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Annonce des axes

I. Une clôture du récit


1. Clôture spatiale
2. Le recyclage des personnages

II. Les critères de la sagesse


1. Le refus des ambitions
2. Le refus des raisonnements stériles
3. Les bienfaits du travail

III. L'évolution des protagonistes


1. Candide
2. Pangloss
3. Cunégonde

Commentaire littéraire

I. Une clôture du récit

1. Clôture spatiale

      La formule classique par laquelle débute le conte : « Il y avait en Westphalie » nous permet
d'attendre une clôture classique du genre, c'est-à-dire une fin heureuse. Mais en fait, c'est un
horizon trompé : le jardin a succédé au château : régression spatiale ; la Turquie a remplacé la
Westphalie et un derviche remplace Pangloss. Pour Candide le monde est désormais plus vaste et ne
se limite pas à la province de Thunder-Ten-Tronc ou à la Westphalie. L'espace se clôt de manière
ambivalente : rétrécissement social, du château à la métairie, et l'élargissement politique. En
opposition à l'Occident, l'Orient apparaît comme la terre du retour aux origines, retour à la sagesse
fait d'expériences et de pragmatisme. D'ailleurs, le discours du vieillard au derviche rappelle le
discours du vieillard de l'utopie de l'Eldorado et la religion est réhabilitée. L'installation dans le jardin
marque la fermeture de l'espace géographique.

2. Le recyclage des personnages

      Le Turc au début du texte (le paragraphe précédant l'extrait étudié ici) dit : « Je n'ai que vingt
arpents ». A son image, la métairie est une « petite ère » dans laquelle vie une « petite société ». La
modestie de la surface de la métairie est compensée par les principes d'une sage économie. Même
les vestiges dérisoires du monde aristocratique sont recyclés. Le conte recycle la laideur de
Cunégonde en utilité. Giroflée est recyclé en honnête homme qui passe du vice à la vertu. Tous les
personnages du début trouvent leurs places et leurs destins sont scellés.
      Le baron n'est pas recyclable car il est encore attaché à ses préjugés et à ses stéréotypes.
      Fermeture du conte : Candide prononce la morale finale et sa parole est créatrice d'un nouvel
age.
II. Les critères de la sagesse

1. Le refus des ambitions

      Candide, dès le début du texte montre sa préférence pour une vie simple, notamment il dit :
« Ce bon vieillard … des six rois ». « bon » est répété 4 fois.
      Une vie modeste et réglée est plus enviable qu'à celle d'un roi. Il renonce donc à toute ambition
de pouvoir et de richesse. De toute façon, il y a un caractère éphémère et aléatoire à une gloire des
hommes. Dans le texte, il y a une litanie des rois qui ont subit des malheurs. Cela montre que le fait
d'être puissant et riche ne fait rien. Référence au chapitre XXVI : les rois déchus. Par contraste, la vie
simple dans la métairie est valorisée.

2. Le refus des raisonnements stériles

      Il ne s'agit pas pour Voltaire de s'opposer à toute forme de raisonnement puisque Candide au
début du texte est plongé dans de profondes réflexions. Il s'agit plutôt d'une pensée nourrie
d'expériences et d'observations. Ce qui est par exemple rejeté est le discours de Pangloss et des
métaphysiques qui a une tendance affirmée à bavarder, à brasser des idées, à délayer. Et ses pensées
débouchent toujours sur une action cohérente. D'ailleurs, Pangloss ne travaille pas. Dans le second
discours, on voit bien qu'il n a pas renoncé à l'absurdité et à l'incohérence. Critique des
raisonnements interminables sur des questions métaphysiques. Pangloss use encore de la
terminologie optimiste quand il parle du meilleur des mondes possibles. Candide contredit et
interrompt à deux reprises Pangloss : « Je sais », « Mais » et Martin s'y oppose aussi.

