le concept remonte à la Rome antique. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de véritable assurance, dans le sens de compagnie d'assurance avec des tables actuarielles etc., avant le XVIIe siècle ? Et pourquoi les assurances incendies ou les assurances habitations sont-elles devenues importantes ? La plupart des personnes n'avaient pas d'assurance contre les incendies jusqu'aux réformes qui ont suivi la grande dépression. Donc ce qui est intéressant avec les inventions, c'est que des idées qui ont l'air simple et naturelles, ne sont pourtant pas mises en œuvre. Prenons quelques exemples. Ces exemples sont tirés de mon livre, The New Financial Order. Les jouets à roues par exemple, des archéologues ont trouvé au Mexique des jouets pour enfants, équipés de roues. Comme des petites voitures, que vous pouviez faire rouler au sol. Donc ils connaissaient le principe des roues. Et pourtant, nulle part dans les Amériques, on a pu trouver de véhicule à roue, ou quoi que ce soit du genre. Pas de brouette, rien. Tout ça n'existait que sous forme de jouets. C'est surprenant ! Ce qui m'amène à un autre exemple, celui des valises à roulettes. J'ai écris ce livre en 2003, il y a donc 13 ans, et vous possédez tous une valise à roulettes, non ? Y a-t-il quelqu'un ici qui possède une valise sans roulettes ? Ça paraît complètement évident ! Une valise se doit d'avoir des roulettes ! Et pourtant, vous saviez que les valises n'avaient pas de roulettes avant 1972 ? Ce n'est pas très vieux. Et pour tout vous dire, un jour, je faisais des recherches pour mon livre, et j'avais un assistant de recherche étudiant en premier cycle. Et cette histoire de valises à roulettes m'intriguait. Alors j'ai dit à mon assistant : « essaye de retrouver l'inventeur, est-ce qu'il est toujours en vie ? » Et donc il a fait la recherche. Il s'agissait de Bernard Sadow, en 1972. Et il lui a téléphoné, comme vous le savez les inventeurs sont rarement célèbres. Vous ne connaissiez d'ailleurs pas son nom, hein ? Alors que ça vous a changé la vie ! [RIRE] Vous n'avez aucune idée d'à quel point c'est pénible de traîner une valise lourde sans roulettes. Donc mon assistant lui a demandé de raconter comment s'est passé pour lui l'invention de la valise à roulettes. Et il a répondu : « Vous savez, il y avait de la résistance. J'ai présenté ma valise à roulettes, je l'ai présentée à des grands magasins, » Vous vous souvenez des grands magasins ? C'est là qu'on allait avant les achats sur Internet. Et je leur disais que c'était une idée géniale, mais ils me répondaient : « Absolument pas, personne ne voudrait acheter un engin pareil. Des roulettes aux valises, ça leur donne un air ridicule. » Ils me disaient « Écoutez, si vous avez besoin d'aide pour vos bagages, dans chaque gare, dans chaque hôtel, il y a des portiers qui se feront une joie de vous aider. Personne n'a besoin d'un tel machin. » Voilà ce qu'ils lui ont dit, mais il a quand-même réussi à en convaincre quelques uns de les vendre. Le problème des valises à roulette, c'est qu'il n'a pas vraiment trouvé le système idéal. Il avait imaginé une valise, une grosse valise comme ça, avec quatre roulettes minuscules en bas, et une sangle. Donc il fallait tirer sur la sangle, comme une lanière en cuir, et la valise roulait derrière vous. Il y en a peut-être encore une qui traîne dans le grenier chez vos parents. Mais leur problème, c'est qu'elles basculent. Vous la tirez et d'un coup elle tombe. Mais on s'en sort, vous finissez par prendre le coup pour la tirer. Ce n'est qu'en 1991 que Robert Plath a inventé ce qu'il appelait la Rollaboard, qui est le modèle que vous connaissez maintenant. Et en fait, la valise s'est encore améliorée. Mais en 1991, il avait inventé la valise avec deux roulettes en bas, et une poignée rigide, plutôt qu'une sangle en cuir. Et la poignée pouvait être rentrée dans la valise, et ressortie si besoin. Puis, vous la faisiez basculer et elle était parfaitement stable. C'était en 1991, et ça a été un succès incroyable. Il l'a appelée la Rolleboard, parce qu'il était pilote de ligne, et il l'avait conçue assez fine pour pouvoir la faire rouler dans l'allée centrale de l'avion, sans qu'elle ne se cogne. Vous en aviez le contrôle total. Et vous savez ce qu'est la dernière invention ? C'est comme une Rollaboard, bon je passe beaucoup trop de temps sur ce sujet, La dernière invention, c'est qu'on leur a remis quatre roulettes. Et vous pouvez l'utiliser comme une Rollaboard, ou bien la garder droite. Et les gens les adorent. Chacune de ces inventions a pris dix ans. On pourrait penser que Bernard Sadow aurait tout trouvé dès 91, mais ce n'est pas comme ça que ça marche. Les sous-titres de films ont été inventés en 1920, mais ils n'ont jamais vraiment été utilisés dans les films muets. Je trouve ça incroyable ! Il y a eu des décennies de films muets, ils avaient déjà inventé les sous-titres, mais ils ne les utilisaient pas dans les films ! À la place, ils utilisaient des intertitres. Vous vous souvenez des films muets ? On mettait le film complètement en pause pour afficher l'intertitre. Mais les sous-titres, c'est tellement mieux, j'y suis complètement habitué maintenant. Vous pouvez regarder un film, quel que soit la langue des dialogues, ça n'a plus d'importance. C'est complètement évident ! Et les bureaux sur les vélos d'appartement. J'en ai un dans mon sous-sol. J'ai mis un bureau sur mon vélo d'appartement, et j'y prépare mes cours. Mayo Clinic commence à en vendre, mais ça se fait lentement. Un jour ou l'autre vous en aurez un, et ça vous permettra de faire de l'exercice tout en poursuivant vos activités académiques. Je pense que nous allons de l'avant. Pour le dire autrement, la théorie et la pratique de la finance sont de bons domaines à aborder pour un jeune, parce qu'ils sont en pleine transformation, et resteront en pleine transformation. Je pense que les fondamentaux de nos marchés financiers dans 10, 20, 30 ou même 50 ans, c'est-à-dire l'horizon qui compte pour les jeunes d'aujourd'hui, seront incroyablement différents, et meilleurs. Et vous devez rejoindre la communauté de la finance pour rendre cette évolution possible. Enfin vous n'êtes pas obligés, c'est juste une idée. – [RIRE] – Est-ce que vous avez en tête un idéal de ce à quoi ressemblerait le futur ? – Eh bien, il y a des gens qui ont fait des propositions, on peut citer Karl Marx par exemple. – Oui. – Ou Robert Owen, l'homme qui a trouvé le terme « socialisme ». C'étaient des gens avec des idées, qu'ils ont vendu au public comme des idées simples et évidentes. – D'accord. – Mais je crois que ça n'a rien de simple ni d'évident. L'espèce humaine résulte de l'évolution, laquelle nous a donné un certain nombre de bizarreries sur le plan mental, qui nous étaient utiles du temps des cavernes. [RIRE] Mais de nos jours, elles ne sont pas bien adaptées au monde moderne, alors qu'on voit de nouvelles opportunités. Cela peut nous amener à nous montrer excessivement peureux, ou rétifs au changement. Nous sommes peut-être trop fixés sur nos vies personnelles. Et nous devons inventer quelque chose de différent, et nous ne vivrons jamais dans un monde parfait, nous ne l'avons jamais fait. Il n'empêche que c'est enthousiasmant et que tout s'améliore.