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TH 711 • septembre-octobre 2008 Eau Dossier

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Jacques Naitychia
Ancien gestionnaire des risques
dans les réseaux sanitaires
à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris
societe Isagua CONCEPT1

Prévention et lutte contre les


Pseudomonas aeruginosa
dans les réseaux d’eau
sanitaire
La prévention commence
par l’hygiène des mains
et la conception des réseaux

L e code de la santé interdit tout germe patho-


gène dans les réseaux d’eau, et le guide de l’eau
(Dhos, 2005) indique les valeurs suivantes : inférieur
Développement des bactéries
dans les réseaux d’eau froide sanitaire
La principale cause du développement des Pseudomo-
à 1 UFC pour 100 ml dans les eaux bactériologique- nas dans les réseaux d’eau froide sanitaire (EFS) est
ment maîtrisées et inférieur à 1 UFC pour 100 ml d’eau la conjonction de deux éléments : la température et
comme valeur guide pour les eaux de soins standards. l’oxygène (sous forme gazeuse). Ce type de bactérie se
La lutte contre le développement des Pseudomonas multiplie et colonise le réseau dans un environnement
est un sujet récurrent. De multiples solutions curati- de l’ordre de 25 °C à 36 °C et en présence d’oxygène.
ves ont été ou sont proposées, les hygiénistes sou- Ce micro-organisme est une bactérie aérobie stricte.
haitent pour leur part des résultats probants. Bien La colonisation dans le biofilm peut durer de quelques
malin aujourd’hui celui qui peut proposer une solution heures à plusieurs mois selon certaines conditions
avec une garantie de résultats. Cet article n’est pas (surface, force, espèces, tartre, corrosion).
un document scientifique mais fait part des constats
Figure 1 - Contamination des réseaux sanitaires
du terrain et tente d’apporter des solutions à cette
problématique.
Zone Zone
Pseudomonas légionelles Pseudomonas
Le Pseudomonas est un bacille pyocyanique à Gram
négatif qui mesure 0,5 µm et vit naturellement dans
l’eau douce, l’eau de mer et en milieu humide (sols,
végétaux…). C’est le bacille du pus bleu de l’ancienne
pourriture des hôpitaux, isolé en 1882 par Gessard. Ce
micro-organisme peut se développer dans une eau
de 4 °C à 45 °C. (nous ne traiterons ici que le milieu
Production

hydrique). Ce bacille est responsable d’infections


généralisées telles que les infections locales de l’œil
ou de l’oreille, des plaies et des brûlures, les ménin-
gites, les infections pulmonaires, gastro-entérites Réseau d'eau froide Flore aérobie
aiguës, septicémies… revivifiable

1- jacques.naitychia@wanadoo.fr.
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Mécanisme de contamination tion d’eau chaude crée un différentiel de pression d’un


