Actes des 7èmes Journées de Mécanique de l’Ecole Militaire Polytechnique

12~13Avril 2010, Bordj El Bahri, Alger

Application des ultrasons à la détection de défauts dans les assemblages soudés

M. Benantar*, A. Britah*Y. Saadouni*, W. Mokhnache*, H. Lakrout*

* Laboratoire Génie des Matériaux, Ecole Militaire Polytechnique, Alger, Algérie

EMail : m.benantar@yahoo.fr

Résumé : technique des ultrasons permet de prendre des

Le présent travail montre l’applicabilité de la technique
décisions sur la qualité de ces joints.
des ultrasons comme un moyen expérimental efficace
pour la caractérisation mécanique et à la détection de 2 Expérimentation
défauts dans les joints soudés. Pour ce faire, une série de 2.1 Matériau d’étude
joints soudés ont été réalisés sur un acier XC38dans
différentes conditions expérimentales. Le recours aux Le matériau sur lequel porte ce travail est
ultrasons a permis de mesurer les caractéristiques présenté sous forme de tôles de 10 mm d’épaisseur
mécaniques du métal de base et au niveau des joints et de 75 mm de largeur et de 150 mm de longueur.
réalisés, ainsi de détecter les défauts au sein de ces L’acier choisi pour cette étude est de nuance XC38.
derniers, ce qui permet de prendre une décision sur la L’analyse chimique s’effectue en deux façons
qualité des joints réalisée et sur les conditions de travail. complémentaires en utilisant un spectromètre de
Mots-clefs : XC38, soudage, ultrasons, défauts, masse et un analyseur de carbone. Le taux massique
caractérisation.
de carbone dans cette analyse est de 0,41, valeur
moyen qui rend la soudabilité de l’acier délicate, cet
1 Introduction acier n’est pas un alliage Fe-C pur, il contient
Tout au long de l’évolution des matériaux d’autres éléments qui proviennent du procédé
métalliques, l’assemblage des pièces mécaniques d’élaboration ou des minerais. Le tableau (1)
apparaît comme un autre aspect important lors du présente les résultats obtenus :
dimensionnement des structures mécaniques. Le Éléments C Si Mn P S Cr Ni
soudage est l’une des techniques d’assemblage
permanent des pièces mécaniques. %massique 0.41 0.13 0.38 0.013 0.01 0.13 0.1
Éléments Al Mg Mo Cu Pb V
Le résultat du soudage d’un acier dépend à la
fois des ses caractéristiques (composition chimique, %massique 0.00 0.007 ≤0.04 0.08 0.008 ≤0.02
épaisseur,…), du type de métal d’apport et des 9
réglages adoptées pendant le soudage Granjon
(1984). TAB. 1 Composition chimique de l’acier doux XC38
Actuellement, les travaux de recherche ont une
tendance vers la prise des décisions sur la qualité des 2.2 Poste de soudage automatique
joints réalisés dans différentes conditions Les opérations de soudage sont réalisées par un
expérimentales pour optimiser un tel ou tel procédé poste de soudage Transtig2200 qui est destiné
de soudage pour un ou tel type de matériau. essentiellement pour le soudage des aciers en raison
Les techniques de contrôle non destructif se de la nature du courant (courant continue), ce poste
présentent comme un moyen puissant pour un est relié directement avec le robot KUKA.
diagnostique complet des joints soudés car elles
permettent, d’une part, la caractérisation des joints
réalisés et d’autre part la détection de tout défaut ou
anomalie qui peut se présenter à l’intérieur de ces
joints : Banks et al. (1998).
Le présent travail consiste à une étude
paramétrique des joints soudés réalisés sur un poste
de soudage Transtig2200 qui lie directement avec le
robot KUKA. Le contrôle des joints réalisés par la
 FIG. 1 Poste de soudage de type Transtig2200 FIG. 2 Banc de contrôle par ultrasons
Le robot KUKA contient 27 paramètres influant
sur la qualité de soudage, le réglage de ces 3 Caractérisation ultrasonore du matériau
paramètres se fait dans le poste Transtig2200. Pour d’étude
obtenir un compromis entre ces paramètres dans le La caractérisation ultrasonore de l’acier XC38 à
but d’avoir une bonne qualité de joints, nous avons l’état brute a permis de mesurer les constantes
fixé 25 paramètres (paramètres usine) et nous avons élastiquées (E : module de Young, ν : coefficient de
joué sur deux paramètres à savoir l’intensité et la poisson et G : module de cisaillement). Pour cela, on
vitesse. Le tableau (2) montre les cinq opérations de utilise deux méthodes : en immersion en mode écho
soudage qui sont déroulées dans les conditions pour les ondes longitudinales en utilisant un palpeur
suivantes : de fréquence égale à 4 MHz, et par contact en mode
écho pour les ondes transversales en utilisant un
Op. 1 Op. Op. Op. Op.
palpeur droit à onde transversale de fréquence égale
2 3 4 5 à 5 MHz.
Courant I1 (A) 140 160 190 190 190
Vitesse v
8 8 8 11 5
(cm/min)
Tension U (volt) 50 50 50 50 50
Energie E
52.5 60 71.25 51.81 114
(kJ /cm) (a) (b)
FIG. 3 Forme d’ondes obtenues (a) longitudinale (b)
TAB. 2 Différents paramètres de soudage utilisés transversale
2.2 Banc de contrôle par ultrasons
Le banc de mesure par ultrasons, comprend deux Connaissant l’épaisseur de la pièce à étudier, on
transducteurs de fréquence centrale égale à 5MHz, peut directement calculer les deux vitesses
les deux excités par un générateur d’ultrasons longitudinale et transversale. Ces deux vitesse sont
émetteur-récepteur large bande (FIG. 2). L’impulsion estimées à :
ultrasonore une fois émise, traverse l’échantillon La vitesse de propagation de l’onde longitudinale
pour être ensuite récoltée par le transducteur est:
récepteur. Un oscilloscope numérique relié au V L=5752.08 m/ s
générateur d’impulsion, permet la visualisation du
signal reçu. La vitesse de propagation de l’onde transversale est:
V T =3183.19 m/s

