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GÉOGRAPHIE

.~

'1.'1\ADUCflllON NOUVELLIC

TAHDIE U
1
SOUS·DillLIOTUl!CAIRE DE L lNSTITUT

TOME PREMIER

PAUJS
LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET c··

1H67
Tous droits réservés

• •
G I~ OGRAPI-II E
DE

STRAB 0 No

LIVll E PPtEMIER.
(JUe la SCICOC8 g~ograJllllque ll'C.,1. plS étrangère à la philOSO}Illie. -
Qu'Homtrc ll3rLout clan ses poë,ne!:) n dounë ln 1rcu\O de con-
uaiSSJ.II {.a ~ü grnphique.c;. - Que les ancrcns tr.utJs d~ gêogt:l-
phac (ournullent tic lacunes, d'incohérences, d'errl'uru1 ùc mensonges
ct de contr.tdacltons. - Preuves et déwou~tratlons à 1 appu1 de
ce Ju~cmcnl de 1 •ut ur. - Table311 :iOmma•rc rcprcscotam en
o<iCCO\Ir 1 la th p IU()U g(:nerale de b terre balJitt~O. - J:lypo-
lbt ct ob. cnattous JlOSiuves tendant à étnbhr qu'eu bënucoup d e
h ux lJ. terre ella w<1r &c sont rêc.ipr.oqucmcnt d{:plaeées ct substituée"
l'une ê l'rnatr •

OIIAPI'l'llE PRE~~ lEit.

1. La googrfl phie, qne nous nous proposons d'étudier dan ti


le préseut ouvrage, nous parail être autant qu'aucune autre
science du domaine du plulo::i ophe; et plus d'un fnit nous
autorisa à penser de la sorte: celui-ci d'abor·d, quo les pre-
miers auteurs qui o5èrent traiLer de la géographie étaient
précisément des philosophes, Homère , AI!aximandre de
Milet eL son compatriote Hécatée, comme Eratosthène en
f_!lit déjà la remarque ; puis Dt!mocri te, Eudoxe, Dicéarque,
l~J~horc ct wainL autre avec eux ; plus récemment enfiu
Gi':ilL1l. 1'),.-, ~'TR \ 20S'. J, - J

1
1

.. GEOGRA.PHlE IlE S 1 DO~'"

fo th~nc, Pol) be, P ~d niu : 1 hil soph tou


tror . En (.lCond lien, ln mult ph t ' de co n 1 nee ,
mdJ 1 n ah Je ~ qui Yeu t rn nor à h en une p J~e1Ue o U\ re,
est le pnrln c uniquement d celui qm cmLrru e dan a
ntr:mplalton le~ choses dhi et hum in , c'e t- -dire
'obj t "ru de la pl1lo.. CJy ltc. Ln n, J HU J l d'ap lica-
1 o d ntc tu eptiblel ~·ogaphi ,quip ut en1ràla
fms u b oin~ d p~uplo et ux iut~ t d .. [J , et qnt
lenJ ù nou faire mieu.x connaître le ual d u rd, pui
toul les liches es de la torre ol des mer au. 1 lllen les
m im. u que les planles, les fJ•uits, eL le anh'<'S produc-
1ions JH'O)>J es il clliHl ue eon ll·~e, cette variél , di .. ons-nous,
unpli 1ue ~~core dans le g{odraphc ce m mo eRpril philo-
ophi<JU , hubitué à méditer sur le grand ru Lde ''hre et
d'être h )urcu •
2. i\1. i repr ·nons, point 1 ur point, c qu· vi nt d'•t dit,
pour lJ r 1lu encore au fond d cl e , E d
rons que c' ~t à bun droit qu'à J'imit
cu1 , d'lit J rque notammLnt, nou
mèr c mme le fondateur rn me de la 1 c ~o Jluque.
Homère·, en ctl t, n'a p sm·pa • s ulam ul en m 'n
po uqu la auteurs anciens et moderne , il lem c l p -
riem· encore, on p ·ut dire, p r son C:XJ n •n \,; de couw-
tious I 1-aûqu s de la yie. de& pcupl , ct c'est a de
ett uxpé1 iencc m~me que, non cont nt d ..,'m r el
l'histoire tle ftlÏls eL dl3 ciJorch r à en recuetllir 1 plus gra:GJ
uombt e po s1bla pour e11 lrnnsmeltl'e cusu1t • le JOCil à la
postérit~, iJ y a joint l'élude de la géog1·nphie, tnul fétuùe
partielle de localités que l'étude générale des rneJ'S et de la
terre habitée. Aurait-il pu, sans celn, aUcind c, comme il
t'a fait, nux ltmites mêmes du globe el en 1 nrcourir dnns
e \er la Circonférence tout entière?
3. Il commence par nous représ nter ln terre tel'
JU'elle est, en e1Tet, enyeloppée de Lous côtés et baignée p r
.'Océan; puis, dts dh er(;es conhées qu'elle re nf rme, il dé-
•gae le. une par leurs \Tais nom et nous ]a isse reconnaître
autre à certaines indic~tions d'tournées : ninsi, tandis
1
UVBE I. 3
qu'il nomme expressément la Libye, l'Ethiopio, les Sido-
mens et le" Erembes (les mêmes a.pparemment que les Ara-
bes Troglod}te~), il se contente de dth jguer indirectement
les r•a~.s de J'Urient et de l'Occident par celle circonstance
que J'Océan Jcs baigne. Car c'e~ du sc:in de l'Océan, sui-
vant Jui, que lo soleil se lève et au sein de l'Océan qu·il se
couche et Jes autres astres pareillemènl:
« Déjà le soleil, sorli à peine du sein de J'Oc~an aux eaux
a calmes cl profondes, éclairait les campagnes da ses p11emiers
t1. r~yons ' i 11

