 - 34,21 0,22
BOLLORÉ (BOL) G A 4,868 4,872 + 2,48 - 0,98 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 86,4 85,8 - 0,69 + 9,72 QUADIENT (QDT) g B 17,01 16,72 - 1,88 - 12,64
1237658 4,908 +11,9 5,075 76 86,4 - 1,15 88,8 49349 17,02 + 6,23 20,16
FR0000039299 01/09/21 0,02 2.947.446.874 4,81 + 19,29 3,994 0,41 FR0000033409 27/04/21 2,1 42.864.715 85,8 + 38,39 77,2 FR0000120560 04/08/21 0,5 34.562.912 16,63 - 23,44 13,61 2,99
BONDUELLE (BON) g B 16,5 16,52 + 0,12 - 20,77 GECINA (GFC) LR A 114,6 114,5 + 0,18 - 6,83 RALLYE (RAL) A 3,66 3,475 - 2,39 - 31,05
18387 16,62 - 6,14 22,4 116955 115,5 + 7,51 125,15 55285 3,66 +15,07 5,35
FR0000063935 03/01/22 0,45 32.630.114 16,5 - 23,87 14,6 2,72 FR0010040865 01/03/22 2,65 76.572.850 113,8 - 3,46 94,3 FR0000060618 20/05/19 1 52.598.701 3,43 - 52,13 2,82
BUREAU VERITAS (BVI) LR A 26,04 25,56 - 1,47 - 12,41 GENFIT (GNFT) G B 3,63 3,58 - 0,56 - 17,05 RAMSAY GDS (GDS) A 22 22 - 0,45 + 2,8
811855 26,04 + 0,47 29,56 39438 3,63 + 4,99 4,43 259 22 + 1,38 24
FR0006174348 05/07/21 0,36 452.365.453 25,48 + 4,33 23,27 1,41 FR0004163111 49.815.489 3,57 - 10,5 2,804 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 21,9 + 22,91 19,9
Les Echos Lundi 4 avril 2022 FINANCE & MARCHES // 31

ACTIONS ACTIONS ACTIONS

EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES CHANGES COURS AU COMPTANT
VAR. VAR.
01-04-2022 COURS VEILLE ANNÉE
ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %

FR0013341781 2CRSI g C 4,3 4,355 4,22 4,25 - 1,85 3296 FR0000072373 EGIDE g C 1,322 1,328 1,26 1,276 - 3,33 76759 FR0013482791 NACON SAS B 5,45 5,49 5,2 5,2 - 4,76 54484 DOLLAR US 1,104 -0,25 -2,94
FR0014000T90 2MX ORGANIC B 10,1 10,1 9,84 9,92 + 0,56 4305 FR0000120669 ESSO g C 28,5 31,8 28,1 31,3 + 8,68 49811 FR0013018041 NAVYA g B 1,69 1,732 1,624 1,696 - 3,14 528099 LIVRE STERLING 0,842 -0,04 0,29
FRANC SUISSE 1,0223 0,07 -1,30
FR0000076887 A.S.T. GROUPE g C 4,15 4,15 4,02 4,04 - 3,35 1687 FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,2 3,26 3,19 3,26 + 1,88 63305 FR0012650166 NHOA g C 14,74 14,8 14,12 14,7 + 4,55 5294
COURONNE DANOISE 7,4376 -0,02 -0,01
FR0013185857 ABEO g C 16,8 16,8 16,15 16,35 - 2,97 1443 FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 8,03 9,13 8 8,92 + 11,08 20510 FR0010428771 OL GROUPE g C 1,965 2 1,965 2 + 2,04 2892 COURONNE NORV. 9,6516 -0,71 -3,74
FR0012616852 ABIONYX PHARMA g B 2,29 2,29 2,175 2,235 168336 FR0000038184 F.I.P.P. C 0,133 0,138 0,126 0,138 + 7,81 32095 FR0000075392 ORAPI g C 5,78 5,78 5,7 5,78 2296 COURONNE SUEDOISE 10,33 -0,55 0,35
FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,496 0,51 0,491 0,508+ 4,1 8400 FR0011271600 FERMENTALG g C 2,7 2,768 2,7 2,732 + 1,56 41243 FR0010609206 OREGE C 0,88 0,9 0,806 0,85 8816 DOLLAR CANADIEN 1,3798 -0,31 -3,93
YEN JAPONAIS 135,588 0,66 3,55
FR0000076655 ACTIA GROUP g C 4,13 4,13 3,97 4 - 2,44 9610 FR0014005SB3 FORSEE POWER SA B 4,35 4,375 4,3 4,325+ 0,12 14298 FR0012127173 OSE IMMUNO g C 8,6 8,8 8,56 8,68 + 0,12 35653
DOLLAR AUSTRALIEN 1,4733 -0,35 -5,81
FR0013296746 ADVICENNE g C 6,38 6,45 6,15 6,22 - 2,36 18250 FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 46,85 46,85 44,9 46,3 + 2,21 26106 FR0013318813 PARAGON ID g C 30,8 32,2 29,9 30,7 - 1,29 628 ROUBLE RUSSE 94,1203 4,03 10,68
FR0000053043 ADVINI C 18,6 19,3 18,1 19,3 + 3,76 1097 FR0010501692 GENERIX g B 7,08 7,3 7,08 7,26 + 1,4 3276 FR0004038263 PARROT B 4 4,08 4 4,06 + 1,25 4904 ROUPIE INDIENNE 83,9105 -0,12 -0,92
FR0013333077 AFFLUENT MEDICAL B 4,085 4,115 4,065 4,11 + 0,74 786 FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,133 0,133 0,125 0,13 - 1,59 491956 FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 19 19 18,95 18,95 2509 DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,5973 0,08 -3,85
COURONNE TCHEQUE 24,377 -0,16 -1,93
FR0000062465 ALAN ALLMAN C 14 14,45 13,8 14,2 + 2,9 1597 FR0000061459 GERARD PERRIER B 94,6 97 94,6 95,6 + 1,27 725 FR0000053514 PCAS G B 9,34 9,4 9,3 9,3 + 1,97 1900
FORINT HONGROIS 368,089 0,12 -0,35
FR0000053837 ALTAMIR B 26,01 26,245 25,7 25,7 - 2,65 6038 FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 155 159 153 155 + 0,65 610 FR0012432516 POXEL g C 2,24 2,32 2,23 2,23 - 3,04 42835 ZLOTY POLONAIS 4,6445 -0,07 1,17
FR0012789667 AMPLITUDE g C 2,55 2,66 2,55 2,66 + 3,91 30654 FR0004050300 GROUPE OPEN g C 33,5 33,7 33,5 33,5 2152 FR0014004EC4 PRECIA C 32,5 34 32,3 32,3 - 3,58 1642 DOLLAR HONG-KONG 8,6489 -0,23 -2,44
FR0011992700 ATEME g B 12,8 13 12,74 12,74 - 2 2333 FR0004155000 GROUPE SFPI g C 2,98 2,98 2,91 2,91 - 2,35 24743 FR0004052561 PROACTIS C 0,124 0,134 0,124 0,134 - 2,19 2761 WON SUD COREEN 1346,5625 0,13 -0,38
PESO MEXICAIN 21,91 -0,35 -5,98
FR0000039232 AUREA g C 12,2 12,2 11,35 11,55 - 3,35 9998 FR0000066722 GUILLEMOT g C 14,6 14,6 13,88 13,94 - 5,17 47214 FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 2,68 2,775 2,68 2,7 - 0,55 26500 REAL 5,1818 -1,21 -18,20
FR0013183589 AURES TECHNO g C 21,1 21,2 20,7 21 866 FR0004159473 HEXAOM g B 31 31,5 30,6 30,8 - 0,65 4877 FR0013344173 ROCHE BOBOIS SA G B 36 36 35,3 35,7 + 1,13 742 DOLLAR SINGAPOUR 1,498 -0,09 -2,28
FR0013529815 AVENIR TELECOM C 0,009 0,009 0,008 0,009 22947915 FR0012821916 HIPAY GROUP g C 13,8 13,9 13,02 13,14 - 2,67 8208 FR0000060121 SAINT JEAN GROUPE C 19 19,9 19 19,9 + 4,74 917 RAND SUD-AFRICAIN 16,1913 0,07 -10,73
LIVRE TURQUE 16,2099 -0,17 7,02
FR0013258399 BALYO g C 1,19 1,246 1,172 1,178 - 1,01 147378 FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPE g C 9,7 10,95 9,7 10,8 + 10,2 7764 FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 70,5 73,4 70,5 73,3 + 3,39 4224
RENMIBI YUAN 7,0248 0,11 -2,80
FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 40,25 40,3 39,6 39,6 - 1,62 5905 FR0014003VY4 HYDROGÞNE FRANCE G B 32,45 32,9 32,3 32,5 + 0,15 4361 FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 18,02 18,58 18 18,32 - 0,54 6856
FR0000074254 BOURSE DIRECT
FR0010151589 CAFOM
C 3,27
C 10,8
3,41
10,8 10,45
3,19 3,25 + 1,56
10,45 - 3,24
22160
535
FR0000051393 IDI
FR0000071797 INFOTEL g
B 58,8
C 54,2
59
54,2
58
53
58,8
53
+ 1,38
- 1,85
873
664
FR0000074122 SII
FR0004016699 SMTPC
g

g
C 45,3
B 29,3
45,3
29,3
43,2
28,7
43,2
29
- 3,79
- 0,69
3423
1477
TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES
MARCHÉS MONÉTAIRES
FR0012969095 CAPELLI g C 22,6 23 22,5 23 + 1,32 1078 FR0013233012 INVENTIVA g B 10,3 10,38 10,2 10,3 - 0,39 4874 FR0000065864 SOGECLAIR g C 22,9 22,9 22,7 22,7 - 0,87 839 01-04-2022 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN

