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CRIMES ET DELITS FLAGRANTS-

I – DEFINITION

Un crime ou délit est dit « flagrant » lorsque l’infraction est commise ou vient d’être commise
sous les yeux de celui qui la constate ou lorsqu’une personne soupçonnée est poursuivie par la
clameur publique ou trouvée en possession d’indices laissant penser à sa participation à
l’infraction. On parle de flagrant délit.

L’enquête de flagrance se caractérise par l’urgence de mettre fin à une infraction portant
atteinte aux libertés individuelles et d’en recueillir les preuves. Elle donne ainsi des pouvoirs
élargis aux officiers de police judiciaire afin qu’ils puissent remplir efficacement leur mission.

II – LA NOTION DE FLAGRANCE

L’Art. 53 Al. 1 du CPP qualifie de crime ou de délit « flagrant » l’infraction :


 Qui se commet actuellement : elle est sans ambiguïté (exemple : un individu est vu
alors qu’il s’empare de la chose d’autrui à son insu) ;
 Qui vient de se commettre  : l’infraction est immédiatement antérieure à sa découverte
(exemple : sur les lieux d’un crime, l’OPJ constate les suites matérielles visibles de
l’infraction).
Il y a aussi crime ou délit flagrant lorsque, dans un temps très voisin de l’action, la personne
soupçonnée :
 Est poursuivie par la clameur publique : la clameur est constituée d’un cri (exemple :
« au voleur ! »), mais celui-ci peut ne pas constituer une accusation précise (exemple :
« Arrêtez-le ! »). Ce cri peut émaner soit de la victime, soit du ou des témoins de
l’infraction, soit des deux ;
 est trouvée en possession d’objets ou présente des traces ou des indices laissant penser
qu’elle a participé à l’infraction.
Au moment de l’interpellation, l’infraction peut être ignorée du policier, et parfois de la
victime. Elle se révèle donc par la découverte d’objets, d’indices, etc., sur la personne mise en
cause ou à proximité d’elle.

III – L’ENQUETE DE FLAGRANCE

L’enquête de flagrance est une voie procédurale avec des actes écrits. Elle n’est mise en
œuvre qu’après la constatation de l’existence préalable du crime ou du délit flagrant.
Elle est conditionnée par l’urgence. La coercition – qui est le droit de contraindre quelqu’un à
accomplir son devoir, à obéir à la loi – est autorisée.
L’état de flagrance s’apprécie au moment de l’intervention du policier et lui permet de
déclencher l’enquête de flagrant délit. Peu importe si, par la suite, les faits ayant motivé
l’action reçoivent une classification contraventionnelle (il n’y a pas de flagrance pour une
contravention).
Il se peut que, tout de suite après l’appréhension d’une personne, les faits révélés à l’OPJ ne
lui permettent plus d’ouvrir une enquête de flagrant délit. Dans ce cas, l’enquête sera
diligentée en mode préliminaire.
L’enquête sur infraction flagrante s’applique aux crimes (Art. 53 du CPP) et aux délits punis
d’une peine d’emprisonnement (Art. 67 du CPP). Elle n’est pas possible en cas de
contraventions ou de délits punis d’amendes.

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1. LES AUTORITES HABLITEES


Le procureur de la République dirige et contrôle l’enquête de flagrance. Il peut également
accomplir lui-même des actes de police judiciaire.
Seuls les OPJ énumérés à l’Art. 16 du CPP sont compétents pour agir en flagrant délit.
En dehors des magistrats et des OPJ, la possibilité d’accomplir certains actes relevant du
flagrant délit est accordée par la loi :
 Aux Agents de Police Judiciaire (APJ), énumérés à l’Art. 20 du CPP, qui peuvent,
sous le contrôle d’un OPJ, procéder à des auditions (Art. 62 Al. 4 du CPP) ;
 A tout citoyen pour appréhender dans un lieu public, l’auteur présumé d’un crime ou
d’un délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement (Art. 73 du CPP). Ce dernier
doit alors être immédiatement conduit devant l’OPJ le plus proche.

2. LA DUREE DE L’ENQUETE
L’enquête de flagrance « peut se poursuivre sans discontinuer pendant une durée de huit
jours », sous le contrôle du procureur de la République (Art. 53 Al. 2 du CPP). Ce dernier
peut décider la prolongation de l’enquête de flagrance pour une durée supplémentaire de huit
jours lorsque deux conditions sont réunies :
 L’infraction est un crime ou un délit puni d’une peine supérieure ou égale à cinq ans
d’emprisonnement ;
 Les investigations nécessaires à la manifestation de la vérité ne peuvent être différées.