et ailletns :
• Déjà au sein de l'Océan a disparu l'élincelnnt ilnmbean du
« soleil, attirant après soi sur la terre le sombrt: voile de la
1 nuit •; J

ailleurs encore il nous montre les astres ca sortant de l'Océan


« oi1 ils sc sont baign~ 11 • »
4. Au tableau qu'il fait maintanant de ]a félicité des peu-
ples occidentaux, et de l'incomparable pureté de l'air qu'ils
re puent, il est aisé de voir qu'il avail oui parler des ri-
ch {,sos de l'Ibérie, de ces richesses qui , nprès avoir tenté
sucee siv ment IIercu]e el les Phéniciens, lesquels même,
à Cblle occasion, occupèrent la plus grande partie du pays,
pro\'oquèrent en dernier lieu la conquête romaine. C'est
hien, en effet, de l'Ibérie que souffle Je zéphyr· et du côté de
l'Ibérie pareillement qu'Homère a placé le e: Champ :Élyséen,
c où les dieux, nous ditMil, doivent conduire :1.\'Iéuélas • : :u

c Quant AYOus, Ménélas, les immortels vous conduiront vers


« le Champ hlyséen, aux bornes mêmes de la terre: c'est là que
cr si6ge le blond Rhadamanthe, là. aussi que les humainsgo~tcnt
« la vie la plus facile, à l'abri de la neige, des frimas et de Ja
c pluie, et que du sein de l'Océan s'élève sans cesse lo aoufile
c harmonieux du zéphyr. •
1. Bom lliadt, Vll, •~•. Voy. sur eett~ eit:1tion d 'ltomère et 1• deax
snivan\c:a 1obser,-auon forl jus-le de M. ~teineke ~ Vrndr,.iorum Stro#»ftian.
lt rr J'· t. - ~. uom., Jlaad#, Ylll, r.ss. - 3. Id. Ibid., v, •· - ~ ld.,
VJ1JIIce, l\'1 $03.