FR0000072894 CAST g C 4,19 4,3 4,12 4,27 + 2,89 11373 FR0000066607 LACROIX GROUP g C 42,3 42,7 42,3 42,4 676 FR00140006O9 SOLOCAL GROUP B 1,222 1,222 1,159 1,183 - 2,39 413864 ZONE EURO -0,45/-0,75 -0,47/-0,77 -0,47/-0,77 -0,35/-0,65 -0,06/-0,36
FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,82 3,83 3,76 3,805 - 0,13 21650 FR0000032278 LATECOERE g C 0,457 0,457 0,448 0,455 - 0,11 114588 FR0011277391 SPAC g C 0,029 0,029 0,028 0,029 - 0,69 22411 ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE
01-04-2022 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR0000053506 CEGEDIM B 25,6 25,6 24,65 24,65 - 3,14 11933 FR0013233475 LYSOGENE g C 0,77 0,82 0,77 0,786 + 1,55 95474 FR0000063307 TAYNINH C 1,44 1,44 1,44 1,44 645
ALLEMAGNE 100,25 -0,19 0,33 0,42 0,54
FR0000054322 CIBOX INTERACTIVE g C 0,12 0,12 0,113 0,116 + 3,57 586723 FR0000060196 M.R.M. C 1,33 1,35 1,33 1,35 + 1,5 3129 FR0000033003 TOUAX g C 8,24 8,58 8,24 8,5 + 5,72 40517
PORTUGAL 0 0,23 0,33 0,68 0,81
FR0013426004 CLARANOVA SE g B 4,12 4,128 3,992 4,086 - 2,06 253079 FR0012634822 MAAT PHARMA C 13 13,3 13 13 554 FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 26,7 27,1 26,5 27 + 2,27 765 FRANCE -0,01 0,21 0,24 0,26 0,39
FR0004031763 COHERIS g C 2,18 2,2 2,08 2,2 + 2,8 3465 FR0000051070 MAUREL ET PROM g B 4,015 4,325 3,96 4,29 + 5,8 825835 FR0000035784 TRANSIT.EVERGREEN G C 2,82 2,87 2,82 2,87 - 0,35 972 ESPAGNE -0,01 0,39 0,53 0,62 0,89
FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 21,68 22,1 21,4 21,69 + 0,05 4936 FR0000060873 MBWS g C 1,295 1,295 1,28 1,295+ 0,78 1639 FR0000034548 UNION FIN.FRANCE Gg B 19 19,1 18,9 18,9 - 0,26 4704 ITALIE -0,03 0,52 1,35 1,24 1,41
FR0000045213 CRCAM ILLE-VILAINE C 65,44 65,44 64 64,5 - 1,48 548 FR0011742329 MCPHY ENERGY g B 19 19,395 18,785 19,01 + 0,05 68023 FR0000050049 VIEL ET CIE C 6 6 5,98 5,98 + 1,01 3596
FR0007317813 CS GROUP
FR0000062978 DEKUPLE
g

g
C 7
C 29,2
7,18
29,4 29
6,9 7,04 + 0,57
29,4 - 0,34
12939
2456
FR0004065605 MEDINCELL
FR0010298620 MEMSCAP g
B
C
7,5
1,245
7,64
1,245
7,34
1,22
7,6 + 2,43
1,23 - 0,81
7030
3045
FR0000062796 VRANKEN - POMMERY
FR0012532810 WAGA ENERGY
C 18
B 37,6
18,35
38,25 36,3
17,85 18,05 + 1,12
37,05 - 0,94
6387
12970
CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10
INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 151,72 -0,09
FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,134 1,136 1,124 1,124 - 1,23 4967 FR0000077570 MICROPOLE g C 1,275 1,29 1,272 1,286+ 0,86 4499 FR0004034072 XILAM ANIMATION g C 36,8 38,4 36,7 38,2 + 5,23 10916
INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 116,93 -0,73

SICAV/FCP
CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION
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DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET
CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**
MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE

Mirabaud Asset Management

Tél. 058 200 60 01
www.mirabaud.com
marketing@mirabaud-am.com Banque Cantonale de Genève (France) SA
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A la recherche d’une LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 233 31/03 LU0705071701 RAM (L) SF L/S EUROPEAN EQ 157,87 31/03 LU2004923152 SWISS ALL CAPS (CHF) EUR A 149,83 31/03
gestion active de conviction ? LU2004923749 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF) EUR A 131,3 31/03
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à disposition ici www.mirabaud-am.com LU0851564384 DYNAMIC (EUR) A 165,88 31/03

@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à
vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

carnet
PORTRAIT ENTREPRISES trice des systèmes d’information inabouti » paru dans « Les
au sein de la division chimie de Echos Week-end ».
par Julie Le Bolzer XPO LOGISTICS production de Shell.
@JulieLeBolzer Bruno Kloeckner Jade Grandin de l’Eprevier a été
devient directeur général ACCENTURE primée, quant à elle, dans la caté-
des activités en France. Marie Georges gorie « Jeunes journalistes » pour
Il fera partie du comité est nommée responsable
Victoria Benaim, exécutif européen. sustainability, membre du
son article : « Monde d’après :
mondialisation, le retour »,
comité exécutif d’Accenture
repas de plus belle Bruno Kloeckner, 54 ans, est pour la France et le Benelux.
publié dans « L’Opinion ».

