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Pour Arcésilas de Cyrène, vainqueur à la course de chars

Froidefond (p. X): "On trouve dans ce passage une idée profondément grecque, qui est métaphysique
autant qu'esthétique, à savoir que l'être est incomplet lorsqu'il n'a pas été célébré par le logos. (...)
Pindare, plus optimiste, plus humaniste, pense que l'être ne peut rester, en tant qu'être, inexprimé,
autrement dit que non seulement les dieux se réjouissent de s'entendre célébrer par le chant (qui
parfois, chez Pindare, se célèbre lui-même à travers eux, dans la Ière Pythique par exemple), mais que
le monde n'atteint sa totale perfection que grâce à la transmutation poétique. Les épinicies ont sans
doute pour rôle principal de transmuer l'exploit athlétique en une réalité plus précieuse, surhumaine,
digne d'être offerte aux dieux comme un sacrifice d'action de grâces:
citation de Ol, V, v.4-6)
poème de Simonide à Scopas: alatheos agathos
La fabrication, l'écriture, la production, le tissage d'un discours alathogène, ayant la fonction de
soustraire la valeur aux dégradations du temps, de la rendre pérenne, éternelle, d'embaumer; fonction
commémorative, anti-oubli, anti-destin du discours, qui dote l'acte héroïque de la vérité, le porte au
degré plein de l'être, lui fait accéder à la di-mension de la vérité, l'élève au plan, au statut, à l'état de
vérité.
Olympique XI, v. 4-6: "Quand le succès récompense l'effort, il faut à l'athlète les hymnes doux comme
le miel, prélude de la gloire lointaine, attestation véridique des grands exploits." (trad. Puech)
"Si quelqu'un obtient le succès grâce à sa peine, les hymnes doux comme le miel se lèvent, principe des
paroles à venir, serment qui donne des gages aux grandes valeurs."
"mais quand de haute lutte on l'emporte, les hymnes sonne-miel, début de dires futurs, lèvent gage
fidèle de grandes vaillances."(trad. Savignac)
rendre compte de la qualité propre de la parole poétique de Pindare: les prédicats qu'elle reçoit de
Pindare lui-même (thème de la douceur, image du miel) propriétés, vertu et élaboration, composition
qualité de vérité, de liberté?
une poétique de la vérité
problème de l'articulation entre le concept de vérité (reflet juste de la réalité, restitution fidèle de la
singularité, de la qualité propre de la réalité) et le concept de liberté (retournement, retroussement le
long des traits, des lignes, des contours de la chose décrite)
la parabole: discours qui fait signe vers
article EU Thesaurus: procédé populaire et oriental consistant à faire passer un message au moyen
d'une comparaison (grec parabolè)
il est possible de faire entrer les paraboles dans un vaste réseau thématique
par son caractère obscur ou du moins paradoxal, la parabole est une façon de voiler en dévoilant
(aletheia!)
d'après les recherches structuralistes, les paraboles ne sont pas d'abord des récits-illustrations, mais des
textes spécifiques, tant au point de vue syntagmatique que pour leurs structures profondes,celles-ci
entrant dans un univers textuel et sémiotique précis qui n'est pas le récit pur tel que Propp ou Greimas
notamment l'ont compris une parabole ne constitue nullement une explication mais un nouveau odage
parabolique et qu'il existe un jeu de codes particuliers ..
dans cette perspective ... des cadres formels, des arrangements de possibles, des indices de
communication, es articulations d'un vaste récit, des parts d'un ensemble textuel inattendu et inconnu
article EU Pensée médiévale: Etant donné qu'un mot peut être employé au sens propre ou au sens
figuré, la parabole nous offre, en effet, un cas exemplaire de signification littérale où, le signifié
immédiat d'une vox étant lui-même en fonction de signe, c'est seulement le signifié de ce signe et non
le signe lui-même qui constitue le sens littéral de l'énoncé qui le contient. En d'autres termes, le signifié
littéral d'une figuration n'est pas la figure elle-même, mais ce qu'elle figure
comparer avec fables
comparaison de la valeur d'un athlète à celle d'un héros, d'une lignée, d'un dieu
transmutation poétique
question de la référence
pas de parallélisme entre prose des jeux et poésie légendaire
pas de discours prosaïque ou de monde sous-jacents
la poésie de Pindare n'est pas une mimésis
c'est la parole qui structure, fonde l'être, lui donne une signification, réponse à la provocation de l'être,
précipitation sous la forme d'un discours, d'une couronne de mots de la pensée qui a grossi et que l'on
porte, d'une prégnance, les mots cristallisent une pensée poétique
exploit est le déclencheur de l'élaboration poétique, comme le grain de sable provoque la production de
nacre et la fabrication de la perle
ode est parabole de l'invisible
impossibilité d'une traduction sous la forme d'une pensée conceptuelle: il est impossible de paraphraser
une ode
Froidefond: "Nous dirons pour notre part, que si une paraphrase peut être tentée, elle devra effectuer
une détransmutation (une déconstruction, pour reprendre le terme de T. K. Hubbard) aussi difficile que