1
JO GÉOGRAPUJE DE STRABON.
• " loppe :rée nt du soleil ne r pl ndit j rn ·s pour cUJI, e
c 1 Cun le nuit pane loujour:> n -d d 1 rs t t '.
IJ ronnai~sait pareillement 1'1 ter du moin nomme t-i
1 41)sien , nation thracique, rn mc de ce fi m ) e
toul le littoral à parur du 1 1 ter, utr ment dü la
'I h nec jn(qu'au Pénée, pu squ'll mC'lai n C' lt!f; rœon en~ ct
qu il ig-nale l'Athos, l' Axius ct le do tu c 'i à-,,s.
Uu nt u littoral de la G1ècc, pro) nge1 eut de celui de
la TJuace, 1l a été décrit par lui en eutier ju qu'nux frontiè-
a·cs de la Thesprotie. 11 connaissait enfin J'extrrmtlé de I'I-
lahe, à en juger par ln mention qu'il n fnilc de 11 cn osa et
ùcs Sioèle~J et l'extrémité ùc l'lLérjc, uiusi quo la richesse
et Jo pro~::pédté des peuples qui l'occupaient, ot dont nous
parlions toul à l'heure. Si maintunant, dans J'intcr,•alle, se
lais enl aperceYoir quelques lacunes, on p ut Jes lui par-
donn r le géo(fraphe de profc sion lui-nwme omettant sou-
' cnt bien des déta1ls. D est oxcu able aus i ct ne mérite
aucun blâme s'il a cru devoir meler, çà ct 1 , qu lques mr-
con l cces fabuleuses à ses réciiR, d'aill ur tout li torique
t did tiques~ car il n'e.J pas \Iai, comme 1 pr tend
ernto thène, que tout pocto \Ïse uniquement plaire ct
jnmnis ù instruire : tout au contmin~~ c ux qui ont tnulé le
plu pertinemment les que&ions de po~tiquo proclament la
po 'sie une sorte de philosophie p1'Ïmith·c. 1\fuis nous réfu-
terons pius longuement ce jugement d'l~•·atosLh~ne, quanù
nous uurons, Jllus loin, à reparler du poôto.
J J. Ptmr le moment, ce qui n été dit doit suffire lL éta-
blir qu'Homère a été bien •·éellcmcnt Jo ]lère dP la géugra-
phte. Quant au.x successeurs qu'il a eus dans cette sc1ence,
c'étaient, comme cl1acun sait, des homme d'un m~rite émi-
nent et familiarisés avec les étutlcs philo ophiques : les
doux qu'r:ratosthène nomme immédiatement aprè. lui
ont Anaximandre, qui fut le _disciple cl le oompntr·iote de
'I hui , el Hécatée de f\1Het. Erntosthènc ajoute qu' AnaXI-
mandre publia la première Carle géographique, ot qu ·il re te
x l (' .
Ll\RE I. l1
d.Hécat(Je un Traité cie gcooraphic, dont J'a.uthcnlicité ressort
suivant lui, de l'ensemble des œuvres de cet auteur'.
12. l\lainle.nant, que l'élude de la géogmphio exige unt·
grande 'ariété de connaissances, beaucoup l'ont dit avant
n u~; llipparqut' notamment, dans sa Critique tic la Gioara-
pl i d' El'aLOstlt ne, fait remarquer très-judicieu~emcnt que
la conn ai .. nnce de la grograplrie, si utile à la fois au t:implc
particulier et à rérudiL de profession, ne saurait abtolu-
ment s'acquérir sans quelques notions préliminaires d'astro·
nomie et sans la pratique des règles du calct~l dos éclipses.
Comment juger~ par exemple, si Atexnmhie d'g!:{ypto est plus
septentrionale un y) lus më.ridionale quo Babylouo el de com-
llien olle peul l'OtJ·e, sans recourir à la mèthocJo des climatsr
De utême, cemmeut savoir exactement si ttJl pnys est plus
avancé vers l'orient et tel autre \'ers l'occidunt, autrement
que par la comparaison des éclipses du sole1l et de celle de
la lune? Ain i s'explique Hipparque à cel égard.
13. En gén~raJ, quiconque se propose de décrir·e les
co.ractères prO}H'OS de teUe ou telle contrée a essentielle-
ment besoin de recourir à l'astronomie et à la g~om~trie,
pour b1en en déterminer la configuration, l'étendue, les
dititances relnthe~, le climat ou la situation géographique, la
température, ct, on un mot, toutes les conditions atmosphé-
riques. Puisqu'il n'est pas de maçon bâtis~anl une maison
ni d'archiLPcle édifiant une ville, qui ne tjcnnent compte
préalablement de toutes ces circonstances, à plus forte raison
le philosophe, qui embrasse ùans ses étn<.les la terre hu hi rée
tout entièreJ y aura-t-H égard. Et, àe fait, la chose lni im-
llOrle plus qu'à personne. Car si, pom· uno étendue do pays
restreinte, la situation au nord et la situation au midi
n'impliquent qu'une légère ditférence, rapportés à la cir-
conférence totale de la terre habitée, le nord comprendra
jusqu'aux derniérs confins de la ScyLbie el de ln Cel~quc,
et le midi ju,qu'aux extrémités les plus reculées de l'Ethio-
1. Ou, romm M Charles MGIICT propose de trndulro • .. de l:~ eomp~r:uson
avec l'auLre ouvrn e de cet 11.uleur•• c'est a .qluulr Se$ G ni loyctf. Voy.
or.
:)(y {1. Ge /mit ttf tôt' lttltoui~, p. '9%{1, au bas de la~~ COI(IOUC.
.... GÉOGR.APHJE DE S1 RADON •

