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Commentaires des textes du bac blanc

Chapitre deuxième : Manon Lescaut, d’Antoine-François Prévost :


il n’y a pas d’amour heureux. [Roman]

Texte 3. Une passion foudroyante


1. Situation de l’extrait, problématique et plan du texte :
a. Cet extrait se situe dans les premières pages du roman, alors que le chevalier des
Grieux entame le récit de ses aventures devant le marquiui l’a frappé lorsqu’il a
aperçu Manon pour la première fois. Raconter la première rencontre avec l’être
aimé est un passage attendu et obligé dans une histoire d’amour ; tout l’intérêt de
l’extrait consiste à examiner la façon dont des Grieux va transformer le hasard
en fatalité, brosser le portrait d’une Manon ambivalente (innocente et vénale,
pure et débauchée à la fois) et déresponsabiliser d’emblée les amants des
fautes qu’ils commettront par la suite (car tout leur a été inspiré par la passion et
l’amour, c’est la mauvaise étoile de l’un comme de l’autre qui les conduisait au
malheur).
b. Plan de l’extrait : 1) l. 1-8 (jusqu’à “... la maîtresse de mon coeur”) : un coup de
foudre. -- 2) l. 9-26 (jusqu’à “... pour la rendre heureuse”) : premiers mots,
premières résolutions. -- 3) l. 26-28 : les prodiges accomplis par l’amour.
Dramatisation de la rencontre, dans laquelle Manon occupe toute l’attention, du
jeune DG d’abord, du lecteur ensuite ; puis c’est le couple qui est mis en lumière,
avec un DG entreprenant et audacieux, volubile, ardent, prêt à tout ; face à lui, une
Manon ingénue en apparence, mais plus expérimentée que DG, plus à même de
juger les effets qu’elle produit et d’en tirer parti ; son esprit est plus délié, et c’est
elle qui, par la suite, suggère le stratagème qui permettra aux amants de fuir
Amiens ensemble. Enfin, la dernière phrase du texte est un commentaire
formulé par DG narrateur sur ce qui lui est arrivé lors de sa rencontre avec Manon
: il s’étonne des pouvoirs de l’amour, capables de métamorphoser quelqu’un
en un instant. Cet étonnement renouvelé vise à confirmer cette puissance, dont la
cause et la raison échappent, alors que les effets ne cessent de s’en vérifier.

2. Commentaire des lignes 1 à 8 :


a. opposition entre “quelques femmes” et “il en resta une… seule…” + “qui se
retirèrent aussitôt” (comme le veut la décence) vs “qui s’arrêta… dans la cour” +
“fort jeune” vs “un homme d’un âge avancé” - probablement aussi que Manon est
plus jeune que toutes les autres femmes, figures à peine entrevues par DG.
b. Cet “homme d’un âge avancé” est considéré par DG comme son “conducteur” (“qui
paraissait lui servir de conducteur”) : à ce moment du récit, le narrateur DG sait tout
à fait qui est ce vieil homme. Ici : point de vue interne, plongée dans la psychée
d’un jeune homme succombant à l’amour et dont l’esprit analyse, interprète et
raisonne à toute allure. Par la suite, l’identité du personnage est fixée (“son vieil
Argus, son conducteur”) et c’est son rôle d’opposant qui est mis en relief : il est celui
dont on doit se débarrasser à tout prix, afin que les deux amants puissent se voir et
s’entretenir tranquilles. Le personnage évoque le barbon des comédies, la duègne
des romans du siècle précédent, autrement dit le gardien de la femme convoitée ;
de là une dimension comique et romanesque à la fois, car cet Argus, il va falloir
tromper sa vigilance, c’est-à-dire : ruser. Pour le moment, le conducteur de Manon
est réduit à des tâches serviles : accompagner, surveiller, servir (ici, en déchargeant
les bagages) ; c’est un être négligeable et qui mérite de l’être. Le mépris de classe1
de DG apparaît ici implicitement.
c. “si charmante” = le charme, c’est non seulement l’agrément, mais aussi le
pouvoir d’attraction, quasi magique : il y a de la sorcière en Manon ! Une nuance
semblable apparaît plus loin : “un air charmant de tristesse” : DG agit sous
emprise (donc : il n’est pas responsable !).
d. La troisième phrase de l’extrait…
“Elle me parut si charmante (1) que moi, qui n’avais jamais pensé à la
différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention, moi, dis-je, dont
tout le monde admirait la sagesse et la retenue, (2) je me trouvai enflammé tout
d’un coup jusqu’au transport (3).”

