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Normalisation comptable

1- Constat de départ
1-1 Les référentiels comptables
Il existe une très grande hétérogénéité des référentiels comptables tant au niveau des principes qu’au niveau
des présentations des états financiers.
Les trois référentiels les plus connus et les plus utilisés sont :
• le référentiel comptable européen basé sur les 4ème et 7ème directives,
• le référentiel comptable américain : les US GAAP (Generally Accepted Accounting Principles),
• le référentiel comptable international : les IAS (International Accounting Standards) et IFRS (Internatio-
nal Financial Reporting Standards).

Rappel : Un référentiel comptable regroupe l'ensemble des principes comptables, des normes comptables et
des interprétations de ces normes.

1-2 Exemples
Exemple 1 : Deux auteurs (Azières et Simmonds -1989) ont montré à quel point les normes comptables pou-
vaient diverger au sein de l’Union Européenne.

États financiers d’une même société établis en conformité avec les normes de 7 pays européens
Millions d’euros D B E F I NL GB
Résultat d’exploitation 261 274 250 264 243 264 289
Résultat net 133 135 131 145 174 140 192
Immobilisations incorporelles 184 171 181 186 181 171 91
Immobilisations corporelles 298 431 418 401 361 401 431
Total des actifs 482 602 599 587 542 572 522
Capitaux propres 649 726 722 710 751 704 712
Résultat net
20,5 % 18,6 % 18,2 % 21 % 23,2 % 19,9 % 27 %
Capitaux propres

Exemple 2 : Soit le résultat de l’année 2000 (en milliards d’euros) établi selon les normes nationales et selon les
normes américaines de diverses sociétés (M. Méau)

Groupe Normes locales US GAAP Ecart


Alcatel 1,3 - 0,5 - 1,8
Alstom 0,2 - 1,3 - 1,5
Deutsche Telekom 5,9 9,2 3,3
France Telecom 3,6 5,1 1,5
Glaxosmithkline 6,8 - 8,5 - 15,3
Vodafone - 16,0 - 11,6 4,4
A partir de ces exemples, on constate que la “vérité” comptable est assez élastique.

1-3 Raisons de cette hétérogénéité

• La comptabilité peut être codifiée (France, Allemagne) ou résulter d’une pratique (principes généra-
lement admis des anglo-saxons) ;
• La comptabilité est adaptée à la législation fiscale en Europe continentale (pays de connexion) alors
qu’elle est indépendante dans les pays anglo-saxons (pays de déconnexion) ;
• Les états financiers sont élaborés pour différentes catégories d’utilisateurs en Europe continentale
alors qu’ils sont essentiellement établis pour les actionnaires dans les pays anglo-saxons ;
• La notion de propriété est applicable à l’actif du bilan en France alors que dans les pays anglo-saxons
on retient la notion d’utilisation du bien.
• De nombreuses options sont possibles (activation ou non des frais de recherche et développement, va-
lorisation des stocks selon la méthode CUMP, PEPS …)

Normalisation comptable 1 Mireille et Christian ZAMBOTTO


1-4 Pourquoi des normes internationales ?
1-4-1 Internationalisation des marchés
Le besoin d'harmonisation comptable résulte essentiellement de l'internationalisation des marchés finan-
ciers, qui se manifeste de deux manières :
• au niveau de l’offre de capitaux.
Un marché financier local peut attirer des investisseurs étrangers. C'est l'offre de capitaux qui se dé-
place à l'étranger. L'investisseur se satisfait, au moins dans un premier temps, des pratiques compta-
bles locales.
• au niveau de la demande de capitaux.
Des entreprises locales peuvent chercher à lever des fonds sur un marché financier étranger. C'est la
demande de capitaux qui s'internationalise. L'émetteur doit se plier aux exigences des marchés sur les-
quels il souhaite lever des fonds.

1-4-2 Coût d’élaboration des états financiers


Etablir les comptes selon un seul référentiel comptable permet de réduire le coût d’élaboration des états finan-
ciers.

2- Les organismes de normalisation


2-1 Présentation générale
Dans la plupart des pays, les comptabilités d’entreprises sont normalisées : elles s’appuient sur une termino-
logie et des règles communes et produisent des documents de synthèse dont les présentations sont
identiques d’une entreprise à l’autre.
L’initiative d’une telle normalisation revient :
• aux pouvoirs publics qui prennent en charge les intérêts de la société dans son ensemble,
• à des instances politiques internationales,
• à la profession comptable elle-même qui défend les aspirations du monde des affaires au sens
large.

