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Entre les droits de l’homme, laïcité et la « 

théorie du genre » au Brésil : une grammaire


évangéliste dans les politiques publiques d’éducation1
Gabriela Valente2 et Jacqueline Teixeira Moraeis Teixeira3

Résumé :
Durant la dernière décennie, l’alliance politique entre les évangélistes et les catholiques au
Brésil a permis aux débats sur la « théorie de genre » de voir le jour, ainsi que des projets de
loi sur ce thème. Ces projets de loi révèlent des conceptions conservatrices de la société et
sont des outils d’intervention directe dans l’éducation publique, ce qui produit un conflit des
politiques éducatives pour les droits de l’homme. Ce contexte nous amène à poser les
questions suivantes : comment les évangélistes sont-ils parvenus à s’engager dans les
revendications politiques qui sont historiquement catholiques ? Et comment une partie d’entre
eux s’approprient un langage juridique – celui des droits de l’homme – pour intégrer leur
morale religieuse dans les politiques publiques éducatives ? À partir de la notion de situation
problématique de la sociologie pragmatique, ce chapitre a pour but d’identifier les stratégies
politiques des parlementaires évangéliques qui mobilisent un débat public dans l’espace
scolaire à partir du traitement de projets de loi portés nationalement sur la « théorie du
genre ». Notre hypothèse générale est que l’engagement d’une partie du segment évangélique
dans le débat public pour les morales a été fondamental afin de donner une visibilité aux
revendications articulées par la droite brésilienne. Comme point central de la controverse,
nous identifions une nouvelle grammaire des droits de l’homme dans laquelle la laïcité est
négligée.
Mots-clés : droits de l’homme ; Brésil ; laïcité ; théorie de genre ; politiques publiques
d’éducation

Introduction
Le 13 octobre 2020, le projet de loi 4893/20 a été déposé à la Chambre législative fédérale,
qui définit la conduite de ceux qui développent toute activité scolaire impliquant l'utilisation
du concept de genre comme un crime. Le texte du projet de loi (PL) énonce que le Code pénal
brésilien punira d'une détention de quinze jours à un mois (voire davantage), tout individu qui,
dans les locaux des écoles municipales, régionales et fédérales adopte, divulgue, met en
œuvre ou organise une politique de l'enseignement, des programmes scolaires, des matières
obligatoires, complémentaires ou facultatives ou des activités culturelles qui ont pour contenu
« la théorie du genre » (Haje, 2020). L'auteur du projet est le député Eliel Márcio do Carmo,
connu publiquement sous le nom de Léo Motta (PSL), qui a été élu par l'État du Minas
Gerais. Policier militaire à la retraite, il est un dirigeant reconnu dans l'un des ministères de
l'église Assemblée de Dieu et qui travaille dans les Fronts parlementaires 4 tels que le Front

1
Nous remercions la révision linguistique attentive et généreuse de Johnny Carpentier.
2
Post-doctorante au laboratoire Education, Cultures, Politiques (ECP), Université Lumière Lyon 2.
gabriela.abuhab.valente@gmail.com

Professeur du Programme d`études supérieures en éducation à la faculté d’éducation de l’USP, post-doctorante


au départament d’anthropologie de l’USP et chercheur de Centro Brasileiro de Análise e Planejamento
(Cebrap). jacqueline.moraes.teixeira@usp.br
4
Dans le cadre de l'architecture de fonctionnement du pouvoir législatif au Brésil, les Fronts parlementaires
sont des associations de députés de différents partis, conçues pour promouvoir, avec des représentants de la
évangélique, le Front contre l'avortement et pour la défense de la vie et le Front pour la
réduction de l'âge pénal. Le projet de loi en question émerge d'un ensemble de propositions
articulées au sein du Front parlementaire de lutte contre la pédophilie.
La voie à suivre pour PL 4893/20 sera certainement longue car elle doit d'abord être votée par
au moins trois commissions parlementaires. Cette voie de vote suppose également la
possibilité d’un changement de texte et la désapprobation totale du projet. Ce n'est qu'après ce
processus que le projet peut être voté et apprécié par la Chambre législative, qui est composée
de cinq cent treize députés. Le projet de loi 4893/20 semble être une réponse formulée par un
groupe qui se reconnaît comme un droit politique après le retrait du projet de loi du PL 249/19
qui prévoyait la création du programme École sans parti (Escola sem Partido), un projet qui
interdisait toute forme d'« endoctrinement politique » dans les écoles.
Les projets de loi traitant des processus réglementaires pour l'enseignement des thèmes liés au
genre dans les écoles publiques brésiliennes, qualifiant ces pratiques pédagogiques de
« théorie du genre », ont commencé à gagner en force sur la scène politique nationale à partir
de 2014, lorsque le retrait de la catégorie « genre » du plan national d'éducation fut approuvé.
