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Naissance du Romantisme :

Le romantisme est un grand courant artistique qui marque profondément de


son empreinte tout le 19ème siècle. Ces traits les plus marquants résident dans
l’introspection interne de l’individu, dans l’exaltation de la passion et de
l’expression du mystère et du fantastique, cherchant l'évasion et le ravissement
dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé, l'idéal ou le
cauchemar. Pour cela, il était souvent d’usure de bousculer plus ou moins les
moules classiques, puisque l’équilibre et la distance objective ne sont plus les
critères primordiaux de la création artistique.

Ce mouvement culturel et artistique est apparu tout d’abord


en Allemagne et en Angleterre à la fin du 18ème siècle, même si le terme est rentré
en vigueur bien avant. En effet, l'adjectif romantic nait en Angleterre vers 1650,
renvoyant à une nostalgie du médiéval et du gothique tout en désignant aussi ce
qui est romanesque, merveilleux, fabuleux ou imaginaire. Au cours du 18ème
siècle, cet adjectif devient presque synonyme de pictural en renvoyant toujours à
la nature, et c'est dans cette acception que Jean-Jacques Rousseau donne le
qualificatif de romantique aux rives sauvages du lac de Bienne dans Les Rêveries
du promeneur solitaire. En définitive, c’est vers la fin du même siècle que le
« romantisme » revient à son sens médiéval en Allemagne, où il est opposé à
l'Antiquité et au classicisme.

En Angleterre :

C’est dans la peinture et le Roman, que la sensibilité romantique a trouvé


son chemin le plus naturel dans ce pays. Dans les tableaux des paysages du dernier
quart du 18ème siècle, la nature n’est plus vécue et perçue comme inspiratrice de
l’équilibre -première qualité d’une œuvre classique, mais plutôt comme source de
violentes manifestations, de cataclysmes et de visions troublantes, frappant
l'homme de stupeur et assurant ainsi l’état d’âme nécessaire pour sentir le
« sublime », selon l’expression du philosophe irlandais Edmund Burke dans son
essai Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau,
paru en 1756.

De même, l’apparition du genre du « roman noir » ou « gothique » avec ses


décors ténébreux et ses atmosphères effrayantes correspondaient également à ce
même idéal du « sublime ».

En Allemagne :

C’est dans la littérature et la poésie que le romantisme a pris tout son éclat
en Allemagne, avec des créateurs de génie comme Goethe et Schiller, ainsi que
les autres hommes de lettres et critiques qui ont représenté le mouvement Sturm
und Drang (Tempête et Passion) à partir de 1770, notamment son idéologue
Johann Herder. A côté d’une production littéraire et poétique importante, ce
mouvement a su formuler théoriquement un sentiment de révolte à l'égard de la
culture dominante des Lumières, an célébrant la force irrépressible du sentiment
et le culte de l'individualité, d’une génie artistique irrationnel, qui n’est plus
discipliné par la raison.

De part l’importance des essais théoriques de ce mouvement, il est


également considéré comme initiateur et préfigurateur du mouvement
philosophique allemand connu sous l’appellation de « Romantisme
philosophique » ou « philosophie romantique ».

En France :

On ne peut pas dire que la France fût un terrain de départ pour les idéaux et
les sensibilités romantiques. Cependant, il est inéluctable que la révolution
française a favorisé un accueil chaleureux à l'esprit du romantisme en France, ce
pays si fortement nourri de culture classique et appuyé sur ses certitudes
aristocratiques. De même, il est certain que les conséquences de la révolution
française au-delà des frontières ont très probablement stimulé la sensibilité
romantique dans d’autres contrées européennes.

L’on ne saurait mieux commenter le rapport entre les conséquences de la


révolution et l’émancipation romantique que ces propos d’Alfred de
Musset dans La Confession d'un enfant du siècle :

« Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes ; le peuple qui est passé
par 1793 et par 1814 porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n’est plus ;
tout ce qui sera n’est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux. »

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