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Pour Driss Chraïbi, comme pour Julian Green, l’autre langue est « le
langage de l’autre côté du miroir », celui qui permet de voir croître « deux
façons si différentes de penser et de rêver4 » : à la jonction de ces univers mais
visant à atteindre l’universel, l’œuvre, éminemment réflexive, est tout entière
dévolue au brassage incessant des référents.
5 Notamment les travaux d’Abdelkébir Khatibi, Le Roman maghrébin, Paris,
Maspéro, 1968 et ceux de Ma (...)
2 Montaigne, Essais 1, 26.
3 Cf. entretien avec Driss Chraïbi, 21 mars 1998. L’entretien figure en annexes du
T.E.R. de maîtrise, Le Personnage de l’inspecteur Ali dam les romans de Driss
Chraïbi, que j’ai soutenu, sous la direction de Martine Job à l’université de Bordeaux
3, en juin 1998. I.aâbi, pour sa part, a très vite remercié les analyses de ce « drame
linguistique » qui ont été précieuses, dit-il, pour la prise de conscience d’une situation
paradoxale « au moment où, pour l’intellectuel colonisé, s’affirmait la nécessité de
déboutonner les structures et les habitudes mentales que le colonialisme a voulu
greffer sur lui ». Quelle que soit la langue employée, pour Laâbi aussi, c’est un
problème d’écrivains et de talent : « L’écrivain de race est celui qui fait un usage
singulier et irremplaçable de la langue [...], qui [...] propose et impose un langage
nouveau, marqué du sceau de son univers créateur », Abdellatif Laâbi, « Réalité et
dilemmes de la culture nationale (I) », Souffles n 4,4 trimestre, 1966, p. 4-12.
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4 Julian Green, traduit par Julien Green, Le Langage et son double, Paris, Seuil, 1987,
p. 161.
5 Notamment les travaux d’Abdelkébir Khatibi, Le Roman maghrébin, Paris,
Maspéro, 1968 et ceux de Marc Gontard, La Violence du texte. Étude sur la
littérature marocaine de langue française, Paris, L’Harmattan, 1981.