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N U T R I T I O N

LE PARADOXE
D E S P L AN T E S par Monique Béjat

Vendu à près de 300 000 exemplaires

dans sa version originale et déjà traduit
en 20 langues, l’ouvrage Le Paradoxe
des plantes – Les dangers cachés de
l’alimentation « saine » à l’origine de
maladies et de prise de poids est paru le
12 juillet 2018 dans sa version française.
Cet ouvrage, plébiscité par de
nombreuses stars américaines, dont
Deepak Chopra, est le fruit du travail
du cardiologue Steven R.Gundry qui
démontre que certaines substances, les
lectines, contenues dans les végétaux
même réputés sains peuvent être la
cause d’un grand nombre de pathologies
par la réaction inflammatoire qu’elles
entraînent. « Cette découverte repose
sur de nombreuses recherches, incluant
mes propres publications parues dans
diverses revues médicales reconnues
(…) », précise l’auteur. Toutes les
références auxquelles cet article se
rapporte figurent dans cet ouvrage.
Qui est Steven R. Gundry ? [1]
Steven R. Gundry docteur en médecine, est le
directeur de l’Institut International du Cœur et
des Poumons de Palm Springs, Californie, et le
fondateur et directeur du Centre de médecine
réparatrice de Palm Springs et Santa Barbara.
Après une brillante carrière de chirurgien et
de professeur en chirurgie cardiothoracique à
l’Université Loma Linda, il s’est intéressé aux
méthodes permettant de traiter les pathologies
contemporaines par l’alimentation. Auteur
de Dr. Gundry’s Diet Evolution, il a également
publié plus de 300 articles dans des revues
scientifiques de référence et consacrées à
l’impact de la nutrition sur le traitement des
maladies dites de civilisation.

Hippocrate - Été 2020

78.
Hippocrate, le père de la médecine moderne,
considérait que la mission première d’un
thérapeute consistait avant toute chose à supprimer
les blocages qui empêchent une personne de
guérir. En effet, l’organisme possèderait la capacité
de se guérir lui-même, capacité qu’Hippocrate
appelait veriditas, et de laquelle la naturopathie
tire ses fondements. Or, de nombreux aliments
dont les plantes peuvent contenir des substances
délétères pour la santé humaine et dont l’ingestion
nuit à la guérison.
Les plantes ne nous aiment pas !
Les végétaux ont, au cours de leur évolution,
développé des stratégies de défense contre leurs
prédateurs, parmi lesquels les insectes. Comme
tout être vivant, une plante se doit de protéger les
générations futures, en l’occurrence ses graines,
qui peuvent être divisées en deux catégories.
• Les graines des arbres fruitiers sont enfermées
dans les fruits qui doivent être mangés par
des animaux pour permettre à ces graines,
résistantes, de transiter sans être digérées dans
le tube digestif de l’animal, puis d’être éliminées
dans les excréments à distance de la plante-mère
pour éviter la compétition pour l’ensoleillement,
les nutriments et l’humidité. Il importe que les
fruits soient consommés mûrs pour que leurs
graines soient matures et résistantes. Pour attirer
l’attention des prédateurs au moment opportun,
les plantes ont recours à divers stratagèmes dont la
couleur : la couleur verte signifie que le fruit n’est
pas arrivé à maturité et ne doit pas être encore
consommé car il contient des substances toxiques :
le prédateur qui le consomme à ce stade aura un
transit fortement accéléré et ne s’y risquera plus !
Par contre, la couleur orange puis rouge indique
que les fruits peuvent être consommés sans danger.
La plupart des fruits ne sont mûrs qu’à la fin de l’été
et leur sucre, le fructose, ne donne pas de signal
de satiété, incitant le prédateur à ne pas s’arrêter
d’en manger. C’est pourquoi les grands singes
grossissent à la période de maturité des fruits. Il en
allait de même pour nos ancêtres paléolithiques,
ce qui leur permettait de stocker davantage de
réserves pour affronter les longs mois d’hiver.