Les discussions ayant abouti à l'interdiction de l'utilisation du mot genre dans les matériels
didactiques développés par le gouvernement fédéral ont commencé quelques années
auparavant. Elles continuent de mener le débat sur la production de politiques anti-
idéologiques de genre pour les écoles. Cela place les sujets religieux au centre du pouvoir
politique du pays, qui ont trouvé dans la défense des orientations morales de l’éducation
nationale, une grande visibilité publique en permettant ainsi une controverse sur la question
du contenu des politiques d’éducation et des droits de l’homme dans l’Etat.
Ce texte décrit un ensemble de stratégies qui placent les écoles publiques au centre des débats
pour un programme politique guidé par la gestion de la morale. En ce sens, le débat lié aux
mouvements de résistance à l'agenda des droits sexuels et reproductifs émerge. Il s’articule
autour de discours éthiques sur la nécessité de protéger l'environnement scolaire de
l'endoctrinement politique, compte tenu de l'expansion du segment évangélique dans le
scénario politique brésilien et de la relation de quelques leaders évangéliques dans la
circulation de ces directives. Notre hypothèse est que l'école est devenue un lieu de
production discursif de certains débats publics, donnant corps à un ensemble de discours
moraux mobilisés par une droite politique chrétienne envers certaines lignes directrices des
droits de l'homme qui apparaissent comme un risque social et qui viennent à être présentées
par ces groupes, soit comme de la « théorie du genre », soit comme un « endoctrinement
politique ». Pour réfléchir à la manière dont l'école émerge au centre de la production d'une
controverse politique, nous partons de l'hypothèse que les groupes religieux et la circulation
des projets de loi sur l'école font partie d'un processus de diffusion d'un agenda moral contre
les droits sexuels et reproductifs, qui peut être analysé comme une situation problématique.
Cefaï (2017) présente une brève généalogie de la notion de situation problématique, citant la
publication de The Public and Its Problems, écrit par Dewey en 1927. La notion de situation
problématique apparaît lorsqu’une problématique donnée est capable de produire des
processus d'agitation, d'interrogation, d'enquête, de discussion et/ou d'expérimentation comme
action sociale. Ces mobilisations se traduisent par des associations, des organisations, ainsi
que la montée en puissance de leaders capables d’assumer l’engagement et la défense de
certaines positions dans des arènes de plus en plus grandes.
Réfléchir à certaines évolutions de la situation politique brésilienne actuelle à partir de la
notion de situation problématique permet de réfléchir aux régimes de circulation produits par
société civile et des organismes publics connexes, la discussion et l'amélioration de la législation et des
politiques publiques pour l'État.
certains sujets religieux, alors que l'école devient un espace d'exercice pédagogique des
morales. Cela redéfinit les limites de la laïcité puisque certaines revendications d’ordre
théologiques sont transformées en problèmes publics.
À partir d'un cadre théorique ancré dans la sociologie et, plus précisément, dans la sociologie
de l'éducation, nous nous interrogeons sur la configuration qui permet aux évangéliques de
s’intégrer aux agendas politiques historiquement catholiques. Nous réfléchissons également à
la manière dont ils utilisent le langage juridique et les droits de l'homme pour intégrer leurs
valeurs religieuses dans les politiques publiques d'éducation. Ainsi, une autre hypothèse qui
sous-tend ce texte est que les groupes fondamentalistes évangéliques s'approprient un langage
juridique associé aux droits de l'homme qui néglige l'exercice de la laïcité (comprise ici
comme la séparation politique entre l’État et les religions). Nous présenterons cette hypothèse
sur la base de l'analyse historique et documentaire des projets de loi contre la « théorie du
genre ».
Pour cela, le chapitre est organisé en deux parties : dans la première, nous présentons un
aperçu des dénominations évangéliques au Brésil, surtout en ce qui concerne la constitution
des évangéliques en tant que groupe religieux qui conteste la représentativité politique et les
relations de certains dirigeants évangéliques concernant les lignes directrices des droits de
l’homme. Dans la deuxième partie, nous analysons l'un des thèmes qui est devenu le point
central des efforts politiques des parlementaires évangéliques et catholiques qui ont abouti à
de nombreux projets de loi sur ce qui est devenu connu sous le nom de « la théorie du genre ».