Citons les principaux organismes de normalisation comptable :

L'ONU (Organisation des Nations Unies)


Au niveau
L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques)
international
Normalisation L’Union Européenne
comptable Le parlement
à l’initiative des Le gouvernement
Au niveau
pouvoirs publics Le CNC (Conseil National de la Comptabilité)
national
Le CRC (Comité de Réglementation Comptable)
L'AMF (Autorité des Marché Financiers)
Normalisation L’IFAC (International Federation of Accountants)
Au niveau
comptable L’IASB (International Accounting Standards Board) ancien IASC
international
à l’initiative des La FEE (Fédération Européenne des Experts-comptables)
organisations Au niveau La CNCC (Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes)
professionnelles national L’OEC (Ordre des Experts-Comptables)

2-2 Au niveau international : présentation de l’IASB


2-2-1 Historique
29 juin 1973 : signature à Londres, de la charte de création de l’IASC (International Accounting Standard Com-
mittee) par 9 pays (Australie, Canada, France, Allemagne, Mexique, Pays-Bas, GB, Irlande et Etats-Unis).
Ses objectifs sont de formuler et de publier dans l’intérêt général, les normes comptables à observer pour pré-
senter les états financiers, de promouvoir leur acceptation et leur application dans le monde et de travailler de
façon générale à l’amélioration et à l’harmonisation des réglementations, des normes comptables et de procé-
dures relatives à la présentation des états financiers.
Pour cela, l’IASC espère faciliter une approche internationale commune selon plusieurs voies :
• participation dès lors que des pays essaient de s’entendre sur des normes comptables ;
• adoption de normes internationales pour les pays qui n’ont pas de normes ;
• comparaison des normes pour éliminer les différences significatives ;

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• persuasion des autorités des avantages d’une harmonisation.
Actuellement 112 pays sont membres et l’IASB regroupe quelques 150 organisations comptables profession-
nelles. La France est représentée par l’OEC et la CNCC.

1973-1986 : à sa création l’IASC avait pour ambition première de faire accepter l’idée même
d’harmonisation. Donc dans un premier temps le référentiel était assez large pour qu’il puisse convenir à une
majorité d’Etats ayant une culture et une normalisation comptable très différente. Dans chaque norme, il y avait
une grande diversité d’options.

1987 : l’IASC prend conscience de la nécessaire évolution de ce référentiel et la réduction des options devient
l’objectif prioritaire.

1989 : publication du projet E32 sur la comparabilité des états financiers. Ce projet pris fin en 1993 avec
l’adoption en bloc de 10 normes révisées applicables aux exercices ouverts à compter du 1er janvier 1995.

Juillet 1995 : accord entre IASC et IOSCO (International Organisation of Securities Commissions ou OICV : Or-
ganisation Internationale des Commissions de Valeurs mobilières), qui engage l’IASC à fournir pour 1999 un
ensemble de normes complet permettant aux entreprises de se faire coter sur un marché financier étranger
sans nécessiter de retraitement, même aux Etats-Unis.

17 mai 2000 : recommandation à l’ensemble des autorités boursières du monde d’accepter l’utilisation des
normes IAS (sauf IAS 14 sur les informations sectorielles et IAS 15 sur les informations reflétant les effets des
variations de prix).

2001 : modification des statuts de l’IASC qui s’appelle désormais l’IASB (International Accounting Standards
Board). Les normes s’appelleront des IFRS (International Financial Reporting Standards) : ce ne sont plus des
normes de comptabilité mais d’information financière, élargissant le champ d’action de la normalisation. La
réforme de l’IASC traduit un souci de professionnalisation, d’indépendance et d’ouverture de ses instances aux
préparateurs, régulateurs et normalisateurs nationaux en complément des professionnels de la comptabilité.

