Vous êtes sur la page 1sur 116

France/Andorre : 5,90 € - BEL/LUX : 6,40 € -

ESP/GR/ITA/PORT.CONT : 6,90 € - D : 7,10 € - CH : 10,40 FS


CAN : 10.99 $ca - POL./S : 920 cfp - N.CAL/S : 880 cfp - DOM : 6,80 €

N°54
Février-mars 2019

Têteavec
à tête
l’ours brun
Sur les ailes du
héron pourpré pygargue Loup
Au-delà de nos différences

Nat’Images s’est toujours voulu un magazine jeunes. À nous donc de montrer l’exemple. Les
rassembleur pour la communauté des photo- bonnes habitudes ne sont pas plus contrai-
graphes naturalistes… en dépit des tensions qui gnantes à intégrer que les mauvaises, tout est
peuvent exister au sein de cette grande famille. question d’éducation…
À l’heure où la plupart, pour ne pas dire la totalité Nous devons prendre conscience, et ce de
des signaux environnementaux sont au rouge, il manière plus aiguë encore, que cette nature, loin-
faut reconnaître que nous avons le chic pour nous taine ou proche, que nous aimons tant photogra-
entre-déchirer alors que, globalement, nous phier, observer, parcourir seul ou en famille – je
sommes d’accord sur le principal. Plutôt que de pourrais presque écrire “consommer” – est fragile.
rompre le dialogue pour quelques divergences, ne Il est plus que jamais temps de défendre sa cause
serait-il pas temps de nous réconcilier autour de et de s’engager de la manière qui nous corres-
nos nombreux et profonds points communs ? pond le mieux, à notre échelle et le plus naturelle-
Certes il demeure des pratiques à bannir et ment possible. 3
quelques améliorations à apporter dans nos Depuis neuf années maintenant, dans nos
façons d’exercer notre passion, des précautions à pages et grâce à vos photos, vos dessins, vos
prendre, des règles à respecter… La première est regards, nous soulignons la beauté et les
sans nul doute de ne pas “lapider” une espèce richesses de ce monde. Faisons en sorte que, par
sur l’autel du buzz ou du sensationnalisme, la nos gestes, même les plus simples, nous partici-
seconde certainement de pas mentir sur la façon pions ensemble à les préserver.
dont nous réalisons nos photos. La nature est D’ailleurs, si vous menez des actions en faveur
sensationnelle par essence, inutile d’en rajouter. de la nature, n’hésitez pas à nous les signaler, la
Et puis aucune image ne mérite qu’on sacrifie le rédaction se fera un plaisir de les faire rayonner.
vivant, surtout pas pour des “likes” sur FB ! Bon anniversaire Nat’Images, merci pour votre
Sans nous en rendre compte, nous sommes fidélité et… bonne lecture !
parfois devenus des modèles pour les plus Stéphane Hette

• Contact Abonnements & Boutique • Coordination : Nadège Cogné


 www.natimages.com Éditions Jibena, BP 80100, 86101 Châtellerault Cedex. Bimestriel – Directrice de la publication : Marie Cogné. Imprimé en France
Tél. : (33) 0-549-85-4985. Fax : (33) 0-549-85-4999. par RPG, RN7, 60520 La Chapelle-en-Serval. – Édité par Jibena, S.A. au
• Contact Rédaction • Service abonnements : abonne@photim.com
capital de 549.000 E, 4 rue de la Cour-des-Noues, 75020 Paris – ISSN :
Nat’Images, 13 rue des Lavoirs, 86100 Senillé St Sauveur. 2106-3478. – Commission paritaire : n° 0619 K 84966. Diffusion : MLP.
• Boutique Photim : commande@photim.com
Tél. : (33) 0-549-85-4985. Copyright © 2018. Tous droits réservés pour tous pays. Reproduction
Courriel : redaction@natimages.com • Les auteurs de ce numéro… interdite, par tout procédé (y compris, photocopie, numérisation, Internet,
bases de données…). Toute représentation ou reproduction, même par-
• Contact Service Photo Frédéric Polvet, Stéphane Hette, Ghislain Simard, tielle, réalisée sans accord préalable est illicite (article L.122-4 du code de
Nat’Images - Éditions Jibena, BP 80100, 86101 Châtellerault Cx Benoît Gaborit et Emmanuelle Dartayet. la propriété intellectuelle). Nat’Images n’accepte aucune publicité rédaction-
(CD, DVD ou clé USB, avec index imprimé, c’est parfait !) Avec les images de William Moureaux, Lilian Sineux & Céline nelle. Les marques citées le sont dans un seul but d’information et à titre
Courriel : photo@natimages.com Lecoq, Francis Massias, Léo Gayola, Nicolas Ughetto, Sébastien gratuit. Ces citations ne signifient pas que les procédés soient
tombés dans le domaine public. L’envoi de textes ou photos
• Contact Service Publicité De Danieli, Florent Nicolas, Christophe Perelle, Louis-Marie suppose que l’auteur possède les autorisations éventuelle-
Nadège Coudurier. Préau, Jean-Michel Lenoir, Joris Grenon, Clément & Julien ment nécessaires à leur diffusion et implique l’accord des
Éditions Jibena, 13 rue des Lavoirs, 86100 Senillé St Sauveur. Pappalardo, Daniel Maillard, Bernard Gauthier, Gabrielle & Patrick auteurs et modèles pour une reproduction libre de droits dans
Tél. : (33) 0-549-85-4985. Fax : (33) 0-549-85-4999 Ledoux, les lauréats du concours “Wildlife Photographer of the Nat’Images. Les documents, insérés ou non, ne pourront être
Courriel : pub@natimages.com Year 2018” et les “Coups de pouce” de la Rédac’. rendus.

Nat’Images est soucieux de protéger l’environnement. Il est imprimé sur papiers garantis sans chlore, fabriqués avec des bois issus de forêts gérées
durablement et provenant de lots contrôlés et certifiés. Notre imprimerie (RPG) est située en France et labelisée Imprim’Vert.

’Images
54
Sommaire Février- mars 2019

6 / Image du mois
Une spectaculaire photo “mi-air mi-eau”
signée William Moureaux.

81012 / Infos
141819 / Expos, stages, concours
20 / Livre du mois
Discrets voisins de Lilian Sineux.

22 / Portfolio concours
Focus sur le Wildlife Photographer of the Year.

32 / Almanach
Le réveil du bocage bressuirais par Francis Massias.

34 / Queyras, le temps d’un hiver


Les bons plans de Léo Gayola pour tirer le meilleur
de votre sortie dans le parc naturel du Queyras. 22
42

34
42 / Trois regards sur le loup 70
42 / Nicolas Ughetto nous fait le récit détaillé de sa
rencontre avec une meute de loups sur les
versants du Mont Ventoux.
48 / Sébastien De Danieli a fait preuve de patience
pour réussir à piéger (photographiquement) les
visiteurs du massif de Belledonne.
54 / Cap à l’ouest toute avec un sujet original de
Florent Nicolas sur les loups côtiers de la région du
Grand Ours, en Colombie-britannique.

56 / Les ours bruns du no man’s land


Christophe Perelle se rend tous les ans en Finlande
pour y photographier son sujet fétiche, l’ours brun.

62 / Alaska, territoire des pygargues 90


Louis-Marie Préau est allé à la rencontre du
majestueux rapace au plus fort de l’hiver alaskain.

70 / Carte blanche à l’eau pâle


Jean-Michel Lenoir nous présente sa dernière
série, la bien nommée “Évanescence”.

Nat’Images
56

62

78 / Calligraphie de plumes
Le noir et blanc est-il une hérésie en photo nature ?
Non, nous dit Joris Grenon qui n’hésite pas à
l’appliquer à ses photos d’oiseaux.

84 / En tête à tête avec le héron pourpré


À force d’observations et avec un peu d’ingéniosité,
Clément & Julien Pappalardo ont pu photographier
le discret oiseau au cœur de la Camargue gardoise.

90 / La bête noire des roselières 5


Spécialiste du sujet, Daniel Maillard nous décrit,
images à l’appui, les mœurs du sanglier.

94 / Photo-synthèse
Suivez les conseils de Bernard Gauthier pour
photographier la nivéole printanière.

96 / Matin, midi et soir


La photo est d’abord une affaire de lumière.
Ghisain Simard nous montre comment un sujet
simple peut donner des résultats fort différents
selon l’heure à laquelle on le photographie.
84 100 / L’ABC de la nature
“T comme… triongulins”, la pastille naturaliste de
Gabrielle & Patrick Ledoux.

102 / Les carnets naturalistes


de Stéphane et Marcello
 Mauvaises herbes
106 / Les coups de pouce de la Rédac’
112 / Abonnement & commandes
Quand on s’adonne à la photo-nature, il est naturel
de s’abonner à Nat’Images ;-)

Prochain numéro
le 4 avril 2019
Ce numéro a été tiré à 50.000 exemplaires

Nat’Images
William Moureaux
La Corse, que je connais bien pour y avoir
vécu près de 35 ans, reste pour moi une
source d’inspiration inépuisable.
La photographie est mon métier, mais cette
image n’a aucun caractère professionnel.
Je l’ai réalisée l’été dernier dans l’une des
nombreuses petites criques de Propriano
(Corse du Sud). Connaissant le lieu par cœur,
je sais qu’en fin d’après-midi, des cormorans
se rassemblent sur ces rochers à fleur d’eau.
Mon idée était donc de m’approcher au plus
près de ces oiseaux marins afin d’ajouter du
“vivant” à ma composition mi-air mi-eau.
Canon EOS 7D, caisson Ikelite et dôme 8”,
fisheye 8 mm, à f/8, 1/1000 s, 800 ISO
www.wmphotos.fr
Nat Infos Irix 150 mm f/2,8 Macro
à mise au point manuelle
Face au Sigma 150mm f/2,8 EX OS APO Macro, Irix
propose un 150 mm f/2,8 dépourvu de stabilisation et
d’autofocus mais vendu à un prix plus raisonnable (600 €
contre 940 €). Ces caractéristiques techniques le desti-
nent de préférence aux sujets statiques. De fait, un soin
particulier a été apporté à la bague de mise au point: elle
dispose d’une excroissance facilitant sa manipulation et
son angle de rotation de l’infini à la distance de mise au
point minimale est de 270°. On gagne ainsi en précision.
Une bague à l’avant permet de durcir le mouvement,
voire de verrouiller sur le point choisi. Ce 150mm Irix est
disponible en montures Canon EF, Nikon F et Pentax K.
Caractéristiques: 12 éléments en 9 groupes • Diaphragme:
11 lamelles • MAP mini: 18 cm (sans PS) • Filtre: 77 mm • Taille
et poids: 87 x 128 mm - 980g • Prix: 600€ • Pare-soleil fourni

Ultra grand-angle Nikkor Z 14-30 mm f/4 S


Destiné à la gamme hybride plein format Nikon, le Nikkor Z 14-30 mm f/4 S
est le premier ultra grand-angle au monde à disposer d’une lentille frontale
plane. Une caractéristique qui autorise l’utilisation de filtres de 82 mm sans avoir
recours à un encombrant porte-filtre. Comme le 24-70 mm f/4 S, il ne dispose
pas de la stabilisation optique, mais les Nikon Z6 et Z7 sont stabilisés sur cinq
axes. Conçu pour les photographes et les vidéastes, ce 14-30mm est doté
d’un réglage silencieux de l’ouverture et du contrôle en temps réel du Focus
breathing (effet de “pompage” gênant en vidéo).
Caractéristiques: 14 éléments en 12 groupes • Diaphragme: 7 lamelles • MAP mini:
28 cm • Filtre: 82 mm • Taille et poids: 85 x 89 mm - 485g • Prix: 1450€ (disponibilité:
mi-avril) • Pare-soleil fourni
8
Cullmann Ultralight 2-en-1
Léger et polyvalent pour la randonnée
Équipement incontournable, le sac gidité de l’ensemble et le sac dispose
photo se décline en d’innombrables d’une housse supplémentaire amovi-
modèles selon le terrain et les attentes ble pour le protéger de la pluie et du
du photographe. Ce nouveau sac à soleil. Enfin, des pochettes en néo-
dos très léger (1850 g) Cullmann Ul- prène dans la ceinture tour-de-taille
tralight 2-en-1 DayPack 600+ se des- peuvent accueillir smartphone et au-
tine aux randonneurs et comporte un tres menus objets.
sac amovible (avec sangle d’épaule)
pour ranger boîtier et objectifs, acces- • Dimensions intérieures totales (H x L x P):
sible de l’extérieur. L’espace restant 490 x 270 x 200 mm
permet d’emporter des vêtements, de • Dimensions compartiment photo (H x L x P):
la nourriture ou un ordinateur porta-
Laowa 9mm f/2,8 DL Zero-D ble 15” (compartiment dédié). Une
190 x 240 x 120 mm
• Coloris: noir, bleu, vert olive
Après les versions Fuji X, Sony E et Canon EF-M structure en aluminium renforce la ri- • Prix annoncé: 180 €
pour hybrides APS-C, Laowa décline son 9 mm
f/2,8 Zero-D en monture DL pour drones DJI,
offrant ainsi l’angle de champ le plus large pour les
drones DJI Inspire 2 avec nacelle X7.
Plus grand-angle que le DJI DL-S 16 mm f/2,8 ND
ASPH et bien moins cher (650€ contre 1500 €).
Léger, compact et lumineux, cet objectif promet
une distorsion proche de zéro.

Caractéristiques: 15 éléments en 10 groupes


• Diaphragme: 7 lamelles • MAP mini: 12 cm (x 1:7,5)
• Stabilisation multi-axes • Filtre: 49 mm • Taille et poids:
60 x 53 mm - 215 g • Prix: 650€

Nat’Images
Nat Infos
En bref… Sony : l’Eye AF s’adapte
 Le 28 décembre dernier, le Conseil
d’État a rejeté un recours déposé par
aux yeux des animaux
la Ligue de protection des oiseaux
(LPO) contre la chasse à la glu, prati- Lors de l’annonce mi-janvier de l’Alpha 6400, hy-
quée dans tous les départements de la bride sans histoire à capteur APS-C et viseur en
région PACA, hormis les Hautes-Alpes. coin (caractéristiques complètes ci-dessous), Sony
Rappelons que cette technique a fait une démonstration des dernières innovations
consiste à appliquer de la colle sur les intégrées à la fonction Eye AF. Jusqu’ici, cette tech-
branches d’arbres afin de capturer nologie de suivi en temps réel des yeux ne s’appli-
grives et merles. Sur son site internet, quait qu’aux sujets humains. Désormais elle
l’association de défense des chasses s’adapte aux yeux des animaux. On est curieux de voir si les oiseaux ou les mammifères aux
traditionnelles à la grive s’est félicité yeux et au pelage sombres seront pris en compte. Cette nouvelle mouture de l’Eye AF
qu’une telle décision ait été prise. concernera les boîtiers haut de gamme de la marque, à savoir les Alpha 9, 7r III et 7 III, qui y
auront accès dès le printemps par simple mise à jour du logiciel interne.
 Des scientifiques finlandais ont
annoncé avoir réussi à créer le premier Fiche technique du Sony Alpha 6400
vaccin spécifiquement développé pour Capteur APS-C 24 Mpix • Obturateur: 1/4000 s • 425 points AF • 11 i/s • 100-32000 ISO •
des insectes. Nommé PrimeBEE, le trai- Écran tactile, inclinable, 7,6 cm, 920 000 points • Viseur électronique 2,36 Mpts • Dimensions /
tement pourrait venir en aide aux poids: 120 x 67 x 60 mm / 400 g • Prix nu: 1050 € (disponible mi-février).
abeilles et les protéger contre les infec-
tions bactériennes qui déciment les
colonies. Pour l’heure, le vaccin est
encore en phase de test. Il est donc Fujinon 100-200 mm f/5,6 pour moyen-format
trop tôt pour garantir son succès mais
les perspectives pourraient être grandes Conçu pour le système moyen-format GFX de Fujifilm, le Fujinon GF 100-200 mm f/5,6 r
pour la protection des abeilles. LM OIS Wr est un équivalent 79-158 mm en 24x36 qui convient parfaitement à la prise de
vues de paysage et de nature. On peut même étendre la plage focale en lui associant le
 Dernier représentant de l’espèce nouveau téléconvertisseur 1,4x (GF1.4X TC Wr). Ce télézoom est pourvu d’un stabilisateur
d’escargot arboricole Achatinella apex-
10 fulva, George s’est éteint le 1er janvier
optique (gain annoncé : 5 IL) et bénéficie de 10 points d’étanchéité qui le protègent contre
les intempéries et la
2019. Il a rendu l’âme dans une boîte poussière. La formule
en plastique à température contrôlée, à optique est consti-
l’université d’Hawaï. Une mort natu- tuée de 20 lentilles en
relle: le petit gastropode avait atteint 13 groupes incluant
l’âge – canonique, pour un escargot – deux éléments super
de 14 ans. ED et une lentille
 Selon une étude de l’Institut fran- asphérique.
çais de recherche pour l’exploitation de Le Fujinon GF 100-
la mer (Ifremer), la densité des pois- 200 mm f/5,6 r LM
sons, toutes espèces confondues, a OIS Wr sera disponi-
diminué de 80 % en trente ans dans la ble à partir de mi-
baie de Somme sur le littoral picard. février au prix
Elle est passée de 200 000 individus annoncé de 2000 €.
par mètre carré à 40 000, conclut
l’étude, qui impute cette chute à la
hausse de la température de l’eau.
 Près d’un million de poissons d’eau Souscription : Madagascar, un paradis aux abois
douce ont été retrouvés morts dans le
sud-est de l’Australie au mois de jan- L’automne 2019 verra la sortie aux éditions Oiseau
vier. Ce désastre écologique a eu lieu Plume d’un livre-somme (400 pages, 380 photos,
sur les berges du bassin hydrogra- textes en français et en anglais) sur les richesses
phique Murray-Darling, le plus vaste du naturelles de Madagascar. Une large place sera
pays. Le gouvernement attribue cette réservée aux lémuriens, mais les oiseaux (cin-
hécatombe à la sécheresse. Mais, quante espèces endémiques illustrées), les camé-
selon des universitaires australiens, léons, les uroplates, les insectes en tous genres,
les végétaux et les paysages seront aussi de la
cette surmortalité serait surtout due à
partie. Conçu par Lorraine Bennery et Olivier Hir-
la surexploitation de l’eau. Il faut dire schy à la suite de plusieurs séjours sur l’île, l’ou-
que cette région, considérée comme le vrage est proposé en souscription à prix préféren-
“grenier de l’Australie”, nécessite tiel (58 € au lieu de 66 €, hors frais de port)
beaucoup d’irrigation jusqu’au 15 mai 2019.
Plus d’infos sur www.oiseauplume-editions.com

Nat’Images
Nat Infos Chouettes et hiboux du monde
Ce guide exhaustif recense 225 espèces reconnues de
rapaces nocturnes, depuis l’omniprésente effraie des clo-
chers jusqu’à la chevêchette des Moore, qui vit sur une
zone de 5 km2, au Brésil. Plus de 200 photos réalisées par
Montier en danger des spécialistes de la faune rendent compte de la beauté
Avec plus de 100 expositions de ces oiseaux de proie. On y découvre l’évolution et la
photo sur 15 sites, en intérieur taxonomie ainsi que le comportement des rapaces lorsqu’ils
comme en extérieur, le Festival de chassent, se reproduisent ou se camouflent.
Marianne Taylor - Le Grand livre des chouettes et hiboux - Éditions Gerfaut
Montier-en-Der est un rendez-vous - 225 x 300 mm - 256 pages - 36 € (sortie courant février)
unique en Europe pour la photo
nature. Cependant, l’édition 2018 a
connu une baisse de fréquentation
de près de 5000 entrées (39759
Riche avifaune armoricaine
visiteurs en 4 jours), occasionnant Dans une série de trois livres intitulée Ailes d’Armo-
une perte estimée à 12 % des rique, Pierrick Ménard dresse un inventaire des oiseaux
recettes. Pour expliquer ce repli, marins qu’abritent les sites sauvages de la Côte de Pen-
les yeux se tournent immanquable- thièvre, en Bretagne. Outre le soin apporté aux images,
ment du côté des manifestations ces ouvrages préfacés par Allain Bougrain-Dubourg ap-
des 17 et 18 novembre même si portent des informations récentes sur l'évolution des po-
l’accès aux différents sites se fai- pulations d'oiseaux de nos côtes grâce à la collaboration
sait sans trop de difficultés. Aussi, de la LPO, de la Maison de la Baie d'Hillion et des techni-
pour maintenir la qualité de l’édition ciens de Grand site Erquy-Cap Fréhel à Plévenon.
2019, l’organisation a jugé néces- Pierrick Ménard - Ailes d’Armorique (De l’aube... - ...au Crépuscule -
saire de lancer un financement par- Intimités) - Éditions Hormé (rdvcdp@wanadoo.fr) - 100 pages - 19,80 €
ticipatif via le site helloasso.com
dont l’objectif est d’atteindre
20000 €. La 23e édition est d’ores Faune sauvage de Bretagne
et déjà programmée du 14 au 17 Yvan Lerreton, photographe naturaliste et écrivain, est
novembre 2019. allé explorer la Côte d’Émeraude, du Cap Fréhel à la
www.helloasso.com région de Cancale, et son arrière-pays pour en rapporter
12 un bestiaire somptueux. Au fil des pages, le lecteur
découvre l’impressionnante faune sauvage évoluant
dans les milieux marins et terrestres. L’auteur aborde les
différents écosystèmes du secteur (mer, falaises,

65000
C’est, en moyenne, le nombre
vasières, landes, eaux douces, bocages et forêts) en
laissant la part belle aux images.
Yvan Lebreton - La Faune sauvage en Côte d’Émeraude - Éditions Bow-
Window - 250 x 250 mm - 160 pages - 35 €

Plongée en eaux douces


d’hectares grignotés chaque an-
Les eaux douces comptent parmi les écosystèmes les
née, entre 2006 et 2015, par des plus riches et les plus fascinants de la planète. Les lacs,
habitations, bâtiments agricoles, ruisseaux, mares, fleuves et rivières de France n’échap-
routes, parkings, carrières et au- pent pas à la règle. Passionné par ces milieux et spécia-
tres décharges. Cette artificiali- liste des prises de vues subaquatiques, Stéphane Gran-
zotto a passé plusieurs années à les photographier au
sation des sols français est citée cours de centaines de plongées. Des amours de cra-
par l’édition 2018 des “Chiffres- paud à la rarissime truite lacustre, de l’inquiétant brochet
clés de la biodiversité” comme aux silures géants des rivières, une approche rare.
Stéphane Granzotto - Eau douce - Éditions Mokko - 355 x 260 mm -
l’une des causes majeures de la 250pages - 50 €
baisse des populations anima-
lières. À titre d’exemple, un tiers
des espèces de mammifères Le marais breton par passion
sont menacées ou quasi mena- Cet ouvrage est le fruit de vingt ans de passion pour
cées d’extinction en France mé- le marais breton, magnifique territoire situé en dessous
tropolitaine, contre un quart en du niveau de la mer. Les textes de Jean-Guy Robin et
les photos d’Émile Barbelette révèlent la richesse des
2009. Une consolation: les ci- 45000 hectares où se croisent les longues plages du
toyens sont de plus en plus Pays de Monts, la vaste Baie de Bourgneuf, les vaches
nombreux à s’impliquer. maraîchines et les marais d’eau douce et d’eau salée.
Jean-Guy Robin & Émile Barbelette - Le Marais breton, sauvage et naturel
Source Le Monde - Édition La Geste - 300 x 210 mm - 240 pages - 29,90 €

Nat’Images
VERT nissage
orraine “de naissance et de cœur”, Florence
L Dabenoc doit apprécier à sa juste valeur le fait
d’avoir été choisie comme invitée d’honneur du
4e Festival Lorraine Photonature, qui se tiendra à
Saint-Avold (Moselle) le dernier week-end de mars.
4e FESTIVAL LORRAINE PHOTONATURE

La photographe, qui avait participé à la première


édition en 2016, présentera cette année “Twiga”,
une série compilant ses plus belles images de gi-
rafes. Dans un noir et blanc travaillé qui fait sa si-
gnature, Florence Dabenoc rend justice au port
altier et à la grâce naturelle de l’animal. Mais
au-delà de l’aspect esthétique, cette exposition
est l’occasion pour la photographe de dénon-
cer les menaces qui pèsent sur l’espèce.
Faut-il rappeler que les effectifs ont connu
une chute de 40 % lors des trente der-
nières années? “Bien que protégées
dans plusieurs pays d'Afrique, ex-
plique l’auteure de “Twiga”, les gi-
rafes sont illégalement chassées
pour leur peau. Mais la
pour leur viande et sont
principale menace reste
aussi braconnées
liée au développement
¿ à Saint-Avold (57)

économique qui entraîne


une déforestation impor-
tante, et sans forêt les girafes
ne peuvent survivre.” Cet ac-
crochage donne le ton d’un fes-
tival plus militant que jamais où
seront présentes plusieurs asso-
ciations de défense et de préser-
vation de l'environnement. Dans la
même veine, on citera le travail de
Denis Palanque et Nathalie Houdin sur
la sauvegarde des lémuriens de Mada-
gascar que les auteurs défendront lors
d’une conférence doublée d’une exposi-
tion. Et ce n’est évidemment qu’un aperçu
de la programmation. Vingt photographes na-
turalistes sont attendus, parmi lesquels Sylvain
Mazerand qui réalise une sorte de “Grand Chelem”
en enchaînant sur trois mois quatre festivals de pre-
mier plan: “Images & neige” (à Cluses, en janvier
dernier), “Lorraine Photonature”, le “Festival de l’Oi-
seau” (en Baie de Somme, du 13 au 22 avril) et les
“Rencontres Instants Nature de Bouvancourt” (les
27 et 28 avril). Chapeau à lui!
4e FestivalLorrainePhotonature.Du30au31mars.
IUT,12rueVictorDemange,57000Saint-Avold.
© Florence Dabenoc

© Marlène Piraud © Sylvain Mazerand © Jérôme Moutrille

Nat’Images
Les expos immanquables

15
L’ÉVOLUTION SELON PATRICK GRIES
¿ au Musée de Préhistoire de Nemours (77)

ertes elle date de 2008, a fait le tour du monde Ci-dessus –


C et est déjà passée par la France, mais l’ex-
position “Évolution” n’a rien perdu de sa perti-
parmi les grands groupes de vertébrés”. Du gué-
pard à l’ornithorynque en passant par le morse et
l’aigle royal, les 500 images que compte la série
Ornithorynque
Lapin de garenne
nence. Parallèlement à la réédition du livre épo- (50 sont ici exposées) radiographient le règne ani- et aigle royal
nyme, elle fait une halte de plusieurs mois au mal d’autant mieux qu’elles ont été réalisées selon Guépard
musée de la Préhistoire de Nemours. Gageons un même mode opératoire (prise de vue au moyen
© Patrick Gries /
que les clichés de Patrick Gries y trouveront un format, fond noir de rigueur, suppression logicielle Éd. Xavier Barral
écrin à la (dé)mesure de ce projet qui a vu le pho- des structures métalliques qui maintiennent les
tographe belge arpenter les couloirs et salles du ossements ensemble), pour un résultat qui ravira
Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, du aussi bien les esthètes que les biologistes. Nou-
Musée océanographique de Monaco, de l’École velle preuve, s’il en était besoin, qu’art et science
nationale vétérinaire d’Alfort, du Muséum de Tou- peuvent faire bon ménage.
louse et du Muséum d’Histoire naturelle de Mar- Patrick Gries - Évolution. Jusqu’au 29
seille. Son objectif? Dresser l’inventaire photo- septembre. Musée de Préhistoire d’Île-de-
graphique des “spécimens les plus spectaculaires France,48av.ÉtienneDailly,77140Nemours.

