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DANS
LA LITURGIE
CONFÉRENCES SAINT-SERGE
XXVII" SEMAINE D'ETUDES LITURGIQUES
20
DE LICENTIA SUPERIORUM
TABLEAU DES MATIÈRES
Page
Préface (TRIACCA A.M.) 7
ANDRONIKOF C., Le Dieu-Homme dans la liturgie de la Trans-
figuration et de l'Ascension 13
BOBRINSKOY B., Comment le Christ et le Saint Esprit se
situent-ils l'un par rapport à l'autre dans la liturgie? 27
CAZELLES H., Le Messie dans l'Ancien Testament . 37
DALMAIS I.-H., Le Christ dans les liturgies syriennes orien-
tales et occidentales 49
GERIIARDS A., Le phénomène du Sanctus adressé au Christ.
Son origine, sa signification et sa persistance dans les
Anaphores de l'Eglise d'Orient 65
HRUBY K., Le Messie dans la liturgie juive . 85
KNIAZEFF A., La Passion du Christ et le jugement de ce
monde (Jean 12,31) d'après les lectures bibliques de la
Semaine Sainte byzantine . 105
KOULOMZINE N., La prière du Christ au Père . 131
NEUNHEUSER B., Les fêtes de l'année liturgique: fêtes du
Christ? (Comment expliquer l'absence de fêtes du
Père?) 143
OSSORGUINE N., La Résurrection du Christ en tant que vic-
toire définitive sur la mort à travers le septième jour,
d'après la liturgie orthodoxe 151
RAFFIN P., La fête de Noël, fête de l'événement ou fête
d'idée? . 169
RENaux Ch., Le Christ dans quelques textes du rite ar-
ménien 179
RORDORF W., La liturgie et le problème du " Filioque " 203
ROSE A., Versets psalmiques de Pâques ct de l'Ascension 217
6 TABLEAU DES MATIERES
Page
THEODOROU E., Le Christ dans le cycle des fêtes de l'Eglise
orthodoxe 245
TRIACCA A.M., " Christoprosopographie ». Frontière entre la
Christologie et la Christianologie selon les sources li-
turgiques occidentales (De la méthode à la théologie
liturgique) . 261
WEBB D., Le Christ dans la liturgie baptismale de l'Eglise
nestorienne 305
WESTPHAL G., Le Christ dans la récente liturgie romande
des temps de fête et dans le nouveau recueil "Nos
coeurs te chantent» à l'usage des Eglises protestantes
de France . 331
ZELLWEGER E., Les fêtes du Christ dans l'année liturgique
des Eglises réformées de Suisse Alémanique . 345
ZU1:EKR., Christologie et sotériologie de la prière de l'Hym-
ne des Chérubins 363
PRÉFACE
* * *
~, * *
11 Voir B. NEUNHEUSER, Saint Serge 1980, dans: Erbe und Auftrag 56 (1980)
410414.
IR Voir l'apport des professeurs italiens de liturgie sur notre sujet dans:
AA.VV., Cristologia e Liturgia. Atti della VIII Settimana di studio dell'Associa-
zione Professori di Liturgia (Balogna 1980).
PREFACE 11
Achille M. TRIACCA
2 c. AXDRONTKOF, Le sens des fêtes, Paris 1970, pp. 243·244; avec les excuses
de l'auteur pour se citer lui·même.
l C. ANDRONIKOF, op. cU., p. 248.
20 CONSTANTIN ANDRONIKOF
110 Verbe de Dieu, qui est compris par les fidèles et qui est
humainement connaissable » (9~ ode du canon de l'avant-fête).
Cc Eclaire-nous aussi de la lumière de ta connaissance» (aposti-
che de vêpres).
LE DIEU-HOM!vlE DANS LA LITURGIE 21
Et à l'Ascension:
« Le ciel, ayant ouvert ses portes, révèle sa beauté, et la terre
découvre les trésors cachés, apprenant la descente et la remontée
d'Adam» (litie).
LE DIEU-HOMME DANS LA LITURGIE 23
* * *
firme, lui, priant en nous (Gal. 4,6 et Rom, 8,26) et nous en lui
(Rom, 8,15), creusant en notre être un espace grandissant où
s'instaure le Règne de Jésus, où « ce n'est plus moi qui vis, mais
le Christ en moi" (Gal. 2,20),
Relation du Christ et de l'Esprit Saint dans l'Eucharistie,
C'est un don réciproque permanent à l'Eglise qui la maintient
dans l'être, dans le mouvement et dans la vie (Act. 17, 28,
appliqué à rebours à la trilogie sacramentaire par Nicolas Ca-
basilas; voir Vie en Christ, 1. l, P,G, 150, 501-504, trad, franç"
p, 27), L'Esprit creuse en nous un espace infini d'accueil, nous
constitue en temple de la divinité, crie lui-même en nous « viens,
Seigneur Jésus », « Maranatha », «Abba Père». Le Seigneur
ressuscité nous communique à nouveau son Esprit comme à la
création et à la résurrection: « Recevez l'Esprit Saint }).
5, - LE MYSTÈRE DU PÈRE
Boris BOBRINSKOY
LE MESSIE DANS L'ANCIEN TESTAMENT
sur lequel repose l'Esprit, le Messager d'Is 61,1 sur lequel repose
l'Esprit du Seigneur pour proclamer l'année de libération. Saül
et David avaient reçu l'Esprit lors de leur onction mais ils ne
pouvaient le transmettre. Le rejeton de Jessé d'Is 11,lss était
sous la mouvance de l'Esprit et pouvait mettre son pays dans
l'ambiance de l'Esprit. Pour l'Epître aux Hébreux le Sacerdoce
aaronide cède la place au sacerdoce selon Melkisédek. Le Christ
est la Sagesse miroir de Dieu car, en elle, est l'Esprit selon la
Sagesse de Salomon (7,22). Enfin, pour Luc et pour Jean la
Pentecôte est le don de l'Esprit car Jésus a l'Esprit sans
mesure (3,34) et fait naître de l'Esprit (3,8). Aussi sa chair et
son sang sont esprit et vie. Tel est le Messie biblique qui fait de
Jésus de Nazareth parfait médiateur. A 1" place de la liturgie
non charismatique d'un Temple de pierre, il lègue aux membres
de son corps une liturgie où l'Esprit agit et donne le vie.
Henri CAZELLES
LE CHRIST DANS LES LITURGIES SYRIENNES
ORIENTALES ET OCCIDENTALES
LES ORIGINES
SAINT ÉPHREM
Cette hymne est peut-être parmi les plus anciennes qUI nous
soient conservées de saint Ephrem; du moins a-t-on pu le con-
jecturer en raison des incertitudes de la prosodie. Mais tout
au travers de son œuvre et de ce qu'y ont ajouté au cours des
siècles les innombrables disciples dont l'anonymat s'abrite sous
son nom prestigieux, c'est au travers de ce jeu d'images et de
figures bibliques que s'exprime avant tout le témoignage que les
Eglises syriennes n'ont cessé de rendre au Christ Seigneur et
Sauveur. Par delà les controverses théologiques dont les âpres
disputes recouvrent, on le reconnaît de plus en plus, bien des
malentendus et qui ont trop souvent servi de paravent à des
oppositions et à des refus dont la nature véritable est toute autre
que la sauvegarde de la foi orthodoxe, celle-ci n'a cessé en toute
confiance de se reconnaître et de se dire dans cette poésie
archaïque. Ephrem, plus que quiconque, s'est employé à mettre
en garde contre le goût intempérant des spéculations sur ce qui
doit rester mystère, caché aux prétentions de l'intelligence hu-
maine. Il y insiste d'autant plus qu'il lui faut, surtout lorsqu'il a
trouvé refuge à Edesse, cité plus influencée que ne l'était Nisibe
par les divers courants hétérodoxes, à défendre la pureté de la foi
chrétienne.
C'est précisément cette folle prétention qu'il reproche rude-
ment aux Ariens. Tout autre sera son attitude; il l'explique
longuement, par exemple, au début de l'Hymne X sur la Foi:
« Seigneur, c'est de vous qu'il est écrit: Ouvrez votre bouche et je
[la remplirai.
54 IRENEE-HENRI DALMAIS
Bien que votre nature (kyana) soit une, multiples en sont les
[expressions;
On en trouve trois niveaux: élevé, moyen, inférieur.
Rendez-moi capable d'aborder le moindre,
de picorer les miettes de la table de votre sagesse.
'csco 154.
LE CHRIST DANS LES LITURGIES SYRIENNES 55
ÉGLISES DE MÉSOPOTAMIE
9 Ibid., p. 128.
10 Ibid., p. 144.
Il Ibid., p. 256.
60 lRENEE-HENRI DALMAIS
LITURGIES SYRO-ANTIOeRIENNES
Il Ibid., p. 245.
13 Ibid.
LE CHRIST DANS LES LITURGIES SYRIENNES 61
Ces textes d'une si ferme densité ont été par la suite submer-
gés sous le flot des compositions plus récentes dont celles de
Jacques de Saroug, si riches d'images poétiques glanées au tra-
vers de la Bible mais doctrinaIement plus imprécises, ont fourni
le modèle. C'est plutôt dans les Sédré, joyeau de la catéchèse
liturgique des Eglises syro-antiochienne et maronite qu'il faudrait
chercher le témoignage de leur christologie. Or il est à souligner
que ces «discours ordonnés" - tel est, semble-t-i1, le sens le
plus sûr de Sédro - composés originairement pour accompa-
gner l'offrande de l'encens du soir et du matin mais qui se sont
par la suite multipliés sans mesure, sont pour une large part
communs à deux Eglises dont l'une confesse les formulations
chaIcédoniennes de la foi alors que l'autre, en la majorité de ses
communautés, ne les a pas reçues. Citons seulement, à titre
d'exemple, quelques lignes d'un Sédro pour la fête de la Nativité,
cueilli dans la liturgie maronite. Il suffira à donner le ton de ces
compositions qui mériteraient d'être étudiées avec plus d'atten-
tion par les théologiens:
« A Toi la louange et la reconnaissance, Enfant éternel qui n'a
pas de commencement, Lumière cachée qui a brillé sur le monde,
Ancien des jours qui es né petit enfant de la fille de David, Seigneur
qui t'es contenté d'une mangeoire dans la grotte, Très-Haut qui fus
enveloppé de langes, Redoutable qui t'es complu dans les chants de
la fille de David. Nous qui maintenant contemplons émerveillés
le mystère de notre salut, nous nous écrions: Merveilleux es-tu, ô
Dieu, qui es devenu homme, sans changer en rien de la nature de ta
Divinité ... »17.
16 Ibid., pp SI-52.
17 Trad. P. BOUTROS G~MAYEL.
LE CHRIST DANS LES LITURGIES SYRIENNES 63
Irénée-Henri DALMAIS
LE PHÉNOMÈNE DU SANCTUS ADRESSÉ AU CHRIST
SON ORIGINE, SA SIGNIFICATION ET SA PERSISTANCE
DANS LES ANAPHORES DE L'ÉGLISE D'ORIENT
1 Cf. A. BAUMSTARK, Tt"isl1agÏon und Qeduscha, dans: JLW 3 (1923), 18-32. J.A.
JUNGMAXN, Missarwn Solleml1ia II (Wien - Freiburg - Basel 51962), 161-173, 579-580:
E. WERNER, The Genesis of the liturgical Sanctus, dans: J. WESTRUP (Ed.), Essays
presented to Egon Wellesz (Oxford 1966) 19-32. G. K.RETsCHMAR, art. Abend-
mahlsfeier !, dans: TRE 1 (1977) 229-278, surtout 243-245.
l Cf. J.M. HANSSENS, Institutiones LiturgiclJ!. de ritibu5 orientalibus II (Ramœ
1932),390-404; G. KRETSCHMAR, Studien zur frühchristlichen Trinitlitstheologie (Tü-
bingen 1956) 134-182.
l Cf. L. CH.WOU'TIER, Un libellus Pseudo-Ambrosien sur le Saint-Esprit: SE 11
(1960) 136-192, surtout 180-191: G_ KRErscHMAR, Neue Arbeiten zur Geschichte des
Ostergottesdiwsles II: Die Einfithrung des Sanctus in die lateinische Messlitur-
gie, dans: !LH 7 (1962) 79-86.
4 Cf. L. LIGIER, Célébration divine et Anamnèse dans la première partie de
l'AIlaphore ou Canon de la Messe Orientale, dans: Greg 48 (1967) 225-252: aussi
dans: Eucharisties d'Orient et d'Occident II (= W 47), Paris 1970, 139-178.
S Cf. E. WER:!\ER, The HosaJ1l1a in the Gospds, dans: ILE 65 (1946) 97-122: J.A.
JUNGMANN, Missarum Sollemnia II (voir n. 1) 170 suiv.; J. BUNZLER, art. Hosanna,
dans: LThK 5, 489.
66 ALBERT GERHARDS
der Alten Kirche (Gôttingcn 1958), 114 suiv. L'Exsultet de la nuit pascale en effet
ne connaît pas les changement de personne, mais la double acclamation au Père
et au Fils. Cf. H. SCHMIDT, Hebdomada Sancta II (Rom - Freiburg - Barcelona
1957) 627-650.
10 Cf. B. BOTIE, L'Anaphore Chaldéenne des Apôtres: OCP 15 (1949) 259-276,
surtout 265 suiv. Un grand nombre de théologiens est d'accord pour ramener ce
changement de personne à un monarchianisme primitif. Cf. G. KRETscm1AR,
Neue Arbeiten zur Gescl1ichte des Ostergottesdienstes II (voir n. 3) 85 suiv.;
aussi JUNGMANN, Die Stellung Christi im liturgischen Gebet (voir n. 7) 199-203.
lIOn considère maintenant de manière de plus en plus positive ce change-
ment de personne dans l'anaphore mentionnée plus haut (voir n. 10). Cf. HA.J.
WEG:\>IA:'\, Pleidooi vor een tekst. De Anaphora van de Apostelen Addai en Mari,
dans: Bijdragen 40 (1979) 17-43. R.J. G.o\LVIN, Addai and Mari revisited: the state
of t11e question: EL 87 (1973) 383-714. D.B. SPINKS, The original form of the Ana-
phara of ale Apostles: a suggestion in the light of Maronite Sharar: EL 91
(l977) 146-161. Cf. aussi le conspect le plus récent de la volumineuse littérature
chez A. VERHEUL, La prière eucharistique de Addaï et Mari, dans: QL 61 (1980)
19-27. L. Ligier a publié dans les miscellanea en l'honneur de A.H. Couratin (éd.
par B.D. SPINKS une étude sur l'anaphore du Testarncntum Domini, dans la-
quelle on trouve une structure semblable à celle de l'anaphore des Apôtres: L.
LIGIER, L'Anaphore de "La Tradition Apostolique J> dans le «Testamentum Do-
mini », dans: The Sacrifice of Praise. Stt/dies 011 the themes of t11anksgiving
a11d redernption in the central prayers of the etlcharistic and baptismal liturgies
(Bibliotheca Ephemerides Liturgicre - Subsidia 19), Roma 1981, 91-106. Je re-
mercie le Père Ligier, qui a mis le manuscrit à ma disposition.
LE SANCTUS ADRESSE AU CHRIST 67
1. LE FONDEMENT BIBLIQUE
18 Cf. ThWNT l 91·97 (O. PROCKSCH) et T. HOLTZ, Die Christologie der Apo-
kalypse des Johannes (= TU 85) Bedin 21971, 140 suiv.
l~ Cf. ThWNT l 98 suiv. (K.G. KUHN).
10 Cf. ThWNT l 103 (O. PROCKSCH).
~l Cf. la volumineuse documentation dans La Tradition médite le Psautier
Chrétien II/2 (Saint Céneré 1974) 336-341.
22 Cf. le Gloria dans sa version originale selon le Codex Alexandrinus: B.
CAPELLE, Le texte du "Gloria il1 excelsis l', dans: Revue d'hisl. eccl. 44 (1949) 439-
457. E. COTHENET, Liturgie terrestre et litllrgie céleste d'après l'Apocalypse, dans:
L'Assemblée liturgique et les différents rôles dam l'assemblée (= Bibl. E.L. Sub
si dia 9) Roma 1977, 143-166 .
., Cf. PRIGF.NT (voir n. 12), 49-66.
11 Cf. E. PETERSON, Von den Ellgeln, dans: Theologische Traktate (München
1951) 333 suiv.
______________~L~E~S~A~N~C~TUS MJRESSE _A_U~C~H=R=1=S_T______________~69
l> Cf. R. BROWN, The Gospel according to John 1 (New York 1966) 486 suiv.
26 R. SCJINACKENBURG, Das Johannesevungeliwn. II (Freiburg - Basel - Wicn
1971) 520.
li Cf. KREISCJJMAR, Studien (voir n .2), 164-180; ID" Ahendm.alllsfeier (\'oir n. 1),
244. Le passage de Jean 12,41 est également d'importance pour l'interprétation
trinitaire du Sanctus, conjointement avec Is 6 et Actes 28,25 suiv.; cf. lEAN CHRY-
SOSTOME, ln Isaiam cap. VI: PG 56,71 (c). Cette interprétation, qui met les trois
personnes divines au même niveau, remplace l'ancienne exégèse que fait d'Is. 6
le judaïsme tardif, reprise ensuite par Origène. Cf. A. GRILLMEIER, Jesus, der
Christus im Glauben der Kil'che 1 (Freiburg - Basel - Wien 1979), 156 et 423.
U Cf. JUSTIN, Apol. l 63,16, mais aussi Actes 10,43.
70 ALBERT GERHARDS
-----------------
dicere » 29, D'après Josef Andreas Jungmann, cette notation s'ap-
plique (c selon toute vraisemblance» à la célébration matinale
de l'Eucharistie, et plus précisément au Sanctus JO. Il n'est cepen-
dant pas hors de doute, que le service divin décrit par Pline soit
effectivement la célébration de l'Eucharistie n. A partir de l'usage
dans l'antiquité romaine F. Fourrier a interprété le «carmen»
comme une cc formule consécratoire au Christ », c'est-à-dire,
comme la profession de foi de la liturgie baptismale dans la nuit
pascale. Tertullien, qui se refère dans son Apologeticum (2,6) à
ce passage, transforme le (c carmen» en hymne, ainsi que le
comprend Jungmann: "Christo ut deo canere» ".
Le récit du martyre de Perpétue et Félicité, qui fut écrit
vers 200 en Afrique du Nord, présente un document sans équi-
voque du phénomène qui nous occupe. Il s'agit de la vision avant
le martyre, dans un endroit céleste et plein de lumière:
« Nous entrâmes et entendîmes des voix qui chantaient à l'unisson
et sans fin: Saint, saint, saint. Et nous vîmes en ce lieu, assis, lUl
homme agé qui avait des cheveux tout blancs, mais un visage d'ado-
lescent; mais ses pieds, nous nc les vîmes pas» 33.
Celui qui est assis sur le trône, c'est le Christ, dont la descrip-
tion est identique à celle que nous trouvons dans le célèbre
chapitre eucharistique du récit, le chapitre 4. C'est à lui, que
s'adresse l'acclamation sans fin des voix unies. La description du
Sanctus, transmis en langue grecque dans le récit latin, ainsi
que la scène du salut au Christ par un baiser - et qui constitue
34 Cf. F.I. DOLGER, AC 2 (1930) 207-209, aussi G. KRETSCHMAR, Die Geschichte des
T aufgottesdienstes der alten Kirche (:::: Leiturgia 5), Kassel 1970, 283.
JS Grégoire de Nysse mentionne le Sanctus en rapport avec le baptême:
PG 46,241C.
JI Sermon 170: PL 52.644 B. Cf. P.-M. GY, Le Sanctus romain et les Anaphores
Orientales, dans: Mél. Lit. B. Botte (Louvain 1972) 168.
37 Les origines de la prière eucharistique: de la cène du Seigneur à l'eucha-
ristie: QL 59 (1972) 181-201.
3.1 Sa/1ctus et Merkaba, dans: QL 59 (1978) 23-37.
39 The Jewish Sources for the Sanctus, dans: The Heythrop Journal 21 (1980)
168·179.
lD KRETSCHMAR, Studien (voir n. 2), 174-178.
II Ibd. 181 n. 1.
II « lm zweitcn Jahr m6gcn die Scraphim viel - mit uns danken. Die ihr
Heilig dem Sohne zuriefen . sahen ihn hinwieder (sic!) geschmaht - unter
den Leugnem. Er ertrug den Spott - und lehrte (uns sein) Lob. Ihm sei Lobpreis»
(Nat. 18.6). CSCO 187, Syri 83 (E. BECK) 84.
41 Première homélie sur la Pâque du Seigneur, éd. par BICKELL, dans: ZDMG
27 {1878) 569-575; cf. P.S. LANDERSOORFER (BKV, deuxième série vol. 6), Kempten-
München 1912, 37.
72 ALBERT GERHARDS
Mais il n'y a pas que les esprits célestes qui louent le Christ
glorifié. Le Christ a transformé la terre en ciel,
« afin que ceux d'en-Bas puissent glorifier Dieu de la même façon
que ceux d'en-Haut, plus encore, afin que ceLL'\': d'en-Bas soient uns
avec ceux d'en-Haut» 47,
44 Cf. J. MATEOS, Un office de minuit chez les chaldéens?, dans: OCP 25 (1959)
101·113, texte 104 .
• .1 Cf. H. AUF DER MAUR (voir n. 14), 74-94; outre cela GRILLMEIER (voir n. 27),
345-355.
