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Sociologie du journalisme

Licence 2
COMMUNICATION
Institut Universitaire d'Abidjan

Sociologie du
journalisme
Frédéric KONAN

Manuel de cours
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Sociologie du journalisme

Sociologie du journalisme
Frédéric KONAN

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Sociologie du journalisme

IL EST FORMELLEMENT INTERDIT DE


REPRODUIRE CE LIVRE SOUS QUELQUES FORMES QUE
CE SOIT.
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour
tous pays.

Conformément à la loi no 96-564 du 25 juillet 1996 relative à la protection des œuvres de


l’esprit et aux droits des auteurs, le photocopillage de cet ouvrage expose son auteur à des
sanctions pénales et civiles prévues par les articles 64 et 65 de ladite loi.

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Sociologie du journalisme

Dans la même collection

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Sociologie du journalisme

Avant-propos

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Sociologie du journalisme

01BP 12159 Abidjan 01, Tél. 22 42 22 65/ 22 42 27 24 / 22 52 55 67 /07 23


18 62 / 05 23 52 35

Année universitaire : 2018 - 2019

SYLLABUS DU COURS IUA

*INTITULE DU COURS : SOCIOLOGIE DU JOURNALISME


Code : ………….
*Type : CM et TD
*Volume horaire : 30 H
UE de rattachement : Droit et sociologie
*Niveau du cours : Licence 2
*Département : Sciences de l’Information et de la Communication
*Semestre : 3
*Nombre de crédit :
………………………………………………………………………….
*Nom de l’enseignant : KONAN Kouassi Frédéric
*Contact téléphonique : 07 36 58 59 / 06 72 54 84
*Email : fredkonan2000@yahoo.fr
*Statut : Permanent

Les objectifs
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Sociologie du journalisme

Ce cours a pour but de saisir et d’analyser le travail journalistique dans son


environnement social. Après avoir présenté comment se décline aujourd’hui
la sociologie des médias et les différents paradigmes qui la dominent
(sociologie de la réception, sociologie des usages, paradigme
technologique), nous nous intéressons, dans une perspective socio-
historique, aux transformations du métier journalistique et aux conséquences
de ces transformations sur les interactions entre espace journalistique et
espace social. Nous abordons alors des questions relatives à la sociologie du
travail journalistique en lien avec les transformations sociales.

Les objectifs spécifiques


A l’issue de la formation, les étudiants doivent être capables de :
- connaître l’histoire et l’évolution du journalisme ainsi que son espace
professionnel
- comprendre le comportement des récepteurs de l’information et l’évolution
des usages

Les pré-requis
Avoir les fondamentaux de la langue française.
Le contenu
Chapitre 1 : Le journalisme au regard des révolutions sociales et
technologiques.
Chapitre 2 : L’étude de la réception des messages par les publics et
l’évolution des
usages.

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Sociologie du journalisme

Programme du cours
N° de Séance Contenu Lectures/travaux
Présentation du syllabus, de
Séance 1 l’enseignant et échanges avec
les étudiants
Distribution des thèmes de
travail

Séance 2 La sociogenèse du journalisme

Séance 3 Les mutations du journalisme

Séance 4 Les systèmes de production

Séance 5 La formation et les principaux


métiers du journalisme

Séance 6 La structuration de la
profession en Côte d’Ivoire

Séance de contrôle de connaissances n°1

Séance 7 L’opinion publique et l’espace


public

Séance 8 Les publics du journalisme

7
Sociologie du journalisme

Séance 9 Etude de la réception des


messages par les publics

Séance 10 Etude de la réception des


messages par les publics

Séance 11 Evolution des usages

Séance de contrôle de connaissances n°2

Séance 12 Exposé des groupes 1 & 2


Présentation des travaux
d’étudiants

Séance 13 Présentation des travaux Exposé des groupes 3 & 4


d’étudiants

Séance 14 Présentation des travaux Exposé des groupes 5 & 6


d’étudiants

Séance 15 Evaluation finale

Méthodes et stratégies pédagogiques


Pour ce cours, le professeur commencera chaque séance par un exposé
magistral sur le thème de la séance, suivi de débat avec les étudiants. Au

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Sociologie du journalisme

cours des dernières séances du cours, les étudiants pourront présenter les
résultats de leurs recherches sur des thèmes précis, sous forme d’exposés.

