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travail sécurité

Dossier
& LE mensuel DE LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS

Les travaux
au contact de l’eau
N° 762 – JUIN 2015 – 5,20 e

n en images n LE grand entretien n perspectives n en entreprise


Faire du neuf Véronique Tassy, médecin Quand les souris Des référents en troubles
autour du vieux inspecteur régional du travail se redressent pour musculosquelettiques
dans le bâtiment et Éric Roussel, sociologue devenir ergonomes qui font la différence
sommaire

15L’omniprésence de l’eau
dans l’environnement de travail
impose aux entreprises d’adopter
choix organisationnels et mesures

12
de prévention spécifiques.

© Patrick Delapierre pour l’INRS


Elle est médecin inspecteur régional du travail,
il est sociologue. Ils ont mené un série d’études
sur les effets du management sur la santé
dont une sur les nouvelles technologies
de l’information et de la communication.
© Clément Portal pour l’INRS

40
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

En Normandie, un constructeur
automobile a réalisé, avec l’appui
de la Carsat, un travail important
en faveur de ses salariés
et de ceux des entreprises
intervenantes.

04 ACTUALITÉS 15 DOSSIER
n Produits chimiques. Le système « CLP » devient Les travaux au contact de l’eau
le règlement européen unique
n Risques psychosociaux. Un taux de suicide 16. L’eau, cet élément à risque
élevé chez les surveillants pénitentiaires 18. Au-dessus de l’eau mais au sol
n Sécurité sociale. Une septuagénaire fringante
n Projet de loi. Le dialogue social pourrait être
20. Entretien des cours d’eau :
modifié dans les entreprises des chantiers imprévisibles
n Publication. Médecins et cancers professionnels 22. Le port de Dieppe regarde l’avenir
24. Traitement des eaux usées :
« Une approche industrielle »
12 Le Grand entretien
25. Q uand le métier est un loisir
Véronique Tassy, médecin inspecteur
27. À risques multiples, formations multiples
régional du travail et Éric Roussel,
sociologue
(Se) poser les bonnes questions 30 PERSPECTIVES
pour détecter les situations à risque Ergonomie. Quand les souris se redressent

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


32
Quand la zone d’un chantier
de construction s’étend sous

© Gaël Kerbaol/INRS
et autour d’un couvent
du XVe siècle, cela représente
une prouesse technique
et un défi en matière
d’organisation.

Photo de couverture : Clément Portal pour l’INRS

Revue mensuelle publiée par l’Institut national


de recherche et de sécurité (INRS)
pour la prévention des accidents du travail

44
et des maladies professionnelles.
65, boulevard Richard-Lenoir - 75011 Paris.
Tél. : 01 40 44 30 00. Fax : 01 40 44 30 41.
Dépôt légal 1950-9005. ISSN 0373-1944.
www.travail-et-securite.fr – www.inrs.fr
Des référents
en ergomotricité chargés E-mail rédaction : ts@inrs.fr.
de former leurs collègues Prix au numéro : 5,20 e.
© Serge Morillon / INRS

aux bonnes pratiques Abonnement annuel : 46 e.


de manutention des patients.
C’est la solution adoptée Directeur de la publication : Stéphane Pimbert.
par le CH de Saverne Rédactrice en chef : Delphine Vaudoux.
pour lutter contre les troubles Assistante : Marie-Thérèse Margato, 01 40 44 30 40.
musculosquelettiques. Secrétaire de rédaction : Alexis Carlier.
Rédaction : Antoine Bondéelle, Grégory Brasseur,
Katia Delaval, Céline Ravallec.
Ont collaboré à ce numéro : Patrick Delapierre,
Grégoire Maisonneuve, Serge Morillon,

32 EN IMAGES Guillaume J. Plisson, Clément Portal.


Rédacteur-graphiste : Amélie Lemaire.
Bâtiment. Faire du neuf autour du vieux Reporter-photographe : Gaël Kerbaol.
Iconographe : Nadia Bouda.
Responsable de fabrication : Sophie Schwab.

40 EN ENTREPRISE Documents officiels : assistance juridique,


01 40 44 31 63 ou 01 40 44 31 57.
40. Construction automobile Abonnements-diffusion : 01 55 56 71 03.
En pole position, même sur les conditions
Photogravure : Made for com.
de travail Impression : Imprimerie de Compiègne-
Groupe des imprimeries Morault.
44. Troubles musculosquelettiques
Des référents qui font la différence Ce journal est imprimé par une imprimerie certifiée
Imprim’vert®, avec des encres à base d’huile végétale
46. Ehpad sur papier issu de forêts gérées durablement.
Bien anticiper pour bien grandir

43 services
n Questions-réponses n Retour sur n À la loupe 10-31-1668 / Certifié PEFC / pefc-france.org

n Extraits du Journal Officiel

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


ACTUALITÉS
Le chiffre
04
05
28
classes de danger sont
définies par le règlement CLP
(contre 15 catégories dans
le précédent système) :
16 classes de danger physique,

© Guillaume J.Plisson pour l’INRS


10 classes de danger pour
la santé, 2 classes de danger
pour l’environnement.

Produits chimiques
Le système CLP devient
le règlement européen unique
Jusqu’au 31 mai dernier, coexistaient dans l’Union européenne deux systèmes
réglementaires pour la classification, l’emballage et l’étiquetage des produits chimiques.
Depuis le 1er juin, le règlement CLP est l’unique référence.

J
usqu’au 31 mai dernier, positions particulières), il était l’ensemble des produits CLP, précise Annabel Maison,
deux systèmes régle- jusqu’alors possible d’utiliser chimiques, à l’exception de expert en risques chimiques à
mentaires coexistaient l’un des deux systèmes pour ceux faisant déjà l’objet de l’INRS. Impliqué dans le com-
pour classer, emballer les mélanges. Le système pré- réglementations spécifiques, merce des produits chimiques
et étiqueter les produits cédent 3 est abrogé depuis le comme notamment : les médi- ou simple utilisateur, tout le
chimiques. Depuis le 1er  juin 1er  juin 2015. Néanmoins, les caments, les déchets, les addi- monde est concerné et doit se
2015, le règlement « CLP » 1, qui lots de mélanges classés, éti- tifs alimentaires, les produits familiariser avec ces codes. » n
permet l’application en Europe quetés et emballés selon cet cosmétiques… Par ailleurs, 1. CLP : Classification, Labelling and
de recommandations inter- ancien système et mis sur le il ne s’applique pas au trans- Packaging. Règlement (CE)
nationales 2, devient l’unique marché avant le 1er  juin 2015 port de marchandises dange- n°1272/2008 du 16 décembre 2008
référence. La réglementation peuvent continuer à circuler reuses. modifié. Parution : JOUE du
31 décembre 2008, n° L 353.
sur la classification, l’embal- pendant deux ans (jusqu’au Un grand nombre d’outils
lage et l’étiquetage des pro- 1er  juin 2017) sans réétique- d’information permettent de 2. Système général harmonisé de
classification et d’étiquetage des
duits chimiques vise à assurer tage, ni réemballage. mieux comprendre et d’adop-
produits chimiques (SGH) de l’ONU.
la protection des travailleurs, Les différences entre les deux ter le nouveau système. «  Sur
3. Directives 67/548/CEE et 1999/45/
des consommateurs et de l’en- systèmes portent essentielle- le site de l’INRS, des dépliants,
CE modifiées mises en application en
vironnement. La classification ment sur les points suivants : affiches, audiovisuels, bro- France par le biais des arrêtés du
permet d’identifier les dan- • le vocabulaire change : on chures, articles ou outils de for- 20 avril 1994 et du 9 novembre 2004.
gers que les produits peuvent ne parle plus de préparations, mation sont à disposition afin modifiés.
présenter du fait de leurs pro- mais de mélan­ges ; de mieux faire appréhender le A. B.
priétés physico-chimiques, de • le système CLP définit
leurs effets sur la santé ou sur 28  classes de danger (contre En savoir plus
l’environnement. C’est à par- 15 catégories dans l’autre sys-
n Dépliants : références ED 4405, 4406, 6041. INRS.
tir de la classification qu’est tème) ;
n Affiches : références AD 735 à 740, 746. INRS.
réalisée l’étiquette de danger, • les critères de classifica-
première information essen- tion (c’est-à-dire les règles n Brochure : ED 6197. INRS.
tielle et concise qui a pour but qui permettent de définir n Le mémento du règlement CLP (à paraître fin 2015). INRS.
d’informer sur les dangers des l’appartenance d’un produit n Audiovisuels : DV 386, DM 390. INRS.
produits et les précautions à à une classe de danger) sont n Dossier web « Classification et étiquetage des produits
prendre lors de leur utilisation. différents, de même que les chimiques ». INRS.
Si la classification, l’emballage étiquettes de danger : picto- n Dossier : « Du nouveau dans la prévention des risques
et l’étiquetage des substances grammes, libellés pour com- chimiques ». Hygiène & Sécurité du Travail, mars 2015, n° 238,
(pures) devaient répondre muniquer sur les dangers et pp. 20-47.
aux règles CLP depuis le conseils de prudence… À consulter sur : www.inrs.fr/CLP.
1er  décembre 2010 (sauf dis- Le règlement CLP concerne

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


actualitéS
Risques psychosociaux Web-doc
La prévention,
Un taux de suicides élevé chez ça rapporte
les surveillants pénitentiaires L’OPPBTP a lancé en avril
une campagne de vidéos
témoignages, « La Prévention,

L
ça rapporte ! », sous la forme
es agents de l’admi- selon les propres termes de
nistration pénitentiaire l’InVS, n’a d’ailleurs pro-
(AP) travaillent dans bablement pas une origine
un environnement unique et les données dis-
professionnel parti- ponibles ne permettent pas
culier. Ils sont exposés à des d’explorer la part des facteurs
nuisances professionnelles personnels et professionnels.
spécifiques (stress, insécu- En revanche, selon le rapport,
rité, etc.).  (…) La mise en « les surveillants sont exposés
place d’une étude épidémio- à des contraintes psychoso-
logique sur les agents de l’AP ciales reconnues délétères
s’avérait donc utile. » C’est à pour la santé psychique et
d’une web série en dix épisodes.
partir de ce constat qu’un pouvant constituer un élé-
Destinée à convaincre près
travail conjoint de l’Institut ment favorisant des conduites
de veille sanitaire (InVS) et suicidaires ». n de 200 000 entreprises du BTP
de l’administration pénitenti- G. B. que la prévention est à la portée
aire a été lancé sur l’analyse de chacun et qu’elle est rentable,
des causes de décès dans cette campagne présente
cette population. Il concerne des cas concrets, en phase
l’ensemble des agents ayant avec l’environnement et la réalité
travaillé au moins un an dans des entreprises, pour guider de
l’administration pénitentiaire façon pratique les professionnels
entre 1990 et 2008 – soit dans leurs actions de prévention.
43 865 personnes, dont 75 %
d’hommes –, au sein de cinq Événement
filières professionnelles : sur- La qualité de vie
veillance, insertion et proba- au travail à l’honneur
tion, administration, services
techniques et encadrement. L’Anact organise sa 12e édition
Les résultats de cette étude de la Qualité de vie au travail,
viennent d’être publiés et on avec pour thème « Rendons le
note qu’un nombre élevé de travail parlant ! », du 15 au 19 juin
suicides est observé chez les 2015. Un colloque national de
hommes (+ 21 % par rapport lancement aura lieu au Forum des
à la population française), en Images, à Paris, le 15 juin, et un
particulier les surveillants programme événementiel varié en
© Kévin B. pour l’INRS

et les adjoints techniques. régions ou encore un concours


Aucun lien n’est établi avec photo constitueront les temps
le type d’établissement ou le forts de ce rendez-vous national
taux d’occupation carcérale. grand public. Par ailleurs, chefs
« L’excès de suicide » observé, d’entreprise, directeurs
des ressources humaines,
consultants, managers, médecins
« La santé et la sécurité (…) au travail du travail, chargés de prévention,

doivent être une priorité de l’action représentants du personnel,


institutionnels… et tous les

des organisations internationales, salariés sont parties prenantes


de cette semaine. Événement
des gouvernements nationaux, phare autour duquel les

des entreprises. Cette priorité répond partenaires sociaux, les


collectivités territoriales
à une double exigence : la première, et les services de l’État

la plus fondamentale, est une exigence s’engagent aux côtés du réseau


Anact-Aract, il permettra cette
morale (…) ; la deuxième (…), c’est année encore de débattre, de
valoriser les initiatives et de
une exigence d’efficacité économique (…). » diffuser les bonnes pratiques.
Extrait du discours de François Rebsamen, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle En savoir plus :
et du dialogue social, à l’occasion de la Journée mondiale pour la santé et la sécurité au travail, le 28 avril www.qualitedevieautravail.org.
dernier, à Paris.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


ACTUALITÉS
Cette année, la Sécurité sociale fête ses 70 ans. À cette
06 occasion, de très nombreux événements, au niveau national
07 et dans les départements, vont être organisés, pour la faire
Intérim
connaître et reconnaître par le plus grand nombre.
La Minute du Fastt
Le Fonds d’action sociale du travail
temporaire (Fastt), dont les Sécurité sociale
missions premières sont de
conseiller, orienter et guider les Une septuagénaire fringante
salariés intérimaires dans leur

L
parcours professionnel, a lancé à
la fin de l’année 2014 un nouveau e 5 mai dernier, Marisol annoncé une réflexion sur la
magazine vidéo d’information Touraine, ministre des simplification de l’affiliation,
entièrement gratuit sur internet. Affaires sociales, de la aboutissant, pourquoi pas,
Dans un format court et direct, Santé et des Droits des à terme, à l’affiliation à une
intitulé « La Minute du Fastt », il est femmes, a officielle- seule et même caisse tout au
en ligne sur la chaîne YouTube ment donné le coup d’envoi long de sa vie.
de l’association et totalise déjà des manifestations autour des
plus de 2,4 millions de vues. 70 ans de la Sécurité sociale. Retrouver les
« La Minute du Fastt » délivre Une institution née des deux fondamentaux
des conseils thématiques aux ordonnances de 1945 : celle Ainsi, le 5 mai, un site
intérimaires. Les vidéos abordent internet a été ouvert :
des sujets pratiques comme www.70anssecuritesociale.
le logement, la mutuelle, ou les fr. Il a pour ambition d’offrir
accidents du travail au rythme trois types de services : des
de deux nouvelles vidéos par mois. supports d’information et de
Pour visionner La Minute du Fastt : pédagogie adaptés aux diffé-
https://www.youtube.com/user/
rents publics, l’agenda com-
fasttorg.
plet et l’actualité des événe-
Pollution ments organisés pour fêter les
Le diesel et le foie 70 ans de la Sécurité sociale,
et un espace de dépôt des pro-
Des chercheurs de ductions des lycéens, dans le
l’Inserm (Institut national cadre d’un concours organisé
de la santé et de la recherche avec l’Éducation nationale.
médicale) viennent de montrer « Car nous voulons, à travers
que les particules fines des cet événement, revisiter les
diesels sont non seulement
© INRS

fondations mais aussi retrou-


toxiques pour les poumons, mais ver les fondamentaux de la
aussi capables de s’attaquer Sécurité sociale », a expliqué
à d’autres organes. S’il avait déjà du 4 octobre relative à l’orga- Dominique Libault, directeur
été mis en évidence que ces nisation et celle du 19 octobre de l’École nationale supé-
particules modifient la fonction relative aux prestations de la rieure de la Sécurité sociale
de certaines enzymes hépatiques, Sécurité sociale. « À travers et directeur de ce projet.
cette nouvelle étude, dont les cette célébration, nous ne Le site a vocation à s’enrichir
réultats ont été publiés par ses voulons pas nous retourner tout au long de cette année.
auteurs à la fin du mois de mars avec nostalgie sur le passé, Il comprend également une
dernier sur le site d’édition a insisté la ministre, mais rubrique destinée à recueillir
scientifique en ligne PLos One, montrer le chemin parcouru. les propositions des salariés
montre ainsi qu’elles peuvent Certains veulent remettre en en équipe, dans le cadre d’un
aussi altérer la capacité du foie question le principe de l’affi- concours « appel à idées »
à trier et éliminer les déchets liation obligatoire au régime sur les améliorations de ser-
toxiques pour l’organisme. de Sécurité sociale, a-t-elle vice et sur la promotion de la
Même s’il ne s’agit que de travaux poursuivi, mais je veux ici Sécurité sociale.
menés in vitro, le spectre rappeler que ce principe fon- À noter que le slogan associé
des conséquences cliniques dateur n’est pas négociable. » à cette année anniversaire
envisagées est large : Ces 70 ans seront l’occa- est : « Sécurité sociale. La vie
perturbations endocriniennes, sion de faire de la pédago- en plus ». Le point d’orgue en
perturbation de l’élimination de gie en direction d’un large sera le colloque du Comité
médicaments et de métabolites public, de montrer que cette d’histoire de la Sécurité
endogènes, ou encore excès «  septuagénaire fringante », sociale qui se déroulera le
de stress oxydatif lié à une comme l’a décrite Chris- 26 novembre prochain. Son
mauvaise élimination des radicaux tian Eckert, secrétaire d’État programme sera disponible
libres, pouvant contribuer chargé du budget, s’adapte sur le site internet dédié aux
au développement de maladies et se modernise. De son côté, 70 ans. n
chroniques. Marisol Touraine a également D. V.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


De nouvelles étiquettes
pour tous
vos produits chimiques

Photos : © G. J. Plisson et P. Delapierre pour l’INRS, G. Kerbaol - INRS.

Pour connaître et appliquer le nouveau système


de classification et d’étiquetage,
retrouvez toutes nos informations sur le site de l’INRS.

www.inrs.fr / CLP
ACTUALITÉS
Projet de loi
08
Le dialogue social pourrait
NORD-
PICARDIE

09 NORMANDIE
ILE-DE- ALSACE

évoluer dans les entreprises


FRANCE MOSELLE
NORD-EST
BRETAGNE

PAYS
DE LA LOIRE CENTRE
BOURGOGNE
FRANCHE-COMTÉ

CENTRE-OUEST

RHÔNE-ALPES

AQUITAINE
AUVERGNE
Le 22 avril dernier, François Rebsamen a présenté un projet
MIDI-PYRÉNÉES
LANGUEDOC
ROUSSILLON SUD-EST de loi destiné à moderniser le dialogue social dans les
entreprises. Le texte prévoit, entre autres, le regroupement
de toutes les instances représentatives du personnel au sein
d’un seul organisme, la délégation unique du personnel.
Les régions

U
n France entière
Afin de réduire le risque
n projet de loi sur le dialogue Le projet de loi prévoit également de
de cancers professionnels liés
social a été présenté par le regrouper les dispositions concernant
aux émissions de moteurs diesel, ministre chargé du Travail, l’information et la consultation des CE en
classées comme « agent François Rebsamen, à l’issue trois grands types  : orientations straté-
cancérogène avéré pour du Conseil des ministres du giques et conséquences ; situation écono-
l’homme » par le Centre 22 avril dernier. Il doit être prochainement mique de l’entreprise ; et politique sociale.
international de recherche contre discuté à l’Assemblée nationale, pour un Les négociations annuelles obligatoires
le cancer (Circ), l’Assurance vote espéré par l’exécutif avant la fin de (NAO) auraient lieu autour de trois thèmes :
maladie-risques professionnels la session parlementaire, en juillet pro- rémunération et temps de travail ; qualité
lance « airbonus », un système chain. Le projet porte notamment sur les de vie au travail ; et gestion prévisionnelle
d’aide financière destiné aux instances représentatives du personnel, des emplois et des compétences (GPEC).
centres de contrôle technique comité d’entreprise (CE), délégués du per- En cas d’absence d’un délégué syndical,
automobile de moins sonnel (DP) et comité d’hygiène, de sécu- un mandat pourrait être donné à une per-
de 50 salariés. D’un montant rité et des conditions de travail (CHSCT), sonne non déléguée par une organisation
forfaitaire de 40 % de qu’il prévoit entre autres de regrouper au
l’investissement hors taxes, sein d’une délégation unique du personnel
cette aide permet l’achat (DUP).
ou la rénovation d’un système
Cette instance existe déjà aujourd’hui dans
de captage des gaz
les entreprises de moins de 200 salariés,
d’échappement ou encore
sur option de l’employeur, et inclut le CE
l’acquisition d’une cabine
et les DP. Le texte présenté par le ministre
en surpression. Les centres
volontaires ont jusqu’au 30 avril
envisage une mise en place généralisée
2017 pour réserver cette aide
sous sa nouvelle forme dans toutes les
auprès de leur Caisse régionale entreprises de moins de 300 salariés, à
(Carsat-Cramif-CGSS). l’initiative de l’employeur. Pour les entre-
prises de plus de 300 employés, elle ne
n Ile-de-France pourra exister qu’à la suite d’un accord
Le 29 septembre 2015, la Cramif majoritaire entre l’employeur et les organi-
et la Carsat Normandie sations syndicales.
organisent, en partenariat avec Cette fusion ne signifierait pas la dispari-
© Gaël Kerbaol/INRS

la CNRACL et la Fnade, un colloque tion des prérogatives de chaque instance


interrégional sur le thème – bien que le projet, en l’état, apporte peu
« Collecte des déchets de précisions. Par ailleurs, une représen-
ménagers ­­– Prévention tativité la plus proche possible du rapport
des risques, clé de la femmes/hommes dans l’entreprise serait
performance ». Ce colloque mise en place lors des élections pour la
propose de dresser un bilan, désignation des représentants dans les syndicale, en vue de négocier des accords.
de partager des bonnes pratiques instances. Les représentants du personnel pourraient
et de présenter deux nouveaux bénéficier d’un meilleur suivi de carrière
outils : un livre blanc pour aider Quelques évolutions attendues par l’employeur, avec la mise en place
les collectivités territoriales En ce qui concerne les très petites entre- d’entretiens individuels.
à intégrer les critères de prises (TPE, moins de 11 salariés), où les Le texte inscrit également la spécificité
la recommandation R 437, délégués du personnel n’existent pas, la des métiers du spectacle (« intermittents »)
La collecte des déchets ménagers mise en place de commissions paritaires dans le Code du travail. Enfin, il prévoit
et assimilés, dans leur dossier régionales, composées de 20 membres la création d’une « prime d’activité », qui
d’appel d’offres, et Évaluac, (10 représentants des employeurs, 10 devrait remplacer la prime pour l’emploi et
un outil d’auto-évaluation salariés), serait étendue à l’ensemble des le RSA activité. Celle-ci devrait concerner
de la démarche de prévention secteurs. Ce dispositif existe déjà dans près de 5 millions d’actifs. n
des risques professionnels. l’artisanat, avec les CPRIA 1. Cependant, les 1. Commission paritaire régionale
Pour s’inscrire pour le colloque : membres de ces commissions n’auraient interprofessionnelle de l’artisanat.
www.cramif.fr/CDM2015. pas accès aux locaux des entreprises. A. B.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


actualitéS

L’IMAGE DU MOIS
Sur le chantier de construction du futur stade Arena 92 à Nanterre-
La Défense, dans les Hauts-de-Seine, l’accent a été mis sur la prévention
des risques de chutes de hauteur par l’entreprise générale de
construction Vinci. En particulier, le recours systématique aux nacelles
a été généralisé dès la phase du gros-œuvre. Jusqu’à trente-six nacelles
ont été utilisées sur le chantier. Les compagnons titulaires de Caces
(certificats d’aptitude à la conduite en sécurité) spécifiques ont reçu,
après avis d’aptitude médicale, une autorisation de conduite
pour la durée de leur activité sur le chantier. Cette technique est mise
en œuvre actuellement à l’occasion de la pose des charpentes
métalliques sur les portiques de béton coulés sur place.

© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

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ACTUALITÉS
Publication
10
11 Médecins et cancers
professionnels

A
fin de l’ayant-droit dans la
contribuer déclaration d’un can-
à un meil- cer en maladie pro-
leur repé- fessionnelle.
rage et à Selon l’Institut de
Le monde une meilleure prise veille sanitaire (InVS),
en charge médico- 4 à 8,5 % des cancers
n États-Unis
administrative des seraient attribuables
Selon une étude du Niosh,
patients atteints de à une exposition à des
l’institut fédéral américain chargé
cancers profession- agents cancérogènes
de la prévention des risques
nels, l’Institut natio- en milieu de travail,
professionnels, les pompiers
nal du cancer (Inca) mais ils sont généra-
sont exposés à un risque accru
vient de publier une lement sous-déclarés
de décès par cancer par rapport
brochure visant à en tant que maladies
à la population générale,
aider les médecins, profes sion­n el les…
notamment leucémie et cancer
généralistes ou spé- car ils n’apparaissent
du poumon. Les auteurs
cialistes, à accompa- bien souvent qu’après
de cette étude se sont appuyés
gner la déclaration la cessation d’activité
sur des données rassemblées
d’un cancer en mala- des patients.
auprès de 20 000 pompiers
die professionnelle. Cette brochure pro-
hommes de Chicago, Philadelphie
Intitulée Cancers pro- pose également une
et San Francisco sur une période
fessionnels : pour­q uoi et com- aide pratique, comme les
de six décennies.
ment déclarer en maladie questions à poser à un
n Allemagne professionnelle ?, celle-ci est patient pour rechercher une
D’après une étude publiée par destinée aux médecins, géné- éventuelle exposition profes-
le BAUA, les salariés seniors ralistes ou spécialistes, pre- sionnelle présente ou pas-
souffrent des conséquences nant en charge des patients sée, une liste de métiers et
de la pression liée aux délais et à atteints de cancer. Elle a pour d’activités particulièrement
la performance. Parmi les cadres objectif de fournir de manière concernés, ainsi que des
supérieurs et les universitaires, synthétique des éléments liens utiles vers les docu-
89% des travailleurs d’information sur les enjeux ments à remplir. Elle peut
souhaiteraient prendre et la marche à suivre pour la être téléchargée sur www.
une retraite anticipée, contre accompagner la victime ou e-cancer.fr. n
73% chez les artisans.

n Italie
le chiffre
Les maladies ostéo-articulaires
et musculo-tendineuses, comme
les tendinites, les affections
des disques intervertébraux
65 jours
et le syndrome du canal carpien
ont été perdus en moyenne pour cause d’accidents
représentent, selon des chiffres du travail par les entreprises artisanales en 2013.
publiés par l’Inail, 63 % des Source : Iris-st. Lire l’étude complète : www.iris-st.org/enjeux-2/les-chiffres-at-mp-43.php.
maladies professionnelles
déclarées par la main-d’œuvre
masculine, et près de 87 % chez Travail sur écran
les femmes (13 000 déclarations Lève-toi et marche
sur 15 000).
Un chercheur américain, le Dr Srinivasan Beddhu, et son équipe de la Utah School
n DANEMARK of Medicine à Salt Lake City (États-Unis), ont travaillé à partir de la base de données
30% des accidents de travail de l’Enquête nationale sur la santé et la nutrition, réalisée aux États-Unis . Ils ont étudié
et des maladies professionnelles un échantillon de 3 243 participants pendant trois ans, équipés d’accéléromètres,
ne seraient pas déclarés. C’est afin de mesurer leur degré d’activité physique au quotidien. Au final, les auteurs insistent
ce qui ressort d’une étude, sur l’importance de se lever régulièrement lorsque l’on travaille en position assise,
commandée par la Confédération mais aussi de marcher ou de pratiquer une autre activité physique d’intensité modérée
des syndicats, qui a comparé durant deux minutes, chaque heure. Les auteurs ont montré qu’à la fin de la semaine,
les données recueillies auprès la période d’activité peut – selon les cas – aller jusqu’à 2 heures. « On diminuerait ainsi
d’un hôpital avec les déclarations de 33 % le risque de décès prématuré », estime l’auteur.
enregistrées dans la région de L’INRS a réalisé des documents sur le sujet : affiches (réf. A 683 et A 676) et vidéos (« Prévention
l’hôpital par l’Autorité danoise des risques liés au travail sur écran » et « Profitez de cette interruption pour bouger »). À consulter
pour l’environnement de travail. sur www.inrs.fr.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


actualitéS
Les parutions
L’Agenda
n Le dossier d’installation d’utilisation (en présence d’un gaz n Paris, les 11 et 12 juin 2015
de ventilation ou d’une vapeur, d’un mélange,
Enjeux psychosociaux
Les exigences du Code du travail relatives en atmosphère chaude, en atmosphère
Ce colloque a pour thème « Agir
à l’aération et à l’assainissement appauvrie ou enrichie en oxygène). sur la santé au travail : acteurs,
des locaux de travail imposent au chef Elle donne également des éléments pratiques et dispositifs autour
d’établissement la constitution et la tenue concernant les seuils d’alarme ainsi des enjeux psychosociaux ».
à jour d’un dossier pour chaque que l’entretien et le calibrage Organisé par le Groupe d’études
installation de ventilation. Un des objectifs de ces équipements. sur le travail et la souffrance au
de cette réglementation est de permettre ED 116 travail (Gestes), il permet de
de bien connaître les installations faire le point sur les questions
de ventilation dès leur conception n Cuves de traitement de surface scientifiques et pratiques qui
et d’en assurer un meilleur suivi par Le guide pratique de ventilation Cuves entourent l’action sur les enjeux
la maintenance et les contrôles de traitement de surface propose psychosociaux de la santé
périodiques. L’élaboration des différentes une démarche de conception au travail. Le colloque 2015
parties du dossier d’installation apparaît d’une installation de ventilation pour du Dim-Gestes a pour ambition
complexe, aussi le présent guide des cuves de traitement de surface. de faire dialoguer les différents
de ventilation, Le dossier d’installation Elle comprend quatre étapes : professionnels et les acteurs
de ventilation, transpose sur un plan • l’évaluation du risque (indice de toxicité du dialogue social impliqués
pratique les exigences réglementaires. et indice d’émission combinés conduisant aujourd’hui sur les thématiques
Un cas concret de réalisation d’un dossier à la définition des niveaux globaux des risques psychosociaux,
d’installation est présenté à titre du risque) ; de la qualité de vie au travail
d’exemple. Le dossier d’installation • la détermination du dispositif de captage, et des relations entre santé et
doit être tenu à la disposition des à l’aide d’un catalogue des dispositifs conditions de travail en général
inspecteurs du travail, des agents existants (couvercle, captage (pénibilité, sécurité et santé
des organismes de sécurité sociale enveloppant, aspiration latérale, au travail).
Pour tout renseignement :
compétents ainsi que des membres aspiration-soufflage, hotte), des critères
http://gestes.net/colloque-
du CHSCT. guidant leur choix et, le cas échéant,
2015-du-dim-gestes/.
ED 6008 des facteurs d’influence prépondérants ;
• les calculs des débits d’aspiration selon n Reims, du 16 au 18 juin 2015
n Les rayonnements ionisants le type de dispositif (avec comparaison Radioprotection
L’exposition professionnelle aux des débits sur un cas particulier La Société française de
rayonnements ionisants survient : et des exemples de calcul de débit) ; radioprotection fêtera les
• lors de l’utilisation de sources • la réalisation du réseau de ventilation cinquante ans de l’Association
radioactives scellées ou non scellées ; en tenant compte du transport lors de son dixième congrès
• lors de l’emploi de matières contenant des des effluents gazeux, du traitement national. Ce rendez-vous
éléments radioactifs, utilisées pour des rejets gazeux, des règles donnera l’occasion à tous
d’autres propriétés que leur radioactivité ; de ventilation générale et des contraintes les professionnels impliqués
• en présence de radioactivité naturelle dues à la compensation d’air. dans la protection contre les
sur les lieux de travail ; Des exemples de réalisations de diverses rayonnements ionisants et non
• à la suite d’un accident ou incident installations illustrent cette démarche. ionisants dans les domaines
au cours d’un processus industriel. En annexe : de la recherche, de la médecine,
Protéger l’homme, compte tenu • les valeurs limites d’exposition de l’industrie et de
des risques encourus, passe d’abord aux substances chimiques les plus l’électronucléaire, de présenter
couramment rencontrées, pour leurs réflexions et travaux les
par l’évaluation des risques, en prenant
plus récents. Les thèmes retenus
en compte le processus industriel les émissions en marche normale
sont les suivants :
et les conditions d’exposition et celles résultant d’une réaction
des personnes, puis par l’application intempestive,
• réglementation et normes
de radioprotection ;
de mesures de prévention qui visent • la classe de risque correspondant
à maîtriser tant les risques aux principaux procédés utilisés
• effets des rayonnements
ionisants sur l’homme
de contamination par les matières en traitement de surface.
et les écosystèmes ;
radioactives que les risques d’exposition ED 651
• développements en dosimétrie
aux rayonnements ionisants.
et en métrologie ;
ED 5027 n Mesures d’amiante dans l’air
• radioprotection des
Ce fascicule de six pages, intitulé
populations et des
n Les explosimètres Commander des mesures d’amiante dans
écosystèmes ;
Évaluer les risques dus au travail en l’air à des organismes accrédités, décrit
• radioprotection en milieu
atmosphère explosive constitue une les objectifs et la manière de commander
professionnel ;
obligation réglementaire. Les explosimètres auprès des organismes accrédités les
• radioprotection des patients ;
sont des instruments de mesure pouvant mesures individuelles sur opérateurs et les
• radioprotection en situation
être utilisés à cet effet. Cette fiche mesures environnementales que
incidentelle, accidentelle,
pratique de sécurité présente les principes l’entreprise doit faire réaliser pour évaluer
post-accidentelle ;
de fonctionnement des explosimètres, les niveaux d’empoussièrement en fibres
• rayonnements non ionisants ;
les différents types d’appareils disponibles d’amiante. Il est destiné aux employeurs.
• radioprotection et société.
(portatifs, portables, fixes) et leurs modes ED 6171
Pour tout renseignement :
Les brochures sont à consulter et à télécharger sur www.inrs.fr www.sfrp.asso.fr/

ou à demander auprès des Caisses régionales (Carsat, Cramif et CGSS).

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


le grand entretien
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Elle est médecin inspecteur régional du travail en Pays-de-la-Loire, il est sociologue. Ensemble,
VÉRONIQUE TASSY et ÉRIC ROUSSEL ont mené une série d’études intitulée « Un regard croisé
sur les effets possibles des pratiques managériales ». La troisième de ces études est
consacrée aux NTIC, nouvelles technologies de l’information et de la communication qui, si
l’on n’y prend pas garde, peuvent nous envahir et être à l’origine de souffrances au travail.

(Se) poser les bonnes


questions pour détecter
les situations à risque
Vous avez réalisé une série d’études qui ont
débouché sur des documents intitulés « Un
Repères Dans le cas très précis de cette troisième partie
de nos recherches qui traite de la question des
regard croisé sur les effets possibles des Véronique Tassy, effets des NTIC, je n’ai rencontré qu’un seul sala-
pratiques managériales ». Le troisième volet médecin inspecteur rié (alors que pour les deux autres j’ai pu rencon-
s’intéresse aux effets potentiellement délé- régional du travail trer jusqu’à huit salariés). Ce salarié, appelons-le
tères des NTIC (nouvelles technologies de (Pays-de-la-Loire) Patrick, est typique, c’est-à-dire que, à lui seul,
l’information et de la communication) sur la n De 1988 à 1997 : il condense des traits idéaux disséminés dans le
santé des salariés. Qu’est-ce qui a motivé ces médecin généraliste réel. Par ailleurs, pour écrire le document final,
études ? en libéral. nous nous sommes également appuyés sur des
Véronique Tassy. Un jour par semaine, je reçois n De 1998 à 2006 : lectures et nous avons réalisé des mises en pers-
des salariés en consultation de pathologie pro- médecin du travail. pective.
fessionnelle, depuis neuf ans, au CHU de Nantes. En cherchant à appréhender les effets possibles
n Depuis 2006 :
J’ai observé une augmentation des demandes de des pratiques managériales à l’intérieur de
médecin inspecteur
rendez-vous et il m’a semblé intéressant de croi- contextes et de conditions de travail particuliers,
régional du travail.
ser deux regards : celui du médecin inspecteur du nous avons voulu éviter deux écueils : « psycho-
travail et celui d’un sociologue, afin de resituer logiser », soit nous en tenir aux caractéristiques
les cas rencontrés dans leur contexte profession- Éric Roussel, Docteur des individus, mais aussi, prêter des intentions
nel. En travaillant avec Éric Roussel, j’ai réalisé en sociologie aux personnes qui ont créé les outils de mana-
qu’en tant que médecin, il me manquait une n 2004 : obtention gement, ainsi qu’à celles qui les ont mis en place
approche sciences humaines. J’ai découvert une d’un doctorat en et à celles qui les utilisent. Ni psychologisation ni
autre façon de raisonner. sociologie à l’université intentionnalisme ; on part directement des outils
Éric Roussel. Il est vrai que, du côté des sciences de Nantes. et on observe leurs effets.
dures, on analyse ce qui est compliqué, avec,
n 2007 : publication
comme principe : une cause produit un effet. Dans En quoi les NTIC ont-elles une influence sur
de l’ouvrage « Vies
les sciences molles, nous sommes davantage du la relation au travail ?
de Cadres : vers
côté du complexe, de l’incertain, ici : une même É. R. Les outils de management, ici, en parti-
un nouveau rapport
cause peut produire différents effets, parfois culier, les NTIC, agissent dans trois registres:
au travail » aux PUR.
inattendus. Notre complémentarité est synonyme ils s’immiscent dans le rapport du salarié à son
d’enrichissement de l’analyse. n Depuis 2004 : chargé travail, guident les conduites à tenir envers les
de cours en sociologie autres mais aussi envers soi-même. Les NTIC
Concrètement, comment avez-vous procédé à l’université, facilitent l’autonomie tout en accentuant la sou-
pour réaliser cette série de regards croisés ? au Cnam, à la CCI mission aux normes et aux délais, ce qui peut
V. T. À l’occasion des consultations en pathologie et au Cesi, entraîner du stress. Vis-à-vis des autres, elles
professionnelle, lorsque je rencontre des salariés établissement permettent d’exercer un contrôle mutuel. Enfin,
ayant un parcours intéressant pour l’étude en d’enseignement elles ont également une influence par rapport à
cours, je leur propose d’y participer. supérieur soi, parce qu’elles peuvent mener à une hyper-
É. R. Si le salarié accepte de participer à l’étude, et de formation connexion et une sollicitation permanente. Ces
je réalise avec lui un entretien approfondi, de professionnelle. effets sont liés à l’essence même des NTIC : leur
deux à trois heures, que nous retravaillons par capacité intrinsèque à dissoudre temps et espace.
la suite avec Véronique pour aboutir à des études
de cas. Celles-ci servent de point de départ à des Propos recueillis
En quoi les NTIC posent-elles problème ?
discussions avec un groupe de médecins du tra- par Katia Delaval É. R. Ce ne sont que des outils, elles ne sont pas
vail de Vendée. et Delphine Vaudoux un problème en soi, c’est l’usage qu’on en fait

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


Le grand entretien

© Patrick Delapierre pour l’INRS


Véronique Tassy
et Éric Roussel sont
respectivement
médecin inspecteur
régional du travail
en Pays-de-la-Loire
et sociologue.

qui peut devenir délétère. Les outils permettent conséquence, l’éventail de ses effets ? Ces ques-
l’apparition de comportements, ils ne les déter- tions peuvent notamment se poser aux médecins
minent pas mécaniquement. En effet, les NTIC et inspecteurs du travail…
rendent possibles sollicitations, requêtes, injonc- É. R. D’autant que certains considèrent que cer-
tions, contrôles en dissolvant variables spatiales taines tâches, liées aux NTIC, comme la lecture
et temporelles. La sollicitation permanente guette des mails, ne font pas partie de leur cœur de
ainsi tous les individus… tout, partout, tout le métier, et donc ils ne les considèrent pas comme
temps. Mais ces effets ne sont possibles qu’en du travail.
l’absence de limites, ces dernières ne pouvant
être posées par la technique. Pendant l’entretien, Quelles limites peuvent être imposées pour
Patrick, cadre commercial dans la grande distri- prévenir des méfaits potentiels des NTIC, et
bution, m’a dit : « Le téléphone portable au début, par qui ?
il n’est que portable. Mais après on va nous four- V. T. À vrai dire, on tâtonne. On m’a relaté cer-
nir le système pour téléphoner quand on est au taines expériences, comme le fait de n’autoriser la
volant en ayant les mains libres. » Le fait de pou- lecture des mails qu’à certaines heures, à l’instar
voir être joignable, mobilisable partout, désins- de cette banque qui a essayé de fermer l’accès
crit l’individu d’un lieu de travail. aux mails professionnels à partir de 18 heures.
V. T. Pourtant, on sait que temps à soi et temps Mais la patiente qui m’en parlait m’a expliqué que
pour soi sont l’un et l’autre nécessaires à la santé quelques minutes avant la fermeture, elle s’en- Les outils de
des individus. La charge psychique liée à l’inves- voyait tous les documents sur son mail personnel management
tissement sans limite risque aussi de poser pro- pour continuer à travailler le soir, chez elle. Là, le Tout ce qui
blème pour la santé des salariés, et de les mener vrai problème dans ce cas n’est pas l’usage des va servir de
à l’épuisement. NTIC mais la surcharge de travail. médiation entre
É. R. Ce type de décision, comme la restriction un individu et
Dès lors, comment apprécier la durée du horaire d’accès aux mails, n’est pas une solu- son travail :
temps de travail ? tion si on ne s’attaque pas à la cause et qu’on ne ils indiquent ce
V. T. Cela peut devenir un vrai problème. Avec réfléchit pas à ce qui dépasse l’organisation du qui doit être
des salariés connectés en permanence, où com- travail : notre société se disloque sous l’emprise réalisé et la façon
mence et où s’arrête le travail ? Comment estimer d’une vision gestionnaire du travail, moyen pri- de le faire.
la durée du temps de travail, et donc, par voie de vilégié pour répondre à des impératifs de pro-

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015
le grand entretien
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ductivité et de rendement qui n’épargnent aucun risque lors des entretiens entre médecins du tra-
NTIC domaine, même l’hôpital. Par ailleurs, la vision vail et salariés. Ces réunions doivent déboucher
Les nouvelles que la société se fait du travailleur idéal, personne sur la rédaction de fiches d’entreprises destinées
technologies de constamment branchée, en permanence sur le aux employeurs 1.
l’information et de qui-vive, accentue les effets potentiellement délé- Car le salarié, dans un premier temps, ne dira
la communication tères des NTIC. jamais que les pratiques managériales liées aux
(NTIC) regroupent V. T. C’est aussi à chacun de savoir s’arrêter, NTIC lui posent problème. Il dira par exemple :
les techniques encore faut-il le pouvoir ! « J’ai mal au dos. » Si on ne pose pas ensuite les
principalement bonnes questions, on passe à côté d’un éventuel
de l’informatique, Avez-vous observé une évolution du rapport problème. Pour ce qui est de l’employeur, le fait
de l’audiovisuel, aux NTIC tout au long de votre carrière de de lui demander par exemple : «  Jusqu’à quelle
des multimédias, médecin du travail ? heure vos salariés peuvent-ils (ou doivent-ils)
d’Internet V. T. Au début, ça n’était pas vécu comme un pro- répondre à leurs mails ? » peut déclencher un
et des télé– blème. Mais maintenant, je vois bien que certains début de réflexion… L’essentiel, c’est d’avoir des
communications salariés ont du mal pendant les consultations à ne questions ciblées.
qui permettent pas répondre au téléphone: « On ne sait jamais, Le but de ce travail est bien de faire de la préven-
aux utilisateurs c’est peut-être mon patron », s’excusent-ils. J’en tion primaire et de voir les problèmes à temps.
de communiquer, viens même parfois à leur suggérer de le couper. En effet, beaucoup de salariés ont tendance à les
d’accéder Certains confrères m’ont même décrit le cas de minimiser, voire les à nier. Car ce sont quasiment
aux sources salariés ne parvenant pas à s’en détacher sur la toujours des salariés très investis dans leur tra-
d’information, table d’auscultation ! vail qui sont en situation de souffrance. Et cette
de stocker, souffrance peut aller jusqu’au burn-out, si elle
de manipuler,
Mais on oublie un peu la fonction première n’est pas identifiée à temps.
de produire et de
des NTIC…
transmettre
É. R. Leur fonction première est de relier entre Dans l’ensemble, êtes-vous optimistes ?
l’information sous
eux les individus. Mais les NTIC lient parfois à É. R. L’idéal serait que les gens construisent leurs
toutes les formes :
sens unique et de façon inégalitaire. En effet, le propres outils de management. Le problème vient
texte, document,
temps de traitement de l’information ainsi que la en grande partie de là : on utilise des outils que
musique, son,
nature des informations échangées, par exemple, l’on n’a pas conçus et qui, bien souvent, ont été
image, vidéo,
dépendent de la fonction occupée dans chaque réalisés pas des Anglosaxons. Et ces derniers
et interface
espace de la production. n’ont pas forcément la même vision du monde du
graphique
interactive.
V. T. Les NTIC offrent par exemple aussi des pos- travail. La transposition d’outils draine avec elle la
sibilités pour éviter les confrontations, attaquer culture dont ils sont le produit. Ce qui m’inquiète
ou se protéger. C’est beaucoup plus facile de un peu, et de ce fait ne me rend pas optimiste,
virer quelqu’un par mail qu’en face-à-face par c’est que certains jeunes qui arrivent sur le mar-
exemple. Il est évident que les NTIC permettent ché du travail considèrent comme allant de soi
aussi de bons échanges également mais, voyant toute cette normalisation des procédures.
les salariés en consultation de pathologie pro-
fessionnelle, je les perçois à travers un prisme Comment sont diffusées les conclusions de
et mon regard se focalise sur leur souffrance. Si vos études et quelles suites allez-vous leur
on en revient à Patrick, voici ce qu’il relatait : « Et donner ?
puis un vendredi, je partais, il était 16 h 30, je É. R. Elles sont imprimées et disponibles auprès
devais aller à Paris, il – mon supérieur – m’en- de la Direccte 2 des Pays-de-la-Loire. Mais elles
voie un mail, en copie au directeur commercial : sont aussi téléchargeables sur le site internet de
“Patrick, nos bureaux ne sont quand même pas la Direccte, à l’adresse www.pays-de-la-loire.
si loin, tu aurais pu me faire un compte rendu direccte.gouv.fr/Regard-croise-sur-les-pra-
de la dernière réunion.” Et moi, je lui réponds : tiques. Par ailleurs, la description détaillée de
“Eh bien, Bernard, la distance est la même entre notre approche et de ses enjeux doit faire l’ob-
ton bureau et le mien qu’entre le mien et le tien. jet d’une publication dans la revue Connexions
Et pourquoi tu n’es pas venu me dire que tu me (n° 103, «  Pour une prévention primaire de la
retirais tel dossier ?”  Donc à travers les mails, la souffrance au travail »).
tension monte et la haine monte, parce que ce V. T. Pour ce qui est de la suite, il faut savoir que
que l’on se dit là, on est incapable de se le dire ce sont des contrats annuels qui sont passés avec
en face. » la Direccte. Donc en 2015, on va poursuivre notre
travail avec les médecins du travail de Vendée.
Avez-vous identifié des bonnes pratiques, ou Pour ce qui est des années futures, on a bien des
avez-vous des conseils à donner pour limiter idées, mais il faut voir si on obtient à nouveau un
les effets délétères des NTIC dans les pra- contrat de recherche. n
tiques managériales ? 1. L’objectif principal de ces documents réglementaires
V. T. Ce n’était pas l’objet de notre étude… est l’identification des facteurs professionnels de risque
pour la santé et la sécurité de salariés, et l’évaluation
Nous travaillons avec un groupe de médecins
du niveau de risque restant, en tenant compte des mesures
du travail, à raison d’une réunion toutes les six de protection collective et individuelle prises par l’employeur.
semaines environ, afin d’identifier les questions 2. Direction régionale des entreprises, de la concurrence,
à se poser et à poser pour détecter les situations à de la consommation, du travail et de l’emploi.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


dossier

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Les travaux
au contact de l’eau

© Clément Portal pour l’INRS

16 L’eau, cet élément à risque 24 Traitement des eaux usées :


« Une approche industrielle »
18 Au-dessus de l’eau mais au sol
DOSSIER réalisé
n
par Grégory Brasseur, 20 Entretien des cours d’eau : 25 Quand le métier est un loisir
avec Céline Ravallec. des chantiers imprévisibles
27 À risques multiples, formations
22 Le port de Dieppe regarde vers l’avenir multiples

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


dossier
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L’omniprésence de l’eau dans l’environnement de travail impose aux entreprises
d’adopter des choix organisationnels et de mettre en place des mesures de prévention
spécifiques. L’analyse des risques liés au travail en milieu aquatique est complexe
car elle demande notamment de prendre en compte ses évolutions.

L’eau, cet élément à risque

C
e ne sont pas des le déplacement de poches de gaz Quelle sont la surface de tra-
marins. D’ailleurs, la et des dégagements de sulfure vail et la nature du contact avec
plupart du temps, bien d’hydrogène (H2 S). Dans les sta- l’eau ? L’une des particularités
que l’eau soit omni- tions d’épuration, les eaux usées du milieu aquatique est qu’il
présente dans leur provenant des eaux pluviales, peut être hostile et instable. »
environnement de travail, ces des habitations, des hôpitaux, Pour certains travaux dans le
salariés exercent leur activité de l’industrie, véhiculent des BTP, un plan de prévention lié
sur la terre ferme. Ils sont, pour micro-organismes divers (bac- aux risques aquatiques, intégré
certains, chargés de l’entretien téries, moisissures, virus, para- dans le plan général simplifié en
des espaces naturels, d’autres sites), sources de risques pour matière de sécurité et de protec-
interviennent dans le domaine les salariés qui y travaillent. Lors tion de la santé, permet de pré-
de l’eau potable, des eaux usées, de l’entretien des berges et voies voir la mise en place de solutions
de la qualité de l’eau, de la ges- navigables, les salariés sont, organisationnelles, techniques
tion des ressources. Ils peuvent eux, exposés à un autre risque : et humaines 1.
aussi être des professionnels des la leptospirose, une maladie L’une des difficultés, en milieu
sports et loisirs, travailler dans
repères infectieuse contractée au contact ouvert, tient à la multiplication
le milieu portuaire, ou encore à n 16. C’est le nombre d’une bactérie excrétée dans des interlocuteurs et des obliga-
proximité de bassins. D’autres, de morts par l’urine des rongeurs. Enfin, la tions liées aux différentes régle-
enfin, salariés des travaux noyade-asphyxie proximité avec l’eau peut avoir mentations (maritime, portuaire,
publics, sont confrontés à des répertoriés une incidence sur d’autres fluviale…). « Dans tous les cas, la
chantiers d’entretien de canaux, par les statistiques risques présents, comme le prévention des risques profes-
de rénovation de ponts… Pour de la CnamTS risque électrique. sionnels s’appuie sur le respect
tous, travailler au bord, au-des- pour l’année 2013. des principes généraux de pré-
sus ou au contact de l’eau pré- Un milieu instable vention. Pour autant, supprimer
sente des dangers. « Les risques liés à l’environne- le risque ou s’en éloigner n’est
Marcher sur des sols glissants ment aquatique doivent être éva- pas toujours possible, explique
peut générer des risques de lués et figurer dans le document Anne-Sophie Valladeau, ingé-
chute, à terre ou à l’eau, l’une unique d’évaluation des risques, nieur conseil à l’INRS. En station
des conséquences les plus dra- indique Étienne-Henri Feller, un d’épuration, les agents peuvent
matiques étant la noyade. Mais consultant formateur en sécurité avoir besoin d’intervenir autour
d’autres risques existent, comme aquatique. Souvent, les indus- des bassins. Lorsqu’une entre-
les risques chimiques ou bio- triels ignorent la dangerosité du prise de BTP rénove un pont
logiques. Dans le domaine de milieu aquatique. Quel est son au-dessus de l’eau, elle doit
l’assainissement par exemple, la état et comment va-t-il évoluer s’organiser en fonction de l’envi-
mise en mouvement d'une masse (température de l’eau, conditions ronnement aquatique. La prio-
liquide, lors des interventions météorologiques…)  ? Quelle est rité est donc donnée à la mise en
dans les réseaux, peut entraîner l’intervention humaine prévue ? œuvre de protections collectives

ÉQUIPEMENTS INDIVIDUELS DE FLOTTAISON (EIF)


Le choix des équipements individuels de flottaison (EIF) européennes définissent quatre niveaux de flottabilité (50N,
est issu de l’analyse des risques liés à l’élément aquatique, 100N, 150N, 275N), qui doivent être choisis en fonction
le support de travail et la tâche à effectuer. L’EIF doit du milieu aquatique et du poids de la tenue de travail. Il est
permettre de protéger la personne qui tombe à l’eau impératif que les EIF répondent à des caractéristiques
en maintenant ses voies respiratoires hors de l’eau, professionnelles : protection mécanique, protection
en facilitant son repérage, de jour comme de nuit, antistatique, protection contre le feu, haute visibilité.
et en assurant son retournement si elle est inconsciente. Certains EIF s’adaptent au harnais de travail en hauteur.
Les EIF peuvent être à flottabilité permanente ou à flottabilité
gonflable voire hybride ou encore être intégrés à un vêtement
de travail comme une veste ou une combinaison. Les normes

