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Bulletin de la Société

préhistorique de France

Informations scientifiques et notes brèves

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Informations scientifiques et notes brèves. In: Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 55, n°1-2, 1958. pp.
14-40;

doi : https://doi.org/10.3406/bspf.1958.3630

https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1958_num_55_1_3630

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14 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE

INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET NOTES BRÈVES

I. REPONSES ET DISCUSSIONS
1 — On nous signale que « l'Apollon des Ouled Naïl » publié par
P. Bellin (Bull. Soc. préhist. />., LIV, 1957, 5-6, pp. 299-306; cliché III des
planches h. -t.) n'est pas inédit, puisqu'il a été publié par G. B. M.
Flamand dans le t. XXV de Г Anthropologie, 1914.
2 — H. J. Hugot (Alger) nous fait observer, à propos des objets en T
(P. Saumagne, ibidem, 9, pp. 470-471) que le point essentiel serait de
savoir si le n° 3, provenant de Troussencourt (Oise), a des coches avec
traces d'écrasement, tandis que pour les nos 1 et 2, le seul fait qu'elles
portent sur le tranchant de fines ébréchures d'utilisation les rejette dans
le contexte d'une industrie à revoir pour détermination. Notre Collègue
H. prépare une étude sur les pièces en T et en Y.

II. COURTES COMMUNICATIONS

I —- Roger Agache (Villers-Bretonneux), délégué de la S. P. F. pour la


Somme, Rapport pour 1957.
Les vieux quartiers d'Amiens ont été complètement détruits pendant
la dernière guerre. Quelque 8.000 puits de fondations ont été creusés.
M. Vasselle, constamment sur place, les a observés avec minutie (1). Il
a pu ainsi relever le plan parfaitement géométrique de la ville gallo-
romaine. Il a précisé les rétrécissements successifs de la ville après
chaque destruction et noté l'emplacement de la bourgade gauloise sous
l'actuel quartier Saint-Jacques. C'est là qu'a été découvert un trésor
monétaire gaulois.
La reconstruction étant en voie d'achèvement, de nouveaux quartiers
s'étendent à la périphérie et couvrent, à nouveau, des gisements
préhistoriques. De vastes bâtiments se sont élevés cet été, sur la Haute Terrasse
de la Somme à Saint-Acheul à quelques centaines de mètres de la
carrière Bultel-Tellier. D'autres travaux doivent commencer
prochainement plus au Nord; ils permettront de compléter les observations faites.
Plusieurs carrières ont cessé d'être exploitées récemment à Montières-
Etouvie. Bourdon, Mautort. Cette dernière extraction, riche en Acheuléen
(cf. collection Aufrère, Musée d'Abbeville), offrait la particularité d'être
un des rares gisements paléolithiques connus dès les premières recherches
préhistoriques et encore accessibles aujourd'hui.
Rappelons que c'est sur l'intervention de M. Aufrère, directeur de la
circonscription, que ces dernières années la carrière de Cagny-la-Garenne
a cessé d'être exploitée et que la carrière Carpentier à Abbeville a été
couverte et protégée.
D'autres extractions se sont ouvertes sur la rive droite de la Somme,
près d'Argceuves. Comme c'est souvent le cas sur ce versant, les lœss
y sont très atypiques : à grosses granules de craie. Les industries lithi-
ques (Levalloisien ancien, Levalloisien supérieur, et rarissimes bifaces
acheuléens), peu abondantes, deviennent de plus en plus rares au fur et
à mesure que les extractions s'éloignent du fleuve. Ce gisement fera
l'objet d'une note ultérieurement.
Signalons que la seule carrière subsistant à Daours (chemin de La-
motte) offre le plus remarquable ensemble de lœss récents que l'on
puisse voir actuellement dans la vallée de la Somme. A leur base,
M. Courteville a récolté une belle industrie moustérienne de tradition
acheuléenne.

(1) Cf. les études détaillées publiées périodiquement dans les Bulletins
de la Société des Antiquaires de Picardie.
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II — Bellin Paul, (Fort-de-Polignac) nous prie de présenter les objets
suivants :
a) Pierre polie (il se refuse à utiliser le terme hache) en jadéite,
découverte à Chomérac (Ardèche), dans les « Grads » au quartier de
Rochecourbière, par le jeune Bernard Aubert qui la lui a remise (long. :
47 mm, larg. : 25 mm, épais. 14 mm).

Fig. 1. — En haut, Gravure sur œuf d'autruche [grossi 3 fois].


Fig. 2. — En bas. Relevé d'un bovidé gravé déposé à Fort-de-Polignac
(Tassili n'Ajjer) [réduit au 1/8] [cf. § II].

b) Fragment de coquille d'œuf d'autruche gravée, à motifs scalari-


formes, que lui a remis le lieut. Olivier. Il provient de Edjelé, en bordure
des Irharharene, dans l'erg Bourharet (Fig. 1).
c) Relevé d'un bovidé gravé, déposé à Fort-de-Polignac (Tassili
n'Ajjer). C'est une plaque rocheuse, vraisemblablement détachée dJune
paroi, rapportée par des Sahariens de la Compagnie méhariste du Tassili
(lieu du gisement et nom de l'inventeur inconnus). La gravure est en
trait continu peu profond, la queue seule est en trait pointillé et
l'extrémité en est piquetée (Fig. 2).
— Notre collègue fait don à la S. P. F. des pièces a) et b) et nous l'en
remercions vivement
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Fig. 3. — Art schématique de la grotte du Loup, Saint Laurent-sous-


Coiron (Ardèche) — En haut, photo I : Figurations humaines
schématiques; en bas, photo. II : Symbole mâle. [cf. § III].
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(li-otte du 1.(Ш|). Kn haut, photo III : (iroix. symlxiles sexués; en has.


photo IV : main droite «glissée» et croix cf. S III!.
r"-"tte du Loup. — Fn h, t ,