46 Asterii Sophistae Commentariorum in Psalmos quae supersllnt accedunt
III. LA SIGNIFICATION
1. Le caractère anamnétique
49 Cf. AUF DER MAVR (voir 11. 14), 84. L'opinion de A. Baumstark selon laquelle
Ez. 3 doit être compris seulement comme une expression judaïque, est ici re-
fusée: Cf. PRIL"ENT (voir n. 12), 64.
so Cf. par exemple «Vidi Dominum », Hom. 6,3: PG 56,138.
74 ALBERT GERHARDS
Voir n. 44.
51
Cf. PETERSON (voir n. 24) 354. Cette interprétation se trouve aussi chez
52
nous », qui suppose une interprétation christologique: JANERAS (voir n. 17),475 suiv.
60 Cf. AUF DER MAUR (voir n. 14), 79-84.
61 Cf. H. STEPHANUS, Thesaurus Graecae Linguae 3, 1712 suiv.
ouCf. WERNER (voir n. 1), 27.
74 ALBERT GERHARDS
31Voir n. 44.
52Cf. PETERSON (voir n. 24) 354. Cette interprétation se trouve aussi chez
TERTULLIEN: De orat. 3 (CSEL 20,182,20 suiv.).
53 Cf. C.A. BOUMAN, Variants in the Introduction to the Eucharistie Prayer,
dans: Vigo Chr. 4 (1950) 94-115, ici lOI.
!>4 EPHRAIM, Nat. 18,6 (voir n. 42). Cf. Nat. 18,7, avec la référence à :Ëz. 3: «lm
ersten Jahr, (das) der Herr der Schatze - und die Fülle der Güter (ist), mogen
mit uns danken - die Cherubim, die den Sohn lobpreisend trugen. - Er verliess
seine Herrlichkeit, mühte sich und fand - das Schaf, das verloren gegangen
war. Ihm sei Dank! ».
LE SANCTUS ADRESSE AU CHRIST 75
3. Le Hosanna/Benedictus
Un des traits caractéristiques de toutes les anaphores qui
désignent le Sanctus comme" Hymne de victoire", est qu'elles
font suivre le Sanctus par le Hosanna et le Benedictus: "Hosan·
na au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du
Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux" (Matth. 21,9; Ps. 118
[117], 25 s). A la différence du Sanctus, le contexte christologique
ne fait ici aucun doute. Mais il est toujours question du Christ
à la troisième personne. C'est cela qui différencie le Benedictus
du Sanctus développé. Seule la liturgie arménienne adresse le
Benedictus directement au Christ (c'est à dire, à la deuxième
personne) ". Les chercheurs ne sont pas d'accord sur l'époque,
à laquelle le Hosanna-Benedictus a été rattaché au Sanctus".
Nous trouvons déjà le Hosanna dans une des prières eucharisti·
ques de la Didaché ". Une parole de louange comparable au
Benedictus est ajoutée au Sanctus dans l'Anaphore des Consti·
tutions Apostoliques (VIII): "Loué sois·tu pour les siècles des
siècles" '". André Tarby déduit de cette formule raccourcie, que
le Benedictus du Nouveau Testament a été rattaché par étapes
à la Prière Eucharistique '". Effectivement, la brève doxologie se
rattache à ce passage du Prophète Ezéchiel (3,12), qui constitue
avec celle d'Isaïe la Kedusha: "Bénie soit la gloire de Yahvé
7l Cf. PE 224.
Î~ Cf. PE 232.
JI Cf. PE 360.
76 Cf. PE 321 et 327: HANSSENS (voir n. 2) Ill, 394.
TI Cf. A. TARBY, La prière ellc1wl"i3tique de l'église de Jérusalem (= Théologie
SI Cf. la première berakah (Yotsèr) avant le sema Israël: PE 37; voir aussi
les Constitutions Apostoliques VII, 35,3 (voir n. 69) et JUNGMANN (voir n. 1) II, 162.
&2 Cf. A. BAUMSTARK, Trishagion und Qeduscha, dans: JLW 3 (1923) 23-25.
~l SPINKS (voir n. 39), 177.
M fuNK (voir n. 48), l, 516.
BS D. FLUSSER, Sanctus und Gloria, dans: Abraham, unser Vater (Miscell. O.
Michel), éd. par O. BETZ, M.N. ENGEL, P. SCHMIDT (:::: Arbeiten zur Geschichte
des Spatjudentums und Urchristentums V), Leiden-Koln 1963, 129-152.
M Cf KRETSCHMAR, Sludien (voir n. 2), 177 n. 1.
SJ I.E. RAHMAN!, Te!itamentum Domil1i l10stri Jesu Christi (Mainz 1899), 44.
M PL 39, 22 ï7; cf. JUNGMANN (voir n. 1) II, 162 suiv. et 170 suiv. Mais on doit
101 Cf. JUNGMANN, Die Stellung Christi im liturgischen Gebet (voir n. 7), 208.
102 Cf. K. GAMBER, Alteste Euc1wristiegebete der lateinischen Osterliturgie, dans:
Paschalis Sollemnia. Studien zur Oster/eier und Ostertrommigkeit {Misee!. J.A.
Jungmann), éd. par B. FISCHER et J. WAGNER, Basel-Freiburg-Wien 1969, 159-178.
LE SANCTUS ADRESSE AU CHRIST 81
-------=--=
considérées de toutes façons comme s'étant développées à partir
de la Fête de Pâques. C'est ainsi que le Sanctus adressé au
Christ est rattaché à la fête de l'Ascension, comme le montre
l'ordre des Péricopes syriaque plus tardif "', mais aussi une
homélie de l'Ascension transmise sous le nom de Chrysostome,
mais que Benedikt Marx attribue plutôt à Proclus de Constan-
tinople HI4. Il y est dit, en référence au passage de Saint Jean
(20.28), qui relate la profession de foi de l'Apôtre Thomas recon-
naissant le Christ comme Seigneur et Dieu:
"Dieu monte parmi l'acclamation, Yahvé, aux éclats du cor
(ps. 47,6). Dans l'acclamation en effet, car ils chantent sans fin à
Dieu (c'est-à-dire au Christ), l'hymne du Trisagion» 105.
103 Ce chapitre Is. 6 a été lu pour la fêtc de l'Ascension: cf. KRETSCHMAR, Stu-
dien (voir n. 2), 175.
I~ Cf. B. MARX, Procliana. Untersuchungen über den homiletischen Nachlass
des Patriarchen Proc1os von KOl1stantinopel. (= MUnsterische Bcitdige zur Theo-
logie 23), Münster 1946, 45 suiv. Sur la contribution de Marx cf. LEROY (voir n. 95)
257-272.
lOS PG 52,801.
F. RILLIET, Une homélie syriaque sur la fête des Rameaux attribuée à Jean
106
chis che Einfmsse auf eine agyptische Liturgie. (= Berliner Byzantinischc Arbei-
ten B), Berlin 1957, 1 sui\'.
Ill!! Pour le texte grec cf. PE 360, pour le texte copte cf. HAMh.ŒRSCHMIDT (voir
ll. 107). 26.
109 Cf. A. BAUMSTARK, Die Cllrysostomus-Liturgie und die syrische Liturgie des
Nestorius, dans: XPYCOCTOMIKA, Roma 1907, 846-848.
110 Cf. G. GIAJ\ŒERAROIKl, La consacrazione eucaristica nella ChieSG Capta (;0:: Ae-
gyptica christiana l, 8) Cairo 1957, 80.
LE SANCTUS ADRESSE AU CHRIST 83
Albert GERHARDS
III A. BAUMSTARK, Liturgie comparée {Chevetogne - Paris l1953) 30; cf. ID., Das
Gesetz der Erhaltung des AUen in liturgisch hochwertiger Zeit, dans: lLW 7
(1927) 1-23.
LE MESSIE DANS LA LITURGIE JUIVE
Cette insertion n'a pas été acceptée par tous les auteurs,
plus particulièrement par ceux qui s'opposaient à l'admission
dans le rituel de prières d'inspiration angéologique, et elle ne
figure donc pas dans certains rites. A l'origine, cette prière sem-
ble avoir été plus longue. Dans un fragment de la Guenizah
du Caire figure par exemple cette phrase: «Fais briller sur
nous la lumière de ton Messie! » 4.
Dans la bénédiction - appartenant il un fond ancien - qui
précède directement le Shem'a, est inséré un passage qui exprime
bien la permanence de l'espérance en la rédemption finale ':
Ramène-nous en paix des quatre coins de la terre et conduis-
nous, la tête haute, dans notre pays. Car tu es un Dieu qui opères
le salut ...
Seigneur notre Roi, Dieu vivant, que ton nom soit invoqué sur
nous d'une manière permanente! Seigneur, notre Créateur, viens à
notre secours, épargne-nous ct aie pitié de nous dans ta grande
miséricorde, car tu es un Dieu plein de grâce et de miséricorde.
Tu es le (Dieu) de bonté. Le Seigneur était Roi, le Seigneur est Roi,
le Seigneur sera Roi à tout jamais! Que le Seigneur notre Dieu
veuille rendre durable pour nous sa royauté, sa majesté, sa grandeur,
sa splendeur, sa sainteté et la sainteté de son grand Nom. Il est
le Seigneur, notre Dieu: qu'il aie pitié de nous, nous mette au large
par rapport à toutes nos angoisses, qu'il opère (en notre faveur)
une rédemption totale et qu'il règne bientôt sur nous à tout jamais.
Sois béni, Seigneur, Rocher d'Israël et son Rédempteur!
La Tefillah
Quant à la Tefillah, « pnere (par excellence) ", appelée aussi
'Amidah, «prière faite (en station debout) " ou encore Dix-huit
Bénédictions (bien qu'il s'agisse en réalité de 19), elle n'est
devenue définitivement un élément central de la prière juive
que relativement tard, vers la fin du l'' siècle de notre ère; mais
elle se compose de toute évidence de prières beaucoup plus
anciennes qui ont d'ailleurs été modifiées, amplifiées et rema-
niées selon les circonstances et les exigences concrètes. La version
la plus ancienne que nous possédions - elle date probablement
du VI'm, s. - est celle découverte dans la Guenizah du Caire et
publiée pour la première fois par S. Schechter '. Les éléments
6 S.'A.Y. p. 86.
7 Op. cit., p. 24.
1 JQR, X, p. 656; version palestinienne.
LE MESSIE DANS LA LITURGIE JUIVE 89
VII - Regarde notre pauvreté (cf. Lam 1: 9), mène notre combat et
délivre-nous (cf. Ps 119: 154) à cause de ton nom. Sois béni, Seigneur,
qui délivres Israël!
X - Fais retentir le grand Shofar pour notre libération (cf. Is 27: 13)
et élève l'étendard (cf. Is 5: 26 - 11: 12) pour le rassemblement de nos
exilés. Sois béni, Seigneur, qui rassembles les dispersés de ton
peuple, Israël! (cf. Is 56: 8).
XI - Rétablis nos juges comme autrefois et nos conseillers comme
dans les débuts, et règne sur nous toi seul. Sois béni, Seigneur, qui
aimes le droit!
XIV - Aie pitié, Seigneur notre Dieu, dans ta grande miséricorde,
de ton peuple, Israël, de Jérusalem, ta ville, de Sion, siège de ta gloire
(cf. Ps 26,8), de ton Sanctuaire, de ta résidence et de la royauté
de David, ton juste Messie. Sois béni, Seigneur, Dieu de David qui
reconstruis Jérusalem!
XVI - Agrée-nous, Seigneur notre Dieu, établis ta demeure à Sion,
et tes serviteurs te rendront le culte à Jérusalem. Sois béni, Seigneur,
toi que nous servirons (avec des sentiments) de crainte (révéren-
tieHe) !
doit fléchir tout genou, devant toi prêter serment toute langue
(Is 45: 23). Devant toi, Seigneur notre Dieu, ils devront s'incliner et
se prosterner, et confesser la majesté de ton nom. Et tous recevront
le joug de ton Royaume, (afin) que bient6t tu règnes sur eux à
tout jamais. Car le Royaume t'appartient, et à tout jamais tu
règneras dans la gloire, comme il est écrit dans ta Torah (Ex 15: 18):
« Le Seigneur règnera à tout jamais! )} Et il est écrit (Zach 14: 9):
« Et le Seigneur sera roi sur toute la terre. En ce jour, le Seigneur
sera unique, et son nom unique ".
J4 S.'A.Y. p. 153.
Il S.'A.Y. p. 588.
LE MESSIE DANS LA LITVRGIE JUIVE 93
------=-=
Dans la plupart des rituels on a inséré en annexe, après la
prière du matin, les Treize Articles de Foi de Maïmonide (1135-
1204), où il est dit à l'article 12 ":
Je crois avec une foi parfaite en la venue du Messie, et bien
qu'il tarde, j'attends tous les jours qu'il vienne.
Sanctuaire du Roi, ville royale (cf. Ps. 48: 3), lève-toi, sors de ta
destruction! Trop longtemps tu a<; séjourné dans la vallée des larmes.
C'est (Dieu) qui aura pitié de toi dans sa clémence (cf. Jér 15: 5).
Secoue ta poussière, relève-toi (ls 52:2); revêts tes habits d'ap-
parat, mon peuple. Par le fils de Jessé, le Bethléémite (le Messie),
approche de mon âme, delivre-la (cf. Ps 69: 19).
Réveille-toi, réveille-toi (Is 51: 17) car ta lumière paraît; léve-toi
et resplendis! (ib. 60: 1). Eveille-toi, éveille-toi, entonne un cantique
(cf. Jg 5: 12), car la gloire de Dieu se manifeste sur toi! (cf. 1s 60: 1).
16 S.'A.Y. p. 16l.
17 Rituel de Prières . .. par Joseph BI.OCH, Paris 1963, p. 4.
Il S.'A.Y. p. 181-82.
94 KURT HRUBY
16 S.'A.Y. p. 564.
n Siddûr Bef Ya'aqov, 1ère partie, Lemberg 1904, p. 103.
2.! Mise à découvert du gland.
21 Purification de la plaie en aspirant le sang.
LE MESSIE DANS LA LITURGIE JUIVE 97
Que le (Dieu) miséricordieux daigne nous envoyer le prétre de
justice 30 qui reste caché aux yeux du monde jusqu'à ce que lui
soit préparé un trône (brillant) comme le soleil et le diamant, (le
prophète) qui cacha sa face dans son manteau et s'y enveloppa
(cf. 1 R 19: 13). Mon alliance avec lui, (dit le Seigneur), est une
alliance de vie et de paix.
11 S.'A.Y. p. 701.
." Elie qui, d'après le Midrash, en est issu .
.'5 D'après le Midrash, le Messie porte sept noms.
\(, Adam, Seth, Méthusalem, Abraham, Jacob, Moïse et David; cf. Sûk. 52b.
).7 L'Arche d'Alliance, le feu céleste, la Shekhinah, l'Esprit Saint, le chande-
lier à sept branches et l'huile d'onction: cf. Yoma 2Ib.
~ Cf. Shir R II,9 .
.19 Le Messie se manifestera d'abord aux justes ct aux hommes pieux au début
du mois de Tishri, puis après six mois, au début du mois de Nisân, au reste du
peuple.
<0 Gebete fiir das Neuiahrsfesl von Wolf HEIDEKHEIM, Rodclheim 1892,
p.220ss.
LE MESSIE DANS LA LITURGIE JUIVE 99
Il renouvèlera le royaume conformément au droit et à la
Halakhah. Rejeton de souche royale, il règnera avec droiture.
(En ce jour) sera établi le trône (du Messie) qui brille comme
le soleil, (lui) dont le nom (s'épanouit) face au soleil 41 et dont
l'aspect est comme le soleil levant, et il règnera comme roi.
44 S.'A,Y. p. 380-81.
LE MESSIE DANS LA LITURGIE JUIVE 101
45 Cf. Sanh. 98a, l'interprétation donnée par le prophète Elie des paroles adres-
sées à R. Yehoshû'a b. Lévi par le Messie installé parmi les miséreux aux portes
de Rome.
46 Cf.Sanh. 98b.
47 Gebetbuch für das Laubhiittel1fest ... von Wolf HEIDENHEIM, Francfort s.M.
(sans année), Hème partie: Gebetbuch für das Schluss- und Preudenfest, p. 35 ss.
48 Sédèr ha-Qinnot le-Tish'ah be-Av, édité par S. BARR, Rodelheim 1863, p. 141ss.
102 KURT HRUBY
"" Gebete fiir das Pessachfest ... von Wolf HEIDENHEIM, Rodclheim 1891,
p. 156·57.
5! Institué à la mémoire de Guedalyah, fils d'Ahikam, gouverneur de Judée
environ entre 586 et 582 av. J.C., tué par ses advcl·saires. Le Jeûne de Guedalyah
a lieu le 3 Tishri, le lendemain de Rosh ha-Shanah. Cette prière date de la fin
du Xème siècle. Cf. The AUlhorised Selichot for the Whole Year ... by A. ROSEN-
FELD, Londres 1957, p. 200-201.
104 KURT HRUBY
Kurt HRUBY
LA PASSION DU CHRIST ET LE JUGEMENT DE CE MONDE
(Jean 12,31)
D'APRÈS LES LECTURES BIBLIQUES
DE LA SEMAINE SAINTE BYZANTINE
est devenu une rareté bibliographique, demeure pour le Triodion l'étude de base
encore aujourd'hui.
4 Cet office de vêpres se prolonge par la liturgie des Présanctifiés.
5 L'Epître du Jeudi Saint s'inscrit déjà dans le cadre de la liturgie de saint
Basile. Le Vendredi le groupe des lectures bibliques se place entre l'entrée vespé-
rale avec le chant de l'hymne Lumière joyeuse qui l'accompagne et l'écténie dite
de la prière instante qui suit cette entrée. S'il y a incidence avec la fête de
l'Annonciation (25 mars), les vêpres du Saint et Grand Vendredi se prolon-
gent par la liturgie de saint Jean Chrysostome.
106 ALEXIS KNIAZEFF
TIERCE
Is. 50,4-11
Rom. 5,6-11
"CCl
Marc. 15,16-41 ~
------
li
Jérém. 11 - 12
NONE Hébr. 10,19-31
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.c.x. 33,11-23 I~
Job l, 1-12 Job l, 13-22 Job 2,1-10 Job 23,1-23 Job 42,12-16 tTI
Z
Mat. 26,6-16 42,4-5 Is. 52,13 - 54,1 >-l
Mat. 24,3-35 Mat. 24,36 ~ 26,2 Isaïe 50,4-11 1 Cor. 1,18 - 2,2 L d
VEPRES 1 Cor. Il ,23-32 E '1 . a gran e
vangl e compOSl- Vigile "CltTI
et Mat. 26,1-20 te de la Passon: p 1 ** tTI
LITURGIE Jean 13,3-17 Mat. 27,1-38 ascae
Mat. 26,21-39 Luc 23,39-43 ~
0
Luc 22,4345 Mat. 27,39-54 Z
Mat. 26. 40 - 27,2 Jean 19,31-37 !il
Mat 27,5-61
Jean 13,31 - 18,1; Jean 18,1-28; Mat. 26,57-75; Jean 18,28 - 19,16; Mat. 27,3-32; Marc 15,16-32; Mat. 27,32-54; Luc 23,32-49; Jean
19,25-37; Marc 15,43-47; Jean 19,38-42; Mat. 27,62-66.
** Gen. 1,1-13; Is. 60,1-16; Ex. 12,1-11; Jonas 2,1-11; Jos. 5,10-15; Ex. 13,20 - 14.32 (15,1~19); Sapho 3,8-13; 3 Royaumes 27,8-23; Is.
61,10-11: 62,1-5: Gen. 22,1-8: Is. 61,1-9: 4 Royaumes 4,8-37: Is. 63,11 - 64,5: Jérém. 31,31-34: Dan. 3,1-56 (57-88). A l'Epîtrc: Rom 6,3-11 ,_
A l'Evangile: Mat. 28,1-20. 8
108 ALEXIS KNIAZEPF
publiées à Kazan en 1903, ainsi que son Catéchisme, publié dans l'émigration et,
aussitôt, retiré de la vente, précisément à cause de cette théorie, qui réduit
la mort du Christ sur la croix à ce qui ne serait qu'une mort pour une idée.
l La composition des leçons évangéliques des Grands Jeudi et Vendredi est
II
3 Voir 1. KARABINOV, Postnaïa Triod', op. cit., p. 62. Cet auteur estime que le
système des lectures bibliques adopté pour la Semaine Sainte byzantine a été
définitivement élaboré du V e au VIlle siècle. En outre, il indique des cas où
le choix de lectures pour le temps de la Sainte Quarantaine a été le fait d'un
choix théologique ct d'une idée directrice très précise (Voir: A. KNIAZEFF, La
lecture de l'A.T. et du N.T., op. cit., pp. 234-247).
9 Voir la traduction française de cet office dans E. MERCENNIER, La Prière des
Eglises de rite bYzantin, II. iL Ed. Chevetogne, 1948, pp. 218-254.
10 Cet office possède, en effet, toutes les caractéristiques d'un très haut degré
effet, estimer que dans les trois cas (c ce lllonde » est représenté
par la situation de souffrance que chacun des trois prologues
retrace, car, il ne faut pas l'oublier, la souffrance, depuis la
chute, est devenue l'état habituel, on pourrait même dire quasi-
normal, de ce monde déchu (Gen. 3,16 ss.). Pour ce qui est du
prince de ce monde, dans le récit de l'Exode il est figuré par le
Pharaon, qui agit en ennemi de Dieu, car il ne veut pas qu'Israël
soit un peuple nombreux (Ex. l, 9 ss.) et, ainsi, s'oppose à la
réalisation de la promesse faite par Dieu aux Patriarches. C'est
pour cela que la tradition liturgique et patristique de l'Eglise
considère le pharaon comme une figure du diable. Dans Ez. 1 - 2
le prince de ce monde est représenté par les péchés d'Israël,
dont il est question dans le chap. 2 et dans la suite du livre du
prophète. Quant au prologue de Job, le prince de ce monde ap-
paraît en personne, car on y voit Satan calomnier Job devant
Dieu, tout comme il a calonmié Dieu devant le premier couple
(Gen. 3, 1-6).
