G uide d’achat

MESURES MÉCANIQUES

Les appareils
de mesure
d’écart de forme
▼
Circularité, cylindricité, coaxialité… autant de paramètres que l’on dit
“d’écart de forme”. Pour les mesurer, il existe une grande variété de
méthodes : des appareils à contact, bien sûr, mais aussi de plus en plus
d’appareils optiques. Comme toujours, le choix dépend de l’application.
La dimension et le poids des pièces, le type de paramètres et la précision
Taylor-Hobson
que l’on attend suffisent généralement à se décider. Ensuite, il y a
quelques précautions à prendre, et pas mal de pièges à éviter…
La plupart des appareils dédiés à la
mesure d’écart de forme sont des
systèmes à contact.Ils sont basés

F
sur un plateau tournant (sur lequel aites le test. Demandez aux four- bref, vous trouverez de tout. Et chaque four- sont destinées à jouer un rôle stratégique, à
est posée la pièce),une colonne,un nisseurs d’appareils de mesure nisseur, à sa manière, aura raison. subir de nombreuses contraintes mécaniques
bras horizontal équipé d’une broche dimensionnelle que vous connais- A l’image peut-être de la mesure dimen- ou de fortes vitesses de rotation au cours de
et un palpeur… sez s’ils ont une offre dans le sionnelle, le domaine de la mesure d’écarts leur utilisation, la mesure de ce paramètre
domaine de la mesure d’écart de forme, et de forme est donc lui aussi caractérisé par est donc essentielle.
vous verrez que la une variété impressionnante de techniques, Mais attention, la multiplicité des applica-
En quelques mots
réponse est presque qu’il s’agisse de méthodes à contact ou pas, tions et le fait que les paramètres d’écart de
toujours positive… qu’elles soient normalisées ou pas, dédiées à forme sont relativement simples à appré-
 A l’image de la mesure
d’états de surface, la mesu- Telle société prônera la mesure d’écarts de forme ou au contraire hender (tout le monde, ou presque, sait ce
re d’écart de forme est les mérites de l’op- universelles. Sans compter tous les moyens qu’est une cylindricité, une circularité, ou
caractérisée par une gran- tique, telle autre vous de faire soi-même son propre montage en une planéité…) ne doivent pas pour autant
de variété de méthodes. parlera d’appareils à intégrant des palpeurs optiques, inductifs, banaliser la mesure.
 Le plus souvent, on utilise contact, telle autre ou de simples comparateurs… Si toutes sortes d’appareils sont a priori capables
des appareils à contact vous fournira toute Si l’offre est aussi abondante, c’est que la de mesurer “la forme” d’une pièce, il y a très
dédiés à cette application,
mais on trouve aussi des une panoplie d’appa- demande est, elle aussi, très forte. Il faut dire peu de points communs entre eux. Certaines
appareils optiques basés reils de poche, telle que l’écart de forme est un des paramètres les techniques sont utilisables en ligne, d’autres
sur l’ombroscopie ou l’in- autre encore vous plus importants dans la caractérisation d’une sont réservées aux salles de métrologie, la réso-
terférométrie. proposera une station pièce. Il influe sur ses propriétés mécaniques, lution peut varier du millimètre à quelques
 Ces différentes méthodes de mesure basée sur sur sa durée de vie (à cause du frottement et centièmes de microns, les paramètres obte-
n’ont bien sûr pas la même la vision industrielle, de l’usure), sur son étanchéité ainsi que sur nus ne sont pas toujours les mêmes (tout
résolution, ni le même coût.
une machine multi- toutes sortes de propriétés optiques ou chi- dépend du nombre d’axes mesurants)…
 Le choix passe par la prise
cotes, voire une miques. Dans le domaine de l’automobile, Quant au coût, il peut facilement passer du
en compte de nombreux
critères techniques… machine à mesurer de l’aéronautique, et plus généralement dans simple ou double, voire du simple au triple.
tridimensionnelle… toutes les applications où les pièces produites Si l’on souhaite mesurer toutes sortes de