Ici. s Щ
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III — Id., L'art schématique de la Grotte du Loup, Saint-Laurent-sous-
Coiron (Ardèche).
La Grotte du Loup s'ouvre, à Saint-Laurent-sous-Coiron, dans les
plateaux calcaires qui s'étendent entre les formations volcaniques du
Coiron et la plaine d'Aubenas. Les peintures qu'elle renferme ont été
découvertes fortuitement par les enfants de l'école. L'attention des
préhistoriens a été attirée sur ces manifestations d'art schématique par
notre Collègue M. Manuel Sierra-Salvado et par moi-même.
Les peintures. A quelques dizaines de mètres la grotte se termine par
une sorte de crypte où sont situées les peintures les plus belles. Dans
le fond de la crypte, exactement en face d'un grand rocher plat, de ce
fait mises en valeur, sont les figures de la photographie I, de très loin
les plus nettes et d'exécution la plus soignée. J'insiste beaucoup sur le
soin que les préhistoriques ont apporté dans le choix de l'emplacement
de ces symboles qui leur confère une importance extraordinaire. Il s'agit
de figurations humaines schématiques peintes en noir — toutes les
peintures de la Grotte du Loup sont noires. Le symbole de droite est
mâle; une particule s'étant détachée de la paroi, il n'est pas possible
de préciser si le symbole de gauche est masculin ou féminin. Sur la
paroi à droite du rocher plat sont des croix et la figure de la
photographie II qui est un symbole mâle. La croix, symbole asexué, est
l'aboutissement d'une schématisation extrême de la représentation
humaine. Sur la paroi de gauche est une figure associée à une main
apposée. A gauche, avant la crypte, part une galerie où sont plusieurs
mains apposées, associées ou non à des croix.
L'association des peintures et des mains. A Saint-Laurent-sous-Coiron,
les figurations humaines schématiques sont accompagnées d'empreintes
de mains noires. Dans une lettre de septembre 1954, M. l'Abbé Henri
Breuil me fait remarquer qu'il a, à diverses reprises, dans ses années
d'exploration, vu de telles mains noires et qu'il n'en a pas tenu compte,
là où le sol était de cette teinte, considérant que ces empreintes pouvaient
résulter de l'apposition, peut-être fortuite, de mains accidentellement
souillées. Pour M. le Pr Louis-René Nougier, qui est venu à Saint-Laurent-
sous-Coiron en 1956, la richesse limitée de la Grotte du Loup autorise à
associer les mains et les figures. En fait cette association n'est nullement
hypothétique. Elle est démontrée par le fait que les mains sont le plus
souvent à proximité des peintures. Si les trois mains « glissées », situées
au fond de la galerie de gauche, à proximité d'un puits de quelques
mètres, (photographie VI) sont indépendantes, dans cette même galerie,
une main droite « glissée » est associée à des croix, comme on peut le
voir sur la photographie IV. Sur la paroi à gauche des symboles de la
photographie I, une main gauche, celle de la photographie V, est associée
à une figuration humaine schématique.
Les mains et le problème qu'elles posent. Nous avons vu à Saint-
Laurent-sous-Coiron au moins six empreintes de mains. La main de la
photographie IV est une main droite; celle de la photographie V est
une main gauche; il est impossible de préciser la nature des mains de
la photographie VI. Cette précision a son importance car, dans l'art
pariétal du Paléolithique supérieur, c'est presque toujours la main gauche
qui est figurée.
Les empreintes de mains de la Grotte du Loup sont « glissées ». C'est
particulièrement net pour celles de la photographie VI, ça l'est encore
pour celle de la photographie IV. Toutes sont « positives », c'est-à-dire
obtenues directement par l'apposition contre la paroi rocheuse de mains
préalablement enduites de colorant. Les empreintes de mains sont
particulièrement nombreuses dans l'art paléolithique à ses débuts. Il y en a
150 dans la seule Grotte de Gargas, qui sont pour la grande part «
négatives », « empreintes réservées au centre d'une tache noire ou rouge »
selon l'excellente définition du Dr Edouard Drouot. Mais les mains «
positives » sont rares et l'on n'en trouve guère précisément, à l'exception
de la main rouge d'Altamira, que dans le Gard et en Ardèche où il y en
a 9 à la Grotte Bayol, 5 à Baume Latrone, 1 à Ebbou et au moins 6 à la
Grotte du Loup. A Baume Latrone elles sont associées à des peintures du
début de l'Aurignacien, que le Comte Bégouën considérait comme étant
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peut-être les plus anciennes que nous connaissions. Tardivement la main
sera encore figurée au Magdalénien, mais stylisée en un râteau à 5 dents.
Que dire alors des empreintes de mains «positives» de la Grotte du
Loup qui sont associées à des figurations humaines schématiques du plus
pur style ibérique de l'Enéolithique-Bronze I?
Je fais mien le point de vue de M. le Pr Louis-René Nougier qui
m'écrivit après sa visite de 1956 : « L'apposition d'une main sur une
paroi est geste relativement simple, et je ne crois pas que ce simple geste
nous autorise à placer Saint-Laurent dans le Paléolithique supérieur.
Ce serait de l'Aurignacien??? Je crois, sur mes souvenirs, que les
peintures de Saint-Laurent sont post-paléolithiques, ce qui n'enlève rien à
leur grand intérêt scientifique ». Mais la présence de mains positives
à coté des figurations humaines schématiques explique que M. Max
Escalon de Fonton ait pu écrire des peintures de la Grotte du Loup,
qu'il ne connaissait que par nos relevés, qu'elles sont probablement
aurignaciennes.
L'unité du schématisme ibérique. L'identité de style des figurations
humaines schématiques de Saint-Laurent-sous-Coiron avec celles de Pefia
Tu (Asturies), des grottes Chuchy et Dalger (Var) et de la Grotte Gilles
à Saint-Marcel d'Ardèche, est absolue et donne une idée très précise de
l'unité du schématisme ibérique. Ce sont d'ailleurs les petits bonshommes
peints en rouge découverts par M. Gilles à Saint-Marcel-d'Ardèche qui
sont les moins proches des symboles de Saint-Laurent-sous-Coiron, du
fait qu'ils sont figurés de profil comme l'indiquent le dessin du visage et
la saillie des fesses.
De nombreux correspondants ont souscrit à l'appartenance des
stylisations de la Grotte du Loup au schématisme ibérique, notamment
M. le Pr Maurice Louis qui attira mon attention sur les peintures
schématiques de la Grotte Gilles, le spéléologue M. Norbert Casteret qui
rapproche mes pétroglyphes anthropomorphes de certaines figures de la
Grotte de Saint-Rémi de Provence ou de la Grotte du Destel dans les
gorges d'Ollioules, et notre Collègue le Dr Jean Arnal qui insiste sur la
ressemblance étonnante des symboles de St-Laurent avec ceux de l'Abri
Hilaire, du Trou Nicole et de la Grotte Dalger. Le Général Manhès note
que les relevés que je lui ai transmis sont très voisins des croquis
schématiques d'Espagne et traités, comme ces derniers, avec un parti-pris
absolu de schématisme pur dont il se demande le motif. Notre Collègue
M. Edmond Vignard et M. le Pr Marc-R. Sauter me donnent raison de
situer les peintures de Saint-Laurent plus tard que le Paléolithique;
M. le Pr Raymond Vaufrey pense qu'elles sont postérieures à l'Age du
Bronze et peut-être même à l'Age du Fer. M. le Pr Louis-René Nougier,
après avoir noté que ces figurations sont très schématiques, remarque
qu'elles rappellent beaucoup d'une part, les stylisations de certains
galets aziliens et, d'autre part, les stylisations humaines tardives
d'Espagne. Il estime que, compte tenu de la localisation, on peut être en
présence d'un Mésolithique attardé ou même d'un Néolithique-Enéoli-
thique. Il me renvoie à M. Sans-Martinez qui publia récemment les
peintures de la Grotte de la Vache, en Ariège, lesquelles se datent du Bronze.
Il voit dans ces symboles une « vieille tradition mésolithique, perdurant
au Néolithique et peut-être au Métal». J'ai déjà donné, dans la
Correspondance de la S. P. F., le point de vue de notre président d'honneur
M. l'Abbé Henri Breuil qui m'écrivait au moment de la découverte :
« Les figures que vous me transmettez ressemblent, en très simple, à
des figures humaines schématiques, telles qu'il y en a, ordinairement
en rouge, sur les roches peintes néolithiques-énéolithiques d'Espagne.
Dans les vieux caractères chinois, des figures humaines sont de ce genre,
mais asexuées. » En fait, nous sommes très près d'une écriture
idéographique.
La place de la Grotte du Loup dans l'art schématique. L'art franco-
cantabrique fait concevoir l'existence de relations culturelles de part et
d'autre de la chaîne des Pyrénées dès le Paléolithique supérieur. Depuis
que les fouilles de M. l'Abbé André Glory dans le Var ont permis de dater
les figurations humaines schématiques du type des peintures de la Grotte
du Loup, on peut affirmer qu'à l'Enéolithique-Bronze I la France
méridionale et l'Espagne connurent une grande unité de civilisation. De Pena Tu
au Monte Bego en passant par les cavernes ornées de Sainte-Eulalie, en
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Ariège, Chuchy, Neukirch et Dalger, dans le Var, on a de l'expansion du
schématisme ibérique l'idée d'une traînée littorale. De cette voie
principale se détache une ramification que M. l'Abbé André Glory a reconnue
jusqu'à Collias, dans le Gard, et M. le Prof. Maurice Louis jusqu'à la
grotte Gilles à Saint-Marcel d'Ardèche. Cette voie d'expansion secondaire
aboutit, dans l'état actuel de nos connaissances, à la grotte du Loup qui
apparaît comme une véritable marche du schématisme ibérique, lequel,
né dans le bassin de la Méditerranée, trouve peut-être son origine en
Afrique du Nord où les figurines de la Cheffia, dans la région de La Galle,
publiées récemment par notre Collègue M. Jean Morel, sont très voisines
de celles de la grotte du Loup. [Les photographies sont de Guy Ron-
dreux.]
IV ■—■ Abbé Henri Breuil, membre de l'Institut (Paris). Hache à douille
avec anneau, en fer, de La Tène III. Comme je visitais, de temps en temps,
la briqueterie de Fitz-James (Oise) pour y récolter les silex taillés leval-
loisiens, qui s'y rencontrent à divers niveaux du lœss récent, et que j'avais
découverts le premier à la fin du dernier siècle, j'y rencontrai, dans une
partie récemment exploitée par les ouvriers, la hache en fer qui fait
l'objet de cette courte communication. — C'était, je pense, peu avant la
guerre 1914-18. Je donnai, peu après, cette pièce à mon cousin Bernard
Bottet, actuellement fixé à Nice, et qui l'y conserve dans sa collection (1).

Fig. 4. — Hache à douille en fer, avec anneau; La Tène III; Fitz-James


(Oise [cf. § IV].

Il s'agit d'une hache à douille ronde (de 0,042 m de diamètre), à taillant


très évasé d'environ 0,12 m, et longue de 0,135 m. La douille en est
réalisée en rabattant (plus parfaitement que dans les exemples figurés
par Déchelette p. 135 de la troisième partie de son Manuel d'archéologie
préhistorique) les côtés vers le centre (Fig. 4).

(1) Une brève communication a été lue sur cet objet, en mon nom, au
cours de la séance du 14 mai 1933, à la Société Archéologique et Historique
de Clermont-en-Beauvaisis.
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Cette hache présente aussi deux autres particularités : une petite bélière
(cassée) pour fixer un lien renforçant la solidité de l'emmanchement. —
Une série de cannelures transversales sur la face opposée, probablement
destinées à empêcher une ligature de glisser.
Cette trouvaille isolée d'un objet appartenant à la période III de
La Tène en fait un objet, peu différent comme âge, de la campagne de
César contre les Bellovaques, dont le pont de fascines de Breuil-le-Vert —
Breuil-le-Sec, sur le marais de la Brèche, monument désormais célèbre,
est un important témoignage.
V — J. Briard (Rennes), A propos des relations de la Bretagne et de
la Normandie au Bronze Ancien. L'attention a été attirée par le Bull. Soc.
préhist. fr. sur les poignards de type breton du Bronze Ancien trouvés en
Normandie. Tout d'abord J. R. Maréchal a utilement complété l'étude des
poignards de Longues (Calvados) autrefois publiés par G. Villers, en
donnant des photographies et surtout les analyses spectrographiques d'une
hache et d'un poignard de cette sépulture, actuellement déposés à la
Bibliothèque Municipale de Bayeux (1).
J. Courtois a ensuite republié les dessins des trois autres poignards de
Longues déposés au Musée d'Evreux, puis donné la liste des poignards de
ce type rencontrés en Normandie. Un poignard provient de « Saint-Maclou,
tranchée du Chemin de Fer, 1880»; il est également déposé au Musée
d'Evreux. Une autre lame des collections du Musée des Antiquités
Nationales est originaire de l'Eure. Enfin cet auteur, rappelant le mobilier d'un
tumulus de Beaumont-Hague, conclut en soulignant les « étroites relations
de la Bretagne et de la Normandie au Bronze Ancien (2).
A propos du poignard de Saint-Maclou que J. Courtois hésitait à
localiser précisément (Eure ou Seine-Maritime?), le Dictionnaire
Archéologique de la Gaule, Epoque Celtique, t. II, 1921, p. 541, signale à Saint-
Maclou, canton de Beuzeville (Eure), la découverte en 1886 d'une lame de
poignard, effectivement lors des travaux du Chemin de Fer; c'est donc de
cette localité que doit provenir le poignard retrouvé par J. Courtois.
Quant à Beaumont-Hague (Manche), il n'y a pas en cette localité un
seul tumulus, mais un ensemble de tumulus et de tombelles, débordant
d'ailleurs sur les communes voisines : à l'anse d'Ecalgrain un premier
tumulus fut fouillé sans résultats (?) en 1810; en 1850 sur la lande des
Hogues un second tumulus livra une dizaine de pointes de flèches; en
1851, au même endroit, un troisième tumulus fut détruit et l'on recueillit
une « épée en bronze » de 40 cm de longueur et 5 cm de largeur à la base
et une dizaine de pointes de flèches; d'autres groupes de tombelles
existaient dans les environs (un groupe de neuf sur la lande de Jobourg) ;
l'une située à Sainte-Croix-Hague aurait fourni un vase grossier sous une
petite chambre en four (3). Certaines tombes ont d'ailleurs pu appartenir
à d'autres époques, mais au moins les deux qui ont livré pointes de flèches
et poignard devaient se rapprocher des tombes du Bronze Ancien d'Armo-
rique occidentale. De tout cet ensemble il ne subsiste actuellement que
des traces, les tombelles ayant été plus ou moins bouleversées ou même
détruites lors des travaux de fortification de la dernière guerre. Quant au
mobilier, nous n'en avons retrouvé au Musée de Cherbourg qu'une pointe
de flèche, que nous avons pu examiner de près grâce à l'amabilité de
notre Collègue A. Bogard. Cette pointe de flèche est triangulaire, à large
base et pédoncule pointu; les retouches en sont assez fines mais elle
s'éloigne cependant des types bretons classiques de la Première Série des