Le Fils de Dieu, le Messie, lui, apparaît dans les récits du
prologue de l'Exode préfiguré par Moïse. Moïse, en effet, doit
d'abord rappeler au peuple asservi que Dieu a promis une terre
à Abraham, Isaac et Jacob et à leur descendance (Ex. 3,5-12).
Il doit aussi lui transmettre l'ordre divin de marcher vers cette
terre, tout comme plus tard le Christ devra annoncer la venue du
Royaume de Dieu. Moïse devra également libérer le peuple par
le miracle de la mer, tout comme le Christ libérera le peuple de
la Nouvelle Alliance par sa Résurrection et par le baptême, ce
qui permettra de parler de la nouvelle Pâque et autorisera saint
Paul de dire que les croyants ont été baptisés en Christ, tout
comme autrefois les enfants d'Israël ont été baptisés en Moïse
(1 Cor. 10,1-6; cf. Rom. 6,1-11). Mais le Fils de Dieu apparaît aussi,
toujours en filigrane, dans les récits d'Ezéch. 1 - 2. Il y est pré-
figuré, d'abord, par la Présence divine qui a suivi le peuple en exil
et qui s'y manifeste dans la vision symbolique du char de la
gloire de Dieu (Ez. I). Il en est ainsi, parce que le Christ est le
Fils de Dieu dans le sens fort du terme, donc cette Présence elle-
même, et parce qu'il continue à l'être même aux moments les
plus douloureux dans sa Passion. Toujours dans Ez. 1 - 2 le
Christ peut être considéré comme étant aussi préfiguré dans
la personne du prophète, car il est le Prophète par excellence
(Deut. 18, 15 sS.; cf. Actes 3,22-23 et 7,37; Jean 1, 21 et ss.). Ezé-
PASSION DU CHRIST ET JUGEMENT DE CE MONDE 113
chiel, par son action parmi les exilés, doit faire en sorte que le
volume, sur lequel sont inscrits les péchés des fils d'Israël, soit
dans sa bouche doux comme du miel (Ez. 2,2-3) et que l'Esprit
de Dieu puisse venir rénover les cœurs de l'engeance rebelle. De
même, le Christ, par sa prédication, par sa Passion, par l'Esprit
Saint doit de l'homme tout entier faire une nouvelle créature.
Mais comment le Fils de Dieu figure-t-il dans le prologue de Job?
Celte question, en effet se pose, car le Libérateur, le goël
ou le Défenseur de Job n'apparaît à ce dernier que dans la foi
(Job 19,25 ss.). Pourtant, le Christ possède dans le livre de
Job une préfiguration qui n'est autre que Job lui-même. Tout
souffrant, en effet, est une figure du Christ. De plus, dans ce
livre, c'est Job qui apparaît comme le seul témoin de Dieu.
Abandonné de tous, et même de Dieu, par sa fidélité dans la souf-
france solitaire il proclamera que Dieu est juste et, ainsi, il con-
damnera le Calomniateur et donnera tort à ses amis, lesquels, au
lieu d'essayer de considérer Dieu tel qu'il est, se sont contentés
de bien parler de lui. Job, dans sa souffrance, est donc bien
une préfiguration du Souffrant qui, dans l'Apocalypse, est pré-
senté comme l'Amen, le Témoin fidèle et vrai (Apoc. 3,14). Le cas
de Job nous montre, en conséquence, que, pour que ce monde
soit définitivement jngé et que le prince de ce monde puisse être
définitivement jeté dehors, Celui à qui le jugement appartient
doit souffrir lui-même. Le prologue de la Passion du Christ doit
donc nécessairement se présenter comme une crise.
Quant à l'analyse que nous venons de faire de la totalité des
lectures bibliques des trois premiers jours de la Semaine Sainte
dans l'Eglise byzantine, elle nous révèle:
1) que la Passion du Christ est préfigurée d'une façon ou
d'une autre dans toutes les crises-jugements de l'Ancienne Al-
liance;
2) que dans la Passion du Christ, comme dans toutes les crises
qui l'ont précédée, Dieu s'est servi, pour libérer l'homme et le
monde du prince de ce monde, de ce même mal auquel les a
soumis le prince de ce monde, c'est il dire de la souffrance et de
la mort;
3) que la Passion du Christ est effectivement un jugement
de Dieu, du moment qu'elle conduit il rendre au monde et à
l'homme le don initial, injustement ravi, du Créateur: l'inno-
cence, la justice, l'immortalité et l'incorruptibilité.
114 ALEXIS KNIAZEFF
III
faut acquérir une pureté non seulement rituelle, voir même mo-
rale, mais une pureté de tout son être, autrement dit une pureté
ontologique. Ainsi se trouve rejoint dans le lectionnaire byzantin
du Jeudi Saint le thème du péché du couple ancestral et de ses
conséquences (Gen. 3). Devant la majesté divine, Job a bien
abandonné sa fierté d'homme, il s'est humblement prosterné
dans la poussière et la cendre. Mais il a également cessé de se
prévaloir de cette justice, dont il avait fait état dans ses discus-
sions avec ses amis et qu'il croyait alors posséder, parce qu'il
ne se connaissait pas de péché. Or, la justice de l'homme n'est
rien à côté de la justice de Dieu, ou, plutôt, l'homme, même s'il
ne se connaît pas de faute, ne peut pas prétendre à la justice,
puisqu'il naît pécheur. Nous voyons ainsi que Job, en se soumet-
tant, a apporté à Dieu le plus grand des sacrifices: ayant déjà
renoncé à ses biens, à sa postérité et à sa santé il a, pour triom-
pher de ses amis, voulu se réfugier dans le mystère et maintenant
il prend l'humble attitude de pénitent. La manifestation divine
lui a donc appris que la justice, à laquelle il croyait pouvoir
prétendre, n'est pas la vraie justice. Celle-ci n'appartient qu'à
Dieu et ne peut être conférée que par Dieu ".
Ainsi éclairée, la leçon de Job, considérée dans le contexte
des autres lectures bibliques du Grand Jeudi, vient introduire
dans tout l'office de ce jour le grand thème théologique des
conséquences de la faute originelle pour ce qui est de l'état de
justice inhérant à l'homme. Cela permet à la liturgie du Grand
Jeudi de mettre en relief tout ce que comporte, dans les voies
de la justification de l'homme, l'acceptation donnée par Jésus
Christ à la volonté de son Père, telle que cette acceptation ap-
paraît à travers les événements commémorés ce jour par l'Eglise.
Elle nous rappelle tout d'abord que la Passion du Christ est bien
un jugement, puisque le Christ souffre pour que soit rendue à
l'homme une justice qu'il n'a plus et, même, qu'il n'a pas. Elle
nous montre que pour que justice soit donnée à l'homme, le
Fils de Dieu, lui aussi, tout comme Job, devait renoncer à se
prévaloir de la justice que, pourtant, il possédait, car il était
seul sans péché. Lors de sa prière à Gethsémani Jésus a donc
accepté de souffrir et de mourir sur la croix et, pour cela, il
D Nous reprenons ici les idées que nous avons exposées dans notre étude:
La Théodicée de J.:)b dans les offices byzantins de la Semaine Sainte, «Theolo-
gia» XXVI, Athènes, p. 107 55.
118 ALEXIS KNIAZEFF
IV
v
Les textes du lectionnaire du Grand Vendredi contiennent
également des appels. Le fait que des appels s'y trouvent est
rendu nécessaire par cette loi qui se retrouve à propos de toutes
les crises de l'histoire du salut: tant que le jugement eschatolo·
gique n'est pas encore intervenu, tout jugement de Dieu est
nécessairement un appel. C'est un appel invitant soit le peuple
tout entier, soit un individu particulier à se dépasser lui·même
par le fait de la foi. Tout jugement de Dieu comporte un nouveau
don. Or, ce don ne peut être reçu que par la foi: il doit être, en
effet, accepté, réalisé, actualisé, vécu et tout cela dans la foi. Si
l'acte de foi fait défaut de la part du bénéficiaire du don, le
jugement lui tourne à condamnation; dans le cas contraire il
lui procure le salut. Il ne peut donc qu'être de même de la
Rédemption avec tout ce qu'elle a apporté aux hommes.
Il faut donc là aussi faire un effort dans la foi, donc des
appels à cet effort doivent nécessairement se faire entendre.
Mais en quoi cet effort va·t·il consister? Deux lectures du Grand
Vendredi le précisent. Un premier appel est inclus dans l'Evangile
des vêpres (comme, du reste, dans celui de la None et dans le
9' Evangile des Souffrances): «Ils regarderont celui qu'ils ont
transpercé» (Jean 19,37 = Zach. 12,10) et un second dans l'Epître
de ces mêmes vêpres, c'est il dire dans 1 Cor. 1,18 et ss. qui
parle de la nécessité pour ceux qui cherchent le salut de corn·
prendre le langage de la croix. Pour préciser davantage, on peut
dire: les deux textes font état de la nécessité pour les hommes
de croire désormais en un Dieu crucifié. Croire en un tel Dieu
126 ALEXIS KNIAZEFF
* * *
Alexis KNIAZEFF
LA PRIÈRE DU CHRIST AU PÈRE
aIs 64,7 .
• Ps 103 (102 LXX), 13.
10 Ex 4,22.
11 Deut 14,1.
12 Deut 14,2.
Il Os 11,l.
14 Os 11,3.
J5 Jer 31,9; 31,20 ...
1& 15 63,16.
134 NICOLAS KOULOMZINE
~~----------~ --------------
Dans quelques textes tirés également des prophètes le thème
de l'amour d'un Dieu-Père pour Israël, son premier-né, se com-
bine, étrangement selon notre mentalité moderne, avec le thème
de l'amour du Dieu, l'Epoux d'Israël: "Et moi, s'écrie Yahwé
par la bouche de Jérémie, qui m'étais dit, comme je voudrais te
mettre au rang de fils, te donner un pays de délices, un héritage
qui soit la perle des nations! J'avais pensé: Tu m'appelleras:
mon Père; et tu ne te sépareras pas de moi. Mais comme une
femme qui trahit son amant, ainsi m'a trahi la maison d'Israël» 17,
Ces derniers textes que nous avons cités et dont l'inspiration
remonte à Osée, prophète du VIII' siècle, montrent que paral-
lèlement aux rédactions de la Torah, où Dieu apparaît comme
Législateur, exista en Israël un autre courant, prophétique, où
Dieu était considéré comme un Père aimant son Fils ou un
Epoux aimant son Epouse. Cette sollicitude paternelle n'excluait
d'ailleurs pas la correction paternelle: "Ne méprise pas, mon
fils, la correction de Yahwé et ne prends pas mal sa réprimande,
car Yahwé reprend celui qu'il chérit, comme un père son fils
bien-aimé» 18.
Notons, enfin, que dans l'Ancien Testament Dieu est encore
dit Père du Messie; le professeur Joachim Jeremias remarque
à ce sujet que le " Mon Père" qui apparaît dans les prières de
Jésus se trouve « ainsi préparé dans le contexte des espérances
messianiques,," de l'ancien peuple de Dieu_ En effet, Dieu est
le Père du Messie davidique, du Messie Roi, dans la prophétie
de Nathan ", dans les psaumes ... ". Dans la littérature apoca-
lyptique plus tardive Dieu est le Père d'un Messie sacerdotal"
et du Messie de Juda ", toujours selon les données de Jeremias ".
Pour conclure ce chapitre on doit faire remarquer que les
auteurs vétérotestamentaires n'ont utilisé qu'assez rarement le
nom de Père pour désigner Dieu ou pour s'adresser à lui, et,
ceci très probablement pour éviter quelque interprétation natu-
17 Jer 3,19-20.
II Ps 3,11-12.
l? Joachim JEREMIAS, Le message central du Nouveau Testament, Paris 1976,
dans {( Foi vivante» nO 175, p. 26.
20 II Sam 7,14 et 1 Chran 17,13.
" Ps 2,4; Ps 89 (88 LXX), 27.
21 Testament de Levi 18,6.
31 = Luc 10,21.
Mt 11,26
32 Mc 14,36; Rm 8,15: Gal 4,6 et dans la prière sacerdotale de Jésus (ln 17)
plusieurs fois.
Jl Gal 4,6.
14 Rm 8,15.
l5 J. JEREMIAS, op. cU., p. 17.
J6 CHRYSOSTOME, PG 60, 527; THÉODORE DE MOPSUESTE, PG 66, 824; TIffioDORET nE
CYR, PG 82, 133.
37 J. JEREMIAS, op. cit., p. 20.
JlIIbid., p. 19.
LA PRIERE DU CHRIST AU PERE 137
41 Mc 112
u Luc 4,18.
41 Rm 8,15 = Gal 4,6.
138 NICOLAS KQULOMZINE
50 ln 14,20.
SI ln 14,26.
140 NICOLAS KQULQMZINE
56 Rm 8,29.
S7 Nous rattachons les mots 11:\1 &.ya.7t"(l (dans l'amour) à la proposition qui suit
et non à celle qui précède.
~s Eph 1,3-5.
S9 La traduction de la Bible de Jérusalem, par ex.
60 Comme aimait le répéter Monseigneur Cassien, exégète orthodoxe et ancien
recteur de l'Institut Saint Serge.
61 Cen 1,26.
6l Malgré que les deux notions peuvent avoir à peu près le même sens en
hébreu.
6] PC 11, 333.
604 PC 30, 29 et sq; voir traduction dans «Sources chrétiennes» no 160, 1970,
p. 207 et sq.
142 NICOLAS KQULOMZINE
blance .,., afin que nous ne soyons pas des portraits sortis de
la main d'un peintre» ". Le théologien orthodoxe Serge Boulgakof
écrit à ce sujet que" l'image de Dieu est le fondement ontologique
inamissible» de la nature humaine créée. Quant à la ressemblance
elle est, toujours selon Boulgakof, "la réalisation libre par
l'homme de son image », car poursuit-il, " selon le conseil divin,
l'homme est créé afin qu'il accomplisse une œuvre créatrice en
lui-même et dans le monde» ".
Ceci suppose que l'homme est créé libre, prédestiné à se
déterminer dans la liberté. C'est ce que l'apôtre Paul semble avoir
perçu le premier, en précisant que l'homme est invité à réaliser
le dessein éternel de Dieu non pas en tant qu'esclave obéissant
seulement, mais en tant que fils dans la maison de son Père.
***
Nicolas KOULOMZINE
6SIbid.
~ Serge BOULGAKOF, L'Agneau de Dieu (traduction du russe), Aubier, Paris
1943, p. 70.
LES FÊTES DE L'ANNÉE LITURGIQUE: FÊTES DU CHRIST?
(Comment expliquer l'absence de fêtes du Père?)
Burkhard NEUNHEUSER
LA RÉSURRECTION DU CHRIST EN TANT QUE VICTOIRE
DÉFINITIVE SUR LA MORT À TRAVERS LE SEPTIÈME
JOUR, D'APRÈS LA LITURGIE ORTHODOXE
* * *
Fig.!
REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DU TEMPS
of---pClSJ:' ~
a a"
---.-0----------' ---------.------
p
* * *
Les vêpres du Samedi Saint, ayant un nombre exceptionnel
de lectures - 15 « parémies » - , n'ont pas de « prokimenon »
qui normalement doit précéder les parémies. Cette absence de
prokimenon est un cas unique dans l'année liturgique et c'est
en quelque sorte la première lecture qui prend sa place. Il serait
intéressant de connaître la signification du prokimenon en
général et de son absence dans le cas cité en particulier, mais
ce n'est pas notre propos.
Dans cette première parémie il s'agit d'un extrait du début
de la Genèse (1,1-13) qui nous place devant l'image du Jour
Unique (~ [Ll", ~[L'PIX), Jour que se partagent deux domaines,
celui de la lumière et celui des ténèbres, le jour et la nuit.
Aux vêpres de Pâques, célébrées le lendemain, une lecture de
l'évangile selon St. Jean est lue à la place des parémies. Ceci est
encore un cas unique. Cet évangile décrit l'apparition du Christ
à ses disciples (Jn 20,19-23) "le premier jour de la semaine », à
savoir celui où, d'après la conception joannique, l'Ascension
(20,17) et la Pentecôte (20,22) se recoupent. Ces trois événements,
la résurrection, l'ascension vers le Père et l'envoi de l'Esprit
Saint ont tous lieu dans l'éternel présent en ce Jour Unique,
bien que, considérés en projection sur notre «temps charnel»
(cf. l'expression de St. André le Crétois), nous les percevons
comme séparés dans le temps.
Le dimanche de St. Thomas, qui fait suite à celui de la
Résurrection, célèbre la 2' apparition du Christ ressuscité, mais
cette fois en présence de l'apôtre Thomas. Le synaxaire lu après
la 6' ode du canon spécifie: "On peut l'appeler huitième (ce di-
manche) en tant qu'icône de ce jour éternel ... non interrompu
par la nuit ». En d'autres termes, la Résurrection du Christ abolit
définitivement le domaine des ténèbres qui au début de la
Création avait sa place dans l'image du Jour Unique. St. Jean
le Théologien confirme ce fait dans l'Apocalypse: "Il n'y aura
plus de nuit; ils se passeront de soleil pour s'éclairer, car le
Seigneur Dieu répandra en eux Sa lumière» (Apoc 22,5).
Le mystère de l'Economie divine est révélé donc par l'ac-
complissement du Jour Unique d'où le domaine de la mort-ténè-
bres, présent au 1" jour de la Création, est totalement éradiqué.
Cette victoire sur les ténèbres s'affirme le Samedi Saint. Le
156 NICOLAS OSSORGUINE
Fig.Z
CYCLE DU JOUR CYCLE PASCAL DE L'ANNEE
jou.r
An"?n,,~hc,.
Vèpres
(EQLlinoxe dt
.,, Print~l1".p.l)
../
./
_t,or. .' .
'
.
Noël
ri L~ndi ~.~
1
fig. 3 LE SEPTÉNAIRE
7 samedi de la CRÉATION
Dieu bénit le 7~ jour, car c'est ici le Sabbat béni. C'est ici le jour de
repos. En lui le Fils de Dieu s'est reposé de toutes œuvres. Il a
tout accompli par la morL Il a célébré le Sabbat daus sa chair.
Et revenant à ce qu'Il était, par la Résurrection, Il nous a donné
la vie éternelle, en sa bonté et son amour de l'homme».
Fig. 4-
OFFICE DE MINUIT
j)i.manche
Lundi
Mardi
l4~rl'red/
Jeudi
Vendredi ----------}
:<
Samedi
ttntbm
==
(lnéQnti.~5
LA RESURRECTION DU CHRIST 163
{( mais aucun jour ne nous le rappelle plus que celui-ci, alors que
la lumière nouvelle apparaît jusque dans les éléments, et que nos
sens eux-mêmes perçoivent l'éclat d'lm si admirable mystère. Ce
n'est pas seulement à notre mémoire, c'est pour ainsi dire à nos
yeux ("non solum enim in memoriam, sed in conspectum quo dam-
modo") que revient l'entretien de l'ange Gabriel avec Marie étonnée,
et sa conception par l'opération de l'Esprit Saint, et sa foi aussi
merveilleuse que l'annonciation elle-même. Aujourd'hui (hodie), en
effet, le Créateur du monde est né de la Vierge, et lui qui a fait
tous les êtres, il est devenu le Fils de celle qu'il a créée. Aujourd'hui
le Fils de Dieu s'est montré revêtu de chair, ct lui qui échappait
aux regards de l'homme est devenu tangible à ses mains. Aujourd'hui
la parole des anges apprend aux bergers que le Sauveur est
engendré dans la substance de notre corps et de notre âme ...
Il n'est pas une parole des di vines Ecritures, mes bien-aimés,
qui ne nous exhorte à nous réjouir sans cesse dans le Seigneur;
cependant le mystère de la Nativité du Seigneur, qui aujourd'hui
brille à nos yeux d'un éclat plus vif ("Nativitatis Dominicre sacra-
mento nobis clarius coruscante"), nous invite sans aucun doute à
nous livrer davantage encore à ln joie spirituelle; car, si nous
recourons à cette condescendance inexprimable de la miséricorde
divine qui a incliné le Créateur des hommes à se faire homme, elle
nous élèvera à la nature de Celui que nous adorons dans la nôtre» 7,
a) l Vêpres - Ant. 3:
Verbum supernum, a Patre ante tempora genitum, hodie pro nobis
caro factum exinanivit semetipsum.
nO 1663.
!S Préface II de Nativitate Domini - S. L~ON, Sermon 22,2 (P.L. 54, 195-196).
16 Super ablata de la messe de la nuit de Noël reprise du Missel de S.
Pie V - EEFL no 1136.
NOEL: FETE DE L'EVENEMENT OU D'IDEE? 177
b) l Vêpres - RI breve:
RI. Hodie scietis -;." Quia veniet Dominus. )1'. Et mane videbitis glo-
riam eius (cf. Ex 16,6-7).
g) Laudes - Ant. 3:
Parvulus filius hodie natus est nobis, et vocabitur Deus fortis, alleluia.
h) II Vêpres - Ant. 3:
In principio et ante sœcula Deus erat Verbum; ipse natus est hodie
5aIvator mundi.