Nat’Images
VERT nissage
01 - Entrez dans la meute - 31 - Voir la mer - Photos de flore et paysage”. Invité d’honneur
L’univers des mushers du Haut- Danièle Boucon. Du 15 janvier au : Gaël Boeglin. Projections de
Jura vu par Jean-Pierre Collin. 17 mars. Espace EDF Bazacle - diaporamas, présentation de
Jusqu’au 9 février. Esplanade du Galerie de l'Œil, 11 quai Saint- matériel photo et de camouflage,
lac, 181 av. de la plage, 01220 Pierre, 31000 Toulouse. etc. Du 1er au 3 mars. Salle
Divonne-les-Bains. 33 - Nouvelles espèces de polyvalente, rue Saint Roch, 45250
01 - Petit monde de la nature - compagnie. Roman - Entre art et Ouzouër sur Trézée.
Photos de Pierre Beaucourt. Du 16 botanique, Suzanne Lafont 48 - 8e Rencontres
au 29 mars. Bibliothèque, salle questionne l’évolution du végétal photographiques de Chirac -
annexe, 01340 Foissiat. en milieu urbain. Jusqu’au 8 avril. Plus de 250 photos grand format
03 - Rencontres Cinéma-nature Galerie des Beaux-arts, place du sur des sujets variés. Trois lieux :
- Le festival organisé par l'asso colonel Raynal, 33000 Bordeaux. au Musée Saint-Jean (les 29, 30 et
Cistudes & Compagnie fête ses 30 34 - Merveilles d'Aveyron - La 31 mars, 6 et 7 avril) plusieurs
ans avec, comme d'habitude, des flore et la petite faune locales expos sur les thèmes "Pluie et
projections de films, des expos immortalisées selon la technique vent", "Nuit" et "Passé/présent" ; à
photo, des concerts et un marché de l'Hyper-Focus par Cédric la Maison du Temps libre (les 29,
© Dorota & Bruno Sénéchal - “8e Rencontres d'artisans et créateurs. Du 5 au 7 Rajadel. Jusqu’au 12 avril. Galerie 30 et 31 mars) une expo "Images
photographiques de Chirac”, à Bourgs-sur- avril. Lieux divers, 03290 photo des Schistes - Caveau des nature" avec les contributions de
Colagne (48), du 29 mars au 7 avril. Dompierre-sur-Besbre. vignerons, route de Fontès, 34800 Bruno & Dorota Sénéchal,
06 - Au pays de Nanuk - Photos Cabrières. Jacques Poulard, Gaël Lacrout,
d'ours polaires réalisées par Jean- 35 - Vilaine, une histoire d’eaux - Nadège Talagrand, Michel Quiot
Louis Cresp au nord de l’Alaska. Maquettes, plans aquarellés du et Thierry Vezon ; à la salle Colucci
Jusqu’au 31 mars. Parc Phoenix, 18e siècle, photos d’archives et du Monastier (les 29, 30 et 31
405 promenade des Anglais, Nice. contemporaines documentent les mars) une expo Noir & Blanc avec
06 - Endangered - 20 photos différentes facettes du fleuve. pour invité Djamel Dine Zitout.
d’espèces menacées par un Jusqu’au 1er septembre. photoclubchirac.org - Du 29 mars
maître du portrait animalier : Tim Écomusée du Pays de Rennes, La au 7 avril. Musée Saint-Jean,
Flach. Jusqu’au 28 février. Opiom Bintinais, route de Châtillon-sur- Maison du Temps libre, 48100
Gallery, 11 ch. du village, Opio. Seiche, 35000 Rennes. Bourgs-sur-Colagne.
18 - Wildlife Photographer of the 39 - Festival Image Nature du 51 - 6e Rencontres Instants
Year - Sélection des meilleures Haut-Jura - Avec le Canadien Nature - Expos photo,
16 images 2018 du célèbre concours Jean-Daniel Gagné pour invité conférences, diaporamas
photo nature organisé par le d’honneur, ce nouvel événement commentés, présentation et vente
Natural History Museum de photo nature propose trois jours de matériel, atelier photo. Avec :
Londres. Jusqu’au 24 février. d’expos, de débats et de François Bock, Annick Gauthier,
Muséum d’histoire naturelle, 9 rencontres. www.fina-hautjura.fr Carole Reboul, Didier Robert,
allée R. Ménard, 18000 Bourges. Du 12 au 14 avril. Lieux divers, Kévin Wimez, Elisabeth Gaillard…
22 - Un bout de chemin - Œuvres 39000 Saint-Claude. Du 27 au 28 avril. Lieux divers
de la collection du Frac Bretagne. 41 - Chaumont-Photo-sur-Loire - (chapiteau, mairie, église, etc.),
Un premier espace propose un Plusieurs expos : “Portes de glace 51140 Bouvancourt.
parcours à travers le thème du et ciels du Maroc” par Juliette 57 - 4e Festival Lorraine
paysage, un second s’ouvre sur le Agnel, “Forêts” de Santeri Tuori, Photonature - Une vingtaine
travail d’artistes de la région. “Renaissance(s)” d’Alex MacLean d'expos, des diaporamas et des
Jusqu’au 30 mars. L’Imagerie, 19 et les travaux en résidence de conférences. Invitée d'honneur :
rue Jean Savidan, 22300 Lannion. Davide Quayola et Robert Charles Florence Dabenoc. Du 30 au 31
29 - Phot’Eau - Présentation des Mann. Jusqu’au 28 février. mars. IUT, 12 rue Victor Demange,
30 meilleures photos (sur le thème Domaine de Chaumont-sur-Loire. 57000 Saint-Avold. Lire page 14.
© Ombre & Nature Photography - “Natur’ailes & de l’eau) du concours organisé 41 - Club Photo d’Onzain - Plus 62 - Avec un cap à l'horizon… -
p’tites bêtes”, à Vauvert (30), jusqu’au 28 février.
par l’association humanitaire de 300 photos (paysage, Photos d'Alain Beauvois : les
Secours des Hommes. Le 3 mars. animalier, portraits, nature, plages de la Côte d'Opale, de
Maison de Quartier de Coataudon, macro...). Du 23 février au 3 mars. Calais au Cap Blanc Nez, à toute
rue M. Hénensal, 29490 Guipavas. Salle Charles de Rostaing, Rue heure, en toutes saisons, sous
30 - Natur’ailes & p’tites bêtes - des Rapins, 41150 Onzain, toutes les couleurs. Du 22 février
Photos de “Ombre et Nature commune de Veuzain sur Loire. au 9 mars. Médiathèque, 62231
photography” : oiseaux, papillons, 45 - 2e Festival photo animalière Blériot-Plage.
libellules, lézards, abeilles, etc. et de nature - Festival organisé 62 - Les phoques de la Côte
Jusqu’au 28 février. Centre naturel par le club photo chapellois. d’Opale - Photos de Philippe
de Scamandre, route des Iscles - Expos et conférences naturaliste. Druesne. Du 1er au 6 avril. Ferme
Gallician, 30600 Vauvert. Jusqu’au 10 février. Mezzanine de des Aigrettes, 181 allée de la
31 - Nature nocturne - Série de l'Espace Béraire, 12 rte Nationale, Découverte, 62730 Marck.
Nicolas Belcourt réalisée à 45380 La Chapelle Saint-Mesmin. 74 - 4e Rencontres Photo du
l’occasion de promenades 45 - 9e Expo photo d’Ouzouër Mont Blanc - Exposition de 60
nocturnes en forêt ou au bord des sur Trézée - Expo collective photos des adhérents du club
étangs de la région de proposée par Yves Danjon, Numericus Focus, intitulée "L'art
Rambouillet. Jusqu’au 28 février. Philippe Gérard, Patrick du mouvement". Animations photo,
© Francis Massias - “Bocag’émotions”, Espace Agora Pyrénées, 138 av. Antzamidakis, Didier Ducanos et conférences, projections de
à Bressuire (79), du 23 mars au 14 avril. des Pyrénées, 31600 Muret. Phil Léger sur le thème “Faune, diaporamas, marathon et prises de

Nat’Images
Toutes les expos
vues en studio sont aussi au 79 - Bocag’émotions - Photos de
programme. Du 6 au 7 avril. La Francis Massias. Dix ans de
Tour Carrée, 219 route de Létraz, sorties nature dans le bocage
74700 Domancy. bressuirais (79) résumées en une
75 - Contaminations - Après moi quarantaine de photos grand
le déluge - Série de reportages de format (proxi créative, graphisme
Samuel Bollendorff sur les et ambiance). Ouverture les
pollutions industrielles samedis et dimanches de 14h30 à
irrémédiables. Jusqu’au 23 février. 18h30. Du 23 mars au 14 avril.
Galerie Fait & Cause, 58 rue Galerie des Arcades, pl. de l’hôtel
Quincampoix, 75004 Paris. de ville, 79300 Bressuire.
75 - Évanescence - La poésie des 80 - 29e Festival de l'Oiseau et de
paysages par Jean-Michel Lenoir. la Nature - Comme chaque année,
Du 25 janvier au 15 mars. Espace le rendez-vous des férus d'ornitho
Dupon-Phidap, 74 rue Joseph de réserve une belle place à la
Maistre, 75018 Paris. photographie avec des sorties,
75 - Movimento - Des montagnes des stages, une dizaine
de Carrare (Italie) aux d'expositions parrainées par
jaillissements du fleuve Jaune Louis-Marie Préau et les ©Philippe Druesne - “Les phoques de la Côte d’Opale”, à Marck (62), du 1er au 6 avril.
(Chine), la pierre et l'eau sont au désormais incontournables
cœur de cette nouvelle série de "Rencontres photo nature".
Francesca Piqueras. Du 18 février www.festival-oiseau-nature.com
au 31 mars. Galerie de l'Europe, Du 13 au 22 avril. Lieux divers au
55 rue de Seine, 75006 Paris. Crotoy, à Saint-Valéry sur Somme,
76 - Le Génie de la Nature - à Cayeux-sur-Mer, Abbeville.
Parcours immersif et interactif 81 - Oiseaux de Patagonie -
orchestré par les commissaires Photos de Nicolas Belcourt issues
d’exposition Sabine Bernert et de deux voyages en Patagonie
Christine Denis-Huot et rythmé par argentine. Du 2 au 30 mars. Office
plusieurs centaines d’images de tourisme, 81310 Lisle-sur-Tan.
réalisées, notamment, par le 84 - Portraits sauvages - Photos
collectif de photographes “Géniale de “Ombre et Nature 17
Nature” (Christine et Michel Denis- photography” : animaux sauvages
Huot, Sabine Bernert, Fabrice en N&B. Jusqu’au 31 mars.
Guérin, Maxime Aliaga, etc.). Galerie L’Éphémère Poésie de la
Jusqu’au 10 mars. Muséum Matière, 58 av. de la république,
d’histoire naturelle, place du vieux 84250 Le Thor.
marché, 76600 Le Havre. 84 - Un homme, des loups, le
76 - Paysages du monde - Photos Ventoux - Photos de Nicolas
de Stéphane Delpeyroux. Du 20 Ughetto. Le puissant récit en
janvier au 19 mars. Casino du images de plusieurs rencontres
Domaine de Forges, 76440 avec les loups sur le mont
Forges-les-Eaux. Ventoux. Jusqu’au 28 mars.
77 - Évolution - 50 photos de Galerie du Ventoux, av. de la
squelettes d'animaux réalisées par promenade, 84390 Sault.
Patrick Gries. Jusqu'au 29 88 - 13e Natur’images - Cette
septembre. Musée de Préhistoire, nouvelle édition du festival met Ophrys bécasse © Cédric Rajadel - “Merveilles d’Aveyron”, à Cabrières (34), jusqu’au 12 avril.
48 av. Étienne Dailly, 77140 l’oiseau à l’honneur, avec plusieurs
Nemours. Lire page 15. expos sur le sujet (“Owls” de
78 - Regards croisés - Expo David et Stéphanie Allemand,
collective réunissant 15 “L’envol des géants” de Fabien
photographes de l’association Dubessy, “La gélinotte des bois”
Versailles Images. Thèmes divers. de Jean Guillet, “Les derniers
Du 23 au 24 février. Salle Marcel chants des passereaux ?” de
Tassencourt, 7bis rue Pierre Didier Robert et Annick Gauthier),
Lescot, 78000 Versailles. mais aussi des projections, des
78 - Rencontres photogra- animations, des ateliers photo et
phiques animalières d’Auffargis des stands de matériel.
- Expos proposées par Pascal www.festival-naturimages.com Du
Sérusier et ses invités (Christine 6 au 7 avril. Maison de la Nature et
Grammont, Carl Ghestin, Benoît de la Forêt, 88320 Tignécourt.
Lefevre, Phil. Léger) ainsi que par Suisse - Pôles, feu la glace -
l'ALCA. Sortie ornitho le dimanche Images inédites et témoignages
matin (infos : christianletourneau@ sur l’Arctique et l’Antarctique.
numericable.fr). Du 12 au 14 avril. Jusqu’au 18 août. Muséum
Centre socio-culturel, rue des d’histoire naturelle, rue des
Vaux de Cernay, 78610 Auffargis. terreaux 14, Neuchâtel. © Jean-Louis Cresp - “Au pays de Nanuk”, au Parc Phoenix, Nice (06), jusqu’au 31 mars.

Nat’Images
CÔTÉ
stages
AUVERGNE RHÔNE-ALPES montagne (dans le Briançonnais / Parc des Écrins) L'eau dans tous ses états - Jusqu’au
1er mars. Concours ouvert à tous, organisé
avec Fred Malguy. www.balades-photos.com
Lac des Fées (73). Stage photo nature pour par l’association Objectif Images de Viry-
débutants dans le massif du Beaufortain. Appren- Écrins (05) et Camargue (13). Stages de Léo Châtillon (91). Thème: "L’eau dans tous
tissage des bases avec Sandra Bérénice Michel. Gayola. “Paysages et animaux en hiver” jusqu’au ses états" (catégories couleur ou
www.atmosphere-sauvage.fr ou 06-69-66-69-31. 30 mars. “Les oiseaux de Camargue” du 25 au 28 monochrome). 5 photos maxi par auteur et
avril. Tél. 06-98-41-04-77. par catégorie. Attention, concours payant.
BOURGOGNE-FRANCHE COMTÉ www.natureauvol.com/stages Règlement: http://objectif-images-viry.fr/
Côte d’Or (21). Stages proxi-macro de 2 jours, 4e Festival Lorraine PhotoNature -
tous niveaux, avec Laurent Fiol (fleurs sauvages, ÉTRANGER Jusqu’au 10 février. Concours ouvert à
orchidées, papillons, ascalaphes, etc.). 5 pers tous, organisé dans le cadre du 4e Festival
Belgique. Stages animés par François Remy (illus- “Lorraine PhotoNature” (voir page14).
maxi. Contact : laurentfiol@yahoo.fr - Tél. 06-74- tration ci-dessous). Thèmes : Hautes Fagnes, Thème: “Nature”. 6 catégories: oiseaux
35-76-15. papillons, orchidées, libellules… Dates : 26/05, sauvages, mammifères sauvages, autres
23/06, 30/06 et 08/09. www.francoisremyphoto.
BRETAGNE wixsite.com/wildlifephotography
animaux sauvages, flore sauvage,
paysages naturels et une section réservée
Côtes d’Armor (56). Stages tous niveaux : initia- aux étudiants et aux jeunes nés après le 1er
tion débutants, photo animalière (spécial Espagne. Voyage photo dans les Asturies avec
janvier 2001. 6 photos max par participant,
Jean-Gabriel Soula - Naturavista. Dates : 20 au 27
chouettes au printemps), à la carte avec Michel toutes catégories confondues. Règlement:
avril. Tél. 06-18-00-11-01. www.naturavista.com http://lorrainephotonature.jimdo.com/
Méar. Tél. 07-83-99-18-95. www.pixarmor.fr
Galàpagos. Voyage “Sur les traces de Darwin”, 6e Festiphoto de Rambouillet -
Golfe du Morbihan (56). Stages pdv animalière
organisé par Objectif Naturet animé par Maxime Jusqu’au 31 mars. Concours organisé par
(mais pas que) animés par Jean-Marie Séveno.
Tous niveaux, initiation et perfectionnement. 1-5 p. Aliaga. Dates : du 7 au 14 avril. Programme, tarifs l’association FFRO dans le cadre du 6e
: http://maxime-aliaga.com Festiphoto de Rambouillet (du 27 au 29
Tél. +33-06-28-04-10-48. jm.seveno@hotmail.fr septembre 2019). Thème: "Faune sauvage
Islande. Deux voyages photo de 10 jours avec
CENTRE Rémi Pozzi. Dates : 8-17 septembre et 17-26 sep-
et paysage du massif forestier rambolitain,
du Parc naturel de la Haute vallée de
Brenne (36). Stages de trois jours (macro et tembre. Tél. 06-83-07-29-22. Infos : Chevreuse, de l’Île de France et des
photo animalière) animés par Gilles Martin dans le www.stages-photo-nature.com régions limitrophes". Deux catégories: -16
parc naturel de la Brenne. Dates : de juin à août. Italie. ”La Toscane au printemps” avec Léo ans et adultes/juniors. 10 photos maxi par
Tél. 02-47-66-98-57. Site : gilles-martin.com Gayola. Dates : du 1er au 7 mai. Tél. 06-98-41-04- auteur. Règlement / inscriptions:
www.festiphoto-foret-rambouillet.org
18 GRAND-EST
77. www.unoeilsurlanature.com
Architecture / L’eau - Jusqu’au 8 mars.
Jura franco-suisse. La faune jurassienne et les Concours ouvert aux amateurs, organisé
Lac du Der (51). Stages tous niveaux (pdv ani-
tourbières avec Alain Prêtre. Stages à la journée et par le club photo fontenaisien (Fontenay-le-
malière mais pas seulement) avec Alain Baltha-
à la semaine toute l’année. www.alainpretre.ch Comte, Vendée). Deux thèmes: “Architec-
zard, photographe pro. À la carte. Tél. 06-88-78-
Pays-Bas. Stages photo ornitho (gorgebleues, ture” (N&B) et “L’eau” (couleur). 3 photos
72-20. alain.balthazard@bbox.fr / maximum par thème et par auteur (22 par
photos-alainbalthazard.fr avocettes, spatules, etc.) sur l’île de Texel avec
club). Format mini: 18 x 24 cm, sur support
Thomas Meunier. Du 27 avril au 4 mai. 30 x 40 cm. Règlement: Club Photo
Vosges (88). Stages photo “Mammifères du mas- info@thomasmeunier.be - www.thomasmeunier.be
sif vosgien” avec Thomas Meunier. Du 13 au 16 Fontenaisien, maison des associations, 34
juin. Renseignements: info@thomasmeunier.be - Suisse. “Les amours du chamois” dans les Alpes rue Rabelais, 85200 Fontenay-le-Comte.
vaudoises avec Olivier Gilliéron. Plusieurs sessions www.club-photo-fontenaylecomte.fr -
www.thomasmeunier.be
de novembre à décembre. Attention, concours payant!
HAUTS-DE-FRANCE www.imagesdenature.ch Festival Natura l’Œil - Jusqu’au 1er mars.
Concours ouvert à tous, organisé par
Baie de Somme (80). Photo animalière (oiseaux
l’association Egletons Photo Nature
et mammifères) avec Lorraine Bennery. Dates : du (Corrèze), dans le cadre du 2e Festival
26 février au 2 mars. www.lorraine-bennery.fr Natura l’Œil. 5 catégories: “L’arbre et la
forêt”, ”Mammifères et autres animaux
NOUVELLE-AQUITAINE sauvages”, “Oiseaux sauvages”,
Pays Basque (64). Stages de Fabien Dubessy. “Paysages naturels d’ici et d’ailleurs”,
Durée : 2 jours. 3 Thèmes : initiation/perfectionne- “Faune et flore en proxy/macro”. 10 photos
ment, macro "spécial ambiances" et poses maxi, toutes catégories confondues.
longues. 6-8 pers. maxi. Prochaines dates : avril. Règlement: EPNature.com
Tél. 06-29-61-49-61. www.fabiendubessy.fr L’homme et l’animal - Jusqu’au 11 mars.
Concours ouvert aux amateurs, organisé
OCCITANIE par l’Office de tourisme de Vonnas - Pont-
de-Veyle (Ain). Thème : “L’homme et
Pyrénées (65). Stages animés par Jean-Gabriel
l’animal”. Tirages couleur papier montés
Soula, photographe et guide de montagne. Tél. sur support 30x40 cm avec système
06-18-00-11-01. www.naturavista.com d’accrochage efficace. 5 photos maxi par
Lac des Pises (30). Stage photo nature pour auteur. Règlement : Office de tourisme de
débutants dans les Cévennes. Apprentissage des © François Remy Vonnas - Pont-de-Veyle, Pavillon du
bases techniques avec Sandra Bérénice Michel. château, 01290 Pont-de-Veyle.
Photographe basé dans la région liégeoise, François www.veyle-tourisme.fr (rubrique
www.atmosphere-sauvage.fr ou 06-69-66-69-31. Remy propose toute l’année des stages ouverts à tous “Manifestations”) - Tél. 03-85-23-92-20.
sur des sujets aussi divers que les paysages des Hautes
PROVENCE-ALPES CÔTE D’AZUR Fagnes, les papillons, les libellules ou les orchidées.
6e Rencontres Instants Nature -
Jusqu’au 17 mars. Concours ouvert à
Serre-Chevalier (05). Initiation à la photo anima- Dates et contenu des sessions : http://francoisremyphoto. tous, organisé dans le cadre des 6e
lière et aux lumières et couleurs de printemps en wixsite.com/wildlifephotography

Nat’Images
Lilian Sineux

Discrets voisins
Discrets voisins Nat’Images – Discrets voisins est- L’autoédition était une évidence ? À l’affût, on laisse l’animal venir à soi,
Photos et textes : il votre premier ouvrage? sans stress. Je pense que c’est la
Oui, avec Céline, on maîtrisait tout
Lilian Sineux seule façon d’avoir des attitudes natu-
Lilian Sineux – Non, c’est mon pour livrer un projet prêt à être im-
Illustrations : relles. Je n’avais pas spécialement
Céline Lecoq
deuxième après Affûts Grand Ouest, primé. Mais il ne faut pas oublier qu’à
sorti en 2013. Beaucoup de per- la réception des livres il reste un très l’intention de faire passer un mes-
Tirage: 1000 ex.
sonnes me demandaient lors d’expo- gros travail de distribution et de com- sage, mais je suis ravi que vous l’ayez
Format: 28x24,5 cm
sitions si j’avais un livre. L’idée a munication à faire. vu comme ça, tant mieux!
304 pages,
290 photos, germé mais j’avoue que j’ai fait ce Le Révérend, votre imprimeur, est Mettre une prédation en couver-
40 illustrations. premier livre un peu à la va-vite. 96 basé à Valognes, dans la Manche. ture est assez osé, qu’est-ce qui
Couverture souple. pages tirées à 600 exemplaires. J’ai Était-il important pour vous de tra- vous a conduit à choisir cette image
Prix: 35 € quand même réussi à tout vendre! vailler avec un imprimeur normand? plutôt qu’une photo “grand public”
(frais de port inclus) Après cette expérience, je voulais sor- comme le hibou avec le Mont Saint-
En vente sur le site tir un tome II plus abouti, plus travaillé, C’est toujours bien de travailler lo-
cal mais c’est surtout pratique! Michel en arrière-plan?
de l’auteur: http:// en évitant certaines erreurs du pre-
avifoto.blogspot.com mier. Un format plus grand, des pho- J’avais été informé que cet imprimeur J’avais fait plusieurs projets de cou-
tos plus grandes, plus de pages et s’était occupé du magazine Polka vertures “grand public”, comme vous
surtout y inclure du dessin. pendant deux ans, ce qui m’a mis en dites, sauf une. Céline m’a conforté
confiance sur la qualité et la fiabilité dans ce dernier choix qui justement
D’où l’idée de faire appel à l’illus- de son travail. En plus, l’équipe est changeait des choses habituelles.
tratrice Céline Lecoq… très sympa et disponible! J’étais un peu inquiet que cela rebute
20 Oui, j’ai découvert le travail de Céline certains lecteurs, mais les premiers
Au fil des pages, on croise suc- retours sont rassurants et je trouve
par le biais de ses posters réalisés
cessivement la faune sauvage de qu’elle résume bien l’état d’esprit du
pour le CPIE du Cotentin, puis décli-
Normandie, d’Anjou, de Brenne et de livre: des photos avant tout natura-
nés aux autres CPIE de France. Ils
Bretagne. Pourquoi avoir choisi un fil listes, des scènes de vie animale, de
présentent la faune remarquable de
conducteur géographique plutôt l’authentique. Et elle annonce le grand
différents coins de France en mêlant
qu’animalier? nombre de photos de chouettes et de
photos et dessins d’une manière très
esthétique et instructive. J’ai tout de Il faut voir ce livre un peu comme hiboux du livre! On peut dire aussi
Page de droite – suite imaginé que le concept rapporté un carnet de voyage. Chaque coin de que la prédation est plutôt “soft” et
1- Jeune à un livre serait intéressant. Donc j’ai campagne a son petit monde sau- pas inesthétique ici. Je n’aurais pas
chouette che- proposé à Céline de collaborer à ce vage, ses petites histoires. Je veux mis un faucon en train de déchiqueter
vêche sous la projet, ce qu’elle a accepté avec en- montrer que, où que l’on soit, il y a un campagnol! Pour la petite histoire,
pluie. Pays thousiasme. Ses dessins et aquarelles souvent un formidable voisinage à dé- lors de la prise de vue suivante, seuls
d’Auge, 2014. donnent du relief à l’ouvrage tout en couvrir en cherchant bien. Et c’est les flashs positionnés derrière la
2- Le renard et la permettant de petites pauses entre les aussi une façon de montrer ma recon- chouette ont fonctionné, ce qui a pro-
guêpe. Coutan- séries de photos. Je regrette même fi- naissance à toutes les personnes qui duit un joli contre-jour que Céline a eu
çais, 2013. nalement qu’il n’y en ait pas plus! m’ont accueilli sur leur propriété. En- la bonne idée d’utiliser pour la qua-
3-Hibou des fin, vu ma prédilection pour les ra- trième de couverture, comme une
marais, Mont Avez-vous réalisé la sélection des paces nocturnes, il y aurait eu de gros sorte de négatif de cette photo.
Saint-Michel, images seul ou avez-vous fait appel déséquilibres dans les chapitres si je
2014. à des yeux extérieurs? les avais traités par espèces! La chouette effraie a-t-elle une ré-
4-Planche d’illus- J’ai fait une sélection de photos et sonance particulière pour vous?
tration du hibou une première maquette grossière, Chaque légende ou presque in- C’est pour moi l’archétype du “dis-
des marais (par
sans dessins. Ensuite, Céline a fait un siste sur le fait que vous opérez ca- cret voisin”: elle vit le plus souvent à
Céline Lecoq) mouflé (tente affût, ghillie suit, affût
gros boulot pour parfaire la mise en proximité de l’homme, sans trop se
5-Choucas préle- page et “rectifier le tir” sur le choix de flottant…). Est-ce pour faire passer montrer et sans trop faire de bruit –
vant des touffes un message auprès des lecteurs?
certaines photos. Je lui ai laissé carte excepté en période de reproduction.
de poils sur des
moutons d’Oues- blanche pour le choix et l’insertion de C’est avant tout à titre d’info. L’idéal C’est l’espèce hémérophile par excel-
sant afin de gar- ses illustrations. L’avant-projet était de aurait été de faire un petit making-of à lence. On peut dire également qu’elle
nir son nid. Cap 200 pages, il a explosé à 304 pages… chaque fois. Le lecteur aime bien sa- rend beaucoup de services, justement
Sizun, 2017. pas le devis de l’imprimeur, à mon voir! Ceci dit, je suis persuadé que la au vu de sa prédation sur les micro-
6-Grèbe à cou grand soulagement! Finalement, c’est meilleure manière de photographier la mammifères. En bref, un oiseau joli,
noir sous la pluie. Céline qui a vraiment “construit” le li- faune sauvage reste l’affût. L’ap- photogénique et sympa… même avec
Paulnay, 2015. vre et je n’ai pas été déçu! proche est délicate, limite une traque. un mulot dans le bec!

