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Un nouveau scandale d’évasion fiscale a été mis au grand jour par l’ICIJ, le

consortium international des journalistes d’investigation. Ces derniers sont déjà


à l’origine de nombreuses enquêtes dans le monde entier et sont les mêmes qui
avaient déjà révélé le scandale des Panama papers en avril 2016.

Cette fois-ci, le scandale porte sur une autre région du monde : les îles vierges
britanniques principalement, le Belize, Dubaï et encore une fois... le Panama.
Des pays souvent réputés pour le cadre de vie idyllique qu’ils offrent mais aussi
connu pour leur capacité à présenter des avantages fiscaux très très
conséquents pour les sociétés qui y sont basées.

Le scandale des Pandora papers se base sur la fuite de près de 12 millions de


documents présentant des informations confidentielles sur les clients de
plusieurs cabinets spécialisés dans la création de sociétés Off-shore pour des
clients privés. Ces services sont réservés à des clients fortunés qui sont prêts à
débourser beaucoup d’argent pour éviter l’impôt dans leur pays d’origine. Cette
fuite d’information concerne plusieurs milliers de personnes (dont près de 600
Français).

L’attention est particulièrement portée sur plus de 35 chefs d’Etats (ou ancien
chef d'Etats) comme le Président Russe Vladimir Poutine, l’ancien Premier
Ministre Britannique Tony Blair, le président du Kenya, le Premier ministre
tchèque et même l’ancien ministre et président du FMI Dominique Strauss
Kahn. L’impact de ce scandale est énorme puisque les personnalités citées ont
souvent été des promoteurs de la transparence, de l’équité, de l’équilibre fiscal
ou encore de la lutte contre la corruption…

A noter que plus de 130 milliardaires du monde entier figurent également sur la
liste des personnalités ayant eu recours à ces cabinets pour réaliser des sociétés
off-shore et échapper massivement à l’impôt.
On parle au global de près de 29 000 sociétés off-shore créées par 14 sociétés
spécialisées dans ces services pour des milliers de milliards de dollars (certaines
sources avancent la somme de 11 000 milliards de dollars soit l’équivalent du
PIB de la Chine en 2016) n’ayant pas été déclarés et soumis aux différents types
d’impôts.

Mais qu’est-ce-qu’une société off-shore et est-ce légal ? Les sociétés off-shore


ou société extraterritoriale sont des éléments clefs de l’évasion fiscale dans les
paradis fiscaux. Il s’agit d’une société immatriculée dans un pays dont le
bénéficiaire (propriétaire) de la société n’est pas résident. Mais la différence
entre ces sociétés et une filiale internationale implantée à l’étranger est
simplement que la société off-shore ne réalise aucune activité économique (elle
ne produit ni bien ni service, c’est une coquille vide).
Constituer une société off-shore n’est pas illégale car il ne s’agit pas de fraude
fiscale mais d’optimisation fiscale. L’intérêt pour la personne ou l’entreprise
derrière ces montages est de pouvoir déclarer ses revenus générés en France
par son activité réelle dans le paradis fiscal où est basée la société off-shore
(Panama, Iles vierges britannique, Delaware). Ainsi, les bénéficiaires de ces
sociétés vont pouvoir profiter d’une imposition bien plus base sur leurs
bénéfices déclarés et donc esquiver l’impôt qu’ils auraient dû payer dans leur
pays d’origine (par exemple, le taux d’impôt sur les bénéfices au Delaware est
de 8.7% contre 28% en France).
Un autre avantage sera également de pouvoir bénéficier du secret bancaire et
d’une opacité quasi totale sur les transactions réalisées via ces sociétés écran,
ce qui va permettre à des particuliers ou à des privés de pouvoir agir dans
l’ombre sans que leurs noms soient cités ou leur identité compromise dans des
affaires illicites pouvant fortement entacher leur réputation.

Les paradis fiscaux ont été mis en lumière assez régulièrement depuis le début
de la décennie 2010 avec les Lux leaks en 2014, scandale ayant révélé de très
nombreux accords fiscaux avantageux entre des cabinets d’audit et
l’administration fiscale Luxembourgeoises pour compte d’entreprises telles
qu’Apple, Amazon ou Heinz avec un taux d’imposition sur les bénéfices parfois
conclus à 1% contre le taux légal de 29%.
2 ans plus tard, le scandale des Panama papers est une révélation colossale
d’évasion fiscale via plus de 200 000 sociétés impliquant des dirigeants et des
personnalités publiques de plus de 40 pays.
Aujourd’hui, ce nouveau scandale nous confirme que les paradis fiscaux jouent
encore un rôle très important dans cette zone grise de la fiscalité
internationale, zone profitant d’un vide juridique international pour réaliser
des opérations légales sur le plan juridique mais de moins en moins acceptées
sur le plan moral. L’impact de ces révélations est souvent dévastatrice pour la
réputation des personnalités y ayant pris part et pour les sociétés y ayant
contribué (cf. Mossak-Fonseca).

Pour conclure, nous avons souhaité faire un comparatif basé sur un tweet
d’Alexandre Stachtchenko, cofondateur de Blockchain Partner et directeur
Blockchain & Crypto chez KPMG :
“Le Pandora Papers représente une fraude de 11 000 milliards de dollars, soit 5
fois la capitalisation totale des crypto-monnaies. Souvent accusées de servir des
causes illicites et de favoriser le blanchement d’argent, même si 100% de
l’industrie des crypto-monnaies servaient des causes illicites, cela serait toujours
5 fois moins important qu’un seul scandale du monde de la finance
traditionnelle…”
Ce type de scandale est une illustration supplémentaire d’usages incohérents
de l’appareil financier par des personnes étant censées réguler ce dernier.

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