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#EXPROPRIATION
Suppression de l’habitat insalubre : articulation entre droit spécial et droit commun
La loi n° 70-612 du 10 juillet 1970 tendant à faciliter la suppression de l’habitat insalubre organise
une procédure d’expropriation considérablement simplifiée qui autorise l’autorité préfectorale,
après avoir elle-même déclaré insalubres les immeubles visés, à déclarer l’opération d’utilité
publique sans enquête préalable, à prononcer la cessibilité, à fixer l’indemnité provisionnelle
allouée à l’exproprié, puis à envoyer l’expropriant en possession afin qu’il procède aux démolitions
poursuivies par la loi. Concernant plus spécifiquement la phase judiciaire, la particularité de la
procédure tient dans la réduction drastique de l’indemnité due à l’exproprié, laquelle s’entend de
« la valeur du terrain nu, déduction faite des frais entraînés par leur démolition » (L. n° 70-612,
10 juill. 1970, art. 18).
La question soumise à la Cour de cassation, en l’espèce, était celle de savoir comment articuler,
en cas d’expropriation simultanée d’immeubles salubres et insalubres, les dispositions de la loi de
1970 avec celles du Code de l’expropriation. Était en cause l’expropriation globale, poursuivie
selon les règles du droit commun, de parcelles sur lesquelles étaient situés à la fois des logements
insalubres, des maisons d’habitation salubres et un local commercial. L’exproprié reprochait aux
juges du fond d’avoir évalué l’indemnité relative aux bâtiments insalubres selon les règles restric-
tives de l’article 18 de la loi du 10 juillet 1970, au motif qu’une procédure diligentée selon le droit
commun imposait nécessairement une indemnisation conforme au droit commun (c’est-à-dire
l’indemnisation du préjudice matériel, direct et certain subi par l’exproprié du fait de l’expro-
priation, C. expr., art. L. 13-13). Autrement dit, les règles du droit spécial ne pouvaient, pour le
plaideur, recevoir application que si la procédure avait été initiée sur le fondement du droit spé-
cial. Cet argument est rejeté par la Cour de cassation. Pour la Haute juridiction, la présence sur
le même site de logements frappés d’insalubrité irrémédiable et de bâtiments salubres ou com-
merciaux justifiait tout d’abord l’application de la procédure d’expropriation de droit commun. En
Civ. 3e, 7 sept. 2011, outre, précise-t-elle, rien n’interdit l’application simultanée des textes de droit commun et de la
n° 10-10.597 loi du 10 juillet 1970, ce dont il se déduit que l’indemnité relative à l’expropriation des logements
insalubres devait être fixée conformément aux dispositions restrictives de l’article 18 de cette loi.
#VENTE
Diagnostic amiante négatif : pas d’obligation de garantie du vendeur
Après l’achat d’un bien immobilier, les acquéreurs découvrent la présence d’amiante. Ils assignent
le vendeur, un particulier. Celui-ci résiste avec succès en invoquant la clause d’exclusion des
vices, sa bonne foi et l’état réalisé mentionnant l’absence de matériaux ou produits contenant
de l’amiante. Par un arrêt du 6 juillet 2011, la Cour de cassation rejette le pourvoi formé contre
l’arrêt de la cour d’appel.
Rappelons que traditionnellement, les actes de vente immobilière contiennent, comme dans le cas
présent, une clause de non-garantie des vices cachés. Si la clause est correctement libellée, elle a
pour effet d’exonérer le vendeur qui n’avait pas connaissance du vice… Mais ne saurait décharger
celui qui connaissait le vice ou, s’agissant d’un professionnel, qui était censé le connaître. Cepen-
dant les clauses exclusives de garantie se voient retirer toute efficacité, à l’égard de certains vices,
dans le souci d’assurer l’exécution de l’obligation d’information due par le vendeur. Depuis le
1er novembre 2007, le vendeur doit ainsi à l’acquéreur un dossier de diagnostic technique qui doit
notamment contenir, conformément à l’article L. 1334-13 du Code de la santé publique, un état
mentionnant la présence ou l’absence de matériaux ou produits contenant de l’amiante pour tous
les immeubles dont le permis a été délivré avant le 1er juillet 1997 (CSP, art. R. 1334-23).
.../...
.../... Faute de pouvoir invoquer la clause d’exclusion des vices, les acheteurs vont développer divers
griefs, qui ne seront pas plus retenus. Ainsi de l’obligation générale du vendeur de ne livrer que
des produits exempts de tout vice, la Cour de cassation relève cependant que cette obligation ne
pèse que sur le vendeur professionnel. Le deuxième argument avancé était issu de la législation
sur la lutte contre la présence de plomb ou d’amiante, les acheteurs prétendant y relever une
obligation particulière de sécurité. En vain, la Cour de cassation ayant déjà jugé que le vendeur
n’est tenu de garantir les acheteurs contre l’absence de matériaux contenant de l’amiante qu’en
présence d’un « engagement spécifique » (Civ. 3e, 23 sept. 2009, Bull. civ. III, n° 204), d’une sti-
pulation posant une obligation de garantie. Enfin, ils vont invoquer un manquement des vendeurs
à l’obligation de délivrance, sans plus de succès. La jurisprudence contraint le vendeur à la remise
d’une chose conforme, c’est-à-dire répondant aux caractéristiques annoncées par le vendeur. Or,
l’acte de vente d’un immeuble comporte un paragraphe visant l’amiante. Celui-ci relate l’état de
la législation et les diligences auxquelles le vendeur s’est conformé : un constat a été réalisé par
un technicien et des recherches effectuées par ce technicien il résulte, selon la copie du diagnostic
annexée à l’acte, telle conclusion (présence ou absence d’amiante). Le vendeur n’y garantit pas
l’exactitude de ce travail, l’absence d’amiante. La clause relative à l’amiante a pour seul but d’éta-
Civ. 3e, 6 juill. 2011,
n° 10-18.882
blir le respect des exigences légales relatives au diagnostic technique. Il est donc vain de prétendre
y trouver matière à étayer une prétendue violation de l’obligation de délivrance.
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oct 2011