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LE MONDE

DES
ETOILES

Texte : Sakina Tabbara Jalloul


Aidée par Ismaïl, Kinane et Amine Jalloul

Illustré par: Ismaïl Jalloul


Kinane Jalloul
Amine Jalloul
Sakina Tabbara Jalloul

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Il était une fois, il y a bien longtemps, une planète constituée d’un unique continent bordé
par un vaste océan, le Monde des Etoiles. Deux peuplades y vivaient dans une paix relative : les
Gobelins, gentils êtres qui utilisaient la mââgie pour se défendre, prendre soin du monde
merveilleux – bien qu’un peu terrifiant – qui les entourait et préserver leur royaume ancestral de
la perfidie des Trolls, peuple sournois, méchant, abruti, laid et voleur qui résidait au plus profond
des Montagnes Obôgô.

Les Gobelins étaient de petites créatures ne dépassant guère les quatre-vingts centimètres.
Verts de peau, ils avaient de fortes chevelures et les mâles avaient de grandes moustaches et de
longues barbes. Leur monde était d’une beauté à couper le souffle : vallées couvertes de fleurs,
arbres touffus, forêts luxuriantes et dangereuses, rivières profondes, volcans actifs saisissants,
étendues de montagnes majestueuses, rochers magnifiques… La nuit, les milliers d’étoiles
éclatantes illuminaient ces merveilles, la flore abondante devenait phosphorescente et les milliers
d’insectes se transformaient en autant de lucioles… Mais attention ! Ce paysage époustouflant
était parfois sauvage et dangereux. Qui se risquait dans les étendues de sable était sûr de finir
englouti. Qui s’approchait trop des arbres mystérieux et inconnus des forêts pouvait se voir gober
par les plantes carnivores. Le volcan Bôô était traître : tantôt endormi, un imprudent pouvait le
croire éteint depuis des lustres ; brusquement il se mettait à jeter pierres et lave brulantes à qui
restait trop longtemps près de ses bords. Mais les Gobelins savaient travailler les pierres que ce
volcan crachait pour en obtenir de superbes pierres précieuses au pouvoir mââgique et en faire
des objets extraordinaires.
Le Monde des Etoiles avait trois lunes : Sôb, Nôb la cassée et Lôôr. Et c’était grâce à
elles que les créatures savaient se déplacer la nuit, sans crainte de se perdre. Deux soleils
dardaient de leurs rayons le continent unique, d’où la prolifération de la flore qui croissait
d’autant plus que le Mondes des Etoiles était riche en eau.
Les Gobelins aimaient s’habiller en cuire de liane, excroissance descendant par groupes
nombreux de l’arbre Gorgor qui poussait dans la forêt de Margob. De ces lianes, ils extrayaient

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un liquide onctueux, doré et odorant qui, en durcissant, se transformait en un cuir souple et

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puissant et, contenant sa propre mââgie, repoussait les armes les plus puissantes. Ils en créaient
des justaucorps, des pantalons et des heaumes.
Les femelles se paraient de la soie la plus belle, la plus fine et la plus chatoyante, de
diadèmes garnis de joyaux les plus purs et tressaient leurs cheveux en de motifs d’autant plus
compliqués que leur caste était élevée.
Les Gobelins aimaient la cuisine raffinée et leur plat préféré restait la choucroute de
champignon rehaussée au vacô, petit ver luisant qui pullulait autour des étangs.
Lorsqu’ils ne guerroyaient pas contre les Trolls, les Gobelins vivaient longtemps, à
condition qu’il ne leur arrivât aucun accident malheureux. Il n’était pas extraordinaire de trouver
des goblinvieux de 290 ans encore capables de travailler ou même de faire la guerre. A
l’exemple de la générale-forte-en-mââgie-sage-et-vénérable Amango Laôô qui, intelligente et
pleine de stratégie, aller mener la plus grande guerre de leur temps, à savoir la guerre contre les
Trolls.
Pour devenir adulte, un goblinfant devait passer par une série d’épreuves, d’initiations et
la mââgie leur était enseignée dès leur plus jeune âge. C’est à la Tour de Gogobôgo, en pleine
forêt d’Iscambô, qu’étaient dispensés les meilleurs cours de mââgie. La tour d’astronomie
permettait aux futurs mââgiciens de comprendre et de lire le cosmos, et surtout d’apprendre à
décrypter le champ de force mââgique qui entourait la plupart des créatures de ce monde. Ils
apprenaient alors à s’imprégner de cette énergie et à contrôler les éléments naturels. Ils s’y
exerçaient aussi à se servir de la télépathie non seulement pour communiquer entre eux sur
courte ou longue distance, mais aussi à entrer en communication avec les animaux de leur
planète et à trouver lequel d’entre eux pouvait compatir avec chacun, leur servir de compagnon,
de monture et même d’animal domestique.
C’est ainsi que des dragons avaient été apprivoisés, ce qui allait grandement les aider
contre les trolls. Les dragons étaient de grandes créatures ailées, à la gueule garnie de dents
tranchantes, au corps trapu mais prolongé par une longue queue munie de pics pointus. Ils
crachaient un feu puissant, capable de faire fondre l’armure épaisse des Trolls. Très difficiles à
dompter, ils devenaient des compagnons fidèles et inséparables de leur maître. Mais ils étaient
peu nombreux et les