Langue d’enseignement : Français

Modalités d’évaluation

Evaluation continue : 40%


Participation 5%
Interrogations 10%
Devoirs sur table 15%
Travaux à rendre 10%
Examen final en fin de semestre 60%
1ère session : à la fin du cours
Session de rattrapage (2ème session)

Bibliographie indicative

1) DELPORTE C., Histoire du journalisme et des journalistes en France,


Presse
Universitaire de France, 1995.

2) ACCARDO A. (dr), Journalistes au quotidien, Bordeaux, Le Mascaret,


1995
3) AGNÉS Y., Manuel de journalisme, Paris, La découverte, 2002
4) DEVILLARD V., LAFOSSE M-F., LETEINTURIER C. et al,
Journalistes au pluriel. Sociologie d’un groupe professionnel à l’aube de l’an
2000, Paris, La Découverte, 2001
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Sociologie du journalisme

.
5) NEVEU E., Sociologie du journalisme, Paris, La Découverte, 2009.
6) RINGOOT R., RUELLAN D., « Le journalisme », in OLIVESI S.,
Introduction aux sciences de l’information et de la communication, Presses
universitaires de Grenoble, 2006
7) BRIN C.,CHARRON J., DE BONVILLE J., (dir), Nature et
transformation du journalisme.Théorie et recherches empiriques, Québec,
Presses de l’université de Laval, 2004.

8) Jean-François Tétu, Sociologie des journalistes. Bulletin des


bibliothèques de France [en ligne], n° 5, 1992.

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Sociologie du journalisme

INTRODUCTION

La seule évocation du terme « journalisme » charrie avec elle, une


foule de représentations positives et négatives qui viennent en quelque sorte
ordonner ce que l’on se représente comme étant le journalisme. Aussi,
comprend-on que derrière le terme générique de « journaliste » se cachent
des métiers très divers.

Sur la sociologie du journalisme et des journalistes, il se pose


aujourd’hui donc plusieurs questions : Quelle est la sociogenèse du
journalisme ? Qui sont les journalistes ? Quelle pratique est-ce le
journalisme ou encore, comment comprendre la place du journalisme dans la
construction de l’opinion ?

Ce cours se propose d’explorer le vaste domaine du journalisme au


regard de son espace professionnel et des mutations survenues au cours de
son évolution.

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Sociologie du journalisme

Leçon 1 : La sociogenèse du journalisme

Le journalisme est l’activité qui consiste à recueillir, vérifier ou


commenter des faits pour les porter à l’attention du public dans les médias
en respectant une même déontologie.

Le journalisme est l’un des métiers qui participe le plus activement à


notre vie quotidienne. Du matin jusqu’au soir, dans les moments graves,
dans les événements d’envergure aux quatre coins du monde, le journalisme
est présent partout, tout le temps. Aujourd’hui, le journalisme nous informe
en nous submergeant de faits, de dates, de chiffres : une famine ici, un
tremblement de terre là, une victoire sportive, un mariage de célébrité, etc.

Mais quelle est l’origine d’une pratique si présente dans le quotidien de


tous ?

Le journalisme a été au cours des siècles, un métier très controversé.


D’abord très subjectif, le principe de protection des sources d’information
des journalistes ne se faisait reconnaitre que progressivement.

Pour son histoire, il faut retenir que dans l’antiquité, il existait une
tradition orale de pratique journalistique : dans les villages et les grands
centres urbains, des crieurs annonçaient les événements locaux et relayaient
les informations transmises par les messagers.

La tradition écrite semble avoir commencé dans l’Empire romain avec


les Actes du Sénat ou acta Senatus (procès-verbaux des séances du Sénat)
et les Actes du peuple à savoir acta diurna, acta urbana, acta populi, acta
publica qui sont des affiches manuscrites qui servaient à postuler, dans les
espaces publics, des faits divers, des nouvelles militaires, des actes de décès,
des chroniques sportives, etc.
Un nouveau support de publication journalistique émergea avec
l’invention de l’imprimerie : l’hebdomadaire. Le premier de quatre pages,
fut publié en 1622 par Nathaniel Butler à Londres (Le Weekly News) et le
deuxième par Théophraste Renaudot en France, le 30 Mai 1631 (La
Gazette).
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Sociologie du journalisme

Dans les années 1920, avec la popularisation de la radiodiffusion,


apparaissaient les premiers radioreportages et ensuite, avec l’avènement de
la télévision autour des années 1940, les premiers journaux télévisés.

