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3 – Les théories de la communication

Objectif pédagogique :
Théories de la communication : découvrir le processus de création des
différents modèles de communication et comprendre leur impact sur la
communication d’aujourd’hui.

Elles commencent à se développer peu avant la Seconde Guerre mondiale.

Le terme de communication est large. Diderot, en 1753 écrivait déjà dans


l’Encyclopédie au mot Communication : « Communication : ce terme a un
grand nombre d’acceptions ».

Au sens originel, le terme communication signifie « participer », se rapproche


du latin « communicare » : mettre en commun, être en relation.

La notion de « communion » est celle qu’on retrouve dans la langue française,


au XIVe siècle.

On le voit, dans la communication avec les autres, ce rapport de la relation est


essentiel :

on est ensemble, et souvent, peu importe ce qu’on dit, ce qu’on communique :


c’est avant tout d’être ensemble.

La notion de communication a lentement dérivé vers une autre notion, c’elle


de transmettre une information.

Cela déterminera pendant des décennies les recherches, nos perceptions vis-à-
vis de la communication, des médias.

Cette vision de la communication aura une incidence décisive sur la technique,


et les dernières grandes avancées de notre monde : l’arrivée de la machine, de
l’ordinateur, et aujourd’hui de l’internet.

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La communication n’est plus « d’être en relation, partager avec l’autre », mais
de « faire partage d’une nouvelle ».

La notion de transmission apparaît.

Avec l’arrivée du réseau terrestre des routes, du train, des canaux, on parle bien
alors de réseau de communication.

La modernisation des structures de communication, initiée au XVIIe siècle a


réuni les citoyens français au sein d’un même espace géographique, et des idées.

Les réseaux des voies navigables, terrestres et ferroviaires ont accéléré le


partage des idées, de mêmes principes.

Ces nouveaux réseaux permettent donc de transmettre, de véhiculer d’un point à


un autre.

On constate qu’on ne voit plus dans ces réseaux de communication une


« communion », mais au contraire, de transmettre quelque chose d’un endroit à
l’autre.

C’est une des visions modernes de la communication qui restera un modèle


aujourd’hui largement accepté.

Source  : https://zeboute-infocom.com/2013/04/11/evolution-et-histoire-du-
concept-de-communication/

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 Les modèles mécanistes de la communication

 Le modèle de Shannon et Weaver

Claude E. Shannon (1916-2001) est un ingénieur travaillant pour la compagnie


de télécommunication Bell.

Le modèle met en avant les obstacles qui peuvent rendre la communication


difficile : codage, décodage, bruit…
Il ne prévoit aucune interaction entre l’émetteur et son unique destinataire. Il
se fonde sur des messages simples.

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 Le modèle de Lasswell

Harold Dwight Lasswell (1902-1978) est un psychiatre et un politologue états-


unien. Il reprend le cadre théorique que tout orateur doit prendre en compte
pour écrire son discours « qui, dit quoi, par quel canal, à qui et avec quel
effet ? ».
La communication est conçue comme un processus d’influence. Le modèle
permet assez bien d’analyser la communication de propagande ou la
communication publicitaire. Néanmoins, aucun retour de l’émetteur vers le
récepteur n’est envisagé. Le récepteur reste assez passif et sa psychologie est
simplifiée.

https://www.youtube.com/watch?v=8c5AScAbJr4

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 Le modèle de Jakobson

Roman Jakobson (1896-1982) est un linguiste et théoricien de la


communication. Son modèle a cherché à englober les différents facteurs
intervenant à chaque situation. On y retrouve ainsi :

- L’émetteur, qui envoie le message.


- Le récepteur, qui reçoit le message.
- Le contexte, qui désigne les conditions sociales.
- Le message, le discours à transmettre.
- Le contact, la liaison physique et psychologique entre l’émetteur et le
récepteur.
- Le code, la langue notamment.

Chacun de ces facteurs est ensuite, selon Jakobson, associé à une fonction
bien particulière de la communication :

- Expressive, rattachée à celui qui parle. Il s’agira des sentiments ou des


mimiques par exemple.
- Conative, liée à l’influence, et qui permet à l’émetteur d’agir sur le
récepteur.
- Phatique, par laquelle le contact est maintenu.
- Métalinguistique, associée au code. Elle intervient notamment lorsque
deux interlocuteurs utilisent un langage pour expliquer un autre langage.
- Référentielle, qui permet de dénoter le monde qui nous entoure.
- Poétique, qui se rapporte à la forme du message quelle qu’elle soit.

https://www.youtube.com/watch?v=SgOKG9KCavs

 La remise en cause des modèles mécanistes : les modèles systémiques

A. Science mécaniste versus cybernétique

 Norbert Wiener (1894-1964), le père fondateur de la cybernétique


Wiener intègre la notion de feedback entre l’émetteur et le récepteur.
Il élabore un schéma basé sur un système en boucle qui décrit la relation de
communication entre les deux émetteur-récepteur qui se nourrit elle-même

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puisqu’elle prend en compte la réaction du récepteur émettant ensuite un
message.

Wiener distingue les feedback positifs et les feedback négatifs. Il a permis


aux chercheurs de s’écarter d’une vision autrefois linéaire de la
communication.