Nat’Images
Le livre du mois
1 3

21

4 5

Nat’Images
Wildlife Photographer
of the year Portfolio

Profitons du passage de l’exposition


au Muséum d’histoire naturelle de Bourges
pour revenir en images sur la 54 e édition
du Wildlife Photographer of the Year.

22

Nat’Images
23

La piscine de glace
Cristobal Serrano
Par un jour nuageux, idéal pour révéler la
texture des glaces, Cristobal explorait le dé-
troit d’Errera, à l’ouest de la péninsule An-
tarctique. À travers cette étendue d’eau re-
lativement calme, un courant régulier
déplaçait des icebergs de tailles et de
formes variées. Ces imposants blocs d’eau
douce gelée s’étaient détachés des fronts
des glaciers ou d’icebergs géants. Si on
connaît leur beauté quand ils surplombent
l’eau, leur image vue du ciel est moins fami-
lière. Après avoir repéré un iceberg qui lui
semblait prometteur – un bloc de 40 mètres
de long se dressant à 14 mètres au-dessus
de la mer –, Cristobal lança son drone silen-
cieux et le dirigea de façon à surplomber
l’iceberg à haute altitude pour ne pas déran-
ger la faune qui pouvait s’y reposer. Ce
point de vue révéla une structure creusée
dans la glace par les vents et les eaux po-
laires. De l’air plus chaud en avait fait fondre
la surface, créant une piscine en forme de
cœur. Cette sculpture était soulignée par les
silhouettes profilées de phoques crabiers
dans leur mue estivale et mise en valeur par
la noirceur des eaux profondes autour.
DJI Phantom 4 Pro Plus, 8,8-24 mm f/2,8-11,
à f/4,5, 1/120 s, 100 ISO

Nat’Images
24 Ci-dessus – Page de droite, en haut – Page de droite, en bas –

Le couple doré Le pays du tigre Le léopard paresseux


Marsel van Oosten Emmanuel Rondeau Skye Meaker
Un mâle de rhinopithèque de Roxellane se Dans les hautes forêts perdues de l’Hima- Mathoja somnolait sur une branche basse
repose sur un rocher en compagnie d’une laya, au centre du Bhoutan, un tigre du d’un “nyala tree” et resta impassible tout le
femelle de son petit groupe. Le couple ob- Bengale fixe l’objectif. Le sentier qu’il temps pendant lequel Skye l’observait de-
serve une altercation entre deux mâles dans remonte fait partie d’un réseau de pistes puis le véhicule familial: “Elle dormait pen-
la vallée. C’est le printemps dans les forêts qui relie les parcs nationaux entre eux. Ces dant quelques minutes, puis tournait la tête
tempérées des montagnes chinoises de corridors de déplacement sont cruciaux et replongeait dans le sommeil”. Mathoja vit
Qinling, le seul endroit où vivent ces pri- pour cette sous-espèce menacée, victime dans la réserve de Mashatu, au Botswana,
mates menacés. Ils passent la majeure par- du braconnage et de l’exploitation fores- un parc que Skye et sa famille visitent régu-
tie de la journée à se nourrir dans les arbres, tière. Emmanuel et un groupe de gardes lièrement, chaque fois désireux de croiser
ingérant un mélange de feuilles, de bour- parcouraient le terrain accidenté avec de les insaisissables léopards. En langue ban-
geons, de graines, d’écorces et de lichens, quoi poser huit pièges photo. Ils s’étaient toue, Mathoja signifie “Celle qui marche en
qui varie en fonction des saisons. Bien qu’ils concentrés sur les zones où l’espèce avait boitant”. Skye l’appelait simplement “La
aient l’habitude d’être observés par les bio- été récemment repérée, cherchant des Boiteuse”. Ce nom lui vient d’une blessure
logistes, ils sont constamment en déplace- traces, des grattages ou des crottes. de jeunesse mais elle est aujourd’hui une fe-
ment. Marsel ne pouvait se mouvoir comme Emmanuel installa ses appareils dans les melle de huit ans en pleine santé et c’est
eux d’arbre en arbre. Il devait arpenter les lieux les plus propices puis composa son elle la plus calme face aux véhicules. Bien
pentes raides et les gorges profondes, et image pour que le sujet apparaisse dans qu’elle ne fût qu’à quelques mètres, Ma-
quand il pouvait enfin les rejoindre, la lu- son environnement montagneux. Vingt- thoja se fondait parfaitement dans le décor.
mière était rarement favorable. Il fallait aussi trois jours plus tard, après des centaines La lumière était faible, des branches en
trouver le bon angle pour faire ressortir le de déclenchements intempestifs surtout mouvement n’arrêtaient pas de passer de-
magnifique pelage et la face bleue si parti- liés aux feuilles et au vent, il décrocha le vant sa tête et ses yeux ne s’ouvraient que
culière de l’espèce. Il fut finalement récom- jackpot: un magnifique mâle qui, au vu du brièvement, compliquant la tâche de Skye
pensé par cette composition idéale, avec la dessin de ses rayures, n’était pas encore pour obtenir la composition qu’il désirait.
forêt en arrière-plan et une douce lumière fil- recensé au Bhoutan. Le fauve inspecta le Enfin, au moment même où elle ouvrait les
trée par la canopée. Un flash additionnel matériel avant de disparaître dans la forêt. yeux, les branches qui la surplombaient
parachève ce portrait en faisant briller les s’écartèrent et un rayon de lumière fit briller
Canon EOS 550D, Sigma 10-20 mm f/4-5,6, à 16
mèches dorées du mâle. son regard. Instant idéal pour un portrait
mm, f/9, 1/20 s, 200 ISO, 2 flashs Nikon SB-28,
Nikon D810, Tamron 24-70 mm f/2,8 à 24 mm, déclencheur infrarouge TrailMaster + déclencheurs mémorable.
f/8, 1/320 s, 1600 ISO, flash Nikon SB-910 de flashs sans fil Camtraptions Canon EOS-1DX, 500 mm f/4, à f/4, 1/80 s, 1250 ISO

Nat’Images
25
Ballet dans la boue
Georgina Steytler
C’était une chaude journée d’été. Ce trou d’eau de la
réserve naturelle de Walyormouring, dans l’ouest de l’Australie,
bourdonnait d’insectes. Georgina s’y était rendue de bonne heure
pour photographier les oiseaux, mais son attention fut vite détournée
par de sveltes insectes industrieux à l’abdomen pétiolé. Ces femelles de
guêpes maçonnes prélevaient de la boue au bord de l’eau, puis la roulaient
en boule pour construire des chambres à ajouter à leurs nids à proximité. La
guêpe construit son nid entièrement à partir de boue, chambre après chambre. En
séchant, l’ensemble se cimente. Puis elle approvisionne la douzaine de loges avec
des corps paralysés d’araignées, pondant un œuf par chambre sur le premier des arach-
nides. Leurs proies sont des espèces à corps mou, faciles à manger pour les larves. Pour
trouver un bon angle sur les guêpes, Georgina s’allongea dans la boue, faisant le point
sur un passage probable des insectes, puis se mit à déclencher sitôt qu’une guêpe
entrait dans le cadre. Elle prit des centaines d’images avant d’obtenir celle-ci où
deux guêpes maçonnes montrent leur habileté à manier la boue.
Canon EOS-1DX, 600 mm f/4 + multiplicateur 1,4x, soit 840 mm, à f/8, 1/4000 s, 1000 ISO

Portfolio |
Nat’Images
Ci-contre –

Le deuil de Kuhirwa Ricardo Núñez Montero


Kuhirwa, une jeune femelle de gorille de montagne de la réserve de Bwindi, en Ouganda, refusait de se séparer de
son bébé mort. Ce qui semblait à Ricardo n’être qu’un paquet de racines était en fait un petit corps sans vie. Le
manque de lumière l’obligeant à travailler à grande ouverture, avec une très faible profondeur de champ, il choisit de
faire le point sur ce qui restait du cadavre plutôt que sur la femelle. Les gardes lui avaient dit qu’elle avait mis bas
pendant une période de mauvais temps et que son petit était probablement mort de froid. Au début, Kuhirwa le câli-
nait et faisait bouger ses membres, le promenant sur ses épaules comme les autres mères. Quelques semaines plus
tard, elle commença à manger ce qui restait du corps, une étonnante attitude que le garde n’avait observée qu’une
seule fois. Le comportement des gorilles face à la mort fait écho à celui d’autres espèces: des éléphants qui tou-
chent les os des membres défunts de leur famille, jusqu’aux dauphins qui maintiennent leurs compagnons morts en
surface, beaucoup d’observations témoignent que certains animaux semblent visiblement ressentir du chagrin, bien
que chaque individu réagisse différemment. Le comportement de cette femelle gorille peut être assimilé au deuil,
sans qu’il n’y ait besoin de spéculer sur les pensées intimes du primate.
Nikon D610, 70-300 mm f/4,5-5,6, à 185 mm, f/5, 1/750 s, 2200 ISO

29

Ci-dessus –

Assoiffé de sang Thomas P. Peschak


Quand la nourriture devient rare sur l’île Wolf, tout au nord des Galápagos, le pinson à bec pointu se transforme en
vampire. Ses cibles immobiles sont des fous de Grant ou d’autres grands oiseaux du plateau. Les fous prospèrent
ici, nichant dans les denses fourrés de cactées et pêchant dans l’océan alentour. Pour les pinsons la vie est plus
dure. L’île ne possède pas d’eau douce permanente et il y a peu de précipitations. Ces pinsons, qui appartiennent à
une des espèces ayant inspiré à Darwin sa théorie de l’évolution, dépendent d’un maigre régime de graines et d’in-
sectes qui peut se tarir régulièrement. Pour survivre, ils piquent la base des plumes des fous de leur bec pointu, puis
en boivent le sang. C’est un comportement qui pourrait dériver du prélèvement de parasite sur les oiseaux. “J’ai ob-
servé une demi-douzaine de pinsons s’abreuvant au même fou. Plutôt que de s’envoler et d’exposer leurs œufs ou
leurs poussins au soleil, les fous semblent tolérer ces petits vampires, tout comme la perte de sang.” Thomas faisait
un reportage sur le changement climatique et il avait obtenu un des rares permis pour atterrir sur l’île. Il dut gravir
des pentes escarpées et des rochers branlants avant d’atteindre le plateau. Pour donner de la force à l’image, il la
prit à hauteur d’oiseau, capturant la femelle pinson qui se nourrit et celle qui attend son tour.
Nikon D5, 16-35 mm f/4, à 31 mm, f/20, 1/200 s, 160 ISO, flash Profoto B1X 500 AirTTL

P o r t f o l i o | W i l d l i f e P h o t o g r a p h e r o f t h e Ye a r
Monsieur Moustache
Valter Bernardeschi
C’est par une claire nuit d’été que Valter
découvrit ces morses. Ils se nourrissaient tout
près d’une île de l’archipel de Svalbard, en
Norvège. Revêtu de sa combinaison de plon-
gée, il utilisa deux segments d’un monopode
et un flotteur pour disposer son appareil
devant lui. Dès qu’il se glissa dans l’eau gla-
cée, quelques morses curieux, principalement
des jeunes, l’approchèrent. Il put ainsi prendre
ce portrait intime des têtes moustachues d’un
jeune et de sa mère vigilante. Les morses utili-
sent leurs vibrisses sensitives et leur museau
pour rechercher des bivalves et d’autres petits
invertébrés sur les fonds marins.
Sony Alpha 7r II, 28mm f/2,8 + convertisseur ultra-
grand-angle, à f/8, 1/800s, 1250ISO, caisson Nimar II,
télécommande Nikonos, monopode Feisol

30

La vie malgré tout


Greg Lecœur
Le poisson-grenouille des sargasses est
un maître du camouflage qui chasse à
l’affût. Il capture ses proies avec ses
nageoires bordées de sortes de griffes à
travers les frondes de ces îles flottantes,
dissimulé par sa couleur brune et sa
silhouette plumeuse. Greg découvrit cet
individu alors qu’il rentrait d’une plongée
sur les riches récifs de l’archipel indoné-
sien de Raja Ampat, une zone de l’ouest
du Pacifique où convergent de puissants
courants qui amènent des nutriments
alimentant une riche biodiversité. Ces
courants récupèrent et concentrent
aussi tout ce qui flotte, incluant des mil-
lions de tonnes de plastique qui finissent
chaque année dans les mers du globe.
Nikon D7200, Tokina 10-17 mm, à mm, f/11,
1/250 s, 100 ISO, caisson Nauticam NAD7200,
2 flashs ikelite D5161

Nat’Images
31

Collation nocturne Ce portfolio n’offre qu’un aperçu


du palmarès de l’édition 2018 du
Audun Rikardsen Wildlife Photographer of the Year.
Pour un panorama complet, procurez-
Audun voulait depuis longtemps montrer comment
vous l’album paru aux éditions
les orques continuent de se nourrir dans l’obscurité
Biotope (25x25 cm, 100 photos,
dans le fjord de Kald, près de Tromsø, au nord de la
Norvège. Tout se mit en place lors de la nuit polaire 160 p, 34 €) ou rendez-vous au Mu-
alors que le jour se résumait à quelques heures de séum d’histoire naturelle de Bourges
lumière faible sur l’horizon aux environs de midi. De où les plus belles images du concours
larges bancs de harengs passent l’hiver dans les sont exposées jusqu’au 24 février.
fjords attirant baleines et chalutiers. Ces derniers
pêchent habituellement la nuit et les orques savent
que le bruit des filets qui remontent signale une
opportunité de repas facile. “Quand l’équipage ter-
mina sa pêche, filets rentrés, je voyais les orques
attraper les harengs dérivant autour du bateau.” À sa
demande, les pêcheurs orientèrent leurs puissants
projecteurs vers l’eau. Malgré un froid mordant et un
océan d’encre, Audun put finalement prendre l’image
de cette orque consommant les quelques poissons
restants, éclairés par le faisceau éphémère du bateau.
Canon EOS 5D Mark IV, 14 mm f/2,8, à f/2,8, 1/80 s, 1600 ISO,
caisson Aquatech

P o r t f o l i o | W i l d l i f e P h o t o g r a p h e r o f t h e Ye a r
Le mois de mars sonne le réveil du bocage
Francis Massias Le territoire du Bressuirais, dans le nord-ouest
des Deux-Sèvres, présente un paysage bocager. Les haies vives qui
clôturent les parcelles de prairies et de cultures, les chemins étroits
et creux (de moins en moins), les petits bois, les quelques landes et
les nombreuses mares offrent une biodiversité remarquable quoique
fragilisée. Dès la mi-mars, les signes du renouveau se font sentir.
L’herbe reverdit, les premières fleurs éclosent et, avec un peu de • www.francismassias.com
chance, on peut croiser un insecte… • Exposition “Bocag’émotions”,
du 23 mars au 14 avril à la Gale-
rie des Arcades, Bressuire (79).

 9 mars,16h20 - 23 mars, 15h  14 mars, 10h50  24 mars, 8h50


 La petite pervenche  Les jonquilles ( 2 )  Le coucou ( 3 )
et l’anémone des bois ( 1)
Le bocage compte beaucoup de La primevère officinale appelée
Les petits boisements sont une prairies très fraîches qui consti- communément coucou est une
composante importante du pay- tuent un habitat naturel pour les des toutes premières annoncia-
sage bocager. La petite pervenche jonquilles sauvages. Dès la mi- trices de la sortie de l’hiver, dès la
d’abord puis l’anémone des bois y mars, ces prés humides sont re- moitié du mois de mars. On peut
sont les deux messagères du prin- couverts de bouquets jaunes l’observer facilement sur les talus
temps. La première, rampante aux visibles de loin. Étant donné sa au bord des chemins, petit bou-
feuilles coriaces, fleurit début mars, précocité, la jonquille est prisée quet de fleurs jaune doré. Elle
apportant sa touche mauve dans des promeneurs cueilleurs du di- s’épanouit bien avant l’arrivée de
les fougères desséchées et sur les manche et un site bien connu peut l’oiseau qui lui aurait donné son
talus. La frêle et délicate anémone très vite être réduit à néant. Le surnom. Comme pour les jon-
32 sylvie aux pétales blancs parfois photographe, lui, doit se mouiller quilles, s’allonger dans la rosée
teintés de rouge la suit d’une di- un peu pour les immortaliser à voire la gelée blanche est très sou-
zaine de jours. hauteur tôt le matin alors qu’elles vent nécessaire pour en tirer les
 Pentax K-3, 100 mm macro, f/2,8, sont encore recouvertes de rosée. meilleures images.
1/500 s, 250 ISO, -1/3 IL (pervenche)  
Pentax K-3 II, 200 mm, f/6,3, Pentax K-5, 300 mm, f/4, 1/750 s,
 Pentax K20D, 100 mm macro, f/5,6,
1/1500 s, 280 ISO, -1 IL 200 ISO, -1 IL
1/180 s, 200 ISO, +1/2 IL (anémone)

 27 mars, 7h10 dans le département entre 2001 et de le trouver, parfois dès la fin du  Pentax K-3 II,
2003. Cette plante voit ses effectifs mois de mars mais assurément aux 100 mm Macro,
 La fritillaire pintade (4 ) f/6,7, 1/60 s, 800
décroître rapidement depuis un tout premiers jours d’avril. La femelle
Cette élégante tulipe à la tête à l’en- ISO, +1,5 IL
demi-siècle et son évolution doit de (page de droite) plante son unique (aurore femelle)
vers est la grâce de début avril.
toute manière être surveillée. Donc œuf orange dans une tige de la  Pentax K-3 II,
Dans le patois deux-sévrien on l’ap-
à ne cueillir qu’avec les yeux et l’ap- plante. Avec ses ailes orange, le petit 100 mm Macro,
pelle surtout “coquelourde” ou
pareil photo en veillant à ne pas mâle (ci-dessous) est particulière- f/5,6, 1/500 s,
“chaudron”. Dans le bocage,
écraser les pousses en bouton au ment attractif pour le photographe. 400 ISO, +1/2 IL
comme elle affectionne les lieux (aurore mâle)
début de la floraison.
inondables, on la trouve dans les
Pentax K-3 II, 300 mm, f/4, 1/750 s,
prairies bordant la Sèvre Nantaise
800 ISO, -1/2 IL
(l’une des deux Sèvres avec la Nior-
taise au sud du département) dès
 31 mars, 7h20
début avril voire fin mars les hivers  L’aurore et la cardamine des prés (5)
les plus doux. Sa floraison s’étale
sur trois semaines à un mois. L’une L’aurore est l’un des premiers pa-
des principales stations se trouve pillons à satisfaire le photographe
dans la Prée des Cosses à Saint- impatient de retrouver ses petits su-
André-sur-Sèvre, un site géré par le jets printaniers puis estivaux. C’est
Conservatoire régional d’espaces sur sa plante hôte, la cardamine des
naturels. Plusieurs dizaines de mil- prés qui affectionne les lieux (très)
liers de pieds ont été recensées humides, qu’on a le plus de chance

Nat’Images
Almanach / Mars
1

33

Nat’Images
Parc naturel régional
du Queyras

34

Vieux pin sylvestre sur son roc, laissant apparaître le soleil matinal. Vallée de Ceillac.
Canon EOS 6D, 17-40 mm f/4 à 17 mm, f/18, 1/100 s, 640 ISO

Nat’Images
Léo Gayola

pour la photographie,
mais encore faut-il savoir
où se rendre et trouver
le moment opportun.
Il aura fallu plusieurs
années de contemplation,
de chance et de persévérance
à Léo Gayola pour rapporter
des images à la fois insolites 35
et spectaculaires de l’hiver
dans le Parc naturel régional
du Queyras. Suivez le guide !

Nat’Images
36

Nat’Images
37
Ci-dessus – S’aventurer en montagne au cœur tivale (le col Agnel, haut de 2744 m, et
Dessins de glace sur un lac gelé de l’hiver tient du rêve éveillé, mais le le col d’Izoard, 2361 m) mais à partir
pendant une chute de neige. doux décor de glace ne doit pas vous de fin octobre la route se transforme
Canon EOS 6D, 50 mm f/1,8, endormir. Il faut rester vigilant et se en piste de ski de fond. Néanmoins,
à f/7,1, 1/500 s, 1250 ISO
méfier non seulement du froid et du si vous pratiquez les sports d’hiver, il
Page de gauche – brouillard d’altitude, mais aussi du peut être judicieux de chausser les
Les Gorges du Guil, près de Montbardon, risque d’avalanche. skis pour aller sur de beaux secteurs
après une belle chute de neige. Mon métier d’accompagnateur en sans prendre de risque. Si vous préfé-
Canon EOS 6D, 120-300 mm f/2,8 montagne et mon expérience de ter- rez la voiture, vous pourrez tout de
à 120 mm, f/7,1, 1/500 s, 125 ISO rain me conduisent à observer avec même vous rendre assez haut en alti-
une extrême prudence les conditions tude vers Saint-Véran. En empruntant
météo et à consulter avant toute sor- le pont de Lariane, on accède soit au
tie le bulletin “Neige et avalanches” refuge Agnel, soit au vallon du Lon-
du jour sur le site de Météo France. get. Du hameau de l’Echalp on part
vers la vallée du Viso, et depuis Bru-
Si le risque est à 4 ou 5, mieux nissard on peut rejoindre le bel alpage
vaut éviter de sortir. S’il est inférieur, de Clapeyto, féérique en hiver avec
il est tout à fait possible d’aller ex- ces chalets perdus dans la nature.
plorer les joyaux de l’hiver, surtout si Les Gorges du Guil, près de Mont-
une nouvelle neige vient de saupou- bardon, sont aussi très photogé-
drer les cimes. niques, surtout après une chute de
neige. Quant à la vallée de Ceillac,
Quels sites privilégier elle offre de belles possibilités d’ex-
pour la photo? cursions en forêt et une cascade de
Préférez les lieux à moindre risque glace spectaculaire.
comme les vallées autour des villages
ou près des routes, les plans d’eau ou Quand faut-il sortir?
les lacs gelés et évidemment les fo- En montagne, toutes les occasions
rêts, plus sûres et très photogéniques sont bonnes à saisir, mais les condi-
quand la neige est fraîche. tions les meilleures sont celles où la
Dans le Queyras, il existe deux cols température chute. Un froid intense
accessibles en voiture en période es- est synonyme de givre et de glace.

Queyras, le temps d’un hiver | Léo Gayola


Lac gelé reflétant les couleurs du soir, Maison du Roy.
Canon EOS 7D, 120-300 mm f/2,8 à 190 mm à f/6,3, 1/250 s, 400 ISO

38
Et rien de mieux qu’une averse de intéressante et moins contraignante un objectif grand-angle et un petit
neige importante pour produire des qu’en ski. zoom (jusqu’à 70 mm), cela vous per-
photos originales et graphiques. Les Certes le ski de randonnée ou le ski mettra de varier les points de vue en
flocons sont monnaie courante de fin de fond permettent d’approcher les intégrant des premiers plans intéres-
décembre à mi-mars. Pour en tirer animaux sans faire de bruit, mais la sants.
profit, le meilleur moyen est de regar- raquette, selon moi, facilite les dépla- Le trépied peut aussi s’avérer utile
der la météo régulièrement et de se cements dans les endroits escarpés. pour tirer parti des cours d’eau.
tenir prêt à sortir… même si au pre- Grâce à lui, on pourra créer des effets
mier abord on a plutôt envie de rester Les petits crampons antiglisse que
l’on accroche sous ses chaussures de pose lente en harmonie avec la
au chaud! neige ou la glace. Pour une sortie en
de rando peuvent également se révé-
Dans le même ordre d’idée, ne lais- ler utiles lorsque l’enneigement est forêt avec peu de dénivelé je vous
sez pas les nuages noirs ou le brouil- faible et que la couche est très com- conseille de prendre un grand-angle
lard freiner vos ardeurs, car les lu- pacte. Ces pointes accrochent la et un télézoom. Pour ma part, j’utilise
mières peuvent alors se révéler très neige dure et la glace et permettent souvent la focale de 300 mm. Elle per-
intéressantes même en pleine jour- donc d’accéder sans danger à des met, au choix, de s’attacher à un dé-
née. La météo change très vite en secteurs glissants. tail graphique sur un arbre ou d’admi-
montagne, et le vent lorsqu’il souffle rer le versant opposé en surplomb
sur les crêtes peut dessiner des Quel matériel utiliser? après une belle chute de neige.
courbes magnifiques.
Suivant le lieu de prise de vue et le Pour les altitudes plus élevées, il
Les sorties à l’aube et au couchant dénivelé, il faudra jouer de malice car n’y a pas de matériel à préconiser en
peuvent aussi être intéressantes, à le poids du sac est d’autant plus im- particulier, même si évidemment les
condition d’avoir du beau temps. portant à gérer avec l’altitude, et l’ef- photos au grand-angle peuvent se ré-
fort en raquette est un peu plus in- véler superbes lorsque les conditions
Comment arpenter tense qu’en été avec des chaussures, sont réunies. Si vous avez une bonne
la montagne? surtout si la neige est fraîche (on s’y condition physique, un téléobjectif
Si l’on est photographe, le meilleur enfonce davantage, même avec de peut être utile pour immortaliser un
moyen pour progresser en montagne bonnes raquettes). sommet cerné de nuages ou une
en hiver reste la raquette, car la liberté Pour Photographier les gorges et crête aux lumières du couchant.
de mouvement et d’accroche est plus rivières, près des villages, privilégiez Il est important d’adapter le poids

Nat’Images
39
Sommets se dévoilant après la tempête. de l’équipement en fonction de la sor- ment. Il faut mesurer ses efforts (un
Réserve naturelle de Ristolas-Mont-Viso. tie et du dénivelé. Désormais, lorsque excès de transpiration peut se payer
Canon EOS 6D, 120-300 mm f/2,8 à je prévois une sortie difficile ou cher) et bien écouter son corps pen-
197mm à f/8, 1/1000 s, 100 ISO
longue, j’utilise un hybride Lumix dant la marche de manière à ôter une
(GH4) que je prends seul avec son couche vestimentaire ou en enfiler
14-40 mm. L’ensemble est très léger. une supplémentaire si nécessaire.
Si la sortie n’est pas trop longue, Je mets toujours une doudoune
j’emporte mon reflex plein format Ca- compressible en plus dans mon sac
non EOS 6D accompagné d’un ainsi que des gants de ski, au cas où
14mm, d’un 50 mm et d’un 150-600 le vent se mêlerait à la partie! Des
mm. Le poids s’en ressent, mais je chaufferettes pour les mains et les
suis certain de ne rien manquer! pieds peuvent aussi être efficaces en
Les filtres dégradés sont également secours pour les personnes un peu
indispensables pour tout bon photo- sensibles des extrémités.
graphe de paysage qui se respecte. Pensez enfin à glisser une couver-
Le ND9 me sert souvent lors de jour- ture de survie: ça ne pèse rien, ça ne
nées nuageuses. prend pas de place et c’est parfois
très utile…
Comment résister au froid?
Pour lutter contre le froid qui peut Où se loger?
être très rude en hiver (-20°C voire À ceux qui voudraient découvrir le
plus en ressenti), je prends un sac à Queyras en hiver, je conseille le gîte
dos de randonnée afin de pouvoir y des Gabelous à Saint-Véran. C’est un
mettre quelques vêtements en plus, grand gîte typique et authentique;
au cas où. l’accueil y est chaleureux, familial et le
En montagne, le temps change vite cadre somptueux (des sommets à
et le fait de grimper puis de rester sta- 3000 m juste en face). Pour ceux qui
tique pour la photo fait varier notre préfèrent l’hôtel, Le Grand Tétras à
température corporelle considérable- Saint-Véran ou Les Balcons de

Queyras, le temps d’un hiver | Léo Gayola


40
Combe Rousset à Aiguilles sont des L’automne offre ses myrtilliers Ci-dessus –
adresses sûres et peu onéreuses qui rouges aux yeux des randonneurs Mélézin glacé aux premiers rayons
vous séduiront par leur simplicité et dès la mi-septembre. À la mi-octobre, du soleil près de Saint-Véran.
leur confort. les mélèzes passent du jaune à Canon 7D, 100-400 mm f/5,6
à 235 mm f/5, 1/800 s, 100 ISO
l’orange. Puis les flocons font leur re-
Découvrir le Queyras tour, en général fin octobre début no- Page de gauche –
sans la neige vembre. La neige peut toutefois s’in- Phénomène très rare de diffraction
viter dans le décor toute l’année, de la lumière sur des cristaux de givre
Le parc naturel régional du Queyras même en plein été. Et c’est souvent s’évaporant.
n’est pas seulement beau l’hiver. Si un cadeau du ciel pour les amateurs Canon EOS 7D, 300 mm f/4,
l’envie vous prend de venir le décou- de photos originales! à f/13, 1/320 s, 320 ISO
vrir à une autre saison, vous ne serez
pas déçu. Évitez peut-être de venir Si les dangers de l’hiver vous “re-
avant fin mai car la plupart des héber- froidissent” quelque peu et si vous
gements seront fermés. Par ailleurs, hésitez à partir seul(e) explorer le
la neige est encore présente sur les Queyras, faites-moi signe. Quelle que
sommets jusqu’en juin. Les deux cols soit la saison, je me ferai un plaisir de
principaux (Izoard et Agnel) ouvrent vous guider dans ce secteur que je
en général à la mi-juin. connais sur le bout des doigts!
Peu avant l’arrivée de l’été, les Léo Gayola
fleurs éclosent et tapissent la mon-
tagne, pour le plus grand plaisir des Retrouvez le photographe
amateurs de macro et de botanique. et son actualité sur
La flore offre une belle diversité, des www.natureauvol.com
lavandes sauvages sur les coteaux
sud à basse altitude aux edelweiss
sur les sommets de plus de 3000 m.
Pour les photographes marcheurs,
l’été est une période idéale pour dé-
couvrir les nombreux lacs d’altitude
de ce parc de 600 km².