58 MESURES 762 - FEVRIER 2004


paramètres (la circularité, la cylindricité, le
battement, la planéité, etc.) avec une résolu-
tion de l’ordre du micron, les appareils à
contact dédiés à l’écart de forme sont le
moyen de mesure “par excellence”. Ce sont
aussi les seuls, pour l’instant, à être norma-
lisés.
Tous mesurent au moins la circularité, mais
le plus souvent, ils permettent aussi de mesu-
rer des paramètres “tridimensionnels” tels
que la cylindricité ou la concentricité. Dans
Guide d’achat
Le nombre d’axes mesurants. Il est déter-
miné par le type de paramètres que l’on sou-
haite mesurer. Pour contrôler une circulari- Circularité
té, par exemple, un seul axe de mesure est
nécessaire. Dans ce cas, les appareils bas de
gamme suffisent. Mais si l’on rajoute la cylin-
dricité, ou tout autre paramètre nécessitant
une mesure suivant l’axe vertical, il faut pas-
ser à la gamme supérieure… Tous les four-
nisseurs ne précisent pas forcément cette dif-
férence dans leur catalogue. Pour savoir de r (Rmax - Rmin)

tous les cas, ils sont constitués d’un plateau
(sur lequel est posée la pièce) et d’une colon-
ne supportant un bras équipé d’une broche
et d’un palpeur à contact. Le plus souvent,
le plateau tourne (entraînant la pièce en rota-
tion) et la broche est fixe, mais il peut arri-
ver que la pièce soit fixe et que la broche
tourne. Ensuite, la mesure est plus ou moins
automatisée, la construction du plateau et de
la colonne peuvent donner des résultats dif-
férents d’un fournisseur à l’autre, et les dif-
férents éléments (plateau, colonne, bras, etc.)
n’ont pas la même précision de positionne-
ment ou de mouvement… Bref, au sein de
cette même famille d’appareils, il y a de nom-
breuses disparités. Mais que l’on se rassure,
certains critères “incontournables” permet-
tent de s’y retrouver…
quel type d’appareil il s’agit, il y a un moyen
simple : examiner la valeur de la rectitude
de la colonne (exprimée en microns sur une
course de 100 mm). Si celle-ci est garantie à
une certaine valeur (de l’ordre de 0,2 micron
dans la plupart des cas), c’est que l’axe ver-
tical est un axe mesurant. Le reste du temps,
aucun chiffre n’est avancé… Bien sûr, le coût
n’est pas le même. Chez Mitutoyo, par
exemple, il y a un facteur proche de 3 entre
l’appareil fournissant une mesure en 2D (le
Roundtest RA100) et le modèle milieu de
gamme (Roundtest RA2000) adapté entre
autres à la mesure de cylindricité.
L’élément tournant. C’est le poids des pièces
qui détermine le choix de l’élément tour-
nant. Pour des pièces allant approximative-
ment jusqu’à 80 kg (c’est-à-dire dans la
La circularité correspond à la différence entre le
profil d’une pièce cylindrique et un cercle géo-
métrique véritable. Elle est définie comme la dif-
férence minimale (Rmax-Rmin) entre les rayons
des cercles concentriques inscrit et circonscrit du
profil. Le centre commun de ces cercles est
déterminé à partir d’un cercle de référence, obte-
nu par l’une de méthodes décrites ci-dessous.
• Cercle défini par la métho-
de des moindres carrés
Cercle déterminé de manière
à minimiser la somme des
carrés des écarts avec le pro-
fil de la pièce.
• Cercle maximal inscrit
Cercle de rayon maximal inscrit
dans le profil mesuré d’un alésage.

• Cercle circonscrit minimal

Cercle de rayon minimal cir-
conscrit autour du profil
mesuré d’un arbre.

• Zone circulaire minimale

Zone délimitée par les cercles
concentriques inscrit et cir-
conscrit du profil présentant la
plus faible différence radiale.

Rectitude

La rectitude correspond à la distance qui sépare

les deux droites parallèles à la ligne moyenne du
profil qui délimitent ce profil. La ligne moyenne
Source Mitutoyo

Fogale Nanotech est déterminée par la méthode des moindres

carrés.
Certaines stations de mesure optique par profilométrie conviennent aussi à la mesure d’écart de forme.Le contrôle est rapide,et la résolu-
tion obtenue est parfois meilleure que celles des traditionnelles méthodes à contact.

MESURES 762 - FEVRIER 2004 59

Guide d’achat
majorité des applications), les appareils sont
à plateau tournant. Au-delà, certains four-
nisseurs proposent des machines de capaci-
té supérieure, à broche tournante. C’est le
cas par exemple d’Hommel-Somicronic dont le
modèle FMS 8200 accepte des pièces allant
jusqu’à 200 kg, ou de Mahr, dont le MFK 600
supporte une charge de 600 kg. Bien sûr, ces
machines haut de gamme n’ont pas le même
coût que les appareils à plateau tournant, et
elles sont dédiées à des applications bien spé-
cifiques. « Le Talyrond 440, par exemple, permet de
mesurer la coaxialité à 50 µm près sur une pièce de
Les appareils de mesure d’écart de 500 mm de diamètre pesant une centaine de kilos »,
forme sont généralement utilisés en
salle de métrologie.Ils sont alors
précise Olivier Berrouiguet, directeur Fran-
isolés des conditions difficiles des ce de Taylor-Hobson. Mais cela a un coût (plus
ateliers de production. Hommel-Somicronic de 300000 euros).