* * *
Pierre RAFFIN
e
1 L'Eglise Arménienne ne s'est pas tenue cependant à l'écart du V concile
œcuménique de Constantinople en 553 auquel assistèrent plusieurs évêques armé-
niens (voir G. G.-\RITTE, La Narratio de Rebus Armeniae. Edition critique et corn·
mentaire. Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, vol. 132, Louvain 1952,
p. 176-179, 196-197). La législation du VIe concile in Trullû de 692 connaît plu-
sieurs canons (32,33,56,99) (cf. P.P. JOANNOU, Discipline Générale Antique (II~_Ixe 5.]
t. 1,1: Les canol1S des conciles œcuméniques, Rome 1962, p. 162,166,193,235) qui
visent l'Eglise arménienne se trouvant dans la partie du pays soumise à l'empe-
reur byzantin. Les canons du synode de Sirakawan (862), tenu en présence du
délégué du patriarche Photius, constituent, par la reconnaissance des «deux
natures en une personne)l, un changement complet des positions christologiques
de l'Eglise annénienne (cf. A. BALGY, Historia doctrinœ catholicœ inter Armenos,
Viennae 1878, p. 26-27 et 217-219). On sait aussi que la communion ecclésiale entre
l'Eglise arménienne et les autres Eglises fut rétablie de nombreuses fois après
Chalcédoine (cf. G. A:MADOUNI, L'Eglise arménienne et la catholicité. Précis histo-
rique et œcuménique, Venise 1978, p. 17 55).
180 CHARLES RENOUX
n'ont pas de témoins plus anciens, nous savons que leurs racines
plongent dans les liturgies palestinienne, cappadocienne et syrien-
ne des IV·, V· et VI" siècles. Nous les avons étudiés dans la
présentation la plus ancienne qu'on leur connaît à l'heure
actuelle, soit à l'aide de manuscrits dont nous disposions dans
le cas des ordinations et de la dédicace des églises 2, soit à l'aidé
d'éditions critiques pour le baptême et la prière au Christ du
jour de la Pentecôte", soit il l'aide des volumes de Conybeare et
Catergian-Dashian qui restent fondamentaux pour une étude de
la liturgie arménienne 4,
A ce premier groupe de rites dont l'organisation primitive,
telle que la révèlent les manuscrits des rituels et des lectionnaires,
ne fait pas encore appel à l'hymnodie, nous avons ajouté l'analyse
de plusieurs hymnes et de quelques canons liés aux fêtes et
aux rites les plus anciens du rite arménien": les hymnes des
cérémonies du baptême 6 et de la dédicace des églises', celles
des fêtes de l'Epiphanie, de la grande semaine, de Pâques, de
la fête de la Pentecôte, de la Transfiguration, de la semaine de
la croix, et de Jean l'Evangéliste.
l Pour les ordinations, le codex 457 de Venise du Ixe_xe siècle (no 320 du
catalogue de B. SARG1SEAK ew G. SARGSE,\N, Mayr c'uc'ak hayeren jeragrac' Mate-
nadarîn Maxit'areanc' i Venetik, Halor 3, Vcnctik 1966, coL 1-48); pour la dédi-
cace des églises, le codex 1001 du Ixe_x e siècle et le codex 907 du XVIIe s. mais
copié sur un manuscrit ancien (cf. O. EGANYAN, A. ZEYT'UNYAN, P. ANr'ABYAN,
C'uc'ak Jeragrac' Mastoc'i Anvan Matenadarani, Hator 1, Erévan 1965, p. 456).
Comme il n'existe aucune traduction des rites de ces deux manuscrits, nous
renverrons au Ritt/ale Armenorwn de Conybeare (cf. note 4).
l S. CF..MèEMEAN, Mkrtut'eun ararolut'iwn masloc'neru mei, dans Bazmavep 129
manuscrits, est certaine. Nous savons que Nersès snorhali (1102-1173) a complété
les canons des fètes dépourvues des lwmnes nécessaires aux divers offices litur-
giques de la journée et dc l'année (vofr S. CEMéEMEAN, Jeragir sarak/wc'nera ew
anonc' kmwnnera, Venise 1970). Les canons des hymnes font leur apparition dans
les lectionnaires du XIIIe siècle.
6 Mastoc' kam Cisaran, Jérusalem 1933.
1 Les hymnes de cette cérémonie ont été reprises dans le canon des fêtes
de la croix en septembre (cf. note 8). Les rituels anciens ne possèdent pas
d'hymnes pOUl" les ordinations.
LE CHRIST DANS QUELQUES TEXTES AR!\·1ENIENS 181
1. JESUS-CHRIST
Anaphore Grégoire, p. 126; cf. 2 Pierre 1,1.11; 2,20; 3,18; Jude 1.25.
16
Génuflexion, p. 68-69: cf. Tite 1,4 et 3,6. Sur le titre de «Sauveur», voir O.
21
CULLMANN, Christologie du Nouveau Testament, Paris 1955, p. 206-212.
lB« Christ, toi, le Verbe d'avant les siècles» (Hymnes Epiphanie, p. 517);
"Seigneur» (Hymnes Baptême, p. 28; Hymnes Grande Semaine, p. 101); «Christ
Dieu» (Hymnes Epiphanie, p. 519 et Présentation, p. 522 et 523; Hymnes Grande
Semaine, p. 93 ct 118; Hymnes Dédicace, p. 148 et 174); «Christ, notre Dieu)'
(Hymnes Transfiguration, p. 68); «Christ, Fils de Dieu» (Hyml1es Grande Se-
maine, p. 9; Hyml1es Tral1sfiguration, p. 69); «Sauveur» (Hymnes Baptême,
p 28).
2~ Hymnes Grande Semaine, p. 101; cf. 1 Timothée 6,15; Apocalypse 17,14.
lO Cf. Jean 18,33-37.
JI Hymnes Dédicace, p. 101.
12 Ibid., p. 160.
JJ Hymnes Gmnde semaine, p. 88.
M Hymnes Dédicace, p. 161.
l5 Hymnes Gml1de semaine, p. 85.
3< Hymnes Dédicace, p. 145.
37 Ibid., p. 166.
184 CHARLES RENOUX
li Jean 1,29.36.
)9 Anaphore Grégoire, p. 124.
~o Ibid., p. 136; cf. Actes 3,15.
41 Génuflexion, p. 67.
~2 Ibid., p. 62-63.
4J Hymnes Jean l'Evangéliste, p. 728.
Le Christ et le Père
Situation et relation du Christ par rapport à la seule person-
ne du Père font aussi l'objet de quelques allusions dans les
textes liturgiques arméniens, selon des formules qui, pour les
textes anciens, renvoient toutes au Nouveau Testament.
Jésus-Christ tire son origine du " Père », et il est dans une
relation de filiation par rapport à lui, comme le disent ces
formules classiques: «Dieu ... Père de notre Sauveur et Seigneur
Jésus-Christ 68, Seigneur Dieu, Père de notre Seigneur J ésus-
Christ"', Ton Fils bien-aimé Jésus-Christ ". »
C'est dans cette filiation manifestée aux hommes durant sa
vie terrestre que le Christ révèle le Père: "Jésus-Christ .,. qui
est l'image de la gloire 71 }} du Père, ({ son sceau exact 72 »; ({ en lui-
même il montre le Père 73 », et il est ({ à la gloire de Dieu le Père 74 ».
Les mêmes expressions reviennent dans l'Hyml1aire, sans
l'originalité que l'on aurait pu espérer trouver dans des com-
positions poétiques. Jésus est "le Fils unique ", l'effigie du
Père ", consubstantiel au Père 77, l'égal en gloire du Père 78; il est
monté près du Père de qui il était sorti ", il offre les créatures à
son Père 80, il reviendra dans la gloire du Père 81 ».
est l'équivalent de l'homoouSÎ-vs grec (cf. AVEDIcHr .\N, Sulle correzimli dei Libri
Ecclesiastici Arment, Venezia 1868, p. 82-83).
07 Hymnes Epiphanie, p. 513; cf. Jean 17,11.22.
0lI Anaphore de Grégoire, p. 126.
69 Baptême, p. 405; cf. Romains 15,6; 2 Corinthiens 11,31; Ephésiens 1,3; 1 Piero
re 1,3.
70 Dédicace, p. 34.
71 Anaphore Grégaire, p. 126: cf. Hébreux 1,3.
72 Ibid., p. 126.
7] Ibid., p. 128.
Le Christ et l'Esprit-Saint
En dehors des doxologies que nous avons rapportées précé-
demment, peu d'allusions aux relations entre le Christ et l'Esprit-
Saint. Le jour de la Pentecôte, dans la prière spéciale adressée
au Christ, le célébrant lui demande de nous remplir «de ton
Esprit-Saint 82 », et «de guider notre marche par ton Esprit-
Saint dans des sentiers irréprochables 83 ». Et le canon du jour
de Pâques chante que le Christ est «consubstantiel au Père et
au Saint~Esprit 84 ».
La divinité du Christ
La divinité du Christ, dont les textes viennent de nous dire
les relations avec le Père et l'Esprit-Saint, est souvent proclamée
dans les prières, mais là encore sans grande originalité. Le
Christ a illuminé ses créatures « en faisant poindre en nos âmes
la lumière de sa divinité 85 }); il a «uni notre nature passible à
sa divinité impassible 86», et nous devons «l'adorer avec le
Père en esprit et en vérité 87 ». C'est avec la mên1e silnplicité, et
en faisant appel à des images vraiment communes, que les hymnes
chantent le Christ Dieu: Christ dont «la lumière divine (est)
plus brillante que le soleil '", du haut des cieux tu as illuminé de
ta divine splendeur le temple saint de ta gloire 39 ». Le Christ
« vit éternellement 90, il est adoré par les créatures du ciel et de
la terre avec le Père et le Saint-Esprit" ».
La manifestation de la divinité du Christ, c'est enfin l'attri-
bution, à la personne du Verbe incarné, des actions de Dieu,
conformément à la doctrine de la communication des idiomes. Le
Christ est ainsi présenté con1n1e créateur: «Seigneur, toi qui
as créé par ta grande puissance la mer, la terre ferme et toutes
82 Génuflexion, p. 60-61.
!1 Ibid., p. 62-63.
l' Hymnes Grande semaine, p. 120.
I~ Baptême, p. 228.
BIi Génuflexion, p. 66·67; anaxt, libre de toule maladie et de toute passion,
l'apatheia.
~1 Ibid., p. 64-65.
U Hymnes Dédicace, p. 146.
!9 Ibid., p. 147.
92 Baptême, p. 219.
9_1 Hymnes Epiphanie, p. 513.
94 Hymnes Grande semaine, p. 79.
107 Les manuscrits Venise 457 et Erévan 1001 du IX~_Xe siècle et le Venise 199
de 1216; cf. M.-F. LAGES, The Hierosolymitain Origill of the Catechetical Rites
irl the Annellian Liturgy, dans Didaskalia 1 (1971). p. 233-249.
10! Baptême, p. 37.
Incarnation et Rédemption
L'hymne consacré à la Vierge dans chaque canon, le
Mecac'usc'e (= Magnificat), montre comment l'Eglise Arménienne
parle de l'Incarnation: "Le Christ qui, d'une vierge, naquit Roi
sans souillure ... 113; Christ, qui t'es incarné pour nous de la
Vierge sainte ... 114; sans subir de corruption, le Christ, Dieu et
Sauveur, habita en ton sein ... 115; en son corps né de la Vierge,
le Christ est déposé dans un tombeau vierge ... lui qui délie des
peines de l'enfer ... 116». L'Incarnation est donc bien envisagée
en fonction de la Rédemption; le Christ, ce Roi qui naît, a un
rôle de Sauveur.
La Rédemption
Le Christ, adoré par les anges, s'est incarné pour nous
sauver. A la suite de plusieurs textes du Nouveau Testament qui
dénoncent la puissance du démon dans le monde pécheur 122,
quelques textes liturgiques arméniens reprennent, après de nom-
breux Pères 123, la métaphore de la rançon: "Par la passion et la
mort de la croix tu as acheté notre salut et notre retour ... 124;
N .... est baptisé ... racheté par le sang du Christ de la servitude
du péché ... 125 »,
La Passion volontaire
Le Christ qui nous sauve par son sang le fait volontairement.
De nombreux textes insistent sur ce caractère volontaire de la
passion du Christ: "De sa propre volonté il venait à la mort,
dans la nuit où il se livrait lui-même à la mort ... », répète
l'anaphore de Grégoire l'Illuminateur l " . Les textes hymnodiques,
plus récents, reprennent le même thème: "Christ Dieu, toi qui
as consenti à souffrir volontairelnent ... » chante le canon du
jeudi saint "'; et l'un de ceux des fêtes de la Croix: "Volontaire-
ment tu es monté sur ta croix, tu as étendu les bras pour ras-
sembler près de toi la race humaine dispersée ... 128 ». Affirmer
le caractère volontaire des souffrances du Christ, mais marquer
aussi que c'est à l'humanité du Christ, instrument de sa divinité,
que se rattache toute cette activité rédemptrice: "Christ Dieu,
toi qui as consenti à souffrir volontairement ... », tel est bien
le sens de ces textes.
La Croix
Parmi les souffrances du Christ, celles de la Croix tiennent
une place importante dans la liturgie arménienne 129 et particu-
lièrement dans les canons des fêtes de la croix. ".La force ir-
résistible de ta croix, ô Christ, vient à notre secours ... 130 ». Le
Christ en croix enlève la condamnation et enchaîne l'Adversaire:
"Christ, par le signe de la Croix victorieuse, tu as enlevé la
condamnation ... 131; le Christ, cloué à la croix, a délié ceux qui
étaient enchaînés et par sa croix vivifiante a enchaîné l'Adversai-
re ... 1"' ». Aussi, avec la Croix, le Christ nous a donné" l'emblème
de la victoire 133, l'arbre de vie qui rend la vie lH, un sceptre
royal 135; il s'y est assis sur un trône seigneurial 136 ». Et dans cette
insistance sur la valeur de la croix du Christ comme instrument
royaume des cieux 143, Le Christ est baptisé et toutes les créatures
sont purifiées, il nous donne le pardon des péchés 149 ».
Aussi, c'est le Christ que l'on prie au cours des cérémonies du
baptême, pour qu'il donne l'Esprit-Saint: "Envoie l'Esprit-
Saint dans cette eau 150 ». Et le jour de la Pentecôte, dans la
prière spéciale adressée au Christ, c'est à lui également que l'on
demande qu'il rende ses serviteurs dignes des six dons divins
(sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété) "et de ton
Esprit de crainte"'; remplis-nous de ton Esprit Saint 152 ».
Eglise et sacrements
Alors que les textes anciens, au llloins ceux que nous avons
choisis, ne mentionnent que rarement le Christ dans sa relation
à J'Eglise, " ta sainte Eglise '" », les canons hymnodiques, et prin-
cipalement ceux de la Dédicace et des fêtes de la Croix, sont d'une
très grande richesse à ce sujet.
Le Christ qui a fondé l'Eglise: "Christ, toi qui par ta pa<role
as établi ton Eglise sur le roc des apôtres ... "'; par la puissance
de ta croix, tu as fondé l'Eglise 155 », et qui est ressuscité pour
eIIe: "Bénissez le Christ ressuscité des morts pour la sainte
Eglise 156 », en reste la lumière: « Le Christ, ta lumière, est res-
suscité 157; sur toi s'est levée la lumière de la connaissance, le
Christ ''''; tu as illuminé ta sainte Eglise "'; tu as illuminé de ta
divine splendeur le temple saint de ta gloire 16U ». L'image, pré-
parée dans l'Ancien Testament et empruntée au Nouveau Testa-
ment, de l'Eglise, épouse du Christ, n'est pas ignorée des hymnes
de la Dédicace: "Le Christ s'est uni à la sainte Eglise '''; réjouis-
Le retour du Christ
Pour clore ce tour d'horizon sur les manifestations du Christ
dans le rite arménien, il faut regrouper quelques textes concer-
nan t le retour du Christ.
lM Génuflexion, p. 55.
169 Ordinations, p. 233.
* * *
L'audition de tous ces textes, sans couleurs bien vives, dans
un assemblage sans originalité, vous aura sans doute déçus;
c'est avec morosité que nous l'avons réalisé nous-même. Il a
cependant l'intérêt de montrer que la prière de l'Eglise Armé-
nienne, au sujet du Christ, ne s'écarte en rien des formes que
revêt la prière liturgique dans les autres rites. Comme partout,
ce qui la caractérise avant tout, c'est le recours aux textes bibli-
ANNEXE
l Ibid., p. 228-229.
4 Hymne que l'on chante en se dirigeant vers la piscine (Mastoc', Jérusalem
1933, p. 31-32). Ce texte est tiré du canon du quatrième jour après la Pentecôte.
j
j
j
j
j
j
1
:
1
j
j
LA LITURGIE ET LE PROBLÈME DU «FILIOQUE»
1 Cf. le résumé très complet d'A. PALMIERI, dans DictionnaÎre de Théol. cacl1.
V,!, col. 762-829.
l Cf. Geist Gottes _ Geist Christi, éd. par L. VISCHER, Frankfurt am Main
1981. Mentionnons que le nO 148 (1979) de Concilium est entièrement consacré
au thème «Le Saint-Esprit en rediscussion ». Cf. aussi le dossier publié dans
Istina 17, 1972, pp. 257-467; et A. de HALLEux, Pour un accord œcuménique sur
la procession de l'Esprit Saint et l'addition du «Filioque» au symbole, dans
Irénikon 51, 1978, pp. 451-469.
204 WILLY RORDORF
s. Basile; dans son œuvre, le lien entre lex orandi et lex credendi
est justement bien visible.
J In: Eucharisties d'Orient et d'Occident II, Paris 1970, pp. 226-227 (égale-
ment publié dans Verbum Caro 89, 1969, pp. 18-19); cf. IDEM, Quelques réflexions
sur la pneumatologie du culte, dans Mélanges liturgiques offerts au R.P. Dom
Bernal'd Botte O.S.B., Louvain 1972, pp. 19-29.
47,6. Trad. de B. Pruche, dans SC 17bis, 1968, p. 299.
LA LITURGIE ET LE PROBLEME DU ({ FILIOQUE » 205
revient la gloire. Que si l'on songe aux biens dont il se met en frais
pour nous les procurer, ou à notre accès personnel auprès de Dieu
et à notre entrée dans sa familiarité, c'est par lui et en lui que l'on
confesse avoir reçu cette grâce. Ainsi l'une (des deux locutions)
est-elle propre à proclamer la doxologie: avec qui; l'autre, par qui,
mieux choisie pour rendre grâces ».
59,22ss.
627,68. Trad. de B. Pruche, ibid., p. 489.
7 Cf. A.-M. RITIER, Das Konzil von Konstantinopel und sein Symbol, Gëttin-
gen 1965, pp. 293-307.
1 Cf. note 3.
206 WILLY RORDORF
9 Cf. F.E. BRIGHn,I .\N - C.E. HAMMOND, Liturgies Eastem and Western l, Ox-
orientales.
H L'Orient Syrien 7, 1962, pp. 69-76.
_ _ _ _ _ccL"A:...::LCCIT:URGIE ET LE PROBLEME DU « FILIOQUE » 207
II
Spiritu Sa/1cta et Maria virgine », dans Augustinianum 20, 1980, pp. 545-557.
21 A la différence de Dom Botte, je maintiens l'addition de la traduction
latine patri et tilio qui apparaît aussi dans les chap. 3 et 7 où elle est confirmée
par la traduction éthiopienne (et indirectement par l'Epitomé); cf. aussi J.A.
JUNGMANN, Die Stellung Christi im liturgischen Gebet, Münster en Westf., 2" éd.
1962, pp. 13555. Je ne suis pas d'accord avec Dom Botte quand il note (op. cit.
[note 20], p. Il, note 3): « Malgré l'accord de LE, je doute de l'authenticité de
ces mots. Tout à fait normale quand la doxologie commence par tibi gloria,
cette mention est incohérente quand elle est précédée de per quem» (cf. aussi
A. STUIBER, RAC 4, 1959, 2185.). La double mention du Fils correspond aux deux
plans de son action en tant que Fils incarné (per puerum ...) et en tant que
Fils éternel du Père (patri et tilia ... ); cette dernière doxologie se retrouve dans
les chap. 6 et 21, et en Contra Noëtum 18.
LA LITURGIE ET LE PROBLEME DU « FILIOQUE }) 209
2J Cf. I.A. IUNGMANN, Missarum Sollemnia l, Paris 1951, pp. 7255.; S. SALAVILLE,
dans DThC V,I, Paris 1913, col. 194-300; F. CABROL, dans DACL V,l, Paris 1922,
col. 142-184; P. L'HUILIER, Théologie de l'EpicIèse, dans Verbum Caro 14, 1960,
pp. 307·327.
24 J.-A. JUNGMANN, op. cir. (note 22), pp. 151-168 souligne la fonction antia-
rienne de cette doxologie.
2.1 Ad Monimum U,10); CC 91, p. 44, 1. 433-437. Fulgence combat dans cet ou-
vrage les ariens; cf. H.J. DIESNER, Fulgentius tlon Rusp eals Theologe und
Kirchenpolitiker, Stuttgart 1966, p. 43.
26 Cependant, il faut dire que le même Fulgence de Ruspe affirme très net-
tement le filioque; cf. A. PALMIERI, art. cit. (note 1), pp. 8045.
210 WILLY RORDORF
li Cf. par ex. A. von HARNACK, Lehrbuch der Dogmengeschichte II, réimpr.