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B. L’école de Palo Alto (1960-1980)

L’école de Palo Alto (ville de Californie) fait référence à un groupe de


chercheurs américains (Gregory Bateson, Goffman, Hall, Birdwhistell et
Watzlawick…) ayant combiné leurs disciplines respectives pour travailler
ensemble sur les théories de la communication et de la relation entre les
individus. Les concepts essentiels proposés par ce modèle incluent notamment
les idées suivantes :

 La communication est une activité sociale permanente, essentielle au


renouvellement de la culture.
 La communication sert plus à intégrer, à dire que l’on appartient à la même
communauté, qu’à informer.
 Elle n’est pas seulement verbale, le comportement et la position du corps
entrent également en jeu.
 Se détournant du modèle linéaire de la communication, ils travaillent à partir
du modèle circulaire interactif proposé par Norbert Wiener. Dans cette vision
circulaire, le récepteur a un rôle aussi important que l’émetteur.
 La communication n’est pas toujours intentionnelle, dans le sens où elle se fait
en permanence de manière conscience ou non. « On ne peut pas ne pas
communiquer. » Watzlawick.

https://www.youtube.com/watch?v=XOXn4GmrKR4

https://www.franceculture.fr/emissions/le-malheur-des-uns/paul-watzlawick-
ou-lultra-solution

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C. Le structuralisme

 Roland Barthes (1915-1980)

Roland Barthes s'est imposé à partir des années 50 comme l'une des figures
centrales du structuralisme, mouvement intellectuel qui affirme que tout
phénomène se "structure" de manière signifiante. Ainsi Barthes montre-t-il
dans Le Degré zéro de l'écriture (1953), dans la continuité de la linguistique
élaborée par Ferdinand de Saussure pour qui la langue est un système cohérent
à étudier de façon autonome, comment "l'écriture (est) condamnée à se
signifier elle-même", considérant ainsi que l'étude des structures du langage
littéraire (le style en particulier) permet de déterminer les significations du
texte.

Dans Mythologies (1957), Barthes entreprend de lire quelques "mythes de la


vie quotidienne moderne". Il y décrypte le "tissu de nos évidences" c'est-à-dire
les "signes" qui incarnent le "Français moyen" des années 50. En analysant par
exemple l'image de l'Abbé Pierre, le bifteck et les frites ou les combats de
catch, Barthes déchiffre les significations cachées de ces "matériaux" comme
autant de symboles ; banals en apparence, ceux-ci sont selon lui des
productions historiques véhiculant des idées socialement conservatrices. Il
formalise son approche au cours des années 60 en promouvant la sémiologie,
"science qui étudierait la vie des signes au sein de la vie sociale". Si son
ouverture d'esprit lui a fait aborder des objets aussi variés que le cinéma, la
photographie, la mode ou la musique, il a accordé un intérêt constant à la
littérature, renouvelant les approches de la critique littéraire.

Dans Sur Racine (1963), il ose une lecture psychanalytique qui suscite de vives
réactions chez les professeurs de La Sorbonne, manifestant une révolte anti-
académique commune à l'ensemble des "structuralistes" (Michel Foucault
notamment) et parallèle aux nouvelles vagues contestataires de la vie
artistique des années 60. Barthes effectue un tournant dans sa pensée à partir
des années 70 où ses recherches l'amènent à remettre sur le devant la part
subjective dans l'écriture (Roland Barthes par lui-même ).

Il récuse progressivement la tentation scientifique pour exalter le jouissance


que le texte fait éprouver au lecteur, la "saveur" humaine devenant plus
précieuse que le "savoir" même (Fragments d'un discours amoureux ).

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https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000509/le-structuralisme-de-
roland-barthes.html

http://d1n7iqsz6ob2ad.cloudfront.net/document/pdf/5385d57dbc861.pdf

D. Les nouvelles théories de la communication

 La revalorisation du rôle du récepteur

Les premières théories ont toutes eu tendance à minimiser la place du


récepteur.

Dans les années 1960-70, les travaux de l’historien Hans Robert Jauss (1921-
1997) et du théoricien Wolfgang Iser (1926-2007) participent à redonner à
l’interlocuteur une place centrale en le décrivant comme capable de réagir en
fonction de sa situation et de ses compétences.

 La revalorisation du rôle du média

Dans le même ordre d’idées, la médiologie née dans les années 1990 replace le
média au cœur de la communication. La médiologie est une méthode de
recherche inspirée par le philosophe Régis Debray (1940). Elle étudie comment
la création d’un nouveau média influe non seulement sur les messages, mais
aussi sur les comportements et les mentalités. Et à l’inverse, comment une
culture assimile ou modifie une innovation technique.

 Les nouveaux modèles (XXIe siècle)

Avec les réseaux sociaux et les nouveaux usages de la communication,


l’apparition d’un nouveau modèle dit « communautaire » organise la toile.

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Le réseau social composé de communautés qui interagissent avec le message
soumis aux commentaires.

C’est ce filtre complexe qui fabrique le buzz internet ! L’arrivée de la


communication parasite : fake news. (Présentation Courrier international).

Deux remarques :

 Du point de vue de l’émetteur : le message émis puis filtré peut arriver


sous une forme différente (être interprété différemment) par rapport au
message d’origine.
 Du point de vue du récepteur, le feedback n’est plus maîtrisé puisqu’il
passe par la communauté.

Le modèle des réseaux échappe à la linéarité : le média n’est plus un simple


canal et les émetteurs/récepteurs ne sont plus les acteurs du process de
communication : on parle alors de sphères de communication à géométrie
variable.

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