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Audition d’Alvah Bessie

LE PRESIDENT. Asseyez-vous, s’il vous plaît.


M. BESSIE. M. le président, j’ai moi aussi une déclaration que je
souhaiterais lire devant cette commission, si vous voulez bien l’examiner, à
moins que vous préfériez que je la lise ?
LE PRESIDENT. Nous serons heureux de l’examiner mais d’abord, je
pense que M. Stripling devrait identifier le témoin.
M. STRIPLING. M. Bessie, veuillez, s’il vous plaît, nous dire votre nom et
votre adresse actuelle pour procès-verbal.
M. BESSIE. Mon nom est Alvah Bessie et je vis au 369 South Crescent
Drive à Beverly Hills, Californie.
M. STRIPLING. Quand et où êtes vous né, M. Bessie ?
M. BESSIE. Je suis né à New York le 4 juin 1904.
(…)
LE PRESIDENT. M. Bessie, bien que nous doutions de la pertinence de
votre déclaration pour l'enquête, cela sera très évident quand vous la lirez.

M. BESSIE. J’aimerais toujours avoir la permission de la lire.

LE PRESIDENT. Juste une minute. Malgré tout le comité est prêt à vous
laisser lire la déclaration. Nous nous demandons simplement, pour gagner
du temps, si vous ne pouvez lire que les premiers paragraphes et ensuite,
nous la verserons au procès verbal, comme nous l’avons fait avec celle de
M. Maltz.

M. BESSIE. Conformément à votre demande, je vais lire les deux premiers


paragraphes et les deux derniers.

LE PRESIDENT. C’est bon. Merci beaucoup. Poursuivez.

M. BESSIE. Je crois comprendre que le premier amendement à notre


Constitution interdit expressément au Congrès d'adopter une loi qui
compromet la liberté de parole ou d'opinion. Et je crois comprendre que les
commissions du Congrès sont constituées par le Congrès dans le but exprès
d'enquêter sur une question qui pourrait conduire à un processus législatif
au Congrès.
Maintenant, soit la Constitution et sa Déclaration des droits signifient ce
qu’elles disent, soit elles ne signifient pas ce qu’elles disent. Soit le
premier amendement lie le Congrès et tous les corps législatifs de notre
gouvernement, soit il ne veut rien dire du tout. Je ne peux pas suivre cette
soi-disant commission dans sa croyance implicite selon laquelle la
Déclaration des droits signifie ce que cet organe choisit de lui faire dire, ou
n’est applicable qu’à ceux dont les opinions s’accordent avec celles de
cette commission.

Ce sont les deux premiers paragraphes. Maintenant, les deux derniers


paragraphes.

En venant me chercher chez moi, cet organe espère aussi raviver les braises
de la guerre qui s'est déroulée en Espagne de 1938 à 1939. Cet organe,
dans toutes ses manifestations précédentes, a déclaré qu'il jugeait le soutien
à la République espagnole subversif, anti-américaine et d'inspiration
communiste. Ce mensonge a été engendré à l'origine par Hitler et Franco,
et la majorité du peuple américain - en fait, la majorité des gens du monde
- ne l'a jamais cru. Et je tiens, à ce stade, à ce qu’il soit inscrit ceci au
procès verbal : non seulement j'ai soutenu la République espagnole, mais
combattre comme volontaire dans les rangs des brigades internationales
tout au long de l’année 1938 fut pour moi un privilège et le plus grand
honneur qui m’ait été donné. Je continuerai à soutenir la République
espagnole jusqu'à ce que les Espagnols, dans leur grandeur et leur force,
destituent Francisco Franco et tous ses partisans et rétablissent le
gouvernement légal que Franco et son armée de nazis et de fascistes
italiens ont renversé.
La compréhension qui m'a conduit à combattre en Espagne pour cette
république, et mon expérience de cette guerre, m'apprennent que cette
commission est engagée dans des activités exactement identiques à celles
engagées par des commissions anti-espagnoles, des commissions anti-
allemandes et des commissions anti- italiennes l’ayant précédée dans tous
les pays qui ont finalement succombé au fascisme. Jamais je n’aiderai ni
n’encouragerai une telle commission dans sa tentative patente de favoriser
ce genre d'intimidation et de terreur qui est le précurseur inévitable d'un
régime fasciste. Et je réitère donc ma conviction que cet organe n'a aucune
autorité légale pour fouiller l'esprit ou les activités d'un Américain qui
croit, comme je le fais, dans la Constitution, et qui est prêt à tout moment à
se battre pour la préserver - comme je me suis battu pour la préserver en
Espagne ...

(…)

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