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


dossier

visant à sécuriser les postes de cher au maximum des conditions sit-on un EIF  ? Comment s’en
travail et les accès. » d’un environnement terrestre. » sert-on  ? Comment doit-il être
Par ailleurs, si les protections entretenu et contrôlé ? Cette for-
« Le port d’un gilet collectives sont inefficaces ou mation théorique et pratique
de sauvetage n’est si elles ne sont pas compatibles a vocation à initier au port de
jamais une fin en soi » avec la nature des travaux, les l’équipement et à sensibiliser aux
« Pour la construction d’ouvrages opérateurs doivent porter des gestes élémentaires de sécurité à
d’art, nous sommes régulière- équipements individuels de adopter lorsqu’on tombe à l’eau »,
ment confrontés au franchisse- flottaison (EIF). « Le port d’un explique Stéphane Cohen, gérant
ment de voies d’eau. Le travail gilet de sauvetage n’est jamais de l’organisme de formation.
en milieu marin ou fluvial est une fin en soi, précise toutefois «  En environnement aquatique,
contraignant en termes d’accès. Si l’un des risques Étienne-Henri Feller. Celui-ci ne le travail isolé n’est jamais tolé-
La construction de ponts, par les plus dramatiques doit que permettre d’attendre rable », rappelle d’ailleurs Anne-
exemple, nous impose d’accéder du travail à proximité les secours. » De plus, le choix Sophie Valladeau. En cas de
dans l’emprise du fleuve ou de la de l’eau reste de l’EIF est tout sauf anodin 2. chute à l’eau d’une personne, un
la noyade, d’autres
mer, soit au moyen de barges, soit existent, comme les
Il varie en fonction de l’opéra- dispositif doit être prévu pour lui
au moyen de ponts provisoires, risques chimiques teur, de la nature du travail et porter secours. Lorsque les sala-
explique Romain Nicolas, le res- ou biologiques. de l’état du milieu. Le Cefops, un riés sont exposés au risque de
noyade, le Code du travail prévoit
d’ailleurs la mise en place par
l’employeur de dispositions parti-
culières 4. « La formation et l’infor-
mation du personnel sont essen-
tielles, insiste Romain Nicolas.
Comment se comporter en cas de
chute ? Comment donner l’alerte,
envoyer une bouée à l’équipier
tombé ? De bons réflexes peuvent
sauver une vie ! » n
1. L’arrêté du 25 février 2003 fixe
une liste de travaux comportant
des risques particuliers pour lesquels un
© Patrick Delapierre pour l’INRS

plan général simplifié


de coordination en matière de sécurité et
de protection de la santé est requis.
2. Lire sur le sujet Équipements
individuels de flottaison, INRS, ED 119.
À télécharger sur www.inrs.fr.
D’autres informations sur le net :
www.equipements-flottaison.org/.
3. Les formations du Cefops concernent
les risques spécifiques liés au travail
en milieu aquatique, l’analyse
ponsable de production chez organisme de formation spécia- des risques visant à aider les
Dodin Campenon Bernard, filiale lisé en prévention des risques responsables de chantiers de BTP
du groupe Vinci Construction. Les professionnels en milieu aqua- ou les chargés de sécurité publiques ou
données relatives au milieu – sur tique 3, propose des formations privés à élaborer un plan de prévention
et de gestion des accidents aquatiques, et
les sites soumis aux marées par de plusieurs niveaux pour les la formation à l’utilisation des EIF.
exemple – sont prises en compte entreprises intervenant en envi-
4. Article R. 4534-136 du Code
dans l’organisation des chan- ronnement aquatique  ; l’un de du travail, « Travaux exposant
tiers. Autant que possible, l’idée ses programmes concerne ces à des risques de noyade ».
maîtresse consiste à se rappro- équipements. « Comment choi- G. B.

CODE DU TRAVAIL
Selon l’article R. 4534-136 du Code du travail, lorsque les et de bouées de sauvetage. Le nombre de barques
travailleurs sont exposés à des risques de noyade, l’employeur est en rapport avec le nombre de travailleurs exposés ;
doit prendre des mesures particulières de protection : n pour les travaux de nuit, des projecteurs orientables sont
n les travailleurs exposés doivent être munis de gilets installés pour éclairer la surface d’eau et les mariniers munis
de sauvetage ; de lampes puissantes ;
n un signal d’alarme est prévu ; n lorsqu’un chantier fixe occupant plus de 20 travailleurs
n le cas échéant, une barque au moins, conduite par pendant plus de 15 jours est éloigné de tout poste de secours,
des mariniers sachant nager et plonger, est placée un appareil de respiration artificielle ou tout autre dispositif
en permanence auprès des postes de travail les plus ou moyen d’efficacité au moins équivalente est placé
dangereux. Elle est équipée de gaffes, de cordages en permanence sur le chantier.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


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Au-dessus de l’eau mais au sol


Prévu pour durer plus de trois ans, le chantier de l’élargissement de l’autoroute A63
entre Biarritz et la frontière espagnole a nécessité une planification méticuleuse
des opérations. Au niveau de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure, dans les Pyrénées-Atlantiques,
les travaux nécessaires au franchissement d’un fleuve, la Nivelle, sont réalisés depuis
une estacade. Un moyen de reconstituer un environnement terrestre au-dessus de l’eau.

O
n le sait, chaque lement la nuit). « S’agissant de de long pour 7 mètres de large
chantier est un travaux sur rivière, deux problé- (hors cheminements piétons) a
prototype, qui matiques se superposent. L’une donc été conçue.
requiert des mois liée à la protection de l’environ-
d’études détail- nement, car on doit avoir le moins Une bonne gestion
lées. Mais l’affirmation ne se véri- d’impact possible sur le milieu, et des flux
fie jamais autant que dans cer- l’autre à la prévention des risques «  Cette plate-forme, qui avance
tains environnements complexes. L’estacade qui permet professionnels. Ici, la largeur de au-dessus de la rivière, a permis
d’effectuer l’ensemble
Au terme de plus de trois ans de des travaux au-dessus la Nivelle et la faible profondeur de créer des zones de circula-
travaux, la livraison de l’auto- de l’eau comme sur la ne permettaient pas d’envisager tion pour les compagnons et les
route A 63 transformée en deux terre ferme est reliée des travaux sur barge », explique engins. Une rampe d’accès fait la
fois trois voies (contre deux fois à la route nationale Pierre-Yves Pascoat, conducteur liaison avec les cantonnements et
afin de permettre
deux actuellement) sur 22 kilo- un accès rapide à
d’opérations du réseau ASF chez la zone de préparation. Elle est
mètres entre Biarritz et l’Espagne des secours en cas Vinci Autoroutes, le maître d’ou- notamment utilisée pour ache-
est prévue pour fin 2017. Sur les d’accident. vrage. Une estacade de 60 mètres miner les matériaux et les équi-
communes de Saint-Jean-de-Luz
et de Ciboure, dans les Pyrénées-
Atlantiques, le franchissement
d’un fleuve, la Nivelle, constitue
l’une des étapes les plus délicates
du projet. Les travaux sont main-
tenant terminés dans le sens
France-Espagne. Le chantier de
la seconde phase, dans le sens
de la remontée depuis la fron-
tière ibérique, a lieu actuellement
et se déroule sur deux saisons,
avec une interruption pendant la
période estivale.
Les opérations sont réalisées
© Clément Portal pour l’INRS

dans un environnement extrême-


ment contraint, l’autoroute res-
tant en service. Avec 30 % de tra-
fic poids lourds sur le secteur, il
n’était pas envisageable de neu-
traliser une voie, sauf exception,
pour une durée limitée (généra-

CHANTIERS RIVIÈRE PIED DE PONT


Pour les travaux sur les ponts surplombant une rivière, Pour réaliser les piles, qui supportent le pont,
des ponts provisoires avec accès sécurisés, lorsque des batardeaux sont installés en périphérie de la semelle
cette solution est techniquement et économiquement de fondation de façon à définir et confiner un espace
réalisable, permettent aux opérateurs de toujours travailler de travail dans le lit de la rivière. L’eau résiduelle est ensuite
sur le sol. Un moyen de sauvetage rapide doit être prévu aspirée depuis la partie intérieure à l’aide de pompes.
en cas de chute à l’eau (barque + matelot + compagnons Une semelle de fondation est coulée, puis la pile est créée
formés). Des équipements de protection individuelle adaptés à l’aide de banches. Sur le chantier de l’A 63, toutes
(harnais et/ou gilet de sauvetage) doivent être fournis ces opérations ont pu être menées depuis l’estacade,
lorsque la protection collective est insuffisante. où ont été acheminés les engins et matériaux nécessaires.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


dossier

pements. Ainsi, les opérateurs trice SPS pour la société Présents,


disposent des aides à la manu- il fait chaque semaine le tour du
tention nécessaires et peuvent chantier. « La planification des
travailler à plusieurs mètres au- opérations reste déterminante »,
dessus de l’eau avec des moyens estime cette dernière.
terrestres », témoigne Aurélien Pour Pierre-Yves Pascoat, un
Cotélo, contrôleur de sécurité à chantier, aujourd’hui, « c’est envi-
la Carsat Aquitaine. Les dimen- ron 40 % de technique pour 60 %
sions de l’estacade permettent d’organisation, à la fois pour la
d’accueillir les toupies – utilisées coordination des intervenants, la
lors du coulage du béton dans les sécurité et l’environnement ». Par
pieds de pont (que l’on appelle exemple, ici, les travaux d’assem-
piles) –, ainsi que différentes blage ou de soudage, qui sont
nacelles destinées à sécuriser les nombreux, en particulier lors de
interventions en hauteur au-des- la préparation des batardeaux,
sus de l’eau. ont tous été réalisés sur une zone
Pour comprendre le chantier, déportée. « Ce dispositif permet
il faut en reprendre les diffé- de soustraire un certain nombre
rentes phases. Tout d’abord, les d’activités à la problématique
piles doivent être coulées dans d’intervention au-dessus de
la rivière. Ces poteaux viennent l’eau », affirme Aurélien Cotélo.

© Clément Portal pour l’INRS


soutenir la nouvelle structure du
pont. Dans un deuxième temps, le Coordination
tablier est mis en place. Il s’agit de avec les secours
la structure métallique qui sup- «  Organisation toujours  : depuis
porte les charges de circulation. l’estacade, une passerelle rejoi-
Elle est reliée à l’existant afin de gnant la route nationale sur la rive
former un plateau uniforme qui opposée au chantier permet, en
recevra la chaussée. Enfin, la cas d’urgence, de disposer d’un
voie est aménagée. L’installation accès rapide pour les secours Les postes de travail chute à l’eau… Il était nécessaire
de l’estacade, dont l’un des atouts et l’évacuation des éventuelles aménagés au-dessus que nous nous connaissions et
de l’eau sur le pont
est de garantir une bonne gestion victimes. Elle est réservée à cet nous nous coordonnions, estime
en construction
des flux, n’est pas pénalisante en effet », remarque Marie Mathieu. et parfaitement Pierre-Yves Pascoat. Aujourd’hui
matière de coactivité. Une embarcation motorisée de sécurisés sont nous disposons d’un plan de
«  Actuellement nous avons trois secours est également présente accessibles par une secours général pour tout le chan-
intervenants sur le chantier : une au pied de l’estacade. « Dans la nacelle positionnée tier, défini en accord avec le SDIS
sur l’estacade.
entreprise de charpente métal- grue, nous avons une corne de Une embarcation 64. Un document qui reprend la
lique, une entreprise de terras- brume pour donner l’alerte et au motorisée de secours cartographie des points de ren-
sement et nous, qui assurons les son de laquelle l’équipe d’enca- est toutefois présente contre et un rappel des règles
travaux de liaison entre le tablier drement doit réagir », reprend le au pied de l’estacade, de bonne conduite en matière
en cas de chute à
existant et le nouveau, indique coordonnateur SPS. Plus globa- d’environnement et de sécurité
l’eau.
Christophe Laborde, responsable lement, dès les premières phases au travail, est remis à tous les
qualité, sécurité, environnement du chantier de l’A63, le Service intervenants, y compris les inté-
(QSE) de la direction régionale départemental d’incendie et de rimaires. Des informations sur
génie civil Sud-Ouest de Vinci secours (SDIS) 64 a été associé les procédures d’alerte y figurent.
construction. Nous répétons ce aux discussions, la volonté étant Ce travail sur le long cours avec
qui a déjà été réalisé dans l’autre de travailler ensemble sur les le SDIS nous a permis de mieux
sens de circulation et dont nous scénarios possibles et les accès à nous comprendre. Nous avons
avons tiré les enseignements. » prévoir pour les secours. appris les uns des autres. » n
Avec Marie Mathieu, coordonna- «  Malaise, blessure, incendie, G. B.

MAÎTRISE D’OUVRAGE ZÉRO ACCIDENT


Vinci Autoroutes décline la sécurité pour tous et demande prône le respect des règles et des exigences contractuelles,
l’engagement de chacun. Pour lui-même en tant que maître le management quotidien et le développement de la culture
d’ouvrage, pour son personnel et pour les entreprises sécurité et prévention. Une remontée systématique
travaillant sur ses chantiers. Cette politique sécurité a été d’informations est mise en place en cas d’accident ou lorsque
formalisée dans une démarche appelée « Maîtrise d’ouvrage sont repérées des situations dangereuses. Sur les chantiers,
zéro accident », appliquée sur l’ensemble de son réseau. le dispositif se traduit par la chasse aux dérives ou la
L’axe prioritaire s'appuie sur la préparation des chantiers en récompense pour les bonnes pratiques. Depuis sa mise en
amont, de façon à mieux anticiper les risques. Outre place en 2012, Vinci Autoroutes constate une adhésion de plus
l’organisation et les moyens mis en œuvre, la démarche en plus forte des entreprises partenaires.

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Chargés de remonter du bois détrempé de l’eau sur les berges, les Ateliers et chantiers
d’insertion (ACI) sont confrontés à des environnements difficiles. Depuis 2013,
ces structures doivent se doter d’une instance de santé et conditions de travail (ISCT).
Un lieu de promotion du dialogue social où le salarié est rendu acteur de sa santé
et sa sécurité au travail.

Entretien des cours d’eau :


des chantiers imprévisibles

L
es chantiers ont lieu sur Suivi de quatre salariés en par-
les berges de rivières cours d’insertion, il débrous-
tumultueuses ou dans saille, prépare les accès, définit
des cours d’eau encais- la zone de stockage du bois.
sés… Les contraintes «  On va dégager les arbres qui
topographiques sont parfois encombrent la rivière afin de
importantes. « Nos équipes faciliter l’écoulement », explique-
interviennent en milieu glis- t-il. Avec sa tronçonneuse, il des-
sant, dans des situations où cend dans l’eau, équipé d’une
l’on ne voit pas toujours où on paire de cuissardes et d’une
© Clément Portal pour l’INRS

met les pieds. Après certaines tenue de bûcheronnage clas-


crues dévastatrices, elles se sique. Un salarié le suit, tandis
retrouvent face à des morceaux que les autres, qui restent sur la
de bois entassés dans tous les rive, sont chargés de tirer le bois
sens, comme des Mikado. Il tronçonné avec des cordages.
faut dégager les accès, parfois
tronçonner dans des positions Se structurer
difficiles », explique Didier Cos- « Une fois dans la rivière, il faut
til, directeur de l’association s’attendre à tout. Avec eux, je L’information et la entouré de son équipe : « Vous
Lagun, à Saint-Jean-Pied-de- fais un point sur la situation. On sensibilisation en connaissez l’ISCT ? », demande
santé et sécurité au
Port, dans les Pyrénées-Atlan- observe, on définit un schéma l’animateur. « C’est la sécurité,
travail des personnels
tiques. Comme d’autres Ateliers d’approche », indique le bûche- en parcours non ? », avance l’un des membres
et chantiers d’insertion (ACI), ron. De l’eau jusqu’aux cuisses, il d’insertion sont du groupe. Murmures… En
la structure réalise des travaux se positionne pour tronçonner : essentiels dans 2010, le Syndicat national des
d’entretien des espaces naturels «  Attention aux projections  ! » des structures où le employeurs spécifiques d’inser-
turn-over est élevé.
pour le compte des collectivités. Sur la berge, l’équipe forme une tion (Synesi) et plusieurs orga-
Sur les rives de l’Ardanavy, non chaîne. Les cordages ont été nisations syndicales ont signé
loin de là, une équipe d’un autre attachés au tronc qu’il faut sor- un accord relatif à la création, à
ACI, la Mifen, a prévu une inter- tir. « On tire toujours en ligne, l’issue d’une phase expérimen-
vention avec des moyens légers. en évitant les croisements », tale de 24 mois, d’une instance
L’encadrant, Pierre Ninous, est annonce un salarié. Un peu plus de santé et conditions de travail
également animateur sécurité. tard, revenu sur la terre ferme, (ISCT) au sein des ACI. Les asso-

MULTIRISQUE SAUVETAGE
Les personnes chargées de l’entretien des cours d’eau Lorsqu’une embarcation est obligatoire, une bouée de
sont exposées à des risques liés à l’eau (noyade, contact sauvetage homologuée et des gilets sont fournis. Aujourd’hui,
avec les eaux souillées, notamment par les urines la Mifen a renoncé aux gilets autogonflants (à gaz), qui se
de rongeurs…), à l’environnement (terrain glissant, humidité déclenchaient de manière intempestive en cas d’éclaboussures.
permanente…) ou aux équipements (utilisation d’outils, Elle est revenue à des gilets légers à flottabilité permanente. Sur
bruit, vibrations…). Quand le risque de noyade est majeur, certains chantiers, quand l’équipe travaille dans le lit de la
il est nécessaire, lorsque les protections collectives rivière, il faut disposer d’un « outil » de flottaison. Un ponton
contre les chutes dans l’eau ne peuvent être mises flottant en plastique est utilisé et sert pour déposer les plantes
en place, d’avoir recours à des équipements individuels invasives au fur et à mesure de leur arrachage.
de flottaison conformes et entretenus.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


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ciations Mifen et Lagun, comme « Des ragondins, j’en croise tous mieux démarrer avec une ins-
une vingtaine d’autres, ont par- les jours », admet Pierre Ninous. tance bancale que pas du tout »,
ticipé à l’expérimentation. Si, aujourd’hui, l’association ne estime Emmanuel de Joantho.
Codirecteur de la Mifen, Emma- propose plus la vaccination sys- D’ailleurs, toutes les structures
nuel de Joantho est chargé du tématique, elle a mis l’accent sur ayant participé à l’expérimen-
suivi de la mise en place des ISCT l’information, la vigilance et le tation ont témoigné de résultats
pour le Synesi. « Les chantiers respect du port des équipements satisfaisants en matière de dia-
de restauration des rivières font de protection individuelle. logue social. Et depuis 2013, la
se rencontrer deux approches, «  Il s’agit de se pencher mise en place d’une ISCT dans
sociale et environnementale, ensemble sur l’analyse de situa- les ACI est devenue obligatoire.
explique-t-il. Si les associations tions graves auxquelles chacun Autre chantier, autre ambiance.
ont toujours été soucieuses de la La progression peut être confronté. Le turn-over Sur une zone soumise à la
santé et la sécurité des salariés, dans les marécages chez les salariés en parcours marée, Nicolas Serre, encadrant
elles avaient besoin de se struc- requiert un travail d’insertion est élevé, ce qui à la Mifen, est chargé, avec
préalable de
turer. L’ISCT se compose d’un préparation de
peut poser problème en termes son équipe, de l’évacuation de
représentant de l’employeur et l’intervention et de transmission des savoirs. végétaux invasifs sur un espace
de représentants des salariés, d’analyse des risques. Pour autant, il vaut parfois naturel sensible. Ils utilisent
choisis sur la base du volonta- un tracteur équipé d’une corde
riat et dont la moitié au moins de débardage. « On intervient
doit faire partie des salariés en en milieu marécageux. Dans
parcours d’insertion. Elle vise à la vase, toute la difficulté est
développer un espace de dia- de circuler. Pour les repérages,
logue social au sein des ACI. » nous travaillons en binôme,
Tous les trois mois environ, des insiste-t‑il. Au préalable, le site
réunions ont lieu. En présence a été géoréférencé. Ce travail
du conseiller en prévention de nous permet d’aller directement
la MSA et du médecin du travail, sur la plante à extraire, en limi-
elles permettent de débattre, tant notre circulation dans les
sur la base des situations ren- marécages. »
contrées sur les chantiers, de À l’extérieur, des accès sont
la prévention des risques pro- créés pour permettre à l’engin de
fessionnels et des conditions de se positionner au plus près de la
travail. zone. De là, jusqu’à 100 mètres
de cordes peuvent être tirés.
Favoriser la transmission «  Lorsque j’avance dans les
des savoirs en sécurité marécages pour aller attacher la
«  L’idée est de faire de la sécu- plante à extraire, il m’est impos-
rité l’affaire de tous. Aucun sujet sible de garder le tracteur en
n’est tabou », commente Didier visuel. Nous communiquons au
Costil. « C’est l’occasion de ren- sifflet : un coup pour signaler au
trer dans l’analyse de l’activité, conducteur de tirer, deux coups
de parler des accès aux chan- pour dire stop », indique l’enca-
tiers, du transport des machines, drant. Analyser l’intervention,
© Clément Portal pour l’INRS

du port des EPI ou encore de faire le point sur les obstacles


la leptospirose qui peut être rencontrés : un travail quotidien,
contractée au contact de ron- mais nécessaire. Car veiller au
geurs présents aux abords des respect de la faune et du milieu
cours d’eau », explique Yann ne doit pas se faire aux dépens
Martrenchas, conseiller en pré- de sa propre sécurité. n
vention à la MSA Sud-Aquitaine. G. B.

LEPTOSPIROSE
La leptospirose est une maladie polymorphe due le Dr Marie-Pierre Bijon, médecin du travail à la MSA Sud-
à une bactérie et dont il existe de nombreux sérotypes. Aquitaine. Compte tenu de la lourdeur du protocole
Les travailleurs des berges, en contact avec des animaux de vaccination (qui nécessite un rappel tous les deux ans)
(rongeurs), peuvent la contracter, l’urine animale et du fait que le vaccin ne protège pas contre l’ensemble
étant presque toujours la source directe ou indirecte des sérotypes rencontrés dans la nature, nous avons fait
des contaminations humaines. Même en cas de vaccination, le choix de ne pas maintenir ce dispositif. » Un important
les salariés ne sont pas dispensés de la mise en place travail de sensibilisation aux risques et d’appel à la vigilance
de mesures de protection individuelle (port de gants a toutefois été renforcé en direction des équipes.
et de bottes cuissardes). « À la Mifen, la vaccination
des encadrants a longtemps été demandée, indique

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Le port de Dieppe
regarde vers l’avenir
Bénéficiant d’un lien naturel avec la Grande-Bretagne et l’Europe du Nord, le port
de Dieppe se déploie autour des activités transmanche, commerce, pêche, plaisance
et réparation navale. Si la diversité des tâches et des publics accueillis est une richesse,
elle tend à compliquer l’approche en matière de prévention des risques professionnels.

T
out est prêt pour l’arri- Antoine Blondel, responsable façon dont le travail pouvait
vée du ferry de 15 h 30. d’exploitation du Syndicat mixte. être organisé pour supprimer
De leur cabine, les Ils assurent également le char- les risques de chute à l’eau. On
lamaneurs observent gement des remorques pour les peut par exemple éloigner cer-
l’approche de la liaison besoins des transporteurs. Histo- tains travaux par extension des
quotidienne Newhaven-Dieppe. riquement, le terminal ferry était terre-pleins qui ne sont plus en
Chargés de l’assistance à l’amar- en centre-ville. Ce n’est qu’en bord de quai, évoque Jacques
rage et au désamarrage des fer- 1994 que l’activité est déplacée Charlotte. Ici, pour sécuriser les
ries – et plus généralement de et repensée, de façon à accueil- interventions sur les quais, nous
leurs mouvements à l’intérieur lir des bateaux plus grands, à avons opté pour l’installation de
des ports – ces professionnels élargir les espaces de travail et garde-corps le long des passe-
Si tout est fait pour
sont, pour le coup, des marins à réduire les nuisances liées au que le risque de chute relles d’accès aux ducs-d’Albe 2. »
spécialisés. Travaillant avec la passage des camions en ville. à l’eau ne se réalise Ce sont les voies qu’empruntent,
compagnie DFDS Seaways, qui L’idée est de séparer les flux pié- pas, il a fallu, au cas à chaque arrivée de ferry, deux
se charge de l’exploitation du tons et véhicules et de sécuriser où celle-ci aurait lieu, lamaneurs, que l’on repère à
mettre en place des
terminal transmanche du port les accès aux quais grâce à des moyens permettant de
leur blouson flottant réfléchis-
de Dieppe, en Seine-Maritime, protections collectives. remonter rapidement sant, pour accéder à leur poste
ils ne sont toutefois pas les seuls les victimes à quai. de travail sur la plate-forme des
utilisateurs des quais. Chargé Changer les mentalités
de la gestion de l’ensemble des «  Pour intégrer la prévention à
activités portuaires, le Syndicat la conception du terminal trans-
mixte du port de Dieppe (SMPD) 1 manche, nous avons analysé
dispose aussi d’équipes qui les situations de travail et appli-
assurent 24 heures sur 24 leur qué les principes généraux de
service sur la passerelle d’accès prévention », explique Patrick
aux ferries. Bordier, directeur d’exploita- © Patrick Delapierre pour l’INRS
« Nous intervenons sur cette zone tion de la Compagnie maritime
d’accès restreint pour les opéra- de 1992 à 1999. Il collabore à
tions de contrôle des pompes et l’époque avec Jacques Charlotte,
des ballasts, de mise à niveau de contrôleur de sécurité à la Car-
la rampe en fonction des marées, sat Normandie, dont il partage
de maintenance des équipe- l’approche.
ments, ou encore de l’entretien «  Au cours de la recherche de
des espaces verts », explique solution, il a fallu étudier la

LE PORT TRAFIC 2013


Le Syndicat mixte du port de Dieppe (SMPD) gère le port de Dieppe et travaille 1 862 027 tonnes de marchandises
à sa modernisation sur l’ensemble de ses activités : transmanche, commerce, ont transité par le port de Dieppe
pêche, plaisance, réparation navale et éolien. Entre l’amélioration des conditions en 2013. 1 249 634 tonnes de frêt,
d’accostage des ferries au Transmanche, la rénovation de voiries 84 419 voitures, 38 144 camions
et l’aménagement de terre-pleins au port de commerce, en passant et remorques non accompagnées
par l’installation d’un ponton et d’une passerelle dans l’avant-port de pêche ont emprunté la ligne transmanche
et la sécurisation du système de mise à l’eau pour les petits bateaux Dieppe-Newhaven. 276 421 passagers
de plaisance, les travaux visant à ancrer le port dans la modernité se sont ont traversé la Manche.
multipliés.