Les évangéliques et les droits de l’homme


La laïcité au Brésil, en tant que principe juridique, a été promulguée en 1889, établissant la
séparation entre l'État et les religions qui, jusque-là, étaient représentées exclusivement par
l'Église catholique. Le texte constitutionnel approuvé à l'époque interdisait « l'intervention de
l'autorité fédérale et des États fédéraux en matière religieuse » et consacrait « la pleine liberté
de culte » en supprimant le patronage, un système qui avait assuré la centralité politique et les
incitations fiscales au catholicisme pendant des siècles (Cunha, 2017, p. 24). Rédigé avec
l'intention d'empêcher l'État d'instituer, de subventionner et d'entraver les cultes religieux
(idem), ce décret révèle une rupture partielle entre les deux institutions (État et Église
chrétienne), c’est-à-dire une rupture qui permet la recherche d’une bonne entente entre elles et
d’une collaboration réciproque. Cette loi a institué la liberté religieuse pour tous les individus,
y compris dans les espaces publics. La défense de la liberté religieuse décrite par la
constitution de 1889 établit également une voie de relation entre l'État et les religions en
plaçant la sphère fédérative comme une unité de reconnaissance des pratiques religieuses
chrétiennes. Lorsqu’elles sont ainsi reconnues (et, par conséquent, le libre droit à leurs
services), ils commencent à travailler en collaboration, menant des activités d'assistance qui
configurent l'extension d'une partie importante des politiques publiques. Cette relation
s'intensifie avec la promulgation du code civil en 1918 qui permet aux religions reconnues par
l'État d'agir en associations civiles. Cette même reconnaissance n'a pas été donnée aux
religions d'origine africaine qui en ont souffert et sont toujours la cible de nombreuses
persécutions (Giumbelli, 2004 et 2009).
Malgré l’absence du mot laïcité dans la Magna Carta de 1988 – texte constitutionnel qui a
marqué le processus de re-démocratisation du pays après 21 ans de dictature militaire – le
Brésil a certaines marques juridiques qui le caractérisent en tant que pays laïque. Par exemple,
l'article 5 déclare que « tout le monde est égal devant la loi » et l'article 19 qui interdit toute
forme d'alliance entre l'État et les religions, sans empêcher la participation des sujets religieux
dans les sphères du pouvoir. Cette conception de laïcité configurée par une ambivalence de
significations prévaut aujourd'hui (Valente, 2019).
En 2020, les évangéliques représentent environ un tiers de la population brésilienne selon les
données de l'Institut Datafolha. Ils sont en croissance et pourraient devenir, en 2032, le
segment religieux le plus peuplé du Brésil. La plupart des évangéliques sont représentés par
des femmes (58%), des noirs (59%), ont entre 25 et 59 ans et ont un revenu pouvant aller
jusqu'à deux fois le salaire minimum. Si cette population est en expansion, principalement
dans le nord du Brésil, les catholiques, qui représentent 50% de la population, voient leur
nombre de fidèles diminuer chaque année5.
Parler du segment évangélique au Brésil n'est pas une tâche simple car il s'agit d'un
mouvement composé de différentes confessions (ou dénominations) religieuses, qui ont des
caractéristiques et des références théologiques différentes. Le protestantisme historique a été
établi au Brésil au milieu du XIXe siècle, ayant le travail comme principe directeur et comme
valeur fondamentale pour la nation (Freston, 1993). Au siècle suivant, le mouvement
pentecôtiste s’est répandu parmi les classes moyennes et inférieures, proposant une théologie
d'interprétation biblique littérale. La première église pentecôtiste a été créée en 1911
(Assemblée de Dieu) et, à partir des années 1970, les églises néo-pentecôtistes ont commencé
à émerger avec la théologie de la prospérité comme principe directeur.
Plus de 14 000 églises sont ouvertes chaque année au Brésil (Queiroz, 2019). Depuis
l'approbation du premier code civil en 1918, l'ouverture des églises dépend d'un processus
administratif relativement simple et peu coûteux, comprenant même des exonérations fiscales
(Giumbelli, 2012), qui confère une reconnaissance en tant qu'église à de nombreuses activités
religieuses initiées par prédicateurs et missionnaires indépendants (la plupart de ces pasteurs
étudient la théologie à distance et en cours de courte durée, ce qui est possible grâce à une
hiérarchie flexible et différente de l'Église catholique). Un autre facteur important est que la
plupart de ces églises sont implantées dans des territoires considérés comme périphériques et
où l’État est défaillant, ce qui fait de ces espaces religieux des équipements urbains
importants. Ainsi, l'expansion de ces églises peut se justifier par le rôle important qu'elles
jouent auprès de la population locale fournissant des services communautaires dans des
territoires totalement dépourvus d'équipements culturels, sociaux et économiques, ajoutant un
soutien moral et spirituel pour faire face aux situations quotidiennes dans des contextes
marqués par l'exposition à la violence (Machado, 20187).