19 juin 2003 : adoption de l’IFRS 1

Lancement de l'animation
De l’IASC vers l’IASB
IASC : juin 1973 Æ 2001 Transformation de l’IASC en IASB : avril
International Accounting Standards Committee 2001Æ
Missions : International Accounting Standards Board
• formuler, publier et promouvoir des normes
comptables ;
• améliorer et harmoniser les réglementations Troisième étape : intention de ne pas se
et les procédures comptables des différents limiter à la normalisation comptable
pays. mais de traiter plus généralement de
l’information financière
Deux étapes peuvent être identifiées : Î Modification du nom des normes :
1973-1993 : inventaire des pratiques
comptables mené par les pays industrialisés. IAS avec A pour Accounting (comptabilité)
Il s’agit de rendre les comptes compréhen- devient
sibles.
1993-2001 : percée des normes sur le plan IFRS avec FR pour Financial Reporting
international. Il s'agit pour les normalisateurs (information financière)
de rendre les comptes comparables entre eux
et non plus simplement de les harmoniser. L’IASB publie :
L’IASC a publié : • des IFRS (International Financial
• des IAS (International Accounting Standards) Reporting Standards)
• des interprétations SIC (Standards • des interprétations IFRIC (International
Interpretations Committee) Financial Reporting Standards Committee)

Actuellement coexistent normes IAS et IFRS, interprétations SIC et IFRIC


Mireille et Christian ZAMBOTTO

Normalisation comptable 3 Mireille et Christian ZAMBOTTO


2-2-2 Organisation de l’IASCF
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7 organismes IASCF
nationaux de la
comptabilité International Accounting Standards Committee Foundation
Allemagne Organisme privé indépendant
Australie et Nouvelle
Zélande Mission : développement et adoption des normes comptables internationales.
Canada
États-unis La mission technique est confiée au Conseil exécutif (BOARD)
France
Grande Bretagne Conseil exécutif (le Conseil) : IASB Conseil de surveillance
Japon (International Accounting 19 administrateurs (Trustees)
Standards Board)
Chaque pays a ses
14 membres dont 7 correspondants Missions
spécificités et établit
des règles indépen- représentant les organismes ¾ Chargé de la désignation des
dantes de l’IASB, tout nationaux de la comptabilité membres des trois autres organes ;
en cherchant une Mission ¾ Assume la recherche de finan-
convergence ¾ Chargé de la préparation et de la cements de l’institution
publication des normes
Missions :
Les correspondants :
¾ participent aux Comité permanent d’interprétation : Comité consultatif : SAC
débats au sein de IFRIC (Standard Advisory Council)
leur organe de (International Financial Reporting 49 membres
normalisation ; Interpretations Committee) Mission
¾ font part des
12 membres Les membres constitutent une tribune
dispositions de leur
organe normalisateur Mission pour :
à l’IASB ainsi que ¾ Interprète et commente l’application ¾ conseiller les membres du Board et
des problèmes de des normes existantes les Trustees ;
convergences des ¾ émettre des points de vue des
normes organismes et des particuliers.

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2-2-3 Processus d’élaboration des normes


La publication d'une norme passe par une procédure qui comporte quatre grandes étapes :

Étape 1 : L'IASB saisit les experts techniques pour avoir leurs avis sur l'étude d'un projet.

Étape 2 : A la suite des propositions rendues par les instances techniques, le Board publie un Document
de Discussion (Discussion Document ou DSOP, draft statement of principles) pour appel à
commentaires ;

Étape 3 : Une fois les avis, arguments et commentaires reçus, l'IASB propose un Exposé Sondage (Ex-
posure Draft) sur le projet soumis qui doit être approuvé par au moins 8 voix ;

Étape 4 : Après avoir tenu compte des différents avis et commentaires, l'IASB émet une IAS, appelée do-
rénavant IFRS.

Chaque membre du Board détient un droit de vote. La publication d'une norme, d'un Exposé Sondage ou d'une
interprétation SIC ou IFRIC doit être approuvée par au moins 8 des 14 membres. Les autres décisions exigent
simplement la majorité des membres du Conseil présents lors d'une réunion.

Les périodes pendant lesquelles des commentaires peuvent être effectués sont de 90 jours pour les Exposés
Sondages et les Documents de Discussion. Cette période est de 60 jours pour les interprétations SIC ou IFRIC.

Le processus complet d’élaboration d’une norme dure environ 2 ans.

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2-2-4 Les normes actuellement en vigueur

41 normes ont été élaborées par l’IASC. Aujourd’hui 31 IAS et 5 IFRS sont applicables, complétées par 11 SIC
et 9 IFRIC (interprétations).