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dossier

ducs-d’Albe. Un troisième, sur Une des options


un canot, récupère les aussières choisies pour limiter
le risque de chute
du navire, qui pendent le long à l’eau a été la mise
du bord, pour les amener à terre. en place de garde-
Autour du ferry, qui s’approche corps le long des
de son point de stationnement, passerelles d’accès
aux ducs-d’Albe.
le canot organise son ballet en
liaison avec les deux lamaneurs
à quai qui procèdent à l’amar-
rage. L’opération, millimétrée, ne

© Patrick Delapierre pour l’INRS


prend que quelques minutes. Les
mêmes accès sont régulièrement
utilisés par les agents SNPD pour
les travaux d’entretien autour
des ducs-d’Albe.

Un élan
« De la même façon, des garde-
corps ont été installés en bordure
des quais dans les ports de plai- part Marie-Dominique Fouchault, sonnel à quai est en mesure de
sance et de pêche, ainsi que des directrice générale des services donner l’alerte et sait lancer une
passerelles sécurisées, en veillant du Syndicat mixte. Progressi- bouée, en tenant compte de l’état
à ne pas entraver le chargement vement, des échelles et bouées du milieu.
et le déchargement des pois- ont été installées un peu partout. «  De l’analyse des risques
sons et à ne pas augmenter les Plusieurs quais ont bénéficié de découlent les mesures de préven-
risques de cisaillement entre les programmes de rénovation et de tion proposées pour prévenir les
amarres et les bateaux », poursuit repères remise aux normes. Des terre- risques de chute à l’eau, puis les
Jacques Charlotte. Si aujourd’hui pleins sécurisés ont été aména- solutions mises en œuvre, le cas
ces installations sont rassurantes n La mise en place gés et des engins de levage mis échéant, pour récupérer les per-
pour les travailleurs, leur mise de protections à disposition. sonnes. Il y a plusieurs années,
en place n’a pas toujours été collectives ne doit à Rouen, nous avions mis en
évidente. « Il a fallu changer les pas pénaliser En cas de chute… place une nacelle, conçue pour
habitudes portuaires, former et les accès pour Et si le risque de chute à l’eau être accrochée à une grue ou un
informer le personnel, y compris le travail. Les bons est une préoccupation majeure, il portique. Une fois mise à l’eau,
les saisonniers, sensibiliser les compromis ont été faut, au cas où celle-ci se produi- elle pouvait être utilisée pour
usagers. Sur le port, plusieurs trouvés en faisant rait, mettre en place des moyens accueillir la victime et la remon-
cultures cohabitent, mais tout le parler les utilisateurs permettant de remonter rapide- ter sur le quai, indique Jacques
monde est confronté au risque de de leur activité, ment les victimes à quai. Sur le Charlotte. À ma connaissance,
chute à l’eau », indique Hugues de leurs besoins terminal transmanche, le ferry il n’a jamais été nécessaire de
Alisevich, adjoint à la direction et de leurs est amarré. Pascal Couplet, l’un l’utiliser, ce qui finalement n’est
du Syndicat mixte. contraintes. des lamaneurs, rejoint sa cabine. pas plus mal ! » n
« Il fallait créer un élan. La réa- « Nous sommes tous formés aux 1. Le Syndicat mixte du port de Dieppe
lisation, pour les pêcheurs, d’un premiers secours et aux auto- regroupe la région Haute-Normandie -
ponton équipé d’un système matismes indispensables pour principal financeur à hauteur de 73 % -,
de grue monte-charge a eu un intervenir en urgence » indique- le département de Seine-Maritime,
l’agglomération Dieppe-Maritime
impact certain. Pour eux, ce dis- t-il. Le canot des lamaneurs, et la ville de Dieppe.
positif est d’un grand confort. utilisé pour l’amarrage, est suffi- 2. Pilotis ancrés dans le fond des
Pour nous, il est le symbole du fait samment puissant d’aller secou- bassins ou des chenaux, sur lesquels un
que l’on peut travailler autrement rir quelqu’un en cas de chute à navire peut s’amarrer dans un port.
en bord d’eau », estime pour sa l’eau. Doté d’un sifflet, le per- G. B.

RENOUVEAU
En France, les années 2000 ont été marquées par la shore, avec la construction d’un parc éolien marin au large du
renaissance du transport maritime : développement du trafic Tréport. Le port de Dieppe, base idéale pour les navires
conteneurisé, sensibilisation au développement durable, de servitude chargés des opérations de maintenance des
valorisation du fleuve dans les projets urbains. À Dieppe, parcs éoliens en mer, entend devenir un pôle d’excellence
la modernisation des installations, depuis le transfert du port dans le domaine des énergies du futur. En matière
à la région Haute-Normandie en 2007, a permis de relancer de prévention des risques professionnels, une analyse fine,
une dynamique en matière de nautisme, de pêche artisanale, en amont de tout projet d’aménagement et en concertation
de transport et de commerce maritime, mais aussi avec les acteurs du port, est indispensable à la mise en place
de conforter l’activité des chantiers navals. L’un des projets de solutions pérennes.
les plus ambitieux est lié au développement de l’éolien off-

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Traitement des eaux usées :


« une approche industrielle »
Seine aval est la plus importante station d’épuration des eaux usées du Syndicat
interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap).
Engagée dans un programme de rénovation, elle inscrit les risques professionnels
liés au transport et au traitement des eaux usées au cœur de ses préoccupations.

C
’est à Saint-Germain- circuler au-dessus des cuves où ils et installé des détecteurs fixes »,
en-Laye, dans les Yve- interviennent grâce à des trappes évoque Alain Deslandes, adjoint
lines que se situe Seine d’accès, indique-t-elle. Dès leur au chef de service prévention des
aval, le site historique conception, il faut prendre en risques sur Seine aval. Des cam-
du Syndicat interdépar- compte leur positionnement, l’ou- pagnes de mesures sont réalisées.
temental pour l’assainissement verture ou l’installation de grilles Elles concernent certains agents
de l’agglomération parisienne pour limiter le risque de chute. » chimiques, pour lesquels il existe
(Siaap). « Nos agents sont confron- Un programme général de moder- des valeurs limites d’exposition
tés aux problématiques de chute nisation de l’équipement est en professionnelle, mais également
à l’eau et de noyade, mais égale- repères cours. Des ergonomes travaillent des agents biologiques, pour les-
ment aux risques liés au contact n Avec une en concertation avec l’exploitant. quels la réglementation ne fixe
avec des eaux usées chargées en capacité Organisation, hauteurs de tra- pas de valeur limite.
pollution », explique Jean-Marc de traitement vail, contraintes, gestes : tout est Les résultats conditionnent les
Picard, directeur sécurité envi- des eaux usées fait pour anticiper les contraintes choix : ventilation, contrôle des
ronnement du Siaap, qui défend de plus de inhérentes à l’activité. La mise en accès et de leur durée, automati-
« une approche industrielle de la 1 500 000 m3/jour, place de procédures de consigna- sation des procédés… « Capoter
problématique santé et sécurité Seine aval est tion-déconsignation par exemple, les machines et les convoyeurs
au travail, bâtie sur une solide la plus grande pour tous les accès aux zones générant les bio-aérosols et amé-
évaluation des risques ». station d’épuration pouvant être soumises à un flux liorer la ventilation mécanique
« Nos efforts en termes de protec- d’Europe. Elle occupe d’eau, conttribue à la sécurité des générale des locaux contribue à
tions collectives, de modes opéra- 800 hectares interventions. diminuer l’exposition des sala-
toires, de moyens techniques ou dans les Yvelines, riés », souligne Christine David,
encore de formation constituent sur les municipalités Culture sécurité biologiste à l’INRS. « La vaccina-
autant de barrières visant à maî- d’Achères, En station d’épuration des eaux tion contre les deux hépatites et
triser les risques et à améliorer les Maisons-Laffitte usées, le personnel est également la leptospirose est systématique
postes de travail », assure Audrey et Saint-Germain- exposé à des produits chimiques pour nos agents et recommandée
Pourrere, chargée de prévention en-Laye. (H2S, ammoniac…), avec des pour les intervenants extérieurs »,
à Seine aval. Parmi ses chevaux risques d’asphyxie ou d’explosion, ajoute Alain Deslandes. Sur tous
de bataille : le contrôle des accès, ainsi qu’aux agents biologiques les sites du Siaap, des agents
à l’intention des agents du Siaap présents dans les eaux, les boues, d’exploitation sont détachés pour
comme des intervenants exté- sur les surfaces et dans l’air. faire vivre une culture sécurité
rieurs, ou encore la mise en place «  Nous avons généralisé le port basée sur un échange réciproque
de protections collectives autour de détecteurs individuels quatre et permanent avec l’ensemble des
des bassins à ciel ouvert. « Les gaz pour nos agents ainsi que acteurs. n
agents sont également amenés à pour les intervenants extérieurs, G. B.

TRAITEMENT DES EAUX


En amont des stations d’épuration, les salariés entretenant des bassins aérés. Grâce à l’insufflation d’air dans
les postes de relevage sont particulièrement exposés ces bassins, les bactéries naturellement présentes dans
aux risques chimique et biologique ainsi qu’aux risques liés l’eau se développent en présence d’oxygène, se nourrissant
au travail en espace confiné. Pour limiter le contact avec de la pollution carbonée présente. Attention : dans cette eau
les eaux usées lors des descentes en poste de relevage, fortement chargée en air, en cas de chute, le risque
il faut bloquer l’arrivée des eaux en amont du poste, est de couler à pic ! La sécurité autour des bassins est donc
si possible au moyen d’une vanne ou d’un batardeau essentielle. Enfin, une dernière étape de clarification consiste
manœuvré depuis l’extérieur. L’eau arrive ensuite en station, à séparer l’eau des bactéries par décantation.
où elle subit un prétraitement (élimination des gros déchets :
sable, graisses…) puis un traitement biologique dans

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


dossier

À Châteaudun, dans l’Eure-et-Loir, le club de canoë-kayak Dunois propose des stages


d’initiation, de perfectionnement, de préparation aux compétitions, ainsi que des activités
touristiques. Très préoccupés par la sécurité des participants, les encadrants savent
que tout dysfonctionnement peut les mettre eux-mêmes en danger.

Quand le métier est un loisir

C’
est un mercredi
après-midi comme
les autres au club
de canoë-kayak
Dunois de Châ-
teaudun, dans l’Eure-et-Loir.
À 13  h 
30, quatre cadets sont
attendus pour un entraînement
de course en ligne, sur les eaux
calmes du Loir. Un peu plus tard,
vers 16 h, un autre groupe sera
pris en charge sur le parcours de
slalom, pour apprendre à gérer

© Patrick Delapierre pour l’INRS


l’impact d’un courant sur son
embarcation. Au pied du château,
les conditions météorologiques
sont parfaites  : grand soleil et
température printanière. Le pon-
ton est sec, mais au moment de
la mise à l’eau, les encadrants
restent vigilants. Exercer une
activité de loisir, c’est aussi savoir
respecter et faire respecter des deux. « On connaît le milieu sur Exercer une activité stop, on ne pratique pas. »
règles de sécurité élémentaires. lequel on va naviguer, les zones de loisir, c’est aussi Sa première sensibilisation aux
savoir respecter et
Pour les pagayeurs comme pour à risque, les conditions météo- risques, il l’a reçue avec la for-
faire respecter des
eux-mêmes, la priorité est la pré- rologiques. Aujourd’hui, c’est règles de sécurité mation fédérale et la formation
vention des risques de noyade, calme. Il faut néanmoins toujours élémentaires. d’État. Certaines règles sont
fût-elle par hydrocution ou par adapter l’activité au niveau de la inhérentes à toute pratique spor-
épuisement. pratique des jeunes et à ce qu’ils tive en milieu extérieur  : bien
« La prise d’information est obli- sont en capacité de faire. C’est s’alimenter avant, pendant et
gatoire avant toute pratique. On important, car toute situation après l’effort, prévoir une pro-
ne s’embarque pas sur l’eau sans dangereuse pour eux peut nous tection solaire pour la peau et
réfléchir en amont », indique aussi nous mettre en difficulté, les yeux, adapter son activité à
Paul Mériel, moniteur de canoë- explique-t-il. Si la météo est trop ses compétences. Des valeurs
kayak et membre du comité mauvaise, qu’il y a eu un lâcher qu’il a à cœur de transmettre aux
régional du Centre de canoë- d’eau la veille, que le niveau de jeunes. Lors des sorties en eau
kayak. Pour encadrer un groupe la rivière n’est pas tel qu’il était vive, les encadrants sont équipés
d’une dizaine d’enfants, ils sont prévu, il ne faut pas hésiter à dire d’un gilet moniteur. On retrouve

BON SENS
Les moniteurs reçoivent une sensibilisation aux risques pour éviter le contact direct de la boue et la vase, limiter
infectieux par le biais de formations fédérales d’État. ses interventions dans des zones peu engageantes, traiter
Chez les professionnels des loisirs nautiques, il est fréquent et désinfecter ses plaies dès que possible (sur les mains
de se griffer ou de se couper. Or la présence de plaies mais également les pieds et entre les doigts), prendre
cutanées, même minimes, augmente les risques d’être infecté une douche après chaque séance ou entraînement de canoë-
par certaines maladies, comme la leptospirose, qui se transmet kayak, rincer et sécher sa tenue de sport, éviter tout contact
par le contact de la peau ou des muqueuses avec de l’eau avec les animaux morts et, bien sûr, ne pas boire l’eau
douce contaminée par l’urine de rongeurs infectés. des rivières ou des lacs.
Pour se protéger, il convient d’appliquer certaines règles
et de faire preuve de bon sens : porter des chaussons

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


dossier
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27
sur ce dernier des équipements le personnel peut être tenté de détresse. Dans certains cas, il
comme le couteau, le leash 1 et faire passer sa propre sécurité est nécessaire d’intervenir dans
une sangle de largage, qui per- au second plan. » l’urgence, parfois on a le temps
mettent de faire face à toutes les En circulant au sein de diffé- d’anticiper. Plus on tiendra
situations. rentes structures, le préventeur compte de l’environnement et de
a été témoin de situations de la pratique, moins on se mettra
Manutentions et chutes travail aberrantes voire dange- en porte-à-faux en termes de
de plain-pied reuses : mise en place de sangles gestuelle », souligne le moniteur.
Outre la noyade et l’hydrocu- à main nue, travaux de manu- Au cours de l’entraînement, il
tion, d’autres risques, comme le Le personnel des tention à proximité de l’eau en martèle les notions de sécurité,
risque biologique ou encore les bases de loisirs est tongs ou avec des chaussures de responsabilité, de respect de
très fortement exposé
risques liés à l’activité physique aux risques liés aux qui ne sont pas antidérapantes, l’environnement. Il est essentiel
lors des travaux de préparation manutentions et aux chargement de bateaux à bout de connaître les limites de son
des activités ou d’entretien de chutes de plain-pied. de bras sur les remorques… embarcation. « Au niveau des
Lumbagos, coupures (lors de bases nautiques, la méconnais-
heurts sur des arêtes saillantes sance du risque que l’on observe
par exemple), écrasements… Le vient souvent du fait que l’on
manque de prise en compte des n’a pas encore eu d’accident. Il
risques ou d’organisation dans la existe une forme de déni. Dans
gestion des plannings peuvent certaines associations, j’ai déjà
avoir des conséquences plus ou entendu dire que l’on n’avait pas
moins graves. De plus, les bases d’autre choix que de faire quinze
de loisirs sont souvent de petites heures par jour. Certes, une acti-
structures, ne disposant que de vité de loisir est souvent liée à la
moyens humains restreints. Au notion de plaisir. Ça reste pour-
© Patrick Delapierre pour l’INRS

club de canoë-kayak Dunois, qui tant un travail pour lequel la


ne compte que deux CDI à temps question des amplitudes horaires
partiel du côté des moniteurs et ne doit pas être prise à la légère,
quelques bénévoles (initiateurs, souligne Amaury Pasquet.
parents), on s’attache néanmoins Récemment, des présidents de
à ne jamais intervenir seul au club ont été formés à la sécurité
bord de l’eau. des salariés avec le comité régio-
nal du Centre de canoë-kayak.
Connaître les limites On essaie d’aborder avec eux
la base, sont trop souvent igno- de son embarcation les obligations réglementaires
rés. « Le personnel des bases de Retour devant le parcours de sla- et la prévention, pour leur faire
loisirs est très fortement exposé lom. Les moniteurs ont scindé le prendre conscience de leur res-
aux risques liés aux manuten- groupe en deux, en fonction des ponsabilité. À la Carsat Centre,
tions et aux chutes de plain- niveaux. Deux embarcations – nous avons réalisé une trame de
pied, indique Amaury Pasquet, et deux pratiques différentes – document unique, qui est mise à
contrôleur de sécurité à la Car- cohabitent. Les céistes 2 sont à disposition des bases de loisirs. »
sat Centre. La manutention des genoux et pagaient toujours du Le B.A.-ba ? Sans doute. Et pour
canoës et leur mise en place sur même côté. Les kayakistes, eux, la grande majorité des structures,
les remorques, dans le cadre sont assis et utilisent une pagaie l’urgence consiste déjà à asseoir
de l’activité touristique, pose double. Avant la mise à l’eau, certains fondements. n
notamment problème. Certaines un point a été fait sur le port 1. Cable de liaison extensible
embarcations peuvent faire une du casque et des gilets, jamais avec anneau et mousqueton.
quarantaine de kilos. Le rythme facultatifs. Un enfant tombe à 2. Pratiquants de canoë.
est très soutenu. Pour satisfaire l’eau. « Bien sûr, on se focalise
un touriste ou son dirigeant, toujours sur un pagayeur en G. B.

SAISONS DOCUMENT UNIQUE


En hiver, plus que jamais, le contrôle de la météo Lors des activités de chargement des remorques, de navettes,
et de l’état du milieu s’impose. Les sorties pourront d’entretien des bateaux, de pratique en navigation
être écourtées et l’équipement adapté aux conditions et d’entretien de base, un certain nombre de dangers
climatiques et aux lieux de pratique. Attention et de situations dangereuses ont été identifiés. Grâce à une
notamment aux risques de glissade, aussi bien trame de document unique proposée par la Carsat Centre,
sur le ponton, au moment de la mise à l’eau, que lors les bases de loisirs peuvent faire le point sur leurs risques
des travaux de manutention des embarcations et les actions mises en place ou à prévoir (organisation,
autour des remorques. formation, contrôle des équipements, port des EPI…).

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


Les métiers de l’eau et de l’assainissement présentent une multitude d’activités,
de contextes d’intervention, exposant à une grande diversité de risques professionnels.
Des formations sensibilisent les acteurs de ces domaines par des mises en situation
représentatives de la réalité du terrain.

À risques multiples, formations


multiples
international de l’eau, lance les tamment, après avoir activé leurs
exercices pratiques de la forma- masques auto-sauveteurs.
tion du jour. Il s’agit de mettre Dans la foulée de ces exercices,
en situation quatre animateurs a lieu la séance de débriefing en
sécurité d’une grande entreprise salle. Les réactions des stagiaires
industrielle. L’exercice consiste face aux situations rencontrées
à effectuer dans un égout une sont détaillées et analysées.
visite de reconnaissance avant « Même si nous ne sommes pas
la pose d’un débitmètre qui sera amenés à faire ce genre d’inter-
réalisée par un sous-traitant. vention, ça nous apporte des
Cela en prévision de l’établisse- informations pour être capables
© Gaël Kerbaol/INRS

ment d’un plan de prévention. de juger de la pertinence des


Deux équipes de deux personnes interventions de nos entreprises
sont constituées : l’une en surface sous-traitantes, commente
et l’autre sous terre qui effec- Karine, l’une des stagiaires. Ça
tue le repérage dans un égout nous montre les contraintes du

C’
reconstitué. Ce dernier, dont le terrain. »
est bon, vous Les métiers de l’eau diamètre varie entre 1,60 mètre Cette formation de deux jours et
vous êtes mis et de l’assainissement et 2 mètres, est construit en demi a lieu sur le site de La Souter-
regroupent des
d’accord sur le pente. De l’eau ruisselle plus raine, dans la Creuse. C’est l’une
activités et des
plan d’interven- problématiques ou moins fortement au sol dans des nombreuses formations dis-
tion des secours  ? diverses et variées : cet espace sombre, hormis au pensées sur les métiers de l’eau et
Votre revue des consignes sur eau potable, niveau des trois regards qui le de l’assainissement. Des activités
la façon de travailler ensemble eaux usées, eaux jalonnent. La première interven- et des problématiques diverses et
retraitées…
est faite 
? Elle correspond au tion se déroule sans événement variées : eau potable, eaux usées,
permis de pénétrer en espace particulier. Les deux équipes eaux retraitées… Le domaine
confiné que vous avez rédigé inversent les rôles. Au cours du est vaste. Et la façon d’intervenir
ce matin ? Niveau équipements, deuxième repérage, des fumi- également, qu’il s’agisse de col-
vous êtes parés  ? Maintenant, gènes matérialisant la présence lectivités, d’entreprises agricoles
vous gérez l’exercice, je n’inter- d’une poche de gaz se propa- ou industrielles. 50 % des emplois
viens plus. À vous de jouer ! » geant brusquement, nécessitant de l’eau et de l’assainissement
Régis Lamardelle, chargé de une évacuation d’urgence. Les relèvent du régime général et
formation et d’études à l’Office deux stagiaires sortent précipi- 50 % de la CNRACL (collectivités

Interview
Régis Lamardelle, chargé de formation et d’études
« Dans la vraie vie, le travail prend le pas sur la prévention. à un problème de préparation. La revue des consignes préalable
On oublie certaines choses, à commencer par l’état des à l’intervention est souvent trop sommaire. Tout se joue dans
équipements de protection individuelle (EPI). Il faut se poser la préparation, elle est fondamentale dans le déroulement
un moment pour réfléchir à leur état : vérifier que les batteries d’une intervention. Et en particulier, le protocole
sont suffisamment chargées, que le masque auto-sauveteur de communication. La communication, ce sont les moyens
est plombé, que les appareils de communication fonctionnent mais aussi les codes, rien ne doit être laissé au hasard. »
bien... Ensuite, on se vérifie soi-même et on vérifie
son vis-à-vis. La sécurité de chacun dépend de l’équipement
de l’autre. La majorité du temps, les accidents sont liés
dossier
28
29
territoriales). Le site de La Souter- Les manutentions, en particulier
raine reconstitue des situations celle des tampons, sont sources
au plus près de la réalité de ter- de troubles musculosquelet-
rain : pose de réseaux de canali- Les métiers de l’eau tiques ou de lombalgies. Des
sations d’eau potable, de réseaux
d’assainissement, inspection de
et de l’assainissement risques similaires à ceux des
travaux publics sont rencontrés
réseaux enterrés, intervention exposent, en premier sur les chantiers d’assainisse-
en égout… De quoi sensibiliser lieu, aux risques liés ment, comme l’ensevelissement
les stagiaires aux situations de
terrain en conditions réelles tout
aux espaces confinés. ou la chute. « La plupart des
ouvrages étant sous les voies
en les soustrayant aux véritables publiques en milieu urbain, la
risques. signalisation temporaire de ces
Car les métiers de l’eau et de chantiers est un sujet primor-
l’assainissement exposent à de plain-pied, par exemple dans les dial », souligne Sandrine Marzet,
multiples risques professionnels, châteaux d’eau lors du nettoyage formatrice sur la thématique des
pas uniquement liés à la pré- des réservoirs, noyade, risque réseaux d’assainissement collec-
sence d’eau. Dans de nombreux électrique, risques chimiques tifs et non collectifs. Les travaux
cas, se retrouve en premier lieu liés à l’usage de produits agres- de fouilles en tranchée exposent
la problématique des espaces sifs (chlorure ferrique, chaux, Dans de nombreux par ailleurs les salariés à des
cas, la problématique
confinés et des risques liés à sulfate de fer, alcools) dans les des espaces confinés risques liés au voisinage d’autres
l’atmosphère : anoxie, asphyxie laboratoires d’analyse ou dans et des risques liés réseaux (gaz, électriques, oléo-
ou intoxication aiguë (CO, CO2, le cadre de traitement physico- à l’atmosphère  ducs...). L’amiante est également
H2S, Cl2, ClO2, O3, SO2, NH3 ). chimiques de l’eau, brûlures se retrouve dans une problématique régulière-
les métiers de l’eau
Mais ils sont loin d’être les seuls. dues aux réseaux de chaleur et de l’assainissement :
ment rencontrée sur le terrain.
Risque biologique lié aux eaux ou à l’eau chaude, atmosphères anoxie, asphyxie En effet, un linéaire très impor-
usées, chutes de hauteur et de explosives, incendies… ou intoxication aiguë. tant de canalisations d’eau et
d’assainissement est réalisé en
amiante-ciment. Ce matériau
représentait environ 45  % du
marché de l’assainissement en
1996 avant son interdiction.
« Parmi les risques identifiés qui
ne sont pas encore suffisamment
pris en compte, on peut mention-
ner la problématique des obtu-
rateurs pneumatiques, souligne
Régis Lamardelle. Gonflés par
air comprimé, servant à assurer
l’étanchéité des réseaux, ils sont
fréquemment à l’origine d’inci-
dents ou de presqu’accidents.
Espérons qu’il ne faudra pas un
drame similaire à celui de Poissy,
où quatre salariés intervenant
dans un égout étaient décédés
© Gaël Kerbaol/INRS

par intoxication en juin 2006,


pour qu’enfin on se préoccupe
des questions posées par les
obturateurs. » n
C. R.