Les principaux fournisseurs

Fabricant ou Téléphone Fax Site Internet ou e-mail Appareils Appareils Vision Précisions
représentant à contact optiques industrielle
Akilog 03 81 80 44 13 03 81 80 44 25 www.akilog.com Développement spécifique
Ayonis 02 32 61 46 10 02 32 61 46 11 www.ayonis.com ●
Benzing (Blet) 01 40 35 44 16 01 40 36 77 71 www.blet-mesure.fr ●
Breuckmann (Eotech) 01 64 49 71 30 01 64 49 32 29 www.eotech.fr ●
Cotec 04 50 71 21 63 04 50 71 22 46 www.cotec.fr ●
Digital Surf 03 81 50 48 00 03 81 50 92 24 www.digitalsurf.fr Développement de logiciels
Fisba Optik (Eotech) 01 64 49 71 30 01 64 49 32 29 www.eotech.fr ●
Fixtur Laser 01 30 17 30 30 01 30 17 30 31 lloyd-industriel@wanadoo.fr ●
Fogale Nanotech 04 66 62 05 55 04 66 62 71 60 www.fogale.fr ●
Hommel Somicronic 04 72 26 88 50 04 72 26 88 59 www.hommelwerke.com ● ● ●
Jeambrun Automation 0825 125 125 04 42 83 84 82 www.jeambrun-automation.com ● Ombroscopie
Keyence 01 56 37 78 00 01 56 37 78 01 www.keyence.fr ● Mesures par ombroscopie
Mahr 01 69 35 19 19 01 69 35 19 00 www.mahr.com ● ● Mesures de formes, 3D et engrenage combinés
Microplan 05 55 80 66 66 05 55 80 66 20 www.microplan-group.com Mesure de concentricité sur appareils base granit
Mitutoyo 01 49 38 35 00 01 48 63 27 70 www.mitutoyo.fr ●
Mitutoyo (Bullier Int.) 01 46 95 09 09 01 46 95 08 56 www.bullier-international.fr ● Mesures 2D par laser
Nanofocus (Eotech) 01 64 49 71 30 01 64 49 32 29 www.eotech.fr ●
Nikon 01 45 16 46 72 01 45 16 45 55 www.nikon.fr ● Machines de vision associées à un laser
OGP 01 60 92 10 65 01 69 28 74 16 www.ogpnet.com ● Machines 3D optiques
PL Martin 01 60 36 01 01 01 64 02 06 93 www.pl-martin.fr ● ● Bancs de mesure
Sagitt’air 03 20 78 00 06 03 20 74 94 18 sagitair@club-internet.fr Bancs d’étalonnage pour calibres
Satimage 01 46 15 92 92 01 46 15 92 99 www.satimage.fr ● Mesure de rectitude
Sisis (Eotech) 01 64 49 71 30 01 64 49 32 29 www.eotech.fr ●
SM (Someco) 01 49 63 16 30 01 49 63 19 18 someco@wanadoo.fr ●
Stil 04 42 39 66 51 04 42 24 38 05 www.stilsa.com ●
Stotz 01 61 08 48 90 01 61 08 48 91 www.stotz.com Machines pneumatiques standards ou spécifiques
Symetrie 04 66 29 43 88 04 66 29 54 47 www.symetrie.fr ● ●
Taylor-Hobson 01 60 92 14 14 01 60 92 10 20 www.taylor-hobson.com ● ● Appareils spécifiques pour moteurs auto., optique…
Techlab 03 87 75 54 29 03 87 36 23 90 www.techlab.fr ●
Tesa 03 83 76 83 76 03 83 74 13 16 roch@wanadoo.fr ● ● ●
Timeat 02 99 04 64 50 02 99 04 64 59 www.timeat.fr ●
Zeiss (Trimos Sylvac) 01 43 04 40 10 01 43 05 69 07 www.tsmfrance.com ●
Ce tableau ne mentionne pas l’offre en machines à mesurer tridimensionnelles (MMT), en bras de mesure, ni en capteurs ou en appareils de poche. Il ne regroupe que les appareils intégrés, qu’ils soient optiques, à contact, ou basés sur la vision.