titulaire d’un master en admi-

DR

sée : dès qu’elle a su écrire, elle a confectionné un tableau de

nistration des affaires de HEC et
d ’u n m a s t e r e n g e s t i o n e t
Marie Georges, 41 ans, diplômée de
l’IEP de Paris et de la New York Uni- +
Nouveau nom, nouveau logo, nouveau site Internet… Ce
lundi, la société i-lunch, qui entend dépoussiérer le res- répartition des corvées familiales », se souvient sa mère,
finance de l’IAE de Nice. Il a
o ccup é plusieurs p ostes de
versity, est agrégée de lettres
modernes. Elle a fondé le cabinet
Ils sont nés
taurant d’entreprise, fait peau neuve en devenant Fraîche Michèle Benhaim, qui la dépeint comme « fonceuse et direction en Europe de l’Ouest TroisTemps avant de passer les un 4 avril
Cancan. Histoire de « mieux traduire notre côté convivial volontaire ». De fait, Victoria Benhaim a rebondi malgré dans le secteur de la location cinq dernières années chez
en cette période d’après crise », explique Victoria Ben- un parcours chahuté. Après avoir lâché sa prépa HEC, la d’équipements et de véhicules. Deloitte. Associée, elle a notam-
haim, la fondatrice de cette foodtech de 70 personnes.
Lancée en 2017, la start-up avait pris le pari de faire de la
diplômée de la Sorbonne et de Neoma Business School
décroche un poste dans un groupe de gestion immobi-
En 2020, il a rejoint XPO Logis-
tics en tant que directeur géné-
ment été responsable sustainabi-
lity France et Europe centrale. Par
•général
Gilles Bénéplanc, directeur
de Verlingue
cantine « un endroit cool », dixit la Parisienne écolo de lière, tout en développant son propre projet, Liva, un bra- ral adjoint - France, avec la res- ailleurs, elle préside Willa. et Adelaïde, 64 ans.
32 ans, débit et gestuelle sur-vitaminés. Sa recette ? Un celet connecté contenant les informations de santé de ponsabilité des ventes, de la • Robert Bourgi, avocat, 77 ans.
équilibre entre services physiques et numériques, du fait-
maison, de l’antigaspi et du zéro déchet, grâce à des
celui qui le porte. Son employeur devient actionnaire de
« son bébé ». Hélas l’aventure n’aboutit pas. Fin de l’his-
tarification, de la conception de
solutions, de l’approvisionne-
•ex-député
Daniel Cohn-Bendit,
européen, 77 ans.
PRIX
contenants en verre consignés. Au menu : une crois-
sance de 300 % en 2021, martèle la jeune patronne, qui
toire. Là voilà « anéantie, ruinée ». Il n’empêche. L’expé-
rience lui a permis d’observer l’impact de l’alimentation
ment et de la maintenance.
PRIX DU MEILLEUR ARTICLE
•acteur,
Robert Downey Jr.,
57 ans.
reste néanmoins muette sur son chiffre d’affaires.
Cerises sur le gâteau : ses clients vont de Thales à Cas-
sur la santé. ENGIE
Biljana Kaitovic
FINANCIER
Karl de Meyer
•CEO
Michel Emelianoff,
de Visiomed Group, 52 ans.
talie, en passant par Wojo, Nike et Edenred pour des
offres allant de la précommande en ligne aux services
Un zeste de renouveau
La benjamine de quatre enfants, fille d’une mère au foyer
rejoindra Engie au poste
de directrice générale adjointe
Jade Grandin de l’Eprevier
sont les lauréats pour 2022
•directeur
Jean-François Guyomar,
général du groupe
traiteur ou aux frigos connectés. Quant aux effectifs, ils et d’un journaliste hippique, élevée au son de « essaye et tu du groupe, chargée des du Prix du Meilleur Article Orians, 60 ans.
pourraient atteindre une centaine de collaborateurs
d’ici à la fin de l’année. Qu’ils soient diététiciens, cuisi-
verras », repense alors à une lointaine idée. Lorsqu’elle
était stagiaire au Crédit foncier de France, elle se rendait
systèmes d’information et du
digital à compter du 1er mai.
Financier, organisé par
Lire la Société en partenariat
•président
Patrick Jeantet, ancien
du directoire de Keolis,
niers, plongeurs ou livreurs, ceux-ci sont en CDI, au volontiers à la cantine d’entreprise, oasis de produits frais Elle sera membre du comité avec la Banque de France et 62 ans.
siège de Boulogne-Billancourt, dans le laboratoire
d’Ivry-sur-Seine ou dans les entreprises clientes, toutes
dans une vie étudiante trustée par la malbouffe. A son
goût, ce secteur est « old school » et mérite un zeste de
exécutif du groupe. l’Association des journalistes
économiques et financiers.
•65Aki Kaurismäki, cinéaste,
ans.
franciliennes pour l’instant.
Pour se démarquer dans un écosystème de plus en
renouveau, « comme l’ont fait Michel & Augustin en ren-
dant très fun un simple cookie », glisse cette ancienne de
Biljana Kaitovic, 41 ans, est diplô-
mée de l’IAE Aix-Marseille, de
Ils se sont vus décerner leurs
prix, la semaine dernière,
•58Yves
ans.
Laszlo, mathématicien,

plus concurrentiel (« preuve qu’il y a un marché »), Victo-

ria Benhaim veut un positionnement « sain et responsa-
l’incubateur Village by CA. Les investisseurs la suivent
pour i-lunch, puisqu’une dizaine de business angels et de
l’université de Turku (en Finlande),
de celles de Tilburg (aux Pays-Bas)
par les co-présidents du jury,
Sylvie Goulard, sous-
•60India
ans.
Mahdavi, architecte,

ble ». Dès le début d’i-lunch, alors que le Nutri-Score n’est

pas encore entré dans les mœurs, elle « passe les recettes à
fonds, dont la CDC et Temaris présidé par Patricia Barbi-
zet, ont mis au pot à trois reprises, pour un total de
et de Belgrade, en Serbie, où elle a
fait ses débuts d’ingénieure infor-
gouverneure de la Banque de
France, et Emmanuel Cugny,
•diplomate,
Jacques Maire, syndicaliste,
député
la moulinette ». Concrètement, les pâtes à la carbonara 6,5 millions d’euros. Cinq ans plus tard, Victoria Benaim, matique. Elle a ensuite travaillé président de l’AJEF. des Hauts-de-Seine, 60 ans.
sont délestées de crème fraîche et agrémentées de cour-
gettes. Bien qu’elle se définisse comme « peu gour-
qui décompresse via les polars d’Harlan Coben et la
danse, qu’elle pratique depuis l’âge de cinq ans, ne paraît
pour le groupe Shell, occupant des
postes seniors dans le domaine du Karl de Meyer a été primé dans
•CEO
Daniela Riccardi,
de Moleskine, 61 ans.
mande », tous les plats de sa marque passent par son pas encline à se reposer sur ses lauriers. Avec Fraîche numérique et des systèmes d’infor- la catégorie « Journalistes
approbation, « à l’exception des desserts, car je ne suis pas
très sucré ». « Petite, déjà, Victoria se montrait très organi-
Cancan, « un nom qui passe à l’international », elle pour-
rait même avoir des vues sur les marchés étrangers. n
mation aux Etats-Unis et aux Pays-
Bas. Dernièrement, elle était direc-
confirmés » pour son article
« Angela Merkel, un long règne , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