Liste des organismes de formation et des entreprises


habilités Catec1 par le réseau prévention
Campus Veolia Ile-de-France www.campus.veolia.com Promat formation www.promat-formation.com

CDER/CG93 www.seine-saint-denis.fr Sanitra services www.sanitra-services.fr

FTI R-A www.ftira.fr Société des eaux de Marseille www.eauxdemarseille.fr

Gesfor www.gesfor.fr Socotec www.formation-socotec.fr

Mayday Formation www.mayday-formation.com Sodex formation www.sodexformation.fr

Office International de l’Eau (OIEAU) www.oieau.org

1. Certificat d’aptitude à travailler en espaces confinés.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


Perspectives
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ergonomie

Quand les souris


se redressent
Vendues comme plus ERGONOMIQUES, les souris informatiques verticales
ont, à ce jour, peu fait l’objet d’études. Sont-elles réellement moins sollicitantes
que les souris traditionnelles, permettent-elles de travailler aussi rapidement,
sont-elles appréciées par les utilisateurs, quel est leur meilleur emplacement
sur le plan de travail ? C’est à ces questions que l’INRS s’est intéressé.

I
nventée en 1963 par l’américain Engelbart, pointage, le simple et double cliquage, le dépla-
la souris informatique ne fera son apparition cement d’objet sur l’écran et aussi la reprise de la
dans les bureaux que bien plus tard. D’abord souris après frappe sur le clavier.
à boule, ensuite optique, avec puis sans fil, Avec chaque souris, trois emplacements sur le
ce dispositif de pointage pour ordinateur a plan de travail ont été testés : à côté du clavier,
conservé une même forme pendant longtemps. devant le clavier et en position libre sans clavier.
Elle impose une pronation de la main à 90° par Selon les recommandations de l’INRS 3, le poste
rapport à la verticale, position de l’extrémité du de travail était réglé de façon que les pieds du
membre supérieur qui n’est pas neutre. En effet, sujet reposent à plat sur le sol, que l’angle entre
la position neutre est obtenue lorsque la main son bras et son avant-bras soit d’au moins 90°,
est inclinée de 30° par rapport à la verticale 1. que sa main utilisant la souris soit dans le pro-
Dans le but de respecter ce principe de neutra- longement de son avant-bras, et que le haut du
lité en assurant une prise en main plus naturelle moniteur soit à hauteur de ses yeux. Enfin, l’éclai-
des souris dites verticales apparaissent réguliè- rement du plan de travail était compris entre 300
rement sur le marché depuis quelques années. et 500 lux.
Elles peuvent être classées en deux catégories,
selon leur inclinaison par rapport à la verticale, Une souris bien positionnée
de l’ordre de 20° ou de 60°. Au cours des exercices, ont été enregistrées des
Bien qu’il existe une forte demande les concer- données concernant les sollicitations de diffé-
nant, notamment de la part de personnes souf- rents muscles de l’avant-bras, du bras et du cou,
frant du poignet, ces souris ne sont aujourd’hui les angles du poignet et de l’épaule ainsi que le
vendues pratiquement que sur Internet. Leur prix ressenti et la performance. Quel que soit l’empla-
peut être jusqu’à dix fois supérieur à celui d’une cement de la souris sur le plan de travail et quelle
souris traditionnelle. En matière de position­ que soit la tâche effectuée, l’activité des muscles
nement, la souris traditionnelle est habituelle- de l’avant-bras était moindre avec les souris ver-
ment disposée à côté du clavier. Cependant, une
équipe de recherche 2 recommande de la placer
devant soi quand le clavier est peu utilisé. Sur Les deux modèles de souris verticales utilisés lors de l’étude
le plan scientifique, les souris verticales ont fait
l’objet de très peu de recherches jusqu’à présent,
et il en est de même pour le positionnement des
souris sur le plan de travail.

Forme, emplacement :
quels compromis ?
Afin d’évaluer le bénéfice des souris verticales par
© Anne-Christel Rolling pour l’INRS

rapport à la souris traditionnelle ainsi que de leur


emplacement sur le plan de travail, l’INRS a mené
une étude en laboratoire. Dix-huit femmes de
moins de 40 ans familiarisées avec la bureautique
ont testé trois souris : une souris traditionnelle, une
souris verticale présentant une inclinaison de 25°
(V25) et une avec une inclinaison de 55° (V55).
Les tâches à réaliser étaient celles couramment
effectuées lors d’activités sur ordinateur comme le Modèle V25 Modèle V55

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


perspectives

La position du bras en fonction du type de souris utilisé

© Anne-Christel Rolling pour l’INRS


ticales, ce qui avait déjà été constaté dans des les opérateurs à placer leur souris devant le cla-
études précédentes 4. Par ailleurs, la souris V25 vier, lorsque celui-ci est peu utilisé, constitue une
sollicitait davantage le muscle du bras enregistré alternative utile pour réduire les sollicitations
que les deux autres. Selon la norme ISO 11228-3 5, musculosquelettiques.
le poignet restait dans les zones de confort avec Quels que soient la souris utilisée et son empla-
les trois souris. La souris V25 était jugée comme cement sur le plan de travail, de toutes les tâches
la plus difficile à utiliser et la durée de réalisation effectuées, la reprise de la souris après frappe sur
des tâches était plus élevée avec celle-ci qu’avec le clavier était la tâche la plus sollicitante. Elle est
les autres. Ainsi, la souris verticale V55 apparaît donc à réduire au cours de l’activité de travail. n
comme le meilleur compromis entre sollicitations 1. Norme NF EN ISO 9241-410 : Ergonomie de l’interaction
et performance par rapport à la souris verticale homme – système : critères de conception des dispositifs
V25 et la souris traditionnelle. d’entrée physiques. Afnor, 2008.
Quelle que soit la souris utilisée, la performance 2. « Changes in upper extremity biomechanics across
et le ressenti étaient meilleurs quand elle était different mouse positions in a computer workstation » –
placée librement (sans clavier). Chez tous les J. Dennerlein, P. Johnson. Ergonomics, 2006.

participants, cet emplacement se situait entre 3. Écrans de visualisation, santé et ergonomie – F. Cail.
INRS, ED 924, 2014.
les deux positions imposées, légèrement plus
4. « The effect on forearm and shoulder muscle activity
proche de celle à côté du clavier. Ce positionne-
in using different slanted computer mice » – H.-M. Chen,
ment nécessite l’absence du clavier, ce qui est peu C.-H. Leung. Clinical Biomechanics, 2007 ; « Computer mouse
habituel dans la pratique quotidienne. use in two different hand positions: exposure, comfort,
À propos des deux autres emplacements, le tra- exertion and productivity » ­– E. Gustafsson, M. Hagberg.
vail était jugé un peu plus confortable et la per- Applied Ergonomics, 2003 ; « Providing training enhances
the biomechanical improvements of an alternative computer
formance légèrement meilleure lorsque la souris mouse design » – A. Houwink, K. Hengel K., D. Odell,
était placée à côté du clavier que devant le cla- J. Dennerlein. Human Factors, 2009.
vier. En revanche, les sollicitations musculaires et 5. Norme NF ISO 11228-3 : Ergonomie – Manutention
angulaires étaient plus élevées lorsque la souris manuelle – Partie 3 : manipulation de charges faibles François Cail
était placée à côté du clavier. De ce fait, inciter à fréquence de répétition élevée. Afnor, 2007. et Clarisse Gaudez

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


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Bâtiment

Faire du neuf
autour du vieux
La construction du futur centre des congrès de Rennes
Métropole est un chantier particulièrement atypique :
le projet intègre un couvent autour duquel et sous lequel
s’étend la zone de chantier. Une prouesse technique
et un défi en matière d’organisation.

© Gaël Kerbaol/INRS

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


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À
l’arrivée sur le chantier, se déroule ce chantier, en plein le souhait de nous différencier de
la vue d’ensemble est centre du chef-lieu du dépar- ce qui se fait le plus souvent – un
saisissante. Le couvent tement d’Ille-et-Vilaine, accroît bâtiment neuf construit en péri-
des Jacobins, édifice encore la performance. phérie d’agglomération – par
rennais du xive siècle L’excavation du sous-sol a été une offre particulière et originale,
classé monument historique réalisée pour construire, sous mettant en valeur le côté patri-
depuis 1992, repose en toute sim- le couvent et autour, les salles monial de la ville et localisé dans
plicité au-dessus du vide, sur de du futur centre des congrès de l’hypercentre. »
fins poteaux de près de quinze Rennes Métropole. Trente-cinq Le choix s’est porté sur le cou-
mètres de haut. Ce qui aupara- mois de travaux, dont trois de vent des Jacobins, propriété de
vant faisait office de jardin autour préparation, seront nécessaires Rennes Métropole depuis 2002,
du bâtiment n’est plus qu’un vaste pour réaliser cette transfor- situé sur la place Sainte-Anne,
trou. Même chose sous le couvent mation. « Il y avait un besoin à bordée de maisons à colombages.
qui donne ainsi l’impression de Rennes, présente Karine Martin, Il s’est accompagné d’un projet
planer dans les airs. La prouesse ingénieur au service architecture d’aménagement particulièrement
technique de cette reprise en et patrimoine de Rennes Métro- atypique : le couvent en lui-même
sous-œuvre est déjà notable. pole, le maître d’ouvrage. Lors de allait devenir partie intégrante
Mais l’environnement dans lequel l’étude d’opportunité, a été émis du futur centre des congrès, asso-

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


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1 Le couvent a été soutenu provisoirement par 18 pieux métalliques


de 508 mm de diamètre en périphérie et 142 micropieux de diamètre
allant de 101 à 150 mm, en dessous. Les poteaux définitifs ont été
coulés du haut vers le bas. Parallèlement, 515 micropieux de
5 à 17 mètres de long – soit près de 6 km de long en cumulé –
ont été posés dans le fond de fouille afin de contrecarrer les efforts
de la nappe phréatique.

2 Le management visuel est très présent sur ce chantier.


Les circulations pour piétons ont fait l’objet d’une matérialisation
par des tapis en caoutchouc rouge. Une pratique concluante
par son efficacité et par la résistance des tapis qui devrait, à court
terme, être diffusée dans les autres entreprises du groupe.

3 Un chemin empierré réhaussé par rapport au fond de fouille


sépare les flux engins-piétons.

2 3

ciant ainsi une partie historique occupé par des moines jacobins, terrassement, l’édifice, construit
et une partie neuve. D’un mon- il était devenu un bâtiment mili- sans fondations, a fait l’objet d’un
tant de 107 millions d’euros dont taire après la Révolution. gros travail de renforcement et de
75 pour les travaux, le chantier a stabilisation 
: coulée de poutres
été confié à un groupement d’en- Flux engins-piétons transversales en béton sous les
treprises avec Sogea Bretagne La phase de terrassement, qui maçonneries, renforcement des
BTP (groupe Vinci) comme entre- touche à sa fin, a été aussi com- ouvertures et des voûtes, perce-
prise générale. Ce futur centre plexe à organiser que le résultat ment du sous-sol par des pieux
des congrès comptera un audito- est spectaculaire. 80 000 m3 de métalliques provisoires. Délimi-
rium de 1 000 places, un autre de terre ont été évacués du site ces tant le pourtour du terrain à exca-
300 places et une salle à plat de derniers mois. Au plus fort de ver, des murs de soutènement
500 places. Il comprendra éga- l’activité, cela a nécessité une ont été coulés. Parois berlinoises,
lement un espace d’expositions rotation quotidienne d’environ moulées ou encore clouées main-
de 3 000 m2 ainsi qu’une ving- 80 camions. Il a fallu trouver les tiennent le terrain. Le creusement
taine de salles de commissions. Il dispositifs pour creuser jusqu’à s’est fait par couches de deux
s’agira d’une nouvelle étape dans trois niveaux sous le couvent tout mètres d’épaisseur. Des pieux
la vie du couvent inauguré en en maintenant ce dernier parfai- préfondés et des micropieux pro-
1369 : à l’origine édifice religieux tement stable. Avant le début du visoires ont préalablement été

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en images
36
37

4 80 000 m3 de terre ont été évacués du site.


Une dizaine d’engins de terrassement ont été
nécessaires au plus fort de cette phase. Celle-ci
touchant à sa fin, le gros œuvre du futur centre
des congrès va lui succéder. La réception de l’édifice
est prévue à la fin de l’année 2016 pour une mise
en service courant 2017.

5 L’excavation du sous-sol a été réalisée pour


construire, sous et autour du couvent, les salles
du futur centre des congrès de Rennes Métropole.
Trente-cinq mois de travaux, dont trois de préparation,
seront nécessaires pour réaliser cette transformation.
Les piliers définitifs (gris) ont été construits de haut
en bas à côté des pieux métalliques provisoires (jaunes).

4 5

positionnés sous le couvent. Les cette phase. Des tapis en caout- tallés pour réguler les circulations
engins de terrassement ont alors chouc rouge matérialisaient les des piétons, un chemin empierré
pu intervenir pour évacuer toute circulations des piétons. Celles-ci a été rehaussé par rapport au
la terre sous le couvent sans le ont changé toutes les semaines, fond de fouille afin de bien sépa-
déstabiliser. parfois plusieurs fois par semaine rer piétons et engins. « La circu-
«  La coactivité engins-piétons selon la physionomie du chan- lation est clairement balisée en
était notre plus grande préoccu- tier et l’avancement des travaux. sous-œuvre », observe Christian
pation durant la phase de ter- «  Nous étions conscients que les Lebreton, contrôleur de sécurité à
rassement », explique Guillaume accidents de plain-pied sont les la Carsat Bretagne. « C’est un pro-
Daubercies, responsable QSE accidents du travail les plus fré- gramme au chausse-pied, tant
(qualité, sécurité, environne- quents sur les chantiers », pour- dans la longueur, la largeur que
ment) chez Sogea Bretagne BTP. suit-il. Or le plan d’instal­lation du la hauteur, en raison de la proxi-
Car les changements ont été per- chantier a évolué continuellement, mité de la première ligne de métro
manents lors de ces opérations, avec des zones de circulation et qui passe sous le site, remarque
avec un fond de fouille évoluant des zones de stockage changeant Karine Martin. Avec comme
quotidiennement. Circulations et de semaine en semaine. contrainte supplémentaire, le
coactivité ont donc été un point Des portiques avec feux cligno- chantier de la deuxième ligne de
de vigilance particulier durant tants ont parallèlement été ins- métro juste à côté. » Des réunions

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


en images
6 Des fouilles archéologiques ont été menées
préalablement au chantier, d’octobre 2011 à avril 2013.
Elles ont permis de mettre au jour de multiples éléments :
plus de 500 sépultures ont été retrouvées, dont quelques
sarcophages en plomb, des poteries, des pièces de monnaie.
Un patrimoine qui va nécessiter plus de deux ans d’études et
d’analyses.

7 Deux grandes contraintes de sécurité ont été prises


en compte lors de la phase de terrassement : la coactivité
entre piétons et engins et la stabilité de l’édifice. Des filets
ont été installés autour de l’édifice, afin de limiter
les conséquences d’éventuelles chutes de pierres
ou d’ardoises.

de coordination entre les deux chantier, des recettes à matériaux Étant donné la spécificité du
chantiers ont d’ailleurs réguliè- ont été installées sur les écha- projet, les méthodes génèrent
rement lieu afin de coordonner faudages pour faciliter l’approvi- beaucoup de modes opératoires
la logistique. Un gros travail a sionnement dans les niveaux. De différents sur ce chantier. Pour
été nécessaire pour organiser les vastes ouvertures ont été autori- chaque tâche, les modes opéra-
flux et échelonner la rotation des sées dans la toiture du bâtiment toires sont présentés par les chefs
camions. « Les flux sont organi- afin de faciliter l’acheminement d’équipe à tous les compagnons.
sés par métiers, précise Sylvain du matériel au plus près des postes Lors de ces échanges sont com-
Bonaldi, chef de projet chez Sogea et ainsi limiter les manutentions. mentées les tâches, les points de
Bretagne BTP. Dès la consultation Si le chantier a présenté plus de vigilance particuliers. « Les chefs
des entreprises, avant la signa- manutentions qu’un chantier d’équipe sont des relais forts
ture des marchés, le sujet a été habituel, du fait des reprises en dans notre organisation, pour-
abordé. » sous-œuvre, cette organisation a suit Guillaume Daubercies. Car la
limité le port des charges lourdes. communication reste essentielle
La communication est Des filets ont été posés sur tout le en prévention. » De même, une
essentielle en prévention bâtiment et sous la toiture pour opération « 5 minutes pour être là
Parmi les autres actions de pré- limiter les conséquences d’éven- demain » a été instaurée deux fois
vention mises en place sur le tuelles chutes de pierres. par jour. À 11 h et 15 h le chantier

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en images
38
39

9
8 Les échelles sont bannies du chantier, des plates-formes
individuelles sur roulettes ou des nacelles sont utilisées
pour accéder aux postes en hauteur.

9 Le chantier (parcelle du couvent des Jacobins + extérieurs)


occupe une superficie de 8 500 m2. Situé sur la place Sainte-Anne,
en plein centre historique de Rennes, il se tient à proximité
d’un autre chantier phare de la ville, la construction
de la deuxième ligne de métro. En pointe, jusqu’à 250 personnes
travailleront sur le construction du centre des congrès.

s’interrompt lorsque retentit une gars ont toujours l’impression sitait une prise en compte de
sonnerie spécifique. d’être vus des chauffeurs, or c’est son impact sur l’environnement
Chacun prend alors cinq minutes loin d’être toujours le cas, insiste direct », note-t-il. La zone d’in-
pour observer son environnement Guillaume Daubercies. Ça leur a fluence du chantier a été définie
de travail immédiat, ranger ce qui ainsi fait prendre conscience des par un géotechnicien. Tous les
peut l’être et faire un point tem- contraintes des autres métiers. » riverains inclus dans cette zone
poraire sur son activité et celle de « Aucun chantier, même de taille (résidents, commerces, école) et
ses collègues. Des quarts d’heure modeste, ne doit laisser de place pouvant subir les effets du chan-
sécurité se tiennent tous les lun- à l’improvisation, résume Sylvain tier ont reçu la visite du respon-
dis matin. Ils abordent différents Bonaldi, mais c’est particulière- sable QSE en début de chantier et
sujets en lien avec l’activité. Les ment vrai ici. Toutes les tâches sont régulièrement informés des
chauffeurs de poids-lourds pré- sont liées, il y a en particulier un avancées des travaux.
sents ont été invités à y assister. travail très étroit mené avec le Une surveillance topographique
Et dans ce cadre, les compagnons directeur de travaux en charge de automatique et permanente du
ont été conviés à monter à bord des la partie second œuvre, Anthony site a parallèlement été mise en
camions pour se rendre compte Le Piouff. » œuvre pour s’assurer de la sta-
des angles morts qui gênent les Autre point de vigilance, « l’im- bilité du terrain et du bâtiment
conducteurs de camions. « Les plantation du chantier néces- tout au long des travaux. Des ins-

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


en images
10 Des ouvertures ont été autorisées dans
la couverture du bâtiment classé afin de faciliter
l’approvisionnement en matériaux.

11 Des contrôles topographiques permanents


surveillent la stabilité des différents ouvrages
(couvent, parois de soutènement, immeubles voisins).
Une centaine de cibles ont été positionnées
et fournissent des indications sur les mouvements
possibles (verticaux, horizontaux, latéraux)
des différentes structures. Les données sont
actualisées toutes les vingt minutes jusqu’à la fin
des terrassements. Des seuils de vigilance
et des seuils d’alerte (de quelques millimètres
au centimètre) ont été définis et ne doivent pas
être dépassés.

10

11

truments de haute précision ont tion proprement dite du centre nous nous accordons un droit
été installés en trois points : l’un des congrès. Les poteaux en d’ingérence, en arrêtant des
à l’ouest, l’autre au nord et un béton définitifs, sur lesquels va postes de travail en cas de pro-
dernier dans le cloître. Ils enre- désormais reposer le couvent, blème constaté, explique Sylvain
gistrent les mouvements ver- ont été coulés de haut en bas, à Bonaldi. Dès la consultation, nous
ticaux, horizontaux et latéraux l’avancement des terrassements. les informons de ces règles. » Avec
sur une centaine de cibles posi- Au fur et à mesure de la reprise la fin du terrassement, le trafic de
tionnées en différents points du des charges par les appuis défi- poids lourds va être sensiblement
bâtiment, sur les parois de soutè- nitifs, les poteaux provisoires réduit. Mais la provenance et
nement et les immeubles voisins sont progressivement retirés. la nature des chargements des
les plus proches. Les valeurs ne Après l’été, les équipes du second camions qui approvisionneront
doivent pas dépasser des seuils œuvre arriveront sur le chan- le second œuvre seront beau-
définis pour chaque ouvrage (un tier. Parmi les impératifs édictés : coup plus diversifiées, impli-
seuil de vigilance, puis un seuil l’interdiction du travail à l’échelle quant de nouvelles contraintes
d’alerte), de l’ordre de quelques au profit de plates-formes indi- de logistique. n
millimètres. viduelles roulantes. « Dans les Le chantier virtuel en vidéo est à voir
À la phase de terrassement, va chartes définissant les règles Céline Ravallec sur : https://www.youtube.com/
maintenant succéder la construc- avec les entreprises partenaires, Photos : Gaël Kerbaol watch?v=MWZdnOsJSfc.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


en entreprise
40
41
Fiche d’identité La Société des automobiles Alpine, basée à Dieppe, a réalisé,
n NOM : Société des avec l’appui de la Carsat Normandie, un travail important
automobiles Alpine, filiale d’évaluation des risques, d’analyse ergonomique et d’amélioration
du groupe Renault, fondée des postes ou situations de travail, en faveur des salariés
en 1955.
de l’entreprise et des salariés des entreprises intervenantes.
n Effectif : 284 salariés en
CDI et CDD (février 2015) ;
de 60 à 120 intérimaires
selon les périodes
d’activité.
n Activité : fabrication,
montage et assemblage
de véhicules pour le
compte de Renault-Sports
et Bolloré (Blue Cars).

L’essentiel

© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS


n Mise en place,
avec la Carsat Normandie,
de la démarche ARP‑EE
(analyse des risques
professionnels–entreprises
extérieures) : formation de
salariés Alpine, Renault
et chargés d’affaires
ou cadres d’entreprises
intervenantes.
n Mise en œuvre, avec
Construction automobile

En pole position, même


la Carsat, de la démarche
AEST (analyse ergonomique
des situations de travail) :

sur les conditions


formation des salariés,
amélioration continue
des postes, situations

de travail
et conditions de travail.
n Risques de chutes
de hauteur : sensibilisation
au risque lors

I
du renouvellement
des toitures (action nformer, sensibiliser une ingrédients du succès du travail
nationale envers entreprise à la sécurité, c’est en commun mené entre la Car-
les maîtres d’ouvrage). bien. Faire en sorte qu’elle sat et la Société des automobiles
devienne autonome sur ces Alpine (SAA), basée à Dieppe,
questions, en s’appuyant en Seine-Maritime. Une réalité
notamment sur ses ressources que Stéphane Zajdowicz, res-
internes et sur la formation des ponsable SSCP (sûreté, sécurité,
salariés et des entreprises inter- conditions de travail et préven-
le chiffre venantes, c’est beaucoup mieux, tion incendie) dans cette filiale
et cela donne des résultats par- du groupe Renault, confirme  :

1 646 h fois impressionnants. » Pour


Jacques Charlotte, contrôleur de
«  Quand le suivi par la Carsat
devient agréable, quand les
de formation sécurité à la Carsat Normandie, le rendez-vous avec le contrô-
choix de la meilleure méthode à leur de sécurité sont autant de
sur 17 modules adopter pour arriver à ce résultat moments d’échanges qui jettent
de sécurité ; est déjà fait. Relations cordiales, les bases d’une véritable straté-
203 personnes confiance mutuelle, contacts gie de prévention, il se tisse bien
formées en 2014. Antoine Bondéelle réguliers… sont aujourd’hui les plus qu’une relation de travail :

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


en entreprise

un lien authentique, qui permet L’analyse des risques


de se dire les choses sincère- professionnels
des entreprises
ment, d’avancer ensemble sur extérieures a
les sujets délicats, de trouver des permis d’améliorer
ressources au besoin… » les conditions
Mais d’abord, un rapide retour d’intervention de ces
entreprises, comme,
en arrière : il y a encore trois
ici, Cegelec pour
ans, l’avenir de l’entreprise était l’éclairage.
très incertain. Au Grand Prix de
Monaco de 2012, Alpine pré-
sente le concept-car A110‑50,
pour commémorer le cinquante-
naire de la fameuse « Berlinette »
A-110. À la fin de cette même
année, Carlos Ghosn, P-DG du
groupe Renault, annonce le
retour en production de véhi-
cules Alpine en série pour 2016.
Jusque-là, l’entreprise a conti-
nué la production de petites
séries sport pour Renault,
notamment les Mégane Trophy
et, plus récemment, les Clio RS.
Est programmé également, pour
courant 2015, l’assemblage des
voitures électriques, Blue Cars, 
du groupe Bolloré.
Pourtant, même dans des temps
incertains, l’entreprise s’est tou-
jours préoccupée de prévention.

Faire en sorte que


l’entreprise devienne
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

autonome en santé
et sécurité au travail
donne parfois
des résultats
impressionnants.

