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Crum)
M. STRPLING. (sénateur et interrogateur en chef) M. Brecht, veuillez, s’il vous plaît, nous
dire votre nom et votre adresse actuelle pour procès-verbal. Parlez dans le microphone.
Mr BRECHT ; Mon nom est Berthold Brecht. J’habite au 34 de la 73ème rue Ouest à New
York. Je suis né à Augsbourg en Allemagne, le 10 février 1898.
M. BRECHT. 1898.
M. BRECHT. Oui.
M. BAUMGARDT. Je le jure.
Le PRESIDENT. Asseyez-vous.
M. Brecht. Dois-je indiquer quand exactement ? Je suis arrivé à San Pedro le 21 juillet.
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. 1898.
M. Stripling. Pardon ?
M. Brecht. 98.
M. Stripling. Vous a-t-on délivré un visa d’immigration sur quota par le vice-consul américain
le 8 mai 1941, à Helsinki en Finlande ?
M. Brecht. Exact.
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. J’ai dû quitter l’Allemagne en 1933, en février lorsque Hitler a pris le pouvoir.
Ensuite je suis allé au Danemark, mais lorsque la guerre semblait imminente en 39, je suis
parti pour la Suède, à Stockholm. J’y suis resté durant un an, puis Hitler a envahi la Norvège
et le Danemark et j’ai dû quitter la Suède et je suis allé en Finlande, pour y attendre mon visa
pour les États-Unis.
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. Oui, je… oui. J’ai vendu un récit, « Les bourreaux meurent aussi », à une firme de
Hollywood, Mais je n’ai pas écrit moi-même le scenario. Je ne suis pas un scénariste
professionnel. J’ai écrit un autre récit pour une firme de Hollywood, mais il n’a pas été
produit.
M. Stripling. “Les bourreaux meurent aussi » - A qui avez-vous vendu, quel studio ?
M. Brecht. À aucun autre studio. A propos, l’autre récit dont j’ai parlé, je l’ai écrit pour
Entreprise Studios.
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. Je pense depuis le milieu des années 20. vingt ans à peu près.
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. Puis-je lire ma déclaration ? Je répondrai à cette question mais puis-je lire ma
déclaration ?
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. M. le président, J’ai entendu mes collègues lorsqu’ils ont considéré cette question
comme inappropriée, mais je suis un hôte de ce pays et je ne veux pas entrer dans des disputes
juridiques, aussi répondrai-je à votre question aussi bien que je le peux. Je n’ai été et je ne
suis pas membre d’aucun parti communiste.
Le président. Votre réponse est donc que vous n’avez jamais été membre du parti communiste.
M. Stripling. M. Brecht, est-il vrai que vous avez écrit un certain nombre de poèmes, de
pièces de théâtre, et d’autres textes très révolutionnaires ?
M. Brecht. J’ai écrit un certain nombre de poèmes et de chants et de pièces de théâtre dans le
combat contre Hitler, et bien sûr, ils peuvent être considérés, de ce fait, comme
révolutionnaires, parce que, bien sûr, j’étais en faveur du renversement de ce gouvernement.
M. Stripling. Oui, je comprend. Eh bien, d’un examen des œuvres que M. Brecht a écrites,
particulièrement en collaboration avec M. Hanns Eisner, il semble qu’il est une personnalité
d’importance internationale du mouvement révolutionnaire communiste. Bien, M. Brecht, est-
ce vrai ou savez-vous si oui ou non vous avez écrit au cours des quelques derniers mois des
articles qui sont parus dans des publications dans la zone soviétique de l’Allemagne ?
M. Brecht. Non, je ne me souviens pas avoir écrit de tels articles. Je n’en ai vu aucun qui ait
été imprimé. Je n’ai pas écrit de tels articles précisément. Je n’écris pas beaucoup d’articles, si
tant est qu’il y en ait.
M. Stripling. J’ai ici, M. le président, un document que je vais donner au traducteur et priez-le
de l’identifier pour la commission et de se reporter à un article qui se trouve page 72.