Révisée /
Série N° Titre Supprimée Commentaire
amendée
IAS 1 Présentation des états financiers 12/03 SIC 1 Améliorations
IAS 2 Stocks 12/03 Améliorations
IAS 7 Tableau des flux de trésorerie
IAS 8 Méthodes comptables, changements d'estimations et erreurs SIC 2 et 18 Améliorations
IAS 10 Événements postérieurs à la date de clôture 12/03 Améliorations
IAS 11 Contrats de construction
IAS 12 Impôts sur le résultat
IAS 14 Information sectorielle
IAS 16 Immobilisations corporelles 12/03 SIC 6, 14 et 23 Améliorations
IAS 17 Contrats de location Améliorations
IAS 18 Produits des activités ordinaires
IAS 19 Avantages du personnel
Comptabilisation des subventions publiques et informations à fournir sur l'aide
IAS 20
publique
IAS 21 Effets des variations des cours des monnaies étrangères 12/03 SIC 11, 19 et 30 Améliorations
IAS 23 Coûts d'emprunt
IAS 24 Informations relatives aux parties liées 12/03 Améliorations
IAS 26 Comptabilité et rapports financiers des régimes de retraite
IAS 27 États financiers consolidés et séparés 12/03 SIC 33 Améliorations
IAS 28 Participation dans les entités associées 12/03 SIC 3, 20 et 33 Améliorations
IAS 29 Information financière dans les économies hyperinflationnistes
Informations à fournir dans les états financiers des banques et des institutions
IAS 30
financières assimilées
IAS 31 Participations dans des coentreprises 12/03 Améliorations
IAS 32 Instruments financiers : informations à fournir et présentation 12/03 SIC 5, 16 et 17
IAS 33 Résultat par action 12/03 SIC 24 Améliorations
IAS 34 Information financière intermédiaire
IAS 36 Dépréciation d'actifs 03/04
IAS 37 Provisions, actifs éventuels et passifs éventuels
IAS 38 Immobilisations incorporelles 03/04
IAS 39 Instruments financiers : comptabilisation et évaluation 03/04
IAS 40 Immeubles de placement 12/03 Améliorations
IAS 41 Agriculture
IFRS 1 Première adoption des normes d'information financières internationales SIC 8
IFRS 2 Paiement sur la base d'actions
IAS 22, SIC 9, 22
IFRS 3 Regroupement d'entreprises
et 28
IFRS 4 Contrats d'assurance

IFRS 5 Actifs non courants détenus en vue d'être cédés et abandons d'activités IAS 5

Total 36

Depuis le 1er janvier 2005, toutes les sociétés cotées doivent appliquer les normes comptables interna-
tionales (IFRS), appelées à ouvrir la voie à un référentiel reconnu et accepté par l'ensemble des acteurs éco-
nomiques de la planète.

En 2005, 91 pays autorisent ou exigent l'utilisation des IFRS. L'obligation de basculement ne s'applique qu'aux
comptes consolidés des groupes cotés.
En Europe, 6 700 sociétés cotées sont concernées, en France, 970 sociétés cotées et indirectement 35 000 fi-
liales et sous-filiales.

Remarque : Le FASB (Financial Accounting Standards Board) et l'IASB s'engagent à faire converger leurs nor-
mes et à coordonner leurs programmes techniques.
Le référentiel international deviendrait donc le référentiel comptable. Date probable annoncée : 2008.

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2-3 Au niveau européen
2-3-1 Relations IASB et Union Européenne

a. Historique
• Des relations ambiguës
o L’Europe dans un premier temps s’est lancée dans un programme d’harmonisation des réglementa-
tions comptables (4ème et 7ème directives)
o Au même moment, l’IASC essaie de développer son propre outil normatif très largement inspiré des
normes anglo-saxonnes.
o La mise en place du marché unique européen et l’introduction de l’euro remettent en cause les ef-
forts d’harmonisation comptable au sein de l’Union européenne.
o La commission européenne délaisse le champ comptable.
o Les plus grands groupes européens se retrouvent dans l’obligation de recourir à un nouveau réfé-
rentiel comptable. Ils se tournent soit vers les US GAAP (normes américaines) soit vers les IAS.
o L’IASC propose alors à la commission européenne ses propres normes comme alternative aux
normes américaines. Elle offre ses services et s’approprie ainsi le pouvoir de normalisation dans
l’Union.
o L’adoption du référentiel de l’IASC doit être intégrale. Il faut appliquer toutes les normes ou rien.