• Les graines des plantes des champs
appartiennent à la seconde catégorie et ne sont
pas protégées par une enveloppe dure. Pour
neutraliser leur prédateur, elles synthétisent
diverses substances chimiques dont :
- Des phytates qui entraînent une malabsorption
des sels minéraux ;
- Des inhibiteurs de trypsine qui bloquent
certaines enzymes digestives ;
Revue professionnelle de naturopathie
- Et surtout des lectines qui perturbent la
communication cellulaire.
Les céréales complètes possèdent ces trois anti-
nutriments.
Les lectines, découvertes en 1884, sont des
protéines « collantes » se trouvant essentiellement
sur l’enveloppe des graines, les écorces et les
feuilles de la plupart des végétaux. Chez le
prédateur qui les a absorbées, elles se fixent sur
des molécules glucidiques situées à la surface
des cellules de l’intestin, des articulations, des
vaisseaux sanguins, et même du cerveau.
Ces lectines bloquent la communication entre les
cellules, et entraînent des réactions inflammatoires.
Une lectine du blé est bien connue puisqu’il s’agit
du gluten.
Mais une autre lectine du blé est sans doute
encore plus délétère : il s’agit de l’agglutinine du
NUTRITION
germe de blé ou WGA (Wheat Germ Agglutinin)[2].
Cette protéine serait responsable de la propension
à grossir des prédateurs qui les consomment
car elle se comporte comme l’insuline en
dirigeant le sucre vers les cellules adipeuses qui
le convertissent en graisse. Là encore, c’est sans
doute pour cela que nos lointains ancêtres, qui
consommaient davantage d’aliments riches en
lectines au cours de l’été, se constituaient une
« bedaine de blé » qui leur permettait ensuite de
résister aux privations de l’hiver. Le riz, le millet,
le sorgho, les racines de taro ne contiennent pas
de WGA, ce qui expliquerait la meilleure santé des
peuples les consommant.
On distingue deux types de lectines selon le
régime alimentaire des prédateurs :
• Les brouteurs mangent des plantes à un seul
cotylédon –monocotylédones- (herbes, céréales).
• Les arboricoles consomment des plantes à deux
cotylédons –dicotylédones- (feuilles et fruits).
Les bactéries digestives respectives de ces deux
espèces digèrent les lectines des végétaux qui
constituent leur alimentation depuis les origines,
car leurs intestins synthétisent des enzymes
capables de dégrader ces lectines. Les hommes sont
assimilés aux arboricoles : ils s’accommoderaient
tant bien que mal des lectines des dicotylédones,
mais pas de celles des monocotylédones (céréales
entre autres).
Les lectines ont plusieurs stratégies pour
lutter contre les prédateurs.
• Lectine et communication cellulaire
Les lectines interrompraient la communication
entre les cellules en imitant certaines hormones,
79.
ou en bloquant leurs récepteurs. Par exemple, la
WGA du blé présente une grande ressemblance
avec l’insuline, l’hormone qui gère l’entrée du
glucose dans les cellules et permet le stockage des
graisses.
• Lectines et intestin
La paroi intestinale joue un double rôle  : filtrer
les nutriments apportés par l’alimentation, et
empêcher les toxines et les intrus type bactéries
de franchir la barrière intestinale. La muqueuse
intestinale est composée d’une seule couche
de cellules reliées entre elles par un complexe
de protéines : les jonctions serrées. Les lectines
perméabiliseraient la paroi de l’intestin en
faisant sécréter aux cellules de la muqueuse une
hormone, la line, qui « écarte » les cellules les
unes des autres (la toxine du choléra fragilise la
muqueuse intestinale selon le même mécanisme).
Les molécules étrangères (fragments bactériens
type LPS, protéines mal digérées, etc.) peuvent
alors franchir la barrière intestinale, et le
système immunitaire entre  en guerre contre les
envahisseurs par le biais d’une inflammation.
De plus, les lectines se lieraient à la surface
des cellules intestinales, ce qui empêche alors
l’absorption des nutriments et génère des carences
préjudiciables pour la santé.
Comme l’ont déjà affirmé Hippocrate, Catherine
Kousmine et Jean Seignalet l’intestin est la clé
de voûte de la santé et toute perturbation de cet
organe serait à l’origine de la presque totalité des
maladies.
Lorsqu’elles ont franchi la barrière intestinale,
les lectines vont atteindre d’autres organes.