Nat’Images
41

Queyras, le temps d’un hiver | Léo Gayola


Nicolas Ughetto

Un homme,
des loups,
le Ventoux
C’est la fin de l’été 2018 dans le Ventoux.
Après avoir passé deux mois dans sa
galerie photo au cœur du village de Sault,
dans le piémont sud de cette montagne,
Nicolas Ughetto décide de s’accorder
quelques journées de pleine nature
afin de retrouver l’inspiration, le plaisir
et les émotions de nouvelles rencontres
animales. Une surprise de taille l’attend…

Nat’Images
43

Jeune louvard.
Canon EOS 5D Mk III,
500 mm f/4 L IS USM,
à f/5,6, 1/1600 s,
1250ISO

Nat’Images
Chaque matin, j’imprègne avec soin La voilà déjà qui repart à pas pressés
mon pantalon et ma casquette des mais sans courir. Depuis combien de
senteurs de la colline. Le poivre d’âne temps m’observait-elle?
(la sarriette) frotté avec la lavande sau- À mon tour, j’active le pas pour rega-
vage et le thym vont, je l’espère, dissi- gner à quelques centaines de mètres
muler mon odeur d’homme. Car ces une nouvelle trouée dans la végétation.
derniers jours, les sorties photo se suc- Elle est là, en plein nu, et me laisse le
cèdent, sans résultat. Je croise pour- temps de composer au 500 mm.
tant des mouflons, des cerfs, des Un moment intense.
biches, des sangliers sur lesquels je L’hiver dernier, j’avais déjà eu le pri-
tente toujours de vaines approches. vilège d’assister en direct, sous la
Que se passe-t-il? Mon pas s’est-il neige, à la traque et la capture d’un
alourdi? Ai-je perdu la main? Ou bien chevreuil par un loup bien différent.
mes sujets sont-ils plus aux aguets que Cette nouvelle rencontre vient récom-
d’habitude? Depuis quelques jours, en penser ces derniers jours stériles de
effet, des indices s’accumulent sous présence sur le terrain.
mes yeux étonnés. Des signes discrets
qui me remplissent d’espoir et me don- Émotions intenses
nent du cœur à l’ouvrage. Il est maintenant presque 19 heures.
L’ombre d’un vautour passe sur moi. Au loin des hurlements hésitants et dis-
Puis un vol de cinq grands corbeaux crets semblent se répondre. Je les es-
déchire l’air en prenant de l’altitude time à une cinquantaine de mètres.
pour inspecter soigneusement la li- Des jeunes sans doute. Mes muscles
sière: nous sommes tous en repérage. se figent. Les secondes, puis les mi-
J’aimerais avoir leur sens olfactif et leur nutes défilent. Rien, toujours rien.
acuité visuelle mais aussi leur facilité Soudain “une pierre s’envole et de-
de s’affranchir des courbes de niveau; vient mésange…” (1) C’est le signe que
je suis sûr qu’ils sont moins ignorants j’attendais. Aucune bête ne peut se dé-
que moi… placer dans le pierrier tout proche sans
L’esprit occupé mais l’œil inquisiteur, être trahie par le cliquetis des pierres.
je découvre des fèces caractéristiques Ils sont là, mais je ne les vois pas.
et des morceaux de fémur de chevreuil J’accentue encore ma vigilance et ba-
disséminés. Ils font à nouveau grandir laie à 180 degrés l’horizon devant moi.
en moi l’espoir d’une rencontre. Jaunies par le soleil, les hautes herbes
créent une atmosphère bien particu-
La rencontre lière. Je les imagine déjà courant dans
44 C’est décidé, ce matin, c’est en li- ce décor doré. plus lents, le vent nul et l’herbe sèche Ci-dessus,
sière de clairière que je vais me posi- Des gémissements d’amusements de haut en bas –
vont rendre mon approche finale en-
tionner. Dissimulé, à bon vent. Je me parviennent maintenant. Une heure core plus difficile que la veille. Le Ventoux en toile
m’installe. Les aiguilles tournent. Sou- passe. La course du soleil m’oblige à de fond avec au
Soudain, un bruissement et un mou-
dain un bruit de galop. Je concentre me déplacer légèrement. Une heure premier plan le ro-
vement qui s’évanouit dans le sous-
mes sens dans sa direction. Une biche s’écoule encore, ponctuée de petits cher du Cire et les
bois. Sans doute un louveteau au bord
fond sur moi “à bride abattue”! Elle couinements et bruits de pierres. Puis, gorges de la
de la draille qui observait mon ascen-
m’évite de justesse. Ébahi, je ne bouge à quelques mètres de moi, une petite Nesque.
sion. Il semble prendre la direction de
pas d’un centimètre mais cette course silhouette sombre, d’une quarantaine Canon EOS 5D Mk II,
“ma” clairière de la veille. Je n’accélère
folle et ce comportement inhabituel de centimètres de hauteur, surgit à 24 mm, f/7,1,
pas le pas, bien au contraire. Je m’ap-
m’interpellent: serait-elle poursuivie? contre-jour. Le rideau d’herbes folles 1/1600 s, 500 ISO
plique à faire du“fox walking”, c’est-à-
Le silence revient. Tous les sens en complique la mise au point automa- dire à marcher tel le renard qui a repéré Fèces de louveteau
éveil, je scrute aux jumelles l’endroit où tique. Je bascule en mode manuel et sa proie. Chaque pas devient un ex- certifiées. Il a défé-
elle m’est apparue. Je sais ce que je tente dans un swing gauche-droite de ploit en soi. qué devant moi…
cherche: une masse grise avec un peu suivre l’animal: c’est bien un jeune Enfin, j’y suis. Ma cache de buis Canon EOS 5D Mk II,
de roux pour la tête et du blanc pour le loup. Je l’immortalise à l’arrêt près m’attend. À peine ai-je le temps de dé- 200 mm, f/7,1,
corps. Les yeux vissés aux œilletons, d’une touffe de lavande sauvage. L’au- 1/1600 s, 640 ISO
poser le trépied que déjà j’entends rou-
j’en oublie de regarder plus près. Et tre loup ne se montrera pas ce soir-là. ler des pierres.
c’est en abaissant lentement mes ju- Juste après la
Un premier arrive, suivi à quelques crotte.
melles que je me rends compte de sa Matinée extraordinaire
mètres de son frère. J’ai toujours au-
présence. Il est là, immobile à environ Ce matin, il n’y a plus de vent du Canon EOS 5D Mk III,
tant de difficultés à faire la mise au 500 mm f/4 L IS USM,
trente mètres de moi, à me regarder tout et la température est de 9 °C. Je point à cause de ces satanées herbes, à f/9, 1/1600 s,
fixement. Sans doute a-t-il coupé la porte une veste trop chaude qui va me exceptionnellement hautes à cause du 1000ISO, +2/3 IL
voie de la biche. Pas le temps ni l’envie handicaper dans mon approche de la printemps très pluvieux. Ouverture plus
de bouger ou de prendre mon appareil, zone fréquentée par les jeunes loups. grande et mise au point manuelle, le
je décide d’en profiter avec mes 10x43. Avec la nuit, ils doivent gagner en tout en positionnant le miroir en mode
Ce loup est superbe mais un détail confiance et s’aventurer un peu plus silencieux, telles sont mes solutions
m’interpelle: il a les oreilles rabattues, loin. Ils peuvent encore s’y trouver. pour arriver à composer.
entamées, comme si elles avaient été Arrivé à 500 mètres de la zone, je Immobiles à quelques dizaines de
déchirées. La fluidité de sa ligne me fait glisse les jumelles dans le sac pour mètres de moi, les louveteaux sont
pencher pour une femelle qui a dû, mettre le 500 mm f/4 sur l’épaule et le bientôt rejoints par deux autres indivi-
sans doute, être dominée. 70-200 mm f/2,8 autour du cou. On ne dus, aussi jeunes mais plus grands.
Nos échanges de regards ne durent sait jamais. Mes pas se font de plus en Deux portées différentes sans doute.
que quelques précieuses secondes.

Nat’Images
45
Je n’en crois pas mes yeux. Un tam- Pendant près de vingt minutes (une La scène à laquelle j’assiste alors est Ci-dessus –
bour intérieur soulève ma poitrine. éternité!), j’assiste à des étirements, plus surprenante encore. La louve se Regard façon
Ils jouent, se disputent dans de cu- des bâillements et des attitudes de met à grogner, puis se déplace rapide- Jim Brandenburg.
rieuses roulades sonores puis se cou- guet lorsqu’il entend le pic noir ou les ment pour aller hurler un peu plus loin Les graminées pré-
chent, tout en restant aux aguets. Les couinements de ses frères et sœurs avant de repasser devant moi en sentes dans cette
plus grands disparaissent parfois puis non loin de là. Puis, doucement, il se aboyant et en hurlant à nouveau. J’ar- éclaircie sont un
réapparaissent à 15 mètres, toujours lève et fait ses besoins sous mes yeux. rive à saisir cet instant. Il s’agit sans cauchemar pour la
dans les hautes herbes. Je fais un gros Je déclenche à nouveau. doute d’une stratégie de défense et de mise au point.
plan sur une tête qui me semble déme- Il décide de regagner la ligne de protection du territoire. S’ensuit une Canon EOS 5D Mk III,
surée… C’est grandiose! crête. Vingt minutes passent sans que symphonie de sons, accompagnés de 500 mm f/4 L IS USM,
à f/4, 1/2500 s,
j’aie la moindre nouvelle information. jappements, aboiements, hurlements 1250ISO, +1/3 IL
Effet de nombre M’a-t-il éventé? Sont-ils partis? Je ne et grondements.
Ce matin, je trouve la pente plus bouge pas. Derrière moi, à quarante Tout à coup, un hurlement beaucoup
dure que d’habitude. Les efforts de la mètres de distance, j’entends un plus guttural résonne à cinq reprises,
veille se paient. Je m’efforce d’être dis- aboiement rauque, adulte. Prévient-il espacées d’un silence impressionnant.
cret mais tous les vingt mètres, je m’ar- les jeunes de son arrivée ou les alerte- Puis retour au calme. Ni la louve, ni le
rête en scrutant l’horizon. Si les jeunes t-il de ma présence? loup alpha, pour cette fois, ne se révé-
sont là, les parents les ravitaillent. Et, Quelques secondes passent encore leront à nouveau à moi.
qui sait, la meute est peut-être consti- et un loup adulte magnifique passe en Sur l’instant, je suis resté figé, sans
tuée d’autres membres. trottinant à quarante mètres de moi. Il éprouver ni peur ni crainte, comme
Je ne suis plus qu’à quelques di- s’immobilise un court instant en me re- ébloui, fasciné, hypnotisé. Ces hurle-
zaines de mètres de mon poste d’affût gardant. Je reconnais immédiatement ments pleins de force et de vie réson-
quand, dans les herbes hautes jaunies la robe de la louve adulte aux oreilles nent à jamais dans ma mémoire.
par le soleil, j’aperçois deux oreilles et rongées que j’ai photographiée il y a
une masse plus sombre immobile. Un deux jours en train de poursuivre une Lieu de rendez-vous
jeune est là qui m’observe. Je reste en biche. La voilà qui repart dans la direc- Ma clairière est très isolée et bien
équilibre sur une jambe un moment. À tion des jeunes. J’imagine qu’elle les a protégée des regards indiscrets et des
main levée je fais deux ou trois photos, surpris car trois des quatre louveteaux lanceurs d’alerte mal intentionnés. Elle
avant sa fuite probable. Mais non, il ne accourent vers moi. Moment rare, je représente sans doute ce que les lupo-
bouge pas; je décide alors de poser décide de photographier celui sur la logues confirmés appellent un “lieu de
mon deuxième pied et mon trépied sur crête, quand les deux autres passent rendez-vous”. Les louveteaux y sont
le sol pour assurer une meilleure stabi- en courant à cinq mètres de moi en stationnés, gardés souvent par un
lité et mise au point. m’ignorant complètement. membre plus âgé de la famille, pen-

Un homme, des loups, le Ventoux | Nicolas Ughetto


dant que le reste de la meute chasse. petits (mais où est le quatrième?), pré-
Sensation étrange d’être pisté par cédés de la louve aux oreilles rongées
ceux que je piste. À chaque ascension et d’un imposant loup adulte. Impossi-
vers cette clairière, je m’arrête toujours ble de faire une photo, la scène est
au même endroit pour souffler un peu trop rapide, mais quel cadeau merveil-
et sortir mon 500 mm f/4 du sac à dos. leux: je viens de voir cinq loups à sept
Et ce matin, au mètre près, de magni- kilomètres de chez moi!
fiques fèces très fraîches sont là pour Je revis la scène quand, à quatre-
me signaler que je pénètre en terrain vingts mètres, en ligne de crête, un
occupé. Il ou elle a dû remonter ma mouvement attire mon attention. Si-
voie ou m’observer afin de marquer cet multanément, je débloque le frein de
emplacement précis. rotule et je pointe l’objectif dans la di-
rection. Sa masse imposante vient vers
Rencontre avec l’alpha moi. Premières photos. Il n’est plus
On entend souvent que le désert cy- qu’à quarante mètres, il s’immobilise
négétique succède à la présence du sur la crête et me regarde puis se re-
loup. Que les mouflons disparaissent met en marche rapide.
de la montagne, que les autres grands Je vois alors fondre vers lui un de
mammifères se regroupent par di- ses jeunes. Il se précipite au niveau de
zaines ou au contraire se dispersent sa gueule pour, je pense, lui quéman-
dans la plaine. Mes observations dé- der de la nourriture. Ce grand loup
mentent complètement ces légendes. mâle qui tantôt conduisait la meute est
Bien loin de les exterminer, le loup en- maintenant en pleine course et re-
sauvage les autres espèces et les rend pousse les avances du jeune en lui
ainsi moins vulnérables. Sa présence montrant les crocs. Je déclenche.
affûte leur méfiance et celles qui ne sa- Je me suis longtemps demandé s’il
vent pas s’adapter sont sans doute les fallait montrer cette photo car elle est à
premières condamnées. Ne dit-on pas mon avis à double sens: un document
que “la grâce des chevreuils est un ca- exceptionnel pour moi mais qui peut
deau des loups” (2) ? faire peur, déranger certains et servir la
Ci dessus, de haut en bas
Ce matin-là, mon ascension de près mauvaise cause. Pourtant, dans cette
Photo à main levée de la femelle en action de chasse.
d’une heure et demie ne me paraît du- scène, pas d’agressivité envers son
Canon EOS 5D Mk III, 500mm f/4, à f/4, 1/1000s, 1250ISO, -1/3IL
rer que quinze minutes. Je ne souffre jeune ni envers le photographe, seule-
Sur écoute. pas, comme les jours précédents des ment un rappel à l’ordre et peut-être un
Canon EOS 5D Mk III, 500mm f/4, à f/4,5, 1/5000s, 1000ISO, +2/3IL dix kilos de mon fardeau, tant mon avertissement pour le danger que
esprit est occupé à estimer le nombre constitue ma présence.
d’heures que j’ai passé à attendre et Un de mes plus grands rêves vient
Grande photo observer: déjà 180 heureset le comp- de se réaliser: j’ai croisé une meute de
Le mâle alpha, droit dans les yeux, en ligne de crête. teur va encore tourner! loups dans le Ventoux. J’ai aussi eu la
Canon EOS 5D Mk III, 500mm f/4, à f/4, 1/8000s, 1000ISO, +1/3IL C’est par un grand ciel bleu et une chance de filmer bon nombre de sé-
matinée très calme sans aucun vent quences; mon prochain film en témoi-
que je m’apprête à faire la rencontre du gnera… Depuis ces rencontres aoû-
Ci dessous mâle dominant. J’entraperçois d’abord tiennes, la chasse est ouverte et mes
Séquence de réprimande du mâle alpha envers un de ses jeunes. toute la meute en file indienne: trois acteurs se font bien plus discrets. Ils
Canon EOS 5D Mk III, 500mm f/4, à f/4, 1/8000s, 1000ISO, +1/3IL pourraient faire de plus mauvaises ren-
contres que celles du photographe. Il
suffit de lire la presse locale ou natio-
nale pour prendre conscience de ce
qui les attend.
Le retour naturel du loup dans le
Ventoux, on le doit aux hommes qui
ont repensé le boisement du massif et
ont multiplié les lâchers de cerfs, che-
vreuils, mouflons. Des pensées traver-
sent mon esprit: quelles seraient la va-
leur et la crédibilité de notre futur Parc
Naturel Régional Ventoux sans le main-
tien du loup? Aux yeux de certains, le
sauvage dégrade et le domestique
aménage. Pour moi, le retour du loup,
c’est une récompense que la Nature a
décernée à la montagne. Gardons à
tout prix ce labeldu Ventoux sauvage!
Nicolas Ughetto
(1) Baptiste Morizot, Sur la piste animale, Actes Sud, 2018
(2) Baptiste Morizot, Rencontres animales - Voir un loup
d’homme à homme, revue Vacarme n°70, janvier 2015

Nicolas Ughetto organise des stages photo dans le Ven-


toux. Plus d’infos sur www.nicolas-ughetto.com

Nat’Images
Un homme, des loups, le Ventoux | Nicolas Ughetto
Massif de Belledonne

Durant plus de sept ans,


Sébastien De Danieli
a suivi le retour du loup
dans le massif
de Belledonne.
Une immersion dans
l’intimité des Alpes
sauvages pour une
48 rencontre inoubliable.

Un loup adulte vient de franchir la barrière infrarouge, novembre 2017, Massif de Belledonne.
Canon EOS 1200D, 18-55 mm f/3,5-5,6 à 18 mm, f/8, 1/160 s, 400 ISO et flashs Nikon SB-28

Nat’Images
49

Nat’Images
Un subadulte remonte une coulée où j’avais placé l’un de mes appareils, février 2018, Massif de Belledonne.
Canon EOS 1200D, 18-55 mm f/3,5-5,6 à 24 mm, f/10, 1/30 s, 400 ISO et flashs Nikon SB-24
50
Vue sur une partie de la chaîne de Belledonne au début de l’hiver, janvier 2017.
Nikon D500, 16-80 mm f/2,8-4 à 40 mm, f/8, 1/160 s, 800 ISO

Nat’Images
Même endroit que l’image de mien quand j’ai parcouru forêts et Premières prises
gauche, mais cette fois-ci la proie montagnes, sept années durant, pour 51
précède le prédateur… Les premières tentatives de pié-
Février 2018, Massif de Belledonne. photographier cette espèce. geage sont décevantes à tout point
Canon EOS 1200D, 18-55 mm f/3,5- Les informations collectées sur le de vue. J’ai des progrès à faire sur
5,6 à 24 mm, f/10, 1/30 s, 400 ISO terrain m’ont permis de comprendre tout, de la technique de pose à l’auto-
et flashs Nikon SB-24 comment les loups exploitent leur ter- nomie des boîtiers. Il faut aussi que je
ritoire en fonction d’une multitude de trouve le moyen de réduire la buée
facteurs. À mesure qu’avançait ce qui s’accumule sur les filtres de mes
projet photographique, j’ai pu consta- caissons. Un détail qui paraît anodin,
ter une certaine évolution dans ma mais qui peut compromettre grande-
manière d’appréhender la nature qui ment la réussite des images. Cette
Au départ, je m’étais dit que ce
m’entoure. Je suis devenu plus atten- buée est encore plus difficile à gérer
serait peut-être un sujet photo
tif à certains détails qui peuvent dans les forêts et milieux d’altitude où
comme les autres. Enfin… presque
s’avérer capitaux dans une quête l’amplitude thermique et l’humidité
comme les autres. Car quand on
comme celle-ci: un rocher couvert de varient énormément à quelques
choisit de s’attaquer au loup, on
mousse dont la couleur vire au jaune, heures d’intervalle.
s’aperçoit très vite que l’on entre
dans une autre dimension. quelques herbes arrachées au sol, Mais une fois ces problèmes ré-
etc. Autant d’indices infimes qui tra- glés, j’obtiens mes premières prises
À la rencontre du mythe hissent pourtant la présence d’un et je sens que je suis proche du but.
prédateur ayant marqué son territoire. Cerfs, renards, chamois… J’accu-
Le loup fait partie des rares es-
pèces à incarner une forme de repré- Aussi indirects soient-ils, d’autres mule les images et le matériel me
sentation symbolique du sauvage, éléments, comme les stades de crois- donne satisfaction quelles que soient
ancrée depuis longtemps dans notre sance de la végétation, me sont utiles les conditions. En plus, j’ai réussi à
imaginaire. Et puis, il faut bien pour songer à anticiper la présence faire collaborer les frères ennemis:
l’avouer, il n’usurpe pas son statut de de loups sur tel ou tel secteur. Pour- l’autonomie de mes vieux flashs Ni-
super-prédateur. Contrairement à quoi s’intéresser à la verdure quand kon tient la route et les boîtiers Canon
nous, pauvres humains, cette espèce on cherche un carnivore? C’est une font le travail même quand le mercure
a su garder et développer tous ses évidence: la proie favorite des descend bien en dessous de zéro!
sens pour survivre et reconquérir peu meutes que je tente de suivre est le Il ne me reste donc plus qu’à
à peu le territoire. Impossible de résu- cerf, un grand amateur de prairies et patienter. Pour augmenter mes
mer ce phénomène en quelques mots autres pelouses d’altitude. Suivez les chances, je complète mon équipe-
mais cela vous donne déjà une idée proies, vous trouverez le prédateur! ment au fil des mois et finis par utili-
de la situation à laquelle j’étais Le moindre détail compte quand on ser jusqu’à trois reflex complets que
confronté et du sentiment qui était le cherche l’introuvable. je répartis sur le terrain en fonction

Loups | Sébastien De Danieli


52

des opportunités et du passage Cela fait exactement un mois que je ble diversité dont regorgent les forêts
estimé des animaux. Tout cela finira n’ai pas relevé ce piège. Je fais défiler environnantes.
bien par payer. les images et à la cinquième mon re-
gard se fige. Cette “quête des ombres” m’a per-
mis de redécouvrir mon terrain et d’en
Le Graal Je n’y crois pas: un loup, enfin!
Les flashs ont parfaitement fonc- apprendre davantage sur les milieux
Un matin du mois de mai, je re- qui m’entourent… et je crois que ce
monte changer les piles et cartes tionné, point de buée.
n’est que le début. Mais n’allez pas
mémoire sur l’un de mes pièges. Ma surprise est encore plus grande croire que j’obtiens des images de
Celui-ci est en place depuis plusieurs lorsqu’à mon retour à la maison, je loup toutes les semaines: quand j’en
mois sur une zone de passage où découvre sur l’écran de mon ordina- ai une par mois, c’est presque l’apo-
j’avais relevé la trace de trois loups teur qu’il n’y a pas un mais deux théose! Voilà donc encore de quoi
l’hiver précédent. loups sur la photo! Dans l’euphorie, m’occuper quelques années…
À mon arrivée, comme à chaque je n’avais pas vu le deuxième loup
relève de piège, je croise les doigts moins éclairé et situé en arrière-plan. Sébastien De Danieli
pour avoir enfin une image de loup. Ma patience a fini par payer.
En ouvrant le caisson étanche du Les saisons s’écoulent et je com- Retrouvez les images
boîtier, celui-ci affiche sept photos. mence à accumuler les images. de Sébastien dans son nouveau
C’est maigre, mais il faut savoir que la Les métadonnées me permettent de livre Comme une ombre et sur son
fréquence de passage (tous animaux constater que prédateurs et proies se site www.sebastiendedanieli.com
confondus) sur ces zones n’est pas croisent parfois à quelques minutes
beaucoup plus élevée. d’intervalle. Je mesure aussi l’incroya-

Nat’Images
53

Ci-dessus–
Enfin ma première image de loup…s !
Mai 2014, Massif de Belledonne.
Nikon D200, 18-35 mm f/3,5-4,5 à 24 mm,
f/9, 200 ISO et flashs Nikon SB-24
Ci-contre–
Installation et derniers ajustements du
matériel sur le terrain avant l’hiver.
Octobre 2017, Massif de Belledonne.

Matériel utilisé–
Nikon D200, Canon EOS 1200D, Nikkor 16-
35mm f/3,5-4,5, Canon 18-55 mm f/3,5-5,6,
caissons étanches “faits maison” pour boîtiers
et flashs, flashs Nikon SB 24/25/28, barrière
infrarouge TrailMaster.

Loups | Sébastien De Danieli


Florent Nicolas Colombie-Britannique

Un loup
pas comme les autres Forêt pluviale
du Grand Ours

Le loup est généralement connu pour sa capacité


à s’adapter à de nouveaux territoires voire à de nouvelles proies.
Dans la région du Grand Ours, en Colombie-Britannique,
les loups côtiers (ou loups de mer) en sont un excellent exemple.
Ils ont conquis de nombreuses îles de la côte ouest du Canada.

L’océan Pacifique est une source


incroyable de nourriture pour de nom-
breux grands prédateurs de la région
du Grand Ours: les mammifères ma-
rins tels les cétacés, les phoques ou
les lions de mer mais aussi les ours
qui viennent se nourrir de saumons
durant les quelques semaines de pé-
riode de fraie. Mais un autre prédateur
vivant sur ces îles isolées en extrait
ses proies. À marée basse, il n’est pas
rare d’observer sur la vase de certains
estuaires ou le sable de quelques
54 plages des empreintes… de loup.

Vous avez dit loup de mer?