DIRECTEUR DES RÉDACTIONS Muriel Jasor (Leadership et Management) EDITORIALISTES PUBLICITÉ SERVICE IMPRESSION
Nicolas Barré Christine Kerdellant (Idées et débats) Cécile Cornudet, Sabine Delanglade, Les Echos Le Parisien Médias ABONNEMENTS L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi-Libre (Montpellier).
DIRECTEUR DES DÉVELOPPEMENTS Arnaud Le Gal (Les Echos Entrepreneurs Eric Le Boucher, Jean-Francis Pécresse, Tél. : 01 87 39 78 00. LES ECHOS Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 56%.
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PRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH) Henri Gibier Etienne Lefebvre (France et international) Laurent Flallo, Sylvie Ramadier (Le Crible) Corinne Mrejen 60643 Chantilly Cedex. de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002.
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& PRÉSIDENT DE LA SAS LES ECHOS Pierre Louette David Barroux (Entreprises) DIRECTEUR DE CRÉATION Lise Benamou Céline Vandromme
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10, boulevard de Grenelle, CS10817, 75738 Paris Cedex 15 Alexandre Counis (Finance et Marchés) DIRECTRICE ARTISTIQUE ET COMMUNICATION COMMERCIALE
Tél. : 01 87 39 70 00. www.lesechos.fr Daniel Fortin (Les Echos Week-end) Marion Moulin Fabrice Février Emmanuelle Denis
32 //
ENTREPRENEURS
STRATÉGIE Du stade de l’idéation au financement puis à l’accélération, les entrepreneurs peuvent bénéficier de l’aide
d’experts qualifiés. Le but de cette démarche volontaire : pérenniser son projet, monter en compétence et optimiser sa croissance.
L’accompagnement, la clé
pour grandir plus vite et plus fort
Mehdi Bouzouina
ans l’accompagnement de
S notre accélérateur, ça aurait
été difficile de grandir aussi
vite ! » C’est le constat sans équivo-
que d’Aude Guéneau, cofondatrice
de Plume en 2018. Professeure de
français, elle a l’idée de créer un logi-
ciel pour donner le goût de l’écriture
aux enfants. Difficile pour la jeune
fonctionnaire de se mettre dans la
peau d’une cheffe d’entreprise :
« Lever des fonds, structurer les res-
sources humaines, communiquer…
Autant de sujets pour lesquels je
n’étais pas armée et je ne savais pas
par où commencer. »
Avec ses deux associés, elle solli-
cite des entrepreneurs à succès qui
l’aiguillent vers l’accélérateur
Wilco. Aujourd’hui, Plume a signé
des partenariats avec de grands édi-
teurs et compte quinze salariés.
Comme Aude Guéneau, de plus
en plus d’entrepreneurs se font
accompagner pour augmenter
leurs chances de pérenniser leurs
projets. Les premières années sont
décisives. Selon l’Insee, 39 % des
entreprises créées en 2014 n’étaient
plus actives cinq ans plus tard.
Sortir de sa solitude
« Les entrepreneurs n’ont pas assez
recours à des experts qualifiés », juge
Guillaume Mortelier, directeur exé-
cutif chez Bpifrance chargé de
l’accompagnement. Selon le réseau
BGE, seuls 15 % des entrepreneurs
seraient suivis au long cours.
Réseaux, incubateurs, pépinières
d’entreprises, accélérateurs…,
beaucoup d’entrepreneurs s’adres-
sent à ces structures avant tout pour
trouver des financements ou des
Corneille fait son nid dans l’edtech grâce aux incubateurs
La start-up d’apprentissage
de la lecture pour les 3-8 ans
a bouclé un tour de table de
500.000 euros. Les cofonda-
trices racontent leur par-
cours auprès des structures
qui les ont accompagnées.
Ophélie Colas des Francs
evenir un équivalent numé-
D rique du magazine pour les
enfants J’aime Lire. L’objec-
t i f n e m a n q u e p a s d ’a u d a c e .
Marianne Joly et Ana-Maria Mege-
lea ont déjà posé avec succès les pre-
Un réseau BtoB performant
Avec +17% de CA 2021 vs 2020.
+ de 600 k€
C’est le chiffre d’affaires moyen
réalisé dès la 2ème année.
« Nous organisons des rencontres régulières entre entrepreneurs locaux, anciens dirigeants, banquiers et collectivités »,
détaille Patricia Lexcellent, directrice générale du réseau initiative France. Photo iStock
aides matérielles. Ils y bénéficient
aussi du soutien de personnes com-
pétentes aux moments clés du
développement de l’entreprise.
« J’ai vite compris qu’il fallait parler
des aspects techniques du projet à des
experts qualifiés », abonde Aude
Guéneau. Les ateliers organisés par
l’accélérateur sectoriel de Wilco lui
ont permis de préparer sa levée de
fonds et de boucler un tour de table
de 2,7 millions d’euros en mai 2021.
Cofondateur de la plateforme
Connecting Food, Stefano Volpi
est passé par Wilco. « Ce ne sont pas
des cours théoriques de marketing ou
de vente, mais des cas d’usages con-
miers jalons vers le Graal de la lec-
ture version numérique. Corneille,
leur plateforme d’apprentissage
des lettres créée en 2020, a levé
500.000 euros en amorçage. Avec
ce tour de table réalisé auprès de
WeLikeAngels-Investessor, Badge
(Business Angel des Grandes Eco-
les), Arts et Métiers Business Angels
et Bpifrance, l’edtech va pouvoir
recruter, développer son contenu et
s’implanter à l’international.
Marianne Joly et Ana-Maria
Megelea sont deux mères de famille.
« Les enfants apprennent naturelle-
ment par le jeu. Nous avons eu l’idée
Prêt à défendre le capital-toit
crets, insiste-t-il. Ils nous ont permis
de monter en compétence sur des
sujets comme l’optimisation des
cycles de vente en B to B et de signer
nos premiers gros clients. » L’entre-
Selon le réseau BGE,
seuls 15 % des entre-
preneurs seraient
suivis au long cours.
preneur et son associée sont mem-
bres de Réseau Entreprendre, du
ShakeUp Factory et d’un réseau
régional French Tech.
de créer une application pour appor-
ter du temps d’écran intelligent »,
résume Ana-Maria Megelea. L’idée
est là. Reste à la concrétiser : créer
une plateforme, du contenu et,
accessoirement, une entreprise.
Amorcer des synergies
Les cofondatrices prospectent du
côté de Station F, puis postulent
auprès de Village by CA. Elles n’y
entreront pas mais feront, dans le
jury, une rencontre capitale, une
chercheuse en sciences cognitives
spécialiste de la dyslexie. Depuis,
l’universitaire est au cœur du projet.
avec
www.franchise-attila.fr
L’accompagnement permet aussi
à l’entrepreneur de sortir de sa soli-
tude. La tête dans le guidon, celui-ci
peut vite se sentir isolé face à des
situations difficiles. D’autant plus s’il
n’a pas d’associé, comme c’est le cas
pour les deux tiers des entrepre-
neurs en France selon l’Insee.
« L’entrepreneur ne peut pas tou-
jours se confier à sa famille ou à
son comité de direction, résume
Guillaume Mortelier de Bpifrance,
dont les programmes d’accélération
spécialisés par secteur promeuvent
un esprit de camaraderie. Dans les
promotions, les entrepreneurs échan-
gent des conseils pertinents, et finis-
« Il est utile de postuler dans plu-
sieurs incubateurs, témoigne Ana-
Maria Megelea. On y noue des con-
tacts dans les commissions, les
jurys. » Elles poseront leurs valises à
Plaine Images, l’incubateur des
industries créatives qui fédère
1.800 professionnels, à Lille. Ana-
Maria Megelea y rencontre les per-
sonnes clés pour concrétiser le pro-
jet : une graphiste, un développeur,
un game designer… « La plupart
sont des free-lances qui travaillent
sur des projets coup de cœur mais
veulent garder leur indépendance »,
poursuit la cofondatrice de Cor-
sent souvent par travailler ensem-
ble. » Un constat que partage Stefano
Volpi. « Nous sommes allés voir
Réseau Entreprendre un peu à recu-
lons », avoue l’entrepreneur. Et pour
cause, les deux cofondateurs ont fait
carrière dans l’agroalimentaire et en
connaissent le moindre recoin.
« Nous avons rencontré au sein de
Réseau Entreprendre des personnes
passionnées, bienveillantes et qui
nous ont challengés », reconnaît le
quinquagénaire, qui mentore à son
tour des jeunes pousses.
Pour lutter contre la solitude de
l’entrepreneur, Initiative France met
en place des communautés au
neille, dont l’équipe totalise désor-
mais dix personnes. Au sein de
l’incubateur, les deux femmes assis-
tent à des ateliers sur la propriété
intellectuelle et le RGPD.
M a r i a n n e Jo l y i n t è g r e , e n
avril 2021, le programme d’accom-
pagnement Femmes Entrepreneu-
ses d’Orange. Elle y rencontre
Marie-Catherine Boinay, ancienne
directrice financière chez Danone
et business angel. Les deux cofon-
datrices approchent ainsi les
réseaux de business angels et bou-
clent leur levée de fonds. Parallèle-
ment, elles rejoignent l’accélérateur
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
niveau des territoires. « Nous organi-
sons des rencontres régulières entre
entrepreneurs locaux, anciens diri-
geants, banquiers et collectivités,
détaille Patricia Lexcellent, direc-
trice générale du réseau. Il ne faut
pas rester seul, surtout les trois pre-
mières années. »
Diversifier les structures
Pour trouver la structure qui lui
convient, l’entrepreneur ne doit pas
hésiter à en tester plusieurs. Avant
de s’épanouir au sein d’un accéléra-
teur et d’un espace de coworking
spécialisé dans les mobilités, Jérô-
me-Aristide Gaymard a vécu une
première mauvaise expérience.
« J’avais l’impression de perdre mon
temps avec un manque d’écoute per-
sonnalisée », explique le cofonda-
teur de Virvolt, une start-up qui
électrifie les vélos. Il conseille de pri-
vilégier les formations en one-to-
one, avec des mentors dédiés.
L’accompagnement est rare-
ment le fait d’une seule structure.
Pour BGE, par exemple, c’est une
mission locale de collectivité ou
Pôle emploi qui identifient un
besoin. « Notre première tâche, c’est
d’informer et d’orienter les entrepre-
neurs, précise Danielle Desguées,
qui dirige l’antenne francilienne du
réseau. Nous les aidons à se fixer un
plan d’action et à garder le cap de la
rentabilité. » Puis, les jeunes pous-
ses sont mises en contact avec Bpi-
france ou Réseau Entreprendre
pour un premier financement.
En 2021, neuf entreprises sur dix
accompagnées par Initiative
France étaient encore actives au
bout de trois ans. De quoi convain-
cre les entrepreneurs qui hésitent
encore à faire le pas. n
IoT de La Poste. Les cofondatrices
espèrent y amorcer des synergies
avec d’autres entreprises, en parti-
culier avec l’edtech Pronote rache-
tée par La Poste en 2020. « C’est un
écosystème différent de celui de
Plaine Images. Ici, ce n’est pas tant un
lieu qu’un réseau. Les interventions
sont d’excellente qualité avec des
experts opérationnels qui ont une
vraie vision marketing et branding »,
explique Ana-Maria Megelea.
Quelque 80.000 familles ont déjà
utilisé l’application. L’enjeu est
maintenant de les convaincre de
s’abonner et d’élargir l’audience. n
Les Echos Lundi 4 avril 2022 ENTREPRENEURS // 33