Sachant que les caractéristiques mécaniques des

matériaux sont liées aux ces vitesses par ces deux
lois théoriques : Dieulesaint et al. (1996) :

V L=
√ E(1−ν)
( 1+ν ) (1−2 ν)
VT=
√ E
2 ( 1+ν )
Où : ρ la masse volumique du matériau, v le
coefficient de Poisson et E le module de Young. présence de plusieurs types de défauts dans les joints
Le calcul permet de déterminer ces réalisés.
caractéristiques mécaniques de l’acier XC38 :
Opératio
Nature du défaut
E = 202.22GPa n
 = 0.28 Inclusion de tungstène
G = 79.04GPa
Op.1 Inclusion de tungstène
4 Contrôle de défauts par ultrasons Manque de pénétration
4.1 Détection de défauts Op.2 Manque de pénétration
Op.3 Manque de pénétration
Après un sondage complet dans les deux cotés du
joint, le contrôle par ultrasons permet de détecter les Op.4 Inclusion de tungstène
échos de défauts présentés dans les joints réalisés. Inclusion de laitier
Sur la figure (4), on présente les échos de défauts Op.5
détectés pour les conditions de la première opération Inclusion de tungstène
de soudage.
TAB. 3 Différents paramètres de soudage utilisés
4.2 Positionnement de défauts
Connaissant la vitesse transversale et le temps de
parcoure, on peut déterminer la profondeur de
chaque défaut en utilisant la formule suivante :
Lepoutre et al. (1987):
(a) (b) (c)
FIG. 4 Détection de défauts dans l’Opération (1) : (a) et
P=2. e−Ps . cos (70¿)¿
(b) Inclusion de tungstène (c) Manque de pénétration.