Elles peuvent par exemple se fixer sur la paroi
interne des artères et participer aux lésions
d’athérosclérose. Le cerveau aussi peut être envahi,
par voie sanguine, et/ou par voie nerveuse : les
lectines « escaladent » le nerf qui relie l’intestin
au cerveau (le nerf vague), ce qui occasionne des
dégâts à l’origine de maladies neurodégénérative
comme la maladie de Parkinson.
• Lectines et système immunitaire
Le système immunitaire permet de différencier le
soi du non-soi et d’attaquer l’envahisseur (le non-
soi) pour le neutraliser. Les bactéries pathogènes
sont parmi les principaux envahisseurs à
combattre, et les lectines sont considérées comme
des bactéries par notre système de défense, ce qui
entraîne une réaction inflammatoire.
De plus, les lectines peuvent ressembler à certaines
protéines se trouvant sur les organes comme les
nerfs, les articulations. Le système immunitaire,
éduqué pour combattre les bactéries et les lectines
qui leur ressemblent, est leurré et attaque les
organes dont les protéines ressemblent à ces
80.
lectines (on parle de mimétisme moléculaire) :
c’est ainsi qu’apparaîtraient les maladies auto-
immunes.
• Lectines et prise de poids
Pendant des milliers d’années, l’homme a été
chasseur-pêcheur-cueilleur. Avec la révolution
néolithique, il a introduit dans son alimentation
des céréales, des légumineuses et des produits
laitiers.
Les céréales et les légumineuses, riches en
amidon (de longues chaînes ramifiées de glucose),
entraînent dans l’organisme une sécrétion
d’insuline qui est l’hormone du stockage. C’est
d’ailleurs pour cela que l’on donne aux animaux
d’élevage du maïs et du soja afin de leur faire
prendre du poids.
Les produits laitiers sont également responsables
d’une prise de poids : la croissance de la progéniture
d’une espèce est la finalité de tout allaitement.
• Lien entre lectine, obésité et syndrome
métabolique [3]
-L’agglutinine du blé WGA ressemble à l’insuline.
Cette hormone permet au glucose de pénétrer
dans les cellules du muscle, du foie, du cerveau
(selon des découvertes récentes) et dans les cellules
adipeuses. Les lectines se fixent sur les récepteurs
de l’insuline et transmettent une information
erronée aux organes. Dans les cellules adipeuses,
le WGA induit la transformation du glucose en
triglycérides, c’est-à-dire en graisses.
Au niveau des cellules musculaires et des
neurones, le WGA bloque les récepteurs, ce qui
empêche l’absorption du glucose et affame les
cellules. Le muscle s’atrophie, le cerveau exige
plus de calories et incite à manger davantage.
- L’effraction des lectines au niveau de la barrière
intestinale entraîne une réaction du système
immunitaire : l’inflammation, qui est un état de
guerre et incite l’organisme à stocker des réserves
pour faire face à l’ennemi. La graisse abdominale
est le symptôme de la bataille au niveau du ventre !
• Lectines et acide N-acétyl-neuraminique
Neu5Ac
Chez l’homme (l’éléphant, la poule, etc.), les
lectines se fixent sur un sucre, le Neu5Ac, qui se
trouve sur la paroi des cellules intestinales et des
vaisseaux sanguins.
Les autres mammifères possèdent une variété
différente de ce sucre  : le Neu5Gc, sur lequel les
lectines ne peuvent pas se fixer. C’est la raison
pour laquelle dans les zoos, les chimpanzés,
qui sont nourris avec des céréales, ne souffrent
pas d’athérosclérose, alors que les éléphants
vont souffrir, comme l’être humain, de maladies
cardiovasculaires et de maladies auto-immunes.
Hippocrate - Été 2020
Autre effet délétère, ces deux sucres, le Neu5Ac et
le Neu5Gc, se ressemblent beaucoup. Le Neu5Gc se
trouve dans la viande rouge et les produits laitiers ;
lorsque notre système immunitaire rencontre ce
sucre étranger, il synthétise des anticorps visant à
le neutraliser. Mais comme le Neu5Ac et le Neu5Gc
ont une structure très semblable, les anticorps
peuvent également se fixer sur le Neu5Ac de nos
propres organes comme l’endothélium vasculaire
et la muqueuse intestinale, ce qui entraîne une
véritable attaque de ces organes de la part du
système immunitaire.
