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L’humilité
Avant de commencer mon propos sur le sujet qui nous intéresse ce midi, je me
suis posé la question, de savoir pourquoi le Vénérable Maitre m’avais donné
un tel sujet. En règle générale le vénérable maître donne ce sujet de planche à
un Frère qui manque d’humilité afin qu’il mettre le doigt sur une de ses
faiblesses. Dans un premier tant mon égo s’en est senti piqué au vif, puis très
lucide sur ce manque de qualité, c’est avec discernement que j’ai accepté ce
travail, conscient de cette lacune, ce travail ne pourra que m’aider à
m’améliorer.
Je pourrais commencer cette planche par une devinette : qu’est-ce que celui
qui se vante d’en avoir, n’en possède certainement pas, et que seul celui qui
n’en parle jamais a une chance de posséder ? Vous l’aurez deviné, mes très
chers Frères, c’est le sujet que je vais aborder, l’humilité.
Voilà tous les contraires de l’humilité. Alors si je n’ai pas ces défauts suis-je
humble ? Si je prétends avoir de l’humilité, c’est déjà ne plus être humble car
l’humilité s’observe dans le silence gardé.
J’aurais pu commencer cette planche par une devinette : qu’est-ce que celui
qui se vante d’en avoir, n’en possède certainement pas, et que seul celui qui
n’en parle jamais a une chance de posséder ? Vous l’aurez deviné, mes biens
chers Frères, c’est « l’humilité ».
L’humilité est t’elle une simple qualité ou une vertu, je ne sais pas mais je
constate quelle n’est pas à la mode. L’aspiration à la célébrité dans un monde
assujettit à la communication, drogué au scoop quotidien fait la part belle aux
images, l’image que l’on donne de soi a pris plus d’importance que ce que l’on
est réellement. Le Narcissisme est de retour.
L’humilité vient du mot humus, la terre, d’où nous sommes issus et nous
retournons tous sans exception. Demandons-nous si l’étymologie peut nous
aider ? Le dictionnaire étymologique nous apprend que l’humilité est de la
famille de « humus », terre (labourable, fertile), au même titre que l’homme.
Son origine remonte au Xe s. du latin humelité , humilitas. L’origine du mot
homme est indo européenne « ghyom » signifiant terre. En grec khthôn – terre
et khthonios – souterrain.
Quel sens donner à notre initiation si ce n’est vivre en nous même notre
petitesse, comprendre que rien n’est acquis, qu’il faut tout remettre en
question (mort et renaissance) admettre que nous sommes le microcosme de
l’univers. Ce constat n’est pas difficile. Ce qui l’est, en revanche, c’est de
l’admettre ouvertement. L’admettre ouvertement cela engage : à patiemment
travailler à l’édification de son temple intérieur, douter et accepter le doute
comme voie de progrès, comme seule arme contre l’arrogance des certitudes
et des satisfactions à court terme prometteuses de lendemains finalement bien
trompeurs. C’est sortir de son image conventionnelle, celle qu’il nous est
agréable de transmettre, pour se regarder en face dans le miroir de nos actes,
de nos pensées et accepter de rompre nos liens avec elle. Admettre, ce n’est
pas de la psychologie, encore moins de la psychanalyse, au contraire, c’est
accepter et pouvoir entretenir avec soi-même une relation non maladive, loin
de toute thérapie, c’est rechercher l’équilibre de l’esprit à travers une
conscience claire de l’immanence de l’homme, parcelle de l’univers : Tout est
dans tout, ce qui est en haut est en bas.
Traiter de l'humilité, c'est toucher un point sensible de notre Ego. Elle nous
oblige à sonder des profondeurs qui touchent à une intimité enfouie parfois
même jusque dans notre subconscient. L’humilité est ce sentiment qui consiste
d’une part à prendre conscience de ce que nous sommes, et d’autre part nous
accepter ainsi comme point de départ vers notre perfectionnement,.
Un franc-maçon va chercher dans l’autre ce qui lui est rendu accessible par
l’humilité de chacun. Ainsi les différences qu’elles soient sociales, politiques ou
philosophique n’existent plus et les échanges se font dans la pureté de la
réflexion de chacun en balayant les filtres rencontrés classiquement dans la vie
profane. Le franc-maçon n’est ni juge ni censeur envers son frère mais un
humble référent dans lequel il pourra puiser les valeurs nécessaires à une
progression intellectuelle sereine et bien éclairée.
Nous avons tous connu, lors de notre toute première entrée dans le temple, une
entrée nous obligeant à courber l’échine. Est- ce par ce premier symbole que la
franc-maçonnerie souhaite accueillir le futur apprenti en lui révélant que la
première des qualités du franc-maçon est l’humilité.
Etre humble, c'est lâcher prise, laisser faire les choses. L'humilité est donc un
signe de grandeur. L'humilité rend digne de confiance et capable de s'adapter.
Devenir humble permet de grandir dans le cœur de chacun. Une personne
incarnant l'humilité s'efforcera d'écouter les autres et de les accepter.
L'humilité colore l'attitude, le regard, les paroles et les relations de celui qui
l'exerce. Une personne humble peut effacer la colère de quelqu'un en quelques
mots. Un mot prononcé avec humilité a plus de sens que mille autres, parce
qu’aux flots des mots, le silence observé est expression plus remarquable. Par-
delà les flots des relations humaines, l'humilité est le phare qui nous montre la
voie. Pour reconnaître ses signaux, l'écran de l'esprit doit être clair. L'humilité
confère la faculté de percevoir les situations, d'identifier les obstacles ainsi que
leurs causes, et de rester silencieux. Exprimer une opinion avec humilité
implique un esprit ouvert, qui reconnaît ses qualités, ses forces et sa sensibilité,
ainsi que celles des autres. L’humilité est fort recommandée dans le quatrième
livre des Lois de Platon; il ne veut point d’orgueilleux, il veut des humbles. C’est
notre démarche de Maître qui nous permettra de tendre vers ce but. Nous
paraissons et il nous faut être, mais pour y arriver combien d’efforts pour
vaincre cette dualité, mourir et puis renaître afin que l’orgueil cède le pas à
l’humilité. N’est-ce pas la première leçon que nous enseigne la maçonnerie,
quand, confinés dans un réduit obscur, on demande la mort du vieil homme
pour que puisse naître le nouvel initié, de l’ombre à la lumière, le chemin va
être semé d’embûches que nous devrons enjamber pour être humble et éviter
l’humiliation de la chute.
L’humilité n’est pas un don, c’est un jardin qui se cultive sans cesse, où il faut
tous les jours extirper les mauvaises herbes même celles qui nous paraissent
souvent jolies, comme la flatterie, la gloire passagère, la richesse matérielle.
Extraire le virus de l’orgueil, là est la source, obstacle au réel règne de
l’humilité.
Pour conclure
C’est notre démarche de Maître qui nous permettra de tendre vers ce but.
Nous paraissons et il nous faut être, mais pour y arriver combien d’efforts pour
vaincre cette dualité, mourir et puis renaître afin que l’orgueil cède le pas à
l’humilité. Il n’y a pas de choses qui se réalisent sans difficultés, la rose est
d’abord une tige fournie d’épines, ensuite elle donne une des fleurs les plus
convoitées.