(1) J. R. Maréchal. — Nature des objets protohistoriques trouvés à


Longues (Calvados). Bull. Soc. préhist. fr., LUI, 1956, pp. 682-684.
(2) J. Courtois. — Normandie et Bretagne à l'Age du Bronze Ancien.
Ibid., LIV. 1957, pp. 142-145.
(3) L. Coutil. — Inventaire des découvertes d'archéologie
préhistorique en Normandie. Bull. Soc. Normande d'Et. Préhist., III, 1895, pp. 118-
124.
C. Renault. — Inventaire des découvertes préhistoriques et gallo-
romaines faites dans les environs de Cherbourg. Cherbourg, 1880, p. 5.
H. Jouan. - — Les monuments mégalithiques des environs de Cherbourg.
Matériaux..., XII, 1881, pp. 359-360.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 21
Tumulus, où l'on trouve, et dans deux cas seulement (tumulus de Keru-
zoret en Plouvorn, Finistère, et de Cruguel en Guidel, Morbihan) des
pointes de flèches triangulaires à base plus étroite et pédoncule plus
mince et dégagé, comme le montre la figure jointe (Fig. 5).
Les poignards du Bronze Ancien de Normandie sont des trouvailles spo-
radiques difficiles à mettre en parallèle avec les ensembles de Bretagne
ou du Wessex. Mais leur présence est fort intéressante et il est utile d'en
signaler tous les cas. Comment expliquer cette présence? Dans son étude
sur les poignards français de l'Age du Bronze Ancien, N. K. Sandars avait
rapproché ceux de type breton de ceux du groupe Main-Oder-Elbe et avait
cherché des jalons entre les deux zones (4). Les lames indiquées étaient
celles de Donauberg à Haguenau (Bas-Rhin), mais la languette typique
manque; de la Seine à Paris; de Hervelinghen (Pas-de-Calais) et de
Longues (Calvados). A Hervelinghen sept tumulus avaient été fouillés
par L. Cousin en 1863 et l'un d'eux a fourni un petit poignard
triangulaire de 16,5 cm de long et 5 cm de large, orné de huit traits parallèles
aux bords. A cette liste on peut sans doute aussi ajouter les poignards
trouvés à Epône (Seine-et-Oise), au tumulus de la Garenne (lames de 32
à 40 cm) en compagnie d'objets romains provenant d'une réutilisation
du tumulus (5).

Fig. 5. — Types de pointes de flèches des sépultures armoricaines. —■


1, Type ogival court, présent dans un peu moins du tiers des cas;
2, type ogival long, dans les deux tiers des cas; 3, type triangulaire,
rare, deux cas seulement; 4, pointe de flèche triangulaire atypique
d'un tumulus de Beaumont-Hague (Manche), Musée de Cherbourg, [cf.
§ V].
On peut remarquer que ces lames se trouvent pour la plupart le long
des côtes de la Manche (Beaumont-Hague, Longues, Saint-Maclou,
Hervelinghen), ou ont pu pénétrer à l'intérieur par les grands cours d'eau
(Seine). Or la dernière tendance concernant l'origine de la civilisation
des tumulus armoricains, comme d'ailleurs pour celle du Wessex, est
d'y voir un peuplement d'origine européenne septentrionale, la principale
voie de passage étant la Manche [affinités avec les civilisations des
Haches de Combat et des Tombes Individuelles mises en évidence par
S. Piggott et N. K. Sandars; affinités avec la civilisation de la Saale et
de la Wartha pour V. G. Childe; affinités anthropologiques du squelette
de Kergoniou en Guissény (Finistère) vers un type protonordique
soulignées par P.-R. Giot (6)]. Il se peut par conséquent que des établisse-
(4) N. K. Sandars. — Daggers as type fossils in the French Early Bronze
Age. Institute of Archaeology. Annual Report, 1950, pp. 44-59. — Bronze
Age Cultures in France. Cambridge, 1957.
(5) L. Coutil. — L'Age du Bronze dans le Calvados. A.F.A.S., Reims,
1907, p. 952, note 2.
(6) V. G. Childe. — The Dawn of European Civilisation. Londres, éd.
de 1957.
P.-R. Giot. — Qui a introduit la civilisation du Bronze Ancien en
Armorique? XVe Congrès Préhistorique de France, Poitiers, 1956.
22 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ments secondaires se soient établis le long du littoral de la Manche,
pour une courte durée, expliquant ainsi les sépultures sporadiques de la
Normandie et du Pas-de-Calais.
Enfin il serait incomplet d'oublier, dans cette question des relations
Bretagne-Normandie, les Iles Anglo-Normandes. En effet de beaux vases
armoricains typiques ont été trouvés à Jersey (La Hougue de Millais et
le Mont-Ubé), et tant à Jersey (La Ville-ès-Nouaux, où d'ailleurs fut
recueillie une anse de pot) qu'à Guernesey (Le Creux des Faies) et qu'à
Aurigny (où un tumulus a d'ailleurs fourni un poignard, sans doute de
type triangulaire), on a plusieurs exemples de tombes rectangulaires à
murs de pierres sèches coiffés d'une dalle et recouverts d'un tumulus,
donc des monuments analogues aux tumulus armoricains (7). Là il s'agit
d'un phénomène différent, phénomène en retour montrant que, même
lors de la Seconde Série des Tumulus armoricains, la Manche restait une
zone de courants de peuplement et de commerce.
VI — Cordier Gérard (Beaulieu, I.-et-L.), Un nouvel instrument
perforé en Vendée. La collection Lucien Rousseau contient, entre autres
pièces néolithiques et chalcolithiques vendéennes, un instrument perforé
inédit, que l'amabilité de Mme Rousseau nous permet de faire connaître
ici. Cette pièce porte le n° 802 de la collection, numéro référant à un
catalogue très méthodique où L. Rousseau avait porté la mention
suivante, accompagnée d'un croquis :
« Cheffois, 1939, hache-marteau perforée trouvée par M. Anquin, de la
Charrière, dans sa vigne aux Gardes. Porphyrite augitique. »

5cm

Fig. 6. — Pic-marteau de Cheffois. [cf. § VI].

(7) The Archaeology of the Channel Islands :


Vol. I (T. D. Kendrick), The Bailiwick of Guernsey. Londres, 1928.
Vol. II (J. Hawkes), The Bailiwick of Jersey. Jersey, 1937.
SOCIETE PREHISTORIQUE FRANÇAISE 23
Dimensions : Longueur, 107.5 mm; largeur max., 44,5 mm; épaisseur
max., 30 mm. Perforation biconique, régulièrement traitée; diamètre min.,
18 mm; diamètre max., 33 mm (Fig. 6).
La pièce évoque celle du dolmen de Bougon (Deux-Sèvres) (1), dont elle
donne l'impression d'une imitation maladroite. Le renflement médian,
élégamment marqué sur celle de Bougon, est ici ébauché asymétrique-
ment sur une face sans affecter le contour, ce qui donne à la pièce une
allure hybride très spéciale. S'agit-il d'un instrument inachevé? Notons
que Cheffois n'est séparé de Bougon que par une soixantaine de
kilomètres. Des pièces de même genre existent également en Anjou. Comme
l'avait fait remarquer Desmazières (2), la désignation de
«pics-marteaux » leur conviendrait mieux que celle de « haches-marteaux » qui leur
est généralement attribuée. C'est en effet une pointe mousse et non un
tranchant qui est opposé au « marteau ».

MAI NE.- EX- LOI RE.

DEUX
^ S ЕЛ/RES

Fig. 7. — Répartition des instruments perforés en Vendée


(d'après les notes du Dr Baudouin) [cf. § VI].

Le Dr Marcel Baudouin a déjà signalé, dans diverses notes, une


douzaine de localités vendéennes ayant livré des instruments perforés :
— L'Aiguillon-sur-Vie. Moitié d'une bipenne en diorite; longueur totale
probable : 180 mm (C) (3).
■— La Jaudoniiière. Hache-marteau (non décrite) (B).

(1) Original au musée de Niort, moulages au musée de Saint-Germain


(n° 5061) et au musée des Antiquaires de l'Ouest à Poitiers. Figures dans
Manuel de Déchelette, t. I, p. 517, n° 3 (légende erronée) et dans « la
Préhistoire» (par A. Rio, dans l'Encyclopédie par l'image Hachette),
p. 38, n° 1.
(2) Bull. Soc. Préhist. /т., XV, 1918, p. 524.
(3) Les lettres A, B, C, D renvoient à la bibliographie ci-après.
24 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
— La Roche-sur-Yon. Bipenne (A). Longueur : 160 mm (D).
—- Le Martinet. Moitié de bipenne; longueur totale probable: 160 mm (C).
— Le Champ-Saint-Père. Grande bipenne naviforme décorée; longueur :
190 mm, musée Dobrée à Nantes (A).
-— Saint-GHles-sur-Vie. Moitié de bipenne à décor « en fond de bateau »,
longueur totale probable : 140 mm (B).
-- Sciint-Hihrire-de-Talmont. Hache-marteau (A).
-- Saint-Martin-de-Brem. 1) Moitié de bipenne décorée (type du Champ-
Saint-Père), longueur totale probable : 150 mm (A) ; 2) Fragment de
hache-marteau (A).
— Sáint-Mesmin-le-Vieux. Hache-marteau (A).
— Saint-Urbain. Hache-marteau, musée Dobrée à Nantes (A).
— Soullans. Belle hache-marteau (A) (D).
Soit, avec Cheffois, un total de treize instruments, chiffre qui ne
représente sans doute qu'un minimum, un certain nombre d'autres pièces,
présumées vendéennes, ayant été publiées sans indications de
provenances.
Bibliographie.
Baudouin (Dr M.). — A. Le casse-tête naviforme du Champ-Saint-Père
et ceux de Vendée. Bull. Soc. préhist. fr., XII. 1915, pp. 291-302.
B. Découverte d'un nouveau casse-tête
naviforme en Vendée : casse-tête de la Belle Etoile à Saint-Gilles-sur- Vie,
ibid., XX, 1923, pp. 170-172.
C. Découverte de deux casse-tête à perforation
et tranchants en Vendée, ibid., XXVI, 1929, pp. 267-270.
m; GuiGNAim de Germond. — D. Quelques casse-tête et haches-marteaux
de Vendée, ibid., XXXIV, 1937, pp. 373-379.

