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Frederick LUGARD

Officier britannique, explorateur de l’Afrique, administrateur colonial britannique et théoricien de


l’indirect rule né le 22 janvier 1858 à Madras en Inde, mort le 11 avril 1945 à Abinger, Surrey
(Angleterre).

Enfance
Frederick John Dealtry Lugard est né en Inde de parents missionnaires : son père est le Révérend F.
G. Lugard, un aumônier de l’armée britannique à Madras, et sa mère est Mary Howard, fille du
Révérend John Garton Howard.

Lugard reçoit une éducation militaire en Angleterre. Il étudie à l’Académie royale militaire de
Sandhurst.

Carrière
Carrière militaire
En 1878, il rejoint le régiment de Norfolk.

Il participe d’abord à la guerre afghane (1879-1880), puis à la campagne du Soudan (1884-1885).

Affecté en Inde, il participe à plusieurs campagnes durant l’expansion de l’Empire britannique des
années 1880.

Carrière post-militaire
Il suit David Livingstone en Afrique de l’Est.

En 1888, il est recruté par l’Imperial East Africa Company. Il explore le bassin du fleuve Sabaki, au
Kenya.

Il quitte Mombasa en août 1890 pour rejoindre le royaume de l’Ouganda afin d’y assurer la
domination britannique. Il arrive en plein conflit. Animistes, musulmans et néophytes catholiques et
protestants s’opposent au kabaka, roi de l’Ouganda. En 18 mois, Lugard restaure la paix et obtient
l’allégeance du kabaka. Il est nommé administrateur militaire de l’Ouganda de 1890 à 1892.

En 1892, il rentre en Angleterre pour convaincre le Premier Ministre, William Gladstone, de renforcer
la présence britannique en Ouganda.

En 1894-1895, il accepte une autre mission pour la Royal Niger Company visant à prendre les Français
de vitesse dans l’exploration du moyen Niger et à y conclure des traités. De 1896 à 1897, il part faire
de la prospective de diamants dans le protectorat du Bechuanaland, au Botswana, pour le compte
d’une société privée, la British West Chaterland Company. En 1897, il est chargé par Joseph
Chamberlain, ministre des Colonies britanniques, de créer un régiment africain à commandement
britannique au Nigéria pour tenter de repousser les Français dans l’arrière-pays de Lagos. Ces
troupes noires prennent ensuite le nom de West African Frontier Force. Il prend la tête du
commandement jusqu’à la fin de l’année 1899.

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Premiers services coloniaux
Lugard est nommé haut-commissaire du Nigeria du Nord en 1900. Il occupe ce poste jusqu’en 1906.
Cette vaste région est en grande partie inoccupée et inexplorée par les Européens. Lugard s’efforce
d’organiser l’administration coloniale en dépit de l’hostilité du sultan de Sokoto et d’autres chefs
peuls. En trois ans, Lugard s’empare rapidement de Kano et de Sokoto et établit l’autorité
britannique par la diplomatie et l’usage de la force. Deux grandes révoltes locales ont lieu dont la
révolte Mahdi en 1906 à Satiru, un village près de Sokoto. Lugard instaure dans la région une
administration indirecte. Cette politique est fondée sur la coopération.

Gouverneur de Hong Kong


En 1907, Lugard accepte le poste de gouverneur de Hong Kong. Il occupe ce poste jusqu’en 1912. Il
propose vainement de rétrocéder Weihaiwei à la Chine en échange d’une cession à perpétuité des
Nouveaux Territoires. Il fonde l’université de Hong Kong en 1911, en dépit des réticences du Colonial
Office et des hommes d’affaires implantés à Hong Kong. Il en devient le Premier Chancelier.

Gouverneur du Nigeria
En 1912, Lugard est nommé gouverneur général du Nigeria avec pour mission de réunir les deux
parties du Nigeria pour former un vaste État. Il ne parvient pas à unifier complètement
l’administration du Nord et du Sud qui conservent des coutumes différentes. En 1918, il affronte une
grande révolte dans la cité-État d’Abeokuta. Il a également des difficultés à étendre l’indirect rule aux
tribus du Sud-Est, notamment celle des Ibo, faute de véritables chefs locaux. L’unification est
officiellement déclarée le 1 er janvier 1914. Il reste à ce poste jusqu’en 1919.

Un théoricien du gouvernement indirect


En 1893, Lugard publie The Rise of our East African Empire, qui est en partie autobiographique.

De 1922 à 1936, il est le représentant britannique à la League of Nations’Permanent Madates


Commission.

Il demeure l’autorité de référence sur l’administration coloniale. Il publie en 1922 Dual Mandate in
British Tropical Africa, ouvrage immédiatement traduit dans plusieurs langues. Il y défend la politique
de l’indirect rule pour les colonies africaines. Dans cet ouvrage, il décrit les raisons et les méthodes
de la colonisation de l’Afrique par les Britanniques. Il justifie la domination coloniale au nom de la
diffusion du christianisme et la lutte contre la barbarie. Selon lui, l'État britannique devait s’impliquer
dans la colonisation pour protéger les missionnaires, les chefs locaux et les populations locales aussi
bien des guerres tribales que des ambitions étrangères. À ce titre, il estime nécessaire que les
Britanniques contrôlent ces zones vacantes avant que d’autres puissances coloniales, comme
l’Allemagne, le Portugal ou la France, ne revendiquent ce territoire et ses ressources. Selon lui, la
colonisation, par l'exportation des matières premières comme le caoutchouc, l'imposition des
indigènes et l'utilisation de leur travail peu onéreux, devait contribuer à l'enrichissement de la
Grande-Bretagne. Il lui fallait conserver ses colonies pour demeurer une grande puissance.

Pour ce faire, Lugard poussait au maintien de chefs indigènes pour l'administration locale. Confier
des responsabilités aux autochtones aux échelons intermédiaires du pouvoir présentait pour lui
l'avantage de diminuer les risques de révoltes, les indigènes préférant obéir à des gens leur
ressemblent, parlent leur langue et partagent leurs coutumes.

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Cette pratique de gouvernement indirect, qui permettait de contrôler la colonie avec un effectif
militaire et administratif réduit, rencontra un certain succès, par exemple au Nord-Nigéria,
laboratoire de sa politique d'Indirect Rule : « une fois les émirs les plus hostiles écartés, Lugard laissa
en place l'édifice politique, judiciaire et religieux hérité de l'empire musulman de Sokoto » (B.
Salvaing, « Colonisation, islam et christianisme en Afrique noire », 2009). Lugard choisit ainsi de
décourager les volontés missionnaires chrétiennes issues de la métropole, considérant que l'islam
était une religion à la fois trop bien implantée pour être délogée et particulièrement adaptée à la
direction de peuples « semi-civilisés ». Il était donc nécessaire de préserver au mieux le Nord-Nigéria
des influences déstabilisatrices en matière religieuse. Ainsi, les missionnaires n'étaient autorisés à s'y
rendre qu'à la demande des émirs. L'enseignement coranique y fut maintenu, le développement
d'une scolarisation de type occidental freiné.

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