Encore plus problématique, les cellules
cancéreuses utiliseraient le Neu5Gc pour
fabriquer de nouveaux vaisseaux sanguins, et
également pour se dissimuler vis-à-vis des cellules
immunitaires.
Cependant, les lectines peuvent aussi présenter
des intérêts
On parle maintenant d’hormèse, un concept qui
repose sur le fait que des composants, toxiques en
grande quantité, peuvent être bénéfiques à faible
dose. Paracelse, médecin au XVIème siècle, l’avait
énoncé ainsi : « C’est la dose qui fait le poison ».
Ainsi, certaines lectines éduquent le système
immunitaire, d’autres sont antimicrobiennes.
L’amertume nous informe qu’il faut consommer
avec parcimonie les plantes qui sont amères, et les
sociétés qui consomment traditionnellement des
végétaux amers vivent plus longtemps.
Enfin, nos ancêtres consommaient une grande
variété de plantes au fils des saisons (plus de 250),
alors que nous n’en consommons même pas le
dixième !
Cependant, pour lutter contre les lectines,
l’organisme humain a développé certains systèmes
de défense.
- Le mucus : la production de mucus est la
première ligne de défense pour piéger les lectines.
Par exemple, nous avons un mucus ORL, et avoir
le nez qui coule quand on consomme des épices
nous indique que nous sommes en train d’ingérer
des lectines. Quant au mucus de notre tube
digestif, notamment celui de l’intestin, il joue un
rôle considérable dans le maintien de l’intégrité
de la barrière intestinale.
- L’acidité gastrique
- Le microbiote buccal et intestinal
Cependant, la consommation régulière des
céréales, des légumineuses et de certaines plantes
est relativement récente dans l’évolution, et
l’homme n’a pas eu le temps de développer une
vraie résistance face à ces substances. Il en va de
même pour ses milliards de bactéries intestinales
(ou microbiote) qui n’ont pas acquis la compétence
de briser les lectines.
Revue professionnelle de naturopathie
Le maïs et le soja contiennent des lectines très
puissantes. La viandes des animaux engraissés avec
ces végétaux (les lectines font grossir) contiennent
également ces substances indésirables.
Le régime alimentaire humain a été perturbé par
quatre grands bouleversements.
1. La révolution néolithique, avec l’apparition de
l’agriculture et de l’élevage.
Pendant trois millions d’années, l’homme est
chasseur, pêcheur et cueilleur. Il ne cultive et
n’élève des animaux que depuis dix mille ans, ce
qui est très peu : si on représente trois millions
d’années par une corde de trois mètres, dix mille
ans ne représentent qu’un centimètre sur la corde.
Notre génome (l’ensemble de nos gènes) n’a pas eu
le temps d’évoluer pour nous permettre de digérer
correctement les aliments issus de l’agriculture
NUTRITON
et de l’élevage. C’est sur cet argument que Jean
Seignalet a mis au point le régime hypotoxique ou
ancestral, et il en est de même pour les scientifiques
qui proposent un régime paléolithique.
2. Une mutation bovine
Le lait contient une protéine, la caséine. Il y a deux
mille ans, une mutation spontanée s’est produite
concernant la caséine bovine, qui était à l’origine
une caséine A-2.
La nouvelle caséine, dite A-1, si elle traverse
la barrière intestinale, se transforme en bêta-
casomorphine qui ressemble à une lectine et
va être responsable de troubles divers dont
des troubles cognitifs et/ou comportementaux
mais aussi l’attaque immunitaire du pancréas
entraînant l’apparition d’un diabète de type 1.
Le lait des chèvres et des brebis, ainsi que de
certaines vaches (Jersiaises, Bufflonnes) contient
toujours la bonne caséine A-2. Il est donc
recommandé de privilégier les produits laitiers
issus du lait de ces animaux.
3. Les plantes du Nouveau Monde
La découverte du Nouveau Monde par les
navigateurs a permis d’importer en Europe des
végétaux jusqu’alors inconnus : solanacées,
légumineuses (dont les cacahuètes), noix de cajou,
pseudo-céréales (quinoa), curbitacées et diverses
graines (chia). Notre génome et notre microbiote
n’ont pas eu le temps de s’adapter à ces aliments.