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Gobelins en avaient décomptés une vingtaine. Le plus âgé, qui portait ses cinq-cent-quatre-vingt-
trois ans avec sagesse, s’appelait Isgob et servait de monture à la générale Amango Laôô.
Les forgerons gobelins créaient des armes petites mais puissantes et, généralement
forgées dans le mythrolium, elles étaient incassables. Plus elles étaient imprégnées de mââgie,
plus elles devenaient lumineuses et brillantes et, à l’approche des Trolls, s’allumaient d’un
rougeâtre doré et phosphorescent dangereux à ces derniers. Sculptées à la demande express des
clients, ces armes étaient chacune unique tant quant à la taille qu’au motif ou même à la mââgie
désirée. Par exemple, les gobelines demandaient de simples couteaux mââgiques afin d’aller plus
vite en cuisine tandis que les guerriers requéraient qui le glaive le plus trancheur de Troll, le
fourche la plus aveuglante, le gourdin le plus assommant, le lasso le plus mordant, le fouet le
plus coupant… Ces armes travaillaient seules et étaient d’autant plus fonctionnelles, coopératives
et puissantes que leur maître était sage, versé en mââgie et savait garder contrôle de ses émotions
surtout lors de grandes ou graves polémiques ou encore quand la bataille faisait rage.
Les Gobelins vivaient dans des maisons troglodytes chaudes et lumineuses. Constituées
d’un étage unique, elles étaient de formes diverses suivant la fantaisie de leur propriétaire. On
trouvait ainsi des « champignons », des maisons en ellipse, des « chapeaux »… Mais c’était
surtout dans les arbres qu’Ils préféraient aménager un chez-eux zen et harmonieux.
Les Gobelins étaient fidèles à vie. Ils ne se mariaient qu’une seule fois et, bien qu’ils
aimassent les enfants, ils n’en avaient que rarement plus de deux.
Les gobelines avaient une relation spéciale avec les forêts mystérieuses. Souvent, elles
s’aventuraient jusqu’au cœur même le plus dense des bois et allaient y passer plusieurs nuits
d’affilées, rentrant sereines, les yeux brillants d’expériences mââgiques et mystiques nouvelles
qu’elles y avaient vécues.
Les Gobelins avaient un roi, Gobolam, qui était très vénérable, passionné et ingénieux. Il
était grandement aimé de son peuple et vivait dans un petit palais sculpté dans une énorme
émeraude au cœur de Gobo, capitale du Monde des Etoiles.