Darmstadt 1964, pp. 304ss.
1& Sur la question de l'origine de ce type de liturgie cf. d'une part K. GA1\IIBER,
tre de l'histoire du salut chez Saint Ambroise de Milan, Paris 1968, pp. 125ss.;
J. SCHMITZ, op. cif. (note 28), pp. 403s.
II De sacr. IV,14; trad. B. Botte, SC 2Sbis, 1961, pp. 109-111. Cf. De mys!. 54.
~l De sacr. IV,21-22; trad. B. Botte, ibid.} p. 115.
LA LITURGIE ET LE PROBLEME DU ({ FILIOQUE » 211
la veille de sa passion, leva les yeux au ciel, vers toi, Père saint,
Dieu tout-puissant et étcrncI, le bénit en rendant grâces et le donna
à ses apôtres et à ses disciples en disant: "Prenez et buvez tous
de ceci, car ceci est mon sang". Remarque que ce sont toutes paroles
de l'évangéliste jusqu'à "prenez" le corps ou le sang; mais à partir de
là, ce sont des paroles du Christ: "Prenez et buvez tous de ceci, car
ceci est mon sang")J.
]] Cf. R. JOHANNY, op. cit. (note 30), pp. 1125s. Gaudence de Brescia confirme
cette vue; cf. S. SALAVII.LE, art. cit. (note 23), p. 244.
>4 Cf. A. PALMIERI, art. cit. (note 1); M. SIMONETII, La processione dello Spi-
rito Santo nei Padri latini, dans Maia 1955, pp. 308-324; et les différents travaux
historiques dans Concilium nO 148, 1979.
lS Adv. Prax. 4,1; et 8,12; cf. W. BENDER, Die Lehre über den Heiligen Geist
bei TertulIîan, München 1961, pp. 92ss. Cependant, J. MOINGT, Théologie trini-
taire de Tertullien III (Théologie 70), Paris 1966, p. 1062-1068, est très réticent
à l'égard de cette interprétation.
]0\ Cf. P. SMULDERS, La doctrine trinitaire de S. Hilaire de P.Jitiers, Rome 1944,
tation de ce passage, je suis avec N.J. BELVAL, op. cit. (note 40), p. 43, contre
L. HERMANN, op. cit. (note 40), pp. 21455., note 93.
LA LITURGIE ET LE PROBLEME DU « FILIOQUE » 213
III
* * *
t7 Cf. B. BaTIE - Chr. MOHRMANN, L'ordinaire de la Messe, Paris 1953, pp. 133-139.
214 'WILLY RORDORF
Willy RORDORF
1 L'expression chro !-LŒxp60ev se retrouve plusieurs fois dans les récits synop-
tiques de la Passion: Mt 26,58; Mc 14,54 et Le 22,54 (sans &1to) pour Pierre; Mt
27,55; Mc 15,40 et Le 23,49 pour les saintes femmes.
1 La tradition des premiers siècles a appliqué au Christ crucifié les expres-
sions étendre les mains, élever les mains. Ainsi pour cette dernière en Ps 140,2
Cyprien Ad Quirinum (Testimonia) 2,20; Epistola 63,16. Dans la prière eucha-
ristique de la Tradition Apostolique d'Hippolyte (n. 4), on lit « extendit manus
suas cum pateretur", allusion à Is 65,2. Cfr. à ce sujet B. BOTTE, Extendit manus
suas cum pateretur, dans Les Questions liturgiques et paroissiales 49 (1968) 307s
et E.J. LENGELING, Hippolyt von Rom und die Wendung « extendit manus suas
cum pateretur », ibid. 50 (1969) 141ss.
218 ANDRE ROSE
't'~"t"tfl),
dans les ténèbres et à l'ombre de la mort ».
J L'expression libre parmi les morts se trouve dans le texte des Septante,
mais ne figure pas dans le texte massorétique. La version des textes psalmiques
donnée dans cet article suit le texte grec des Septante, qui est le plus souvent
à la base des interprétations patristiques et des usages liturgiques.
4 Pour le lectionnaire arménien, cfr. A. RENOUX, Le codex arménien Jérusalem
121, dans Patrologia Orientalis, t. 25, fascicule 1, Turnhout 1962 et t. 36, fasci-
cule 2, Turnhout 1971.
5 Pour le lcctionnaire géorgien, voir M. TARCHNISCHVILI, Le grand Lection-
naire de l'Eglise de. Jérusalem (V"-VIIlc siècle), tomes 1 et 2, Louvain 1959 et 1960.
6 Pour la liturgie copte de la Semaine sainte, cfr. O.H.E. BURMESTER, Le le.c-
tionnaire. copte de la Semaine Sainte 1 et n, dans Patrologia Orientalis, t. 24,2,
Paris 1933 et 25,2, Paris 1939.
1 Cfr. J. MATEOS, Le Typicon de la Grande Eglise, tomes 1 et 2, Rome 1962
et 1963.
VERSETS PSALMIQUES DE PAQUES ET DE L'ASCENSION 219
& Cfr. J. LIÉBAERT, Deux homélies anoméennes pour l'octave de Pâques (Sour·
Origène
« Il nous faut chercher à quelle condition le Sauveur s'est
réduit, pour dire, par l'intermédiaire du prophète David Je suis
comme un homme privé de tout secours, libre parmi les morts:
de même qu'il est supérieur aux hommes par sa naissance virginale
et par les prodiges du reste de sa vie, de même, parmi les morts,
car seul il s'y trouve libre et son âme n'a pas été abandonnée dans
l'Hadès » (Commentaire sur Jn 1,31; trad. de C. BLANC, SC 120).
Méthode d'Olympe
« Jésus seul a marché dans l'abîme comme libre, là où il n'y
a pas de trace de marcheurs, car il a choisi la mort, non en étant
dépendant d'elle, mais pour racheter ceux qui sont soumis à la
mort; et il dit à ceux qui sont dans les chaînes; "Sortez" et à ceux
qui sont dans les ténèbres "Venez à la lumière" (Is 49,6) » (Fragment
sur Job 38,16: CGS 27, 517).
Eusèbe de Césarée
« Mon âme a été remplie de maux (v. 4): ces mots indiquent
clairement sa descente aux enfers et les maux dont il a dit que
son âme était remplie ...
Je suis devenu ... (v. 6): Ceux qui sont véritablement sans
secours et sont dominés par la mort sont emmenés et conduits
par elle. Seul notre Sauveur et Seigneur s'est humilié jusqu'à la
mort (Phil 2,8) et est devenu dans la similitude d'une chair de
péché (Rom 8,3). De la sorte, il est devenu comme l'un de ceux qui
sont sans secours.
Mais comme il n'était pas véritablement l'un de la multitude
des hommes, seul il était libre parmi les morts et n'est pas resté
asservi à la mort: "Moi qui suis le libre et le véritable et seul
Seigneur de tous, je suis devenu comme un homme sans secours
parmi les morts, non pas vraiment sans secours, mais comme
sans secours",
Ces paroles - poursuit Eusèbe - ne peuvent s'appliquer qu'à
Notre Seigneur Jésus Christ» (Commentaire sur le Ps 87: PG 23,
1054-1056).
JérÔlne-Origène
« Je suis devenu comme un homme sans aide, libre parmi les
morts: Il n'a pas dit "Je suis devenu sans aide", mais "Je suis
222 ANDRE ROSE
Didyme d'Alexandrie
« Celui qui est devenu est le Sauveur venu pour le salut de
tous, "donner son âme en rédemption pour beaucoup" (Mt 20,28),
"ayant goûté la mort pour tous par la grâce de Dieu" (Hebr 2,9).
Car lui seul est mort pour tous et dit ici: "J'ai été estimé parmi
ceux qui descendent dans la fosse". Car chacun, c'est à juste titre
qu'il descend dans la fosse, à cause de ce qu'il a fait et pensé, mais
n'lOi j'ai été estimé et j'ai été compté parmi eux, non en suite de mes
œuvres qui m'ont poussé là, mais en raison de la bienveillance du
Père et de ma propre volonté, qui ont décidé que je fusse estimé
parmi ceux qui descendent dans la fosse. Aussi c'est de plein gré et
volontairement que je suis devenu comme un homme sans aide, la
ressemblance n'étant pas portée vers l'homme. Certainement pas!
Car il est devenu véritablement homme, mais, dit-il, pour ressembler
non seulement à un homme mais à un homme sans aide: car il
pouvait ne pas souffrir, ne pas être arrêté, ne pas être lié, mais il
s'est donné lui-même, devenu obéissant jusqu'à la mort et la mort
de la croix (Phil 2,8).
Mais s'il est devenu volontairement homme sans aide, au point
d'être revêtu par la mort, il était néanmoins libre parmi les morts . ..
Seul Jésus ayant déposé de lui-même son âme, personne ne la
lui prenant, est devenu libre parmi les morts (cf. Jn 10,18). Tandis
que "tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu", délivrés
de la vie, ils se trouvent dans l'enfer avec des liens plus ou moins
différents, seul celui qui n'a pas commis le péché et ne connaissant
pas le péché est devenu libre parmi les morts, de manière à délier
des liens de la mort tous les autres morts, en les ressuscitant
et en les vivifiant, de manière, lui le seul libre des péchés, à donner
la rémission des péchés sur la terre, car il dit: "Si le Fils vous
délivre, vous deviendrez vraiment libres" (Jn 8,36). De cette manière,
venu dans l'enfer avec liberté, il a délivré les âmes retenues captives,
produisant la crainte chez eux qui les retenaient: et les portiers de
ces lieux furent frappés d'épouvante, en voyant son pouvoir absolu
et sa liberté.
Il s'en suit qu'il faut interpréter aussi les versets précédents
comme dits par le Christ. Le Sauveur dit en effet à son Père: "Si
VERSETS PSALMIQUES DE PAQUES ET DE L'ASCENSION 223
Théodoret
{( Comme non soumis à la mort (car il n'a pas commis de péché),
mais ayant subi celle-ci à cause d'une sentence injuste et pécheresse,
(le Christ) est devenu, comme libre parmi les morts, rédemption
pour ceux qui sont justement retenus captifs sous la mort» (ln
Rom. 8,3: PG 82, 129).
Proc/us de Constantinople
« Le soleil est apparu à ceux qui étaient assis dans les ténèbres,
au plus profond de la fosse (E'J ),<XXXIfl xa't'Ci)'t'<x-clfl) et à l'ombre de la
mort» (Oratio XII: PG 65, 788).
* * *
Jérôme-Origène
« Il faut rapporter ce psaume au Seigneur lui-même: il est
ressuscité d'entre les morts et il a dispersé ses ennemis, c'est-à-dire
le diable et son armée».
Eusèbe de Césarée
« Lorsqu' "après avoir pris la forme du serviteur et avoir été
considéré pour l'extérieur comme un homme, il s'est humilié lui-
même jusqu'à la mort" (Phil 2,7-8), le Saint Esprit prophétise à juste
titre sa Résurrection en disant: "Que Dieu se lève (&:'Ja:o't'i)'rw)
et que ses ennemis soient dispersés"; par Dieu, il comprend Dieu
le Verbe " (PG 23, 681-684).
Hilaire
« Tout cc psaume est tissé par les mystères de l'ancienne et de
la nouvelle Loi. On souhaite la résurrection du Christ et par elle la
fuite des démons» (PL 9, 443).
Didyme d'Alexandrie
« Que cela soit dit par manière de prière au Père, lorsque après
la Passion du Christ, son corps encore déposé dans le sépulcre,
celui-ci dépouillait l'enfer, les Juifs se rassemblaient avec les
démons pervers qui les remplissaient et les autres puissances mau-
vaises: Qu'il ressuscite le Dieu qui est descendu vers la mort après
être devenu homme, pour que soient dispersés ceux qui se sont
rassemblés contre lui: car alors aussi ceux qui le haïssent, ne
pouvant résister à celui qui est ressuscité d'entre les morts, fuiront
devant sa face» (M. II, p. 63 n. 681).
Théodoret
« Il dit: "Il est temps, Maître, de ressusciter et de réaliser le
salut des hommes", Il appelle Résurrection, comme nous l'avons
souvent dit, non seulement la fin du temps de la patience (c'est-à-
dire la Parousie), mais aussi la résurrection du Sauveur du monde
après trois jours, après que librement il eut choisi de mourir pour
nous» (PG 80, 1376).
* * *
Jérôme-Origène
« Réveille-toi, Seigneur mOn Dieu, selon le décret que tu as
intimé. Cela c'est nous qui le disons: Tu as souffert pour nous,
tu as été crucifié pour nous: lève-toi et sauve-nous ...
Et ['assemblée des peuples fera cercle autour de toi. Lève-toi
pour ceci: afin qu'une multitude nombreuse croie en toi.
Quand tu seras ressuscité, que demandons-nous d'autre? Retourne
vers le Père. Et pour elle retourne dans les hauteurs. Pour qui?
pour l'assemblée des peuples. Lorsque tu es mort, c'est pour nOliS
que tu es mort; lorsque tu es ressuscité, c'est pour nous que tu
es ressuscité; lorsque tu es remonté auprès du Père, remonte pour
nous. Et au-dessus d'elle retourne dans les hauteurs: "Personne
n'est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de
l'homme qui est au ciel" (In 3,13)>> (CC 78, 24-25).
Eusèbe de Césarée
«Inspiré par l'Esprit divin, David prophétise, annonçant la
Théophanie du Sauveur, arrivée non pour lui-même, mais pour
toute la race humaine» (PIIRA, Analecta sacra III, p. 386).
Basile
{( Le prophète prie pour qu'agisse déjà le mystère de la Résur-
rection pour la destruction de leurs péchés - ou il annonce
l'élévation (üljJ(ol(J"~) (du Christ) sur la croix, qui devait arriver après
l'élévation jusqu'à la limite extrême, de la méchanceté de ses
ennemis.
Reveille-toi ... La parole peut être rapportée au mystère de la
Résurrection.
Et après cela retourne dans les hauteurs: Il s'agit de l'assemblée
qui fait cercle autour de lui, assemblée qu'il a acquise par sa
descente (parmi nous) et son économie selon la grâce.
Retourne dans les hauteurs de la gloire que tu avais avant
la création du monde (In 17,5)>> (PG 29, 236).
Hésychius
«Eveille-toi ... selon l'ordre: selon lequel il a dit aux Apôtres:
"Après trois jours je ressusciterai".
Et l'assemblée ... : après la Résurrection, les Apôtres ont ras-
semblé le monde entier par la foi.
Et retourne dans la hauteur: il parle de l'Ascension du Seigneur»
(PG 26, 669).
VERSETS PSALMIQUES DE PAQUES ET DE L'ASCENSION 229
* * *
Ps 11, 6: "A cause de la détresse des pauvres
et à cause du gémissement des indigents,
maintenant je ressusciterai, dit le Seigneur,
j'établirai dans le salut,
je me manifesterai en lui avec assurance ».
mon Dieu, que ta lnain s'élève dans la liturgie byzantine: Prokimenon du dimanche
du se ton (partiellement) et du 7e ton (texte complet).
230 ANDRE ROSE
Didyme d'Alexandrie
«Il est montré par là comment c'est Jésus Christ, lui qui a
délivré celui qui est dans la détresse, parce qu'il avait un corps de
mort, c'est lui qui dit: "Maintenant je ressusciterai, dit le Seigneur"»
(M. !, p. 166).
* * *
Ps 40,11: "Mais, toi, Seigneur, aie pitié de moi et ressuscite-moi,
et je leur rétribuerai ».
Didyme
« Pour me substituer un autre peuple il la place de celui qui
est rejeté et Mathias au lieu de Judas. Mais aussi: Ressuscite-moi
pour que je leur rétribue, la rétribution devant leur survenir pour
le bien» (M. !, p. 323).
Cyrille d'Alexandrie
« (Le psalmiste) adapte (ces paroles) au Christ selon le mode
de son humanité. En effet il considèl e à nouveau pour moi le Dieu
Théodoret
cc Il dit tout cela comme venant de la nature qu'il a assumée,
selon laquelle il a souffert la Passion. Ainsi aussi, dans les saints
évangiles, nous entendons le Christ priant: "Père, sauve-moi de cette
heure" (ln 12,27) et "Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne
de moi" (Mt 26,42) ».
* * *
Ps 138,1-2 et 18:
« Seigneur, tu m'as éprouvé et tu m'as connu,
tu as connu mon repos (TIjv xot6éSpotv !Lou, sessionem) et mon
réveil (TIjv tyepcrtv, resurrectionem) ".
Je suis éveillé (anciennes versions latines: resurrexi) et je
suis encore avec toi».
II Ibid., p. 132.
llVoir J. MATEOS, op. cit., t. II, p. 93. Cet usage a disparu dans le rite actuel.
.13 Ainsi dans le Breviarium Roma/mm. Le nouvel office romain de la Liturgia
Horarum a transféré les Psaumes 1, 2 et 3 aux Matines du Lundi de Pâques
et du dimanche suivant (2e de Pâques).
24 En ce rite, le Psaume 3 figure au début des Matines. Mais toute l'octave
pascale comporte ce verset comme antienne d'accompagnement du Psaume. Cfr.
J. VIVES, Antifonario visigotico mozarabe de la Catedral de Leon, Barcelona-
Madrid 1959, p. 294.
IS Règle, chapitre 9.
26 Littéralement: <t le fait de m'asseoir et le fait de me lever ».
234 ANDRE ROSE
* * *
Quelques versets isolés apparaissent choisis par la liturgie
en raison des verbes OC\l~crT&:\lctL et É~EydpEt\l.
Eusèbe de Césarée
« Lorsque recevant la gloire qu'il avait auparavant auprès du
Père (Jn 17,5), il transforma en une condition meilleure la forme
du Serviteur, selon le témoignage de l'Apôtre disant: "Il transfor·
rnera le corps de notre humilité pour le rendre semblable au corps
de gloire du Christ" (Phil 3,21), c'est alors qu'il revêtit la beauté».
Evagre
Evagre rapproche ce verset de 1 Cor 15,25: "Il faut qu'il
règne jusqu'à ce qu'il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds»
(P ITRA, Analecta sacra III, p. 173).
Grégoire de Nysse
«Le prophète David, contemplant maintenant la restauration
de la beauté, la destruction de la mort, la liberté de ceux qui
étaient esclaves, s'écrie et dit: Le Seigneur a régné, il s'est revêtu
de beauté. Quelle beauté a-t-il revêtu? L'incorruption, l'immortalité,
le sénat des Apôtres, la couronne de l'Eglise. Car ce qui était cor·
ruptible est devenu incorruptible et celui qui était considéré par
eux comme un homme ordinaire apparaît comme Dieu véritable ...
Il a revêtu la puissance et s'en est ceint: Il dit puissance à cause
de l' "économie" de sa chair, car rien n'est plus puissant que celle-ci:
par son corps, celui qui est sans corps a expulsé les démons; par la
croix, il a réduit en les assiégeant les puissances ennemies II (Ho-
m.élie pour la Résurrection du Christ: PG 46, 688).
Théodoret
{( La Passion apparut triste à ceux qui savaient que son fruit
demeurerait, comme le prophète criait: "Nous l'avons vu et il
n'avait ni apparence ni beauté, mais son aspect était sans honneur,
abandonné parmi les fils des hommes" (ls 53,2-3); après (sa naissance
de la Vierge, sa Croix volontaire et) son Ascension au ciel, il émit
Arnobe le Jeune
« Le Seigneur a régné, c'est-à-dire il a reçu le règne sur la
Croix. Il s'est revêtu de beauté dans la Résurrection. Car il a revêtu
la faiblesse dans la puissance, il s'est ceint de l'éternilé et affermit
la terre par sa Résurrection. Et posséàant un trône préparé (v. 2), il
est monté aux cieux pour siéger à la droite du Père» (PL 53, 460).
Cyrille d'Alexandrie
«Ayant accompli pour nous l'économie, il est monté vers son
Père qui est dans les cieux et Dieu, devenu comme les prémices
de l'humanité rénovée pour l'incorruption: car de cela nous avons
été enrichis dans le Christ» (PG 69, 10S3).
240 ANDRE ROSE
Théodoret
«Après être descendu, il est monté au ciel, conduit par les
puissances célestes et les chœurs angéliques, les unes criant en
bas: "Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d'auprès de vous reviendra
de la même manière" (Act 1,11), les autres ordonnant en haut:
"Levez les portes, ô princes, et le Roi de gloire entrera"» (PG 80,
1208-1209).
Hésychius
« Cela signifie l'Ascension du Verbe de Dieu. La voix de la
trompette: il est glorifié par les saintes puissances» (PG 27, 833).
Eusèbe de Césarée
«( Par l'obscurité et par la ténèbre, (le psalmiste) désigne ce
qui est caché et secret de son économie selon l'humanité. Ensuite il
retourne où il était auparavant: car il est monté vers les cieux
aussi avec le chérubin et il a plané. Cependant il n'était pas descendu
avec lui: car c'est sans chérubin qu'il a incliné les cieux et qu'il
est descendu. Mais pour sa remontée, il est dit: Il monta sur un
chérubin et il plana, c'est-à-dire avec le corps qu'il avait assumé»
(La suite cite Ps 23,7-10 et Act 1,9-10 sur l'Ascension) (PG 23, 172) .
Jérôme
« Il inclina les cieux et il descendit: c'est ce qui est dit dans un
autre psaume: "Il descendra comme la pluie sur le gazon" (Ps 71,6),
car il s'est montré à nous dans l'humilité, et caché sous la forme
de serviteur» (Commentarioli, CC 72, p. 195).