VII — Dreyfus. M1Ie M.-C. (Paris), Etude typologique de l'outillage


lithique du néolithique à l'âge du bronze. La méthode que nous avons
suivie pour étudier l'outillage lithique du néolithique à l'âge du bronze
comprend deux parties, l'une analytique et l'autre synthétique; l'analyse
des différents outils, définis avec précision, est fondée sur une adaptation
au néolithique de la liste-type de G. Laplace-Jauretche (3) groupant les
types d'outils par technique et consiste à déterminer à l'aide de
pourcentages l'évolution et la répartition des diverses industries (1). Ainsi
que G. Laplace-Jauretche l'a montré, on peut reconnaître un substrat
composé de formes de base et un ensemble de pièces élaborées et
temporaires, ces groupes interférant ou non.
On peut distinguer ainsi les types suivants : 1) Groupe des burins :
bwins dièdres (droit, d'angle sur cassure, déjeté) ; burins non dièdres
(sur cassure, sur troncature droite concave ou convexe, Noailles, plan,
...nucléiforme) ; burins multiples. — 2) Groupe des grattoirs : a) grattoirs
longs (en bout, en bout et à retouches latérales); b) grattoirs courts
(front droit, front droit et retouches latérales, circulaire : circulaire,
circulaire à base rétrécie, doubles, unguiforme) ; e) grattoirs massifs
(caréné, museau, nucléiforme-rabot). — 3) Groupe des tronqués : a) éclat
ou lame à troncature droite, b) à troncature oblique. — 4) Groupe des
pièces à dos abattu : a) pointe à dos partiel, b) à dos total, c) à dos et
à base aménagée, d) pointe à deux dos, e) fléchette, f) pointe ou lame à
dos abattu et à cran, g) lame ou lamelle à retouches abruptes sur un bord,
h) à retouches abruptes sur deux bords. — 5) Groupe des pièces
tronquées et à dos abattu : a) lame à dos et troncature droite, b) oblique,
c) lame à dos et bitronquée, d) pointe à dos et troncature. — 6) Groupe
des géométriques : a) demi-lune, b) triangle scalène, с) triangle isocèle,
d) pointe de Sauveterre, e) trapèze étiré, /) pointe de Vielle, g) trapèze à
troncature concave, h) trapèze régulier. -- 7) Groupe des flèches à
retouches abruptes : a) flèche tranchante triangulaire, h) flèche
tranchante trapézoïdale. — 8) Groupe des pièces à retouches envahissantes :
a) flèches tranchantes : triangulaire ou trapézoïdale, uniface ou biface,
b) flèches perçantes : flèche losangique uniface ou biface, c) pointe à face
plane, d) pointe lagozzienne à base droite ou concave, e) à base convexe
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 25
ou pédonculée, /) pointe foliacée à base droite ou concave, g) à base
convexe ou pédonculée, h) pointe pédonculée (à coches basales), i) pointe à
pédoncule et aileron ogivale, j) triangulaire, A-) pointe à pédoncule et
barbelures, l) «poignard», m) pointe de lance. ■— 9) Groupe des tran-
chets : a) tranchet à retouches abruptes, b) tranchet à retouches
envahissantes uniface, biface, tranchet double. — 10) Groupe des ciseaux : a)
ciseau tranchant, b) ciseau double. — 11) Groupe des haches : a) hache
tranchante triangulaire, trapézoïdale, b) hache perçante.
Le substrat est composé des formes suivantes : 1) Groupe des pics .-
a) pic à face plane, b) pic polyèdre, c) pic polyèdre à talon globuleux. —
2) Groupe des pointes et perçoirs : a) pointes» à retouches bilatérales,
b) pointes à retouches bilatérales et base aménagée, c) perçoirs et micro-
perçoirs, d) perçoirs biseautés. — 3) Groupe des denticulés : a) lame à
coches latérales, b) lame denticulée, c) lame ou éclat à coche en bout,
d) éclat denticulé. — 4) Groupe des lames: a) lame ou lamelle à retouches
partielles, b) lame ou lamelle à retouches continues. — 5) Groupe des
éclats : a) éclat à front droit, b) éclat à front droit et retouches latérales,
c) racloir droit ou convexe, d) biface.
Parmi les outils de ces groupes, certains (grattoirs, burins, perçoirs)
ont été définis avec précision par Mme de Sonneville-Bordes et J. Perrot;
pour les autres formes nous préparons un lexique typologique (4).
La représentation par des histogrammes et des graphiques cumulatifs
des résultats obtenus montrera de quel faciès industriel il s'agit, à
caractères régressifs ou adaptés selon l'importance relative du substrat. La
synthèse interviendra ensuite afin de comparer plus facilement divers
gisements appartenant au même faciès ou afin de suivre l'évolution
d'un même faciès grâce à des gisements d'époque différente. Elle utilisera
une autre liste-type groupant les outils communs au même faciès et en
mettant en évidence les caractères précis d'une civilisation par une série
d'indices typologiques (pourcentage d'un type d'outil par rapport à un
autre ou à la somme des autres) et techniques (2). Des applications de
cette méthode à l'étude de l'outillage de quelques gisements campigniens
sont en cours.
BIBLIOGRAPHIE GENERALE
1. F. Bordes. — Principes d'une méthode d'étude... L'Anthropologie,.
LIV, 1950. n° 1-2. pp. 19-34.
— L'évolution buissonnante des industries... L'Anthropologie, LIV»
1950. n° 5-6, pp. 393-420.
F. Bordes et M. Bourgon. — Le complexe moustérien... L'Anthropologie,
LV, 1951.
2. M. Escalon de Fonton et H. de Lumley. — Quelques civilisations de
la Méditerranée septentrionale... Bull. Soc. préhist. fr., LU, 1955, n" 7„
pp. 379-392.
— les industries à microlithes géométriques. Bull. Soc. préhist. fr.,
LI, 1954, n° 3-4. pp. 164-167.
3. G. Laplace-Jauretche. — Application des méthodes statistiques à
l'étude du mésolithique. Bull. Soc. préhist. fr., LI, 1954, n° 3-4, pp. 127-
139.
— Typologie statistique et évolution des complexes à lames et
lamelles. Bull. Soc. préhist. fr., LUI, 1956, pp. 271-290.
— Les industries de Roch'Toul et de Parc-ar-Plenen en Guidait
(Finistère). Bull. Soc. préhist. fr., LIV, 1957, n° 7, pp. 422-438.
4. D. de Sonneville-Bordes et J. Perrot. — Lexique typologique du
Paléolithique supérieur. Bull. Soc. préhist. fr.. LI. 1954, pp. 327-335;
LU, 1955, pp. 76-79; LUI, 1956, pp. 408-412; LUI, 1956, pp. 547-559.
VIII — Duteurtre Marcel (Le Havre), délégué pour la Seine-Maritime-
Travaux notés pour les années 1956-1957.
Paléolithique. Clacto-Abbevillien : grandes pièces du Grand Banc et du
Casino (Louis Cayeux, Jean Guyader, Marcel Duteurtre).
Base de la terrasse d'Ingouville à la plage. Travaux d'un grand
collecteur d'égouts — Ancien sol avec pièces acheuléennes et moustériennes —
Ossements divers (Louis Cayeux) — Petit biface de la fin de l'AcheuL
(Jo. Gréget).
26 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Sainte-Adresse. La Corvée — Le Dollemard — Bifaces Acheul., pointes
et lames Levallois (L. Cayeux, J. Guyader).
Forêt de Montgeon. Champ Cavelier, beau biface Acheul. — Cimetière
Nord, éclats et lames Levall., pointes Moust. (L. Cayeux).
Harfteur-La Brèque à cheval sur la limite Le Havre-Harfleur, dans le
cailloutis séparant le vieux lœss de l'ergeron — Pointes Moustériennes,
éclats divers. — Dans un lambeau de boue Glaciaire très compact,
nombreux éclats concassés et outils de l'Acheul., Tayacien et Levallois,
récoltes J. Guyader, Marcel Duteurtre. Station en voie de disparition*
Penly entre Dieppe et Le Tréport. A mer basse par grandes marées,
cailloutis fluviatiles par longs placards à la zone des laminaires —
fragments de pièces de l'Acheul., Moust., Levallois — quelques-uns assez
roulés •— probablement en provenance de l'ancien lit de la Somme
(Jean-Jacques Marguerite, Marcel-René Duteurtre).
Rouen. Bihorel et Mont Saint-Aignan, très beaux bifaces, amandes
finement taillées et très belles pointes Moust. Lames Levall. (Marc Allais).
Vieux Campignien, Camp de pentes, stations de plein air et Chalcoli-
thique de tradition Camp.
Dans le Bec-de-Caux, nombreux travaux et publications de Louis
Cayeux à la S. P. F. — Soc. Normande d'Etudes Préhistoriques — à la
Société Géologique de Normandie — « Le Pré-campignien du Pays de
Caux et ses origines probables » — « Campignien de la Plaine de Gommer-
ville » — « Etude sur les vases ou lampes naturelles » (S. P. F.). Ces
géodes ouvertes et aménagées sont très nombreuses dans nos stations de
la région du Havre. Les Sapinières (Duteurtre, L. Cayeux), le champ de
Courses (Duteurtre), pentes de Rouelles une très belle (Jean Lachastre),
Rolleville, avec un trou latéral, calciné tout autour (Duteurtre). en
dehors du Bec-de-Caux, géode entièrement décortiquée, très belle pièce
(Marc Allais), Saint-Martin-de-Boscherville.
— «Le Campignien de Saint-Romain» (Jean Guyader).
Stations nouvelles offrant des occupations du début du Campignien au
Chalcolithique ■— Bec de Mortagne — pentes à droite de la route vers
Annouville (Marcel Duteurtre) — Raffetot et Yebleron (Mme Paul Fenestre)
sur les terres des « deux Portes » — Veauville-les-Baons, Campignien à
larges débitages en silex noirs, lames très épaisses - — champs du Château
au lieu-dit « Les Mottes » (Mlles L. et Chr. Queval).
La Corvêe-Dollemard. « Une cabane Campignienne en place » — « La
Grande Mare », station pré-campignienne (Louis Cayeux) — Campignien
et Néo. de tradition campignienne, trois habitats (J. Guyader).
Foucart. Ferme du Château, trois occupations dont une en silex gris
noir — les terres sont riches en pointes de flèches (Pierre Servain).
Saint-Martin-de-Boscherville. MM. Marc Allais et Guy Delattre :
nombreuses occupations de pentes boisées — débitages en tas de grande
épaisseur — du vieux Campignien au Chalcolithique — quelques beaux
outils de taille très soignée.
Penly, grosses occupations en haut de la falaise —• débitages sur
enclume et au percuteur de pierre — à droite et à gauche de la valleuse
jusqu'à Biville — grattoirs très grossiers, lames épaisses —■ nombreux
•éclats utilisés (équipe Duteurtre).
La nouvelle étude de notre Collègue Louis Cayeux fait mieux
comprendre la complexité du Campignien qui paraît s'être développé sur
place dans sa phase la plus ancienne, gardant des affinités du Paléo.
moyen et supérieur — avec de nombreux débitages sur enclume —
-grandes pièces avec racloir, pointes, gros tranchoirs qui rappellent les
pièces du Moustérien ■— des lames épaisses, des burins et des lames
longues et fines à affinités Aurign. et Magd., le tranchet classique est
absent, c'est un très vieux Campignien — puis sous l'influence de
populations venues du Nord-Est par le bord de la mer s'est modifié à
plusieurs reprises — plus tard des peuplades Venues du Sud et du Sud-Est
avec des outillages plus réduits, plus soignés donnant le Chalcolithique
de tradition Campignienne.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 27
Rappelons un mot de Geo. Romain : « Les Sapinières de la Forêt de
Montgeon pourraient bien représenter le Magdalénien normand. »
Ce qui fait mieux comprendre la tendance, de certains de nos Collègues,
à vieillir des stations de surface considérées comme campigniennes.
Il y a encore beaucoup à faire, c'est ce qui me paraît en constatant
la foi et l'énergie au travail des L. Cayeux, Jean Guyader, Pierre Servain
pour le Bec de Caux et Marc Allais, Guy Delattre et Delattre fils pour
les environs de Rouen.
IX — Lemozi, Chanoine A. (Cabrerets), Gravure d'équidé sur
fragment osseux, provenant de l' Abri-sous-roche de Murât, Lot.