4. Les inventions contemporaines 
L’industrie agroalimentaire s’est développée
depuis la seconde guerre mondiale et propose
toujours plus d’aliments cultivés à grand renfort
d’intrants chimiques puis ultra-transformés.
81.
Notre régime alimentaire a donc été bouleversé, et
nous avons abandonné les façons traditionnelles
de nous nourrir et de préparer les aliments.
Parallèlement, l’industrie pharmaceutique
commercialise chaque jour de nouvelles molécules
dont les effets secondaires sont multiples.
Sept perturbateurs impactent
particulièrement notre santé
• Les antibiotiques à large spectre
Ces substances détruisent de nombreuses
bactéries bénéfiques pour l’intestin, ce qui permet
aux bactéries pathogènes de prendre le pouvoir
et il faut parfois jusqu’à deux années pour que le
microbiote retrouve sa totale fonctionnalité. Nous
sommes tous confrontés à ces antibiotiques qui
ne proviennent pas uniquement de prescriptions
médicales, mais également des produits animaux
que nous consommons.
• Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Ces molécules, largement utilisées, abîment la
paroi intestinale et permettent à des fragments de
bactéries pathogènes dont les LPS (anciennement
appelés endotoxines et que S. Gundry nomme « les
petites saloperies » !) et aux lectines de pénétrer
dans l’organisme.
• Les antiacides gastriques
Ces médicaments ne devraient être prescrits que
très ponctuellement et pour peu de temps. En
effet, l’acidité gastrique joue de nombreux rôles,
parmi lesquels l’amélioration de la digestibilité
des protéines et la neutralisation des bactéries
apportées par l’alimentation. Les protéines mal
digérées, et les bactéries indésirables non détruites
modifient l’écosystème intestinal, entraînant une
dysbiose (prolifération de bactéries pathogènes)
responsable de nombreuses pathologies.
• Les édulcorants artificiels
Eux aussi perturbent le microbiote intestinal.
De plus, ils leurrent l’organisme : le cerveau
détecte la saveur sucrée, mais le glucose ne
parvient pas aux cellules, ce qui incite l’organisme
à s’en procurer davantage et entraîne une prise de
poids.
Plus largement, tous les goûts sucrés entraînent
une sécrétion d’insuline, l’hormone du stockage.
• Les perturbateurs endocriniens
Ces molécules imitent notamment les œstrogènes,
même à faible dose. L’un des rôles des œstrogènes
est de favoriser la prise de poids en vue d’une
grossesse future. Chez les enfants, ces xéno-
œstrogènes favorisent une puberté précoce.
Chez l’adulte, ils sont un des facteurs des cancers
hormonodépendants.
82.
• Les aliments génétiquement modifiés
• L’exposition permanente à la lumière bleue
La lumière bleue inhibe la sécrétion de l’hormone
de la nuit, la mélatonine et stimule parallèlement
la sécrétion de cortisol, l’hormone de l’éveil et du
stress. De même, la lumière bleue augmente la
sécrétion de la ghréline, l’hormone de la faim.
Ces sept perturbateurs œuvrent de concert avec
les lectines en engendrant un état de choc de notre
système opérationnel. Pour répondre à cet état,
une inflammation se crée, et nous stockons des
calories pour « faire la guerre ».
Les amidons résistants
Tous les amidons ne se valent pas. On sait que les
peuples primitifs dont l’alimentation est ancestrale
ne consomment ni céréales, ni légumineuses, et
jouissent d’une excellente santé.
Mais un peuple a interpellé les chercheurs
car il fait exception : ce sont les Kitavans, des
fermiers vivant en Papouasie-Nouvelle Guinée.
Ces individus qui consomment 60% de glucides,
30% de graisses et seulement 10% de protéines
ne souffrent d’aucune des pathologies qui sont
l’apanage des sociétés occidentalisées, elles-
mêmes grandes consommatrices de glucides.
