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Les 4

profils
L’OUTIL INDISPENSABLE

POUR ENFIN SE COMPRENDRE

ET VIVRE MIEUX

GRETCHEN RUBIN
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Du même auteur
Ma vie en mieux, Flammarion, 2016
Opération Bonheur, Belfond, 2011
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Titre original : The four tendencies: the Indispensable Personality Profiles That
Reveal How to Make Your Life Better (and Other People’s Live Better, Too)
Copyright © Gretchen Rubin 2017
Tous droits réservés.
Publié aux États-Unis par Harmony Books, du Crown Publishing Group, une
division de Penguin Random House LLC, New York,
http://crownpublishing.com/
 
Traduction : Nouannipha Simon
 
© Dunod, 2018
11 rue paul Bert, 92240 Malakoff
ISBN : 978-2-10-078994-8
 
 
 
 
 
 
Pour Christy Fletcher (Pointilleuse)
SOMMAIRE

 
 
 

Votre Profil
1. Les quatre profils
2. Identifier son profil

Le Discipliné
« Pour moi, la discipline, c’est la liberté »
3. Comprendre le Discipliné
4. Interagir avec un Discipliné

Le Pointilleux
« Je le ferai, si tu me donnes une bonne raison de le
faire »
5. Comprendre le Pointilleux
6. Interagir avec un Pointilleux

Le Dévoué
« Tu peux compter sur moi, et je compte sur toi pour
compter sur moi »
7. Comprendre le Dévoué
8. Interagir avec un Dévoué

Le Rebelle
« Personne ne peut m’y forcer, pas même moi »
9. Comprendre le Rebelle
10. Interagir avec un Rebelle

Les 4 profils en pratique


11. Les affinités
12. Communiquer efficacement avec chaque profil
13. Apprendre à tirer parti de ses forces, quelle que soit
son profil

Appendice
Remerciements
Quizz des quatre profils de Gretchen Rubin
Ressources complémentaires
Notes
 
 
 
 
 
J’ai fini par comprendre que mon plus grand objectif est d’être ce que je
suis déjà.

Journal of Thomas Merton (Rebelle)


VOTRE PROFIL
1
Les quatre profils
Les origines des quatre profils. • Comment ces profils façonnent nos
caractères ? • En quoi est-il utile d’identifier son profil ? • En quoi est-il utile
d’identifier le profil des autres ?

Je ne savais pas, en passant les portes de l’Atlantic Grill en


cet après-midi d’hiver, que j’allais avoir l’une des
conversations les plus marquantes de ma vie.
Alors que je mordais à  pleines dents dans mon
cheeseburger, l’amie qui m’accompagnait en picorant une
salade, a  dit quelque chose qui allait m’occuper l’esprit
pendant plusieurs années. Elle a  fait remarquer de façon
très désinvolte qu’elle voulait se remettre à  la course
à  pied, mais qu’elle n’y arrivait pas et que cela l’ennuyait
beaucoup. Puis, elle a  ajouté, et c’est ce qui
a  particulièrement retenu mon attention  : «  Je faisais
pourtant partie de l’équipe d’athlétisme du lycée et je ne
manquais aucun entraînement. Je ne comprends pas
pourquoi je n’arrive pas à m’y remettre.
– Comment cela se fait ? ai-je demandé.
– C’est tellement dur de trouver du temps pour soi.
– Mmmm… »
La discussion a  dévié sur d’autres sujets et nous nous
sommes quittées sans revenir dessus. Mais ce bref échange
n’a cessé d’occuper mon esprit. Mon amie n’avait pas
changé depuis le lycée et elle voulait se remettre à  une
activité qu’elle connaissait bien. Elle n’avait eu aucun
problème à  courir par le passé, mais elle n’y arrivait plus.
Pourquoi ? Était-ce une question d’âge ? De motivation ? De
situation familiale  ? De situation géographique  ? D’esprit
d’équipe ? Ou d’autre chose ?
Elle était persuadée que tout le monde avait du mal
à  trouver du temps pour soi. Pas moi. Je n’ai aucun mal
à  trouver du temps pour moi. En quoi sommes-nous
différentes ?
J’ai passé les années qui ont suivi à  essayer de répondre
à ces questions.

Les origines des quatre profils


On dit qu’il y a deux sortes de personnes : ceux qui divisent
le monde en deux catégories de personnes, et ceux qui ne
le font pas.
Je fais incontestablement partie du premier groupe. Mon
intérêt pour la nature humaine m’a toujours poussée
à décortiquer les mécanismes qui font que nous agissons de
telle ou telle façon, et à  essayer de comprendre pourquoi
nous le faisons.
Cela fait maintenant plusieurs années que j’étudie le
bonheur et les habitudes, et il m’apparaît de plus en plus
clairement qu’il n’y a pas de solution magique pour mener
une vie heureuse, saine et productive. Il n’y a  pas de
stratégie unique et universelle. Ce qui fonctionne pour l’un
peut être l’exact contraire de ce qui marche pour l’autre. Il
y  a des gens du matin et des oiseaux de nuit. Certaines
personnes préfèrent bannir toutes tentations, alors que
d’autres auront de meilleurs résultats dans un cadre plus
souple. Certains aiment la simplicité, d’autres
s’épanouissent dans l’opulence.
En réfléchissant à ce que mon amie m’avait confié sur ses
habitudes sportives, je me suis dit qu’en plus de la
distinction entre « les gens du matin et les gens du soir », il
devait exister une différence plus fondamentale, plus
structurelle, plus audacieuse et en même temps plus
évidente, mais elle m’échappait encore.
Pour mieux cerner ce que je pressentais comme une
vérité essentielle, j’ai posé une série de questions aux
visiteurs de mon site Internet. En voici quelques-unes  :
«  Que pensez-vous des résolutions du Nouvel  An  ?
Respectez-vous le Code de la route ? Pourquoi ? Vous êtes-
vous déjà inscrit à  un cours juste pour le plaisir  ?  »
À  mesure que j’en recevais les réponses, et elles étaient
nombreuses, j’ai vu émerger plusieurs grandes constantes.
C’était d’ailleurs assez déroutant de voir autant de
personnes répondre de façon presque identique.
Ainsi, au sujet des résolutions du Nouvel  An, tout un
groupe m’a répondu  : «  Si une résolution semble bonne
pour moi, je la prends et je m’y tiens, mais je n’attends pas
le Nouvel An pour le faire, parce que le 1er janvier est une
date arbitraire.  » Presque toutes les personnes de ce
groupe ont utilisé le mot « arbitraire ». Le choix d’un terme
aussi spécifique m’a intriguée, parce que l’arbitraire du
1er  janvier ne m’avait jamais particulièrement frappée. Et
pourtant ces gens me donnaient tous la même réponse.
Qu’avaient-ils donc en commun ?
Ils ont été également nombreux à  répondre  : «  Je ne
prends plus de résolutions au Nouvel  An, parce que je
n’arrive jamais à  les tenir. Je ne prends pas le temps de
m’occuper de moi. »
Un autre groupe a  répondu  : «  Je ne prends jamais de
résolution au Nouvel  An, parce que je n’aime pas les
contraintes. »
Ces constantes voulaient dire quelque chose, j’en avais
l’intime conviction, mais je n’arrivais pas encore à voir quoi
exactement.
Puis, après des mois de réflexion, j’ai eu une révélation.
J’étais chez moi, assise à  mon bureau, quand mes yeux se
sont attardés sur une de mes listes de «  choses à  faire  ».
Tout s’est soudain éclairé. La question, toute simple, mais
qui rassemblait toutes les autres, était  : «  Quel est votre
rapport aux engagements ? » Eurêka !
J’avais enfin trouvé !
Mon esprit s’est emballé, tout s’articulait parfaitement.
Dans la vie, nous avons tous affaire à  deux grandes
catégories d’engagements, d’attentes ou de contraintes :
Les attentes extérieures, à  savoir ce que les autres
attendent de nous, par exemple rendre un travail à  une
date donnée.
Les attentes intérieures, à  savoir les objectifs ou les
engagements que nous nous fixons nous-mêmes, comme les
résolutions du Nouvel An.
 
Et voici ce que j’en ai déduit  : selon l’attitude d’une
personne face aux attentes et engagements extérieurs et
intérieurs, cette personne se range dans l’une de ces
quatre catégories :
Les Disciplinés répondent aisément aux attentes extérieures et intérieures.
Les Pointilleux remettent en question toutes les attentes ; ils ne respectent
un engagement que s’ils le jugent justifié, et par conséquent, ils ne
respectent que les engagements intérieurs.
Les Dévoués se plient volontiers aux attentes extérieures, mais peinent
à répondre à leurs propres attentes.
Les Rebelles résistent à  toutes les attentes, qu’elles soient extérieures ou
intérieures.

C’était simple. Avec une seule question, on pouvait


catégoriser toute l’humanité sous ces quatre archétypes.
Je comprenais alors pourquoi mon amie avait du mal à se
remettre à  la course à  pied, c’était une Dévouée. Quand
elle faisait partie d’une équipe, ses camarades et son
entraîneur comptaient sur elle, et c’est ce qui garantissait
son assiduité. Maintenant qu’elle était seule, elle avait du
mal à  se motiver. Je comprenais mieux les commentaires
que les gens faisaient sur les résolutions du Nouvel  An.
Beaucoup de choses s’éclairaient subitement.
La répartition des caractères en quatre profils confirme
et explique les grandes lignes que j’avais pressenties. Elle
explique ce que tout le monde peut voir, mais que personne
n’avait remarqué.
Pour schématiser ma réflexion, j’ai tracé quatre cercles
symétriques imbriqués. Devant une telle simplicité et une
telle élégance, j’ai eu le sentiment d’avoir découvert une loi
fondamentale de la nature, celle de la nature humaine.
Peut-être même avais-je créé une sorte de Choixpeau
magique pour Moldu.

Une fois ce cadre posé, j’ai cherché à approfondir ce que


j’avais compris. La «  stratégie des quatre profils  » est
devenue le premier chapitre de Mieux qu’avant, mon
ouvrage sur les habitudes. J’en ai également parlé sur mon
site Internet, gretchenrubin.com, ainsi que dans Happier
with Gretchen Rubin, le podcast hebdomadaire que j’anime
avec ma sœur et collaboratrice Elizabeth Craft. Chaque fois
que j’ai ouvert une discussion sur les quatre profils, les
lecteurs et les auditeurs m’ont répondu avec enthousiasme.
La plupart des gens parviennent à  identifier leur profil
à partir d’une brève description, mais pour ceux qui ne sont
pas sûrs de la réponse, j’ai mis au point un petit test, que
vous retrouverez au chapitre deux de cet ouvrage. Des
centaines de milliers de personnes ont fait ce test sur mon
site Internet et ont accepté de répondre à  quelques
questions ouvertes supplémentaires. Leurs réponses ont
été un trésor de connaissances. J’ai remarqué que selon
leur profil, les gens étaient plus ou moins disposés à faire le
test. «  Pourquoi perdrais-je mon temps à  faire ce test  ?  »
objectaient parfois les Pointilleux, alors que les Rebelles
commençaient par refuser tout net  : «  Vous voulez que je
fasse ce test ? Et puis quoi encore ? ! »
Afin de mettre cette typologie à  l’épreuve, j’ai mené une
étude à  l’échelle nationale avec des échantillons
représentatifs de la population par classe d’âge, par sexe,
par région et par revenus.
J’ai pu ainsi déterminer les proportions de chaque profil
dans la population américaine. Avec 41  % des personnes
sondées, les Dévoués forment le profil majoritaire. Viennent
ensuite les Pointilleux avec 24  %. Les Rebelles constituent
le profil minoritaire avec 17 %, chiffre qui m’a étonnée, car
je m’attendais à moins. Quant à mon propre profil, celui des
Disciplinés, il affiche un peu plus de 19  %. L’étude
a également confirmé bon nombre de mes observations sur
les quatre profils. Ainsi, les Disciplinés sont les plus enclins
à  prendre de bonnes résolutions au Nouvel  An. Les
Rebelles n’aiment pas les résolutions, les Pointilleux
adoptent des résolutions quand bon leur semble, sans
attendre une date arbitraire, et les Dévoués y  ont le plus
souvent renoncé, parce qu’ils ont eu du mal à les tenir par
le passé.
En peaufinant ma classification, j’ai attribué une couleur
à  chaque profil sur le modèle des feux de circulation.
L’orange représente ainsi les Pointilleux, parce que le feu
orange invite à  la prudence, à  marquer une pause pour
nous demander ce qu’il faut faire. Les Pointilleux vont
toujours se demander «  Pourquoi  ?  » avant de répondre
à  une attente. Le vert représente les Dévoués, qui sont
toujours prêts à  foncer. Le rouge représente les Rebelles
qui sont le plus enclins à  s’arrêter pour signifier leur
opposition. Comme il n’y a  pas de quatrième couleur aux
feux de circulation, j’ai choisi le bleu pour représenter les
Disciplinés, parce que je trouve que cette couleur leur
correspond bien.
Plus j’approfondissais ma réflexion sur les quatre profils,
plus je voyais partout leur influence.
Grâce au système des quatre profils, on se comprend
mieux, et cette connaissance de soi est indispensable pour
être heureux et avoir une existence conforme à  sa nature
profonde, ses intérêts et ses valeurs.
Et ce qui est tout aussi important, on comprend mieux les
gens qui nous entourent. On vit et on travaille plus
harmonieusement avec les autres quand on identifie leur
profil, qu’ils soient nos collègues, supérieurs, professeurs,
coachs, mari, femme, enfants, médecins ou patients.
Connaître les spécificités de chaque profil nous donne
une compréhension plus profonde du monde.

Comment ces profils façonnent


nos personnalités ?
Ces profils sont viscéralement ancrés en nous. Ils ne
découlent pas du milieu social, de l’éducation que nous
donnent nos parents, de nos croyances religieuses ou de
notre sexe. Ils ne sont pas liés au fait que nous soyons
extravertis ou introvertis. Ils ne changent pas selon les
circonstances, que nous soyons en famille, au travail ou
avec des amis. De même qu’ils ne changent pas avec l’âge.
Nous venons au monde avec un profil dominant.
Cela dit, il est parfois difficile d’identifier le profil d’un
enfant (je n’arrive toujours pas à  savoir quel est le profil
d’une de mes filles). À  l’âge adulte, nous finissons
cependant par nous ranger clairement sous un profil qui va
façonner nos perceptions et nos comportements. À  moins
de vivre une expérience très forte et à  proprement parler
bouleversante –  comme échapper à  la mort, souffrir d’une
grave maladie ou développer une addiction  – nous ne
changeons pas de profil.
Selon les circonstances ou le pays, le profil d’une
personne lui facilitera plus ou moins la vie. En Corée du
Nord, les questions d’un Pointilleux pourraient lui valoir la
prison, alors que dans la Silicon Valley, elles lui vaudraient
certainement une promotion.
Il y  a un panel très large de personnalités au sein d’un
même profil. Quelle que soit leur profil, certains seront plus
ou moins attentionnés, ambitieux, intellectuels,
autoritaires, charismatiques, doux, angoissés, dynamiques
ou aventuriers. Ces traits de caractère vont d’ailleurs très
fortement influencer l’expression de leur profil. Un Rebelle
ayant l’ambition d’être un homme d’affaires respecté va se
comporter différemment d’un Rebelle qui ne fait aucun cas
de la réussite professionnelle.
Les gens me disent souvent qu’ils sont une association de
deux profils : « Je suis à la fois un Dévoué et un Discipliné »
ou «  Selon où je suis et avec qui je suis, je change de
profil  ». Pourquoi pas, me diriez-vous, mais il suffit que je
leur pose quelques questions supplémentaires pour que se
démarque un profil unique. Et cela fonctionne
pratiquement à tous les coups.
Une chose est sûre, comme nous le verrons dans les
passages sur les « Variations au sein d’un profil », c’est que
si les gens penchent parfois en direction d’un profil qui
recoupe la leur, ils restent fermement ancrés dans leur
profil principal.
Il est vrai aussi que, quelle que soit notre profil naturel,
nous avons tous en nous une part Disciplinée, Pointilleuse,
Dévouée et Rebelle.
Nous savons tous faire preuve de discipline pour éviter
une sanction. Même le plus rebelle des Rebelles attachera
sa ceinture de sécurité après avoir payé quelques amendes
bien salées.
Il nous est arrivé à  tous de remettre en question la
pertinence d’une contrainte, d’être ennuyés par son
inefficacité ou de refuser de faire quelque chose qui nous
semblait arbitraire.
Il nous est déjà arrivé à  tous de nous plier à  certaines
contraintes parce qu’elles importaient à  d’autres, ou de
bousculer nos petites habitudes pour quelqu’un. Ainsi, le
Discipliné le plus strict sacrifiera sa sacro-sainte réunion
du lundi pour rester au chevet de son enfant malade.
De même, nous aspirons tous à  l’autonomie, quelle que
soit notre personnalité. Nous répondrons ainsi plus
volontiers à  une demande qu’à un ordre. Les contraintes
trop étouffantes engendreront un phénomène de
«  réactance  ». Nous résisterons alors en bloc aux
contraintes, parce qu’elles représenteront une menace
pour notre liberté individuelle.
Lors d’une conférence au cours de laquelle j’ai parlé des
quatre profils, un homme est venu vers moi et m’a dit : « Je
pense que l’on devrait pouvoir rouler à  la vitesse que l’on
veut, je dois être un Pointilleux. »
J’ai souri. Ce n’est pas aussi simple. Ce n’est pas parce
que «  j’ignore les limitations de vitesse, que je suis un
Pointilleux » ou « parce que je refuse de laver la vaisselle,
je suis un Rebelle  » ou encore «  j’adore faire des listes, je
suis un Discipliné  ». Pour identifier son profil, il faut
multiplier les situations et analyser ce qui motive chaque
décision. Un même résultat peut avoir deux causes
différentes. Un Pointilleux et un Rebelle peuvent tous deux
rejeter une contrainte, mais le premier se dira  : «  Je ne le
ferai pas, parce que je n’en vois pas l’utilité », alors que le
second pensera  : «  Je ne le ferai pas, parce que je n’ai
aucun ordre à recevoir ».
Je me suis rendu compte que si chaque nature a  ses
avantages et ses inconvénients, la plupart des gens
trouvent plus compliqué d’être un Dévoué ou de côtoyer un
Rebelle (c’est pourquoi les chapitres dédiés aux Dévoués et
aux Rebelles seront plus longs que ceux dédiés aux
Disciplinés et aux Pointilleux).
On a  souvent comparé la typologie des quatre profils
à  d’autres modèles de personnalité ou outils d’évaluation
psychologique comme les Big Five, le StrengthsFinder,
l’Ennéagramme, l’indicateur typologique de Myers-Briggs,
le test de l’institut  VIA ou même la répartition des quatre
maisons de Poudlard.
Je suis fascinée par tout ce qui peut m’aider à  mieux
comprendre la nature humaine, mais je pense que c’est une
erreur de dire que toutes les théories se valent. À  vouloir
tout mettre au même niveau, on perd de vue la pertinence
de chaque approche. Aucun système à  lui seul ne saurait
rendre compte de la complexité et de la variété de la
nature humaine.
Alors que la plupart des modèles de personnalité
multiplient les critères de différenciation, les quatre profils
s’attachent à  un seul aspect de la personnalité, un aspect
déterminant, certes, mais qui ne représente qu’une des
nombreuses qualités d’un individu. Pourquoi nous agissons
et pourquoi nous n’agissons pas  ? C’est à  cette seule
question à laquelle elles veulent répondre.

En quoi est-il utile d’identifier son profil ?


Quand j’explique le principe des quatre profils, j’ai parfois
l’impression que les gens vont essayer de déterminer quelle
est le « meilleur » profil pour s’y conformer. Il n’y a pas de
«  meilleur  » ou de «  pire  » profil. Les personnes les plus
heureuses, les plus productives, ne sont pas d’un profil
particulier. Ce sont des personnes qui ont appris
à  canaliser les forces de leur profil, à  en compenser les
faiblesses et à se construire une vie qui leur convient.
Avec un peu de sagesse, d’expérience, et forts de la
connaissance des quatre profils, nous serons plus efficaces,
plus productifs, nous saurons prendre de meilleures
décisions, avoir une vie plus saine et des rapports plus
harmonieux avec les gens qui nous entourent.
Cela nous permettra également d’identifier les causes de
nos succès ou de nos échecs pour en tirer des leçons. Un
agent littéraire m’a dit :
«  Je m’occupe d’un journaliste expérimenté et
consciencieux, qui n’a jamais eu de problème pour rendre
ses articles à  temps. Mais depuis qu’il est en congé
sabbatique pour écrire un livre, il fait un blocage.
– Je ne pense pas que ce soit le syndrome de la page
blanche, ai-je répondu. Votre auteur est probablement un
Dévoué. Il n’a aucun mal à  travailler quand il a  des délais
à  respecter, mais avec une échéance lointaine et très peu
de contraintes, il n’arrive pas à  s’y mettre. Il devrait
demander à son éditeur de faire le point avec lui toutes les
semaines. Ou il pourrait participer à  un atelier d’écriture
ou encore vous soumettre un certain nombre de feuillets
tous les mois. Il faut juste qu’il ait des comptes à  rendre
à quelqu’un. »
Quand on cerne un peu le profil des gens, on évite aussi
de leur demander l’impossible, d’avoir des attentes
disproportionnées. Une lectrice m’a écrit  : «  Mon mari est
un Rebelle. C’est très frustrant pour moi de me dire que
c’est ainsi, qu’il ne changera jamais. Est-il possible qu’un
Rebelle soit quelqu’un qui n’aurait juste «  pas fini de
grandir  », et qu’en se rendant compte qu’il ne peut pas
uniquement faire ce qui lui plaît, quand ça lui plaît, il finira
par changer  ?  » Je ne voudrais pas être abrupte dans ma
réponse, mais grands Dieux, non, cela m’étonnerait qu’il
change un jour.
On me demande souvent si un profil peut et doit
déterminer le choix d’une carrière. Tous les profils se
retrouvent dans tous les corps de métiers, mais il est
intéressant de se pencher sur les relations qu’il peut y avoir
entre chaque profil et les différents secteurs d’activité. Je
connais un éducateur canin Discipliné, qui apporte sans
conteste une touche de rigueur à  ce qu’il fait. Mais
j’imagine aisément des Pointilleux, des Dévoués ou des
Rebelles faire le même métier.
Dire que nous pouvons embrasser n’importe quelle
carrière, quelle que soit notre profil, ne veut pas dire que
tous les métiers nous conviendront de la même façon. Et
c’est là que le système des quatre profils s’avère utile : il va
nous aider à  identifier quel type de métier correspond le
plus ou le moins à  notre nature profonde. Un lecteur m’a
écrit  : «  Maintenant, je sais pourquoi je déteste tant mon
travail. Je suis conseiller fiscal alors que je suis à 100  %
Pointilleux. Ne voyant pas l’intérêt de suivre à  la lettre un
ensemble de règles arbitraires, je n’avance pas et je ne
m’épanouis pas dans mon travail. »
 
Connaître son profil permet aussi d’être plus indulgent
avec soi-même. « Je suis comme je suis, il n’y a pas de mal
à  cela, et je vais en tirer le meilleur parti.  » Ainsi une
Disciplinée me confiait : « Mes parents me disaient toujours
de lâcher prise. Mon mari, qui est aujourd’hui décédé, me
disait aussi de lâcher prise. Maintenant, c’est ma fille qui
me dit de lâcher prise. Mais je sais au fond de moi que je
suis plus heureuse dans un cadre que je me suis établi. »
Un Rebelle en témoigne :
Apprendre que j’étais un Rebelle m’a fait comprendre pourquoi toutes ces
années de psychothérapie n’avaient rien donné. Avec le psy, nous avons
essayé de comprendre d’où venait mon manque de discipline et avons
tenté de nombreuses techniques pour y  remédier. Toutes ont échoué
lamentablement. Le problème n’était pas tant de trouver une technique qui
marche pour les Rebelles, mais peut-être d’arrêter de croire (à force de se
l’entendre dire) que quelque chose ne va pas chez les Rebelles. Il y  a
pourtant des gens très intelligents qui mènent de brillantes carrières, mais
qui peinent à régler leurs factures, à mener à terme leurs projets et à aller
au bout des choses. Ils ont du mal à  répondre aux attentes des autres et
à  leurs propres attentes. Dans le monde d’aujourd’hui, un tel mode de
fonctionnement n’est pas seulement taxé d’inhabituel, il est considéré
comme pathologique. Votre approche montre que ça ne l’est pas. Comme
ce fut libérateur de me concentrer sur ce qui marche pour moi plutôt que
de traquer ce qui ne va pas en moi !

Un Dévoué m’a écrit :


Je suis auteur pour la télévision et je lutte constamment contre mon
inaptitude à  me fixer une discipline de travail, même si je rends toujours
mes scripts à  temps. J’ai longtemps pensé que c’était de la paresse, de
l’irresponsabilité. Je m’en voulais beaucoup et me considérais comme un
enfant dans la peau d’un adulte. En me qualifiant de Dévoué, vous m’avez
donné la possibilité de m’accepter comme tel. Au lieu de désespérer de
mon mode de fonctionnement, j’ai commencé à chercher des astuces pour
me forcer à  faire les choses. Et me voilà déjà beaucoup plus productif, et
surtout, beaucoup plus heureux !

Connaître les spécificités de son profil donne les moyens


de se mettre en situation de réussite. S’il est pratiquement
impossible de changer sa nature, il est relativement facile
d’adapter les circonstances à  ses besoins – que l’on
recherche la rigueur, le sens, la responsabilité ou la liberté.
Une bonne connaissance de notre profil va nous aider
à créer des situations où nous nous épanouirons.

En quoi est-il utile d’identifier le


profil des autres ?
L’intérêt d’identifier le profil des gens qui nous entourent,
c’est de ne plus se sentir personnellement visé par tel ou
tel comportement. Cela nous permet d’être plus indulgents
et moins exigeants. Ce Pointilleux ne pose pas de questions
en vue de décrédibiliser son supérieur ou de saper
l’autorité d’un professeur, il pose des questions, parce que
c’est un Pointilleux, tout simplement. Une lectrice m’a
écrit  : «  Je vis avec un Rebelle depuis sept  ans. Il est
rassurant de savoir que son comportement est aussi naturel
pour lui que le mien l’est pour moi, qui suis une Dévouée. »
Connaître le profil des gens peut également nous aider
à  mieux les convaincre, les soutenir ou éviter d’entrer en
conflit avec eux. Ignorer le profil de la personne à qui nous
parlons, c’est prendre le risque d’avancer des arguments
qui n’auront aucun poids ou pire, qui produiront l’effet
inverse de ce que nous recherchions. Pour communiquer de
façon efficace, il faut utiliser non pas le langage qui nous
correspond le mieux, mais celui qui va convaincre notre
interlocuteur. En tenant compte de la nature de chacun,
nous pouvons ciseler nos arguments et les rendre plus
pertinents.
Inversement, nous réduisons considérablement nos
chances de réussite en ignorant ou en allant à  l’encontre
des dispositions de chacun. Plus un Discipliné sermonnera
un Rebelle, plus le Rebelle lui résistera. Un Pointilleux
pourra énumérer à un Dévoué toutes les bonnes raisons de
faire une chose, aucun de ses arguments n’aura le même
poids qu’une contrainte extérieure.
Un lecteur m’a envoyé cette compilation de blagues qui
saisit parfaitement les spécificités de chaque profil :
Que faire pour qu’un Discipliné change une ampoule ?
Réponse : rien, il l’a déjà changée.
Que faire pour qu’un Pointilleux change une ampoule ?
Réponse : a-t-on vraiment besoin de changer l’ampoule ?
Que faire pour qu’un Dévoué change une ampoule ?
Réponse : lui demander de la changer.
Que faire pour qu’un Rebelle change une ampoule ?
Réponse : le faire soi-même.
Une nutritionniste Pointilleuse m’a dit : « Mon objectif est
que les Américains mangent mieux.  J’écris un livre pour
expliquer comment les systèmes culturels et économiques
ont façonné les habitudes alimentaires aux États-Unis.  »
Elle est intimement persuadée qu’en présentant les choses
de façon argumentée, elle arrivera à  convaincre les
Américains de changer leurs habitudes alimentaires. Ce
n’est pas une Pointilleuse pour rien !
Or pour convaincre les gens, il faut toucher leur corde
sensible, non la sienne. Les médecins, enseignants,
entraîneurs, directeurs, conjoints, parents, collègues,
voisins le savent bien. C’est valable pour tous ceux qui
veulent convaincre quelqu’un de faire quelque chose. En
d’autres termes, c’est valable pour tout le monde.
Même lorsque le message s’adresse à  un large public, il
est possible de cibler spécifiquement chaque profil. J’en ai
eu la preuve lors d’une conférence où l’organisateur nous
a  longuement expliqué pourquoi il était important d’être
à l’heure aux lieux de rendez-vous des différentes activités
prévues au programme du week-end.
Après mon intervention, j’ai eu la joie de l’entendre
rappeler ses consignes en s’adressant à  chaque profil  :
«  Les Disciplinés, je vous remercie par avance pour votre
coopération et votre ponctualité. Les Pointilleux, je vous ai
expliqué pourquoi il était important d’être à  l’heure
à  toutes les réunions. Les Dévoués, je vous ai à  l’œil et je
compte sur vous pour être ponctuels. Les Rebelles, vous
pourrez lâcher prise au bar en fin de journée. » Je n’aurais
pas su dire mieux !
Le vocabulaire est aussi très important.  Les mots n’ont
pas le même effet selon la personne à qui l’on s’adresse. Un
enfant Rebelle sera plus réceptif si on lui demande : « Cela
te dirait de faire du piano maintenant ? » alors qu’un enfant
Discipliné sera ravi qu’on lui rappelle « C’est l’heure de ta
leçon de piano. »
Dans le domaine de la santé, résister aux injonctions des
médecins a  de lourdes conséquences. Mauvaise
alimentation, sédentarité, alcoolisme, abus de médicaments
et tabagisme sont les premières causes de morbidité et de
mortalité aux États-Unis. Tous ces comportements à risque
relèvent pourtant d’actes conscients. En tenant compte de
la personnalité de chacun, il sera plus aisé de convaincre
telle ou telle personne de réduire sa consommation de
sucre, de marcher vingt minutes tous les jours, d’être
assidu au programme de rééducation, d’arrêter de boire ou
de suivre un traitement.
Il est important de rappeler que le système des quatre
profils est fait pour nous aider à  mieux nous comprendre,
et non à  nous enfermer dans un cadre restrictif. Il est
courant d’entendre dire  : «  Se définir, c’est se limiter  ».
Pour moi, se définir, c’est se donner un point de départ
pour apprendre à mieux se connaître. Les quatre profils ne
sont pas des moules dans lesquels se conformer, ou des
étiquettes exclusives et exhaustives, ce sont plutôt des
projecteurs qui vont éclairer des aspects cachés de notre
nature.
En apprenant à  se connaître et en tenant compte de son
profil naturel, on peut plus facilement adapter les
circonstances à  ses dispositions. Et en cherchant
à  comprendre comment les autres fonctionnent, on se
donne les moyens d’interagir de façon plus efficace et
harmonieuse.
Grâce à  la typologie des quatre profils, on voit comment
quelques mots bien choisis, une simple conversation ou une
approche biaisée peuvent faire la différence. Si ce patient
suit son traitement avec assiduité, il vivra plus longtemps.
Si cette étudiante fait consciencieusement les exercices
donnés par son professeur, elle réussira son examen. Si cet
homme et cette femme discutent calmement de leurs
problèmes, ils seront plus heureux dans leur couple. Si
j’arrête d’envoyer des mails professionnels le week-end,
j’aurai de meilleurs rapports avec mes collègues de travail.
L’un des plus grands défis que nous avons tous à  relever
au quotidien est de savoir  : «  Comment faire pour que les
gens, moi y compris, fassent ce que je veux ? » Une fois que
l’on s’est familiarisé avec le système des quatre profils, cela
devient beaucoup plus facile.
2
Identifier son profil
Test des quatre profils
« De toutes les tâches qu’un homme doit accomplir dans la vie, s’éduquer et former son caractère
sont les plus importantes […]. Il doit pour cela étudier calmement et attentivement ses
dispositions sans minimiser ses défauts, idéaliser ses qualités ou laisser le pessimisme nier son
aptitude à faire le bien. Il doit éviter le fatalisme qui lui ferait croire qu’il n’a aucune emprise sur
sa nature, mais il doit aussi savoir que son pouvoir en la matière n’est pas illimité. »

William Edward Hartpole Lecky, The Map of Life

Pour identifier votre profil, faites le test ci-dessous.


Choisissez les réponses qui vous paraissent le plus
souvent vraies pour vous. Ne cherchez pas les exceptions
et ne focalisez pas sur un aspect particulier de votre vie.
Si vous obtenez le même nombre de réponses dans deux
catégories, n’en concluez pas que vous êtes un mélange de
ces deux profils. Choisissez celui qui reflète le mieux votre
nature.
C’est vous qui êtes le meilleur juge de vous-même. Si
vous pensez qu’un profil vous décrit mieux qu’une autre,
ayez confiance en votre jugement.
 
1. Avez-vous déjà tenu une résolution prise au
Nouvel  An, même si vous n’aviez pas de compte
à  rendre à  quelqu’un, comme la résolution de boire
plus d’eau ou de tenir un journal ?
a.  Oui. Je tiens toutes les résolutions que je prends au
Nouvel An, même celles dont personne n’est au courant.
b. Quand je prends une bonne résolution, je m’y tiens en
général, mais je le fais quand je le juge nécessaire. Je
n’attends pas le Nouvel  An. Le 1er  janvier est une date
arbitraire.
c. J’ai du mal avec les bonnes résolutions, quelles qu’elles
soient, alors je préfère ne pas en prendre. Quand je me
fixe moi-même un objectif, j’ai du mal à m’y tenir.
d.  Non. Je déteste me contraindre d’une façon ou d’une
autre.
 
2. Quelle affirmation décrit le mieux votre rapport
aux engagements ?
a. Je ne prends d’engagements que si je suis certain qu’ils
sont bons.
b.  Si je dois rendre des comptes à  quelqu’un, je n’ai
aucun problème à tenir mes engagements. Seul, j’ai plus
de mal.
c. J’évite autant que possible de m’engager.
d. Je prends les engagements très au sérieux, qu’ils soient
envers moi-même ou envers les autres.
 
3. Il arrive à  tout le monde de s’énerver contre soi-
même. Cela vous arrive quand…
a. Mon besoin constant d’informations m’épuise.
b.  Je me bloque dès le moment où l’on attend quelque
chose de moi.
c.  J’arrive à  trouver du temps pour les autres, mais pas
pour moi.
d.  Je n’arrive pas à  me défaire de mes habitudes ou
à déroger à une règle, même si je le veux.
 
4. Qu’est-ce qui vous aide à  garder une bonne
habitude ?
a. C’est facile pour moi de garder des habitudes, même si
tout le monde s’en fiche.
b.  Faire des recherches exhaustives sur l’intérêt d’avoir
cette habitude et les meilleurs moyens de la garder.
c.  Je ne garde une bonne habitude que si je dois rendre
des comptes à quelqu’un.
d. En général, je préfère ne pas m’engager.
 
5. Quand les gens se plaignent de votre
comportement, vous n’êtes pas surpris de les
entendre dire…
a.  Tu fais ce que tu as prévu de faire, même si cela
dérange les autres, parce que c’est important pour toi.
b. Tu poses trop de questions.
c.  Tu trouves le temps de faire les choses quand les
autres te le demandent, mais tu ne trouves jamais de
temps pour toi.
d. Tu n’en fais qu’à ta tête.
 
6. Qu’est-ce qui vous décrit le mieux ?
a.  Fait passer les autres – clients, famille, voisins,
collègues – avant.
b. Discipliné, même quand ce n’est pas nécessaire.
c. Refuse de se faire dicter sa conduite par les autres.
d. Pose les questions qu’il faut.
 
7. J’énerve les gens, car s’ils me demandent de faire
quelque chose, je vais avoir tendance à ne pas le faire
(même s’il s’agit de mon supérieur ou d’un client).
Plutôt d’accord
Ni en accord ni en désaccord
Plutôt pas d’accord
 
8. Je fais ce qui me paraît le plus sensé, même si cela
va à  l’encontre des règles ou des attentes d’autres
personnes.
Plutôt d’accord
Ni en accord ni en désaccord
Plutôt pas d’accord
 
9. Quand je m’engage auprès de quelqu’un, je tiens
ma parole, mais quand cela n’engage que moi, je n’y
accorde pas une grande importance.
Plutôt d’accord
Ni en accord ni en désaccord
Plutôt pas d’accord
 
10. Il m’arrive de ne pas faire quelque chose juste
parce que quelqu’un veut que je le fasse.
Plutôt d’accord
Ni en accord ni en désaccord
Plutôt pas d’accord
11. J’aime faire plaisir aux autres.
Plutôt d’accord
Ni en accord ni en désaccord
Plutôt pas d’accord
 
12. Cela ne me dérange pas d’enfreindre les règles ou
les usages, et parfois même, cela me plaît.
Plutôt d’accord
Ni en accord ni en désaccord
Plutôt pas d’accord
 
13. Je m’interroge sur la validité de la typologie des
quatre profils.
Plutôt d’accord
Ni en accord ni en désaccord
Plutôt pas d’accord
 
Résultats
1. a = Discipliné / b = Pointilleux / c = Dévoué / d = Rebelle
2. a = Pointilleux / b = Dévoué / c = Rebelle / d = Discipliné
3. a = Pointilleux / b = Rebel / c = Dévoué / d = Discipliné
4. a = Discipliné / b = Pointilleux / c = Dévoué / d = Rebelle
5. a = Discipliné / b = Pointilleux / c = Dévoué / d = Rebelle
6. a = Dévoué / b = Discipliné / c = Rebelle / d = Pointilleux
7. « Plutôt d’accord » correspond à Rebelle
8. « Plutôt d’accord » correspond à Pointilleux
9. « Plutôt d’accord » correspond à Dévoué
10. « Plutôt d’accord » correspond à Rebelle
11. « Plutôt d’accord » correspond à Dévoué
12. « Plutôt d’accord » correspond à Rebelle
13. « Plutôt d’accord » correspond à Pointilleux
LE DISCIPLINÉ
« Pour moi, la discipline, c’est la liberté »

« Je fais ce que je veux, mais je peux aussi faire ce


que je ne veux pas.

« Pourquoi ne fais-tu pas comme je t’ai dit


de faire ? »

« Ton manque d’organisation n’est pas mon problème. »


« Fais ce qu’il faut, quitte
à passer pour psychorigide.

« Fais-le. »
3
Comprendre le Discipliné
« Fais ce qu’il faut, quitte à passer
pour psychorigide »
Forces (et faiblesses) • Faiblesses (et forces) • Variations au sein du profil •
Pourquoi les Disciplinés ont un fort instinct de préservation • Comment les
Disciplinés peuvent gérer leur inflexibilité • Pourquoi les Disciplinés doivent
exprimer clairement ce qu’ils attendent d’eux-mêmes

Dans la vie, il y  a deux sortes d’obligations. Celles qui


nous sont imposées, comme le fait de devoir rendre un
dossier à telle date, et celles que nous nous fixons, comme
d’aller nous coucher tous les soirs avant telle heure.
Dans le cadre des quatre profils, les Disciplinés sont ceux
qui répondent aux attentes extérieures et aux attentes
intérieures de la même façon. Ils respectent les échéances
professionnelles et tiennent les résolutions prises au
Nouvel An sans trop de peine.
Ce que les autres attendent d’eux et ce qu’ils attendent
d’eux-mêmes ont généralement la même importance. Leur
promptitude à  respecter les attentes extérieures et
intérieures fait qu’ils ont tendance à  aimer ce qui est
planifié et régulier. Quand ils se réveillent le matin, ils se
disent  : «  Quel est le programme de la journée  ?  » Ils
aiment savoir ce qu’on attend d’eux. Ils n’aiment pas se
tromper, décevoir les gens ou se décevoir.
Les Disciplinés n’ont pas de mal à prendre des décisions
et à les appliquer. Ils ont également des facilités à se couler
dans des habitudes.
Je connais bien le profil Discipliné, parce que c’est le
mien. Et c’est probablement pour cela que je commence
par le décrire en premier.
J’ai longtemps pensé que la plupart des gens étaient
comme moi, et j’étais toujours étonnée ou agacée quand ils
ne faisaient pas ou ne pensaient pas comme moi. Tout s’est
éclairé quand j’ai compris que la nature humaine se
distribuait en quatre profils et que j’étais une Disciplinée.
C’est un profil assez rare, car il caractérise une
personnalité assez extrême. Je devais bien être la seule
à être surprise d’apprendre que c’est une personnalité rare
et extrême !
Savoir que je suis une Disciplinée m’a permis de répondre
à  une question qui me taraudait depuis longtemps. Dans
mes ouvrages Opération bonheur et Happier at Home, je
parle des résolutions et des habitudes qui m’aident à  être
plus heureuse, plus en forme et plus productive. Beaucoup
de gens m’ont demandé après les avoir lus  : «  Comment
faites-vous pour vous obliger à faire tout ça ? À poster des
articles sur votre blog tous les jours, à  débattre de
questions de droit avec votre mari et à aller à la gym ?
– Je me suis rendu compte que ces choses me faisaient du
bien, alors… je les ai faites.
– Oui, mais comment ? »
Je ne comprenais pas pourquoi cette question revenait si
souvent et de façon aussi insistante.
Maintenant, je comprends. Pour la Disciplinée que je suis,
le passage à l’acte ne pose pas de problème, alors que pour
la plupart des gens, ce n’est pas aussi simple.

Forces (et faiblesses)


Je peux dire par expérience (et donc, de façon tout à  fait
subjective) qu’il y  a beaucoup d’avantages à  être un
Discipliné. On peut compter sur les Disciplinés, et les
Disciplinés peuvent compter sur eux-mêmes.
Ils répondent volontiers aux attentes extérieures. Ils sont
autonomes et respectent sans peine les échéances,
plannings et autres obligations professionnelles. Nul besoin
de les superviser, de vérifier ce qu’ils font ou de les
rappeler à l’ordre.
Les Disciplinés sont attirés par tout ce qui ressemble
à  des règles. Quand, par exemple, je passe devant un
règlement intérieur affiché à  l’entrée d’une piscine ou de
l’espace commun d’une entreprise, je ne peux m’empêcher
de le lire et de respecter ensuite les consignes. Les
Disciplinés ne voient pas d’inconvénient à  porter un
uniforme, à  suivre une recette de cuisine à  la lettre ou
à obéir à des instructions.
De même que les Disciplinés répondent volontiers aux
attentes qui leur sont imposées, ils répondent sans peine
à  celles qui émanent d’eux-mêmes. Quand ils décident de
faire quelque chose, ils le font, même si tout le monde s’en
fiche ou même quand les autres sont réticents.
Partant de là, je sais, qu’en tant que Disciplinée, je peux
compter sur moi-même. Je peux compter sur moi-même
plus que sur quiconque.
En général, quand je prends un engagement, je l’honore,
seule s’il le faut. Pour passer l’examen du barreau, j’ai
étudié chez moi avec des cours sur cassettes audio. Je
révisais et prenais des notes toute seule, dans ma cuisine.
Mes amis ont préféré s’inscrire à des cours collectifs, parce
qu’ils avaient peur de décrocher s’ils n’étaient pas tenus
par un programme strict et régulier de révision. Je n’avais
pas besoin de cela pour être assidue.
Parce qu’ils aiment atteindre les objectifs qu’on leur fixe
ou qu’ils se fixent eux-mêmes, les Disciplinés sont
indépendants, fiables et ils ont une bonne maîtrise d’eux-
mêmes. S’ils vous disent qu’ils vont faire quelque chose, ils
le font.
 
Comme les Disciplinés sont fiables, les autres ont
tendance à  compter sur eux, comme le rapporte une
Disciplinée :
Je m’étais toujours demandé pourquoi, quand je commençais un régime, un
nouveau loisir ou que je me remettais au sport, les gens voulaient se
joindre à moi. Je me disais qu’ils avaient besoin de soutien moral. “Appelle-
moi quand tu fais une sortie à vélo, je te rejoindrai au parc.” Maintenant, je
sais qu’ils voulaient tout simplement profiter de mon élan et qu’ils
comptaient sur ma détermination pour les motiver.

Bien qu’il soit gratifiant d’aider les autres à  atteindre


leurs objectifs, je préférerais qu’ils ne comptent pas
systématiquement sur moi pour les motiver.
Les Disciplinés ne se sentent pas prisonniers des
contraintes, qu’elles leur soient imposées ou qu’ils se les
fixent eux-mêmes. Au contraire, cela libère leur créativité
et leur permet d’atteindre leurs objectifs. Si je décide
d’écrire un livre en été ou de ne plus consommer de sucre,
je le fais et je m’y tiens, même si cela ne concerne
personne d’autre que moi-même. Cette certitude me donne
un profond sentiment de liberté, de maîtrise et m’ouvre
tout un champ de possibles.
Cela dit, il ne faut pas croire que les Disciplinés ne
peinent jamais à  atteindre leurs objectifs. Je dois me
pousser pour faire du sport régulièrement, passer certains
coups de fil et aller faire les courses. Il m’arrive aussi de
procrastiner et de déroger à  la règle. Mais de façon
générale, il est plus facile pour les Disciplinés que pour les
autres profils de tenir leurs engagements.
Ils se plient volontiers aux règles qu’on leur impose ou
qu’ils s’imposent eux-mêmes. Mais pour cela, ils doivent la
comprendre, ce qui les pousse parfois à  chercher quelle
règle se cache derrière les règles – notamment en matière
d’éthique ou de morale. Hermione Granger est
probablement l’une des Disciplinées les plus célèbres. Ce
personnage de la série Harry Potter de J.  K.  Rowling fait
toujours ses devoirs à  temps et rappelle constamment
à  Harry et Ron les lois qui régissent l’univers magique.
Chacune de leurs transgressions est pour elle source de
contrariété. Cela dit, quand elle considère que les usages
sont injustes, elle se révolte. Elle voit les règles au-delà des
règles, malgré l’indifférence des autres ou leur
désapprobation manifeste. Ainsi se bat-elle pour améliorer
le sort des elfes de maison et n’hésite pas à quitter l’école
pour s’opposer au ministère de la Magie et combattre
Voldemort. Elle respecte les règles et les lois de la société
tant qu’elles ne sont pas en conflit avec son sens de la
justice. Si c’est le cas, elle les rejette.
J’adore la série Harry Potter, notamment pour le rôle
central que joue une Disciplinée. Et Hermione incarne
cette nature avec un tel brio  ! Je me demande si nous
sommes tous particulièrement attirés par la description de
notre profil ?
Comme les Disciplinés se plient volontiers aux attentes
extérieures et intérieures, ils éprouvent peu de
ressentiment, sont rarement sujets aux burn-out et n’ont
besoin de personne pour se motiver ou les superviser. Leur
discipline personnelle peut les faire passer pour des gens
coincés et rigides, alors qu’ils se sentent libres, puissants
et indépendants.

Faiblesses (et forces)


Comme c’est le cas pour tous les profils, les forces des
Disciplinés peuvent aussi devenir des faiblesses.
Ils peuvent être de fervents militants contre les injustices,
des juges implacables, des élèves qui rapportent
scrupuleusement les bêtises de leurs camarades ou encore
des chefs de projet qui rejettent un dossier parce qu’ils
l’ont reçu avec une heure de retard.
Étant enclins à  répondre à  toutes les attentes, les
Disciplinés peuvent se sentir obligés de respecter toutes les
règles, même quand il est préférable de les ignorer. Par
exemple, je peux sans problème utiliser des toilettes
unisexes, mais je ne peux pas me faire à  l’idée d’utiliser
celles qui sont réservées aux hommes, même s’il s’agit de
cabines individuelles. Une amie Disciplinée m’a confié  :
«  Sur le chemin de la maternité, j’ai dit à  mon mari de ne
pas conduire trop vite et j’ai insisté pour qu’il se gare
correctement, alors que j’ai accouché dans le quart d’heure
qui a suivi notre arrivée. »
Les Disciplinés s’impatientent facilement et peuvent
même se montrer intolérants quand les autres ne
répondent pas aux attentes, n’arrivent pas à  se fixer des
objectifs ou ne remettent rien en question. Une lectrice
Dévouée m’a écrit : « J’ai dit à une collègue Disciplinée que
je n’arrivais pas à prendre mes vitamines, parce que j’avais
besoin qu’on me rappelle de les prendre. Elle a  levé les
yeux au ciel  : “Grandis un peu  !”  » Cela ne m’étonne pas
d’une Disciplinée. Une Disciplinée pas très sympa, mais
une Disciplinée à n’en pas douter !
En tant que Disciplinée, je n’exige pas seulement des
autres qu’ils répondent aux attentes, ils doivent aussi
vouloir y  répondre. J’aime dresser des listes de choses
à  faire et procéder méthodiquement. J’aime me fixer des
échéances et suivre des instructions. Qu’on puisse avoir
une autre approche de la vie m’a longtemps plongée dans
des abîmes de perplexité. Maintenant, je comprends que
mon désir de ne pas être exigeante me rend encore plus
exigeante.
Les Disciplinés n’aiment pas voir les autres enfreindre
des règles, même anodines, et ils ne cachent pas forcément
leur désapprobation. Je vais me crisper si on me chuchote
quelque chose en pleine réunion. Mon côté discipliné fait
parfois ressortir mon incivilité. J’ai tellement peur d’être en
retard ou de ne pas suivre les instructions comme il faut,
que je peux me montrer brusque ou autoritaire sans le
vouloir.
Les Disciplinés ont du mal à  déléguer, parce qu’ils
doutent de la capacité des autres à aller jusqu’au bout. Un
lecteur m’a écrit  : «  Je suis marié à  une Disciplinée. Tous
les dimanches, elle répertorie les tâches de la semaine sur
des fiches cartonnées. Il y a une fiche pour chaque jour. Et
le plus incroyable, c’est qu’elle fait scrupuleusement tout
ce qui figure sur ces listes. Elle s’occupe de nos enfants, de
nos petits-enfants, de nos parents, de sa sœur,  etc. Mais
elle n’arrête pas de répéter  : “Pourquoi personne d’autre
dans cette famille n’arrive à se débrouiller ?” »
Cela dit – et cela peut sembler surprenant – les
Disciplinés ont du mal à demander des comptes aux autres,
même si ces derniers le demandent. N’ayant pas ou peu
besoin d’avoir de comptes à  rendre, les Disciplinés ne
comprennent pas qu’on puisse en avoir besoin. Comme ils
ressentent la pression des attentes extérieures, ils
rechignent à en accabler les autres. Par exemple, je n’aime
pas pousser ou contraindre les gens à faire quelque chose,
même mes enfants. Je devrais rappeler à mes filles de faire
leur lit, de bien se tenir à  table, de lire plus, mais la
perspective d’avoir à  le leur dire, à  être derrière elles et
à le leur rappeler m’est pénible.
Les Disciplinés n’aiment pas voir leurs habitudes ou leur
planning bousculés. Récemment, mon mari et moi étions
à  Boston pour un mariage. Le carton d’invitation disait  :
«  Le bus partira de l’hôtel pour se rendre à  l’église à
18  heures.  » Au petit-déjeuner, la mère de la mariée nous
a prévenus qu’en fait, le bus partirait à 17 h 45.
« Mais, le carton disait 18 heures, ai-je protesté.
– Certes, mais à  cause de la circulation, il partira à
17 h 45.
Alors qu’elle s’éloignait, je me suis plaint à Jamie :
– Comment peuvent-ils changer l’heure à  la dernière
minute  ? Le carton disait 18  h  00  !  » En tant que
Pointilleux, Jamie n’était pas aussi perturbé par ce
changement que moi.
Pour les autres, le mode de fonctionnement des
Disciplinés peut sembler extrême. Je connais un Discipliné
qui a  un portefeuille rien que pour ranger les fiches
cartonnées sur lesquelles il écrit ce qu’il doit faire dans la
semaine. La liste des choses à  faire du jour est en vert,
celle de la semaine en rose. Le jaune est réservé à  ce qui
est d’ordre professionnel et qui n’apparaît pas sur les listes
vertes et roses. Le blanc est pour tout ce qui est personnel.
«  Quand les gens voient mon système de listes, ils me
prennent pour un grand malade, avoue-t-il.  » L’utilisation
de fiches cartonnées semble d’ailleurs caractéristique
d’une nature disciplinée.
 