Le recours à la technique de la radiographie

permet de préciser la nature des défauts détectés.
Sur la figure (5), on montre un film radio qui
montre les défauts détectés sur le joint réalisé dans
les conditions de la première opération. Il s’agit des
inclusions de tungstènes en deux positions le long du
joint avec un éclairage clair, ces inclusions ont été
FIG. 6 Principe de positionnement
apparues à cause d’un court-circuit qui se produit à
l’origine de la formation des gouttelettes. En effet, la
formation de ces gouttelettes est due au fait que la Le tableau (4) montre les défauts présentés dans
vitesse d’introduction du métal d’apport n’est pas en chaque pièce tout en précisant leur profondeur Pr
concordance avec celle du soudage. Le manque de ainsi leur nature.
pénétration est présent se forme linéaire avec couleur Nature du
−6
sombre. Pièce ΔT (10 s)Ps ( mm)P(mm) défaut
Inclusion de
20.35 32.39 8.92
tungstène
Op.1 Inclusion de
26.492 42.16 5.58
tungstène
Manque de
19.834 31.57 9.2
pénétration
Manque de
Op.2 18.84 29.95 9.745
pénétration
Manque de
Op.3 29.14 46.38 5.16
pénétration
Inclusion de
Op.4 2.4 38.20 6.83
tungstène
Inclusion de
21.634 34.43 8.22
laitier
Op.5
Inclusion de
FIG. 5 Photo radio du joint soudé réalisé dans les 24.22 38.55 6.81
tungstène
conditions de la première opération.
TAB. 4 Positionnement de défauts détectés par ultrason.
Les résultats relatifs à la nature de défauts sont
présentés dans le tableau (3). On remarque la
4.3 Dimensionnement de défauts par la méthode Lepautre D. & Joel J., 1987, Méthodologie générale
-6dB ultrasonore : Application à la détection et au
dimensionnement de défauts dans les matériaux
L’application de cette méthode a été faite pour le composite, Edition de l’Institut des Matériaux
dimensionnement des inclusions de tungstène qui Composites,.
ont été placées volontairement dans les deux derniers
essais (opérations 4 et 5). Cette méthode nous
permet de dimensionner la taille de défauts
seulement en longueur à cause de leurs formes
cylindriques : Lepoutre et al. (1987). Dans ce cas, on
a constaté que la longueur du tungstène inséré dans
l’opération (4) vaut (12 mm) et elle vaut (20 mm)
pour celui inséré lors de la cinquième opération.

FIG. 7 Dimensionnement de défaut de l’inclusion de

tungstène par la technique de -6dB (Op.4).

6 Conclusion
Dans ce travail, on a présenté des résultats
expérimentaux relatifs à la détection de défauts par
ultrasons dans des joints soudés réalisés dans
différentes conditions d’intensité et de vitesse. Les
résultats relatifs à la caractérisation ultrasonore du
matériau d’étude présentent une erreur de 3.7 % sur
la mesure du module de Young et une erreur de
6,67% sur la mesure du coefficient de Poisson.
L’exploitation des signaux ultrasonores permet de
détecter les défauts dans les joints, de les positionner
et de les dimensionner. Ces résultats montrent la
capacité de la technique des ultrasons, d’une part, à
la caractérisation des matériaux et d’autre part à la
détection de défauts dans les joints soudés.

Références
Granjon H., 1984, Bases métallurgique du soudage,
Edition Eyrolles.
Banks B., Oldfield G.E., Rawding H., 1998, La détection
ultrasonique des défauts dans les métaux, Edition
Eyrolles.
A. Lambert, Y. Pralus, J. Rivenez, 1997, Propagation des
ondes ultrasonore, 2ème Edition, Centre Technique
des Industrie Mécaniques (CETIM).
Dieulesaint E. & D. Royer, 1996, Ondes élastiques dans
les solides, tome 1, Masson Paris.