Même si les meutes de loups cô-
tiers passent la majeure partie de leur
temps dans la forêt dense, elles en
sortent pour rejoindre l’océan et s’y
nourrir. Les palourdes et autres fruits
de mer, les cadavres de mammifères
marins ou même les œufs de harengs
et les saumons constituent l’essentiel
de leur régime alimentaire. À l’inverse la forêt, ou se lever tôt pour observer Mais les organisations de protection Ci-dessus –
des loups gris continentaux, les loups fugacement leurs formes en mouve- de l’environnement, soutenues par la La côte de la ré-
côtiers se nourrissent majoritairement ment le long de l’océan. Mes amis population autochtone, font face. gion du Grand
de proies marines; le gibier est donc m’ont raconté de nombreuses his- Ours est compo-
une source moindre d’énergie. Protéger les loups côtiers et, au-
toires sur les loups côtiers qui m’ont delà, tous les prédateurs dépendant sée de nombreux
C’est grâce au soutien de commu- donné envie de les photographier… des ressources marines est une vraie bras de mer et
nautés autochtones que des scienti- longtemps en vain. leçon d’écologie: il faut d’abord pré- d’îles couvertes
fiques canadiens ont pu mener des server l’ensemble de cette côte et d’une forêt plu-
recherches sur ces loups fortement Une espèce à protéger donc les nombreux écosystèmes viale. Les loups
liés à l’environnement marin. Il s’agi- Même si ces loups côtiers évoluent côtiers n’hésitent
qu’elle abrite. Le passage de navires
rait même d’une sous-espèce. Les dans une région reculée qui est le ter- pas à nager d’une
de grande taille ou même de barges île à l’autre.
loups continentaux sont plus massifs ritoire d’une poignée de communau- tractées par des remorqueurs dans
et ont des pattes plus longues qui leur tés de Premières Nations (ndlr – les ces eaux dangereuses pourrait
Drone DJI, 4,5 mm,
peuples autochtones canadiens), leur f/2,6, 1/1000 s,
permettraient de se déplacer plus ra- conduire à des accidents maritimes 100ISO
pidement pour chasser du gros gibier. futur n’est pas clair. La chasse aux dont les conséquences écologiques
Au fil de mes nombreux voyages trophées sévit toujours. Ours et loups seraient potentiellement dramatiques.
dans la région du Grand Ours pour sont menacés mais les communautés Les exemples en la matière sont,
travailler sur les mammifères marins et locales essaient de les protéger sur hélas, légion.
rendre visite à mes amis, j’ai constaté leur territoire.
que ces loups côtiers étaient très sou- Par ailleurs, depuis plusieurs an- Florent Nicolas
vent dans les alentours. Il suffit de ten- nées, de nombreux projets liés au www.florent-nicolas.com
dre l’oreille la nuit pour entendre le transport des produits pétroliers par
hurlement des meutes résonner dans voie maritime tentent de voir le jour.

Nat’Images
Ci-dessus et en haut – Ci-contre, de haut en bas –
Un loup solitaire, probablement un éclai- Image typique d’un loup côtier en quête
reur pour le reste de la meute. de nourriture le long d’un bras de mer.
Sony A77 II, 300 mm, f/14, 1/400 s, 100 ISO Sony A99 II, 400 mm, f/4,5, 1/400 s, 100 ISO
Il m’aura fallu plusieurs voyages et tenta- À l’inverse des précédents loups rencon-
tives pour trouver puis passer du temps trés, ces deux-là étaient curieux et n’hé-
avec une meute de loups côtiers. sitaient pas à s’approcher.
Sony A99 II, 300 mm, f/6,6, 1/80 s, 100 ISO Sony A99 II, 300 mm, f/2,8, 1/100 s, 5000 ISO

Nat’Images
J’observais un jeune mâle en train de
manger le peu de viande qui restait sur
une carcasse. Soudain, je le vois lever la
tête, regarder derrière et délaisser son
repas. Je jette un œil sur la gauche et
aperçois ce gros mâle sortant de la fo-
rêt, attiré lui aussi par la carcasse. L’un
des ours les plus imposants qu’il m’ait
été donné de voir sur ce site.
Canon EOS-1D Mark IV, 700 mm, f/5,6,
1/800 s, 640 ISO

Nat’Images
Russie

Suède

Finlande

57

Christophe Perelle

Les ours bruns


du no man’s land
Nombreux sont les photographes animaliers à mettre
le cap vers le nord de l’Europe, dans ces territoires
reculés où certaines espèces prospèrent à l’état sauvage
sans subir la pression de l’homme. C’est dans une région
tampon, à la frontière entre la Finlande et la Russie, que
Christophe Perelle se rend chaque année depuis dix ans
pour photographier son sujet fétiche : l’ours brun.

Nat’Images
58
Nat’Images – À quelle occasion Finlande, c’est très peu en comparai- sont sur leur propriété et demandent Ci-dessus –
as-tu commencé à photographier son des gloutons, loups ou lynx. Mais des autorisations renouvelables Lumière douce,
l’ours brun? ce sont les plus faciles à voir. On les chaque année pour installer des affûts magnifique contre-
Christophe Perelle – Je travaillais trouve en zone de nourrissage. Sur un dans le no man’s land. Les affûts sont jour orangé, beau
avec l’association Regard du Vivant des sites, le guide fait ça depuis vingt prévus pour deux personnes en géné- reflet sur l’eau…
sur la Finlande. Lors de mon premier ans environ. Je suis allé sur quatre ral, ils disposent de nombreuses fenê- Je sais que ça ne
voyage, j’ai accompagné Thomas Ro- sites différents et on n’observe pas du tres, de banquettes pour dormir, de va pas durer : en
ger pour faire du repérage avec un tout les mêmes comportements. Tout toilettes sèches parfois et d’une mode suivi, avec
au nord du no man’s land, zone tam- grande cheminée pour évacuer les le collimateur sur
groupe. Depuis, je guide régulière-
pon à la frontière de la Finlande et de odeurs – un système mis en place par la tête et après
ment des séjours, au moins un par an
la Russie, il n’y a pas de chasse, ce un photographe finlandais, Eero Ke- avoir sous-exposé
à différentes saisons, du début du de deux diaphs, je
printemps jusqu’à juin et aussi en été. qui fait qu’on trouve beaucoup de fe- milä, il y a plus de trente ans quand il
melles avec les oursons. Dans d’au- a commencé sa quête de l’ours. Il a déclenche une ra-
Ces stages ont-ils uniquement tres secteurs, on verra des grands d’abord construit des affûts dans les fale. J’ai bien fait
pour but de photographier l’ours? de prendre plu-
mâles passer et peu de femelles. Au arbres pour finalement les disposer au
sieurs vues car le
Non, bien sûr. Fin avril-début mai, sud de la Finlande, on trouvera davan- sol avec des cheminées.
contre-jour a posé
en plus du réveil des ours, on va sur tage de gloutons et peu d’ours. Les quelques soucis à
deux espèces cohabitent assez mal. Dans quelles conditions vivent les
des sites de gloutons, sur des pa- oursen Finlande? mon autofocus.
rades de tétras-lyres et de grands té- Elles se partagent le territoire à tour de
Canon EOS-1D
tras. En juin-juillet, on continue de voir rôle en s’évitant. On verra donc l’une Les animaux vivent à l’état sauvage Mark IV, 500 mm,
des gloutons mais aussi des loups et ou l’autre. sur une bande de dix kilomètres de f/4, 1/1300 s,
quelques oiseaux qui paradent en- large à la frontière avec la Russie. Une 800ISO
Comment s’organisent les affûts? zone que l’homme fréquente peu. Il
core, comme les plongeons. C’est
également la période de reproduction Sur chaque site se trouvent plu- n’y a pas de chasse et rien n’est clô-
pour l’ours. sieurs zones: tourbières, forêts, points turé. Il faut se munir d’autorisations
d’eau. C’est idéal pour profiter des re- pour y pénétrer et prévenir les autori-
Toutes tes photos ont-elles été flets et varier les prises de vues. Il y a tés quand on s’y rend. S’ils ne sont
réalisées en affût payant? des affûts meilleurs que d’autres. Cer- pas déjà dans le secteur, il faut parfois
Oui, en passant par des guides lo- tains sont moins bien entretenus ou attendre deux ou trois heures avant de
caux. C’est impossible de faire des moins bien aménagés. C’est impor- voir les premiers ours. En dehors du
photos d’ours à moins d’y vivre en tant de pouvoir traiter avec les guides no man’s land, les ours sont chassés
permanence. Il n’y en a que 1500 en et leur suggérer des améliorations. Ils et restent craintifs quand ils entendent

Nat’Images
du bruit. Les affûts ne font pas tout, Ci-contre –
cela reste des animaux sauvages. Sur Sur cette zone de
les 1500 ours que compte la Finlande, passage, les ours
10 % sont prélevés tous les ans. Les restent peu long-
élevages de rennes se trouvent au temps, il faut
Nord, les rennes sauvages au Sud, la donc se tenir prêt.
chasse se pratique donc au Sud. Les Celui-ci renifle un
ours vont davantage hiberner du côté tronc contre le-
russe mais ils y subissent le bracon- quel un gros mâle
nage; les éleveurs n’aiment pas les vient tout juste de
voir rôder dans leur zone. Du côté fin- se frotter.
landais, la chasse est davantage ré- Canon EOS-1D
glementée que du côté russe. En tant Mark IV, 200 mm,
f/4, 1/320 s,
qu’habitué, c’est toujours rassurant de 1000ISO
revoir les vieux mâles sur les sites
d’une année à l’autre.
On peut dire que l’ours est devenu
ta spécialité, non?
C’est vrai que depuis 2009 je me
suis constitué une photothèque impor-
tante et comme on a de bons
contacts avec les guides, on discute
avec eux pour orienter les affûts diffé-
remment et ainsi varier les prises de
vues. L’expérience fait que l’on peut
suivre aussi les animaux au fil du Ci-contre –
temps. Les vieux mâles reviennent sur Ce gros mâle est
les mêmes zones; on observe l’évolu- si près de mon af-
tion des jeunes; on arrive facilement à fût que je l’en-
les distinguer. C’est pour cela que je tends respirer.
fais des portraits des différents ours, Impressionnant.
pour mettre l’accent sur leurs carac- Je décide de pro-
tères spécifiques. Les petits mâles fiter de sa position
sont de couleur assez foncée, les fe- semi-cachée pour
melles plus claires. En les observant, faire des gros
on se prend à se demander ce que plans en montant
deviendra tel petit au caractère agres- un multiplicateur
sur mon 500 mm.
sif quand il sera adulte. On ne peut
Mon modèle tient
s’empêcher de faire des parallèles
la pose mais re-
avec l’homme. lève la tête de
Que recherches-tu d’un point de temps en temps
vue photographique? lorsqu’il entend
les déclenche-
Les premières fois je photographiais ments.
tout ce qui se présentait, aujourd’hui
Canon EOS-1D
j’essaie de capter des attitudes nou- Mark IV, 500 mm +
velles, d’opérer un véritable suivi. En multiplicateur x1,4,
plus, les affûts évoluent et disposent soit 700 mm, f/5,6,
maintenant d’ouvertures au ras du sol, 1/125 s, 800ISO
ce qui m’a permis de faire les photos
d’oursons dans des conditions rares.
Quels sont les moments propices
pour photographier?
De la fin de journée jusqu’au petit
matin. On profite alors des ambiances
de brumes ou de soleil couchant. En
été, on rentre dans les affûts à
4 heures de l’après-midi et on ressort
le lendemain à 8 heures. De toute fa-
çon, la journée, les ours se mettent à
l’écart pour se reposer. L’autre intérêt
de l’été, c’est qu’il n’y a pratiquement
plus de nuit. Certes la luminosité dimi-
nue, mais les performances des boî-
tiers actuels permettent de faire de la
photo tout le temps, ce qui n’était pas
le cas il y a dix ans. La qualité ne ces-
sant de s’améliorer, on ne peut s’em-
60

Nat’Images
Page de gauche, série pêcher de renouveler ses photos.
de quatre photos – C’est un cycle sans fin mais tellement
Les oursons s’ap- passionnant qu’on ne se lasse jamais.
prochent de l’affût
puis commencent À propos de matériel photo, avec
à jouer, se roulent quoi travailles-tu?
par terre, se mor- Je fais mes prises de vues au
dent, se dressent. 500 mm en général, mais sur les sites
Les ouvertures au forestiers où les animaux s’appro-
ras du sol m’of- chent assez près, je passe au 70-
frent un angle de 200 mm ou au 17-40 mm. Il arrive par-
vue assez incroya-
fois qu’on se retrouve en forte
ble, et les images
proximité avec l’animal. Mais les
s’enchaînent à une
vitesse folle.
zones d’affût tendent à être protégées
par des barrières électriques pour évi-
Canon EOS-1D Mk
IV, 500 mm, f/4, ter les accidents.
1/1000 s, 800ISO
Quels sont tes projets à venir au-
tour de l’ours?
Je compte me rendre en Roumanie
pour guider un autre voyage avec
l’agence Terres oubliées. Avec les an-
nées j’ai acquis une grande connais-
Page de gauche, sance de l’espèce, qu’elle évolue
en bas – dans les forêts finlandaises, les Car-
Ce site est propice pates ou les Pyrénées. Et j’ai pu
à l’observation de constater que si les ours sont peu
femelles accom- nombreux en Finlande, la cohabitation
pagnées d’our- avec l’homme se passe mieux que
sons. Au-delà des chez nous…
photos, c’est tou-
jours un plaisir, en Propos recueillis
tant que natura- par Frédéric Polvet
liste, de voir leurs
comportements. http://christophe.perelle.free.fr/
Canon EOS-1D 61
Mark IV, 260 mm,
f/4, 1/800 s, 800 ISO

Ci-dessus –
Les reflets sur l’eau sont l’occasion de
basculer mon appareil à la verticale pour
faire mes prises de vues, tout en conser-
vant juste ce qu’il faut de végétation au-
tour du sujet.
Canon EOS-1D Mark IV, 500 mm, f/4,
1/400s, 800 ISO

Ci-contre –
Cela fait maintenant plus de trois heures
que je suis dans l’affût, j’ai vu briève-
ment passer un ours au loin. Il est
20 heures et je sais que ça va commen-
cer à bouger un peu. Quelques minutes
plus tard, trois jeunes ours passent de-
vant mon affût. Ils sont sur la défensive
car cet adulte les observe au loin.
Canon EOS-5D Mark II, 500 mm, f/4,
1/125s, 1600 ISO

L e s o u r s b r u n s d u n o m a n ’s l a n d | C h r i s t o p h e P e r e l l e
Louis-Marie Préau

Alaska, territoire
des pygargues
Le majestueux pygargue à tête blanche règne dans le
ciel du Nouveau Monde, mais c’est dans l’État d’Alaska
que l’on trouve les spécimens les plus impressionnants.
Louis-Marie Préau est allé à la rencontre du magnifique
rapace au plus fort de l’hiver nord-américain.

Nat’Images
En bordure du littoral,
de nombreux oiseaux
se rassemblent pour
passer l’hiver.
L’eau n’est jamais
complètement gelée
et les proies y sont
davantage disponibles.
Canon EOS-1Ds Mk III,
70-200 mm f/2,8 IS à
115 mm, f/3,5, 1/800 s,
400 ISO

63

Nat’Images
Nat’Images – L’Alaska fait figure Skilak n’est jamais complètement ge- du voyage, mais il est indispensable Ci-dessous –
d’aubaine lorsqu’on est, comme toi, lée, ce qui attire les aigles qui viennent car les routes sont souvent gelées. À la recherche de
avide de territoire sauvage. Où t’es- s’y nourrir de saumons mais aussi de Ensuite, une fois à Homer, on peut se nourriture, l’aigle
tu rendu précisément pour photogra- charognes. Ils ne sont pas très crain- loger pour pas cher. pêcheur vole au-
phier le pygargue? tifs et se laissent approcher à une dessus de la ri-
vingtaine de mètres. Ils ne sont pas À regarder tes photos, il semble
Louis-Marie Préau - Je suis parti au vière Kenai partiel-
chassés et sont imprégnés à force que les pygargues se laissent photo- lement gelée.
mois de février. Or, à cette période en graphier aisément. Est-ce le cas?
Alaska, il y a peu d’endroits où l’on de nourrissage. Canon EOS-1Ds
peut se rendre. Je suis allé dans la pé- En suivant la rivière, on pouvait ob- Mark III, 500 mm f/4
Comment t’es-tu documenté pour server quelques pygargues dans les IS à f/5, 1/640 s,
ninsule de Kenai, au Sud, juste avant savoir où les photographier dans de 400 ISO
les îles Aléoutiennes. Là, on peut em- arbres. Ils se rassemblent autour de
bonnes conditions? gros saumons sur la banquise, vien-
prunter une route dégagée et entrete-
nue, mais les grands parcs alentour Je m’étais renseigné auprès de nent se servir mais font des pauses
sont fermés. Quand on va tout au bout ceux qui les avaient approchés. Le en se perchant dans les arbres. On
de la péninsule, on trouve un village photographe Patrice Aguilar, que je est vraiment seuls au monde. Sinon,
du nom de Homer. C’est là que je me connais, y était allé plusieurs années au bord de la mer, on circule pareil.
suis établi. auparavant et m’a indiqué quelques Cet aigle ne chasse pas comme le
bons spots pour les photographier. balbuzard pêcheur, il prend sa proie
Quel périple juste pour photogra- Le pygargue est plus petit dans le en surface sans rentrer dans l’eau.
phier un oiseau… Sud. Et les femelles, plus imposantes On peut aussi assister à des combats
Pas n’importe quel oiseau. Le py- que les mâles, peuvent atteindre en vol quand un individu emporte un
gargue a failli disparaître avant qu’une 2,40 m d’envergure et 5 à 6 kg. poisson. Et tout ça sans affût.
campagne de protection soit engagée
dans les années 1950: on les nourris- Se rendre sur place ne doit pas As-tu croisé beaucoup de photo-
sait pour doper la population. Celle-ci être simple… graphes venus pour le pygargue?
est remontée à 120000 couples et J’ai trouvé des billets d’avion pas On trouve quelques photographes
c’est en Alaska qu’on trouve la plus chers au départ de Paris. J’ai atterri américains mais j’ai évité de me mêler
forte concentration, notamment en hi- à Anchorage, puis j’ai fait 4 à 5 heures à eux, sachant qu’il n’y avait pas de
ver, avec 50000 couples. C’est pour- de route jusqu’à Homer à bord d’un difficulté à trouver d’autres pygargues
quoi je voulais m’y rendre depuis long- 4x4 que j’avais loué sur place. Le vé- ailleurs. La concentration est forte sur
temps. La rivière qui descend du lac hicule représente le plus gros budget cette péninsule en hiver.

Nat’Images
65
Ci-dessus –
Les cris très aigus
du pygargue per-
cent le silence de
l’hiver. Il s’agit
principalement de
cris territoriaux.
Canon EOS 5D,
70-200 mm f/2,8 IS
à 200 mm, f/4,
1/800s, 200 ISO

Ci-contre –
Par un froid ex-
trême, les oiseaux
effectuent, bien
malgré eux, de
belles chorégra-
phies en poursui-
vant celui qui a
trouvé un poisson.
Canon EOS-1Ds
Mark III, 500 mm f/4
IS à f/4, 1/1250 s,
400 ISO

Alaska, territoire des pygargues | Louis-Marie Préau


Face au Golfe de
Cook, dans l’océan
Pacifique nord, les
pygargues se repo-
sent et se nourrissent
à proximité de l’eau
encore vive.
Canon EOS-1Ds Mk III,
70-200 mm f/2,8 IS à
100 mm, f/6,3, 1/8 s,
400 ISO

66

Nat’Images
67

Alaska, territoire des pygargues | Louis-Marie Préau


Ci-contre –
Le regard semble
sévère mais il est
surtout très précis
et efficace pour
détecter le moin-
dre mouvement !
Canon EOS-1Ds
Mark III, 300 mm
f/2,8 IS à f/3,5,
1/1250 s, 400 ISO

Ci-dessous –
En hiver, les
pygargues sont
plutôt grégaires,
ce qui n’empêche
pas les combats
pour un bout
de nourriture.
Canon EOS-1Ds
Mark III, 300 mm
f/2,8 IS à f/4,5,
1/1000 s, 400 ISO

68

Nat’Images
même dans le désert. Les batteries Je ne fais plus de petits concours,
69
Ci-dessus – Combien de temps est-tu resté
Ce grand oiseau sur place? résistent moins bien en revanche. il y en a beaucoup. Ce n’est plus
atterrit toujours Une dizaine de jours. Les nuits sont Il faut en prévoir plusieurs. Idéale- intéressant en tant que pro, trop peu
face au vent longues à cette période, mais les ment, il faudrait un câble qui relierait de retombées. Avec le Wildlife je sens
et déploie toutes conditions étaient bonnes: peu de le boîtier à la batterie bien au chaud. la différence. Et puis je ne peux pas
ses plumes pour soleil et un peu de neige. Cependant, tout faire. Ça prend du temps de trier
le freinage.
Quelles sont les précautions tech- et d’envoyer.
les lumières étaient très changeantes. niques à prendre pour photographier
Canon EOS-1Ds
Mark III, 300 mm Avec quel matériel photo et quel un tel oiseau? Ton expérience et ta notoriété te
f/2,8 IS à f/3,5, équipement es-tu parti? Quand ils sont en vol, je reste en permettent de vivre pleinement de la
1/1000 s, 400 ISO
manuel. Je me cale sur l’oiseau et, photo. Quelle orientation a pris ta
Deux boîtiers Canon, un 500 mm, carrière?
un 70-200 mm et un 300 mm f/2,8, quel que soit le fond sur lequel il
mais j’ai très peu utilisé le 500 mm. passe, il reste bien exposé. Je travaille À une époque les magazines repré-
Une trop grande focale n’est pas avec le collimateur central, on ne sait sentaient 50 % de mes revenus, mais
adaptée si on veut inclure ce gros jamais de quel côté ça va arriver, cela a beaucoup baissé. Je travaille
oiseau dans le décor. Comme à mon quitte à recadrer après. Il y a tellement désormais avec le Parc naturel régio-
habitude, j’essaie de trouver des de pixels maintenant… on peut gom- nal Loire-Anjou-Touraine, le Conserva-
angles de vue assez dégagés. mer les défauts en réduisant l’image. toire du littoral, la Fondation Nicolas
La seule différence c’est le froid. Hulot… Et je suis en train de me for-
Quelles attitudes as-tu appréciées mer à la vidéo, c’est très demandé à
Il faut se placer de côté ou dos au en particulier?
vent, et comme ces oiseaux se posent l’heure actuelle. J’ai dû passer mon
Les combats, les prises de pattes diplôme drone professionnel pour
face au vent, c’est idéal. Il faut s’équi-
pour de la nourriture ou lors des pa- pouvoir vendre mes photos. J’ai opté
per comme dans le Grand Nord parce
rades où ils s’attrapent et se laissent pour un DJI Phantom 4 et commencé
qu’on reste longtemps sans bouger
tomber jusque très bas. C’est un oi- à réaliser de courtes séquences.
quand on fait des prises de vues.
seau assez grégaire, il y a donc beau-
Les températures descendaient Propos recueillis par Frédéric Polvet
coup d’interactions.
jusqu’à -20 °C: grosse doudoune à www.louismariepreau.com
capuche et surtout grosses chaus- À une époque, ton nom revenait
sures Sorel obligatoires. Le boîtier souvent dans les palmarès de
logeait dans une housse étanche clas- concours photo. Désormais il se fait
sique à scratchs que j’utilise partout, plus rare…

Alaska, territoire des pygargues | Louis-Marie Préau


Le temps suspendu Jean-Michel Lenoir
Îles Hébrides extérieures, mai 2017

Carte blanche
Au large de l’Écosse, l’île d’Harris s’étend
comme la dernière ceinture terrestre
avant l’Atlantique. Elle regorge de plages
où les éléments nous rappellent leur sou-

à l’eau pâle
veraineté. L’eau, le sable, le vent et la lu-
mière donnent vie à un spectacle sans
cesse renouvelé. Au rythme des marées,
les lignes se dessinent et s’effacent. Le
temps n’a pas de prise sur ces paysages
sublimés par la lumière et ses infinies
nuances. Je me souviens de cette soirée Le blanc transcende les paysages et donne accès
où la marée se retirait, laissant d’infimes à des images aussi abstraites qu’évocatrices.
traces sur le sable humide. Tout semblait
suspendu à la délicatesse des lignes, la Comme beaucoup de photographes avant lui,
douceur des couleurs et la sérénité du Jean-Michel Lenoir s’est laissé enivrer par ses nuances
moment.
Nikon D750, 24-70 mm f/2,8 à 50 mm, f/16,
et ses mystères. Dernier projet en date de l’auteur,
4 s, 80 ISO “Évanescences” fait rimer à merveille nature et épure.