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Si les Gobelins aimaient vivre un peu partout sur leur planète – ils y en avaient même qui
vivaient en solitaire ou en famille dans des bateaux-maisons, ne retournant sur le continent que
pour s’approvisionner du nécessaire – ils s’étaient regroupés en grand nombre dans cette ville qui
occupait une position stratégique. En effet, elle avait un port et, construite sur un plateau, elle
contrôlait le continent. Mais surtout, elle abritait un secret : une porte mââgique, l’Etoilôr, qui
transportait qui la passait à un monde rempli d’or, de diamants les plus brillants, de saphirs, rubis
et émeraudes les plus grands qui soient et surtout du métal le plus valeureux de la galaxie, le
mythrolium, métal incassable, merveilleux, invincible et doté de mââgie incroyable.
Cette porte avait été découverte par un goblinfant qui avait creusé un trou profond afin de
se créer une cachette introuvable. L’enfant ingénieux avait disparu des jours durant pour
réapparaître affamé, sal mais émerveillé, racontant les beautés les plus folles qu’il y avait
réellement vues.
Pour protéger ce trésor fabuleux, les Gobelins avaient construit une petite cité fortifiée
qui s’était étalée et avait pris de plus en plus d’importance avant de devenir la capitale de ce
monde inouï, cachant dans son cœur la vérité étonnante de la Porte Etoilôr. Ils avaient entouré ce
lieu de la mââgie la plus savante afin que les Trolls n’en entendent pas parler et ne le souillent
pas de leur présence noire et abjecte.
Chaque année, un conseil de sages se réunissait dans un lieu différent à chaque fois,
tantôt dans le Palais d’Emeraude, tantôt près du volcan Bôô, tantôt à la Tour de Gogobôgo, tantôt
dans la forêt de Margob… On y discutait des décisions à prendre, des problèmes difficiles
occurrents aux quatre coins du continent, de la gestion de l’agriculture ou des animaux… Et
c’était l’occasion pour les espions envoyés surveiller les Montagnes des Trolls de venir faire leur
rapport sur le mouvement de ces êtres veules.
C’est ainsi que des mouvements suspects avaient été découverts quelque temps avant : les
trolls sortaient davantage de leurs cavernes et s’aventuraient de plus en plus près de Gobo.
Longtemps auparavant, dès que les Trolls avaient été suffisamment nombreux pour se
regrouper et fomenter des troubles, les gobelins en

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avaient supprimé quelques uns, les chefs les plus méchants, avant de les rassembler et de leur
laisser la chance de se racheter. Sachant que ces créatures aimaient l’obscurité, ils leur avaient
donné comme lieu de résidence les Montagnes Obôgô. Et les Trolls avaient creusé les
profondeurs pour en faire des galeries hautes, aux piliers fins et culminants, formant des voûtes
dans des salles souterraines immenses dont les puits encore plus profonds atteignaient l’obscurité
la plus enfouie de l’océan Gobetroll.
Dans ces ténèbres fraîches et humides, les Trolls se régénéraient. Grands – ils dépassaient
souvent les trois mètres –, épais, ils étaient gris d’épiderme et leur peau était dure comme le cuir
le plus ferme. C’est pourquoi les armes normales, non dotées de mââgie, rebondissaient sur eux
sans leur faire le moindre mal.
Le fait de vivre dans le noir avait aiguisé leur ouïe et leur odorat. Ils entendaient ainsi le
moindre craquement, le bruit le plus sourd, la respiration la plus douce. Et ils sentaient des
mètres à la ronde. Ils détectaient le moindre changement d’effluve, chaque nouvelle odeur et ils
avaient appris à les reconnaitre. Ils savaient ainsi détecter les gobelins bien avant qu’ils
n’apparaissent. C’est pourquoi ceux-ci devaient s’enduire de « repousse-troll », crème mââgique
qui, ayant pour base un relent d’humidité, changeait d’émanation dépendamment du lieu où on se
trouvait pour dégager un arôme de mousse, de champignon, de poisson, de fleur, de terre, de
souffre… ou même de caverne. C’est ainsi que les espions gobelins pouvaient surveiller les
Trolls sans que ces derniers ne s’en aperçoivent le moindre du monde. Ce qui, soit dit en passant,
était bien utile !
Les Trolls étaient ovipares, c’est-à-dire que les femelles pondaient des œufs, pas plus
d’un à la fois et tous les six ou sept ans seulement, œuf qu’elles abandonnaient aussitôt dans des
trous creusés à même la roche. Elles recouvraient alors leur œuf de morceaux de roches, de
racines, d’araignées mortes ou de quelques autres bestioles vivant dans ces lieux noires et s’en
désintéressaient à jamais, laissant ces petits sortir seul de leur œuf, se débattre pour survivre à ce
milieu difficile, trouver seul leur nourriture, s’orienter en aveugle dans ces lieux et rejoindre
enfin leurs congénères de leurs propres moyens. C’est ainsi que, même s’ils savaient vite
marcher après leur éclosion et avaient un puissant sens inné de l’orientation dès leur naissance,