L’explication de cette exception résiderait dans
le fait que les glucides qu’ils consomment sont
majoritairement des amidons dits résistants :
patate douce, racine de taro, etc. Ces amidons
peuvent être consommés sans restriction car
l’intestin ne possède pas les enzymes nécessaires
à leur dégradation en glucose : ils ne sont donc pas
absorbés dans le tube digestif. En revanche, ces
amidons sont utilisés par les (bonnes) bactéries
intestinales qui les convertissent en acides gras à
chaîne courte. Ces AGCC (butyrate, propionate,
acétate) sont réabsorbés par l’organisme et ont de
nombreuses vertus :
• Ils réduisent la quantité de calories absorbée.
• Ils donnent une sensation durable de satiété.
• Ils favorisent la combustion des graisses.
• Le butyrate est le nutriment préféré des cellules
du colon (il est protecteur du cancer colorectal) et
des neurones.
• Ce sont des substances prébiotiques qui
favorisent les bactéries amies et la production du
mucus protecteur.
D’autres populations comme celle d’Okinawa,
les Crétois, les Sardes, tous connus pour leur
longévité, sont également consommatrices
d’amidons résistants si profitables au microbiote
intestinal.
Hippocrate - Été 2020
Abordons maintenant les grandes lignes du
régime élaboré par S. Gundry et qu’il a intitulé
PPP pour Programme du Paradoxe des Plantes.
Cette alimentation ne concerne a priori que
les personnes souffrant de problèmes de santé
et pour lesquelles des régimes bien conduits
(Kousmine, Seignalet, Paléo, cétogène) n’ont pas
donné de résultats probants. Chez ces personnes,
le PPP peut être adopté pendant quelques mois
en observant les résultats. Il ne présente aucun
danger mais est assez contraignant, surtout en
été. Son observance permet des améliorations de
santé parfois spectaculaires, comme le relate S.
GUNDRY dans de courts paragraphes intitulés
« Success story » qui sont les cas cliniques de ses
propres patients.
Hélas, aucune étude scientifique n’a pour l’heure
été entreprise sur ce type d’alimentation pour en
confirmer (ou en infirmer) l’efficacité.
Dans le programme PPP, quatre règles sont à
respecter.
Règle n°1 : Ce que nous cessons de manger est
plus important que ce que nous commençons à
manger ! Rétablir une bonne santé intestinale
est essentiel pour recouvrer la santé, comme
Hippocrate l’énonçait : « Toutes les maladies
commencent dans l’intestin  ». Pour ce faire,
les substances susceptibles d’altérer la juste
perméabilité de la muqueuse intestinale sont à
bannir drastiquement.
Règle n°2 : Il faut en priorité nourrir les bonnes
bactéries intestinales
Règle n°3 : Les fruits sont de véritables confiseries.
Tout d’abord, il faut se souvenir que si, dans un
végétal, il y a des graines ou un noyau, c’est un
fruit ! Tomates, aubergines, courgettes et poivrons,
courges, concombres, sont des fruits.
Et tous les fruits envoient le même message au
cerveau : il faut stocker de la graisse pour l’hiver !
Car le sucre du fruit, le fructose, ne permet pas
la sécrétion de la leptine, l’hormone de la satiété,
ce qui pousse à consommer sans modération les
fruits.Ce même fructose favorise la stéatose
hépatique ou foie gras.Les cellules cancéreuses
en sont encore plus friandes que de glucose.
Le fructose est nocif pour le rein dans lequel il
entraîne une inflammation pouvant conduire à des
lésions irréversibles responsables d’insuffisance
rénale.
Trois fruits peuvent cependant être consommés
s’ils sont verts : la banane, la mangue et la papaye,
car ils contiennent des amidons résistants. La
farine de banane verte est idéale pour remplacer
d’autres farines.
Revue professionnelle de naturopathie
L’avocat, bien qu’étant un fruit, est acceptable
car il ne contient pas de glucides mais des acides
gras de qualité, des fibres, des vitamines et des
antioxydants.
Règle n°4 : Nous sommes ce que nous mangeons et
ce qu’a mangé ce que nous mangeons. Consommer
de la viande, du poisson, des œufs et des produits
laitiers provenant d’élevages industriels, où les
animaux sont engraissés à force de maïs, soja
et autres aliments saturés de lectines ne peut
être que préjudiciable pour notre santé, puisque
nous allons à notre tour absorber ces substances
indésirables.