…se développe en trois temps :


(1) charme de Manon qui envoûte ;
(2) le DG d’avant l’amour, garçon innocent, sage et pudique ;
(3) le DG d’après le coup de foudre, garçon entreprenant, à la langue et à l’esprit
déliés.
Insistance sur la métamorphose : “jamais” (deux fois), “tout d’un coup” ;
hyperbole : “jusqu’au transport” ; “moi… moi dis-je, je…” (le narrateur est encore
saisi d’étonnement, comme si ce qui venait de s’opérer relevait de l’inattendu et de
l’impossible, comme s’il y avait eu une rupture, un saut dans une autre dimension) ;
passivité et impuissance avec l’emploi d’une tournure passive : “je me trouvai
enflammé…”
e. La phrase suivante confirme la métamorphose : opposition entre “timide et facile à
déconcerter” vs “je m’avançai” (résolution suggérée par le passé simple et l’emploi
d’un verbe d’action) + “la maîtresse de mon coeur” : c’est une formule
caractéristique du langage amoureux + allitération en “m” = expression de l’amour,
de sa douceur, de son envoûtement, de ses délices.

3. Commentaire des l. 9 à 26 :
a. étonnement devant l’absence de honte de Manon : “Quoiqu’elle fût encore moins
âgée… embarrassée”. Ici, Manon reçoit, elle n’entreprend rien, il lui suffit d’être là,
les hommes viennent à elle => pouvoir magnétique de Manon (nouvelle illustration
de son “charme”). Mes politesses = salutations, formules toutes faites et admises ;
Manon en a probablement l’habitude, d’où l’absence de gêne. DG rapporte la
conversation qu’ils ont eue. “Ingénument” = naïveté calculée, probablement, car
Manon ne dit rien des raisons qui l’ont conduite à Amiens (le “pour arrêter sans
doute son penchant au plaisir” est de DG narrateur, qui a fait l’expérience de
l’amour avec Manon). Bref : sur ce point Manon dit la vérité mais pas toute ; en
cela, elle manipule DG. Mélange, dans ce personnage, de naïveté et
d’expérience, de spontanéité et de calcul.
b. Un lieu commun, un cliché littéraire : l’amour éclaire l’esprit. “Mes désirs” : DG
découvre qu’il a un corps ; son attirance pour Manon est physique, sensuelle.
DG s’anime ; son attitude, ses paroles révèlent à Manon l’effet qu’elle a