- r \ Ce
Fig. 8. — Gravure d'équidé sur fragment osseux, abri sous roche de
Murât (Lot); magdalénien supérieur [relevé A. Lemozi] [cf. § IX].
Cette gravure figure au Château-Musée de Cabrerets sous le n° 866
(collection Abbé Lemozi).
Sur la surface bombée d'un fragment de canon est habilement gravé
un petit poulain, représenté au trot, crinière au vent. Ce desssin est une
stylisation accusant un sens profond d'observation, un sentiment
pénétrant de la vie animale dans ce qu'elle a de plus pittoresque et de plus
mouvementé. En quelques traits simples, sobres, l'artiste, aussi bien
que l'instantané, a su traduire l'impression que laisse dans l'œil et dans
l'esprit la vision rapide d'un poulain sauvage, qui va disparaître derrière
un rocher ou dans la broussaille. Cette dernière impression acquiert une
particulière acuité du fait que l'image a été gravée à l'extrémité de l'os.
Bref, c'est une excellente synthèse du mouvement, une représentation
aisée et réaliste d'un jeune équidé qui se sauve en cabriolant.
La gravure, qui a été recueillie dans le niveau P, à proximité d'un
harpon bituberculé, appartient au magdalénien supérieur.
28 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
X — de Marnhac, M"e (Marvejols), Un menhir situé sur un point
culminant de l'Aubrae.
Le plateau d'Aubrac situé dans le Massif Central, en partie dans le
département du Cantal, en partie dans le département de FAveyron et
enfin dans le département de la Lozère, est un massif basaltique mélangé
par endroits avec des blocs granitiques qu'on trouve tantôt à un niveau
inférieur au basalte, tantôt sur des sommets.
Sur ce plateau composé d'immenses pâturages et de forêts de hêtres,
on rencontre plusieurs petits lacs que l'on dit très profonds. L'un d'eux,
nommé Saint-Andéold a été pendant très longtemps un lieu de
pèlerinage très fréquenté. Saint Grégoire de Tours en parle dans un écrit
intitulé « De gloria beatorum confessorum, cap. II, in libro VII miraculo-
rum ». Il raconte qu'il y avait là un lieu de culte dont le lac était l'objet
et où tous les ans se réunissaient les populations des environs. On s'y
livrait à de véritables orgies, et le christianisme, pour essayer de faire
disparaître cette superstition, construisit près du lac une petite chapelle
dont on montre quelques vagues traces et qui subsista jusqu'au
xvine siècle.
Certaines pratiques païennes subsistèrent également pendant très
longtemps, ainsi, il était d'usage de jeter dans le lac diverses offrandes et
particulièrement les pièces de monnaie, de vieilles gens se rappellent
encore l'avoir fait eux-mêmes. Quant à l'emplacement d'un sanctuaire
païen, personne ne l'avait jamais retrouvé. La tradition populaire disait
qu'il y avait eu une ville à la place du lac... Le Dr Prunières avait fait
des recherches sur les bords, où on voyait encore dans ma jeunesse des
poutres qui sortaient de l'eau comme s'il y avait eu une construction
sur pilotis. Le Dr Prunières attribuait ces restes à des travaux faits par
des castors.
Près du lac, sur le côté Est se trouve un énorme plateau basaltique
très élevé, indiqué sur la carte d'Etat-Major n° 196.50 Mende, à la
cote 1232. Ce plateau se termine du côté Nord par une falaise composée
de prismes basaltiques d'une dimension gigantesque. On en voit qui,
détachés de la falaise sont tombés dans la prairie en dessous et qui ont
au moins 4 à 5 In de tour. L'un d'eux a été hissé sur le dessus du plateau,
il est couché sur le sol, je l'avais remarqué souvent en me promenant et
avais pensé que ce pouvait être un menhir. Il a 2 à 3 m de haut et le
sommet est taillé en pain de sucre, le fond est plat. Il ne doit pas être
tombé depuis longtemps car il semble qu'il y ait une trace d'emplacement
juste à sa base.
Au point culminant du plateau, un ouvrier a trouvé en creusant
quelques morceaux de briques; étonné de leur présence dans un endroit
isolé et aussi élevé, il nous l'a signalé. Nous avons fouillé à la place
indiquée et avons trouvé tout de suite des quantités de morceaux d'ex-
voto de l'époque romaine, appartenant à la statuaire populaire des
ateliers de Vichy et de Varennes-sur-Allier, représentant des dieux, des
paysans, des animaux, etc.. Nous avons découvert jusqu'ici 30 pièces de
monnaie, 17 ont été identifiées par M. Lafaurie, du Cabinet des Médailles.
Elles se répartissent sur une période allant de 17 avant J.-C. jusqu'à
353 après J.-C.
Dans une autre partie du plateau on voit des blocs de granit
émergeant du sol à une faible hauteur et formant un cercle presque parfait.
Il semble que ces pierres entourent une eminence peu élevée au-dessus
du sol et d'un diamètre d'environ 30 m. Le granit paraît avoir été
transporté sur le plateau, car il n'y en a aux alentours qu'à un niveau très
inférieur au sommet de la montagne basaltique dont nous parlons. La
présence de ces pierres et du menhir nous font supposer qu'il y avait
avant le sanctuaire gallo-romain quelque chose de beaucoup plus ancien
et dont nous espérons trouver d'autres traces.
Un autre lac situé non loin de là était dominé par un oppidum où le
Dr Prunières a découvert beaucoup d'objets, haches, silex, etc.. Plusieurs
routes dites romaines mais probablement beaucoup plus anciennes
traversent l'Aubrae à peu de distance du plateau dont il est ici question.
XI — Id., Deux (peut-être trois) oppidums du Causse de Sauveterre.
Le premier oppidum dont il est ici question est situé près du village
de Montredon à 300 m environ au Nord, à la cote 947 (Carroyage Lam-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 29
bert, 681,2 et 234,3. Carte d'Etat-Major 208 Sévérac). On y accède par un
côté, une sorte d'arête assez large et qui aboutit à l'oppidum, lequel, vu
ainsi, a la forme d'une presqu'île reliée au Massif plus important par
cette arête. Il y a là les restes d'une énorme muraille avec une entrée
Le dessus du plateau est constellé de débris de poteries néolithiques et
à l'exception de la muraille qui ferme le côté accessible, tout le plateau
est bordé par une falaise.
Le second oppidum sur lequel nous n'avons jusqu'ici pas vu de poteries
est moins sûr, mais il présente aussi l'aspect qui convient à ce genre de
camp retranché. De plus, deux puits très anciens situés à la base et
inutilisés actuellement nous font supposer que le lieu a été habité à
l'époque préhistorique. Il est situé environ à 1 km au Nord-Ouest de
Montredon. Cote 941. Carroyage Lambert, 680,3 et 125,0. Carte d'Etat-
Major 208 Sévérac.
Ces deux oppidums se trouvent très près de deux chemins de crêtes
(drailles ou drayes) jalonnés par de nombreux dolmens, tumulus, coffres,
etc., fouillés par le Dr Prunières.
Enfin le troisième oppidum se situe près du village de Maldefred. sur
un piton accessible seulement par une arête très étroite, là aussi on
retrouve sur 1/6° du périmètre du plateau les traces d'une énorme
muraille, le reste étant bordé par des falaises très hautes. Il semble y
avoir eu un chemin assez large montant en spirale jusqu'au sommet, on
en retrouve des tronçons parfaitement marqués, d'autres ont dû
s'écrouler. Le dessus est rempli de poteries, on ne peut creuser la terre de
quelques centimètres sans en trouver. Le sol par endroits présente
l'aspect de fonds de cabanes. Enfin, au bas du piton, on trouve une
source captée très anciennement.
Cet oppidum est situé à 1 km Sud Sud-Ouest de Maldefred, référence
676,5 et 230,0. Toujours sur la Carte d'Etat-Major 208 (Sévérac). Les
habitants du pays lui donnent le nom de « château ». La façon la plus
aisée d'y accéder est d'aller jusqu'au village des Vinouses et de prendre
le chemin de La Capelle qu'on quitte au bout de 2 km environ pour
prendre un sentier à gauche qui aboutit au pied de la montagne du côté
Nord. Il faut escalader une pente très raide et on retrouve à mi-hauteur
le chemin en spirale qui conduit au sommet.
XII — Id., Découverte en 1956 d'un deuxième tumulus au col de Viel-
bougue (Fig. 9).
Ce tumulus est situé en contre-bas à droite de la route de Marvejols à
Mende, à 6 ou 700 m plus bas que celui fouillé par le Dr Prunières. Il se
trouve près d'un très vieux chemin abandonné dans un terrain rocailleux
en pente assez forte (Carte d'Etat-Major : 196, Mende Sud-Est,
coordonnées : 245,3-68,2). Il a été découvert par Mlle de Marnhac et M. Alla
accompagnés de jeunes fouilleurs : MM. Jean-Louis et Gilles Roger, Paul
Talansier, Alain Tichit, etc.. En surface, se trouvaient quelques pierres
plates non taillées de 0,50 m2 environ, posées sans ordre et ne présentant
aucun caractère particulier; c'est la régularité du monticule circulaire
qui a attiré l'attention des chercheurs.
On a d'abord mis au jour la partie Centre-Est où se trouvaient les
débris de plusieurs squelettes d'adultes. Il y avait certainement pas mal
de corps, mais il est impossible de reconnaître quelque chose, étant
donné la petitesse des débris osseux. Ils avaient les pieds orientés vers
l'Est comme l'indique notre dessin. Les morceaux d'un bracelet de bronze
(bande unie de 1 cm de largeur) ont été une des premières trouvailles,
ainsi que quelques fragments de poterie d'aspect néolithique. Ensuite,
les grosses pierres plates dressées verticalement ont apparu. Sur leur
côté Sud, ont été mis au jour les débris d'un petit squelette qui, d'après
la mâchoire, doit appartenir à un enfant de 7 à 8 ans. Dans la branche
gauche de la mâchoire inférieure, la dent de lait de 12 ans est encore
nettement dans son alvéole. La première molaire permanente de 6 ans
est en place. Les dents de 9 et 10 ans ne sont pas sorties. Près de l'endroit
où était la tête se trouvaient deux vases qui ont été presque
complètement reconstitués par M. Alla. Le premier est nettement de la période
de Hallstatt I; il a environ 40 cm de haut sur 20 cm de large au niveau
de sa carène. Les ornements consistent en deux groupes, de trois raies
chacun, faites avec une cordelette. Le second n'a guère qu'un décimètre
de hauteur et a la forme d'une petite sébille plate.
30 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
En élargissant le lieu des recherches c'est-à-dire en fouillant les bords
du tumulus de l'intérieur vers l'extérieur, un vase en morceaux, de type
Hallstatt I a été découvert vers le Sud. Au Nord, des débris de poterie
noire et des tessons d'un vase épais, lisse et jaunâtre ont été trouvés,
ainsi que trois anneaux de bronze de différentes dimensions; le plus
grand peut se passer au petit doigt de la main, les deux autres sont
beaucoup plus petits.

