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Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les aristocrates anglais mettent au point deux
formes de « mobilités de loisir » : le Grand Tour, forme de tourisme itinérant qui
« parachève l’éducation des jeunes aristocrates par les expériences de sociabilité
faites au cours du voyage, autant que par ce qu’ils ont vu et reconnu des sites et des
monuments »; le séjour dans des « stations » balnéaires ou thermales, qui se
développe à partir de la fin du XVIIIe siècle en lien avec une transformation du
regard portée sur la mer et les rivages, en lien avec la valorisation hygiéniste de la
pratique du bain et de la notion de plaisir. Ces pratiques de loisir peuvent être
analysées sociologiquement comme des « rites d’institution » très distinctifs,
permettant de « réaffirmer l’existence et la valeur d’une classe », l’aristocratie. Les
transformations sociales vont produire de nouvelles catégories de touristes au XIX e
siècle et des mobilités de loisir au-delà de l’aristocratie : le développement des
transports ferroviaires, la création d’agences de voyages, et le rôle des élites
locales dans l’aménagement touristique du territoire (le cas du tourisme alpin en
Suisse permet de mettre en lumière les formes d’organisation institutionnelle du
tourisme). Aux côtés des élites locales, des professionnels et commerçants, certains
membres des nouvelles élites d’ingénieurs et de professionnels libéraux
contribuent à « redéfinir les pratiques de loisir légitimes » : ils créent des
institutions, associations et groupes d’intérêts qui agissent comme des lobbys dans
l’élaboration des politiques publiques (par exemple, le tour des cyclistes). Alors
que les professionnels du secteur touristique militent dès le début du XX e siècle
pour que le tourisme soit reconnu comme une « industrie », mais un dispositif de
quantification du tourisme ne se met en place que lentement en France:
« l’ensemble des déplacements d’agrément qui comportement au moins 4 nuits
consécutives hors du domicile », à l’exclusion des week-ends de deux ou trois
nuitées et des déplacements professionnels.
Longtemps pratiqués uniquement par une élite cultivée, les grands sites du
patrimoine mondial (Florence, le Taj Mahal) sont devenus impraticables pour les
touristes qui veulent sortir des circuits balisés, trouver des « destinations
authentiques ». La « nature authentique » fait partie de cette culture-là, à travers le
tourisme d’aventure ou l’écotourisme. La quête d’une expérience authentique d’un
autre genre, celle de l’apprentissage avec les maîtres traditionnels, incite de
nombreux Japonais à venir à Buenos Aires parfaire leur tango.