60 MESURES 762 - FEVRIER 2004


Dans la plupart des cas,les appa-
reils de mesure d’écart de forme
sont constitués d’un plateau tour-
nant et d’une broche fixe.Dans ce
cas,seule la pièce est entraînée en
rotation.Mais tout dépend de la
charge maximale admise par
l’appareil.Pour des pièces pesant
une centaine de kilos ou plus,on
utilise des appareils à broche
tournante.
Taylor-Hobson
Les machines à broche tournante sont aussi
adaptées à une plus large variété de pièces.
« Les plateaux tournants sont limités aux pièces cylin-
driques,alors que les broches tournantes permettent aus-
si de mesurer les zones cylindriques de pièces éventuellement
prismatiques », indique Jean-François Ville,
gérant d’Hommel-Somicronic.
La charge maximale. Cette caractéristique
ne doit pas être lue séparément, mais en rela-
tion avec la construction de la machine. C’est
ce qu’explique Christophe Peiniau, directeur
commercial de la division biens d’équipe-
ments industriels chez Mitutoyo. « Le guidage des
plateaux peut être assuré par des broches à air ou par des
paliers à billes. Les paliers à billes acceptent des charges
plus importantes (au-delà de 80 kg),mais les broches à
air sont plus avantageuses en termes de précision et d’en-
tretien puisqu’il n’y a pas de contact,donc pas de frotte-
ments ». Mais ce dernier point est sujet à
controverse. Pour Alexandre Dufour, chef
produits chez Mahr, « le système de guidage à billes
nécessite moins d’entretien et offre une plus longue durée
de vie qu’un système de guidage à air ».
L’assistance à la mesure. Avant toute mesu-
re d’écart de forme, il faut commencer par
dégauchir la pièce et la centrer (afin de s’af-
franchir des variations d’inclinaison du pla-
teau ou du positionnement de la pièce). Ces
deux opérations peuvent être réalisées
manuellement (en tournant des molettes
situées sur le côté du plateau) ou automati-
quement (lorsque le mouvement est moto-
risé). Dans le premier cas, l’opérateur n’est
jamais totalement livré à lui-même. Le logi-
ciel associé à l’appareil lui permet de visua-
liser son réglage sur l’écran d’un PC et de
s’arrêter au bon moment.Toujours pour plus
de convivialité, Mitutoyo a breveté un système
de butées à affichage numérique permettant
de lire directement la valeur de centrage et
de nivellement à atteindre en tournant les
molettes.
La qualité des axes. La rectitude de la colon-
MESURES 762 - FEVRIER 2004
Guide d’achat
Perpendicularité
La perpendicularité recherchée peut être soit
celle d’un cylindre par rapport à un plan, soit
d’un plan par rapport à un cylindre. Pour déter-
miner la perpendicularité d’un plan par rapport
à un axe de référence, il faut mesurer ce plan et
deux sections du cylindre déterminant l’axe de
référence.
La perpendicularité calculée correspond alors à
la distance qui sépare les deux plans géomé-
triques perpendiculaires à l’axe de référence et
enveloppant le plan mesuré.
Perpendicularité
ne, la précision de rotation du plateau et la
rectitude du bras horizontal sont autant de Axe de référence
critères à considérer. Mais attention, « il faut
regarder les fiches techniques des appareils avec un œil cri-
tique,et regarder de près la méthode qui a été utilisée par
le fournisseur pour calculer ces paramètres », indique
M. Dufour (Mahr). Prenons l’exemple de la
circularité. Si ce critère est apparemment sans
ambiguïté, sa définition théorique fait appel Pour déterminer la perpendicularité d’un
à un “cercle de référence”, qui peut être cal- cylindre par rapport à un plan de référence, il faut
culé de différentes manières (méthode des définir le plan de référence par un ou plusieurs
cercles et mesurer le cylindre à évaluer.
moindres carrés, cercle de rayon maximal
La perpendicularité calculée est l’écart entre les
inscrit dans le profil, cercle de rayon minimal centres des deux sections, projetés orthogonale-
ment dans le plan de référence.
Cylindricité
Perpendicularité
Plan de référence
Cylindricité
La cylindricité correspond à l’écart
entre une forme cylindrique et un
cylindre géométriquement parfait. Planéité
Pour mesurer la cylindricité d’une
pièce, il faut d’abord en mesurer
plusieurs sections afin de définir un
axe de référence selon la méthode
de zone circulaire minimale puis les
données mesurées sont encadrées
par deux cylindres coaxiaux avec
l’axe de référence, et délimitant les
profils de la série de sections. La
cylindricité de la pièce correspond
à la différence des rayons (Rmax- La planéité correspond à la distance qui sépare
Source Mitutoyo
Rmin) des deux cylindres les deux plans parallèles au plan de référence
enveloppes. qui délimitent la circonférence mesurée.
61
Guide d’achat
Le logiciel joue un rôle très impor- la gamme de contrôle en visualisant le mouvement du
tant dans la mesure d’écart de for-
me.Il assiste l’utilisateur durant les
palpeur durant l’opération », précise Laurent
procédures de réglage (nivellement et Drouart, chef de produits.
dégauchissage),de programmation
et de mesure.Parfois,il ressemble à Des précautions indispensables
un logiciel de machine à mesurer Une fois l’appareil choisi, un certain nombre
tridimensionnelle :il est même pos-
sible de visualiser la trajectoire du
de précautions s’avèrent encore indispen-
palpeur lors de la mesure. sables pour réaliser la mesure dans de bonnes
conditions. Il faut notamment se protéger
correctement de l’environnement vibratoire
et ce d’autant plus que ces appareils ne sont
pas toujours installés dans des salles de
métrologie, et qu’ils sont souvent disposés
dans des cabines situées en bord de ligne.