Fig. 9. — Tumulus de Vielbougue II, lieu-dit « Lous Cresses»; diam.


6 m, profondeur 0,80 m : 1. Anneaux de bronze; — 2. Vases (vase noir
Hallstatt, cordé, et petite coupe noire; — 3. Vase Hallstatt; — 4. Débris
de bracelet bronze. En quadrillé, emplacement d'incinération, terres
rouges brûlées et charbon de bois. [cf. § XII].

Sur le pourtour, on dégage des restes d'ossements incinérés et du


charbon de bois; on en trouve d'ailleurs un peu partout. La partie Nord
semble avoir été une place à incinération étant donné le nombre de
pierres brûlées et la terre rougie et noircie par le feu. Tout le fond du
tumulus était entièrement couvert de grandes dalles bien nivelées.
Il semble qu'il y ait eu en ce même lieu, une série de sépultures :
1° Une tombe, disons dolménique, et peut-être néolithique.
2° De l'autre côté des dalles verticales, une inhumation de l'époque-
de Hallstatt; sans compter les inhumations et incinérations qu'on ne
peut identifier.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 31
On peut se référer au grand fouilleur que fut le Dr Prunières pour
chercher des analogies. En 1883, alors Président de la Section
d'Anthropologie, le Dr Prunières déclare dans une étude « sur les tumuli des âges
du bronze et du fer sur les Causses Lozériens » :
« Dans divers tumuli vierges, M. Prunières n'a trouvé au milieu du
monument, qu'une grande pierre plantée de champ avec des inhumations
à droite et à gauche. Quelquefois la cella a été vidée de tous les
enterrements de l'âge de la pierre... et l'on ne trouve plus à l'intérieur que des
squelettes entourés d'objets de l'âge du bronze... Dans le cas de
crémation, on aperçoit encore fréquemment la pratique des enterrements
successifs. »
Le Dr Prunières a donc remarqué des tumuli ayant les mêmes
caractères que celui-ci, c'est-à-dire ayant été utilisés et remaniés à des
époques successives. La place ne manquant pas sur le Causse, il est à
présumer que le lieu avait un caractère sacré.
Ce tumulus était intact, c'est-à-dire qu'il n'avait certainement jamais
été fouillé depuis l'époque de la dernière inhumation.
XIII — Nélissen A. (Hony-Esneux, Belgique), Quelques remarques sur
le passé préhistorique du «Bois des Manants» ù Tilff. (Fig. 10).

■«>-•.■ * \
TÍLFF

Cm..
Fig. 10. •— Situation du « Bois des Manants » et quelques documents
lithiques [cf. § XIII].
32 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le Rois des Manants s'étendant jusqu'aux abords des prairies
annonçant le village de Beaufays est délimité par des ruisseaux profondément
encaissés et très pittoresques : la Chawresse et le Gobry. Le premier
ruisseau joue un rôle déterminant dans l'évolution des régions
souterraines du massif de roches calcaires de Brialmont-Sainte-Amie tandis
que le Gobry au cours torrentueux disparaît dans des crevasses tout en
traversant l'ensemble géologique le plus varié de la région.
Dans le val de la Chawresse, le Trou des Mutons a été fouillé par
Comhaire principalement et on y a identifié des occupations
magdaléniennes, néolithiques et romaines. Un chantoir distant de quelques
dizaines de mètres de la sortie d'une cheminée est voisin d'une
intéressante station sauveterrienne découverte et partiellement fouillée par
nos soins, cet habitat pousse ses limites jusqu'au carrefour du Mémorial
A. Donnay. La crête prolongeant le sentier Belvédère-Mémorial (via le
Chêne des Pendus) est riche de nombreuses traces néolithiques qui se
distinguent malgré des vestiges multiples de mines de fer. Les lieux-dits
Hovade et Sart-Lemaire connurent également des implantations néoli-
thiqus de mêmes caractéristiques et sous les fougères arborescentes de la
Grande Cathédrale nous retrouvons aussi les témoignages des séjours
des populations néolithiques de tradition « Ourthe Inférieure »
(Evolution typique des tardenoisiens). Ces préhistoriques ont également circulé
et campé aux alentours de la source de Closton (près du terrain réservé
actuellement aux «Amis de la Nature») et sur la crête finissant au
magnifique point de vue du Boubou à Méry. Cette fréquentation se
prolonge bien près du pylône répartiteur de la ligne à haute tension en
bordure de l'ancien chemin de Beaufays. Non loin de là, dans une jeune
sapinière, nous avons relevé la pointe d'un biface de technique acheu-
léenne. Le récent lotissement orienté vers Beaufay a provoqué des
travaux d'aménagement où nous avons pointé la présence d'un outillage
caractérisant le paléolithique final. Plus loin, légèrement au-delà des
limites de la forêt, il se retrouve encore du néolithique à haches polies
mais l'abondance d'éolithes gêne quelque peu les prospections.
Nos recherches se poursuivent dans les futaies et les sapinières du
Bois des Manants. Ces quelques lignes ont pour but de signaler tout
l'intérêt archéologique de ce bel ensemble forestier et aussi de montrer
un bel exemple de voisinage d'un habitat mésolithique sauveterrien et
d'un chantoir, circonstance que nous relevons partout dans le terroir
Esneux-Tilff.
XIV — Id., Le Mésolithique dans la vallée de l'Ourthe. Les recherches
qui se poursuivent dans les régions dépendant de l'Ourthe inférieure
permettent de présenter quelques nouvelles constatations intéressant
l'étude des différents problèmes mésolithiques.
Nous l'avons vu précédemment, trois horizons industriels fixent les
grandes lignes technologiques ; 1°) un faciès primitif qui trouve son
inspiration dans quelques milieux du Paléolithique final régional;
2°) le sauveterrien proprement dit et enfin 3°) un aspect tardenoisien.
Actuellement nous remarquons mieux encore les relations existant
entre le régime hydrographique et l'établissement des diverses stations
principales. En comparant la situation des habitats de la première phase
il se vérifie qu'ils furent choisis de préférence dans des sites dominant
de petites vallées tributaires de l'Ourthe et ce, à une certaine distance
du confluent, dans des endroits bien ensoleillés. Ces stations furent les
bases de départ d'une civilisation prépondérante qui s'épanouit
intensément dans une contrée prédisposée géographiquement. Les traditions
sauveterriennes s'y développèrent et les multiples habitats repérés
concrétisent hautement les activités d'une population très dynamique. Les
stationnements de longue durée (et la Roche-aux-Faucons est un cas
typique) sont tous situés près de chantoirs (1). Parmi toute la zone
esneutoise il n'est pour ainsi dire aucun point d'absorption d'eau qui ne
soit accompagné de vestiges sauveterriçns. Tous les chantoirs du Fond
de Sécheval. ceux de la Magrée, les divers entonnoirs de Dolembreux,

