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La mercenaire des climatisations.

Aux premiers jours de chaleur, les climatisations redémarrent ; les microorganismes qui se
sont multipliés dans les tuyauteries se dispersent dans l’air, causant de mini-épidémies
infectieuses parfois mortelles. La légionelle, bactérie bien connue pour l’anadémie qu’elle
provoqua chez 200 vétérans de L’Américan Légion à Philadelphie en 1976, colonise jusqu’à
70 % des équipements collectifs d’eau chaude selon certaines études ainsi que les installations
présentant des eaux stagnantes. A ce titre, elle mérite toute notre attention et intéresse donc de
nombreuses entreprises.
Cet article a pour but de sensibiliser les responsables de l'hygiène industrielle, hospitalière,
hôtelière, des milieux commerciaux et thermaux, à étudier et prévenir le risque de
légionellose. La prise de conscience et les conseils pratiques proposés doivent permettre une
intervention en temps et lieu utiles.

De par son mode de transmission aérienne, la contamination des travailleurs, par la légionelle,
se fait par inhalation d'eau contaminée diffusée en aérosol.
Les sources potentielles dans l'environnement de travail sont :
- les circuits de distribution d’eau chaude sanitaire (douches, …)
- les systèmes de climatisation
- les tours aéro-réfrigérantes
- les fontaines réfrigérantes et décoratives
- les bassins d’eau
- les eaux thermales et jacuzzi
Les eaux stagnantes, les dépôts de tartre et de biofilm, les ions ferriques, le zinc, l'aluminium
ainsi que les plastiques, les caoutchoucs et le silicone présents dans les installations
industrielles ainsi qu’une température entre 20 à 45°constituent le microclimat propice au
développement et à la prolifération de la bactérie.
Après une incubation de 2 à 10 jours les personnes contaminées développent dans :
- 95 % des cas une fièvre de Pontiac, syndrôme comparable à un état grippal ; il disparaît
spontanément en quelques jours.
- 5 % des cas une légionellose, c'est-à-dire un syndrôme associant une toux sèche, un état
grippal et une pneumopathie aiguë compliqué de15 % de décès (30 % chez les personnes
immunodéficientes ou fragilisées) malgré une antibiothérapie bien suivie.
La gestion du risque de légionellose repose avant tout sur une bonne conception et un bon
entretien des circuits et des installations. Le programme de prévention devra sur base d’une
description précise des installations mettre en place un système d’évaluation et de suivi des
points sensibles.

1. Les éléments minimums à recueillir sur les installations sont :

- Description du réseau d'eau chaude sanitaire.


- Plan des réseaux et les modifications apportées
- Type de production : instantanée ou à accumulation
- Traitement associé : adoucissement, filtration, filmogène
- Circuits de distribution (trajet, …)
- Qualité de l’eau, des matériaux
- Relevé de la T° de l'eau dans les ballons et les points d'usage.
- Réseau d'eau froide : vérifier que l'eau ne se réchauffe pas sur son trajet.
- Description des installations de conditionnement d'air.
- Emplacement des prises d'air neuf (proximité d'une source de contamination)
- Centrale de traitement d'air.
- Système d'humidification : à ruissellement d'eau, à pulvérisation par
ultrasons, à vapeur.
- Batteries froides : vérifier l'absence d'eau stagnante et le bon
fonctionnement des siphons.
- Conduites d'air : repérer les risques de condensation.
- Tours aéroréfrigérantes.
- Implantation par rapport aux prises d'air neuf
- Dispositif par évaporation à circuit ouvert ou à ruissellement 
- Traitement correctifs associés
- Etablissements thermaux.
- Types de soins et équipements
- Produits utilisés
- Autre dispositif d'humidification, présence de fontaines réfrigérantes …

2. Programme de prévention.

Les mesures de désinfections ponctuelles ne sont pas suffisantes pour éradiquer


définitivement la légionelle des réseaux d’eau chaude ou de refroidissement. Un prélèvement
d’eau sur flacon stérile additionné de thiosulfate de sodium à 0,50 % est possible. Malgré
l’absence de réglementation, il est généralement admis qu’en dessous d’une valeur de
103UFC (unité formant colonie)/L le risque d’apparition de légionellose est très faible.
Cependant ce risque varie en fonction de l’état immunitaire et de la durée d’exposition sans
oublier qu’un résultat négatif ne préjuge en rien de la parfaite innocuité des installations et
peut donner un faux sentiment de sécurité.
Il est donc nécessaire de mettre en place un programme permanent de maintenance et
d’entretien. Ce programme définira généralement sur une base annuelle ou plus rapproché, un
protocole précis de surveillance.