M. Brecht. Oh oui. Ceci n’est pas un article, ceci est une scène tiréed’une pièce que j’ai écrit,
je crois, en 1937 ou 1938 au Danemark. La pièce s’appelle « Grand-peur et misère du
Troisième Reich » et cette scène est l’une de cette pièce à propos d’une juive à Berlin en l’an
36 ou 37. Elle a été publiée, comme je m’en aperçois, dans ce périodique, « Ost und West » en
juillet 1946.
M. Brecht. Oui, je l’ai connu à Berlin et je l’ai rencontré à nouveau à New York.
M. Brecht. Lorsque je l’ai rencontré à Berlin, je suppose qu’il était journaliste aux éditions
Ullstein. Cela n’est pas une publication communiste – ne l’a pas été – Il n’y avait pas de
journaux du parti communiste et donc je ne sais pas précisément s’il était membre du Parti
communiste d’Allemagne.
M. Stripling. Vous ne savez pas s’il était membre ou pas du parti communiste ?
M. Stripling. En 1930 avez-vous, avec Hanns Eisler, écrit une pièce appelée « La décision » ?
M. Baumgardt. Non, pas des mesures disciplinaires, non. Cela signifie des mesures à prendre.
M. Baumgardt. Cela signifie uniquement des mesures à prendre, des pas à accomplir.
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. L’idée dans la pièce ancienne était une idée religieuse. Les jeunes…
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. Oui, oui ; c’est une pièces nouvelle, une adaptation. J’avais comme arrière plan la
Russie et la Chine dans les années 1918 ou 1919 ou, à peu près. Là-bas quelques agitateurs
communistes sont allés dans une sorte de no man’s land avec la Russie qui alors n’était pas un
État et n’avais pas de véritable…
M. Brecht. Non, je dirais… Vous voyez, la littérature a le droit et le devoir de livrer au public
les idées du temps présent. Ainsi, dans cette pièce – bien sûr j’ai écrit près de vingt pièces –
mais dans cette pièce j’ai essayé d’exprimer les sentiments et les idées des travailleurs
allemands qui se battaient alors contre Hitler. J’ai aussi formulé dans un … artistique…
M. Brecht. Oui.
M. Stripling. Vous dites qu’il s’agit de la Chine, cependant. Cela n’a rien à voir avec
l’Allemagne ?
M. Brecht. Oui.
M. Stripling. Tout au long de la pièce il est fait référence aux théories et aux enseignements de
Lenine, à l’ABC du communisme, et d’autres classiques communistes, et aux activités du
parti communiste en général. Ce qui suit sont des extraits de la pièce. Maintenant, M. Brecht,
direz-vous à la commission si oui ou non l’un des personnages de cette pièce a été assassiné
par son camarade parce que c’était le meilleur intérêt du parti communiste, est-ce que ceci est
vrai ?
M. Stripling. Parce qu’il ne se serait pas soumis à la discipline, il a été assassiné par ses
camarades, n’est-ce pas vrai ?
M. Brecht. Non, cela ne s’y trouve pas vraiment. Vous trouverez, quand vous la lirez
attentivement, comme dans l’ancienne pièce japonaise où d’autres idées étaient en jeu, (que)
ce jeune homme qui mourut était convaincu qu’il avait causé des dommages à la mission à
laquelle il croyait et il approuvait cela et il était prêt à mourir, afin de ne pas causer plus de
tels dégâts. Donc il a demandé à ses camarades de l’aider, et tous ensemble, l’aider à mourir.
Il saute dans l’abîme et ils le conduisent tendrement à cet abîme. Et c’est cela l’histoire.
Le président. Je tire de vos remarques, de votre réponse, qu’il a été simplement tué, il n’a pas
été assassiné ?
M. Brecht. Non, ils ne l’ont pas tué dans cette histoire. Il s’est tué. Ils l’ont soutenu, mais bien
sûr ils lui avaient dit que ce serait mieux s’il disparaissait, pour lui et pour eux et pour la cause
il le croyait lui aussi.
M. Stripling. M. Brecht, pouvez-vous dire à la commission combien de fois vous avez été à
Moscou ?
M. Brecht. La première fois par Voks, l’organisation pour les échanges culturels (Acronyme
russe de “Organisation pour les relations culturelles avec des pays étrangers » Ndt). J’étais
invité pour présenter un film, un documentaire que j’avais aidé à réaliser à Berlin.