Pour des non-Disciplinés, le strict respect des attentes
extérieures et intérieures a  un côté froid et inflexible
comme le fait remarquer une lectrice :
Je trouve que souvent, les Disciplinés manquent de souplesse. Si on ne les
prévient pas suffisamment à  l’avance, ils refuseront de changer leurs
plans, même pour rendre service. Par exemple, un Discipliné dira : “Nous
avons prévu de partir à telle heure, alors, non, nous ne pouvons pas faire
un détour pour aller chercher une autre personne.” Je compte parmi mes
amis de nombreuses mères qui travaillent. Les Dévouées sont toujours les
plus flexibles et les plus réactives quand il s’agit de dépanner les autres
mamans avec leurs enfants. Les Disciplinées auront tendance à  dire  :
“Nous avons déjà tout prévu, il est donc impossible pour nous de vous
aider.” Ce sont des personnes sur qui on peut compter… mais pas en cas
d’imprévus !

Je ne peux qu’acquiescer. Les Disciplinés, dont je fais


partie, ont du mal à changer de plan à la dernière minute,
surtout quand nous nous disons : « Comment se fait-il que
vous n’ayez pas résolu ce problème de transport hier ? »
J’adore être une Disciplinée, mais j’en vois aussi les
inconvénients. Je suis très forte – parfois même trop – pour
me forcer à faire des choses que je n’ai pas envie de faire.
Je peux consacrer beaucoup de temps et d’énergie à  une
tâche juste parce qu’il le faut, sans vraiment me demander
pourquoi. Et pourtant, j’adore être Disciplinée.

Variations au sein du profil


Comme c’est le cas pour tous les profils, il y  a toutes
sortes de Disciplinés. Chaque personne a  ses traits de
caractère. Un Discipliné pourra être ambitieux, intelligent,
anxieux, sociable, lunatique, aimant ou créatif en plus de sa
nature Disciplinée.
Chaque profil recoupe deux autres profils. Une personne
de tel ou tel profil penchera dans l’une ou l’autre direction.
Ainsi les Disciplinés pourront avoir une tendance
Pointilleuse (qui respecte également les attentes
intérieures) ou une tendance Dévouée (qui respecte
également les attentes extérieures).
Le DISCIPLINÉ/Pointilleux remettra plus facilement en
question les contraintes extérieures et sera donc plus
enclin à  les rejeter  : «  Mon patron dit que je dois faire ce
déplacement, mais est-ce vraiment nécessaire  ?  » Il
remettra également plus facilement en question le bien-
fondé de ses propres attentes. Je me souviens m’être dit  :
«  Je médite tous les matins depuis plusieurs mois sans
grands résultats. Ne devrais-je pas laisser tomber  ? Oui, il
est temps d’arrêter. » (En tant que Disciplinée, cela faisait
un bon moment que je m’y tenais.)
Le DISCIPLINÉ/Pointilleux sera également plus enclin
à  rejeter les attentes dominantes de la société. En cas de
conflit entre des attentes intérieures et extérieures, il
accordera plus de poids aux attentes intérieures, comme
les Pointilleux en général. « Nous avons une grosse réunion
demain, et mon collègue m’a demandé de relire son rapport
pour lui dire ce que j’en pensais, mais je n’ai pas encore
finalisé le mien, alors je lui ai dit que je n’avais pas le
temps. »
De leurs côtés, les DISCIPLINÉS/Dévoués auront
tendance à répondre aux attentes extérieures au détriment
de leurs attentes intérieures lorsqu’elles sont en
concurrence, parce qu’ils sont plus sensibles à  la pression
extérieure. En général, ils parviennent aisément à répondre
aux deux types d’attentes, mais comme ils peinent à  se
fixer des limites, à  trop en faire, ils peuvent finir par
saturer et craquer, faute d’avoir pris le temps de souffler.
Du coup, ils font un blocage et se rebellent.
 
À  l’occasion d’une soirée, j’ai longuement bavardé avec
une amie romancière. Nous n’arrivions pas à déterminer si
elle était une Disciplinée ou une Dévouée. Le lendemain
matin, elle m’a envoyé un mail :
Je mange des choses que je n’aime pas forcément, je vais à  des
événements qui sont de véritables tortures pour moi et je ne dis rien à des
gens dont les propos frisent la grossièreté. Je suis très disciplinée quand il
s’agit d’écrire, de faire mes exercices et de lire. Je poursuis mes objectifs
dans la mesure où ils n’empiètent pas sur ceux des autres. Et j’arrive à le
faire en me ménageant de grandes plages de temps où je suis seule, sans
contraintes et sans comptes à  rendre. Je me connais bien et je sais
comment me préserver : en ayant un très bon système de garde pour mes
enfants et en ayant un espace de travail loin de la maison.

D’après cette description, je dirais que c’est une


DISCIPLINÉE/Dévouée. Elle arrive à  répondre aux
contraintes intérieures sans avoir de comptes à  rendre,
mais uniquement quand il n’y a  pas de contraintes
extérieures. Bien que les DISCIPLINÉS/Dévoués se sentent
tenus par les contraintes intérieures comme les contraintes
extérieures, ils ont du mal à  ignorer les attentes
extérieures. Ils ont donc tout intérêt à  déterminer
clairement leurs attentes intérieures et à établir des limites
très claires pour les protéger des interférences extérieures.
Pour certains Disciplinés, le respect de leurs
engagements personnels est ce qui leur donne la force de
répondre ensuite aux attentes des autres, d’où leur
détermination à les respecter. Comme devise, un Discipliné
a suggéré : « Pour aider les autres, je dois d’abord m’aider
moi-même.  » C’est parfaitement dans l’esprit d’un
DISCIPLINÉ/Dévoué. En tant que
DISCIPLINÉE/Pointilleuse, je ne ressens pas le besoin de
me justifier. Je réponds à  mes engagements personnels,
parce que c’est important pour moi.

Pourquoi les Disciplinés ont un fort


instinct de préservation
Parce qu’ils répondent aux attentes extérieures et
intérieures, on pourrait penser que des quatre profils, les
Disciplinés sont les plus exposés au stress et au
surmenage. Ce sont en fait les Dévoués qui souffrent le
plus du poids des attentes. Les deux profils répondent aux
attentes extérieures, mais en respectant tout autant leurs
attentes intérieures, les Disciplinés ne se sentiront pas
frustrés, contrairement aux Dévoués.
Cela en surprendra plus d’un, mais les Disciplinés savent
profiter de la vie et prendre soin d’eux-mêmes. Une étude
des réseaux sociaux a  montré que les gens les plus
organisés et les plus efficaces parlaient beaucoup de leurs
loisirs. On trouve fréquemment les mots «  week-end  » et
« détente » dans leurs posts.
Les Disciplinés prévoient du temps pour se détendre.
« Ne rien faire » figure sur leur liste de choses à faire. Un
auditeur m’a confié  : «  L’année de rendu de sa thèse, ma
femme s’est levée tous les matins à 5  heures pour
travailler. À  16  heures, elle s’arrêtait et allait à  la gym.
Quel manque de fantaisie  ! C’est pourtant quelqu’un qui
aime s’amuser. Mais à  ce moment-là, sa personnalité
Disciplinée se manifeste de façon très directive. »
Les Disciplinés auront tendance à ignorer les attentes des
autres pour pouvoir répondre aux leurs. J’étais à une soirée
chez un ami Discipliné, quand il s’est levé soudainement et
nous a dit : « Bon, tout le monde dehors ! Il faut que j’aille
dormir.  » Dans l’ascenseur, un de nos amis communs s’est
plaint  : «  C’est fou comme il nous a  mis dehors  ! Tu ne
trouves pas ça rude  ? » Peut-être que ça l’était, mais pour
la Disciplinée que je suis, c’était une demande parfaitement
raisonnable.
Les Disciplinés tiennent à garder une certaine maîtrise de
soi et une certaine efficacité. De ce fait, ils tirent une
grande satisfaction à  avoir de bonnes habitudes. Ils vont
faire attention à dormir suffisamment, à faire de l’exercice,
à  se détendre, à  faire le plein d’essence,  etc. Dans mon
étude nationale, les Disciplinés avaient plutôt tendance
à  dire  : «  Je garde de bonnes habitudes même si tout le
monde s’en fiche. »
On dit souvent aux Disciplinés  : «  Ne sois pas aussi
exigeant avec toi-même  », «  Ce n’est pas sain d’être aussi
rigide  », ou «  Personne ne respecte cette règle  », alors
qu’ils trouvent très gratifiant de répondre aux attentes,
qu’elles leur soient imposées ou qu’elles émanent d’eux.
Les autres, surtout les Rebelles, ont du mal à le concevoir.
Je me souviens d’une conversation avec une amie Rebelle :
Pour moi, avec la discipline vient la liberté.
– Qui dit discipline, dit limite, a-t-elle objecté. Qui veut obéir aux règles ?
– En me fixant des limites, je me permets d’être libre.
Elle a secoué la tête.
– Ça ne veut rien dire. Être libre, c’est ne pas avoir de limite. C’est faire ce
que l’on veut.

Nous nous sommes regardées et avons éclaté de rire. De


toute évidence, aucune de nous n’allait convaincre l’autre.
De la même façon, j’ai remarqué que lorsque les gens des
autres profils veulent s’accorder une faveur, ils trouvent
une excuse pour échapper à  un engagement. Ils vont se
dire, par exemple : «  Après une journée aussi fatigante, je
peux bien me permettre de louper un cours de CrossFit.  »
En tant que Disciplinée, un tel laisser-aller ne me ferait
aucun bien, au contraire !
L’importance que les Disciplinés accordent à  la maîtrise
de soi explique peut-être certains résultats de mon étude.
24  % des Disciplinés n’étaient plutôt pas d’accord avec
l’affirmation : « J’ai des problèmes d’addictions ». Les trois
autres profils obtiennent des résultats sensiblement
similaires (34  %, 32  % et 32  %). Il semblerait donc qu’il
y  ait quelque chose de spécifique aux Disciplinés qui les
préserverait des addictions.
La volonté des Disciplinés à  respecter les attentes peut
les faire paraître un peu… froids. Il y  a un côté
imperturbable en eux. Ils feront ce qu’il faut, même si cela
peut incommoder les autres ou si cela les met en porte-à-
faux.
Ma sœur Elizabeth est une Dévouée. Nous animons un
podcast hebdomadaire Happier with Gretchen Rubin et
avons consacré les épisodes  35, 36, 37 et 38 aux quatre
profils. Elizabeth a  fait remarquer  : «  Être ta sœur,
Gretchen, m’a permis, au fil des années, de voir les
avantages et les inconvénients de ta nature Disciplinée.  »
Elle a  alors raconté un voyage en famille que nous avions
fait quelques années plus tôt. À  la dernière minute, Jamie,
mon mari, et ma fille aînée Eliza n’ont pas pu nous
accompagner. Eleanor, ma plus jeune fille, et moi avons
rejoint Elizabeth, Adam, son mari, et Jack, son fils, dans un
club de vacances non loin de chez eux, à Los Angeles.
«  Nous étions à  Los  Angeles, à  l’heure de la côte ouest,
a  rappelé Elizabeth, et tu avais décidé qu’avec Eleanor,
vous resteriez à  l’heure de la côte est, soit avec trois
heures de décalage. Vous dîniez tous les jours vers 16 h 30
et vous vous couchiez à 19  h  30. Adam, Jack et moi avons
passé des vacances complètement à  part entre 19  h  30 et
minuit.
– Effectivement.
– J’avais l’impression que tu passais à côté de tout ce qui
faisait l’intérêt des vacances. »
Je voyais ce qu’elle voulait dire, mais je trouvais que ça
ne valait pas la peine de lutter contre le sommeil à l’heure
du dîner, pour devoir, au retour des vacances, batailler
pour se recaler à l’heure de chez nous.
 
Après la diffusion de cet épisode, une auditrice nous a fait
part de son point de vue très critique. Je la soupçonne
d’être une Dévouée. Pour elle, le problème n’était pas tant
de profiter ou pas de mes vacances – comme Elizabeth me
le faisait remarquer – mais de diminuer le plaisir des
autres. Elle a écrit :
Vous avez l’air de trouver parfaitement normal de rester à  l’heure de la
côte est, parce que vous êtes une Disciplinée, mais en ce faisant, vous avez
peut-être gâché les vacances des autres. Je trouve que c’est un manque
d’égard de votre part. Plutôt que de profiter du moment présent avec
Elizabeth et sa famille, qui ont pris le temps d’être avec vous et votre fille,
vous avez fait passer votre confort en priorité.

Je lui ai répondu :
Vous avez fait remarquer qu’Elizabeth et sa famille avaient pris du temps
pour être avec nous. Ce qui est vrai, mais il en est de même pour ma fille
et moi.
Nous avions pris le temps de traverser tout le pays, de New  York
à Los Angeles – ce qui n’est pas rien – pour nous rendre à un endroit qui ne
soit pas trop loin de chez eux en voiture. Ne pouvaient-ils pas
raisonnablement faire l’effort de se caler sur notre fuseau horaire pour
deux jours ? De prendre le petit-déjeuner et de dîner en même temps que
nous ?
Je ne pense pas qu’une personne ou l’autre ait «  raison  », je pense juste
que nous avons des points de vue différents.

Cela peut paraître un peu abrupt, mais je dois avouer


qu’en tant que Disciplinée, il m’arrive souvent de souhaiter
que mes proches prennent autant soin d’eux que je prends
soin de moi. Cela m’éviterait d’avoir à  m’inquiéter de leur
confort. Je comprends parfaitement le point de vue du petit
ami de la lectrice Dévouée qui m’a écrit  : «  Mon
compagnon est un Discipliné et il trouve parfois que j’en
attends trop de lui. Au lieu de faire ce qui me ferait plaisir,
j’attends de savoir ce qui lui ferait plaisir, et je le fais. Il
pourrait être content de voir son bonheur passer en
premier, mais il préférerait que je fasse ce qui me plaît
d’abord. »
Bien que les Disciplinés tirent une grande satisfaction
à  suivre leurs habitudes et leur emploi du temps, pour les
autres, cette rigueur peut paraître d’une austérité
rédhibitoire.
Je soupçonne les Disciplinés du monde du spectacle et
des arts de cacher leur tendance disciplinée pour paraître
plus fantaisistes et hédonistes qu’ils ne le sont par nature.
La rigueur n’a rien de glamour ni de très séduisant. Ce
n’est pas très vendeur, et cela ne fait pas rêver. Dans son
tube Shake it off, la chanteuse Taylor Swift se targue de se
coucher à  des heures indues et de sortir avec beaucoup
trop de garçons. Mais veille-t-elle si tard que ça ? Mmmm.
Je me le demande. Taylor Swift m’a l’air d’être une bonne
Disciplinée comme moi.

Comment les Disciplinés peuvent


gérer leur inflexibilité
Bien que les Disciplinés sachent en général se préserver,
leur nature rigoureuse les enferme parfois dans une
certaine rigidité.
Quand il s’agit de respecter ses propres engagements, les
trois autres profils vont souvent commencer sur les
chapeaux de roues et se relâcher avec le temps. Ils vont
chercher des failles, des exceptions possibles pour
finalement se montrer moins rigoureux. Cela m’arrive
aussi. Mais comme je suis une Disciplinée, je tombe plutôt
dans l’excès inverse. Au lieu de me relâcher avec le temps,
je vais avoir de plus en plus de mal à  faire une exception,
à  m’accorder des pauses, à  lâcher prise. Cette rigueur est
une bonne chose comme une mauvaise.
Une amie Disciplinée souffrait de myalgies. Je l’ai
convaincue d’essayer mes cours de renforcement
musculaires. Elle faisait déjà régulièrement du sport, mais
j’ai pensé que ces exercices pouvaient lui faire du bien. Elle
s’y est mise et ses douleurs ont disparu, mais ces cours
étaient loin de chez elle et ce n’était pas pratique. Elle
a  donc décidé de trouver un autre endroit plus proche de
chez elle. Elle avait décidé d’arrêter d’y aller, elle n’y
arrivait pas. Sa nature Disciplinée ne voulait pas lâcher
prise. Une autre Disciplinée m’a confié avec une certaine
autodérision  : «  Comme je me fixais des objectifs Fitbit
toujours plus élevés, il m’arrivait de courir autour de mon
lit pour les atteindre avant de m’autoriser à me coucher. »
C’est ce que j’appelle de la rigidité.
Une Disciplinée en a  fait l’expérience au travail  : «  Pour
répondre à une surcharge de travail, j’ai commencé à aller
au bureau à 7  heures du matin, alors que la journée ne
commence officiellement qu’à 9 heures. Les choses se sont
calmées depuis, mais je continue d’y aller à 7  heures. De
façon générale, cette nouvelle habitude me plaît, mais
j’aimerais m’accorder le droit d’aller un peu plus tard
quand je veux prendre le petit-déjeuner avec mon mari, par
exemple. »
Comment les Disciplinés peuvent-ils combattre cette
rigidité parfois pesante  ? En étant vigilant à  repérer les
schémas psychorigides et en essayant de voir si ces
attentes valent vraiment la peine d’être respectées. Les
Disciplinés peuvent se rappeler qu’en se fixant des
contraintes toujours plus strictes, ils risquent de perdre en
efficacité et en maîtrise. Et bien sûr, ils doivent veiller
à bien déterminer leurs attentes intérieures.
Un de mes auteurs préférés, l’essayiste et lexicographe
du XVIIIe siècle Samuel Johnson, a écrit : « Toute rigueur qui
ne tend pas à  faire le bien ou à  empêcher le mal est
vaine. » C’est une maxime que tout Discipliné devrait faire
sienne.

Pourquoi les Disciplinés doivent


énoncer clairement leurs attentes
Les Disciplinés peuvent rejeter des attentes extérieures
pour répondre à leurs propres attentes, or ils ne savent pas
toujours très clairement ce qu’ils attendent d’eux-mêmes.
Pour qu’une attente intérieure soit remplie, elle doit être
clairement énoncée. Il faut donc que les Disciplinés
s’attachent à  bien définir ce qu’ils veulent et pourquoi ils
y tiennent. La clarté est ici essentielle.
Je le dis en connaissance de cause. Je ne savais pas trop
dans quel domaine m’orienter professionnellement.  La
faculté de droit préparant à  de nombreux métiers, il est
possible de changer de spécialité en cours de route. Je me
suis donc inscrite en droit à Yale.
Le droit séduit les Disciplinés : les modalités d’admission
et de réussite sont clairement définies et en plus, le but
d’une formation en droit est de comprendre et d’appliquer
la loi. Pour moi, c’était le bon choix et j’ai eu d’excellents
résultats. J’étais rédactrice en chef de la revue juridique de
l’université, j’ai gagné un prix d’écriture et j’ai décroché un
stage dans l’équipe de Sandra Day O’Connor (ancienne
juge assesseur de la Cour suprême des États-Unis).
Mais au cours de mon stage, j’ai compris que ce que je
voulais vraiment, c’était écrire.
Une fois cette envie devenue claire, je n’ai eu aucun mal
à  abandonner ma carrière d’avocate pour tout
recommencer, sans me fixer de date butoir ou d’objectifs
spécifiques. « Mais comment as-tu fait ? » me demande-t-on
souvent. «  Comment as-tu réussi à  te contraindre
à  travailler sur un livre et trouver un agent de ton propre
chef ? » C’est simple, à partir du moment où j’avais compris
ce que je voulais vraiment, j’ai agi en conséquence. Mais
j’ai mis un certain temps à  savoir vraiment ce que je
voulais.

LES DISCIPLINÉS EN QUELQUES MOTS

FORCES PROBABLES
Entreprenants
Autonomes
Consciencieux
Fiables
Rigoureux
Respectent ce qui est prévu
Aiment comprendre et répondre aux attentes

FAIBLESSES PROBABLES
Sur la défensive
Rigides
Manquent de souplesse face aux imprévus
Peuvent paraître dépourvus d’humour ou coincés
Mal à l’aise quand les règles sont ambiguës ou quand elles ne sont pas définies
Impatients quand il faut rappeler les autres à l’ordre, leur fixer des délais, les
superviser ou les reprendre
Exigeants
Peuvent stresser pour respecter des règles qui n’existent même pas
 
4
Interagir avec un Discipliné
« Just do it »
Le collègue • Le conjoint • L’enfant • Le patient • Choix de carrière

Le collègue Discipliné
Les disciplinés peuvent faire d’excellents collègues. Ils ont
l’esprit d’initiative, ils vont chercher la performance, ils
n’ont pas besoin d’être supervisés et ils savent reconnaître
leurs limites.
C’est motivant pour les autres de travailler avec des gens
qui font ce qu’ils disent. Quand un Discipliné dit qu’il fera
quelque chose, on peut lui faire confiance, il le fera. Il suffit
que son supérieur lui demande : « Quand tu auras le temps,
tu pourras jeter un œil à ce problème et me dire ce que tu
en penses ? » pour que le Discipliné lui remette un rapport
en bonne et due forme six semaines plus tard, sans même
qu’il ait eu besoin de le lui rappeler.
Les Disciplinés font également de très bons dirigeants,
parce qu’ils établissent clairement les objectifs à atteindre
et qu’ils sont eux-mêmes très rigoureux. Un chef Discipliné
va dire ce qu’il attend de chacun. Il sera juste en fixant les
règles et les échéances. Il saura prévoir à  long terme ce
qu’il faut pour atteindre l’objectif fixé. Un chef Discipliné
ne va pas changer subitement d’objectifs, de méthode ou
d’échéances.
Les Disciplinés feront également de bons entrepreneurs
et travailleurs indépendants. Ils n’auront aucun mal
à  jongler avec plusieurs responsabilités, parce qu’ils sont
très déterminés. Ils savent identifier ce qu’il faut faire et le
faire, même s’ils n’ont pas de clients ou de supérieurs à qui
rendre des comptes. En analysant les données de mon
sondage national, j’ai constaté que plus les revenus étaient
élevés et plus il y avait de chances que la personne soit une
Disciplinée (et moins il y  avait de chances qu’elle soit une
Rebelle).
Les Disciplinés ne comprennent pas que l’on puisse avoir
du mal à  répondre aux obligations, et ils peuvent
manifester leur impatience. Un chef Discipliné pourrait ne
pas vouloir répondre aux questions du Pointilleux en
objectant  : «  Nous avons reçu une circulaire établissant
une nouvelle échéance. Je suis sûr qu’il y  a une bonne
raison à  cela, alors cessez de poser des questions et
mettez-vous au travail.  » Un chef Discipliné pourrait
refuser de mettre en place un système de
responsabilisation (alors que les Dévoués en ont besoin),
comme fixer des échéances ou imposer des jours de congé,
parce qu’il n’en comprend pas la nécessité. Travailler avec
des employés Rebelles relève du défi pour les Disciplinés
(et réciproquement).
 
Les Disciplinés sont contrariés quand les autres ne
respectent pas leurs engagements, comme l’explique un
lecteur :
Je suis médecin et Discipliné. Je travaille dans un cabinet médical avec des
associés Pointilleux et Rebelles. Ils ont fixé des règles de fonctionnement
plus ou moins irréalistes, mais en tant que Discipliné, je suis très mal
à  l’aise quand ils les contournent ou les enfreignent. Souvent, je suis le
seul à les respecter, et parfois même, je me retrouve dans la situation très
inconfortable d’avoir à  rappeler mes associés à  l’ordre. Pourtant, ce sont
des règles que nous avons fixées ensemble. Le pire, c’est que je vais
focaliser sur ces infractions au lieu d’en profiter pour instaurer une
nouvelle règle : celle de faire usage de notre bon sens au cas par cas.
Les Disciplinés peuvent avoir du mal à  déléguer, parce
qu’ils pensent que les autres ne respecteront pas leurs
engagements ou ne feront pas du bon travail.
Ils ont parfois du mal à  sortir de leurs habitudes ou du
programme qu’ils se sont fixés. Renoncer à  une attente,
même quand cette dernière n’a aucun sens, n’est pas aisée.
Ils ne voient pas toujours quand il est nécessaire de
s’adapter ou de passer à  autre chose. Ils peuvent
également avoir du mal à  gérer les imprévus. Leur
entourage a  tout intérêt à  les prévenir suffisamment en
avance pour qu’ils puissent s’organiser.
Si vous dirigez une équipe dans laquelle se trouvent des
Disciplinés, souvenez-vous qu’ils détestent déroger aux
attentes et qu’ils peuvent avoir du mal à  établir des
priorités, car toutes les attentes leur semblent être
d’importance égale. Pour pallier cela, il faudra fixer des
priorités : « Je veux un rapport tous les vendredis, mais en
période de bilan annuel, ce n’est pas grave si vous n’avez
pas le temps de faire les rapports hebdomadaires. Le bilan
annuel est prioritaire. »
Parce que les Disciplinés cherchent à  répondre aux
attentes extérieures et intérieures, ils peuvent se montrer
réticents à aider les autres s’ils doivent pour cela mettre de
côté leurs propres obligations.
Ils n’aiment pas – voire ne supportent pas – faire des
erreurs ou manquer à  un engagement. Une amie
Disciplinée et éditrice pour un journal important m’a dit  :
«  Je déteste quand il y  a une erreur dans un article sur
lequel j’ai travaillé. Les autres l’acceptent sans sourciller,
alors que je culpabilise terriblement.  » Ne leur dites pas
avec désinvolture : « Ce n’est pas grave » ou « Personne ne
le remarquera  », mais plutôt  : «  Tu as fait ce que tu
pouvais, on ne pouvait pas faire mieux.  » Parce qu’ils
détestent être pris en défaut, les Disciplinés peuvent être
sur la défensive, voire hostiles, quand on leur fait
remarquer qu’ils se sont trompés.
Comme ils mettent un point d’honneur à  atteindre les
objectifs fixés, ils peuvent refuser de relever un nouveau
défi par peur de ne pas être en mesure de l’atteindre. C’est
parfois utile, bien sûr, parce qu’il faut savoir se fixer des
limites, mais ce peut être aussi dommage de ne pas essayer
de se dépasser par crainte de ne pas pouvoir «  le faire
bien ».

Le conjoint Discipliné
Le profil Discipliné – comme tous autres profils – présente
des avantages comme des inconvénients. Être marié à  un
Discipliné peut être un vrai plaisir, mais il faut s’attendre
à  ce qu’il apporte des dossiers en vacances ou qu’il
travaille son violon alors qu’il y a des invités pour le week-
end.
Connaître les spécificités du profil d’une personne permet
de mieux comprendre son point de vue. Une amie
Disciplinée m’a rapporté comment la typologie des quatre
profils lui avait permis d’éviter une dispute avec son mari.
Nous étions dans le train, en route pour aller voir mes parents. Notre fils
avait fêté ses 12  ans la veille, et de ce fait, il ne bénéficiait plus du tarif
jeune enfant. Son ticket passait de 75 cents à 8,50 dollars. Si l’on ne payait
pas le tarif plein, cela m’aurait turlupiné tout le week-end. Mon mari, qui
est un Pointilleux, n’était pas du même avis. «  C’est complètement
arbitraire, il n’a qu’un jour de plus. Ce serait plus juste s’il payait l’ancien
tarif. » À ses yeux, c’était plus logique. Un Rebelle aurait certainement dit :
«  Personne ne m’obligera à  payer ce montant  !  » Le fait de comprendre
rend plus tolérant.

Les Disciplinés n’aiment pas les changements de


programme. Mon mari refuse de répondre à mes questions.
Je pense que c’est d’une part à  cause de sa nature
Pointilleuse, et d’autre part pour éviter de créer une
attente particulière chez moi, qui suis une Disciplinée. S’il
me dit qu’il faudra partir de la maison à 19  heures pour
aller à  une soirée, et qu’il repousse l’heure du départ à
19  heures  15, j’aurais tendance à  m’opposer au
changement. Il préfère ne rien me dire tant que ce n’est
pas nécessaire pour éviter tout conflit possible.
Les Disciplinés se sentent obligés de répondre aux
attentes, même quand cela n’a aucune espèce
d’importance, ce qui peut agacer leur conjoint. Pour
défendre son point de vue, ce dernier a  tout intérêt
à  adapter ses arguments en disant par exemple  : «  Je vois
bien que le panneau indique “Personnel autorisé
uniquement”, mais je pense que dans ce cas particulier
nous pouvons être considérés comme du “personnel
autorisé”  » ou encore  : «  Ils disent que la somme est due
à partir du 1er  juin, mais la date limite de règlement est en
septembre. Cette société veut juste notre argent au plus
vite. Je pense qu’on peut très bien payer le 15 juin ».
Le conjoint d’un Discipliné devrait se garder de suggérer
une attente, aussi anodine soit-elle, au risque de la voir
adoptée sur-le-champ, même si ce n’est pas une bonne
idée. De simples idées lancées en l’air comme « Tu devrais
diriger le comité de voisinage  », «  Tu devrais te présenter
au comité paroissial  » ou «  Tu devrais gérer tes employés
de façon plus efficace  », peuvent avoir une répercussion
disproportionnée chez un Discipliné.
Quand on vit avec un Discipliné, il est bon de lui rappeler
ses attentes intérieures en lui disant : « Tu n’es pas obligé
de faire ça  », «  Est-ce vraiment important pour toi  ?  » ou
« Tu as fait de ton mieux, tout le monde fait des erreurs ».
Les Disciplinés peuvent manifester une certaine
impatience quand leur conjoint rechigne à  répondre à  une
attente. Les Pointilleux mariés à  des Disciplinés devront
parfois leur rappeler qu’en tant que Pointilleux, ils ont
besoin d’avoir une bonne raison d’agir  ; de même que les
Dévoués auront besoin d’un garant et les Rebelles d’avoir
le choix et de se sentir libres.

L’enfant Discipliné
De façon générale, les parents d’enfants Disciplinés ont la
vie facile. Les enfants Disciplinés veulent comprendre ce
qu’on attend d’eux et répondre à  ces attentes. Ils sont
assez autonomes. Leurs parents n’auront pas besoin de
batailler pour leur faire faire leurs devoirs ou leur rappeler
de nourrir le poisson rouge. Un enfant Discipliné va
travailler son piano sans que personne ne lui dise de le
faire. Il préparera sa tenue de sport les jours
d’entraînement et connaîtra son emploi du temps de la
semaine.
Les parents apprécient cette rigueur, mais cela peut
s’avérer fatigant quand elle tourne à  la manie. Un enfant
Discipliné peut faire un drame s’il n’a pas fait les trente
minutes de lecture quotidienne recommandées par son
professeur ou s’il arrive avec cinq minutes de retard
à l’école.
Encore une fois, il faut choisir les arguments qui parlent
à  sa nature pour le convaincre. Ainsi ses parents peuvent
lui expliquer  : «  Ton professeur veut que tu lises trente
minutes tous les soirs avant d’aller te coucher, mais
aujourd’hui, on va rendre visite à  grand-mère, et il sera
l’heure d’aller se coucher quand on rentrera. Tu as besoin
de dormir pour être en forme pour l’école. C’est plus
important que de lire ce soir.  » Ils peuvent aussi lui dire  :
«  Les professeurs savent que les enfants ne peuvent pas
toujours faire leurs devoirs et que ce n’est pas de leur
faute. Il n’y a  pas de soucis.  » Rien ne sert de leur dire  :
«  Ce n’est pas grave  », «  Le professeur ne le remarquera
pas  », «  Ce n’est pas le professeur qui commande  » ou
«  Trente minutes de lecture, c’est une consigne
complètement arbitraire ».
Les enfants Disciplinés peuvent également avoir du mal
avec les changements de dernière minute. Ils n’aiment pas
laisser une tâche inachevée ou se retrouver dans des
situations où les attentes ne sont pas clairement définies.
Si la plupart des parents trouvent facile d’élever un
enfant Discipliné, la relation parent-enfant entre un
Discipliné et un Rebelle peut s’avérer difficile à gérer, pour
l’un comme pour l’autre.
Comme c’est le cas pour les conjoints des Disciplinés, les
parents d’enfants Disciplinés devraient se garder
d’introduire des règles ou des attentes inutiles. Les
Disciplinés s’approprient très facilement un objectif et vont
consacrer beaucoup de temps et d’énergie à  essayer de
l’atteindre, même si ce n’est pas quelque chose dont ils ont
envie, même si ce n’est pas une bonne idée. Une remarque
anodine comme  : «  Tu devrais participer à  des concours
d’orthographe » peut faire boule de neige.
Les adultes proches d’un enfant Discipliné doivent l’aider
à déterminer et formuler clairement ses attentes pour qu’il
puisse les accorder avec les attentes extérieures.

Le patient Discipliné
Pour les médecins et le personnel médical, les patients
Disciplinés sont du pain béni. Ils prennent les instructions
des médecins au sérieux. Ils prennent leurs médicaments
consciencieusement et font leurs exercices de rééducation
avec assiduité.
Au cours de mon étude, je n’ai pas été surprise de
découvrir que des quatre profils, les Disciplinés étaient à
70  % plutôt pas d’accord avec l’affirmation  : «  Mon
médecin m’a expliqué pourquoi je devais changer certaines
choses dans mon mode de vie, mais je ne l’ai toujours pas
fait. »
En fait, les Disciplinés vont plutôt connaître le problème
inverse  : ils vont suivre les instructions des médecins à  la
lettre sans forcément se poser de questions. Quand j’avais
vingt  ans, un orthodontiste m’a dit  : «  Votre mâchoire
aurait besoin d’être refaite. Vous n’avez encore aucune
douleur, mais croyez-moi sur parole, à  trente  ans, vous
commencerez à  souffrir de douleurs chroniques.  » J’ai
réussi à ne pas prendre pour argent comptant ses paroles,
mais cela m’a demandé beaucoup d’effort. Et je n’ai
toujours aucun problème de mâchoire.
Les professionnels de santé devraient garder en tête que
les Disciplinés ont tendance à  faire ce que l’on attend
d’eux, quitte à en faire trop, ce n’est donc pas la peine d’en
rajouter pour être sûrs d’être entendus. D’un autre côté,
l’instinct de préservation des Disciplinés va les aider
à  mettre le holà quand une attente devient trop pesante.
Quand j’ai changé de coach sportif pour mon programme
de musculation intensif, je n’ai eu aucun mal à  lui dire  :
«  Vous me donnez des poids beaucoup trop lourds. Je les
veux très lourds, mais là, c’est trop pour moi. »

Choix de carrière pour un Discipliné


Quand on aborde le sujet du choix de carrière, il serait
grotesque de dire  : «  Les Disciplinés devraient travailler
comme régulateurs bancaires ou agents de la circulation,
pour pouvoir faire appliquer la loi tous les jours. » Quel que
soit votre profil, tous les métiers vous sont ouverts. Chaque
profil l’exercera à sa façon, même s’il est vrai que certains
contextes favorisent tel ou tel profil.
Les Disciplinés réussissent dans des domaines où il faut
faire preuve d’esprit d’initiative  comme la création
d’entreprise, le conseil ou le travail indépendant. Une fois
qu’ils se sont fixé un objectif, ils vont y travailler sans avoir
besoin d’être dirigés ou de rendre des comptes
à quelqu’un. Les Disciplinés arrivent à se forcer à faire des
choses qu’ils n’ont pas forcément envie de faire, ce qui est
un atout considérable quand on travaille seul, sans
collègues à qui déléguer certaines tâches.
Les disciplinés s’épanouissent quand les règles sont bien
définies, parce qu’ils tirent une grande satisfaction
à  répondre aux attentes. Ils peuvent avoir plus de
difficultés dans des secteurs où il faut gérer des imprévus
ou des changements de planning et d’objectifs, comme le
raconte un lecteur : « Je suis un Discipliné, et de ce fait, je
suis doué pour comprendre les règles et les faire appliquer.
La flexibilité est très appréciée là où je travaille, mais ce
n’est pas vraiment mon point fort. »
Ils peuvent être mal à  l’aise dans un secteur où les
attentes ne sont pas claires, où les règles sont ambiguës,
où l’on s’attend à ce qu’ils les déforment à leur avantage. Si
vous cherchez un avocat capable d’interpréter les lois
fiscales de façon agressive et créative, n’engagez pas un
Discipliné.
J’ai remarqué que les Disciplinés peuvent être attirés par
des activités de conseils où ils peuvent aider les gens
à atteindre leurs objectifs. Je connais un entraîneur sportif
de haut niveau et plusieurs auteurs (comme moi)
d’ouvrages de développement personnel, tous Disciplinés.
Cela dit, comme les Disciplinés n’ont aucun mal
à  répondre aux attentes extérieures et intérieures, ils ont
du mal à comprendre pourquoi les autres « ne le font pas »,
ce qui fait qu’ils ne sont pas toujours de bons conseils. Un
Discipliné m’a écrit  : «  Je suis coach sportif et je montre
toujours l’exemple quand j’explique à  mes clients le mode
d’alimentation et de vie que j’espère leur faire adopter. Et
je suis toujours à l’heure aux rendez-vous. Mais il m’arrive
d’être très frustré quand ils ne sont pas aussi motivés que
je le souhaitais. »
Lors d’un dîner, j’étais assise à côté du PDG d’une grande
société pharmaceutique et je n’ai pas pu m’empêcher
(comme cela m’arrive souvent) de parler des quatre profils.
Il a tout de suite saisi le concept.
«  Je suis un Discipliné, m’a-t-il dit. Et je parie que la
plupart des PDG ici présents le sont également.
– Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
– Pour être PDG d’une société ouverte, il faut maîtriser
les règles du marché et répondre aux attentes écrasantes
que les gens placent en vous. Il faut aussi savoir prendre
des initiatives, faire valoir son point de vue et dire non aux
gens. »
Un ami Discipliné et banquier d’affaires s’est joint à  la
conversation.
«  Je suis d’accord. De la même façon, un Dévoué fait un
excellent numéro deux…
– Mon bras droit est effectivement un Dévoué, a confirmé
le PDG, et il est remarquable.
– Un bon PDG doit être capable de dire : “Je tiens compte
de l’avis des autres, mais en en fin de compte, je sais ce
que je veux faire.” Cela demande beaucoup de discipline
pour tenir ce rôle, et cela n’est possible que lorsque les
attentes extérieures et intérieures coïncident. De cette
façon, il n’y aura pas de ressentiment ou de conflit
intérieur.
– Je ne sais pas si je suis d’accord, ai-je fait en secouant la
tête. Je pense que l’on peut trouver d’excellents leaders
dans les quatre profils.
– Les Pointilleux et les Rebelles feraient d’excellents
fondateurs et innovateurs, a  reconnu le PDG Mais je crois
qu’ils auraient du mal à développer une société sur le long
terme. Comment ferait un Rebelle au poste de PDG d’une
société ouverte où tout est réglementé, codé, jusqu’à la
tenue vestimentaire ou la façon de prendre la parole au
conseil d’administration ? »
Ses remarques étaient convaincantes, mais dans cette
conversation, trois Disciplinés se sont accordés pour dire
que seuls les Disciplinés pouvaient être de bons PDG d’une
société ouverte. Je me suis demandé si trois Pointilleux ou
trois Dévoués seraient arrivés aux mêmes conclusions pour
leur profil respectif. Quant aux Rebelles, il y  a de grandes
chances qu’un Rebelle lui-même reconnaisse qu’il est peu
probable qu’un Rebelle fasse un bon PDG pour une société
ouverte.

POUR RÉSUMER : INTERAGIR


AVEC UN DISCIPLINÉ
 
Il répond volontiers aux attentes extérieures et intérieures.
Il est autonome, il respecte les échéances, il peut porter un projet et prendre
des initiatives sans être vraiment dirigé.
Il aime ses habitudes et a du mal à s’en défaire ou à s’adapter à un imprévu.
Il déteste faire des erreurs, et par conséquent…
Il peut s’énerver ou être sur la défensive si on suggère qu’il n’est pas à la
hauteur ou qu’il a fait une erreur.
Il aime aller au bout des choses.
Il faut parfois lui rappeler que les autres, contrairement à lui, ne sont pas
nécessairement rassurés ou dynamisés en faisant les choses qui étaient
prévues.
Il a du mal à déléguer, parce qu’il soupçonne les autres de ne pas être fiables.
LE POINTILLEUX
« Je le ferai, si tu me donnes
une bonne raison de le faire. »

 
« Je le ferai, si tu me donnes une bonne raison de le
faire »
« Prouve-le. »
« Parce que tu l’as dit ? Je ne crois pas, non ! »

« N’oublie pas le pourquoi du


comment. »
« L’obéissance aveugle, c’est la servitude, non ? »

« Attends, quoi ? »
« Justifier, c’est se motiver. »

« Cherche, creuse toujours


plus… peut-être que tu
trouveras. »
« Optimiser sa vie… même quand on n’en a pas
envie. »
« Mais pourquoi ? »

« C’est ça ou rien. »
« Une devise, pour quoi faire ? »
5
Comprendre le Pointilleux
« Mais pourquoi ? »
Forces • Faiblesses • Les variations au sein du profil • Pourquoi les Pointilleux
n’aiment pas être remis en question • Comment sortir des questions sans fin •
Comment les Pointilleux peuvent répondre à une attente injustifiée en la
justifiant

Au travail, à  la maison, dans la vie, nous sommes en


permanence confrontés à  des attentes extérieures et
intérieures. Si les Disciplinés répondent volontiers aux
deux, les Pointilleux ne répondent qu’aux attentes qu’ils se
sont fixées. Il faut noter cependant que cela inclut les
attentes extérieures qu’ils se sont appropriées.
Les Pointilleux accordent une grande importance au
savoir, à  la logique et à  l’utilité des choses. Ils vont
rassembler un maximum d’informations avant de prendre
une décision et n’agiront qu’en connaissance de cause. Ils
vont résister à tout ce qu’ils considèrent comme arbitraire,
injustifié, illogique ou inutile. Les Pointilleux sont le profil
le plus représenté après les Dévoués.
Les Pointilleux ne répondent à une attente extérieure que
s’ils la jugent raisonnable et utile, sinon ils la rejettent. Par
exemple, un Pointilleux se dira  : «  Mon père me dit sans
arrêt de vérifier le niveau d’huile de la voiture, mais ce
n’est absolument pas nécessaire pour l’instant, alors
j’ignore son conseil  » ou «  Le mot au-dessus de l’évier dit
que chacun doit laver sa vaisselle, mais je considère que
mon temps est trop précieux pour le perdre à  faire ce
genre de tâche. Il est préférable de laisser l’équipe du soir
s’en charger, alors je laisse ma tasse dans l’évier. »
En revanche, le Pointilleux répond volontiers à  une
attente extérieure qu’il trouve justifiée. De ce fait, il
l’intégrera comme une attente intérieure. Ainsi, il pensera :
«  Mon professeur m’a expliqué que je ferais plus vite mes
exercices de maths si je connaissais par cœur les tables de
multiplication, alors je vais les apprendre » ou « Cela faisait
des mois que ma femme me demandait de ranger la
chambre d’amis. Je ne le faisais pas, parce qu’elle ne
servait pas. Mais des amis ont prévu de venir dans
quelques semaines, alors je vais m’en occuper. »
Les Pointilleux se lèvent tous les matins en se disant  :
« Qu’est-ce qu’il y a à faire aujourd’hui, et pourquoi ? » Ils
jugent par eux-mêmes s’il est utile ou nécessaire de faire
quelque chose. Un Pointilleux à qui son patron demanderait
de lui rendre un rapport ce vendredi pourrait très bien se
dire  : «  Personne ne va lire ce rapport avant mercredi. Je
suis plus productif en début de semaine, je m’y mettrai
donc lundi et j’aurai largement le temps de le finir pour
mercredi.  » Sans grande surprise, l’enquête quantitative
que j’ai menée a  montré que des quatre profils, les
Pointilleux étaient les plus enclins à  être d’accord avec
l’affirmation  : «  Je fais ce qui me semble le plus sensé,
quitte à  enfreindre des règles ou même si cela va
à l’encontre de l’attente des autres. »
Une fois que le Pointilleux a  reconnu la validité d’une
attente, il va y  répondre de lui-même, sans avoir à  y être
contraint. Un patron qui veut convaincre un Pointilleux
d’utiliser un nouveau programme de facturation, un
médecin qui veut prescrire un traitement à  un patient
Pointilleux ou une femme qui veut que son mari Pointilleux
l’aide à  vider la cave ont tout intérêt à  justifier leur
demande en expliquant pourquoi ils le demandent,
pourquoi il faut que ce soit fait de telle façon et
maintenant. Si et seulement si l’argument le convainc, le
Pointilleux s’exécutera, et il le fera consciencieusement.
Il en est de même pour les attentes que les Pointilleux
considèrent comme les leurs. Ils font les choses pour eux-
mêmes une fois qu’ils en ont reconnu le bien-fondé. Un
Pointilleux désirant se remettre en condition physique va
prendre le temps de se renseigner, de peser le pour et le
contre de chaque option et de choisir le type d’exercices
qu’il pense le plus adapté et le plus efficace pour lui. Il
n’avait jusque-là pas tenu compte des recommandations de
son médecin, des piques de sa femme ou de la proposition
de son collègue de faire du sport avec lui, mais s’il décide
que le CrossFit ou la course à  pied est le sport qui lui
convient le mieux, il s’y mettra avec assiduité.
Les Pointilleux remettent toujours tout en question. Au
cours d’une conférence, j’ai demandé aux participants de
se répartir sous le profil qui les décrivait le mieux et d’en
inventer la devise. Quand ce fut au tour des Pointilleux de
prendre la parole, ils m’ont objecté  : «  Une devise  ? Pour
quoi faire ? » J’aurais dû m’y attendre !

Forces (et faiblesses)


Comme les Pointilleux ne se fient qu’à leur jugement, une
fois qu’ils se sont fixé une ligne de conduite, ils restent
plutôt cohérents. Les Pointilleux ont l’autonomie des
Disciplinés, la fiabilité des Dévoués et l’authenticité des
Rebelles.
Les Pointilleux vont remettre en question les usages et les
opinions communément admises. «  Est-ce que je veux
vraiment me marier ? » « Tu es mon supérieur, mais dois-je
vraiment faire ce que tu me dis de faire ? » « Pourquoi les
enfants n’auraient-ils pas le droit de dire des gros mots ? »
 
Il est indispensable qu’une attente soit raisonnable et
justifiée. Obéir à une règle par principe, très peu pour eux.
Une Pointilleuse a écrit :
Je décide au coup par coup quelle règle suivre. Je prends autant d’articles
qu’il le faut dans la cabine d’essayage, parce que ce n’est pas pratique
d’avoir à  retourner en rayon à  tout bout de champ. Je pense que la règle
des deux, trois ou quatre articles n’existe que pour éviter les vols (ce que
je ne ferai jamais) et réduire le temps d’attente quand il y  a du monde.
Comme je ne fais du shopping qu’en dehors des heures d’affluence, la
règle n’a pas lieu d’être, alors je ne la suis pas.

Un autre Pointilleux trouvera cette approche pleine de


bon sens  ; un Rebelle pourrait trouver un certain plaisir
à enfreindre le règlement ou du moins à l’ignorer, mais un
Discipliné ou un Dévoué objecterait  : «  Pourquoi serais-tu
exemptée d’une règle qui s’applique à tout le monde ? »
Les Pointilleux ne répondent presque jamais à une attente
sans d’abord la remettre en question. Une Pointilleuse m’a
confié  : «  Quand j’ai voulu intégrer la sororité des Kappa
Kappa Gamma à  la fac, les filles m’ont dit que je devais
m’engager à  me conduire «  en femme intègre  ». Mais
qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire  ? J’ai éclaté de
rire et j’ai retiré ma candidature. »
Comme les Pointilleux vérifient toujours le bien-fondé de
leurs actions, ils peuvent être d’une grande utilité pour leur
entourage, parce qu’il s’assure que personne n’acceptera
sans réfléchir des contraintes injustifiées. « À quoi servent
ces réunions du personnel  ? Pourquoi utilisons-nous ce
logiciel  ? Pourquoi passons-nous autant de temps
à relancer ce client ? »
Les Pointilleux sont souvent étonnés devant la capacité
des autres à  agir de façon inconsidérée. Un Pointilleux se
plaignait  : «  Pourquoi les gens font des choses qu’ils
trouvent injustes ? Pourquoi obéir comme des moutons ? Et
pourquoi, quand ils voient qu’une chose est nécessaire, ils
ne la font pas  ?  » (Notez au passage que son indignation
s’articule en trois questions.)
Pour être sûrs de prendre une décision éclairée, les
Pointilleux sont prêts à faire des recherches exhaustives. Ils
veulent pouvoir comparer toutes les options possibles et
imaginables. De même que les Disciplinés adorent les
fiches cartonnées, les Pointilleux adorent les tableaux
Excel. Ils ont également tendance à  inonder les gens
d’articles et de références en tous genres.
 