On constate que la contamination est principalement bar entre les deux fluides. Il faut le remplacer par un
terminale (Figure 1) ; dans la robinetterie, si l’adhé- clapet de type EA (contrôlable, titulaire de la marque
sion est réversible, la bactérie peut être évacuée par NF Anti-pollution).
simple puisage ; dans la robinetterie et sa canalisa-
tion d’alimentation, l’adhésion est souvent irréversible Passage à proximité d’une source de chaleur ou
et nécessite des actions curatives plus lourdes. Elle de l’alimentation d’un appareil chauffant
est moins fréquente dans les canalisations principa- Cette proximité existe dans les appareils où les cana-
les car elle ne trouve pas de terrain favorable à son lisations côtoient des points chauds tels les com-
installation (air). Si l’on trouve des analyses positi- presseurs frigorifiques des fontaines réfrigérées, les
ves sur le réseau, il faut suspecter le point de prélè- appareils équipés d’électrovannes (appareils médi-
vement et faire un flambage du point de puisage. La caux, machine à laver les instruments ou de net-
bactérie pénètre dans l’installation par les phénomè- toyage…), les pompes de circulation (la roue pro-
nes de rétro-contamination : mains, projection d’eau, duit de la chaleur quand elle travaille), les passages
siphons, lors du remplacement des filtres… dans les locaux chauds (gaines, faux plafonds, locaux
techniques…).
Causes de réchauffement des canalisations
Mélange d’eaux chaude et froide Appareils raccordés pouvant être à l’origine
Les causes de réchauffement des canalisations sont des mélanges
multiples. La principale est le passage de l’eau chaude Dans les hôpitaux tous les points d’usage sont poten-
dans l’eau froide lié à l’absence ou à la défaillance de tiellement susceptibles de créer des mélanges, par
clapets de protection sanitaire (clapets anti-retour) exemple :
entre le point de puisage et la canalisation d’ali- • les raccords aquastop qui équipent les filtres termi-
mentation. Il faut faire évoluer la réglementation naux au nez des robinets. En absence de filtre, ce cla-
(DTU : documents techniques unifiés) qui autorise de pet interdit l’usage de l’eau. Ce montage qui, à l’ori-
s’affranchir de clapets lorsque la distance entre le gine, part d’un bon sentiment, s’avère un excellent
« piquage » et le point de puisage est inférieure à moyen de transmettre la contamination à l’ensemble
trois mètres (si l’installation ne présente pas de ris- du réseau. Il faut supprimer le clapet à l’intérieur du
ques particuliers !). raccord et autoriser le puisage en absence de filtre.
Le débit de mélange est augmenté lorsque les pres- Le fournisseur doit conseiller son « client » sur cette
sions entre l’eau chaude et froide ne sont pas voisi- problématique ;
nes. Par exemple : • les douchettes de cuisine non équipées de clapets
• dans le cas d’un réseau surpressé qui alimente deux ou les systèmes d’économiseur d’eau pour les douches.
installations différentes (un réseau haut pour les éta- Le réglage de la température est effectué sur les deux
ges supérieurs et un réseau bas à proximité de la manettes de mélange ; la douchette crée un court cir-
livraison), pour faire l’économie d’un adoucisseur, le cuit lorsque l’on ne prend pas la précaution de fermer
concepteur surpresse l’ensemble des réseaux ; il faut les robinets après usage ;
alors un régulateur pour abaisser la pression d’eau • les robinets à chambre de mélange thermostati-
chaude et un autre pour ajuster la pression d’eau ques ou manuels tels les mitigeurs qui alimentent un
froide. Il est courant de constater des écarts de pres- réseau de douches ou les robinets thermostatiques au
sions de plusieurs bars liés au mauvais réglage de ces point terminal. La fermeture de l’eau s’effectue sur la
régulateurs ; partie mitigée, deux clapets interdisent la communi-
• l’ensemble du réseau est surpressé, tous les points cation avec les deux fluides. Les particules présentes
de puisage dont la pression est supérieure à 3 bars dans le réseau paralysent partiellement l’étanchéité
sont équipés d’un abaisseur de pressions (eau froide et des clapets et réchauffent la partie de la canalisation
eau chaude sanitaire). Chaque appareil est donc sus- en amont de l’appareil. Des analyses positives dans
