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DEVOIR N ° 3 BACH : CORRECTION

1) Passion selon Saint Matthieu : les dernières paroles du Christ :


- déclame lentement posément, comme toujours
- paroles en 2 parties : courbe descendante , tourne sur l'accord diminué (la-do-mi b), notes aigües
s'adresse à son Père , interrogation , souffrance, découragement plus que révolte
courbe ascendante , suspensif sur demi-cadence
se soumet à la volonté du Père
- motifs courts, débit lent, respirations : souffrance, épuisement,…
- harmonies : pédale de si b : harmonies complexes puis demi-cadence sur la dominante fa
autre tonalité lorsque l'Evangéliste traduit ses paroles
- écriture : notes tenues au continuo : fond sonore constant ( et non ponctuations harmoniques lorsque
l'Evangéliste parle): calme, résignation,…
surtout, pour la 1ère fois, le Christ est presque seul quand il parle : il a toujours été accompagné de cordes en
notes tenues (on retrouve ici juste les notes tenues au continuo)
L'absence des instruments à cordes qui lui ont toujours été associés symbolise sa solitude face à la souffrance
et surtout face à la mort.
2) choral orné:
Version de Bach lui-même, et non supposée de Corelli mais sans aucune certitude
Version très ornée, très chargée, certes, mais l'ornementation est plus fragmentée que dans Corelli : pas de
grandes "tirades" , mais un discours découpé temps par temps.
Beaucoup d'ornements écrits en toutes notes : bcp en mouvements conjoints, qui "tournent" autour de la note
principale, d 'où l'apparente complexité rythmique de l'écriture
Beaucoup de petits signes d'ornements rajoutés sur les appuis ou sur les cadences de fin de phrases.

Les notes du choral sont mises en valeur sur chaque temps de la version ornée.
appuis un peu plus longs rythmiquement
petits ornements (sortes de petits trilles, écrits par des signes au-dessus des notes)
Les longueurs (blanches ou noires ) des notes de la mélodie du choral ne sont pas forcément respectées.
Cela suffit cependant pour que les protestants (qui connaissent par cœur toutes ces mélodies de choral) le
reconnaissent instantanément et donc retrouvent le sens du texte : c'est bien en cela que les pièces
d'orgue sur des chorals aident les fidèles à prolonger leur réflexion spirituelle, tout comme lorsqu'ils les
chantent eux-mêmes.
Volonté d'expressivité: pas de virtuosité faite pour éblouir ou "se faire mousser"
Virtuosité centrée sur la mise en valeur du texte littéraire et donc de la mélodie de choral.
Pour ceux d'entre vous qui n'y sont pas habitués: ornementation typique de Bach et du baroque allemand,
ornementation qui "tombe sous les doigts" sans aucun souci pour peu qu'on en ait un peu l'habitude.
La difficulté est dans l'interprétation (expressive, sobre, avec naturel et bon goût comme toujours !!!)

3) Passion selon Saint Matthieu : n° 57 : Komm , süsses Kreuz :


aria de basse avec viole de gambe concertante et continuo (orgue et violoncelle)
continuo : accompagnement "normal"
(mes 19 , 3e et 4e temps) : seul moment où il reprend le rythme pointé caractéristique de la partie de
viole: transition entre la partie vocale et la partie instrumentale.
Partie vocale : tessiture baryton - basse
ambitus de 12e : pas vraiment important, mais mise en valeur des chgts de timbre de la voix
beaucoup d'ornements écrits parfois en signes, le plus souvent écrits en toutes notes
pas de virtuosité brillante, qui donne envie d'applaudir : virtuosité expressive au service du texte
recherche d'expressivité: intervalles, phrasés, appuis,…
texte relativement compréhensible (on repère phonétiquement pas mal de répétitions)
viole de gambe solo: intro et 3 passages solo entre les "couplets" vocaux :
mes 1 à 8 : intro : ré m à 0'00
mes 21 - 24 : la m : reprend le début de l'intro à 1'58
mes 35 - 39 : reprend plutôt la fin de l'intro à 3'25
mes 51 - 54 : conclusion : ré m : reprend le début de l'intro à 5'07
omniprésence du rythme pointé
importance des grands accords arpégés ( typiques de la viole) , de l'ornementation , du jeu de timbres
avec les tessitures
3 couplets vocaux différents : suivent le sens du texte (mélodies, rythmes, carrures,…) : figuralisme
la viole solo n'accompagne pas vraiment le chant : elle continue à jouer une partie extrêmement
mélodique , couvrant presque la voix par instants.
écriture de 2 parties mélodiques et continuo, comme dans les trios instrumentaux, en fait.
Le plan pourrait s'apparenter à une forme ritournelle, en plus courte bien sûr.
refrains : viole solo
couplets : chant et viole