pte, ce qui implique des différence ~norme . De même il ne


saurait Ire indifférenE d'habiter chez Jl: Indiens ou parml
les Jbères, peupJes que nous savons (lre, à 1·~lrême orient
et h l'extrême cccidcnt, en quelque c:orle lm; antipodes run
de l'autrt'.
1~. Comme tou.., ces faits maintenant lirenl Jour principE'
du mouvement du soleil et des autres nc:h s, t nu ~i de 1
l ndance ccnt1 ipèw des corp , nou voiH1 forcés d'é]e\'er no.
regards \Crs Je ciel, pour ohsencr les npparences qu~en
chaque contrée il nous découvre, nppnrrncos qui \nrient ex-
trêmement, reJH·oduisant ainsi Jn di\•crsittl même deR lieux
d'obsor·rnlion. Comment ùon·· prétendre 1'epréc;outer avec
exnclit:ude et expliquer convenahlem nt ces ditlcrences res-
pectives dans la nature et J'a~pect des lieux, 5Ï l'on n,n pas
le moins du monde égard à cet o1·dr o de phénomène ? Il ne
nou est pas posjb]e, à Yrai dire, vu Je cntaclère spécial de
notre ou\'rage, qui doit êlre avant lont p liltq e, de Jcs ap-
profondir tous; au moins con\ient-il qnP a nns en e~po 'ons
ici ce qui peut être a la portée do l'homme miHé à Ja \ie
politique.
15. Niai celui qui a pu déjh élever ~i hnut sn pensée ne
reculera pas devant une description compJ, to do Jn terre: il
serait plai~anl, en effet, qu'aprè m·oir, dao son d sir de
mieux déct·ire la partie l1abitêe de la ter-re, osé loucher a.ux
choses célestes et s'en être sen i dnns ses démonstrations, il
dédaignât ûe rechercher quelles pem cnt lHro l't>tenduo ella
coustit.ution Je la sphère Lel'l'estl·e ellc-mêmo, dont la terre
habitée n'cc:t qu'une partie, quelle plnco olle occupe dan~
l'ullivers, si elle n'est habitée quo dnns tulC seulo do ses
parties, cene que nous occupons, ou si elle l'est dans d'nutt·es
encore, et, dans ce cas combien l'on en compte, quelle
peuvent être aussi l'étenùue ct la nature de sa porlton inha-
bitée et finalement la raison d'un pareil abandon. Il s·en-
suit donc qu'il existe une certaine corrél lion entre les
études aslronomiques et séométriques d'une pa.rl ct Ja géo-
gra]>hie, telle que nous l'avon définie, de l'autre, pui que
··elle sdence relie en:,.emble les phéuomèncs terre.. tres et
Ll VRE 1. 13
cllestes,de\enu.. en quelque sortedes domaines liiDilrophos,
et qu'elle comble l'immense intervalle
Qui de la terre s'étend jusqu'aux. cieux •. »
16. Allons plus loin et à cette masse déjà. si grande de
connai~saoces indispensables ajoutons l'l1i~LoÏie de la lCI'l'e
elle-même, nuLremenL dit la connaissance des aniruau~ et
des plantes et, en général, de toutes lès production., utiles ou
non, de la terre ct des mers, et notre thèse, croyons-nous,
en devicnd••a plus évidente encore. Qne cette connuLsnnce
Ua la terre, en clTct, soil d'une J!rando tJLilité pou1· qui a su
l'acquérir, la chose .rossort et du témoiguage de J'anliquité
at du simple raisonnement : les poëtes ne llous repru-
sentcnt-ils pointtoujonl's comme les }}lus sages ceux d'entre
leurs héros qui ont voyagé et erré par toute la terre? A
eurs yeux c'c!'l toujours un grand titre de gloil'c d'avoir
r \'Ïsité beaucoup de cités ct ob~ervé les mœurs de beaucoup
l'hommes •. » Ainsi Nestor se vante d'a\'oir vécu Jlnrmi le'
:.apilhes ct d'êl.re venu, pour répondre à leur appel,
c Du fond de sa lointaine patrie: ces peuples l'avaic.nt de-
mando cL dC!Ii 0 né par son nom~ ; li
Ménélas, piU c:ilJcment :
• Aprcs a\oir erré, dit·il, dans Cypre, en I'hénicie, ct chez
les J!gyJltiens, je visitai lour à tour les Éthiopiens, les Si-
donieus ct las ~rentbes, puis la Libye, où je vis 1~ frout dos
a.goeau.x ar mû do co rues 4 •
. Puis il ajoute comme un trait caraclé1·istique de ce deJ'-
lldr pays :
t: Car trois fois, dans le cours a·uae année, les brebis y
mettent bas. ,
A propos de!rhèbes, maintenant, de la Thèbes d'Egypte,
l dira:
1. nom., lllnde, vrn, IG.- '· Id .• Od!JUfe~ I, s. -3. Id., lhack, 1, ~no.­
ld , 0 t~ult, IV, U.