Les effets positifs de l’application scrupuleuse de
ces 4 règles vont se concrétiser entre autres par
l’apparition de selles « kousminiennes » (grosses
selles enroulées en serpent, émises facilement et
ne tachant pas la marge anale) et par des fringales
NUTRITON
de verdures, inexistantes pour beaucoup avant la
réforme alimentaire.
Le PPP comprend 3 phases
La phase 1 ne dure que trois jours et permet un
assainissement de l’intestin et notamment de son
microbiote.
La phase 2 consiste à éliminer les principales
lectines (céréales et légumineuses), les aliments
transformés, les sucres et les édulcorants, les
huiles riches en oméga 6 pro inflammatoires, les
produits animaux issus d’élevages industriels et
boostés au soja et au maïs, tous les fruits y compris
les solanacées (tomates, poivrons, piments,
aubergines, courgettes…) et les curbitacées
(courges).
Les 2 premières semaines de la phase 2 peuvent
s’avérer éprouvantes car l’organisme est comme
privé de sa drogue (les lectines) et manifeste son
malaise par des symptômes divers : maux de
tête, fatigue, crampes musculaires, troubles de
l’humeur. L’important est de ne pas se décourager
et de persévérer.
Au bout d’environ six semaines, les bonnes
habitudes sont en général acquises.
La phase 3 est facultative. Elle consiste à réduire
à moins de 125 g par jour la consommation de
protéines animales, quelles qu’elles soient.
Pour les végétariens, il est possible de consommer
des légumineuses (excellentes sources de
protéines), des solanacées et des curbitacées, à
condition de les cuire dans un autocuiseur qui
permet de neutraliser les lectines. En revanche,
ce type de cuisson ne détruit pas les lectines des
céréales, lesquelles de toute façon ne sont pas
indispensables.
83.
En résumé, quels aliments limiter, voire
supprimer ? Quels aliments consommer ?
En préambules, souvenons-nous que les plantes
ne nous aiment pas et n’ont nulle envie d’être
mangées.
• La majorité des antinutriments dont les lectines
se trouvent dans l’enveloppe des graines, ce qui
signifie qu’il faut, si on en consomme, privilégier
les céréales raffinées …! C’est contraire à ce qui
est conseillé depuis plusieurs années dans les
milieux de la santé naturelle… mais n’oublions
pas que, dès le début de l’agriculture, toutes les
populations ont cherché empiriquement à limiter
la quantité de lectines des céréales en les raffinant
et les blanchissant.
• Les légumineuses possèdent le taux de lectines
le plus élevé du monde végétal.
• Les produits laitiers de vache possèdent une
protéine, la caséine A1, qui ressemble à une
lectine. Les laits de vaches jersiaises, de bufflone,
de chèvre et de brebis contiennent la caséine
originelle A2, ce qui les rend acceptables. Mais
tous les produits laitiers contiennent le Neu5GC
susceptible de favoriser les problèmes cardiaques
et les cancers.
• Les aliments originaires du Nouveau Monde,
et introduits depuis Christophe Colomb dans
l’alimentation des Européens, des Africains et
des Asiatiques, sont trop nouveaux pour notre
organisme qui n’a pas eu le temps d’élaborer des
stratégies de neutralisation des antinutriments
qu’ils contiennent. Ces plantes américaines sont le
maïs et le quinoa, les fruits comme les solanacées
(tomates, aubergines, poivrons, courgettes,
baies de goji) et les cucurbitacées ainsi que leurs
graines, les cacahuètes et les noix de cajou, le chia,
le tournesol.
• Les produits issus d’animaux engraissés au maïs
et au soja sont infiltrés par les lectines qu’ils ont
consommées via leur alimentation peu adaptée
à leur physiologie. Les protéines animales qui
peuvent être consommées doivent provenir
d’animaux élevés à l’herbe. Il faut privilégier la
consommation de poissons sauvages, de crustacés
et de fruits de mer qui sont d’excellentes sources
de protéines, mais il fait éviter les gros poissons
en fin de chaîne alimentaire (thon, espadon,
requin, mérou et bar) pour leur teneur élevée en
métaux lourds. La consommation de poisson ne
doit toutefois pas excéder 250 grammes par jour.
