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A la gloire du Grand Architecte de l’Univers

L’humilité

Avant de commencer mon propos sur le sujet qui nous intéresse ce midi, je me
suis posé la question, de savoir pourquoi le Vénérable Maitre m’avais donné
un tel sujet. En règle générale le vénérable maître donne ce sujet de planche à
un Frère qui manque d’humilité afin qu’il mettre le doigt sur une de ses
faiblesses. Dans un premier tant mon égo s’en est senti piqué au vif, puis très
lucide sur ce manque de qualité, c’est avec discernement que j’ai accepté ce
travail, conscient de cette lacune, ce travail ne pourra que m’aider à
m’améliorer.

Je vous livre ce midi mon ressenti sur le sujet !

Je pourrais commencer cette planche par une devinette : qu’est-ce que celui
qui se vante d’en avoir, n’en possède certainement pas, et que seul celui qui
n’en parle jamais a une chance de posséder ? Vous l’aurez deviné, mes très
chers Frères, c’est le sujet que je vais aborder, l’humilité.

Règle 31 sur 33 : Accomplis ta tâche avec humilité, tu es infiniment


petit dans l’immensité de l’univers.
L’humilité a pour synonymes : effacement, petitesse, abnégation, simplicité.
.

Mes très chers frères, me trouvez-vous arrogant, fier, égocentrique,


narcissique, orgueilleux, effronté, hautin, impertinent, insolent, suffisant,
vaniteux, méprisant, dédaigneux ?

Voilà tous les contraires de l’humilité. Alors si je n’ai pas ces défauts suis-je
humble ? Si je prétends avoir de l’humilité, c’est déjà ne plus être humble car
l’humilité s’observe dans le silence gardé.

J’aurais pu commencer cette planche par une devinette : qu’est-ce que celui
qui se vante d’en avoir, n’en possède certainement pas, et que seul celui qui
n’en parle jamais a une chance de posséder ? Vous l’aurez deviné, mes biens
chers Frères, c’est « l’humilité ».
L’humilité est t’elle une simple qualité ou une vertu, je ne sais pas mais je
constate quelle n’est pas à la mode. L’aspiration à la célébrité dans un monde
assujettit à la communication, drogué au scoop quotidien fait la part belle aux
images, l’image que l’on donne de soi a pris plus d’importance que ce que l’on
est réellement. Le Narcissisme est de retour.

L’humilité vient du mot humus, la terre, d’où nous sommes issus et nous
retournons tous sans exception. Demandons-nous si l’étymologie peut nous
aider ? Le dictionnaire étymologique nous apprend que l’humilité est de la
famille de « humus », terre (labourable, fertile), au même titre que l’homme.
Son origine remonte au Xe s. du latin humelité , humilitas. L’origine du mot
homme est indo européenne « ghyom » signifiant terre. En grec khthôn – terre
et khthonios – souterrain.

Le mot humilité   est généralement considéré comme le trait de caractère d'un


individu qui se voit de façon réaliste. L'humilité s'oppose à toutes les visions
déformées qui peuvent être perçues de soi-même.

"L'homme humble ne se croit pas inférieur aux autres : il a cessé de se croire


supérieur.

Qu’est-ce que l’humilité ? Pour mieux comprendre ce terme, commençons par


définir son contraire : l’orgueil. Celui-ci est responsable de beaucoup de
misères humaines et de conflits. Si l’humilité est une qualité indissociable de la
connaissance de soi, alors l’orgueil est synonyme d’ignorance et d’illusion par
rapport à soi. L’orgueil serait donc le fruit de l’ignorance ou du mensonge. Les
personnes humbles ne se déprécient pas, elles sont plus présentes à elles-
mêmes, et le regard qu’elles portent sur elle est plus affûté.

Ne pas confondre humilité et modestie


La modestie joue souvent à l’humilité, mais, au contraire de l’humilité, elle est
extérieure et en surface. L'humilité, elle, est intérieure et profonde. Au mieux,
la modestie est de l’ordre des bonnes manières. Ce qui fait d’ailleurs qu’une
personne intérieurement humble peut parfois paraître arrogante dans sa façon
de s’exprimer. La modestie, implique parfois, un art de la superficialité, voire
peut-être même de l’hypocrisie ou de l’inauthenticité.
La grande force de l’humilité est qu’elle rend caduc le besoin de se leurrer ou
de leurrer les autres. Elle nous enseigne à comprendre nos erreurs pour mieux
les éviter à l'avenir. 
L’humilité est le contre poison de l’orgueil, c’est la base de toute véritable
grandeur, c’est la vertu lucide de celui qui sais ne pas être Dieu. Sentiment, état
d’esprit de quelqu’un qui a conscience de ses insuffisances, de ses faiblesses et
qui est porté à rabaisser ses propres mérites.