Chanté en allemand
Pas de grande virtuosité éblouissante mais souci d'expressivité
Grande attention portée à la compréhension du texte et à sa mise en valeur
DONC : ARIA (et non pas récitatif)
musique religieuse plus qu'opéra (expressivité plus que virtuosité)
ressemble aux arias de la Saint Matthieu vus dans le cours.
Donc sans doute BACH : Passions ou Messe en si : œuvres suffisamment longues pour contenir un air aussi
développé de presque 6 minutes
(les cantates étant de dimensions beaucoup plus réduites, les airs sont du même style, mais beaucoup plus
courts, tout simplement)

4) Magnificat :
Chaque mot du texte est traduit en musique par un motif qui lui est propre et qui donne une image musicale du
mot et de son sens : c'est le figuralisme.
Tous les motifs sont repris par les violons et par la BContinue.
Violons et BC utilisent aussi des bribes de motifs issus ou proches des motifs principaux. Toute la pièce est donc
construite et écrite à partir des 5 motifs associés aux 5 mots importants.

DEPOSUIT : motif de 2x 2mesures: même motif énoncé à la tonique puis à la dominante (quarte inférieure)
début caractéristique : note répétée : anacrouse + appui long avant gamme descendante en doubles et rebond.
chute rapide (ambitus de 10e) mais en 2 étapes, par paliers : pas facile de dégringoler ainsi
rebond, certes, mais la 2e étape a déjà perdu de sa force et remonte moins haut qu'au départ
motif en fait très imagé
la BC le reprend en partie (appui et descente en doubles)

POTENTES : 1 mesure avec anacrouse


rythme caractéristique : croche 2 doubles: très carré, rigoureux, un peu rigide et imposant
les croches (appui sur chaque temps) suivent un mouvement mélodique descendant bien marqué
BC : accords sur chaque temps et ligne de basse mélodique descendante (double les croches à la 10e)
les doubles croches essaient de rester sur leur ligne aigüe mais disparaissent sur le dernier temps
Comme pour Deposuit, les violons accompagnent avec de courts motifs en arpèges descendants
colosses aux pieds d'argile … 2
DE SEDE : 1,5 mesure avec anacrouse (en doubles: arpège , mes 6 par ex . ou alors saut d 'octave , mes 20 au ténor :
c'est bien la même chose, juste une "déco" un peu différente)
ambitus d'une octave
guirlande de doubles croches autour d'un motif descendant : do# - si - la - sol # sur les temps doublé là encore
par les appuis de la BC
A chacune de ses apparitions, il est systématiquement accompagné par un motif dérivé de "potentes" avec le
rythme caractéristique croche 2doubles
harmonie sur pédale de do # : stabilité apparente
siège apparemment solide , mais avec le soutien des puissants,
siège qui de toute manière suit la chute lui aussi

ET EXALTAVIT :mes 23 à 26 : 4 mesures d'un seul tenant avec anacrouse


Longue vocalise sur le "ta" de exaltavit
motif ascendant par paliers doublés par la BC
ambitus de 10e : le la étant la note la plus aigûe de toute la pièce
appuis sur le 2e temps : beaucoup plus doux et moins marqués que pour les motifs précédents
accompagné par les petits motifs ascendants des violons
montée progressive, mais sûre
Son équivalent instrumental : mes 9 à 12 : violons
montée très régulière en doubles croches, avec juste des ponctuations de la BC sur les 1ers temps
même idée d'ascension tranquille sur 4 mesures, ambitus de 9e