FORMATION TUTORAT

La fondatrice de Dégaine Care a suivi Cearitis s’appuie sur tous les écosystèmes,
le bootcamp de Goldup et Braun de la création à la commercialisation
Le programme « La beauté ché : 990 euros). Le fait d’avoir un Marion Canale et beaucoup d’agritechs, l’innovation
d’entreprendre » a aidé regard neuf et d’être conseillé par Solena Canale Parola de Cearitis nécessite plusieurs
Agnès Sanso à développer d’autres entrepreneuses et experts est n’avaient pas d’expérience années de recherche et développe-
la notoriété de son site. essentiel. » entrepreneuriale. L’accom- ment avant de pouvoir entrer en
pagnement a permis de phase de commercialisation. Une
Mallory Lalanne Incarner la marque pérenniser leur agritech. période durant laquelle les revenus
Ces échanges ont permis à la cheffe sont donc limités aux prêts et aux
Par quoi commencer ? Comment d’entreprise de revoir sa stratégie de Mehdi Bouzouina subventions. Les deux entrepre-
promouvoir son activité ? Com- communication : « Je me suis rendu neuses, pragmatiques, suivent
compte que je ne valorisais pas suffi-
Dégaine Care
ment rendre visible ces produits Créée il y a tout juste deux ans, donc la piste du financement.
sans dépenser trop d’argent ? Lors- samment les éléments différenciants Cearitis est l’une de ces start-up

qu’elle a fondé en janvier 2020
Dégaine Care, une marque de cos-
métiques engagée, Agnès Sanso
s’est posé toutes ces questions.
Après cinq années passées à étudier
le droit, la jeune femme donne vie à
sa première collection de produits
– une crème, un démaquillant et un
correcteur — qu’elle présente dans
un premier temps à ses proches,
avant de se lancer dans la vente en
ligne en précommandes. Confron-
tée à de l’anxiété, l’entrepreneuse de
27 ans a créé l’association Buddy en
octobre 2021 pour sensibiliser et
déstigmatiser la santé mentale des
jeunes adultes.
Au bout d’une année de travail en
solo, Agnès Sanso a besoin de sou-
tien : « Je me suis retrouvée confron-
tée à deux grosses problématiques : la
distribution des produits et l’engage-
ment de la communauté autour de la
santé mentale. Je ne me sentais pas de
porter toutes les casquettes et de déve-
lopper autant de compétences toute
seule. »
Agnès Sanso se rapproche de
Goldup, un programme d’accom-
pagnement en ligne dédié aux fem-
mes pour suivre le tout premier
bootcamp « La beauté d’entrepren-
dre », créé par Goldup avec Braun,
de mes produits, comme le fait de tra-
vailler avec des plantes adaptogènes
sélectionnées pour leur action théra-
filiale du groupe Procter & Gamble. peutique. Pour que les gens adhèrent
Sur cinq demi-journées, suivies à à une vision au-delà d’un produit, il
l’automne dernier, elle alterne faut mieux incarner la marque et
conférences, travail en groupe expliquer ses valeurs. »
et ateliers créatifs pour poser les Suite à la formation, Agnès Sanso
jalons de sa stratégie de commu- décide de partager davantage de
nication. témoignages de clients, de vidéos
pour parler de son projet et d’orga-
Pouvoir se remettre niser des jeux concours sur les
en question réseaux sociaux. Une première
« Ces journées d’immersion offrent étape avant d’envisager la mise en
un environnement de confiance dans place d’une campagne Facebook
lequel on partage ses craintes, ses Ads plus coûteuse.
bonnes pratiques, et on obtient des L’entrepreneuse souhaite désor-
coups de pouce en marketing, en mais continuer à développer sa
finance, en communication. Cela gamme de pro duits, entre le
amène les entrepreneuses à se remet- maquillage et le soin. D’ici un an,
tre en question », rapporte Jamila elle envisage de commercialiser
Belabidi, directrice des achats chez une dizaine d’articles de beauté
Procter & Gamble.
Ce que recherche par-dessus tout
Agnès Sanso, ce sont des conseils
pour développer sa visibilité et dif-
fuser ses produits. « Lors des ateliers
organisés en petits groupes de cinq
personnes, nous partons de la problé-
dans des concept-stores. « Je veux
renforcer mes engagements d’un
point de vue santé mentale, redonner
confiance et libérer la parole des jeu-
nes générations, tout en donnant de
l’ampleur à la dimension associative
du projet. Cela me tient à cœur »,
matique d’une entrepreneuse et ten- explique Agnès Sanso, qui ambi-
tons de trouver des solutions, relate tionne de reverser 1 % du chiffre
celle qui a déboursé 490 euros d’affaires de Dégaine Care à l’asso-
pour suivre le bootcamp (prix affi- ciation Buddy. n
qui ont fait le déplacement au
Consumer Electronics Show de
Las Vegas. L’entreprise, basée à
Evry, a même remporté un CES
Innovation Award dans la catégo-
rie durabilité, écoconception et
énergie intelligente. Cette promet-
teuse agritech est la première
expérience entrepreneuriale de
deux cousines associées. « Sans
l’accompagnement, ça aurait été
quasiment impossible pour nous
d’arriver là si vite », résume Solena
Canale Parola, cofondatrice.
En 2017, encore étudiante en
biologie, Marion Canale a l’idée
d’une solution écologique pour
que la mouche de l’olivier ne ponde
pas dans les fruits, les rendant
impropres à la consommation.
Elle imagine une solution répul-
sive à pulvériser sur les arbres et
une solution attractive qui oriente
les ravageurs vers un piège.
Un dispositif qui permet aux
oléiculteurs d’éviter l’usage des
pesticides tout en protégeant leurs
oliviers. Après plusieurs tests con-
cluants, la petite-fille d’oléiculteur
convainc sa cousine, qui se destine
au marketing, de rejoindre l’aven-
ture. Très vite, les deux cousines
de 25 ans sollicitent de l’aide.
Cearitis
« Tout était nouveau pour nous :
être accompagné, c’est aussi sortir la
tête du guidon », analyse Solena
Canale Parola. Business model,
création de la structure juridique,
expertise technique…, les associées
ne savent pas par où commencer.
Elles se tournent alors vers le Geno-
pole d’Evr y, spécialisé dans
l’accompagnement des biotechs.
Les deux femmes ont ainsi accès
aux services d’une pépinière
d’entreprises et à un laboratoire.
Cela leur permet d’avancer à la fois
sur le plan stratégique et celui de la
recherche. Il est facile de se perdre
dans la variété de structures
d’accompagnement. Comme pour
« Etre
accompagné,
c’est aussi sortir
la tête du guidon. »
SOLENA CANALE PAROLA
Cofondatrice de Cearitis
Partager très tôt son projet
« C’est en cherchant des fonds qu’on
a découvert Réseau Entreprendre
e t Wi l c o » , r a c o n t e S o l e n a
Canale Parola. Grâce au premier,
el l es o bt i ennent u n p rêt de
30.000 euros dès 2020. L’année
suivante, l’accélérateur parisien
Wilco octroie un prêt de
80.000 euros à Cearitis. Le pro-
gramme donne pour objectif aux
start-up sélectionnées d’atteindre
le million de chiffre d’affaires en
trois ans. « C’était essentiel de par-
ler très tôt de notre projet avec
d’autres entrepreneurs et experts de
notre secteur », juge Solena Canale
Parola. C’est aussi pour cette rai-
son que Cearitis est intégré au Vil-
lage by CA de Châteaudun, dédié
aux agritechs.
Pour se rapprocher de leur mar-
ché, les entrepreneuses ont aussi
fait le choix d’être accompagnées
par la technopole de l’Arbois, près
d’Aix-en-Provence. « Nous souhai-
tions avoir une implantation au
plus près des oléiculteurs, qui sont
tous dans le Sud », justifie Solena
Canale Parola. Son dispositif de
répulsif contre la mouche de l’oli-
vier devrait être commercialisé
d’ici à la fin de l’année 2022. n

« Un entrepreneur sait
rarement ce dont il a besoin »
Réussir son projet Quel est le rôle de votre asso-
entrepreneurial nécessite ciation dans cet écosystème ?
le soutien de profession- La Boussole des Entrepreneurs est
nels. Clémence Boxberger, une association qui regroupe envi-
directrice générale ron 80 structures d’accompagne-
de La Boussole ment partout sur le territoire et
des Entrepreneurs, répond d’origines diverses : publiques, aca-
aux questions essentielles démiques, privée, corporate… Notre
avant de se lancer. rôle auprès des entrepreneurs est de
rendre l’offre plus lisible, de leur
Propos recueillis par donner des outils pour mieux
Yves Vilaginés s’orienter vers l’accompagnement
qui leur conviendra le mieux.
Benjamin Boccas