Nat’Images
71

Nat’Images
“Évanescences” est une recherche le théâtre d’un merveilleux spectacle. neige, formaient un triptyque qui ne
personnelle sur les ambiances mini- J’ai alors pris conscience que la laissait rien supposer sur l’hétérogé-
malistes et les paysages épurés, force d’une ambiance ne dépend néité des lieux de prise de vue.
photographiés ici et là, depuis le pas pas de la taille du sujet dans le ca-
de ma porte jusqu’aux contrées du dre, bien au contraire. Au milieu des La voie de l’auteur
nord de l’Europe. Neige, glace et champs immaculés et de la douceur Au fil de mes pérégrinations, j’ai
brume forment l’âme de ce travail, le des courbes, les animaux semblaient cherché à varier les conditions des
fil conducteur de ce qui nourrit mon évoluer dans un immense jardin zen prises de vues, tout en maintenant
regard photographique depuis plu- à l’ambiance feutrée. Je n’oublierai une unité de tons et de lumières. Je
sieurs années. jamais cette matinée où, après une ne voulais pas me limiter aux seuls
Cette série d’images, qui prolonge nuit de tempête, les isards s’acti- sujets dans la neige et éviter de re-
mon précédent travail “Les âmes syl- vaient sur les crêtes. L’ambiance faire ce que certains font déjà si
vestres”, restitue une vision gra- était si minimaliste qu’elle en deve- bien. Associer des photos d’animaux
phique et esthétique de la nature. nait hypnotique. De brèves appari- à des paysages d’univers différents
Une manière d’aller à l’essentiel en tions sur les sommets m’invitaient tout en préservant une unité de style
ne retenant que certains éléments : dans ce rêve évanescent. Me remé- et de rendu est un exercice extrême-
esquisser le sujet plutôt que le dé- morant certaines images d’Art Wolfe, ment difficile et périlleux. J’ai cru à
crire. Les années passant, j’ai ten- je tentais de restituer cette beauté plusieurs reprises que je ne parvien-
dance à délaisser l’approche figura- simple et sereine. drais pas à réunir les bons ingré-
tive au profit d’une expression Plus tard, porté par cette envie dients de cette subtile recette.
contemplative. d’images simples et pures, j’ai dé- Le photographe doit baser sa dé-
cidé de transposer ce regard sur un marche sur sa propre sensibilité pour
Au commencement sujet qui me touche particulièrement : qu’elle reste personnelle. Voir cer-
La genèse de ce projet trouve son l’arbre. Ainsi, durant l’hiver 2014, je tains publier des images d’univers
origine en 2008 sur les pentes pyré- suis parti successivement dans le qui ne leur correspondent pas uni-
néennes. En quête de grands es- Jura puis en Finlande afin d’y cher- quement pour montrer qu’ils sont ca-
paces, j’allais à la rencontre des cher des ambiances et des lumières pables de faire aussi bien que les au-
isards au moment du rut (cf. N.I. de même nature. J’en suis revenu teurs qui les inspirent, m’a toujours
n° 12 – février/mars 2012). Les mon- avec plusieurs images fortes qui, jux- choqué. La profusion d’images de
tagnes saupoudrées de neige étaient taposées à celle de l’isard dans la paysages sur les réseaux sociaux en

72

Nat’Images
est l’exemple le plus criant. Tout le le dénominateur commun de ces cli- Ci-dessous –
monde copie tout le monde et inves- chés n’est autre que l’eau sous diffé- Lever de brume - Écosse, octobre 2015
tit les mêmes sites. Chacun tente de rentes formes. Dès lors, j’ai compris L’Écosse est pour moi le pays des mystères.
refaire la même image que les autres que je tenais une nouvelle source Plus j'y passe du temps, plus le lien qui a
et prend soin de bien préciser la lo- d’inspiration capable de créer le lien grandi naturellement au fil de mes voyages
calisation du site. Comme si cela entre les ambiances, les sujets (pay- se renforce. La dureté des conditions météo
donnait de la valeur à la photo. sages et animaux), les lieux. Je me me pousse à chercher des images diffé-
Nous avons tous des images qui suis tourné vers l’eau et la glace en rentes, à la fois sombres et pleines de séré-
nous inspirent, mais un travail d’au- interprétant des paysages, mêlant nité. Les ambiances brumeuses apparais-
teur est un long cheminement. La les matières en pose lente pour lais- sent comme une récompense pour les plus
ser place à l’imagination et à l’abs- endurants. Elles transportent dans un
personnalité de l’auteur doit transpa-
traction. Georges Duby ne disait-il monde de paysages évanescents, à mi-che-
raître dans chacune de ses photo-
pas que “le réel et l’imaginaire for- min entre rêve et réalité.
graphies. Lorsque j’ai décidé de vivre En Écosse, il est inutile de chercher la cha-
de ma passion il y a huit ans, j’ai eu ment un tout indissociable” ?
leur du soleil. Le ciel est souvent bas, chargé
le privilège de recevoir un prix au La brume – pour moi l’un des phé-
d’embruns ou de bruine. Pourtant cette terre
concours Wildlife Photographer of nomènes naturels les plus capti- aussi vaste que désolée regorge de lumières
the Year. Durant la cérémonie de re- vants – est devenue le fil conducteur à couper le souffle qui donnent une pureté
mise des prix, un photographe d’ex- de toutes ces images. Elle est l’éva- infinie aux paysages. Du nord au sud, d'est
périence m’a dit une chose que je nescence même, un élément insai- en ouest, le spectacle est omniprésent. No-
n’oublierai jamais : “Si tu veux percer, sissable et qui disparaît progressive- tre regard se perd dans ces vallées aux
ne fais pas ce que les autres font ment. Mais on peut étendre le terme formes harmonieuses où le temps a fait son
déjà, fais exactement le contraire et aux averses de neige qui estompent œuvre. Dans ces extraordinaires panoramas,
suis ton chemin”. J’ai donc puisé les lignes des arbres, à l’écume toute notion d’échelle devient relative.
dans ce que je suis capable d’expri- d’une vague qui déferle sur un ro- Comme le disait si bien Jean Giono,
mer de plus personnel et d’intime. cher, à l’eau qui court sous la glace “L’Écosse, c'est un pays que j'aime parce
d’une rivière ou encore à l’animal qu'il y a des mystères, il y a des pluies, il y a
Limpide comme l’eau claire dont les contours s’effacent pour se des brouillards, il y a très peu de population
Composer une série cohérente fondre dans le blanc… et il y a de grandes étendues vierges”.
m’a pris énormément de temps. J’ai Le blanc, cette somme de couleur Nikon D4, 70-200 mm f/2,8 à 200 mm, f/5,
d’abord dû prendre conscience que qui sublime la richesse des nuances 1/640 s, 100 ISO

73

Carte blanche à l’eau pâle | Jean-Michel Lenoir


74

Nat’Images
75

Carte blanche à l’eau pâle | Jean-Michel Lenoir


et révèle la douceur des contrastes, Double page précédente –
est le point commun des ambiances La fracture - Îles Lofoten, février 2017
feutrées que j’affectionne. Dans cet Le plus difficile en photo de paysages est de faire des images
univers monochrome, entre rêve et simples. L’approche minimaliste est souvent altérée par des
réalité, je contemple, observe et éléments qui parasitent l’harmonie d’une scène. J’aime poser
guette le moment ou la magie opère. mon regard sur ce que je considère comme des petits clins
Ces moments me portent vers une d’œil de la nature. Sur ce fjord gelé, la glace s’est étoilée sur un
vision très onirique de la nature, qui rocher sous l’effet de la marée. L’eau qui remonte en surface
me force à dépasser la réalité pour réfléchit le ciel plombé. Ce n’est presque rien et pourtant le
restituer des images différentes, où message est écrit sur la glace, comme une signature de l’hiver.
émergent l’émotion, la poésie, le Nikon D750, 70-200 mm f/2,8 à 185 mm, f/8, 1/100 s, 250 ISO
mystère. Et ce n’est pas le moindre
paradoxe que ces visions éphémères
donnent naissance à des créations
au caractère intemporel.
Jean-Michel Lenoir
Ci-dessous –
Quelques mots sur le matériel… Jardin zen - Jura, février 2014
Entre les premières images prises il y a J’ai rêvé cette image. Au détour d’une route, j’aperçois cette
dix ans et les dernières, mon matériel silhouette fragile dans un champ de neige peu avant le crépus-
photo a évolué. J’ai commencé avec un cule. La lumière déclinante me fait rapidement renoncer, mais je
reflex Nikon 24x36 associé à deux suis touché par la beauté simple de cet arbre, seul élément de
zooms 24-70 et 70-200 mm, puis je vie au creux de cette courbe savamment dessinée.
suis passé chez Fujifilm en faisant l’ac- Le lendemain, il neige à gros flocons… Durant près de deux
quisition d’un X-T2 puis d’un GFX 50s, heures je tente de capter la solitude de ce jeune frêne. La neige
deux boîtiers hybrides. Le gros avan- estompe les formes, simplement rehaussées par le nuage de
tage de l’hybride pour ce type d’images flocons. Mes premières images sont balbutiantes. Finalement
tient à la maîtrise de l’exposition des j’ose casser les codes de composition en cherchant la courbe
blancs avant la prise de vue. L’affichage la plus “ondulante” et en plaçant l’arbre en plein centre.
de l’histogramme dans le viseur est un Cette image a été le point de départ de mon travail sur l’éva-
confort indéniable qui apporte beau- nescence. Je salue ce fragile arbre, gardien de mon inspiration.
coup de réactivité sur le terrain. Nikon D4, 24-70 mm f/2,8 à 24 mm, f/4, 1/1250 s, 100 ISO

76

Nat’Images
77

Ci-dessus –
L’arbre est un sujet omniprésent dans
mes images de paysages. Il suscite chez
moi une attirance quasi magnétique. Dès
qu’une silhouette montre le bout de ses
branches, je ne peux m’empêcher de
m’approcher. Un peu comme des gar- Jean-Michel Lenoir expose
diens du temps, ils racontent l’histoire de sa série “Évanescence” à l’Espace
nos paysages. Beaucoup de symboles
DUPON (Paris 18e) jusqu’au
leur sont associés. Pour ma part, j’y vois
15 mars. L’exposition sera ensuite
la plénitude et l’équilibre. Les sublimer
présentée du 27 au 29 septembre
dans des ambiances de neige ou de
brume me procure beaucoup d’émo-
au Festiphoto de Rambouillet, puis
tions. Chaque rencontre est un prétexte du 18 novembre au 12 janvier 2020
à l’image créative : trouver le bon angle, à la galerie Équinoxe de Nantes.
chercher la juste proportion, etc. Une re- Vous pouvez retrouver
mise en question permanente qui éveille ses images et son actualité sur
le regard. www.jean-michel-lenoir.com

Carte blanche à l’eau pâle | Jean-Michel Lenoir


Joris Grenon

Le noir et le blanc, l’opposition parfaite, le tout et le rien… En photographie, le N&B serait plutôt syno-
nyme de mise en valeur et, dans le cas qui nous intéresse ici, de mise en valeur de nos amis à plumes.
Les nuances de gris se mélangent, s’entremêlent, créent et refaçonnent les images vues en couleur.
Parfois durcissant les contrastes, parfois adoucissant les traits, le N&B révèle les ambiances autant
que la personnalité du photographe.

Page de droite –
Quatuor d’images d’un petit gravelot
sur un sol craquelé par l’extrême sécheresse.

Canon EOS 7D, 300 mm f/2,8 à f/4, 1/800 s, 640 ISO

Ci-dessous – Canon EOS 7D, 300 mm f/2,8 à f/9, 1/1000 s, 200 ISO

Amerrissage du grand cormoran avant de monter Canon EOS 7D, 70-200 mm f/4 à 200 mm, f/9, 1/640 s, 200 ISO
sur un piquet pour passer la nuit.
78 Canon EOS 7D, 300 mm f/2,8 à f/9, 1/25 s, 100 ISO Canon EOS 7D, 70-200 mm f/4 à 163 mm, f/9, 1/640 s, 100 ISO
79
L’avantage du noir et blanc, c’est pèce qu’on croyait bien connaître donne un cachet “vintage” à une
qu’on peut y recourir à n’importe quel sous un jour inattendu, voire original. photo N&B. Par ailleurs, il est plus
moment, du matin au soir et du cré- Les nuances de gris du plumage peu- facile de jouer sur les textures, les
puscule à l’aube. Il peut même sauver vent par exemple révéler la com- contrastes et la luminosité d’un cli-
la sortie terrain du photographe qui plexité insoupçonnée d’une robe. ché monochrome. Plus sombre/plus
doit opérer en pleine journée. Quand clair, plus doux/plus brutal, le traite-
les lumières sont dures et blafardes, Le noir et blanc ment choisi reflétera a posteriori l’hu-
opter pour la prise de vue sans cou- au secours des images meur du photographe au moment de
leurs peut s’avérer judicieux. En effet, la prise de vue, chose difficile à faire
on peut jouer avec les fortes lumières Vous avez réalisé une belle photo avec une photo en couleurs, car le
et les zones d’ombre en poussant la d’oiseau en vol mais le fond n’est rendu se décide en majeure partie
molette d’exposition de l’appareil. pas terrible, le rendu trop contrasté, sur le terrain.
la couleur pas top ou la lumière
Du noir et blanc limite ? Hop, un clic sur le bouton de Quels oiseaux
dans les plumes conversion N&B de votre logiciel de pour cet exercice?
traitement et une image mono-
Le plumage des oiseaux a un effet chrome apparaît où les défauts de À vrai dire, tous conviennent. Cer-
attractif indéniable sur les photo- rendu sont gommés. tains se prêtent à la conversion plus
graphes, surtout en période nuptiale facilement que d’autres, les plus déli-
ou il se pare de ses plus belles cou- La technique ne fonctionne pas à cats à traiter restant ceux à fort
leurs. Paradoxalement, le noir et tous les coups et ne peut pas s’ap- contraste: les oiseaux noir et blanc,
blanc rehausse certains détails de la pliquer à une photo souffrant de dé- les tout blancs et les tout noirs. Le
robe des volatiles: des striures, des fauts techniques (mauvais cadrage, plus compliqué sera d’apporter du
points, des taches et autres subtilités problème de mise au point, etc.), détail dans le plumage et surtout de
qui ne seraient pas forcément visibles mais ayez le réflexe de la tester faire ressortir le sujet dans l’image.
sur une photo en couleurs. lorsque vous voulez sauver un cliché
Prenons par exemple l’aigrette gar-
Le N&B permet aussi de faire pas- auquel vous tenez. zette. Avec son plumage blanc et son
ser des émotions, d’accentuer les re- bec noir, on pourrait croire qu’elle a
gards des oiseaux, lesquels sont plus La beauté du noir et blanc été créée pour la photo N&B et qu’à
expressifs qu’on ne pourrait le croire. Si la présence de grain peut vite elle seule, elle fait déjà la moitié du
Il permet enfin de présenter une es- enlaidir une image en couleurs, elle boulot. Que nenni! Déjà il faut bien

Noir & blanc, calligraphie de plumes | Joris Grenon


Après une pêche fructueuse, la grande aigrette prend son envol.
Canon EOS 7D, 300 mm f/2,8 à f/10, 1/60 s, 100 ISO

80

Colibri tout-vert profitant d'une éclaircie pour se nourrir du nectar d'un albizia.
Canon EOS 7D, 300 mm f/2,8 à f/4, 1/1600 s, 800 ISO

Nat’Images
Le rossignol philomèle entonne un dernier chant avant d’entamer sa folle migration.
Canon EOS 7D, 300 mm f/2,8 à f/2,8, 1/800 s, 320 ISO

81

Échasse blanche recherchant frénétiquement sa nourriture dans les vases molles du marais.
Canon EOS 7D, 300 mm f/2,8 à f/9, 1/250 s, 200 ISO

Noir & blanc, calligraphie de plumes | Joris Grenon


82

Nat’Images
83
Ci-dessus – exposer le plumage qui aura ten- techniques, d’apporter sa vision de
Rossignol philomèle jouant dance à “cramer” avec la lumière et l’oiseau en tenant compte de son mi-
dans le feuillage entre ombre et lumière. ensuite prendre en compte l’environ- lieu, de la période. L’humeur et les en-
Canon EOS 7D, 300 mm f/2,8 nement dans lequel l’aigrette évolue. vies du photographe peuvent aussi
à f/2,8, 1/500 s, 320 ISO Car si le corps se détache bien, il transparaître dans ses choix. Souvent
n’est pas garanti qu’il en soit de on dit que le noir et blanc donne une
même pour le bec noir. En effet, si âme à la photographie, je trouve ça
l’arrière-plan est foncé, vous aurez un juste. L’émotion est mieux retranscrite
oiseau sans bec, ce qui n’est pas très et transmise. Mais, répétons-le, le
Page de gauche, en haut – esthétique. Le problème se pose de simple fait de passer un cliché en
Cache-cache avec l’échasse blanche la même manière pour les oiseaux N&B ne transformera jamais une
entre joncs et queues-de-lièvres. aux yeux noirs et au plumage som- mauvaise photo en chef-d’œuvre. Le
Canon EOS 7D, 300 mm f/2,8 bre: difficile de faire ressortir le re- travail réalisé à la prise de vue reste
à f/4, 1/800 s, 200 ISO gard. Il faut alors jouer des curseurs primordial.
en post-traitement. Malgré certaines réticences au dé-
Page de gauche, en bas – but, je n’hésite plus à transposer les
Pygargues de Steller et leur compagnon À chacun sa sensibilité oiseaux et leur environnement en noir
le corbeau à gros bec qui attend de pou- Pour ma part, je trouve plus judi- et blanc. Cela ouvre de nouvelles
voir chaparder quelques restes de repas. cieux de travailler en noir et blanc di- perspectives et un tout autre univers
Canon EOS 7D, 70-200 mm f/4 rectement à la prise de vue. Je à investiguer.
à 70 mm, f/10, 1/500 s, 200 ISO convertis une image en noir et blanc Tentez l’expérience, vous découvri-
uniquement quand la version couleur rez qu’il existe bien plus que cin-
me plaît mais que je sens qu’elle quante nuances de gris!
n’exprime pas tout son potentiel.
Joris Grenon
Quoi qu’il en soit, le choix du noir
et blanc en photographie ornitholo-
gique se fait en fonction de la sensibi- Retrouvez le photographe sur sa
lité de chacun. Il s’agit d’ajouter du page Facebook (Joris Grenon -
caractère au cliché, de faire ressortir Photographe Nature) et sur
un plumage parfois terni par d’autres joris-jo.wixsite.com/joris-grenon

Noir & blanc, calligraphie de plumes | Joris Grenon


Centre du Scamandre

Nat’Images
Clément & Julien Pappalardo

En tête à tête avec


le héron pourpré
Dans une roubine de la Camargue gardoise,
Clément et Julien Pappalardo ont eu la chance
de suivre une petite colonie de héron pourpré,
oiseau discret et méfiant qui ne s’est laissé
photographier qu’à l’issue d’une longue
partie de cache-cache. 85

Quand un héron pourpré se pose, il sur-


veille le plan d’eau pendant de longues
minutes. Il faut alors être patient, car le
moindre bruit le fera fuir… avec le risque
de ne plus le voir de la journée.
Canon EOS 7D Mark II, EF 400 mm f/2,8L
IS II USM à f/4, 1/160 s, 800 ISO

Nat’Images
Chanceux celui qui, au détour prises depuis la voiture, et l’angle de arbore un bec et des doigts plus longs Ci-dessous –
d’une balade près d’un étang, rencon- vue était loin d’être le plus esthétique. qui l’aident marcher sur la végétation. Grâce à ses
tre le héron pourpré. Car s’il apprécie C’est après moult repérages dans un longues pattes,
les mêmes plans d'eau que son cou- coin isolé que nous avons découvert Que d’eau, que d’eau… le héron pourpré
sin cendré, Ardea purpurea préfère une “roubine” (ndlr — terme camar- Rompus à de nombreuses tech- peut se déplacer
rester à couvert pour s’adonner à la guais pour définir un petit canal) bien niques photo, nos deux “frères des aisément sur la
pêche, se dissimulant dans la végéta- fréquentée, abritant une grosse colo- bois” ont dû faire appel à tout leur sa- végétation flot-
tion à l'image du butor étoilé. Le héron nie de 150 couples et, sur notre sec- voir-faire pour contourner les obsta- tante.
pourpré est difficile d'approche, mais teur, six individus différents, deux cou- cles et rapporter des images du héron Canon EOS 7D
son naturel craintif s’explique par les ples et deux jeunes.” pourpré. Faire des photos dans une Mark II, EF 400 mm
f/2,8L IS II USM à
menaces qui pèsent sur les zones hu- couche de vase d'une profondeur de f/4, 1/500 s, 400 ISO
mides couvertes de roseaux où il évo- Un cousin d’Afrique 1,50 m dont 30 cm d'eau peut vite de-
lue. On le trouve essentiellement dans Le héron pourpré est un oiseau au venir périlleux, les waders menaçant à
les grandes zones humides de Cha- plumage délicat, d’un élégant roux tout moment d'être inondées ou de
rente-Maritime, Languedoc-Rous- strié de noir et blanc. Son poids at- rester enlisées. À cet écueil s’ajoute
sillon, Dombes, Brenne, Loire-Atlan- teint environ 1,5 kg et son envergure celui des roseaux qui viennent réguliè-
tique, Vendée et Camargue. La presque 1,50 m, ce qui en fait l’un des rement s’interposer entre l'oiseau et
réserve de Chérine, en Brenne, et le ardéidés les plus fins et élancés. l'objectif. Mais rien n’arrête nos pho-
centre du Scamandre, en Camargue Grand migrateur, le héron pourpré tographes: “Notre solution a été de
gardoise, sont particulièrement favo- passe l’hiver en Afrique tropicale et ar- placer l’affût flottant contre la berge à
rables à l’observation de l’oiseau. rive en France dès la mi-mars, princi- un endroit fixe dans l’axe du canal. Un
C'est précisément dans ce dernier ter- palement en avril-mai où il niche en drôle de paradoxe quand on sait que
ritoire que Clément et Julien Pappa- colonies. Il aime pêcher dans les né- ce matériel a été inventé pour pouvoir
lardo l'ont rencontré: “Nous avons nuphars, les roseaux, les iris, mais approcher les animaux aquatiques.”
longtemps cherché le milieu propice, bouge moins qu'un héron cendré. Il se Un choix gagnant puisque les hérons
sans grand succès. Les seules images nourrit de plus petites proies (écre- ont accepté l’intrus immobile et évo-
que nous arrivions à faire étaient visses, grenouilles, petits poissons) et lué dans l'eau en toute confiance, per-
Ci dessus mettant aux deux photographes de Paradoxalement, l'invisibilité des
De tous les hérons faire leur office. Leur affût de fortune photographes devient un inconvé-
croisés, ce jeune se compose d'une plateforme en po- nient, les hérons s'approchant bien 87
fut le moins fa- lystyrène, d’une armature et d’une trop près, ce qui complique la mise au
rouche. Il venait toile de tente, sans rotule. Ce disposi- point: “L’instant est furtif, une petite
régulièrement pê- tif très basique est resté en place tout erreur et c’est le bout du bec qui sera
cher au bord de au long des opérations, de mai à juil- net à défaut des yeux. Mais c’est en
l’affût. Ce jour-là, il let, pour ne pas éveiller les soupçons voyant plusieurs individus s’approcher
a atterri à 3 mètres de l'oiseau: “Pas de risque qu'il dé- très près de l’affût que l’idée nous est
du téléobjectif. rive. Et la végétation a même com- venue de tenter des “ultra-portraits”
Trop près ! Nous mencé à pousser par-dessus, consti- en utilisant un doubleur pour capter
avons donc dé- tuant un parfait camouflage.” l’œil des hérons. L’avantage de cette
cidé d’utiliser un L’endroit fut particulièrement bien espèce, c’est qu’elle n’est pas hyper-
doubleur de focale choisi puisqu’une arrivée d'eau venait active pendant les séances de pêche,
pour tenter des
oxygéner l'étang dans un angle mort ce qui nous a laissé une chance de
“ultra-portraits” de
juste à côté de l’affût. Les poissons réaliser des images originales. Pour
son regard et de
son plumage.
s'y regroupaient, attirant de fait les hé- l’anecdote, un soir, un jeune héron
rons: “On ne voulait pas changer pourpré a pêché une écrevisse dans
Canon EOS 7D
Mark II, EF 400 mm d'emplacement car le rendu aurait été l’ombre du pare-soleil du téléobjectif!”
f/2,8L IS II USM + moins esthétique. On a surtout photo-
doubleur graphié le héron en phase d'approche Un spot tout confort
de la zone de pêche, car une fois de- L’oiseau met son excellente vue à
dans il était caché par la végétation. contribution pour détecter les intrus,
Et cela durait parfois plusieurs heures, mais il fait aussi appel à son ouïe.
il fallait alors attendre qu'il ressorte ou Pour éviter de se faire repérer, les
qu'un autre arrive.” frères Pappalardo ont donc activé le
mode silencieux de leurs Canon EOS
Un héron en confiance 7D Mark II et ajouté des mousses an-
Les photographes privilégient les tibruit supplémentaires: “Quand le hé-
arrivées dans l'affût de nuit pour ne ron arrive sur une pièce d'eau, il faut
pas éveiller les soupçons des oiseaux. laisser passer un laps de temps pour
Ils assistent aux séances de pêche qu’il vérifie l’existence d'une menace
matinales du héron pourpré jusqu'à éventuelle. Une fois rassuré, il se
son départ puis reviennent dans concentrera entièrement à la pêche.”
l'après-midi et attendent son retour Qu’en est-il des choix optiques?
jusqu'à la nuit tombée. “Les premiers temps, répond Clément,

En tête à tête avec le héron pourpré | Clément et Julien Pappalardo


Ci-contre –
Le héron pourpré
aime pêcher à
couvert, il se fau-
file dans la végéta-
tion pour trouver la
meilleure zone de
pêche. L’inconvé-
nient pour la photo
c’est qu’il disparaît
rapidement du
champ de vision.
Canon EOS 7D
Mark II, EF 400 mm
f/2,8L IS II USM à
f/4, 1/1000 s, 400 ISO

Ci-dessous –
Après de longues
secondes immo-
bile, le héron se
jette enfin sur une
proie. Plus de
plantes que de
poisson ! Pour
remplir son esto-
mac, il va falloir
continuer à pê-
cher encore
quelques heures.
Canon EOS 7D
Mark II, EF400 mm
f/2,8L IS II USM à
f/4, 1/500 s, 800 ISO

88

Nat’Images
j'ai utilisé le 400 mm f/2,8, et quand le
héron approchait très près, j'ai tenté
de le prendre au grand-angle mais ça
ne rendait pas aussi bien que je le
souhaitais. On a ensuite essayé un 70-
200 mm quand Julien m’a rejoint, mais
tardivement, en fin de saison.”

Le gène naturaliste
Les occasions ne manqueront pas
de tenter à nouveau l’expérience
puisque les deux frères sont plus que
jamais impliqués dans la sensibilisa-
tion et la protection de l’environne-
ment. Clément est en effet engagé
dans la gestion d’une vaste réserve
naturelle en Camargue tandis que Ju- Arrivée d’eau
lien pose les premières pierres de son Affût
propre site protégé en Limousin. Une
histoire de famille qui dure depuis plus
de dix ans et que nous aurons à cœur Ci dessus
de partager encore longtemps dans
les pages de Nat’Images. Vue large de la roubine où les prises de vues ont été réalisées. Ce spot bien dégagé
permet de surveiller le sujet depuis la rive et de varier les points de vue en profondeur.
Frédéric Polvet
www.lesfreresdesbois.com

Ci contre
Ce héron se sou-
viendra longtemps
du mauvais carac-
tère de la gallinule.
Inquiète pour ses
poussins, la poule
d’eau a pour-
chassé celui-ci sur
tout le plan d’eau.
Dépité, il a fini par
quitter le secteur.
Canon EOS 7D
Mark II, EF 400 mm
f/2,8L IS II USM à
f/4, 1/800s, 500ISO

En tête à tête avec le héron pourpré | Clément et Julien Pappalardo


Nat’Images
Daniel Maillard

La bête noire
des roselières
Proie des chasseurs, bête nuisible pour les agriculteurs,
espèce mal aimée des ornithologues, le sanglier nourrit
de nombreuses légendes, plus ou moins fondées,
comme nous l’explique Daniel Maillard, qui a eu
l’occasion de photographier l’animal dans son élément.