Depuis les années 1990, dans une tentative de conquérir ou de regagner de l'espace, certaines
dénominations évangéliques se sont alliées à des groupes catholiques, formant une droite
chrétienne qui adopte des pratiques plus agressives pour défendre leurs intérêts et occuper ou
rester dans le scénario religieux, recourant à des stratégies d’ordre politique institutionnel
(Cunha, 2018) pour gagner de la visibilité et, par conséquent, de la légitimité. De cette
manière, les valeurs religieuses évangéliques sont présentes dans les médias (ils possèdent des
chaînes de télévision et de radio), dans la culture (ils sont des chanteurs de musique gospel) et
en politique (ils occupent des postes dans les pouvoirs exécutif et législatif au niveau
municipal, étatique et fédéral). Marini et Carvalho (2018) font une histoire des évangéliques
élus à la chambre des députés et révèlent qu'en 1945, il n'y en avait qu'un et, en 2018, 82
députés et sept sénateurs (Revista IHU On-line, 2018), ce qui permet l'approbation des ordres
du jour et pas seulement la résistance aux programmes non conservateurs.
5
Il existe également un grand nombre de groupes religieux minoritaires, qui ne rentrent pas dans l'univers
chrétien, qu'ils soient catholiques ou évangéliques, qui se sont répandus à travers le pays, certains avec une
présence ancienne et consolidée au Brésil, comme les juifs, les bouddhistes, les musulmans, et d'autres, avec
présence récentes, identifiées à une spiritualité parfois appelée «New Age», ou à d'autres voies moins
institutionnalisées et, néanmoins, moins présentes et actives dans la société.
Parallèlement aux agendas conservateurs des parlementaires religieux, le Brésil est signataire
de la Convention de Vienne des Nations Unies (1993), qui recommande à chaque pays de
créer un programme national des droits de l'homme (Oliveira, 2012). En 1996, le Brésil a
publié la première version de son programme préparée par l'ancien Secrétariat à la citoyenneté
du Ministère de la justice, qui a été modifiée en 1999. Le premier Plan national des droits de
l'homme a été mis en œuvre sous la tutelle du Secrétariat national des droits de l'homme, créé
en 1997 par le président de l'époque, Fernando Henrique Cardoso. La dernière année du
gouvernement de Fernando Henrique a été marquée par l'approbation du PNDH II, qui
recensait la nécessité pour l'État brésilien de renforcer 518 objectifs de production de
politiques publiques en faveur des droits de l'homme, subdivisés en 15 titres (Adorno, 2010).
Pendant le premier mandat de Lula (2003-2006), l'agence gouvernementale a été renommée
Secrétariat spécial pour les droits de l'homme et deux autres secrétariats ont été créés : le
Secrétariat spécial pour la politique pour les femmes et le Secrétariat spécial pour l'égalité
raciale. Au cours de cette même période, il y a eu un changement important dans le statut de
ces secrétariats, amenant leurs coordinateurs à cesser d'être des secrétaires pour être nommés
ministres, ce qui a produit davantage de prestige pour les conseils nationaux qui composaient
chacun de ces secrétariats et qui sont devenus une partie du bureau de la présidence de la
République. 2003 a également été l'année de l'élaboration du Plan National d'Éducation aux
Droits de l'Homme (PNEDH). Lié au Comité National d'Éducation aux Droits de l'Homme
créé la même année en scellant une alliance importante avec le Ministère de l'Éducation
(MEC), il garantit une projection nationale importante à l'agenda des droits de l'homme. La
version complète du PNEDH a été publiée en 2006 et prévoyait une plus grande
intensification des projets visant à enseigner dans les écoles des questions de genre et de race
(Gonzalez, 2010). Plusieurs de ces initiatives étaient déjà prévues dans les PNDH I et II, mais
elles gagnent de la valeur en devenant le centre de la production de campagnes et de matériels
pédagogiques spécifiques pour les écoles. Un autre point important à noter est que cet
investissement spécifique dans les politiques des droits de l'homme dans les espaces scolaires
a abouti au lancement du programme « Brésil sans homophobie » en 2004, plaçant à nouveau
l'alliance qui met l’éducation au centre du projet.
Ces mêmes actions qui ont reconnu les droits de l'homme ont également permis leur
dissolution politique. Almeida (2011) affirme qu'en dépit des attentes, l'administration Lula
n'a pas engagé de réformes favorisant l'élargissement de la garantie des droits de l'homme,
mais a opté pour des alliances économiques et une politique sociale compensatoire. Un
exemple que l'auteur propose pour soutenir une telle affirmation est que sur les 87
programmes de garantie des droits de l'homme présents dans le PNDH II, 30 ont été
supprimés et 19 avaient moins de 10% d'exécution des ressources prévues. Après de
nombreuses critiques, le deuxième mandat de Lula établit la troisième version du Plan
national des droits de l'homme publié en décembre 2008 à travers un document collectif
construit avec la participation populaire de conférences et séminaires dans différentes régions
du pays et approuvé comme document officiel par fin de la 11e Conférence nationale sur les
droits de l’homme. Le PNDH III comporte six axes thématiques directeurs, 82 objectifs et 521
propositions d'interventions sociales. Parmi les objectifs décrits dans le document, l'État doit
garantir la reconnaissance civile et parentale des relations homosexuelles; l'interdiction des
symboles religieux dans les lieux publics; de meilleures garanties dans le processus de
délimitation des territoires pour les populations autochtones et quilombola6 ; la
reconnaissance de tous les droits en matière de procréation comme l’axe central des politiques
de santé publique ; la nécessité de garantir des politiques de réparation sociale pour les
6
Les quilombolas des communautés formées par des esclaves noires résistants (quilombos) et ses descendants
entre le 16ème siècle et l'année 1888 (lorsque l'esclavage a été aboli) au Brésil.