Un Pointilleux m’a écrit :
Je suis en master et je n’ai pas encore de sujet de thèse. Ce semestre, nous
avons eu la possibilité de rendre des devoirs portant sur notre futur sujet
de recherche de façon à nous y préparer. La plupart de mes camarades de
classe ont écrit tout le semestre sur le sujet qu’ils comptaient rendre. Moi,
j’en ai profité pour traiter un sujet différent à  chaque devoir. Cela m’a
demandé beaucoup de travail en plus. Aujourd’hui, je comprends pourquoi
je l’ai fait : en tant que Pointilleux, j’ai besoin d’en savoir plus sur un sujet
avant de m’engager.

Aimant faire des recherches, les Pointilleux sont souvent


des mines d’informations, et ils partagent volontiers leurs
connaissances.
Dans le même ordre d’idées, ils aiment améliorer les
procédés et les procédures. Ils vont chercher à éliminer les
erreurs et perfectionner les pratiques existantes. Un ami
Pointilleux m’a dit s’épanouir comme contrôleur
d’informations, un autre m’a confié qu’un de ses hobbies
était de chercher à optimiser des interfaces utilisateurs.
 
Cela ne sert à rien de dire à un Pointilleux : « Nous avons
toujours fait comme ça », « C’est la procédure habituelle »
ou «  C’est moi, le chef  ». Ce qu’il veut savoir, c’est
«  Pourquoi  ?  » Le Pointilleux va interroger toutes les
hypothèses, examiner toutes les alternatives et rejeter les
idées reçues. Une pointilleuse m’a écrit :
Plus jeune, je ne voyais pas l’intérêt de suivre la mode ou de me maquiller.
Mais avec l’âge et l’expérience du monde du travail, je me suis rendu
compte (par moi-même et en faisant des recherches objectives) que notre
apparence avait un impact sur notre carrière et nos relations avec les
autres. Dès lors, j’ai fait ce que je pensais être des efforts raisonnables
pour être séduisante. Cela dit, je consacre beaucoup plus de temps
à cultiver ma beauté intérieure, que je trouve bien plus importante.

C’est une façon de voir très Pointilleuse.


Les Pointilleux veulent décider par eux-mêmes, même
quand ils ont l’avis d’un « expert ». Pas question pour eux
d’obéir à une quelconque autorité sans y mettre leur grain
de sel. «  Pourquoi devrais-je écouter cette personne  ?  »
Ainsi, avant de s’inscrire à  un cours, ils auront tendance
à vouloir interroger le professeur, assister à quelques cours
et se renseigner sur sa réputation.
« Quand j’ai décidé de perdre du poids, m’a rapporté une
Pointilleuse, j’ai fait des tableaux répertoriant les différents
nutritionnistes et programmes alimentaires qui me
tentaient et en notant le pour et le contre de chacun. J’ai
ainsi déterminé la nutritionniste qui me convenait et j’ai
suivi son programme en l’accommodant à  mes besoins.  »
Cet exemple montre bien comme les Pointilleux aiment
personnaliser les choses.
Un autre Pointilleux témoigne (et confirme par la même
occasion le fait que les Pointilleux n’aiment pas l’arbitraire
des résolutions du Nouvel  An)  : «  J’avais relevé un défi
sportif de 30  jours et j’en avais fait une vidéo. Au lieu de
filmer des jours consécutifs, j’avais tourné tous les deux
jours. J’avais commencé le 1er  janvier, mais j’insistais
toujours sur le fait que c’était un pur hasard. Ce n’était pas
une résolution du Nouvel  An. À  l’époque, je ne savais pas
encore que j’étais un Pointilleux, maintenant, je comprends
pourquoi il était aussi important pour moi de clarifier ce
point. »

Faiblesses (et forces)


Comme c’est le cas pour tous les autres profils, les forces
des Pointilleux peuvent également devenir des faiblesses.
Une Pointilleuse l’explique très bien  : «  Si ma nature
Pointilleuse m’a avantagée sur le plan professionnel – je
suis cadre supérieure dans une grande entreprise et mère
de jeunes enfants – ce n’est pas facile tous les jours. Je
remets absolument tout en question, à propos de tout, tout
le temps. »
Quand les Pointilleux considèrent qu’une contrainte est
injustifiée, ils refuseront d’y répondre, et cela peut leur
valoir quelques problèmes. Chez eux comme au travail, leur
questionnement permanent peut finir par fatiguer, irriter
les autres et leur nuire. Pour certains, cette manie de
couper les cheveux en quatre est pénible, d’autant qu’elle
n’est pas nécessaire  ; ils pensent que les Pointilleux
rejettent l’autorité ou les décisions prises. Un Pointilleux
m’a dit  : «  Quand on adopte une nouvelle procédure au
travail, je refuse de m’y plier tant que l’on ne m’en a  pas
justifié l’utilité. » Un autre Pointilleux abonderait dans son
sens, mais son supérieur ou ses collègues pourraient ne pas
être du même avis.
Faute de comprendre le fonctionnement d’un Pointilleux,
il pourrait trouver son attitude énervante, voire
irrespectueuse, ou lui reprocher son manque d’esprit
d’équipe. Un Pointilleux m’a dit avoir été renvoyé alors
qu’il faisait du bon travail, parce que son patron
susceptible avait interprété ses questions comme une
insubordination.
De la même façon, les jeunes Pointilleux peuvent
éprouver des difficultés à  l’école, car les enseignants et le
personnel encadrant ne se sentent pas obligés de justifier
les règles. Les Pointilleux peuvent alors avoir du mal à  se
motiver et leur comportement peut les faire passer pour
des élèves indisciplinés ou effrontés. Une Pointilleuse m’a
écrit :
Je montre des tendances Pointilleuses depuis toute petite. Je me souviens
avoir fait une crise parce que je devais envoyer une carte de Saint-Valentin
à  tous les enfants de ma classe. Dans mon esprit d’enfant de 8  ans, si
j’envoyais une carte à tout le monde, y compris aux élèves que je n’aimais
pas, celles qui étaient destinées à  ceux que j’appréciais ne voulaient plus
dire grand-chose. L’école élémentaire peut être un passage extrêmement
frustrant pour nous, les Pointilleux.

Le problème ne se limite pas à  l’école primaire, comme


l’explique très bien un autre Pointilleux :
En tant que Pointilleux, j’ai tendance à  remettre en question ou à  ne pas
respecter les contraintes que je trouve idiotes, inutiles ou arbitraires. À la
fac, j’avais du mal à  faire les travaux que je jugeais arbitraires, comme
répondre à  un questionnaire hebdomadaire pour justifier mes lectures. Je
travaillais volontiers aux projets et autres travaux pratiques que je trouvais
instructifs et stimulants.

Même si les questions des Pointilleux peuvent fatiguer les


gens qui les entourent, ces derniers ont tout intérêt à  y
répondre s’ils veulent avoir gain de cause.
Les Pointilleux eux-mêmes aimeraient parfois être
capables d’agir sans se poser mille questions. «  Il me faut
toujours une information de plus pour me décider, et ça ne
s’arrête jamais  ». «  Je remets trop souvent les règles en
question. Les gens me disent : arrête de te prendre la tête.
Accepte les choses telles qu’elles sont.  » Toutes ces
questions prennent du temps et de l’énergie. Une amie qui
était à la fac de droit avec moi a passé des entretiens dans
des dizaines de cabinets d’avocats. Je n’en ai passé que six,
et nous nous sommes retrouvées dans la même firme.
À vouloir toujours en savoir plus, à tout passer à la loupe
avant de se décider, les Pointilleux peuvent se retrouver
bloqués. C’est ce qu’on appelle la « paralysie analytique ».
Ils attendent d’être absolument sûrs de pouvoir faire le bon
choix, mais dans la vie, il faut parfois se décider et avancer
sans certitude.
Nombreux sont ceux qui, lorsqu’ils doivent suivre un avis
médical, se demandent s’ils ne feraient pas mieux de se
renseigner pour s’assurer que cet avis est fondé ou même
pour trouver une autre approche qui serait meilleure. Ils
finissent parfois par ne rien faire du tout.
Comme ils excellent à  chercher des justifications et
à  remettre en question les décisions, quand ils veulent
échapper à  une attente ou à  une contrainte, ils
y  parviennent toujours. Aucune faille ne leur échappe. Un
Pointilleux l’explique très bien :
J’arrive toujours à m’en sortir avec une bonne justification. Dans ma tête,
c’est comme si le docteur Jekyll et M. Hyde conversaient en permanence :
“Tu devrais faire de l’exercice”, “Mais il fait trop froid dehors”, “Fais du
sport en salle !”, “J’ai trop de travail, et c’est quand même plus important
que le sport.” Ce ping-pong intérieur m’exténue et je finis par regarder la
télé pour ne plus penser à rien.

Leur besoin de tout «  faire à  leur sauce  » et leur


propension à  remettre en question l’avis des experts eux-
mêmes peuvent être très frustrants pour ceux à  qui ils
demandent des conseils, de l’aide ou des services, à savoir
leurs professeurs, patrons, collègues, médecins, conseillers
d’orientation, plombiers, agents d’entretien… J’ai lu un
sondage selon lequel 26  % des médecins étaient plutôt
d’accord avec l’affirmation  : «  Mes patients pensent qu’ils
savent mieux que moi ce qui est bon pour eux », je me suis
dit qu’ils devaient certainement penser aux Pointilleux. Un
Pointilleux m’a d’ailleurs écrit  : «  En général, je ne tiens
pas compte des recommandations des experts. Mon
dentiste dit qu’il faut faire des radios de contrôle tous
les ans. J’en fais tous les cinq ans, parce qu’une exposition
trop fréquente aux rayons  X peut développer un cancer.
Juste pour un contrôle de routine, le risque n’en vaut pas la
peine. »
Un autre Pointilleux résume très bien cet état d’esprit  :
«  Toute personne appartenant au corps médical doit se
crisper en me voyant, parce qu’elle sait que j’arrive avec
une batterie de questions et que je ne repartirai pas tant
que je n’aurai pas mes réponses. Si j’ai mon opinion sur le
sujet, j’agirai en conséquence, que cela soit en accord ou
non avec les recommandations médicales. Si je ne sais rien
sur le sujet, je prendrai note des réponses à mes questions
et je me renseignerai avant de décider, si oui ou non, je
suivrai les recommandations des médecins. »
Les Pointilleux n’agissent que s’ils ont une raison valable
de le faire, du moins une raison qu’ils jugent valable, mais
qui ne l’est pas forcément. Quitte à  rejeter l’avis des
experts et à  passer pour des fous. «  Crois-tu vraiment en
savoir plus sur la pneumonie que le médecin ? », « Tout le
monde présente ses rapports de la même façon, pourquoi
t’obstines-tu à utiliser ce format ? »
D’après les documents que j’ai lus quand je travaillais
à ma biographie de John F. Kennedy, Forty Ways to Look at
JFK, je suspecte de nombreux théoriciens du complot d’être
des Pointilleux.
Il arrive que ce côté « tête de mule » des Pointilleux irrite
leur entourage. L’entrepreneur et inventeur américain
Steve Jobs était un Pointilleux. Quand il était jeune, il était
persuadé que son régime alimentaire végétarien riche en
fruits lui permettait de ne plus dégager d’odeurs
corporelles, alors même que son entourage lui disait que ce
n’était pas le cas. Cet aspect de la nature des Pointilleux
peut avoir de lourdes conséquences. Quand les médecins
lui ont diagnostiqué un cancer, Jobs a rejeté tout protocole
de chimiothérapie et de chirurgie pour s’en tenir –
malheureusement sans succès – à  un régime végétarien
strict, des séances d’acupuncture, divers remèdes à  base
d’herbes et d’autres traitements non-conventionnels. Il n’a
accepté de se faire opérer qu’en dernier recours.
Comme tout le monde, avec un peu de sagesse et
d’expérience, les Pointilleux peuvent apprendre
à compenser les faiblesses de leur nature. Un Pointilleux le
résume très bien  : «  En tant que Pointilleux, j’ai appris
qu’ignorer certaines règles pouvait m’attirer des ennuis.
Maintenant, je suis les règles, je les change… ou je passe
à autre chose. »
Notons une chose étonnante chez les Pointilleux  : ils
m’ont souvent fait la réflexion qu’ils détestaient faire la
queue. Un ami m’a confié  : «  Je déteste tellement ça que
cela m’empêche de faire la conversation quand j’attends
qu’une table se libère au restaurant.  » Peut-être ont-ils
l’impression de perdre leur temps.

Variations au sein du profil


Comme c’est le cas pour tous les profils, il y  a toutes
sortes de Pointilleux.
Le profil des Pointilleux recoupe celle des Disciplinés (qui
répondent également aux attentes intérieures) et des
Rebelles (qui résistent également aux attentes extérieures).
Les POINTILLEUX/Disciplinés seront plus enclins
à  répondre aux attentes extérieures, parce qu’ils
reconnaissent volontiers le bien-fondé des règles générales
de la société, comme l’explique un
POINTILLEUX/Discipliné  : «  Toute règle a  probablement
une bonne raison d’être, même si je ne la connais pas, j’en
suis intimement convaincu. Je n’ai pas envie d’avoir des
ennuis et je ne veux pas gêner les autres quand je fais part
de mes opinions. En revanche, si je ne trouve aucune utilité
à une activité, je ne peux me résoudre à la faire. »
Jamie, mon mari, est un POINTILLEUX/Discipliné. Il
remet tout en question, mais on peut aisément le
convaincre de répondre à une attente. La Disciplinée que je
suis aurait certainement du mal à s’épanouir avec un mari
qui ne serait pas un tant soit peu discipliné. Voilà qui donne
à réfléchir…
D’un autre côté, les Pointilleux peuvent également avoir
des dispositions Rebelles. À s’opposer aussi férocement aux
attentes extérieures et à  les rejeter aussi souvent, ils
peuvent même passer pour des Rebelles pur jus. Comment
faire pour les distinguer  ? Les Pointilleux résistent aux
attentes parce qu’ils les considèrent injustifiées, les
Rebelles résistent aux attentes parce qu’ils refusent toute
ingérence extérieure. Et quand les Pointilleux se fixent une
contrainte, ils n’ont pas de mal à  la respecter,
contrairement aux Rebelles.
Peut-être est-ce ma nature Disciplinée, mais je trouve
hilarant, voire surréaliste, d’entendre des
POINTILLEUX/Rebelles discuter des raisons qu’ils ont de
ne pas respecter les règles.
Certains, par exemple, ne respectent pas le Code de la
route. L’un a écrit : « Je ne tiens pas compte des limites de
vitesse et roule à la vitesse qui me convient. » Je lui ai alors
répondu : « Pensez-vous que tous les conducteurs devraient
avoir le droit de rouler à la vitesse qu’ils jugent bonne ? »
Sa réponse ne s’est pas fait attendre  : «  Oui, ce pourrait
être une bonne idée, d’autant que la plupart des gens ne
dépasseront jamais une certaine vitesse quoi qu’il arrive.
C’est comme les lois antidrogues, elles ne servent à rien. »
Cet exemple illustre bien le point de vue d’un
POINTILLEUX/Rebelle  : l’inutilité et l’arbitraire d’une loi
générale la rendent illégitime. De ce fait, elle devrait être
abandonnée.
Un autre POINTILLEUX/Rebelle a  écrit  : «  J’ai reçu une
amende pour m’être garé dans le mauvais sens de la rue. Je
ne vois pas en quoi se garer dans un sens ou l’autre
représente un danger pour qui que ce soit. Il n’est donc pas
question que je paie. » Je me suis retenue de lui répondre :
« Bonne chance pour que cela passe ! »
Si les Pointilleux ne sont pas d’accord avec une attente
extérieure, ils se sentent en droit de ne pas y répondre.
Selon leur profil, les Pointilleux présentent différents
degrés d’indécision pouvant aller jusqu’au blocage. Leur
besoin d’informations supplémentaires les empêche alors
d’avancer. Un Pointilleux l’explique ainsi  : «  Je vais faire
des recherches intensives sur chaque marque, chaque
société, chaque offre pour faire un achat tout simple. Cela
me prend parfois plusieurs semaines éreintantes avant de
pouvoir choisir. »
Certains Pointilleux au contraire hésitent très peu. En
bon Pointilleux, Jamie, mon mari, veut savoir pourquoi il
faut faire certaines choses, mais une fois qu’il a la réponse,
il passe aussitôt à l’action.
 
L’hésitation dépend souvent des circonstances, comme
l’explique une Pointilleuse :
Il m’arrive d’être bloquée par la paralysie analytique, mais
paradoxalement, cela concerne le plus souvent des décisions sans grande
importance. Je n’ai eu aucun mal à  choisir ma spécialité à  l’université,
à  savoir si j’étais trop jeune pour me marier, à  adopter ou non un chien.
Mais j’ai passé des mois à me demander quel agenda choisir pour l’année
à  venir. Mon mari (un Dévoué) m’a regardée faire sans trop comprendre.
Quand j’ai enfin validé ma commande, il m’a dit  : «  On peut arrêter de
parler d’agenda, maintenant ? »

Les Pointilleux ayant de bonnes compétences sociales


parviennent à  poser leurs questions sans gêner, irriter les
autres ou les pousser dans leurs retranchements. Les
Pointilleux à  qui l’on a  déjà reproché de poser trop de
questions, de manquer d’esprit d’équipe ou de ne pas être
coopératif, auraient tout intérêt à  apprendre à  mieux
formuler leurs questions. Au lieu d’interrompre leur patron
en pleine réunion en disant brusquement : « Cette nouvelle
règle ne sert à  rien  !  », ils peuvent essayer  : «  Pourriez-
vous m’expliquer pourquoi cette règle a  été créée  ?
J’arriverai plus facilement à l’appliquer si j’en comprends la
nécessité.  » En changeant de formulation, l’opposition
devient constructive.
J’ai remarqué une constante très intéressante chez les
Pointilleux  : beaucoup remettent en question la typologie
des quatre profils. Certains éclatent même de rire quand ils
m’entendent en parler pour la première fois… avant de
hocher la tête quand je leur dis  : «  Si votre première
réaction aux quatre  profils est de remettre en question la
validité de cette catégorisation, vous êtes probablement un
Pointilleux. »
Cela vient en partie de leur nature pointilleuse, bien sûr.
Les Pointilleux émettent des réserves, des objections,
trouvent des exceptions aux réponses qu’ils font au test des
quatre  profils. Ils doutent également de la valeur
scientifique des fondements d’une telle typologie, et se
demandent si elle peut vraiment s’appliquer à  toute
l’humanité. Ils ont été nombreux à  me dire : « Je doute de
la pertinence de réduire l’humanité en quatre grandes
catégories. »
À  quoi je réponds invariablement  : «  Quand j’expose la
théorie des quatre  profils, beaucoup de gens réagissent
comme vous. Ils me font la même objection, pratiquement
mot pour mot. Ce qui est amusant, parce que leur méfiance
elle-même les met dans une de ces catégories. »
Je pense que ce scepticisme tient aussi au fait que le
profil Pointilleux est le moins distinctif des quatre. Les
Disciplinés, les Dévoués et les Rebelles voient tout de suite
ce qui les différencie des autres, alors que les Pointilleux
mettent leur questionnement sur le compte de la logique,
d’un besoin de sens partagé par tous. Ils ne voient pas cela
comme une spécificité de leur disposition. Un ami
Pointilleux m’a dit  : «  Je suis un Pointilleux, cela ne fait
aucun doute. Mais n’est-ce pas le cas de tout le monde ? Ou
du moins d’une grande partie des gens  ?  » Non, pas du
tout.
Au cours d’une intervention dans le lycée que j’ai
fréquenté, j’ai parlé des quatre profils. Un élève de
dernière année était persuadé d’être une association de
deux profils. «  Selon les situations, je n’agis pas de la
même façon.
– C’est-à-dire ?
– Quand un professeur que j’estime me donne un devoir
à  faire, je le fais sans problème. En cela, je suis un
Discipliné. Mais si je n’ai pas d’estime pour le professeur, je
ne le ferai pas. En cela, je suis un Rebelle. Vous voyez, je ne
suis pas le même selon le contexte.
– En fait, vous êtes un Pointilleux à 100 %. Le Pointilleux
commencera par se poser la question : Pourquoi devrais-je
vous écouter ? »

Pourquoi les Pointilleux n’aiment


pas qu’on les remette en question
Il y  a une grande ironie cachée au sein de la nature
Pointilleuse.
Les Pointilleux posent beaucoup de questions, mais celle
que m’a posée une auditrice d’un podcast m’a
particulièrement intriguée  : «  Avez-vous remarqué comme
les Pointilleux n’aiment pas qu’on leur pose des
questions  ?  » C’est effectivement le cas de mon mari, un
Pointilleux. En fait, son refus de répondre aux questions est
devenu proverbial chez nous. Il n’accepte de répondre
qu’aux «  JBS  » (j’ai besoin de savoir). Mais si on lui
demande «  Qu’est-ce qu’on mange ce soir  ?  » ou «  Quand
vas-tu commencer ton nouveau travail  ?  », il refuse de
répondre. Et cela a le don de m’exaspérer.
Je pensais que c’était une manie qui lui était propre. Je
sais maintenant que c’est une caractéristique de sa nature
Pointilleuse. Si les Pointilleux partagent volontiers leurs
connaissances, la plupart (pas tous) n’aiment pas qu’on
remette en question leur jugement ou leurs décisions. Ce
qui est parfois source de tensions, comme l’explique l’un
d’eux :
Les Pointilleux, dont je fais partie, s’exaspèrent de ce que les autres ne
cherchent pas à  en savoir plus, à  se renseigner, à  poser les bonnes
questions, à  peser le pour et le contre. Si je décide de faire un régime
pauvre en glucides et qu’un non-Pointilleux commence à m’objecter : “J’ai
entendu dire que ces régimes étaient très mauvais pour le foie” ou “Mais
Robert Atkins n’est pas mort jeune  ?” Ça m’énerve très vite. Si ces
objections étaient fondées, je le saurais et je ne me serais pas embarquée
dans ce régime ! (soupir.)

Un autre Pointilleux confirme  : «  Je préfère ne pas avoir


à  m’expliquer ou à  justifier mes actions. En tant que
Pointilleux, toutes mes décisions sont fondées et
rationnelles. A)  C’est fatigant d’avoir à  expliquer tout ce
cheminement logique. B)  Je sais que j’ai raison, je ne vois
pas pourquoi je devrais me justifier. »
Parce que les Pointilleux réfléchissent mûrement avant
d’agir, ils sont agacés, ou se sentent même insultés, quand
on remet en question leur décision. C’est le comble  ! Ils
devraient y  penser quand ils assaillent les autres de leurs
questions.
Ils n’aiment pas perdre leur temps à  répondre à  des
questions qu’ils considèrent inutiles. «  Pourquoi devrais-je
vous répondre ? » Ils seront plus enclins à s’expliquer s’ils
comprennent pourquoi on le leur demande. Au lieu de dire :
« À quelle heure doit-on partir ? », il sera plus judicieux de
demander  : «  À  quelle heure doit-on partir, parce que
j’aimerais savoir si j’ai le temps d’aller à la gym ? »
Sans surprise, le refus des Pointilleux de répondre aux
questions ne manque pas d’agacer les autres. Un
Pointilleux explique  : «  Je ne prends des décisions que
mûrement réfléchies, alors je trouve exaspérant de voir
mes délibérations ignorées, écartées ou… remises en
question.  » Entendu, mais les autres aussi ont besoin de
réponses.
Que faire ? Au lieu de donner l’impression aux Pointilleux
de remettre en question leur point de vue, demandez-leur
de vous expliquer comment ils sont arrivés à  cette
conclusion. Certains Pointilleux aiment partager ce qu’ils
savent ou l’enseigner. «  J’aimerais connaître ton
raisonnement. Cela m’aiderait à  comprendre comment tu
en es arrivé là » ou « C’est intéressant que tu aies choisi ce
logiciel, je serais curieux d’en connaître les avantages. »

Comment les Pointilleux peuvent surmonter


la paralysie analytique
Comme nous l’avons déjà dit, à  trop vouloir bien faire,
certains Pointilleux ont du mal à  dépasser le stade de la
réflexion pour passer à  l’action. Une Pointilleuse a  écrit  :
«  Dès que je me fixe un objectif (régime, sport, budget,
travail), je vais essayer de trouver la stratégie la plus
efficace pour l’atteindre. Cela me prend un temps fou en
recherches, et c’est complètement contre-productif ! Toute
nouvelle méthode va retenir mon attention. »
C’est pour cette raison que les Pointilleux doivent savoir
mettre des limites à  leur délibération. Pour ne pas être
tenté de couper les cheveux en quatre, ils devraient se
concentrer sur leur objectif final. Une amie m’a dit  : « J’ai
un besoin insatiable d’informations, et quand j’ai
l’impression d’être bloquée en mode “recherches”, je me
pose la question  : “Est-ce que cette information est
pertinente pour prendre ma décision  ? Pourquoi devrais-je
consacrer du temps et de l’énergie dessus ?” »
« Tu remets en question ta question elle-même ! »
Une autre Pointilleuse m’a confié  : «  Quand j’étais en
rendez-vous avec des clients, j’avais du mal à  respecter le
temps alloué à  chaque dossier, parce que ma nature
Pointilleuse voulait toujours en savoir plus ou fournir plus
d’informations.
– Comment as-tu géré ça ?
– J’ai fait appel à  un autre aspect de ma nature
Pointilleuse et je me rappelle toutes les bonnes raisons de
respecter le planning pour mes clients et pour moi-même. »
Plus radicalement, les Pointilleux pourraient essayer
d’éviter les situations générant beaucoup de recherches, de
réflexion ou requérant de nombreuses prises de décision.
Une Pointilleuse se souvient avec amertume  : «  Concevoir
et construire ma maison ? Mais qu’est-ce qui m’a pris ? J’ai
passé des heures en ligne à écumer les sites de matériaux,
les forums de discussions pour savoir ce qu’il y  avait de
“mieux”, que ce soit pour le revêtement du sol ou le
système d’aspiration centralisée. Encore si j’avais aimé
faire ça. Mais non  !  » Peut-être aurait-elle mieux fait
d’engager un entrepreneur de confiance pour faire ces
travaux.
Trouver un entrepreneur de confiance n’est pas une
mince affaire, mais s’en remettre aux conseils d’une
personne avisée pour réduire le champ des possibles peut
aider le Pointilleux à  dépasser la paralysie analytique. Il
peut ainsi se référer aux avis d’association de
consommateurs, à  un médecin, un spécialiste ou autres
autorités compétentes en lesquelles il sait qu’il peut avoir
confiance, comme un ami ou de la famille. Il peut aussi
décider, par exemple, que les vendeurs de telle enseigne
sont compétents, et qu’il achètera sa tente là et nulle part
ailleurs.
Ils peuvent également se fixer une date à  laquelle ils
devront arrêter leur décision ou demander à leurs proches
de le faire pour eux : « Il nous faut une réponse vendredi. »
Cela dit, les Pointilleux risquent de remettre en question
toute échéance, comme l’explique l’un d’eux  : «  Je trouve
que l’idée de se fixer des dates limites a  elle-même ses
limites. Je ne respecte les échéances que si elles veulent
dire quelque chose, pas celles fixées de façon arbitraire. »
Les Pointilleux qui ont du mal à  prendre une bonne
habitude  ? Ou qui n’arrivent pas à  atteindre un objectif
personnel  ? Le problème vient souvent d’un manque de
clarté dans la formulation de cet objectif. C’est uniquement
parce qu’ils ne comprennent pas clairement pourquoi ils
doivent faire quelque chose et pourquoi ils doivent le faire
de cette façon qu’ils n’y arrivent pas. Les Pointilleux ont
besoin que les choses soient claires. Tout est dans l’art de
se poser les bonnes questions. La nature même de leurs
questions peut expliquer pourquoi ils font des choses que
certains pourraient désapprouver.
 
Pourquoi devrais-je m’embêter à faire ça ?
 
Pourquoi devrais-je t’écouter  ? Que vaut ton autorité sur
la question ?
«  Est-ce que ce nutritionniste est suffisamment qualifié
pour me dire quoi manger ? »
 
Pourquoi devrais-je faire ça ? Pourquoi quelqu’un d’autre
ne s’en chargerait pas ?
«  Est-ce que je peux me faire opérer plutôt que de faire
des séances de kiné ? »
 
Pourrais-je en savoir plus ?
 
Est-ce que je peux accommoder les contraintes à  mes
besoins ?
«  J’ai ressenti des effets secondaires, alors j’ai baissé le
dosage de mon traitement. Je ne vois pas l’intérêt d’en
parler à mon médecin. »
 
N’y a-t-il pas un meilleur moyen de faire ça ?
« Si je prends tous les médicaments le matin, je n’ai plus
à m’en soucier de la journée. »
 
Est-ce que cette approche est la bonne ?
«  Je ne vois pas pourquoi je devrais prendre ce
médicament si je ne ressens aucune amélioration. »
 
À  qui cela profite  ? Qu’est-ce qui a  motivé la mise en
place de cette règle ?
«  Le médecin gagne plus d’argent si je suis ce protocole
toutes les semaines. »
 
Une fois qu’il y  voit clair, le Pointilleux peut passer
à l’action :
Savoir que je suis un Pointilleux m’a aidé à  ne plus consommer de sucre.
J’avais une vague idée des méfaits du sucre sur notre santé, mais cela ne
suffisait pas pour que j’arrête d’en consommer. J’avais besoin d’en savoir
plus. J’ai assisté à des conférences, parcouru le Net et j’ai lu Pourquoi on
grossit de Gary Taubes. Depuis, j’ai éradiqué le sucre de mon alimentation.
Il me fallait des faits clairs et précis. Quand je les ai eus, changer mes
habitudes alimentaires a été une simple formalité.

Le Pointilleux passe à l’acte quand tout est clair pour lui,


mais cela ne veut pas dire que sa décision sera du goût de
tout le monde.
Comment les Pointilleux peuvent répondre
à une attente injustifiée en trouvant
leur propre justification
Les Pointilleux se retrouvent en position délicate quand ils
doivent répondre à  une attente qu’ils jugent arbitraire,
inutile ou injustifiée.
Ils peuvent alors se rappeler que l’on peut céder à  une
exigence, aussi arbitraire soit-elle, pour faire plaisir
à quelqu’un ou pour son propre intérêt. Une Pointilleuse se
souvient :
J’ai mis beaucoup de temps à  comprendre que faire plaisir à  ma grand-
mère était une raison suffisante pour lui obéir sans discuter. Plus jeune, je
la rendais folle en remettant systématiquement en question ce qu’elle me
demandait de faire. Pourquoi essuyer la vaisselle, alors qu’elle peut sécher
sur l’égouttoir  ? Pourquoi ne pouvais-je pas m’habiller tout le temps en
noir ? Maintenant, cela ne me dérange pas de faire comme elle veut. Et ce
n’est pas inutile, puisque cela lui fait plaisir.

Un étudiant en médecine m’a fait part de son inquiétude :


«  Comment puis-je me forcer à  faire quelque chose que je
trouve arbitraire ou idiot  ? Cela m’arrive presque tous les
jours et j’ai beaucoup de mal à le gérer.
– C’est courant chez les Pointilleux.
– Que dois-je faire ?
– Ne focalisez pas sur les raisons apparentes, mais sur les
raisons sous-jacentes. Vous le faites pour vous. «  Oui, ce
devoir ne rime à rien et il me fait perdre mon temps, mais
je veux gagner le respect de mes professeurs. Je vais donc
faire ce devoir. »
Comme l’illustrent ces exemples, même quand il n’y a pas
de raisons apparentes, les Pointilleux peuvent se
raccrocher aux raisons sous-jacentes pour justifier une
action. Il faut qu’ils se rappellent qu’ils doivent le faire s’ils
veulent ensuite pouvoir faire ce qu’ils veulent.
LES POINTILLEUX EN QUELQUES MOTS

FORCES PROBABLES
S’appuient sur des faits
Impartiaux (selon leur propre jugement)
Tendent à créer des systèmes efficaces et utiles
Font volontiers l’avocat du diable
Prêts à renverser le système si nécessaire
Autonomes
N’acceptent pas l’autorité sans justification

FAIBLESSES PROBABLES
Peuvent souffrir de paralysie analytique
S’irritent de ce qu’ils considèrent comme de la complaisance chez les autres
Peuvent s’enfermer dans leurs lubies
Incapables de tourner la page s’il reste des questions en suspens, même si tout
le monde passe outre
Peuvent refuser de répondre à des contraintes que les autres trouvent justes ou
du moins indispensables (comme le Code de la route)
Peuvent refuser de répondre aux questions des autres
6
Interagir avec un Pointilleux
« Une devise, pour quoi faire ? »
Le collègue • Le conjoint • L’enfant • Le patient • Choix de carrière

Le collègue Pointilleux
Les Pointilleux sont des atouts de poids au sein d’une
organisation, car ils poseront des questions essentielles
comme  : «  Pourquoi procéder de cette façon  ? Faut-il
seulement le faire  ? Ne devrions-nous pas demander
d’autres avis  ? N’y a-t-il pas un meilleur moyen de nous
organiser ? »
Les Pointilleux vont chercher la petite bête, déterminer
ce qui marche et ce qui ne marche pas, éliminer ce qui est
irrationnel. Pas question pour eux d’accepter la solution de
facilité qui consisterait à  dire  : «  C’est comme ça qu’on
a toujours fait. » Leur questionnement permanent assurera
une gestion optimale des ressources, même si ce n’est pas
toujours très bien vécu par leurs collègues ou supérieurs,
comme en témoigne un Pointilleux :
Être un Pointilleux m’a permis d’être très efficace au travail. Mais quand il
y  a des projets communs et que les gens cherchent le consensus, ils
considèrent mes questions comme un manque d’esprit d’équipe. Je reste
pourtant toujours très poli, et mes questions ont pour seul but de clarifier
notre stratégie, d’éviter de faire des erreurs, de perdre le moins de temps
et d’argent possible. Mon zèle est le plus souvent apprécié, mais certains
prennent mes interventions comme des critiques et le vivent mal. Ils me
répondent alors  : «  Parce qu’untel ou untel l’a dit  » ou «  Parce qu’on
a toujours fait comme ça », les deux pires excuses que l’on puisse opposer
à un Pointilleux.
Quand les Pointilleux refusent de suivre une pratique
usuelle, quand ils passent leur temps à  remettre en
question des sujets que tout le monde considère comme
clos ou quand ils n’arrivent pas à  se décider, ils peuvent
être difficiles à gérer. Pour désamorcer ces situations, leurs
collègues peuvent fixer des limites claires. Par exemple, un
responsable peut dire à  un Pointilleux chargé de recruter
un nouveau collaborateur de se fixer une date à  partir de
laquelle il devra choisir entre les cinq meilleures
candidatures en sa possession. Les limites poussent
à l’action.
Comme les Pointilleux ont confiance en leur aptitude
à  analyser et à  évaluer les choses, ils peuvent camper sur
leurs positions et refuser d’en démordre.
Un chef d’entreprise m’a dit : « Mon sous-directeur est un
homme brillant, mais je ne supporte pas de travailler avec
lui. Il remet en question tout ce que je dis et tout ce que je
fais. Il sape mon autorité et nie mes compétences.
– Il ne veut probablement pas saper votre autorité, c’est
juste dans sa nature de tout remettre en question.
– Quoi qu’il en soit, il n’y a  plus aucun dialogue possible
entre nous. Nous devons passer par un intermédiaire. »
Quand les gens comprennent qu’un Pointilleux ne
cherche pas la confrontation ou qu’il ne veut pas miner le
travail d’équipe, mais qu’il se comporte juste selon sa
nature, ils donneront plus volontiers les informations dont
il a  besoin. Un Dévoué m’a rapporté  : «  Je suis un
enseignant Montessori et je travaille étroitement avec deux
Pointilleux. Ils me rendaient fou à  me poser des questions
à  tout bout de champ. Maintenant, je leur suggère des
ouvrages à  lire et des sites Internet à  consulter pour
trouver des réponses à leurs questions. »
Quand les Pointilleux travaillent à leur compte – quand ils
montent leur propre entreprise ou décident du travail qu’ils
doivent faire – ils excellent à toutes les tâches qui méritent
qu’ils y  consacrent leur temps et leur énergie. Quand ils
ont une bonne raison de faire quelque chose, ils s’y
engagent. Encore une fois, cet état d’esprit peut être à leur
avantage comme à  leur désavantage. Les Pointilleux
pourraient ne pas vouloir perdre de temps à  discuter de
choses et d’autres avec des clients potentiels… À  moins
qu’ils ne se disent que cela peut les aider à  conclure une
affaire.
Peut-être feraient-ils bien d’anticiper la paralysie
analytique, car travailler seul implique beaucoup
d’organisation en amont. Quel est le meilleur système de
classification, ou le meilleur logiciel de comptabilité  ?
Quelle est la meilleure assurance ou stratégie
commerciale  ? Un Pointilleux qui travaille seul peut se
retrouver bloqué par l’indécision.

Le conjoint Pointilleux
Un lecteur m’a écrit  : «  Je suis un Pointilleux et je me
demande toujours comment faire pour améliorer les
choses. Ma femme me taquine et me dit qu’elle sait que
notre mariage durera, parce que j’ai dû étudier la question
avant de dire oui. Et elle a raison ! »
Je connais bien les Pointilleux, parce que mon mari,
Jamie, en est un. Être marié à  un Pointilleux s’avère utile
pour la Disciplinée que je suis, qui a  tendance à  répondre
aux attentes sans les remettre en question. Il m’arrive
même de voir des attentes là où il n’y en a  pas, ou de
vouloir respecter des règles inutiles, juste parce qu’il le
faut. Jamie, lui, remet toujours en question les attentes
avant d’y répondre et avec le temps, j’ai appris à  en faire
de même plus souvent.
Bien que je respecte et encourage parfois cet aspect de
sa personnalité, cela a  encore le don de m’exaspérer. Je
préférerais parfois un peu plus de coopération de sa part,
mais je sais aussi qu’il ne cherche pas à s’opposer à moi, il
veut tout simplement savoir pourquoi il doit faire ce que je
lui demande.
Il n’y a  pas longtemps, je lui ai demandé de passer
prendre de la dinde rôtie en rentrant du sport. Je sais qu’il
déteste faire la queue chez le traiteur (de façon générale,
les Pointilleux détestent faire la queue). Avant de savoir
qu’il était un Pointilleux, je lui aurais envoyé un message
disant : « Passe prendre de la dinde fumée sur le chemin du
retour.  » Et je peux être sûre qu’il aurait ignoré ma
demande. Non pas parce qu’il s’en fiche, mais parce qu’il
se serait dit  : «  Pourquoi me donner la peine de faire ça  ?
Le frigo est plein. Quelle perte de temps ! » Maintenant, je
lui écris : « Passe prendre de la dinde fumée sur le chemin
du retour. Il faut des sandwichs pour les deux sorties
scolaires d’Eleanor cette semaine. » Il est allé acheter de la
dinde.
Parfois, les salves de questions des Pointilleux peuvent
donner l’impression à  leur conjoint d’être agressé au lieu
d’être soutenu. Une Pointilleuse m’a écrit :
Il faut toujours que je comprenne le pourquoi du comment, et cela pèse sur
ma relation de couple. Mon mari a  l’impression de ne pas être respecté,
parce qu’il doit sans cesse se justifier. Un simple  : “Chérie, tu veux bien
acheter une ampoule de rechange ?” génère une dispute de deux jours. Il
n’est pas question pour moi d’aller acheter une ampoule si je ne sais pas
exactement pourquoi.

Une amie Pointilleuse est mariée à  un Discipliné. «  Mon


mari déteste voir les tiroirs et les portes de placards
ouverts dans la cuisine. Il m’a dit : “Établissons une règle :
bien refermer les tiroirs et les portes des placards de la
cuisine.” J’ai acquiescé  : “Pour un Discipliné, une fois
qu’une règle est fixée, elle sera suivie.” Mais elle
a  poursuivi  : “Je lui ai alors demandé ce qui lui donnait le
droit de fixer une règle.” Il m’a répondu  : “Accorde-moi
cette règle, et tu pourras toi aussi en fixer une.” À quoi j’ai
répondu : “Je ne veux pas fixer de règle que tu serais obligé
de suivre. À quoi ça servirait ? Et puis, pourquoi les portes
des placards devraient être tout le temps fermées  ? Si tu
y  tiens tant, tu n’as qu’à le faire toi-même. Si cela ne me
dérange pas qu’elles soient ouvertes, pourquoi devrais-je
m’en soucier ?” »
J’ai éclaté de rire  : «  Typique d’une Pointilleuse et d’un
Discipliné ! » J’adore voir les profils à l’œuvre !
Comme les Pointilleux accordent beaucoup de poids
à leur analyse, ils peuvent résister aux avis des « experts »,
ce qui peut être source de frustration pour leur conjoint.
Une lectrice m’a écrit : « Mon Pointilleux de mari croit tout
savoir sur tout, et il a souvent raison, ce qui n’arrange rien.
Si je veux consulter un conseiller fiscal, il va me dire que
c’est une dépense inutile, parce qu’il pense qu’avec un peu
d’efforts, il pourra me renseigner tout aussi bien.  » Cette
attitude peut finir par agacer, mais elle peut surtout être
dangereuse si un Pointilleux décide par exemple d’ignorer
des consignes de sécurité sous prétexte qu’elles ne servent
à rien.
Le besoin d’avoir un maximum d’informations avant de
prendre une décision peut acculer un couple à la paralysie
analytique, comme une lectrice en témoigne :
Mon mari étant un Pointilleux, chez nous, tout reste en suspens. J’ai trouvé
une école maternelle qui semble parfaite pour notre enfant, mais mon mari
n’en est pas si sûr. Nous avons décidé de faire poser des marches en béton,
mais il a  remis en cause les plans de l’entrepreneur. J’essaie de faire
avancer les choses, mais il freine des quatre fers et pose tellement de
questions que je finis par laisser tomber.
Elle devrait essayer les stratégies évoquées pour
débloquer les situations de paralysie analytique, comme  :
fixer des dates limites, suivre les conseils d’une autorité
respectée ou limiter les sources d’information.
Comme pour tous les autres profils, les forces des
Pointilleux peuvent aussi devenir des faiblesses. Leurs
conjoints ne le savent que trop bien.

L’enfant Pointilleux
Dire à  un enfant Pointilleux, «  Parce que je l’ai décidé  »,
«  On a  toujours fait comme ça  » et «  C’est comme ça, un
point c’est tout », ne fera que le braquer.
Un Pointilleux a  besoin de comprendre. Si les parents
d’un enfant Pointilleux veulent le faire travailler son piano,
ils devront anticiper ses questions  : «  Du piano, pour quoi
faire ? Pourquoi faut-il faire des gammes ? Pourquoi tant de
cours par semaine ? Pourquoi avec ce professeur et pas un
autre  ? La musique, d’accord, mais pourquoi en jouer, et
pas se contenter d’en écouter ? » Un enfant Pointilleux qui
comprend pourquoi on lui demande telle ou telle chose sera
plus enclin à  obtempérer. Si son besoin de comprendre
n’est pas satisfait, il résistera.
Le refus de faire comme tout le monde peut irriter ses
parents et ses professeurs. L’enfant va demander  :
«  Pourquoi je ne peux pas aller à  l’école déguisé  ? Tonton
Jimmy n’est pas poli avec moi, pourquoi je devrais l’être
avec lui ? À quoi ça sert d’aller à la fac ? » Un lecteur m’a
écrit  : «  Mon fils est un Pointilleux. Il vient d’avoir son
permis. Je l’ai surpris à  conduire pieds nus après une
baignade. «  Chausse-toi, c’est interdit de conduire pieds
nus  » lui ai-je dit (je suis un Discipliné). Il m’a répondu  :
« Pourquoi ? Il n’y a aucune raison ! » (Les Pointilleux ont
vraiment beaucoup de mal avec le Code de la route.)
La soif de comprendre de l’enfant Pointilleux peut
enthousiasmer ses professeurs, car ses questions
témoignent de sa motivation et poussent l’ensemble de la
classe à  réfléchir, mais elle peut aussi agacer quand elle
empêche tout le monde d’avancer, sape l’autorité de
l’enseignant ou pousse à  la dissipation générale. Un élève
Pointilleux peut aussi rechigner devant certaines
consignes.
L’enfance est parfois une étape délicate pour les
Pointilleux, parce que les enfants doivent obéir aux adultes
sans discuter. Un père m’a dit  : «  Mon fils est très
intelligent, mais il a  de mauvais résultats scolaires. Il
a d’excellentes notes aux examens, mais refuse de faire les
devoirs à  la maison, parce qu’il considère que ça ne sert
à rien. »
Cela peut avoir des conséquences à  long terme sur sa
scolarité. Face à  un enfant Pointilleux qui refuse de
répondre à  une attente, il est important de comprendre
pourquoi il se braque. Alors qu’un enfant Rebelle va
penser  : «  Vous ne m’obligerez pas à  le faire  », un enfant
Pointilleux attend peut-être tout simplement d’être
convaincu. Un Pointilleux se souvient :
Petit, j’avais une écriture illisible, et mes professeurs avaient l’air d’y
attacher beaucoup d’importance. J’étais un élève plutôt doué. Un jour, je
me suis rendu compte que je savais toutes les réponses des exercices et
j’ai décidé que je n’avais pas besoin de les mettre par écrit. Si les
professeurs voulaient vérifier que j’avais compris, ils n’avaient qu’à
m’interroger  ! Mais ils m’ont puni et traité de fainéant, de tête de mule.
À aucun moment, ils ne m’ont expliqué pourquoi j’avais tort (avais-je tort,
d’ailleurs ?). Ce n’est que lorsque les exercices se sont compliqués que j’ai
ressenti le besoin de faire mes raisonnements à l’écrit pour ne pas perdre
le fil de ma pensée.

Si un enseignant avait pris le temps de chercher


à  comprendre son refus des consignes et de lui donner de
bonnes raisons de les respecter, ce conflit se serait résolu
plus tôt.
Il est vrai que les enfants Pointilleux ont du mal avec
l’autorité. J’aime bien trouver des exemples des quatre
profils dans la vie, dans la littérature, au cinéma ou à  la
télévision. En relisant Jane Eyre de Charlotte Brontë, j’ai eu
le plaisir de constater dès la première page que Mme Reed
se plaint de la nature Pointilleuse de sa nièce  : «  Jane,
n’aime pas qu’on me questionne ! »
Quand un enfant Pointilleux remet en question des
attentes ou des contraintes, ses professeurs ou ses parents
ont tout intérêt à lui fournir de bonnes justifications. Si un
élève Pointilleux demande  : «  Pourquoi devrais-je
apprendre l’histoire de la Mésopotamie  ? Cela ne me
servira jamais à  rien  », il est préférable de ne pas lui
répondre  : «  C’est au programme, alors apprends tes
leçons  », mais «  Ce travail sur la Mésopotamie va te
permettre d’apprendre à  analyser des documents,
à  identifier les informations principales, à  prendre des
notes et à  expliquer les choses avec tes propres mots.  Ce
sont des compétences qui te serviront dans toutes tes
études. »
Comme les adultes, les enfants sont sensibles aux raisons
indirectes. Pourquoi ne faut-il pas conduire pieds nus  ?
Pour ne pas payer d’amende ou avoir un retrait de permis
si tu te fais arrêter par la police. Pourquoi suivre ces cours
qui n’ont aucun intérêt  ? Parce que nous n’avons pas les
moyens de te payer la fac et que ces cours te rendent
éligible à  une bourse. Pourquoi être gentil avec l’oncle
Jimmy  ? Parce que les tensions familiales font de la peine
à grand-père et que tu ne veux pas lui faire de la peine.