circonscrit autour du profil, etc.). Comme
la valeur de circularité obtenue sera diffé-
rente d’une méthode à l’autre, il faudra la
préciser pour s’assurer que l’on compare des
critères réellement comparables…
Le logiciel. Il joue un rôle important. « Il faut
qu’il assiste réellement l’utilisateur durant la mesure,
insiste Jean-François Ville (Hommel-Somicro-
nic). Si l’on doit mesurer la circularité,par exemple,il faut
Mitutoyo
qu’il y ait une procédure assez conviviale,et non pas que
le logiciel commence à demander à l’utilisateur quelle est
la valeur du cut-off ».
La “convivialité” est plus ou moins poussée.
Dans certains cas, le logiciel ressemble à ceux
qui sont utilisés avec les machines à mesurer
tridimensionnelles. Chez Mitutoyo par
exemple, « il est possible de dessiner la pièce en 3D,de
la faire tourner dans tous les sens à l’écran,et de préparer
Dans ce cas, les fournisseurs jouent parfois les
pédagogues… « Dans un contrôle en bord de ligne,
quel qu’il soit,il y a toujours des opérateurs qui n’ont pas
encore pleinement conscience du soin qu’il faut apporter
à la mesure », indique M.Ville (Hommel-Somicro-
nic). « Il faut leur expliquer qu’il existe des solutions,
notamment des systèmes anti-vibratoires sur coussins
d’air,ajoute M. Peiniau (Mitutoyo). Mais la tâche
est parfois difficile, d’autant plus que certains systèmes
peuvent engendrer un surcoût allant jusqu’à 4000 euros ».
L’investissement, en outre, ne se justifie pas

Dans le détail…
Fabricant Appareil Élément Mesure 2D Rectitude de Charge Dégauchissage Commande Observations
ou gamme tournant ou 3D(1) la colonne(2) maximale et nivellement numérique
Hommel Somicronic Form 1000 Plateau 2D Non garantie 25 kg Manuel Non 1 axe de mesure
Form 2003/4004 Plateau 3D 0,2 µm 80 ou Manuel (2003) Oui 2 ou 3 axes de mesure, rotation du
40 kg ou auto (4004) capteur en option (Form 4004)
FMS 8200 Broche 3D 0,2 µm 200 kg Automatique Oui 5 axes de mesure, système de
rotation du capteur
Mahr MMQ10/30/44 Plateau 2D** 0,25 µm 20 ou Manuel (10/30) Non (10/30) Broche mécanique, palpeur
ou 3D (MMQ30 et 44) 60 kg Auto et manuel (44) Oui (44) mesurant sur 360° (MMQ44)
MFU800 Plateau 3D 0,2 µm 100 kg Automatique Oui Version avec laser pour mesure
des écarts de forme et diamètres
MFK600 Broche 3D 1, 1 et 0,5 µm 600 kg Automatique Oui 5 axes de mesure, grande capacité
suivant X, Y et Z
Mitutoyo Roundtest RA100 Plateau 2D Non garantie 20 kg Manuel* Non Guidage du plateau par
broche à air
Roundtest RA2000-D/ Plateau 3D 0,25 µm 30 kg Manuel* (D) Non (D/A) Guidage plateau par broche à air
-A ou Extreme Auto (A/Extreme) Oui (Extrême) Course colonne entre 280 et 480 mm
Roundtest RA-H5000 Plateau 3D 0,05 µm 80 kg Automatique Oui Guidage du plateau par
(Extrême) broche à air
Taylor-Hobson Talyrond 130/131 Plateau 2D Non garantie 20 kg Manuel Non Mesure assistée par logiciel
Ultra (Windows)
Talyrond 265/290 Plateau 3D De 0,15 à 75 kg Automatique Oui Appareil multi-usages, modulable
0,3 µm Module spécial “roulements”
Talyrond 440 Broche 3D 0,25 µm 1 000 kg Automatique Oui Contrôle de pièces prismatiques,
entièrement programmable, SPC
(1) Appareils mesurant dans l’axe vertical (mesure de cylindricité) - (2) Sur une course de 100 mm
*Assisté par butées à affichage numérique - **Modèle MMQ10 - ***Modèle RA-H5000 Extrême

