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Niveau : L1
Semestre 1
Prof : BALLO Drissa
Travaux dirigés
Texte 1 : Nègre
Ce que 1'on peut affirmer d'une manière certaine, c'est que le Nègre diffère essentiellement de
1 1'espece blanche, non seulement par la coloration de la peau et par les différences anatomiques
que nous avons déjà signalées, mais encore par des penchants autant physiques qu'intellectuels.
Dans 1'espece nègre, le cerveau est moins développé que dans 1'espece blanche et les
circonvolutions sont moins profondes et les nerfs qui émanent de ce centre pour se répandre
dans les organes des sens sont beaucoup plus volumineux. De là un degré de perfection bien
plus prononce dans les organes ; de sorte que ceux-ci paraissent avoir en plus ce que
l’intelligence possède en moins. En effet, les nègres ont l’ouïe, la vue, 1'odorat, le goût et le
toucher bien plus développés que les Blancs. Pour les travaux intellectuels, ils ne présentent
généralement que peu d'aptitude. Mais ils excellent dans la danse, 1'escrime, la natation,
1'équitation et tous les exercices corporels. (...) Leur tact est d'une subtilité étonnante, mais
parce qu'ils sentent beaucoup, ils réfléchissent peu : tout entiers à leur sensualité, ils s'y
abandonnent avec une espèce de fureur. (...) Mais cette supériorité intellectuelle, qui selon nous
ne peut être révoquée en doute, donne-t-elle aux Blancs le droit de réduire en esclavage la race
inférieure ? Non, mille fois non. Si les Nègres se rapprochent de certaines espèces animales par
leurs formes anatomiques, par leurs instincts grossiers, ils en diffèrent et se rapprochent des
hommes blancs sous d'autres rapports dont nous devons tenir grand compte. Ils sont doués de
la parole, et par la parole, nous pouvons nouer avec eux des relations intellectuelles et morales.
Nous pouvons essayer de les élever jusqu'à nous, certains d'y réussir dans une certaine limite.
Leur infériorité intellectuelle, loin de nous conférer le droit d'abuser de leur faiblesse, nous
impose le devoir de les aider et de les protéger.
Questions :
1. Relevez dans le texte tous les stéréotypes qui font de l’Homme noir un être primitif et
qui justifient l’expansion coloniale en Afrique noire.
2. L’entreprise coloniale, telle que présentée par Pierre, a-t-elle pour mission de ramener
le Nègre à la civilisation ?
2 C’est dire la sensibilité de l’Homme noir, sa puissance d’émotion. Mais ce qui saisit le
Nègre, c’est moins l’apparence de l’objet que sa réalité profonde, sa surréalité ; moins son signe
que son sens. L’eau l’émeut parce qu’elle coule, fluide et bleue, surtout parce qu’elle lave,
encore plus parce qu’elle purifie. Signe et sens expriment la même réalité ambivalente.
Cependant, l’accent porte sur le sens, qui est la signification non plus utilitaire, mais morale,
mystique du réel : un symbole. Il n’est pas sans intérêt que les savants contemporains eux-
mêmes affirment la primauté de la connaissance intuitive par sym-pathie. « La plus belle
émotion que nous puissions éprouver, écrit Einstein, c’est l’émotion mystique ». C’est là le
germe de tout art et de toute science véritable.
Léopold Sédar Senghor « L’esthétique négro-africaine », Liberté I, pp. 202-203.
I. Activité de compréhension :
1. Qu’est-ce qui, selon Senghor, caractérise l’attitude du Nègre à l’égard du monde ? En
quoi diffère-t-elle de celle du Blanc européen ?
2. Comment comprenez-vous : « C’est être sensuel… sujet et objet à la fois » ?
3. Vous fondant sur le deuxième paragraphe, classez en deux colonnes les mots et
expressions qui caractérisent d’une part la raison nègre, de l’autre la raison
européenne.
4. Quel est, selon Senghor, l’avantage du mode de connaissance nègre sur le mode de
connaissance européenne ? Partagez-vous cette opinion ?
5. « La raison nègre n’appauvrit pas…cœur vivant du réel ». Montrez que les images
contenues dans cette phrase expriment admirablement le fonctionnement des deux
modes de connaissance.
6. Définissez : signe, sens et symbole.
II. Activité de production
En dix lignes, montrez que la littérature africaine est une lutte pour la reconnaissance
culturelle de l’Homme noir.
Texte 4 : Partir.
Il me suffirait d’une gorgée de ton lait jiculi pour qu’en toi je découvre toujours à même
distance de mirage – mille fois plus natale et dorée d’un soleil que n’entame nul prisme – la
terre où tout est libre et fraternel, ma terre.
Partir. Mon cœur bruissait de générosités emphatiques. Partir… j’arriverais lisse et jeune dans
ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J’ai
longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».
Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte… Et si je ne sais que
parler, c’est pour vous que je parlerai ».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de
celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. »
I. Activité de compréhension :