Le patient Pointilleux
Il est crucial (bien que pas toujours possible) pour les
professionnels de santé de répondre aux questions des
Pointilleux. S’ils sont convaincus, ils suivront volontiers les
recommandations médicales. Ils prendront leur traitement,
changeront leurs habitudes alimentaires et iront aux
rendez-vous de contrôle. S’ils ne sont pas convaincus, ils ne
feront rien de tout ça.
Bien souvent, les médecins pensent avoir suffisamment
justifié leurs attentes, mais ils laissent des questions en
suspens et de ce fait, les Pointilleux ne suivent pas leurs
recommandations. Un dentiste qui dirait  : «  Vous devez
vous brosser les dents au moins deux fois par jour pendant
deux minutes pour éviter la formation de tartre  » pense
certainement être assez clair. Mais qu’est-ce que le tartre ?
A-t-il des conséquences néfastes sur la santé dentaire  ?
Pourquoi devrait-on éviter qu’il ne se forme alors qu’il suffit
d’aller chez le dentiste pour un détartrage ? Un Pointilleux
bien informé sera un Pointilleux plus coopératif.
Il est bon de noter que les Pointilleux aiment adapter les
choses à  leurs besoins. Ils vont suivre des instructions,
mais ils vont le faire à leur façon, c’est-à-dire pas tout à fait
comme selon la prescription. C’est pourquoi il est
important de leur expliquer pourquoi il faut suivre
certaines prescriptions à la lettre : « Ce médicament doit se
prendre à  l’heure des repas sinon il provoque de fortes
nausées. »
Les Pointilleux ont besoin de comprendre. Pourquoi
réduire sa consommation de sucre  ? Pourquoi se lever et
marcher un peu pendant les longs trajets en avion  ? S’ils
font confiance à la personne qui leur donne des conseils, ils
le feront, sinon, ils s’abstiendront.  Les Pointilleux ne font
les choses que s’ils ont une bonne raison de les faire et si
elles leur sont adaptées. Un ami Pointilleux m’a confié :
Quand on a appris que j’avais un diabète de type 2, ma petite amie s’est dit
que j’allais avoir du mal à  changer de régime alimentaire, mais moi, je
savais que j’y arriverai. Elle a  trouvé que j’avais dépassé les bornes en
posant autant de questions au médecin, mais j’avais besoin d’informations
concrètes. Une fois que je suis décidé, je ne recule pas. Mais j’ai été
honnête avec le médecin, je lui ai dit : « Je vais manger comme il faut, mais
je boirai six bières par semaine. C’est comme ça que je tiendrai. »

Ce côté «  tête de mule  » des Pointilleux (cela peut


paraître un peu dur de ma part, mais comment voulez-vous
appeler des gens qui s’accrochent obstinément à  leurs
conclusions de savants du dimanche ?) se révèle souvent en
matière de santé. Cela vient d’une part de la possibilité de
faire des recherches approfondies, notamment sur des sites
Internet peu fiables, et cela répond d’autre part à  leur
volonté de tout accommoder à leur goût.
Certains Pointilleux ont leur propre théorie sur les causes
de leurs problèmes de santé ou sur la façon de les traiter.
Mais souvent, les professionnels de santé ne tiennent pas
compte de ce qu’ils ont à  dire et se contentent de répéter
leur diagnostic en se disant qu’ils finiront par se ranger
à  leur savoir. Mais cela ne marche pas sur les Pointilleux.
Ils feraient mieux d’expliquer en quoi la théorie de leur
patient n’est pas fondée avant d’exposer la leur.
Le mari Pointilleux d’une amie a  décidé de soigner seul
son cancer, au grand dam de sa femme et de ses médecins.
Ils croyaient lui faire entendre raison en lui répétant  :
«  Pensez-vous en savoir plus que toute une équipe
d’oncologues  ?  » Mais il s’était renseigné et avait tiré ses
propres conclusions, ce qui avait plus de poids à  ses yeux
qu’une expertise médicale. Pour le faire changer d’avis, ses
proches auraient mieux fait d’examiner attentivement ses
arguments pour comprendre comment il en est arrivé à ses
conclusions, et lui expliquer point par point le
raisonnement du corps médical plutôt que de lui répéter
simplement : « Écoute les médecins, voyons ! »
Que ce soit dans le domaine médical ou non, les
Pointilleux accorderont plus facilement leur adhésion si on
suit les penchants de leur nature : « Essaie toujours. Tu ne
t’engages à rien. Si ça marche, tant mieux, et ça ne marche
pas, tu essaieras autre chose. » Cette façon de procéder va
répondre à  leur besoin de collecter des informations et de
personnaliser les approches. Les Pointilleux peuvent
également suivre l’exemple d’une personne qu’ils
estiment : « Si cela marche pour elle, ça pourrait marcher
pour moi. »

Choix de carrière pour un Pointilleux


J’entends parfois dire  : «  Je suis journaliste, je dois donc
être un Pointilleux » ou « Les Pointilleux sont probablement
destinés à être des scientifiques ». Mais ce n’est pas aussi
simple. Tous les métiers ou presque conviennent à tous les
profils, parce que de nombreux autres facteurs que les
profils contribuent au succès d’une carrière. La typologie
des quatre profils ne fait que décrire comment les gens
répondent aux attentes. Elle ne dit rien sur leurs qualités,
leurs dons, leur personnalité, leur intelligence ou leurs
centres d’intérêt. J’ai une amie qui est un excellent
médecin. Elle aime faire des recherches, elle se pose des
tas de questions… et c’est une Dévouée. Elle répond
volontiers aux attentes extérieures, mais elle a  du mal
à répondre à celles qui la concernent seule.
Cela dit, les Pointilleux sont généralement attirés par les
métiers de l’information et de l’analyse. Ils s’épanouissent
dans des domaines qui mettent en avant la recherche. Ils
aiment chercher à  améliorer les systèmes, comme
l’explique un Pointilleux :
Je suis vérificateur interne dans une grande multinationale. Cela fait
vingt  ans que je me demande pourquoi mon entreprise fait les choses
comme elle le fait, et ce qu’on pourrait faire pour améliorer nos méthodes
de travail. J’ai gagné le respect de mes collègues en prenant toujours le
temps d’expliquer mes recommandations et en restant à  l’écoute de leurs
suggestions. Je n’aurais certainement pas eu le même succès si j’avais en
un autre profil.

De nombreuses professions profitent de l’attachement


des Pointilleux au raisonnement et à l’optimisation, comme
en témoigne l’un d’eux :
Je suis un POINTILLEUX/Discipliné. Je travaille à  l’aménagement de
l’espace urbain d’une petite municipalité. Je m’occupe plus
particulièrement des programmes fonciers. Je m’assure que les projets de
construction respectent les normes d’urbanisme de la ville (le bâtiment
doit faire tant de mètres de haut, être à  telle distance de la rue,  etc.)
Beaucoup de critères sont sujets à  interprétation. Ma nature Pointilleuse
me permet de travailler en bonne intelligence avec les promoteurs : je ne
leur impose que des choses pratiques et adaptées au site ; je leur explique
comment répartir leur budget. Mon collègue en revanche est un Discipliné.
Il s’en tient strictement aux règles, qu’elles soient applicables ou non. Son
manque de souplesse crée des tensions entre les développeurs, nos
responsables et le conseil municipal.

Les Pointilleux seront à  l’aise dans des environnements


qui encouragent et récompensent la curiosité, avec des
collègues qui acceptent d’être remis en question. Ils ne
s’entendront pas avec des gens qui coupent court au
dialogue en disant  : «  Parce que j’en ai décidé ainsi  » ou
« Parce qu’on a toujours fait comme ça ».
Autant que possible, les Pointilleux devront se tenir
à  distance de collègues ou supérieurs qui se sentent
agressés ou remis en cause par un questionnement
permanent. Un Pointilleux se souvient : « Je travaillais pour
un patron qui ne jurait que sur l’esprit d’équipe. Je
considère que j’ai un bon esprit d’équipe, et mon rôle était
de m’assurer qu’on faisait de notre mieux, de la meilleure
façon possible. Mais chaque fois que je posais une
question, il me regardait comme le mouton noir du
groupe. »
Comme les Pointilleux ont besoin de comprendre
pourquoi ils font quelque chose, ils vont chercher à  être
leur propre patron. Ils pourront ainsi se poser les questions
qu’ils voudront et prendre leurs propres décisions.
Comme les Pointilleux détestent ce qui est arbitraire,
irrationnel ou inutile, ils ont intérêt à en tenir compte dans
leur choix de carrière, quel que soit le domaine dans lequel
ils se lancent.  Les Pointilleux qui ont tendance à  trop
réfléchir feraient bien de chercher un métier avec des
échéances qui forcent à  l’action, ou à  demander à  leurs
collègues ou patron de les aider à  fixer des limites à  leur
délibération.

EN RÉSUMÉ : INTERAGIR AVEC UN POINTILLEUX


 
Ils remettent en question toutes les attentes et ne répondent qu’à celles qu’ils
jugent justifiées, ce qui fait qu’ils peuvent ne répondre qu’aux attentes
intérieures.
Ils accordent de l’importance à la recherche et à l’information.
Ils ne prennent de décision qu’en connaissance de cause et pour de bonnes
raisons, parfois il suffit que cela importe à quelqu’un.
Ils ne suivent les recommandations des « autorités » que s’ils croient en leur
expertise.
Ils se fient à leur propre jugement, même s’il va à l’encontre de la parole
d’experts qui (soi-disant) en savent plus qu’eux.
Ils posent sans cesse des questions, ce qui peut passer pour de la méfiance ou
de l’opposition.
Ils détestent l’arbitraire comme le fait de devoir prendre des bonnes
résolutions à la nouvelle année.
Ils n’aiment pas être remis en question ; leurs décisions sont mûrement
réfléchies, alors ils trouvent ennuyeux ou insultant d’avoir à se justifier.
Ils ont du mal à déléguer la prise de décision, parce qu’ils craignent que les
autres agissent de façon irréfléchie.
LE DÉVOUÉ
« Tu peux compter sur moi, et je compte
sur toi pour compter sur moi »

« Tu peux compter sur moi, et je compte sur toi pour


compter sur moi. »
« En aidant les autres, je m’aide moi-
même. »
« Si je dois, je fais ; si je veux, je ne fais pas. »

« Je ferai tout ce que tu veux…


jusqu’à ce que j’arrête de le
faire. »
« On a besoin d’un garant extérieur… même pour
rester en tête à tête avec soi-même. »

« Accepte d’en faire moins. »


« Je peux faire beaucoup, mais pas longtemps. »

« Aime-toi comme tu aimes ton prochain. »


« En quoi puis-je t’aider ? »
« Je ne veux pas, mais je le ferai quand même. »

« Tous pour un, et un pour tous. »


7
Comprendre le Dévoué
« Je ferai tout ce que tu veux…
jusqu’à ce que j’arrête de le faire. »
Forces • Faiblesses • Les variations au sein du profil • Comment les Dévoués
peuvent répondre aux attentes intérieures en se fixant des contraintes
extérieures même quand il n’y en a pas • Comment les Dévoués peuvent gérer
les avantages et les inconvénients de leur profil • Comprendre et anticiper la
rébellion d’un Dévoué

Tous les jours, on doit faire face à  des montagnes


d’attentes – celles que les autres nous imposent (ou
essaient de nous imposer) et celles que nous nous imposons
(ou essayons de nous imposer) à nous-mêmes.
Les Dévoués répondent volontiers aux attentes imposées
par les autres, mais ils ont du mal à respecter celles qu’ils
veulent se donner. En identifiant le profil Dévoué, j’ai pu
répondre au problème de mon amie qui voulait se remettre
à  la course à  pied et qui disait  : «  Avant, je ne manquais
aucun entraînement. Je ne comprends pas pourquoi je
n’arrive pas à  m’y remettre.  » Quand elle avait un
entraîneur et une équipe qui comptaient sur elle, quand
elle devait répondre à des attentes extérieures, elle n’avait
aucun mal à  être assidue aux entraînements  ; maintenant
qu’elle doit se motiver toute seule, cela ne suffit plus.
Les Dévoués ont besoin de rendre des comptes. Au saut
du lit, la première chose qu’ils se disent, c’est : « Que dois-
je faire, aujourd’hui ? Pour qui ? » Quand l’attente vient de
l’extérieur – d’un patron, client, membre de la famille,
médecin, entraîneur, groupe de soutien, collègue, etc. – les
Dévoués répondent infailliblement. En général, ils
respectent les délais, tiennent leurs promesses et vont au
bout de ce qu’ils font pour les autres.
En revanche, ils ont des difficultés à faire des choses pour
eux. Pour les Dévoués, ce sont les attentes intérieures qui
posent problème. Quelle que soit leur volonté d’atteindre
l’objectif qu’ils se sont fixé – faire du sport, prendre des
cours du soir, créer leur propre entreprise – ils vont
presque inévitablement échouer. C’est dur à  dire, mais
c’est ainsi.
Heureusement, il est facile d’y remédier… une fois que le
Dévoué sait comment s’y prendre. Alors, que doit faire un
Dévoué pour répondre à une attente intérieure ? Créer des
contraintes extérieures. Une fois qu’il a compris que ce qui
lui manquait, c’était un garant extérieur, la solution est
assez simple et facile à mettre en place.
Pour cette raison, les Dévoués sont ceux qui ont le plus
à  gagner à  connaître leur profil. Plus que les Disciplinés,
les Pointilleux et les Rebelles, le cadre des quatre profils va
aider les Dévoués à  trouver des stratégies pour
s’accommoder des inconvénients de leur nature. Cela
permettra également à  leur entourage de comprendre
comment les influencer efficacement.
Ce qui n’est pas rien, car de tous les profils, celui des
Dévoués est le plus répandu, chez les hommes comme chez
les femmes.

Forces (et faiblesses)


Le monde repose sur les Dévoués. Dans quelque milieu que
ce soit, leur profil est le plus représenté, et c’est sur eux
que l’on compte le plus. Toujours prêts, ils sont disponibles
24  heures sur 24, ils respectent les délais, ils assument
leurs responsabilités, ils font du bénévolat, ils rendent
service. Que ce soit au travail ou à  la maison, on peut en
général compter sur la coopération des Dévoués.
Je préparais mon intervention à  une conférence sur les
quatre profils quand l’organisateur de l’événement a insisté
pour que j’inclue des diapositives dans ma présentation, ce
que je ne fais en général jamais. « Je ne sais pas comment
faire ça, ai-je avoué.
– Envoyez-moi votre texte, je le ferai pour vous.
– Mmmm, ai-je fait dubitative.
– Je suis un Dévoué, a-t-il précisé.
– Oh, dans ce cas, je vous remercie. Pourriez-vous me
renvoyer le tout vendredi ?
– Bien sûr. »
Nous avons tous les deux ri.
Les Dévoués excellent à  répondre aux demandes des
autres et à  tenir les délais qu’on leur impose. Par leur
dévouement, ils font de très bons leaders, équipiers, amis
et proches. Les Dévoués sont les piliers de toutes les
communautés. S’ils devaient se définir, ils pourraient dire :
« Je fais passer mes patients, mes clients, mes collègues et
ma famille avant moi. »
Si les Dévoués devaient être un groupe sanguin, ils
seraient O, donneurs universels. Les Dévoués s’entendent
bien avec les trois autres profils.
Quand les Dévoués peuvent s’appuyer sur des contraintes
extérieures pour accomplir leur attente intérieure, ils ne
ressentent aucune frustration. Souvent leur
environnement, notamment le lieu de travail, leur fournit
ces contraintes. Quand ce que les autres attendent d’eux
correspond à ce qu’ils attendent d’eux-mêmes, tout va bien.
Ma mère en est le parfait exemple. C’est une Dévouée qui
trouve toujours, de son fait ou par chance, les contraintes
extérieures nécessaires pour accomplir ses objectifs
personnels. Depuis des années, elle fait de l’exercice
quotidiennement en allant marcher avec une de ses amies
et voisine. Elle adore lire et fait partie d’un groupe de
lecture. Les Dévoués comme ma mère ne sont pas déçus
par leur difficulté à répondre à leurs attentes intérieures –
certains ne doivent même pas s’en rendre compte – parce
qu’ils se sont créé un cadre de vie qui leur permet de faire
les choses sans trop y penser.

Faiblesses (et forces)


Malgré toute leur bonne volonté, s’ils n’ont pas de
contraintes extérieures, les Dévoués vont échouer
à répondre à leurs attentes personnelles. Dans l’échantillon
représentatif de la population américaine que j’ai étudié,
plus des deux tiers des Dévoués ont répondu que ce qui les
énervait le plus chez eux était qu’ils n’avaient aucun mal
à prendre du temps pour les autres, mais pas pour eux.
C’est pour cela qu’ils peinent à  travailler sur leur thèse
de doctorat, à  écrire un script spéculatif, à  assister à  des
événements de réseautage d’affaires, à  faire la révision de
la voiture ou même à s’offrir un massage. Et cela peut être
très handicapant. Un Dévoué qui aimerait par exemple
lancer sa start-up, changer de carrière ou arrêter de
grignoter pourrait se désespérer de son inaptitude à  aller
au bout de ses objectifs. Un Dévoué résume cela très bien :
« Les promesses que l’on se fait peuvent être brisées, celles
que l’on fait aux autres ne devraient jamais l’être. »
Les Dévoués dépendent de garants extérieurs pour
répondre aux attentes, qu’elles soient intérieures ou
extérieures. Sans garant, ils peinent à se motiver.
Quand le poids des attentes extérieures devient trop
lourd, ils entrent en rébellion  : ils se donnent encore et
encore jusqu’au point de saturation. Dès lors, ils refusent
tout en bloc. Leurs rébellions peuvent être discrètes et
symboliques ou spectaculaires et destructrices.
Si les Dévoués ont besoin de garants extérieurs pour
répondre aux attentes, ils ont aussi besoin de se préserver
pour éviter de saturer et de craquer.

Variations au sein du profil

Les Dévoués répondent tous aux attentes extérieures,


mais chacun le fait à sa façon.
Comme les autres profils, le profil Dévoué en recoupe
deux autres : celui des Disciplinés (ils répondent aussi aux
attentes extérieures) et celui des Rebelles (ils résistent
aussi aux attentes intérieures).
On pourrait penser que les DÉVOUÉS/Disciplinés, enclins
à répondre à toutes les attentes, auront le plus de pression
sur les épaules et seront les plus exposés au surmenage et
à la frustration, mais ce n’est pas forcément le cas. Ils sont
en général conscients de leurs capacités et de leurs limites.
Ils savent aussi ce qu’ils veulent et sont capables de dire
non comme les Disciplinés.
Ma sœur Elizabeth est une DÉVOUÉE/Disciplinée. C’est
une Dévouée qui répond volontiers aux attentes extérieures
et qui a du mal à répondre à ses propres attentes. Elle est
néanmoins capable de dire  : «  Non, désolée, je ne peux
pas.  » Elle déteste refuser son aide, mais quand elle sait
qu’elle ne pourra pas tenir sa promesse, elle n’a pas trop
de mal à  dire non. Elle sait que si elle dit oui à  cette
personne, elle devra dire non à quelqu’un d’autre. Et c’est
ce qui lui permet de refuser. Ni elle ni moi n’avons
beaucoup de souvenirs de crise de rébellion de sa part. Je
me rappelle cependant la fois où elle s’était arrêtée au
supermarché pour acheter un paquet de chips qu’elle
a  mangé sur le parking. «  Je n’avais jamais fait ça avant,
m’a-t-elle confié. J’avais l’impression de faire quelque chose
d’illégal. »
Les DÉVOUÉS/Rebelles répondent aux attentes
extérieures, mais avec moins de complaisance. Ils ont
l’impression que les autres leur forcent la main et ils se
braquent face aux contraintes, mais ils ont du mal à  faire
les choses d’eux-mêmes. Leur nature Dévouée fait qu’ils
auront des difficultés à  dire non, mais ils risquent de
développer une certaine amertume, qui conduira à  la
saturation et à la rébellion. Ils répondent aux attentes, mais
jusqu’à un certain point (ce qui peut arriver très vite).
Passé ce cap, ils se bloquent. Comme les Rebelles, ils
n’aiment pas forcément ce qui est routinier, programmé et
trop structuré.
Un lecteur a écrit :
Je me sens obligé de répondre aux attentes des autres, et au fond, je leur
en veux. Je trouve ça particulièrement fatigant au travail. Je me rebelle
intérieurement chaque fois que je reçois un mail qui me demande de faire
quelque chose ou de planifier un projet, mais je me sens quand même
obligé de le faire. Je sais qu’avoir des comptes à  rendre m’aiderait
à adopter les habitudes que je voudrais avoir, mais la perspective de créer
un système de contraintes extérieures me hérisse la peau. Je déteste qu’on
me dise quoi faire.

Certains Dévoués se décrivent comme des gens qui


aiment faire plaisir aux autres, mais ils ne se sentent pas
tous «  obligés  » de la même façon. Certains se sentent
obligés d’en faire beaucoup, d’autres très peu. Faut-il
envoyer des cartes de remerciements manuscrites ? Veiller
tard les soirs de bouclage au travail ? Accepter de faire une
tâche dont personne ne veut ? Certains Dévoués se sentent
obligés de le faire, d’autres pas.
Certains se laissent facilement happer par les attentes,
comme ce lecteur qui m’a écrit : « Vous savez que vous êtes
un Dévoué quand la première chose qui vous vient en tête,
c’est : “Fais le test des quatre profils, il faut aider Gretchen
à rassembler des données.” »
Les attentes ont sur eux un tel pouvoir qu’ils se sentent
parfois obligés de faire des choses que personne ne leur
demande. «  Tout le monde s’attend à  ce que j’intègre des
diapos dans ma présentation. » (Ah bon ?) « On ne peut pas
laisser la vaisselle dans l’évier toute une nuit.  » (Qui le
dit  ?) «  Tout le monde compte sur moi pour organiser la
conférence.  » (Vraiment  ? Quand bien même ce serait le
cas, qu’est-ce que cela peut faire ?)
Ces attentes extérieures que personne ne leur impose, ils
se les imposent eux-mêmes. Mais encore une fois, la
motivation, la pression vient de l’extérieur. Une Dévouée
l’explique :
Si je pense que les autres attendent quelque chose de moi, j’aurais
tendance à le faire. Par exemple, je me suis chargée plusieurs fois de sortir
les ordures, parce que mon mari était en retard au travail, et c’est devenu
une de mes tâches… non pas parce que mon mari s’attend à  ce que je le
fasse, mais parce que je crois qu’il s’y attend… même si je sais que ce n’est
pas le cas ! C’est pareil pour le yoga… Je me suis forcée à y aller plusieurs
fois, et depuis, je suis assidue, parce que sinon, je me dis que la prof sera
déçue.

Elle ne fait pas les choses, parce qu’elle en a envie, mais


parce qu’elle se sent obligée par les autres, même quand ils
n’attendent rien d’elle.
Tous les Dévoués ne sont pas aussi sensibles à la pression
extérieure. S’ils ne risquent pas de sanction, ils ne s’en
inquiètent pas nécessairement.
Leur promptitude à  répondre aux attentes tient
également à  leurs degrés d’énergie. Les Dévoués très
énergiques répondront plus facilement aux attentes, tandis
que les Dévoués peu énergiques atteindront plus
rapidement le point de saturation.

Comment les Dévoués peuvent répondre aux


attentes intérieures en se fixant des contraintes
extérieures
Que peuvent faire les Dévoués pour atteindre un objectif
qu’ils se sont fixé  ? C’est simple et relativement facile, du
moins en théorie. Pour répondre à des attentes intérieures,
les Dévoués doivent créer un cadre de contraintes
extérieures. Ils ont besoin de garants, d’échéances
précises, de sanctions en cas de retard ou
d’accompagnement. Ils doivent avoir des comptes à rendre
pour tenir les promesses qu’ils se font à  eux-mêmes. Les
Dévoués ne peuvent compter sur leur seule volonté ou sur
un raisonnement infaillible. Il leur faut une motivation
extérieure.
Ce n’est qu’avec le sentiment d’avoir des contraintes
extérieures qu’ils peuvent agir, comme l’explique très bien
une lectrice :
J’ai du mal à  faire les tâches quotidiennes quand je suis seule, mais il
m’arrive souvent de garder les cinq enfants de ma sœur ou les six enfants
de mon frère le temps d’un week-end pour qu’ils puissent partir en
amoureux. Je passe alors en mode automatique et gère sans problème le
coucher, les repas, la messe du dimanche,  etc. Je me suis demandé
pourquoi j’arrivais plus facilement à me couler dans la routine du quotidien
quand j’avais des enfants à charge.
C’était déjà la même chose quand, à l’âge de 21 ans, j’ai servi dix-huit mois
comme missionnaire pour mon église. On nous attribuait un binôme pour
toute la durée de la mission et nous devions rester ensemble 24 heures sur
24, à  portée de vue l’un de l’autre. Notre emploi du temps était strict et
détaillé. Nous devions nous lever tôt, faire nos dévotions, un peu
d’exercice et nous préparer à travailler de 9 heures 30 à 19 heures 30. Je
me suis épanouie dans ce cadre.
On ne choisissait pas d’être en binôme et cela impliquait de faire la même
chose en même temps, tous les jours. Nous pouvions et devions compter
l’un sur l’autre pour respecter les consignes.
Cela m’a permis d’adopter de bonnes habitudes de sommeil,
d’alimentation, de dévotion, d’exercice et de travail… Il m’arrive de
regretter de ne pas avoir un binôme à temps complet avec qui travailler et
avec qui partager des objectifs.
La semaine dernière, j’avais des amis à la maison. Je me suis levée tôt tous
les jours pour préparer les repas et faire les tâches ménagères. Mes invités
sont partis ce matin et j’étais contente de voir ma cuisine impeccable
malgré ces jours bien chargés. Après le déjeuner, j’ai tout laissé en plan, et
je me suis surprise à  me dire  : «  Ce n’est pas grave, il n’y a  personne.  »
Pour me forcer à  nettoyer la cuisine, j’ai fait comme si mes neveux et
nièces allaient venir me rendre visite cet après-midi.

Le secret du succès ? Trouver la bonne contrainte. Et elle


n’est pas la même pour tous les Dévoués.
Pour certains, il suffit de peu  : un mail autogénéré, une
application qui rappelle ce qu’il reste à faire ou la sonnerie
d’un bracelet d’activité.
D’autres en revanche auront besoin d’un garant en chair
et en os, comme en témoigne un Dévoué : « J’ai dit à tout le
monde que j’avais arrêté le sucre, et je n’ai aucun mal à ne
pas en prendre quand je suis entouré. La seule fois où j’ai
craqué, c’était un après-midi où je me suis retrouvé tout
seul à la maison. » Pour un Discipliné, un Pointilleux ou un
Rebelle, être seul à  la maison n’aurait rien changé, mais
pour un Dévoué, cela a été déterminant.
 
Un Dévoué a  analysé ce qui marchait et ce qui ne
marchait pas pour lui :
Sachant que j’ai besoin de contraintes extérieures, j’ai renoncé à  faire de
la musculation à  la maison et je me suis inscrit à  des cours collectifs.
Comme ils sont très demandés, le coach nous a demandé de nous inscrire
en ligne pour chaque session. Toute annulation doit être signalée deux
heures avant le début du cours sous peine d’une pénalité de 5 dollars. Ce
n’est pas tant la pénalité de 5 dollars qui me pousse à ne pas manquer le
cours que l’idée de prendre la place de quelqu’un qui aurait pu s’inscrire
à ma place.

Je suis frappée de voir le nombre de Dévoués que la


perspective de perdre de l’argent ne motive pas. Une amie
m’a avoué  : «  J’ai toujours voulu essayer le yoga, et
pendant des années je me disais qu’il fallait que je
m’inscrive à un cours. J’ai fini par le faire… et j’y suis allée
une fois. Ce qui m’a fait un cours de yoga à 300 dollars. »
L’argent dépensé ne l’oblige pas, mais peut-être parce que
c’est le sien. S’ils gaspillaient l’argent des autres, ces
Dévoués auraient peut-être l’obligation de rendre des
comptes.
Pour s’obliger à faire quelque chose, les Dévoués peuvent
se fixer eux-mêmes des contraintes extérieures : des listes,
des calendriers, des agendas sur leur téléphone. Vus de
l’extérieur, ces Dévoués pourraient passer pour des
Disciplinés, parce qu’ils semblent respecter leurs attentes
intérieures. Mais en fait, ils le font uniquement parce qu’ils
ont l’impression de respecter des contraintes extérieures.
Certains Dévoués arrivent même à  se créer des
contraintes extérieures en pensant à  eux-mêmes à  la
troisième personne. « Je ne me sens pas vraiment obligé de
faire des choses pour moi sur le moment, mais je
culpabilise à  l’idée de manquer aux besoins de mon futur-
moi. Je déteste aller au sport, mais mon futur-moi va
regretter de ne pas avoir été assidu… même si mon moi de
maintenant n’aime pas ça. »
Cela dit, la plupart des Dévoués peinent à  respecter des
contraintes imaginaires. Ils ont besoin d’en avoir de vraies.
Ils ont besoin de pouvoir s’y fier vraiment, comme
l’explique une Dévouée :
J’ai du mal à répondre aux fausses contraintes. Si une personne se propose
comme référant pour m’aider à  atteindre un objectif, je sais que je n’ai
aucune réelle obligation envers elle. Quand j’étais en doctorat, je voyais
régulièrement ma directrice de thèse, mais je n’avançais pas pour autant
dans la rédaction de mon mémoire. Je prenais du retard et cela la désolait,
mais je savais que cela n’aurait aucune conséquence sur sa carrière. Il n’y
avait que moi qui en pâtissais vraiment.  La seule chose qui m’a fait
travailler, c’est de trouver un autre doctorant ayant le même problème de
procrastination que moi. Nous comptions l’un sur l’autre. Je savais que si
je n’assurais pas ou si je manquais une séance, mon binôme perdrait toute
motivation et arrêterait de travailler.

Certains Dévoués particulièrement introvertis préfèrent


les contraintes impersonnelles, comme les notifications
d’une application ou les mails d’un coach rémunéré.
Pour certains, les incitations sont plus efficaces que des
rappels à  l’ordre ou les contraintes trop strictes, qui
auraient tendance à  les pousser au point de rupture, et
donc, à  la rébellion. Ces Dévoués sont plus sensibles aux
encouragements et aux éloges. L’un d’eux a écrit : « Quand
je demande à  quelqu’un de superviser mes efforts, j’ai
l’impression d’être à  sa merci, mais quand je demande
qu’on m’encourage, je me sens soutenu et fort.  Les
encouragements sont moins invasifs. »
Se pose alors la grande question  : comment les Dévoués
peuvent-ils se responsabiliser ?
En ayant un garant
Les Dévoués peuvent faire équipe avec un binôme qui leur
servira de garant  : un camarade de classe, un coach, un
entraîneur, un assistant médical, un parent ou un ami. Une
étude a  montré que les personnes participant à  un
programme de perte de poids avec un binôme ou un
référent avaient plus de résultats que les personnes
l’entreprenant seules.
Certains Dévoués disent utiliser leurs enfants pour se
responsabiliser. Selon une étude, grâce à  un groupe
d’enfants entraînés comme référents, leur mère perdait
plus de poids et faisait plus d’activités physiques que les
mères du groupe de contrôle.
Malheureusement, les binômes informels ne sont pas
toujours fiables. Il suffit qu’ils ne soient plus eux-mêmes
motivés, qu’ils soient distraits ou qu’ils ne veuillent plus
jouer au garant, et le Dévoué se relâche aussitôt. Un auteur
s’en désole  : «  Je suis très déçu quand mon binôme
d’écriture m’avoue ne pas avoir travaillé à  son roman,
parce que du coup, j’ai l’impression que je n’ai pas besoin
d’écrire non plus. »
Il arrive aussi que les Dévoués cherchent à recruter leurs
proches comme garants, et qu’ils se heurtent à  un refus
catégorique. Les Disciplinés, par exemple, rechignent
à  réclamer des comptes à  qui que ce soit, comme cette
lectrice :
«  Mon mari me désespère. Il dit toujours qu’il veut retourner à  l’école,
trouver un nouvel emploi, etc., mais il ne fait rien. Qu’il ne compte pas sur
moi pour le motiver  ! Si c’est vraiment ce qu’il veut, il n’a qu’à le faire.
Qu’attend-il ? C’est sûr qu’il passerait plus probablement à l’action si je l’y
poussais… »

Son mari accepterait sans doute volontiers son aide


comme garant, mais c’est ce rôle qu’elle refuse de tenir.
Comme ce n’est pas toujours facile de trouver un garant
fiable parmi ses amis et sa famille, les Dévoués ont peut-
être intérêt à  se tourner vers des professionnels, coachs
personnels et autres conseillers pour se fixer des objectifs
concrets, poser des échéances et superviser leurs progrès.
Étant payés pour le faire, ils ne pourront pas se défausser.
Cela a  un coût, bien sûr, mais pour un Dévoué, c’est peut-
être le prix à payer pour se réaliser pleinement.
En faisant partie d’un groupe
Ceux qui ne veulent pas engager un professionnel ou s’en
remettre à  un seul garant peuvent très bien créer ou
joindre un groupe de soutien. Cela peut être des amis, de la
famille, des collègues ou de parfaits étrangers ayant la
volonté de se responsabiliser les uns les autres, comme en
témoigne le succès des Alcooliques Anonymes, Weight
Watchers et autres groupes d’études universitaires  : les
membres se motivent entre eux, se soutiennent,
s’encouragent et s’échangent des idées.
Pour la plupart des Dévoués, rien ne vaut le face-à-face,
mais quand cela n’est pas possible, la technologie peut
prendre le relais. Il existe une myriade de plateformes,
d’applications et de groupes de responsabilisation en ligne,
y compris mon application Better (en anglais), qui facilite la
création de ce genre de groupes. La responsabilisation
virtuelle est moins coercitive, mais plus commode.
Dans ces groupes, les Dévoués doivent cependant faire
attention à ne pas se laisser emporter par les attentes des
autres. Un lecteur m’a confié  : «  Avant de me rendre
compte que j’étais un Dévoué, je passais un temps fou
à gérer ces groupes. J’ai fini par saturer et tout rejeter en
bloc. Chaque profil a  ses raisons de joindre un groupe de
soutien, les Dévoués doivent faire attention aux gens avec
qui ils vont former ces groupes. »
Par un client ou un employé
Par définition, les clients imposent de respecter des
engagements, comme l’explique un Dévoué : « Je remettais
sans cesse à plus tard la création d’une formation en ligne
pour accompagner mon podcast sur l’édition à  compte
d’auteur. Dans mon dernier épisode, j’ai offert un
abonnement gratuit aux 25  premiers auditeurs qui en
feraient la demande. Comme j’ai reçu des demandes, je suis
maintenant obligé de créer cette formation. »
Il en est de même pour cet autre Dévoué qui raconte  :
«  Je n’invitais pas les gens chez moi, parce que c’était le
bazar. Alors j’ai inversé la situation : j’ai invité des gens, et
ça m’a forcé à  faire le ménage. Je m’étais rendu compte
que je fonctionnais comme ça avant même de lire votre
livre, mais je croyais que c’était la honte qui me motivait.
Grâce à  vous, je sais que c’est une question de
responsabilisation. »
Une amie m’a dit que sa mère, une Dévouée, s’était
forcée à  faire de l’exercice en devenant elle-même prof de
fitness. J’ai effectivement rencontré de nombreux Dévoués
qui ont utilisé leur travail ou le bénévolat comme stratégie
de responsabilisation.
Inversement, pour s’engager, ils peuvent engager
quelqu’un. «  Engager une aide est une façon pour moi de
ranger le cellier, m’occuper du jardin,  etc. Cela m’oblige
à fixer une date et donc à dégager du temps pour le faire.
J’aurais moins tendance à annuler si c’est quelqu’un que je
paie plutôt que si c’était un membre de ma famille. »
Au profit des autres
Souvent, les Dévoués arrivent à  faire des choses pour les
autres qu’ils ne feraient pas pour eux-mêmes. Ils peuvent
donc se motiver en se disant que cela profitera à  d’autres
au lieu de se concentrer sur la valeur intrinsèque de ce
qu’ils veulent faire. De nombreux Dévoués m’ont confié
avoir fini par divorcer pour le bien de leurs enfants.
Un lecteur m’a dit : « Je gère une entreprise, et pour me
responsabiliser, je lie mes engagements personnels à  mes
obligations professionnelles  : je dois dormir suffisamment
pour être efficace au travail, faire du sport régulièrement
pour être plus énergique et perdre moins de temps chez le
chiropraticien. »
Une lectrice m’a écrit : « Même si cela va à l’encontre de
ma fibre féministe, je prépare tous les jours un déjeuner
à emporter à mon compagnon (et à moi-même au passage),
parce que je n’aurais jamais réussi à en faire une habitude
s’il ne comptait pas sur moi. »
Le besoin ou l’envie d’être un modèle exemplaire pour les
autres peut également pousser les Dévoués à  répondre
à  une attente. L’un d’eux a  trouvé une solution originale  :
« J’ai instauré une règle à la maison : quand je suis sur mon
téléphone, les enfants ont le droit d’être sur les leurs. »
Les Dévoués ne manquent pas d’ingéniosité pour trouver
des façons de faire du bien aux autres… pour leur propre
bien. «  Ma femme adore faire du sport. Pas moi. On s’est
mis d’accord  : elle ne peut faire du sport que si j’ai, moi-
même, fait une séance la veille. Je me sens coupable de la
priver de son plaisir. » « Ma belle-sœur et moi avons dressé
une liste de bonnes habitudes que nous avons décidé
d’adopter. Si nous les tenons, nous nous offrons une
journée de spa. Nous sommes toutes les deux des
Dévouées, et l’idée est de se responsabiliser l’une envers
l’autre. Si je craque, elle perd une journée de spa, et
inversement. Nous savons pertinemment qu’aucune de
nous ne fera défaut à l’autre. »
C’est parfois en se projetant dans l’avenir que les
Dévoués se responsabilisent. Pendant longtemps j’étais
perplexe d’entendre : « Je tiens un journal que mes enfants
liront après ma mort » ou « J’entretiens ce jardin pour mes
enfants plus tard ». Je me disais que ces enfants n’auraient
peut-être pas envie de lire la vie de leur père par le menu
détail ou qu’ils ne vivraient certainement pas dans cette
maison, malgré son beau jardin. Maintenant, je comprends
en quoi cela peut être une bonne stratégie pour les
Dévoués.
La plupart des Dévoués ont du mal à dire non, même s’ils
sont par ailleurs débordés. Pour ne pas céder
systématiquement, ils peuvent se rappeler que dire non
à quelqu’un leur permettra de dire oui à quelqu’un d’autre.
«  À mon travail, les gens restent toujours très tard le soir,
mais j’ai eu une discussion avec ma famille, et nous
aimerions bien dîner ensemble plus souvent. Maintenant,
j’arrive à  dire non à  mon équipe pour ne pas décevoir ma
femme et mes enfants. »
Un grand professeur, qui acceptait de donner trop de
conférences à son goût, a réussi à décliner les demandes en
se disant  : «  En refusant de faire le discours inaugural de
cet événement, je laisse la possibilité à  quelqu’un d’autre
de prendre la parole. »
Quand la Disciplinée que je suis entend  : «  Je me suis
rendu compte que je devais faire ça pour être un meilleur
parent/employé/ami  », j’ai envie d’objecter  : «  Non, fais-le
pour toi-même  !  » Mais pour les Dévoués, c’est parfois le
seul moyen de faire, en fin de compte, des choses pour eux-
mêmes.
D’autres stratégies de responsabilisation
J’admire la créativité dont font preuve les Dévoués pour
trouver des stratégies de responsabilisation. À la fin d’une
lecture, un jeune homme m’a dit : « Je fais du sport avec un
ami, et à  la fin de chaque séance, chacun repart avec les
baskets de l’autre. Comme ça, si je ne vais pas à la salle de
sport, mon ami ne peut pas s’entraîner.  » L’astuce que je
préfère vient d’un lecteur  : «  Je veux me lever tôt, mais je
vis seul. Alors, j’ai créé un post Facebook très
embarrassant qui s’affichera automatiquement si je ne le
désactive pas avant 8 heures du matin. »
Quel que soit l’objectif que veut se fixer un Dévoué, quel
que soit son tempérament, il existe un moyen de l’y
engager. Un professeur  de musique m’a écrit  : «  J’ai plein
d’astuces pour aider mes élèves Dévoués à  travailler
assidûment : faire partie d’un groupe ou d’un orchestre (et
cela marche particulièrement bien si l’élève a  une place
spéciale, comme la clarinette basse dans un quartet),
devenir tuteur d’un musicien en herbe, organiser des
sessions de travail avec un binôme en faisant en sorte de
pénaliser son partenaire en cas d’absence, ou faire un
pacte avec un proche le privant d’une activité auquel il
tient si le Dévoué ne travaille pas. »
Je ne le répéterais jamais assez  : pour répondre à  une
attente intérieure, le Dévoué doit trouver une source de
motivation extérieure.
Prenez par exemple William Shawn, le rédacteur en chef
mythique du New  Yorker, qui apparaît clairement comme
un Dévoué dans la biographie de Lillian Ross, Here But Not
Here.
Shawn était un rédacteur en chef important et estimé qui
vivait d’un côté avec sa femme et ses trois enfants, et d’un
autre côté avec sa maîtresse Lillian. Cela a duré 40 ans et
sa femme était au courant.
D’un point de vue extérieur, il avait la vie qu’il
voulait.  Lillian a  cependant révélé que Shawn se sentait
prisonnier de son rôle de rédacteur en chef et qu’il aurait
aimé écrire lui-même, mais il se sentait obligé d’assumer
ses responsabilités, parce que : « Personne n’aurait pu faire
tourner ce magazine… Je ne pouvais quand même pas
laisser tomber tout le monde.  » Il avait  confié à  sa
maîtresse : « J’ai vécu la vie d’un autre. » Bien qu’ils aient
été passionnément amoureux, il a  partagé son temps en
deux. Lillian Ross a  expliqué  : « J’étais d’accord pour qu’il
reste avec Cecile… Elle voulait qu’il reste quoi qu’il en
soit. »
Comment William Shawn aurait-il pu avoir la vie qu’il
voulait vraiment ? Il aurait pu signer un contrat d’écriture
avec une maison d’édition qui lui aurait fixé une date de
remise du manuscrit. Il aurait pu donner une chance à ses
collaborateurs de faire leurs preuves en leur délégant une
partie de ses responsabilités. Il aurait pu demander à  sa
maîtresse de l’aider à  divorcer, et ils l’auraient fait
ensemble.
Quand il n’y a plus de garant
Quand on parle de responsabilisation, j’ai souvent entendu
dire que les institutions autoritaires comme l’armée
annihaient tout libre arbitre. Dans son autobiographie,
World Within World, le poète Stephen Spender observe  :
« Comme c’est le cas pour la majorité des soldats, l’armée
l’a discipliné en brisant toute aptitude à l’autodiscipline. En
dehors de l’armée, il semblait n’avoir aucune volonté,
aucun objectif dans la vie, parce qu’il avait été formaté par
les sanctions et les instructions.  » Je ne suis pas d’accord
avec son analyse de la dynamique militaire. Je pense qu’en
imposant un cadre très strict de contraintes, une institution
ne va pas casser la volonté des Dévoués, elle va simplement
leur donner l’occasion de ne pas avoir à en trouver par eux-
mêmes. Dans la vie de tous les jours, la plupart des
Dévoués se rendent compte qu’ils ont besoin de contraintes
extérieures pour réussir. Quand c’est une institution qui
fournit ces contraintes, les Dévoués n’ont plus besoin de
s’en inventer. En quittant ce cadre, ils sont effectivement
un peu perdus, mais ce n’est pas parce que leur libre
arbitre a été réduit à néant.
Se libérer de toutes contraintes – imposées par un travail,
un programme d’entraînement, un ordre religieux ou
l’école – peut être risqué pour les Dévoués. Si tout se passe
bien dans un cadre responsabilisant, ils peuvent se
retrouver paralysés, sans trop savoir pourquoi, quand ces
contraintes s’évanouissent. Un Dévoué témoigne  : «  Dans
mon ancien travail, j’étais responsable d’une grosse unité.
J’avais la réputation de pouvoir tout faire. Quand je me suis
mis à  mon compte, je n’ai eu plus personne sous ma
responsabilité et j’ai commencé à  avoir du mal à  aller au
bout des choses. »
De même, une amie enseignante m’a dit  : «  Certaines
écoles privées donnent des directives très strictes et très
détaillées, que ce soit sur la tenue vestimentaire ou sur la
façon de travailler. Certains s’épanouissent dans cet
environnement, mais une fois à  la fac, ils sont
complètement perdus.
– De nombreux facteurs entrent en compte, j’imagine,
mais pour les élèves Dévoués, je me demande si le
problème ne vient pas du fait qu’à la fac, il leur manque ces
contraintes si importantes pour eux. C’est comme si tout le
monde se fiche de ce qu’ils font ou ne font pas. »
Un Dévoué peut être un excellent élève dans les petites
classes et dériver complètement après le lycée. «  Je
m’inscrirai à la fac de médecine à l’automne », « J’enverrai
des CV  », «  Je vais écrire un roman  » ou «  Il faut que je
fasse une demande de bourse… » La rentrée venue, il n’est
inscrit nulle part, n’a rempli aucun dossier et se retrouve
sans objectifs, sans consignes à  suivre, sans professeurs
à épater.
De la même façon, un Dévoué qui démissionne d’un
emploi à temps plein pour monter sa société peut avoir du
mal à  avancer  ; un Dévoué entre deux emplois peut se
retrouver bloqué et un Dévoué dont les enfants seraient
partis de la maison peut se sentir perdu.
La solution ? Les contraintes extérieures.

Comment les Dévoués peuvent gérer


les avantages et les inconvénients de leur profil
Certains Dévoués adorent leur profil et n’y voient que des
avantages.
Ils tirent une grande fierté à  donner la priorité aux
autres, comme me l’affirmait un monsieur  : «  Mes clients
peuvent compter sur moi, quoi qu’il arrive. C’est ma
marque de fabrique. C’est comme ça que je suis et que je
veux être. Et je tiens à ce que les gens qui travaillent pour
moi aient cet état d’esprit. » Ce à quoi un autre Dévoué ne
peut qu’acquiescer  : «  Celui qui m’engage a  de la chance.
Mes engagements auprès de ma société, de mes collègues
et de nos clients sont sacrés à mes yeux. Ils passent avant
mes propres besoins. »
Il en va ainsi au travail comme en famille. De nombreux
Dévoués m’ont dit non sans fierté  : «  Les besoins de ma
famille passent avant tout, toujours. »
C’est d’ailleurs une qualité que les enseignements
religieux incitent à cultiver.
Mais d’un autre côté, les Dévoués sont les plus
susceptibles –  bien plus que les Disciplinés, les Pointilleux
ou les Rebelles – de vouloir changer de profil. À quoi est-ce
dû ?
Pour les trois autres profils, la frustration vient en
général des autres et non de soi. Les gens peuvent s’irriter
de la rigidité d’un Discipliné, des questions d’un Pointilleux
ou de l’opposition systématique d’un Rebelle, mais c’est
leur problème. Dans le cas des Dévoués, ils sont les seuls
à subir les mauvais côtés de leur profil, à se sentir frustrés
parce qu’ils répondent aux attentes des autres, mais jamais
aux leurs.
Un Dévoué m’a écrit  : «  Je n’ai aucun mal à  faire mon
travail, et mes amis savent qu’ils peuvent compter sur moi,
mais je me demande souvent  : “Qu’as-tu fait aujourd’hui
pour réaliser tes rêves ?” Malheureusement, la réponse est
souvent : “rien” ».
Quand on fait remarquer aux Dévoués qu’il suffit de
contraintes extérieures pour qu’ils arrivent à  répondre
à  leurs objectifs personnels, ils ne sont pas soulagés pour
autant. Bien sûr, la solution est simple et à  leur portée,
mais ils détestent se savoir dépendants d’un système de
contraintes extérieures.
Lors d’une conférence sur les quatre  profils, un Dévoué
m’a demandé  : «  Est-ce qu’un Dévoué peut devenir un
Discipliné ? J’aimerais tenir les engagements que je me fais
à  moi-même sans dépendre de qui ou de quoi que ce soit,
parce que c’est de la faiblesse.
– Je pense que c’est vraiment très dur de changer un
aspect fondamental de sa nature, ai-je répondu
prudemment. Je ne sais même pas si c’est possible. En
revanche, c’est assez simple de se fixer des contraintes
extérieures. Pourquoi ne pas prendre la solution de
facilité ? »
Au lieu de se focaliser sur les inconvénients de leur profil,
les Dévoués devraient peut-être tout simplement chercher
à s’en accommoder.
Le même comportement peut être interprété et vécu
différemment. Alors qu’une personne se dira  : «  J’ai 10  kg
de trop, je ne fais pas de sport et je devrais vraiment
prendre rendez-vous chez le dentiste. Mais je suis
irréprochable au travail, je suis une épouse formidable et
une mère toujours présente pour ses enfants. Je suis fière
de moi  », une autre pensera  : «  Je suis irréprochable au
travail, je suis une épouse formidable et une mère toujours
présente pour ses enfants, mais j’ai 10 kg de trop, je ne fais
jamais de sport, et je devrais vraiment prendre rendez-vous
chez le dentiste. J’ai honte de moi. »
Qu’ils acceptent ou qu’ils déplorent leur profil, les
Dévoués interprètent souvent mal leur comportement.
Même lorsqu’ils se rendent compte qu’ils répondent sans
problème aux attentes extérieures, mais qu’ils peinent
à répondre aux leurs, ils se trompent dans le diagnostic de
la cause.
Certains pensent que c’est une question de loyauté et de
temps  : « Je ne peux pas faire quelque chose pour moi s’il
y  a quelque chose que je peux faire pour mes clients à  la
place. Et il y  a toujours quelque chose à  faire pour mes
clients. »
Certains tirent une grande fierté à  montrer jusqu’où ils
peuvent aller pour répondre à une attente. Un lecteur m’a
parlé de sa patronne Dévouée à qui le médecin avait dit de
rester à l’hôpital, parce qu’elle venait de se faire opérer de
la colonne vertébrale, mais qui a  tenu à  se rendre à  un
dîner professionnel.
Certains parlent de sacrifice  : «  Je mets toujours les
priorités des autres avant les miennes  », «  Je n’arrive pas
à  trouver du temps pour moi  », «  Les gens me disent
toujours de penser un peu à moi. »
D’autres expliquent leur comportement par un manque
d’estime de soi, un manque de motivation ou une faiblesse
de caractère.
Un ami qui n’arrivait pas à s’inscrire à une formation qui
aurait fait avancer sa carrière me disait :
« Je suis paresseux, c’est ça, le problème.
– Ce n’est pas vrai, ai-je protesté. Tu rends toujours ton
travail à temps et tu diriges un club.
– C’est vrai, a-t-il admis.
– Tu n’es pas paresseux. Le problème est ailleurs. »
Le comportement du Dévoué ne relève pas du sacrifice,
d’un manque d’estime de soi, de limites, de motivation, de
discipline ou de la volonté de faire plaisir aux autres, mais,
je le répète encore une fois, de contraintes extérieures.
Parce que les Dévoués se méprennent sur leur
fonctionnement, ils font l’erreur de se libérer des
contraintes extérieures qu’ils pensent être un frein à  la
réalisation de leurs attentes propres. Ainsi, certains vont
quitter un travail très exigeant en croyant se donner le
loisir de s’attaquer à leurs ambitions.
Attention  ! Dans la plupart des cas, l’absence de cadre
contraignant n’aide en rien les Dévoués à répondre à leurs
attentes. Comme me l’a dit un lecteur  : «  Se dégager du
temps pour réaliser ses objectifs ne marche pas pour un
Dévoué. J’ai fait cette erreur pendant des années. »
Il est indispensable pour les Dévoués de reconnaître leur
besoin de contraintes extérieures, parce qu’ils risquent de
bouleverser leur vie avec l’espoir de réaliser enfin leurs
attentes et qu’ils n’y arriveront pas mieux. Une lectrice
a posté sur mon blog :
J’ai un doctorat (grâce à mes nombreuses qualités de Dévouée), mais après
avoir passé cinq  ans à  travailler sur des sujets qui importaient beaucoup
plus aux autres qu’à moi, j’ai décidé de prendre du temps pour m’atteler
à mes propres objectifs. Je voulais principalement perdre du poids, écrire
un deuxième livre, commencer un blog, monter un projet caritatif et finir la
rénovation de ma maison. Je n’ai toujours pas commencé le livre ou le blog,
j’ai pris 6  kg et demi et j’ai abandonné l’idée du projet caritatif pour
l’instant. Il n’y a  que les travaux de la maison qui ont bien avancé, parce
que je sais que cela fait plaisir à mon mari de les voir progresser.