ceptible de générer des mélanges qui vont se répercu- les secteurs « protégés » mettent en évidence que
ter sur l’ensemble du réseau. Ce type de conception est la cause est souvent liée à ces appareils. Des enre-
à proscrire dans les établissements de santé ; gistrements de température mettent en évidence ces
• un dysconnecteur placé uniquement sur la produc- réchauffements.
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Les mélanges peuvent également être dus : • les robinetteries à cellule (eau et température) ;
• au vieillissement des matériels ; • les suppresseurs (cavitation, air) ;
• aux chocs thermiques mis en œuvre dans la lutte • les dysconnecteurs qui équipent les appareils de
contre les légionelles. La température détériore les lavage tels que les endoscopes ;
organes de sécurité sanitaire, déforme les clapets et • les becs des robinets de puisage (air, température,
décroche les particules qui se logent dans les clapets tartre) ;
anti retour. Ces microfuites sont, à l’échelle des bac- • la tête des adoucisseurs, les résines ;
téries, équivalentes à un terrain de football pour les • les ballons ou cuves de stockage ouvert ;
humains. • les dégazeurs.
Un lien étroit existe entre développement des micro-
Présence d’oxygène dans les réseaux organismes, présence de Pseudomonas, température
Les bactéries aérobies trouvent de l’oxygène au nez favorable, air, tartre et particules.
des robinets et des points de puisage en général (air Il faut aussi noter que le support joue un rôle impor-
ambiant), mais aussi dans les canalisations car l’eau tant ; par exemple, les flexibles, les matériaux à base
contient de l’air dissout ; lorsque vous puisez de l’eau, de caoutchouc et ses dérivés sont des gîtes privilé-
vous abaissez la pression, qui tend vers zéro (la vitesse giés.
dans les canalisations terminales étant de l’ordre de
un à deux mètres par seconde, cela correspond à une Identification simple
perte de pression importante), le liquide dégaze et des causes des mélanges
crée des micros bulles d’oxygène. Un pourcentage élevé de points positifs est un indi-
cateur de désordre important dans le réseau qu’il est
Plus de résultats positifs en été nécessaire d’identifier avant toute action curative.
La bactérie se décroche du biolfilm lorsqu’elle détecte C’est généralement un passage massif de l’eau chaude
une source importante de chaleur (survie) ou lors- dans le réseau d’eau froide.
qu’elle trouve une température favorable pour se mul- La méthode de recherche est la suivante :
tiplier. • cas n° 1 : contrôler au préalable la pression d’eau
En période hivernale, la température de l’eau de livrai- chaude sur le réseau, couper l’alimentation de la pro-
son est de l’ordre de 10 à 16 °C. La nuit, la tem- duction d’eau chaude, faire chuter la pression. Si la
pérature des canalisations est identique à celle de pression augmente, il y a introduction d’eau froide
l’ambiance. La bactérie ne trouve pas de conditions dans le réseau. Cela peut provenir d’une erreur de réa-
favorables à sa multiplication. Elle peut rester plu- lisation (canalisation de retour d’eau chaude piquée
sieurs années à l’état quiescent dans le biofilm. Les sur l’eau froide pour les travaux neufs, douchettes de
analyses peuvent être néanmoins positives en pré- lavage en cuisine, filtres équipés d’aquastop sans cla-
sence d’une concentration importante. pets sur les piquages) ;
En période chaude, la température de l’eau de livrai- • cas n° 2 : la méthode de contrôle par la pression
son varie en fonction de l’ensoleillement pour les met en évidence une multitude de micromélanges. Il
eaux d’origine de surface, de l’ordre de 20 à 25 °C. La faut alors isoler une à une les boucles d’eau chaude,
nuit, la température des canalisations est identique les vannes d’isolement aller et retour et réaliser un
à celle de l’ambiance, soit 25 °C. La bactérie trouve puisage sur un robinet d’eau chaude du réseau isolé ;
des conditions favorables à sa multiplication et se s’il persiste une pression, rechercher l’origine des
décroche par grappes. C’est la raison pour laquelle il mélanges à chaque point de puisage. Les causes sont
faut plusieurs prélèvements pour confirmer l’absence en général liées à des robinets thermostatiques ou
de Pseudomonas. manuels bloqués par des particules.