populations noires, autochtones et quilombola ; la création d'une commission d'enquête sur les
crimes commis pendant la dictature militaire ; et une plus grande réglementation de la presse
(Adorno, 2010).
Contrairement à ce qui s'est passé avec l'approbation des deux autres PNDH, l'approbation du
PNDH III a fait l'objet d'une grande polémique menée en partie par des groupes religieux via
des chaînes de télévision ouverte. Celles-ci rapportaient que le texte menaçait la liberté de la
presse et soutenaient que les extraits sur les droits sexuels des couples de même sexe
mettaient en péril la Constitution fédérale pour violation du principe de la liberté religieuse.
En plus de ces voix, des groupes ruraux et militaires ont été touchés par les processus de
démarcation des terres et d'enquête sur les crimes survenus pendant la dictature militaire,
incitant l'opinion publique à refuser l'approbation du PNDH III dans son intégralité. Paulo
Vannuchi, qui était alors ministre de la SHDH, céda à la pression conservatrice et, à la veille
de l'approbation du document, changea les articles prévoyant la légalisation de l'avortement et
l'interdiction des symboles religieux dans les lieux publics 7. En outre, en mai 2010, le
président Lula a également changé neuf autres points pour répondre aux demandes des
militaires, religieux et ruralistes (Oliveira, 2013).
Même si elle s'est produite sous certains effets publics de la polémique sur le PNDH III,
l'élection de Dilma Rousseff (2011-2016) a suscité de nouveaux espoirs quant à l'expansion
des politiques des Droits de l'Homme au Brésil. D’une part parce qu'elle est une femme dont
la trajectoire est marquée par l'expérience d'emprisonnement et de torture subie à l'époque de
la dictature militaire, mais également en raison de ses manifestations publiques qui ont
présentées des intentions de gérer une politique active pour les droits de l'homme. Au cours de
son premier mandat (2011-2014), l'administration de Dilma a signalé des changements
importants dans la production de certaines politiques de droits. Début 2011, la Présidente a
créé par décret la fondation de la Commission de la vérité, chargée de mettre en place des
politiques de réparation pour les personnes victimes de la dictature militaire et d'indemniser
les membres de la famille de personnes disparues persécutées par le régime dictatorial.
L'année 2011 a également été marquée par le lancement de la campagne « École sans
homophobie » à la suite d'un partenariat entre le Ministère de l’éducation et le Secrétariat
national des droits de l'homme. Le projet est né comme un développement important du
programme « Brésil sans homophobie », qui, comme déjà mentionné, fut créé en 2004.
Le programme « École sans homophobie » consistait en la production de matériel didactique
composé de livres et de vidéos sur la diversité sexuelle dans les écoles publiques. Le matériel
était le résultat d'un processus de synthèse de recherche sur l'homophobie dans les écoles qui
ont souligné la nécessité de travailler sur ce thème en tant qu'élément transversal du
programme (Junqueira, 2012). Depuis le lancement, la campagne est devenue la cible des
parlementaires qui ont organisé une offensive diffamatoire de matériel didactique et de la
présidente Dilma dans les médias nationaux, en mettant l'accent sur les médias télévisés. Une
telle offensive donna une visibilité nationale à trois personnalités qui commencèrent à
acquérir une plus grande centralité politique dans les années suivantes. Le premier d'entre eux
fut Jair Bolsonaro, qui à l'époque était un député controversé et sans expression. Élu par l'État
de Rio de Janeiro, Bolsonaro a commencé à demander un espace de parole sur certains
programmes de télévision et d'auditorium en vue de dénoncer une stratégie gouvernementale
selon laquelle les écoles ont été « forcées d'adhérer à l'homosexualité comme orientation
sexuelle ». C’est à travers ses paroles que la campagne « école sans homophobie » est
devenue connue pour l'idée de la dictature gay et que le matériel didactique qui composait la
campagne fut baptisé par ses soins « kit gay » (Leite, 2016 ; 2019).