• L’Europe sous-traite (délègue) l’élaboration des normes comptables à l’IASC en juin 2000
o La commission européenne préconise le 13 juin 2000 l’application des IAS par les groupes cotés
européens au plus tard le 1er janvier 2005.
o La commission crée un organisme : le Comité de Réglementation Comptable Européen (CRCE) qui
n’a pas de compétences techniques particulières mais qui est à vocation « politique ». Il doit donner
son avis avant l’adoption d’une nouvelle IAS / IFRS par la commission.
o La commission bénéficie de l’assistance et de l’expertise technique d’un comité créé en 2001 par
les professionnels européens de la comptabilité : l’European Financial Reporting Advisory Group
(EFRAG). Ce comité « négocie » directement avec l’IASB le contenu des normes.

• Le premier conflit entre l’IASB et l’Union européenne


o En juillet 2003, le CRCE a proposé à la commission de ratifier 30 des 32 normes IAS. Le CRCE re-
jette, à la demande des banques et des compagnies d’assurance les normes 32 et 39 :
ƒ IAS 32 - Instruments financiers : informations à fournir et présentation
ƒ IAS 39 - Instruments financiers : comptabilisation et évaluation
o A ce jour, le débat n’est pas encore tranché.
La notion de « juste valeur » fait l’objet de discussions contreversées. On constate que l’Europe
reste encore partagée entre deux modèles de gouvernance et donc deux référentiels comptables :
ƒ le modèle actionnarial de type anglo-saxon privilégiant les marchés financiers,
ƒ le modèle partenarial continental.

Normalisation comptable 6 Mireille et Christian ZAMBOTTO


b. Mécanisme européen d’adoption des normes

Lancement de l'animation
Mécanisme européen d’adoption des IFRS
IASB
Après avis du
Norme CRCE et de
Norme
IFRS
IFRS l’EFRAG
adopte ou rejette
la norme

Manifeste
COMMISSION EUROPÉENNE l’opinion de
l’Europe
auprès de
Projet Mécanisme Projet l’IASB
Projet Projet
Niveau européen

d’adoption d’adoption

Avis
d’adoption
Avis

d’adoption d’adoption
de norme de norme
de norme à double de norme
IFRS IFRS
IFRS IFRS
niveau

Niveau politique : CRCE Niveau technique : EFRAG


(Comité de Réglementation (European Financial Reporting
Comptable Européen) ou ARC Advisory Group)
(Accounting Regulatory Committee)

Validation juridique Analyse technique,consultation des


intéressés, commentaire de la
des normes
norme

Mireille et Christian ZAMBOTTO

2-3-2 Relations Union Européenne et France


Deux directives et un règlement concernent la normalisation comptable :
• la 4ème directive sur les comptes annuels (1978) : elle a été élaborée essentiellement dans le but de
coordonner les dispositions nationales concernant la structure et le contenu des comptes annuels et du
rapport de gestion, les modes d’évaluation ainsi que la publicité de ces documents pour ce qui
concerne la SA et la SARL.
• la 7ème directive sur les comptes consolidés (1983) : elle impose à toute entreprise qui a la majorité
des droits de vote des actionnaires ou associés d’une entreprise filiale, qui a le droit de nommer ou de
révoquer la majorité de l’équipe dirigeante d’une entreprise filiale ou qui exerce une influence domi-
nante sur une entreprise filiale, l’obligation d’établir des comptes consolidés et un rapport consolidé de
gestion. Cette directive comprend également des dispositions relatives aux modes d’établissement des
comptes consolidés, au rapport consolidé de gestion, au contrôle des comptes consolidés et à la publi-
cité des comptes consolidés.
• le règlement européen CE n°1606/2002 dit « règlement IFRS 2005 » : il impose aux sociétés cotées
européennes de préparer et de publier des comptes consolidées conformes au IFRS pour les exercices
ouverts à compter du 1er janvier 2005.

Rappel :
• le règlement a une portée générale. Il est obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable
dans tout Etat membre.
• la directive lie tout Etat membre destinataire quant au résultat à atteindre, en laissant aux instances na-
tionales la compétence quant à la forme et aux moyens.