62 MESURES 762 - FEVRIER 2004


Mitutoyo
toujours. « Dans certains cas particuliers,le phénomè-
ne vibratoire peut même être amplifié par ce type de mon-
tage », précise M. Peiniau (Mitutoyo). « Il nous
est même arrivé de voir des mesures perturbées en salle de
métrologie, donc dans un environnement a priori favo-
rable,rien que parce qu’une canalisation d’eau passait en
dessous! », se souvient M.Ville (Hommel-Somi-
cronic). De toute manière, « il n’y a pas de solution
idéale.Je ne vois pas quelle structure de machine pourrait
absorber toutes les vibrations », constate M. Drouart
(Mitutoyo).
Mais que l’on se rassure, « en écart de forme, la
mesure est généralement moins sensible aux perturbations
extérieures qu’en état de surface », indique M. Peiniau
(Mitutoyo). M.Ville (Hommel-Somicronic) fait la
même analyse. « En écart de forme,on se situe dans
les longueurs d’onde moyennes et l’on filtre les petites lon-
gueurs d’ondes (c’est-à-dire les hautes fréquences) cor-
respondant à l’état de surface.Ce faisant,on élimine alors
toute une partie de l’environnement vibratoire ». Quant
à d’éventuelles dilatations thermiques de la
machine ou de la pièce, elles ne sont pas vrai-
ment gênantes. « On n’effectue que des mesures rela-
tives,explique M. Peiniau (Mitutoyo). Ce qui comp-
te en revanche,c’est qu’il n’y ait pas de brusques variations
de température durant la mesure ».
L’autre précaution concerne la propreté des
pièces. « Il est toujours préférable de nettoyer les pièces
avant le contrôle (avec des soufflettes, par exemple) pour
ôter les poussières », conseille M.Ville (Hommel-
Somicronic). Pour PascalVabre, responsable com-
mercial de l’activité profilométrie chez Fogale
Nanotech, il n’est pas très utile d’insister là-des-
sus : « De toute manière, les opérateurs qui usinent des
pièces doivent forcément les laver et les sécher,et la plupart
du temps,elles passent au contrôle avant d’être huilées… ».
Optique, MMT et tutti quanti
A côté des traditionnels appareils à contact,
d’autres méthodes commencent à s’impo-
ser. C’est le cas notamment des systèmes
optiques. La plupart des fournisseurs pré-
sentent des appareils basés sur l’ombroscopie,
MESURES 762 - FEVRIER 2004
Guide d’achat
Coaxialité
Les appareils de table fournissent tous au moins le
paramètre de circularité.Mais si l’on souhaite mesurer
aussi des paramètres tridimensionnels tels que la cylin-
dricité,il faut s’assurer que la colonne est un axe
mesurant et que sa rectitude est garantie.
Cette caractéristique est désignée par le même
mais certains proposent aussi la profilométrie symbole de cotation que la concentricité, mais
ou l’interférométrie. Et même des fabricants s’applique sur la comparaison d’un cercle par
que l’on s’était habitué à voir dans le domai- rapport à un cylindre ou deux cylindres.
ne du contact se mettent à proposer des sys- La coaxialité correspond au diamètre d’un cercle
tèmes optiques. C’est le cas par exemple de égal à deux fois la distance qui sépare le centre
Taylor-Hobson, qui développe l’optique pour du profil de la section circulaire ou du cylindre
la mesure d’états de surface et qui projette par rapport à l’axe de rotation de référence
déterminé comme étant l’axe central du second
de l’appliquer aussi à l’écart de forme, d’Hom-
cylindre. Pour obtenir cette valeur, il faut mesu-
mel-Somicronic, qui propose les deux techno- rer les sections qui définiront l’axe de référence,
logies (optique et mécanique), et de Mahr puis mesurer la section du cylindre à évaluer.
qui propose une gamme de machines (la La coaxialité obtenue est égale au double de la
série Multisensor) intégrant à la fois un pal- distance qui sépare le centre de ce profil circu-
page optique, mécanique et laser. laire à l’axe de référence.
Les autres fournisseurs sont des habitués du
sans contact : citons entre autres Fogale Nano-
tech, avec ses stations de “profilométrie 3D”
et Eotech, qui propose notamment des sta-
Concentricité
tions basées sur un principe interféromé-
trique. D’autres enfin s’approchent davanta-
ge de la vision industrielle. C’est le cas par
exemple des stations de mesure 3D d’OGP, de