1
Ce mépris à l’égard des inférieurs, on le rencontrera à plusieurs reprises - notamment à l’égard des laquais - ainsi p. 187 quand il tue
l’un des domestiques du directeur de Saint-Lazare : “C’était un puissant coquin, qui s’élança sur moi sans balancer ; je ne le
marchandai point ; je lui lâchai le coup [de pistolet] au milieu de la poitrine.” et p. 196 quand il corrompt le valet qui sert Manon à
l’Hôpital : [DG vient de lui promettre de le payer grassement, quoiqu’il dispose d’une fortune très médiocre à ce moment du récit] “Je
comptais bien qu’il me serait toujours aisé de récompenser un homme de cette étoffe.” DG, en tout cas, sait rappeler qu’il est noble
quand cela l’arrange.
produit sur son coeur - une fois encore, DG souligne l’expérience de Manon.
D’où les paroles qu’elle prononce ensuite : "c'était malgré elle qu'on l’envoyait au
couvent” : Manon se présente en victime. La suite est certainement un
commentaire du narrateur, qui présente Manon comme mue par une force contre
laquelle elle ne peut rien, si bien qu’elle devient, avec DG, un personnage tragique
(ce qu’indique la prolepse, c’est-à-dire l’annonce des malheurs à venir, l. 17-18).
DG s’anime encore davantage, et mobilise toute son éloquence, spontanée comme
apprise.
c. Euphémisme qui présente Manon sous un jour plutôt agréable : “elle n’affecta ni
rigueur ni dédain” = jeune femme spontanée, franche. Le dédain aurait pu résulter
du caractère “scolastique”, càd pédant, et guère associé à l’amour en littérature,
sinon sous forme grotesque et comique, de l’éloquence de DG ; mais Manon n’en a
cure, toute à l’idée de se libérer. Manon pèse ses mots (en effet, elle reprend la
parole “après un moment de silence”) et se présente à nouveau en victime, non
plus de ses parents, mais du sort ; elle obtient l’effet escompté : DG est prêt à tout,
y compris affronter Dieu. Cet engagement de DG résulte de l’envoûtement de
Manon (“la douceur de ses regards”, “un air charmant de tristesse”)... Mais DG
narrateur corrige aussitôt : non, décidément, ce n’est pas la jeune femme qui l’a
enjolé, lui a fait oublier ses devoirs ; c’est sa mauvaise étoile (“l’ascendant de
ma destinée qui m’entraînait à ma perte”) => dimension tragique
intentionnellement donnée au récit. Résolution de DG, qui adopte la posture du
combattant, du héros qui ne reculera devant aucun sacrifice pour obtenir la
femme qu’il désire.

4. Commentaire des l. 26 à 28 : commentaire de DG narrateur : l’amour opère de


stupéfiantes métamorphoses. Sa rencontre avec Manon confirme et conforte un lieu
commun littéraire et philosophique ; c’est donc vrai ! L’amour nous fait être autre que ce
que nous sommes. DG n’est pas responsable des malheurs qui lui sont arrivés, ni Manon :
mais c’est l’amour !

Texte 4. Évasion mortelle [à venir]

Texte 5. Un moment de bonheur absolu ou la conversion de Manon à l’amour.


Cette page présente un double intérêt dramatique :
• non seulement Manon s’y livre à une confession, dans laquelle elle considère son inconduite
passée et avoue sa conversion à l’amour vrai (absolu et fidèle),
• mais les deux amants y accèdent enfin au bonheur.
Autrement dit :
• d’une part les deux protagonistes apparaissent enfin pour ce qu’ils sont, à savoir des êtres
bons
par nature, que seules des circonstances défavorables ont contraint au mensonge, à la
tromperie et au vol ;
• d’autre part, ils semblent parvenus à un état de tranquillité et de stabilité – paradoxalement
rencontré dans la misère (une misère toute relative, cependant, comme le laisse entendre le
chevalier).
On notera néanmoins que ce bonheur sera de courte durée car depuis le début du récit de des
Grieux, le lecteur s’attend à une fin tragique (on rappelle que Manon est morte lorsque l’homme de
qualité rencontre le chevalier pour la seconde fois et que ce dernier entreprend de raconter son
histoire) ; l’intérêt et l’attention du lecteur sont donc particulièrement éveillés au terme de cet extrait
: comment un sort si beau en apparence peut-il soudain verser dans l’horreur ?