Un autre Dévoué à  la retraite a  partagé une expérience


très similaire :
Après avoir travaillé vingt-cinq ans dans la fonction publique et élevé deux
filles avec ma femme, j’avais hâte de prendre ma retraite. Enfin j’allais
pouvoir m’adonner à ce qui m’intéressait vraiment ! J’avais même accepté
une réduction de pension pour partir cinq ans plus tôt.
Mais très vite, je me suis trouvé à  court de motivation pour toutes ces
activités qui devaient tant me faire plaisir : suivre des cours, faire du sport
et finir les travaux de la maison.
Je n’ai réussi à  faire qu’une chose  : m’inscrire à  un club de randonnée et
marcher tous les mercredis et samedis matin. Je sais pourquoi
maintenant  : les autres comptent sur ma présence, du coup, j’arrive
à préparer mes affaires la veille et à quitter la maison à 7 heures du matin.
N’arrivant pas à  accomplir les autres objectifs que je m’étais fixés, je me
décevais de plus en plus. Quel soulagement de découvrir les
quatre profils ! Je me dis que je vais peut-être finalement réussir à faire ce
que je veux.

Un Dévoué m’a dit : « C’est parce que nous faisons passer


les autres en premier. » J’ai dû me retenir de lui rétorquer :
«  Pas du tout  !  » pour lui répondre calmement  : «  Je ne
pense pas que les Dévoués fassent passer les autres en
premier et que, de ce fait, ils n’ont plus de temps ou
d’énergie pour s’occuper d’eux. C’est juste qu’ils ne
répondent qu’aux attentes extérieures, et pas aux attentes
intérieures. Ce n’est pas la même chose. »
Ce n’est qu’en comprenant vraiment le mode de
fonctionnement de leur profil que les Dévoués pourront en
tirer le meilleur. Un Dévoué m’a confié : « Maintenant que
je sais que je suis un Dévoué, au lieu d’aller contre ma
nature, je laisse ma nature me guider. »

Comment les Dévoués peuvent transformer


des attentes intérieures en attentes extérieures
Tous les Dévoués répondent aux attentes extérieures et
résistent aux attentes intérieures, mais chacun a  son
interprétation de ce qui vient de l’extérieur et ce qui vient
de soi.
Pour de nombreux Dévoués, la famille a  un statut
à  part.  Les conjoints et enfants sont comme une extension
d’eux-mêmes. Ainsi les attentes du conjoint deviennent des
attentes intérieures et sont par conséquent ignorées. Une
Pointilleuse témoigne de sa frustration  : «  Mon mari me
traite avec aussi peu de considération que lui-même. Je
n’exagère pas. J’aimerais qu’il se traite mieux et qu’il me
traite mieux. »
Ma sœur Elizabeth m’a dit  : «  Si on doit régler quelque
chose par chèque, je vais donner ou transférer la facture
à  Adam plutôt que le lui demander dans un mail à  part,
parce qu’il y a plus de chances qu’il le fasse si la demande
vient de quelqu’un d’autre. »
Parfois, c’est le contexte qui détermine si la famille est
considérée comme «  extérieure  » ou «  intérieure  ». Un de
mes amis Dévoués est un père prévenant qui considère ses
responsabilités envers ses enfants comme des
engagements extérieurs, et donc les respecte. Mais quand
ses obligations professionnelles entrent en compte, ses
clients, étant plus « extérieurs », passent en priorité.
Ce déplacement de la démarcation entre extérieur et
intérieur peut être source de conflit dans une relation de
couple, comme en fait l’expérience une Dévouée :
Je suis une Dévouée et les tensions avec mon mari surviennent dès lors
que nous sommes avec d’autres personnes. Au lieu de répondre aux
attentes de mon mari, je réponds aux attentes des autres. Cela le
déstabilise. Il a l’habitude que je sois très attentionnée avec lui. Je le traite
alors comme moi-même, ce qui veut dire que ses besoins ou ses envies
passent après ceux des gens qui sont en notre compagnie. Cela dégénère
chaque fois en dispute.

De même que les attentes d’un membre de la famille


tombent du côté des attentes intérieures, un membre de la
famille ne saurait être un bon garant pour le Dévoué.
Un homme d’affaires brillant le confirme :
Pendant des années, ma femme m’a dit : « Prends du temps pour toi, fais
du sport. Tu t’investis trop dans ton entreprise, tu ferais bien d’aller voir le
médecin, et patati, patata. » J’ai fait la sourde oreille. Comme si je n’avais
que ça à  faire  ! Mais quand le président du conseil d’administration m’a
dit : « Ed, l’année s’annonce difficile et j’ai l’impression que tu es au bord
de la crise cardiaque. On a  besoin que tu sois au top. Trop de choses
dépendent de toi. Perds un peu de poids, fais du sport, repose-toi, va voir
le médecin. » Je l’ai fait.

Comprendre et anticiper la rébellion


d’un Dévoué
Les Dévoués ont parfois le sentiment d’être exploités…
à  juste titre. Quand on a  un service à  demander
à  quelqu’un, à  qui demande-t-on  ? À  un Discipliné, un
Pointilleux, un Rebelle ou un Dévoué  ? À  un Dévoué, bien
sûr, parce qu’ils sont toujours prêts à  donner un coup de
main.
Dans son essai, The  Rage Cage, Caroline Knapp raconte
une histoire qui illustre bien nos propos :
Une amie m’a demandé de promener son chien, un service qui semble
anodin, mais qui m’a beaucoup énervée. Ce qui m’a ennuyé, ce n’est pas
de promener le chien, c’est la raison pour laquelle elle me l’a demandé.
Elle avait dû promener son chien deux fois la veille, parce que son petit
ami avait la grippe. Elle n’avait pas envie de le faire deux jours de suite et
avait en plus un devoir à  rendre. Et moi, alors  ? Je promène mon chien
deux fois par jour, tous les jours, et j’ai le temps de faire mes devoirs. Sa
demande était ridicule et presque insultante. Mais au lieu de l’envoyer
paître, j’ai pris sur moi et je suis allé chercher son chien à 6  heures et
demie du matin pour l’emmener trottiner autour du lac avant de le rendre
à ses maîtres. J’ai passé ensuite le reste de la semaine à avoir le sentiment
de m’être fait marcher sur les pieds. Bref, j’étais furieuse.

Si cette personne avait demandé à  un Discipliné, un


Pointilleux ou un Rebelle qui ne voulait pas le faire, la
réponse aurait été non. La Disciplinée que je suis aurait
pensé : « Désolée, j’ai mes propres obligations à remplir. »
Un Pointilleux aurait demandé  : «  Pourquoi devrais-je
promener ton chien, alors que je suis encore plus occupé
que toi  ?  » Un Rebelle se serait tout simplement dit  : «  Je
n’ai pas envie de le faire, alors je ne le ferai pas.  » Mais
voilà, cette personne savait qu’il fallait s’adresser à  un
Dévoué, parce que le Dévoué va accepter de promener son
chien même s’il a  son propre chien à  promener et un
emploi du temps chargé.
Les autres profils ne comprennent pas que les Dévoués se
sentent obligés de répondre à  certaines attentes, même
s’ils n’en ont, au fond, pas envie. Ils ne vont donc pas
compatir s’ils en souffrent. Alors que les Dévoués peuvent
trouver leur comportement admirable : « Je fais passer les
besoins des autres avant les miens », les autres ne le voient
pas du même œil. « Si c’est si important pour toi de jouer
de la guitare, arrête d’en parler et joue. » « Si tu n’as pas
envie de faire cette tâche, pourquoi avoir accepté de la
faire  ?  » «  Tu penses qu’il faut assister à  tous les dîners
d’affaires, je ne suis pas d’accord, alors je n’irai pas. »
C’est pour cela que les Dévoués sont parfois amers et ne
se sentent pas toujours appréciés à  leur juste valeur. Ils
peuvent aussi considérer les Disciplinés, les Pointilleux et
les Rebelles comme des individus égoïstes et
égocentriques. Les Disciplinés et les Pointilleux sont en
effet tournés sur eux-mêmes, car leurs actions sont
motivées par des engagements intérieurs. Les Rebelles
aussi peuvent paraître égoïstes, mais pour différentes
raisons.
Les Dévoués ont du mal à  déléguer, et c’est une des
raisons pour lesquelles ils finissent par saturer ou se sentir
exploités. Ils se sentent obligés de faire les choses eux-
mêmes : « Personne ne le fera, et c’est encore sur moi que
ça retombe » ou « Personne ne le fera aussi bien que moi ».
Après avoir évoqué cet aspect du profil Dévoué lors d’une
conférence, un homme est venu me voir. «  Ma femme est
une Dévouée et vous avez mis le doigt sur quelque chose
qui a  le don de me rendre fou. Elle insiste toujours pour
inviter sa famille pour Thanksgiving, et après, elle se plaint
du travail que ça demande, à savoir la cuisine et le ménage.
Je lui ai suggéré de tout commander chez le traiteur et de
prendre une femme de ménage, mais elle refuse. Elle veut
en revanche que je l’aide, alors que je n’ai aucune envie de
faire la cuisine ou le ménage pendant les fêtes  ! Je lui ai
déjà dit  : “Si cela te donne trop de travail, n’invite pas
autant de monde, ou alors paie quelqu’un pour tout faire. Si
tu t’obstines à les inviter et à tout faire toi-même, arrête de
te plaindre. Et ne m’entraîne pas dans ta galère.” »
Je lui ai suggéré : « Vous pourriez lui dire : “À vouloir tout
faire toi-même, tu n’auras ni le temps ni l’énergie de bien
accueillir ta famille et de profiter d’eux. On ne les voit que
quelques fois dans l’année, autant engager quelqu’un et
passer un maximum de temps avec eux.” Ou encore  :
“À  tout vouloir gérer, tu seras épuisée et distraite, si ce
n’est irritable. Faisons en sorte que ce soit un moment
agréable pour tout le monde et engageons un traiteur. Je
serais déçu si tu ne suivais pas mon conseil.” »
 
Un ami m’a expliqué comment sa femme composait avec
sa nature Dévouée :
Elle me connaît par cœur. Je me suis mis en tête de tondre moi-même notre
pelouse, même si je déteste faire ça. Et comme je travaille souvent le week-
end, je n’ai jamais le temps de le faire, et ça la rend folle, d’autant que je
refuse d’appeler une entreprise de jardinage. Un jour, elle a déclaré : « Le
fils du voisin va venir tondre la pelouse. Il a besoin d’argent pour la fac. »
Depuis, je ne veux pas décevoir le gamin.

Au travail, les Dévoués ont beaucoup de mal à dire non et


peuvent rechigner à  déléguer, ce qui les prédispose au
surmenage. Qu’ils prennent garde à  s’organiser en amont
ou à déléguer.
Comme ils sont enclins à  se sentir négligés ou exploités,
les Dévoués sont parfois sujets à  un phénomène assez
déroutant. Quand la pression des attentes extérieures se
fait trop forte, ils atteignent un point de rupture et entrent
en rébellion. Ils refusent dès lors tout en bloc sans crier
gare. Tout d’un coup, ils décident de dire non  : «  Ça
suffit ! »
Cette rébellion peut être un phénomène isolé ou devenir
un comportement récurrent. Elle peut passer pratiquement
inaperçue, sous forme de refus cachés, ou être une
explosion spectaculaire qui va tout bouleverser autour
d’elle.
Le joueur de tennis Andre Agassi, que son autobiographie
Open décrit comme un parfait Dévoué, a  connu ces
rébellions. Il répondait aux attentes extérieures – son père
avait décidé qu’il serait champion, et sa petite amie Brooke
Shields avait décidé qu’ils se marieraient – mais il peinait
à  répondre à  ses propres attentes. Ses rébellions étaient
modestes et symboliques. Il défiait le conservatisme du
milieu tennistique avec ses shorts en jeans et sa crinière
atypique. C’était sa façon à lui de réagir au sentiment de ne
rien choisir dans sa vie. Agassi témoigne de l’incroyable
énergie qu’un Dévoué peut déployer pour accomplir les
attentes des autres ainsi que du ressentiment accumulé
quand il a  l’impression de ne répondre qu’aux attentes
extérieures des autres.
Un autre Dévoué et athlète célèbre, Tiger Woods, est
entré en rébellion de façon spectaculaire. Il n’avait cessé
de répéter à  ses proches qu’il voulait arrêter le golf pour
s’engager dans les Navy SEALs, le corps d’élite de la
marine américaine, mais ils l’en ont dissuadé, parce qu’ils
voulaient en faire une star du green. Il a fini par se rebeller.
De nombreuses situations peuvent provoquer la rébellion
d’un Dévoué. Si les attentes :
• sont démesurées : « Tu peux battre le record des ventes
cette année ! »
•  sontinjustes dans la mesure où les autres ne font pas
leur part  : «  Tant que tu y  es, tu n’as qu’à relire mon
rapport aussi. »
•  s’accompagnent
d’un reproche  : «  C’est pénible de voir
comme ta chambre est en pagaille. »
• sont insistantes ou désapprobatrices  : «  Vas-tu enfin
aller à la gym ? »
•  impliquent
des tâches ingrates ou rébarbatives  : «  Tu
vas commencer par du démarchage téléphonique. »
•  le
privent de tout mérite  : «  Tu perds du poids grâce
à moi, parce que je t’ai dit comment faire. »
• sont imposées par des personnes difficiles à satisfaire ou
des personnes qui ne comptent pas pour lui  : «  Si c’est
tout ce dont tu es capable, on va devoir s’en contenter. »
•  luidonnent le sentiment d’être exploité ou de ne pas
avoir de volonté propre : « Tu resteras plus tard ce soir,
bien sûr ? »
• ne reflètent pas du tout ce qu’il espère devenir : « Avec
tes aptitudes pour les sciences, tu feras un excellent
médecin. Il faut que tu fasses médecine. »
• sont des ultimatums : « Nous allons réduire nos effectifs,
tu vas devoir gérer dix clients de plus. »
•  sontsource de culpabilité ou de honte  : «  Tu dois dire
ton taux de glycémie à tout le groupe. »
Les Dévoués sont souvent les premiers surpris par leurs
épisodes de rébellion. Ils ne comprennent pas pourquoi
cela arrive et n’ont aucun contrôle dessus. Ils ont
l’impression de ne pas être eux-mêmes. Un Dévoué appelle
ça  : «  Un “non” massif qui bouleverse ma vie pendant un
moment ».
Un autre dit :
Je suis un doctorant ambitieux et dans un  an, je présente ma thèse en
biologie moléculaire. Mais pour la première fois de ma vie, je rends des
travaux faits sans conviction ou en retard. À  croire qu’un alien a  pris
possession de mon corps. Du coup, je me pose plein de questions  : que
m’arrive-t-il ? Qu’est-ce qui a changé ? J’en suis même à me demander (et
c’est proprement effrayant) pourquoi je fais cette thèse ? Comprendre que
je suis un Dévoué m’a aidé à  voir que ce doctorat répondait avant tout
à  une attente de ma femme, ma famille, mes amis et mes directeurs de
recherches, et non à mes aspirations profondes.

Comme ce témoignage le montre, la rébellion d’un


Dévoué n’éclate pas seulement quand il se sent exploité,
mais aussi quand il comprend qu’il ne fait que courir après
les attentes des autres et qu’elles ne lui permettront pas de
s’épanouir.
Par ailleurs, les Dévoués n’aiment pas se plaindre d’une
situation qui les dérange : une répartition injuste du travail
ou un manque de reconnaissance. Pourquoi  ? Parce qu’ils
pensent qu’ils ne devraient pas avoir besoin de manifester
leur embarras. Ils s’imaginent que les autres vont s’en
rendre compte et qu’ils vont (comme il se doit) relâcher la
pression sans qu’ils aient besoin de le demander. Les
Dévoués s’attendent à ce que les autres cessent d’imposer
leurs attentes sans qu’on le leur demande. Mais le plus
souvent, cela n’arrive pas, ce qui les agace. Ils s’irritent
d’avoir à  répondre à  des attentes trop exigeantes alors
qu’ils n’avaient émis aucune objection.
Mais pourquoi les autres ne relâchent-ils pas la pression ?
Comme nous le disions, les autres profils ne ressentent pas
les contraintes extérieures de la même façon, alors ils ne se
rendent pas forcément compte du caractère accablant de
ce qu’ils imposent. Et comme ils savent résister aux
pressions extérieures, ils s’attendent à  ce que les Dévoués
sachent aussi le faire : « Si tu ne voulais pas, pourquoi as-
tu accepté de le faire ? », « Si tu es déjà débordé, pourquoi
as-tu accepté du travail en plus ? »
En s’obstinant sans protester, les Dévoués ne donnent pas
aux autres l’occasion de désamorcer la situation, ils
finissent alors par saturer et exploser d’un coup. Certains
vont même jusqu’à claquer la porte de leur travail ou
rompre définitivement une relation amoureuse ou amicale
du jour au lendemain. Une Dévouée se souvient :
Mes rébellions se sont faites dans un calme absolu, mais elles étaient
implacables. Deux amitiés, un emploi et un mariage y sont passés. Et tout
s’est fait en un claquement de doigts. Après des mois à  courir après des
objectifs aberrants sans aucune reconnaissance, j’ai appelé un autre
employeur un lundi matin et j’ai démissionné l’après-midi même. Je ne
voulais pas en discuter, même quand on m’a demandé :
« Que pouvons-nous faire pour que vous restiez ?
–  Rien. Vous n’existez plus à  mes yeux.  » C’est aussi ce que j’ai ressenti
après 18 ans de mariage. Après des années à tout faire pour que la relation
marche, je me suis réveillée un matin en sachant très clairement que
c’était fini et qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible.
Je ne regrette aucune de ces ruptures, mais je suis reconnaissante d’avoir
un cadre conceptuel qui explique mon comportement et qui permet
d’identifier les signes avant-coureurs de telles rébellions. Je sais désormais
que ma tendance à me dévouer, à prendre sur moi, n’est pas sans risque.

Bien entendu, les ruptures ne sont pas réservées aux


Dévoués. Mais dans le cas d’une rébellion de Dévoué, elles
ont un caractère abrupt. Tout semble aller bien jusqu’à ce
que le Dévoué craque. Un Dévoué décrit cela comme une
bombe qui explose et dont il ne maîtrise pas les dégâts.
Certains parlent de bouillonnement, d’envenimement, de
ronger son frein, d’éruption et de volcan.
Si ces rébellions peuvent être violentes et dramatiques,
elles peuvent aussi passer presque inaperçues et être
symboliques. Un Dévoué a écrit : « Quand je suis en retard,
même de quelques minutes, un collègue me le fait
remarquer chaque fois. Ça m’énerve tellement que lorsque
je suis en avance, j’attends une minute dans ma voiture. Je
déteste être en retard, mais je ne supporte pas ses
réflexions systématiques. Plus il me le reprochera et moins
je serai à l’heure. »
Notons qu’être délibérément en retard est une forme
courante de rébellion pour un Dévoué. Un de mes lecteurs
m’a envoyé un lien vers un site de vente de tee-shirts
personnalisés avec ce modèle qui en saisit parfaitement
l’esprit :

Désolé du retard, je n’avais pas envie de venir.

Alors que certains Dévoués canalisent leurs rébellions et


en limitent les dégâts, d’autres ont le don de s’auto-
saboter : « Je vais faire en sorte d’être le seul à en subir les
conséquences. Ceux qui m’ont demandé, poussé ou forcé
à  le faire ne seront en rien impactés. Par exemple, je vais
aller à  un entretien ou faire une présentation les mains
dans les poches. Je me force tout en me rebellant. Je ne fais
de tort à personne si ce n’est à moi-même. »
 
Ces rébellions peuvent englober tout un domaine
d’attentes, et c’est en général celui de la santé, comme
pour ce Dévoué :
Quand il s’agit de travail, de bénévolat pour l’église ou d’autres
associations caritatives, de relations sociales ou d’éducation des enfants,
j’ai tendance à  faire ce qu’on attend de moi  ; mais si on me demande de
perdre du poids ou faire du sport, je pars en courant. Je ne vous dis même
pas combien d’argent j’ai perdu en abonnement en club de gym et en
programmes de perte de poids. Je finis toujours par ne plus mettre un pied
à la salle de gym et à abandonner les régimes, gagnant le plus souvent du
poids au passage !

Pourquoi le domaine de la santé plus particulièrement  ?


Peut-être parce que c’est un domaine où les pressions
extérieures sont les plus fortes alors que les conséquences
retombent exclusivement sur les Dévoués.
En analysant les résultats de mon enquête, j’ai été
étonnée de constater que les Dévoués comme les Rebelles
étaient plutôt d’accord avec l’affirmation  : «  Mon médecin
m’a expliqué pourquoi il fallait que je change certaines
choses dans ma vie, mais je n’ai rien fait.  » Autant je
m’attendais à  la réponse des Rebelles, autant celle des
Dévoués m’a surprise. J’y vois deux facteurs possibles  : le
manque de contraintes ou de responsabilisation et le rejet
possible de toutes les attentes de santé.
Si ces rébellions peuvent être de véritables obstacles
à l’épanouissement des Dévoués, elles sont aussi une forme
d’auto-défense agissant comme des poignées d’arrêt
d’urgence. Elles vont leur permettre de quitter ce travail
détesté, ce conjoint insupportable, cette relation toxique,
cette obligation trop aliénante. C’est la valve de sécurité
qui va libérer le trop-plein de pression.
En général, la rébellion finit par se dissiper, même si rien
n’a changé. Mais il est préférable d’anticiper ces rébellions
en évitant que le Dévoué ne sature ou ne se sente lésé.
Comment anticiper ces rébellions ?
Une fois que les Dévoués ont identifié ce schéma
comportemental, ils vont pouvoir en reconnaître les signes
annonciateurs et enrayer le cycle de la rébellion en disant
quelque chose comme  : «  Est-ce qu’on peut revoir la
répartition des astreintes  ?  », «  Je suis déjà sur trois
comités  », «  Je ne vais pas pouvoir gérer les activités des
enfants toute seule ce week-end, il faut qu’on se répartisse
les tâches. »
Les Dévoués étant enclins au surmenage, leur entourage
– famille, amis, collègues, personnel soignant,  etc. – peut
les aider à  éviter d’en arriver là. Ils peuvent mettre en
place un système leur permettant de dire non, de déléguer,
de faire des pauses, de refuser certaines demandes, de
prendre du temps pour eux, etc. Une Pointilleuse a écrit :
Mon fiancé est un Dévoué, et j’ai l’impression que l’on fait surtout ce que
j’ai envie de faire et pas ce qu’il aurait, lui, envie de faire. Pour que ce soit
plus juste, on a  récemment décidé de prendre le temps, tous les samedis
matin, de faire une liste de ce qu’on veut faire le week-end. Il arrive
maintenant à dire ce qu’il veut faire, parce que je le lui demande.

Quand les Dévoués entrent en rébellion, c’est qu’ils ont


besoin de relâcher la pression, mais ils ont paradoxalement
besoin d’une contrainte externe pour le faire. Un patron qui
voit un Dévoué surmené peut le soulager de certaines
obligations ou vérifier qu’il n’est pas en train de faire le
travail des autres.
L’aspect dramatique de ces rébellions en fait d’excellents
sujets cinématographiques, comme dans le grand
classique, La Vie est belle, de Frank Capra. George Bailey,
joué par James Stewart, répond systématiquement aux
attentes extérieures sans jamais s’occuper des siennes.
Quand il entre en rébellion, ce n’est pas contre les autres,
mais contre lui-même et il envisage alors de se jeter dans la
rivière. C’est son ange gardien qui lui sauvera la vie.
George Bailey est le parfait exemple de Dévoué qui se sent
obligé d’être à  la hauteur d’un certain idéal. Pourquoi son
jeune frère Harry n’a-t-il pas repris l’entreprise familiale
comme prévu ? Et s’il n’en avait pas envie, pourquoi n’a-t-il
pas cherché une solution au lieu de laisser son aîné s’en
charger ?

LES DÉVOUÉS EN QUELQUES MOTS

FORCES PROBABLES
Bons patrons, leaders responsables, ont un bon esprit d’équipe
Se sentent obligés de répondre aux attentes des autres
Prêts à assumer les responsabilités quitte à se mettre en quatre
Répondent aux contraintes extérieures

FAIBLESSES PROBABLES
Exposés au surmenage et au burn-out
Peuvent entrer en rébellion
Facilement exploitables
Enclins au ressentiment
Ont du mal à dire non ou à fixer des limites
8
Interagir avec un Dévoué
« Accepte d’en faire moins »
Le collègue • Le conjoint • L’enfant • Le patient • Choix de carrière

Le collègue Dévoué
De façon générale, les Dévoués font d’excellents collègues
ou patrons. Ils font ce qu’ils disent, ils sont toujours prêts
à donner un coup de main, à prendre du travail en plus et
à s’adapter aux changements.
Les Dévoués répondent aux attentes que l’environnement
professionnel fournit presque inévitablement  : échéances,
objectifs et évaluations. Il vaut mieux que ces attentes
soient clairement fixées, de vagues exhortations ne
suffiront pas.
Un ami écrivain et Dévoué se souvient  : «  Quand j’ai
signé mon contrat, j’ai dit à  mon éditeur  : “Je ne peux
écrire que quand je dois rendre quelque chose. Donnez-moi
quelques échéances intermédiaires.
– Ne vous inquiétez pas, m’a-t-il répondu. Ce livre sera
très bien et vous y arriverez sans mal.”
Il ne voulait pas comprendre.
– Que s’est-il passé ? ai-je demandé.
– Je n’ai pu m’y mettre que trois semaines avant de le
rendre. J’aurais fait tellement mieux si j’avais commencé
plus tôt. »
Faute de connaître le fonctionnement de son auteur,
l’éditeur a  refusé de lui donner des contraintes. S’il avait
compris que mon ami était un Dévoué, il aurait eu une
approche différente.
 
Quel que soit le contexte, quand quelqu’un réclame un
engagement, il faut le lui donner. En général, la personne
sait qu’elle en a  besoin. Ce Dévoué le confirme  : «  J’ai dit
à mon responsable que j’avais besoin d’avoir un chef dur et
exigeant pour travailler plus et mieux. »
Les Dévoués doivent cependant faire attention à  ce que
les autres ne profitent pas d’eux sinon ils s’exposent à  la
saturation et à la rébellion, ce qui est toujours très difficile
à gérer dans le milieu professionnel. Une Dévouée raconte :
Je suis infirmière, et il y a toujours des problèmes de personnel dans mon
service à cause des absences, les jours chargés, etc. Cela fait trois ans que
je travaille dans cet hôpital et mon chef a bien repéré les Dévoués. Il nous
demande toujours de faire des heures supplémentaires. Et c’est très
énervant quand celles qui ne travaillent pas, soi-disant parce qu’elles sont
« malades », postent toute la journée sur les réseaux sociaux alors que l’on
enchaîne les services. J’ai longtemps accepté cette situation, mais elle
a  fatalement conduit au surmenage. Maintenant, je dis systématiquement
non.

Cet exemple illustre bien comment, à  force de ne pas


vouloir dire non, les Dévoués finissent par tout refuser en
bloc.
Comme ils sont très souvent de précieux employés, les
managers ont tout intérêt à  les ménager pour ne pas se
retrouver en situation de rébellion. Un Dévoué à bout peut
claquer la porte sans crier gare.
Pour éviter d’en arriver là, ses supérieurs, collègues ou
employés peuvent l’aider à fixer des limites raisonnables :
– En lui rappelant que dire non, c’est pouvoir dire oui
à  une tâche plus importante  : «  J’ai besoin de votre
rapport vendredi. Si vous vous laissez distraire par les
tâches de vos collègues, vous ne serez pas prêt
à temps. »
– En imposant des limites pour éviter le surmenage :
«  Tu as droit à  des vacances, et tu vas devoir les
prendre. »
–  En empêchant que les autres profitent de lui  :
«  Nous avons un délai à  respecter, et tout le monde ici
doit faire sa part de travail. »
– En le présentant comme un modèle à suivre : « Si tu
restes jusqu’à 21  heures, tu vas donner le mauvais
exemple à ton équipe. »
– En lui retirant du travail s’il en a pris trop. Un ami
dans la finance m’a confié  : «  J’avais un excellent
employé, le meilleur qui soit. Tout le monde voulait
travailler avec lui, parce que c’était toujours très
gratifiant. Mais il ne pouvait pas continuer à  dire oui
à  tout le monde. Il n’allait jamais tenir. Lors de sa
dernière évaluation, je lui ai dit : « Tu en fais trop, et tu
le fais trop bien, mais ce n’est pas un compliment.  » Il
n’arrivait pas à déléguer ou à en faire moins, alors nous
lui avons retiré un gros compte, et il va beaucoup
mieux. »
Les Dévoués font d’excellents patrons et de grands
leaders, parce qu’ils se dévouent corps et âme à  leur
entreprise. Ils sont responsables et ont du répondant. Mais,
comme tout le monde, ils ont parfois du mal à comprendre
le raisonnement de ceux qui les entourent. Un manager
Dévoué admet : « J’ai du mal à accepter qu’on me dise non
ou qu’on remette toujours tout en question. » Ce n’est pas
facile de diriger des gens qui ne pensent pas comme nous.
Et la première chose qu’il faut faire, c’est reconnaître cette
différence.
Les Dévoués vont répondre aux attentes extérieures
comme par réflexe, et cela peut leur attirer des ennuis. Un
ami Discipliné se plaignait de sa patronne, une Dévouée
qu’il qualifie d’extrême  : «  Elle est PDG, mais elle va tout
laisser en plan pour aider un client ou un employé. C’est un
vrai frein à notre productivité. Rien ne se fait. »
Travailler seul relève du défi pour les Dévoués. S’ils sont
très productifs au sein d’une entreprise, ils peuvent stagner
quand ils se mettent à  leur compte. Pour réussir, ils ont
intérêt à  fixer dès le départ un système de contraintes et
d’engagements forts. Qu’importe si ces engagements
viennent d’un conseiller financier, d’un mentor, des clients,
des étudiants (même s’ils ne paient pas… encore) ou d’un
groupe de soutien, tant qu’elles émanent de quelqu’un
d’autre.
Une fois établis comme entrepreneurs, les Dévoués
n’auront certainement aucun mal à  répondre aux
engagements de leur travail, à  savoir respecter les délais
donnés aux clients, gérer l’administratif et répondre au
téléphone. Ils peuvent toutefois avoir plus de difficulté
à accomplir des tâches plus générales comme développer le
réseautage et les relations d’affaires, dire non à des clients
trop exigeants ou à  des requêtes chronophages. Comme
toujours, la solution pour eux est dans l’élaboration d’un
cadre de contraintes externes.

Le conjoint Dévoué
Les Dévoués font d’excellents conjoints, car ils accordent
beaucoup d’importance aux attentes de l’autre. Mais leur
compagnon a  tout intérêt à  bien connaître leur façon de
fonctionner.
Si un Dévoué demande à  son conjoint d’être son garant,
ce dernier doit accepter ou trouver un autre moyen de le
responsabiliser. Une Dévouée raconte :
Je réussis à faire du sport tous les jours, parce que mon mari me demande
tous les soirs en rentrant si je suis allée à la gym. Il est très encourageant
et enthousiaste, du coup, quand je loupe une séance, je m’assure de ne pas
louper la suivante. La santé est quelque chose qui compte beaucoup pour
lui, alors cela me donne envie d’être assidue. Même si c’est moi qui lui ai
demandé d’être mon garant, je me sens obligée d’être à  la hauteur pour
lui. C’est complètement fou !

Les conjoints des Dévoués ont également un rôle à jouer


pour éviter qu’ils n’en fassent trop et finissent par craquer.
« Tu as besoin de te poser. Va faire une petite sieste, fais-le
pour moi ! »
Une Dévouée raconte  : «  Mon mari m’a proposé de
garder les enfants le samedi matin pour que je puisse aller
à un cours de spinning, mais je ne sais pas pourquoi, je ne
m’y autorise pas.  » Pour l’en persuader, son mari devrait
essayer de lui dire  : «  Montre le bon exemple aux enfants
en faisant du sport régulièrement  » ou «  Cela nous
permettrait aux enfants et à moi de passer un moment rien
qu’entre nous.  » Pour convaincre les Dévoués, il faut faire
appel aux valeurs qui comptent à leurs yeux.
Une auditrice du podcast a écrit :
Découvrir que mon mari est un Dévoué a  été une révélation. Il est
adorable, et j’ai une chance folle, mais il a  tendance à  s’oublier, alors je
dois penser à lui pour lui. Il suffit que je lui demande de l’aide pour qu’il
mette de côté ses propres projets. Je dois veiller à  ce qu’il ne renonce
à  rien de trop important. Son ex-femme profitait de sa nature dévouée,
alors je fais en sorte de fixer des limites pour lui.

En « fixant des limites » pour son mari – en l’aidant à dire


non (même à  elle) et en faisant en sorte que les autres ne
profitent pas de lui – elle l’aide à  se prémunir des
rébellions. Il faut anticiper, en effet. Et tout l’entourage
peut y  mettre du sien. Imaginons qu’un ou une personne
doit partir en voyage d’affaires et laisser son conjoint
Dévoué à  la maison en charge de leurs trois enfants, il ou
elle pourrait dire à  son retour  : «  Tu t’es occupé des
enfants tout seul (ou toute seule), et je t’en remercie.
J’aimerais que tu prennes ce week-end pour te ressourcer,
pour te faire plaisir. Je m’occuperai des enfants. »
Comme les Dévoués se sentent obligés de répondre aux
attentes extérieures, leurs conjoints doivent faire attention
à  ne pas suggérer des attentes sans le vouloir, car ils
peuvent les prendre très au sérieux. Une femme peut
lancer de façon anodine à  son mari Dévoué  : «  Peut-être
que tu devrais coacher l’équipe de foot… » Et boum !

L’enfant Dévoué
D’après ce que j’ai pu observer, il est souvent difficile de
dire si un enfant est un Dévoué ou non. Les Disciplinés et
les Rebelles appartiennent à  des types de personnalités
très extrêmes qui se manifestent relativement tôt. Et
comme les adultes gèrent en grande partie la vie des
enfants, il peut être difficile d’identifier les caractéristiques
du profil Dévoué.
Quand il est clair qu’un enfant est un Dévoué, ses parents
peuvent tenir compte des spécificités de son profil. Comme
tous les Dévoués, l’enfant Dévoué répond aux contraintes.
S’il fait du piano, il peut être utile de lui prévoir un
programme détaillé, et de le passer en revue avec lui. On
peut aussi gentiment le rappeler à  l’ordre  : «  Il est
16  heures, l’heure de travailler ton piano.  » Son
professeur de musique peut aussi lui expliquer : « Je le vois
bien quand tu n’as pas travaillé. »
Quand un enfant Dévoué veut répondre à  une attente
intérieure, ses parents devraient l’aider à  mettre en place
un système de responsabilisation pour renforcer sa
motivation. Une maman dont la fille voulait apprendre des
tours à  son chiot lui a  répondu  : «  Super  ! Et si on
t’inscrivait au cours d’agility ? »
Il faut cependant prendre garde à ne pas fixer d’objectifs
trop ambitieux. Très sensible à  la pression des attentes
extérieures, l’enfant pourrait se sentir obligé d’atteindre
à tout prix cet objectif. Et à trop le forcer, il pourrait entrer
en mode rébellion. Plus important encore, il faut s’assurer
que l’enfant ne cherche pas trop à  faire plaisir aux autres
(y compris à  ses parents) pour éviter qu’il ne s’épuise et
qu’il perde de vue ce qui lui fait plaisir à  lui et ce qui lui
plaît vraiment.
Quel que soit le contexte, quand une personne réclame
d’être responsabilisée, il est important de l’aider à le faire.
Une femme est venue me voir à  un événement au cours
duquel j’avais pris la parole. « Ma fille n’arrêtait pas de me
dire qu’elle voulait passer le test GRE (Graduate Record
Examinations) et qu’elle voulait suivre des cours de
préparation. Je lui répondais chaque fois que cela ne
servait à rien, qu’elle pouvait très bien étudier toute seule.
Maintenant, je me rends compte qu’elle aurait dû s’inscrire
aux cours comme elle le voulait. »
Les gens qui demandent à  être responsabilisés savent
qu’ils en ont besoin.

Le patient Dévoué
Des quatre profils, celles des Dévoués est le plus répandu,
ce qui veut dire que les professionnels de santé ont affaire
à de nombreux Dévoués. De manière générale, les Dévoués
sont réceptifs au suivi des médecins, infirmières,
nutritionnistes, entraîneurs, coachs ou professeurs. Un
coach sportif, par exemple, peut prévenir ses élèves que
toute absence sera notée et entraînera l’envoi d’un mail de
notification. Il peut aussi leur dire qu’il sera déçu ou
contrarié par leur manque d’assiduité.
J’ai parlé des quatre  profils lors d’un congrès sportif
à  New  York. Une coach sportive m’a expliqué  : «  Pour
responsabiliser les gens, on nous dit de les appeler par leur
prénom si possible.
– C’est une excellente idée, ai-je convenu.
– Mais je viens de penser à quelque chose d’autre. À la fin
du cours, j’avais l’habitude de dire  : “Au revoir. Vous me
trouverez ici même la semaine prochaine.” Maintenant, je
crois que je vais leur dire  : “On se voit la semaine
prochaine !” Comme ça, les gens auront l’impression que je
vais les attendre.
– Excellent ! »
Comme toujours, quand quelqu’un demande à  être
responsabilisé, il est avisé de l’aider autant que possible.
Un Dévoué se souvient : « J’ai dit à ma dentiste : “S’il vous
plaît, faites-moi tenir ma promesse d’utiliser du fil dentaire
régulièrement. Si à  ma prochaine visite de contrôle, mes
dents sont dans un mauvais état, rappelez-moi ma
promesse !” Elle a ri, mais a accepté de le faire. Depuis, je
passe le fil dentaire tous les soirs. »
Il existe toujours plus de gadgets, d’appareils,
d’applications et de services pour inciter les gens à adopter
une bonne hygiène de vie. Il suffit de trouver celui qui
correspondra à  ses besoins. Pour certains Dévoués, un
simple mail de rappel peut suffire pour prendre ses
médicaments, ou un moniteur d’activités pour faire de
l’exercice au quotidien. Pour d’autres, il faut la menace
d’une pénalité ou d’une sanction. Les groupes de soutien
ou de responsabilisation permettent d’avoir un ou des
garants en personne.
Des études ont montré que beaucoup de gens étaient
prêts à payer plus cher pour être sûrs de rester motivés. Si
j’étais coach sportif, je dirais à mes élèves : « Les séances
annulées moins de 24 heures à l’avance vous seront quand
même décomptées. Mais si vous préférez, nous pouvons
vous la faire payer trois fois plus cher si vous annulez
moins de 24  heures avant.  » Plusieurs Dévoués m’ont
affirmé qu’ils opteraient pour la deuxième solution.
Comme les Dévoués ont plus de facilité à faire les choses
pour les autres, ils seraient peut-être plus enclins à  suivre
les recommandations de santé si on leur rappelait les
conséquences bénéfiques que cela aurait sur leur
entourage. Une Dévouée a écrit :
Je suis enceinte de six mois et les cinq premiers mois, j’ai pris mes
vitamines prénatales tous les jours, pensant avant tout à  la santé de mon
bébé. Il y a un mois, j’ai lu un article qui expliquait que le bébé ne pouvait
pas manquer de vitamines, ponctionnant au besoin le stock de sa mère. Les
vitamines sont donc pour la mère. Maintenant que j’ai lié les vitamines
à ma santé et non plus à celle du bébé, je ne les prends plus qu’un jour sur
deux, et encore !

L’entourage des Dévoués doit leur fournir un cadre


responsabilisant en prenant garde toutefois de ne pas
provoquer de rébellion en insistant trop ou en fixant des
objectifs trop intimidants. Mais encourager sans accabler,
soutenir sans forcer, et responsabiliser raisonnablement est
plus facile à dire qu’à faire.

Choix de carrière pour un Dévoué


Les Dévoués peuvent réussir dans tous les domaines… pour
peu qu’ils aient des comptes à  rendre et qu’ils anticipent
leurs crises de rébellion. Ils devraient avant tout garder en
tête qu’ils sont plus productifs dans un cadre qui les
responsabilise. Un lecteur explique :
Je me suis récemment réorienté vers une carrière plus adaptée à  ma
nature Dévouée. J’étais dans le domaine de la recherche universitaire, et
au début, tout allait bien  : je devais régulièrement rendre des comptes
à mon directeur de thèse et produire des articles. Mais j’ai fini par avoir de
moins en moins d’obligations, si ce n’est envers moi-même. Et c’est là que
j’ai commencé à  manquer de motivation. J’ai quitté le domaine de la
recherche pour un poste d’enseignant, et j’adore ça. Chaque jour est
l’occasion renouvelée de répondre aux attentes des autres.

Un patron Dévoué a déclaré : « Le profil Dévoué convient


parfaitement à  ma société qui fonctionne par mission et
repose sur l’esprit d’équipe. »
En choisissant leur carrière, les Dévoués doivent éviter
de s’en remettre aux attentes de leur entourage au
détriment de leurs propres aspirations. Trouver un
équilibre entre les attentes extérieures et intérieures, c’est
toute la problématique du profil Dévoué. Ce n’est qu’en
déterminant ce qu’ils veulent vraiment que les Dévoués
pourront mettre en place un cadre extérieur qui garantira
leurs aspirations personnelles. S’ils ne le font pas, ils
risquent de se retrouver à  exercer une profession qui ne
leur convient pas du tout, s’exposant ainsi à  la frustration
et à la rébellion.
Tous les métiers sont ouverts aux Dévoués si les
conditions sont favorables, mais de nombreux Dévoués
m’ont dit avoir choisi des domaines où leur nature était
pratiquement un prérequis, à savoir le droit des sociétés, le
social, la gestion de patrimoine ou la médecine. « On passe
régulièrement des nuits blanches à  faire de la
programmation, m’a expliqué un Dévoué. Quand un
nouveau arrive dans l’équipe et qu’il refuse de travailler la
nuit, on sait qu’il ne fera pas long feu chez nous. »
Après avoir parlé à  un groupe d’hommes d’affaires, l’un
d’eux est venu me voir : « Maintenant que j’ai découvert la
typologie des quatre  profils, je ne vais engager que des
Dévoués. Je veux des employés prêts à tout pour atteindre
leurs objectifs. Pouvez-vous me dire comment les repérer
au cours des entretiens  ?  » Sa demande m’a laissée
pantoise. Cet homme n’avait clairement pas les intérêts de
ses employés à cœur.

EN RÉSUMÉ : INTERAGIR AVEC UN DÉVOUÉ


 
Ils répondent volontiers aux attentes extérieures, mais résistent à leurs
attentes.
Ils accordent une grande importance aux engagements qu’ils prennent avec les
autres.
Ils réussissent quand ils ont des comptes à rendre, des échéances précises, un
suivi extérieur ou d’autres formes de responsabilisation comme la volonté de
servir de modèle.
Ils peuvent avoir du mal à fixer des limites aux exigences des autres.
Ils peuvent avoir du mal à déléguer, parce qu’ils se sentent personnellement
obligés de faire telle ou telle chose.
Ils ont besoin d’un garant ou d’un engagement extérieur pour répondre à leurs
aspirations.
Les gens profitent facilement d’eux et à cause de cela…
Ils peuvent devenir amers, en vouloir aux gens et saturer, auquel cas…
Ils peuvent avoir besoin qu’on relâche la pression, sinon, ils entreront en
rébellion.
LE REBELLE
« Personne ne peut m’y forcer, pas même
moi »

 
« J’ai du mal quand je dois, c’est plus simple quand je veux. »

« Que les ponts que je brûle éclairent ma


route. »
« Personne ne décide pour moi. »
« Je n’en fais qu’à ma tête… ce qui est une bénédiction et une malédiction. »
« Mieux vaut demander pardon que demander la
permission. »
« Je fais ce que je veux. »

« Parce que j’en ai envie. »


« Ne regarde pas, saute ! »
« Les règles sont faites pour être brisées. Mais alors, même celle-ci ? »

« La liberté comme seule discipline. »


« Personne ne peut m’y forcer,
pas même moi. »
« Je suis bien quand rien ne m’oblige. »
« Rebelle rime avec essentiel. »
9
Comprendre le Rebelle
« J’ai du mal quand je dois, c’est plus
simple quand je veux »
Forces • Faiblesses • Les variations au sein du profil • Comment inciter les
Rebelles à répondre à une attente • Comment les Rebelles peuvent s’efforcer
à répondre à une attente • Pourquoi les Rebelles peuvent être attirés par des
vies très réglées

Tous les jours et à  longueur de journée, nous sommes


confrontés à  des attentes extérieures et à  des attentes
intérieures, et nous devons prendre la décision d’y
répondre ou d’y résister.
Pour les Rebelles, la réponse est simple : résister à toutes
les attentes, aux leurs comme à  celles des autres. Ils ne
veulent faire que ce qu’ils veulent, comme ils le veulent et
au moment où ils le veulent. Quand on leur demande de
faire quelque chose, ils résistent. Ils ne veulent même pas
se dire à eux-mêmes ce qu’il faut faire. Ils résistent à leurs
attentes aussi fortement qu’à celles qui leur sont imposées
de l’extérieur.
Les Rebelles veulent avoir le sentiment d’avoir le choix,
d’être libres, de pouvoir s’exprimer. Le matin, la première
chose qu’ils se disent, c’est  : «  Qu’est-ce que j’ai envie de
faire aujourd’hui ? » Ils résistent à toute forme de contrôle,
y compris le leur, et prennent un malin plaisir à déjouer les
règles, les attentes et les convenances.
Des arguments comme  : «  On compte sur toi  », «  Tu as
déjà payé  », «  J’ai fait ceci, pourrais-tu faire cela  ?  », «  Je
pense que c’est très important, mettons-nous d’accord dès
maintenant pour le faire  », «  C’est comme ça qu’on fait  »,
« Tu avais rendez-vous… », « Tu avais dit que tu le ferais »,
«  Ça marchera mieux comme ça  », «  Ça gênera untel  »,
«  C’est contraire au règlement  », «  C’est la tradition  »,
« C’est la date limite » ou « C’est malpoli » n’auront aucun
effet sur les Rebelles.
Ils seront beaucoup plus réceptifs si on leur dit  : «  Ce
sera sympa », « C’est ce que tu voulais », « Ça me stresse
un peu, tu crois que tu peux le faire  ?  », «  C’est très
important pour moi, et toi, qu’en penses-tu ? » Les Rebelles
peuvent tout faire du moment qu’ils le veulent.
Pour les Rebelles, la possibilité de choisir compte
tellement qu’ils sont capables de choisir quelque chose (qui
les dessert ou qui leur déplaît) juste pour pouvoir se dire
qu’ils pouvaient le faire.
Au cours de mon étude, quand je demandais aux gens
quelle était leur aptitude à garder de bonnes habitudes, les
Rebelles avaient tendance à  répondre  : «  En général, je
préfère ne pas m’engager à l’avance. »
Des quatre profils, les Rebelles sont les moins nombreux.
C’est un groupe petit, certes, mais qui sait se faire
remarquer !

Forces (et faiblesses)


Les Rebelles ne font que les choses qu’ils ont choisi de
faire, ce qui les met à  l’abri des pressions auxquelles les
autres profils sont exposés.
Ils aiment relever les défis à condition de pouvoir le faire
à leur façon, comme l’explique un entrepreneur :
En tant que Rebelle, il n’y a  rien de tel qu’un défi pour me motiver. Vous
croyez que je ne suis pas capable de monter ma propre boîte ? Vous allez
voir ce que vous allez voir. Dès que je me surprends à penser : « Je ne peux
pas… » ou « Je ne pourrais jamais… » Cela me donne envie de le faire. Je
n’en reviens pas des choses que j’ai réussi à  faire juste pour me prouver
que j’en étais capable. On pourrait aisément manipuler un Rebelle ou du
moins le mettre en danger en le défiant. En tout cas, cela aurait de
grandes chances de marcher sur moi.

Les Rebelles prennent un malin plaisir à  défier les


attentes des autres. «  Depuis que l’on m’a dit que je
risquais de me faire agresser dans la Coulée verte près de
chez moi, j’y vais régulièrement faire une marche. Ce n’est
peut-être pas la meilleure raison de faire de l’exercice,
mais ça fonctionne  !  » Un autre Rebelle raconte  : «  Les
gens n’arrêtaient pas de me dire que je ne pourrais jamais
arrêter de boire. Je leur ai prouvé le contraire et j’adore
leur rappeler comme ils avaient tort.  » Dans les réponses
à  mon questionnaire, les Rebelles étaient les plus enclins
à  être d’accord avec l’affirmation  : «  Cela ne me dérange
pas d’enfreindre les règles ou les usages, et parfois même,
cela me plaît ».
Même s’ils n’en font qu’à leur tête, les Rebelles sont
souvent durs avec eux-mêmes, surtout quand ils ont
quelque chose à prouver, comme en témoigne une lectrice :
Le test dit que je suis une Rebelle, et j’ai tout de suite pensé  que ça ne
pouvait pas être vrai. Je suis culturiste et je fais de la compétition en
catégorie bikini. J’ai un régime alimentaire et un programme
d’entraînement très stricts. Pour moi, un Rebelle n’aurait pas pu s’imposer
ça. Mais d’un autre côté, je fais du culturisme parce que cela me plaît. Et
je le fais comme il me plaît de le faire. Je le fais même si mon mari ne
comprend pas pourquoi, même si mes amis trouvent ça bizarre et même si
cela me demande énormément de travail. J’adore voir la tête que font les
gens quand je leur dis que je suis une bodybuildeuse (j’ai une silhouette
fine et non massive), ou quand je leur dis que j’étais électricienne dans la
Marine. J’aime être à contre-courant. Je comprends maintenant en quoi je
suis une Rebelle.

Les Rebelles se moquent des conventions. J’ai rencontré


plusieurs couples de Rebelles où c’est la femme qui fait
bouillir la marmite. J’ai également lu un article dans le
New  York Times sur les différentes distributions des rôles
dans le couple. Les économistes avaient constaté que : « les
femmes qui gagnent plus [que leur mari] font aussi plus de
tâches ménagères et s’occupent plus de leurs enfants, peut-
être pour que leur mari se sente moins menacé.  » Moi, je
me suis dit que ces hommes étaient peut-être des Rebelles
qui se fichaient des conventions sociales, et qu’à la façon
des Rebelles, ils n’avaient aucune inclination à  contribuer
aux tâches ingrates ou routinières du quotidien. Ce ne
serait donc pas une question de masculinité, mais de profil.
Les Rebelles sont des éléments indispensables de la
société, comme un Pointilleux le faisait remarquer : « Leur
atout ? C’est leur capacité à entrer en dissidence. Nous ne
devrions pas essayer de les mater, de les faire rentrer dans
le moule ou de leur reprocher leur résistance. C’est en
étant comme ils sont qu’ils nous protègent tous.  » Les
«  Rebelles avec une cause  » mettent leur esprit de
contradiction au service des principes auxquels ils croient :
«  J’ai toujours ressenti le besoin de défier l’autorité, mais
j’agis toujours pour le bien.  Je ne suis pas d’accord avec
certaines règles et il m’arrive de les enfreindre
délibérément pour tous ceux qui en ont subi les
injustices. » Quand j’entends parler d’une personne qui sort
des sentiers battus – la première femme à travailler sur une
plate-forme pétrolière par exemple – je me dis que c’est
probablement une Rebelle.
 