(1) «Chantoir» est une expression locale qui équivaut un peu à nos
« avens » des Causses : ce sont des dépression absorbant les eaux de
pluies, des entonnoirs ou gouffres, dans les régions où l'eau ne s'écoule
pas en surface, mais en profondeur. N. D. L. R.
SOCIETE PREHISTORIQUE FRANÇAISE 33
d'Avionpuits et de Fontin, ceux qui épars se localisent à la limite du
calcaire et du grès entre Tilff et Méry. sont autant de points directement
en rapport avec le passé sauveterrien du territoire. Autre part, entre
Remouchamps et Louveigné, en pays de Hamoir vers Filot-Inzegotte et
Xhoris, des constats identiques se sont réalisés. Pourquoi les sauve-
terriens ont-ils particulièrement affectionné de tels sites? C'est là une
question que nous nous attachons à résoudre. Présentement les chantoirs
fonctionnent au moment de la fonte des neiges ou en période de pluies
nombreuses et spécialement après un violent orage.
Si Ton considère enfin les sites de prédilection des tardenoisiens, il se
remarque aussi une constante qui crée une tradition. Tout en recherchant
les sols fertiles des plateaux, ces mésolithiques se sont fixés plus à
l'écart de la rivière principale mais toujours à proximité de l'un de ces
ruisseaux (affluents ou sous-affluents) souvent minimes, comme on en
voit beaucoup dans l'Ourthe inférieure. Nous pensons particulièrement
aux stations de Dj'Hanvâ-Fétrihe (Dolembreux), à la source du Ry de
la Brassine, à celle de Betgné dominant l'origine du Font Bihet, aux
milieux si intenses des vallons dépendant du Ry de Mosbeux (Louveigné-
Les Forges et Trooz) et à tant d'autres habitats fréquentés aux confins du
Condroz et de l'Ardenne parmi les horizons de cette passionnante région
liégeoise qui, entre la Meuse et la Vesdre, fut la terre d'élection aes
peuplades mésolithiques.
(A toutes fins utiles voir nos remarques déjà publiées à la S. P. F.,
Bull. n« 4, 1953 — n° 9, 1956, p. 458 — n" 11-12, 1956, p. 685).
XV — Poirot G. (Pont-à-Mousson). Hache polie en trapp avec manche
en corne de cerf (Fig. 11).

HACHE POLIE. EN TRAPP


/\VEC 6ON MANCHE.
EN CORNE DE CERF
Pont Saint Vincent (ш)

[cf. § XV].

SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE


34 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Cet objet fut trouvé en 1901 à Pont-Saint-Vincent (M.-et-M.) au bas
de la Côte Sainte-Barbe, à gauche de la route Pont-Saint-Vincent-Mai-
zières-lès-Toul, à 200 m environ avant la route de la station S.N.C.F. Il
se situait à 4 m de profondeur, sous les débris d'une villa romaine
incendiée au ive siècle (1). Une route et un important remblai rendaient toute
fouille impossible. Il se compose du merrain d'une ramure de cerf dont
le premier andouiller sert de manche et porte les traces d'un polissage
par frottement sur deux de ses faces opposées; la tige centrale est évidée
pour recevoir un outil en pierre que nous avons retrouvé à proximité;
la couronne de meule est usée sur une demi-circonférence.
De pareils outils se rencontrent dans les palafittes suisses et remontent *
à la fin du néolithique; on distingue ceux qui ont été employés par des '
droitiers ou par des gauchers. Assez rare dans la région de l'Est, nous
avons pensé qu'il était de notre devoir de le publier. Il appartient à nos
collections depuis 1901.
XVI — Prévost Roland (Montréal, Canada) nous communique une
information d'agence sur le paléolithique canadien : Voici des milliers
d'années des tribus de nomades venant d'Asie cheminèrent à travers les
emplacements des glaciers qui se retiraient dans le pays qui est
aujourd'hui l'Alberta, semant le long de leur route des éclats de pierre et
quelques pointes de lances. Ensuite pendant des siècles des nomades
parcoururent ce territoire, employant des armes et des outils <Je pierre peu
différents de ceux de leurs ancêtres. Parfois, pour des raisons aujourd'hui
obscures, ces peuplades creusèrent des « caches » pour leurs outils, chacune
en contenant 8 à 12. Les savants distinguent maintenant trois périodes de
développement pour l'Alberta : le paléo-indien (le plus ancien), le
mésoindien et le néo-indien qui se termine au xve siècle ou plus tard. Une
exposition à la bibliothèque Rutherford de PUniv. d'Alberîa montre plus
de 200 outils découverts dans les plaines de la région : pointes de lances,
tessons de poterie, grattoirs, couteaux, poinçons et marteaux. A noter
particulièrement une « clovis fluted point » trouvée près de Vilna (A.) en
juin dernier, datée d'au moins 18 000 ans (?) et considérée comme la plus
ancienne trouvée en Alberta. On peut y voir aussi des exemplaires de
« pointes de l'Alberta » et de « pointes de la Rivière de la Paix » (ainsi
baptisée par les Français au xvine siècle), types inconnus dans le reste
de l'Amérique du Nord, et qui sont parmi les plus vieux spécimens de la
collection. L'exposition contient des outils à taille bifaciale trouvés dans
les «caches», jusqu'à 12 dans un seul emplacement, particulièrement
dans la région de la Rivière de la Paix (Alberta Nord-Ouest). La plupart
des objets sont la propriété de la « Glenbow Foundation of Calgary».
XVII — Richard, cap. de vaisseau R. (Plougonven, Fin.), Documents
pour servir à l'étude de la grotte du Pas de Joulié, à Trêves (Gard).
1. — Au printemps 1952, le Dr Pales, Sous-Directeur du Musée de
l'Homme, m'a demandé d'établir un relevé de la nécropole préhistorique
de Pas de Joulié, relevé destiné à faciliter l'étude par les spécialistes
qualifiés des ossements déposés en surface dans cette nécropole. Touché
par la confiance qui m'était témoignée, j'ai accepté.
2. — L'entrée de la grotte du Pas de Joulié s'ouvre sur la face Sud du
petit causse d'Esprunier, un peu en contre-bas du plateau, à 900 m à
l'Est du village de Trêves. Ce petit causse, appuyé sur les schistes
primaires des Cévennes, fait partie du Causse Noir dont il est séparé par la
large tranchée du Trévézel.
L'entrée de la grotte était connue depuis longtemps, mais jusqu'au
début du petit lac seulement. M. Charles Frayssignès. Président du
Groupe Spéléologique Alpina de Millau, est, de mémoire d'homme, le
premier à avoir traversé ce lac, le 9 mars 1952. Après une nouvelle
exploration en compagnie de quelques camarades, le 23 mars, conscient de
l'importance de sa découverte, il faisait alerter M. L. Balsan, Directeur

(1) A. Poirot. — Fouilles à Pont-Saint-Vincent et rareté des


découvertes des stations préhistoriques dans les vallées de nos régions.
Bulletin de la Société d'Archéologie lorraine, janvier 1902.
GROTTE
du
PAS de JOUL IE

Echelle:

Fig. 12. — Plan de la grotte [cf. § XVII


I
Fig. 13. — Partie du feuillet VI-VII, relevé détaillé de la grotte du
Pas-de-Joulié, à Trêves (Gard) [cf. § XVII].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 37
de la IXe Circonspection des Antiquités Préhistoriques. Il est regrettable
qu'un article relatant la découverte ait paru dès le 28 mars dans un
journal local, déclenchant la ruée d'abord de collectionneurs à la
recherche de belles pièces (craniums !). puis de chercheurs plus intéressés
attirés par les crânes et canines d'ours des cavernes. Le 3 avril, M. L. Bal-
san faisait fermer l'entrée par la pose d'une porte de fer.
3. — J'ai pu organiser trois missions sur place : du 9 juillet au Iм août
1952, du 11 au 28 août 1953 et du 19 juillet au 7 août 1954.
3.1. — En 1952. je m'étais assuré le concours de mon ami l'Ingénieur
hydrographe P. Mannevy et de mon iils Jacques. Grâce à la
bienveillance de M. l'Ingénieur hydrographe général Dyèvre, Directeur du
Service Hydrographique de la Marine et de M. l'Ingénieur
hydrographe en chef Roumégoux. Chef de la Section instruments, nous avons
pu disposer, sous la responsabilité du Directeur de la IXe
Circonspection des Antiquités Préhistoriques, d'un matériel de haute précision
et d'une grande commodité d'emploi : Théodolite Wild T 2, Stadia Invar
Wild, Niveau Wild petit modèle, Mire parlante Wild et deux pieds
s'adaptant à chacun des trois premiers appareils. P. Mannevy nous a
quittés au bout d'une semaine après avoir construit notre système de
référence, composé de 10 stations au Théodolite et 142 points
déterminés en coordonnées polaires à partir de ces stations. Jacques et moi
avons construit et dessiné le trait de topographie (au sol et à 1 m),
déterminé le nivellement du cheminement, pris et placé 70
photographies du sol.
3.2. — En 1953 et 1954, j'ai bénéficié du concours de mon frère jumeau
M. l'Abbé Marcel Richard. Chef de la Section Grecque à l'Institut de
recherche et d'histoire des Textes. Il s'était muni d'un excellent
matériel. Leica III A et Flash électronique; c'est à lui que revient la plus
grande part dans le relevé photographique du sol de la grotte. En
1953, nous avons travaillé ensemble. En 1954, après avoir organisé la
mission, j'ai dû laisser mon frère la conduire : il s'en est fort bien
acquitté et a achevé la couverture photographique du sol de la grotte
avant de quitter Saint-Jean-du-Bruel (Aveyron) où nous avions installé
chaque année notre base de départ.
En 1953 et 1954 nous avons trouvé tout le concours dont nous avions
besoin à Saint-Jean-du-Bruel.
4. — Documents. — Les documents établis à partir des éléments
recueillis au cours de nos trois missions sont actuellement entre les

mains du Dr Pales, au Musée de l'Homme. Ce sont :