Actuellement, la procédure « Directive » semble être remplacée par la procédure « Règlement ».

Normalisation comptable 7 Mireille et Christian ZAMBOTTO


2-4 Au niveau français

Lancement de l'animation Organismes français de normalisation comptable


Conseil national de la comptabilité (CNC) Comité de réglementation
Organisme consultatif comptable (CRC)
Formation plénière
Organisme réglementaire
Avis pris en
Composition : 58 membres Avis pris en Composition : 15 membres
assemblée plénière
assemblée plénière
et destiné à créer Mission : chargé d’élaborer, en liaison
Mission : émettre, dans le et destiné à créer
de nouvelles règles
domaine comptable, des de nouvelles règles avec le CNC, l’ensemble des règles
ou à les modifier
avis et recommandations ou à les modifier comptables applicables aux entités
concernant l’ensemble du tenues d’établir des documents
Comité d’urgence comptables
secteur économique,
notamment : Composition : 11 membres
¾ donne un avis préalable Missions :
sur toute disposition d’ordre
¾ examine les questions Règlements
comptable, qu’elle soit
relatives à l’interprétation ou Règlements
d’origine nationale ou
l’application d’une norme
communautaire,
comptable nécessitant un
¾ donne un avis sur les avis urgent ; Ministres
normes élaborées par les de l’Économie, du Budget
¾ doit statuer et émettre un
organismes internationaux et de la Justice
avis dans un délai de 3
de normalisation comptable.
mois.

Arrêté
Arrêtéinterministériel
interministériel
Avis
Aviset
etrecommandations
recommandations d’homologation
d’homologation
Mireille et Christian ZAMBOTTO

3- La normalisation comptable française


3-1 Cadres comptables applicables en France
Comptes consolidés Comptes individuels
Sociétés faisant appel public
IAS/IFRS obligatoires
à l’épargne sur un marché financier er
réglementé (dites sociétés APE) à compter du 1 janvier 2005
IAS/IFRS possibles Obligation de publication
Sociétés APE uniquement sous
er en règles françaises (PCG)
forme de titres de dettes (cas à compter du 1 janvier 2005
notamment des entités publiques à IAS/IFRS obligatoires
er mais convergence en cours
caractère industriel et commercial) à compter du 1 janvier 2007 vers IAS/IFRS
Règles françaises
Sociétés non APE (Règlement 99-02 du CRC)
ou option pour IAS/IFRS

3-2 Objectif « Convergence »


Le passage aux IFRS ne va pas supprimer le PCG. Les investisseurs vont donc se trouver confrontés à des ré-
férentiels différents entre comptes sociaux et comptes consolidés mais aussi entre grandes entreprises
et petites.

La normalisation comptable française est elle aussi en profonde mutation en recherchant une convergence en-
tre les IAS/IFRS et les normes françaises.

Normalisation comptable 8 Mireille et Christian ZAMBOTTO


Cette convergence :
• rapproche les principes comptables français des principes comptables IFRS ;
• est progressive, ce qui facilite l’adaptation des diverses parties prenantes (groupes cotés, PME, admi-
nistration fiscale, Chancellerie…) ;
• permet de conserver la connexion actuelle comptabilité / fiscalité à partir du PCG.

La convergence du plan comptable français vers les IAS/IFRS est en cours. Des réalisations concrètes ont
vu le jour.

Convergence déjà réalisée IAS/IFRS concernées


IAS 2 (Stocks)
Règlement CRC 2004-06
IAS 16 (Immobilisations corporelles)
relatif à la définition, la comptabilisation et à
IAS 38 (Immobilisations incorporelles
l'évaluation des actifs
IAS 23 (Coût d'emprunt)
IAS 16 (Immobilisations corporelles)
Règlement CRC 2002-10
IAS 36 (Dépréciation des actifs)
relatif à la dépréciation des actifs
IAS 38 (Immobilisations incorporelles
Règlement CRC 2000-06
IAS 37 (Provisions, passifs éventuels et actifs éventuels)
relatif aux provisions pour risques et charges

On constate que chaque évolution récente des règles françaises correspond à une « mise en harmonie » avec
une plusieurs normes IAS/IFRS. Toutefois convergence n’est pas similitude et des divergences subsistent.

3-3 Comment assurer la convergence ?