16 GÉOGRAPHIE DE STltABO.N.

portnncc. Eu rewmche, une desc1 iption si d~tnilléc de l'Inde


n'aurait plus d'intérêt pour nous: l'ulllité n") ...eratl point.,
l'utilité, qui est proprement la ju.. te et \rat mesure dans
ce genre d'études.
li. Ce que nous avons dit de l'uli1ité de la géogra-
Jlhie] e \énfie même dan:: les petites op 'ration , à la chasse
par exemple, t:ar on c.ha ern mieux commis ant la dispoSl-
tiou ct l'étendue de la forêt; et, en géu ·rnl, qUiconque con·
nait les lieux s'entendra mieux qu'un autre li cllois1r un
cam pcment, b di poser une cmhuEcade, h di' igcz· une marelle.
:Mais dans Jet; grandes opémtiuns 1 Ô\'ldence de notre ab-
sortion devient plus éclatante encot·e, d'nutllut qu'alun; on
est plus lhèr ment récompensé d'a,•oir su, plus chèr·ement
puui d'avoil· ignoré. Ainsi Ja flotte d'Agamemnon se lrompe,
ra,•age la l\f}..ÏC pour la Troade et sc \Olt rrdmtc à une re-
traite houteu .. e. Ainsi les Perses ct le L•h) en 7 J>Our avmr
cru reconnaître dans des passes libres cl OU\erles des dé..
troits s ns issue, s~m:posent aux plus ·rand pêriJs, ct lai ent
derrjèi e eux, comme trophëes de Jcm i no rance, J Perses,
le tombeau de Salganée près de l'Euripe do Chalci , de
ceL 1nfortuné ~·al ga née immolé par eu comme on traitre
pour a\oir, foi-dLant, Inené perdre leur flotte d rivage~
l\1aliens tout au fond de fEuripc; les Libyens le manu-
meut de l )tHore, mort victime d'uuc scmbl hle rreur. Ln
même cause encore, lors de l"expc!dirion da Xcn;"js, remplit
la Grèce de dP.bris de naufrages, Gl longtemps auparavant
J'émigr·ation des Jl~ol i cns et celle dus l ou ion~ nvuienL offu·L le
spectacle de maints désastres pareils, tous occasionnés par
l'ignorance. D'aut re part, que ùe victoi •·es dan. lesquelles 1e
vainqueu r doit tout son ;,uccès à ln connnis. ance dos lieux 1 Au
défilé des Thermopyles, par exemple, n'est-ce pas Éphialte,
qui, en indiquant aux Perses ce sentier dans la montagne
leur livre L 'onidas et introduit en deçà des PJlcs l'ru mée ..
hnrhnre ? Mais ~ans remonter hi haut, je trou\'e une preu\è
sufli.anle de ce quefavance soit dans la récente c..1mpagne
des 1\omains contre les Parthes, soit dtns leur~ expddition~
cout re le Germains et les Celtes, où l'on \'OÏl ces .Uarl .t.re
LIVRE I. 17
reLranch~s nu fond de leurs marais, de leurs forêts de chi~J1es
et de leurs solitudes impénétrables, combattre en s'aidant de
leur connaissance des lieux contre un ennemi qui los ignore,
le trompant sur les distances, lui fermant le~ passages et in-
tercept1Dl ses convois de 'ivres et ses autres approvisionne-
ments.
18. La géographie, avons-nous dit, a rapport surtout aux
opérations et aux besoins des chefs d'fttat. A la vérité, la
morale et la ]>hilosophie politiq11e ont au~si pour principal
objet de r.Sgler la conduite des chefs) et ce qui le prouve,
c'est que nous disting1!0D8 les différer. tes sociétés ou asso-
ciations politiqttes û'nprès la forme de leurs gouvernements:
le gouvernement pou"ant être ou monarchique (ncmC~ :~ppe­
lons cette même forme quelquefois royrzut~), ou aristoora-
liqur, ou en tt·oisiôme lieu dbnocratiqw;, nous reconnais-
sons aussi trois espèces d'associations poliuques, auxquelles
non~ donnons justement les mêmes noms, par la raison
qu'elle~ tirent de leurs gouvernements re.spEcllfs le principe
ml~me de leur exic;tencc et comme leur caractère sp~ciflquc;
CYl effet, )a Jox Ùtffbre SUÏ\'ant qu·~elle émaue de l"aulorité
d·un roi ou de l'autorité d'un sénat ou de celle du peuple,
l'tla loi. comme on sait, esl le type même et Je moule qui
donne la forme à une fOciélé~ teltemenl qu~on a pu défiuir
quelqueiois le droit c l'intérêt du plus fort. • La philoso-
phie poliLique s'adresse donc principalement aux princes;
mais si la gro~rnphie, qui, elle aussi, s'adresse surtout aux
priilces, répond ùe plus à un de leurs bosoins de ch:u1ue
)our, ne pou t'l'ait-on pas dit·c que celte cirCOlJSianoo consti-
tue en sn fnvour une sorte de supéJ•i•JI'lté sur l'autro scioncc,
supPriorité, nous l'avouonc:, purement pratique?
19. Ce qui n'empt•cho pas que la gt~ograpltie n'ait nu~s;
son côlé spéculatif ou théorique qu'on nua-ait tort de dédai-
gner, en ce qn'il touche à la fois à la technique, à ln math~­
matiquc, à ln physique, à l'histoire, voire mi-mc nln mytho-
logie. Or la ID} ti10IPgio n'a a.ssurén1cnt rien de prattque.
Un r~cit tel que echu de~ erreurs d'[.;lyssc, do i\l(nt:!us ou
ùe Jason n'est pas de naLuro à dé\·cJopper henu ·oup ellie
t:a"O~B. DE STR!(IO~ 1. -..!
18 GÉOGRAPHlE DE STRADON.