7
Qui plus est, en 2008 le pape Bento XVI est allé au Brésil et a proposé la signature d’un concordat (Fischmann,
2009). Cela a été intégré dans la législation brésilienne en 2010.
L'offensive moraliste vue par Bolsonaro contre la campagne éducative a également été menée
par deux autres personnalités religieuses, deux chefs évangéliques : le Pr. Marco Feliciano,
qui était alors député fédéral de l'État de São Paulo et Le Pr Silas Malafaia, qui, bien qu'il n'ait
occupé aucune fonction politique, a toujours eu une visibilité publique pour être le fondateur
d'un important ministère de l'Assemblée de Dieu rassemblant un ensemble de dénominations
pentecôtistes et constituant la plus grande couche de croyants évangéliques sur le sol national.
Le Pr. Marco Feliciano s'est également lancé dans des interviews et dans la participation à des
émissions de télévision. Dans ces espaces, le pasteur a déclaré que sa mission était de protéger
les enfants et les écoles des stratégies de pédophilie, Feliciano a aussi commencé à appeler le
matériel didactique produit en la campagne « kit gay ». Le Pr Silas Malafaia a également
adopté une stratégie similaire, en plus d'utiliser son réseau social de followers sur des chaînes
comme YouTube qui s'élevait déjà à dix millions (Leite, 2016 ; 2019).
En réponse à l'offensive, Dilma Rousseff a décidé de rejeter la campagne au motif que l'État
brésilien ne pouvait pas être d'accord avec les pratiques pédagogiques qui encourageaient
l'homosexualité. En 2012, le Pr. Marco Feliciano a été élu président de la Commission des
droits de l'homme de la Chambre législative fédérale, Jair Bolsonaro est devenu son
rapporteur et des dizaines de projets de loi ont été adoptés plus facilement à partir du moment
où la commission a commencé à avoir un dirigeant expressément conservateur. Entre les
années 2013 et 2015, la Commission a discuté et émis l'avis de centaines de projets de loi axés
sur le renforcement de la morale, parmi lesquels se détachent des projets de loi pour la
« guérison de l'homosexualité » (Oviedo, 2020). Le dispositif de garantie de l'exercice des
droits de l'homme au pouvoir législatif commença à être instrumentalisé par une droite
chrétienne qui opéra la justification publique de son action par la nécessité de protéger
l'espace scolaire d'un projet politique international orchestré par une gauche politique qui
cherchait à construire son hégémonie par l'endoctrinement politique, la distorsion de la nature
qui serait menacée en raison de la croissance des lignes directrices sur les droits sexuels et de
genre. En ce sens, l'école devient l'espace qui justifie l'action religieuse dans le public, comme
si agir en défense de la morale à partir de l'espace scolaire était capable d'assurer une action
religieuse avec l'État. C'est dans ce contexte imprégné de guerres culturelles et de paniques
morales que surgissent des projets de loi sur la « théorie du genre », c’est-à-dire sur la
restriction de l'enseignement des questions de genre et de sexualité à l'école.

La « théorie de genre » dans les débats publics et la signification de la laïcité


Les revendications contre « la théorie du genre » ont des origines endogènes à la religion
chrétienne, et plus précisément à la religion catholique, d’après le pape Benoît XVI. Pour lui
et différents segments conservateurs de la société, « la théorie du genre » est une notion qui
évoque péjorativement la lutte pour l'égalité des sexes et la conquête des droits des personnes
LGBTQI +. Mobilisant les ressources bibliques, ces groupes conservateurs prônent un retour
à la famille traditionnelle, la soumission des femmes et l'interdiction des relations
homosexuelles. La protection des valeurs traditionnelles et chrétiennes, en matière de famille
et de sexualité, a conduit l'actuelle représentante des Ministères de la Femme, de la Famille et
des Droits de l'Homme, Damares Alves (ancienne pasteure évangélique) à déclarer que « les
filles portent du rose et les garçons, du bleu » renforçant un stéréotype binaire et une
identification de genre statique.
Nous identifions l’existence d’une distorsion politico-épistémologique qui traverse le concept
de « théorie du genre ». Miskolci et Campana (2017) soulignent que Scala (2010), auteur du
livre La ideologia del género. O el género como herramienta de poder, définit la « théorie de
genre » comme « un instrument d'aliénation politico-discursif aux dimensions globales qui
cherche à établir un modèle totalitaire dans le but d'`imposer une nouvelle anthropologie' en
provoquant la modification des orientations morales et conduisant à la destruction de la
société » (Miskolci et Campana, 2017, p.725). Dans cette analyse, les auteurs font remarquer
également que les publications de Scala s'inscrivent dans la lignée des mouvements
conversationnels qui utilisent le terme pour désigner « un système de pensée fermé » (Scala,
2011), affirmant que les hommes et les femmes se construisent culturellement, réfutant une
supposée preuve biologique, et donc naturelle, de ce que seraient un homme et une femme.