Depuis la fin du XXe siècle, le développement des nouvelles


technologies, en particulier d’internet puis des réseaux sociaux, bouleverse
le journalisme. On assiste notamment au développement des activités du
MOJO (Mobile Journaliste) et du journalisme citoyen (composé de Média
citoyen, type agora vox : les citoyens peuvent écrire des articles et les
articles sont notés. Selon la notation, l’article est jugé crédible ou non).
Avec le temps, le journalisme. Il s’agit maintenant de communautés locales
qui s’emparent d’Internet pour diffuser des nouvelles sur leur quartier,
leur ville ou des individus qui créent des blogs.

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Sociologie du journalisme

Leçon 2 : Les mutations du journalisme

Le journalisme a cheminé à travers différents courants même s’il s’est


bâti autour d’une tradition d’information. Depuis l’introduction de
l’informatique dans le monde des médias, les différents métiers qui
concourent à l’exercice du journalisme connaissent de profondes évolutions
et mutations qui touchent tous les maillons de la chaîne de l’information :
les sources, le recueil, le traitement, la production, la diffusion-distribution,
etc. En effet, certes le travail d’informer a toujours consisté à émettre et à
transmettre des connaissances mais cette information journalistique reste
marquée par sa forte variabilité car, en fonction des époques, les
informations n’ont pas été transmises de façon identique. Elles ont été criées
ou affichées, écrites dans la presse, radio ou télédiffusées.

Lire un journal, écouter la radio ou regarder un journal télévisé sont


autant d’activités qui nous informent mais qui sont apparues au fil du temps,
dans une évolution chronologique des supports, comme des usages.

2.1. Les formes de journalisme

Au regard des évolutions sociales, le journalisme a subi diverses


transformations. Ainsi, depuis l’invention de l’imprimerie (1450) à
l’avènement d’internet, le journalisme s’est pratiqué et se pratique encore
sous quatre formes respectives : la presse, la radio, la télévision et le web.

2.1.1. La forme écrite

Dans la pratique professionnelle, c’est la forme la plus ancienne.


Chaque jour, le journal récapitule l’essentiel de l’information de la veille et
la hiérarchise dans ses pages. Le journal permet aussi d’analyser,
d’approfondir et de mettre en perspective l’information pour ses lecteurs.
Cette forme de journalisme fait appel à plusieurs activités.

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Sociologie du journalisme

2.1.2. La forme parlée

Cette forme de journalisme a suivi la première et facilité l’accès du


public à l’information et au confort d’écoute. Support de cette forme de
journalisme, la radio est le média de l’actualité instantanée. Le public peut
l’écouter partout : à la maison, dans la rue, aux champs, au bureau, en
voiture. Avec un simple transistor et des piles, vous êtes relié au monde en
direct.

2.1.3. La forme audiovisuelle

La forme audiovisuelle est une des dernières formes du journalisme.


Son support, la télévision est le média qui ouvre une fenêtre sur le monde.
Elle met chaque jour l’information en images pour le public. Elle permet de
traiter l’information d’actualité dans les journaux, mais également
d’approfondir certains sujets par des émissions magazines. La télévision
reste encore et pour longtemps, un média fascinant.

2.1.4. La forme web ou le journalisme en ligne

Le web est le support le plus récent. Cette forme de journalisme a la


particularité et l’avantage de combiner toutes les autres. Ainsi, les
informations publiées sur le web sont disponibles dans le monde entier sous
forme de texte, d’images et de son. Grâce aux potentielles interactionnelles
d’internet, on voit aujourd’hui apparaître une nouvelle forme de journalisme
qu’on appelle 2.0 qui permet à de nombreux citoyens (non professionnels)
de faire aussi du journalisme.