HUMILES : les humbles, qui passent inaperçus, qui ne se font pas remarquer :
3 notes (mes 47-48) ou bien 5 notes avec phrasé (et donc légère accentuation) par 2 (mes 26 par ex)
mes 13-14 : aux violons : changement de tessiture sur la 4e croche : la note la plus grave du violon est SOL
Ce changement justifie aussi la petite fusée finale (mes 14)
motif qui passe d'autant plus inaperçu qu'on peut le prendre pour une simple formule cadentielle (Cad Parfaite)
L'anacrouse dynamique du Deposuit coupe presque toujours la parole à ces pauvres humiles…
(quand ils ne sont pas noyés dans la guirlande de doubles mes 46 à 50 …)

Quasiment toute la pièce se résume à ces 5 motifs et aux bribes qui en sont dérivées, …
Figuralisme …

QUELQUES REMARQUES :

- dans vos copies, je vous ai souvent reprochés de ne pas justifier vos affirmations sur le plan musical.
Partez des observations musicales, des indices et des preuves, donc, pour construire votre
raisonnement.
- je vous ai aussi souvent demandé d'approfondir l'écoute et l'analyse : c'est ce que j'ai essayé de vous montrer
dans cette correction, pour vous guider sur le chemin à suivre.

- CONTINUO ou BASSE CONTINUE : TOUJOURS 2 instruments au moins!!! (question n°3)


1 mélodique et un harmonique! 2 violes ou violoncelles ne peuvent pas faire un continuo!
- instruments comme voix : précisez quel instrument ou quel type de voix (je préfère encore violons à "un
instrument" , je préfère encore ténor à "une voix" …
- pensez à toujours écouter en quelle langue est chantée une pièce!!!
- dans les commentaires et justifications, pensez à toujours vous appuyer sur des éléments musicaux précis:
faites des constats musicaux objectifs, ce sont des preuves qui servent à étayer vos conclusions
même démarche que dans les enquêtes policières : des faits, des faits , des faits!
- Magnificat : pièce à part entière et indépendante , découpée comme tous les textes religieux de l'époque, en
numéros pour plus de variété musicale.
- Passion : oratorio racontant les derniers jours de la vie de Jésus:
l'Evangéliste récite le texte du Nouveau Testament écrit par l'un les 4 Evangélistes (Saints Matthieu,
Jean , Luc et Marc): c'est un texte sacré qu'il ne peut transformer.
Les paroles de Jésus sont celles citées dans les Evangiles: texte sacré là encore.
Les chorals, airs et récitatifs des autres solistes sont des rajouts choisis par le compositeur lui-même
(Schütz au XVIIe et Bach au XVIIIe étant les plus connus)

Pour caractériser un motif ou un thème musical, avec ou sans partition (commentaire d'écoute), pensez à écouter:
tessiture, ambitus, courbe mélodique, intervalles
rythme (binaire/ternaire, répétitif ou varié , marqué ou pas,..)
harmonies (simples ou complexes, prévisibles ou surprenantes, modulations fréquentes ou pas,
courantes ou bizarres,…)
accompagnement ( contrapuntique/ vertical, ponctuations , discret ou présent,…)
mélodie accompagnée / toutes les parties sont intéressantes
éventuellement timbres utilisés
éventuellement longueur des différents motifs (à peu près même longueur/ 1 très long, l'autre court…)

Tout n'est pas intéressant, mais si on se pose ce genre de questions, on peut éviter certains oublis…
L'important n'est pas d'avoir l'oreille absolue : si vous entendez la différence entre des harmonies basiques ou
des harmonies bcp plus riches et complexes, c'est bien là l'essentiel!

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