3-3-1 Notion de méthode préférentielle
Actuellement, la convergence s’effectue par le biais de règlements du CRC homologués par des arrêtés minis-
tériels. Ces règlements doivent toujours respecter les textes de niveau supérieur, notamment la loi comptable
de 1983 et son décret d’application. La convergence est parfois freinée par cette hiérarchie juridique.

Lancement de l'animation
Hiérarchie des sources de droit comptable

Traités internationaux
‰ Règlement européen
ƒ règlement européen du 19 juillet 2002 : IFRS 2005
‰ Directive européenne
ƒ 4me directive sur les comptes annuels (1978)
ƒ 7me directive sur les comptes consolidés (1983)

Textes législatifs : lois et ordonnances


ƒ loi comptable du 30-04-1983
ƒ loi sur les comptes consolidés du 3-01-1985

Textes réglementaires : décrets promulgués par le gouvernement


ƒ décret d’application du 29-11-1983 de la loi du 30-04-1983
ƒ décret d’application du 17-02-1986 de la loi du 3-01-1985

Textes réglementaires : arrêtés (inter-)ministériels


Règlements du Comité de Réglementation Comptable adoptés par arrêtés
ƒ PCG adopté par le CRC du 29-04-1999, homologué par l’arrêté du 22-06-1999
ƒ et 14 règlements du CRC adoptés à ce jour.
Jurisprudence
provenant des tribunaux

Doctrine
Réponses ministérielles, circulaires administratives,
recommandations et avis (CNC,OEC, CNCC,AMF…)

Mireille et Christian ZAMBOTTO

Normalisation comptable 9 Mireille et Christian ZAMBOTTO


Cette difficulté est partiellement surmontée par la notion de « méthode préférentielle » qui représente
l’indication par le PCG de la solution conforme aux normes internationales.

Remarque : les avis récents du CNC (à l’origine des règlements du CRC) émettent le vœu de changer prochai-
nement le texte de niveau supérieur.

Exemples
Lancement de l'animation
Prise en compte des frais de constitution
Comptes sociaux Normes internationales
• En principe charges de l’exercice IAS 38.69 a révisée 2004
• Mais sous conditions Frais d’établissement
[Code de commerce art D19 (Décret 1983) Comptabilisation obligatoire
1er alinéa et PCG art 361.1] en charges

Règlement CRC 2004-06 relatif à la


définition, la comptabilisation
et l’évaluation des actifs
• soit charges de l’exercice : Méthode Convergence
préférentielle possible
• soit Frais d’établissement (même s’il ne
répondent aux critères cumulés de
définition et de comptabilisation des actifs)

Avis CNC 2004-15


Vœu de supprimer art D19
(Décret 1983) 1er alinéa

Mireille et Christian ZAMBOTTO

Lancement de l'animation
Traitement du crédit-bail
Comptes sociaux Normes internationales

Selon le Code de commerce IAS 17.20 révisée 2003


Approche juridique (propriété) Approche économique

• Actif : élément du patrimoine Obligation de retraiter les


• Obligation de comptabiliser les loyers contrats de location financement
en charges comme s’il s’agissait d’un achat
• Interdiction d’inscrire le bien à l’actif à crédit

Règlement CRC 2004-06 relatif à la


définition, la comptabilisation
et l’évaluation des actifs
Convergence
Exclusion explicite des contrats de impossible
location financement même si les
biens répondent à la définition des actifs

Mireille et Christian ZAMBOTTO

Normalisation comptable 10 Mireille et Christian ZAMBOTTO


Lancement de l'animation
Traitement du crédit-bail
Comptes Consolidés Normes internationales
(Sociétés non APE)

Code de commerce IAS 17.20 révisée 2003


Décret 1967 modifié par loi de 1985 Approche économique
et décret de 1986 et PCG Obligation de retraiter les
contrats de location financement
• Soit loyers : charges de l’exercice comme s’il s’agissait d’un
• Soit achat à crédit art D248-8e achat à crédit

Règlement CRC 99-02


Convergence
Méthode préférentielle : achat à crédit possible

Avis CNC 23/06/2004


Vœu de supprimer l’option
d’enregistrement
des loyers en charges

Mireille et Christian ZAMBOTTO

Attention :
• dans les comptes sociaux et consolidés (règlement CRC 99-02), si une méthode préférentielle est rete-
nue, ce choix est irréversible,
• dans les comptes consolidés, lorsqu’une méthode préférentielle n’est pas utilisée, l’impact qu’aurait
eu l’utilisation de cette méthode sur le bilan et le compte de résultat consolidés doit obligatoi-
rement être donné en annexe.