L’extrait est remarquable par l’élan d’enthousiasme qu’il exprime : des Grieux est transporté
par une joie toujours plus intense – il manque même de s’évanouir (l. 24-26). Si, dans le premier
paragraphe, des Grieux surjoue l’optimisme pour consoler Manon de la misère dans laquelle ils se
trouvent tous les deux, et se montre un peu hésitant (l. 2 : « Vous m’aimez, n’est-ce pas ? »), la
confession de Manon (deuxième paragraphe) le confirme dans la parfaite réciprocité de leur
passion : dès lors, c’est l’exaltation (troisième paragraphe). Des Grieux parle d’un « excès de joie »
; son intonation est vive, comme l’indiquent le point d’exclamation et le verbe « m’écriai-je » à la
ligne 26 ; il insiste sur son bonheur : les mots qui l’expriment, au sens propre ou
métaphoriquement, s’accumulent : « être heureux », « ma félicité », « ces charmantes idées »,
« lieu de délices », « les vraies douceurs de l’amour », « des trésors ». Commencé dans
l’inquiétude, l’extrait s’achève sur la certitude du bonheur.
Le sort des amants paraît stable en effet : la misère (toute relative) du couple et de la colonie
qu’ils viennent d’intégrer éloigne les passions mauvaises qui les avaient jusqu’ici conduit au
malheur : l’intérêt (c’est-à-dire la passion de l’argent, qui pousse tout un chacun à se vendre au
plus offrant, à se corrompre et se souiller) n’ayant plus cours – la misère égalise les conditions – il
n’y a plus de jalousie (les hommes s’arrachaient Manon parce que la posséder revenait à affirmer
ostensiblement sa supériorité financière et sociale, à flatter à son orgueil : or, puisqu’à la Nouvelle
Orléans, tous sont égaux dans la misère, plus besoin de se distinguer en s’affichant aux côtés
d’une jeune femme particulièrement désirable), et, partant, plus de tentation ni d’inconstance.
L’épisode américain ne relève dès lors pas seulement d’un souci de « réalisme » de la part de
Prévost, ni non plus d’une habileté de composition (un moment de calme avant la catastrophe
finale), mais aussi d’une nécessité morale : il révèle la véritable nature des deux personnages –
ce sont des êtres essentiellement purs, vertueux, innocents. L’épisode américain s’avère –
dans cette page du moins – un équivalent de la « retraite » à laquelle rêvait des Grieux lorsqu’il
était retenu chez son père. Cette vie heureuse et comblée, menée à l’écart du monde, est un idéal
qui traverse l’œuvre de Prévost.
Malheureusement, ce bonheur est éphémère et semble définitivement inaccessible à une
humanité mue par de mauvaises passions. Car si la Nouvelle Orléans paraît un paradis à des
Grieux, c’est en raison d’une agréable illusion (il parle de « charmantes idées », il est comme
envoûté par son enthousiasme et son bonheur, il perd pied avec la réalité, inquiétante : en effet, à
la Nouvelle Orléans, les colons viennent chercher de l’or – en quoi ils ont tort, car les vrais trésors
sont à chercher dans le cœur et sont d’une nature immatérielle – mais cela montre que,
contrairement à ce qu’affirme des Grieux, l’intérêt et l’envie sont bien présents – la suite et la fin
des aventures du couple le prouveront !). Cet extrait conforte en tout cas le lecteur dans l’idée
que des Grieux et Manon sont des êtres fondamentalement innocents (quel tour de force
après des pages et des pages de mensonge, de trahison, de vol, d’excès en tous genres !), et que
leurs malheurs résultent des circonstances, de la corruption d’une société mue par le désir
de pouvoir, d’argent et de jouissances. Il montre aussi que des Grieux ne cesse d’être la dupe
de lui-même car le rêve de bonheur complet qu’il vise est irréalisable dans un monde où il y a
toujours quelqu’un pour vous envier et vous nuire.
Enfin, ce qui était au départ une scène délimitée dans le temps – la prise de possession de la
cabane qui est réservée au couple, la confession de Manon, l’expression de la joie immédiatement
éprouvée après par des Grieux) – et qui n’a duré que quelques instants, devient insensiblement
une séquence étalée dans le temps : la fin de l’extrait (à partir de ligne 31) laisse entendre que le
bonheur des amants a duré un peu – quelques semaines – car des Grieux se réjouit de son
bonheur régulièrement, comme le laissent entendre les expressions : « après cela » et surtout
l’adverbe « souvent » (l. 32).