Comme le souligne Junqueira (2017), la « théorie du genre » « est une invention catholique »,
« un dispositif d'origine vaticane tissé pour promouvoir un programme ultraconservateur,
antiféministe et antagoniste pour la démocratie et les droits de l'homme compris sur une base
plus large et plurielle » (Junqueira, 2017, p.46). On constate en unissant les définitions
pointées à la fois par Miskolci et Campana (2017) et Junqueira (2017), qu'il existe une
production discursive conservatrice et religieuse qui projette dans une théorie sociale de
l'identité, une re-signification du concept de genre et finit par le diaboliser, dans une tentative
de renforcer un déterminisme biologique dans la production des sujets.
Le gouvernement Bolsonaro, par conséquent, comme d'autres mouvements conservateurs
anti-genre, utilise la notion de « théorie du genre » comme un moyen de promouvoir un
agenda politique qui serait en faveur de la famille et de la morale, et contraire aux discussions
constructivistes sur le genre et la sexualité qui se produirait dans les écoles.
Weeks (2019), dans son ouvrage traitant sur le corps et la sexualité, comprend le
constructivisme comme une approche « orientée historiquement » (Weeks, 2019, p.53) et le
critique d'essentialisme, qui comprend le genre et la sexualité à travers une idée de la nature,
ce qui serait prouvé par la biologie. Le constructionnisme comprend que la sexualité est
historiquement construite à partir de divers processus sociaux, et que le sexe serait «
apparemment, un élément essentiel dans la constitution corporelle d'une personne («
constitution ») ainsi que le déterminant de nos personnalités et identités » (Weeks , 2019,
p.50). Ainsi, les constructionnistes comprennent que « l'homme » et la « femme » ne sont pas
des catégories naturelles, mais une construction socio-historique-culturelle.
La « théorie du genre » peut donc être comprise comme une vision négative du terme identité
de genre et des études de genre, qui suivent une ligne constructionniste et comprennent, par
conséquent, que les rôles de genre sont appris et non naturels, comme défendre certains
parlementaires religieux. L'identité de genre, parce qu'elle comprend une gamme de genres,
finit par rompre avec le binaire homme-femme, ce qui, selon certains conservateurs, mettrait
en danger la famille et la morale traditionnelles. Ces mouvements de panique morale se
traduisent désormais en un agenda législatif fédéral qui compromet la structuration du Plan
National d'Education (PNE) en 2014. Le débat sur la « théorie du genre » s'est intensifié, mais
l'éducation sexuelle a réussi à conquérir son espace dans ce document. Cependant, l'année
suivante, un nouveau projet de loi a cherché à modifier le Plan national d'éducation (PNE),
interdisant la discussion sur le genre dans les écoles et prévoyant des peines de prison pour les
enseignants, en cas de violation de la loi. L'auteur de ce projet de loi était le député fédéral
Eros Biondini (PTB-MG) - qui est également chanteur de musique gospel et présentateur à la
télévision Canção Nova (une dénomination religieuse évangélique).
Le projet de loi propose une « interdiction de la théorie du genre dans les écoles ». C'est-à-
dire que l'éducation à la sexualité n'est pas dispensée au sein de l'école, mais qu'elle doit l'être
au sein de la famille, afin de garantir aux enfants d’apprendre les « bonnes » valeurs morales
de leurs parents.
Le projet de loi a été interdit en mai 2020 par la Cour suprême fédérale. Bien que « la théorie
du genre » ait ses définitions initiales liées au catholicisme, au cours de la dernière décennie,
il a été possible de vérifier que c'est grâce au segment évangélique qu'elle gagne une plus
grande force politique dans le débat public, ce qui a abouti à l’empêchement de nombreuses
politiques publiques, comme c'est le cas du programme « École sans homophobie » (2011).
Parallèlement, il y a dans le débat public des projections de certains acteurs politiques au sein
de cette arène publique qui aboutiraient, par exemple, à l'élection de Jair Bolsonaro.
Comme le déclare Leite (2016 ; 2019), en tant que député fédéral, Bolsonaro était une figure
politique clé dans les discussions sur l'approbation des politiques publiques visant les droits
des LGBTQ +. Jair Bolsonaro était responsable de la vulgarisation du terme « kit gay », qui
était en fait un matériel didactique, qui faisait partie du projet « École sans homophobie », et
qui aurait été livré aux écoles comme moyen de lutter contre l'homophobie. Bolsonaro a
utilisé comme points principaux, dans sa campagne de 2018 à la présidence, la « lutte contre
la théorie du genre » et la défense de la famille.