Nous essayons aussi de fédérer

Q ue peut attendre
un entrepreneur
d’un incubateur ou
d’un accélérateur ?
L’accompagnement a pour pre-
mier objectif l’« empowerment ».
Un incubateur ne fait pas à la
place de l’entrepreneur. Il est
comme un maïeuticien, il aide à
accoucher du projet. Car le
moteur intrinsèque d’une aven-
ture entrepreneuriale est à l’inté-
rieur même de l’équipe. Ensuite, il
est comme un jardinier, il aide
l’entreprise à grandir.
Certains croient qu’on peut
industrialiser l’accompagne-
ment, qu’il suffit
d’appuyer sur un CLÉMENCE
bouton. Ils se BOXBERGER
trompent. L’inno- Directrice générale
vation, c’est de la de La Boussole des
R&D. Il n’y a pas de Entrepreneurs
méthodologie
packagée duplica-
ble à l’infini. Un
accompagnement est avant tout
une relation entre individus, et ça
commence toujours par un dia-
gnostic parce qu’un entrepreneur
sait rarement ce dont il a vraiment
besoin.
La réussite dépend aussi de cha-
cun. La posture de l’entrepreneur
est déterminante : savoir qu’on ne
sait pas tout, qu’on ne peut tout faire plus en plus souvent au multi-ac-
seul quand bien même on a des
associés. L’émulation collective
créée au sein d’un incubateur
cet univers. Entre membres, nous
échangeons des bonnes pratiques
et des expertises. Les entrepreneurs
sont aujourd’hui mieux formés à
l’entrepreneuriat. L’accompagne-
compte également : être entouré de ment nécessite d’être plus person-
gens comme soi, être motivé par les nalisé, adapté au projet de chacun,
autres. moins collectif donc. Nous
essayons aussi de faire changer le
Comment choisir regard sur ce qu’est le succès d’une
un incubateur ? start-up. On a aujourd’hui trop ten-
Pour commencer, il faut compren- dance à le réduire au financier, au
dre l’intérêt d’être accompagné, et montant de la valorisation. Mais il y
décrypter l’écosystème. Il faut aussi a d’autres critères : l’innovation,
se renseigner sur la structure que l’impact, la gouvernance…
l’on envisage, ne pas hésiter à solli- Enfin, nous sommes aussi en lien
citer des start-up qui y ont déjà été avec l’écosystème : la French Tech,
accompagnées. Bercy, CCI France. Nous créons des
Le « matching » liens pour que les pouvoirs publics
entre contenu et qui sont les principaux financeurs
besoins est essen- de l’accompagnement identifient
tiel. mieux nos propres besoins, en par-
L’univers des ticulier de fonctionnement. n
incubateurs et des
accélérateurs s’est
fortement déve- Sur le Web
loppé et s’est aussi beaucoup profes-
sionnalisé ces dernières années. On
fait face également à une hausse de
•PORTRAIT
Alain Renck, ancien responsable de
la quantité et de la qualité des Bpifrance et ex-président de Réseau
start-up. Aussi, les structures se spé- Entreprendre Alsace, continue de
cialisent, en fonction de la maturité promouvoir l’entrepreneuriat.
du projet, par technologie ou par
objectif, comme les premiers pas à
l’export. Cette évolution amène de
•TRANSMISSION
Dans la famille Burger, une
succession en douceur à la tête
compagnement : une structure va de l’entreprise.
aider la start-up sur un secteur, une
autre pour l’international, etc. entrepreneurs.lesechos.fr
34 // ENTREPRENEURS
PORTRAIT
Guillaume-Olivier Doré, itinéraire
d’un serial entrepreneur-investisseur
Le vice-président de
French Tech Bordeaux et
président de l’association
de business angels Finaqui
veut rendre les réseaux de
financement plus lisibles.
Frank Niedercorn
— Correspondant à Bordeaux
Installé depuis cinq ans en Nouvel-
le-Aquitaine, Guillaume-Olivier
Doré est à la fois entrepreneur et
investisseur. Fondateur d’une fin-
tech, président de l’association de
business angels Finaqui et vice-
président de French Tech Bor-
deaux, il a l’ambition de rendre le
réseau des investisseurs plus lisi-
bles pour les entrepreneurs :
« J’étais lassé de cet univers parisien
de la tech faisant peu de place à la
diversité, avec un millier de person-
nes passées par les grandes écoles
qui montent aujourd’hui des
start-up comme on entrait dans le
conseil il y a quelques années. »
Après avoir travaillé à Paris
mais aussi vécu à Lyon, Nantes ou
Ajaccio, Guillaume-Olivier Doré
s’est installé à Bordeaux en 2016.
Cofondateur de Viadeo, de la med-
tech Theraclion, l’infatigable
entrepreneur a créé Elwin, sa sep-
tième entreprise, une fintech qui a
développé un logiciel destiné aux
gestionnaires de patrimoine
Assumer ses décisions
L’entrepreneur est aussi investis-
seur quasiment depuis l’origine :
« Les deux métiers font appel aux
mêmes ressorts : prendre des déci-
sions tous les jours et les assumer en
Écoutez « Elles ont osé »
le podcast des
Echos Entrepreneurs.
Marguerite Bérard
Directrice de la banque commerciale en France chez BNPP
Portraits croisés de femmes
qui font bouger les lignes.
Découvrez les épisodes sur :
entrepreneurs.lesechos.fr
DR
toute responsabilité. » Passé par 3i,
IBM Global Financing et Apax
Partners, il est à l’origine d’Agrega-
tor Capital, un fonds d’investisse-
ment entrepreneurial.
En 2019, il est élu au bureau de
French Tech Bordeaux, puis
devient l’année suivante président
de l’association de business angels
Finaqui. « Avec 630 adhérents et
25.000 salariés, Bordeaux est la
plus grosse communauté de la
French Tech, bien devant Paris.
Ici, les entrepreneurs se sont em-
parés du sujet dès l’origine et ont
convaincu les collectivités locales et
la CCI de les soutenir », insiste
Guillaume-Olivier Doré.
Né en 2007, Finaqui s’était un
peu endormie et avait besoin
d’être « revitalisée ». « Je suis allé
chercher Guillaume-Olivier car je
savais que c’était l’homme de la
situation. C’est aussi un leader avec
une capacité à faire venir les gens
autour de lui », explique Axel
Champeil, PDG de la société finan-
cière Champeil SA et administra-
teur de Finaqui.
A la tête de Finaqui, Guillaume-
Olivier Doré a voulu inciter « tous
les entrepreneurs, même ceux qui
ne sont pas encore investisseurs, à
pousser la porte pour venir voir ».
Résultat, le nombre d’adhérents a
quasiment doublé, passant de 80 à
150, « avec une féminisation mar-
quée ». Même évolution au sein de
French Tech avec « un board qui
compte désormais plus de femmes
que d’hommes », sourit-il.
Renforcer l’économie
sociale et solidaire
En quelques années en Gironde,
Guillaume-Olivier Doré avait eu le
temps de faire son diagnostic :
« Bordeaux est un terreau très fer-
tile pour l’entrepreneuriat avec de
multiples dispositifs mais man-
quant de lisibilité. » Il est ainsi à
l’origine d’un « Annuaire régional
du haut de bilan » accessible en
ligne (bordeaux.finance) créé avec
Invest in Bordeaux.
Son mandat à la tête de French
Tech B ordeaux prendra fin
l’année prochaine, mais il conti-
nuera « à rester disponible ». Très
investi dans l’économie sociale et
solidaire, trésorier jusqu’en 2005
du groupe SOS et administrateur
de l’association d’insertion Ovale
Citoyen, Guillaume-Olivier Doré
travaille à la création d’InvESS’t,
qui devrait voir le jour en juin pro-
chain : « C’est un fonds accompa-
gné par la région, la Banque des ter-
ritoires et les banques qui aura
pour vocation de renforcer les
fonds propres des entreprises de
l’économie sociale et solidaire. C’est
complètement nouveau. » n
Samantha Davies
Navigatrice au long cours
FINANCEMENT
Comment le fondateur de Cabaïa a déployé
sa marque tout en gardant son indépendance
Bastien Valensi a lancé
sa ligne d’accessoires
en s’appuyant sur
des investisseurs qui lui
ont toujours laissé
les manettes.
Isabelle Meijers
Avec déjà 1 million de sacs à dos avec
pochettes interchangeables ven-
dus, la marque Cabaïa d’accessoires
ingénieux et durables suit une tra-
jectoire en flèche depuis sa création
en 2015 à Paris par Bastien Valensi.
Elle double son chiffre d’affaires
annuellement pour atteindre
30 millions d’euros de juin 2021 à
juin 2022. Une hyper-croissance
qu’il a fallu financer. Bastien Valensi
mise sur la capacité d’accompagne-
ment des investisseurs sans renon-
cer à son autonomie de gestion.
Le premier mentor à avoir sou-
tenu Cabaïa est un patron d’entre-
prise rencontré au sein du Réseau
Entreprendre 93. « Dès les pre-
miers mois d’activité, j’ai été sélec-
tionné pour un prêt à taux zéro de
30.000 euros. Idir Hamizi, qui avait
écouté mon pitch, a été le premier à
me conseiller d’être plus rigoureux
sur la partie financière », explique
Bastien Valensi.
Des profils
complémentaires
En 2016, le fondateur croise la route
de son futur associé, Emilien Foiret,
chez The Family, une entreprise qui
fournit des services aux start-up en
contrepartie d’une petite participa-
tion au capital. « The Family a
investi 700 euros dans l’entreprise.
« Les fonds ont aussi un
rôle de sparring-partner »
Quelles sont les différentes
formes d’accompagne-
ment ? Quel partenaire
choisir ? Claire Chabrier,
présidente de France
Invest, l’association qui
réunit les sociétés de capi-
tal-investissement, d’infras-
tructure et de dette privée,
décrypte les bonnes
pratiques des spécialistes
du financement.
Propos recueillis par
Cécile Desjardins
Le capital-investissement
finance-t-il les créateurs
d’entreprise ?
Le capital-innovation, ou « venture
capital » en anglais, finance les
entreprises encore en phase de
création ou au début de leur acti-
vité, en intervenant juste après les
proches (le « love money ») et les
business angels.
En 2021, plus de CLAIRE CHABRIER
1.000 opérations Présidente
ont été réalisées en de France Invest
France, pour un
ticket moyen de
2,5 millions d’euros et un total de
2,7 milliards d’euros (à comparer à
2,2 milliards en 2020) (1). Au-delà du ils vont challenger les dirigeants,
financement, ces investisseurs en
« early stage » apportent un vérita-
ble accompagnement.
Quelles formes cet accompa-
gnement peut-il prendre ?
Lorsque l’on souhaite passer de 5 à
50 salariés, il faut suivre un chemin Comment cet accompagnement
de croissance : se structurer, mettre se passe-t-il concrètement ?
en place une gouvernance, trouver
des locaux, des conseils juridiques,
des chasseurs de têtes, des appuis
commerciaux, échanger avec des
entreprises du secteur… Autant
d’étapes pour lesquelles les fonds
constituent une aide précieuse.
La plupart des acteurs du secteur
ont entre quinze et vingt ans d’expé- capital ont aujourd’hui une équipe
rience. Ils ont accompagné des
dizaines de sociétés et peuvent donc
DR
Ça m’a surtout permis de rencontrer
Emilien, ingénieur dans le nucléaire
qui voulait se lancer dans l’aventure
entrepreneuriale. Un profil struc-
turé, analytique, très complémen-
taire au mien », raconte Bastien
Valensi, au parcours autodidacte.
En 2018, la marque doit franchir
une nouvelle étape, recruter, lancer
les premières opérations marketing
ou financer les stocks. « Nous avons
levé près de 1,3 million d’euros, réparti
en equity et en dettes bancaires.
L’investissement en fonds propres de
700.000 euros a été réalisé auprès de
Sigma Gestion, qui nous a été présenté
« Attention,
il y a
beaucoup de fonds
qui sont
très intrusifs. »
BASTIEN VALENSI
Fondateur de Cabaïa
Peter Allan
faire bénéficier les jeunes entrepri-
ses de leurs compétences, ouvrir
des portes et faciliter les choses.
Les fonds permettent aussi
l’échange de « bonnes pratiques »
au sein de leur portefeuille, d’autant
qu’ils sont de plus en plus souvent
spécialisés par
secteur, notam-
ment dans la
santé, la biotech, la
fintech, ou encore
la deeptech, la
foodtech ou l’edtech… Enfin, ils ont
aussi un rôle de sparring-partner :
jouer un effet miroir et de mise en
perspective car, en tant qu’action-
naires, ils sont plus libres de leur
parole que les membres du comex
qui, au quotidien, entourent le créa-
teur d’entreprise.
Un nombre croissant de fonds – en
particulier en « early stage » – ont
créé des postes d'« operating par-
tners », justement chargés
d’accompagner les participations
dans leur développement. Une
étude récente (2) montre que 56 %
des fonds du Top 25 du venture
opérationnelle, contre seulement
12 % en 2016. Ces équipes intervien-
Lundi 4 avril 2022 Les Echos
par le Réseau Entreprendre », détaille
Bastien Valensi.
La société de capital-investisse-
ment affichait déjà des expériences
réussies de prises de participation
dans des entreprises de commerce
de détail. Elle partageait aussi avec
les deux associés de Cabaïa une
vision commune du développe-
ment de la marque. « Dernier point
fort avec eux, le fait de rester libres
aux manettes de l’entreprise. Car
attention, il y a beaucoup de fonds qui
sont très intrusifs et veulent placer
leur équipe à la direction », prévient
Bastien Valensi.
Sonder le marché
Le dirigeant conseille donc de son-
der le marché des investisseurs, des
banques d’affaires ou des leveurs,
au moins six mois avant l’opération,
pour connaître leur fonctionne-
ment, leurs tickets d’entrée ou leurs
critères d’investissement. Et éviter
ainsi les mauvaises surprises.
En juin 2020, Cabaïa réalise un
nouveau tour de table de 2,3 mil-
lions d’euros, dont 1 million en det-
tes bancaires. La société de capital-
risque Spring Invest fait son
entrée au capital à hauteur de
600.000 euros au côté de Sigma
Gestion qui réabonde. Les deux
fonds restent minoritaires à hau-
teur de 20 % du capital.
Le dirigeant recommande de
choisir son investisseur comme
son associé, en réponse à la ques-
tion simple : « Que va-t-il m’appor-
ter ? » Car un investisseur, comme
un associé, participe autant à
l’histoire de l’entreprise qu’à son
capital. n
nent une fois que l’investissement a
été réalisé : elles suivent les opéra-
tions pendant les cinq à sept ans de
détention des titres, assistent aux
conseils d’administration, échan-
gent avec les dirigeants et les aident
à faire face à un environnement de
plus en plus complexe. Certains de
ces « operating partners » peuvent
ainsi apporter des compétences
pointues en matière de digitalisa-
tion, de décarbonisation ou de
cybersécurité.
Comment choisir un fonds
pour se faire accompagner ?
L’écosystème français est très riche
et a connu un fort développement
au cours des cinq dernières années :
il constitue d’ailleurs une spécificité
et une force du marché français. Un
entrepreneur a aujourd’hui un
panel important pour choisir la
société de gestion qui l’accompa-
gnera le mieux. Mais il faut bien se
renseigner : les typologies d’accom-
pagnement peuvent être un peu dif-
férentes et les relations intuitu per-
sonae sont très importantes.
Avant la levée de fonds, il y a – des
deux côtés – une phase de séduc-
tion, mais il est recommandé de
passer quelques coups de fil pour
bien comprendre et connaître les
fonds que l’on a en face de soi. Et être
ainsi sûr de choisir le meilleur par-
tenaire pour son profil, et donc évi-
ter d’être déçu par la suite. Les ban-
quiers d’affaires peuvent aussi
guider les entrepreneurs dans leur
choix du meilleur partenaire…
1. Etude France Invest – Grant Thornton,
« Activité du non coté français 2021 :
capital-investissement et infrastruc-
ture », publiée le 29 mars 2022.
2. « Les Equipes opérationnelles, nou-
veau catalyseur de valeur pour les fonds
d’investissement », livre blanc sur le
métier d’équipe opérationnelle dans le
secteur du capital-investissement, publié
en novembre 2021 par le Club des Opera-
ting Partners de France Invest et Bain &
Company. n
 DES PERSONNALITÉS ENGAGÉES & INSPIRANTES !