Jean Chrysostome
« il inclina les cieux et il descendit. David a signifié clairement
la venue du Verbe des cieux. Il désigne par la ténèbre sous ses pieds,
le revêtement de la divinité par la chair, reconnaissant que son
avènement serait inconnu de beaucoup à cause de son humilité et de
sa douceur.
Et il dit aussi: Il monta sur un chérubin et il vola sur les ailes
du vent. Il dit sur un chérubin, car lui-même, étant dans les cieux
avec le Père, était transporté par les Chérubins et cependant, de-
meurant sur la terre avec les hommes, il ne s'est jamais séparé du
trône céleste des Chérubins.
Les ailes des vents signifient les nuées sur lesquelles il a été
enlevé en haut, selon ce qui est écrit dans les Actes: "Et une nuée
le déroba à leurs yeux" (Act 1,9») (4 e Sermon sur l'Ascension).
Hésychius
V.10: « Il est venu sur la terre et il accompli ce qu'il avait promis »
(PG 27, 704).
{( Il a incliné les cieux pour unir la terre au ciel ct accorder à
ceux qui étaient en bas la communion aux réalités d'en haut. Cela
ne serait pas arrivé s'il n'était pas descendu de manière qu'il pût
être accueilli, c'est-à-dire dans la chair qu'il appelle la ténèbre sous
ses pieds ».
CONCLUSIONS
Au Dimanche de Pâques:
« Hier, avec Toi, ô Christ, moi j'étais enseveli; avec Toi je me
réveille aujourd'hui prenant part à ta Résurrection ».
LE CHRIST DANS L'HEORTOLOGIE ORTHODOXE 249
* * *
Evangelos THEODOROU
Recteur de l'Université d'Athènes
260 EVANGELOS THEODOROU
BIBLIOGRAPHIE UTILIS~E
dans: IDEM, T'·avullx liturgiques II (Louvain 1962) 79-105: IDEM, Retouches géla-
siennes dans le Sacramentaire de Vérone, dans: ibi 106-115; C. COEBERGH, S. Gé-
lase ler auteur principal du soi-disant Sacramentaire Léonien, dans: Ephemeri-
264 ACHILLE IV1. TRIACCA
des Liturgicae 65 (1951) 171·181; InEM, Le pape Saint Gélase 1er auteur de plusiett-
res Messes et préfaces du soi-disant Sacramentaire Lém1ien, dans: Sacris Eru-
diri 4 (1952) 46-102; IDEM, Saint Léon le Grand auteur de la grande formule «( Ad
virgines sacras» du Sacramentaire Léonien, dans: Sacris Erudiri 6 (1954) 282-326.
Il Cfr. A. CH.WASSE, Messes du pape Vigile (537-555) dans le Sacramentaire
Léonien, dans: Ephemerides Liturgicae 64 (1950) 161-213; 66 (1952) 145-219.
H Cfr. R. MENENDEZ PIDAL, Historia de Espana. III. Espana visigoda: 414-711
de J.C. (Madrid 1940): B. GARCIA LORC'\, Historia de la Iglesia Cat6lica. Edad An-
tigua (Madrid 1955); J. FERN,\NOEZ ALONSO, La cura pastoral en la Espaiia romano-
visiguda (Madrid 1955); J. FONTAINE, Isidore de Séville et la culture classique dans
l'Espagne Wisigothique, 2 voll. (Paris 1959).
15 Cfr. J. PINELL, LOPs [9O]-[102J; A.M TRIACCA, Liber Orationum Psalmogra-
phus. A proposito della sua ricomposizione e reeente ediziol1e eritiea, dans:
Ephemerides Liturgieae 87 (1973) 284-300.
16 Cfr. J. PIl'\ELL, LOFs [9]-[293J spécialement [90]-[95J; J. AWAZABAL, La doe-
trina eclesiolôgiea dei Liber Orationwn Psalmographus. Las eoleetas de salmos
del antiguo rito hispânico (Roma 1975); D. BOROBIO, La doctrina penitencial en el
Liber Orationum Psalmograplllls (Bilbao 1977).
11 Pour les études sur le Sacramentaire de Bergamo voir la bibliographie
citée dans K. GAMBER, Codices Liturgiei Latini Antiquiores (Freiburg S. 11968)
nr. 505, et spécialement: F. COMBAT.UZIER, Sacramentarium Bergomense. L'Edition
Paredi (1962), dans: Sacris Erudiri 13 (1962) 62-66; F. DELL'ORO, Saeramentari'!J.m
Bergamense (A proposilo di una edizione), dans: Salesia/mm 25 (1963) 74-80; et
aussi ce qu'on a écrit: O. HEIMING, dans: Arehiv für Liturgiewissenschaft IX/l
(1965) 331-336. Mais avant tout cc qu'on peut lire dans: Ber, VU-XXIX c.-à-d.
l'lntroduzione par l'éditeur A. PAREOL
1& Voir A.M. TRIACCA, La liturgia ambrosiana, dans: AA.VV., Anamnesis. In-
troduzione storieo-teologica alla LiIUl'gia. 2. La Liturgia: panorama storico
generale (Torino-Roma 1978) 89-110. (NB: les pp. 108-110 nc sont pas à nous),
spécialement pp. 99-101.
19 Cfr. A. PAREOl, I prefazi arnbrusiani. Contributo alla storia della Liturgia
latina (Milano 1937); avec les compte-rendus de P. BORELLA, dans: Ambrosius 14
(1938) 109-115; L.C. MOHLBERG, dans: Theologisclle Revue 37 (1938) 41-47; IDEM,
dans: Zeitschrift tür Kingeschichte 58 (1939) 584-585; O. HEUUNG, dans: Archiv
für Liturgiewissel1schaft 1 (1950) 128-132.
« CHRISTOPROSOPOGRAPHIE » 265
vis-à-vis des données des sources liturgiques qui sont, à leur tour,
comme une icône où apparaît l'Icône du Père: Jésus Christ. Ainsi
les chrétiens eux-mêmes, dans le cours du temps et les diverses
conditions spatiales, devront être des icônes du Christ.
Le {( portrait» qui émerge des sources liturgiques et où sont
représentées et la personne agissante du Christ et la vic des chré-
tiens, est plus éloquent que n'importe quel traité systématique.
30 Ve 1245: Quia verbum caro factum habitavit in nabis. Voir aussi: Rotulw,
Ravennae (Ve 1355): ut verbum caro fieret ct habitaret in nabis .. NB: Les té-
moignages que nous allons rapporter ici, ne seront pas exhaustifs, mais seule-
ment exemplificatifs.
11 Ve 1276: et in principio verbum, quod deus erat apud deum
gi11e matrc generari; Ve 1328: ut unus Christus in dei adque hominis veritate
nec a nostra divisus 11atura, nec a tua descretus adorc1ur essentia; Ve 1245: In
quibus omnibus evidentcr deum hominem que cognoscimus, qui suscipiendo quod
nostrum est, dignatus est nabis confcrre quod suum est.
45 Ve 186: quo ... filius tuus unitum sibi hominem nostrae substantiae.
~6 Ve 1252: .'. in tua tecum gloria scmpiternum in veritate nos tri corporis
natum de matre virgine confitentur.
~1 Ve 1258: ut simul pcrficiatur in nabis et quod creavit verbi tui divina gene-
ratio, et quod eius hominis facti gloriosa nativitas reformavit.
i~ LOPs 429: Verbum tuum (= du Père) - verbi tui; LOPs 580: verbo tua coo-
perante: LOPs 572: in verbi tui potentia: LOPs 61: hyssopo verbi tui, omni-
potens Deus, etc.
49 LOPs 389: Verburn caro factum, in medio tcrrae operatus es salutem.
50 LOPs 533: Magnificentiam unigeniti tui: LOPs 195: Unigenitum tuum digna-
tus es; LOPs 87: Tibi Domino Patri cogitatio confitetur Unigeniti tui.
51 LOP s 432: Domine, Pater omnipotens, qui ex tua substantia, tanquam ex
utero, Filium ante luciferum gcnuisti.
12 LOPs 255: qui increatus omnia creas.
54 LOPs 585: sed, sicut ablactatus supra matrem suam, de Dominum na-
tum ... corde integro confitentes; LOPs 432: et pro nobis natus.
1.1 LOPs 432: qui nec a te genitus aliquando recessit, et pro nabis natus,
Dominus ex utero virginali processit; LOPs 417: Cantat tibi, Domine ... qui
virginali partu editus.
~6 LOPs 354: ut splendor divinitatis tuae caliginem menti nostrae enubilet,
ct. vera humanitatis adsumptio humani generis sit manifesta redemptio: ut dum
verus Deus verusque homo in nobis atque pro nobis ostenderis, etc.
-----. __cc .CHRISTOPROSOPOGRAPHIE » 271
----------'
51 Ber 52: in adventu Filii tui (= du Père); Ber 57: xpo filio tuo Domino
nostro venienti; Ber 62: Omnipotens xpe filius Dei: Ber 68: per adventum uni-
geniti filii tui; Ber 67: ut adventus gloriosissimi filii tui; Ber 199: et tuum uni-
eum filium, per speciem columbe sancto spiritu declarasti: Ber 312: qui misisti
nobis de eaelo dominum nostrum Iesum Christum filium tuum; Ber 459: qui
filium tuum dominum nostrum Jesum Christum in hunc mundum pro nostra
salute misisti: Ber 465: quem ad hoc humanam formam assumere voluisti; Ber
488: qui cum Deus esset in caclis, ad delcnda hominum peccata descendit in
terras.
5J Ber 52: in Unigenito tua novam creaturam nos tibi esse fedsti; Ber 55:
manifestans plebi tuae unigeniti tui mirabile saeramentum; Ber 68: qui pel' ad-
ventum unigeniti filii tui Domini nostri ihu. xpi; Ber 72: unigenitum filii tui
adventn voluisti ... ; Ber 82: ad prepal'andas unigeniti tui vias: Ber 91: et ad
nativitatem unigeniti filii tui, etc.
59 Ber 75: Cuius divinae nativitatis potentiam ingenita virtutis tuae genuit
magnitudo. quem semper filium et ante tempora aeterna generatum. Quia tibi
pleno atque perfecto aeterni patris nomen non defuit.
60 Be" 65: qui causa salutis humanae sic est dignatus uterum virginis introire;
Ber 80: nos beatae semper vil'ginis mariae sollemnia celebrare. quae parvo ntero.
dominum caeli portavit ... quem castis concepit visceribus. clausa ingredicns et
clausa reliauens: Ber 85: De cuius vcntre fl'uctus efflonlit; Ber 124: Quem beata
Maria sine· detrimento virginitatis. et sine virili actionc. mater et vil'go eoncepit
intacta ... 0 bcatum ct sacro.sanctum mariae virginis uterum Quac sola meruit
inter mulieres suis visceribus mundi portare dominum.
61 Ber 80: verbum carne mortali edidit salvatol'em: Ber 85: hinc egressa
mysteria salvatoris; Ber 124: ad nostram Quoque salutclll aeternam edidit xpm
Gaudcat itaque universus orbis, quia ex membris vil'ginalibus egressus est ùeus.
6Z Ber 80: verbum carne mortali cdidit salvatorem; Ber 184: et humanam in
se naturarn. vctustate expolians innovaret.
III Ber 65: et a tuae maiestate deitatis nurnquam deesset: Ber 189: quia pucr-
perio coeJcsti. intulit mundo suae miraeula maiestatis.
6-1 Cfr. Ve 1250: sed .. aeternus pontifex hodic Christus implevit.
(,S Cfr. Ber 601: qui idem sacerdos et hostia dignanter extitit.
272 ACHILLE M_ TRIACCA
66 Cfr. Rotulus Ravennae dans Ve 1337 : qui celesti medici fulgentem prae-
6
sentiam sustinemus.
6, Voir par exemple LOPs où on peut lire:
* Christus porta: LOPs 282: ut Christum Dominum, per quem iustis tribui-
tur introitus, ae salvandis condonatur accessus et portam habeamus.
,.. Christus patria: LOPs 282: ae salvandis condonatur accessus et portam
habeamus et patriam; LOPs 252 Christum dominum ." confitemur et patriam.
'* Christus mans: LOPs 318: Exaudi nos quaesumus de monte Sancto tuo
Jesu Christo Domino nostro ... ; LOPs 319: et qui in munda ." manS faetus
cs magnus. Voir aussi Ve 327: Deus qui ecc1esiae tuae in sanctis montibus fun-
damenta posuisti, en comparation avec 1 Kor 3, 11-12.
* Christus via: LOPs 252: cognoscentes in terra viam tuam, Domine, in
omnibus gentibus salutare tuum Christum Dominum et viam esse confitemur et
patriam; LOPs 148: et in via tua vivifica nos.
r.a Cfr. Ve 1250: sed verus agnus et aetemus pontifex hodie natus Christus
implevit; Ber 614: idem sacerdos et sacer agnus exhibuit (= Ve 96).
b9 Voir:
10 Pour des causes intuitives nous ne référerons pas les «loci» des sources
J6 Cfr. Ber 390: quoniam per te infirmis mundi cecitate detersa ... In quo
genus humanum originali ealigine maeulatum: Ber 488: Et qui humanum genus
venerat liberare: Ber 425: Nos quidem primi hominis faeinore consepultos, divina
Christi gratia ex inferis liberavit, et redivivos gaudiis rcddidit sempiternis, etc.;
mais sans doute on doit citer Ber 184: qui ut nos a gravi servitute legis redi-
meret circumcisionis legalis purgationem aecepit, in qua et observationis anti-
quae probator existeret, et humanam in se naturam, vetustate expolians innova-
ret, praeteriti saeramentorum consumator mysterii, idem lcgislator ct custos
praecipiens et obocdiens, dives in sua, pauper in nostro.
n Cfr. Ber 65: qui causa salutis humanae sic est dignatus uterum virginis
introire, ut et nobis viam salutis tribueret, et a tuae maiestate deitatis num-
quam deesset; Ber 80: quae parvo utero, dominum caeli portavit, et redempto-
rem mundi angelo praenuntiante verbum carne mortali edidit salvatorem, quem
castis concepit visceribus c1ausa ingrediens et clausa relinquens: Ber 85: De
cuius ventre fructus effloruit: Ber 124: Quem beata Maria sine detrimento
virginitatis, et sine virili aetione, mater et virgo coneepit intacta ... 0 beatum
ct sacrosanctum Mariae Virginis uterum, quae sola meruit inter mulieres suis
visceribus mundi portare dominum. Ad nos tram quoque salutem aeternam edi-
dit Christum. Gaudeat itaque universus orbis, quia ex membris virginalibus
egressus est Deus, etc.
7S Cfr. Ber 199: et deo filios generando adoptive faeiant ad vitam aeternam.
Nam quos ad temporalem vitam earnalis nativitas fuderat, quos mors per pre-
varicationem coeperat, hos vita aeterna recipiens, ad regni caelorum gloriam
revocavit.
19 Cfr. Ber 85: Distat opus serpentis et virginis. Inde fusa sunt venena discri-
82 Cfr. Ber 85: Inde partus occubuit, hine conditor resurrexit. A quo humana
natura non iam captiva, sed libera restituitur, quod adam perdidit in parente,
Christo recepit auctore.
I l Cfr. Ber 80: et redemptorem mundi ange}o praenuntiante verbum carne
mortali edidit salvatorem; Ber 85: Inde fusa sunt venena diseriminis, hine egres-
sa mysteria salvatoris. Inde se praebuit temptantis iniquitas, hinc redemptoris
opitulata maiestas, etc.
&-! Cfr. P. BORELLA, «Vetustas» e «novitas» nella liturgia d'Avvento e dei
Natale, dans: Ambrosius 39 (1963) 247-257.
278 ACHILLE M. TRIACCA
ratio» 85, une « purificatio » SB, une « restitutio» 87, une cc salva-
tio}) 88, une «saIus» 89, une «resurrectio» 90, une « generatio» 91,
une {( innovatio » 92. En d'autres termes, le mystère de l'Incarna-
tion est central pour comprendre l'cc ceconomia salutis » et trouve
sa réalisation dans le mystère de J'Epiphanie. En effet, l'épiphanie
du Christ est en rapport direct avec le fait de l'introduction dans
le monde de la «maiestas deitatis» 93, du {( Daminus cœli}) 94,
La naissance du Christ et sa vie humaine reforment l'huma-
nité en initiant une nouvelle série d'hommes libres ", fils de
Dieu ". Le nouvel homme, Jésus Christ, sort du sein de J'huma-
nité corrompue comme fruit parfaitement pur et innocent n. En
lui, l'homme est recréé, complètement refait dans la splendeur
d'une absolue nouveauté ". Jésus en effet, est l'homme nouveau
parce que fruit cl 'une naissance virginale 99. La rénovation de
l'humanité exige l'apparition-épiphanie d'un vrai homme 100,
~j Cfr. Ber 85: A quo humana natura non iam captiva, sed libera restituitur.
!Ii Cfr. Ber 199: 1ta ut crcdentibus purificationem omnium dclictorum exhi·
beant, et deo filios gcnerando adoptive faciant ad vitam aeternam.
87 CEr. Ber 85: cité ci-dessus, à la note 85.
3B Cfr. Ber 80; Ber 85, cités ci-dessus, à la note 83, et Ber 199: qui te nobis
super iordanis ah'eum de caelis in voce tonitrui praebuisti, ut salvatorem caeli
demonstrares, et te patrern luminis aeterni ostenderes.
!9 Cfr. Ber 65: qui causa salutis humanae sic est dignatus uterum virginis
introire, ut ct nobis viam salutis tribueret.
!Xl Cfr. Ber 85, déjà cité.
96 Cfr. Ber 199: et deo filios gcnerando adoptive faciant ad vitam aeternam
(voir aussi Ber 1234).
91 Cfr. Ber 85: Distat opus serpentis, et virginis. Inde ... hine egressa myste-
ria salvatoris. Inde ' .. hinc rcdemptoris opitulata maiestas. Inde binc con-
ditor resurrexit.
9! Cfr. Ber 85, Ber 124; Ber 184; Ber 199.
9'l Cfr. Ber 65: utcrum virginis introire; Ber 80: quem castis conccpit visee-
ribus; clausa ingrediens et c1ausa relinquens; Ber 85: De cuius ventre fructus
effloruit ... quod Eva vocavit in crimine, Maria restituit in salute; Ber 124; Quem
beata Maria sine detdmento virginitatis et sine virili actione, mater et virgo
concepit intacta. Et non est elus conceptio sine virginitatis inventa pudore.
100 Cfr. Ber 80: verbum carne mortali cdidit salvatorem, quem castis eoncepit
viseeribus; Ber 85: De cuius ventre fructus effloruit; Ber 184: et bumanam in
sc naturam ... , etc.
« CHRISTOPROSOPOGRAPHIE )) 279
IQI Voir les notes - par exemple - 99 et 100 et aussi Ber 425: quem ct ami-
cum pia dignatione commemorans, ad claustrum ipsius spelei properavit. Ibique
iudaeorum turbis astantibus, lacrimosis oculis infremuit ae ploravit; Ber 459:
qui filium tuum dominum nostrum Jesum Christum in hunc mundum pro nostra
saiute misisti ut se humiliaret ad nos, et nos revocaret ad te; Ber 465: Pel' Chri-
stum dominum nostrum, quem ad hoe humanam formam assumere voluisti, ut
quiequid prophetales seu sanetac clamavere scripturae, bethleemitica rura, seu
Jerosolimam adveniens consumaret, etc.
J02 Voir - par exemple - la distinction qui a ses racines dans le «puerpe-
rium cacleste »: Ber 189: Per Christum Dominum nostrum, quia puerperio cae·
lcsti, intulit mundo suae miracula maicstatis; Ber 124, etc.
JO) Cfl'. Ber 85; Ber 184, déjà cités.
J(H Cfr. Ber 85: A quo humana natura non jam captiva, sed libera restituitur;
Ber 184: et humanam in se naturam, vetustate expolians innovaret: Ber 199: Nam
quos ad temporalem vitam carnalis nativitas fuderat, quos mors per praeva·
ricationcm coeperat, hos vita aeterna recipiens, ad regni caelorurn gloriam revo·
cavit, etc.
105 Cfr. Ber 356: Tu es enim domine mitissimus pater, qui ante multa tem-
pora abrahae in semine Christi, tui deique, natique adventum clamastl; Ber 312:
qui misisti nobis de caelo dominum nostrum Jesum Christum, filium tuum: voir
aussi: Ber 488.
106 Cfr. Ber 390: Nos tibi domine exceisa caelorum qui resides arce, gratia~
referre, et totis sensibus confiteri, quoniam per te infirmis mundi caecitatf.
de tersa, verum lumen emicuit ... ; Ber 425: Nos Quidem primi hominis facinore
consepultos, divina Christi gratia ex infens liberavit, et redivivos gaudiis red-
didit sempiternis, et aussi Ber 318 cité ci-dessous à la note 108.
107 Cfr. Ber 328: qui ieiunia sacro instituto exequi praecepisti, ut per hane
abstinentiam sicut confidimus de tua misericordia mereamur veniam dclicto-
rUlTI. Tu enim solus deus abluis egritudines animarum, quae peccati vitio inro-
gantur, et facis abstlnentiam prodesse, quibus fuerat obligata praesl1mptio: Ber
488: Qui cum deus esset in caelis. ad delenda hominum peccata descendit in
terras. Et qui hurnanum genus venerat liberare. tamquam obnoxius debitor, in-
licito pretio dominus a servo distrahitur.
103 Cfr. Ber 318: Implocamus itaql1e immensam clementiam tuam, ut contcm·
nentes tcnebrosam profunditatem vitlorum, et relinquentes noxiarum hydriam
cupiditatum, te qui fons vitae et origo bonitatis es semper sitiamus.