4.1. — Différents 'rapports établis par mon frère (1954) ou par moi. On
y trouvera des renseignements sur nos méthodes de travail et sur la
précision que nous accordons à nos constructions.
4.2. — Le calque et des tirages d'un plan au l/100u montrant l'ensemble
de notre système de référence. (Je n'ai pas tenu compte, pour le rédiger,
des résultats du nivellement, ceci délibérément.)
4.3. — La liste des coordonnées polaires des points du système de
référence déterminés par P. Mannevy.
■1.4. — La liste des coordonnées cartésiennes des mêmes points (j'ai
poussé le calcul de ces coordonnées jusqu'au millimètre afin de ne pas
introduire d'erreur nouvelle).
4.5. ■— Les négatifs de 196 photos 6X6 (Rolleicord) et de 855 photos
24 X 36 (Leica), les agrandissements 18 X 18 et 13 X 18
correspondants à ces négatifs. Les négatifs 6 X 6 et les agrandissements 18 X 18
sont numérotés de 0 à 195. Les négatifs 24 X 36 ont été conservés en
film : les agrandissements portent le numéro du film et le numéro
d'ordre de la photo dans le film. Nous avons commis l'erreur d'annuler
les photos manquées sans les enlever, si bien que des précautions sont
à prendre si l'on veut faire reproduire une photo 24 X 36 en la
déterminant par son numéro.
4.6. — Les calques et les tirages d'un plan au 1/33° en six feuillets
(voir Fig. 12) sur lequel j'ai reporté le contour et l'essentiel du sujet
de plus de 800 photos du sol et indiqué l'emplacement et l'orientation
des autres photos (ensembles ou détails) (voir Fig. 13). Les feuillets
portent le nom des stations qui y figurent : du Nord au Sud nous
avons les feuillets I-II-III-IV, V. VI-VII. VIII, IX, IX-X.
38 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
5. — On trouvera l'essentiel de cette documentation, moins les calques
et les négatifs, à la Direction des Monuments Historiques, chez M. L. Bal-
san et à l'Université Catholique de Lille. J'ai conservé tout notre matériel
de travail et serais en mesure de fournir, en cas de besoin, des figurations
à plus grande échelle que le 1/33°.
M. L. Balsan, qui a conservé la responsabilité de la grotte jusqu'aii
début de 1955, possède une documentation personnelle très intéressante,
et a publié plusieurs articles sur la Grotte du Pas de Joulié.
En 1952, M. L. Méroc, Directeur de la Xe Circonspection des Antiquités
préhistoriques, et Mme Méroc, ont étudié les parois de la grotte. Ils y ont
vu des griffures d'ours et des traces de frottis de torches, mais ni
peinture ni gravure de facture humaine.
Les quelques ossements et « artefacts » extraits de la grotte par les
Membres du Groupe Alpina et M. L. Balsan sont conservés au Musée
de Millau (Aveyron), à l'exception d'un petit nombre d'ossements,
intéressants au point de vue paléolithique, envoyés au Musée de l'Homme.
6. — J'aurais aimé faire une quatrième mission pour boucher les blancs
partiels du relevé de 1954 et revoir l'ensemble : je dois y renoncer. Je
souhaite que la documentation que j'ai rassemblée avec l'aide de tant
de bonnes volontés soit employée et se révèle utile.
XVIII — Tamisier A. (Gargas. Vaucluse) nous adresse la carte Fig. 14
qui résume et synthétise les trouvailles H'ocres préhistoriques, au sujet
desquelles il a publié divers renseignements dans notre bulletin (XLII,
1945, p. 104; L. 1953, pp. 8 et 282; LI, 1954, p. 194; LU, 1955, p. 654). Il
remercie une fois encore les nombreux Collègues qui lui ont
obligeamment communiqué de précieux documents sur cette question.

III. INFORMATIONS LÉGISLATIVES, ADMINISTRATIVES


ET JURIDIQUES
La première chambre de la Cour d'appel d'Aix-en-Provencc, sous la
présidence de M. le premier Président Ariguier, a rendu sa sentence dans
le différend séparant notre distingué Collègue F. Benoit et M. Lallemand
(Le journal de bord de Markos Sestios). Elle confirme que : «La
composition doit être protégée au même titre que sa forme d'expression et
qu'en conséquence la protection légale doit être accordée non seulement
à l'élément purement formel d'une œuvre, mais encore aux éléments)
originaux qui en forment la structure ». En conséquence M. Lallemand.
qui s'était approprié le résultat des travaux de M. Fernand Benoit pour
écrire son livre, est condamné à lui payer 200 000 F de dommages et
intérêts.

Í IV. PRISES DE DATES


1 — Burnez Claude (Cognac, 18.2.1958), Gisement du paléo. supérieur
et du Tardenoisien en Charente (sous pli cacheté).
2 — Fritsch René (Châteauroux, 28.1.1958).
Suivant autorisation de fouiller n° 359-57 délivrée le 18 juillet 1957
j'ai entrepris de rechercher et étudier les vestiges d'un habitat « Mous-
térien de tradition acheuléenne ».
Cet habitat sera recherché dans le départ, de l'Indre, com. de Pouligny-
Saint-Pierre, lieu dit « Coteau-des-Roches », parcelle 1281 de la Section К
du cadastre. Le lieu précis comporte un talus d'éboulis devant une falaise
rocheuse percée de deux grottes principales dont les entrées sont exposées
plein Sud. Ce talus s'élève au-dessus de la route Nationale n° 750, elle-
même en bordure de la Creuse. Il a donné à divers fouilleurs précédents
des objets de l'industrie moustérienne de tradition acheuléenne, ainsi
que des vestiges d'une faune froide.
3 — Guiraud Robert (Prémian, Hérault) et Rodriguez Gabriel (Saint-
Pons, Hérault) (19.1.58) «Grotte du Poteau», sur la colline du I.auzet
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 39

Ло ush rie
'o~ Su/jcWear
fy m

Trouvai/Us dbcres

àPons,
poteries
N.
dans
Boureshes
Ensemble
4Une
Saint-Pons,
43°29'48".
—l'Aisne
Hérault.
autorisation
Hinout
et débris
Itumili
(6.2.1958)
—Hérault,
J. x(Asnières,
d'alimentation).
et
=de enceinte
670,3;
Fig.
fouille
ayant
: Seine),
14.
y va
certainement
sur
— être
= Coordonnées
151,22,
[cf.
Ensemble
la même
demandée.
§ XVIII].
lieu-dit
servi
colline
de : stations
Long.
Le
d'habitat
du
Berdoudoux.
E.Lauzet
néo.
0°26'25";
(tessons
de à surface-
Saint-
Lat.
de

II _ x = 671.3 y = 152,80, lieu-dit Le Terrier Bouteille.


III — x = 671,2 151,44, lieu-dit Les Clos du Mont.
.

Belleau I _ x = 670,6; y 153,3, lieu-dit —


5 — Rozoy Dr J. G. (Charleville, Ard.) 16.1.1958 : Méthode simple de
marquage des pièces préhist. permettant le repérage exact de toute
station française au moyen de 13 caractères, ponctuation comprise.
40 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE

V. DIVERS
1 — Notre Président d'Honneur, M. l'Abbé Henri Breuil, membre de
l'Institut, nous met en garde contre l'article publié par « Constellation »
(Janvier 1958, pp. 67-69). Il n'y a pas un mot de vrai dans son
intervention préalable dans l'affaire du Régourdou; il n'a certes pas l'accent
normand, ayant quitté sa province natale avant d'avoir atteint sa deuxième
année, et vécu depuis en Picardie et Ile-de-France. En France, il n'a
jamais fait de camping, et il ne pèse que 70 kg, n'ayant jamais dépassé
les 80 kg (1948, en South Africa). Il n'a jamais pratiqué les mœurs
Spartiates qu'on lui prête, sauf très exceptionnellement, en Espagne et
en Afrique du Sud. Bref, le tableau que l'auteur en fait ne présente
aucune ressemblance avec son modèle, et paraît l'œuvre d'un fumiste.
Il est curieux de voir des gens qui se disent journalistes se livrer à des
facéties d'aussi mauvais goût.
2 — Apparition de l'homme sur le continent américain. Daterait de
plus de 30 000 ans, d'après des fouilles dans des grottes de l'île
californienne de Santa-Rosa : des ossements d'un « mammouth nain »
porteraient des traces de cuisson attestant la présence de l'homme au paléo.
inférieur... (Le Monde, 27.12.1957). Ce journal commente en disant qu'en
général on ne faisait pas remonter la présence humaine sur ce continent
au-delà du néolithique « c'est-à-dire 10 000 ans avant notre ère »...
(Curieuse chronologie...).
3 — Fontainebleau fjrand centre préhistorique. 1820 grottes explorées
par J. Baudet, dont une centaine ont fourni d'intéressants renseignements
(gravures et peintures datant de 4000 à 40000 ans avant notre ère)
(France-Soir, 7.12.57; la Marseillaise, s. d.).
4 — Fleurac (Dordogne), Le squelette signalé n'est pas préhistorique
(Sud-Ouest, 14.1.58).
5 — Homme des neitjes (abominable) observé par le savant soviétique
Pronine (Komsomolskaua Pravda, 15.1.58) marche debout, un peu courbé,
a le corps recouvert d'une toison roussâtre et a les bras très longs
(vallée glaciaire de la riv. Baliandkik, dans le Pamir) [Figaro, 16.1.58;
Combat, id.; France-Soir, 17.13.58]. Mais le Pr Letavet, de l'Ac. des Se.
de Moscou, demande qu'une enquête soit confiée à des zoologistes
(Combat, 23.1.58).
6 — Lion-siii'-mer (Calvados), Découvertes (gallo-romaines) par notre
Collègue B. Edeine (Ouest-France, 21.1.1958).
7 — Plazac (Dordogne). Encore un squelette, avec recherches au
pendule par M. Vidal.. .(Sud-Ouest, 8.1.1958; France-Soir, 9. 1).
8 — Sahara et race blanche. Les recherches du Pr Fabrizio Mori, de
l'Institut d'ethnologie de Florence (mission de 2 mois à l'E. de Ghat:
grotte du massif de l'Acacus) ont dévoilé des peintures représentant des
blancs aux cheveux blonds, aux traits méditerranéens, et richement
vêtus (Sud-Ouest, 14.1.1958; Figaro, id.).
9 — Villars (Dordogne, 45 km. N. de Périgueux). Grotte découverte
par le Spéléo-club de Périgueux; long. 800 m, connue sous le nom du
Cluzeau; l'inventeur en serait Bernard Pierret. Gravures, dessins et
peintures dans une salle scellée depuis 30 000 ans par des stalactites;
chevaux, mammouths, anthropomorphes, ours, bison et sorcier; attribué
par notre Collègue M. l'Abbé Glory à l'aurignacien ou au périgordien.
On parle d'un aménagement prochain pour les touristes (Sud-Ouest, 21.
1.58; 22.1; Figaro, 21.1).

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