+ + + +
MARIE ADELINE-PEIX ANNARVR CATHERINE BARBA JULIA BIJAOUI AMÉLIE BLANCKAERT
Directrice exécutive partenariats régionaux, Créatrice de contenus Fondatrice Co-Fondatrice & Co-CEO Fondatrice & CEO
de la création et de l’action territoriale ENVI SCHOOL Frichti BUREAU 121
BPIFRANCE

+ + + +
LIONEL CANESI ELODIE CARPENTIER ANNE-LAURE CONSTANZA MARION COUFFIGNAL ALAIN DI CRESCENZO
Président Co-fondatrice Fondatrice Présidente de la commission Président
CONSEIL NATIONAL DE L’ORDRE LE ROUGE FRANCAIS ENVIE DE FRAISE droit et entreprises CCI FRANCE
DES EXPERTS-COMPTABLES CONSEIL NATIONAL DES BARREAUX

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JÉRÔME GAVAUDAN JACQUES-ANTOINE GRANJON THIBAUD HUG DE LARAUZE ANTOINE JOUTEAU PAULINE LAIGNEAU
Président PDG & Fondateur Co-fondateur & CEO CEO Fondatrice
CONSEIL NATIONAL DES BARREAUX VEEPEE BACK MARKET LEBONCOIN GEMMYO

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SYLVAIN LECLANCHER ALEXANDRE MARS FRÉDÉRIC MAZZELLA GUY PEZAKU ALEXANDRE PROT
Adjoint à la DGA du pôle Président & fondateur Président & Fondateur Président et co-fondateur CEO
entreprises et emploi EPIC & BLISCE BLABLACAR MURFY QONTO
RÉGION ÎLE-DE-FRANCE

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CHRISTIAN RAISSON DOMINIQUE RESTINO GEOFFROY ROUX DE BÉZIEUX JULIEN SEBBAG OWEN SIMONIN
Co-fondateur et co-CEO Président Président Chef du restaurant FOREST CEO
MANOMANO CCI PARIS ÎLE-DE-FRANCE MEDEF au Musée d’Art Moderne de Paris JUST MINING

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STYLE_TONIC RAIBED TAHRI FATIHA TAHRI HUGO TRAVERS FIRMIN ZOCCHETTO
Créatrice de contenus CO CEO Fondateur du média CEO
PAP ET PILLE PAP ET PILLE HUGODÉCRYPTE PAYFIT