2.2. Le journalisme au regard des révolutions sociales et


technologiques

L’informatisation des rédactions qui s’est faite en deux décennies


(1980-90) a bouleversé le monde du journalisme si bien organisé.
Désormais, les journalistes se déplacent de moins en moins. Ils reçoivent
les communiqués de presse par email. Ils réalisent même certaines
interviewes par ce truchement. Le journaliste-reporter n’a plus besoin de se

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Sociologie du journalisme

rendre au bureau pour s’enquérir de son travail, consulter la documentation


ou donner sa copie. De sa voiture, le journaliste de faits-divers, peut
téléphoner, transmettre ses papiers, consulter les archives du journal ou les
fiches d’agences, envoyer les photos numériques qu’il a lui-même réalisées.

La conséquence de ces révolutions sociales et technologiques sur les


métiers du journalisme, c’est la disparition de certains métiers notamment
les plus techniques, et l’apparition d’autres. Ainsi, les métiers de
typographie, sténographie, photocomposition, photogravure ou même de
correction ont subi de profonds bouleversements de leurs moyens
techniques, quand ils n’ont été emportés par les révolutions dans le domaine.
De nouveaux métiers émergent avec un nouveau jargon professionnel et de
nouveaux logiciels qui servent d’outils de travail à ce nouveau monde du
journalisme. Au rang de ces métiers, on peut citer les « scannéristes »,
techniciens du flashage ou du CTP, graphistes, infographes, iconographes
(différent du photographe), designers, directeurs artistiques, journaliste «
recherchiste » (journaliste formé à la documentation et aux banques de
données), etc. Le monde bouge, le journalisme aussi.

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Sociologie du journalisme

Leçon 3 : La formation et les métiers du journalisme

Au cours de ces dernières années, le nombre de débouchés offert par


les médias notamment dans les pays en voie de développement et les
démocraties émergentes a crû considérablement. Le rôle crucial joué par le
journalisme dans la société en général a été à la base d’une demande urgente
et forte de journalistes bien formés.

Il convient donc de connaître, dans le cadre de notre cours, les objectifs


d’une bonne formation, les programmes de formation et les principaux
métiers du journalisme.

3.1. Les objectifs de la formation au journalisme

Une bonne formation au journalisme doit permettre aux apprenants de


savoir :

- Comment identifier une information ;


- Comment cerner le contenu et la signification d’une information dans
la complexité des faits et des opinions;
- Comment rédiger, illustrer, éditer et produire un contenu
informationnel à destination de médias de formats divers et de publics
variés.
3.2. Les programmes de formation

Dans les écoles supérieures et les universités, la formation au


journalisme est généralement organisée autour de trois axes :

• Axe 1 : les règles, les outils, les standards et les pratiques du


journalisme
• Axe 2 : les aspects sociaux, culturels, politiques, économiques, légaux
et moraux du journalisme à l’intérieur et à l’extérieur des frontières
nationales.

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Sociologie du journalisme

• Axe 3 : une culture générale approfondie ainsi qu’une connaissance


des enjeux majeurs auxquels sont confrontés les journalistes.

3.3. Les principaux métiers du journalisme

En matière de journalisme, on dénombre plusieurs métiers dont les


principaux sont :

- L’agencier ;
- Le journaliste radio ;
- Le journaliste télévision ;
- Le journaliste reporter d’images ;
- Le journaliste web ;
- Le photographe de presse ;
- Le rédacteur de presse écrite ;
- Le correspondant ;
- etc

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Sociologie du journalisme

Leçon 4 : La structuration de la profession en Côte d’Ivoire

4.1. Le syndicalisme dans le secteur du journalisme en


Côte d’Ivoire
Un syndicat est une organisation professionnelle qui a pour mission de
défendre les droits et intérêts corporatistes de ses membres.

En Côte d’Ivoire, le journalisme est très fragmenté. Il n’existe pas un


syndicat national des journalistes comme c’est le cas ailleurs. Le paysage
médiatique est plutôt dominé par un grand nombre de syndicats.