la transmutation opérée par Pindare la transmutation opérée par Pindare. Elle devra prendre en compte
non seulement les éléments gnomiques (qui ne font souvent que scander les étapes de la construction
poétique), mais aussi et surtout la thématique, structurée ou non, structurante ou non, ainsi que celles
des structures qui ont valeur de sémantèmes. Cette paraphrase ne pourra donc être que très
"argumentée" et cependant très pauvre. (p. XIII)"
tenter d'établir le principe de transmutation réalisée dans la poésie de Pindare, à quoi se reconnaît une
transmutation réussie?
vérité : la parabole (discours dérivé, parallèle), même simple métaphore permet d'identifier la qualité
propre des choses, par exemple, chaîne de montagnes= conseil de sages, pour dire la stabilité, la
sérénité, le caractère posé
liberté: le discours pindarique ménage une circulation du sens (plasticité permise par la progression
linéaire, affranchie de la temporalité, de la chronologie), peut passer l'épreuve nietzschéenne de
l'éternel retour, d'où éternité
modèle et oeuvre d'art: représentation des jeux, le poète peint-il un modèle, l'art comme mimésis, le
poète comme sculpteur, mais canons de son esthétique? classique? romantique?
modèle de Pindare: spectacle des jeux, arène? athlète vainqueur? souverain? lignée? ville? peuple?
langue? culture? famille?individu? plutôt idée, vertu, idéal, topos
peinture d'un topos, d'où pas de séquence, pas de temporalité, circulation, panorama, négation de
l'histoire, du progrès: persistance des qualités d'une famille à travers les générations, même si aléas,
revers, catastrophe
saturation sémantique, rythmique, musicale, orchestrale de la parole, gorgée de sens, de signification,
de symboles, de références, d'allusions
densité sémantique
entrecroisement des discours multiples, superposés, dissimulés, cryptés, aux destinataires multiples, qui
constituent le texte pindarique (cf recherches sur l'ambiguité chez Pindare). polyphonie, art du
contrepoint, fugue.
plutôt que saturation, élaboration d'un savant dosage, d'une formule poétique parfaite, idéale comme un
parfum inimitable, équation dans laquelle (revoir ma lettre à Frédéric sur l'air de Paris) chaque
ingrédient ajouté vient préciser la formule et la rendre idéale
ingrédients=chaque motif héroïque, mythique, élément narratif, module narratif, ou seulement trait
d'héroïsme, instantanément suggestif, compris et interprété par le public grec; recenser ces ingrédients,
en faire la typologie (séquence narrative, module, évocation d'un personnage, attribut divin, usage de la
métonymie, motifs obligés du genre lyrique, motif religieux, invocation, honneur rendu à la cité,
discours transversaux du type de la parabole, au signifié ambigu), structures signifiantes ayant une
dimension extrêmement plastique, du trait héroïque au déploiement du récit mythique, de la micro-
parabole à la parabole
tissu en 3 dimensions, réseau sphérique, symphonie, bouquet, parfum
progression thématique:
Pythique V:
polythématisme, sorte de bigarrure, nombreux personnages, irruption des personnages, effet de
surprise, hermétisme, discours codé à l’intention d'une élite partageant le même champ de références,
connivence, brio, virtuosité dans l'entrelacement, l'orchestration des thèmes
Trédé, Que sais-je ?p. 42: Aucun plan fixe ne préside à l'agencement de ces thèmes. L'ode passe avec
beaucoup de liberté d'un motif à l'autre; le poète lui-même s'en fait un mérite: "Semblables à l'abeille,
mes beaux hymnes de louange volent d'un sujet à l'autre" (Pyth., X, 53). Si l'on ajoute qu'il a le goût
des ellipses et des transitions abruptes, on comprend que certains - Voltaire est du nombre - aient été
rebutés par la complexité de ce jaillissement lyrique.
pas de plan, de schéma préétabli, forme de spontanéité, comparer avec le jazz, ou mélodie infinie de
Wagner: l'unité n'est pas calculé d'avance, seulement harmonie, équilibre entre les ingrédients, formule
s'écrit et se précise au cours du chant
seules règles: lois du lyrisme choral?

se juxtaposent les époques, les lieux, les continents, les légendes, les références, lien thématique ténu
dans une progression souvent linéaire (d'où les va-et-vient dans le temps, analepses banales, régulières:
étudier l'effet de la progression linéaire sur la temporalité du discours) :
ex. Pyth. V, parcours thématique
Arcésilas, thème constant ou dominant ou principal juqu'au vers 26
> (linéaire) Carrhôtos, constant jusqu'au v. 53
motif gnomique intercalé (inconstance de la fortune), thème: fortune de la race de Battos, v. 54-57
>(linéaire) Battos, v. 57-59
>(linéaire) Apollon, v.60-72
>(linéaire) Egides, v. 72-81
>(linéaire) Troyens, v. 82-85
>(linéaire) Battos, thème constant, v. 85-95
>(linéaire, thème de la sépulture) successeurs de Battos, v. 96-103
>(linéaire) Arcésilas, thème constant du v. 103 à la fin de l'ode, structure en boucle, anneau, cercle.

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