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les petits survivaient difficilement,

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parfois dévorés par les bêtes immondes cachées dans ces ténèbres. C’est pourquoi, n’ayant pas
onnu d’amour maternel, de soutien, de compassion, de conseils affectueux nécessaires à
chacun pour
Les Gobelins avaient bien essayé de les instruire et de leur inculquer certains principes et
rudiments de la vie en groupe, mais en vain. Alors ils les avaient laissés vivre incultes,
ressemblant plus à des animaux, pire même puisqu’ils ne s’intéressaient à rien ni à personne.
C’était le plus brutal, le plus fort et le plus malveillant qui était élu pour les gouverner.
Les autres se disputaient à qui mieux mieux pour devenir guerriers. Le chef leur faisait passer
une série d’épreuves de force où les plus violents et les plus bestiaux remportaient le prix et
devenaient sous-fifres ou subordonnés au maître, eux-mêmes dirigeant chacun sa milice de
soldats. Les autres membres de la communauté n’avaient aucune importance et étaient plutôt
traités comme des esclaves soumis. Au moment où commence cette histoire, c’était Abrutos Gôll
qui régnait sur les Trolls en dirigeant incontesté.
L’araignée géante Aragôl partageait avec eux ces lieux, cachant dans l’obscurité sa
noirceur monstrueuse. En comptant ses pattes, elle faisait bien cinq mètres d’envergure ! Les
Trolls la nourrissaient et la choyaient et elle était devenue leur compagne favorite, leur mascotte,
et cela malgré le fait – ou peut-être grâce au fait – qu’elle était aussi perfide qu’eux, n’hésitant
pas à se nourrir de la chair de troll si elle en avait l’occasion. C’était elle qui avait envoyé la plus
petite de sa progéniture – descendante mal vu en raison précisément de sa petite taille – à Gobo
et là, cette dernière, aimant comme celles de sa race les trous et les cachettes souterraines, avait
vu la Porte Etoilôr et s’était empressée de retourner auprès d’Aragôl faire son rapport et gagner
ainsi considération et avoir droit – pourquoi pas (elle rêvait ne trouvez-vous pas ?…) – à quelque
reconnaissance.

Evidemment, les Trolls, rapidement mis au courant, avaient trop vite décidé de s’emparer
à tout prix de cette richesse incroyable, voulant ainsi devenir invincibles et prendre contrôle de la
planète.

Puisque les trolls commençaient à sortir des montagnes avec une intention bien mauvaise,
ils commettaient des escroqueries, volaient et cassaient tout ce qui leur tombait entre les mains.
Le conseil des Gobelins se réunit alors de toute urgence et, avec l’accord du roi Gobolam, décida
de lever une milice pour repousser les Trolls et les renvoyer d’où ils venaient en leur faisant bien
comprendre qu’ils étaient leurs supérieurs et qu’il était de leur propre intérêt, pour vivre
librement, de ne pas se rebeller contre les Gobelins, encore moins de casser, voler, endommager
ou nuire à aucun. Le conseil décida même, oh décision combien difficile à prendre mais peut-être
nécessaire, d’anéantir cette race qui aimait instinctivement faire le mal, attirée depuis toujours
par les forces obscures.

De commun accord avec la générale-en-chef Amango Laôô, une unité de cinquante


gobelins-soldats, spécialisés pour les opérations périlleuses et silencieuses, s’était mise en

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marche vers les Montagnes Obôgô. En cours de route, ils devaient regrouper les trolls dissidents
qui s’étaient aventurés hors de leurs cavernes.