Le groupe RTI compte à lui seul au moins quatre syndicats. Il s’agit :

- Du syndicat des agents de l’information (SYNINFO) ;


- Du syndicat des agents de la RTI (SYNARTI) ;
- Du syndicat du personnel de la RTI (SYPERTI) ;
- Du syndicat national de la communication (SYNACOMCI) ;
Au niveau de la presse, Fraternité Matin, un autre média de service
public, a un seul syndicat qui regroupe tous ses travailleurs : le syndicat
national des agents de Fraternité Matin (SYNAFRATMAT). La presse
privée a aussi son syndicat : Le Syndicat National des Agents de la Presse
Privée de Côte d’Ivoire (SYNAPPCI).

La multiplicité de ces « syndicats maison » pourrait rendre l’action


syndicale inefficace, puisque l’union fait la force, a-t-on coutume de dire.

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Sociologie du journalisme

4.2. Les associations professionnelles

Le rôle d’une association de journalistes est d’œuvrer pour


l’amélioration des conditions de vie et de travail des journalistes par
l’organisation des activités du secteur. En dehors des syndicats, le paysage
médiatique ivoirien est animé par les associations professionnelles de
journalistes.
La première association a été créée le 25 Novembre 1991 sous la
dénomination de l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire
(UNJCI). Aujourd’hui, à côté de l’UNJCI, on compte de nombreuses
associations dont :

- L’organisation des journalistes professionnels de Côte d’Ivoire


(OJPCI) ;
- L’union des journalistes culturels de Côte d’Ivoire (UJOSCI) ;
- L’union nationale de la presse sportive de Côte d’Ivoire
(UNAPRESCI) ;
- L’association des journalistes sportifs de Côte d’Ivoire (AJOSCI)
- Le Groupement des Editeurs de Presse de Côte d’Ivoire (GEPCI)
- La Confédération Nationale des Directeurs de Publication de Côte
d’Ivoire (CNDPCI)
- Le Réseau des Femmes Journalistes de Côte d’Ivoire (REFJCI)
- Le Réseau des Professionnels de la Presse en Ligne de Côte d’Ivoire
(REPPRELCI)
- etc
4.3. La commission de la carte d’identité des journalistes
professionnels
La commission de la carte d’identité des journalistes professionnels de
Côte d’Ivoire a été créée par la loi N°2004-643 du 14 Décembre 2004
portant régime juridique de la presse. La CIJP a été instituée pour organiser
l’activité des journalistes en Côte d’Ivoire afin de la rendre plus crédible aux
yeux de l’opinion publique.

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Sociologie du journalisme

La commission d’attribution de cette carte d’identité a commencé ses


activités à partir du 27 Décembre 2007, date de son installation.
a- Organisation et fonctionnement de la commission
Pour accomplir ses missions, la commission paritaire d’attribution de la
carte d’identité de journaliste professionnel et de professionnel de la
communication dispose de douze postes de commissaires et d’un secrétariat
permanent. Elle siège au cours du premier trimestre de chaque année pour
attribuer ou pour renouveler la carte d’identité aux journalistes qui en font la
demande.
b- Conditions d’attribution de la carte d’identité de
journaliste professionnel
Elle est attribuée aux journalistes professionnels, aux animateurs de
programme, aux documentalistes, aux maquettistes, aux photographes de
presse, aux dessinateurs de presse, aux preneurs de son et aux opérateurs de
vue.
Pour obtenir la carte d’identité, le demandeur doit remplir quelques
conditions :
- Pour le journaliste professionnel, justifier d’un diplôme supérieur
équivalent au bac+2, à défaut, justifier d’une expérience
professionnelle de cinq ans avec au moins trois productions ou
réalisations effectivement diffusées et avoir fait un stage
professionnel ;
- Pour les autres : justifier d’un diplôme équivalent au bac, à défaut
justifier d’une expérience professionnelle de cinq ans et d’un stage
professionnel ;
- Pour tous : avoir pour occupation principale, régulière et rétribuée la
production ou la réalisation ;
- Exercer cette activité dans une entreprise régulièrement constituée ou
dans un établissement public.
En conclusion, la carte d’identité des journalistes professionnels a été
instituée pour rendre au journalisme sa crédibilité et redonner aux médias
ivoiriens leur place de 4ème pouvoir. Mais cette carte d’identité peut-elle
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Sociologie du journalisme

suffire à rendre au journalisme sa crédibilité quand on sait que ces mêmes


journalistes se livrent souvent à des prises de positions intéressées ?