M. Stripling. Pendant que vous étiez à Moscou, avez-vous rencontré Sergei Tretyakov ?
M. Stripling. Un écrivain.
M. Brecht. Oui. Il a traduit quelques uns de mes poèmes, et je crois, une pièce.
M. Stripling. M. le président, le n° 5 d’« International Literature », publié par les éditions
d’État d’art littéraire de Moscou contenait un article de Sergei Tretyakow, un écrivain
soviétique de premier plan, à propos d’une entrevue qu’il a eu avec M. Brecht. Page 60 il est
affirmé : « J’étais un membre du comité révolutionnaire d’Augsbourg, » a poursuivi Brecht.
« Non loin, à Munich, Levine a hissé le drapeau du pouvoir soviétique. Augsbourg vivait dans
la lumière reflétée de Munich. L’hôpital était la seule unité militaire de la ville. Ils m’ont élu
au comité militaire. Je me souviens encore de Georg Brem et du bolchevique polonais
Olshevsky. Nous ne pouvions nous vanter même d’un seul garde révolutionnaire. Nous
n’avions pas le temps de publier un seul décret ou de nationaliser une seule banque ou de
fermer une église. En deux jours, les troupes du général Epp sont arrivées en ville, sur leur
route vers Munich. L’un des membres du comité révolutionnaire s’est caché jusqu’à ce qu’il
parvint à s’échapper. Il (Brecht – ndt) a écrit « Tambours dans la nuit » (1920 – ndt). Cette
œuvre contenait des échos de la révolution. Les tambours de la révolte convoque avec
constance l’homme qui était allé chez lui. Mais l’homme préfère la paix tranquille de son coin
du feu. L’ouvrage était une satire acerbe de ceux qui avaient déserté la révolution et s’étaient
rotis près de leur foyer.Il faut se souvenir que Kapp avait commencé son aventure à la veille
de Noël, calculant que nombre de gardes rouges avaient laissé leur détachement pour les
arbres de Noël famliliaux. (NOTE - de Wikipedia - Le putsch de Kapp est une tentative de
putsch réalisée entre le 13 mars et le 17 mars 1920 par une brigade commandée par le
général von Lüttwitz en soutien à Wolfgang Kapp (1858–1922), co-fondateur en 1917 du
Parti allemand de la patrie. MM : Le coup d’État échoua grâce aux militants communistes et
socialistes) Sa pièce, « La décision », la première de Brecht sur un thème communiste, se
présente comme un tribunal où les personnages tentent de se justifier d’avoir tué un
camarade, et des juges, qui à la fois représentent le public, résument les événements et
aboutissent à un verdict. Lorsqu’il était venu à Moscou en 1932, Brecht m’a fait part de son
projet de monter un théâtre à Berlin qui pourrait remettre en scène les procès les plus
intéressants de l’histoire de l’humanité. Brecht avait conçu l’idée d’écrire une pièce sur les
pièges terroristes auxquels ont recours les propriétaires terriens afin de maintenir les prix du
grain. Mais ceci nécessite des connaissances économiques. L’étude de l’économie a conduit
Brecht à Marx et Lénine, dont les travaux sont devenus une part précieuse de sa bibliothèque.
Brecht étudie et cite Lénine comme un grand penseur et un grand maître de prose. Brecht
réclame que les instincts de lutte de classe soit remplacé par la lutte de conscience sociale, de
convictions sociales. Il soutient que la situation ne doit pas seulement être ressentie, mais
expliquée-cristallisée dans l’idée qui subvertira le monde.
Vous souvenez-vous de cette interview, M. Brecht ?
M. Brecht. Non. (Rire) Elle a dû être écrite vingt ans plus tôt environ.
M. Brecht. Oui. Je ne me rappelle pas qu’il y a eut une interview. (l’ouvrage est remis au
témoin). Je ne me souviens pas – M. Stripling, je ne me souviens pas précisément de
l’interview… Je pense que c’est plus ou moins un résumé journalistique de conversations ou
de discussions à propos de beaucoup de choses.
M. Stripling. Oui. Beaucoup de vos écrits ont-ils été fondés sur la philosophie de Lénine et de
Marx ?