"19 Cfr. Ber 312: Ut qui per escam praesumptam, de paradiso deiecti fuerant,
per dus ieiunium, in paradisum rcvcrtendi facultatem acciperent ... ct se red·
emptorem omnium crcdentium demonstraret idem Jesus Christus Dominus
noster.
280 ACHILLE M. TRIACCA
lIO Cfr. Ber 328: Tu enim solus deus abluis egritudines animarum, quae peccati
vitio inrogantur et facis ahstinentiam prodesse, qui bus fuerat obligata prae-
sumptio.
111 Cfr. Ber 318: te qui fons vitae et origo bonitatis es semper sitiamus et
ieiuniorum nostrorum observatione tibi placeamus; Ber 425: qui eminenti gloria
maiestatis, plurima in terris mirabilia peregit. Inter quae summae pietatis vir-
tute .'.
112 Cfr. Ber 283: Ipse enim panis verus et vivus, qui est substantia aeterni-
tatis, esca virtutis. Verbum enim tuum, per quod facta sunt omnia, non solum
humanarum mentium sed ipsorum quoque panis est angelorum.
1lJ Cfr. Ber 283: esca virtutis; Ber 390: quod inter muItarum tuarum virtutum
miracula ... ; Ber 425: Inter quae summae pietatis virtute ."
JH Cfr. Ber 283: Ouia illum et gloriae tuae cIarificabat aspectus et influente
spiritu, Dei sermo pascebat.
Ils Cfr. Ber 425.
lJ6 Cfr. Ber 312.
117 Cfr. Ber 312; Ber 390.
11S Cfr. Ber 390: Ubi non tantum corporea lumina, sed totus homo salvatus
est per Christum Dominum nostrum.
119 Cfr. Ber 318: ct a muliere samaritana, aquae sibi petiit porrigi potum, qui
in ea creaverat fidei donum. Et ita cius sitire dignatus est fidem, ut dum ab
eo aquam peteret, in ea ignem divini amoris accenderct: Ber 283: Per Christum
Dominum nostmm. In quo ieiuniantium fides alitur.
!lO Cfr. Ber 283: In quo (=: Christus) .. ' spes provehitur.
!li Cfr. Ber 283: In quo (=: Christus) ... caritas roboratur: Ber 318: in ea
ignem divini amoris accenderet.
III Cfr. Ber 390: Nos tibi domine excelsa caelomm qui resides arce; Ber 425:
qui eminenti gloria maiestatis, plurima in terris mirabilia peregit; Ber 425: Nos
quidem primi hominis facinore consepultos divina Christi gratia ex inferis libe-
ravit, et redivivos gaudiis reddidit sempitemis.
Jl3 Ch. Ber 318.
lU Cfr. Ber 425.
ilS Cfr. Ber 488: Oui cum deus esset in caelis, ad delenda hominum peccata
descendit in terras. Et qui humanum genus venerat libcrare, tamquam obnoxius
debitor, inlicito pretia dominus a servo distrahitur.
116 Cfl'. Ber 459: et nos revocaret ad te.
« CHRISTOPROSOPOGRAPHIE }} 281
J2\I Cfr. LOPs 508: Christe Jesu; LOPs 456 et 494: Domine Jesu Chris te; WPs
368: Christe Deus; LOPs 90: Christe Deus noster; LOPs 563: regi Christo, etc.;
et encore: LOPs 487: Christum tLIum Dominum nostrum; LOPs 289: Christi tui
expcctant regnum. Voir aussi LOPs 210; 544; 585.
TJO Cfr. LOPs 255: qui es Dominus angelorum.
Ul Cfr. LOPs 221: Domine fortis et potens, Domine \'irtutum.
III Cfr. LOPs 91: cognoscant gentes, Christe, quod nomen tibi slt Dominus:
LOPs 456: Domine Jesu Christe, Qui nobis salutis remedio ... ; LOPs 497: ut
Christum tuum Dominum nostrum; LOPs 112: ut dum cunctorum adtolleris vo-
cibus, intra Ecclcsiam tuam venereris ut Dominus.
m Cfr. LOPs 90: Christe Deus noster: LOPs 263: tu es enim Dominus Deus
nos ter.
1;4 Cfr. LOPs 537: Dominator Domine Jesu Christe; LOPs 155: tuo subdi ultro
Juge 144 et notre Consolateur 145, car il est notre Créateur 146. Il est
la miséricorde du Père 147 et notre aide 148. Rédemption de notre
liberté car le Christ est lui-même liberté 149.
Maintenant, si l'on tient présent que la liturgie a toujours
eu et aura toujours son sommet expressif (et ontologique) dans
l'attitude de louange et d'action de grâce pour tous les bienfaits
opérés par la Trinité pour le salut de tous, avec le témoignage
du livre psalmographique hispanique, témoignage christocentri-
que, nous avons la proclamation du salut effectué en Christ et
l'invitation à y prendre une part active.
144 Cfr. Laps 497: ut Christum tuum Dominum nostrum Verum iudicem
promptissima devotione fateatur; Laps 396: Exsurge, Domine, qui iudicas terram.
\41 Cfr. Laps 61: et Christus Dominus in nobis maneat perpctuus consolator;
Laps 263: tu es enim Dominus Deus nos ter , qui nos ... et consolaris in munere.
\46 Cfr. Laps 240: Laudat et adnuntiat lingua nostra iustitias tuas, omnipotens
Deus, quae te suum non ignorat esse faetorern et redemptorem; Laps 105: Non
repellas, Domine, plebern tuarn, quam potentia tua creasti, quae te et creatorem
fatetur et redemptorem veneratur; Laps 206: Laetctur in te Domine, quia te
fatetur creatorem, te agnoscit suum esse redemptorem; Laps 260: quia creator
hominis in homine nascitur; Laps 572: Domine, qui ante mundi principium
semper es, et in verbi tui potentia mundi machinam dispositioni mirabili con-
didisti; Laps 429: ut quia nos meminimus Verbi tui formatos opificio: LOPs
432: qui (Filius) tecum universam lucem ex nihilo procreavit; Laps 580: Et tu
adiutor nostcr ... qui cooperante Verbo tuo Sanctoque Spiritu [ccisti cae1um et
tcrram; Laps 255: qui increatus omnia creas, et ex inconupta creatura genitus,
cuncta vivificas; Laps 107: qui nos fecisti ad imaginem tuam et rcfecisti propter
ingenitam bonitatem tuam; Laps 429: ut quia nos meminimus Verbi tui for-
matos opificio, eius rursu reformcmur imperio, etc.
147 Cfr. Laps 360: Suscepimus, Deus, misericordiam tuam Jesum Christum
Dominum nostrum, quem proptcr nostram exaudicndarn misisti miseriam
HI Cfr. Laps 28: Adiutor et rcdemptor nos ter Domine; Laps 29: Esto adiutor
noster Domine; Laps 580: et tu adiutor noster heredita nos ... ; Laps 272:
adiutorium Christi tui nobis concede magnificum.
\4~ Cfr. LOPs 275: Salva nos, Domine, qui auctor es nostrae salutis, et con-
grega nos de nationibus. qui rcdemptis libertas, et redemptio factus es libertatis.
284 ACHILLE M. TRIACCA
150 Voir, à propos de cette question, notre pensée dans: A.M. TRIACCA, Con-
tributo per una catec11esi lilurgico-sacramentaria. In margine al nuovo « Ordo
Cinfirmationis », dans: Rivista Liturgica 60 (1973) 611-632: IDEM, Elementos do
Novo Ritt/al da Ul1çiia dos Ellfermas para uma Acçiio Catequélico-Liturgica, dans:
ara et LaboreL. Revista Liturgico-pastoral Beneditina 19 (1973) 374-386: IDEM,
Struttura e linee-forza: dall'analisi alla sintesi. A proposito dei «Rito dell'Ini·
ziazionc Cri5tiana dcgli adulti )), dans: Rivista Liturgica 66 (1979) 425436; IDID.1,
L'« itinerario calecumenale)) catechesi orientata aIl'Eucaristia, dans: La Nuova
Alleanza 84 (1979) 387·396.
m Voir A.M. TRIACCA, La liturgia educa alla liturgia? Riflessioni fenome11ico-
psicologicltc sul data Iiturgico gZobalmente considerato, dans: Rivista Liturgica
58 (1971) 261-275; IDEM, «Fides Magistra omnium credentium ». Pédagogie litur-
gique: pédagogie" de la foi» ou « par la foi »?, dans: A.M. TRIACCA - A. PISTOIA
(edd.), La Lilurgie expression de la foi (Roma 1979) 265-310; A.M. TRIACCA, Evan-
gelizzazione e catechesi per la liwrgia, dans: G. CONCEITI (ed.), Evangelizzazione
e catechesi (MUana 1980) 339-360.
Hl Cfr. A.M. TRIACCA, Celebrazione liturgica e ParoZa di Dio. Attuazione ccdc-
siale della ParaZa. (Contributa aUa pastorale e aUa spiritualità liturgica) , dans:
G. ZEVINI (cd.), Incontra con la Bibbia. Leggere, pregare, camunicare (Roma
1978) 87-120.
« CHRISTOPROSOPOGRAPHIE )} 285
1) DE LA « FINALITÉ» À LA « RÉALITÉ»
J57 Voir: II. Des données aux considérations. A. Les diverses manières d'affron-
ter le thème.
155 On peut rappeler la secreta de la IX Dom. post Pentecosten du Missale
eneore étudiée cn manière complète. Voir une petite contribution A.M. TRIACCA,
La «Methexis" dans l'ancienne lilt/rgie ambrosienne, dans: AA.VV., L'assemblée
liturgique et le différents rôles dans l'assemblée (Roma 1977) 269-305.
288 ACHILLE M. TRIACCA
------------------
fruit à ces actions liturgiques, et la nécessité de vivre plus inten-
sément l'insertion dans le mystère du Christ glorifié par sa mort
en croix '"'. En fait, l'actualité du Christ dans les célébrations,
postule ce qui suit.
2) LA CONFORMATION AU CHRIST
Plus haut 162, nous avons affirmé que dans la liturgie, la foi
priée rassemble la vérité sur la personne du Christ et pousse
à comprendre l'action réalisée par Lui pour entrer non seule-
ment en syntonie et en sympathie, mais encore plus en synergze
avec l'action polyédrique du Christ. Ici, nous attirons l'attention
sur le fait que les sources liturgiques mettent l'accent et rassem-
blent les énergies des fidèles sur la nécessité d'une conformation
progressive à l'action et au « sentir}) {( eum Christo », La « christo-
logie" des sources liturgiques suppose une continuelle modifi-
cation de l'attitude, de la façon de vivre, de penser et de juger des
fidèles, pour assumer les attitudes et les sentiments du Christ.
On comprend ainsi COlnment les sources ont intérêt à présenter
la personne et l'action de Jésus de telle sorte qu'en émergent
les lignes saillantes de sa vie (= Christo-zoè-graphie), avec l'inten-
tion principale de pousser le fidèle qui célèbre dans l'Eglise et
avec l'Eglise le " mystère" du Christ, à renoncer volontairement
à tout ce qui ne le rend pas conforme à la vie du Christ. En d'au-
tres termes, qui participe liturgiquement parlant aux mystères du
Christ et entend parler de Sa vie, priant avec Lui, en Lui, par Lui,
s'assimile lentement, existentiellement parlant, au Christ-Liturge.
De là, les allusions nombreuses au mode de vivre des chrétiens
(christiano-zoè-graphie) contenues dans les sources, et dont une
analyse détaillée nous porterait à trop de prolixité. Il est certain
que la participation liturgique donne une forme humaine à l'ac-
tion divine et une forme divine à l'action hunzaine.
C'est continuer - d'une façon analogique - le mystère
(= fait historico-salvifique) de l'Incarnation du Verbe et de la
vie de Jésus, pour arriver, toujours par le biais de l'action litur-
gique, à l'assimilation (= commune-union), à la conformation et
à la conformité avec le Christ.
Je! Cfr. Philip 2,9. Voir aussi Rom 4,24-25; 1 Kar 15,17, etc.
161 C.-à-d.: II. Des données aux considerérations. A. Les diverses manières
d'affronte.r le thème. 3) Des comparaisons liturgiques à la réalité christologique
commttne.
« CHRISTOPROSOPOGRAPHIE » 289
e
l6J Voir notre « Presentazione» aux Actes de la XXIV Semaine d'Etudes Li-
turgiques: Gestes et paroles dans les diverses familles liturgiques (Roma 1978)
7-12 spécialement 8-9.
164 Il s'agit des actes des XXII~XXIIIe-XXIve Semaines d'Etudes Liturgiques
c.-à-d.: Liturgie de l'Eglise particulière et liturgie de l'Eglise Universelle (Roma
1976); L'assemblée liturgique et les différents rôles dans l'assemblée (Roma 1977);
Gestes et paroles dans les diverses familles liturgiques (Roma 1978).
16.\ Voir A.M. TRIACCA _ A. PISTOIA (edd.), L'Eglise dans la Liturgie. Conférences
Saint-Serge. XXVle Semaine d'Etudes Liturgiques. Paris, 26-29 Juin 1979 (Ro-
ma 1980).
166 Voir: II. Des données aux considérations. A. Les diverses manières d'affron-
ter le thème. 1) Du vocabulaire aux contenus.
290 ACHILLE M. TRIACCA
tuae veritatis scuta; LOPs 215: Custodi nos, Domine, ut pupillam oculi ne
innocentiae nastrae lumina carnalis concupiscentiae turbo corrumpat; protege
nos umbra alarum tuarum, ne insidiantium carnalium capiamur inlecebris VQ-
luptatum; LOPs 347: sed sperantes in protcctionc alarum tuarum, circumvo-
lantium insidiarum rapinis ercpti, ab ubertate damus tuae sancto eloquio replea-
mur; ct aussi LOPs 523; 248; 348; 558; 524, etc.
IO! Cfr. LOPs 405: non eas confringet errar; LOPs 492: non desistat; LOPs 510:
non sinas dirimi; LOPs 474; stabilitate verae fidei gradiamur; LOPs 153: sed fixa
in te stabilitate perdurent, etc.
m Cfr. LOPs 415: non rcpellas, Domine, piebem tuam, quam mercatus es,
nec derelinquas hereditatem, pro qua cruee adpensus es; LOPs 563: cuius san-
guine cognoscitur adquisita; LOPs 548: quos traphaeo crucis dignatus es com-
parare; ac pro quibus fusio saeri sanguinis exstat redemptio; LOPs 344: ut ani-
mas nostras et admissa remittendo eonquiras et tegendo delicta possideas;
LOPs 571: Eeclesiae tuae de gentibus lucra conquiris, etc.
lM Cfr. WPs 360: Suscepimus, Deus misericordiam tuam Jesum Christum
Dominum nostrum, quem propter nostram exaudiendam misisti miseriam; LOPs
225: salva piebem tuam ... quam pretioso sanguine redemisti; LOPs 258: ut
calicis permixti, cuius nos effusione redemptos, ete.
185 Cfr. LOPs 241: Deus, exaudi orationem nostram, ut in nomine tuo sal-
vemur; ct qui censemur vocabulo Christi, merearnur cius participatio perfrui.
lli6 Cfr. LOPs 260: Ne memineris inquitates nostras antiquas, Domine, neque
nos originalis debiti culpa perstringat, quos secunda nativitas in Christo rege-
nerat; adprehendat nos itaque misericordia tua, Domine, quia creator hominis
in homine naseitur, et homo in Deum glorifieandus adsumitur; LOPs 212: Rex
noster et Deus noster: depelle a cordibus nostris erroris et ignorantiae noctem;
ut renovando nos in novum hominem, mane nostras exaudias voces.
1!7 Cfr. LOPs 257: tuaeque non obliviscaris Ecclesiae, quam a saeculo prae-
destinasti in Christo.
\ij! Cfr. LOPs 340: sit in petra exaltatio nostra, ut corroborati per Christum,
in ipso effieiamur caritate sublimes, in quo aedificamur fide credentes; WPs
148: Avcrte oeulos nostros, Domine, ne videant vanitatem, et in via tua vivifica
nos; fae nos odire saeculum et diligere ChrÎstum.
139 Cfr. LOPs 296: ut operum nostrorum lucen1am Christo tua Domino nostro
praeparalltes, et fructum iustitiae repleamur ad gratiam, et verbum vitae conti·
neamus ad gloriam.
1911 Cfr. LOPs 586: Confitcbimur nomini tuo, Domine, in humilitatis abundan-
tia, qui solus facis mirabilia magna; confitebimur etiam paventes nostrorum
delictorum admissa, sperantes de tua gloria veniam; tu quippe, noster redemptor,
spem nos tram in te conIoea, et errorum lapsibus fractos tuae gratiae remediis
sana.
__________________-=«~C~H~R~I~S~T~O~P~R=O=S=O=P~O=G=R=APHIE » 293
196 Voir sur les dynamismes de la foi selon les sources liturgiques: A.M.
TRIACCA, «Fides magistra omnium credentium ll. Pédagogie liturgique: pédagogie
« de la foi» ou «par la foi »? Contribution des sources liturgico-ellcalogiques à
l'intelligence d'un problème actuel, dans: A.M. TRIACCA - A. PISTOIA (edd.), La Li-
turgie expression de la foi. Conférences Saint-Serge. XXV8 Semaine d'Etudes
Liturgiques. Paris, 27-30 Juin 1978 (Roma 1979) 265-310.
197 Chez les liturgies occidentales on peut chercher aussi la dimension pneu-
matologique. On trouvera sans doute beaucoup des témoignages si l'on applique
la méthode exacte. Voir A.M. TRIACCA, Spirito Santo e liturgia. Linee metodologiche
per un approfondimento, dans: Lex Orandi Lex credendi. Miscellanea in onore
di P. Cipriano Vagaggini (Roma 1980) 133-164, où dans la note 7 (pp. 134-135)
nous avons écrit: «Diciamo "liturgie occidentali" perché nell'accusa sarebbero
coinvolte la liturgia romana, ambrosiana, gallicana, gotica, ispano-visigotica, cel-
tica, africana, ecc. per quanto esistano tra loro differenze e tonalità diverse. In
gcnere si contrappane l'Occidente liturgico aU 'Oriente liturgico che, per un co-
mune modo di pensare (ma proprio c sempre con fondamento nella realtà!?), si
litiene più sensibilizzato per quanta concerne la Spirito Santo. Comunque stiano
le case, da un punto di vista oggettivo, si deve ammettere che comunemente gli
Orientali traverebbero la fonte deI grande difetto teologico degli Occidentali nel
fatto che la liturgia occidentale ha concentrato i suoi interessi sulla Persona di
Cristo (:::: Cristomonismo), per cui mancherebbe, nelle fonti occidentali, una
equilibrata compcnctrazione tra cristologia e dinamismo trinitario. L'altra que-
stione accentuata in Occidente, quella pelagiana, avrebbe causato uno squilibrio
neil',m~ropolo2.ia tcobgica ». Cf. Y.M. J. CO:--.iGAR, La pneumatologie dans la théo-
logie catholique, dans: Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques 51
(1967) 250-258 ». Voir aussi la bibliographie sur le sujet de l'Esprit Saint et la
sacramentaire: M.J. FRANCISCO, La Spirito Santa e i Sacramenti. Bibliografia,
dans: Notitiae 13 (1977) 326·335; D. BERTETTO, Lo Spirito Santo e Sal1tificatore.
Pnettmatologia (Roma 1977) 381-393.
296 ACHILLE M. TRIACCA
Christ telles qu'elles sont présentées par les éléments des sour-
ces liturgiques. Une «christologie liturgique» ainsi comprise,
nous pouvons la désigner comme «christologie liturgique sta-
tique» par opposition à la « christologie dynamique ».
Nous disons ceci en analogie avec ce que nous avons déjà
démontré par ailleurs à propos de l'ecclésiologie 198, puisqu'aussi
pour la christologie, on peut affirmer que toute assemblée litur-
gique qui a prié les diverses formules dont émerge la christo-
logie liturgique statique était, par la vertu du Christ présent
en Elle, une assemblée tendant à constituer une partie de l'uni-
que vrai Corps mystique du Christ. En ce sens, on peut égale-
ment affirmer l'existence d'une christologie liturgique dynamique.
Une telle christologie n'est pas en soi réductible en lignes
et structures d'étude. Cependant, de cette christologie liturgique
dynamique, toute source liturgique [et peut être considéré com-
me tel tout livre liturgique d'hier, d'aujourd'hui ou de demain 199J
nous donne un témoignage dans la mesure où l'on y applique des
critères méthodologique spécifiques 2".
Nous voudrions maintenant porter notre attention sur quel-
ques-uns de ces critères, presque comme synthèse de toute notre
relation.
importe. Ainsi, le Christ qui est présent et agit est la res irrem-
plaçable que seule l'action liturgique rend actuelle. I! est pré-
sent d'une manière opérante dans la mesure où la liturgie pro-
vient de Lui. En effet, c'est de Lui que proviennent les sacre-
ments que la liturgie célèbre. La proclamation de la Parole de
Dieu qui y est faite, est le mémorial du «Sermo Dei» porté
et proclamé par le Christ.
I! est présent dans le service ministériel de qui remplit, dans
la liturgie, une fonction instrumentale déterminante dans l'éco-
nomie voulue par le Christ. Mais il res te clair que la présence
et l'action du Christ dans la liturgie, ne s'expliquent par aucune
dépendance nécessaire vis-à-vis des structures choisies librement
par Lui.