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Sociologie du journalisme

Leçon 5 : L’opinion publique et l’espace public

5.1. L’opinion publique

La presse permet de relier les individus et faire écho de leurs opinions.


Le public est intelligent et a un sens critique. L’opinion publique est la voix
de la majorité. Elle peut être considérée comme un espace de diffusion, un
espace de discussion qui échappe au pouvoir. Selon Alexis De Tocqueville,
l’opinion publique est une affaire de parole et de silence. Elle peut être
exprimée en public sans risque de sanction. Les médias sont des vecteurs
importants de la formation de l’opinion publique.

Il existe deux grandes conceptions de l’opinion publique :

- L’opinion publique est celle qui s’exprime d’elle-même : dans cette


conception, le peuple est représenté par des porte-paroles ; l’opinion
publique n’est donc pas celle de chacun mais celle de l’ensemble.
C’est donc une force sociale qui résulte d’une similitude de jugements
exprimés par une similitude d’individus. La majorité silencieuse n’en
fait pas partie ;
- L’opinion publique s’exprime par addition d’opinions individuelles
qui se fait par un sondage d’opinion. Elle est une agrégation
d’opinions individuelles, la majorité silencieuse comprise. En clair,
pour cette conception, il n’y a plus un tronc social porteur de
l’ensemble de l’intérêt de la société. Mais à l’intérieur de chaque
catégorie sociale, il existe des intérêts spécifiques. Dans ce cas, le
moyen d’expression de l’opinion publique peut être les sondages.

5.2. L’espace publique


En ce qui concerne l’espace public c’est un espace de mise en forme et
de mise en scène du social. C’est le lieu d’expression de l’opinion publique.
Les médias sont des espaces publics dans notre société actuelle dans la
mesure où ils sont le lieu de formation et d’expression de l’opinion
publique. L’espace public est donc un processus de démocratisation
perpétuel puisque tout est soumis à débat. L’opinion publique et l’espace
23
Sociologie du journalisme

public sont donc deux concepts indissociables et les médias de masse en


sont les créateurs.

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Sociologie du journalisme

Leçon 6 : Les publics du journalisme

« L’une des choses les plus importantes pour un homme est son public
ou le choix qu’il peut faire entre les divers publics auxquels il peut prétendre
et par lesquels il cherchera à être reconnu », écrivait Everett Hughes en
1951.

Pour qui les journalistes écrivent-ils ? Jusqu’à quel point connaissent-ils leur
public ? Quelle influence le regard de leurs confrères exerce-t-il sur leurs
productions ?

Se poser ces questions, c’est chercher à connaître les véritables publics du


journalisme et à regarder autrement le métier d’informer.

6.1. Un public diversifié


Un journaliste dispose de plusieurs publics. Il y a d’abord les pairs ou
confrères qui visent aussi bien les journalistes qui travaillent dans sa
rédaction que les autres plus ou moins concurrentes. On a aussi les sources
ou informateurs et enfin les lecteurs, téléspectateurs ou auditeurs ordinaires.
Ces trois pôles (les trois sommets du triangle) constituent autant de publics
pour les journalistes.

6.2. La relation Journaliste-Public


Dans les années 1930 émerge un nouveau public de masse, mélange de
classes sociales. Ce public a un sens critique. C’est pourquoi sa relation avec
le journalisme connaît souvent des hauts et des bas.

Pour le public, les médias sont sensés produire des connaissances et les
journalistes ou les médias font quant à eux une multitude de promesses de
performance et de qualité qu’ils n’arrivent pas souvent à tenir. Les erreurs
recensées par les spécialistes et le public en sont la preuve.

Face à cette situation, les journalistes sont souvent accusés de ne pas


traiter les sujets importants ou même de porter atteinte à la vie privée des
honnêtes citoyens de connivence avec leurs sources. Cependant loin des
préjugés, la production des journalistes ne se conforme pas seulement à leur

25
Sociologie du journalisme

souci d’informer leur public ni d’ailleurs, à la simple dépendance vis-à-vis


de contraintes économiques, comme il leur est souvent reproché. Elle doit
aussi considérablement être en confrontation quotidienne avec leurs
multiples publics.