M. Brecht. Non. Je ne pense pas que ceci soit tout à fait exact, mais, bien sûr, j’ai étudié, je
devais étudier, comme un auteur qui écrit des pièces historiques, je, bien sûr, devais étudier
les idées de Marx sur l’histoire.
M. Stripling. M. Brecht, depuis que vous êtes aux Etats-Unis, êtes-vous allé à des réunions du
parti communiste.
M. Brecht. Non.
Le président. Vous êtes certain que vous n’avez été à des réunion du parti communiste ?
M. Brecht. Je pense que oui. Je suis ici depuis six ans… Je suis ici… je ne le pense pas. Je ne
pense pas que je suis allé à des réunions politiques.
Le président. Non, ne faites pas attention aux réunions politiques, mais avez-vous été à quelle
que réunion communiste que ce soit aux États-Unis ?
M. Stripling. M. Brecht, avez-vous, depuis que vous êtes aux États-Unis, avez-vous rencontré
des officiels du gouvernement soviétique ?
M. Brecht. Oui, oui. A Hollywood j’ai été invité, parfois, trois ou quatre fois, au consulat
soviétique, avec, bien sûr, de nombreux autres écrivains.
M. Brecht. Avec d’autres écrivains et artistes et acteurs qui… Ils donnaient quelques
réceptions lors de particulières … (en allemand) …
M. Baumgardt. Festivités
M. Stripling. Est-ce que l’un des officiels du gouvernement soviétique est venu vous visiter ?
M. Brecht. Ceci est bien possible, oui, que quelqu’un… Je ne sais pas. Je ne me souviens pas
du nom, mais que quelqu’un, l’un des attachés culturels…
M. Brecht. Oui.
M. Brecht. Kheifets ?
M. Brecht. Je ne me souviens pas du nom, mais c’est sans doute possible. Mais je me
souviens que de… je pense du … oui, (venant -ndt) du consulat, du consulat russe des
personnes m’ont rendu visite, mais pas seulement cet homme, mais je pense aussi, une fois le
consul, mais je ne me souviens pas non plus de son nom.
M. Brecht. Il… Çà devait être au sujet de mes liens avec des écrivains allemands. Certains
d’entre eux sont mes amis.
M. Stripling. À Moscou ?
M. Brecht. Oui. Et c’est ainsi que sont parus aux éditions « Staats Verlag » La traduction par
Tretyakov de mes pièces, comme par exemple, « Gand-peur et misère du troisième Reich »,
« L’Opéra de quat’sous » , de poèmes etc.(Note de michel muller. Je ne suis pas sûr qu’ils’agit
de l’Opéra.. Le script de l’audition indique comme titre « A Penny for the Poor”. Je n’ai pas
trouvé de références à titre si ce n’est chez Amazon : “A Penny for the Poor, by Bertold Brecht »,
traduit de l’allemand et publié en 1938 aux éditions Hillman – Curl de New York.)
M.Stripling. Est-ce que M. Gerhart Eisler vous jamais rendu visite, pas Hanns, mais
Gerhart ?
M.Brecht. J’ai rencontré Gerhart Eisler, aussi. C’est un frère de Hanns et il est venu avec
Hanns et trois ou quatre fois, sans Hanns.
M. Stripling. Pouvez-vous nous dire en quelle année il vous a rendu visite ? N’était-ce pas la
même année que M. Kheifets vous a rendu visite ?
M. Brecht. Je ne me souviens pas d’une telle date, mais il a pu me rendre visite à cette date.
M. Brecht. Il avait l’habitude de chercher son frère qui, comme je vous l’ai dit, est un de mes
vieux amis, et nous faisons quelques partie d’échec, aussi, et nous parlions de politique.
M. Stripling. De politique ?
M. Brecht ? Oui.
Le président. Quelle était la dernière réponse ? Je n’ai pas compris la dernière réponse ?
M. Stripling. Ils parlaient de politique. Avez vous dans une de vos conversations avec Gerhart
Eisler discuté du mouvement communiste allemand ?
M. Brecht. Oui.
M. Stripling. En Allemagne ?
M. Brecht. Oui, nous discutions, bien sûr, de politique allemande. C’est un spécialiste de ce
domaine, c’est un homme politique.