Le contrôleur de sécurité est un avec l’entreprise et son respon- des entreprises extérieures. »
habitué des lieux : « Si je visite sable de sécurité, il décide alors Ainsi, tout le monde peut engager
Alpine depuis 1986, cela fait plu- de faire démarrer l’action chez des travaux sur des bases com-
sieurs années que nous collabo- Alpine. munes en prévention. Les travaux
rons activement autour de trois préparatoires se sont révélés
grands chantiers. » Le premier a Évaluer les risques parfois fastidieux : il a fallu iden-
débuté en octobre 2011, quand avant travaux tifier ou appréhender l’ensemble
la direction des risques profes- « Nous avons procédé par étapes. des modes opératoires. « Mais ça
sionnels de la Caisse régionale La première phase a été, au fonctionne ! Même si, au début,
lui a confié le pilotage d’une niveau de la Carsat, de mettre les gens étaient un peu réticents,
action spécifique à destination en place une formation de for- ils ont finalement bien joué le
du groupe Renault en Seine- mateurs à l’analyse des risques, jeu », constate Daniel Deuliez,
Maritime : l’analyse des risques décrit Stéphane Zajdowicz. Le but responsable des travaux neufs et
professionnels des entreprises était ensuite de former chez nous moyens industriels, qui anime ces
extérieures (« ARP-EE » dans les personnes en charge de com- formations, sous la responsabilité
le jargon des professionnels de mandes de travaux, de la rédac- du responsable de sécurité. Doré-
la sécurité). S’appuyant sur les tion des plans de prévention  1
. navant, lors de la rédaction d’un
bonnes relations qu’il entretient Mais aussi, des chargés d’affaires cahier des charges, est deman-

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


en entreprise
42
dée une évaluation des risques une formation à l’analyse ergo- très pratiques pour les salariés,
par les personnes en charge des nomique des situations de travail reconnaît Vincent Coquatrix, en
travaux. Une belle réussite : « La (AEST) auprès de la Caisse régio- charge de l’assistance au mon-
démarche doit être déployée sur nale. « L’objectif était qu’Alpine, à tage et de la formation à l’unité
l’ensemble du groupe Renault, travers cette formation, améliore 21 (portes, pare-brise). Les gars
dans le monde entier  ! » se l’intégration des principes de l’er- peuvent vérifier les pièces avant
réjouit Stéphane Zajdowicz, qui gonomie dans la modification et montage et effectuer leur picking
a déjà formé une quinzaine de la création des nouvelles chaînes sur place. On a diminué signifi-
personnes sur le site de Cléon de montage », pointe Jacques cativement le nombre d’encom-
(Seine-Maritime). Charlotte. Qu’il s’agisse des brants sur chaque poste. » Une
Jean-François Noré, conducteur chaînes de production existantes nouvelle révision des chariots
de travaux chez Cegelec, est en (Clio RS) ou en projet (Blue cars, est prévue cette année, en pré-
charge des chantiers de distribu- future Alpine), tous les postes et vision des deux futurs process
tion de réseaux, éclairage… Il a situations de travail sont passés de montage  : chaîne des Blue
suivi la formation ARP-EE. « Pour au peigne fin de l’analyse ergo- cars et future Alpine, l’an pro-
éviter trop de coactivité, nous nomique. « Une méthode un brin chain. Sur plusieurs postes, des
pouvons travailler en horaires chronophage, mais quels gains tables élévatrices permettent la
décalés : en général, de 14 h 30 en termes de conditions de tra- mise à hauteur des véhicules ou
à 22 h, décrit-il. Sachant que vail ! », confie le responsable de éléments en cours d’assemblage.
l’usine ferme vers 15 h 30, mais sécurité. Enfin, des dispositifs automati-
que quelqu’un de chez Alpine sés ont été installés pour aider
est toujours disponible pour nous Une collaboration à la manutention des pièces de
au cas où… » Ce que le conduc- fructueuse grande taille.
teur de travaux apprécie aussi Par exemple, l’alimentation en Une autre action a été menée
chez Alpine, ce sont les réunions pièces des postes de travail tout avec l’appui de la Carsat  : lors
de démarrage avant chantier. au long de la chaîne est réalisée de la modification de certaines
«  Cela permet de s’assurer que par une installation de chariots toitures de l’usine, l’entreprise
nous sommes au même niveau dont le montage est effectué par a suivi les recommandations de
d’information, Alpine et nous, et le service maintenance chez la Caisse régionale, en instal-
que nous envisageons les risques Alpine. À la suite de la mise en lant notamment des garde-corps
Parmi les actions
avec la même attention, pour tous déclenchées à la place de la démarche AEST, les sur les acrotères bas 2. « Toutes
les salariés », poursuit-il. suite de l’analyse chariots et leurs contenus ont ces actions de prévention fonc-
Les travaux en commun avec ergonomique des été entièrement revus, afin de tionnent bien aussi, parce que
la Carsat ne s’arrêtent pas là. situations de travail, limiter les manutentions trop nous entretenons de bonnes rela-
l’alimentation des
En 2013, le responsable de sécu- postes de travail
pénibles et les trajets trop impor- tions générales avec la direction
rité et l’infirmière du travail, en pièces a été tants pour les opérateurs : « Ces et les collègues », précise Domi-
nouvellement arrivée, suivent entièrement revue. nouvelles dispositions s’avèrent nique Séraffin, élu au CHSCT et
délégué syndical chez Alpine.
Un seul partenaire ne joue pas
le jeu, chez Alpine : les goélands !
En effet, c’est non seulement une
espèce protégée, qui a tendance
à nidifier sur les toitures, mais
aussi une population agressive,
qui n’hésite pas à s’en prendre
aux individus peu méfiants, lors
des interventions sur toitures
notamment. « C’est vraiment
compliqué, la relation goélands-
entreprise, et pas uniquement
chez nous », reconnaît le chargé
de sécurité. n
1. Des plans de prévention socles annuels
sont rédigés, avec possibilité d’avenants
ou d’additifs pour les entreprises
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

extérieures et/ou les interventions


ponctuelles : gardiennage, chaudière,
maintenance… Lire le dossier « Sous-
traitance et prévention : faire évoluer les
pratiques ». Travail & Sécurité n° 720,
sept. 2011, p. 17-31. Consultable sur :
www.travail-et-securite.fr.
2. Un acrotère est une saillie verticale
d’une façade, au-dessus du niveau d’une
toiture-terrasse ou d’une toiture à faible
pente pour en masquer la couverture.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


SANTÉ - SÉCURITÉ
Qualité de Vie au Travail
L ’ É V É N E M E N T A N N U E L D E R É F É R E N C E

“ L'AMIANTE : être informé


pour s'en protéger
“ Le retour d’expérience
AIRBUS : du DOCUMENT
“ Quelles formations et
protections pour les
“ La MEDIATION
PROFESSIONNELLE :
et protéger les autres.
vCARSAT/INRS
” UNIQUE à la pénibilité au
travail.
vPREVENTEO

personnels travaillant en
MILIEU DE SANTE ?
vSF2H

un antidote aux risques
psychosociaux.
vEPMN MEDIATEURS
ASSOCIES

3 380 120 9 000
JOURS EXPOSANTS CONFÉRENCES VISITEURS

Sous le Haut-Patronage du Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social et du Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports

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en entreprise
44
45
Fiche d’identité troubles musculosquelettiques
n NOM : Centre hospitalier
Sainte-Catherine.
Des référents qui font
la différence
n LIEU : Saverne (Bas-Rhin).
n ACTIVITÉ : cet établissement
public de santé offre
une permanence de soins
24h/24.
n EFFECTIF : 980 salariés.

L’essentiel
n LES TROUBLES

© Serge Morillon/INRS
musculosquelettiques
(TMS) sont la première
cause d’accidents du
travail dans l’établissement.
n LA STRATÉGIE retenue pour
lutter contre ce risque
a consisté en la formation
d’une quinzaine de Dans sa lutte contre la survenue de troubles musculosquelettiques,
référents en ergomotricité. le Centre hospitalier de Saverne a opté pour la formation
n CES RÉFÉRENTS assurent de référents en ergomotricité. Ces derniers forment
la formation des agents et accompagnent les agents. Objectif : favoriser les bonnes
et les accompagnent dans
leur pratique au quotidien
pratiques de manutention des patients.
afin de les aider
à se mettre en sécurité

D
lors de la manutention
ans les couloirs du gine de troubles musculosque-
des patients.
Centre hospitalier lettiques et la première cause
(CH) Sainte-Cathe- d’accidents du travail dans notre
rine, situé à Saverne, établissement. C’est pourquoi il
dans le Bas-Rhin, on nous semblait essentiel d’agir
les repère au petit logo qu’ils sur la formation de nos salariés
portent sur leur tenue de tra- afin de les aider à se mettre en
vail. Derrière ce signe distinc- sécurité, notamment les aides-
tif, représentant deux hommes soignants et les infirmiers, par-
pliant les genoux pour porter ticulièrement exposés. »
un carton, se cache l’équipe L’existence de référents en
de référents en ergomotri- ergomotricité n’est pas nou-
cité. Au nombre de quinze, ces velle. « Cela existe depuis 1988,
le chiffre hommes et ces femmes forment indique Carmen Ulmer-Nedja,
et conseillent leurs collègues sur coordinatrice des référents. Mais

43 ans, les techniques de manutention.


«  Nos agents manipulent des
patients toute la journée, indique
jusqu’à présent, seuls cinq for-
mateurs exerçaient sur le centre,
pour presque 1 000 agents, ce
c’est l’âge moyen Odile Turko, directrice des soins. qui était peu. » En outre, cette
du personnel Certains assurent jusqu’à une formation attirait peu de monde,
travaillant au centre quinzaine de toilettes par jour. les agents préférant se concen-
hospitalier Cédric Duval Ces gestes répétés sont à l’ori- trer sur l’acquisition de nou-

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


en entreprise

velles compétences plus proches sonne dépendante, respect de tion a été réalisée, comprenant
de leur cœur de métier. « Nous l’autonomie, transfert, aide tech- des affiches et un journal interne
manquions également de com- nique) sont proposées. « Il faut se transmis avec les fiches de paie.
munication et de sensibilisation renouveler régulièrement, assure Tous les nouveaux arrivants sont
sur ces questions », ajoute Aline Odile Turko. C’est la répétition informés sur les risques liés aux
Aubertin, responsable des res- qui permet d’intégrer les bonnes TMS et les moyens de prévention
sources humaines. pratiques, d’autant que les mau- lors de leur intégration. Un cata-
Consciente des enjeux liés aux vaises habitudes reviennent vite. logue de formations a été créé
TMS, la direction décide en 2013 Sans compter que les techniques en interne pour favoriser les ins-
de réorienter son plan de forma- et les méthodes évoluent rapide- criptions. « Nous espérons chan-
tion pour favoriser l’acquisition ment. » Prochainement, une nou- ger les mentalités et ainsi faire
de bonnes pratiques ergono- velle formation sur l’analyse des en sorte que les bons réflexes
miques. Un appel à candidatures causes d’accidents de travail va deviennent automatiques, mais
est lancé en interne pour iden- aussi être dispensée. nous sommes conscients que
tifier de nouveaux formateurs. Au-delà des formations obliga- cela prendra du temps », confie
Le recrutement s’effectue en toires, les référents disposent de Aline Aubertin.
fonction de plusieurs critères  : deux heures par mois de temps Ces actions de prévention ont
motivation, disponibilité, com- dégagé pour accompagner les reçu le 1er prix dans la caté-
pétence et expérience pédago- équipes sur le terrain et les aider gorie Grand Prix de Préven-
gique. Au final, quinze référents à réajuster leur pratique. « Pour tion des TMS au concours de
en ergomotricité sont retenus. Ils lever le patient de sa chaise, il sécurité organisé par la Carsat
sont issus de différentes catégo- faut plier les jambes, contracter La quinzaine Alsace-Moselle. « Nous avons
ries professionnelles. L’équipe la ceinture abdominale, tendre de référents récompensé un projet original
comprend un cadre de santé, des les bras et saisir ses avant- en ergomotricité permettant de conduire à de
au sein de l’hôtpital
aides-soignants, des infirmiers, bras, explique un référent, Yann sont chargés de réelles améliorations en vue de
un masseur-kinésithérapeute, Laverdure, à Caroline Guy, une former leurs collègues lutter contre les TMS », précise
un secrétaire, un magasinier, un infirmière. Puis tu demandes aux bonnes pratiques Gaëlle Florence, contrôleur de
brancardier et un ingénieur de au patient de pousser sur ses destinées à prévenir sécurité à la Carsat. Cela ne s’est
les TMS, notamment
sécurité. « Il s’agissait d’assurer jambes et tu accompagnes son en matière de
pourtant pas fait sans mal. « La
une représentativité de toutes mouvement. » Il poursuit sa manipulation mise en place du dispositif de
nos activités. De cette façon, démonstration en accompagnant des patients. formation a demandé un inves-
nous étions assurés d’avoir un tissement humain très impor-
référent adapté pour chaque tant, confie Aline Aubertin. À
métier, et donc plus à même l’heure où les établissements de
de comprendre les enjeux des soins manquent cruellement de
agents concernés. » ressources, il aurait été impos-
sible de libérer du temps de
Des formations adaptées travail pour les formateurs sans
à tous les métiers véritable volonté de la direc-
Ces référents ont bénéficié tion. Nous avons également dû
d’une formation à l’analyse des convaincre les cadres de santé
risques (Prap) et d’une formation qu’ils seraient gagnants mal-
© Serge Morillon/INRS

diplômante en ergomotricité. La gré la mobilisation de leurs


principale mission confiée à ce équipes. »
groupe est la formation conti- Le nombre d’accidents du travail
nue du personnel hospitalier. dus à la manutention a légère-
«  Celle-ci est devenue obliga- ment baissé, passant de 14 en
toire », explique Aline Aubertin. 2012 à 13 en 2014. « Cette baisse
À ce jour, 272 personnes ont la marche du patient vers son lit. n’est pas très franche, mais le
été formées. « En multipliant « J’ai postulé pour être référent, simple fait qu’il n’y ait pas eu
le nombre de formateurs, nous explique Yann Laverdure. J’ap- d’augmentation témoigne d’un
n’avons pas fait qu’augmenter le prends à mes collègues à bien se progrès considérable », assure
nombre de sessions, nous avons préparer et à adopter les bonnes Odile Turko. Comme de nom-
aussi favorisé la proximité avec postures lors de leurs interven- breux établissements de soins,
les équipes. » tions. C’est plus sûr pour nous et le centre hospitalier de Saverne
Au sein de l’établissement, ces le patient. Ce dernier est rassuré est confronté au vieillissement
formations se sont aussi adap- quand on lui explique clairement de la population de travailleurs.
tées à d’autres métiers jusque-là ce qu’il doit faire, c’est important En prévenant les risques pro-
mis de côté, comme les services de l’impliquer. » Chaque inter- fessionnels, l’objectif est aussi
techniques, logistiques, admi- vention aboutit systématique- de maintenir les travailleurs en
nistratifs ou d’entretien. Outre ment à la rédaction d’un rapport bonne santé le plus longtemps
la formation initiale, des for- pour assurer un suivi. possible. Pour ce faire, le CH
mations de recyclage adaptées En parallèle du volet formation, compte sur le recrutement de
aux situations des patients (per- une campagne de sensibilisa- formateurs supplémentaires. n

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


en entreprise
46
47
Fiche d’identité
n Activité : Ehpad
Les Tilleuls, à Montpezat-
sous-Bauzon (Ardèche)
n Effectif : 46 agents
(37,1 ETP).
n Capacité d’accueil :
50 résidents dans l’Ehpad
dont 12 en cantou (terme
désignant l’unité fermée
pour personnes souffrant
de troubles cognitifs).

© Guillaume J.Plisson pour l’INRS


Comprend également
une résidence services
de 11 places.
n Moyenne d’âge
des résidents : 86 ans.

L’Ensouleïado, à Tulette
(Drôme)
n Effectif : 50 agents
(soit 43 ETP).
n Capacité d’accueil :
Ehpad
50 résidents, dont 10
dans le cantou (unité de vie
fermée) que comprendra
la nouvelle aile, et 2 places
Bien anticiper
d’hébergement temporaire.
n Moyenne d’âge
des résidents : 86 ans.
pour bien grandir
Si les personnes âgées sont maintenues le plus longtemps
possible à leur domicile, elles arrivent de plus en plus dépendantes
L’essentiel dans les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes
n Deux Ehpad de la région âgées dépendantes). Le travail des salariés de ces établissements
Rhône-Alpes se sont
a dû s’adapter à cette réalité, avec notamment davantage
engagés dans de gros
travaux de construction de manipulations de patients. Une évolution à prendre en compte
et de rénovation. La Carsat dès la conception ou la rénovation d’un Ehpad.
n’a pu intervenir que
tardivement pour que soit

L
intégrée la prévention des
es Tilleuls, Le Beauso- Alpes a décidé de mener des
risques professionnels dans
leil, Les Cigales ou encore actions ciblées 1. Les Tilleuls, en
ces deux projets, déjà bien
L’Ensouleïado… Les noms Ardèche, et L’Ensouleïado, dans
avancés dans la conception
des Ehpad (établissements la Drôme, en ont bénéficié, même
ou la réalisation. Mais la
d’hébergement pour per- si, de l’avis de tous, elles auraient
majorité de ses remarques a
sonnes âgées dépendantes) sont dû intervenir plus en amont.
pu être prise en compte.
souvent évocateurs de villégia- «  Le problème avec les Ehpad,
ture ensoleillée, mais la réalité, en particulier avec les établis-
notamment pour le personnel, est sements publics, même s’ils
généralement moins glamour. La emploient toujours du personnel
le chiffre région Rhône-Alpes compte envi- du régime général, c’est que nous
ron 800 Ehpad qui totalisent plus ne sommes pas toujours informés

1 000 E de 20  000 salariés. Dans cette


activité, la fréquence des acci-
dents du travail, liés essentiel-
des projets de construction ou
de rénovation, regrette Philippe
Morand, contrôleur de sécurité
par chambre lement aux manutentions et aux à la Carsat Rhône-Alpes. Nous
environ, c’est le chutes de plain-pied, est trois fois sommes trop souvent obligés d’al-
prix de l’installation plus élevée que l’indice moyen de ler à la pêche aux informations et
de rails au plafond. Delphine Vaudoux la région. Aussi, la Carsat Rhône- c’est dommage car nous perdons

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


en entreprise

un temps précieux. » À Montpe- pain manuel. Il a été remplacé reconnaît aujourd’hui la direc-
zat-sous-Bauzon, en Ardèche, par un coupe-pain électrique, trice adjointe. « Mais depuis
deux bâtiments attirent le regard, plus rapide et moins sollicitant les premières réflexions sur la
tout près de l’église. L’ancien et le pour le poignet. construction de cet Ehpad, la
nouvel Ehpad. Si l’ancien, fermé, Enfin, le médecin du travail avait population a évolué, explique
attend que la mairie décide de alerté sur la hauteur du chariot le directeur. Les personnes
son sort, le nouveau a ouvert en des petits déjeuners, inadap- arrivent de plus en plus âgées et
2011. Lilian Eschalier est entré tée à la personne affectée à ce dépendantes, nous devons nous
dans l’ancien Ehpad en 2004, poste. « On en a pris un moins adapter à cette situation, et pen-
à l’époque pour servir les petits haut et on a acheté de nouvelles ser aussi au vieillissement de nos
déjeuners. Nommé assistant de cafetières pour m’éviter une trop salariés. »
prévention en 2009, il suit plu- forte sollicitation de l’épaule, L’ensemble des aides-soi-
sieurs formations notamment les explique Chantal Ollier, adjoint gnantes 3 auront suivi une for-
formations SSIAP 1, SSIAP 2 et technique, en charge des petits mation d’assistance de soin en
SSIAP 3 2. « Avant 2009, je n’avais déjeuners. Depuis, je n’ai plus gériatrie, d’ici à 2016. À raison
jamais entendu parler de docu- mal à l’épaule. » Même probléma- d’une semaine par mois pen-
ment unique », avoue-t-il. Mais tique pour les lingères, chargées dant six mois. « C’est assez lourd,
il s’y attelle avec l’ouverture du de laver et repasser le linge des reconnaît Sandy Méjean. Mais
nouveau bâtiment et identifie un résidents ainsi que les tenues nous nous organisons pour faire
certain nombre de risques. de travail des salariés. La table face à ces absences, en prenant
Pour les risques physiques, il se à repasser a été remplacée par davantage de personnel rem-
lance dans l’analyse de postes, une autre, réglable en hauteur, plaçant. » « J’ai déjà suivi trois
aidé d’un ergonome et d’Isabelle dotée d’un fer à repasser relié à sessions sur les six, explique
Graux, conseillère hygiène et une potence. Stéphanie Laverdure, auxiliaire
sécurité du Centre de gestion de Dans un deuxième temps, Lilian de soins. Au début, j’avoue que
la fonction publique territoriale Eschalier a réalisé une ana- je n’en voyais pas trop l’intérêt.
de l’Ardèche. Au final, certains lyse statistique des risques Et plus on avance, plus je trouve
postes s’avèrent peu adaptés
au travail réel des agents : des
erreurs qui auraient été peut-être
évitées si ces derniers avaient été
associés dès le projet du nouvel
Ehpad. « Je suis arrivé dans cet
Ehpad alors que les travaux com-
mençaient, explique Yvan Mus-
chitz, directeur de l’Ehpad. On ne

© Guillaume J.Plisson pour l’INRS


pouvait faire que des modifica-
tions à la marge… et il nous était
très difficile d’imaginer les situa- À la plonge,
tions de travail avant d’y être, le lave-vaisselle a été
réellement. » changé. Le nouveau
est chargé par le côté,
le panier de vaisselle
Des actions correctives est glissé depuis
Depuis l’ouverture du nouvel l’évier.
Ehpad, des modifications ont eu
lieu, à la demande de l’assistant entre 2011 et 2014. Celle-ci a cela intéressant. Cela change
en prévention. À la plonge, par révélé que le transfert de rési- ma façon de faire mon métier,
exemple, la personne chargée dents était la première cause notamment ma relation avec les
de ce poste, après avoir rincé le d’accidents du travail sur cette patients. »
panier rempli de vaisselle sale, période, à l’origine de 66 % des
devait le porter et effectuer une jours d’arrêt. Des verticalisa- Un Ehpad au milieu
rotation pour le mettre dans le teurs et des aides au transfert des travaux
lave-vaisselle. Pour réduire les sont bien à disposition des sala- Moins de quatre ans après son
manipulations, plusieurs solu- riés, « mais ils sont peu utilisés ouverture, les principales sources
tions ont été proposées aux uti- et jugés trop encombrants par de risques professionnels ont été
lisateurs qui ont opté pour un les soignants », explique Sandy identifiées et sont en train d’être
changement de modèle de lave- Méjean, directrice adjointe des traitées. « Les Tilleuls représentent
vaisselle (avec cette fois un cou- Tilleuls depuis 2014. Depuis un établissement moteur, en
vercle qui se soulève), ce qui quelques mois, Lilian Escha- Ardèche, estime Isabelle Graux.
permet de faire glisser le panier lier étudie la possibilité d’ins- Mais trop souvent encore, lorsque
de vaisselle depuis l’évier jusque taller des rails dans certaines les mairies gèrent des projets de
dans le lave-vaisselle. En cuisine, chambres. « C’est vrai que cela rénovation ou de construction,
seize baguettes étaient coupées aurait été beaucoup plus simple elles oublient de solliciter les sala-
chaque jour, à l’aide d’un coupe- d’en prévoir dès la conception », riés en amont. Et on s’en aperçoit

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


en entreprise
48
une fois que les bâtiments sont en lement terminée selon les besoins
fonction. » exprimés par un groupe de travail,
De l’autre côté du Rhône, à puis meublée et dotée d’un rail au
Tulette, dans la Drôme, difficile plafond pour déplacer les patients
de repérer l’Ehpad L’Ensouleïado les moins mobiles. Vaste (21 m2),
au milieu des travaux. Depuis plus lumineuse, elle comprend une
de huit mois, une nouvelle aile est salle de bains (avec douche, toi-
en construction. Elle devrait per- lettes et lavabo). L’aide soignante
mettre non pas de créer davan- et l’infirmière référente, Élisabeth
tage de lits, mais d’agrandir les Melquiot, évoluent dans cette
chambres, de les doter, chacune, nouvelle chambre avec une rési-
d’une douche et de réduire le dente... et semblent satisfaites.
nombre de chambres doubles. « Si Quelques ajustements seront
tout va bien, en juin, nous démé- cependant nécessaires pour que
nagerons nos résidents dans la la chambre soit encore mieux
nouvelle aile, en les mettant pro- aménagée : le tuyau de douche va
visoirement à deux par chambre être allongé, sa rigidité modifiée,
afin de permettre la rénovation le rail va être légèrement déplacé
du bâtiment existant », remarque de façon à l’éloigner de la fenêtre
Jean-Marcel Leclercq, directeur et l’équipe technique veillera à ce

© Guillaume J.Plisson pour l’INRS


de l’établissement. que sa qualité soit irréprochable
Le bâtiment actuel date de 1969. (notamment pour éviter les
En 2000, la décision est prise à-coups). Enfin, le chauffage de
de le rénover et de l’agrandir. salle de bains va être remplacé
Après de très nombreux soubre- par un autre, moins encombrant.
sauts à la fois d’ordre technique «  Ça sert à cela, une chambre
et politique, la première pierre témoin, explique Éric Billiard.
est posée en septembre 2014. Un Étant donné que l’Ehpad va en
mois avant, en août 2014, la Car- implanter huit comme celle-ci,
sat Rhône-Alpes prend connais- ouvertures… », explique Phi- Une chambre témoin autant qu’elles soient bien adap-
sance des grands projets de la lippe Morand. « Beaucoup de dotée de tous les tées au travail réel. »
équipements destinés
région. « Et l’on se rapproche, remarques avaient pour objectif à être généralisés Parmi les autres améliorations
avec Éric Billiard, ingénieur- de sécuriser les interventions de dans l’ensemble réalisées à la suite de l’interven-
conseil dans le groupe d’appui maintenance, remarque Mathieu de l’établissement, tion de la Carsat, on peut citer
organisation et conception de la Richard. Ils ont même suggéré dont des rails au le nettoyage des vitres (qui se
plafond, est testée
Carsat, de cet Ehpad pour savoir d’implanter un extracteur d’air fera avec une raclette aimantée,
afin d’optimiser
comment ils ont pris en compte dans mon atelier ». Tout ce qui l’aménagement, qui depuis l’intérieur), un éclairage
la prévention des risques pro- pouvait être modifié l’a été. doit être parfaitement en second jour dans la cuisine,
fessionnels dans leur projet », adapté au travail réel. la création d’un vaste vestiaire,
se remémore Philippe Morand. Chambre témoin une ventilation mieux adaptée à
« Nous sommes allés voir le direc- Reste un point particulièrement l’usage dans la lingerie… « Seule
teur en lui expliquant la sinistra- important mis en évidence lors notre demande concernant la
lité de ce type d’établissement de l’intervention de la Carsat : la création d’une deuxième salle
et toutes les conséquences que manipulation des résidents par de bains commune 5 n’a pu être
cela pouvait avoir sur la qualité les soignants  4
. « Les rails ? J’y satisfaite, remarque l’ingénieur-
des soins », poursuit Éric Billiard. avais bien pensé dès le départ, conseil. C’est un peu dommage,
Malgré cette intervention tardive, mais ça ne passait pas financiè- car les résidents arrivent ici de
la Carsat semble entendue. rement », se souvient le directeur. plus en plus âgés et forcément
« Pour ma part, je ne connaissais «  Aujourd’hui, on a des lève- moins mobiles. » Mais tout cela a
pas la Carsat, souligne Mathieu malades, explique Sabrina Benl- un coût… et Jean-Marcel Leclercq
Richard, responsable de la main- loch, aide soignante. On a suivi ne s’en cache pas : pour les rési-
tenance au sein de l’Ehpad. Et ça des formations et on s’en sert dents, le prix à la journée devrait
m’a un peu inquiété de les voir quotidiennement. » Mais la Carsat déjà légèrement augmenter dans
intervenir à ce stade alors qu’on souhaite profiter de cet agrandis- les années à venir. n
avait eu du mal à faire démar- sement pour que les chambres 1. Un colloque et des formations ciblées
rer le chantier. Mais très vite, on soient adaptées aux résidents ont également été organisés.
s’est rendu compte qu’ils interve- et au travail des salariés. « On a 2. Sécurité incendie et d’assistance
naient pour le bien de chacun. » demandé à ce qu’une chambre à personnes.
La Carsat fait de nombreuses témoin soit réalisée et que tout 3. Selon les régimes (général ou fonction
publique territoriale), on parle d’aide-
observations sur les plans. « Elles soit validé avant de la généra- soignante ou d’auxiliaire de soins.
portaient aussi bien sur les toits- liser », poursuit le contrôleur de
4. Conformément à la recommandation
terrasses, sur les garde-corps sécurité. CnamTS R471.
rabattables, sur les accès toi- Au beau milieu du chantier et des 5. Utilisées notamment pour les cas
tures, les flux, les locaux, les gravats, une chambre a été tota- difficiles et de fin de vie (douche au lit…).