26
Sociologie du journalisme

Leçon 7 : Etude de la réception des messages par les publics

Pendant longtemps, les informations transmises par les médias étaient


destinées à suivre un chemin unidirectionnel, sans effet de retour. Les
médias n’étaient que des chaînes nationales, tributaires de trois actions
sociales à savoir, informer, éduquer et divertir.
Mais au cours des dernières décennies, l’évolution des médias et la
polyvalence des traitements qu’ils accordent à la réalité sociale ont fait
émerger, de nouveaux publics. En effet, les médias devenus des vecteurs de
la mondialisation d’une certaine culture, éveillent, de plus en plus, la
conscience du public, tout en l’influençant de façon positive ou négative.
Désormais, Le public du journalisme et des médias par ricochet, est un
public actif c’est-à-dire, un public qui a un minimum de sens critique (ce qui
explique par exemple, le phénomène du zapping).
En conséquence, la relation entre les médias et leurs publics, marquées
par les enjeux politiques, économiques et socioculturels ont donné naissance
aux études de la réception qui sont chargées d’analyser l’activité médiatique
des publics des médias au sein de l’espace social. Ces études de la réception
s'intéressent au fonctionnement des médias et des comportements des
usagers. Elles s'inscrivent dans un processus complexe de communication
qui met en relation la source du message et l'instance réceptrice évoluant
dans une interaction simultanée avec l'environnement. Il s’agit pour notre
part et au cours de cette leçon, de savoir :
Comment les publics reçoivent les messages des médias ? Comment les
comprennent-ils et les interprètent-ils ?

La réponse à ces interrogations nous permettra d’évaluer l’impact


social des médias sur leurs récepteurs en général.

7.1. Le conditionnement des citoyens par les médias


Tout au long du XXème siècle, les médias ont été les principaux
accusés d'un procès à rebondissements. La question de leur influence sur le
récepteur a provoqué de nombreux conflits théoriques au sein des sciences
humaines et sociales. Il existe deux courants de pensée sur la question de la
27
Sociologie du journalisme

réception des messages par les publics. Le premier est issu des premiers
travaux du début du siècle, défendant l’idée d’effets directs et massifs sur le
public. Ce dernier serait passif, victime et vulnérable face à des médias qui
susciteraient la violence, influenceraient électeurs et consommateurs,
manipuleraient l’information.
Apparu dans les années 30, en pleine période de guerres, ce courant
s’inspire du modèle stimulus - réponse et des expériences de Pavlov sur les
réflexes conditionnés, présentées pour la première fois en 1903. Selon ce
courant, le message médiatique agirait comme un stimulus qui engendrerait
une réponse quasi-identique chez tous les récepteurs. Le contexte socio-
politique européen de l’époque et l’utilisation massive des médias
(essentiellement la radio) dans le cadre notamment de la propagande nazie
semblent expliquer le succès de cette proposition théorique. Cette époque est
marquée par la vision d’un récepteur passif et manipulé, à qui l’on pourrait
injecter tous types de messages persuasifs.
Mais un être humain peut-il être conditionné par un objet social ?

7.2. Les récepteurs du message médiatique ne sont pas


passifs

À partir de 1940, un nouveau courant de pensée et de recherche, issu


des travaux de la sociologie américaine, postule que le récepteur est actif,
critique et capable de résister aux vaines tentatives de manipulation des
médias. En effet, le deuxième conflit mondial a sans doute été un catalyseur.
Il a suscité d’abondantes études sur l’influence de la propagande et a incité
d’éminents chercheurs européens (Lazarsfeld, Lewin, Adorno, Heider), sous
la menace nazie, à poursuivre leurs travaux aux Etats-Unis.
Paul Lazarsfeld et ses associés (Bernard Berelson et Hazel Gaudet),
vont remettre en cause le modèle de Lasswell. Ils révèlent que les récepteurs
filtrent le message des médias. Ce filtre intervient à trois niveaux :
L’exposition sélective au message : les individus peuvent plus ou moins
s’exposer à l’influence des médias, ils choisissent quelles émissions écouter
ou voir, ils ont tendance à suivre davantage le candidat dont ils se sentent le
28
Sociologie du journalisme

plus proche et ils peuvent aussi prêter une attention plus ou moins distraite
au message émis ;
La réception sélective : le récepteur ne sélectionne dans un message que
les opinions qui cadrent avec les siennes et va rejeter ou ne pas entendre les
autres ;
La perception sélective : le récepteur ne va retenir de l’information que ce
qui conforte ses idées en ayant évacué ce qui peut les remettre en cause.