Endroits, matériels Identification de l’origine des désordres


ou équipements à risque bactériologiques dans une installation
Les matériels à risque sont : L’ATPmétrie (technique de bioluminescence) est un
• les réseaux mitigés qui ont des températures de l’or- outil qui permet de faire une recherche rapide et pré-
dre de 25 et 40 °C ; cise de l’origine des désordres dans un réseau sani-
• les électrovannes ; taire, du point de livraison de l’eau jusqu’au point
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La mesure de la biomasse active est un indicateur idéal pour • cas 1 : l’eau est de « bonne » qualité du comp-
optimiser les programmes de désinfection. L’adénosinetriphosphate teur d’eau froide jusqu’au niveau du piquage sur la
(ATP) est présente chez tous les microorganismes. En présence d’une colonne. Les résultats d’un prélèvement au niveau
enzyme issue de l’abdomen de la luciole, on obtient un effet
éclairement qu’on mesure avec un luminomètre, et on transforme le d’un robinet (mélangeur mono commande ou robi-
résultat en « équivalent bactéries ». Cette méthode constitue un net classique) sont qualifiés de « mauvais » au
système d’alarme général idéal pour détecter les dérives microbiennes premier jet et les deux prélèvements effectués en
et les recroissances dans les lignes de distribution.
Elle ne se substitue pas aux méthodes d’analyse réglementaires. amont du robinet sur l’eau chaude et froide donnent
des résultats « acceptables ». En puisant de l’eau à
Biomasse équivalent micro-organismes
55 °C pendant 30 minutes, les résultats deviennent
< 500…………………...bon « bons ». La contamination se situe donc unique-
ment au niveau du robinet, les analyses bactériologi-
< 500 à 1500….…acceptable
ques confirment le résultat. L’action curative consiste
500 à 10 000.........préventif © Aqua Tools à faire couler de l’eau chaude sur le(s) point(s) de
puisage pendant une heure (un filet d’eau suffit).
> 10 000 …......…correction
Si persistance, précéder à une désinfection thermo-
chimique ;
• cas 2 : le prélèvement au niveau d’une douche équi-
Figure 2 – Importance de la biomasse
pée d’un robinet thermostatique donne un résultat
qualifié de « bon » en amont sur l’eau froide, « pré-
d’utilisation. Cette méthode permet de réaliser des ventif » en amont sur l’eau chaude, « préventif » au
analyses sur le terrain en quelques minutes et d’orien- premier jet et « mauvais » après un puisage de 30
ter les recherches en fonction des résultats. Une bio- minutes à 45 °C. Tous les robinets de cet établisse-
masse élevée (en équivalents micro-organismes) est ment ont de mauvais résultats ATP, une flore totale
un risque fort d’avoir des bactéries pathogènes, et son élevée. L’origine en est une flore thermorésistante sur
évolution est un indicateur permettant d’orienter la le réseau d’eau chaude sanitaire qui a contaminé l’en-
recherche et les éventuelles causes des désordres. On semble des points de puisage. La cause : un adoucis-
constate une relation entre la flore totale, l’ATP (adé- seur dont la qualité bactériologique se dégrade en
nosine triphosphate) et les Pseudomonas, sans pour quinze jours malgré une désinfection mensuelle. Une
autant affirmer qu’une faible biomasse montrerait l’ab- chloration du réseau d’eau chaude a permis de revenir
sence de Pseudomonas (on retrouve ces bactéries dans à des résultats acceptables au niveau de l’eau chaude
une eau osmosée !). et des robinets de puisage. Dans ce cas, la chloration
On qualifie les résultats ATP selon quatre catégories : ponctuelle du réseau d’eau chaude ne sert pas pour
bon, acceptable, préventif et mauvais (Figure 2). la lutte contre les légionelles mais pour le traitement
Les cas les plus courants d’installations ayant des des points terminaux ;
analyses bactériologiques positives sont les suivants • cas 3 : l’eau est de mauvaise qualité bactériologi-
(Tableau I) : que au niveau des lave-mains. Après une désinfection
thermique à 50 °C, le problème persiste sur un seul
Tableau I - Résultats d’analyses bactériologiques les plus courants
lave-mains. Le bouclage d’eau chaude qui alimente
Point de prélèvement Résultat ce robinet est stagnant (défaut d’équilibrage), c’est
Compteur livraison Bon l’eau chaude qui pollue le robinet, les micro-orga-
Surpresseur Acceptable nismes « s’installent » ; l’élément thermostatique ne
Canalisations Bon permettant pas un écoulement supérieur à 50 °C, le
Adoucisseurs Acceptable terrain est favorable pour les Pseudomonas et est une
Retour eau chaude sanitaire Bon barrière aux actions thermiques ;
Robinet lavabo • cas 4 : présence de Pseudomonas après les diffé-
• premier jet à 30 °C Préventif rentes actions curatives thermiques. Les bactéries se
situent en amont du robinet sur la canalisation d’eau
• puisage + 1 minute d’eau froide Bon
froide, il est nécessaire de faire une désinfection ther-
• puisage + 1 minute à 50 °C Correction
mochimique de l’antenne terminale.
• puisage + 10 minutes à 55 °C Acceptable
Douche Préventif
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ATPmétrie
Bactéries Évolution des micro-organismes
planctoniques en fonction des conditions de température

Utilisation Bactéries
normale et amibes 600 bactéries/ml

Bactéries ciliées
(accrochées)
Bactéries planctoniques
(refuge dans les "bras morts"
+1 mn
Recolonisation latente)

> 55 °C stress 5 000 bactéries/ml

© Isagua Concept
Figure 3 - Les bactéries se décrochent avec l’« effet température »