Nikon ou de Timéat.
Quel est l’intérêt du “sans contact” ? Tout le
monde, ou presque, s’accorde à dire qu’il est
généralement plus rapide qu’un système de
palpage mécanique, et qu’il permet de
contrôler des pièces fragiles ou des maté-
riaux mous. Un des inconvénients, c’est que
certaines pièces de forme complexe peuvent
ne pas réfléchir la lumière dans la direction
du récepteur. Quant à la résolution des appa-
La concentricité correspond au diamètre d’un
reils optiques, il est difficile de trouver une
cercle égal à deux fois la distance qui sépare, sur
règle générale… Pour M.Vabre (Fogale Nano-
un même plan perpendiculaire à l’axe de rota-
tech), « les méthodes optiques peuvent être dix fois plus tion, le centre du cercle évalué par rapport au
résolvantes que les techniques à contact ». Mais tout centre du cercle de référence, obtenus par les
dépend du principe utilisé. « En ombroscopie mesures de deux profils circulaires d’une pièce.
infrarouge,par exemple,nous pouvons obtenir une résolu- Pour déterminer la concentricité d’un cercle par
tion de 0,5 µm sur un diamètre (alors qu’on aura une pré- rapport à un autre, il faut mesurer préalable-
cision de 0,07 µm sur la circularité dans un appareil à ment deux sections circulaires puis définir celle
contact) », indique M.Ville (Hommel-Somicronic). qui désignera le cercle de référence.
L’interférométrie est généralement plus résol-
vante, mais plus souvent utilisée pour des Source Mitutoyo
mesures en 2D qu’en 3D. « Elle nécessite aussi
63
 Guide d’achat
d’avoir une surface polie », ajoute Jean-Jacques Ser-
vant, p.-d.g. d’Eotech. Sans compter que les
champs observés sont souvent limités à
quelques millimètres carrés. Pour réaliser des
mesures d’écart de forme, il faut alors sou-
vent avoir recours à des techniques de recol-
lement de champs. Quoi qu’il en soit, « l’uti-
lisation de palpeurs à contact ou de systèmes optiques
dépend avant tout des applications, souligne M.Ville
(Hommel-Somicronic). Ces deux principes peuvent
d’ailleurs être complémentaires. Il est possible d’utiliser
l’optique pour réaliser un contrôle rapide mais moins pré-
cis,donc à un stade de finition peu avancé du process,et de
garder au final un appareil à contact comme juge arbitre ».
Reste que l’optique a encore du mal à s’im-
poser dans les esprits. « Nous menons un travail
d’éducation pour faire comprendre aux industriels que l’op-
Hommel-Somicronic
tique peut jouer dans la même cour que les systèmes à
contact », indique M.Vabre (Fogale Nanotech). Il
faut dire aussi que s’il arrive aujourd’hui à
concurrencer certains appareils à contact, le
coût de l’optique a longtemps été dissuasif…
Autre obstacle de taille, le fait qu’il n’y ait
Si l’on souhaite mesurer différents paramètres sur des pièces de formes complexes,il pas encore de normes dans la mesure des
faut s’assurer que l’appareil dispose d’un nombre suffisant d’axes mesurants.Sur cer-
tains modèles,le palpeur peut mesurer sur 360°,dans toutes les positions,et sur une
écarts de forme par méthode optique. « Cela
course très large… Et pour des pièces très encombrantes,on peut toujours utiliser des n’est pas au programme pour l’instant,précise M.Vil-
machines à broche tournante. le (Hommel-Somicronic). Mais peut-être que l’on y
Des questions à se poser ■ Pour quoi faire ?
■ Quels paramètres souhaitez-vous Une expertise en laboratoire de métrologie,
mesurer ? un contrôle en bord de ligne, etc.
La circularité, la cylindricité, la concentricité, Un contrôle à 100 % ou par prélèvement
la rectitude, la planéité, la perpendicularité, ■ A quelle fréquence ?
l’excentricité, le battement… ■ Quelle est la résolution attendue ?
■ Sur quel type de pièces ? Plusieurs microns, plusieurs dixièmes ou
Ses dimensions, son poids, sa forme générale… centièmes de microns…
Et s’ils avaient un conseil à donner… ?
■ Christophe Peiniau, directeur commer- ■ Olivier Berrouiguet, directeur France de
cial division biens d’équipements indus- Taylor-Hobson :
triels chez Mitutoyo : « Pour choisir un appareil de mesure d’écart
« Pour choisir un appareil de mesure d’écart de forme, il faut à la fois considérer la tech-