prudence éclairée que recherche avant tout l'homme prati-


que, à moins qu·on n~y ait mêlé çi1 et lh telle moralité utile
inspirée par les a,·entn res im:éparablcs de semblables voya-
ges, mais il mém~gera tout au moins une jouissance déli-
cate à ceux que le hasard conduit dans les lieux ainsi illus-
trés par la Fdble, et l'esprit le plus ptatique ne laisse pas
que d'être sensih!e à l'éclat cL à l'agrément de pareils sou-
\'Cnirs : seulement, il ne s'y arrête pas longtemps, car il est
naturel qu'il accorde plus d,lallenûon aux choses utiles. Na-
turellement aussi le géograpl1e s'occupera plus de celle~ci
que des autres et, procédant pour l'hi loire ot les maùlé-
lnaLiques, comme il a fait pour la mythologie, ce sera lou-
jours la partie la plus utile et la mieux avérée qu'il en
extraira de préférence.
20. 1\~ais c·e~t suttout, on l'a vu, de Ja géométrie et de
l'n.stronomio que le g~ograpl1e paraît rnoir besoin pour l'ob-
jet qu'il se propose. Et de fait, comment en sermt·il autre-
ment? Comment le géof.'111Jlhe pourrait-il bien comprendre.
sans recourir aux méthudes que fourni~ col ces deux scien-
ces, toutes les questions de configuration, de climat, d'é-
tendue et n.ulres semblables? Tout~fois, comme les géo-
mèlres et les astronomes exposent ailleurs tout nu long le~
moyens de mesurer la terre entière, nous devrons, nous,
dans le présent ouvrage, su.pposer et admettre comme vraj
ce qu'ils ont démontré dans les leurs; supposer, par exem-
ple, la sphéricité du monde, celle aussi de ln surface ter-
restro et avant tout la tendance cenLrjpèto dos corps . .BtJ
comme ces faits sont à la portée do nos ~ens ou rentrcn~
dans ln catégorie des notions communes, il nous suffira., si
même la chose en \'aut la peine, d'en donner l'explication la
plus brève et la plus sommaire. Ain;;:i, en ce qu1 concerne
la spbéricité de la terre, nous rappellerons simplement ou
la preuve indirecte qui se tire de l'impulsion centripète en
général et de ln tendance de chaque corps en particulier vers
son centre de gravité, ou la preu,•e directe et immédiate ré-
sultant des phénomènes qu1 on obser\'e sur la mer et dans le
ciel, et dont ]e témojgnage de nos sens et les simples DO-
.L ivnE I. 19

n
tions vulgaires sufliscnt à constater la réalité. est évident,
par exemple, que la courbure de la mer empPche seule le
navigateur d'apercevoir au loin les lumières placées à la hau-
teur ordinaire de l'œil, et qui n'ont besoin que d'être un
peu haussées pour devenir Yisibles: même à une distance
plus grande, de même que r œil n"a besoin que de regarder
de plus haut pour découvrir ce qui auparavant lui demeurait
caché. Homère dfSjà en avait fait la rem.arque, car tel esl le
sens de ce vers :
' Une fois soulovô par la vague immense, il put porter trôs-
ICt lom sa vue perçante •. ,

'1- On sait aussi que, plus un \'aisseau a})proche de la terre,


plus chacune des parties de la côte se dessine nettement aux
~·eux des passa{!ers, et que ce qui leur paraissait bas en com-
mençant va s'élevant sans cesse devant eux. La révolution ou
ma rohe circulaire des corps célestes est de même renduo ma-
nifeste par diverses exp~riences, notamment au moyen du
gnomon, qu'il suffit d'ob~erver une fois pour conce\'OÏr aus-
·itôt que, ~i les racines de la terre se prolongeaient à. l'in-
fini, la sm.dite ré\'olulion ne saurait a\·oir lieu. Quant à la
Lhéorio des tlimats, elle est exposée eu détail dans des
traitlts spéciaux sur les oekèses ou positions géographiques.
21. Mais encore une fois, pour le moment, nous n'a-
vons besoin d'emprunter à ces différentes sciences qu'un
petit nombre de notions, et de notions olé men tai res, h l'u-
u.tge surtout du politique ct du capitaine. Car· s'il importe,
i'uno part, qu'ils ne tlemeurent ni l'un 11i l'autre tellement
~trangcrs à l'asLrouomie et à .la géographie, que, se trou-
tant transportés dans des lieux où les phénomènes célestes
es ]llus familiers au vulgaire viendraient à se produire avec
1uelques légères anomaHes, ils perdent tout à COUJ> la tête
!t s'écrient daDs leur lt·ouble :
cr Allonst amis, puisque nous ignorons et le côté du couchant
~ et le CÔlÛ de J'aurorè, et }e pOint OÙ Je SO}ei}, CC fl:nnbPtt'l