Voici un fervent témoignage :
Un Rebelle en mission est une force de la nature, rien ne lui résiste. Pas
besoin de programme d’attaque, de répétitions, de règles ou d’habitudes
pour que ce soit fait. Il a un besoin vital de croire en quelque chose et de
se battre pour. Et quand il croit en quelque chose, rien ni personne ne
saurait l’en faire démordre. Le Rebelle se sent à  part, unique, voire
supérieur. Il a  quelque chose d’arrogant. Seule une cause en laquelle il
croira saura le dompter.

Le choix du vocabulaire est également très révélateur. Je


connais un Rebelle qui prenait un grand plaisir à parler des
non-Rebelles comme des Moldus.
Les Rebelles accordent la plus haute importance
à  l’authenticité, au libre arbitre. Leur vie elle-même doit
être l’expression de ces valeurs. La compagnie des Rebelles
peut être très libératrice, surtout pour les Dévoués, qui
admirent cette liberté et cette capacité à  rejeter les
obligations.
Les Rebelles aiment faire les choses à  leur façon, aussi
délirante soit-elle. Avant de me présenter à  une de ses
connaissances, une amie m’a murmuré  : «  Juste un petit
détail : c’est un adepte du “check”. » « Du quoi ? » me suis-
je demandé. J’ai fini par comprendre quand, en lui tendant
la main pour le saluer, il m’a présenté son poing. Il n’était
pas question pour lui de serrer la main comme tout le
monde. Le fils d’un ami Rebelle a  refusé de s’inscrire à  la
fac jusqu’à ce qu’il dégote une université internationale
que personne ne connaissait. Ce n’est qu’en trouvant lui-
même sa voie, qu’il a pu s’engager.
Moins il y  a d’attentes, mieux les Rebelles se porteront.
Une Rebelle m’a confié avoir eu ses meilleures notes au
dernier trimestre du lycée, quand elle a  su qu’elle était
admise à  l’université, et au dernier semestre de la fac,
quand elle a  reçu une réponse positive à  une demande
d’emploi. Un Rebelle m’a dit : « J’écris un livre et je vais le
finir avant de chercher un éditeur, parce que je sais qu’à
partir du moment où j’aurais un éditeur et une date de
remise du manuscrit, je n’aurai plus envie d’écrire. »
En tant que Disciplinée, j’ai beaucoup appris en étudiant
mon profil «  opposé  », le Rebelle. Les Rebelles m’ont
montré que nous étions plus libres que nous ne le croyions.
Si je décidais de ne pas me lever avant 10 heures du matin,
ma famille et mes collègues finiraient par s’en
accommoder. Si je décide de porter des pantalons de yoga
et des baskets jusqu’à la fin de ma vie, personne ne m’en
empêcherait.
Nous sommes beaucoup plus libres que nous ne le
croyons.

Faiblesses (et forces)


Les Rebelles ne manquent pas de qualités, loin de là, mais
ils ont aussi l’art et la manière d’énerver les autres (et de
s’énerver eux-mêmes).
Quand on leur demande ou quand on leur dit de faire
quelque chose, les Rebelles refuseront instinctivement. Et
ce n’est pas toujours facile à  gérer pour leur conjoint,
médecin, parents, professeurs ou supérieurs. Plus ces
derniers insisteront, et plus les Rebelles résisteront. J’ai
beaucoup ri quand une de mes amies m’a raconté  :
« Personne ne peut me dire ce que je dois faire. Il n’y a pas
longtemps, j’ai reçu un mail avec comme objet : “À lire”. Je
l’ai aussitôt supprimé. »
Les Rebelles sont réfractaires à  tout ce qu’ils perçoivent
comme une tentative de les contrôler, que ce soit un
téléphone qui sonne, un carton d’invitation ou une réunion
programmée. Et cela, même s’ils comprennent que leur
résistance est dommageable, contre-productive ou
contraire à  leurs propres aspirations. Un Rebelle m’a
confié : « Le sucre me rend malade, mais il m’arrive de me
dire que je vais manger du sucre, juste parce que je refuse
l’idée de ne pas pouvoir faire ce que je veux.  » Un autre
Rebelle a  écrit  : «  Au lycée, j’ai commencé à  prendre du
Ritaline pour réguler mon hyperactivité. J’arrivais
beaucoup mieux à me concentrer, mais je me suis demandé
de quel droit un médicament pouvait contrôler ma
personnalité, de quel droit un petit comprimé pouvait faire
de moi un meilleur élève. C’était pourtant le but recherché.
Mon attention s’est améliorée, mais pas mes notes. »
Un étudiant en droit a écrit :
Je m’en sors plutôt bien dans la vie, mais je ne me coule pas dans les
normes. Comme je suis en droit, tout le monde s’attend à  ce que j’étudie
jour et nuit en bibliothèque, du coup, j’étudie l’après-midi dans un café.
À mon école, tous les étudiants vont chercher à se faire embaucher par de
grands cabinets, parce que ce sont eux qui paient le mieux, du coup je vais
me spécialiser en droit constitutionnel. Ma nature Rebelle m’attire parfois
des ennuis. Cela fait des mois que je dois rendre un relevé d’heures de
travail et j’ai loupé pas mal de cours obligatoires.

Son témoignage illustre un paradoxe important  : en


voulant à  tout prix être libres, les Rebelles peuvent se
laisser déterminer indirectement ou négativement par les
circonstances. Cet étudiant s’est spécialisé en droit
constitutionnel non pas parce que cela l’intéressait, mais
parce qu’on s’attendait à ce qu’il se spécialise en droit des
affaires. Se rebeller, c’est s’opposer, ce n’est pas forcément
être libre.
Un autre Rebelle m’a dit : « Sur moi, l’émulation a l’effet
contraire de celui recherché. Si on essaie de me convaincre
de faire quelque chose, je vais me rebeller et faire
systématiquement le contraire. »
Les Rebelles ont leur propre agenda et si quelqu’un les
presse à  agir, ils auront tendance à  résister et à  prendre
encore plus leur temps, au risque de se faire taxer de
procrastineurs. Mais ce n’est pas nécessairement parce
qu’ils rechignent à  se mettre à  travailler, ils refusent juste
de se faire commander. Plus on les poussera à faire quelque
chose et moins ils le feront.
Pour leur entourage, ce peut être extrêmement frustrant,
comme le rapporte une Dévouée :
J’ai tendance à prendre les choses en mains quand mon mari ne le fait pas.
J’ai attendu six mois pour qu’il s’y mette, avant de finir par le faire moi-
même. C’était plus simple. Il dit que tout ne peut pas être fait à  mon
rythme. Une fois, il a  entrepris des travaux dans la maison. Ce qui aurait
dû lui prendre deux semaines s’est éternisé sur plus d’un an. Ça l’énervait
quand je le lui rappelais. Il n’aimait pas se sentir obligé de faire quelque
chose et je n’aimais pas que les travaux restent en plan.

En lisant ces mots, je me suis dit  : «  Peut-être que ces


travaux ont duré plus d’un  an, parce qu’elle était toujours
sur son dos. »
Les Rebelles ont du mal avec tout ce qui est programmé.
Voir un événement sur le calendrier leur donne le
sentiment d’être coincés, et quand ils prévoient des choses,
ils les annulent souvent à la dernière minute.
Ils n’aiment pas les tâches répétitives et ennuyeuses
comme sortir les poubelles ou tenir des comptes, et ne le
font que lorsqu’ils ne peuvent plus y  échapper. Ils ont
souvent recours aux prélèvements automatiques pour
régler leurs factures et quand ils peuvent se le permettre,
ils engagent quelqu’un pour les tâches ménagères. Ils ont
bien vu aussi que d’autres finissaient souvent par faire les
choses à leur place.
Comme tout le monde, quand ils ne peuvent faire
autrement, les Rebelles s’exécutent… sans toutefois perdre
leur esprit frondeur. J’ai demandé à  une amie Rebelle
comment elle faisait pour régler ses factures à temps. Elle
m’a répondu du tac au tac  : «  Je le fais quand je suis au
bureau, quand je suis censée travailler.  » Un ami Rebelle
fait systématiquement et ostensiblement des mots croisés
sur sa tablette pendant les réunions. On peut certes
l’obliger à  être présent, on ne peut pas l’obliger
à participer.
Même quand ils reconnaissent la validité d’une
contrainte, les Rebelles ont du mal à l’accepter. Un Rebelle
m’a confié  : «  Je suis marié depuis cinq  ans, et j’aime ma
femme, mais le concept de monogamie me dérange. Je ne
supporte pas qu’on me dise ce que je peux ou ne peux pas
faire. Je veux pouvoir tout expérimenter et me réaliser
pleinement, et cela implique d’être avec plus d’une
personne. » (Il a divorcé depuis.)
Les Rebelles refusent de recevoir une étiquette, même
pertinente. Ils vont ainsi déménager ou changer souvent de
travail pour ne pas être prisonniers d’un personnage.
Certains vont aller à  l’encontre même de ce qu’ils ont pu
dire pour ne pas se sentir enchaînés à ce point de vue. Ils
refuseront alors de faire ce qu’ils avaient dit, parce qu’ils
ne veulent pas être tenus par quoi que ce soit, même par
leur propre parole. Ils n’accordent aucune importance
à  leur réputation. Être considérés comme difficiles ou
différents ne leur déplaît pas (ce qui est autant un avantage
qu’un inconvénient).
Les Rebelles n’aiment pas que l’on puisse décider à  leur
place ou dicter leur comportement. J’ai constaté une
constante intéressante  : quand les Rebelles s’inscrivent
à  une école, ils n’en choisissent qu’une. Ils savent où ils
veulent aller et ne veulent pas laisser un comité
d’admission choisir leur avenir pour eux.
S’ils résistent aux attentes qui leur sont imposées,
certains Rebelles n’hésitent pas à  imposer les leurs.
Comme Samuel Johnson le faisait remarquer  : «  Ceux qui
réclament la liberté à  cor et à  cri sont peu enclins
à  l’accorder.  » Une Rebelle a  écrit non sans autodérision  :
«  Je veux que les autres fassent ce que je veux, et je veux
pouvoir faire ce que je veux. »
Face à un Rebelle, mieux vaut tenir compte de sa nature
frondeuse. Ce n’est pas feint et cela ne lui passera pas. Une
lectrice Rebelle m’a envoyé un mail poignant : « Mais nous
allons bien finir par nous rendre compte que nous ne
pouvons pas toujours faire ce que nous voulons, non  ? Ce
n’est pas ça être adulte  !  » Et pourtant, il y  a des adultes
comme ça. Et les Rebelles sont comme ça. Pour le meilleur
et pour le pire.

Variations au sein du profil

Comme c’est le cas pour tous les profils, le profil des


Rebelles en recoupe deux autres, celui des Pointilleux (qui
résistent également aux attentes extérieures) et celui des
Dévoués (qui résistent également aux attentes intérieures).
Les Rebelles à tendance Pointilleux sont très différents des
Rebelles à tendance Dévoués.
Les REBELLES/Pointilleux tendent plus à  réaliser leurs
désirs qu’à résister aux attentes extérieures. Leur esprit de
contradiction reste fort, mais ils accordent plus
d’importance à faire ce qu’ils veulent qu’à défier les autres.
Les REBELLES/Pointilleux ne résistent pas vraiment à leurs
aspirations, comme l’un d’eux le fait remarquer  : «  Si je
n’ai rien contre quoi me rebeller, ça va. Comme tout le
monde se fiche de savoir si je fais du sport ou pas, j’en fais
tout le temps. J’adore travailler pour moi-même, j’ai plus de
mal quand c’est pour les autres. »
Les REBELLES/Dévoués ont un esprit de contradiction et
une volonté d’échapper à un contrôle plus poussé. Les deux
aspects de leur nature résistant aux attentes intérieures, ils
seront davantage exposés à la frustration et à la rébellion.
C’est pourquoi les REBELLES/Dévoués seront plus enclins
à  s’obstiner  : «  Rien ne peut m’obliger  !  » même pour
répondre à  leurs propres désirs. Ainsi, dans son
essai  I  Refuse to Be a  Grown-Up (Je refuse d’être une
adulte), Elizabeth Wurtzel déclare : « Je fais ce que je veux.
Je ne fais pas ce que les autres veulent que je fasse. Il
m’arrive aussi de ne pas faire ce que je veux, parce que
quelqu’un d’autre veut absolument que je le fasse. »
Même quand ils ont envie de faire quelque chose,
l’approbation ou les encouragements des autres vont
déclencher leur résistance. Un Rebelle explique comment
la bienveillance de ses parents le freine  : «  Quand j’essaie
de prendre de bonnes habitudes comme me lever tôt ou
manger sain, je finis par abandonner, parce que je sais que
ce sont des choses que mes parents approuvent (même s’ils
ne me font aucune remarque). »
Pour résumer, les REBELLES/Pointilleux penseront  : «  Je
fais ce que j’ai choisi de faire  », tandis que les
REBELLES/Dévoués se diront : « Je refuse de faire ce qu’on
me dit de faire ».
Bien entendu, les différents traits de caractère vont
nuancer tout cela. Un Rebelle empathique se comportera
différemment d’un Rebelle que les autres laissent
indifférent. La vie d’un Rebelle ambitieux n’aura rien à voir
avec celle d’un Rebelle qui n’accorde aucune importance
à  la réussite. Chez certains, la rébellion se manifestera
ouvertement et frontalement, chez d’autres, elle prendra
des formes plus discrètes et non conflictuelles.
 
Certains Rebelles adhèrent complètement à  leur nature
profonde, comme l’atteste ce témoignage :
J’ai entrepris des choses que les gens pensaient impossibles. Les Rebelles
n’ont pas froid aux yeux, ce sont de véritables révolutionnaires. Ils vont
changer la donne, parce qu’ils sortent des sentiers battus. Étant un
Rebelle, j’incite les autres à sortir de leur zone de confort, à voir et à faire
les choses « autrement ».

Certains Rebelles (comme certains Dévoués) vivent mal


leur tendance naturelle et souhaiteraient avoir un autre
profil. Plusieurs personnes m’ont avoué être ce qu’elles
appellent des «  Rebelles réticentes  », parce qu’elles se
sentent isolées ou frustrées d’être en perpétuel conflit avec
les autres et elles-mêmes. Un photographe s’explique :
J’envie les autres profils. J’ai souvent l’impression que les gens sont plus
épanouis et s’en sortent mieux que moi en tant «  qu’adulte  ». Je suis
malheureux, parce que je n’arrive pas à concrétiser mes grands projets. Je
suis pourtant très créatif. Je gagne ma vie principalement avec mes photos.
Cela devrait me pousser à  développer cette activité, mais rien que d’y
penser, je n’ai plus envie de toucher à  mon appareil. J’ai peur qu’en me
lançant vraiment dans cette carrière, je finisse par détester ça.

Une fois qu’ils ont compris les spécificités de leur nature,


les Rebelles peuvent trouver des moyens d’en compenser
les mauvais côtés.

Comment inciter les Rebelles à répondre à une


attente
Les Rebelles font ce qu’ils veulent, pour les raisons qui leur
sont propres. Si on leur demande de faire quelque chose,
ils auront tendance à  refuser. Leur entourage doit se
garder de mettre le feu aux poudres sans le faire exprès.
Ce qui est plus facile à dire qu’à faire.
Un Rebelle doit pouvoir se dire  : «  Ça vient de moi  ».
Sachant cela, la meilleure stratégie est peut-être de lui
faire croire qu’il en a eu l’idée.
Comment avoir des relations constructives avec un
Rebelle  ? Pour faire simple, je dirais  : informations,
conséquences et choix. Il faut lui donner les informations
nécessaires pour éclairer son raisonnement, le prévenir des
conséquences possibles de ses actions et le laisser prendre
sa décision sans lui faire la leçon, sans insister, sans le
bousculer.
•  Un parent pourrait dire  : «  Les enfants qui restent
longtemps dehors peuvent prendre des coups de soleil.
Et ça fait très mal. Certains ont même des cloques et ils
pèlent. Ils sont alors obligés de rester à  la maison
pendant que les copains s’amusent dehors. Tu veux
mettre de la crème solaire ou porter une casquette et un
t-shirt à manches longues ?
• Un enseignant pourrait dire  : «  Pour décrocher leur
diplôme, les élèves doivent faire cent heures de
bénévolat. Ceux qui s’y mettent dès la première ou la
deuxième année pourront choisir leur projet et répartir
ces heures comme ils le veulent. J’ai connu des élèves
qui n’ont commencé qu’en dernière année et qui ont dû
y consacrer toutes leurs vacances de printemps. Je reste
à  votre disposition pour discuter des différents projets
proposés. »
• Un mari ou une femme pourrait dire : « Les emplois du
temps des enfants sont très chargés et toutes les
activités sont programmées à  l’avance. Si l’on ne donne
pas la date des réunions de meute une semaine
à  l’avance, tous les Louveteaux ne pourront pas
y  assister. Ton fils sera tout penaud. C’est toi le chef de
meute, c’est à toi de décider du planning. »
•  Un médecin pourrait dire  : «  Des études très sérieuses
ont montré qu’une activité physique régulière, passés
60  ans, prévient les conséquences débilitantes des
chutes et diminue les risques de perte d’autonomie. Si
cela vous intéresse, ce dépliant présente toutes sortes
d’activités adaptées. »
•  Un patron pourrait dire  : «  Le client nous a  donné un
budget et un délai d’un mois pour ce projet. S’il est
satisfait de notre travail, il nous passera d’autres
commandes, plus importantes. Cela veut dire
potentiellement beaucoup d’argent en perspective. Est-
ce que tu es partant ? »
Les Rebelles font ce qu’ils veulent, mais si leur action
a  des conséquences déplaisantes, ils peuvent décider d’y
renoncer. Même s’ils ont tendance à  s’entêter et à  ne pas
vouloir écouter quand on leur dit : « C’est comme tu veux,
mais tu as vu que…  ?  », ils finissent par intégrer cette
information.
Pour que la formule information-conséquences-choix
fonctionne, il faut que les conséquences encourues soient
vraiment préjudiciables pour leur santé, leur réputation ou
leur confort. Et il faut les laisser subir les conséquences de
leurs actions, même si ce n’est pas agréable à  voir, et
même si ces conséquences affectent d’autres personnes
aussi, car si quelqu’un se charge du problème à leur place,
ils n’auront plus aucune raison d’agir.
J’en discutais avec un ami Dévoué dont la femme est une
Rebelle : « Je comprends bien, mais le problème, c’est qu’il
n’y a  pas qu’elle qui en subit les conséquences, moi aussi.
Quand elle ne paie pas les factures, on me coupe les
chaînes du câble. Quand elle décide à la dernière minute de
ne pas aller à ce concert, je perds le prix des billets.
– Quoi qu’il en soit, ai-je dit en essayant de ne pas être
trop dure, tu vas devoir trouver un moyen de composer
avec sa nature, ou alors tu devras chaque fois en subir les
conséquences. »
Une amie me parlait d’une connaissance commune  :
«  Elle était invitée à  une grande soirée caritative, mais
a  refusé de confirmer sa présence par retour de courrier.
L’association l’a appelée plusieurs fois en lui précisant que
le traiteur avait besoin de connaître le nombre d’invités
présents au dîner, mais elle ne leur a  jamais répondu. Le
soir en question, elle est arrivée et s’est plainte toute la
soirée de la table à laquelle ils l’avaient placée.
– Tu vois, ai-je fait en sautant sur l’occasion de
mentionner les quatre profils, l’association s’y est mal
prise  ! Ils auraient dû appliquer la formule information-
conséquences-choix en disant  : “Si vous nous répondez
rapidement, vous aurez le choix de la table et des convives.
Si vous tardez à  répondre, les tables seront prises et nous
serons obligés de vous placer avec des inconnus. Faites-
nous savoir ce que vous avez décidé.” »
Information, conséquences, choix. Sans reproche, sans
condescendance et sans pression.
La nature contrariante des Rebelles est aussi ce qui les
rend facilement manipulables. Il suffit d’exploiter leur
penchant à  se dire  : «  Personne ne m’obligera  », «  Je te
prouverai le contraire  » ou «  Tu vas voir ce que tu vas
voir ». Une amie, qui avait du mal à décoller sa fille Rebelle
de l’écran de télé, a  fini par lui dire  : «  Tu as beaucoup
travaillé ces derniers jours. Tu devrais te détendre, rester
à  la maison quelques jours et regarder la télé.  » À  peine
avait-elle fini de dire ça, que sa fille s’est levée et a éteint la
télé avant de sortir.
«  Je ne pense pas que tu puisses finir ce rapport pour
vendredi », « Tu n’arriveras jamais à arrêter le sucre » ou
« Ça m’étonnerait que tu aimes ça » ne manqueront pas de
titiller l’esprit de contradiction du Rebelle (certains ne se
laisseront pourtant pas avoir  !). Il suffit parfois de dire  :
«  Ah, tu ne vas pas à  la gym, aujourd’hui  » pour que le
Rebelle en prenne aussitôt le contre-pied  : «  Bien sûr que
si ! » Si au contraire vous dites : « Tu ne devrais pas aller
à  la gym aujourd’hui  ?  », il sera enclin à  vous répondre  :
« Non, je n’y vais pas. »
Certains psychothérapeutes ont recours à « l’intervention
paradoxale  » ou psychologie inversée. Ils vont prescrire le
comportement inverse de celui qu’ils souhaitent suggérer.
De nombreuses raisons expliquent le succès de telles
techniques, et je parie que cela marche avec les Rebelles.
Si un enfant fait une crise chaque fois qu’on lui dit de faire
son lit, ses parents pourraient lui dire : « Avant de faire ton
lit, prends quelques minutes et crie aussi fort que tu
peux. »
Une Rebelle explique comment elle a appris à déjouer son
esprit de contradiction  : «  En tant que Rebelle, ma
première réaction, quand on me demande de faire quelque
chose, ou pire, quand on vérifie ce que je fais, c’est de
dire : “Non, laissez-moi tranquille.” Quand cela m’arrive, je
me force à me rappeler que je suis libre de faire ce que je
veux, qu’on me le demande ou pas. Ne pas faire quelque
chose juste parce qu’on me l’a demandé est tout aussi
contraignant que de le faire, parce qu’on me l’a demandé. »
Malgré leur tendance à  résister quand on leur demande
de faire quelque chose, les Rebelles peuvent décider de le
faire par amour. Ils agissent alors par désir et non par
obligation. Ils peuvent décider de répondre à  une attente
pour montrer leur amour. Cela reste un choix. Un
adolescent explique : « Je voulais faire plaisir à ma mère et
j’avais prévu de faire le ménage pendant qu’elle faisait les
courses. Mais en partant, elle m’a dit de nettoyer la
maison. J’ai tout de suite pensé  : “Oh non  ! C’était sympa
quand c’était pour te faire une surprise ! Maintenant, c’est
devenu une corvée”. »
Quand les médecins, parents, conjoints, professeurs, amis
ou patrons poussent les Rebelles à faire quelque chose, ils
ne font que les pousser à leur résister.
Leur promettre une récompense peut même avoir l’effet
contraire de celui que l’on recherche. «  Si tu finis ton
travail vite, tu pourras partir plus tôt  » ne marche pas
forcément. Les félicitations ou les encouragements peuvent
aussi les braquer au lieu de les motiver, comme une Rebelle
en témoigne :
Je me suis mise à  la course à  pied l’été dernier avec un
programme progressif de 0 à 5  kilomètres. Quand j’ai
atteint mon premier kilomètre, je l’ai annoncé sur les
réseaux sociaux. J’ai eu plein de messages
d’encouragements et de félicitations  : “Continue comme
ça !”, “Aux 5 kilomètres dès cet automne !” Sur le moment,
ça m’a fait plaisir. Mais j’ai arrêté de courir. Au début, j’ai
mis ça sur le compte du travail, du mauvais temps… mais
en fait, je me rebellais contre toutes ces attentes. »
 
Un autre Rebelle rapporte une expérience similaire :
J’étais à la fac et j’étudiais quelque chose qui me plaisait depuis toujours.
J’avais de très bons résultats (18 de moyenne), quand le professeur m’a
convoqué dans son bureau et m’a dit  : «  Vous pourriez faire encore
mieux.  » Dès lors, mes notes ont baissé. J’avais l’impression que si
j’arrivais à 20 de moyenne comme il le voulait, je le laissais gagner.

Les Rebelles n’aiment suivre les injonctions de personne,


même pour faire quelque chose qui leur plaît, comme une
lectrice l’écrit :
Au début de mon mariage, je ne comprenais pas pourquoi mon mari ne se
jetait pas sur moi quand je mettais de la lingerie sexy. J’ai fini par en rire.
Je sais maintenant que si je veux passer une soirée tranquille, il me suffit
de porter de la dentelle noire. J’ai compris que mon mari est un Rebelle. Il
ne veut même pas qu’on lui «  suggère  » quand faire l’amour. Après
vingt  ans de mariage, j’ai appris à  faire des avances très discrètes, pour
qu’il ait l’impression que cela vient de lui et non de moi.

De même, lorsqu’un Rebelle propose de faire quelque


chose, il est préférable de ne pas proposer quelque chose
de « mieux » :
Si mon mari est d’humeur à faire quelque chose qui m’arrange, je n’ai pas
intérêt à  laisser l’occasion filer. Elle pourrait ne pas se représenter avant
un bout de temps  ! Avant, s’il m’avait dit un soir de semaine  : «  Je vais
ranger le garage », j’aurais certainement répondu : « Attend le week-end,
on aura plus de temps et on pourra emmener directement ce qui ne nous
sert plus aux bonnes œuvres, etc. » Maintenant, je dis : « Super ! »

L’entourage d’un Rebelle veut souvent l’aider,


l’encourager, lui rappeler ses obligations, mais en ce
faisant, il ne va que le pousser à résister, obtenant ainsi le
contraire de ce qu’il voulait. Une Rebelle s’en désole :
J’allais commencer une recherche d’emploi quand mon mari (un Dévoué)
s’est mis à  me bombarder de questions. Il m’a dit que je ne faisais pas
assez d’effort. J’ai arrêté de chercher. C’est plus fort que moi, je bloque,
parce que je me sens scrutée et acculée. Il dit qu’il veut m’aider dans mes
recherches. Il ne me fait pas confiance pour gérer ça toute seule. Tout se
serait bien passé s’il ne s’en était pas mêlé.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a  pas de compromis


possible. Au lieu d’imposer une date précise à  un Rebelle,
laissez-lui le choix d’en fixer une dans un laps de temps
donné. Ainsi, un collègue pourrait dire  : «  Le patron nous
rebat les oreilles avec le budget prévisionnel de l’année
prochaine. Ce serait bien qu’on puisse faire le point la
semaine prochaine. Tu me diras quand cela t’arrange. » Un
ami pourrait dire : « Je vais être débordé dans les mois qui
viennent, mais je suis libre ce week-end. Appelle-moi si tu
veux qu’on se voie. »
Information, conséquences, choix.

Comment les Rebelles peuvent s’efforcer


de répondre à une attente
Si les Rebelles ont l’art d’agacer les autres avec leur esprit
de contradiction, ils se déçoivent parfois eux-mêmes en
s’empêchant de faire ce qu’ils veulent vraiment. C’est
l’effet pervers de la rébellion systématique. Une Dévouée
a écrit :
J’ai posé quelques questions du test à mon mari sans lui dire que c’était un
test de personnalité (il aurait refusé de le faire si je le lui avais demandé).
Toutes ses réponses entrent dans la catégorie Rebelle  : il ne veut pas se
sentir coincé, si l’on arrive à  lui soutirer un engagement, il finit le plus
souvent par changer d’avis, et il fait en général le contraire de ce qu’on
attend de lui. Ça l’énerve de ne pas réussir à se forcer à faire ce qu’il veut
pour être heureux. Il s’en veut de ne pas faire de sport. Il est triste de voir
que les gens pensent qu’il n’est pas fiable, qu’on ne peut pas compter sur
lui. Moi, j’admire sa ténacité et sa fermeté, mais que voulez-vous faire
quand vous n’êtes pas capable de répondre à vos propres aspirations ?

En mettant leur liberté au-dessus de tout, les Rebelles


confondent parfois libre arbitre et indiscipline.
Ils résistent à tout ce qui est prévu et programmé, même
si c’est conforme à  leur volonté. (Je tiens toutefois
à  préciser que certains Rebelles adorent les plannings
clairs et les listes de choses à  faire. Cela peut sembler
contraire à  leur nature rebelle, mais ils s’y tiendront si
c’est ce qu’ils veulent faire.)
Ils aimeraient parfois adopter certaines habitudes – faire
du sport, éditer leurs factures, démarcher des clients –
mais n’y arrivent pas à  cause de leur refus de se sentir
tenus par quelque chose. Les stratégies utilisées par les
autres profils sont souvent inefficaces avec eux.
Que peut donc faire un Rebelle ? Ceux qui ne supportent
pas les habitudes, les engagements et les choses
déterminées à  l’avance peuvent trouver des moyens de
faire les choses à leur façon. Ce qu’il faut retenir, c’est : ils
peuvent faire tout ce qu’ils veulent du moment qu’ils le
veulent.
Les Rebelles peuvent répondre aux attentes quand elles
sont l’expression de leur identité, quand elles leur
permettent d’être le genre de personne qu’ils veulent être.
Un écrivain raconte :
Si je m’inscris à un défi de 30 jours d’écriture, je me condamne à la panne
sèche. Le pire serait d’annoncer sur mon blog que je suis en train de
préparer quelque chose. Je me bloquerais net. Ce que je fais plutôt, c’est
me dire que je veux être le genre d’auteur à écrire tous les jours. J’imagine
alors ce que serait ma vie si je me levais le matin et que je me mettais
à écrire, la sensation que cela me procurerait une fois que j’aurais écrit, et
là, je le fais.

Les Rebelles veulent rester fidèles à  eux-mêmes. Ils


peuvent tenir une habitude si elle est en accord avec l’idée
qu’ils ont d’eux-mêmes. Un Rebelle explique  : «  Si une
habitude fait partie de ce que je suis, elle ne m’enchaîne
pas. Elle me permet au contraire d’être qui je suis.  » Pour
respecter un budget, le Rebelle peut se projeter comme
celui qui fait des choix avisés. Une Rebelle a écrit : « Je ne
m’oblige pas à faire de l’exercice, manger sainement, etc.,
je le fais par respect pour moi-même, parce que je suis une
personne qui prend soin de mon corps. Comme cela fait
partie de qui je suis, je le fais tout naturellement. »
Pour composer avec leur nature, certains Rebelles savent
faire preuve d’imagination  : «  Quand je dois faire des
tâches répétitives, tout en moi se rebelle. Alors, je joue à un
jeu que j’appelle «  Comme si…  » Je fais comme si j’étais
quelqu’un d’autre, comme si j’étais un acteur en train de
jouer un majordome, un grand chef, un architecte
d’intérieur, un célèbre poète, un scientifique super cool…
C’est idiot, mais ça marche. »
Une Rebelle a  combiné la stratégie de l’identité et son
goût pour les défis : « Pour faire les choses, je me lance des
défis. Je me dis : « Je suis une Rebelle capable d’assumer le
quotidien et d’aller au bout des choses. » J’aime les défis. Je
trouve ça subversif d’être une Rebelle capable d’être
disciplinée, parce que justement, on ne s’y attend pas. »
De même, les Rebelles peuvent lier une activité à  une
valeur qui leur est chère. «  J’ai réussi à  faire du sport en
m’inscrivant à  un marathon dont les fonds sont reversés
à  une cause humanitaire à  laquelle je tiens. En liant cette
course à  mon besoin de “faire quelque chose” pour cette
cause, je garantis mon assiduité. »
Inversement, un Rebelle recommande d’utiliser la
stratégie de l’aversion. Les Rebelles n’aiment pas être
prisonniers d’une étiquette, même celle de Rebelle. Il
explique : « J’ai conscience de ma nature Rebelle, alors (et
c’est le plus important) je me rebelle contre ma nature
Rebelle pour choisir ce qui va m’aider à  atteindre mon
objectif. »
L’identité du Rebelle peut se définir par défaut. Ainsi, un
Rebelle peut décider de se fixer des habitudes pour ne pas
devenir tel ou tel personnage. «  Je ne suis pas le genre
d’entraîneur à  faire attendre les enfants parce qu’il est en
retard. Je suis quelqu’un de responsable, probablement
parce que ma mère, la personne contre laquelle je me suis
le plus rebellé, disait toujours que j’étais irresponsable. »
Les Rebelles rivalisent d’ingéniosité pour ne pas
chatouiller leur esprit de contradiction. Ils en font un jeu,
un défi, un choix, comme en témoigne l’un d’eux  : «  Entre
deux projets de longue haleine (importants certes, mais
que je trouve barbants) je me lance des petits défis, comme
faire toute la paperasse des free-lances de la société en
quelques jours.  » Un autre Rebelle transforme les tâches
routinières ou planifiées en un jeu :
Au lieu de dresser des listes de choses à  faire, je les écris sur des petits
bouts de papier pour les tirer au sort un par un. Je ne peux procéder à un
tirage qu’après avoir fini la tâche précédente. Cela donne un petit côté
aléatoire qui me plaît et c’est moins intimidant de voir ces bouts de papier
qu’une longue liste de tâches à faire.

Un autre Rebelle joue sur le pouvoir des mots. « Dès que


je vois “à faire” sur une liste, je me sens obligé de le faire,
et donc je ne le fais pas. Une liste de choses “à envisager”
en revanche me rappelle que je peux choisir de faire telle
ou telle tâche. »
Parfois, il suffit aussi de changer de perspective. Au lieu
de se dire « Cette personne s’attend à ce que je fasse telle
chose  », ce qui va automatiquement déclencher son esprit
de contradiction, le Rebelle peut penser : « Cette personne
va dans mon sens, cela m’aidera à atteindre mon objectif »,
ou «  À  ce poste, j’acquiers les compétences que je
voulais  ». Une amie m’a raconté  : «  Ma conseillère
financière avait besoin d’informations que je refusais de lui
envoyer… parce qu’elle me les avait demandées. J’ai fini
par me dire  : “Elle travaille pour moi, elle va m’aider
à renégocier mon emprunt et faire des économies. Ce sera
toujours ça que les banques n’auront pas.” J’ai pu alors lui
envoyer ce qu’elle me demandait. »
 
L’aversion des contraintes peut motiver les Rebelles à  se
libérer des comportements addictifs. Ainsi, ils renonceront
à la cigarette, à la malbouffe, à l’alcool ou à la technologie
pour ne pas en être dépendants. Une Rebelle a écrit :
Avant, quand j’essayais de suivre un régime, je me disais  : «  Je ne peux
plus faire ce que je veux  », et cela suffisait pour que j’abandonne.
Maintenant, je vois les choses autrement : « Je fais ce que je veux, et c’est
de cette façon que je veux manger dorénavant. »
Je trouve que les industriels nous poussent à  manger n’importe quoi. Ils
bourrent leurs produits de gras et de sucre pour nous faire aimer leurs
cochonneries. Ils veulent qu’on en redemande, qu’on soit accro, qu’on soit
dépendant. Qu’ils gardent leurs camelotes hors de prix  ! Il n’est pas
question que je touche à  leurs cookies, biscuits apéritifs, chips, farine
blanche, sucre raffiné et autres produits bobos qui se posent comme des
alternatives saines. C’est assez rebelle pour vous ?
Je n’ai pas l’impression de me priver de quoi que ce soit à  cause de ma
nature Rebelle. Il m’arrive de déroger à mes règles et de grignoter quand
j’en ai envie, mais de façon générale, je suis contre la malbouffe
industrielle.

Les Rebelles n’aiment pas être tenus à  un emploi du


temps, ils s’en sortent mieux quand ils peuvent faire ce
qu’ils veulent, quand ils le veulent, sans qu’on n’attende
rien d’eux. S’ils veulent faire du sport, au lieu de
programmer des alarmes sur leur téléphone pour leur
rappeler d’aller à  la gym, ils peuvent répertorier les cours
disponibles dans le secteur pour pouvoir, quand ils seront
d’humeur, en choisir un qui leur convient sur le moment.
Les Rebelles font ce qu’ils veulent. Ils peuvent aussi agir
pour éviter quelque chose. Un Rebelle m’a dit :
Je fais ma déclaration de revenus à  temps pour ne pas avoir à  me battre
avec les impôts. C’est épuisant, et je parle d’expérience. Je mets mon
clignotant avant de tourner, non par respect du Code de la route, mais
pour éviter qu’un crétin me rentre dedans.

Certains vont se forcer à  faire quelque chose, parce que


refuser de le faire entraînerait des conséquences encore
plus indésirables. Pour rester prolifique, une auteure
Rebelle donnait son argent aussitôt gagné. Elle savait que
si elle n’était pas obligée d’écrire pour avoir de l’argent,
elle n’aurait plus écrit.
Ce n’est qu’en comprenant les spécificités de leur profil
que les Rebelles pourront en tirer parti et réussir à  faire
tout ce qu’ils veulent vraiment.
Pourquoi les Rebelles peuvent être attirés
par des vies très réglées
La personnalité Rebelle n’est pas sans paradoxes. Il n’est
pas rare de voir des Rebelles intégrer des institutions très
réglementées et contraignantes, comme l’armée, la police,
les grandes entreprises ou le clergé.
Cela témoigne d’un besoin viscéral de sens : « L’armée ou
l’église attirent le Rebelle, parce qu’ils donnent du sens
à  ce monde de fou. Dans un bureau, le Rebelle se sent
prisonnier d’une cage (c’est mon cas). » Un autre Rebelle le
confirme  : «  Vous verrez des Rebelles dans l’armée et le
clergé, parce qu’ils trouvent quelque chose digne de leur
dévouement. »
Les Rebelles, tirant souvent leur énergie et leur
motivation de la dissidence, ont parfois besoin d’un
environnement très réglementé pour avoir suffisamment de
règles à  ignorer, de limites à  ne pas dépasser, de
conventions à violer. Un Rebelle témoigne :
En tant qu’ancien membre des Marines, je confirme la présence d’un
certain nombre de Rebelles dans l’armée. Étant moi-même un Rebelle, je
sais que les Rebelles ont le don de s’attirer des ennuis en refusant
d’adhérer aux règles de la société. Certains n’ont même plus le choix  :
c’est l’armée ou la prison (je connais deux personnes qui se sont
retrouvées dans cette situation). Par ailleurs, l’armée fournit pléthore de
règles à  suivre et donc autant d’occasions de les enfreindre. C’est ce qui
m’a permis de survivre à  la rigidité des Marines. Quand enfreindre une
règle est sans danger, je le fais sans ciller. Cela ne m’a pas empêché
d’avoir une belle carrière et de décrocher de nombreuses récompenses.

Travailler dans un cadre très structuré peut convenir aux


Rebelles qui finissent par tourner en rond quand ils n’ont
rien à  quoi s’opposer  : «  Je me bats contre l’ordre établi,
mais je veux qu’il y ait cet ordre pour avoir quelque chose
contre quoi me battre. »
En m’intéressant à l’attirance qu’ont les Rebelles pour les
systèmes hautement régulés, l’exemple de Thomas Merton
m’a frappée. Les écrits de ce moine cistercien-trappiste ont
eu une grande influence dans les années  1950 et  1960.
En 2015, le pape François l’a cité parmi les quatre figures
américaines les plus influentes. Dans ses écrits, Merton n’a
cessé d’exprimer sa rébellion  : son opposition instinctive,
sa soif de liberté, sa détermination à suivre sa propre voie.
Les Rebelles placent la liberté au-dessus de tout, et pour
Merton, la liberté découle d’une soumission totale à  la
volonté de Dieu. Seule cette soumission offre une
échappatoire à la rébellion, aux exigences, aux tumultes et
aux souffrances de l’ego.
En 1941, Merton entre dans l’ordre des moines trappistes
de l’abbaye de Gethsemani dans le Kentucky, mais ce n’est
pas un prêtre comme les autres. Bien que le quotidien des
trappistes soit très strictement réglé par le travail
communal, Merton obtient la permission de l’abbé d’établir
un ermitage où il est exempté des travaux quotidiens et
libre de presque toutes les obligations monastiques. Les
visiteurs, et ils sont nombreux, viennent s’entretenir avec
lui en toute liberté.
Sa rébellion la plus marquante éclate en  1966 quand,
après une opération, il tombe fou amoureux d’une élève
infirmière. Il n’hésite pas une seconde à  enfreindre les
règles. Les deux tourtereaux se voient, s’écrivent et
s’appellent en cachette. Merton met ses amis en porte-à-
faux en leur demandant d’arranger leurs rencontres. Il
semblerait qu’à ses yeux, Dieu ne pouvait qu’approuver.
Le profil Rebelle est tout en puissance et en paradoxe.

LES REBELLES EN QUELQUES MOTS

FORCES PROBABLES
Indépendants
Capables de sortir des sentiers battus
Non assujettis aux conventions
Prêts à suivre leur propre voie, à rejeter les conventions sociales
À l’écoute de leurs désirs
Spontanés

FAIBLESSES PROBABLES
Enclins à résister quand on leur demande ou qu’on leur dit de faire quelque
chose
Peu coopératifs
Peu délicats envers les autres
Peu assidus quand il s’agit de tâches répétitives
Ignorent les règles communes
Instables : peuvent avoir du mal à se poser, avoir un emploi, un domicile ou une
relation durable
Ont du mal avec le quotidien et ce qui est planifié
Peuvent être indifférents à la réputation
10
Interagir avec un Rebelle
« Personne ne décide pour moi »
Le collègue • Le conjoint • L’enfant • Le patient • Choix de carrière

Le collègue Rebelle
Les Rebelles possèdent de grands atouts  : leur aptitude
à  briser les conventions, à  sortir des sentiers battus, à  se
connecter à  leurs désirs et centres d’intérêt. Un Rebelle
m’a envoyé cette devise typique des Rebelles :
«  Si je devais me décrire en un seul mot, ce serait  : “ne
suit pas les instructions” ».
 
Les Rebelles s’épanouissent professionnellement quand
les objectifs sont en accord avec leurs propres aspirations.
Ils peuvent être très productifs s’ils ont le droit de faire
les choses comme ils l’endentent. Moins ils seront
surveillés et contrôlés, mieux ce sera, même si
paradoxalement, certains Rebelles ont besoin de
contraintes à ignorer ou à rejeter.
La plupart ont le goût du défi et s’épanouissent dans des
environnements où ils ont les coudées franches. L’un d’eux
m’a écrit :
Mon diplôme en poche, j’ai décroché un premier travail dans une grande
agence de conseil. J’avais un patron fantastique. Il m’a donné un dossier
difficile en me disant : “Il y a un gros problème, et je ne sais pas comment
le résoudre. À toi de jouer. Reviens me voir dans un mois avec une solution.
Appelle-moi s’il y a un souci.” J’ai pu donner le meilleur de moi-même dans
ces conditions. J’ai adoré. Mais il est parti, et celui qui a  repris les rênes
voulait tout contrôler. J’ai démissionné et j’ai monté ma propre agence.
Notons au passage que la façon de travailler du premier
patron, très efficace avec un Rebelle, aurait eu de piètres
résultats avec un Dévoué.
Si les Rebelles aiment relever les défis, ils peinent
à  accomplir les tâches quotidiennes et répétitives, ce qui
peut être plus ou moins gênant selon où ils travaillent. Une
lectrice témoigne  : «  Je ne m’occupe pas des tâches
routinières, alors pour compenser, je mets les bouchées
doubles quand il s’agit de projets difficiles qui me plaisent.
J’ai une belle carrière, mais je pense mériter mieux étant
donné le travail que je fournis. Je passe une bonne partie
de mon temps à  compenser tout ce que je ne fais pas.  »
Peut-être qu’elle pourrait, avec son patron, redistribuer ces
tâches qui l’ennuient tant (et qui ne sont pas faites de toute
façon) pour qu’elle puisse se concentrer sur les missions
plus importantes.
Si les Rebelles n’aiment pas recevoir d’ordres ou de
directives, ils peuvent être de très bons leaders, comme
l’explique l’un d’eux : « Tout le monde doit faire comme je
veux, c’est valable pour mes employés comme pour mes
enfants. Être Rebelle et refuser de se conformer à quoi que
ce soit peut être problématique, alors je n’engage que des
gens qui acceptent ma façon de faire. »
Un ami et professeur respecté m’a dit  : «  Les Rebelles
sont attirés par le monde universitaire.
– Quelle est leur position par rapport à la titularisation ?
ai-je demandé.
– Pour être titularisé, il faut publier, mais c’est vous qui
choisissez si vous préférez écrire un livre, deux livres ou
une série d’articles. Une fois titularisé, tout ce qu’on vous
demande, c’est de donner des cours. Et là, vous avez une
grande liberté d’action. Le directeur ne vous dira jamais  :
“Vous devriez publier quelque chose, cela fait dix  ans que
vous n’avez rien écrit”, même s’il le pense. Si j’écris, c’est
parce que j’en ai envie, pas parce qu’on me le demande. »
Les Rebelles font d’excellents patrons. Ils peuvent se
montrer créatifs et enthousiastes. Ils ont la détermination
et l’ambition nécessaires pour mener les projets à  bien.
Mais ce ne sera pas toujours facile de travailler pour eux.
 
Un Pointilleux a écrit :
Quand j’ai compris que mon ancienne responsable était une Rebelle, tout
s’est éclairé. Quand elle recevait des ordres de son supérieur, elle trouvait
toujours à redire, même si cela faisait partie de ses attributions. Quand on
mettait une procédure en place, elle la rejetait une semaine plus tard.
En tant que Pointilleux, c’était très difficile de travailler sous les ordres
d’une Rebelle. Je ne comprenais pas pourquoi elle prenait telle ou telle
décision ou pourquoi elle n’arrivait pas à s’y tenir. J’avais l’impression qu’il
n’y avait aucune logique derrière ses choix ou ses consignes.

Au travail, la formule «  information, conséquences,


choix  » évoquée plus tôt est également valable. «  C’est au
cours de la réunion hebdomadaire que l’on prend des
décisions importantes et que l’on répartit le travail. Si tu
n’y assistes pas, tu n’auras pas ton mot à dire sur ce qui se
fait et tu risques de te retrouver avec les tâches dont
personne n’a voulu. »
Un Rebelle voulant être considéré comme un bon leader,
un visionnaire, un patron présent pour ses employés, va
choisir d’agir en conséquence. «  Quand vous venez à  ces
réunions, l’équipe voit que vous vous intéressez aux
opinions de chacun. Quand vous ne venez pas, vous donnez
l’impression d’être inaccessible et de n’accorder aucune
importance à ce que les autres pensent. »
Souvent, les Rebelles montent leur propre entreprise ou
travaillent en indépendants pour pouvoir être totalement
libres, et ne pas avoir de compte à  rendre. Mais ce n’est
pas toujours facile, parce qu’ils n’aiment pas se
contraindre, respecter des délais ou des plannings, faire
des tâches répétitives. C’est pourquoi les entrepreneurs
Rebelles s’associent souvent avec quelqu’un – en général
un Dévoué – qui se charge de tout cela. J’ai discuté avec le
créateur d’un site Internet qui marche très bien  : «  C’est
moi qui en ai eu l’idée. Je suis l’esprit de la marque, je
donne les idées et la direction à  suivre. Je vais au bureau,
mais pas tous les jours. C’est mon associé et cofondateur
du site qui gère les annonceurs et les employés. C’est lui
qui se charge du côté financier. »
De même que les Rebelles s’associent le plus souvent
avec des Dévoués, ils vont travailler plus facilement avec
des membres de leur famille, peut-être parce que les
proches comprennent et tolèrent mieux les spécificités de
leur nature.

Le conjoint Rebelle
Le couple Rebelle-Dévoué
Vivre une histoire d’amour avec un ou une Rebelle relevant
du défi, plus d’une personne m’a demandé  : «  Est-ce que
les Rebelles sont allergiques aux relations durables ? » Les
résultats de l’étude que j’ai menée montrent que les
Rebelles ont autant de chances que les autres profils
d’avoir des relations durables.
Comprendre qu’une personne est de nature Rebelle
permet de mieux comprendre son comportement. Une amie
de la fac m’a dit : « Savoir que mon mari est un Rebelle me
fait voir notre relation différemment. Je ne prends plus
personnellement certaines de ses remarques. Quand je lui
dis  : “Faisons ça” et qu’il me répond  : “Jamais je ne ferai
ça”, je sais que cela n’a rien à  voir avec ce qu’il ressent
pour moi. C’est juste sa façon d’être. »
Les Rebelles, comme tout le monde, sont prêts à faire des
efforts pour éviter quelque chose de pénible. Une
Disciplinée raconte comme son mari, par amour, a  changé
quand elle a demandé le divorce :
À  vrai dire, au début, c’est moi qui faisais tout. En moins d’un  an, notre
mariage s’est écroulé. Mais c’est mon mari qui m’a convaincue d’aller voir
un conseiller conjugal. Depuis, nous avons appris à  respecter nos
différences.
En tant que Disciplinée, je suis motivée par toutes sortes de choses. Mon
mari, un Rebelle, n’est motivé que par une seule chose : l’amour. Il sait ce
qui compte pour moi et fait tout pour me soutenir, parce qu’il m’aime. Nos
profils très particuliers font que nous avons une vie peu conventionnelle :
je dirige une entreprise prospère et mon mari s’occupe de nos enfants.