de forme, il y a plusieurs critères à considérer. nologie et la précision de la broche, la char-
Tout dépend d’abord de ce que l’on veut ge maximale, le fait qu’il y ait, ou pas, un
mesurer, et de la précision que l’on recherche. centrage et un nivellement automatiques, la
Ensuite, bien sûr, les dimensions et le poids de colonne (sa rectitude, son positionnement),
la pièce. Puis la manière dont on souhaite uti- le bras, le capteur et enfin le palpeur… »
liser l’appareil : va-t-il servir à une expertise en ■ Pascal Vabre, responsable commercial acti-
laboratoire ? A un contrôle en bord de ligne ? vité profilométrie chez Fogale Nanotech :
A-t-on besoin d’un calculateur intégré ou pas ? « Il ne faut pas croire tout ce que donnent
Ensuite, il y a les caractéristiques techniques, les fiches techniques ! Plutôt que de compa-
et notamment la précision de rotation, la pré- rer les performances techniques de tous les
cision de rectitude de la colonne et du bras, la appareils, il vaut mieux encore prendre soi-
perpendicularité du bras par rapport à l’axe de même ses échantillons et aller faire ses
rotation… et bien sûr le coût ». essais »…
64
viendra. Il y a bien des travaux en cours pour normaliser
l’optique dans le domaine des états de surface...».
Sur ce manque de normes, chacun a sa peti-
te explication : « Je me suis longtemps demandé
pourquoi la normalisation ne s’était attachée qu’aux
méthodes à contact,alors que cela fait plus de dix ans que
des méthodes optiques existent dans ce domaine.Je n’ai
compris ce retard que lorsque j’ai constaté que la plupart
des constructeurs présents au niveau des instances nor-
matives étaient les principaux fournisseurs d’appareils à
contact… », nous confie un des fabricants
spécialisés dans l’optique. Quoi qu’il en
soit, c’est un faux problème, estime M.Vabre
(Fogale Nanotech) : « Tout bon métrologue se doit
d’avoir plusieurs instruments lui permettant d’avoir un
recouvrement entre les différents résultats qu’il obtient.
Il peut très bien mesurer une pièce jugée “bonne”par un
appareil à contact afin d’étalonner un ou plusieurs sys-
tèmes optiques ».
D’autres moyens de mesure sont bien sûr
capables de mesurer un écart de forme, mais
cela n’est pas leur vocation première.« Les MMT
(machines à mesurer tridimensionnelles) sont un peu le“cou-
teau suisse” de l’atelier, indique M. Peiniau (Mitu-
toyo). Elles peuvent tout faire,mais elles ne feront pas mieux
qu’un appareil spécifique,dédié à l’écart de forme ».M.Ber-
rouiguet (Taylor-Hobson) fait la même analyse.
« S’il faut réaliser une mesure dimensionnelle, les MMT
seront les plus précises.Mais en écart de forme,une MMT don-
nera un résultat à 20 µm près, alors que nous parlons de
50 nm ». « Il n’y a pas de secret, poursuit M.Ville
(Hommel-Somicronic). Si l’on recherche de la précision,il
faut s’orienter vers des machines dédiées… ».
Quant aux machines multicotes,elles sont aus-
si utilisées pour réaliser des contrôles dimen-
sionnels (tels que le diamètre de pièces de révo-
lution), mais elles présentent l’inconvénient
d’être dédiées à un type de pièces...
Une fois la méthode choisie, il reste encore un
certain degré de liberté dans le mode opéra-
toire.Car si les paramètres sont théoriquement
bien définis (notamment dans l’Iso 1101), la
méthode pour arriver au résultat n’est pas tou-
jours précisée. Il y a par exemple le choix dans
la détermination du fameux “cercle de réfé-
rence” mentionné dans la définition de la cir-
cularité. Chacun est libre de choisir la métho-
de des moindres carrés, par exemple, ou le
cercle maximal inscrit,ou bien encore le cercle
circonscrit minimal… De même, la cylindri-
cité peut être mesurée en prenant différentes
sections à plusieurs hauteurs ou, comme le
proposent certains fournisseurs, en réalisant
un palpage hélicoïdal. « La norme ne donne que des
conditions par défaut.Ensuite,il est toujours possible de fai-
re autrement », indique M.Ville (Hommel-Somicro-
nic). Pour M. Peiniau (Mitutoyo), « l’essentiel,fina-
lement, c’est de préciser, lorsqu’on obtient un résultat, la
méthode que l’on a utilisée pour y parvenir… ».
Marie-Line Zani
MESURES 762 - FEVRIER 2004