Moyens de lutte ou actions curatives Attention


Traitement chimique On ne peut traiter que ce que l’on peut maîtriser ;
Le traitement chimique peut être un moyen efficace traiter les canalisations principales d’eau froide en y
si la bactérie n’a pas eu le temps de « se protéger ». injectant de l’eau chaude est vivement déconseillé.
En général, l’abaissement du nombre de bactéries Le remède est pire que le mal.
n’est que de courte durée en utilisant cette méthode.
Le biocide n’atteint pas les bactéries logées dans les Quelle conception pour prévenir et lutter
zones non irriguées : bras mort , mécanismes comple- contre les Pseudomonas ?
xes des robinets, colles, filetages, fissures des flexi- Prévenir, c’est mettre en œuvre des moyens qui limi-
bles, sondes des appareils de mesure… tent les situations favorables au développement des
micro-organismes et permettent en cas de contamina-
Traitement thermique des points terminaux, tion la mise en œuvre d’actions correctives permettant
robinetterie et réseaux mitigés de revenir rapidement à une situation normale.
Une température de l’ordre de 55 °C est suffisante Dans les secteurs à risques, comment éviter d’installer
pour atteindre les zones non accessibles au biocide. des robinets thermostatiques, limiter la température à
À l’approche de la température, les bactéries se décro- 50 °C, éviter les brûlures en cas de coupure ou varia-
chent en quelques minutes du biofilm. Cette méthode tion de pression de l’eau froide et pouvoir mettre en
donne de bons résultats pour les points terminaux œuvre une désinfection thermique ou thermochimi-
mais n’est pas garantie pour un traitement global (plu- que ? Une solution est d’installer un robinet de type
sieurs points de puisage). mono commande, de régler la butée interne pour une
plage de température de 45 à 50 °C avec en amont un
Traitement thermochimique des canalisations équilibreur de pression (Figure 4). Cet organe resti-
terminales d’eau froide tue en aval la plus basse des pressions de l’amont. En
Un traitement thermochimique consiste à faire passer cas de coupure de l’eau froide, le débit sera nul sur les
une eau chaude contenant du chlore (de 1 à 3 mg/l) deux fluides. Le débit varie en fonction des variations
pour une désinfection dans des locaux occupés ou du de pression mais la température reste stable.
peroxyde d’hydrogène par exemple pour le traitement
d’une zone inoccupée (après travaux par exemple). Les Quelques conseils pour la conception
bactéries et amibes se décrochent du biofilm sous l’ef- • Les canalisations d’eau froide doivent supporter une
fet « température » (Figure 3) et le biocide traite les désinfection thermique à 60 °C pendant deux heu-
bactéries mises en suspension. Le chlore ou dioxyde res.
de chlore doit être maintenu pendant plusieurs jours • Les pressions doivent être voisines (DTU), la varia-
après l’intervention. tion de la pression d’eau froide entraîne celle de l’eau
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chaude. Chaque piquage sur un collecteur (eau froide, • Douches pour patients et lavabo pour patients déso-
eau chaude sanitaire) doit être équipé d’une vanne rientés2 : mélangeur mono commande équipé d’une
d’isolement, d’un clapet de type EA et d’un équili- butée de limite de température et un équilibreur (Twin-
breur de pression. bar : GRK.fr) de pression (brûlure et lutte contre les
• L’alimentation d’une chambre doit être réalisée en Pseudomonas).
série (douche, lavabo, WC…). • Douche ou baignoire pour les nourrissons2 : mitigeur
• Les appareils à chambre de mélange (thermostati- thermostatique équipé d’un bypass pour la désinfec-
ques) sont à éviter (Figure 4). tion et d’un équilibreur de pression en amont (brûlure,
désinfection, lutte contre les Pseudomonas).
Choix de la robinetterie • Lave-mains à commande non manuel2 : mélangeur
• Lavabos patients, douche pour le personnel : mélan- mono commande équipé d’une butée de limite de tem-
geur mono commande équipé d’une butée de limite pérature, de débit et de deux électrovannes.
de température (limite la température et lutte contre • Auges de chirurgien2 : idem.
les Pseudomonas).
Orientations pour améliorer la situation
Principe de distribution dérivée : les postes de puisage sont alimentés les
Il faut privilégier une conception simple qui respecte
uns après les autres par des canalisations de sections décroissantes.
les règles sanitaires et un choix de matériels le plus
Désinfection thermique : en pied ou en haut de colonne pour les simple possible. L’excès de protections, d’automatis-
distributions verticales, à chaque niveau pour les distributions horizonta-
les et dans tous les cas dans un endroit facilement accessible, prévoir la
mes, de sécurité entraîne souvent un résultat contraire
possibilité de réaliser un bypass entre l’eau chaude et l’eau froide à celui recherché. Pour la sécurisation des points de
puisage, des points à risque (lave-mains ou lavabo de
chirurgien, réanimation, nourrissons, douches, service
Le raccordement du
bypass peut être : douche
de brûlés…, une solution technique intéressante est
lavabo
- une vanne équipée de chauffer à la température souhaitée l’eau froide
avec un bouchon de via un micro échangeur au point terminal (présenté à
vidange en 8/13 ;
- un bouchon des Hôpital Expo 2008 par Sogoba). Ce schéma évite tout
équilibreur
© Isagua Concept

clapets EA. contact direct avec l’eau chaude sanitaire et règle la


de pression
problématique légionelle ou Pseudomonas dans les
secteurs à risque.
La prévention commence par le lavage des mains, le
nettoyage des surfaces humides et l’entretien des points
Figure 4 - Schéma de principe d’un réseau permettant une désinfection thermique terminaux.  n

2- Voir variante avec micro échangeur et chapitre suivant.

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Voir page 71

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