En effet:
3) LA LITURGIE EST LE ({ LOCUS» où LA CHRISTOLOGIE NAîT, S'ART!·
CULE, SE DÉVELOPPE
lui Ra 8,29.
203 Cfr. 1 Kar 15, 20.23.
109 CfI". A.M. TRIACc.\, a.c., spécialement 848-850.
1,Q Cfr. Eph 1,4.
III Cfr. J. PINELL, L'« hadie)' festiva ne.gli anlifonari latini, dans: Rivista Litw··
gica 61 (1974) 579·592.
302 ACHILLE M. TRIACCA
CONCLUSION
m Cfr. Jo 11,51·52.
LE CHRIST DANS LA LITURGIE BAPTISMALE
DE L'ÉGLISE NESTORIENNE
5 «eum in omnibus officiis sollicitus esset bcatus Isho' yabh veteris ac novi
Tcstamenti typos exprimere ~): COXNOLLY, op. cil. p. 88 .
• CARflAHI, Liber Thesaums, p. 138.
7 ASSBl<\:-'<I, Bibliotheca Orientalis III. i, p. 200.
9 R.H. COXNOLl.Y, The Liturgical Studies of Narsai, Texts and Studies, Vol. VIII,
ctyvod't"e: o"t'~ o']"o~ È~0:1t'"d(61)!Le:v do;; Xp~O''t"à\l 'I1)O"oü\I, do;; -rà\l 6&.\l0:'t"ov o:6't"oü e':.{3O!7t-
"b6'1!l.e:\I; C1U\le:-:-&.tp1):l.e:\I 00\1 cxù't"~ ô~&. 't"OÜ ~o:1t,i.a!Lcx't"oo;; do;; 't"à\l 6&.vcx't"ov· tvlX
W01tEp 7JyÉp61) Xp~O"'t"àç Èx \le:xpwv 8~1i "âjç ôa;"lJç 't"oü IIIX,;paç oü-rw Xctt ~!Lero;; e':.v
xo::~vo"t"-rrr~ t;;CiJ7jç 1tEp~r.o:7f)aCiJf1.e:v. e:t ylip aUfltpu.cx ye:ya\lIX!l.e:v 't"ej} é!LOLOO!LIXT~ 't"oü
8ctv:hou aOTOü, lin&. xat "t"7jç &'vaa..-&'ae:CiJç Èa01J.e:6a:.
1) THÉODORE DE MOPSL'ESTE, Du baptême. R. TONNEAU et R. DEVREESSE, Les homé-
II Cambridge ADD. 1984, f. 94b: Cambridge ADD. 2045, f. 68.a: Rylands Li-
brar)', Syriac 19.f. 62.a.
13 Cambridge ADD. 1994, f. 270.a.
dans les rubriques au début de l'office. Toutes les églises nestoriennes possè-
dent leur COrne d'huile sainte, d'ordinaire un petit vase en verre, conservé
au baptistère. A la const!cration de. l'Eglise cette huile est bénite par l'évêque
CIl prononçant la formule: «Cette huile de l'onction est signée et sanctifiée afin
qu'eUe soit un signe d'incorruptibilité au baptême qui pardonne les péchés,
au nom du Père ct du Fils et du Saint-Esprit, à jamais ». Le caractère de sainteté
particulière de l'huile est attribué moins à la consécration épiscopale qu'à son
origine prétendûment apostolique, dont la légende est conservée par bien des
auteurs du rite syriaque oriental. Parmi eux mentionnons Johannan bar Zo'bi
dont le poème Du baplêmc et du saint levain se trouve dans certains ma-
nuscrits, dont celui de l'université de Cambridge ADD. 2818, f. IB.b. - lI8.b.
Le rite du renouvellement de la provision d'huile a, semble-t-il, varié consi-
dérablement cl n'a pas toujours été accepté par un évêque. On mentionne
l'existence d'un office connu sous le nom de tak~a d-rubaia d-taybutha (La
célébration du renouvellement de l'huile sainte, litt. <l la grâce ») célébré par
l'évêque le samedi saint, mais cn bien des localités l'huile était sans doute renou-
velée par le prêtre.
LE CHRIST DANS LA LITURGIE BAPTISMALE NESTORIENNE 313
25 Dr. L.L. Mitchell dans Baptismal Anointing, S.P.C.K., Londres 1966, p. 71,
écrit ceci: "Au début du rite baptismal, avant que le prêtre ne pénètre dans
le baptistère, le catéchumène est marqué du signe de la croix par cette formule:
"N. est signé au nom du Père ... ". Les rubriques dans R.O. {Ritus OIientaliurn
de Denzinger) ne mentionnent pas qu'on se sert d'huile, mais Timothée II et le
Pseudo-Georges d'Arbèles (g e or 10" siècle) recommandent que ce signe soit
tracé avec d'huile préalablement bénite, ce que recommande également l'édition de
Badger du rite moderne n. Dans les manuscrits que j'ai examinés les rubriques
mentionnent toutes l'onction qui cst dénommée spécifiquement l'huile de l'onc-
tion" (mt!sh}:la da-mshil;lUtha) dans Cambridge ADD. 1984 et ADD. 2045. Le texte
de Rylands Llbrary Syriaque 19 fait référence â "l'huile qui est dans la corne"
(portée par le prêtre selon les rubriques). En ce qui concerne la formule de
l'onction, seul Cambridge ADD. 1984 et le texte imprimé de l'édition d'Urmi con·
tiennent les mots "avec l'huile de l'onction". "Néanmoins il semble étrange »,
ajoute Mitchell, "que le rite dût inclure une onction avant la bénédiction de
l'huile qui devrait logiquement précéder son emploi". Mais en effet, J'huile
de la corne utilisée par l'onction est déjà consacrée, et c'est cc qu'indique l'expres·
sion de "huile sainte" de Georges d'Arbèles.
26 L.L. MITCHELL, op. cil., p. 71.
n Le terme syriaque "I:tuttama" rendu par" sceau" signifie «fin" ou con-
clusion, et s'appliquerait à la dernière oraison ou bénédiction d'un office.
314 DOUGLAS WEBB
Il poursui t:
« Ils se tournent vers l'orient, vers la mère de la lumière, d'où
Notre-Seigneur fit entendre sa voix, au lieu de rencontre du paradis,
leur première patrie. Ils reconnaissent ct confessent le Père, le
Fils et l'Esprit Saint, une seule nature divine (ou « substance» =
kyana) ... 38. Après s'être confessés ils sont oints avec l'huile de
l'onction ».
Ceci n'est sans doute pas signalé dans le rite actuel. Les
termes ici employés supposent que bar Shahhare décrit une
véritable cérémonie et ce qu'il dit correspond sans doute aux
coutumes en usage dans d'autres Eglises. Elle ne diffère pas du
texte des Leçons catéchétiques de Théodore de Mopsueste qui
décrit la renonciation à Satan 39 et l'onction qui la suit, en men-
tionnant que les candidats sont dévêtus et nu-pieds (bien que ce
soit aussi la coutume dans d'autres rites), et la captivité de Satan.
Il y aurait là deux possibilités: soit que bar Shahhare explique
le sens de l'onction en termes généraux (bien que le rite actuel ne
contienne rien de semblable), soit qu'il décrit une véritable
cérénl0nie qui aurait existé à son époque, et qui fut omise par la
suite. Certes, le Credo est récité dans le rite actuel, mais pas
au même endroit de l'office.
Dans le rite actuel on trouve, après les litanies, un canon,
le psaume 132, 1-2: "Seigneur souviens-toi de David », avec ce
refrain: "Béni soit Celui qui bâtit son Eglise sur des modèles
célestes, la remplit de gloire et lui accorda le baptême pour le
pardon des péchés ». Le rite qui suit est construit par bien des
côtés comme l'ordinaire du rite eucharistique. On récite le
lakhumara, après quoi on remplit d'eau les fonts baptismaux et
on y place la croix et l'évangile. Puis vient la prière du lakhumara,
le trisagion (Dieu Saint, etc.) et l'oraison précédant les leçons,
enfin l'épître (I Cor. X, 1-13). Celle-ci est suivie de la station ou
madrasha. Il s'agit d'une hymne doctrinale qui rappelle le baptê-
me du Christ au Jourdain, la descente du Saint-Esprit et la voix
qui proclama: « Voici mon Fils bien-ainlé en qui j'ai mis nles
complaisances ». Suit l'évangile après quoi le prêtre redit une
oraison et le diacre récite deux longues litanies empruntées à la
célébration eucharistique: "Père des miséricordes, etc ». En
conclusion le diacre dit: " Inclinez vos têtes pour l'imposition des
mains et recevez une bénédiction ». Cette prière implore la béné-
diction de Dieu et sa protection sur son peuple. Pour finir le
diacre proclame les formules du renvoi des catéchumènes qui,
sans doute, devait être tombé en désuétude à l'époque de la
revis ion de Isho'yabh, et qui l'était certainement au temps de
l'Anonyme et d'Emmanuel bar Shahhare.
U Cambridge ADD. 1984, f. lO1.b _ 102.a: Cambridge ADD. 2045, f. 76a: Ry-
lands Librar,y' Syriac 19, f. 71.b.
~'Le mot "canon» s'applique dans la liturgie à la conclusion de plusieurs
oraisons longues récitées à voix basse. Il est marqué par l'élévation de la voix
et, dans la plupart des cas, par la sonnerie des cymbales.
LE CHRIST DANS LA LITURGIE BAPTISMALE NESTORIENNE 321
~6 Cambridge ADD. 1984, f. 103a, Cambridge ADD. 2045, f. 77a., Rylands Li-
brary, Syriac 19, f. 74b.
47 Cambridge ADD. 1984, f. lOa, Cambridge ADD. 2045, f. 77b, Rylands Library
Syriac 19, f. 74b.
4~ Cam~ridge ADD. 1984, f. 100a, Cambridge ADD. 2045, f. 78a, Rylands Li-
brary, Synac 19, f. 74b.
322 DOUGLAS WEBB
L'oraison poursuit:
«Car l'Esprit-Saint ... par l'eau visible renouvelle, selon sa
volonté, notre nature ancienne et par sa grâce verse en nous le
gage de l'incorruptibilité; lui qui descendit et demeura aussi sur
notre Sauveur lorsqu'il préfigura le Saint Baptême» 49_,
~9_;9a_49b Cambridge ADD_ 1984, f. 100b - 105a, Cambridge ADD_ 2045, f_ 78b - 79a,
Rylands Library, Syriac 19, f. 75a.
50 Cambridge ADD. 1984, f. 105a. Cambridge ADD. 2045, f. 75a, Rylands Library,
Syriac 19. f. 75a.
LE CHRIST DANS LA LITURGIE BAPTISMALE NESTORIENl'\.TE 323
51 Les quatres oraisons ici mentionnées sont probablement les quatre ghan-
thas récitées sur l'huile et sur l'eau.
51 Cambridge ADD. 1994, f. 272a.
la Trini té dans leur cœur et que cette connaissance leur est donnée
d'en haut. Après quoi le corps tout entier du candidat est oint
par d'autres personnes. Il est conduit au prêtre qui le fait entrer
dans les fonts baptismaux, la tète tournée vers l'orient, et l'im-
merge trois fois en disant la première fois: "N. est baptisé au
nom du Père» la seconde fois: « au nonl du Fils», et la troisième
J
~7 Cambridge ADD. 1984, f. 108a - 108b: Cambridge ADD. 2045, f. 81b: Rylands
Library Syriac 19, f. BOa.
18 Cambridge ADD. 1994, f. 272b.
LE CHRIST DANS LA LITL"RGIE BAPTISMALE NESTORIENNE 327
~9 A noter deux points: «Jean », c'est le prêtre. L'Anonyme disait déjà que
~ si celui-ci représente tantôt Aaron, tantôt Jean, tantôt Siméon et tantôt Notre
Seigneur, peu importait. L'Evangile veut parfois signifier divers mystères» (CON-
NOLLY, op. cit., p. 112 [texte], p. 12 [traduction]. D'autre part, le lieu de la cruci-
fixion, selon le symbolisme de l'auteur, serait le porche de l'Eglise ou la nef. Il
faut donc que la seconde lecture de l'épître et de l'évangile et d'autres rites
s'accomplissent au porche de l'Eglise, après quoi tous retournent au sanctuaire
où le prêtre s'adresse aux nouveaux baptisés avant d'ouvrir la liturgie eucha-
ristique.
328 DOUGLAS WEBB
~~-------------
• 6(] F.F. IRVING, The Ceremonial use of ail amollg the Easl $}'1·ians. An occa·
slOnal paper of the Eastern Cfwfches Association, Oxford 1902.
M CONNOLLY, op. cil., p. 108 (texte), 98 (traduction).
firmation dans les églises occidentales '", mais là n'est pas notre
sujet.
Emmanuel bar Shahhare et l'Anonyme indiquent, tous deux,
que de leur temps le rite baptismal était suivi de la célébration
de l'Eucharistie, une coutume qui a dû tomber en désuétude.
Le premier auteur dit encore:
«Ils se rendent en procession solennelle pour honorer le Saint
des Saints (le sanctuaire) comme au ciel, fortifiés par les mystères
glorieux du Corps et du Sang du Christ. Comme les apôtres en
Galilée, ils se tiennent ensemble au milieu du sanctuaire et contem-
plent Notre-Seigneur dans le mystère. Comme eux, qui se réjouis-
saient avec luj, ils contemplent la fête de sa résurrection dans les
mystères, symboles et paraboles; l'institution de notre Sauveur
accomplie dans sa nouvelle alliance. C'est de cet autel saint qu'ils
reçurent le Corps et le Sang qui donnent la vie)} 65.
* * *
Douglas WEBB
LE CHRIST DANS LA RÉCENTE LITURGIE ROMANDE DES TEMPS
•
DE FETE ET DANS LE NOUVEAU RECUEIL «NOS CŒURS TE
* * *
Christ, que c'est Lui et Lui seul qui préside et qui invite, que le
ministère du célébrant, quel qu'il soit, doit s'anéantir devant la
lumière éblouissante du Seigneur réellement présent dans le
mystère de sa mort, de sa résurrection et de son intercession.
La présence réelle du Christ (et c'est ce qui explique la re-
quête du président du Conseil national de l'Eglise réformée de
France, récemment, lors de la visite du Pape Jean-Paul II à la
nonciature à propos de la célébration de l'eucharistie) est pos-
sible:
1) par la présence du peuple chrétien rassemblé qui souhaite
communier;
2) par la proclamation de la Parole qui purifie et prépare;
3) par la liturgie solidaire des autres communautés dans
le temps et l'espace;
4) en dernier lieu par la présence du célébrant tout seul.
Celui-ci remplit une fonction au service du peuple chrétien: la
fonction crée l'organe, le célébrant agit davantage en " hérault "
du sacrement, c'est à dire énoncer droitement les paroles d'insti-
tution et d'épiclèse, que comme instrument humain privilégié,
« in persona Christi}), spécifiquement ordonné pour ce faire.
Gaston WESTPHAL
,
LES FETES DU CHRIST DANS L'ANNÉE LITURGIQUE
DES ÉGLISES REFORMÉES DE SUISSE ALÉMANIQUE
chants pour les jours de fête était pauvre. Il n'y avait pratique·
ment qu'un chant pour chaque fête christologique ". Mais cette
pauvreté avait un avantage: les paroissiens savaient très vite
ces quelques cantiques par cœur. Grâce aux chants, par lesquels
l'assemblée des fidèles répondait à la prédication, les fêtes christo·
logiques devaient redevenir vivantes. Le recueil de cantiques de
Constance, édité en 1540, joua un rôle important. Pendant
soixante·dix ans, il fut le recueil commun de toutes les corn·
munautés réformées de Suisse alémanique '". Il contenait 150
chants ". On y trouve notamment de nombreux chants pour les
fêtes de Noël jusqu'à Pâques. Ce recueil reprenait aussi des can-
tiques de Martin Luther; beaucoup de chants étaient nouveaux,
d'autres, antérieurs à la Réforme, avaient été remaniés 20. Ce
recueil de psaumes et cantiques était en fait un recueil œcumé-
nique. On trouve les sources des œuvres qu'il contient dans toutes
les confessions chrétiennes alors connues. Les chants destinés
aux fêtes christologiques ne portent pas d'empreinte confession-
nelle. C'est ainsi que les cantiques chantés au culte ont maintenu
vivants les jours de fête dans les régions réformées. En même
temps, ils donnaient à ces fêtes un contenu qui dépassait les
frontières confessionnelles. Cette caractéristique est d'ailleurs
demeurée jusqu'à nos jours. Nos recueils de cantiques sont
beaucoup plus œcuméniques que nos prédications et nos confes-
sions de foi. Je ne sais pas si on a assez considéré cet « œcunlé-
nisme chanté» comme un signe de l'unité réalisée en Christ. En
outre, aujourd'hui encore, ce sont les cantiques qui font vivre
les fêtes christologiques dans les paroisses. Depuis la Réforme,
le nombre des cantiques pour les jours de fête s'est fortement
accru. Certaines strophes en sont aussi familières à bien des
fidèles que les péricopes correspondantes de l'Ecriture sainte.
11 Ibid., p. 162.
IiiIbid., p. 9.
19 Ibid., p. 78.
10 Ibid., p. 92 s.
352 EBERHARD ZELLVVEGER
Dr. Moses". Voici le texte de cette prière tel qu'il se trouve dans
la liturgie alémanique:
« Nous répondons à l'appel nous invitant à rendre
notre unité visible en Christ.
Nous prenons l'engagement
de nous servir les uns les autres dans l'amour,
non seulement en paroles, mais aussi en actes.
Nous voulons engager nos forces au service de
l'action, de la prière et du culte communs.
Viens, Saint-Esprit,
aide-nous dans l'accomplissement de cette tâche. Amen l) 3.'3.
Eberhard ZELLWEGER
CHRISTOLOGIE ET SOTÉRIOLOGIQUE
DE LA PRIÈRE DE L'HYMNE DES CHÉRUBINS
DONNÉES HISTORIQUES
CHRISTOLOGIE
Titres humains
Nous trouvons trois titres appliqués à Jésus Christ en tant
qu'homme. L'un est biblique: "Tu es devenu notre Grand Prê-
tre ». Ce titre a son origine dans Hb 5,4-6, où il est dit que nul
ne s'arroge la dignité de Grand Prêtre sans y être appelé par Dieu,
absolument comme Aaron; et encore: «De même, ce n'est pas
le Christ qui s'est attribué à soi-même la gloire de devenir grand
prêtre, mais il l'a reçue de celui qui lui a dit: Tu es mon fils,
moi, aujourd'hui, je t'ai engendré; comme il dit encore ailleurs:
Tu es prêtre pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédech»
(vv. 5-6).
Les deux autres titres humains sont dogmatiques. Le pre-
mier est contenu dans cette phrase:
({ Dans ton ineffable et incommensurable amour envers nous,
tu t'es fait homme sans subir de changement)l, &"t"pbt""t"c..lç Ko:t tXVo:ÀÀOL-
w"t"wç.
16 "Evet K0:1 "t"ov etÔTOV Xp~a't"ov utàv KUpLOV j.1.0VOyEVYj EV Mo cpuaeaLv &:auYXu-
':'c..lC;, &.pmc..lr;, à.8Lcnpe:"t"c..lr;, &Xc..lp(a't"c..lt;. xv?p~t:6j.1.i:vOV ••. (H.. DENZINGER - A. SeHON-
METZER, Enchiridion Symbolol"tll1"l defmllWJ"lUI11 et declaratlOnum de rebi/s fidei
et morunt, Barcclona 1965, No 302).
Il CfT. J. Jl..'NGMANN:, The place of Christ in Liturgical Prayer, 2e éd., 1965,
pp. 172-238.
368 ROMAN tUZEK
lS La coïncidence est avec le texte des LXX. Je cite ces coïncidences selon
b numération de A. RAlILFS, Sepluaginta, id est Velus Testamenltlm gr;ece huta
LXX illterpretes, Stuttgart 1935.
1~ Cfr. 2 Samuel 6, 12-15.
CHRISTOLOGIE ET SOTERIOLOGIE 369
SOTÉRIOLOGIE
:10 Pour ce sujet, les sources fondamentales sont: Nicétas KHUNIATES, «Thesau-
rus Orthodoxœ fidei I,24: Synodus Crœcœ Ecclesiœ de dogmate circa illa verba
~< Tu es qui olfers ... " (= ThesaUrtlS ... ), PC 140, 137·202, et l'apologie qu'a
écrite Sotérikhos, dr. dans L SAKKEI.IOX, IIa:·q.MCl't"7JK~ B~~À~oe1jK'"f}, Athènes 1890,
pp. 328-331. A la bibliographie qu'offre R. F. TAFT, op. cil., p. 135, notes 55 ct 56,
ajoutel" P. A. CEREML;KHTN, KOl1stUlltillopol'skij sobor 1156 goda i Nikolaj, episkop
MefoflSkij, dans Bogoslovskie Trudy 1 (1959/60), 85-109.
!I Cfr. note précédente.
lŒ« Honor utique ille totius est Trinitatis. Quare quoniam idem ipse est
Deus, Filius Dei, ad honorem suum se ipsum sibi sicut Patri et Spiritui Sancto
obtulit, id est humanilatem suam divinitati sure, quce una eademque trium per-
sonaru:n est >~ (Pourquoi Dieu s'est fait homme, dans Sources Chrétiennes
91, Paris 1963, livre II, fin du chap. 18).
~I Cfr. G. BARDY, dans DT/lC XV, 3OQ6.
II PL 62, 586-587.
Patriarchii 5 (1954) 56 A.
376 ROMAN tUtEK
Roman ZUtEK