M. Brecht. Oui, bien sûr, il en savait bien plus que moi sur la situation en Allemagne.
M. Stripling. Pouvez-vous dire à la commission si, lorsque vous êtes entré dans ce pays, vous
avez fait une déclaration au Service de l’immigration sur vos affiliations passées ?
M. Brecht. Je ne me souviens pas avoir fait une telle déclaration, mais je pense que j’ai dû
faire les déclarations d’usage selon lesquelles je ne voulais pas, ou n’avais pas, l’intention de
renverser le gouvernement américain. On a pu me demander si j’appartenais au parti
communiste, je ne me souviens pas qu’on me l’ait demandé, Mais j’aurais répondu ce que je
vous ai dit, que je ne l’étais pas.
M. Stripling. Vous ont-ils demandé si vous avez été un membre ou non du parti communiste ?
M. Stripling. Vous ont-ils demandé si vous avez été ou non chez les Soviets ?
M. Brecht. Non, autant que je m’en souvienne, non, ils ne l’ont pas fait. Je ne souviens
d’aucune discussion au sujet de littérature.
M. Stripling. Bon, vous avec déclaré que vous ave vendu le livre, l’histoire, « Les bourreaux
meurent aussi » à United Artists. Est-ce exact ?
M. Stripling. Hanns Eisler a-t-il composé la musique de fond de «Les bourreaux meurent
aussi » ?
M. Brecht. Non.
M. Stripling. Vous ne vous souvenez même pas qui a tenu le rôle principal dans le film ?
M. Brecht. Non. Vous savez je n’avais pas grand-chose à faire avec le tournage lui-même. J’ai
écrit l’histoire et puis (j’ai donné) aux rédacteurs du script quelques indications sur l’arrière-
plan des nazis, du nazisme en Tchécoslovaquie, de la sorte que je n’avais pas à faire avec les
acteurs.
Le président. M. Stripling pouvez-vous accélérer cela ? Nous avons un emploi du temps très
chargé cet après-midi.
M. Stripling. Oui. Bien. M. Brecht, depuis que vous êtes aux États-Unis avez-vous écrit des
articles pour des publications communistes aux États-Unis ?
M. Brecht. Non.
M. Brecht. Non.
M. Brecht. Cela, je ne le sais pas. Ils ont peut-être publié une traduction d’un poème, mais je
n’avais ni des relations directes avec (la revue) ni ne lui ai rien envoyé.
M. Stripling. Avez-vous collaboré avec Hanns Eisler pour le chant « In Praise of Learning » ?
(Note de Michel Muller «A la gloire d’apprendre » est souvent qualifié à l’époque de « chant
d’apprentissage communiste »)
M. Brecht. Oui, j’y ai collaboré. J’ai écrit le chant et il a uniquement écrit la musique.
M. Brecht. Oui je veux bien. Mais, puis-je faire remarquer que ce chant est issu d’une autre
adaptation que j’ai réalisé de la pièce de Gorky (la version en anglais dit bien Gorky et non
l’orthographe classique, Gorki - ndt), « La Mère ». Dans ce chant, une travailleuse russe
s’adresse à tous les pauvres gens.
M. Stripling. Bien, je vais lire les paroles et vous demande si ceci en est ?
M. Stripling. (il lit les huit lignes qui sont imprimées page 94) ( ??? michel muller)
M. Brecht. Non, excusez-moi, ceci est une mauvaise traduction. Ce n’ai pas juste. (Rire) Juste
une seconde et je vous donnerai le texte correct.
M. Brecht. Ceci n’est pas exact, non. Ceci n’est pas la signification. C’est très beau, mais je
ne parle pas de cela.
M. Stripling. Qu’est-ce que cela signifie ? J’ai ici un extrait du « People », qui a été publié par
le parti communiste des États-Unis, édité par les « Worker’s Library Publishers ». Page 24 il
est écrit « A la gloire d’apprendre » par Bertold Brecht, musique de Hanns Eisler ». On lit ici :
Vous devez être prêts à prendre le pouvoir (ou « prendre la relève »… selon. Le texte de
l’audition dit « take over » MM) ; chômeurs, vous les hommes dans le prisons, apprenez-le ;
femmes dans la cuisine, apprenez-le ; Homme de soixante-cinq ans (.. je suppose qu’il s’agit
des retraités.. MM). Vous devez être prêts à prendre le pouvoir.…
M. Baumgardt (l’interprète). La Traduction correcte serait « prenez l’initiative » (« take the
lead » dans le texte de l’audition… MM)
M. Baumgart. « l’initiative. » Cela veut dire sans aucun doute « l’initiative ». Ce n’est pas
« vous devez prendre le pouvoir ». La traduction n’est pas une traduction littérale de
l’allemand.