Malgré le fait que la laïcité ne soit pas mentionnée par les auteurs des projets de loi contre la
« théorie du genre », ils ont une conception de laïcité résinifiée, où les principes comme
neutralité, séparation entre état et religions et égalité sont écartés, pour mettre en avant la
liberté de croyance, c’est-à-dire, une croyance chrétienne où « Dieu est au-dessus de tout et le
Brésil est au-dessus de tous » (slogan avec lequel Jair Bolsonaro a été élu président en 2017).
Cette laïcité parcellaire a été critiqué par des manifestations scientifiques et civiques,
néanmoins, tombées en sourdine. La faiblesse politique de la laïcité brésilienne est, ainsi,
légitimée dans ces deux espaces publics : la politique et l’école. L’espace scolaire est, donc,
instrumentalisé pour la construction d’un projet orchestré d’une socialisation nationale qui
impose des mœurs moraux et religieux dans la manière d’être, d’agir, de penser et de ressentir
des brésiliens (Valente, 2019).

En guise de conclusion
Ce chapitre avait pour objectif de décrire un ensemble d'événements dans lesquels les écoles
publiques sont devenues l'épicentre de débats politiques visant la gestion des morales. La
campagne anti-genre articulée par les parlementaires et les chefs politiques religieux a
configuré de nouvelles significations pour les notions de laïcité dans la mesure où les discours
éthiques sur la nécessité de protéger l'environnement scolaire de l'endoctrinement politique
deviennent fondamentaux. Lorsqu’on réfléchit à l'engagement de certains parlementaires et
leaders évangéliques dans la droite politique chrétienne, il était nécessaire de construire la
manière dont les usages éthiques de l'espace scolaire semblent liés à la nécessité de contester
les significations des droits de l'homme. Au regard de ce scénario, nous avons vérifié que
d’une part, l'école est devenue un lieu de production discursive de certains problèmes publics,
donnant une matérialité à un ensemble de discours moraux mobilisés par une droite politique
chrétienne contre certaines lignes directrices des droits de l'homme qui apparaissent comme
un risque social et qui sont maintenant présentés par ces groupes, comme la « théorie de
genre ». D’autre part, les groupes évangéliques fondamentalistes s'approprient un langage
juridique associé aux droits de l'homme, négligeant certains principes de la laïcité.
Avec le développement de ces arguments, il a été possible d'affirmer que les mouvements
évangéliques qui composent l'actuelle droite chrétienne brésilienne ne nient pas les droits de
l'homme, mais se mettent dans un différend juridique pour leurs significations, produisant une
disqualification de droits de la population LGBTQIA + au nom de la protection de la famille
nucléaire.
Ainsi, une caractéristique importante qui marque aujourd'hui l'exercice de la droite chrétienne
est le débat pour l'agenda des droits, proposant une nouvelle grammaire dans laquelle il y a
une sélection de certains éléments présents dans la Déclaration des droits de l'homme, dans la
Constitution fédérale du Brésil, dans le Plan national de Droits humains qui amène à un
syllogisme erroné. L'articulation entre liberté religieuse, droit des parents à éduquer leurs
enfants et valeurs morales conservatrices constituent cette grammaire, dont le principal sujet
de droits doit être la famille. Conscients que l'école est une institution socialisante capable
d'inculquer des mœurs, les évangéliques, qui occupent une place dans les fronts
parlementaires religieux brésiliens, cherchent à imposer cette nouvelle grammaire à travers
des outils législatifs qui impactent les politiques éducatives.
L'analyse des discussions sur la « théorie du genre » permet de comprendre non seulement
une forme de pensée politique conservatrice fondée par des parlementaires religieux
évangéliques et catholiques, mais aussi une conception des droits de l'homme et de
l'éducation. De cette manière, la « théorie du genre » instrumentalise l'agenda des droits de
l'homme, plaçant l'école au centre du problème, produisant une reconfiguration des limites de
la laïcité. En ce sens, la discussion morale imposée aux écoles est basée sur la pensée
théologique chrétienne.
Enfin, à partir de cette nouvelle grammaire, les parlementaires religieux évangéliques et
catholiques qui composent la nouvelle droite chrétienne, mobilisent leur pouvoir politique non
seulement pour négliger toute forme de lutte pour la laïcité au Brésil, mais pour réaffirmer
une politique nationale qui suppose le chevauchement entre la sphère politique et la sphère
privée, l'État et la religion chrétienne. C’est ainsi qu’ils transforment la laïcité en un principe
qui privilégie la liberté individuelle de croyance qui, bien que chrétienne, fait partie d’une
nouvelle grammaire qui suppose la tyrannie de la majorité (Tocqueville, 2010 [1835]) et qui
devient un instrument d'injustice (Dubet, 2014 [2006]) au sein des espaces scolaires et un
obstacle au lent processus de démocratisation sociale brésilienne.
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