Sous réserve des dernières modifications. Retrouvez la liste complète sur www.go-entrepreneurs.com
36 // Lundi 4 avril 2022 Les Echos

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat et PSR 2022 : 454,6 milliards d’euros (prévisions PLF 2022) // PIB 2021 : 2.452,3 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2022 // SMIC horaire : 10,57 euros à partir du 01-01-2022
// Capitalisation boursière de Paris : 2.246,28 milliards d’euros (au 23-01-2022)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 107,85 en décembre 2021 // Taux de chômage (BIT) : 8,1 % au 3e trimestre 2021
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.638,3 milliards d’euros (2e trimestre 2020)

crible
Ambition de façade
Les Etats européens doivent subventionner plus massivement la rénovation énergétique. Digestion difficile
Si la guerre russo-ukrainienne La Bourse sanctionne Sodexo pour
a fait de la rénovation énergétique sa prudence forcée.
des bâtiments un enjeu géopoli-
tique, cette dernière reste avant
tout un sujet réglementaire
et fiscal. Une étude de Moody’s
estime à 275 milliards d’euros par
an les dépenses additionnelles
nécessaires pour réaliser
les ambitions climatiques euro-
péennes, à comparer au rythme
actuel de 85 à 90 milliards.
Ce marché serait assuré d’une
croissance de 4 % par an d’ici
à 2030, profitant à des groupes
comme Saint-Gobain, Wiener-
berger ou HT Troplast. Mais les
plans communautaires finan-
ceront moins de la moitié de cette
facture, qui échoira pour l’essen-
tiel aux propriétaires et investis-
seurs privés. Les aides publiques
sont donc cruciales, mais
elles couvrent souvent moins
de la moitié des investissements.
Moody’s désigne la démarche
néerlandaise « Energiesprong »
comme l’exemple à suivre.

L’ingrédient manquant
L’entrée en Bourse d’Euroapi est pavée
de malentendus.
Pour avaler les mauvaises surprises macroéconomiques des dernières
Rien ne se perd, tout se transforme, un principe essentiel de la chimie semaines, les investisseurs mondiaux cherchent des potions
des médicaments. Six usines autrefois siglées de noms aujourd’hui pour digestion difficile. Ils n’en ont pas trouvé dans la publication
disparus, Rhône-Poulenc, Hoechst, Roussel-Uclaf et Chinoin, semestrielle de Sodexo, gratifiée au contraire d’un petit bouillon
se retrouveront, début mai, sous les projecteurs boursiers avec la bannière boursier (– 9,5 %). La confiance intacte de la PDG Sophie Bellon
toute neuve d’Euroapi. Mais gare aux faux reflets. Quand son propriétaire, – pour le « pipeline » de nouveaux contrats et pour son plan de relance
Sanofi, réalise, à travers l’indépendance du numéro 2 mondial américain – n’a pas suffi à faire passer la pilule de la modération forcée
des principes actifs pharmaceutiques, une optimisation de son empreinte des perspectives chiffrées. La grande cheffe de tous les fourneaux
industrielle qui n’avait que trop tardé, l’Etat, qui prendra 12 % du capital – présidence et direction générale – vise la même marge opération-
via Bpifrance, y voit l’ingrédient manquant d’une reprise de souveraineté nelle, mais au bas de la fourchette initiale de croissance organique
face à l’aggravation des pénuries dans les trousses à pharmacie du pays. des ventes (+15 % à +18 %). Les résurgences du Covid, la fermeture
Ce sont pourtant d’autres repositionnements qu’attendent les plus rapide des « Testing Centers » au Royaume-Uni et les nouveaux
concernés par la cotation, les investisseurs. Les gains de clients extérieurs contrats en Russie – désormais abandonnés – sont passés par là.
pour diminuer la dépendance à l’égard de l’ancienne maison mère (49 % Les nouvelles hausses de coûts, liées à l’invasion de l’Ukraine, se feront
du chiffre d’affaires), le développement dans certains produits biologiques surtout sentir à partir du dernier trimestre de l’exercice clos fin août. Le
à plus forte croissance que la moyenne, l’expansion dans les molécules fleuron des services sur sites et des titres de paiement prépayés travaille
des essais cliniques figurent d’ailleurs en haut des priorités d’Euroapi, déjà activement à les répercuter, malgré la volatilité des prix. La Bourse,
bien avant le rapatriement de productions délocalisées. Celui-ci pose inquiète de s’empoisonner à l’inflation, semble pourtant donner
des questions de prix, de réglementation, d’environnement et de durabilité. à ce savoir-faire traditionnel un crédit limité. La différence de cote
Faire la synthèse de ces désirs contradictoires nécessitera d’amour avec Compass, le géant centré sur la restauration collective,
toute l’expérience de l’alchimiste à sa tête, l’ex-DSM Karl Rotthier. s’en trouve encore plus exagérée (15 et 26 fois le bénéfice estimé).

La Bourse de Paris prudente

EN VUE

Aleksandar Vucic
tre élu président dès le premier tour rejoindre un parti d’extrême droite, le SRS.

E et réélu, espérait-il de même ce

Le CAC 40 a terminé en hausse de
0,37 % vendredi, à 6.684 points. Au
cours de la semaine écoulée,
l’indice parisien de la Bourse de
Paris a rebondi de près de 2 %.
Après avoir chuté de 7 % sur les
trois premiers mois de l’année, le
CAC 40 a démarré le deuxième tri-
mestre avec prudence. Les opéra-
teurs semblent parier sur une issue
diplomatique dans le conflit oppo-
sant la Russie à l’Ukraine, mais la
situation reste fragile.
A Londres, le Footsie a gagné
0,3 % vendredi, et à Francfort le
DAX a pris 0,22 %. La Bourse de
New York a fini sur un léger gain
après la publication des chiffres de
l’emploi américain pour le mois de
mars qui ont été bien accueillis. Le
Dow Jones a avancé de 0,4 %.
L’indice S & P 500, plus large, a pris
0,34 %, tandis que le Nasdaq à forte
coloration technologique a grapillé
0,29 %.
A Paris, Sanofi a signé la plus
forte hausse du CAC (+1,8 %). La
cotation d’Euroapi, sa filiale spécia-
lisée dans les principes actifs de
médicaments, est prévue le 6 mai.
ArcelorMittal (+1,7 %) affiche la
deuxième meilleure performance
de l’indice, suivi par TotalEnergies
(+1,6 %). C’est l’équipementier tech-
nologique STMicroelectronics qui
ferme la marche (–-2,4 %) derrière
Hermès International (–1,6 %) et
Carrefour (–1,5 %).
dimanche, est un exploit peu banal
dans une démocratie, mais insuffisant
pour le Serbe Aleksandar Vucic : il veut
être à la fois le champion de l’intégration à
l’Europe et un soutien du Kremlin ! La Ser-
bie est quasiment le seul pays d’Europe à
ne pas avoir adopté de sanctions contre
Moscou, et c’est du bout des lèvres qu’il a
dénoncé l’invasion de l’Ukraine. Cela
demande un art de la contorsion, plus
connu sous le nom de « pragmatisme »,
dont ce colosse au visage poupin de 52 ans
a déjà souvent fait preuve. Tout juste
diplômé avocat, il a ainsi été bombardé en
1995 secrétaire général du parti ultranatio-
naliste de Slobodan Milosevic, menaçant
« Si vous tuez un seul Serbe, nous tuerons
cent musulmans » (phrase interprétée
« hors de son contexte », a-t-il prétendu plus
tard). Ministre de l’Information d’un Milo-
sevic qui finira emprisonné à La Haye pour
crimes de guerre, il rebondit après la
« révolution des bulldozers » en 2000, pour
Avant d’être pris en 2008 d’une révélation
progressiste pro-européenne pour partici-
per à la création du Parti serbe du progrès,
de centre droit. Bien joué, il a été élu prési-
dent en 2017, et son parti a raflé les deux
tiers des sièges de députés. Les pays de
l’Union lui savent gré d’avoir, depuis lors,
renoué le dialogue avec les Kosovars, sans
faire avancer pour autant le dossier
d’adhésion, et ferment les yeux sur le style
autoritaire de cet admirateur d’Orban et
Poutine : toutes les institutions et la quasi-
totalité des grands médias sont à sa main, à
la limite du culte de la personnalité, le
montrant apprenant l’allemand en écou-
tant les discours de Merkel, on fait plus
léger, ou s’entraînant à devenir… entraî-
neur de basket pour enfants. Ce grand fan,
aussi, de la Chine, qui a submergé la Serbie
de vaccins contre le Covid, ne dédaigne pas
traiter ses opposants de traîtres et de
demeurés. Même ces derniers doivent
pourtant comprendre son programme
résumé par « Paix. Stabilité. Vucic ». n