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


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e- saire rt d’a le), sur s les eprises ection q
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ses
de proj édés)
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ment
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Fra
essent yant mo
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4
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D FIGU ue en fonc
36 –
septem
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x 23.12Z
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l des
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re blis 5.
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s 63 condu llent
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4
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questions-
50 RÉPONSES
RETOUR SUR… Les thèmes des questions présentées ici sont extraits des assistances
assurées par les experts de l’INRS. Les réponses apportées sont données à titre indicatif
À LA LOUPE et ont pour objectif de fournir des éléments d’information. Elles ne pourraient, en aucun cas,
extraits du JO être considérées comme des textes de référence.

Les nuisances sonores

?
Le bruit constitue une nuisance majeure dans mon travail. Lorsqu’il est impossible de le réduire
suffisamment à la source ou grâce à la mise en place de protections collectives, le recours
aux protecteurs individuels s’impose. Mais comment bien les choisir ?

réponse Quand tout a été fait en matière d’ac- d’oreilles. Les protecteurs peuvent être passifs
tion sur l’environnement de travail et de mise en (sans électronique), ou comporter de l’électro-
œuvre de protections collectives, le recours aux nique  : appareils à atténuation dépendante du
protecteurs individuels peut en effet permettre niveau sonore, appareils de réduction active du
de réduire les risques résiduels liés au bruit au bruit ou encore appareils de communication (per-
niveau du poste de travail. Attention, il n’existe mettant la transmission de certains signaux).
pas de protecteur idéal adapté à toutes les situa- Dans tous les cas, plusieurs critères de choix sont
tions de travail. Le protecteur individuel doit à considérer : le marquage CE obligatoire, l’affai-
permettre d’affaiblir le bruit contre lequel il est blissement acoustique nécessaire, le confort,
censé protéger l’opérateur, sans l’isoler des bruits l’adéquation avec l’activité, l’environnement de
utiles à sa tâche et des bruits annonciateurs de travail, les troubles médicaux éventuels et, bien
danger. Le bon protecteur est celui qui est porté. sûr, la compatibilité avec les autres équipements
Il doit l’être pendant toute la période d’exposition de protection individuelle. Avant de prendre une
pour être efficace. Il doit offrir un niveau de sécu- décision, une période d’essai peut permettre de
rité adéquat (ni pas assez, ni trop) et un confort vérifier que les protections sont efficaces et adap-
maximal. tées aux tâches à effectuer et aider les utilisateurs
Avant toute décision, l’analyse des risques et des à s’y habituer. N’oublions pas que le bruit peut
contraintes au poste de travail est indispensable. provoquer des surdités, mais qu’il génère égale-
Elle doit tenir compte de données liées au bruit ment stress et fatigue et favorise ainsi le risque
lui-même (amplitude, fréquence, durée d’exposi- d’accident du travail. n
tion, fluctuations…), à la tâche à effectuer (envi-
ronnement sonore, signaux utiles, avertisseurs de
dangers, communication…) ou aux exigences de
En savoir plus
l’utilisateur (préférences, conditions d’utilisation, n Les équipements de protection individuelle de l’ouïe. Choix et utilisation.
habitudes de travail…). ED 868, INRS.
Par ailleurs, les protecteurs existant sur le marché n ÉVALUER ET MESURER l’exposition professionnelle au bruit. ED 6035, INRS.
sont nombreux. On trouve des casques anti-bruit À télécharger sur www.inrs.fr.
(serre-tête) et différentes catégories de bouchons

? Existe-t-il une méthode pour mettre correctement ses bouchons d’oreilles ?

réponse Pour être bien protégé, il est indis-


pensable de respecter certaines étapes essen-
tielles lors de la mise en place des protecteurs,
qu’il s’agisse de bouchons d’oreilles à former,

En savoir plus
n Bruit au travail : comment s’en protéger ?
préformés ou moulés individuels. Dans tous les
cas, il est important de s’équiper avant d’entrer
dans les zones bruyantes. La lecture de la notice
du fabricant et le lavage des mains sont égale-
ment deux préalables indispensables. L’INRS
propose sur son site internet un film qui explique
comment insérer correctement chaque type de
bouchons d’oreilles. Les bouchons d’oreilles à
Des supports de sensibilisation pour agir former sont à usage unique. La plupart des bou-
en prévention. chons préformés aussi. Ils doivent être jetés après
À consulter sur www.inrs.fr/publications/
utilisation. Dans les autres cas, un nettoyage
essentiels/bruit-travail-protection.html.
quotidien des protections et un bon entretien
sont nécessaires. n

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


l & Sé c u rité,
à Travai
Abonn ven t ion ez-vous
l de la p ré
le m en su e il
d u t rava
s a cc id e nts ionnel les
de es pr ofe ss
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EN ENTREPRIS
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que, longtemps sur des tables

rité
&
ont appliquée .
s soutient ave
Agulhon. L’i

travail sécu
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38 ARGUE, La oir-faire arti r l’avenir m
DE LA CAM ée à un sav Investir pou ection du tra- et du systè
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lier l’insp ainsi qie l’a
té ures, doit frontières. la main.
En 2010, garde
Fiche d’identi de chauss de nos
est faite à
l’entr eprise en compensat
bien au-delà
vail met nts. À
Botte Gard
iane.
qui séduit rau lt, chaque paire uis mar s 2013, sur la volat
ilité des solva
iés se péré repré
n NOM : La , dans l’Hé ernité : dep ins salar
Gardiane
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IONNELS : 1958. Les
CRÉATION maux de tête. un
ON DES RISQ
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DE LA PRÉVENTI n ACTIVITÉ
: fabricatio
n
Une tradition s d’extraction de solv produits incri
minés sont
et de aide au fin
LE MENSUEL ans tion tate d’éthyle
s des gardi
des installa ine. mélange d’acé lors du montage, grâce à un
s dans l’us
des botte
sont présente
camarguai
s, mais
cétones, utilis
é et signé ave
de ballerines
,
llir certa ines pièces Roussillo
également pour ramo les colles
bottines,
sandales…
facili ter la pose, et m- Les sala
en nota
gamme appliquées qu’ils p
Une large types de néoprène, en place de
les, 60 la mise tous les
(250 modè ment pour Thierry
production mé,
cuirs) pour
une
la semelle.
Infor dans l’a
an. tion du
de 20 000
paires par dema nde l’interven res la colle
Suau mesu
elle (Hérault). régional de Valenti
n LIEU : Villet Centre inter établ it un
P), qui bottes.
: 20 salariés. physiques (CIM de préconisa-
n EFFECTIF re lait po
X MARCHÉS
: certain nomb on (pour tous les
n PRINCIPAU -Unis... tions : subs tituti t) des gardai
n, États le permetten
France, Japo
iane a ouve
rt procédés qui solva nts par
La Botte Gard
en 2012 dans colles conte
nant des Un a
sont exemptes,
une boutique en plus
dissement
de des colles qui de ven-
le XI arron
e
llatio n de systèmes e La tig
insta ollag
les postes d’enc

l/INRS
Paris. calai
tilation sur fication
age et modi tallé
et de séch on des

© Gaël Kerbao
d’ext racti
des dispositifs lui d
groupes
sière s. En effet, les le- équ
pous
installés initia fron
L’essentiel de ventilation de finiti on
travaux
UES D’EXP
OSITION ment pour les enco mbrants,
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n DES RISQ sont gre
aux par abrasion er des
aux solva
nts et/ou
ants et laissent pass . sur
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à proximité u centr
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age, machines
des poste de relie r toutes les à de
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au groupe de c’

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sur-

u
n. « L’atelier, d’une ent

d
et de finitio l’extérieur. e

à l’air
2 2 est relat ivem
RISE a fait m , q
n L’ENTREP mes face de 400 machines
sont
des systè . Les p
implanter ssures encombré la créa-
n et un n de chau s. Imaginer
de ventilatio de fabricatio judiciaire. « J’ai nombreuse semb ler

I
Zéphyr a été reur compliqué de
sen- n ux pouvait
ai réacteur dépoussié
l est toujours en liquidatio cette tion de résea moins
1 Le banc d’ess 30 % par rapport
aux besoi ns de l’atelier
PME à la venti
la- l’univers de C’éta it néan
à l’extérieur baigné dans é quelque complexe. chasser les
surdi mensionné
de
portes, capac
ité d’un doub
le sibiliser les cher, , qui a vivot pour
nsions des et dispose rs. Ça coûte vieille usine une néce ssité
actuels (dime s…), afin de
pouvoir
raction tion des atelie de le métier, ses
suspendue réacteurs. réseau d’ext ie à une idée temp s. Je connais s »,
des charges futures générations de de solvants ça les renvo général ses contrainte les
accueillir les (vapeurs et c’est en difficultés,
conçues s) à l’intérieur
, pathologie établ i n Agul hon. Dans
s sécur isées et poussière » Ce constat, évoque Julie andes
élévatrice
2 Des nacelles l’accès aux point s
les plus de fabricatio
n.
mal compris. ôleur de , les comm
équipent dans la zone Suau, contr années 2000 se est
pour
spécialement eurs en toute sécur ité par Thierry t Lang uedo
c- t. L’entrepri
nécessite a été doté la Carsa enten s-
hauts des réactai. Le moteur GE 90 n L’ATELIER sécurité à pas le augm
les salons
profe
t moteur, llation de n’est toutefois avec présente sur séduit
la cellule d’ess ès : pour l’attache avan d’une insta Roussillon,
TIQUE qu’il a pu vivre se,
se diversifie,

NIQUE ARTIS
trois types
d’acc
arrière mote
ur, et un accès compensa
tion d’air
reflet de ce sionnels, elle s envi-
pour l’attache les zones étendues. iane. L’entrepri Les deux frère
MÉCA
ure 
chauffé. La Botte Gard personnes à Vil- à l’export. ation de
une restr uctur er « un
pour
polyvalent

La démes s
oie 20 sage nt
bâtiment. qui empl ault et t à lui donn
fait partie du confins de l’Hér blée l’atelier visan
3 Le process lé dans le même letelle, aux un savoir-
s’est dérou en effet d’em à préserver
Son montage const ruction du bâtim
ent.
du Gard, s’est ute des préconi- peu d’air », appor-
sur ouvrage
ont 3 , tout en
faire artisanal
que la
temps l’éco rnité
ns ultérieures ption. LE CHIFFRE montrée à d’ins- ents de mode ion
Les interventios en compte à la conce en matière

es soin
avec le CHSCé-
T, tant les élém

,
sations faites nts l’améliorat

3hst30
ainsi été prise concertation raction de solva nt ssaires à
1

réclame d
démarches
d’am
tallat ion d’ext néce
s de trava il. Dans
s. Un engageme
– 5,10 e 

ensemble des il de des condition que des bottes,


travail. De
par leurs nue. » Un trava et de poussière sans doute fabri
lioration conti tée par ordina-
le temps l’usine, on
sécurité au eurs ales.
niveau les VBE, qui
pèsent assis c’e qui n’est d’aill son histoire. lières et sand
le d’essai, le dimensions, conception fourn is-
pour avec botti nes, cava n
les sé avec le pas sans lien ssite l’utilisatio
MBRE 2013

dans la cellu
sse les 140
dB. Mais tonnes selon
de sept à huit des problèmes teur a été réali
avait pas de
place nécessairener une En 1995, Mich
el Agulhon,
le père
ine L’activité néce
nant des solva
nts
sonore dépa
alors comm
encer
se font de
plus en nt
modèles, pose eur des points seur. « Il n’y il a fallu confection des gérants
actuels, Anto té de colles conte
cations. Va dite : les vibrations de la rovisation, passe socié
botte. Elle ins
s rachète une
proprement le sol, les vitre d’accès : la
haut es. pour l’imp obtenir
et Julien,
ase d’essai i- plus fortes : le meuble quatre mètr amont pour
ma
N° 744 – NOVE

testé en cond nt travailler en


entre les
, puis hauts attei satis fai- eur
oteur va être salle tremblent se met à s’agiter. liqué, du de travail Grégory Brass
maximales
d’utilisation.
de l’imp rima nte
e une Y trava iller est comp et des
es courbes
des situations
que Marc
Charoy, n SERVICES de 8 per sonnes.
res,
santes, expli …
dizaine d’heu me qui donn fait des form BTP à la RISE Retour sur
dant une
urs physiques Un mini-séis ance du réacteur rtants. contrôleur
de sécurité
de ce n EN ENTREP iou étincelle du travail
érents facte idée de la puiss déports impo particularité ES l’inspection bre 2013
n PERSPECTIV urs La forge Oulh arche globale
vibra - n° 742 – septem
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❏ Oui, je m’abonne à Travail & Sécurité (À remplir en lettres capitales)

n SOCIÉTÉ................................................................................................................................................................................. n CODE APE................................................................


n NOM DU DESTINATAIRE....................................................................................................................................................................................................................................................
n ADRESSE..........................................................................................................................................................................................................................................................................................
n CODE POSTAL................................................................................................................................................................ n BP.......................................................................................
n PAYS.......................................................................................................................................................................................... n VILLE..............................................................................
n COURRIEL............................................................................................................................................................................ n TÉL...................................................................................

TARIF ANNUEL 2015* Nombre d’abonnements Total À RENVOYER À


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❏ Europe-Tom 68 € x.............. ..............€ 20, avenue Edouard-Herriot
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52 RÉPONSES
RETOUR SUR…
Indemnisées par la Sécurité sociale depuis la création de celle-ci
À LA LOUPE
en 1946, les maladies professionnelles sont en fait apparues dans le
extraits du JO
paysage règlementaire en 1919.

Les maladies professionnelles

U
ne maladie est dite professionnelle (MP) Repères un des tableaux du régime général ou agricole
si elle est la conséquence directe de de la Sécurité sociale, et qu’elle a été contractée
l’exposition d’un travailleur à un risque n La loi dans les conditions qui y sont mentionnées, elle
à l’occasion de l’activité professionnelle du 9 avril 1898 a créé est alors automatiquement présumée d’origine pro-
(exposition à des agents physiques, un régime spécial fessionnelle (article L. 461-1 du Code de la Sécurité
chimiques ou biologiques par exemple) ou si elle d’indemnisation sociale, voir encadré).
résulte des conditions dans lesquelles il exerce des victimes En application de ce principe de présomption
cette activité. d’accidents d’imputabilité, hérité de la loi du 9 avril 1898 sur
Face à la difficulté de prouver le caractère profes- du travail et a posé les accidents du travail, la victime n’a donc pas à
sionnel d’une maladie, la réglementation prévoit trois principes : apporter la preuve d’un lien de cause à effet entre
un système de tableaux servant de base à la recon- la présomption son activité professionnelle et la maladie, si les cri-
naissance des MP. Ainsi, si la maladie figure dans d’imputabilité ; tères du tableau de la MP sont remplis. C’est éven-
la responsabilité sans tuellement à l’employeur ou à la Caisse primaire
faute des employeurs ; d’assurance maladie (ou à la Caisse de mutualité
Tableaux des maladies la réparation forfaitaire sociale agricole) 1 de démontrer l’absence de lien
professionnelles des victimes. entre la maladie et l’activité professionnelle. La
Actuellement au nombre de 114 pour le régime n La loi déclaration de MP doit être faite par la victime (ou
général et de 58 pour le régime agricole, du 25 octobre 1919 ses ayants droit) auprès de la caisse sur un imprimé
ces tableaux comportent quatre éléments a étendu les réglementaire (Cerfa). Elle doit être accompagnée
essentiels : principes de la loi de d’un certificat médical. Une enquête médicotech-
• le titre, qui précise la nuisance considérée 1898 aux maladies nique est alors réalisée par la caisse, permettant
(et, éventuellement, la maladie) ; professionnelles (MP) notamment de constater l’exposition au risque sur
• la colonne de gauche désigne la maladie et a défini le lieu de travail. La caisse envoie à la victime une
au sens médical du terme, en énumérant ces dernières notification de prise en charge ou de refus, qui peut
les symptômes ou lésions pathologiques par des tableaux ayant être contestée par l’employeur ou le salarié.
que doit présenter le malade et les examens la même structure
complémentaires éventuellement nécessaires ; qu’aujourd’hui. Mise en place d’un système
• la colonne de droite liste les travaux exposant Lors de la création complémentaire
à la nuisance et susceptibles de provoquer la de la Sécurité sociale Depuis la loi du 27 janvier 1993, il est possible
maladie. Cette liste peut être indicative lorsqu’il en 1946, les principes qu’une maladie soit reconnue d’origine profession-
est difficile de lister toutes les circonstances de la loi ont été repris nelle, par le biais d’une expertise médicale dans
d’exposition, comme c’est souvent le cas en totalité. deux cas :
pour les produits chimiques. Quand la liste est • si la maladie figure dans un tableau, mais qu’un
limitative, seuls les travailleurs affectés aux ou plusieurs des critères médico-administratifs
travaux énumérés ont droit à réparation. C’est (délai de prise en charge, durée d’exposition ou
le cas notamment pour les agents physiques liste limitative des travaux) ne sont pas remplis, à
ou infectieux, et des gestes ou postures ; condition d’établir un lien direct entre la maladie
• dans la colonne centrale figure le délai de prise et l’activité professionnelle ;
en charge, c’est-à-dire le délai maximal entre • si la maladie n’est pas listée dans un des tableaux,
la date à laquelle le travailleur a cessé d’être mais a entraîné le décès ou une incapacité per-
exposé au risque et le premier constat médical
manente prévisible d’au moins 25 %, à condition
de l’affection. Ce délai est très variable : de
d’établir un lien direct et essentiel avec l’activité
quelques jours pour les allergies à plusieurs
professionnelle.
années pour les cancers. Une durée minimale
En pratique, c’est le comité régional de reconnais-
d’exposition au risque peut être demandée.
sance des maladies professionnelles qui est chargé
d’établir ces liens 2. n
Au fur et à mesure de l’évolution des
techniques et des progrès des connaissances 1. Les personnels relevant de la fonction publique
médicales, les tableaux de MP sont créés (fonctionnaires de l’État, territoriaux ou hospitaliers)
ne sont pas régis par ces mêmes textes.
et modifiés par décret (par une commission
du ministère du Travail), et publiés au Journal 2. Composé d’un médecin conseil de l’Assurance maladie,
officiel. d’un médecin hospitalier spécialiste en pathologies
Katia Delaval professionnelles et d’un médecin inspecteur du travail.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


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questions-
RÉPONSES
RETOUR SUR…
53

Commerce de véhicules,
À LA LOUPE
extraits du JO

d’équipements automobiles
et de pneumatiques

E
n 2012, l’activité « Commerce de véhi- aux masses en mouvement (4,9 %), aux véhicules
cules, d’équipements automobiles et de (3,8 %), au levage (2,9 %,), aux machines (1,6 %). Il
pneumatiques » a occupé 71 102 salariés est dénombré encore 13 maladies professionnelles
et dénombré 2 684 accidents du travail. dont 12 affections périarticulaires, 1 atteinte audi-
L’indice de fréquence, en baisse, est tive provoquée par les bruits lésionnels. n Jean-Claude Bastide
de 37,7 accidents pour mille salariés. C’est donc
un salarié sur vingt-six qui est victime d’acci-
dent du travail. Ces accidents sont à l’origine de CTN G Commerce non alimentaire
139 748 journées d’incapacité temporaire et 503AC Commerce de véhicules, d’équipements automobiles et de pneumatiques
1 519 points de taux d’incapacité permanente. Le
Salariés 71 102 Indice de fréquence 37,7
coût pour la profession est estimé à 17,8 millions
d’euros et le taux net de cotisation 2015 s’élève à Accidents avec arrêt 2 684 Taux de fréquence 23,1

2,50 %. Accidents avec IP 136 Taux de gravité 1,2


Les accidents sont dus principalement aux manu- Décès 1 Indice de gravité 21,5
tentions manuelles (48,2 %), aux emplacements
Maladies professionnelles 13 Coût estimé (M€)  17,8
de travail – accidents de plain-pied (17,7%) et
chutes de hauteur (6,6%) –, aux outils (8,9 %,), Source : CnamTS.

Récits d’accidents (extraits d’Epicea)


Pression sur le dos, en face du moyeu de roue, pas été blessé mais a été très choqué
Un technicien monteur travaille inconscient, la jante à côté de lui et le par cet accident.
sur un tracteur routier stationné pneu debout en appui sur le moyeu. Il est
dans l’atelier sur un sol plan et lisse. décédé à la suite de multiples blessures. Jante
Le véhicule est levé au moyen d’un cric La victime – 24 ans, aide-magasinier
rouleur et sécurisé par des chandelles. Ligne aérienne monteur, depuis quatre ans dans
Le technicien procède au recreusage Un agent commercial de 37 ans travaille le poste – changeait le pneumatique
et au retournage sur jante des deux dans une société de vente et installation d’une roue de remorque agricole. Après
pneus du train avant du tracteur routier. de camping-cars. L’accident survient avoir monté le pneumatique neuf sur
Après avoir démonté la roue avant sur le site de vente de camping-cars. la jante, elle gonflait la roue positionnée
gauche, il procède au recreusage des À l’occasion d’une journée portes sur son établi. Au cours du gonflage,
sculptures de la bande de roulement. ouvertes, un agent commercial vient les deux flasques boulonnées qui
À l’aide de la machine à pneus, il remet d’un autre site aider ses collègues. Trois constituent la jante se sont
le pneumatique sur la jante. L’opération employés installent des mâts portant désolidarisées sous la pression et ont été
consiste à passer le côté intérieur du un drapeau publicitaire sur le parking. projetées. L’une d’elles a percuté la tête
pneu sur l’extérieur en cas de dissymétrie Il semble qu’ils aient levé un mât trop près de la victime, provoquant un traumatisme
d’usure. L’opération de retournage de la ligne électrique, à plus de 7 mètres crânien. Cette roue comprenait une
terminée, le technicien place l’ensemble de haut, ce qui aurait provoqué un arc chambre à air de 600 x 9, gonflage
jante-pneu dans la cage de gonflage. électrique. Deux salariés tenaient la à 2,5 bars. La longueur du flexible entre
Il programme la pression de gonflage perche métallique, le troisième venait le manomètre et l’embout de gonflage est
à 8,5 bars sur l’automate. Une fois juste de la lâcher. Alertés rapidement, d’environ de 2,50 m, la pression d’air
le pneu gonflé, il reprend l’ensemble les pompiers ont secouru l’agent disponible dans l’atelier est de 9 bars.
pneu-jante pour le remonter sur le commercial sur lequel était pratiqué Le boulonnage s’effectue à l’aide
véhicule. Il fait rouler la roue pour passer un massage cardiaque. En arrêt cardio- d’une clé à choc pneumatique, sans
devant le véhicule et la présenter sur le respiratoire, il n’a pas pu être réanimé. dynamomètre. Les hypothèses avancées
moyeu. À ce moment-là, ses collègues Son collègue, un technicien de 32 ans, quant à la cause de l’accident sont
entendent un bruit assourdissant a été électrisé. Conscient à l’arrivée des les suivantes : serrage non réalisé
accompagné d’un nuage de poussières secours, il a été emmené dans un état ou incomplet, filetage des boulons
noires. Le technicien est retrouvé couché jugé sérieux. Le troisième employé n’a défectueux, gonflage excessif.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


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54 RÉPONSES

Documents officiels
55
RETOUR SUR…
À LA LOUPE
extraits du JO Extraits de textes parus du 1er au 30 avril 2015

Santé et sécurité au travail

Prévention - Généralités Il présente en détail les dispositions relatives :