91

Ce sanglier est intrigué par l’affût flottant,


mais sa mauvaise vue ne lui permettra pas de
me repérer. En arrière-plan une échasse blanche.
Canon EOS 5D Mark II, EF 600 mm f/4 L USM,
à f/4, 1/800 s, 1250 ISO

Nat’Images
Mon premier contact avec les san- d’une personne ayant été chargée par
gliers s’est déroulé en 1970. J’avais un gros mâle (souvent blessé) ou par
alors 15 ans et j’étais parti camper en une femelle (protégeant ses petits)?
forêt de Cerisy (Calvados). Comme Les plus respectueux utilisent d’au-
beaucoup de citadins, j’avais à tres synonymes, comme “goret”, “vau-
l’époque peu de connaissances sur la trin”, “souillot” ou encore “gros noir”
faune et j’avais laissé mon sac de dé- pour désigner les gros mâles solitaires.
tritus à proximité de la tente. C’est En fait, à chaque étape de sa vie, le
ainsi que pendant la nuit j’ai eu la visite sanglier porte un nom spécifique qui
d’une compagnie de sangliers attirée peut être différent selon que l’on est
par l’odeur de mes restes alimentaires. biologiste ou chasseur. Les biologistes
Belle frayeur, moment inoubliable et distinguent trois classes: jeune (0-6
belle leçon de nature! mois), subadulte (6-18 mois) et adulte.
Par la suite, j’ai consacré plus de dix Pour les chasseurs elles sont au nom-
ans de ma carrière de biologiste à étu- bre de sept ou huit: marcassins (0-4
dier le comportement de cette espèce mois), bêtes rousses (5-9 mois), bêtes
dans le Nord-Est puis en milieu médi- noires juvéniles (10-12 mois), bêtes de
terranéen. Nombreuses sont les his- compagnie (2e année), ragots ou laies
toires et les légendes concernant cet ragotes (3e année), tiers-ans (4e année)
animal, tant convoité par les chasseurs et quartaniers (5e année) puis vieilles
et redouté par les agriculteurs et les laies et vieux sangliers.
promeneurs. La fameuse “bête noire”
qui hante les forêts fait peur car elle Omniprésent et omnivore
est réputée hargneuse. Ce qui n’em- Sus scrofa peut s’adapter à tous les
pêche pas de nombreux chasseurs de milieux pourvu qu’il trouve de la nourri-
l’appeler “cochon”. Peut-être pour se ture, de l’eau et si possible de la quié-
rassurer… Qui n’a pas entendu parler tude. En Europe, son milieu de prédi-

Des effectifs
en hausse constante
Malgré une pression de chasse importante, le
potentiel démographique de l’espèce (4 à 8
petits par portée et maturité sexuelle à 12
mois) lui permet de résister et de maintenir
des effectifs qui n’ont cessé d’augmenter de-
puis le début des années 1990, même si son
espérance de vie en pleine nature n’excède
que rarement deux à trois ans. 756149 san-
gliers ont été prélevés au cours de la saison
de chasse 2017-2018 (source réseau Ongu-
lés Sauvages) 

En haut, à gauche –
Le sanglier aime fouiller le sol pour y
trouver vers de terre, larves, bulbes
ou rhizomes. Les traces qu’il laisse sont
appelées “vermillis” lorsqu’elles sont
superficielles ou “boutis” quand elles
sont plus profondes (20-30 cm).
Canon EOS 5D Mk II, EF 600 mm f/4 L USM,
à f/4, 1/500 s, 1250 ISO, -1/3 IL
Ci-dessus –
L’animal nage très bien et s’ébroue
généralement à sa sortie de l’eau.
Canon EOS 5D Mark II, EF 600 mm f/4 L
USM, à f/5,6, 1/500 s, 800 ISO
Ci-contre –
Jeune d’environ 4 à 5 mois, ayant perdu
sa livrée.
Canon EOS 7D Mk II, EF 200-400 mm f/4,
à 310 mm, f/4, 1/500 s, 1250 ISO

Nat’Images
lection est la forêt ou la garrigue médi- leurs le sanglier de détruire bon nom- près d’un affût ou du photographe im- Ci-dessus –
terranéenne, mais son aire de réparti- bre de nids et d’avoir un impact néga- mobile si celui-ci est à bon vent. Le sanglier com-
tion inclut les étangs, marais et zones tif sur l’avifaune. Sur une réserve naturelle que je fré- mence générale- 93
de montagne (sauf en très haute alti- quente habituellement, j’avais repéré ment son activité
tude). Selon la saison, il n’hésite pas à Étroite fenêtre de tir deux soirs de suite un jeune mâle tra- une heure avant la
s’inviter dans les zones agricoles(cul- Les sangliers sont principalement versant l’étang au cœur de la roselière tombée de la nuit.
tures céréalières, prairies et vignobles) nocturnes, ce qui rend leur photogra- sur une petite bande de terre. La loca- Ce contre-jour
où il peut faire de nombreux dégâts. phie peu évidente sauf bien sûr dans lisation du passage de ce sanglier de- montre bien les re-
Le coût des indemnisations agricoles les parcs clos où ils sont agrainés, vait me permettre de le photographier flets rougeoyants
liées à cette espèce était de 29 mil- semi-imprégnés (habitués à l’homme) dans de bonnes conditions, en contre- des dernières
lions d’euros en 2017 (source : FNC). et adoptent des comportements aty- jour avec le soleil couchant en arrière- lueurs du soleil hi-
Les populations de sanglier se sont piques, mais ce type de photographie plan. Cependant les fenêtres spatiales vernal.
tellement développées durant cette n’est pas celle que je préconise. et temporelles pour ce type de cliché Canon EOS 5D
Mark II, EF 600 mm
dernière décennie que l’espèce est Ils débutent généralement leurs acti- étaient très courtes. D’autre part, f/4 L USM, à f/4,
aussi impliquée, annuellement, dans vités au crépuscule, environ une heure comme dans beaucoup de réserves, 1/320 s, 1250 ISO
plus de 30 000 accidents de la route. avant le coucher du soleil, et se cou- des tirs de régulation devaient avoir
La prolifération des sangliers est la chent avant l’aube dans un fourré ou lieu quelques jours plus tard. Je
résultante de plusieurs facteurs qui se- une petite excavation (bauge) qu’ils n’avais que deux soirées pour tenter
raient trop longs à développer ici (ges- s’aménagent; on dit alors qu’ils sont l’aventure. J’ai donc décidé de m’ins-
tion conservatrice menée par certains baugés. Lorsqu’ils sont en groupe, ils taller, avec deux reflex Canon (EOS 5D
chasseurs, mise en réserve de nom- ont tendance à s’empiler les uns sur et 7D Mark II) et deux objectifs de la
breux territoires, augmentation des les autres. Il est rare qu’ils reviennent même marque (600 mm et 100-400
disponibilités alimentaires liées au ré- deux jours de suite à la même bauge. mm), dans mon affût flottant à bonne
chauffement climatique: production de Leur temps d’activité est plus court en distance du passage pour ne pas le
faînes et glands plus abondante et automne-hiver qu’en été. Ce cycle cir- perturber. Le premier soir, pas de san-
plus régulière) avec un modèle démo- cadien est facilité par le fait que la glier! Le deuxième soir, il arriva comme
graphique de l’espèce très prolifique quantité de nourriture est plus impor- prévu, mais avec quelques minutes de
(voir encadré en page de gauche). tante lorsque les jours sont plus retard, ne me permettant pas de cap-
Les étangs et marais font partie de courts: l’automne et l’hiver sont riches ter le soleil en arrière-plan. Le compor-
ces milieux où le sanglier trouve nour- en glands, faînes, châtaignes et vers tement animal n’est pas une science
riture et sécurité. L’animal, omnivore, de terre, principaux aliments consom- exacte et nous réserve toujours des
consomme des végétaux (fruits, més par les sangliers. surprises! Je l’ai tout de même photo-
graines, bulbes, herbe, champignons, Les deux difficultés pour photogra- graphié en contre-jour avec les der- Pour plus d’infor-
etc.) mais aussi de la nourriture carnée phier cette espèce en milieu naturel nières lueurs du crépuscule mais pas mations, voir la
thèse de l’auteur
(insectes, vers de terre, cadavres, sont l’utilisation majoritaire de milieux dans l’axe du soleil. Le lendemain, il
sur le sanglier mé-
poissons, etc.) et occasionnellement fermés et le manque de lumière. Si le était prélevé par les tirs de régulation! diterranéen (1996)
des œufs ou des oisillons. De nom- sanglier a une mauvaise vue, il a par et ses nombreux ar-
breux biologistes et gestionnaires Daniel Maillard
contre une excellente ouïe et un bon ticles scientifiques
d’espaces protégés accusent d’ail- odorat. Mais il peut s’approcher très www.danielmaillard.com et de vulgarisation.

La bête noire des roselières | Daniel Maillard


Bernard Gauthier

Nivéoles
printanières
94 Souvent confondue avec le perce-neige, la nivéole prin- dentielles. La nivéole de Fabre, comme son nom ne l’in- Ci-dessus –
tanière (Leucojum vernum L., 1753) est beaucoup moins dique pas, s’exprime uniquement sur le Mont-Ventoux. Elle La nivéole printa-
répandue en France métropolitaine que son cousin. Ces doit sa dénomination vernaculaire à son célèbre inventeur, nière se rencontre
deux plantes appartiennent à la famille des Amaryllida- le naturaliste Jean-Henri Fabre. souvent en grand
ceae, mais quelques différences permettent de les distin- Appelée snowflake (flocon de neige) dans la langue de nombre sur ses
guer aisément. La nivéole possède quatre à six longues Shakespeare, la nivéole de printemps est communément aires de prédilec-
feuilles étroites, le perce-neige seulement deux. La fleur de nommée grelot blanc, cocotte à Mouthier dans le Doubs, tion. Le grand-
la nivéole, généralement plus haute et bien plus grande, a claudinette en Lorraine ou encore muguet du Pilat dans le angle met en
valeur le biotope
la forme d’une clochette retombante et comporte six département de la Loire, en région Rhône-Alpes.
et le tapis de
tépales égaux ponctués d’une petite tache vert pâle. Les fleurs. Reste
clochettes du perce-neige ont des tépales inégaux, longs Distribution et protection ensuite à placer
pour les externes, courts pour les internes, et bordés de En France, Leucojum vernum prospère en belle densité les étamines d’une
vert. Enfin, notre printanière fleurit une quinzaine de jours dans le Nord-Picardie, essentiellement le long de l'Oise et nivéole sur un
après son précoce cousin. de ses trois affluents, et dans l’Est, en Champagne- point fort de
Si les conditions lui sont favorables, cette princesse Ardenne, Lorraine, Vosges et Franche-Comté. On la ren- l’image.
peut tapisser de vastes surfaces de sous-bois frais et contre aussi dans quelques secteurs alpins, notamment Canon EOS 6D,
humides et enchanter le promeneur de sa robe blanche dans le Massif de la Chartreuse et dans les Alpes de 24-105 mm f/4L IS,
à 24 mm, f/6, 1/30 s,
rehaussée de vert tendre, et cela de février à mars selon la Haute Provence. 400 ISO
météo, parfois même fin janvier. La nivéole printanière est aussi présente en Belgique, en
Selon une étude menée en 1883 par le médecin et bota- Suisse ou encore en Allemagne, Autriche, Tchécoslova-
niste lorrain Dominique-Alexandre Godron, cette bulbeuse quie, Hongrie, Russie et Roumanie.
à distribution médioeuropéenne et péri-alpine serait pré- Protégée dans nombre des régions où elle s’épanouit,
sente depuis plus de 100 000 ans en Lorraine, la région où elle se rencontre depuis l'étage collinéen jusqu’à l'étage
je réside. Cette persistance s’explique par les particularités montagnard (1500 m), principalement dans les forêts ripi-
biologiques (espèce prévernale et géophyte) et écolo- coles ou fraîches, les fruticées et parfois même au milieu
giques (espèce sciaphile de stations fraîches) de cette des haies.
nivéole (source: Les plantes protégées de Lorraine de La plante est menacée par une collecte trop importante
Serge Muller, éditions Biotope). car même si on laisse le bulbe en terre, cueillir la fleur
Il existe onze espèces de nivéoles et la France en limite grandement ses capacités d’expansion. Dernière
accueille plus de la moitié: quatre sont répertoriées sur le info pour la route: son bulberenferme des substances
continent et deux sur le sol corse. La plus courante est la alcaloïdes utilisées en médecine.
nivéole printanière. La nivéole d’été est nettement plus Bernard Gauthier
rare. Les autres, telle la nivéole de Nice, sont plutôt confi- www.bernardgauthiervotrephotographe.fr

Nat’Images
Photosynthèse

1. Photo composée en jouant avec les 3. Je rêvais de cette photo depuis long- 95
flares et les flous d’avant ou d’arrière-plan. temps, mais il fallait réunir tous les ingré-
Canon EOS 6D, 100 mm, f/2,8L Macro IS dients: eau courante pour les flares, fleurs
USM, à f/4, 1/160 s, 200 ISO proches du ruisseau temporaire, soleil en
2. Mi-mars, la neige fait un retour tempo- contre-jour et… disponibilité du photo-
raire. Elle fond partiellement l’après-midi graphe! En fin d’hiver le fond de la vallée
pour se cristalliser en glace la nuit sui- ne voit le soleil que deux heures par jour.
vante. La lumière se décompose dans un Canon EOS 6D, 70-300 mm f/4-5,6, à
des flares produits par la neige glacée en 300mm, f/5,6, 1/500 s, 200 ISO
contre-jour. 4. Plan rapproché auréolé de flares.
Canon EOS 6D, 100 mm f/2,8L Macro IS Canon EOS 6D, 100 mm f/2,8L Macro IS
USM, à f/4, 1/1000 s, 200 ISO USM, à f/4, 1/250 s, 400 ISO

6 conseils pour
photographier la 1 La nivéole printanière fréquente princi-
palement les sous-bois de fond de
pente ou les creux de vallée alluviale, 4 De couleur blanc pur, les six tépales
à nervures marquées et pointe ob-
tuse verte seront bien mieux mis en
nivéole printanière c’est-à-dire des milieux frais et humides au
moins pendant la mauvaise saison. Équi-
valeur par temps ensoleillé. Le contre-jour
leur sied parfaitement.
pez-vous en conséquence: bottes, pantalon
et veste de pluie en nylon enduit (à choisir
légers et peu encombrants une fois repliés). 5 Pour varier les prises de vues, em-
portez, outre l’objectif macro, un
grand-angle afin d’immortaliser les

2 Il arrive que ces fonds de vallée


soient temporairement inondés, pro-
fitez-en pour jouer avec les reflets.
sous-bois clairs tapissés de nivéoles.

6 Les étamines orangées méritent vo-


tre attention. Elles sont rarement vi-

3 Un petit ménage des brindilles per-


turbant les vues d’ensemble ou for-
mant un trait disgracieux sur les plans
rapprochés sera souvent nécessaire.
sibles car les clochettes sont la plu-
part du temps pendantes, mais on trouve
toujours dans le nombre quelques fleurs
dont la clochette est légèrement relevée.

Nat’Images
Ghislain Simard

Matin, midi et soir


Magie de la lumière
Le matériel moderne est si sophistiqué qu’on en arrive
parfois à oublier qu’en matière de photo tout passe par la
maîtrise de la lumière. Certains estiment même que les
performances en haute sensibilité de leur appareil asso-
ciées aux fonctions de post-traitement permettent de
négliger la lumière. Grave erreur ! Voyons pourquoi.

Un matin d’hiver, un détail attire mon Je ne sais pas encore que cette idée
attention sur le noisetier à côté de chez va me conduire à travailler différents
moi. Il ne lui reste qu’une seule et éclairages et que ce sujet très simple
unique feuille accrochée à l’extrémité m’occupera tout au long de la journée.
d’une branche qu’il semble tendre en
avant! En m’approchant, je découvre Matin
un point de vue singulier depuis lequel Lorsque j’étais rentré pour aller cher-
la feuille se détache devant un arrière- cher mon matériel, l’arbre était éclairé
plan tourmenté créé par l’enchevêtre- par un beau soleil pâle typique d’un
ment de branches du noisetier. Il n’en début de matinée hivernale. La lumière
96 faut pas plus pour me donner une idée faisait bien ressortir la feuille claire de-
de photographie originale. En utilisant vant un arrière-plan qui apparaissait
un téléobjectif, je devrais pouvoir don-
plus sombre. À mon retour, l’ambiance
ner l’impression que la feuille est en
a changé. Un gros nuage vient de pas-
suspension devant un arrière-plan gra-
ser devant le soleil. La situation est sin-
phique. Pour que l’effet soit marqué,
gulière puisque la feuille et le noisetier
j’ai envie d’avoir recours à une très
grande ouverture. Or, j’ai la chance de se retrouvent dans l’ombre alors que
disposer d’une optique extrême qui l’arrière-plan végétal, situé à plusieurs
devrait parfaitement convenir. Je rentre dizaines de mètres derrière l’arbre, est
chez moi et je reviens devant le noise- encore en plein soleil.
tier quelques minutes plus tard avec un Je jette un œil dans le viseur et dé-
200 mm f/2 monté sur un Nikon D850. couvre une image inattendue, mais

Nat’Images
La dernière feuille
du noisetier
9 décembre. Il ne
reste plus qu’une
seule feuille sur le
noisetier. Elle s’ac-
croche à l’extré-
mité de sa branche
comme si elle ne
voulait pas mourir.
De quoi attirer mon
attention. Je pas-
serai toute la jour-
née avec elle à tes-
ter différents
éclairages.
Nikon D850, AFS VR
200 mm f/2 G, à f/2,2,
1/640s, 64 ISO,
lumière naturelle

97

Nat’Images
À midi, au flash
Le ciel totalement
gris plonge le noi-
setier dans une
ambiance morne
et plate. Placé en
contre-jour, le flash
éclaire la feuille
ainsi que les
branches en
arrière-plan. Il
allume littéralement
la petite feuille qui
se pare d’un beau
jaune vif.
Nikon D850, AFS VR
200 mm f/2 G, à f/2,2,
1/250 s, 64 ISO,
fill-in au flash en
contre-jour

très équilibrée. L’arrière-plan intensé-


98 ment éclairé est subtilement filtré par
les branches, si bien que l’effet produit
par la grande ouverture du 200 mm f/2
est très graphique. Par ailleurs, la lu-
mière sur la feuille étant plus douce,
l’équilibre des tons entre arrière-plan et
premier plan est parfait. Je n’ai plus
qu’à ajuster la mise au point avec pré-
cision sur les détails de la feuille avant
de déclencher.
En analysant ma photo, je me de-
mande tout de même si un éclairage
en contre-jour ne serait pas intéressant
pour faire ressortir la structure des ner-
vures de la feuille.

Midi
Je patiente donc dans l’espoir que éclaire à la fois les branches de l’arbre Les nervures sont plus visibles que sur
les nuages se dissipent et que le soleil et la feuille. Afin d’obtenir un faisceau la photo prise plus tôt. La présence du
revienne sur la feuille. Malheureuse- de lumière bien large, je règle la tête flash bénéficie également à l’arrière-
ment, la météo en décide autrement. À zoom du flash en position grand-angle. plan qui est rempli de taches claires.
midi, le ciel vire au gris. Je décide de Pour synchroniser le flash avec l’ob- Il est bien sûr impossible d’obtenir
ne pas me laisser faire: je vais créer un turateur du Nikon D850, j’utilise le mo- pareil effet en post-traitement avec un
éclairage en contre-jour avec un flash. dule de commande infrarouge SU-800. filtre informatique, quel qu’il soit. Cette
Le ciel uni produit une lumière très Il permet de conserver la mesure TTL à petite feuille montre tout l’intérêt de
plate, sans ombre, tant sur l’arrière- distance. Afin que l’effet de contre-jour bien travailler l’éclairage au moment de
plan et le noisetier que sur sa dernière soit marqué, je surexpose toutefois la prise de vue!
feuille. Si le flash éclaire seulement la l’éclairage artificiel.
feuille, l’effet risque d’être artificiel avec Le flash a transfiguré l’ambiance Soir
une feuille très contrastée devant un triste de cette mi-journée. La feuille est À l’issue de cette séance réalisée au
fond sans intérêt. Je place donc mon comme éclairée de l’intérieur et elle se flash, je pense en avoir fini avec ma pe-
flash suffisamment loin pour qu’il pare maintenant d’un beau jaune vif. tite feuille. Mais la météo me pousse à

Nat’Images
Le soir, sous le so-
leil crépusculaire
La lumière crépus-
culaire produit une
ambiance chaude.
Les teintes ont
totalement changé,
pourtant le sujet et
le point de vue sont
strictement iden-
tiques. Les ner-
vures de la feuille
sont plus lisibles
que sur les deux
autres clichés.
Nikon D850, AFS VR
200 mm f/2 G, à f/2,2,
1/200 s, 160 ISO,
lumière naturelle
au soleil couchant

ressortir à nouveau pour rendre une


dernière visite au noisetier. En effet, en 99
fin de journée, les nuages se déchirent
brusquement et un beau soleil crépus-
culaire apparaît. Les lumières d’hiver
sont toujours intéressantes car le soleil
côtoie plus longtemps la ligne de l’hori-
zon. Plus besoin de flash pour que la
feuille soit éclairée par transparence!
Cette fois-ci, l’arrière-plan végétal
est sombre car il ne laisse pas passer
les rayons du soleil qui arrivent derrière
lui. Par contre, la lumière en contre-jour
rebondit sur les branches du noisetier
comme si l’arbre était constellé d’une
multitude de petits miroirs. L’effet, très
intéressant, produit ce qu’on appelle
un “bokeh”, soit un flou diffus et agréa-
ble à l’œil. Le rendu est accentué par la
grande ouverture de mon 200 mm. Le rences, chaque image est accompa-
soleil couchant modifie les couleurs. gnée d’un petit schéma montrant les
les effets de l’éclairage. Lors de vos Pour assurer cadrage
Tout est plus chaud dans l’image. Les
et mise au point, le
nervures de la feuille sont encore da- prochaines sorties sur le terrain, je
200 mm f/2 est
vantage découpées. Cette dernière vous suggère de prendre un peu de monté sur trépied.
photo est totalement différente des temps pour analyser ce qui façonne la Le Nikon D850 est
deux premières. Pourtant, toutes trois lumière autour de vos sujets. Cela aura équipé du module
ont été prises depuis le même point de un effet bénéfique sur vos clichés car SU-800 pour piloter
vue, avec le même objectif. Seul l’éclai- vos observations vous pousseront à le flash à distance
rage change. sans câble. Précisons
mieux choisir votre point de vue, à ré-
fléchir au rendu de l’arrière-plan ou, qu’un tel module n’est
Schémas pas nécessaire si l’appareil
Afin de vous aider à comprendre pourquoi pas, à utiliser un flash même est équipé d’un flash intégré
comment la lumière peut, à elle seule, si la lumière naturelle est abondante! autorisant le pilotage
être à l’origine de toutes ces diffé- Ghislain Simard à distance.

Matin, midi et soir | Ghislain Simard


T comme… triongulin
Page de droite –
Ou la stratégie diabolique des méloïdes pour parasiter les abeilles. Acte 1- Stenoria ana-
lis, ici en train de pon-
dre, est un coléoptère
Le hasard nous fit découvrir fin méloïdes sont appelées “triongulins” et qu’ils se précipitent par dizaines de la famille des mé-
loïdes qui se caracté-
août un insecte orange et noir de la en raison de leurs pattes équipées sur celle qui émerge en une furieuse rise par l’hyperméta-
famille des méloïdes, Stenoria analis, de trois griffes. Elles sont un des mêlée copulatoire jusqu’à ce que l’un morphose larvaire
en train de pondre sous des feuilles stades de l’hypermétamorphose de d’eux parvienne à se l’approprier. avec le stade qui lui
de noisetier, au-dessus d’une minus- ces insectes qui parasitent les nids Cette mêlée dure suffisamment long- est particulier du
cule zone de terrain sableux dénudé des abeilles. Mais comment peu- temps pour que des triongulins puis- triongulin. Ce méloïde
est un cleptoparasite
où aucun insecte n’était visible. Les vent-elles faire pour y rentrer ? D’au- sent changer de monture. La femelle d’une abeille particu-
méloïdes étant des cleptoparasites tres espèces de méloïdes pondent les introduira ensuite dans son nid lière, la collète du
au stade larvaire (c’est la stratégie du sur des fleurs d’où les larves n’ont où ils dévoreront les œufs puis pour- lierre. Il pond à la fin
coucou en plus complexe) d’une qu’à s’accrocher à la pilosité dorsale suivront leurs métamorphoses en se du mois d’août, alors
abeille solitaire qui creuse ses nids des abeilles venues les butiner pour nourrissant du pollen et du nectar qu’aucune abeille du
lierre n’est déjà visible.
dans le sol, nous revînmes une di- que celles-ci, pouvant difficilement entreposé. Les méloïdes pondant
zaine de jours plus tard, curieux de les déloger de cet endroit, les trans- des centaines d’œufs et les collètes Acte 2- Stenoria
voir ce qu’il advenait de ces pontes. portent ensuite à l’intérieur de leur du lierre au maximum une vingtaine, analis a pondu des
À notre surprise, la parcelle de terre nid. Mais dans notre cas, les pontes on peut se demander comment les centaines d’œufs
sous des feuilles ou
vide était maintenant sillonnée par ont toujours lieu sur des feuilles ou abeilles parviennent à survivre. sur des branches
une centaine de collètes du lierre des branches. Le mystère a été ré- André Lequet, dans ses remarqua- d’où sortiront, une di-
(Colletes hederae) mâles volant fré- solu il y a une dizaine d’années seu- bles pages entomologiques*, montre, zaine de jours plus
nétiquement au ras du sol dans l’at- lement, lorsque des chercheurs ont après avoir creusé la question au tard, les triongulins.
tente de l’émergence d’une femelle. découvert que ces larves utilisaient sens propre comme au figuré, qu’un Heureusement, ces
larves ne parviendront
Bien que ces abeilles solitaires vivent le mimétisme chimique : elles émet- tiers seulement des nids sont parasi- pas toutes à parasiter
de manière strictement individualiste, tent une substance odorante imitant tés, ce qui montre, qu’ici aussi, un les nids des collètes.
le peu de terrains favorables au creu- les phéromones sexuelles des équilibre viable entre prédateurs et
Acte 3- Les triongu-
sement de leur nid les amène à abeilles femelles. Leurrés, les mâles proies finit toujours par s’installer, lins, qui attirent les
constituer des bourgades de plu- qui quadrillent fébrilement le terrain quand nous ne nous en mêlons pas. mâles des collètes du
sieurs dizaines, voire centaines de dans l’attente de l’émergence d’une lierre grâce à leur
Gabrielle & Patrick Ledoux
nids. Au sol, nous découvrîmes que femelle se précipitent alors sur les capacité à imiter les
100 des feuilles de noisetier porteuses de triongulins qui s’accrochent par leurs phéromones sexuelles
*Les pages entomologiques
des abeilles femelles,
pontes étaient tombées mais aussi mandibules et leurs griffes à leur d’André Lequet: www.insectes-net.fr
attendent en grappe
qu’une brindille morte en portait une. dense pilosité dorsale. Le problème, qu’ils tombent dans
Les œufs y avaient éclos et la cen- c’est que c’est la femelle qui va pon- leur piège. Ce mimé-
taine de minuscules larves qui en dre dans les nids qui doit être visée, tisme sexuel permet à
étaient sorties s’étaient agglutinées pas les mâles. Les triongulins profi- Stenoria analis de
Bibliographie pondre sur des sup-
en une masse grouillante. Ces larves, tent du fait que ceux-ci sont beau-  La Hulotte n°107 “Le lierre”
ports variés, mais tou-
caractéristiques de la famille des coup plus nombreux que les femelles  Insectes, revue de l’Opie n°189
jours à proximité des
sites de nidification
des abeilles que les
mâles, nés une
Les protagonistes de semaine avant les
cette affaire: en bas à femelles, sillonnent
gauche au sol, l’orifice dans l’attente de leur
du nid de l’abeille soli- émergence pour se
taire. Au milieu, la col- reproduire.
lète du lierre mâle en
vol. À droite en haut de
la brindille, la grappe
des triongulins.

Nat’Images
L’ABC de la Nature

Acte 4- Dès qu’une


femelle émerge, les Acte 1 Acte 4
mâles se ruent sur elle
en une furieuse mêlée
copulatoire qui ne
cessera que lorsqu’un
mâle sera parvenu à
ses fins. Les autres
repartiront pour tenter
leur chance à l’émer-
gence suivante. C’est
lors de cette mêlée
que les triongulins,
s’ils y parviennent,
changent de monture
en passant des mâles
à la femelle.
Acte 5- L’heureux
élu, qu’il soit le plus
rapide ou le plus fort,
une fois qu’il s’est ap-
proprié la femelle, net-
tement plus grosse
que lui, peut trans-
mettre ses gènes,
mais aussi les triongu-
lins dont on peut dis- Acte 2 Acte 5
tinguer plusieurs
exemplaires sur les
deux partenaires.
Acte 6- Cette fe-
melle, dont la pilosité
dorsale est couverte
de triongulins, va
contaminer toutes les
cellules de son nid 101
dont on voit l’orifice à
côté d’elle. Comme
elle n’approvisionne
qu’une vingtaine de
cellules au maximum
qui recevront chacune
un œuf, il y a bien peu
de chance qu’un de
ses descendants voie
le jour à l’automne
suivant, période où
l’abeille vole et qui
correspond à la florai-
son du lierre.

Acte 3 Acte 6

Nat’Images
“donQu’t onest-n’acepas
donc qu’une mauvaise herbe,sinon une plante

encore découvert les vertus ? RalphWaldo Emerson (1803-1882)

Les mauvaises herbes…


n’existent pas ! #légende #contedelachimie #onnousment

Le liseron des champs (Convolvulus arvensis) ou petit liseron vrillé attire de nombreux diptères.
Ici, il est accroché à une graminée présente en nombre dans le jardin.
*
Les préjugés ont la vie dure, a-t-on coutume de dire. Eh bien, c’est particulièrement
vrai en ce qui concerne notre relation à la nature. Certaines espèces animales sont
déclarées nuisibles, certaines plantes mauvaises. Pourquoi?
Simplement parce que nous ne les souhaitons pas là où elles se
trouvent ou parce qu’elles sont en concurrence avec
nos pratiques, notre mode de vie. Est-ce un raisonne-
ment logique à l’échelle de la biodiversité?
Évidemment non! D’ailleurs c’est une erreur
d’interprétation qui, au fil du temps, a transformé
l’expression “herbes au mal” (qui soigne les
maux) en “malesherbes” pour finir par
devenir “mauvaises herbes”. Un quiproquo
temporel en quelque sorte…

Au crayon: Marcello Pettineo | Au boîtier,


au clavier et à la palette graphique: Stéphane Hette |
Relectures bienveillantes et indéfectible soutien:
102 André Joyeux (Naturaliste - Écologue) | Complicité
amicale : Frédéric Hendoux, directeur du
Conservatoire botanique national du Bassin parisien.