3-3-2 Connexion comptabilité / fiscalité :


Les modifications résultant de la convergence du PCG vers les IFRS ont des incidences fiscales.
L’Administration fiscale a été associée aux travaux sur les textes comptables. Les textes fiscaux à mettre en
œuvre dans le cadre de la convergence suivront les principes suivants :
• maintien de la connexion comptabilité / fiscalité ;
• limitation des retraitements ;
• préservation de la neutralité financière ou budgétaire des opérations, à la fois pour les entreprises et
pour l’Etat.

Remarque : des instructions fiscales sont prévues au 2me semestre 2005 sur les actifs et les amortissements.

3-3-3 Conclusion
D'ici à "quelques" années, les normes comptables françaises, sociales ou consolidées, ne devraient plus pré-
senter de divergences majeures avec les IAS / IFRS. Il reste à régler les problèmes juridiques et fiscaux.
Le Conseil National de la Comptabilité a mis en place trois groupes de travail, consacrés à la fiscalité, au droit
et aux PME, pour œuvrer à cette convergence.

Normalisation comptable 11 Mireille et Christian ZAMBOTTO


L'Europe adopte le « Code IFRS »
Par CLAUDE LOPATER (*)

Passer des règles comptables françaises aux IFRS, c'est un peu passer de la conduite à droite à la conduite à gauche (plus
anglo-saxonne, comme les IFRS).

Première étape, apprendre le nouveau Code de la route (Code IFRS) pour être opérationnel le jour J et limiter les accidents :
priorité désormais à gauche (primauté du bilan et non plus du compte de résultat) et nombreux panneaux nouveaux (métho-
des de comptabilisation, modes d'évaluation, nouveaux éléments et charges comptabilisés, suppression d'options, nouvelle
présentation des comptes, nouvelles informations.. .). En fait, il va falloir repasser votre code, même si vous n'avez jamais
perdu de points.

Deuxième étape, apprendre à manier un véhicule modifié (volant à droite, boîte de vitesses à gauche...) pour, sinon amélio-
rer, tout au moins maintenir ses performances et apprendre à anticiper les nouveaux dangers : s'exprimer sur des prévisions
désormais incluses dans les comptes (cash-flows futurs...) et sur des éléments peu visibles (entités ad hoc non consolidées,
engagements auparavant en hors bilan), mais surtout avec les justes valeurs et autres évaluations fluctuant sans cesse,
penser à la prise au vent (maîtriser/optimiser la volatilité du résultat et la performance récurrente indiquer la sensibilité aux
hypothèses retenues...).

Ensuite, se préparer à être plus vigilant face à des gendarmes postés en plus grand nombre partout dans le monde, le Code
IFRS étant universel et traduit dans toutes les langues. Respectez le nouveau code « entièrement» (être conforme aux IFRS
est un tout), roulez propre (traduire vraiment la substance des opérations), ne zigzaguez plus (n'utiliser que les IFRS) et en-
fin lavez vos vitres et faites marcher vos clignotants et warnings (être transparent et bien communiquer).

Enfin, comme adopter le Code IFRS coûte cher (cela constitue un grand projet), l'IASB vous propose beaucoup d' «options
gratuites» pour sa première adoption ! Ne ratez pas le plus grand « opinion shopping» organisé de l'histoire ! Heureusement,
il vous reste encore quelques mois (l'idéal : votre budget 2005) pour ne pas vous retrouver à contresens sur l'autoroute
2005...

Au fait, aux Etats-Unis, on roule aussi à droite, non ? Oui, mais avec les panneaux proches du Code IFRS. C'est pourquoi
l'IASB et le FASB américain préparent déjà le code de demain, qui devrait être valable dans le monde entier en 2008.

(*) Associé, PricewaterhouseCoopers. Responsable général IFRS

Les ECHOS - 13 mai 2004

Normalisation comptable 12 Mireille et Christian ZAMBOTTO


Normalisation comptable 13 Mireille et Christian ZAMBOTTO

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