Il est également possible de consommer des œufs
de poules élevées en plein air, et éventuellement
des produits laitiers de vaches jersiaises, de brebis
et de chèvre (à limiter en raison de la présence du
Neu5Gc).
84.
• Au cours des deux premières semaines du PPP,
il est recommandé de limiter la consommation
d’huiles riches en acides gras saturés à longue
chaîne : coco, olive, avocat, et graisses animales.
L’huile de colza est à bannir car c’est en réalité de
l’huile de canola, c’est-à-dire du colza OGM.
Pour nourrir le microbiote intestinal, il est
recommandé de consommer
• Des amidons résistants : farine de banane verte,
konjac, panais, navets, céleri, artichauts et fruits
verts : banane, mangue et papaye.
• Des aliments riches en fructo-oligosaccharides
FOS : radis, endives, ail et oignons, sirop de yacon,
champignons
• Des légumes à feuilles vertes et de crucifères
• Des noix de Grenoble, de macadamia, du Brésil,
de pécan, des pistaches
• Des huiles riches en omégas 3 (lin, noix…)
Il convient bien sûr de supprimer « les briseurs
d’intestin  » dont les antiacides, les AINS (anti-
inflammatoires non stéroïdiens), les aliments
contenant des intrants chimiques.
Steven Gundry recommande la prise de
compléments alimentaires dont :
• L’huile de poisson
• La vitamine D 
• Des probiotiques
• La glutamine, un acide aminé carburant des
cellules intestinales et des globules blancs
• La bétaïne, l’extrait de pépin de pamplemousse
Est-il possible de réintroduire des lectines ?
En phase 3, on peut l’envisager si :
• Les selles sont normales et ne nécessitent plus
l’usage de papier de toilette (les animaux sauvages
n’en font pas usage !) ;
• Le sommeil est réparateur ;
• L’énergie est au maximum ;
• Tous les signes ayant conduit à adopter le PPP
ne sont plus qu’un mauvais souvenir.
Dans ce cas, S. Gundry propose de limiter la
consommation de protéines animales à un
maximum de 125g par jour en continuant à
privilégier les produits de la mer. Il propose
de réessayer de réintroduire des solanacées et
des cucurbitacées, mais en les pelant, en en
ôtant les pépins et en les cuisant au cuit-vapeur.
Malheureusement, ce type ne cuisson ne détruit
pas les lectines des céréales.
Hippocrate - Été 2020
La restriction de protéines animales se justifie par
le fait que certains acides aminés qui composent
les protéines, dont la méthionine, la leucine et
l’isoleucine, activent une voie de signalisation
intracellulaire (mTOR) qui stimule la croissance
cellulaire, croissance qui peut être délétère en cas
de cellules précancéreuses ou cancéreuses.
Valter LONGO [4], chercheur à l’Institut de
Longévité de l’Université de Californie du sud,
a démontré qu’une diète hypocalorique et
végane mensuelle de cinq jours améliore tous les
marqueurs de vieillissement.
Une autre alternative déjà très popularisée,
le TRF (Time Restriction Feeding ou période
d’alimentation restreinte), consiste à jeûner
chaque jour au minimum 16 heures, ce qui se fait
facilement en supprimant soit le petit déjeuner,
soit le dîner. Certains nomment cette pratique « le
jeûne intermittent ». Sa pratique permettrait de
stimuler certaines enzymes de longévité, dont les
sirtuines.

Dr Monique Béjat

Références
[1] Dr Steven Gundry, chirurgien et cardiologue de
l’Institut international du cœur et des vaisseaux de
Palm Springs en Californie
[2] Messina JL, Hamlin J, Larner J.; Arch Biochem
Biophys. Insulin-mimetic actions of wheat germ
agglutinin and concanavalin A on specific mRNA levels.
1987 Apr;254(1):110-5.
[3] Livingston JN, Purvis BJ. Am J Physiol. Effects of
wheat germ agglutinin on insulin binding and insulin
sensitivity of fat cells. 1980 Mar;238(3):E267-75.
[4] Pr Valter Longo, Le régime de longévité, Actes
Sud 2018

Revue professionnelle de naturopathie

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