Ah, les vieilles peaux !


Apparues sur Terre sous forme aquatique il y a plus de trois milliards d’années,
les cyanobactéries (dites “algues bleues”) vont commencer à “nettoyer”
l’atmosphère du CO2 majoritairement présent en le fixant sous forme de
structures laminaires calcaires (stromatolithes) puis évoluer vers un
mode de photosynthèse primitive leur permettant de produire de
l’oxygène qui, d’abord stocké dans les océans, apparaît en quantité
dans l’atmosphère environ 2,5 milliards d’années après que ces
cyanobactéries eurent commencé à coloniser la terre ferme.
Le relais fut ensuite pris par les algues vertes précédant l’ap-
parition des végétaux terrestres il y a environ 500 millions
d’années, en inventant les racines pour la nutrition et les
spores pour la reproduction… À cette époque les
plantes étaient plutôt peinardes: encore
beaucoup de CO2 pour produire du glucose par photosynthèse, point de glyphosate et
autres herbicides pour leur pourrir la vie!
Vive la variété !
Meuh non, je ne parle pas d’Obispo ou de Kendji Girac mais bel et bien de la richesse d’un patrimoine vivant qu’à force de
sélection et d’expansion sur leur territoire nous finissons par amoindrir. Oh l’autre, il est
écolo ou bien?!? Pas plus que ça en fait, juste un constat partagé et admis par la commu-
nauté scientifique depuis le sommet de Rio en 1992. La réduction du nombre d’espèces
cultivées entraîne invariablement la disparition d’espèces ayant coévolué durant des siècles avec
une agriculture traditionnelle (insectes, oiseaux micro-rongeurs et leurs prédateurs).
Car sachez-le: si le gras c’est la vie, la variété aussi!

Nat’Images
* Attention : fumer nuit, même de jour…
Le mouron rouge ou mouron des champs (Anagallis arvensis) est toxique. En homéopathie,
il est employé contre les troubles dermatologiques. Les fleurs du mouron rouge peuvent
être bleues… quelles rebelles!

Écosystème(s)
L’écosystème désigne les interrelations au sein des communautés faune/flore
(biocénose) établies dans un milieu donné (biotope). Les écosystèmes engendrent
une lente coévolution des espèces soumises en permanence à des pressions écolo-
giques (compétition, prédation, évolution du milieu, etc.). S’il est normal qu’une es-
pèce puisse disparaître au bout de plusieurs milliers d’années d’évolution (spéciation,
ris élimination par un autre taxon plus “performant”), ces phénomènes
lga
naturels sont aujourd’hui bouleversés par nombre d’activités
Prunella vu

humaines. Oui, mais quid de nos brins d’herbes et autres


plantes? Dans ma campagne, j’ai vu, comme beaucoup, la biodi-
versité s’étioler. Sa place fond comme neige au soleil, pour ainsi
dire, entre champs cultivés, forêts exploitées et zones urbaines. Il ne
La brunelle
reste plus aux herbes sauvages et aux pollinisateurs que les bermes
commune
de route entre bitume, fossés et cultures.
(Prunella vulgaris).
Or, régulièrement mises à nu par un
À la voir comme ça,
fauchage trop ras, ces zones finissent
on n’imagine pas ses
par laisser place à une végétation peu di-
vertus carminatives,
versifiée, au détriment d’espèces fragiles, parfois
anti-inflammatoires,
endémiques, et de l’entretien de la vie animale.
antipyrétiques,
antiseptiques,
antispasmodiques,
Tout commence au jardin
Dans un jardin un peu sauvage, la pelouse n’est pas
antivirales, constituée uniquement de ray-grass, loin de là.
astringentes. Trèfle véronique, mouron, laîches, orchidées par-
Sous son aile fois, bourse-à-pasteur, carotte sauvage, plantain,
un cuivré commun ortie, pissenlit, chardon, pâquerette, achillée millefeuille,
prêt à la butiner… géranium Herbe-à-Robert, fenouil sauvage, euphorbe des bois,
camomille, ail sauvage, mousses, champignons, trèfle, lierre terrestre,
etc., sont autant d’auxiliaires de biodiversité qui procurent gîte et
couvert à nombre d’insectes, de batraciens, de reptiles, d’oiseaux et 103
de rongeurs. Il convient de ne pas y introduire d’espèces invasives.
Je pense notamment au Buddleia de David, aussi appelé arbre à pa-
pillons – à tort à mon avis puisqu’il nourrit uniquement les imagos.
Préférez lui l’ortie! Certes sa floraison est moins démonstrative mais
ses vertus bien plus nombreuses.
De manière générale, le mieux est de ne planter au jardin
que des plantes locales, déjà parce qu’elles sont adaptées au
lieu et du coup nécessiteront moins de soins et d’arrosages,
ensuite parce qu’elles n’entreront pas en concurrence avec la
flore environnante. Et enfin, parce qu’elles sont en lien avec de
nombreuses autres espèces animales.
Les pionnières parfois envahissantes
La pratique de la terre rase, le désherbage intensif, les labours, bref tout ce qui
Riche éradique la végétation, profite principalement à deux types de
en protéines, plantes: les pionnières et les invasives. Ces deux caté-
la grande ortie
(Urtica dioica) nourrit gories sont en concurrence directe avec les plantes
nombre d’insectes au du cru. Selon toutes vraisemblances, il est donc
stade larvaire. Ici, une che- préférable de laisser la flore autochtone en paix et
nille de paon du jour s’en laisser l’écosystème prendre en charge sa régulation.
régale. On peut aussi en Les plantes (comme les espèces animales) bénéficient invo-
faire des soupes ou du lontairement des moyens de transport humains. Elles prennent l’avion,
purin… attention à ne pas le bateau, font de l’auto-stop et tirent parti de l’effet corridor des grands axes
se tromper de recette! de circulation. Nous les avons longtemps pensées immobiles, en fait ce sont
de vraies migratrices. Sans doute
vaudrait-il mieux également que les
jardineries ne vendent pas de
plantes invasives…
Le pissenlit (Taraxacum sp.) est une plante pionnière comestible qu’il
faut cependant éviter de manger par la racine! Son pollen attire
de nombreuses espèces d’insectes.
Le trèfle des prés (Trifolium pratense) est originaire d’Eurasie et d’Afrique du Nord. Il est utile aux autres plantes car ses racines, grâce à des micro-
organismes (bactéries), captent l’azote de l’air et le redistribuent. C’est la plante hôte de nombreuses espèces de papillons et son pollen est très
apprécié des pollinisateurs. Ses feuilles sont comestibles en salade et il permet de lutter contre les maladies de peau.

Photosynthèse photogénique
Ne boudons pas notre plaisir à leur tirer le portrait. Colorées ou discrètes, aériennes ou
minuscules, les “herbes” et autres fleurs sauvages sont sexy en diable. Et d’autant plus sympathiques
que la plupart du temps elles sont à notre portée: dans le jardin, sur un muret ou dans les interstices
des pavés... Eh oui, elles aussi luttent pour leur survie!

Les plantes toxiques


Souvent pour se protéger des brouteurs en tout genre les plantes produisent des mo-
lécules toxiques, des épines, de longs poils, un goût amer, etc. Mais tout revers a sa
médaille: ces mêmes plantes peuvent parfois être utilisées en médecine humaine et
ou vétérinaire, car dosées avec justesse, certaines possè-
dent des vertus curatives. Il est toutefois déconseillé
de jouer aux apprentis sorciers ou plutôt ap-
prentis herboristes. On ne goûte pas à tout ce
qu’on trouve dans la nature.

Menaces
.
de trèfle

Réduction et fragmentation des milieux, assèche-


ment des zones humides, exploitation agricole et fo- n.
si o
ra
s

restière intensive, usage de produits phytosanitaires, ré-


lle

flo
eui

chauffement climatique ont des répercussions négatives

ne
des f

prouvées sur la flore et la faune associées. L’expansion

plei
humaine exerce de très fortes pressions sur la quasi-
t

Luzule en
n
otta

totalité des territoires.


ul
bo

Expressions
is)

upi
le (C do
ic

f
rum

trè Mauvaise herbe (familier):


arg

104 u
a

éd
iades

enfant, généralement turbulent,


onict

ur
qui pousse (grandit) trop vite.
) butinant du trè
r

Az
e (Ac

Mauvaise graine (familier):


nc

mauvaise engeance, futur bandit,


e la Patie

etc.
Chenille de Noctuelle d

fle

bl Dans le jardin,
s typiques rastas de pollen… les graminées
an

e
et s largement
c(

e
T

représentées font le
in
r

Pimprenelle sangu
if

bonheur des insectes.


olium repens).

Dactylis glomerata
ou dactyle aggloméré
résiste très bien à la
sécheresse et à ce
titre peut servir
à la création de
gazons résistants.
Son pollen volatile
Comme son cousin est allergène.
des prés, ce trèfle fixe
l’azote de l’air au niveau
de ses racines, ce qui en Poterium
fait un excellent engrais sanguisorba est
“vert”. Ses inflorescences connu sous le
sont hermaphrodites. À qua- doux nom de
tre feuilles il porte chance… pimprenelle. En plus de sa
Enfin, à mon avis, uniquement bonne bouille, cette plante
les jours de chance. à fleur hermaphrodite a de
très nombreuses vertus:
elle est astringente, anti-
ulcéreuse, antivirale, anti-
diarrhéique, carminative,
tonique, cicatrisante et
hémostatique.
Nat’Images
Achillée millefeuille (Achillea
millefolium) visitée par un
argus bleu-nacré (Lysandra
coridon). La légende raconte

Lys
qu’elle aurait guéri le talon

andra
d’Achille durant la guerre de
Troie. Elle contient plus

cori
d’une centaine de compo-

don
sés chimiques. Ses feuilles

butin
sont également comestibles.
Les Néandertaliens s’en

ant
servaient déjà en pharma-

sur Achillée mill


copée. L’inflorescence peut
plus où d
nt être rose ou blanche.
te…

on
ner
erettes ne sacha

de la tê
Conseils

efe
Une herbe tondue moins rase laissera la place à de plus nombreuses espèces.

uil
L’occasion pour les pollinisateurs de venir s’y restaurer. C’est aussi plus de graines

le b
semées pour l’année suivante.Vous pouvez conserver les tontes pour “pailler” vos
qu

lanche
â

cultures, cela évitera des arrosages au plus chaud de l’été.


desp

.
Profitez pleinement de votre jardin si vous avez la chance d’en posséder un. Sinon,
byle au ras

vous pouvez vous proposer pour entretenir celui d’une personne de votre entourage qui
n’en a pas le temps, l’usage ou la capacité.
Bom

Des petits joncs… dans ma pelouse ?!


Eh oui j’y ai également découvert la présence
de la luzule multiflore (Luzula multiflora) qui,
comme son nom l’indique, possède plusieurs
fleurs par tige. Décidément, mon jardin mauve…
s à la

c’est pas la Samaritaine mais presque ! 105


ité

él
fid
Le coquelicot
des in

(Papaver rhoeas)
est très apprécié
nt

sa
e fai des pollinisateurs.
lva Abeilles, bourdons,
ma

syrphes, papillons
us

et xylocopes aiment
rg
Py

à le visiter. Nous le
préférons en tisane
contre l’insomnie
et l’apprécions
également
en bonbon
ou sirop
contre la toux.

Syrphidae butinant
une inflorescence
d’euphorbe des bois
(Euphorbia amygdaloides),
une plante toxique pour le
bétail comme pour les hu-
mains. Sa sève possède des
propriétés purgatives mais dan-
gereuses. Ses racines étaient jadis
employées pour faire tomber la fièvre.

Carnet de terrain | Les mauvaises herbes… n’existent pas !


Les coups de pouce de la Rédac’
 Nat’Images reçoit de nombreux
dossiers qui, faute d’homogénéité, ne
sont pas publiables sur plusieurs
pages mais dont les auteurs méritent
un coup de pouce. D’où l’idée de cette
rubrique. N’hésitez pas, vous aussi, à
envoyer les images dont vous êtes le
plus fier ; elles seront mises à l’honneur
ici et la rédaction choisira un petit
cadeau de remerciement pour chacun
des auteurs publiés.

Ci-contre,
de haut en bas –
Olivier Danbricourt
Parc du Yellowstone
Données techniques :
Canon EOS 7D Mark II,
400 mm, f/5,6, 1/2000 s,
200 ISO

Jonathan Ferré
Aigle royal
(Aquila chrysaetos)
Données techniques :
Canon EOS 6D Mark II,
106 244 mm, f/5,6, 1/500 s,
100 ISO

Page de droite,
de haut en bas –
Brigitte Abono
Cantharide rouge
(Cantharis rufa)
Données techniques :
Canon EOS 100D, 60 mm,
f/2,8, 1/200 s, 100 ISO

Sabri Klibi
Échasses blanches
(Himantopus
himantopus)
Données techniques :
Canon EOS 600D, 483 mm,
f/6,3, 1/1600 s, 800 ISO

Nat’Images
107

Nat’Images
Ci-dessus –
Michaël Arzur
Renard roux
( Vulpes vulpes)
Données techniques :
Nikon D600, 600 mm, f/11,
1/1600 s, 500 ISO

Ci-contre –
Yves Boury
Héron cendré
(Ardea cinerea)
Données techniques :
Canon EOS 7D Mark II,
200 mm, f/8, 1/125 s,
640 ISO

Nat’Images
Ci-contre,
de haut en bas –
Vincent Rueff
Chamois
( Rupicapra rupicapra)
Données techniques :
Nikon D3400, 400 mm,
f/7,1, 1/320 s, 400 ISO

Jean-François
Legrand
Chorthippus femelle
juvénile
Données techniques :
Nikon D200, 105 mm,
f/5,6, 1/250 s, 320 ISO

Marie Graff
Lièvre d’Europe
( Lepus europaeus)
Données techniques :
Canon EOS 70D, 375 mm,
f/8, 1/1000 s, 500 ISO

109

Nat’Images
Sangles
n Sangle Safari
n Courroie Black Rapid RS-4
Le Safari est équipé de larges sangles
d’épaule (comme un sac à dos), matelas- Courroie classique
sées et anti- rapide avec mous-
transpirantes, ainsi que de boucles cou- queton CR-2 et vis
lissantes pour un accès immédiat à votre de montage acier
matériel photo, téléobjectifs ou inox FR-3 – Cette courroie
jumelles. mince et droite est légère et conforta-
Ce système de portage procure une ble ; conçue pour un accès rapide à l'appareil, elle per-
grande liberté de mouvements et sou- met de répartir de façon équilibrée le poids de l'appareil
lage vos cervicales ; il est compatible sur l'épaule, le reflex restant en suspension au niveau
avec tous les de la hanche.
appareils reflex et peut être porté en Une petite poche zippée est prévue pour le rangement
même temps qu’un sac à dos. Deux d’une carte mémoire.
compartiments latéraux sont prévus pour ranger cartes mémoire ou batte- Charge maximum : 5 kg
ries. Taille unique adaptable à tous les gabarits Couleur : noir
TREK12312 41 € RS4CLAS 59 €

n Twin kit pour sangle safari


n Courroie Black Rapid SPORT
Cet accessoire se compose de deux sangles
Courroie rapide Sport
réglables en longueur et coulissantes par
+ sangle de renfort,
l'intermédiaire d'un anneau. Vous pouvez aussi
avec mousqueton CR-2
décroiser les sangles de l'anneau afin de porter
et vis de montage
vos boîtiers de chaque côté du corps.
acier inox FR-3.
Il est destiné aux
Elle est équipée
photographes passionnés souhaitant utiliser
d'une courroie stabilisatrice qui passe sous le bras pour
simultanément deux boîtiers ; le twin kit se fixe
les shoots extrêmes. Coussinet d'épaule extra large pour
sur la sangle SAFARI, au niveau des anneaux,
une parfaite répartition du poids. Possibilité de rajouter
et permet l'utilisation de deux boîtiers, tout
un 2e mousqueton pour porter un second appareil
en soulageant le dos et les vertèbres cervicales.
(optionnel : ref CR-2) Charge maximum : 5 kg
Les deux boîtiers sont indépendants et Couleur : noir
ne risquent pas de s'entrechoquer. Les boucles du Twin kit et du Safari
sont compatibles entre elles. Matière : Polyester - Couleur : Noir RSSPORT 79 €
TREK12319 19 €

n Backpack n Vis de fixation boîtier, Blackrapid

Convertisseur bretelles de sac à dos Repensé, le nouveau FR-5 FastenR


en courroie BlackRapid. Transforme est fabriqué en acier inoxydable,
les bretelles de sac à dos en courroie avec un œillet plus grand pour
coulissante. Facile à installer et à enlever. une mise en place plus facile avec
Livré avec sac de rangement microfibre. le nouveau mousqueton ConnectR.
Se fixe en un clin d’oeil sur les bretelles
Il est maintenant recouvert d’une couche
d’un sac à dos, le BackPack Strap est
nylon pour une durabilité accrue et éliminer le bruit. La rondelle en
positionné en travers du torse et offre
caoutchouc incluse, apporte une sécurité supplémentaire qui rend
la même sécurité et le même confort
pratiquement impossible de trop serrer le FastenR à votre boîtier.
qu’une courroie BlackRapid classique.
Il est compatible avec toutes les courroies BlackRapid.
Caractéristiques : • Acier inoxydable
Lanières en nylon - Longueur de la sangle : 80 cm • Rondelle caoutchouc
Largeur des lanières : 2,5 cm - Poids net : 140 g - Verrou en plastique ABS - • Diamètre de vis : 1/4“ x 20 (standard boîtier)
Rangement dans sac microfibre avec poche extérieure • Revêtement nylon pour
« maille » (L : 9,5 x H : 15,25 cm) - Mousqueton aluminium : 7cm une durabilité accrue
Livrée avec écrou FastenR (FR-5), mousqueton ConnectR (CR-3) • Longueur : 2,2 cm
et protection LockStar. Extension de garantie à 5 ans avec enregistrement • Poids 16 g
client sur site blackrapid.com
FR5 19,90 €
KAI230051 49 €

[ boutiquechassimages.com ]
• Boutiquechassimages.com est une Boutique en ligne, qui ne possède pas de magasin. Commandes par Internet (http://www.boutiquechassimages.com) ou par
courrier : (Boutique Chassimages, BP 80100, 86101 Châtellerault Cedex - France). Délai de traitement des commandes : 48 h ouvrables + acheminement. Prix garantis
durant le mois qui suit la date de parution de cette annonce. Tout article ne donnant pas satisfaction (logiciels exceptés), sera échangé moyennant son retour,
complet et sous emballage d’origine, sous 15 jours maxi après avoir obtenu, auprès de nos services, un numéro de retour.
Livres
n À la rencontre du Puma
n Speed flyers
Jean-Marie Séveno
Le puma est un animal aussi discret qu’imprévisible. Ghislain Simard
Mais n’allez pas croire qu’il s’attaque à tout ce qui Le vol des insectes révélé par la photographie
bouge. Voici au fil de ces pages, une invitation à suivre ultra-rapide de Ghislain Simard. Une autre façon
J-Marie Séveno aux confins du Chili, à la rencontre du puma. (octobre 2015). de découvrir le monde des créatures miniatures
PUMA 25 € et la fugacité de leur vol. Éditions Biotope, 26x26 cm, 228 pages,
SPEEDFLY 39 €
n 4m2 de nature • Disponible en Blu-Ray
Speed flyers transporte le spectateur sur une autre
Trois auteurs, trois personnalités, partent à la découverte
planète. Dans ce monde, la pesanteur a moins d’effet
de la biodiversité champardenaise. une belle aventure
sur les êtres vivants. Les lois de la physique sont
qui a nécéssité 6 ans de travail ! Parcourez 400 photos,
différentes puisqu’il devient plus facile de s’appuyer
350 dessins et 200 espèces animales et végétales illustrés.
sur l’air pour suivre des trajectoires impossibles.
Auteur : Stéphane Hette, Marcello Pettinéo, Emmanuel Fery.
Le temps s’écoule plus lentement et une seconde se
Éditions Plume de carotte, nov 2018, 22x16cm, 192 pages.
transforme en une éternité. Documentaire de 52 minutes plus bonus.
STEPH2 24 €
BRSPEEDFLY 25 €
n Passion nature

Christine et Michel Denis-Huot n Papillons tout naturellement

À l’occasion du vingtième anniversaire du Festival Lorraine Bennery


de Montier en Der, Christine et Michel Denis-
Apprenez à trouver, reconnaître, comprendre
Huot marquent le coup avec ce recueil d’images
puis photographier les papillons dans leur
de la réserve de Masaï-Mara. Un livre événement
environnement. Cet ouvrage est un travail
préfacé par Guy-Michel Cogné.
photographique de plus de quinze années,
PASSIONNAT 19,90 € réalisé par Lorraine Bennery, photographe
naturaliste professionnelle.
n Instants sauvages LBPAP 34,90 €
Cédric Allié
Invitation à découvrir le monde sauvage de la région n En vol
Lorraine. Un témoignage intime et poétique sur
Ghislain Simard
une nature encore préservée, conté au fil des saisons.
En vol, le premier livre de Ghislain Simard.
On y trouve des images des plus emblématiques animaux qui peuplent ces 240 pages dédiées aux papillons et aux tech-
terres comme le renard, le chat forestier, le cerf, la grue et beaucoup d’autres niques de prise de vues des insectes en vol !
encore, sous des ambiances mystérieuses, au sein de paysages magiques. Photos et conseils pratiques, quinze ans
d'expérience en un seul ouvrage !
INSTANTS 28 €
ENVOL 20 €
n Les arbres amoureux ou comment
se reproduire sans bouger n La réserve naturelle du Pinail

Francis Hallé, Stéphane Hette,


Près de 300 photographies des plus belles facettes
Frédéric Hendoux
et des plus grands secrets de la réserve Naturelle
Autour de nous, sans qu’on y prête attention, du Pinail, située dans la Vienne. Plus de 160 pages
les arbres séduisent et content fleurette à dix, vingt ou à découvrir avec les histoires de vies les plus trépi-
trente mètres de haut. Dans le secret des frondaisons, leurs fleurs révèlent dantes de la biodiversité (fourmis esclavagistes,
des stratégies méconnues. Éditions Salamandre, 23,7x 28,5 cm, 144 pages. symbioses entre papillons, fourmis et plante, parasites…) et différents
ARBRAMOUR 39 € records détenus par nos bestioles (accélération, vitesse d’attaque…).
Associant des images du collectif Objectif Nat’ et des textes vulgarisant
n Ma vie de libellule des connaissances scientifiques ou naturalistes, ce livre offre un regard
artistique, pédagogique et parfois intimiste de la nature qui nous
Daniel Magnin entoure. La vie de la réserve est également abordée à chaque saison
Étranges créatures aux couleurs métalliques, les et l’on découvre avec surprise que le feu peut favoriser la biodiversité,
libellules fascinent l'être humain par leur charme et que des chercheurs étudient la couleur des mares… Ce livre est né de
leur élégance. Le photographe naturaliste Daniel la complémentarité de trois auteurs sous l’impulsion de GEREPI : Yann
Magnin vous emmène à la découverte de ces insectes incroyables accom- Sellier, Laurent Bourdin, Michel Granger.
pagnée des textes du philosophe Alain Cugno. Édition 2017, GEREPI, format : 21,5x31,5 cm, 160 pages.
LIBELLULEDM 29 € PINAIL 29,90 €

[ boutiquechassimages.com ]
• Boutiquechassimages.com est une Boutique en ligne, qui ne possède pas de magasin. Commandes par Internet (http://www.boutiquechassimages.com) ou
par courrier : (Boutique Chassimages, BP 80100, 86101 Châtellerault Cedex - France). Délai de traitement des commandes : 48 h ouvrables + acheminement.
Prix garantis durant le mois qui suit la date de parution de cette annonce. Tout article ne donnant pas satisfaction (logiciels exceptés), sera échangé moyennant
son retour, complet et sous emballage d’origine, sous 15 jours maxi après avoir obtenu, auprès de nos services, un numéro de retour.
ABONNEZ-VOUS
à Nat’Images & Chasseur d’Images
FRANCE ÉTRANGER
EUROPE
MÉTROPOLITAINE SUISSE, DOM ET TOM

l Nat’Images

6 mois / 3 numéros q 15 € q 22 € q 24 €
BP 80100 q 29 € q 39 € q 45 €
1 an / 6 numéros
86101 Châtellerault Cedex 2 ans / 12 numéros q 54 € q 76 € q 86 €
& 05-49-85-49-85
Fax : 05-49-85-49-99
l Chasseur d’Images
http://www.boutiquechassimages.com
6 mois / 5 numéros q 26 € q 40 € q 43 €
Coordonnées 1 an / 10 numéros q 47 € q 72 € q 79 €
Nom et prénom : ........................................................................................................................................................ 2 ans / 20 numéros q 89 € q 142 € q 156 €
................................................................................................................................................................................................
Adresse complète :
................................................................................................................................................................................................ l Chasseur d’Images + Nat’Images

................................................................................................................................................................................................
Code postal : ................................................................................................................................................................
1 an / 10 num CI + 6 Nat’Images q 71 € q 111 € q 123 €
Ville : ................................................................................................................................................................................... 2 ans / 20 num CI + 12 Nat’Images q 137 € q 216 € -
Téléphones ** : .... / .... / .... / .... / ....
ou .... / .... / .... / .... / ....
Nous ne commercialisons pas notre fichier d’adresses. Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6.1.1978,
e-mail : ............................................................................................................................................................................... vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant
Numéro client ou d’abonné (facultatif) : auprès du service Abonnements. abonne@photim.com

Je passe ma commande
RÉFÉRENCE DÉSIGNATION PRIX UNITAIRE € QUANTITÉ TOTAL €

** Le numéro de téléphone (fixe ou portable) est obligatoire dans le cadre de l’envoi en Colissimo. Il s’agit d’un service d’acheminement rapide de marchandises
n’excédant pas 30kg en France métropolitaine, Monaco et Andorre. Le colis est déposé sans signature dans la boîte aux lettres du destinataire. Si elle ne peut contenir Sous total €
le colis, un avis de passage y est déposé. Il indique les coordonnées du bureau de poste où retirer le colis dans un délai de 15 jours. Au-delà de cette période, le colis
est retourné à l’expéditeur.
Forfait port
PORT ET EMBALLAGE (Les frais de port sont déjà compris dans les tarifs abonnements) (pour commande
seulement)

l France métropolitaine
q Colissimo - 7 € q Express - 18 € TOTAL €
(48 heures) (J+1)

l Europe et Suisse
q Normal - 13,90 € q Express - 21 € RÈGLEMENT (ordre : Jibena)
(J+4) (J+2)
l Monde q Normal - 23 € (J+6-7)
q Chèque bancaire
(France métropolitaine uniquement)
q Carte bancaire (CB, VISA ou MASTERCARD) Date et signature

Numéro de carte bancaire


q Carte bancaire (remplir ci-contre)

Inscrivez ci-contre les 3 derniers chiffres figurant au dos


de votre carte bancaire (sur le panneau de la signature) Date d’expiration q Par virement #
Nom du titulaire ...........................................................................................................

# En cas de virement : Jibena - BIC : BNPAFRPPPEE . IBAN : FR7630004008270002136176842 . Joindre ce bulletin d’abonnement avec nom et adresse du bénéficiaire.

Vous aimerez peut-être aussi