La confession de Manon,que ces deux discours de des Grieux encadrent – sa tentative de la


rassurer, qui repose sur un malentendu (le chevalier attribue les larmes de Manon à son aversion
de la misère), puis ses propos enthousiastes – en devient plus éclatante, plus crédible, plus
émouvante – plus troublante aussi. « Vous ne sauriez croire combien je suis changée »
déclare-t-elle, s’adressant à des Grieux, surpris (mais aussi, au lecteur). Manon, pour la première
fois, avoue son amour dans les termes les plus sentimentaux, les plus idéaux (elle décrit son
amour comme tendre, éperdu, elle se dit mue par la compassion) ; elle exprime son repentir :
reprenant les termes mêmes de des Grieux, elle examine sa conduite passée avec rigueur (l.
13-14). De là l’emphase de la fin du paragraphe, où Manon prend les accents d’une héroïne
tragique : « ... une malheureuse... qui ne payerait pas bien de tout son sang... la moitié des peines
qu’elle vous a causées ». Les « larmes » qui accompagnent son discours ne sont pas feintes, car
elles coulent « en abondance » et accompagnent, soulignent, soutiennent l’expression du repentir.
Dans ce paragraphe également, il y a une gradation : l’émotion de Manon, et l’effet qu’elle produit
(l. 23-24) sont toujours plus intenses.
C’est donc une Manon nouvelle qui apparaît, non pas une jeune femme conduite par son seul
penchant au plaisir, qui lui faisait voir avant tout sa seule et immédiate satisfaction, mais une
amante toute dévouée à celui qu’elle aime, véritablement mue par la compassion puisque ce sont
les malheurs et les sacrifices de des Grieux qui l’étonnent et la bouleversent (l. 18-20). Désormais,
et les dernières paroles rapportées de Manon dans l’extrait le prouvent (l. 29-30), c’est une
amoureuse idéale qui parle et agit, non plus une maîtresse charmante mais toujours susceptible
d’inconstance. Les ultimes péripéties prouveront la sincérité de cette confession, Manon n’hésitant
pas à fuir avec son chevalier, ni à affronter la mort. Cette séquence contraste avec l’épisode du
prince italien, au début de la seconde partie du roman, où Manon avait prouvé certes son amour
pour des Grieux mais avait montré par la suite qu’elle restait corruptible – puisqu’elle ne reculait
pas devant l’idée de se donner au jeune G... M... afin de profiter de ses fabuleux présents. Au
contraire, dans l’épisode américain, Manon est absolument fidèle et meurt pour des Grieux.
On notera enfin, et c’est ce qui explique le caractère un peu troublant de cette confession, que
Manon brosse un portrait particulièrement élogieux de des Grieux, parlant de son « prodigieux
attachement » pour elle, de sa « bonté extrême », des sacrifices qu’il a consentis pour elle (l. 20).
En somme, des Grieux est une sorte de Christ de l’amour, qui s’est dévoué jusqu’au bout pour une
femme dont la légèreté et l’ingratitude la rendaient pourtant indigne d’une telle passion. En retour,
donc, Manon se sacrifie elle aussi, en commençant par s’oublier (je veux dire : par ne plus songer
à ses plaisirs, à sa satisfaction à elle d’abord et avant tout). Il n’est pas certain qu’un amour fondé
ainsi sur le repentir, qui place Manon dans une position d’obligée, soit une position inégale par
rapport à des Grieux, soit idéal. Toutefois, c’est traditionnellement, dans la littérature romanesque
européenne, la manifestation la plus émouvante du sentiment, de l’attachement et du dévouement
amoureux.

Conclusion : ce texte vaut pour la confession et la conversion à l’amour vrai qu’il contient ; il
révèle un changement profond de Manon, qui devient une héroïne sentimentale, noble, se
préparant (pour ainsi dire) à une sortie tragique. Il fallait que Manon s’élevât ainsi au rang des
amoureuses marquantes de la littérature romanesque pour marquer profondément les mémoires.
Ce texte vaut également pour la pause heureuse qu’il apporte dans une intrigue pleine de
rebondissements. La fin de l’ouvrage n’en sera que plus tragique – à la fois terrible et émouvante.
Enfin, cet extrait conforte le lecteur dans l’idée que les deux héros sont essentiellement
innocents et que les malheurs qu’ils ont connus sont dus aux circonstances, à un entourage
corrompu et corrupteur.

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