Circuit d’eau chaude sanitaire :


- Au moins une fois par an, la vidange, le curage, le détartrage et le nettoyage des
réservoirs, des canalisations et des éléments de robinetterie (pommes de douches, brise-
jet…). Cet entretien peut être suivi d’une désinfection par choc thermique ou chloré :
- choc thermique : élévation de la température du réseau avec obtention d’une eau
chaude à 70 C en sortie des robinets (laisser couler 30 minutes).
- Choc chloré : mesure de chloration du réseau avec hyperchloration des réservoirs à
15 mg/L pendant 24 heures (ou 50 mg/L pendant 12 heures) suivie d’une vidange et
rinçage avant utilisation. D’autres produits agrées peuvent également servir.
- Remplacer les joints, filtres, pommes de douches et éléments du réseau périphérique de
distribution dont l’état d’usure le nécessite.
- Pour les installations non usitées pendant un certain temps (congé, travaux, …) un
soutirage avant utilisation est indiqué.
Les tours aéro-réfrigéantes : pulvérisation sous forme de gouttelettes, de l’eau à refroidir
sur un échangeur thermique créant un aérosol géant d’eau, vecteur possible de légionelles
pour les prises d’air et les bâtiments environnants.
- Nettoyage complet des surfaces pour enlever les dépôts et boues accumulés
- Maintenance régulière avec contrôles d’intégrité des dispositifs d’arrêt des gouttelettes
- Evacuation correcte des eaux de rejet
- Désinfection par choc chloré ou chloration permanente (2 à 3 mg/L) (attention
corrosion).
- Vérifier l’écartement des tours par rapport aux prises d’air.
- Préférer les équipements à batterie sèche qui élimine le contact fluide–air.
Les systèmes de climatisation à batteries
- Inspection visuelle des batteries froides et des caissons d’humidification, au moins tous
les 3 mois, pour vérifier le bon écoulement de l’eau et l’absence de dépôts sur les parois.
- Nettoyage et désinfection périodique des équipements ou le remplacement si l’état le
nécessite (nid d’abeille)
- Contrôler la qualité de l’eau introduite dans les humidificateurs.
- Supprimer les eaux stagnantes, contrôler les siphons et bacs de récupération
- Mesure complémentaire pouvant être prise : installation de filtres de porosité
microbiologique (0,4 micron)
- Préférer les systèmes d’humidification par injection de vapeur ou tout dispositif excluant
la stagnation de l’eau ou son recyclage.
Milieu thermal
La spécificité du milieu et l’état de fragilité des sujets exposés nécessite un prise en charge
drastique qui sort du cadre de cet article.
De par le travail, des séjours à l’hôtel ainsi que dans notre vie privée, beau nombre d’entre
nous sont potentiellement soumis au risque de légionellose. Même si ce risque est
difficilement quantifiable car sous diagnostiqué il n’en reste pas moins que la prise en charge
d’un risque pouvant atteindre la santé et la vie des travailleurs, des visiteurs et des clients des
entreprises est un souci pour les responsables. Il convient donc d’installer un système de
gestion des risques aux seins des entreprises qui favorise la prévention des risques inhérents
aux nouvelles technologies. Le présent article ne permet pas de couvrir toute la problématique
de la légionellose mais d’esquisser une méthodologie. Vous pourrez utilement compléter ces
informations en vous référents à la circulaire française DGS n°97/311 du 24 avril 1997
relative à la surveillance et à la prévention de la légionellose ainsi que ses annexes qui ont
partiellement servi de référence à cet article.

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