t. (JI ~ \ • :.
UVRE I. 21
aussi connue, on n'a que faire, prO\'Îsoirement dn moins,
d'un traité 1el que le nôlrc, et J'on doit, au préalable, se fa-
lia1·iser avec des notion~, sans le5quelles il n'y a pas d'é-
tudes géographiques pos~i bles.- Yoilà pourquoi les auteuré\
de Portulans cl de Périples oe font qu!un travail inutile,
quand ils négligent d'ajouter à leurs descriptions co qui, en
[ait d'éléments mathématiques ct astronomiques, s'y ralla-
che nécessnirewent '·
22. Bn somme, il faut que le présent traitü s'adresse à
tout le monde, à la fuis aux poliliqurs ct aux ::;impies parti-
culiers, commo notre 1wéeéùenle composilion hi~tnl'ique. Lh
n.ussi nous empJ,lyir,us cotte qualification de polilitfLIC, pour
désiMrx1cr, pnr opposition à l'homme· complt.!tcment illelln!,
celui qui n pnrcour·u le cercle entier de5 études composant ce
qu'on appelle d'ordinuir·e l'Jducation libérale et. plnlosoplti-
que. Car celui-lit seul, disions-nous 1 peul blâmer et louer?!
propos ct discerner dans l'histoire les érénewents \Taimont
'ffines do mémoire, qui a médité sor les grandes questions
ic vertu et de sagesse ct sur les différents Eystèmes qui s'y
rapportent.
23. A) aut donc publié déjà des Mcmoi1·es historique~,
nti1es: nous le supposons du moins, aux progr·ès do la philo-
..ophie morale et politique, nous ayons voulu les compMtcr~
pnr ln prt!sente composition: conçue sur le même plan, olla
s'adresse aux mêmes homme~, à ceux surtout (pd occupent
les hn.ulcs pos1 Lions. Et ùe même que, Jans nul ro Jli'Cmier-
ouvrnge, nous n'nvuus mentionné que les faits relèitifs aux
hommes cl aux vies illustres, omellant à dessein tout co t)lli
pouvait être potit ct obscur, ici aussi nous avons Ùt.t négliger
les potits faits, les faits trop peu marquants, pour insister
dn\·aatn~e sur les belles ol grandes chose~, qui sc ti'Ouvcnt
ruunir à Ja fois J'utile, l'intéressant et l'agréable. Dans les
stalues colossales, on ne recherche }las l'exactitude minu-
.
1. A l'excrnple de ~1. Mcineke et s:vr J'indir.ation donnée Jl:tr Coray, nous
a."ons transpor16 le• toute celte ph race. qui s5 'rou\C lHtnitl;ellement placée l
l.1 fin ùu clanphre UJYIUit, m:us qui u'cst peut-être hien t:.ussi qu'une glo. r
m rtinale mtrodmlc moltiment .1uns !~; texlt! de Strabon.
-- G~OGRAPHIE DE STRADO ••

lleu d détnil , on aceorde Jlu tôt on ott ntion t l' n-


nble au bon effet de l'ensemble : m "m ju eut à ap-
pliqu r Jci. Cnr notre OU\'ra e c t au i, l'on 1 ut dar , un
monument eolo$ll qui reproduit niqu men 1 s d
tr. it et I effet d'ensemble, sauf le ca où t 1 p it d 't 1
nou am11 paru de nature à iut re er h 1 t 1 !'ér di et
1 homme pratique. En voilh ac:sez pou étabhr quel point
li t sérieux et digne de 1attcntion des phil ophes.
1