Quel sens donner à notre initiation si ce n’est vivre en nous même notre
petitesse, comprendre que rien n’est acquis, qu’il faut tout remettre en
question (mort et renaissance) admettre que nous sommes le microcosme de
l’univers. Ce constat n’est pas difficile. Ce qui l’est, en revanche, c’est de
l’admettre ouvertement. L’admettre ouvertement cela engage : à patiemment
travailler à l’édification de son temple intérieur, douter et accepter le doute
comme voie de progrès, comme seule arme contre l’arrogance des certitudes
et des satisfactions à court terme prometteuses de lendemains finalement bien
trompeurs. C’est sortir de son image conventionnelle, celle qu’il nous est
agréable de transmettre, pour se regarder en face dans le miroir de nos actes,
de nos pensées et accepter de rompre nos liens avec elle. Admettre, ce n’est
pas de la psychologie, encore moins de la psychanalyse, au contraire, c’est
accepter et pouvoir entretenir avec soi-même une relation non maladive, loin
de toute thérapie, c’est rechercher l’équilibre de l’esprit à travers une
conscience claire de l’immanence de l’homme, parcelle de l’univers : Tout est
dans tout, ce qui est en haut est en bas.

L’humilité est le principe même de l’action ! Aucun franc-maçon ne peut se dire


humble s’il ne vit pas cet abaissement intérieur qui conduit à mettre en relation
la partie et le tout, l’homme et l’univers, l’homme et le néant, le chaos et
l’ordre avec pour objectif de construire. De se construire, à travers
l’élaboration de son propre édifice, participer à la construction de celui de ses
semblables. Réciproquement, l’humilité c’est aussi savoir et accepter que
d’autres travaillent à notre profit, à notre édifice, car on peut retirer trop de
vanité à croire que les relations humaines sont univoques et que nous sommes
suffisamment forts pour donner sans recevoir. L’homme ne pouvant vivre seul
doit accepter sa dimension sociale et l’importance des échanges qu’il retire de
sa situation dans le groupe. Le nier c’est s’isoler et se faner ou, alors, sombrer
dans la paranoïa, la mégalomanie ou le despotisme.

L'humilité n’est pas non plus la négation de soi.


C'est la capacité à une grande qualité de présence dans une attitude
respectueuse où l’on n'a pas besoin de prouver qu'on existe. Certains, en effet,
ont besoin d’une tribune pour exister, ils mélangent connaissance et savoir.

Traiter de l'humilité, c'est toucher un point sensible de notre Ego. Elle nous
oblige à sonder des profondeurs qui touchent à une intimité enfouie parfois
même jusque dans notre subconscient. L’humilité est ce sentiment qui consiste
d’une part à prendre conscience de ce que nous sommes, et d’autre part nous
accepter ainsi comme point de départ vers notre perfectionnement,.

Le Franc-maçon et capable de reconnaître ses erreurs, celles qui heurtent les


hommes, il connaît ses fragilités, ses défauts, ses limites, il a retiré le bandeau,
le voile qui lui masque la vérité. Il ne se déprécie pas pour autant, il  a appris à
faire son devoir, à être persévérant dans l’action et fidèle a ses convictions, à
ce que lui dicte sa conscience. Il a fait son propre examen, le bilan de ses
qualités et de ses défauts. Parvenu à s’accepter tel qu’il est en paix avec lui-
même et peut vivre avec les autres, qui le reconnaissent comme un des leurs.

Un franc-maçon va chercher dans l’autre ce qui lui est rendu accessible par
l’humilité de chacun. Ainsi les différences qu’elles soient sociales, politiques ou
philosophique n’existent plus et les échanges se font dans la pureté de la
réflexion de chacun en balayant les filtres rencontrés classiquement dans la vie
profane. Le franc-maçon n’est ni juge ni censeur envers son frère mais un
humble référent dans lequel il pourra puiser les valeurs nécessaires à une
progression intellectuelle sereine et bien éclairée.