M. Stripling. Bien, M. Brecht, puisque cela a été publié dans ces publications du parti
communiste, eh bien, si ceci est inexact, que vouliez-vous dire ?
M. Stripling. Cela continue ainsi : Vous devez prendre le pouvoir ; vous devez être prêt à
prendre le pouvoir. N’hésite pas à poser des questions, camarade…
M. Baumgardt. Je pense que vous êtes grandement intéressé par cette traduction qui provient
de …
M. Baumgardt. La dernière ligne de tous les trois vers doit être traduite correctement : « Vous
devez prendre l’initiative » et non « vous devez prendre le pouvoir ». (Note MM : il s’agit
d’un jeu sur le sens des mots intraduisible en français : "You must take over the lead," et pas
"You must take over."). « Vous devez prendre l’initiative » serait la traduction la meilleure, la
plus exacte, la plus fidèle.
Le président. Gerhart Eisler vous a-t-il jamais demandé de rejoindre le parti communiste ?
Le président. Hanns Eisler vous a-t-il jamais demandé de rejoindre le parti communiste ?
M. Brecht. Non, il ne l’a pas fait. Je pense qu’il me considéraient tout simplement comme un
écrivain qui voulait écrire comme il le voyait mais pas comme un personnage politique.
Le président. Vous vous rappelez si quelqu’un vous a jamais demandé de rejoindre le parti
communiste ?
M. Brecht. Certaines personnes ont pu me suggérer cela, mais ils se sont rendus compte que
cela n’était pas mon affaire.
Le président. Qui était ces personnes qui vous demandé d’adhérer au parti communiste ?
Le président. Qui ?
M. Brecht. Des lecteurs de mes poèmes ou des gens du public. Vous voulez dire … il n’y a
jamais eu de tentative officielle envers moi pour publier...
Le président (s’adressant à M ? Kenny). Il fait tout bien. Il fait mieux que nombre d’autres
témoins que vous avez apporté ici. Vous rappelez-vous si quelqu’un aux États-Unis ne vous a
jamais demandé d’adhérer au parti communiste ?
M. Brecht. Oui.
M. Stripling. En avant, nous n’avons pas oublier notre force dans les combats que nous avons
gagné. Peu importe ce qui pourrait menacer, en avant, pas oublié, combien fort nous sommes
comme un. Uniquement ces nos mains qui agissent maintenant, ont construit la route, les
murs, les tours. Le monde entier est fabrication. Qu’en pouvons-nous appeler nôtre ?
Le refrain : En avant. Marchez sur la tour, à travers la ville, de la terre le monde ; En avant.
marchons sur lui. précisément, la ville est la ville de qui ? Justement le monde est le monde de
qui ? En avant, nous n’avons pas oublié notre union dans la fin et la souffrance, peu importe
ce qui pourrait menacer, en avant, nous n’avons pas oublié, Nous avons le monde à acquérir.
Nous libérerons le monde de l’ombre ; chaque atelier (MM : je suppose qu’il s’agit des
workshops, mais le texte de la commission dit seulement shop = Magasin…), chaque salle,
chaque route et chaque prairie, Tout le monde sera le nôtre. (MM. J’ai essayé de traduire « au
plus près » pour rendre l’absurdité et la bêtise de la traduction de l’allemand fourni par les
« enquêteurs » de la commission… sans doute le FBI – Je n’ai d’ailleurs pas tout compris… il
faudrait pouvoir confronter le texte à l’original allemand).
M. Brecht. Non. J’ai écrit un poème allemand, mais cela est très différent de cela. (Rire.)
Le président. Merci beaucoup, M. Brecht. Vous êtes un bon exemple pour les témoins de M.
Kenny et M. Crum. (MM : je suppose que ces deux conseils se retrouvent dans d’autres
auditions).