Utilisant leur mââgie (et la crème repousse-troll !), sachant rester invisibles et surtout
soutenus par leurs amis les animaux, ils avaient réussi à rassembler les trolls dispersés un par-ci,
un par-là, et cela jusqu’au volcan Bôô. Le troll qu’ils avaient trouvé aux abords de ce-dernier,
grand, fort de carrure, cornu et hideux, trop sûr de lui-même et de la force de ses biceps, s’était
retourné contre les forces spéciales. Il était très dur de peau et les soldats gobelins n’avaient pas
pu l’assommer comme les autres afin de le rendre captif. Au contraire, rendu encore plus furieux
par ce qu’il considérait comme des piqûres d’aiguille douloureuses, il avait lancé son immense
massue contre les gobelins, fauché à droite, à gauche, devant et derrière dans un puissant
mouvement circulaire, envoyant dans les airs sur plus d’un kilomètre ceux qu’il touchait. Il avait
fini par tuer d’un coup de corne l’un des militaires, l’embrochant trop profondément pour qu’il
puisse être sauvé. Le reste de la milice – les trolls qui avaient été faits prisonniers étaient pendant

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ce temps sous la garde du dragon-sage-et-grand-en-mââgie Isgob,

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qui, les yeux brillants d’une étrange lumière verte, les maintenait en respect, leur faisant p
ur de sa grande gueule pointue ouverte, de petites flammes s’y échappant comme par mégarde
– s’était rassemblé, communiquant par et avec la force mââgique, et avait acculé le troll au b
rd du volcan Bôô. Celui-ci, réveillé en sursaut par cette attaque entachant son domaine, avait
appé d’une grande langue de feu le troll sanguinaire qui menaçait son au

Comme le groupe des quarante-neuf spécialistes restant – on donna une sépulture digne
de ce nom au gobelin tombé et il y fut enterré avec respect et honneur – approchait des
Montagnes Obôgô avec les prisonniers de plus en plus nombreux, le terrible Abrutos Gôll eut
finalement vent de ce qui se tramait contre eux. Il décida de prendre les gobelins en vitesse et,
sur un coup de tête, rassembla tous les trolls qui pouvaient se battre. Il fit une sortie d’autant plus
spectaculaire qu’elle se faisait en plein jour, et cela contre les habitudes nocturnes de ces êtres
horribles. Promettant mille et une merveilles à l’araignée Aragôl si elle les aidait à pénétrer dans
Gobo, il aurait facilement exterminé la milice gobeline si le dragon Isgob n’avait pas été là.
Rentrant dans une colère d’autant plus terrible qu’embrasée par la triste mort de l’officier gobelin
à Bôô, colère encore plus mââgique car juste et puissante – et un dragon en colère est
effroyablement effrayant je vous l’assure ! – il entra en télépathie avec son amie Amango qui
avait suivi l’affaire de très près et – pressentant les évènements – avait déjà regroupé une grande
armée. Cette dernière s’était mise en route vers les montagnes des Trolls et la générale gobeline
avait laissé la capitale sous protection importante.

L’armée rencontra la milice spéciale et les deux groupes se soudèrent pour acculer les
trolls. La bataille s’annonçait terrible : il fallait plusieurs gobelins pour venir à bout d’un seul
troll et le défaire. Les armes mââgiques faisaient merveille ; les armures en mythrolium étaient
incassables et protégeaient magnifiquement les gobelins. Le dragon Isgob avait trouvé en Aragôl,

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l’araignée monstrueuse, un adversaire à sa taille. Les gobelins avaient pour eux la tactique du