Nous avons tous connu, lors de notre toute première entrée dans le temple, une
entrée nous obligeant à courber l’échine. Est- ce par ce premier symbole que la
franc-maçonnerie souhaite accueillir le futur apprenti en lui révélant que la
première des qualités du franc-maçon est l’humilité.
Etre humble, c'est lâcher prise, laisser faire les choses. L'humilité est donc un
signe de grandeur. L'humilité rend digne de confiance et capable de s'adapter.
Devenir humble permet de grandir dans le cœur de chacun. Une personne
incarnant l'humilité s'efforcera d'écouter les autres et de les accepter.
L'humilité colore l'attitude, le regard, les paroles et les relations de celui qui
l'exerce. Une personne humble peut effacer la colère de quelqu'un en quelques
mots. Un mot prononcé avec humilité a plus de sens que mille autres, parce
qu’aux flots des mots, le silence observé est expression plus remarquable. Par-
delà les flots des relations humaines, l'humilité est le phare qui nous montre la
voie. Pour reconnaître ses signaux, l'écran de l'esprit doit être clair. L'humilité
confère la faculté de percevoir les situations, d'identifier les obstacles ainsi que
leurs causes, et de rester silencieux. Exprimer une opinion avec humilité
implique un esprit ouvert, qui reconnaît ses qualités, ses forces et sa sensibilité,
ainsi que celles des autres. L’humilité est fort recommandée dans le quatrième
livre des Lois de Platon; il ne veut point d’orgueilleux, il veut des humbles. C’est
notre démarche de Maître qui nous permettra de tendre vers ce but. Nous
paraissons et il nous faut être, mais pour y arriver combien d’efforts pour
vaincre cette dualité, mourir et puis renaître afin que l’orgueil cède le pas à
l’humilité. N’est-ce pas la première leçon que nous enseigne la maçonnerie,
quand, confinés dans un réduit obscur, on demande la mort du vieil homme
pour que puisse naître le nouvel initié, de l’ombre à la lumière, le chemin va
être semé d’embûches que nous devrons enjamber pour être humble et éviter
l’humiliation de la chute.

L’humilité n’est pas un don, c’est un jardin qui se cultive sans cesse, où il faut
tous les jours extirper les mauvaises herbes même celles qui nous paraissent
souvent jolies, comme la flatterie, la gloire passagère, la richesse matérielle.
Extraire le virus de l’orgueil, là est la source, obstacle au réel règne de
l’humilité.

Le Franc-maçon sait qu’il a le devoir de se perfectionner sans cesse, sa joie est


la conscience que l’homme est perfectible, que les richesses de son cœur sont
immenses. Sa récompense c’est de s’approcher des autres et de les aimer pour
se qu’ils sont, différents de soi.

La capacité à rencontrer les autres et à se rencontrer soi-même dans une


dimension profonde et respectueuse. C’est une forme d’apprentissage de la
liberté. L’humilité nous permet de nous placer en condition de pureté et
d’innocence et en revenant à la simplicité du plus jeune âge réaliser la
recherche désintéressée du vrai. Mais il ne s’agit pas de ne rencontrer que soi
même. La connaissance que l’on a de soi doit mener vers l’autre.

Permettez-moi de compléter ma réflexion par une citation de Saint-Exupéry,

Dans Pilote de guerre, réfléchissant sur le problème de l’humilité, il nous dit : 


‘’Je comprends le sens de l’humilité. ’’ Elle n’est pas dénigrement de soi. Elle est
le principe même de l’action. Si, dans l’intention de m’absoudre, j’excuse mes
malheurs par la fatalité, je me soumets à la fatalité. Si je les excuse par la
trahison, je me soumets à la trahison. Mais si je prends la faute en charge, je
revendique mon pouvoir d’homme. Je puis agir sur ce dont je suis. Je suis part
constituante de la communauté des hommes ". C’est simple et limpide. Si je me
prends en charge, si je le revendique ce qui fait de moi un homme libre, si j’agis
et réfléchis, si je m’inscris dans la communauté de mes semblables et si, au lieu
d’excuser mes faiblesses, je les reconnais, si je n’ai pas recours à la fatalité
mais, au contraire j’œuvre sur moi-même alors je suis un maillon de la chaîne
et je m’inscris parmi mes frères dans le Grand-Œuvre.
L’humilité ainsi comprise et vécue est bien le principe même de l’action et
devient une vertu essentiellement maçonnique.

Pour conclure

C’est notre démarche de Maître qui nous permettra de tendre vers ce but.
Nous paraissons et il nous faut être, mais pour y arriver combien d’efforts pour
vaincre cette dualité, mourir et puis renaître afin que l’orgueil cède le pas à
l’humilité. Il n’y a pas de choses qui se réalisent sans difficultés, la rose est
d’abord une tige fournie d’épines, ensuite elle donne une des fleurs les plus
convoitées.

Le franc-maçon-maçon doit être vigilant, l’orgueil rôde toujours propre à


flatter l’architecte couronné de la gloire de son travail, le temple de pierres, le
temple matériel n’est pas la Jérusalem céleste, celui qui n’a pas connu la chute
ne connais pas la joie du relèvement.

Pour conclure, je dirais il est grand l’homme qui se sait petit.

Avec humilité, J’ai dis

William Mazzolini le 01 juillet 6020

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