3. Les bienfaits du travail

      Le travail est présenté comme une concentration de toutes les vertus. Notamment si on analyse
la phrase du vieillard « Le travail… ». Le travail est une nécessité spécifique, il éloigne l'ennui. C'est
aussi une nécessité morale car il éloigne de nous le vice et c'est une nécessité économique puisqu'il
éloigne de nous le besoin.
      Dans la seconde partie du texte, on note l'importance des activités manuelles préservées de
manière laudative : « très bonne pâtissière ».
      Champ lexical des activités artisanales connoté laudativement : « Roda, très bon menuisier ». On
peut voir que le verbe « travailler » et « cultiver » viennent deux fois dans le texte. Cela montre
l'orientation claire de la spécificité de Candide vers les bienfaits du travail. « La petite terre rapporta
beaucoup » montre une satisfaction personnelle en même temps qu'une satisfaction du travail.

Conclusion partielle
    On peut voir que la parabole (petit apologue du jardin (chapitre 30)) oppose clairement l'activité
aux discours inutiles. « Cultiver son jardin » signifie travailler socialement, travailler intérieurement
son raisonnement ainsi que sa pensée. Cela veut également dire se cultiver intellectuellement. En
effet, la situation que décrit Candide dans ce chapitre est aussi la situation de Voltaire à Carnet. La
conclusion de ce conte est très sibylline. C'est une leçon de modestie et de simplicité qui donne à
l'homme une place acceptée dans une situation matériellement supportable.

III. L'évolution des protagonistes

      Pangloss est le maître à penser de Candide. Bien qu'il ait beaucoup douté, il ne l'a jamais
confronté.
      Dans ce texte Candide coupe la parole à Pangloss deux fois. C'est Candide qui a le dernier mot : le
maître a perdu tout son prestige aux yeux de Candide. Renversement des rôles par rapport à l'incipit
de Candide.

1. Candide

      Candide apparaît mûri. Il a tiré profit de ses expériences, de son voyage initiatique et de ses
observations. Il a en plus acquis de l'autorité, et il peut même juger de lui-même. Candide est
devenu philosophe. D'après Voltaire, un philosophe est quelqu'un qui possède un esprit critique sur
un raisonnement qui lui est propre. Candide est au début un personnage sans épaisseur. Il acquiert
une dimension patriarcale car c'est le chef, figure centrale de la communauté, celui dont la parole
résume et rassemble. Sa fonction n'est plus d'apporter une contradiction à Pangloss, il est désormais
le maître financier et intellectuel.

Conclusion

      Candide est un conte et, de ce fait, le lecteur aurait pu s'attendre à un dénouement heureux. Mais
c'est un conte philosophique. Candide trouve une paix dans un choix de vie supportable bien loin des
rêves de l'Eldorado. Ce choix est un aboutissement de tout un parcours et bien que ce ne soit pas
parfait, il ne dépend plus des caprices du sort.
      Le héros se libère des illusions du monde de l'enfance pour devenir enfin adulte et autonome ce qui
est le projet même des lumières.
      En 1773, Voltaire écrit à D'Alembert : « si j'ai encore quelque temps à vivre, je le passerai à
cultiver mon jardin comme Candide. J'ai assez vécu comme lui ».

2. Pangloss

      Contrairement à Candide, Pangloss n'a pas évolué. Il s'entête dans des raisonnements qui
tournent à vide. Il est incapable de penser par lui-même car son premier raisonnement est « selon le
rapport de tous ». Il se refère en effet à la bible « Ut operatum eum » = « pour qu'il travaille » et aux
philosophes. C'est pourquoi Pangloss ne maîtrise pas les théories auxquelles il adhère. Raisonnement
de fausse logique. Toute l'ironie du faux rapport logique dans « des cédrats confits et des pistaches.».
Il n'a jamais été philosophe car il n'a pas aptitude à modifier son jugement en fonction de son
expérience.
3. Cunégonde

      Au début, Cunégonde est belle et oisive. A la fin, elle est laide mais excellente pâtissière => le
travail compense sa laideur.

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