• aux règles applicables aux services et aux établissements
SITUATIONS PARTICULIèRES publics de l’État en matière de santé et de sécurité au tra-
vail, aux responsabilités en cette matière ainsi qu’aux fonc-
■■Fonction publique tions d’assistance et de conseil dans la mise en œuvre de
Circulaire du 10 avril 2015 relative à la diffusion du guide ces règles ;
juridique d’application des dispositions du décret n° 82-453 • au contrôle de l’application des règles en matière de santé et
du 28 mai 1982 modifié relatif à l’hygiène et à la sécurité de sécurité au travail ;
du travail, ainsi qu’à la prévention médicale dans la fonction • aux droits d’alerte et de retrait ;
publique. • à la formation des agents à la santé et la sécurité au travail ;
Ministère chargé de la Fonction publique. (http://circulaires.legi- • aux services de médecine de prévention ;
france.gouv.fr, 4 p.) • au dialogue social en cette matière, notamment par le biais
des instances de concertation qui peuvent intervenir en la
Les dispositions des livres I à V de la quatrième partie du matière ;
Code du travail relatives à la santé et la sécurité au travail • à l’organisation et au mode de composition des CHSCT ;
sont applicables aux agents relevant de la fonction publique • aux missions et au fonctionnement des CHSCT.
de l’État (principes généraux de prévention, dispositions En annexe du document figure notamment, en outre, un guide
applicables aux lieux de travail, aux équipements de travail méthodologique relatif aux services de médecine de préven-
et moyens de protection, aux agents chimiques et aux risques tion faisant un rappel des principales dispositions de la régle-
liés à certaines activités particulières). Le décret du 28 mai mentation applicable. Il est destiné aux chefs de services et
1982 relatif à l’hygiène et à la sécurité du travail, ainsi qu’à a pour objet de faciliter le recrutement de médecins de pré-
la prévention médicale dans la fonction publique, a introduit vention et la mutualisation des services de médecine de pré-
parallèlement les adaptations nécessaires aux spécificités de vention, dans l’objectif d’améliorer la couverture médicale des
la fonction publique. agents placés sous leur autorité.
Le décret n° 2014-1255 du 27 octobre 2014, relatif à l’amélio-
ration du fonctionnement des services de médecine de pré- ■■Jeunes
vention et des comités d’hygiène, de sécurité et des condi- Décret n° 2015-443 du 17 avril 2015 relatif à la procédure de
tions de travail (CHSCT), est venu modifier le décret du 28 mai dérogation prévue à l’article L. 4153-9 du code du travail pour
1982 en renforçant notamment les moyens accordés, d’une les jeunes âgés de moins de dix-huit ans.
part, aux membres des CHSCT, et d’autre part, aux services de Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 19 avril 2015 –
médecine de prévention. pp. 6980-6981.
Les nouvelles dispositions ont ainsi introduit une voie de
recours à l’initiative des représentants du personnel dès lors Un décret n° 2013-914 avait réformé la réglementation relative
que le CHSCT n’a pas été réuni depuis neuf mois et créé un à la protection des jeunes travailleurs en modifiant les dispo-
temps syndical au profit des membres des CHSCT. sitions des articles R. 4153-38 à R. 4153-52 du Code du travail.
Le décret a également ouvert la possibilité d’accueillir, au sein Il avait revu en particulier la procédure de dérogation aux
des services de médecine de prévention, des collaborateurs travaux réglementés (travaux interdits aux jeunes travailleurs
médecins. mais susceptibles de dérogation pour les besoins de la forma-
Ces modifications ont rendu nécessaire l’actualisation de la tion professionnelle de ces jeunes).
circulaire d’application du décret du 28 mai 1982. Une dérogation collective pour une durée de 3 ans, accordée
Dans ce contexte, cette circulaire présente les nouvelles dis- par l’inspecteur du travail et attachée à un lieu de formation
positions intégrées au décret n° 82-453 du 28 mai 1982 modi- avait remplacé la procédure de dérogation annuelle et indivi-
fié. Elle abroge la circulaire du 9 août 2011 modifiée prise pour duelle pour chaque jeune qui existait jusqu’alors.
application des dispositions du décret n° 82-453 du 28 mai Dans ce contexte, ce décret du 17 avril 2015 vient encore sim-
1982. Elle abroge également la circulaire du 9 novembre 2011 plifier la procédure de dérogation aux travaux interdits pour
qui complétait la circulaire du 9 août 2011, en ce qu’elle insé- les jeunes âgés de moins de dix-huit ans en formation profes-
rait une nouvelle annexe relative au règlement intérieur type sionnelle.
des CHSCT. Il modifie en conséquence les articles R. 4153-40 à R. 4153-48
La circulaire renvoie à un guide juridique d’application du du Code du travail.
décret du 28 mai 1982, disponible en téléchargement sur le Le décret substitue au régime d’autorisation par l’inspecteur
site www.fonction-publique.gouv.fr/circulaires, qui reprend du travail un régime déclaratif. Il prévoit désormais l’envoi
les informations figurant dans les deux circulaires abrogées. d’une déclaration de dérogation à l’inspecteur du travail,
Sur un plan formel, le guide juridique suit l’ordre des articles préalablement à l’affectation des jeunes aux travaux régle-
du décret du 28 mai 1982 modifié. mentés, par l’employeur ou le chef de l’établissement d’ensei-

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


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gnement ou de formation, chacun en ce qui le concerne. La l’inspecteur du travail, à l’employeur ou au chef d’établisse-
déclaration est à faire par tout moyen conférant date certaine ment, demeurent valables pour la durée fixée par les décisions.
et est valable 3 ans.
Le nouvel article R. 4153-40 précise les règles de prévention Décret n° 2015-444 du 17 avril 2015 modifiant les articles
à respecter pour pouvoir déroger à l’interdiction de certains D. 4153-30 et D. 4153-31 du Code du travail.
travaux. Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 19 avril 2015 –
Ainsi, l’employeur ou le responsable d’établissement devra pp. 6981-6982.
avoir préalablement procédé à l’évaluation des risques profes-
sionnels et en particulier à l’évaluation des risques existants L’article D. 4153-30 du Code du travail interdisait jusqu’à pré-
pour les jeunes et liés à leur travail et mis en œuvre les actions sent, en milieu professionnel et sans possibilité de dérogation,
de prévention appropriées à ces risques. Le jeune devra, de d’affecter les jeunes à des travaux temporaires en hauteur
plus, avoir été informé sur les risques pour sa santé et sa lorsque la prévention du risque de chute de hauteur n’était
sécurité et les mesures prises pour y remédier et avoir reçu pas assurée par des mesures de protection collective.
une formation à la sécurité adaptée à son âge, son niveau de Ce décret vient compléter ces dispositions en introduisant
formation et son expérience professionnelle. deux dérogations à l’interdiction.
Enfin, un encadrement du jeune en formation par une per- Il permet ainsi l’utilisation d’échelles, d’escabeaux et de mar-
sonne compétente durant l’exécution de ces travaux devra chepieds par les jeunes, lorsqu’il existe une impossibilité
avoir été prévu. technique de recourir à un équipement assurant la protec-
Un avis médical d’aptitude préalable pour chaque jeune est, tion collective ou lorsque l’évaluation du risque a établi que le
en outre, prévu. risque était faible et qu’il s’agit de travaux de courte durée ne
Cet avis médical sera délivré chaque année soit par le méde- présentant pas un caractère répétitif.
cin du travail pour les salariés, soit par le médecin chargé du Par ailleurs, pour les besoins de la formation professionnelle
suivi médical des élèves et des étudiants, des stagiaires de la des jeunes, un nouvel alinéa inséré à l’article D. 4153-30 du
formation professionnelle ou des jeunes accueillis notamment Code du travail permet de déroger à l’interdiction de travail
dans les centres d’aide par le travail. en hauteur en l’absence de moyens de protection collective
Le décret détermine, ensuite, le contenu de la déclaration de contre le risque de chute, lorsque les dispositifs de protection
dérogation et les informations tenues à disposition de l’ins- collective ne peuvent être mis en place à partir du plan de
pecteur du travail : secteur d’activité, lieux de formation, for- travail. Le jeune devra alors être muni d’un équipement de
mation professionnelle assurée, travaux interdits sur lesquels protection individuelle.
porte la déclaration de dérogation, machines interdites dont Il devra en outre avoir reçu une information et une formation
l’utilisation par les jeunes est requise pour effectuer ces tra- au port des EPI.
vaux, qualité de la personne compétente chargée d’encadrer L’affectation à de tels travaux nécessite une déclaration pré-
le jeune pendant l’exécution des travaux… alable de dérogation à l’inspecteur du travail, précédée de la
Par ailleurs, les informations relatives à l’identité du jeune, mise en œuvre des mesures de prévention énumérées notam-
à la formation professionnelle suivie, à sa durée et aux lieux ment à l’article R. 4153-40 : évaluation des risques, formation
de formation connus, à l’avis médical d’aptitude à procéder à la sécurité, encadrement du jeune, avis médical d’aptitude…
à ces travaux, à l’information et la formation à la sécurité
dispensées au jeune, et à l’identité de la personne compé- ■■Pêche
tente chargée d’encadrer ce dernier, pendant l’exécution des Loi n° 2015-470 du 27 avril 2015 autorisant la ratification de
travaux en cause, sont désormais tenues à la disposition de la convention n° 188 de l’Organisation internationale du tra-
l’inspecteur du travail (et non plus transmises à l’inspecteur vail relative au travail dans la pêche.
du travail, dans les huit jours à compter de l’affectation aux Parlement. Journal officiel du 28 avril 2015 – pp. 7376-7377.
travaux, comme le prévoyait auparavant l’article R. 4153-48
du Code du travail). Cette loi autorise la ratification de la convention n° 188 de l’Or-
En application de ces dispositions, l’inspecteur du travail exer- ganisation internationale du travail relative au travail dans la
cera ses missions de suivi et de contrôle de la réglementation pêche, adoptée à Genève le 14 juin 2007.
afin de garantir la santé et la sécurité des jeunes de moins Cette convention a pour objet d’assurer aux pêcheurs des
de dix-huit ans. Il pourra également intervenir dans le cadre conditions décentes pour travailler à bord des navires de
de sa mission de conseil, notamment dans les établissements pêche en prévoyant les conditions minimales requises pour
d’enseignement professionnel, pour apporter son expertise en le travail à bord, les conditions de service, les règles en ce
matière de prévention des risques. qui concerne le logement et l’alimentation, la protection de
Les dérogations permanentes prévues aux articles R. 4153- la sécurité et de la santé au travail, les soins médicaux et la
49 à R. 4153-52 du Code du travail ne sont, elles, pas modi- sécurité sociale. Elle contient, en ce sens, des dispositions
fiées. Ces dérogations individuelles de droit, non soumises à relatives à l’âge minimum pour le travail à bord d’un navire,
autorisation ni à déclaration auprès de l’inspecteur du travail, à l’aptitude médicale, aux périodes de repos, à la sécurité des
permettent à des jeunes travailleurs titulaires d’un diplôme pêcheurs (formation à la sécurité, port des équipements de
ou d’un titre professionnel correspondant à l’activité exercée protection individuelle, évaluation des risques, formation à
d’effectuer des travaux réglementés (par exemple la conduite l’utilisation des équipements…).
d’équipements de travail mobiles automoteurs ou d’équipe-
ments de levage de charges lorsqu’ils ont reçu une formation ■■Pompiers
adéquate et qu’ils possèdent une autorisation de conduite). Arrêté du 8 avril 2015 fixant les tenues, uniformes, équipe-
Cette nouvelle procédure de déclaration entre en vigueur à ments, insignes et attributs des sapeurs-pompiers.
compter du 2 mai 2015. Toutefois, les autorisations de déroger Ministère de l’Intérieur. Journal officiel du 22 avril 2015 – pp. 7076-
accordées antérieurement à l’entrée en vigueur du décret, par 7077.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015
services
questions-
56 RÉPONSES
57
RETOUR SUR…
En application de l’article R. 1424- Elle détermine l’ensemble des règles applicables aux relations
À LA LOUPE 52 du Code général des collectivités entre l’entreprise de portage salarial, la personne portée et
extraits du JO territoriales, cet arrêté détermine l’entreprise cliente : définition des conditions d’exercice de l’ac-
les tenues, équipements, insignes tivité d’entreprise de portage salarial, conditions de recours au
et attributs des sapeurs-pompiers portage salarial, différents types de contrats conclus (contrat de
professionnels, volontaires et auxiliaires. Il n’est toutefois pas travail conclu entre l’entreprise de portage salarial et le salarié
applicable aux sapeurs-pompiers militaires, aux marins-pom- porté et contrat commercial de prestation de portage salarial
piers et aux sapeurs-sauveteurs des formations militaires de la entre l’entreprise de portage et l’entreprise cliente), garanties
sécurité civile. applicables...
Il est constitué de dispositions générales, complétées par deux L’ordonnance précise les conditions du recours au portage
annexes. salarial par une entreprise cliente, les clauses à prévoir dans
Pour des raisons motivées par des considérations d’hygiène le contrat de portage, les spécificités relatives aux durées des
et de sécurité, l’arrêté fixe certaines restrictions à la tenue contrats, les modalités de rémunération du salarié.
des sapeurs-pompiers. Le port de bijoux apparents (dont les S’agissant des questions de sécurité au travail, le nouvel article
boucles d’oreilles et les piercings) est ainsi interdit. Le texte L. 1254-4 du Code du travail, introduit par l’ordonnance, prévoit
prévoit également que les cheveux doivent être d’une longueur qu’il est interdit de recourir au portage salarial pour effectuer
compatible avec le port d’une coiffe ou être attachés. Le rasage les travaux particulièrement dangereux figurant sur la liste des
est, en outre, impératif pour la prise de service. Les barbes et travaux interdits aux salariés sous contrat de travail à durée
les moustaches doivent, elles, être bien taillées et permettre une déterminée et aux salariés intérimaires (sauf dérogation). La
efficacité optimale du port des masques de protection. liste des travaux interdits est établie à l’article D. 4154-1 du
L’annexe 1 de l’arrêté définit les compositions des différentes Code du travail.
tenues communes à l’ensemble des services d’incendie et de Pendant l’exécution de la prestation de travail dans les locaux
secours. de l’entreprise cliente ou sur le site de travail, la santé et la
L’annexe 2 définit la liste des tenues, uniformes, insignes, attri- sécurité du salarié porté seront assurées par l’entreprise
buts et équipements de protection qui composent les tenues cliente. Le contrat de travail conclu entre le salarié et l’entre-
portées notamment en service opérationnel (intervention, prise de portage devra comporter une clause en ce sens. Le
formation, casernement). Elle prévoit qu’après analyse des contrat pourra également prévoir la nature des équipements de
besoins et des risques, chaque service d’incendie et de secours protection individuelle mis à disposition par l’entreprise cliente.
ou établissement public dote les sapeurs-pompiers des diffé- L’ordonnance prévoit enfin que les obligations relatives à la
rentes tenues nécessaires à l’exercice de leurs missions confor- médecine du travail sont à la charge de l’entreprise de portage
mément à leur règlement opérationnel et règlement intérieur. salarial (L. 1254-28 du Code du travail).
Les tenues sont choisies dans les catalogues constitués par les
référentiels vêtements et équipements de protection pour les Risques chimiques et biologiques
sapeurs-pompiers (VEPSP). Ces référentiels sont des cahiers
des charges garants du respect des normes en vigueur (dont RISQUE CHIMIQUE
celles relatives aux équipements de protection individuelle) et
d’un niveau minimal de sécurité et de qualité. ■■Biocides
Décision d’exécution (UE) 2015/655 de la Commission du
■■Portage salarial 23 avril 2015 adoptée en vertu de l’article 3, paragraphe 3,
Ordonnance n° 2015-380 du 2 avril 2015 relative au portage du règlement (UE) n° 528/2012 du Parlement européen et du
salarial. Conseil, relative à une formulation à base de polydiméthylsi-
Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 3 avril 2015 – pp. 6182- loxane mise sur le marché pour lutter contre les moustiques.
6186. Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne,
n° L. 107 du 25 avril 2015 – p. 75.
L’article 8-III de la loi n° 2008-596 portant modernisation du
marché du travail avait prévu la possibilité de confier à une ■■Limitation d’emploi
branche, par accord national interprofessionnel étendu, la mis- Règlement (UE) 2015/628 de la Commission du 22 avril 2015
sion d’organiser les modalités du portage salarial. À la suite de modifiant l’annexe XVII du règlement (CE) n° 1907/2006 du
cela, un accord du 24 juin 2010 relatif au portage salarial a Parlement européen et du Conseil concernant l’enregistrement,
été conclu par les partenaires sociaux de la branche intérim. l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques, ainsi
Le Conseil Constitutionnel a cependant déclaré contraires à la que les restrictions applicables à ces substances (Reach), en ce
Constitution, dans une décision du 11 avril 2014, les disposi- qui concerne le plomb et ses composés.
tions du III de l’article 8 de la loi du 25 juin 2008, au motif que Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne,
l’organisation des relations contractuelles en matière de por- n° L. 104 du 23 avril 2015 – pp. 2-5.
tage salarial relevait de la compétence du législateur.
L’article 4 de la loi n° 2014-1545 du 20 décembre 2014 relative Ce règlement modifie l’annexe XVII du règlement (CE)
à la simplification de la vie des entreprises a donc autorisé le n° 1907/2006 Reach qui fixe la liste des restrictions applicables
gouvernement à prendre par voie d’ordonnance toute mesure à la fabrication, la mise sur le marché et l’utilisation de cer-
visant à déterminer les conditions essentielles de l’exercice du taines substances et préparations dangereuses et de certains
portage salarial. articles dangereux. Il y ajoute une nouvelle restriction concer-
Dans ce contexte, cette ordonnance crée dans le Code du tra- nant le plomb.
vail un chapitre relatif au portage salarial, dans la partie rela- Ainsi, il interdit la mise sur le marché ou l’utilisation du plomb
tive au contrat de travail temporaire et autres contrats de mise dans des articles fournis au grand public, si la concentration en
à disposition. plomb de ces articles ou de leurs parties accessibles est égale ou

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


services

supérieure à 0,05 % en poids, dans certaines conditions, et si patients. C’est pourquoi, cette directive vient ajouter l’utilisation
ces articles ou leurs parties accessibles peuvent, dans des condi- du mercure dans les collecteurs électriques tournants utilisés
tions normales ou raisonnablement prévisibles d’utilisation, être dans les systèmes d’imagerie intravasculaire ultrasonore sup-
mis en bouche par les enfants. (Il est considéré qu’un article ou portant une haute fréquence de fonctionnement (> 50 MHz),
qu’une partie d’article accessible peut être mis en bouche par les à l’annexe IV de la directive 2011/65/UE. Cette exemption est
enfants si l’une de ses dimensions est inférieure à 5 cm ou s’il accordée jusqu’au 30 juin 2019.
présente une partie détachable ou en saillie de cette taille).
Certaines dérogations à l’interdiction sont prévues. Elles ■■Reach
concernent certains articles dont le niveau de migration Avis aux opérateurs économiques sur la mise à jour du plan
escompté de plomb est faible ou acceptable dans certaines d’actions triennal d’évaluation des substances chimiques
conditions (certains articles de bijouterie, cristal, émaux, pierres (CoRAP) en application du règlement (UE) 1907/2006, dit
précieuses et semi-précieuses, alliages en laiton, pointes d’ins- REACH, pour la période 2015-2017.
truments d’écriture), pour lesquels des solutions appropriées de Ministère chargé de l’Environnement. Journal officiel du 14 avril 2015 –
remplacement du plomb font défaut (clés et serrures, y compris pp. 6658-6659.
les cadenas) ou enfin pour lesquels l’impact d’une interdiction
du plomb n’a pas été pleinement évalué (articles religieux, bat- Le plan d’actions triennal d’évaluation des substances
teries portables au zinc-carbure et piles bouton). chimiques, désigné sous le nom de CoRAP (acronyme anglais)
vient faire l’objet d’une mise à jour, pour la période 2015-2017.
Directive déléguée (UE) 2015/573 de la Commission du 30 jan- Ce plan triennal recense les substances préoccupantes pour la
vier 2015 modifiant, aux fins de son adaptation au progrès santé humaine et/ou l’environnement devant faire l’objet d’une
technique, l’annexe IV de la directive 2011/65/UE du Parlement évaluation par les États Membres.
européen et du Conseil en ce qui concerne une exemption rela- Le CoRAP 2015-2017 est disponible (en anglais) sur le site de
tive au plomb dans les capteurs en polychlorure de vinyle utili- l’Echa à l’adresse suivante :
sés dans les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro. http://echa.europa.eu /documents /10162/13628/corap_
Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne, list_2015-2017_en.pdf
n° L. 94 du 10 avril 2015 – pp. 4-5. 66 nouvelles substances sont venues s’ajouter aux 68 subs-
tances qui faisaient déjà partie de la liste des substances à
La directive 2011/65/UE interdit l’utilisation du plomb en tant évaluer par les États membres de l’Union européenne, au titre
que composant dans les équipements électriques et électro- des précédents CoRAP pour 2015 et 2016.
niques mis sur le marché. Des exemptions à l’interdiction sont Dans ce contexte, cet avis publie la liste des substances qui en
cependant possibles temporairement pour des applications France feront l’objet d’une évaluation par l’Agence nationale de
spécifiques, notamment lorsqu’il n’existe pas de produit de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du
remplacement fiable ou lorsque l’élimination du produit interdit travail (Anses).
est techniquement impraticable. Y figurent notamment, pour 2015 : le methyl salicylate (CAS :
Cette directive vient ajouter l’utilisation du plomb dans les cap- 119-36-8), pour 2016 : le titanium dioxide (CAS : 13463-67-7) et
teurs PVC d’analyse du sang et des liquides et gaz organiques pour 2017 : ou le diisopropylbenzene (CAS : 25321-09-9).
utilisés dans les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro, à
la liste des exemptions temporaires à l’interdiction figurant à RISQUE BIOLOGIQUE
l’annexe IV de la directive 2011/65/UE. Une telle exemption est
accordée jusqu’au 31 décembre 2018. Déchets d’activités de soins

Directive déléguée (UE) 2015/574 de la Commission du 30 jan- Instruction interministérielle n° DGS/EA1/DGPR/2015/89 du


vier 2015 modifiant, aux fins de son adaptation au progrès 19 mars 2015 relative à la procédure administrative départe-
technique, l’annexe IV de la directive 2011/65/UE du Parlement mentale applicable aux appareils de prétraitement par désin-
européen et du Conseil en ce qui concerne une exemption rela- fection des déchets d’activités de soins à risques infectieux
tive au mercure dans les systèmes d’imagerie intravasculaire (DASRI) et à la mise en œuvre des appareils de prétraitement
ultrasonore. par désinfection des Dasri « Steriplustm 20/Ab Med 20 » et
Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne, «  teriplustm 40/Ab Med 40 » de la société Tesalys.
n° L. 94 du 10 avril 2015 – pp. 6-7. Ministère chargé de la Santé. (http://circulaires.legifrance.gouv.fr, 7 p.)

La directive 2011/65/UE interdit l’utilisation du mercure en tant Risques physiques et mécaniques


que composant dans les équipements électriques et électro-
niques mis sur le marché. Des exemptions à l’interdiction sont Protection individuelle
cependant possibles temporairement pour des applications
spécifiques, notamment lorsqu’il n’existe pas de produit de Rectificatif à la communication de la Commission dans le cadre
remplacement fiable ou lorsque l’élimination du produit interdit de la mise en œuvre de la directive 89/686/CEE du Conseil du
est techniquement impraticable. 21 décembre 1989 concernant le rapprochement des législa-
Le mercure est utilisé dans des collecteurs électriques tour- tions des États membres relatives aux équipements de protec-
nants dans les dispositifs médicaux d’imagerie intravasculaire tion individuelle.
ultrasonore. Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne,
Or, la substitution du mercure dans le collecteur ou l’élimination n° C 113 du 8 avril 2015 – p. 6
du mercure par le remplacement du collecteur ou du dispositif
sont techniquement impossibles ou auraient des conséquences Le rectificatif porte sur la norme EN 469 relative aux vêtements
globales négatives en raison d’une incidence sur la santé des de protection pour sapeurs-pompiers.

travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


L’Institut national de recherche et de sécurité
58 pour la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles est une association déclarée sans but lucratif.

Statuts et missions et de l’ergonomie, dont les moyens très divers n Union professionnelle artisanale (UPA)
n L’Institut national de recherche et concourent à la réalisation des programmes L’association est soumise au contrôle
de sécurité (INRS) est une association d’activité. financier de l’État.
(loi du 1er juillet 1901), constituée sous l’égide
de la Caisse nationale de l’Assurance maladie. Membres présents de droit Conseil d’administration
n Le directeur de la Direction générale n Président : Guy Vacher
Son conseil d’administration est composé
du travail (ministère chargé du Travail) n Vice-président : Jean-François Naton
en nombre égal de représentants des
organisations professionnelles d’employeurs n Le directeur de la Sécurité sociale n Secrétaire : Pierre-Yves Montéléon
et des organisations syndicales de salariés. (ministère chargé de la Sécurité sociale) n Trésorier : Ronald Schouller
n L’INRS apporte son concours à la Caisse n Le directeur du Budget n Secrétaire adjoint : Nathalie Buet
nationale de l’Assurance maladie des travailleurs (ministère du Budget)
n Trésorier adjoint : Pierre Thillaud
salariés, aux caisses régionales d’Assurance n Le directeur de la Caisse nationale
n Administrateurs titulaires :
maladie, aux comités d’hygiène, de sécurité de l’assurance maladie
Daniel Boguet, Jocelyne Chabert,
et des conditions de travail, aux entreprises n Le controleur général économique
Hugues Decoudun, Renaud Giroudet,
ainsi qu’aux services de l’État et à toute et financier auprès de l’Institut national
Serge Gonzales, Anne Heger, Edwina Lamoureux,
personne, employeur ou salarié, qui s’intéresse de recherche et de sécurité.
Marie-Hélène Leroy, José Lubrano,
à la prévention. Carole Panozzo, Monique Rabussier,
Membres actifs de l’association
n L’INRS recueille, élabore et diffuse toute n Confédération générale du travail (CGT) Bernard Salengro,
documentation intéressant l’hygiène
nC
 onfédération française démocratique
et la sécurité du travail : brochures, dépliants, n Administrateurs suppléants :
du travail (CFDT)
affiches, films, renseignements bibliographiques... Philippe Debouzy, Alain Delaunay,
nC
 onfédération générale du travail-force Isabelle Delorme, Christian Expert,
n L’INRS forme des techniciens
ouvrière (CGT-FO) Christine Guinand, Christian Lesouef,
de la prévention.
n Confédération française des travailleurs Jean-Baptiste Pascaud, Alain Lejeau,
n L’INRS procède, en son centre de Lorraine, Salomé Mandelcwajg, Philippe Maussion,
chrétiens (CFTC)
aux études permettant d’améliorer les conditions Mohand Meziani, Annie Michel,
de sécurité et d’hygiène du travail. nC
 onfédération française
Anne Nowak-André, Martine Philippon,
de l’encadrement (CFE-CGC)
n Le centre comprend des départements Philippe Prudhon, Jean-Benoit Sangnier,
et services scientifiques dans les domaines nM
 ouvement des entreprises de France (Medef) Betty Vadeboin.
des risques chimiques, des risques physiques, nC
 onfédération générale des petites
de la sécurité des machines et des systèmes, et moyennes entreprises (CGPME)

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Faire du neuf Véronique Tassy, médecin Quand les souris Des référents en troubles

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travail & sécurité – n° 762 – juin 2015


Colloque

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///// DE L’EXPOSITION À LA PRÉVENTION

Pour aider les responsables d’entreprises, les médecins


du travail et les autres spécialistes de la prévention, l’INRS
organise ce colloque destiné à faire le point sur la mise
en œuvre de solutions de prévention.
20, 21 & 22
///// Thèmes abordés
> État des lieux, environnements professionnels, effets, OCTOBRE 2015
santé au travail.
> Réglementation et normalisation. PARIS
> Évaluation des risques, métrologie, activités
particulièrement exposées. Inscription obligatoire :
> Prévention médicale et technique, www.inrs-rayonnements2015.fr
organisation du travail.
> Enjeux et perspectives. Contact : rayonnements2015@inrs.fr
///// Public concerné www.inrs.fr
Bureaux d’études, cabinets de consultants, Carsat,
CHSCT, inspection du travail, organismes de contrôle,
services prévention des entreprises, services
de santé au travail…

///// Lieu
Cité Internationale Universitaire de Paris
17 Boulevard Jourdan
75014 PARIS

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