CHAPITRE II.
1. Si après que tant d'autres ont tr. it.-t ces m ti ~ , n U::,
rnlrcprenous de Jes traiter à n LJ· tour, qu'on aH nd p r
nou en hlûmer que nous aJons té con,nincu d n' ,·mr fat~
qu ré1 él r danc: les mêmes terme tout c qu'1 lat nt
a\ rmt nous. Il nous a sem1Jlé en effel, que. 1 r' 1 a :t-
l lé m cc laquelle nos préd 'cosseurs avaient t
telle 1 ar lie, ceux-là telle autre, il a\ aient 1 l n
1 tc encor beaucoup à faire, et que, ~i )l u qu nom; pu~
on ajouter à leur travail, ce peu uffirait ncore b J h 1
1 otro entre1 rise. Or, la généwtion p1 nte a \U s con-
nnis one s géographiques s'étendre cu ibl m nt a' c les
[H ogrè de la domination des Rom nin et de 1 arlhe , comma
d ·ji\, nu dire d'J~ratosthèoe, les gtSnéwtions po tu ieures ù
Alcxandro avaient vu les leurs s'nccroitre beaucoup pnr le
fait de sos r.onqu«ltes. Alc}.1lndre, en cfTat, nou~ n rév ,],~ en
quelque sorte une grande par·tie de l'A. jo, cl dan le 1 orù
do l'Europe, tout ]c pays jusqu'à l'lstcr: Jcs Hm win!: a leui
tour nou ont révéié tout Poccidcnl d I'Furopc ju qu
l'Albis, fleuve qui partage en deux la G r1r nnio, san comp·
ter ln r 'gion qui s'étend au delà de 1•1 r jusqu"au fl m-e
T}T3 • Quant à la contrée uhé1 ioua-e j u qu·au fronti 1 c
de 1a otes et à Ja partie du lillornl qui nhoutit à J C l-
chide, c'est par l\fithridate Eupator ct par c li utcn nt
que nous le connaissons. Enfin, grâce au Purtbe..., l"II~r-
LIVRE I. 23
canie, ln Bactriane et la portion de Ja Sc~ thie qui s'étend
au.dcssns de ces deux contrées nous sont mieux connues
qu'elle ne l'étaient de nos prédécesseurs : n~y cC1t-il que
cala, nous aurions donc, on le \'oit, quelque chose h dire de
plu qu'eux. Mais c'est ce qu~on ver_ra mieux encore pnr les
critique que nous dirigeons contre eux, non pas tant co!ltre
les plus anciens que contre ceux qui sont yenus après E~a­
tosthène et contre Ératosthène lui-même, et cela à dessein
ct par la raison que leur grande supériorité de lumièr·cs sur
le commun des hommes doit rendre d'autant plu~ difilcile
pour )cs géué,.at.ions futures la réfutation ùes errom•s qu'ils
ont pu conunottro. Si, du reste, nous nous voyons forC!l) do
conLredire parfois les autorités mêmes que nous avons choi-
sies pour nos guides l1abilnels, qu'on nous le par·donne. Ce
n'est pas, en effet, chez nous un parti pris à l'avance do con-
tredire tous )cs géographes sans exception qui nous ont pré-
rédé; il en e.. t hraucoup au contraire qua nous comptons
n~gliger absolument comme nous ayant paru des guides
trop peu sl1rs~ el nous résenons nos critiques pour ceux que
nous savons être lutbituellement exacts. Disputer en règle •
contre toute espèce d:ad\e~aires; ce serait en vérité pPrdre
a peine; mais contre un Eratoslhène, un llosidonius, un
llljlpru·qlJe, un Polybe el autres noms pareils, il y a quelque
t•hose de glorieux à Je faire.
2. Nous commencerons par Eratost]Jènc l'examen en \
questiou. metlnut tou,iours en regard do nos jugements les
CI ittques qu'If ippnrq ue a dirigées coutre lui. Hz·atosthènc ne
mérite assurément pas qu'on le traite aussi cavalièrement
que l'a fait Polémon, qui prétend démonlrel' qu'il u'avait
ml• mc pas visité Athènes; mais il ne mér·üo }las non plus la
coufinnce aveugle que quelques-uns ont en lui, malgré ce
!!rand nombre de maîtres soi-disant excellents dont il aurait
~té le disCiple. Il a écrit ceci: • Jamais peut-être on n'avait
vu fleurir dans une même enceinte, dans une seule et même
cité, autant de philosophes éminents qu'on en comptait alors
autour d'ArcésiJaüs et d'Ariston. • - Soit, mais h mon sens
celan~ suflh point, et l'important était de Eavoir discerner
GÊOGRAPlllE DE STHADON.

dans le nombre le meilleur guide à suh re. C'est Arcé:;ilaüs,


on le voit, et Ariston qu"il met en tête des philo ophes de
son temps; il préconise beaucoup aus. i Apelle ct BIOn,
Bion, qui le premier, pour nou servir de son expression,
• para la philosophie Oe la robe à fleurs des courtisanes:.,
mais de qui, aussi, à l'en croire, on eût j)U dire souvent
U\'CC ]e pt.éle t :

c Que de beautés mâles sous ces guenilles l »


Or ces seules appréciations suffisent à montrer son pou de
jugement. Comment lui, qui fut ~ AtlJènes le disdplo de
Zénon de Citiurn, il ne mentionna ]'n.s ·un soul de ce,tx qui
continuèrent Penseignement du maitre, el il vient nous
nommer, comme ayant -toute la vogue de son temps, les ri-
''aux mêmes ct les ennemis de Zénon. de qui il ne l'este pas
.aujourd'hui apparence d'école! Son trallé des Biens, s~
Déclamations, ses autres ou\•rages du même genre achèYent
du reste, de nous montrer quelle a ~l6 sa vraie tendance
philosophique : il a tenu comme qui dirait le milieu entre
·le philo-opbe décidé et celui qui, n'osant s'engager résolû-
ment dans ln car·rière, s'en tient uniquement i.L l1appar·encc
ou ne voit d&ns la philosophie qu'une diversion ogréabl • ou
instruclivc au cercle habituel de ses études, snus compter
que, jusque dans ces autres études, nous le retrouvons en
quelque sorio toujours le même . .1\iais laisso1as cola, ne
touchons présentement qu'aux poiuts sur lesquels sa Gdogra-
phic. pout être rectifiée, et, poul' coJuuH.mccJ', reprenons la
question réservée pur nous tout à I'Juwre.
3. l~st-il \-rai, comme Je prütcmd l~mtosthène, que le
poële viso uniquement à r~crécr l'esprit ct nullement à l'in-
struire? Les Anciens définissnient, au conlra.irc, la poésie
une so1·te de philosophie priwitiyc, qui nous introduit dès
l'enfance dans Ja scienr.e de la \ ie cl nous instruit pa1· la
\Oie du plaisir de tout ce qui est relatif aux mœurs, auJC
passions ct aux actions de l'homme; notre école aujourd'hui

a. Odyuu, xvm, 'Zt.

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