Le secret d’une union heureuse avec un Rebelle ? Ne pas


trop lui en demander. La femme d’un Rebelle m’a confié  :
«  J’ai mis 20  ans à  comprendre que moins j’en demandais
et plus je recevais. »
Souvent, les relations durables avec les Rebelles, qu’elles
soient professionnelles ou amoureuses, sont avec un ou une
Dévouée.
Les Disciplinés ou les Pointilleux ont plus de mal
à  supporter les Rebelles. Les Discipliné les jugeront
impulsifs et irresponsables, alors que les Rebelles taxeront
les Disciplinés de psychorigides. Les Pointilleux
s’exaspéreront de voir les Rebelles se fier uniquement
à leur instinct, et les Rebelles se désespéreront de voir les
Pointilleux couper les cheveux en quatre.
Les Dévoués, bien plus que les Disciplinés ou les
Pointilleux, admirent le comportement des Rebelles et
gagnent à  voir les choses de leur point de vue. Peut-être
envient-ils cette aptitude à  rejeter sans ciller les attentes
extérieures. Une Dévouée mariée à  un Rebelle raconte  :
« À l’occasion d’un événement littéraire, on a offert à mon
mari un séjour tout compris dans un pays exotique. Nous
y  sommes allés. Il y  avait des ateliers, des cocktails, des
soirées et les organisateurs voulaient qu’on y participe. J’ai
dit  : “Ils nous ont invités, ils ont tout payé, nous devons
faire notre part.” Mon mari m’a répondu : “On ne doit rien
du tout.” Et à aucun moment, nous ne nous sommes forcés
à faire ce qui ne nous plaisait pas. »
Une Dévouée (à tendance Rebelle) m’expliquait pourquoi
elle appréciait la compagnie des Rebelles :
Les Dévoués, dont je fais partie, ont des penchants rebelles (j’aime les
cheveux teints de couleurs bizarres). C’est pour ça que nous aimons les
Rebelles. Ils nous font comprendre qu’il est possible de céder à sa nature
rebelle, de se libérer de certaines obligations. Mon mari et ma meilleure
amie sont des Rebelles. Avec eux, je trouve la vie plus légère. Et ils aiment
ma «  drôle de façon de faire  ». Ils me rappellent de prendre soin de moi
quand ils voient que je suis au bord du burn-out, alors que les Pointilleux et
les Disciplinés (mon frère et mon beau-père) vont se contenter de me
demander pourquoi j’ai pris autant d’engagements si je ne pouvais pas
tous les honorer.

En encourageant les Dévoués à  résister aux attentes


extérieures, les Rebelles les aident à ne pas tomber dans la
rébellion. Comme le dit très bien une Dévouée  : «  Vivre
avec un Rebelle n’est pas de tout repos, mais s’il est une
chose qu’il comprend parfaitement, c’est le mot “non”. Pour
lui, c’est normal de ne pas avoir envie de faire quelque
chose, alors il ne s’attend pas à  ce que je dise oui à  tout.
Comme il est plus difficile pour moi de résister à  une
attente que d’y répondre, cela me permet d’être un peu
moi-même.  » Le Rebelle agit comme une soupape de
sécurité permettant au Dévoué de relâcher la pression
extérieure.
Pour le Rebelle, il est plus facile d’ignorer les contraintes
du quotidien auprès d’un Dévoué, parce que ce dernier s’en
chargera à  sa place. Une Rebelle a  écrit  : «  Mon mari me
rend la vie plus aisée en s’occupant des tâches
quotidiennes. En contrepartie, il me dit que je l’aide à vivre
le moment présent et profiter de la vie.  » Un mariage ne
peut être heureux que si chaque partie y  trouve son
compte.
Une amie Dévouée m’a raconté : « Dans notre quartier, le
stationnement se fait par télépéage. J’ai pris un badge pour
mon mari, un Rebelle, et je l’ai laissé sur la table. Il n’avait
plus qu’à le mettre dans sa voiture, mais il l’a “perdu”.
Maintenant, il a une pile monstrueuse d’amendes.
– Ça ne l’ennuie pas d’avoir à payer tout ça ?
– Non, il sait que je vais finir par appeler la municipalité
pour dire que nous avons un badge, mais qu’il est
défectueux. Les amendes seront annulées. Mais voilà, c’est
encore une corvée qui me retombe dessus, parce qu’il ne
supporte pas l’idée de payer le stationnement. »
La Disciplinée que je suis est restée sans voix.
Une autre amie mariée à un Rebelle m’a confié : « Avant
de me marier, je suis allée chez une amie et j’ai vu,
épinglée sur le frigo, une liste de corvées pour lui et pour
elle. Cela m’a effarée. Je me suis dit : “Je ne ferai jamais ça.
Je ne veux pas d’un mariage où l’on tiendrait ce genre de
comptes.” Pour moi, ce serait sujet à  tensions. Je
préférerais en faire plus que de tenir des comptes sur ce
que fait l’autre. »
Étant une Disciplinée, les listes me paraissent plus justes
que son arrangement tacite. J’en voudrais à  Jamie s’il
m’imposait des obligations sans assumer les siennes. Mais
peut-être qu’aux yeux de mon amie, je fais partie de ces
personnes horribles qui tiennent des comptes.
Un ami m’a dit avec une certaine amertume  : «  Les
Rebelles sont finalement à  notre charge.  » Et c’est
effectivement l’un des paradoxes de ce profil : à ne vouloir
dépendre de rien, les Rebelles deviennent dépendants.
Leur détachement des obligations quotidiennes et triviales
n’est souvent possible que si quelqu’un s’en charge à  leur
place.
De la même façon, en refusant de prévoir quoi que ce
soit, les Rebelles laissent la possibilité aux autres de
prendre la main. Une Rebelle explique : « Je m’amuse plus
quand mon mari (qui a  tout prévu) ne me dévoile rien
à l’avance. Il me dit alors : “Voilà ce qu’on fait. Tu peux te
joindre à  nous si tu veux…” Nous passons alors d’une
activité à  une autre. J’adore ce côté spontané.  » Eh bien,
même si cela paraît spontané et qu’elle a  l’impression de
faire ces activités librement, c’est en réalité quelqu’un
d’autre qui a tout choisi. Quand les Rebelles sont en couple
avec des Disciplinés ou des Pointilleux, leurs relations
exigent plus d’efforts d’un côté et de l’autre. Une
Pointilleuse mariée à un Rebelle a écrit :
Je comprends comment l’esprit Rebelle a fait des merveilles dans les rangs
de la Résistance. Mais nous ne vivons plus sous l’Occupation. Je regrette
de m’être mariée à  un Rebelle. Il était beaucoup plus enclin à  répondre
à mes attentes quand nous ne faisions que sortir ensemble. Une fois marié,
il a arrêté. Nous faisons tous les deux des efforts, mais c’est beaucoup plus
difficile que si j’étais mariée à un Dévoué. De plus, je le rends fou avec mes
questions.

Ce n’est pas aussi difficile pour tous les couples. À  un


dîner, j’étais assise à  côté d’un Discipliné marié à  une
Rebelle. Quand je lui ai demandé – avec beaucoup plus de
tact – comment il s’en sortait, il m’a répondu  : «  Cela
marche, parce que ma femme est quelqu’un de très
attentionné et très aimant.
– Intéressant, ai-je pensé. Cela montre bien que le profil
naturel d’une personne n’est qu’un des nombreux aspects
de sa personnalité.
– Si je lui demande de faire quelque chose, a-t-il
poursuivi, elle va commencer par me dire non, mais au bout
d’une semaine ou deux, elle va me proposer quelque chose
qui tiendra compte de mes attentes.
– Comme quoi ?
– Elle m’avait montré des meubles pour la véranda et je
lui avais dit qu’ils étaient trop massifs. Elle m’a répondu  :
“Mais pas du tout, ça ira très bien.” Une semaine après,
elle m’a montré d’autres meubles beaucoup plus adaptés.
– Je vois. Est-ce qu’elle a  déjà refusé de faire quelque
chose qui vous tenait à cœur ?
– Oui. Après notre mariage, elle n’a pas voulu écrire de
cartes de remerciements. Et ça m’a dérangé.
– Ne pouviez-vous pas le faire quand même ?
– J’aurais pu, mais quand je me suis rendu compte que
cela poserait problème, nous avions déjà commencé
à ouvrir les paquets sans tenir compte de l’identité de ceux
qui nous les avaient offerts. C’était trop tard. (Il a soupiré.)
Ça m’énerve rien que d’y penser. »
Une Disciplinée mariée à  un Rebelle m’expliquait leur
dynamique :
Mon mari et moi nous sommes rencontrés à la fac et nos profils respectifs
étaient clairement définis. J’avais d’excellents résultats, il a  failli être
recalé. Il est incroyablement intelligent, mais quand le sujet d’un examen
ne lui plaisait pas, il décidait de traiter un sujet de son choix. Il apprenait,
mais il le faisait à  sa façon, ce qui lui valait des notes catastrophiques.
C’était un étudiant à  part. Il n’a commencé son cursus universitaire qu’à
24  ans. Il a  toujours pris le temps de faire ce qu’il voulait quand il le
voulait. Moi, j’étais une étudiante disciplinée qui menait de front deux
cursus.
J’ai mis un certain temps à comprendre qu’il faisait souvent le contraire de
ce que je lui conseillais ou demandais. Si pour certains, ces différences
peuvent être insurmontables, moi, j’aime l’esprit d’indépendance de mon
mari.
Sa nature Rebelle nous permet d’avoir une vie peu conventionnelle. Je
tiens à ma carrière, et il a accepté de déménager plusieurs fois pour que je
puisse avancer professionnellement. Actuellement, c’est moi qui subviens
à nos besoins. Nous n’avons pas d’enfant par choix. Mon mari travaille à la
maison, il écrit un roman. Il m’a financièrement (et émotionnellement)
soutenue quand je passais mon master et mon doctorat. Il a  démissionné
dès que possible pour pouvoir écrire. Nous partageons les tâches
domestiques et cuisinons chacun de notre côté.
J’aime que sa nature Rebelle me laisse en dehors de ses choix de vie (bien
que cela peut devenir délicat quand ses choix de vie empiètent sur les
miens), parce que de toute façon, je ne peux pas le forcer à faire quoi que
ce soit.

Quelles que soient les combinaisons de profils, l’harmonie


n’est possible que si chacun se concentre sur les qualités
de l’être aimé.

L’enfant Rebelle
De nombreux Rebelles m’ont spontanément parlé du
moment où ils ont compris, enfants, que personne ne
pouvait les obliger à  faire quoi que ce soit. «  J’étais assis
par terre et ma mère voulait que je mette mes chaussures,
m’a écrit un Rebelle. J’ai pensé  : “Elle ne peut pas
m’obliger  !” et j’ai refusé tout net. Je suis resté assis là
pendant deux heures. »
Avoir un enfant Rebelle n’est pas de tout repos. Il suffit
de lui demander ou de lui dire de faire quelque chose pour
qu’il s’y oppose. Il veut faire comme il veut, et n’aime pas
faire ce qu’on attend de lui. Une amie m’a raconté à propos
de sa fille Rebelle  : «  Je lui ai dit que je venais la coucher
dans cinq minutes.
– Et pourquoi pas quatre ? »
Rien ne sert de forcer un Rebelle, comme l’explique cet
adolescent de 15 ans :
J’ai vécu avec ma mère pendant douze  ans. Elle était très permissive et
libre d’esprit. Puis, j’ai emménagé chez mon père, qui est plus
conservateur et à cheval sur la discipline. Quand je fais quelque chose qui
plaît à mon père, il va manifester sa satisfaction et me dire : « Si seulement
tu faisais ça plus souvent ! » Quand il ne me fait pas ce genre de réflexions,
tout va bien. Mais dès qu’il me demande de faire quelque chose, je bloque.
Il ne comprend pas comment je fonctionne et il trouve que je suis
paresseux et irrespectueux.

Ce père n’a pas compris que cela ne servait à rien de dire


à  un enfant Rebelle ce qu’il doit faire. Bien sûr, il est
possible de lui faire faire quelque chose, en fixant des
sanctions, mais ce n’est pas très productif au long cours.
Qu’est-ce qui marche, alors  ? La même formule qu’avec
les adultes  : information – conséquences – choix, sans
insister, sans le faire culpabiliser.
Ce n’est pas facile. Ce peut être effrayant de laisser un
enfant faire ce qu’il veut, mais comme cela ne sert à rien de
le pousser ou de le diriger (au contraire, ce peut être pire),
autant avoir confiance en leur jugement.
Un parent de Rebelle m’a expliqué : « La meilleure façon
de gérer un enfant Rebelle est de lui donner les
informations nécessaires à  sa prise de décision, de lui
présenter le problème sous forme de question à laquelle lui
seul peut répondre, et de le laisser agir sans avoir à  vous
en faire part. Qu’il se décide tout seul dans son coin. Ne lui
imposez pas de dialogue. Qui dit dialogue, dit attentes,
contraintes. S’il voit que vous ne le surveillez pas, il n’aura
pas besoin de se rebeller contre vous. »
 
L’un des problèmes majeurs avec un enfant Rebelle, c’est
lorsqu’il veut quitter l’école, comme dans cette famille :
Ma sœur Lynne est une Rebelle, cela ne fait aucun doute. Elle a  des
difficultés scolaires depuis le jardin d’enfants, mais ce n’est pas une
question de niveau intellectuel. Depuis qu’elle est au lycée, elle parle de
quitter l’école. Cet été, alors qu’il ne lui restait plus qu’un an, nous avons
bien cru qu’elle allait le faire.
Avant que mes parents ne lui parlent, j’ai suggéré à  ma mère de laisser
Lynne faire ce qu’elle voulait. Je lui ai expliqué les spécificités de sa
personnalité Rebelle et l’ai rassurée : Lynne trouverait le moyen de faire ce
qu’elle veut. Ma mère a accepté à contrecœur.
Quelques semaines plus tard, Lynne a  émis l’idée de finir le lycée par
correspondance au lieu de tout arrêter. Elle m’a dit aujourd’hui qu’elle
retournait à l’école. Ils ont aménagé son emploi du temps.
C’est parce que mes parents l’ont laissée prendre ces décisions toute seule
qu’on en est là. Lynne a  le sentiment d’être aux commandes de sa vie (et
elle l’est). Je me demande ce qui serait arrivé s’ils l’avaient forcée à rester
à l’école.

Dans le même esprit, j’ai entendu un enseignant dire :


J’enseigne en milieu pénitentiaire. J’aide les détenus à  préparer des
diplômes du secondaire ou des équivalences pour accéder à  des études
supérieures. Une de mes élèves présentait de grosses difficultés
comportementales. Elle s’en prenait aux gardiens et ne faisait pas ses
devoirs. Elle m’avait pourtant assuré vouloir décrocher un diplôme, et je la
croyais, même si elle ne faisait pas de progrès.
Puis, j’ai compris qu’elle était une Rebelle. Je lui ai parlé de votre théorie
des quatre  profils et cela l’a aidé à  avoir une image plus positive d’elle-
même. J’ai arrêté de lui donner des devoirs à  faire et l’ai laissée décider
à  chaque séance de ce qu’elle voulait faire  : travailler sur l’ordinateur,
assister à un cours commun ou à un cours particulier, ou ne rien faire du
tout. À  ce jour, elle a  passé et réussi les cinq épreuves de l’équivalent du
diplôme de fin d’études.

Les Rebelles peuvent faire tout ce qu’ils veulent.


Tout ce qui ressemble à  un ordre ne fera que braquer
l’enfant Rebelle, il faudra donc bien choisir ses mots et sa
façon de tourner les choses. Un parent n’aura pas
forcément l’impression de donner un ordre en lançant  :
« Chéri, dis à tante Jane comme tu t’es bien amusé », mais
pour l’enfant Rebelle, c’en est un. Peut-être allait-il
spontanément dire quelque chose de gentil, mais là, il ne le
fera plus. Ses parents pourraient faire remarquer dans la
voiture avant d’arriver  : «  Même si ce n’est pas très
amusant de rendre visite à tante Jane, tu as toujours pensé
à  la remercier en partant.  La politesse est une forme de
prévenance.  » Et le laisser décider par lui-même de son
comportement.
 
Un professeur  de musique explique comment elle s’est
adaptée à un élève Rebelle :
J’ai essayé d’aider un élève Rebelle à  être un meneur plutôt qu’un
« perturbateur ». Quand je lui demandais des choses comme distribuer le
matériel ou aider un de ses camarades, il refusait de le faire. J’avais
pourtant constaté qu’il aimait prendre les choses en main… pourquoi ne
saisissait-il pas l’occasion de le faire en montrant l’exemple et en aidant
ses camarades  ? J’ai fini par comprendre qu’il refusait de le faire, parce
qu’il voulait que cela vienne de lui, pas de moi. Alors, je me suis adressée
à toute la classe : « Montrez-moi ce que vous savez faire, tout le monde en
même temps. J’aimerais voir qui s’en sort le mieux pour trouver un
meneur. » Je lui laissais le choix : allait-il faire un effort ou se débiner ? Il
a donné le meilleur de lui-même, alors je lui ai demandé : « Est-ce que tu
veux être le meneur de cette section ? » Je ne lui ai pas dit de l’être, je lui
ai demandé s’il voulait l’être. Il a dit oui. Et il était ravi !

Pour essayer de canaliser l’énergie et l’intérêt d’un


enfant Rebelle, il sera utile de faire remarquer comme il
prend plaisir à  faire telle ou telle activité. Cela pourrait
l’inciter à  vouloir continuer de la faire. «  Tu as l’air de
beaucoup aimer écrire pour le journal de l’école. C’est
sympa de voir ton nom imprimé et de passer du temps avec
les autres rédacteurs en herbe.  » «  C’est agréable de voir
son nom sur le tableau d’honneur, non ? »
Les parents et les enseignants peuvent faire valoir les
raisons pour lesquelles l’enfant aimerait répondre
à certaines attentes : « Les élèves ayant de bonnes notes ce
trimestre pourront aller avec l’école visiter la Maison-
Blanche au printemps.  » Un professeur  de musique
explique  : «  Pour motiver les élèves Rebelles, je mets
l’accent sur toutes les portes qui s’ouvriront s’ils jouent
bien. C’est ce qui a  marché pour moi… l’envie d’être
admiré ! »
Les Rebelles sont plus réceptifs quand on leur présente
les choses en termes de choix, de liberté d’action et
d’expression. «  Quand tu auras envie d’apprendre à  faire
du vélo, tu le feras et tu pourras alors partir à  l’aventure
avec tes copains. »
Il est essentiel de leur exposer clairement ce qui les
attend s’ils ne répondent pas à une attente, et de les laisser
en subir les conséquences s’ils s’entêtent, même si cela
peut être difficile pour lui comme pour ses parents. Un
Rebelle explique :
En tant que Rebelle, si j’ai un conseil à  vous donner, ce serait celui-ci  :
laissez le Rebelle subir les conséquences de ses décisions. Je vous assure
que je paie mes factures à temps et que tout fonctionne parfaitement chez
moi. Si vous avez un enfant Rebelle, vous allez certes souffrir avec lui le
temps qu’il apprenne les conséquences de ses actes. Mais plus vite vous lui
en laisserez l’occasion, plus vite il comprendra ce qu’il peut ou ne peut pas
faire.

Et comme les Rebelles ont un sentiment d’identité très


fort, pourquoi ne pas lier une action à  une valeur
constitutive de sa nature ? Une Rebelle se souvient :
La stratégie la plus efficace est de proposer un choix en harmonie avec
l’identité du Rebelle. La ponctualité a  été une source de tensions
permanente entre ma mère et moi. Qu’elle me le rappelle gentiment ou
avec insistance, rien n’y faisait. Jusqu’au jour où elle m’a dit : « Écoute, j’ai
l’impression de ne pas pouvoir te faire confiance. Quand tu me fais
attendre, j’ai aussi l’impression que tu considères que ton temps est plus
précieux que le mien. Si tu veux être une personne sur qui on ne peut pas
compter et qui donne l’impression aux gens de ne pas compter, d’accord.
Mais tu peux aussi être une personne sur qui l’on peut compter, avec qui
on se sent valorisé. C’est à toi de choisir. » Ça changeait tout, parce qu’elle
me laissait le choix. Et cela faisait écho à  qui je suis profondément. Tout
devenait plus simple.

Les enfants adorent s’amuser, qu’ils soient Rebelles ou


non. Autant en profiter. « Pour inciter mon fils à se brosser
les dents, a  rapporté un père, on inventait des jeux. Il
prétendait être un vétérinaire en train de brosser les dents
d’un ours ou un mécano en train de nettoyer une
machine.  » Les enfants Rebelles sont également sensibles
aux défis  : «  Je parie que tu n’arriveras pas battre ton
record et te préparer en moins de deux minutes. Tu
essaies ?! »
Il y  a une stratégie intéressante dans La  Petite Maison
dans la prairie, un de mes livres préférés. À 16 ans, Laura
Ingalls devient institutrice. C’est une Pointilleuse et elle
a  dans sa classe un Rebelle, Clarence, qui refuse
d’apprendre. Il ne supporte pas qu’on lui dise ce qu’il doit
faire et refuse de travailler, bien qu’il soit intelligent et
avide de connaissances.
Laura demande alors conseil à  ses parents. Sa mère lui
dit : « Cela ne servira à rien de le forcer à faire quoi que ce
soit. Il ne le fera pas.  » Laura décide de changer
d’approche. Après avoir donné les devoirs à toute la classe,
elle se tourne vers Clarence  : «  Pas toi, Clarence. Cela te
prendrait beaucoup trop de temps. Combien de pages
penses-tu pouvoir apprendre  ? Si je te dis trois, cela ne te
semble pas trop ? »
Non seulement Clarence a le choix des consignes, mais il
a  en plus la possibilité de défier les attentes de son
institutrice. En suggérant qu’il n’arrivera pas à retenir trois
pages, alors que les autres en ont beaucoup plus
à  apprendre, elle va l’inciter à  se dire  : «  Ah oui  ? Elle va
voir ce qu’elle va voir  !  » En une semaine, Clarence va
rattraper son retard.
Les Rebelles doivent avant tout avoir l’impression de faire
ce qu’ils veulent et non ce que les autres veulent. Un
Rebelle écrit  : «  Si vous me dites quoi faire, j’aurais
l’impression d’être votre prisonnier. Mais si vous me dites :
“Voici quatre possibilités, à  vous de choisir”, il y  a de
grandes chances que j’en choisisse une. »
J’ai remarqué que les enfants Rebelles étaient souvent
très proches de leurs grands-parents, peut-être parce
qu’avec ces derniers, ils sentent moins le poids des
attentes.
Les parents eux-mêmes Rebelles ont moins de difficultés
avec des enfants Rebelles, parce qu’ils les comprennent.
Une mère Rebelle a  écrit  : «  Ma fille de 4  ans est une
Rebelle aussi. Elle aime avoir le choix et décider pour elle
et pour nous tous. Je comprends parfaitement, alors je la
laisse choisir ses vêtements, mes vêtements, dormir
quelques minutes de plus, quitte à être en retard à l’école,
manger des spaghettis au petit-déjeuner et un œuf au plat
du dîner.  » Cette façon de fonctionner a  de quoi étonner.
Une amie Rebelle m’a confié en soupirant : « Au restaurant,
je ne peux pas dire à mon fils d’arrêter de souffler dans la
moutarde avec sa paille. J’ai envie de faire la même
chose. »
En tenant compte des spécificités de chaque profil, on se
donne les moyens de communiquer plus efficacement et
plus harmonieusement. On a beau aimer quelqu’un de tout
son cœur, si l’on ne sait pas comment lui parler, tout ce
qu’on dira n’aura aucun sens.

Le patient Rebelle
Les Rebelles peuvent avoir de sérieux problèmes de santé,
parce qu’ils vont avoir tendance à  s’opposer aux
prescriptions médicales. Ce qui marche avec les
Disciplinés, les Pointilleux et les Dévoués peut avoir l’effet
contraire avec les Rebelles. Cette résistance systématique
peut être très frustrante pour les professionnels de santé
qui veulent les aider. Conseils, encouragements, rappels, et
remontrances peuvent pousser les Rebelles à  faire le
contraire de ce qu’ils devraient.  Les Rebelles résistent au
diagnostic lui-même, comme l’explique l’un d’eux :
J’ai un diabète de type  1, et j’ai du mal à  accepter qu’une maladie puisse
contrôler ce que je ressens et ce que je fais. Je sais que je devrais me dire
que c’est moi qui contrôle mon diabète et non l’inverse, mais je n’y arrive
pas. Je vérifie rarement ma glycémie, je prends de l’insuline de façon
sporadique, alors que je n’aime pas manger à heures fixes, et je n’ai pas vu
mon endocrinologue depuis des années. Je ne connais même pas mon taux
d’HbA1c.

Le Rebelle ne supporte pas l’idée de «  suivre les ordres


du médecin ». Si un médecin a le malheur de le féliciter en
disant  : «  Vous allez mieux, vous avez bien suivi mes
instructions  », le patient Rebelle serait capable de tout
arrêter, juste pour prouver qu’il est libre de le faire.
Il est plus réceptif si on lui rappelle que lui seul peut
décider. Au lieu de lui dire : « Il faut faire ça », le médecin
devrait suggérer  : «  C’est à  vous de voir, mais souvent, ça
marche  », «  Avez-vous pensé à  essayer ça  ?  », «  Que
pensez-vous de ça  ?  », «  Certains ont trouvé cela très
efficace. », « Que diriez-vous d’inclure ça ou ça ? »
Les Rebelles résistent même aux règles qu’ils veulent
s’imposer. Un étudiant Rebelle raconte  : «  J’ai du mal
à perdre mes kilos en trop. Dès le moment où je m’interdis
de manger la nuit, je me mets à manger encore plus la nuit.
Dès que je me dis que je vais arrêter le pain, je fonce à la
boulangerie.  » Une étudiante Rebelle explique  comment
elle a réussi à déjouer cette résistance instinctive : « Quand
je veux manger sain, je commence la journée en prenant du
chocolat ou quelque chose que je ne devrais pas. Comme
ça, je me prouve que je fais ce que je veux. Et le reste de la
journée, j’ai moins besoin de me rebeller. »
 
Encore une fois, la meilleure façon d’aider un Rebelle,
c’est de s’en tenir à  la formule  : information –
conséquences – choix. Un médecin Discipliné raconte :
Je suis médecin généraliste et une de mes patientes refuse de suivre mes
recommandations pour perdre du poids et soigner sa résistance
à  l’insuline. Au cours d’une consultation, l’étiquette «  Rebelle  » m’est
venue à  l’esprit. J’ai aussitôt changé mon fusil d’épaule en lui suggérant
tout ce qu’elle pouvait essayer «  si elle en avait envie  ». À  la visite
suivante, elle avait perdu du poids et se portait beaucoup mieux. Elle avait
tout simplement essayé une de mes suggestions. Je n’aurais pas eu le
même résultat en étant directif, car c’est une approche efficace avec les
Disciplinés, les Dévoués et même les Pointilleux, parce que j’explique
toujours en détail mes instructions, mais pour un Rebelle, cela ne marche
pas.

Les Rebelles peuvent trouver utile de connaître leurs


variations de poids ou le nombre de pas qu’ils font par jour,
et il est préférable d’encourager cette surveillance en
disant : « Ce serait intéressant et utile de savoir quelle est
ton activité physique quotidienne  », plutôt qu’en disant  :
«  Il faut faire au moins 10  000  pas par jour. Tu devrais
porter ce moniteur d’activité physique. »
Il faut leur montrer qu’ils ont le choix, faire appel à  leur
libre arbitre et au plaisir qu’ils peuvent en tirer  : «  Ce
régime/sport/médicament/mode de vie va te faire du bien,
te donner la pêche, soulager tes douleurs, améliorer tes
performances, pimenter ta vie sexuelle, te permettre de
mener la vie que tu veux. » Un nutritionniste pourrait dire :
«  Un de mes patients, joueur de tennis, a  constaté qu’en
réduisant sa consommation de sucre, il avait plus
d’énergie et était plus performant sur le court. » Au lieu de
lui dire quoi faire, il donne à  son patient les informations
qui vont l’aider à se décider. Un Rebelle raconte :
Mon coach me disait toujours : « Fais le pendant une semaine, et si ça ne
te plaît pas, laisse tomber. » Pas de pression, pas de culpabilisation, pas de
règles immuables. Il s’agissait d’être à  l’écoute de ses sensations, et
surtout d’être toujours, toujours à  contre-courant. Je n’arrive pas à  me
tenir à  un programme précis. Je trouve ces défis en 30  jours trop
restrictifs. Si je décide de faire un programme, je dois enfreindre au moins
une règle.
L’entourage du Rebelle peut également lui proposer de
l’aide : « Ça ne te faciliterait pas la vie si je m’occupais de
préparer tes médicaments pour la semaine ? », « Est-ce que
tu aimerais marcher davantage si je t’accompagnais ? »
 
J’ai reçu un mail d’une lectrice qui ne sait plus quoi faire
pour pousser son mari à  arrêter de fumer. Cela va sans
dire, son insistance n’a eu aucun effet, même s’il avoue
vouloir arrêter de fumer. Elle m’a demandé si j’avais des
conseils à lui donner. Voici ce que j’ai répondu :
Peut-être que votre mari peut essayer de voir les choses
autrement.
• Les Rebelles détestent se sentir coincés, forcés. Ils
peuvent voir la cigarette comme un piège  : «  Je suis
dépendant, je suis perdu sans mes cigarettes. »
• Les Rebelles détestent se faire exploiter : « Mon argent
va directement dans les poches des industriels du
tabac. »
•  Les Rebelles sont fiers de ce qu’ils sont  : «  Je suis un
non-fumeur, parce que j’ai choisi de l’être, parce que je
le veux. »
• Les Rebelles accordent de l’importance au plaisir : « Ce
serait bien de se réveiller sans tousser ou avoir une
mauvaise haleine, de ne plus s’essouffler en montant les
escaliers. »
• Les Rebelles accordent de l’importance à  la liberté  :
«  Dans les lieux publics, je ne peux pas fumer où je
veux. »
•  Les Rebelles aiment faire les choses à  leur façon  : au
lieu de suivre une méthode classique, ils peuvent trouver
leur propre façon d’arrêter.
•  NOTA BENE  : les Rebelles ont toujours un petit côté  :
«  Vous allez voir ce que vous allez voir  !  » Essayez  :
«  Chéri, je crois que c’est vraiment trop dur. Ta
dépendance au tabac est trop forte, ce n’est peut-être
pas la peine de lutter. Ça ne sert à rien. »
Elle m’a réécrit pour me donner des nouvelles  : «  La
stratégie la plus efficace a  été une variation de votre nota
bene. Je lui ai dit que son fil de 18 ans pensait qu’un vieux
croûton comme lui n’arriverait jamais à  arrêter de fumer
(et c’est vrai). Je sens qu’il va essayer de lui donner tort. »
 
Les Rebelles aiment également déjouer les conventions et
montrer qu’ils sont bien trop malins pour se laisser
manipuler par des stratégies élémentaires. Un Rebelle
a arrêté de boire par rébellion :
Soudainement, ça m’a fait tilt : j’aime boire, mais ça me fait grossir, ce qui
n’est pas une bonne chose. L’alcool coûte cher, ce qui n’est pas une bonne
chose non plus. Je n’aime pas m’embarrasser en soirée et je n’aime pas
avoir la gueule de bois. Une fois que j’ai compris que l’on se fichait de nous
à vanter l’alcool comme quelque chose de cool en nous montrant des gens
minces, jeunes et beaux qui boivent tout ce qu’ils veulent sans jamais être
malade ou gros, et bien, cela a été plus facile pour moi d’arrêter.

Pour les Rebelles, c’est important de vivre selon leurs


valeurs. Lier une habitude à une valeur constitutive de leur
profil peut les inciter à changer.

Choix de carrière pour un Rebelle


Je le répète  : les Rebelles peuvent faire tout ce qu’ils
veulent. Cela dit, ils vont le plus souvent se tourner vers
des carrières qui leur offrent une certaine flexibilité, la
possibilité d’établir leur propre emploi du temps et de ne
pas avoir de comptes à  rendre. D’après les témoignages
que j’ai pu collecter, les Rebelles sont particulièrement
doués pour faire que les jours se suivent et ne se
ressemblent pas. «  J’ai un emploi du temps extrêmement
flexible. Avant, je travaillais dans un bureau, et je détestais
ça. Maintenant, je suis chef de projet et responsable du
personnel d’un restaurant. Je travaille aussi bien chez moi
qu’au restaurant. Je fais moi-même mon planning tous les
matins et il n’y a  pas une journée pareille.  », «  Je suis
prestataire de sous-traitance informatique. Je m’ennuie vite
et je change souvent de travail, mais il m’arrive très
souvent (trop) d’être sans emploi.  », «  Je suis comptable
dans un cabinet de conseil fiscal. Dates limites, règles
arbitraires et absurdes sont mon quotidien. Mais mon
statut de travailleur indépendant me permet de gérer mes
heures et ma clientèle comme je l’entends. »
Les Rebelles montent souvent leur propre affaire pour
n’avoir de comptes à  ne rendre à  personne, si ce n’est
à eux-mêmes… et c’est là que le bât blesse. Ils n’aiment pas
avoir à  se rendre de comptes non plus. Un Rebelle
rencontré à une conférence sur la technologie m’a dit : « Je
travaille à  mon compte, parce que le matin, quand je me
lève, je veux pouvoir faire ce que je veux et uniquement ce
que je veux.
– Mais vous devez quand même faire tourner votre
affaire. Il y  a forcément des choses que vous n’aimez pas
faire, mais que vous faites quand même.
– Vous mettez le doigt sur un gros problème, a-t-il admis
avec abattement. Je ne m’y résous que lorsque c’est
absolument nécessaire. Et c’est très handicapant pour les
affaires. »
Un autre entrepreneur m’a dit  : «  Les Rebelles seuls ne
sont pas très efficaces. Ils n’aiment pas gérer les détails
administratifs, les plannings,  etc. J’ai créé trois sociétés
avec ma femme qui est une Disciplinée. Elle compense mon
côté Rebelle. Ensemble, nous formons une équipe
gagnante. »
Les Rebelles s’épanouissent quand on les laisse relever
les défis à  leur manière. C’est peut-être pour ça qu’il y  a
autant de Rebelles dans le milieu de la vente où ce sont les
résultats qui comptent.  La femme d’un Rebelle le
confirme  : «  Entre mon mari et son patron, c’est toujours
très tendu, mais il est le meilleur commercial de la société.
C’est parce qu’il ignore les règles fixées par son patron
qu’il conclut autant de ventes. »
Dans les milieux créatifs aussi, ce sont les résultats qui
comptent. Ma sœur Elizabeth, qui est auteure et
productrice pour la télévision, a remarqué qu’à Hollywood :
«  Les Rebelles peuvent enfreindre toutes les règles qu’ils
veulent s’ils produisent quelque chose de bon. Les
réalisateurs se fichent de ce que les autres pensent, et d’un
point de vue créatif, cela peut donner d’excellents
résultats, même si tout le monde en bave autour d’eux. »
Je discutais avec une avocate d’affaires – un métier qui
a priori ne semble pas convenir à une nature Rebelle – et je
lui ai demandé : « Comment faites-vous ?
– J’adore ça. On fait appel à moi en temps de crise, quand
les gens sont prêts à prendre des risques. J’identifie ce qui
ne marche pas, je trouve des solutions et je passe à  autre
chose. Dès que les choses sont stables et que le cadre est
posé, j’étouffe. »
À  l’inverse, comme nous l’avons évoqué plus tôt, les
Rebelles peuvent être attirés par des milieux très
structurés comme la police, l’armée ou le clergé.

EN RÉSUMÉ : INTERAGIR AVEC UN REBELLE


 
Ils résistent aux attentes extérieures et à leurs propres attentes.
Ils veulent avant tout être libres, pouvoir choisir, être eux-mêmes et s’exprimer
sans contraintes.
Si on leur demande ou on leur dit de faire quelque chose, ils auront tendance
à s’y opposer.
Ils se laissent facilement défier : « Tu vas voir ce que tu vas voir », « Je vais te
montrer », « Tu ne m’obligeras pas », « Personne ne me commande ».
Ils peuvent agir par amour, sens du devoir ou pour une cause.
Ils ont du mal à se forcer à faire quoi que ce soit, même s’ils en ont envie.
Ils font les choses à leur façon, selon leur bon vouloir.
Ils n’aiment pas être surveillés, conseillés ou dirigés.
Ils savent en général déléguer.
S’ils sont dans une relation durable, c’est probablement avec un Dévoué.
Les quatre profils en pratique
11
Les affinités

Aucune relation n’est vouée à  l’échec ou n’est gagnée


d’avance, quel que soient les profils en jeu. On observe
cependant de grandes constantes entre les différentes
associations.
Ce qui nous plaît au départ chez une personne est aussi
souvent ce qui finit par nous exaspérer. Un Discipliné peut
être intrigué par le refus du Rebelle de se plier aux règles,
le Rebelle peut être attiré par l’efficacité du Discipliné,
mais après cinq  ans de mariage, ces qualités peuvent leur
sembler beaucoup moins séduisantes.
Cela ne fera pas tout, mais connaître les caractéristiques
de chaque profil peut nous aider à  mieux comprendre la
dynamique de nos relations avec les autres.

Discipliné-Discipliné
J’ai rencontré peu de couples de Disciplinés. Soit parce que
les Disciplinés ne vont pas très bien ensemble, soit parce
que c’est un profil assez peu représenté dans la population.
J’aime beaucoup travailler avec d’autres Disciplinés  : je
peux compter sur eux pour faire ce qu’il faut sans avoir
à  être sur leur dos, et ils me diront franchement si je leur
en demande trop.
Je ne suis pas sûre cependant de vouloir me marier avec
un Discipliné. Toute cette rigueur peut être un peu
contraignante. Même si deux Disciplinés s’entendent bien,
ils peuvent être un peu durs l’un envers l’autre, comme
l’illustre ce témoignage :
Mon mari et moi sommes des Disciplinés, et ma fille de 13  ans nous dit
toujours : « Je ne connais aucun parent comme vous. » Je le prends comme
un compliment. Mon mari et moi accordons beaucoup d’importance à  la
force de caractère et à  la discipline. Je suis coach sportif et il est
professeur  de tennis. Avec nos clients et nos élèves, nous sommes très
attentionnés et compatissants, mais «  en coulisses  », nous sommes très
critiques. Nous avons beaucoup de mal quand les gens ne font pas ce qu’ils
ont dit.

Avec deux Disciplinés, aucun risque de procrastiner ou de


tergiverser, mais cela n’a pas que des avantages. Nous
avons fait un voyage avec une autre famille dont le père est
un Discipliné comme moi. Un après-midi, le père et moi
avons décidé d’emmener nos enfants faire une visite de
Berlin en bateau. Il y avait plusieurs compagnies le long de
la Spree et un guide nous a  indiqué un stand  : «  Le
prochain bateau partira de là.  » Et nous voilà, en bons
Disciplinés que nous sommes, avec nos enfants, debout
devant un stand vide à regarder les gens embarquer depuis
le stand voisin. « Il nous avait dit que le prochain départ se
faisait ici, a fait remarquer mon ami en regardant le bateau
s’éloigner du quai.
– Je sais bien ! »
Nous avons fini par en rire. Nous avions bien vu que
notre stand était vide alors que celui d’à côté était bondé,
mais nous nous sommes fiés à ce que « l’expert » nous avait
dit. Si Jamie avait été là, nous aurions rejoint les autres et
n’aurions pas loupé le bateau. C’est ça l’avantage d’avoir
un Pointilleux avec soi !
Discipliné-Pointilleux
Disciplinés et Pointilleux font bon ménage. Mon mariage en
est un parfait exemple. Et je pense que c’est une
combinaison bénéfique pour les deux parties. Les
Disciplinés répondent instinctivement aux attentes, et la
présence d’un Pointilleux va les aider à prendre le temps de
se poser des questions, voire à refuser d’y répondre.
Comme ma sœur me l’a fait remarquer, je suis une
Disciplinée avec deux Pointilleux à  des positions
stratégiques dans ma vie  : mon mari et mon agent
littéraire. Leurs questions m’évitent de faire des choses
inutiles, à la maison comme au travail.
Pour la sortie en format poche de Ma  vie en mieux, on
m’a demandé d’écrire un article pour un magazine avec
comme consigne  : inventer une histoire à  la première
personne sur le thème des quatre profils avec une brève
introduction présentant chaque profil et un conseil sur la
meilleure façon de prendre de bonnes habitudes pour
chacune d’eux. Le tout en 1 000 mots. Gratuitement.
C’était un exercice qui allait me demander beaucoup de
temps et d’effort, et cela me fatiguait rien que de lire les
consignes. Mais je me suis dit que j’avais une voie de
sortie  : j’ai envoyé un mail à  Christy  : «  Est-ce que je le
fais ? », « Pas question ! » m’a-t-elle aussitôt répondu.
Avoir un mari Pointilleux m’aide à  me poser plus de
questions (peut-être que Jamie aurait préféré ne pas
déteindre autant sur moi, parce qu’après tout, c’est plus
pratique d’avoir une compagne qui fait ce qu’on lui
demande sans poser de question  !) Mais d’un autre côté,
son refus d’agir s’il n’a pas eu de réponses à ses questions
m’exaspère, sans compter le fait qu’en bon Pointilleux, il
n’aime pas être lui-même remis en question.
Quoi qu’il en soit, il est très appréciable pour les
Disciplinés comme pour les Pointilleux d’avoir un
compagnon enclin à répondre à ses propres attentes.
Les parents Disciplinés peuvent ne pas apprécier le
questionnement incessant de leurs enfants Pointilleux,
parce qu’ils s’attendent à ce que les enfants obéissent sans
rechigner, comme en témoigne ce père :
Il m’arrive de perdre patience avec mon fils Pointilleux. J’ai du mal
à comprendre pourquoi il ne se contente pas de faire ce qu’il faut. Bien sûr,
les enfants ont toujours mieux à  faire, mais quand il s’agit de mettre ses
chaussures, prendre une douche ou ce genre de choses, il n’y a  pas de
question à se poser. Avec un enfant Pointilleux, il faut tout négocier.

Discipliné-Dévoué
Comme tous les profils, les Disciplinés s’entendent bien
avec les Dévoués. Partageant tous deux le désir de
répondre aux attentes extérieures (contrairement aux
Pointilleux et aux Rebelles), ils vont coopérer et respecter
les volontés de chacun.
Les Disciplinés savent qu’ils peuvent compter (en
général) sur les Dévoués pour répondre aux attentes
extérieures, mais ils peuvent s’impatienter devant
l’inaptitude de ces derniers à  répondre à  leurs propres
attentes.
Ils ne comprennent pas pourquoi les Dévoués vivent ces
attentes comme des obligations. Imaginons qu’un Dévoué
dise à  son patron  : «  Je suis fatigué, parce que j’ai veillé
jusqu’à 3 heures du matin pendant cinq jours pour finir ce
rapport.  » Au lieu de lui témoigner son appréciation, le
patron Discipliné pourrait très bien lui répondre  : «  Il  va
falloir que tu apprennes à mieux gérer ton temps de travail.
Pour être performant, il faut dormir. »
Si de leur côté, les Dévoués apprécient que les
Disciplinés répondent aux attentes extérieures, ils peuvent
se sentir oppressés par les attentes des Disciplinés, se
sentir jugés ou incompris quand ils peinent à répondre aux
attentes intérieures.
Les Dévoués trouvent parfois les Disciplinés froids ou
égoïstes quand ces derniers donnent la priorité à  une
attente intérieure sur une attente extérieure. Une Dévouée
(qui me semble au bord de la rébellion) a écrit :
Au cours de nos neuf ans de mariage, mon mari a fait la fac de médecine et
son internat. Que j’étais contente quand il a décroché son diplôme ! J’allais
enfin pouvoir profiter de lui. Mais il s’est aussitôt lancé dans un autre
projet. J’ai vite compris qu’il y  aurait toujours quelque chose d’autre. En
bonne Dévouée, je m’étais approprié ses attentes, j’avais pris sur moi ses
obligations pour qu’il puisse se concentrer sur ses études.
Ses projets actuels ne concernent que lui, et cela m’agace de le voir courir
après des objectifs que je ne trouve pas forcément importants. Nous avons
trois enfants en bas âge et il m’aide beaucoup, je le reconnais, mais parfois
j’ai l’impression qu’il se dépêche de faire ses devoirs de père pour pouvoir
s’occuper de ses choses à  lui. Il se lève très tôt (5  heures du matin) pour
tout faire, mais du coup, il me réveille. Après toutes ces années à me lever
plusieurs fois par nuit à cause des petits, cela me fatigue d’être réveillée,
parce que monsieur a des projets.
Il fait comme s’il était débordé, mais ce n’est pas vraiment le cas, puisque
rien ne l’oblige à  faire tout ça. Je suis à  bout, et j’aimerais qu’il se
concentre sur notre famille, sans se fixer des objectifs superflus qui
finissent toujours par me retomber dessus. Si je me montre indifférente
à  ce qu’il fait, c’est comme si je n’existais pas, parce qu’il n’y a  que ses
objectifs qui comptent.

Je comprends leurs deux points de vue. Ce témoignage


montre très bien comment la frustration et le ressentiment
peuvent naître entre un Dévoué et un Discipliné.
Les Dévoués peuvent être contrariés quand les
Disciplinés refusent d’être leur garant, et inversement, les
Disciplinés peuvent se sentir gênés quand les Dévoués leur
disent : « Je fais ça, parce que tu me l’as demandé » ou « Je
le fais pour toi  ». Les Disciplinés veulent que les gens
fassent les choses pour eux-mêmes, ce qui est beaucoup
demandé !
Connaître le profil des gens permet de désamorcer les
conflits, comme le raconte une Disciplinée  : «  Apprendre
que mon compagnon est un Dévoué a fait beaucoup de bien
à  notre relation. S’il ne va pas au bout de ses objectifs, je
sais maintenant que ce n’est pas parce qu’il s’en fiche ou
qu’il manque de rigueur, il a juste besoin d’y être obligé. »

Discipliné-Rebelle
En général, Disciplinés et Rebelles ne s’entendent pas très
bien. Ils ne voient pas le monde de la même façon et
fréquentent des milieux différents. Enfreindre les règles
met le Discipliné mal à  l’aise, alors que le Rebelle s’en
amuse. Avec le temps, cela peut être source de conflits,
comme le rapporte une lectrice  : «  Je suis une Disciplinée
mariée à  un Rebelle. Mon mari a  beaucoup de mal
à  répondre aux ordres de quelqu’un. Quand il doit
travailler, il est le plus souvent malheureux. Il déteste notre
paroisse. À  la maison, il ne fait que les tâches qu’il veut
bien. J’ai décidé d’aller voir un conseiller conjugal, mais lui
s’y refuse. Je l’aime vraiment. Il a  été mon héros pendant
ma longue bataille contre le cancer (aucun signe du Rebelle
alors !) »
Les Disciplinés ont un faible pour les plannings, les
programmes, les plans, les consignes, ils n’aiment pas les
changements et ils n’aiment pas renoncer à qui a été prévu.
Les Rebelles, eux, résistent à  tout engagement. Plus le
Discipliné essaiera de prévoir quelque chose à l’avance, et
plus le Rebelle s’efforcera de l’ignorer.
Les relations parents-enfants entre Discipliné et Rebelle
peuvent être houleuses, dans un sens comme dans l’autre.
Une amie Rebelle a un fils Discipliné.
«  Imaginons qu’à l’école de ton fils, les enfants doivent
obligatoirement porter une chemise à boutons le vendredi.
Que ferais-tu ?
– Si c’est important pour lui, je lui achèterai une chemise,
a-t-elle répondu après avoir pris le temps de réfléchir (C’est
une Rebelle qui met un point d’honneur à  être une mère
attentive.) Mais je ne l’obligerais jamais à la porter. »
Bien entendu, l’entente entre Discipliné et Rebelle
dépendra beaucoup de leurs autres traits de caractère. Une
relation de couple peut fonctionner si le Rebelle veut être
un compagnon aimant et attentionné.
Un Rebelle et un Discipliné peuvent vivre ensemble s’ils
n’en attendent pas trop l’un de l’autre, comme le rapporte
cette lectrice : « Ma colocataire est une Disciplinée qui est
absolument horrifiée de me voir me lever à  une heure
différente tous les jours. Et moi, je suis horrifiée par le fait
qu’elle retrouve les mêmes têtes tous les jours dans le
métro  !  » Elles sont toutes les deux effarées par le
comportement de l’autre, mais cela n’affecte en rien leur
mode de vie, et donc leur amitié.
Aucune relation, quelles que soient les personnalités en
jeu, n’est condamnée. Selon le caractère de chacun et les
circonstances, toutes les combinaisons sont possibles et
peuvent être fructueuses, comme une Disciplinée
l’explique :
La nature Rebelle de ma compagne m’équilibre et permet d’assouplir mon
côté Discipliné. J’adore être une Disciplinée, mais cela n’a pas toujours été
un avantage, surtout quand il a  fallu que j’assume mon homosexualité.
J’avais l’impression de décevoir ma famille, de me décevoir aussi, ce qui,
pour une Disciplinée, était très lourd à porter.
De son côté, ma compagne a assumé son homosexualité très jeune, et n’a
jamais eu de mal avec ça. Au contraire, cela lui plaisait d’être différente.
C’est sa nature Rebelle qui l’a aidé à traverser une épreuve que la plupart
des gens trouvent émotionnellement difficile. J’admire sa confiance en elle
et son assurance.
Sa spontanéité est parfois déroutante, mais c’est aussi ce qui me force
à  lâcher prise quand je me contrôle juste pour être dans le contrôle. Par
exemple, j’ai du mal à  annuler quelque chose de prévu. Il m’arrive
cependant de le faire après une semaine stressante ou parce que je ne me
sens pas bien. Elle prend alors un malin plaisir à me voir culpabiliser de ne
pas avoir répondu à un engagement que je m’étais fixé. Malgré son profil
Rebelle, elle tient à  me faire plaisir et se plie à  mes listes, calendriers et
autres programmes bien planifiés (non sans apporter une bonne dose
d’humour).

Une autre Rebelle m’expliquait pourquoi elle pensait que


le couple Discipliné-Rebelle pouvait fonctionner  : «  Mon
mari est un Discipliné et j’admire sa détermination sans
faille à  poursuivre ses objectifs. Il apprécie mon
indépendance et mon anticonformisme. Nous appartenons
tous deux à  des profils extrêmes et aucun de nous ne
comprend vraiment les Dévoués ou les Pointilleux, qui ne
savent pas ce qu’ils veulent, ou qui sont incapables de
s’imposer face aux autres ! »
Disciplinés et Rebelles ont beaucoup à apprendre les uns
des autres. J’avais écrit qu’en tant que Disciplinée, j’avais
pour devise  : «  La discipline, c’est la liberté.  » Un Rebelle
m’a répondu  : «  Si je devais trouver une devise pour les
Rebelles, Gretchen, je proposerais d’inverser la vôtre,
puisqu’après tout, les profils Rebelle et Discipliné peuvent
être considérées comme antithétiques. Si votre devise,
c’est : “La discipline, c’est la liberté”, la mienne serait : “La
liberté comme seule discipline”. »

Pointilleux-Pointilleux
Pour beaucoup, les relations entre Pointilleux ne peuvent
que fonctionner, parce que les deux parties comprennent et
apprécient le besoin de chacun d’avoir des réponses à  ses
questions. Une Pointilleuse explique :
Mon mari et moi sommes tous les deux Pointilleux, chacun à notre façon. Il
passe des heures à faire des recherches pour acheter une tente, alors que
je me décide très rapidement pour les achats. Même si faire ce genre de
recherches ne me viendrait pas à  l’esprit, je suis contente qu’il s’en
charge. J’ai remarqué que nous étions très différents des autres couples,
parce que nous ne nous sentons pas menacés ou critiqués quand l’autre
nous remet en question. Nous comprenons le besoin de multiplier les
points de vue avant de prendre une décision. Nous trouvons cela utile et
non superflu. C’est agréable de savoir qu’il ne prendra pas
personnellement mes remarques sur ses décisions, achats, projets,  etc. Il
comprend, et même, il apprécie.