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combat et l’intelligent stratège Amango Laôô savait déplacer ses effectifs où il le fallait pour qu’a
cun ne se trouve en position d’infériorité. Elle était partout à la fois, dirigeait d’une poigne de f
r ses gens, apportait son aide quand il le fallait. La force mââgique l’entourait, la protégeai
et les trolls commencèrent à prendre peur. Ils n’avaient jamais eu à faire à un tel adversaire, p
issant, courageux, résolu, intelligent, se dépensant sans compter avec générosité, noble
et aidé si intensément par le champ énergétique de leur propre monde. Elle leur semblait gran
e, immense, effroyable, d’une beauté sauvage et dévastatrice. Quoi qu’ils fassent, les troll
se voyaient démasqués et, manquant d’intelligence, désobéissant ou même contredisant sans c
sse les ordres d’Abrutos Gôll leur chef, certains commencèrent à se débander entrainant ainsi
n début de débâcle. Ne pensant qu’à eux-mêmes et à sauver leur propre être, les trolls voulure
t s’enfuir et retourner dans leurs sombres et sûres cavernes mais les gobelins les encerclèrent. N’
maginant pas un seul instant pouvoir demander grâce, les trolls se battirent avec désespoir. I
s tombèrent l’un après l’autre. Et finalement Amango elle-même affronta Abrutos face à face. Sûr d’e
terminer facilement cette gobeline, en colère terrible certes, mais – pour lui en tout cas – une f
melle, et donc une créature plus faible que lui. Il était – comme vous le pensez sans doute – en plei
préjugé macho et cette erreur d’intuition, ou de jugement si vous préférez, lui fut fatale. D
son redoutable glaive-trancheur-de-troll et d’un puissant mouvement de la sénestr

Pendant ce temps, Isgob donnait des coups de queue, crachait du feu, poussait des
rugissements terribles, s’envolait pour fondre plus violemment sur Aragôl. Le bruit de leur
féroce affrontement était prodigieux et épouvantable. Quelques trolls avaient été piétinés avant
de comprendre pourquoi les gobelins s’étaient éloignés des deux adversaires géants et de leur
laisser le plus de place possible. L’araignée pensa vaincre lorsqu’elle voulu percer l’œil du
dragon. Jouant des mandibules pour détourner l’attention de son adversaire, elle souleva sa
grosse panse, présentant sans s’en rendre contre le point faible de son corps caparaçonné par
ailleurs, et Isgob en profita pour empaler l’abdomen offert de la pointe de sa queue. Aragôl
poussa un cri perçant et chuta lourdement sur le sol pour ne plus jamais se relever. A cet endroit
ne devait plus pousser la moindre verdure, la moindre mousse ou la moindre fleur. Il resta
dénudé à tout jamais et il est dit que qui s’en approchait plus tard pouvait sentir une odeur
pestilentielle et s’enfuyait à toute vitesse de ce lieu désolé.

La bataille pris fin avec le dernier hurlement de l’araignée. Sans prendre de repos,
Amango rassembla les gobelins encore vaillants pour pénétrer dans l’antre des trolls, annoncer la
défaite de leurs guerriers ainsi que la mort de leur chef et rassembler ce qui restait des trolls – les
femelles, les estropiés ou les vieux qui avaient été jugés inutiles – et les obliger à sortir des
montagnes. Il fut alors décidé de miner Obôgô afin de boucher pour toujours les cavernes,
refermant indéfiniment le lieu de résidence des Trolls. Les survivants allaient devoir suivre bon
gré mal gré les gobelins. Ne pouvant se reproduire – les mâles faisant défaut – la race de trolls
allait s’éteindre doucement sous la gentille surveillance des Gobelins.

L’armée victorieuse rentra à Gobo pour recevoir les honneurs dus et le peuple gobelin
chanta des chants de gloire en respect aux vainqueurs et aux morts tombés noblement dans le

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champ de bataille. Et chacun retourna chez lui. Une longue tranquillité prospère s’installa. On dit
que les goblinfants nés cette année étaient plus beaux, plus forts et plus sages que les autres.

Les gobelins allaient-ils rester serins et sans problème à tout jamais ? Quelle créature
allait-elle se redresser contre eux ? Qu’allait-il arrivé à la Porte Etoilôr ? Les dragons allaient-ils
tous s’éteindre ? Vous ne trouverez pas de réponse à ces questions dans cette histoire… Vous
allez devoir patienter ! Et vivre longtemps, à l’exemple des Gobelins pour pouvoir lire la suite…

FIN

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