En définitive, la société n’est donc pas composée d’individus atomisés


et passifs mais elle produit des individus plus ou moins outillés pour filtrer
activement les messages. Les médias tendent à renforcer les opinions
préexistantes et produisent peu d’influence directe sur les choix individuels.
Ils ne font que conforter les choix initiaux des individus.

Leçon 8 : L’évolution des usages

Que fait l’individu des médias ? La réponse à cette question permet de


connaître les besoins individuels et sociaux essentiels pouvant être comblés
par les programmes reçus en dehors de tout intérêt particulier pour les
contenus. Il s’agit d’étudier, au cours de cette leçon, les usages des médias,
c'est-à-dire savoir comment les gens utilisent les médias et les messages
reçus.

8.1. Les usages habituels


Traditionnellement, on distingue deux usages des médias : Les usages
structurels et les usages relationnels.

- Les usages structurels : les médias interviennent dans la structuration


de la vie individuelle. Certains individus utilisent la télévision, la
radio ou autres médias comme compagnons pour dormir ou se
réveiller. On écoute une émission pour avoir l’inspiration lorsque
nous sommes au travail.

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Sociologie du journalisme

- Les usages relationnels : les messages des médias interviennent de


plus en plus dans nos relations interpersonnelles. Ainsi, l’actualité
telle que présentée par les médias peut servir de sujet de débat pour
vous éviter des ruptures de causerie lorsque vous recevez des amis
par exemple. Ces sujets vous aident à meubler le temps.
Les médias sont aussi des moyens d’apprentissage social. Aujourd’hui,
ce sont les médias qui guident le monde. Des entreprises, des écoles et bien
d’autres structures utilisent les médias pour distiller des messages et des
connaissances qui façonnent la vie de ceux qui les écoutent.

8.2. Les usages actuels

Les médias sont de plus en plus utilisés pour défendre des idées (ou des
causes) diverses, pour un intérêt lucratif c'est-à-dire qu’ils servent à faire du
business (exemple courses PMU retransmises en direct sur les chaînes de
télévision) ou pour vendre et se procurer du plaisir. Cependant, les usages
actuels des médias restent dominés par les activités sur les réseaux sociaux
dont les leaders historiques sont Facebook, Youtube, Google+, Twitter,
Instagram,... Utiliser les médias sociaux est l’une des activités les plus
courantes aujourd’hui, surtout chez les jeunes. Ces réseaux leur offrent
l’opportunité de se divertir, mais également de communiquer entre eux.

Les médias sociaux permettent aux socionautes de réaliser plusieurs


activités :

- Se faire de nouveaux amis et rester en contact avec eux en partageant


des photos et en discutant.
- Réaliser des projets d’équipe par l’échange d’idées et la collaboration.
- Apprendre autrement. En effet, plusieurs écoles utilisent aujourd’hui
les blogues comme outil d’enseignement.
Malheureusement, certaines personnes font de plus en plus, un
mauvais usage des médias sociaux. Ainsi, ces médias servent à :
• Diffuser des informations fausses ou embarrassantes pour
discréditer des personnes physiques ou morales
(Cyberintimidation) ;
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Sociologie du journalisme

• Harceler

EXERCICES

1) Pourquoi l’évocation du terme journalisme suscite-t-elle une foule de


représentations positives et négatives ?
2) Quels sont les objectifs de la formation en journalisme ?
3) Quels sont les publics du journalisme ?
4) Citer trois associations professionnelles de journalistes en Côte
d’Ivoire ?
5) Présenter en 10 lignes, les courants de pensée sur la réception des
messages par le public.

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Sociologie du journalisme

TABLE DES MATIÈRES

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Sociologie du journalisme

Licence 2 COMMUNICATION

Sociologie du
journalisme
Frédéric KONAN

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