D’un autre côté, deux Pointilleux peuvent avoir parfois du


mal à prendre des décisions, comme me l’a fait remarquer
un ami  : «  Comme on est Pointilleux tous les deux, il nous
arrive d’être bloqués.
– C’est-à-dire ?
– Quand on a  fait des travaux dans la maison, il a  fallu
déplacer le lave-vaisselle. Mais chaque fois qu’on
réfléchissait à  un nouvel emplacement, on finissait dans le
jardin en train de nous demander s’il fallait construire un
deuxième étage. Chaque question amenait une autre
question, nous ne nous en sortions pas.
– Avez-vous réussi à vous décider finalement ?
– Pendant deux  ans, nous avons vécu avec un lave-
vaisselle qui n’était pas branché, parce que nous ne savions
pas où le mettre. J’ai fini par me dire qu’un lave-vaisselle
n’importe où, c’était mieux que pas de lave-vaisselle du
tout. Et j’ai déclaré  : “Nous recevons des invités le mois
prochain, le lave-vaisselle marchera d’ici là.” Nous aimons
tous les deux respecter les délais. »
La combinaison parents Pointilleux/enfants Pointilleux
fonctionne bien aussi. Le parent comprend la réticence de
l’enfant à obéir à des injonctions arbitraires ou injustifiées,
et il donnera volontiers des explications. L’enfant
Pointilleux respectera les décisions mûrement réfléchies de
son parent Pointilleux.
Mais leur répugnance à être remis en question peut être
source de frustrations. Quand le parent dit  : «  Tu verras
bien ce qu’on mangera ce soir » ou quand l’enfant dit : « Je
suis en train de faire mes devoirs, je n’ai pas envie d’en
parler », ils refusent tous deux de donner des explications,
alors qu’il y en a (ce sont des Pointilleux après tout), parce
qu’ils n’aiment pas avoir à se justifier.

Pointilleux-Dévoué
Dévoués et Pointilleux font bonne équipe, même si leurs
relations peuvent être parfois conflictuelles. Une Dévouée
en donne un exemple flagrant  : «  Je traverse dans les
passages cloutés et respecte les panneaux de signalisation
pour les piétons, tandis que mon mari, qui est un
Pointilleux, s’en fiche complètement et traverse où bon lui
semble. »
Les Dévoués peuvent aussi s’exaspérer du besoin
constant des Pointilleux d’informations et de justifications.
Un Dévoué se souvient :
Je travaillais pour une Pointilleuse qui avait besoin de compiler un
maximum de données et ne prenait de décision qu’à la dernière minute.
J’étais chargé de lui fournir des projections financières et je passais des
heures et des heures à  créer de nouveaux modèles, tout ça pour arriver
à peu de choses près au même résultat que le modèle de départ.

Les Dévoués ont tout intérêt à  se rappeler que les


Pointilleux sont plus coopératifs quand ils comprennent
pourquoi on leur demande de faire quelque chose, comme
l’explique cette lectrice  : «  Maintenant, quand je demande
quelque chose à mon mari, je sais que je dois lui expliquer
pourquoi c’est important. Avant, je pensais qu’il suffisait
qu’il sache que ce devait être fait, mais en fait, il a besoin
d’avoir une raison de le faire. Toutes ces interminables
discussions que nous aurions pu éviter si j’avais commencé
à lui expliquer pourquoi ! »
Un parent Dévoué peut vite perdre patience avec les
questions incessantes ou impertinentes de son enfant
Pointilleux. L’un d’eux raconte :
En tant que Dévoué, quand un parent, professeur ou entraîneur vous dit de
faire quelque chose, vous le faites, sans poser de question. Mais ma fille,
qui est une Pointilleuse, refuse de faire quoi que ce soit si elle ne sait pas
pourquoi on le lui demande. Moi, je sais que ce n’est pas de l’impertinence
ou de la mauvaise volonté, mais tout le monde ne va pas être aussi patient
avec elle.

Quand les Pointilleux voient les Dévoués manquer à  un


engagement personnel, ils peuvent se montrer durs et
blessants. N’ayant eux-mêmes aucun mal à  répondre
à leurs attentes, ils ne voient aucune raison de compatir. De
même, ils ne comprennent pas qu’un Dévoué se plaigne
d’avoir à faire quelque chose : « Si tu n’as pas envie de le
faire, ne le fais pas » ou « Pourquoi as-tu dit que tu le ferais
si tu n’en avais pas envie ? »

Pointilleux-Rebelle
Pointilleux et Rebelles ont incontestablement des affinités.
Les deux profils se sentent en droit – à  un degré plus ou
moins élevé – de suivre leurs propres règles et de rejeter
toutes attentes extérieures. Un Rebelle a  écrit  : «  Je
m’entends bien avec les Pointilleux. Ils se fichent de ce que
les autres disent ou pensent, de ce qu’il faut faire. S’ils
jugent ça idiot, ils ne le feront pas. Pour moi, c’est pareil. »
Pour les Disciplinés et les Dévoués, ce genre d’attitude
peut passer pour un mépris total et égoïste des obligations
de tout un chacun, alors que les Pointilleux et les Rebelles
ne comprennent même pas comment il est possible de
fonctionner autrement.
Cela dit, les Pointilleux peuvent s’irriter du refus
systématique du Rebelle à  faire ce qui est utile ou
raisonnable. Les Rebelles quant à  eux restent de marbre
devant l’insistance des Pointilleux à  s’informer ou se
justifier. Un lecteur témoigne :
Je suis un Pointilleux et un Rebelle vient d’être engagé au bureau. Il fait les
choses comme il le sent et perd du temps avec des détails qui n’ont aucun
intérêt, alors que l’équipe a déjà établi un programme bien précis. J’adore
mon travail, parce qu’il consiste à  trouver des solutions basées sur des
données et des études. Et cela m’énerve qu’il ne tienne pas compte des
nouvelles données et des nouvelles avancées. Il n’en fait qu’à sa tête. Il ne
respecte pas les délais et ne répond pas à mes questions, cela me met hors
de moi.

Une Pointilleuse en couple avec un Rebelle dresse la liste


des avantages et des inconvénients de leur relation :
Nous nous comprenons vraiment quand nous prenons des décisions
décalées, à  contre-courant. Je me suis renseignée et je suis sûre de mon
choix. Quant à lui, il est content de faire quelque chose d’inattendu. Mais
quand il s’agit de choisir une voiture, par exemple, je me perds en
conjectures et il est terrifié à  l’idée d’être coincé avec un modèle. Nous
nous accordons en général pour ne pas tenir compte des attentes
extérieures.

Dévoué-Dévoué
Une relation entre Dévoués peut être très harmonieuse.
Deux des couples les plus heureux que je connaisse sont
des Dévoués, même si tout n’est pas rose tous les jours.
Une Dévouée raconte  : «  On veut faire attention à  notre
alimentation, mais il suffit que l’un propose  : “Ça te dirait
une pizza ?” pour que l’autre réponde aussitôt : “Oh oui !”
On a beaucoup de mal à nous motiver à faire des activités
saines ensemble. On fait des plans sur la comète, mais rien
ne se concrétise. »
La solution est de se créer un système de
responsabilisation ou de contraintes extérieures, ce qui
implique, dans le cas des couples 100  % Dévoués, des
contraintes extérieures au couple. Pour respecter un
budget commun, mieux vaut pour eux ne pas se fier
à l’autre, mais prendre régulièrement rendez-vous avec un
conseiller financier.
Parent et enfant Dévoués s’entendent également très
bien. Le parent se sent responsable de son enfant et
l’enfant se sent redevable vis-à-vis de son parent. C’est une
dynamique très fructueuse, comme en témoigne une
lectrice :
J’ai du mal à  me forcer à  me lever tôt, et ma mère aussi, alors je lui ai
proposé d’être mon binôme spirituel. Je l’appelle à 7 heures, on papote un
peu, on lit un passage de la Bible, on en discute, puis on prie l’une pour
l’autre. C’est la solution idéale, parce que cela nous pousse à nous lever tôt
le matin tout en instaurant l’habitude de lire la Bible quotidiennement, ce
que j’ai toujours voulu faire. Cerise sur le gâteau  : nous partageons ce
moment ensemble.

Dévoué-Rebelle
Nous avons déjà parlé de cette association récurrente dans
la section « Le conjoint Rebelle » au chapitre 10.
Si le tandem Dévoué-Rebelle fonctionne bien, le quotidien
n’est pas forcément sans accrocs. Par exemple, de
nombreux enfants Dévoués devenus adultes m’ont confié
qu’il était difficile d’avoir un parent Rebelle.
Une amie m’a dit  : «  Ma mère adore ses petits-enfants,
mais si je lui demande de les garder, elle exige qu’on les
conduise chez elle à  l’heure qu’elle aura choisie. Tout doit
toujours se faire selon ses propres termes. Et c’est
dommage, parce qu’elle manque plein de choses. Mon mari
et moins ne lui proposons plus de participer aux activités
familiales, parce qu’elle ne sera pas à l’heure et ne voudra
pas faire les choses de telle ou telle façon ».
Un autre Dévoué m’a écrit : « Une fois, j’ai dit à mon père
d’être là à 18  heures, parce que cela commençait à
18  heures, alors qu’en fait cela ne commençait qu’à
19 heures. Il est toujours en retard. Il m’a dit que j’étais un
manipulateur. Ce n’est pas faux. »
Manipulateur ou réaliste  ? Il n’y a  qu’un pas entre les
deux.

Rebelle-Rebelle
Les Rebelles ont souvent du mal à s’entendre avec d’autres
Rebelles. Une Dévouée rapporte  : «  Mon mari et ma fille
sont tous les deux Rebelles. Et le comble, c’est qu’ils
détestent chacun le côté Rebelle de l’autre. Ils vont
reprocher à l’autre ce qu’ils font eux-mêmes. Ils se traitent
de paresseux, se critiquent et se prennent le chou
à longueur de temps. »
Un lecteur m’a écrit  : «  Je connais un couple Rebelle-
Rebelle qui fonctionne pour deux raisons. Premièrement, le
mari gagne beaucoup d’argent, il est à son compte et adore
ce qu’il fait. La femme ne travaille pas et fait absolument ce
qu’elle veut après avoir déposé les enfants à  l’école.
Deuxièmement, ce sont deux fortes personnalités pour qui
il est important d’être de bons parents. »
Intriguée de voir cette combinaison de profils si rare, j’ai
demandé par retour de courrier  : «  Comment décident-ils,
par exemple, du lieu ou des dates de leurs prochaines
vacances ? » Les Rebelles rechignent en général à suivre le
mouvement initié par d’autres, même si c’est pour faire
quelque chose qui leur plaît.
Le lecteur m’a répondu :
J’adore les écouter nous raconter comment ils organisent leurs vacances.
La femme décide de l’endroit où aller, et le mari décide ensuite s’il a envie
de se joindre à  eux. Ils passent rarement ses vacances seul, mais elle ne
l’oblige à  rien. Et lui non plus. S’il lui demandait de se charger des
vacances, elle rechignerait certainement. Ils procèdent comme ça pour
presque tout. Celui qui y  tient s’en occupe, et l’autre prend le train en
marche… ou pas. Quant aux enfants, ils s’en chargent chacun leur tour
autant que possible. Ils ont tous les deux beaucoup de mal avec ce qu’il
« faut » faire, et leur relation serait certainement moins harmonieuse s’ils
n’avaient pas les moyens de se décharger d’une bonne partie des
obligations.

Une Rebelle décrit sa relation avec un autre Rebelle :


Je suis du genre « rebelle libertaire » (c’est-à-dire REBELLE/Dévouée). J’ai
besoin d’autonomie, d’espace, de liberté, de flexibilité, de pouvoir
déménager, changer de point de vue, et j’étouffe dans des cadres trop
stricts. À peine je commence à prévoir quelque chose dans ma tête que je
veux le changer. Mon mari est différent, bien qu’il soit un Rebelle aussi.
Pour moi, c’est un «  rebelle identitaire  » (c’est-à-dire
REBELLE/Pointilleux). Il aime être à  part, faire les choses à  sa façon, et
être fidèle à lui-même.
Notre relation n’a pas grand-chose d’un couple. Nous ne travaillons pas
dans la même ville et avons donc chacun notre appartement. Quand nous
passons quelques jours ensemble, je me sens rapidement étouffer. Aucun
de nous ne voit l’intérêt de consacrer du temps, de l’énergie ou de l’argent
à  nous occuper de ces appartements, alors nous consacrons très peu de
temps aux tâches ménagères.

Ces deux Rebelles forment un couple heureux, parce


qu’ils tiennent compte de leur nature respective et
n’essaient pas de se conformer à  un modèle de couple
conventionnel.
Beaucoup de gens m’ont dit : « Je suis un Rebelle et mon
enfant est un Rebelle. Je ne sais pas comment font les
parents non-Rebelles pour gérer leur enfant Rebelle. » Une
mère m’a confié  : «  Avant, je culpabilisais de ne pas être
tout le temps derrière ma fille à  lui rappeler de faire ses
devoirs ou ce genre de choses. Maintenant que j’ai compris
qu’elle est une Rebelle comme moi, je me dis que c’est
mieux comme ça. »
Certaines relations sont plus harmonieuses que d’autres,
et cela dépend beaucoup des circonstances. Quand surgit
un conflit, que ce soit au travail comme à  la maison, la
solution la plus efficace est de laisser l’autre faire les
choses à sa façon.
Cela peut sembler évident, mais souvent, notre profil (et
notre nature humaine en général) nous pousse à  vouloir
dicter les choses aux autres au lieu de les laisser se
débrouiller comme ils l’entendent.
Ainsi, la Disciplinée que je suis veut toujours suivre les
règles et faire les choses sans tarder. En tant que
Pointilleux, Jamie veut trouver la façon de procéder la plus
efficace. La solution  ? Je gère mes tâches à  ma façon, il
gère les siennes à  sa façon, et aucun de nous n’interfère
dans les affaires de l’autre.
On a  beau se dire que l’on sait «  mieux  » ce que les
autres «  devraient  » faire, mais du moment où les choses
sont faites, il vaut mieux laisser les gens faire comme ils le
veulent. Acceptons que chacun puisse avoir sa propre
vision du monde, nos relations n’en seront que meilleures.
12
Communiquer efficacement
avec chaque profil

Au travail, à  la maison, partout, nous essayons de


convaincre les autres de se plier à  notre volonté (même
quand nous voulons qu’ils nous laissent tranquilles). Quand
nous avons affaire à  une personne du même profil que
nous, il suffit de trouver les arguments qui nous
convaincront et de créer les circonstances qui s’y prêtent ;
quand nous avons affaire aux autres profils, il faut trouver
des arguments qui les convaincront et créer des
circonstances qui leur seront favorables.
Nous avons souvent tendance à  penser que ce qui nous
convainc suffira à convaincre les autres aussi, or c’est faux.
Adultes, nous découvrons que nous ressemblons plus aux
autres que nous ne le supposions et nous leur ressemblons
moins que nous ne le pensions. C’est très dur de garder ça
en tête.
En bref, pour inciter quelqu’un à  faire quelque chose, il
est bon de se rappeler que :
• Les Disciplinés veulent savoir ce qu’il faut faire
• Les Pointilleux veulent en connaître les raisons
• Les Dévoués ont besoin d’être responsabilisés
• LesRebelles veulent être libres de faire comme bon leur
semble
De la même façon, l’argumentaire sera plus convaincant
s’il repose sur des valeurs qui parlent à chaque profil :
•  Les Disciplinés accordent de la valeur à  la maîtrise de
soi et à la performance
• Les Pointilleux accordent de la valeur au sens et au
raisonnement
•  LesDévoués accordent de la valeur au travail d’équipe
et au devoir
• Les Rebelles accordent de la valeur à la liberté et à leur
identité
Chaque profil ayant sa propre approche du monde, il n’y
a pas de solution unique et universelle pour convaincre les
autres de se plier à  notre volonté. Je fais du sport
régulièrement, parce que cela fait partie des choses que j’ai
prévu de faire  ; un Pointilleux en fait, parce qu’il sait que
c’est bon pour sa santé  ; un Dévoué fait une sortie
hebdomadaire à  vélo depuis qu’il a  trouvé un binôme  ; un
Rebelle court quand il en a envie.
Mon père, un Pointilleux, m’a raconté comment il avait
arrêté de fumer : « Ta mère et moi avions du mal à joindre
les deux bouts, et j’avais calculé combien j’économiserais
en arrêtant de fumer et combien je gagnerais en
investissant cet argent.  » Il a  donc fait ses calculs et s’est
focalisé sur les avantages d’arrêter la cigarette. Un ami
Dévoué, lui, s’est arrêté de fumer à  la naissance de son
fils  : «  Maintenant que j’ai un enfant, je ne peux plus
prendre de risques inutiles. Je veux être un modèle pour
lui. » Une Rebelle, elle, pourrait se dire : « Je refuse d’être
esclave de la nicotine. »
Connaître les spécificités de chaque profil nous permettra
de déterminer comment les aider, quel rôle jouer dans leur
vie. Par exemple, les diabétiques doivent prendre leur
traitement, manger correctement, faire de l’exercice et voir
leur médecin régulièrement. Ma sœur Elizabeth, qui
souffre de diabète de type 1, m’a raconté : « Mon médecin
m’a dit que certains patients avaient arrêté d’aller le voir,
parce qu’il était “trop gentil”.
– Comment ça, trop gentil ? ai-je demandé, perplexe.
– Pas assez dur avec eux s’ils ne suivaient pas ses
instructions.
– Je parie que ce sont des Dévoués qui ont besoin d’un
garant plus strict  ! Pour toi, des rendez-vous réguliers
suffisent pour te responsabiliser, mais pour certains
Dévoués, ce n’est pas assez contraignant. Ils vont choisir
un médecin plus sévère. »
S’il tenait compte du profil de ses patients, ce médecin
pourrait adapter ses conseils et personnaliser son
encadrement thérapeutique.
Certains professionnels de la santé ont déjà commencé
à utiliser la typologie des quatre profils.
Je suis une Disciplinée pur jus. Je travaille comme diététicienne à  la
clinique Mayo dans le service des consultations externes. J’ai longtemps
été perplexe quand les patients n’arrivaient pas à changer leurs habitudes
alimentaires. La plupart savaient pourtant que cela avait des répercussions
directes sur l’évolution de leur maladie, mais rien n’y faisait. Découvrir le
principe des quatre profils a bouleversé ma façon de voir les choses et m’a
permis d’offrir des soins et des conseils beaucoup plus pertinents à  mes
patients.

Un kinésithérapeute m’a rapporté :


«  Je travaille en réadaptation cardiaque et une grande partie de ma
mission consiste à encourager mes patients à adopter de bonnes habitudes
de vie. Maintenant, je classe mes patients selon leur profil :
– Les Disciplinés : « C’est ce qu’il faut faire ? Alors, je vais le faire. »
–  Les Pointilleux  : «  Pourquoi devrais-je faire ça  ? Expliquez-moi et
prouvez-moi que ça marche. »
– Les Dévoués : « Je vais vous montrer comme je fais ça bien. »
– Les Rebelles : « Ce n’est pas vous qui allez me dire quoi manger ou quoi
faire. »

Sur une note plus amère, une lectrice a  écrit  : «  J’aime


bien mon médecin, mais quand je lui ai dit que j’avais
besoin d’être davantage responsabilisée, elle est restée
sceptique. Elle est persuadée que je dois apprendre à  me
motiver et à  faire les choses pour moi. Bien entendu, cela
ne marche pas. Je n’ai jamais pu fonctionner comme ça. Je
veux juste quelque chose qui marche pour moi. »
Combien de fois ai-je entendu ça  ! J’avoue ne pas
comprendre pourquoi ce serait déshonorant d’avoir besoin
de contraintes extérieures pour se motiver. Tant que ça
marche, où est le problème ? À chacun sa stratégie !
Souvent, quand les gens veulent changer un
comportement, chez eux comme chez les autres, ils
commettent l’erreur commune de dire : « Tu devrais… »
– «  Si tu tiens à  ta santé, tu devrais faire du sport
régulièrement. »
– « Si tu prends ce travail au sérieux, tu devrais respecter
les délais que je t’ai donnés. »
– «  Si tu veux vraiment conclure cette vente, tu devrais
pouvoir ignorer quelques règles. »
– «  Si tu me respectes, tu devrais faire ce que je t’ai dit
sans rechigner. »
– «  Si tu te respectes, tu devrais trouver le temps
d’écrire. »
 
Qu’importe ce que les autres pensent (ou ce que nous
pensons) qu’untel ou untel « devrait faire », ce qui compte,
c’est ce qu’il peut faire et comment il peut le faire. Si nous
voulons aider les gens à  changer leurs habitudes ou leur
comportement, nous devons les aider à trouver la stratégie
qui garantira leur succès. Certains ont besoin de
clarification, d’informations, d’autres de responsabilisation,
de contraintes ou de choix.
Une lectrice m’a écrit  : «  Je suis une Dévouée et mon
mari est un Pointilleux. Quand je lui ai parlé du principe
des quatre profils, il a  enfin compris pourquoi je voulais
qu’il me demande tous les jours si j’avais mangé équilibré.
J’avais besoin de lui comme référent. Avant, il trouvait ça
bizarre comme demande. Si je voulais manger équilibré, il
suffisait que je le décide. »
Quand on saisit les particularités de chaque profil, on
peut faire en sorte que les circonstances soient favorables
à  chacun. Imaginons un chef de projet responsable d’une
équipe comportant tous les types de profils. Il pourrait
annoncer la mise en place d’un nouveau système
informatique en disant  : «  Si vous pensez en savoir
suffisamment sur le nouveau système, vous pouvez
retourner à  vos tâches. Si vous voulez en savoir plus,
restez, je suis là pour répondre à vos questions. » De cette
façon, il ne fait pas perdre de temps à  ceux qui n’ont pas
besoin d’en savoir plus (principalement des Dévoués et des
Disciplinés), et il reste disponible pour ceux (probablement
des Pointilleux) qui ont besoin d’un maximum
d’informations pour accepter la nouveauté. Les Rebelles
verront sur le moment de quel côté ils penchent.
Pour être sûr de se faire comprendre par tous les
étudiants, un professeur pourrait expliquer le but et les
objectifs de toutes les matières obligatoires  : «  Au fil des
années, les étudiants ont constaté que faire des résumés
des cours les aidait à  les retenir. Notez que ces résumés
vous seront extrêmement utiles en période de révisions.  »
Et dans l’année, il pourrait demander à  ses élèves de le
tenir au courant de leurs progressions par mail une fois par
mois. Il pourrait également proposer trois sujets de devoir
plutôt qu’un seul. En tenant compte des quatre profils, il
peut aider ses étudiants à réussir leur année.
On fait souvent toujours les mêmes erreurs. Quand ils
veulent convaincre, les Disciplinés et les Pointilleux vont
mettre l’accent sur l’importance de clarifier les attentes
intérieures  : «  Qu’est-ce que tu veux  ? Décide-toi.  », «  Tu
dois savoir ce que tu veux vraiment.  », «  Détermine tes
priorités et tes besoins.  » Ce sont d’excellents conseils,
à n’en pas douter, mais uniquement pour les Disciplinés ou
les Pointilleux. Les Dévoués auront tendance à  avancer  :
«  Ça va gêner untel  », «  Tu es obligé de le faire, ça fait
partie de ton travail », « Tu ne peux pas exiger à quelqu’un
de faire ça ». Ce sont également de très bons arguments…
pour des Dévoués.
 
Une institutrice a écrit :
Tous les enseignants doués utilisent consciemment ou non la typologie des
profils. En voici un exemple : mes élèves, qui ont entre quatre et cinq ans,
font tous la sieste l’après-midi. Certains, bien qu’ayant besoin de sommeil,
ont du mal à se calmer.
Aux Disciplinés, je dis : « Nous avons fait plein de choses aujourd’hui. Vous
avez beaucoup couru et vous êtes fatigués. Après la sieste, j’ai prévu de
faire un jeu, alors je veux que vous repreniez des forces. »
Aux Pointilleux, je dis  : «  Pourquoi croyez-vous que je vous demande de
faire la sieste tous les jours  ? Pourquoi est-ce si important de faire la
sieste ? » Ils ont toujours plein de réponses à me donner, sur lesquelles je
renchéris  : «  Exactement  ! Alors, tu es d’accord pour te reposer  ?  » Ils
répondent « oui », parce que pour eux, cela tombe sous le sens.
Aux Dévoués, je dis : « Je serai très fière de vous si vous faites une grosse
sieste comme hier. Je suis sûre que c’est possible. Vous vous sentirez
tellement bien quand vous vous réveillerez ! »
Aux Rebelles, je dis  : «  Vous n’êtes pas obligés de faire la sieste, mais
pourriez-vous rester tranquillement allongés quelques minutes  ? Si vous
n’avez pas envie de dormir après ça, vous pourrez prendre un livre. » (Ils
aiment savoir que ce sont eux qui décident ou non de faire la sieste, et
finissent invariablement par s’endormir.)
Me référer aux quatre profils m’a souvent permis de
comprendre pourquoi on ne s’entendait pas avec telle ou
telle personne. Ce sont les petits travers propres à  notre
profil qui exaspèrent les autres. Un Discipliné va répéter
inlassablement à son équipe : « Il suffit de le vouloir ! » Un
Pointilleux va continuer d’inonder la boîte mail d’un
collègue Dévoué avec des études sur la productivité au
travail. Un Dévoué va s’entêter à  offrir à  sa compagne
Rebelle des abonnements à  des clubs de gym. Un Rebelle
va conseiller à  un Discipliné d’être moins coincé. Même si
cela part d’une bonne intention, cela ne fera que braquer
l’autre.
Dans certaines situations, la méconnaissance des
mécanismes de base de chaque nature peut avoir de
lourdes conséquences. Un policier qui dirait à  un
Pointilleux ou à un Rebelle : « Sortez du véhicule » pourrait
se voir répondre : « Pour quelle raison ? », « Qu’est-ce qui
vous donne le droit de me demander ça ? », « Je ne faisais
rien de mal, c’est une interpellation arbitraire  », «  Je n’ai
pas d’ordre à  recevoir de vous  ». Plus l’agent insistera et
plus il provoquera l’esprit de contradiction de son
interlocuteur. La situation peut vite tourner au drame.
Cela m’amuse beaucoup de voir si la signalétique des
lieux publics s’adresse ou non aux quatre profils. L’on voit
bien que tout est question de formulation.
Pour s’assurer que le message sera compris par tous, rien
de tel que la formule : information, conséquences et choix.
Cela marche bien sur les Rebelles, comme nous l’avons vu.
Les Pointilleux seront également plus enclins à  coopérer
s’ils savent pourquoi. Les Dévoués obtempéreront selon les
conséquences et les Disciplinés suivront la règle, tout
naturellement.
J’ai pris cette photo lors de la visite des locaux d’une
entreprise. C’était affiché dans les toilettes des femmes. Le
message ne s’adresse clairement pas aux quatre
personnalités.

Règles de savoir-vivre
Oui… je jette mes déchets dans la poubelle, je nettoie les projections d’eau autour de l’évier et de la
cuvette des toilettes. Oui… je tire la chasse d’eau et je m’assure que tout est parti.Oui… je fais encore
plus attention qu’à la maison, parce que c’est un lieu public. Si je ne le fais pas pour moi, je le fais pour
les autres. Non… je ne jette pas les serviettes hygiéniques ou les tampons dans les toilettes, les
poubelles sont là pour ça. Merci de nous aider à garder les toilettes propres et agréables !

Cette affiche a  indéniablement été rédigée par une


Dévouée pour les Dévouées : « Si je ne le fais pas pour moi,
je le fais pour les autres.  » Pour convaincre un Rebelle, il
aurait mieux valu dire le contraire  : «  Gardez les lieux
propres pour vous, si ce n’est pour les autres.  » De plus,
ces «  oui » et « non » ne provoqueraient pas seulement la
résistance des Rebelles, mais celle des Pointilleux aussi…
et même des Disciplinés comme moi !

Merci de ne pas fumer


C’est incroyable comme il est facile de susciter
l’opposition. Un Rebelle a  écrit  : «  Quand je vois les
panneaux “Merci de ne pas fumer”, cela me donne aussitôt
envie de fumer, alors que je ne fume pas  ! Je ne supporte
pas qu’on me donne des ordres. »
Dans les rayonnages d’une bibliothèque de New York que
j’adore, j’ai eu l’agréable surprise de lire ce panneau qui,
en quelques mots, s’adresse avec succès aux quatre
profils :

Veuillez noter que des fourmis ont été aperçues à cet étage. Aidez-nous à protéger les ouvrages de la
bibliothèque.Boisson et nourriture sont interdites.

Cela s’adresse aux Disciplinés  : voici les règles, suivez-


les. Cela s’adresse aux Pointilleux  : boisson et nourriture
sont interdites, parce qu’ils attirent les fourmis qui
endommagent les livres. Cela s’adresse aux Dévoués  : les
bibliothécaires savent que le règlement n’a pas été
respecté, parce qu’il y a eu des fourmis, alors arrêtez. Cela
s’adresse aux Rebelles : les usagers de la bibliothèque sont
des gens qui accordent de la valeur aux livres, ils font en
sorte de ne pas les dégrader et respectent les règles en
vigueur. De plus, qui a  envie de travailler dans une pièce
grouillante de fourmis ?
Le message laissé dans les salles de bains de l’hôtel
Willard à  Washington tient également compte des quatre
profils. Notez la dernière ligne en gras directement
adressée aux Rebelles.

Nos efforts pour protéger et réduire.


Réutiliser les serviettes de bain évite de gaspiller des milliers de litres de détergent et d’eau par an.
Si vous avez l’intention de réutiliser vos serviettes, accrochez-les.
Sinon, déposez-les dans la baignoire.
Nous vous remercions de participer à notre démarche,
Et bien sûr,
Le choix vous appartient.

L’hôtel Ritz-Carlton sur l’île d’Amelia en Floride


a  visiblement eu des problèmes avec des clients qui
laissaient les baies vitrées ouvertes. Certains doivent se
dire : « La condensation et les dégâts à long terme, ce n’est
pas mon problème, c’est celui de l’hôtel. Mais plus d’air
conditionné et une chambre pleine d’insectes ? Ah non ! »

Chers clients,
Veuillez garder les portes coulissantes fermées.
L’humidité de Floride crée un phénomène de condensation causant de nombreux dégâts matériels.
Si les baies restent ouvertes, l’air conditionné se coupera automatiquement et des insectes entreront
dans la chambre.

Ce panneau s’adresse également à  tous les profils grâce


à  la formule  : information – conséquences – choix. Une
remarque sur l’identité ne fait pas de mal non plus.
L’urine des chiens tue les plantes et leurs excréments sentent mauvais.
Ayez l’amabilité de nous aider à garder ce lieu agréable.
Merci.

Pour qu’un message fasse mouche, il doit s’adresser


à tous les profils. Quand, à  l’approche de l’ouragan Sandy,
le maire de New  York Michael Bloomberg a  ordonné
l’évacuation des zones inondables de la ville, beaucoup
d’habitants ont refusé de quitter leur domicile, ce qu’une
Disciplinée comme moi trouve complètement aberrant.
Comment pourrait-on formuler un ordre d’évacuation qui
s’adresserait à  tous les habitants, quelle que soit leur
profil ?
Pour que les Disciplinés s’exécutent, il faudrait leur en
donner l’ordre express et stipuler clairement que tous les
habitants doivent évacuer les lieux. Il n’en faut pas plus
pour les convaincre.
Pour que les Pointilleux s’exécutent, il faudrait que le
risque soit attesté. Ainsi l’ordre d’évacuation doit préciser
quand, où et avec quelle force l’ouragan va frapper, quels
sont les risques, pourquoi il faut quitter les lieux, pourquoi
tel quartier plutôt qu’un autre et pourquoi les domiciles
bien construits et élevés présentent quand même des
risques. Il faudrait également leur expliquer que des
experts (météorologues, ingénieurs, architectes) ont été
consultés, et il faudrait éviter de comparer cet ouragan au
précédent, car si ces personnes n’avaient pas été
inquiétées alors, elles pourraient estimer qu’elles n’ont de
nouveau rien à craindre.
Pour que les Dévoués s’exécutent, il faudrait les
responsabiliser et insister sur le fait qu’un refus d’évacuer
les lieux mettrait leur famille ainsi que les secouristes en
danger. Il faudrait également spécifier que les agents de la
ville auront l’ordre de signaler les réfractaires qui seront
verbalisés pour refus d’obtempérer. On pourrait aussi leur
rappeler leurs obligations envers leur famille et leurs
voisins ainsi que leur devoir citoyen de montrer l’exemple,
car le meilleur moyen de garantir la sécurité de tous (y
compris celle des animaux de compagnie) est d’évacuer.
Les Rebelles détestent recevoir des ordres, mais ils
accepteront plus volontiers d’évacuer les lieux s’ils risquent
de perdre leur liberté et leur confort. Il faudrait donc
insister sur le fait qu’ils risquent de rester bloqués sur
place pendant plusieurs jours, dans des conditions
dangereuses ou du moins inconfortables, sans électricité,
eau courante, ascenseurs, transports publics et livraisons
de plats à domicile.
Les autorités pourraient également prévenir les gens que
leur identité serait relevée. Quel que soit son profil, on
n’agit pas de la même façon sans le couvert de l’anonymat.
Dans ma quête de signalétique s’adressant aux quatre
profils, je jette toujours un œil dans l’espace cuisine des
entreprises que je visite. Les messages, notes et autres
affiches sur les réfrigérateurs, placards ou au-dessus des
éviers sont des pépites de communication, qu’elle soit
efficace… ou non  ! J’avais lancé une discussion sur le
meilleur message à  mettre dans la cuisine pour éviter que
l’évier déborde de vaisselle sale.
Un Dévoué a proposé ceci :
Merci de mettre votre vaisselle sale dans le lave-vaisselle. S’il est plein,
videz-le. S’il est en marche, placez votre vaisselle préalablement rincée
dans l’évier et revenez plus tard la placer dans le lave-vaisselle. Votre mère
n’est pas là pour le faire à votre place.

Eh bien, cela ne marchera jamais, et pour toutes sortes


de raisons !
Parfois, il n’y a  même pas besoin de message. Il suffit
d’une bonne idée, comme celle de distribuer des mugs
personnalisés. D’une part, on s’occupe instinctivement de
ce qui est à  nous, et d’autre part, on ne peut plus laisser
traîner ses affaires anonymement.
Après délibérations, nous avons conclu que les meilleures
façons de faire passer le message étaient la formule
« information – conséquences – choix », la personnalisation
des mugs, et l’humour, bien sûr. Un message humoristique
peut être à la fois informatif et percutant sans pour autant
provoquer de tensions. Un dessin ou un trait d’humour
passe parfois bien mieux qu’un long paragraphe
d’instructions. Je me souviens d’un panneau à  la piscine
municipale  : «  Nous ne nageons pas dans vos toilettes, ne
faites pas pipi dans notre piscine.  » Pour la cuisine du
bureau, un Rebelle a suggéré : « Si la cuisine reste propre,
nous retirerons tous les messages demandant aux gens de
la garder propre. »
Quelle que soit la situation, un message formulé en
fonction des caractéristiques des quatre profils assurera la
coopération de tous. En général, quand nous voulons
convaincre les autres, nous utilisons des stratégies qui
fonctionneraient sur nous. La typologie des quatre profils
nous permet de comprendre qu’il est plus judicieux de
s’adapter à  son interlocuteur. La communication n’en sera
que plus harmonieuse.
13
Apprendre à tirer parti de ses
forces, quel que soit
son profil
De même que le café pousse à moins de 2 000 mètres et le cèdre à plus de 2 000 mètres, chaque
humain a besoin d’un certain type de terreau, une certaine température et une certaine altitude
pour être libre et heureux, c’est-à-dire libre de développer tout le potentiel de sa nature. Certains
s’acclimatent presque partout, d’autres ne s’épanouissent que sous des latitudes précises. On
peut se sentir complètement libre dans un monastère trappiste ou à  la cour de Berlin  ; mais il
faudrait avoir une personnalité inhabituelle et inhabituellement gracieuse pour se sentir libre
dans les deux endroits pareillement.

Isak Dinesen, Correspondance, 19 août 1923

Notre profil façonne nos expériences et notre façon de


voir les choses. Nous répondons différemment aux
circonstances et au langage et nous nous épanouissons
dans différents environnements.
Mais quelle que soit notre profil, la sagesse et
l’expérience peuvent nous aider à  exploiter les forces et
compenser les faiblesses de notre nature.
À la fin d’une conférence sur les quatre profils, un homme
m’a demandé : « Quel profil rend les gens plus heureux ? »
Cette question toute simple ne m’avait jamais traversé
l’esprit. «  Et lequel permet de réussir le mieux dans sa
vie ? » a-t-il poursuivi.
La réponse était – comme le plus souvent – «  Ça
dépend.  » Tout dépend de la façon dont la personne gère
les avantages et les inconvénients de sa nature. Les gens
les plus heureux, ceux qui réussissent le mieux, sont ceux
qui savent tirer le meilleur parti des avantages de leur
nature et, ce qui est tout aussi important, qui savent
s’accommoder au mieux de leurs inconvénients.
Nous pouvons tous construire la vie que nous voulons, et
nous devons le faire de la manière la plus adéquate.
Une phrase me hante, celle du romancier Rebelle John
Gardner  : «  Que l’on enfreigne la loi ou qu’on lui obéisse,
tout se paie, toujours. » Disciplinés, Pointilleux, Dévoués et
Rebelles, nous devons tous composer avec notre profil,
quels que soient ses forces, ses faiblesses, ses singularités
et ses travers.
Et puisque tout se paie, la connaissance de notre nature
profonde est ce qui nous permettra de comprendre
comment, quand et pourquoi nous allons payer… et
comment construire la vie que nous voulons.
APPENDICE
REMERCIEMENTS

Quel plaisir j’ai eu d’écrire Les 4 Profils  ! Il y  a tellement


de personnes que j’aimerais remercier pour leur aide et
leurs réflexions pertinentes sur le principe des quatre
profils.
Tout d’abord, je remercie ma famille, qui m’écoute parler
des quatre profils pratiquement tous les jours depuis
plusieurs années.
Merci à mon agent, Christy Fletcher, à Sylvie Greenberg,
Grainne Fox, Sarah Fuentes, et Mink Choi de Fletcher &
Co.
Merci à mon éditrice Mary Reynics et à l’équipe de Diana
Baroni, Sarah Breivogel, Julie Cepler, Aaron Wehner et
à tous ceux qui ont travaillé avec moi sur Les 4 Profils.
Merci également à Lisa Highton de Two Roads.
Beth Rashbaum m’a beaucoup aidée à clarifier mes idées.
Mike Courtney et Quyen Nguyen d’Aperio Insights ont
fait un travail remarquable en élaborant et gérant le test
des quatre profils.
Merci au personnel de Worthy Marketing  : Jayme
Johnson, Jody Matchett, David Struve et tous les autres.
Crystal Ellefsen contribue tous les jours à  diffuser mes
idées à travers le monde.
Mighty Networks a  créé, mis en service et gère
l’application Better.
Un grand merci à  Gina Bianchini, Audra Lindsay, Brian
Vu, Rachel Masters, et toute l’équipe de Mighty Networks.
Pour le podcast, j’aimerais remercier les membres de
Panoply  : la productrice Kristen Meinzer, l’ancien
producteur Henry Molofsky, ainsi qu’Andy Bowers et Laura
Mayer.
J’aimerais également remercier ma co-animatrice et
sœur, la très sage Elizabeth Craft.
QUIZZ DES QUATRE PROFILS DE
GRETCHEN RUBIN

De nombreux lecteurs m’ont demandé une méthode


simple et rapide pour déterminer le profil de quelqu’un.
Parmi eux, il y  avait des DRH qui voulaient un outil de
recrutement, des enseignants qui voulaient mieux
comprendre leurs élèves, des professionnels de santé qui
voulaient pouvoir personnaliser leurs conseils médicaux,
des célibataires qui voulaient pouvoir cerner une personne
au premier rendez-vous ou tout simplement des gens qui
voulaient avoir un sujet de conversation pour briser la
glace en soirée.
Il suffit de quelques questions pertinentes pour cerner le
profil des gens. Mais il ne faut pas tant s’attacher aux
réponses qu’ils donnent, qu’au raisonnement qu’il y  a
derrière, au vocabulaire utilisé. La façon de penser en dit
long, plus que n’importe quelle réponse.
Comme tous les profils se recoupent, deux profils peuvent
répondre de la même façon à certaines questions.
Les Pointilleux et les Dévoués étant les plus nombreux, il
y  a de grandes chances que vous ayez à  faire à  un
Pointilleux ou un Dévoué.
Sachez également que les gens ne répondront pas
toujours de façon sincère de peur de se faire juger.
 
« Que pensez-vous des résolutions du Nouvel An ? »
En général, les Disciplinés prennent de bonnes
résolutions au Nouvel  An. Ils en prennent à  d’autres
moments de l’année aussi.
Les Pointilleux prennent de bonnes résolutions et s’y
tiennent, mais ils rejetteront l’arbitraire du 1er janvier. Pour
eux, c’est contre-productif d’attendre le Nouvel  An pour
bien faire.
Les Dévoués ont le plus souvent fait une croix sur les
résolutions du Nouvel  An, parce qu’ils n’ont jamais réussi
à  les tenir. Certains continuent d’en prendre, mais ils
finissent souvent par les abandonner.
De manière générale, les Rebelles n’aiment pas
s’engager. Mais il arrive que certains trouvent amusant de
prendre de bonnes résolutions au Nouvel  An. Ils en font
alors grand cas et relèvent le défi avec enthousiasme.
 
«  Imaginez un panneau “Interdiction de téléphoner”. Je
prends mon portable et je passe un appel. Comment le
vivez-vous ? »
Les Disciplinés sont au supplice.
Les Pointilleux essaient de voir si cette interdiction est
justifiée. S’ils jugent que ce n’est pas le cas, ils ne voient
aucun inconvénient à ce que vous l’enfreignez.
Les Dévoués n’apprécient pas et expliquent leur
embarras en disant que l’usage du téléphone portable dans
les lieux publics dérange les autres ou que vous risquez de
vous faire prendre.
Les Rebelles s’en fichent. Ils peuvent même prendre un
malin plaisir à enfreindre cet interdit.
 
« Vous êtes-vous déjà inscrit à un cours gratuit juste pour
le plaisir  ? Si oui, et si une personne de votre entourage
vous disait que ça la gêne que vous preniez ce cours, que
feriez-vous ? »
La plupart des gens diraient « Cela dépend. En quoi c’est
gênant pour cette personne et à quel point ; et aussi, quelle
importance ce cours a  pour moi  ?  » Rassurez-les, la gêne
serait minime pour l’autre personne.
Les Disciplinés auront tendance à y aller quand même. Ils
en ont envie, ils se sont inscrits, ils sont désolés si cela
gêne quelqu’un, mais cela ne les empêchera pas d’y aller.
Ils insisteront sur l’importance pour eux de faire ce qu’ils
ont prévu et d’aller au bout de leurs engagements.
Les Pointilleux feront de même, mais ils mettront l’accent
sur ce qui justifie leur inscription à ce cours.
Les Dévoués hésiteront à  y aller, parce que cela gêne
cette personne. C’est un véritable cas de conscience pour
eux et ils le vivront mal.
Les Rebelles diront qu’ils ne s’y rendront pas s’ils n’en
ont pas envie. Ils peuvent faire remarquer qu’ils ne
s’inscriraient jamais à  un cours, car comment voulez-vous
qu’ils sachent maintenant ce qu’ils auront envie de faire ce
jour-là ? Et s’ils se sont déjà inscrits, ils ne s’y rendront que
s’ils en ont envie.
 
«  Vous souvenez-vous avoir déjà changé une habitude
importante dans votre vie ? »
Une réponse comme  : «  Pendant des années j’ai marché
tous les matins avec ma voisine, mais elle a  déménagé, et
depuis, je ne le fais plus » pointe en direction du Dévoué ;
alors que  : «  Je me suis renseigné et j’ai lu beaucoup de
choses sur l’intérêt de faire du renforcement musculaire, et
après avoir parlé à  quelques coachs sportifs, je m’y suis
mis  » pointe en direction du Pointilleux  ; «  Je fais du
jogging quand j’en ai envie  » pointe en direction du
Rebelle. Les Disciplinés auront une kyrielle d’exemples
à vous donner.
 
«  Quand vous faites une liste de choses à  faire, arrivez-
vous à traiter toutes les tâches ? Et lorsque c’est une liste
que vous donne quelqu’un d’autre ? »
Les Disciplinés font aisément tout ce qu’il y  a sur leurs
listes, et sur celles qu’on leur donne.
Les Pointilleux sont plus enclins à  faire ce qu’ils ont mis
sur leur liste.
Les Dévoués sont plus enclins à faire ce qu’il y a sur une
liste qu’on leur donne.
Les Rebelles ne tiennent pas compte des listes de choses
à faire, ou alors, ils le font à leur façon : « J’ai fait une liste
ouverte que je pioche dans n’importe quel ordre quand je
suis d’humeur à faire quelque chose. »
 
Quelques questions à répondre du tac au tac :
« Vous a-t-on déjà dit que vous étiez rigide ? »
« Oui » suggère un Discipliné.
«  Vous a-t-on déjà dit que vous posiez trop de
questions ? »
« Oui » suggère un Pointilleux.
«  Êtes-vous d’accord  : les promesses que l’on se fait
peuvent être brisées, celles que l’on fait aux autres ne
devraient jamais l’être ? »
« Oui » suggère un Dévoué.
«  Pensez-vous qu’enfreindre les règles donne du piquant
aux choses ? »
« Oui » suggère un Rebelle.
 
Pour chaque profil, cette question prime :
Les Disciplinés demanderont : « Dois-je le faire ? »
Les Pointilleux demanderont  : «  Est-ce que ça tient
debout ? »
Les Dévoués demanderont  : «  Est-ce que cela compte
pour quelqu’un ? »
Les Rebelles demanderont  : «  Est-ce la personne que je
veux être ? »
RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES

J’ai rassemblé de nombreuses ressources pour vous aider


à  mieux comprendre et à  utiliser la typologie des
quatre profils.
L’outil principal est l’application Better (en anglais
uniquement), qui vous permettra d’utiliser les quatre
profils dans la vie de tous les jours pour atteindre vos
objectifs (ou aider les autres à  le faire). Vous y  trouverez
également un «  kit spécial  » pour créer un groupe de
responsabilisation. Plus de renseignements sur mon site  :
https://gretchenrubin.com/books/the-four-tendencies/the-
app/.
J’ai élaboré deux guides sommaires servant de références
aux quatre profils. Ils sont téléchargeables en anglais au
format PDF sur mon site https://gretchenrubin.com.
Vous pouvez également me demander par mail :
– Un quizz pour déterminer le profil d’une personne ;
– Un guide qui résume les caractéristiques de chaque
profil ;
– Un guide de discussion sur les quatre profils, destiné
aux clubs de lecture, groupes de travail, groupes de
responsabilisation et autres groupes ;
– Un kit de création de groupe de responsabilisation ;
– Des lectures complémentaires sur d’autres modèles de
personnalités – si vous aimez les outils d’évaluation
psychologique autant que moi, cela devrait vous intéresser.
 
Je parle régulièrement des quatre profils sur mon blog,
https://gretchenrubin.com, et j’en discute dans le podcast
que j’anime avec ma sœur Elizabeth Craft, Happier with
Gretchen Rubin. Nous avons consacré les épisodes 35, 36,
37 et 38 à chaque profil.
NOTES

À  propos des mails, posts sur le blog et autres


témoignages : j’ai modifié les détails permettant d’identifier
les auteurs et j’ai adapté la longueur des textes, mais je
n’ai rien inventé. Tous les témoignages sont authentiques.

Chapitre 1 : Les quatre profils

«  Pour mettre mes observations sur les quatre profils


à  l’épreuve…  », Enquête quantitative conduite par Aperio
Insights sur des échantillons représentatifs de la population
adulte américaine de sexes, d’âges et revenus différents
sur tout le territoire. Sondage en ligne du 18  juillet au
2 août 2016, n = 1,564.

Chapitre 3 : Comprendre le Discipliné

«  Une étude sur les statuts postés sur les réseaux


sociaux…  », Matt Huston, «  Status Updates Don’t Lie  »,
PsychologyToday.com, 8  juillet  2015,
https://www.psychologytoday.com/intl/articles/201507/statu
s-updates-don-t-lie.

Chapitre 5 : Comprendre le Pointilleux

«  L’entrepreneur et inventeur américain Steve Jobs…  »,


Walter Isaacson, Steve Jobs, Simon & Schuster, 2011, p. 43,
453-56.
Chapitre 7 : Comprendre le Dévoué

«  les personnes participant un programme de perte de


poids avec un binôme… », Kelly McGonigal, The Will-power
Instinct: How Self-control Works, Why It Matters and What
You Can Do to Get More of It, Avery, 2013.
« quand un groupe d’enfants entraînés comme… », Nalika
Gunawardena, et collab., «  School-based Intervention to
Enable School Children to Act as Change Agents on Weight,
Physical Activity and Diet of Mothers  : A  Cluster
Randomized Controlled Trial  », International Journal of
Behavioral Nutrition and Physical Activity, n° 13, 2016.

Chapitre 9 : Comprendre le Rebelle

«  un article dans le New  York Times sur les différentes


distributions des rôles dans le couple…  », Claire Cain
Miller et Quoc Trung Bui, «  Rise in Marriages of Equals
Helps Fuel Divisions by Class  », New  York Times,
27 février 2016.

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