3. LES ACTES DE LA PROCEDURE


Les actes de la procédure sont définis aux Art. 53-1 à 73 du CPP.

a) La saisine
La saisine de l’OPJ est constituée par la plainte de la victime, la relation des faits par un
témoin. Dès qu’il est avisé d’un crime ou d’un délit flagrant, l’OPJ doit aussitôt en informer le
procureur de la République.

b) Les constatations
Les constatations sont précédées, en cas de crime, du transport sur les lieux de l’OPJ, qui doit
intervenir sans délai. Ce dernier « veille à la conservation des indices susceptibles de
disparaître et de tout ce qui peu servir à la manifestation de la vérité. Il saisit les armes et
instruments qui ont servi à commettre le crime […] » (Art. 54 Al. 2 du CPP).
L’OPJ présent sur place peut interdire à toute personne de quitter les lieux de l’infraction
avant la clôture de ses opérations, et conserver ainsi les témoins sur place.

c) Les prélèvements externes et les relevés signalétiques


L’OPJ procède ou fait procéder aux opérations de prélèvements externes nécessaires à la
réalisation d’examens techniques et scientifiques de comparaison et aux opérations de
« signalisation », c’est-à-dire à la prise d’empreintes digitales, palmaires ou de photographies
nécessaires à l’alimentation et à la consultation des fichiers de police.

d) Les perquisitions et les fouilles

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La perquisition est la recherche, dans des lieux privés, soit d’objets, de documents relatifs aux
faits incriminés, soit d’individus. Les autorités habilitées à réaliser une perquisition sont le
procureur de la République et l’OPJ. Quel que soit le cadre juridique d’enquête, les
perquisitions ne sauraient commencer avant 6 heures et après 21 heures. Les personnes chez
qui elles ont lieu ne peuvent s’y opposer.
La fouille est un examen approfondi des vêtements ainsi que du corps. Ce moyen de
recherche de preuves est assimilé à une perquisition. Lors d’une enquête de flagrant délit, la
fouille à corps, qui ne requiert pas le consentement de la personne, est réalisée par un OPJ de
même sexe.
Les mesures de sécurité visent à préserver la sécurité des personnes :
 La palpation de sécurité est une simple mesure de police qui consiste à découvrir et à
saisir sur une personne tout objet susceptible de constituer un danger pour la sécurité.
Elle peut être le fait de tout agent de la force publique, sans considération de cadre
juridique d’enquête ;
 La fouille-sécurité est réalisée sur une personne faisant l’objet d’une mesure de
rétention (garde à vue…) ou d’un mandat de justice.

e) Les saisies et les scellés


Juridiquement, saisir et placer sous scellé, c’est assurer l’authentification et la conservation
des pièces à conviction en vue de leur exploitation au cours du procès pénal.
Techniquement, un scellé est un objet cacheté ou plombé identifié par un sceau, garantissant
l’intégrité de son contenu par une fermeture rendue inviolable.

f) L’interpellation de l’auteur présumé


L’emploi de la force est autorisé en cas de nécessité mais doit rester proportionné à la
résistance opposée. Tout abus des forces de l’ordre dans ce domaine constitue des violences
illégitimes engageant non seulement la responsabilité disciplinaire mais également la
responsabilité pénale de leurs auteurs.
Le menottage est possible lorsque le comportement de la personne interpelée laisse supposer
qu’elle est dangereuse pour autrui ou pour elle-même ou qu’elle est susceptible de tenter de
prendre la fuite (Art. 803 Al. 1 du CPP).

g) La garde à vue
Pour les nécessités de l’enquête, l’officier de police judiciaire peut placer en garde à vue toute
personne à l’encontre de laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner
qu’elle a commis ou tenté de commettre une infraction.
Les personnes gardées à vue ne peuvent être retenues plus de vingt-quatre heures.
La prolongation de la garde à vue est possible pour un nouveau délai de vingt-quatre heures,
sur autorisation écrite du procureur de la République.
La tenue d’un registre spécial sur lequel doivent figurer les dates et les heures de début et de
fin de garde à vue ainsi que la durée des interrogatoires et des repos séparant ces
interrogatoires est obligatoire. A l’issue de sa garde à vue, la personne déférée (c’est-à-dire
traduite devant la juridiction compétente) doit comparaître le jour même devant le procureur
de la République.

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